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N° 305 DU LUNDI 18 DÉCEMBRE 2017 - DIRECTEUR DE PUBLICATION : THIERRY NDONG OWONA LA TRIBUNE DES COMMUNAUTÉS 400 F CFA www.journalintegration.com RÉCEPISSÉ DE DÉCLARATION N°010 / RDDP/ J12 /SAAJP *** TÉL : +237 676 20 37 09 / 699 93 10 42 Crises D ON D ORDINATEURS AUX ÉTUDIANTS CAMEROUNAIS D ÉPLOIEMENT vue par l’Onu L’Afrique centrale Les investissements futurs de la BEI P. 15 Pages 12 et 13 P. 6 La face cachée d’un scandale qui n’en finit pas de révéler ses visages hideux. Le plus récent est l’inscription des initiales PB (Paul Biya) sur chaque ordinateur fabriqué. Vers une « affaire d’ordinateurs chinois » qui éclaboussera inéluctablement le régime Biya. Les secrets du rapport adressé au Conseil de sécurité le 28 novembre dernier par le secrétaire général des Nations Unies. Pages 8, 9 et 10. Mensonges d’Etat et clientélisme QNET prend pied en Afrique centrale sur un projet chinois Cameroun

N° 305 DU LUNDI 18 D ÉCEMBRE 2017 - D IRECTEU RDE ... · N° 305 DU LUNDI 18 D ÉCEMBRE 2017 - D IRECTEU RDE PUBLICATION: T HIERRY NDONG OWONA LA TRIBUNE DES COMMUNAUTÉS 4 0 0

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N° 305 DU LUNDI 18 DÉCEMBRE 2017 - DIRECTEUR DE PUBLICATION : THIERRY NDONG OWONA

LA TRIBUNE DES COMMUNAUTÉS

400 F CFA

www.journalintegration.com

RÉCEPISSÉ DE DÉCLARATION N°010 / RDDP/ J12 /SAAJP *** TÉL : +237 676 20 37 09 / 699 93 10 42

Crises

DON D’ORDINATEURS AUX ÉTUDIANTS CAMEROUNAIS

DÉPLOIEMENT

vue par l’Onu L’Afrique centrale

Les investissementsfuturs de la BEI

P. 15

Pages 12 et 13

P. 6

La face cachée d’un scandale qui n’en finit pas de révéler ses visages hideux.Le plus récent est l’inscription des initiales PB (Paul Biya) sur chaqueordinateur fabriqué.

Vers une « affaire d’ordinateurs chinois » qui éclaboussera inéluctablementle régime Biya.

Les secrets du rapport adressé auConseil de sécurité le 28 novembredernier par le secrétaire général desNations Unies. Pages 8, 9 et 10.

Mensonges d’Etatet clientélisme

QNET prend pied en Afrique centrale

sur un projet chinois

Cameroun

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Hebdomadaire N°305 du Lundi 18 Décembre 2017 / www.journalintegration.com

2 ANNONCE INTEGRATION N°305

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Hebdomadaire N°305 du Lundi 18 Décembre 2017 / www.journalintegration.com

3MESSAGEINTEGRATION N°305

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Hebdomadaire N°305 du Lundi 18 Décembre 2017 / www.journalintegration.com

4 INTEGRATION NATIONALE / COMMUNAUTES INTEGRATION N°305

Un après-midi ensoleillé aucouleur du drapeau national.Ce samedi 2 décembre est

un jour spécial pour les acteurs cul-turels centrafricains. Venus en ma-jorité de la Centrafrique, ils sont làpour prendre part à la premièreédition du Ti-î Festival (notre festival)organisé par leur compatriote IdylleMamba, finaliste du Prix découverteRFI 2014. Objectifs: contribuer à laréconciliation nationale dans leurpays et faire connaître les artistesmusiciens centrafricains hors desfrontières nationales. Le mouvement est porté parDuké'Ziki, la structure de manage-ment de la chanteuse Idylle Mambaqui veut dire «laboratoire de la mu-sique et de l’art». Elle est spécialiséedans la promotion, la création et ledéveloppement culturel. Le Ti-î Fes-

tival se veut ambassadeur itinérantde la culture centrafricaine soustoutes ses formes : musique, danse,humour, théâtre et jeux tradition-nels centrafricains.

Le sketch présenté par le grouped’humoristes «Les perroquets de Ban-gui», les prestations du groupe derock «Les pionniers» et plusieurs au-tres artistes ont animé durant deuxjours la grande place du festival.Une ambiance qui a consolé le cœurmeurtri d’Idylle: «Si j’ose vous direque je fais de la musique pour raconteret partager mes émotions les plus folles,vous souriez peut être. Si j’essaie de

vous expliquer que la seule manière defaire partir la haine, la souffrance inté-rieure et le racisme est la musique, vousserez scandalisés. Si j’ose vous dire queje suis simple, naturelle, vous douterezde moi. Alors, je suis tout simplementIdylle Mamba, je suis d’ici, de là, d’ail-leurs et de partout à la fois». Cette première expérience a reçu lesoutien du gouvernement centrafri-cain, qui a envoyé une forte délé-gation de 42 membres. Celle-ci étaitaccompagnée des médias natio-naux. Le ballet national, qui ouvre

le bal des prestations, sera suivi deplusieurs autres activités rappelantla belle époque. Le consul généralde la RCA à Douala s’est fait repré-senter par Figama Christian, son at-taché de sécurité. «Ça nous fait plaisirde voir ça ici au Cameroun. Après lacélébration de la fête de l’indépendancequi s’est passée hier, je remercie le Ca-meroun par rapport au soutien. Vousêtes toujours là pour nous soutenir etc’est un plaisir pour nous», se réjouitle représentant du diplomate cen-trafricain.

Onze membres au départ, legroupe se divise progressi-vement après son premier al-

bum baptisé «Maladie de la RCA»,sorti juste après le coup d’Etat deMichel Djotodia contre François Bo-zize en mars 2013. La piraterie et lemanque de moyens financiers sontà l’origine de cet éclatement. «Vi-bration», le deuxième album dugroupe, une composition tradition-nelle, n’a pas également eu de succèsà cause des effets néfastes de laguerre civile et du manque de sou-tien. Ces échecs ne découragent pourautant pas Deza-Guythier, le fon-dateur du groupe Revo Mixe. Opti-miste, le commandant du bateaupoursuit l’aventure avec un compa-triote qui excelle dans le reggae etquelques danseurs qui ont continuéà garder la foi. Debourg-Zanga Guy Thierry, de sonvrai nom, s’apprête à mettre le troi-sième album du groupe sur le mar-ché discographique. De peur que ce-lui-ci ne connaisse le même sort queles deux précédents, le patron deRevo Mixe a décidé de le réaliser auCameroun, un pays voisin qu’il maî-trise déjà assez. C’est que petit Jésus,comme ses fans l’appellent affec-tueusement, veut s’ouvrir à un pu-blic plus large. «J’essaie d’élargir monpublic en venant faire des morceaux ici

au Cameroun, pour essayer de voir si jepeux décoller sur le plan international»,justifie l’artiste musicien, qui rêve devoir ses chansons diffusées par leschaines internationales. L’artiste es-père ainsi conjurer l’isolement quifait que les chansons centrafricainessont seulement écoutées sur leur ter-ritoire et ne franchissent pas les fron-tières nationales. «Elles ne sortent pasparce qu’on n’a pas de producteurs, pas

de partenaires ou des gens qui peuventinjecter des sous pour qu’on aille del’avant», regrette le «Petit Jésus».

Déjà six ans que le groupe a été créé.Et les thèmes de ses chansons tour-

nent autour des crises à répétionsqui secouent la Centrafrique. Le troi-sième album, qui sortira dans lesprochaines semaines, s’intituled’ailleurs «Où va la Centrafrique ?».«Je me plains des coups d’Etat perpé-trés, du tribalisme, des rebellions, desguerres tribales, par-ci par-là», ex-plique Deza-Guythier, qui chanteen sango, en français et un peu enanglais; et s’exprime dans plu-sieurs styles musicaux: reggae, lezouk, le Soukouss, et musique tra-ditionnel.A travers ces chansons, «je veuxfaire comprendre à tous les centrafri-cains et à mon pays que la guerre nesert à rien et les armes ne sont pas lasolution». La cohésion est pour luila meilleure option pour que sonpays sorte des griffes du mal. «Ilfaut qu’on s’entende. Cette histoire dechrétiens musulmans a été créée. Onsait tous par qui. Ce sont des his-toires. On a vécu pendant quaranteans ensemble sans souci». Carcomme le dit si bien l’artiste, «tantqu’il y a la paix, on peut avancer».Après le Ti-î Festival, le groupe adéjà l’esprit tourné vers la prépa-ration des cérémonies de dédicacede ce nouvel album qui se dérou-leront à l’Alliance française deBangui et dans plusieurs foires dupays.

Le groupe Revo MIXE sur scene.

La première édition du festival de promotion de la culture centrafricaineen terre camerounaise a drainé du beau monde en début de ce mois.

TI-Î FESTIVAL

Coup d’essai coup de maître

Avec son troisième album, legroupe centrafricain espère enfinrayonner au-delà des frontièresnationales.

Revo Mixe rêved’une reconnaissance

internationale

DN

Didier Ndengue

Satisfaction

AMBITION

Au service de la paix

Une prestation du ballet national.

La Républiquecentrafricaine

(RCA) est une mined’or au cœur de lasous-région Afriquecentrale. Surl’étendue de ses 622984 km2, le paysregorge d’immensesrichesses minièresqui suscitent desconvoitises etengendrent demultiples crisesdepuis desdécennies. A causedes conflits armés,sa culture, chère àses 4,8 millionsd’habitants, est envoie de disparition.Pour la fairerevivre, IdylleMamba, finalistedu Prix découverteRFI 2014, organiserégulièrement desrencontresculturelles entremusiciens moderneset traditionnels deson pays natal. Ladernière initiativeen date, c’est le Ti-îFestival tenu les 2et 3 décembre 2017au stade de Youpwedansl’arrondissement deDouala 2e auCameroun où vit lajeune femme depuistrès longtemps. Au-delà de lapromotion de laculturecentrafricaine, lefestival avaitégalement pour butde rassembler tousles centrafricainsautour d’un seulobjectif : la paix.

«On va prendre le pouvoir ce soir àBangui. Sorcellerie ! Yeah, j’ai dit on

va prendre le pouvoir eh…», Introduitle musicien camerounais Nernos leKamsi le 02 décembre à la place duTI-î Festival dédié à la promotion dela culture centrafricaine au Cameroun.Le rappeur chante dans un argot fa-milier au public camerounais et cen-trafricain mobilisé pour la circons-tance. La foule prise l’ambiance, re-prend en chœur le refrain de la chan-son: «Je ne suis pas boboh…» «Peuplecentrafricain, je vous aime. Je souhaiteque la paix revienne chez vous. Je voussouhaite une bonne fête», conclut lerappeur aussitôt raccompagné dansles loges par Marius, l’impresariodu festival d’origine tchadienne. Quelques minutes plus tard, le rappeurToupoury prend le microphone pourdire ses vérités à ceux qui pourrissent

la Centrafrique et tous les pays afri-cains en crise. Dans son titre «J’en aimarre», le chanteur tchadien ne mâchepas ses mots : «je fais le rap engagé parceque ce qui se passe en Afrique me révolte.A l’exemple de la Centrafrique, de la Côted’Ivoire, du Tchad, du Congo... J’en aimarre des guerres et des coups d’Etat enAfrique». Actif dans le mouvement hip-hop de-puis 2008, Toupoury, Denis Aimé Gor-nal, de son vrai nom, sort son tout pre-mier maxi single intitulé «Dicana» en2015. Comme la majorité des artistesqui ont presté à la première édition dufestival, les œuvres de ce jeune de 29ans, qui défend les couleurs du conti-nent tout entier, manquent de promo-tion. «Je me bats tout seul et je continueraide défendre l’Afrique dans mes sons», in-dique-t-il.

DN

DES ARTISTES CAMEROUNAISET TCHADIEN DE LA FÊTE

Nernos le Kamsi et Toupoury ont enflammé la place du festival. Pour eux, lescentrafricains et tous les africains doivent reprendre le pouvoir dans leurs pays.

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Hebdomadaire N°305 du Lundi 18 Décembre 2017 / www.journalintegration.com

5INTEGRATION NATIONALE / AMBASSADESINTEGRATION N°305

Hebdomadaire N°305 du Lundi 18 Décembre 2017 / www.journalintegration.com

La somme a été investie au Cameroun parles pays émergents depuis 2010. L’argentà servi à la réalisation des projets inscrits

dans le Document de stratégie pour la croissanceet l’emploie (DSCE). L’information a été donnéela semaine dernière lors de la revue annuelledes projets du portefeuille de la coopérationavec les pays émergents. La Chine, la Turquie,l’Inde, la Corée du Sud, la Russie et le Brésilsont les pays émergents qui entretiennent avecle Cameroun des relations multi bilatérales.Mais ces dernières années, les financementsproviennent principalement de la Chine, au-jourd’hui premier bailleurs de fonds du pays.En 10 ans, l’Empire du Milieu a investi près de3300 milliards de francs CFA au Cameroun. Soiten moyenne 330 milliards chaque année.

L’HOMME

LE CHIFFRE

3378,2 MILLIARDS FCFA

L’AGENDA

Dans deux ans, la localitéde Youpwè, située aubord du fleuve Wouri

dans l’arrondissement deDouala 1er, sera dotée d’unquai de débarquement pou-vant accueillir une trentainede pirogues et un marché mo-derne de poissons. La réalisa-tion de ces infrastructures d’uncoût d’environ 7 milliards defrancs CFA sera financée parl’Agence japonaise de coopé-ration internationale (JICA).Un accord de don a été signéle 12 décembre entre l’ambas-sadeur du Japon au Camerounet le ministre camerounais del’Economie, de la planificationet de l’aménagement du terri-toire (Minepat). Sur le plan économique, Il estattendu que l’infrastructuremultiplie les échanges tout enintensifiant l’activité de pêcheet la commercialisation de sesproduits avec les pays voisincomme le Nigéria et la GuinéeEquatoriale. L’infrastructureannoncée devrait contribuer àla dynamisation de l’activitééconomique autour de la zoned’influence, entrainant un fluxde capitaux au bénéfice de lacommunauté et des popula-tions. Elle va par conséquentgénérer des emplois directs etde milliers emplois connexes.Sur le plan social, le projet de-vrait apporter le confort lié aumeilleur état des infrastruc-tures et de l’environnement,

notamment de meilleuresconditions de travail, de sécu-rité sanitaire des populationset une amélioration de l’accèsà l’éducation. Enfin, il est at-tendu un système d’assainis-sement et de gestion durablemis en place par le projet quicontribuera à réduire les émis-sions des gaz à effets de serre.Ce qui réduira la dégradationde l’écosystème au plan envi-ronnemental.

Lors de la signature de la

convention de financement,Louis Paul Motaze a émis levœu de voir la façade ma-ritime de Limbe bénéficieraussi des financements ja-ponais. «Notre souhait leplus profond serait que laville de Limbe bénéficie desmêmes infrastructures, de lapart du Japon, dans les an-nées à venir. Après Kribi,Douala, il ne reste que cetteville dans la façade maritimedu Cameroun pour que tousles Camerounais puissentprofiter de l’expérience et dusavoir-faire japonais dans ledomaine», a-t-il déclaré à

l’endroit de Kunio Oka-mura, l’ambassadeur du Ja-pon au Cameroun. De même, le ministre del’Economie a invité le par-tenaire japonais à prendredes initiatives, en ce quiconcerne le développementet l’intégration des filièreset modules de formationspécifiques dans les insti-tuts et écoles de formationen pêche et industries ha-lieutiques. Ceci pour uneutilisation optimale de cesinfrastructures offertes parle Japon.

L’argent servira à la réalisation de laconstruction d’un débarcadère etd’un marché de poissons de Youpwè.

Des Japonais pour moderniserla pêche à Douala

CHRONIQUE DES RELATIONS INTERNATIONALESClimat: le coup de poker de Macron

Pour Bastien Alex, Cher-cheur à l'Institut de re-lations internationales

et stratégiques (IRIS), respon-sable du programme climat,énergie et sécurité, «le président(français) entend prendre la placelaissée vacante par Obama et,sur le plan climatique, redorerle blason de l’UE qui a été unpeu en retrait ces dernières an-nées, notamment après la Cop21.Il conforte certes sa posture depilier du multilatéralisme maispour celle de leader climatique,c’est plus complexe». Désormais, un conflit de com-pétences pointe à l’horizon. Al’origine, l’initiative du prési-dent Macron postulait la cé-lébration des deux ans de lasignature de l’Accord de Pa-ris. On apprend qu’il s’agiradésormais d’un rendez-vouspérenne. Le risque de margi-nalisation de la Cop inquiète,car les deux évènementspoursuivent, jusqu’à preuvedu contraire, des objectifs si-milaires. Certaines attitudesrenforcent encore plus ce sen-timent. Certains chefs d’Etatabsents à la Cop23 ont fait ledéplacement de Paris ; quiplus est, du point de vue pro-tocolaire, le président Fran-

çais a tenu à s’exprimer enpremier avant Antonio Gu-terres (Secrétaire Général del’Onu).

Le partenariat public/privécomme mode de gouver-nance dans la lutte pour lapréservation du climat a étémis à l’honneur, avec la pré-sence de représentants degroupes finan-ciers et desbailleurs inter-n a t i o n a u x ,ainsi que des promesses chif-frées de plusieurs dizaines demilliards d’euros. Ces enga-gements vont-ils dans le bonsens ? Ne s’agit-il pas avanttout de dynamiser la repriseéconomique mondiale par unlabel « green growth » ? Au-tant de questions dont il estlégitime de se poser.Le sommet ne s’éloigne doncpas des fondements du mo-dèle de développement et decroissance capitalistes. «Il fautle prendre pour ce qu’il est : unregroupement d’acteurs écono-miques désireux de faire un pas

dans la transition, aussi bien éco-logique qu’énergétique mais avecle souci de soutenir des activitésporteuses de rentabilité. Le sec-teur privé est prêt à s’engagersur cette voie car elle est la seulelui garantissant sa survie àterme» analyse le chercheurde l’Iris. C’est dans ce sillageque s’est située l’initiativeFrench Business ClimatePledge déployée à Paris. Cettedynamique regroupe prèsd’une centaine d’entreprisesfrançaises affichant leur vo-

lonté d’investirpour la transforma-tion des sociétés etun modèle moins

carboné. Le sommet climat de Macron,en réalité, n’aborde pas desquestions profondes tellesque le mode occidental de vieet de consommation ou en-core la confusion entre crois-sance et développement. Lesmontants annoncés par le sec-teur privé sont toutefois im-portants. Il est tout de mêmeétonnant de constater que BillGates via sa fondation prévoitd’investir plus de 300 millionsde dollars entre 2018 et 2020dans la recherche agrono-mique et l’agriculture, quand

la France ne met que 8 mil-lions d’euros et l’Europe 50millions dans le financementde la Force conjointe du G5Sahel, sujet qui faisait l’objetd’un sommet au lendemaindu One Planet Summit.

Dans sa décision de cesserle financement de l’explora-tion et l’exploitation de pé-trole et de gaz après 2019,la Banque mondiale vient dejeter un pavé dans la marede l’industrie des énergiesfossiles. Pour Bastien Alex«elle a pris position contre lesoutien aux entreprises et/ouprojets des secteurs amont, soitl’exploration-production deshydrocarbures. Les secteurs dutransport et de la transforma-tion et de la commercialisationne sont pas concernés».L’Agence internationale del’énergie (AIE) a été laco-nique et péremptoire danssa réaction: «les énergies fos-siles ont encore de beaux joursdevant eux». De quoi rassu-rer les pays africains.

Zacharie Roger Mbarga

Augustin Tacham (Stagiaire) APPUI AU DÉVELOPPEMENT

31 DÉCEMBRE 2017 C’est la date butoir que s’est fixée la France

pour mettre à disposition du Trésor publiccamerounais la première tranche de sonappui budgétaire d’une valeur de 100 millionsd’euros (plus de 65 milliards de francs CFA).Un accord d’octroi de crédit a été signé dansce sens vendredi dernier entre le ministre ca-merounais de l’Economie, de la Planificationet de l’Aménagement du territoire et l’am-bassadeur de la France au Cameroun. Dansle cadre du programme économique et finan-cier que le Cameroun met en œuvre avecl’appui du Fonds monétaire international(FMI), Paris a accordé un prêt concessionnelà Yaoundé d’un montant de 300 millions d’eu-ros dont la première tranche devrait être ver-sée avant le 31 décembre 2017. La seconde etla troisième tranche d’un même montant se-ront versées en 2018 et 2019 si le Camerounexécute bien son programme avec le FMI.

FIN DÉCEMBRE 2017-JANVIER 2018

Cérémonie de présentation des vœux denouvel an du corps diplomatique au pré-

sident Paul Biya. Très attendu comme il estde coutume, le discours du doyen du corpsdiplomatique et la discours de réponse duprésident camerounais.

JAQUES BOYER

Le nouveaur ep r é s en -tant dési-

gné du Fondsdes Nationsunies pour l’en-fance (Unicef) aprésenté ses let-tres d’introduc-t ion vendredidernier. C’était

au cours d’uneaudience accordée

par Joseph DionNgute, le ministre délégué

auprès du ministre des Relations exté-rieures, en charge du Commonwealth.Jacques Boyer dépose ses valises au Ca-meroun après le départ de Félicité Tchi-bindat, arrivée en fin de séjour. Fonction-naire international depuis 28 ans, il vientde Libreville où il a été représentant del’Unicef pour le Gabon et Sao Tomé etPrincipe. Il a assuré qu’il continuera d’as-surer une meilleure promotion, un meilleurrespect, une meilleure garantie des droitsde tous les enfants vivant au Cameroun.

L’état actuel du débarcadère de Youpwè.

Sensation

Cohérence ?

Appel

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Hebdomadaire N°305 du Lundi 18 Décembre 2017 / www.journalintegration.com

6 INTEGRATION NATIONALE / ACTUALITE INTEGRATION N°305

On ignore toujours quandva débuter la distributiondes cinq cent mille ordi-

nateurs du projet «E-National Hi-gher Education Network». A en croireun communiqué du ministère del’Enseignement supérieur qui pilotece projet, les premiers quatre-vingtmille ordinateurs devraient être àYaoundé le 27 de ce mois de dé-cembre. Une mission chargée de laréception du produit séjourne de-puis plusieurs semaines à Shenzhenen Chine.Avec le début de la distributionde ces machines, les questions au-tour de la signification des lettres«PB» incrustés sur chacun de cesordinateurs et leurs emballagesdevraient se multiplier. Dans ladélégation camerounaise partie enchine pour réceptionner les ma-chines, on ne cache pas que «P»et «B» sont les initiales de PaulBiya, le président de la Répu-blique du Cameroun. Les étu-diants apprécieront.

Depuis plus d’un an, JacquesFame Ndongo, le ministre de l’En-seignement supérieur (Minsup),qui se présente comme une créa-ture de Paul Biya, tente en effetde transformer un projet gouver-nemental en un don du présidentde la République. En juillet 2016,c’est d’ailleurs lui qui sort du cha-peau, le fameux «don du chef del’Etat de 500 000 ordinateurs porta-

bles à tous les étudiants camerounais»détournant le projet «E-NationalHigher Education Network» deson objectif initial. «Le projet « E-National Higher Edu-cation Network » s’articule autour dedeux axes: le don de 500 000 ordina-teurs octroyés à tous les étudiants dû-ment inscrits dans les huit (08) uni-versités d’Etat et les 215 institutsprivés d’enseignement supérieur ré-glementairement agréés par la Com-mission nationale de l’enseignementsupérieur privé d’une part, laconstruction de neuf (09) Centres dedéveloppement du numérique univer-sitaire dans chaque université d’Etatet à l’université inter-Etats Came-roun-Congo (site de Sangmelima) quiouvrira ses portes à la rentrée acadé-mique 2017/2018, d’autre part», in-sistait-il encore dans un commu-niqué le 12 avril dernier.Pourtant quand l’idée nait dans

la tête de Zhao Dhezi, il n’estguère question de don d’ordina-teur. Fin août 2015, quand le di-recteur général de la SichuangCommunication TelecomConstruction Company le pré-sente aux autorités camerou-naises, il s’agit d’un projet d’in-terconnexion de toutes lesuniversités d’Etat du Cameroun.«La mise en réseau des universitéscamerounaises vise à arrimer le Ca-meroun aux normes de l’enseigne-ment numérique international. Tenezpar exemple un enseignant qui setrouve au Minesup et enseigne àl’Université de Yaoundé II pourra dis-penser son cours à partir de son bu-reau à ses étudiants dans l’amphi-théâtre et il sera vu dans toutes lesuniversités du Cameroun sans avoirbesoin de se déplacer», expliquealors Zhao Dhezi au sortir de l’au-dience avec le Minsup.

La délégation chinoise dit mêmeêtre «au Cameroun pour faire lepoint de ce projet pour lequel un ac-cord cadre de prêt de 75 milliardsde francs CFA a été récemment signéen Chine entre le ministre chinoisdu Commerce et le ministre came-rounais de l’Economie». Car ap-prend-on alors, il ne reste plusque le décret du chef de l’Etatpour entamer les travaux. Celui-ci tombera un an plus tard alorsque Fame Ndongo avait déjà mo-difié le contenu du projet. L’interconnexion des universitésd’Etat verra-t-elle le jour? Rienn’est moins sûr. Surtout que dansleurs communications, les auto-rités se sont bien employées àfaire admettre à l’opinion que cesont les cinq cent mille ordina-teurs à distribuer aux étudiantsqui couteront 75 milliards defrancs CFA. Et pourtant, le décretdu président de la Républiquehabilitant le ministre de l’Econo-mie, de la Planification et del’Aménagement du territoire asigné avec Eximbank Chine unaccord de prêt pour le finance-ment de ce projet est clair: c’estl’ensemble du projet «E-NationalHigher Education Network» qui sechiffre à 937 500 000 Yuans RMB,soit environ 75 milliards defrancs CFA. Comme avec lesavions, il n’est donc pas excluqu’une affaire d’ordinateur chi-nois éclate un jour.

Les ordinateurs «PB» embarquent pour le Cameroun.

Manipulation

Opportunisme

Un «virus» nommé PBDON DES ORDINATEURSAboudi Ottou

Il est incrusté dans chaque exemplaire qui sera remisaux étudiants camerounais dans le cadre du projet«E-National Higher Education Network».

Comment se faire une placedans un environnement desaffaires de plus en plus

mondialisé (et donc concurrentiel)et à la fragmentation des marchésqui accroît considérablement la va-riété des produits et des servicesofferts? C’est à cette réflexion que leministère des Petites et moyennesentreprises, de l’Economie socialeet de l’Artisanat (Minpmeesa) inviteles participants (dirigeants d’entre-prises, porteurs de projets de créationde sociétés, institutions publiquesd’accompagnement des PME) à la4e édition des Journées nationalesdes PME (JNPME) qui se tiennentdu 19 au 21 décembre au Palais descongrès de Yaoundé.Même si la préoccupation paraitsous-jacente, le thème principaldes JNPME étant «Promouvoir l’en-trepreneuriat et les PME innovantespour une croissance forte et inclusive», laquestion sera au cœur des débats. Car,une entreprise incapable de faire faceà la concurrence ne peut contribuer àla croissance. «Promouvoir l’entrepre-neuriat et les PME innovantes pour unecroissance forte et inclusive», revient dece fait d’abord à «promouvoir l’en-trepreneuriat et les PME», capablesde se réinventer en fonction de

l’évolution de l’environnementmondial des affaires.

Dans l’éditorial qu’il signe à l’oc-casion, le Minpmeesa le confirmed’ailleurs: «comme plusieurs (PME)font face à de nouveaux concurrentsdont les coûts de production sont in-férieurs ou encore qui opèrent dans

un cadre réglementaire moinscontraignant, l’innovation ne peutplus être considérée seulement commeune stratégie, mais comme un facteurde survie au quotidien», écrit Lau-rent Serge Etoundi Ngoa. Face àces enjeux multiples, le Minp-meesa «a trouvé opportun d’orienterles thématiques de la 4ème édition desJournées Nationales de la Petite etmoyenne entreprise vers la promo-tion de l’entrepreneuriat et la moder-nisation technologique et organisa-tionnelle des entités économiques,

notamment pour: répondre aux exi-gences de la mondialisation en ma-tière de qualité, de coût et de délais,développer de nouveaux processusmétiers, accroître l’offre locale desbiens et services, réaliser des gains deproductivité, stimuler la croissanceéconomique».La question est d’ailleurs crucialepour un pays comme le Came-roun où les PME constituent prèsde 90% du tissu industriel. Pourpoursuivre le débat durant lestrois jours des JNPME, des tablesrondes, ateliers et séminaires sontprogrammés. Il y aura par ailleursdes expositions comprenant desstands d’information ouverts augrand public, des rencontres B2Bet G to B, une animation d’un vil-lage de l’innovation et une céré-monie des awards pour primer lesbest off de l’innovation des jeunesentrepreneurs logés pour la plu-part dans les centres d’incubation.Le tout, comme lors des éditionsprécédente, dans une ambianced’un mini forum d’affaires, avecen prime pour cette édition, uneforte connotation de promotionde l’innovation et de la digitalisa-tion des PME dans toute leur di-mension.

Le Minpmeesa, Laurent Serge Etoundi Ngoa

Thématiques

Réflexion sur lerepositionnement des PME

FORUMAO

La recherche des solutions pour faire face àun environnement de plus en plusdynamique et concurrentiel est au centre dela 4e édition des Journées nationales despetites et moyennes entreprises qui s’ouvrentce 19 décembre à Yaoundé.

C’est le coût de la mise en place du système de lacouverture santé universelle (CSU). Cette CSUrepose sur un paquet de base des soins et de ser-

vices composé de 185 interventions et de 101 sous inter-ventions. Le montant approuvé la semaine dernière aucours d’un atelier présidé par le ministre de la Santé pu-blique (Minsanté), André Mama Fouda, devrait satisfaireles divers domaines de la médecine interne, la chirurgie,la gynécologie obstétrique, la pédiatrie, la stomatologie,l’otorhinolaryngologie, la vaccination et divers servicescommunautaires. Mais cet argent sera supporté par legouvernement et par les citoyens. Des études devrontencore être menées pour déterminer la capacité contri-butive des Camerounais. «Ceci pour que très rapidement,le gouvernement puisse proposer au chef de l’Etat la voie àsuivre. Il pourra alors décider en temps opportun de l’orientationà donner», explique le Minsanté.

L’HOMME

LE CHIFFRE

1300MILLIARDS DE FRANCS CFA

L’AGENDA

18 DÉCEMBRE 2017Ouverture annoncée de la deuxième confé-

rence semestrielle des gouverneurs derégion. Les travaux, qui auront pour cadrel’Hôtel de ville de Yaoundé, se déroulerontsur le thème «Autorités administratives, mutationdes menaces sécuritaires, enjeux du vivre ensembleet perspectives de l’intégration sous régionale».Ils seront présidés par le ministre de l’Admi-nistration territoriale et de la Décentralisation,René Sadi.

19 DÉCEMBRE 2017Début des Journées nationales des PME

( JNPME) au Palais des Congrès deYaoundé. Le thème de cette 4e édition est«Promouvoir l’entrepreneuriat et les PME inno-vantes pour une croissance forte et inclusive».Organisées par le ministère des Petites etMoyennes Entreprises, de l’Economie socialeet de l’Artisanat, les JNPME se veulent uneplate-forme de rencontres et d’échanges pourles dirigeants de PME et TPE et l’ensembledes partenaires évoluant dans leur champ dedéveloppement.

PHILIPPE CAMILLE AKOA

Le directeur généraldu Feicom ne selasse pas lorsqu’il

s’agit du financementdes collectivités terri-toriales décentralisées.Sous sa houlette, leprincipal partenaire fi-nancier des communeset villes du Cameroundepuis 40 ans s’est en-core mobilisé la se-

maine dernière à l’occa-sion de la deuxième confé-

rence internationale sur l’ur-banisation durable au Canada, en Chine et enAfrique. La structure a en effet organisé unesession spéciale sur «le financement des villesdurables». Objectif : sensibiliser les élus sur lesopportunités de lever des « fonds verts » et demobiliser avec efficience la taxe foncière. Aprèsdes échanges sur l’optimisation de la mobilisa-tion des ressources financières endogènes etles opportunités de la coopération financièreinternationale, les maires présents se sont ditsdésormais mieux outillés sur la question. Vi-sionnaire, Philippe Camille est d’ailleurs celuiqui a tourné le Feicom vers la coopération in-ternationale. Aujourd’hui l’institution reçoit desfonds de la Banque africaine de développement(BAD), de la Banque allemande de développe-ment (KFW) et de l’Union européenne (UE).

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Hebdomadaire N°305 du Lundi 18 Décembre 2017 / www.journalintegration.com

INDICATEURS

Microfinance : l’activité enbaisse en zone Cemac

Les données de la Com-mission bancaired’Afrique centrale (Co-

bac) montrent un ralentis-sement de l’activité de la mi-crofinance dans la Commu-nauté économique et moné-taire des Etats de l’Afriquecentrale (Cemac). A la findu premier semestre 2017,le total des bilans des insti-tutions de microfinance(IMF) de la zone a baissé de13 % par rapport à la find’année 2016. Cette baisseest plus marquée au le Tchad(-35,1 %) et le Cameroun (-15,9 %). Au Cameroun, enplus des difficultés écono-miques actuelles, le recul del’activité est aussi le fait dupassage du Crédit commu-nautaire d’Afrique (CCA)

d’une microfinance en unebanque en mars 2017. Elleétait jusqu’ici la plus grandeIMF du pays. On assiste par ailleurs entreles deux dates à une baissedes dépôts de 2,1 % (-13 %pour le Tchad et -12,1 %pour la RCA, mais seule-ment -1,4% pour le Congo),une baisse des crédits brutsde 2,7 % (-49,3% pour leTchad) et une hausse descréances en souffrance de+16,1 % (+100 % pour leCongo). Les excédents detrésorerie diminuent danstous les pays, sauf au Congooù ledit excédent augmentede 12,8 %.La situation de certainesIMF est fragile au plan pru-dentiel. Un peu plus d’un

quart des IMF ne respectentpas les ratios de couverturedes risques et le coefficientmaximal de liquidité. Laconstitution d’un fonds desolidarité destiné à faire faceaux déficits pour les IMF depremière catégorie 2 ; le ra-tio de couverture des immo-bilisations corporelles parles ressources permanentes;et les ratios limitant lesprises de participation sontles normes les moins fré-quemment respectées. En zone Cemac, 700 institu-tions de microfinanceétaient en activité en fin2016 pour un total de dépôtsde 851 milliards de francsCFA et de crédits bruts de535 milliards. Et 1,75 mil-lions de clients étaient servispar plus de 1 700 agences ouguichets. Cette activité estconcentrée dans deux pays,le Cameroun et le Congo,dont les bilans représententrespectivement 53 % et 39 %du total de la zone au pre-mier semestre 2017. Au Ca-meroun, Cameroon Coope-rative Credit Union League(CamCCUL) est de loin lapremière IMF, suivie parExpress Union Finance,ACEP et ADVANS. AuCongo, l’activité est domi-née par le réseau des Muco-dec.

AO

Transport maritime : la RCA et le Tchadse détournent du port de Douala

Le trafic maritime au portde Douala est en chute

libre. En deux ans, il a prati-quement été réduit de moitié.Selon les chiffres officiels, letrafic maritime de cette placeportuaire est passé de 15 mil-lions de tonnes en 2015 à 8millions cette année. Sur leTchad et la République Cen-

trafricaine, Douala enregistreune baisse de 1,5 million detonnes sur la même période.«Tous vont désormais au Sou-dan et au Benin», informe unesource proche du dossier. Encause, les tracasseries et lacorruption sur le corridorDouala-Ndjamena et sur letronçon Douala-Bangui, sou-

tient la même source. Il y a quelques mois, le Bu-reau de gestion du fret ter-restre (BGFT) donnaitl’alerte. BGFT indiquait poursa part que «les marchandisesen partance pour le Tchad et laRépublique Centrafricaine(RCA) transitent de plus enplus par le port de Lagos devenuplus compétitif que celui deDouala, notamment à cause dela chute du naira (la monnaienigériane)». La perte de com-pétitivité du port de Doualavis-à-vis de celui de Lagos etl’insécurité sur le corridorDouala-N’Djamena (du faitde Boko Haram) et sur letronçon Douala-Bangui (dufait de la crise en RCA) au-raient réduit l’activité de ca-mionnage de 2 à 4%. Pour tenter de résoudre cesproblèmes et regagner sesparts de marché, un forumtripartite Tchad-RCA-Came-roun sur la facilitation dutransit des marchandises parles ports de Douala et deKribi s’est tenu la semainedernière à Ndjamena.

AO

SUPPLEMENT AFRIQUE CENTRALE/ MAIN COURANTE

CIRCULATION

Cemac : les titres camerounaisont la côte

L’Etat du Cameroun vientde réaliser un taux de

couverture de l’ordre de135,714% au terme d’uneémission de bons du Trésorassimilables (BTA) de 7 mil-liards FCFA. Lancée auprèsde 16 spécialistes en valeursdu Trésor (SVT) de la Com-munauté économique et mo-nétaire de l’Afrique centrale(Cemac), l’appel a reçu dessoumissions de l’ordre de 9,5milliards francs CFA. Le tauxd’intérêt pondéré s’élève à3,6%. Pour les services duministère camerounais desFinances, la participation de5 STV est une preuve debonne santé des titres came-rounais sur le marché sous-

régional. Pour rappel, le 15 novembredernier et sur le même mar-ché, un taux de couverturede l’ordre de 145% a été en-registré au terme d’uneémission de BTA de 10 mil-liards francs CFA, contre129,84% le 23 août. Les 9août et 26 juillet, c’était211,5% de couverture enre-gistré. Tandis que le 12 juil-let, elle s’enregistrait à 170%,266% le 10 mai, 151,5% et97,5% les 3 et 5 mai respecti-vement. Pour l’année en cours, rap-pelle-t-on, au ministère ca-merounais des Finances, lepays a prévu de recourir àdes émissions de titres pu-

blics d’un montant maxi-mum de 300 milliards francsCFA, destinés au finance-ment de projets structurants.Sur la période 2017-2018, «legouvernement camerounaisambitionne de bitumer un li-néaire total de 1615 km de nou-velles routes» dépassant ainsisa promesse de bitumer enmoyenne 300 km de routeschaque année. Une visionqui s'inscrit dans le longterme dont l'objectif est d'at-teindre, en 2020, 8500 km deroutes bitumées sur le terri-toire camerounais contre unpeu plus de 6000 km actuel-lement.

ZRM

MARCHÉS FINANCIERS

Vers une nouvelle approchesécuritaire en Afrique centrale

La 45ème Session du Co-mité consultatif perma-

nent des Nations Unieschargé des questions de sé-curité en Afrique centrale(Unsac), tenue du 04 au 08décembre à Kigali (Rwanda),a exploré des pistes d’unenouvelle dynamique sécuri-taire. La déclaration de Kigalisur la situation en Répu-blique Centrafricaine en estune illustration. Elle recom-mande aux partenaires ré-gionaux et à la communautéinternationale de «s’impliquerdavantage pour que le Conseilde sécurité poursuive l’allège-ment de l’embargo sur les armesen vue de l’équipement et duréarmement des Forces arméescentrafricaines (Faca) et encou-rage la Minusca à soutenir larestauration de l’autorité del’Etat sur l’ensemble du terri-toire national».Un atelier sur l’implicationde la jeunesse et une exhor-tation à la réforme duConseil de paix et de sécu-rité de l'Afrique centrale

(Copax) de la Communautééconomique des Etats del’Afrique centrale (CEEAC)ont marqué les assises de Ki-gali. Une plateforme est enconstruction pour l’engage-ment des jeunes dans la pré-vention et la résolution desconflits, la lutte contre la ra-dicalisation et la participa-tion à un système d’alerteprécoce. Pour ce qui est dumécanisme sécuritaire de laCEEAC, une déclaration surla réforme du Copax a étéadoptée. Elle vise à le rendre«plus adéquat» du point devue du secrétaire général dela CEEAC.De l’avis de François Loun-cény Fall, représentant spé-cial du secrétaire généralpour l’Afrique centrale etchef du bureau régional desNations Unies pourl’Afrique centrale (Unoca),«la Région demeure confrontéeà de nombreux défis». C’est lecas du Burundi et de la Ré-publique Démocratique duCongo (RDC) où «les ten-

sions politiques et sécuritaires»devraient appeler «toutes lesparties prenantes à faire lechoix du dialogue, inclusif etde bonne foi, pour résoudreleurs différends par la voie pa-cifique». Dans les régions duNord-ouest et du Sud-ouestCameroun, «nous condam-nons les récentes attaques per-pétrées contre les forces de dé-fense et de sécurité ayantentrainé des pertes en vies hu-maines» indique le chef del’Unoca. Il émet, toutefois,le vœu que le gouvernementcamerounais poursuive sesefforts pour un dialogueafin «de faire baisser de ma-nière durable les tensions per-sistantes». Quant à la Répu-blique Centrafricaine (RCA),un huis clos ministériel apermis de faire l’état de laquestion sécuritaire et hu-manitaire. La 46e Session sedéroulera au premier se-mestre 2018 à Brazzaville auCongo.

ZRM

THERMOMÈTRE

Place portuaire de Douala.

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8 SUPPLEMENT AFRIQUE CENTRALE / ZOOM INTEGRATION N°305

L’Afrique centralevue par l’Onu

CRISES POLITIQUES, ÉCONOMIQUES ET SÉCURITAIRESLa rédaction

A. TENDANCES ETFAITS NOUVEAUXINTÉRESSANT LA

POLITIQUE, LA PAIXET LA SÉCURITÉ

La situation en Afrique cen-trale a été marquée par lapersistance des tensions poli-tiques et sociales sur fond deralentissement économique etde contestations électorales.Les problèmes transversauxnés de la crise provoquée parBoko Haram ont continué deretenir l’attention des gouver-nements de la région ainsique des acteurs régionaux etinternationaux, qui ont conti-nué d’œuvrer à contrer la me-nace persistante de l’Arméede résistance du Seigneur(LRA), notamment en pour-suivant la reconfiguration dela Force régionale d’interven-tion de l’Union africaine.

1. Évolution et faitsnouveaux d’intérêt politique

En Angola, les électionss’étant tenues le 23 août, leMovimento Popular de Liber-tação de Angola (MPLA),parti au pouvoir, a obtenuplus de 61 % des suffrages et150 des 220 sièges du Parle-ment. Élu nouveau présidentdu pays, João Lourenço duMPLA, ancien Ministre ango-lais de la défense, a prêté ser-ment le 26 septembre. Lespartis d’opposition UniãoNacional para a Independên-cia Total de Angola (UNITA)et Convergência Ampla deSalvação de Angola –Coliga-ção Eleitoral (CASA-CE) ontremporté 26 % (51 sièges duParlement) et 9 % des suf-frages (16 sièges du Parle-ment), respectivement. Ayantcontesté dans un premiertemps le résultat des élec-tions, motif pris d’irrégulari-tés, l’UNITA a demandé à sesdéputés élus de boycotter lestravaux parlementaires, maisreviendra sur ce mot d’ordrele 16 septembre.

Au Cameroun, la situationdans les régions anglophonesdu nord-ouest et du sud-ouest est demeurée calmemais précaire, les forces desécurité de l’État y mainte-nant une forte présence. Pourrégler les griefs exprimés parle Cameroon Anglophone Ci-vil Society Consortium(CACSC), le Gouvernement apris plusieurs mesures inté-ressant les systèmes judi-ciaire et éducatif, dont lacréation d’une section decommon law à l’École natio-nale de la magistrature, dedépartements de droit anglo-phone dans plusieurs univer-

sités (Douala, Ngaoundéré,Dschang et Maroua), la réaf-fectation de magistrats selondes critères linguistiques etla nomination de magistratsanglophones supplémen-taires à la Haute Cour de jus-tice. En outre, le 30 août, leGouvernement a décidé de li-bérer la plupart des diri-geants et sympathisants dumouvement anglophone dé-tenus depuis janvier 2017 etd’abandonner toutes pour-suites contre ceux-ci. Les ten-sions ont cependant persisté,des manifestations et opéra-tions «ville fantôme» ayantété organisées. Plusieurs at-tentats aux engins explosifsimprovisés ont été perpétrésà Bamenda, dans la région dunord-ouest, en septembre eten octobre, et à Douala le 22septembre, attentats imputéspar le Gouvernement à desmilitants du mouvement sé-paratiste anglophone

En prévision de la journée na-tionale de la réunification, cé-lébrée le 1er octobre, lesforces de sécurité ont été dé-ployées en grand nombre etdes restrictions mises à tousdéplacements et rassemble-ments. Suspendu à compterdu 28 septembre l’accès auxmédias sociaux sera sporadi-quement rétabli quelquesjours plus tard. Néanmoins,le 1er octobre, des partisansdu mouvement sécessionnistesont descendus dans la rue,apparemment pour hisser undrapeau représentant un Étatanglophone indépendant. Lesforces de sécurité ont dis-persé la manifestation, aucours de laquelle un nombrenon confirmé de personnesont été tuées, blessées ou ar-rêtées. Le 17 octobre, le Pre-

mier ministre Philémon Yangs’est rendu dans les deux ré-gions anglophones pournouer le dialogue. MafanyMusonge, ancien Premier mi-nistre et Président de la Com-mission nationale pour lapromotion du bilinguisme etdu multiculturalisme, a sé-journé en mission dans lemême but dans la région dusud-ouest. Des attaques ci-blées perpétrées contre despostes de contrôle de sécuritéentre les 6 et 10 novembres’étant soldées par la mort dequatre membres des forces dedéfense et de sécurité natio-nales, le Gouvernement a dé-crété le couvre-feu du 8 au 23novembre et ordonné la fer-meture des commerces etlieux publics dans la ville deBamenda de la région dunord-ouest. Il a également in-diqué avoir découvert plu-sieurs caches d’armes. Il a enoutre ouvert une enquête ju-diciaire sur les violations desdroits de l’homme et autresatteintes auxdits droits quiauraient été commises dansles régions du nord-ouest etdu sud-ouest le 1er octobre,y compris l’emploi dispropor-tionné et excessif de la forcepar les forces de sécurité.

Au Tchad, l’économie natio-nale a continué d’être sérieu-sement mise à mal par le vo-lume élevé des dépenses desécurité et la baisse des re-cettes pétrolières, à l’originede tensions sociales. Le 11juillet, la Plateforme syndi-cale revendicative a sus-pendu sa participation audialogue social, le Gouverne-ment ayant, le 6 juin, pris ladécision de répercuter sur lebudget le gel de l’indemnitéde transport des fonction-

naires. Le 21 septembre, laPlateforme a signé un com-muniqué conjoint avec leGouvernement pour renouerle dialogue. Le 6 juin, le Frontde l’opposition nouvelle pourl’alternance et le changementa publié un mémorandumcontestant la légitimité duPrésident Idriss Déby Itno etimputant la crise financière àla mal-gouvernance, à lamauvaise gestion des denierset à l’incapacité du Gouver-nement d’assurer la presta-tion de services sociaux debase. Le 9 juin, la coalition del’opposition a refusé de par-ticiper à un forum nationalsur l’adoption de réformesinstitutionnelles et constitu-tionnelles, appelant en lieu etplace à un dialogue politiquesans exclusive. Le 10 août, lePrésident a séparément tenudes consultations avec des re-présentants de l’opposition,mais Saleh Kebzabo, un desténors de l’opposition a dé-cliné l’invitation.

Les résultats des élections lé-gislatives au Congo ont étéproclamés le 2 août, le Particongolais du travail, parti aupouvoir ayant remporté 90des 151 sièges à pourvoir,l’Union panafricaine pour ladémocratie sociale et l’Uniondes démocrates et huma-nistes, partis d’oppositions’étant adjugés 8 sièges cha-cun. Le scrutin ne s’est pastenu dans huit circonscrip-tions de la région du Poolpour cause d’insécurité. Re-conduit dans ses fonctions depremier ministre le 16 août,Clément Mouamba, a pré-senté le 23 août un nouveaugouvernement ayant pourmission première de négocierun programme d’ajustement

avec le Fonds monétaire in-ternational (FMI) pour ren-flouer l’économie congolaiseen dérive. Le FMI a affecté àBrazzaville, du 26 septembreau 4 octobre, une missionchargée de faire le point dela situation économique, deparachever l’évaluation de ladette nationale et d’actualiserles projections macroécono-miques. Le 5 octobre, le Gou-vernement a publié un com-muniqué dans lequel ilannonçait son intention de re-négocier les conditions de sadette, évaluée par le FMI à 9milliards de dollars, soit 110% du produit interieur brut.

La détention prolongée, sansjugement, de dirigeants poli-tiques arrêtés au lendemainde l’élection présidentielle de2016 ne laisse de préoccuper.Même si le Gouvernement adonné l’assurance qu’il seraorganisé des procès équita-bles dans les délais voulus,on attend toujours l’ouver-ture des débats, y comprisconcernant Jean-Marie MichelMokoko et André Okombi Sa-lissa, deux ex-candidats à laprésidence. Le 11 août, leGouvernement a autorisél’évacuation médicale enFrance de Modeste Boukadia,chef d’un parti d’oppositionen détention, condamné à 30ans de travaux forcés.

En Guinée équatoriale, ontparticipé aux élections légis-latives et municipales antici-pées du 12 novembre,18 par-tis politiques et au total 325554 électeurs inscrits. À laveille du scrutin, le Ciudada-nos por la Innovación, partid’opposition, a accusé leGouvernement de l’avoir ex-clu de ces consultations, no-tamment en l’empêchantd’organiser des manifesta-tions dans le cadre de sa cam-pagne. Lors d’une réunionavec eux, le Gouvernement aencouragé les partis poli-tiques à financer sur fondspropres leur participationaux élections précisant qu’ilsseraient remboursés après laproclamation des résultatsdéfinitifs. Le jour du scrutin,les forces de sécurité ont étédéployées, l’accès à Internetsuspendu et l’usage de véhi-cules particuliers interdit, lesmédias sociaux ayant étéinaccessibles depuis le 27 oc-tobre, date d’ouverture de lacampagne. Selon les médias,les bureaux de vote se sontouverts à l’heure et le scrutins’est déroulé dans la paix. Lesreprésentants de l’oppositionont allégué des cas de fraudeet des irrégularités. Le 13 no-vembre, le Gouvernement ainvité la communauté inter-nationale

Dans un rapport adressé au Conseil de sécurité le 28 novembre dernier,le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, rend comptede l’évolution de la situation dans la sous-région depuis son précédentrapport, daté du 31 mai 2017. Intégration en publie les principauxconstats.

Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies.

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Hebdomadaire N°305 du Lundi 18 Décembre 2017 / www.journalintegration.com

9SUPPLEMENT AFRIQUE CENTRALE / ZOOMINTEGRATION N°305

à une réunion qui a été l’oc-casion de proclamer des ré-sultats provisoires. Selon les-quels le Partido Democràticode Guniea Ecuatorial, partiau pouvoir, venait en tête surtoute l’étendue du pays.

Au Gabon, le climat politiqueet social a été dominé aucours de la période considé-rée par le fait que Jean Ping,candidat de l’opposition, acontinué de contester la ré-élection du Président AliBongo Ondimba en 2016, etpar des difficultés écono-miques qui ont été à l’originede grèves multiples. Le 2 juin,M. Ping a rejeté l’appel de sesalliés politiques l’invitant àse prêter au dialogue avec M.Bongo Ondimba, préconisanten lieu et place une média-tion internationale. Le 18août, M. Ping a appelé sespartisans à organiser des ma-nifestations jusqu’à ce qu’ilaccède au pouvoir. Le 4 sep-tembre, 19 personnes ont étéarrêtées à Libreville lorsd’une manifestation de sou-tien à M. Ping. Le 9 septem-bre, Alexandre Barro Cham-brier, Président dumouvement politique Ras-semblement héritage et mo-dernité, proche de M. Ping, apublié une déclaration dé-nonçant la multiplication desarrestations arbitraires demembres de l’opposition etexigeant la remise en libertésans condition de tous les dé-tenus politiques. Le 13 sep-tembre, le Premier MinistreEmmanuel Issoze-Ngondet arejeté les appels en faveurd’une enquête internationalesur les violences postélecto-rales de 2016, annonçant enlieu et place la création d’unecommission nationale

Le 11 juillet, statuant à la de-mande du Gouvernement, laCour constitutionnelle gabo-naise a autorisé un nouveaureport jusqu’en avril 2018 auplus tôt des législatives qui,initialement prévues pour dé-cembre 2016, avaient déjà étéreportées une première fois,à la date juillet 2017. Plu-sieurs personnalités de l’op-position ont critiqué la déci-sion de report de la Courcomme sans motif. Installé le21 août, le nouveau gouver-nement conduit par le Pre-mier Ministre sortant s’est vuconfier pour mission de met-tre au point le texte de lanouvelle constitution d’ici ànovembre 2017 pour adop-tion par l’Assemblée natio-nale. Pierre-Claver MagangaMoussavou, ex-candidat à laprésidence, a été nomméVice-Président, René Nde-mezo’o Obiang, ancien direc-teur de campagne de M. Pingayant été désigné Présidentdu Conseil économique et so-cial du pays.

Ouvert le 13 septembre, ledialogue politique appro-fondi entre l’Union euro-péenne et le Gouvernementgabonais était axé sur l’issue

du dialogue national et desréformes électorales, ainsique sur les droits del’homme, l’ouverture démo-cratique et les libertés fonda-mentales.

Au Rwanda, le Président PaulKagame a remporté 98,79 %des voix lors de l’élection pré-sidentielle tenue le 4 août.Ses deux adversaires, Phi-lippe Mpayimana, candidatindépendant et Frank Habi-neza, candidat du Parti dé-mocratique vert, ayant ob-tenu 0,73 % et 0,48 % dessuffrages, respectivement.Diane Rwigara, personnalitéde l’opposition, a été excluedu scrutin par la Commissionélectorale motif pris de cequ’elle avait produit defausses signatures à l’appuide sa candidature, n’ayantpas ainsi recueilli les 600 si-gnatures requises. Arrêtée enseptembre, avec deux mem-bres de sa famille pourfraude fiscale et faux et usagede faux, M. Rwigara sera ac-cusée, sa mère et sa soeuraussi, le 3 octobre d’incitationà l’insurrection contre l’État.Au moment de la rédactiondu présent rapport, une pro-cédure judiciaire suivait soncours contre Mme Rwigara etsa mère, leur requête en libé-ration sous caution ayant étérejetée le 20 octobre. La soeurde Mme Rwigara a été miseen liberté provisoire, le jugeayant décidé d’abandonnerles poursuites contre ellefaute de preuve.

Le 28 juillet, la Commissionélectorale de São Tomé-et-Príncipe a annoncé que 90932 électeurs avaient été ins-crits sur le fichier électoral,111 222 l’ayant été aux fins del’élection présidentielle de2016. Le 14 août, le Gouver-nement a annoncé que lesélections régionales et localesprévues pour 2017 avaient étéreportées à 2018, le but étantde les coupler avec les légis-latives.

2. Sahel

Étant donné sa dimensiontransfrontalière et ses liensavec la criminalité organisée,le terrorisme continue de me-nacer sérieusement la stabi-lité de l’ensemble de la régiondu Sahel, y compris le Tchad.La création de la Forceconjointe du Groupe de cinqpays du Sahel début 2017 estune initiative louable quivient démontrer la volontédes cinq pays de prendre enmain les problèmes de sécu-rité dans la région et d’y faireface collectivement. Depuis laparution de mon précédentrapport sur la Force conjointe(S/2017/869), celle-ci a lancé,le 28 octobre, sa premièreopération dans le triangle duLiptako-Gourma, à la fron-tière entre le Burkina Faso, leTchad et le Mali. Sous le nomde code « Opération Hawbi», la campagne a fait interve-nir plusieurs centaines de sol-dats maliens, nigériens etburkinabés. La Force

conjointe a axé ses actions surle Secteur central limitrophedes trois pays qui est l’épi-centre des activités transfron-talières de groupes terroristesarmés et de trafiquants dedrogues et d’armes dans larégion.

Le Tchad continue d’entre-prendre de mobiliser des élé-ments à affecter à la Forceconjointe à titre de contribu-tion. Le 13 octobre, il a rapa-trié à la base de Wour (régionde Tibesti), dans le cadre dudéploiement en cours de laForce conjointe, des centainesde soldats déployés au Nigerdans la campagne contreBoko Haram. Évoquant lesgraves difficultés financièresde son pays, le Présidenttchadien a publiquementdouté que son pays ait lesmoyens d’affecter des soldatsà la Force conjointe.

Une conférence internatio-nale sur la sécurité et le dé-veloppement dans le Sahelaura lieu à Bruxelles en prin-cipe le 14 décembre 2017. LaStratégie intégrée des Na-tions Unies pour le Sahel estle moyen d’apporter une ré-ponse globale aux défis aux-quels la région du Sahel setrouve confrontée. Agissantpar l’intermédiaire duGroupe de travail du Comitéexécutif sur le Sahel, présidéepar la Vice-Secrétaire géné-rale, l’ONU s’est mobiliséepour accélérer la mise en oeu-vre de la Stratégie, notam-ment en réunissant des res-sources supplémentaires.

3. Tendances et faitsnouveaux d’intérêtsécuritaire • Boko Haram/bassin du lacTchad

Malgré les efforts considéra-bles déployés par les paysconcernés, la Force multina-tionale mixte et les parte-naires régionaux et interna-tionaux, Boko Haram acontinué de menacer la ré-gion du bassin du lac Tchad,perpétrant des attentats-sui-cides à la bombe, des actes debanditisme, des enlèvements,des incendies criminels, desraids contre des villages, etdes attentats contre des per-sonnes et des installationsmilitaires. Depuis la parutionde mon rapport sur la situa-tion dans la région du bassindu lac Tchad (S/2017/764), aumoins 111 civils ont été tuéset 131 blessés au Cameroun,un civil ayant été tué auTchad entre le 1er juin et le15 octobre.

De multiples attentats ont étéperpétrés dans le nord du Ca-meroun, la plupart par desadolescentes kamikazescontre des camps de per-sonnes déplacées et autreslieux très fréquentés par lescivils. Les attentats-suicidesà la bombe perpétrés par desjeunes femmes et des filles sesont multipliés, inspirant dela suspicion à l’égard decelles–ci et les exposant à des

actes de harcèlement, à lastigmatisation et à des arres-tations arbitraires par la po-lice et l’armée. Le 14 octobre,des ex-combattants quis’étaient rendus ont été remisavec leurs familles aux auto-rités locales de Mozogo dansla région de l’extrême nord.Ces personnes originaires duCameroun, dont 58 hommes,86 femmes et 244 enfants, ontdit avoir été enlevées parBoko Haram lors de raidscontre leurs villages, trans-portées au Nigéria et enrôléesde force dans les rangs dugroupe.

Au Tchad, on a fait état d’uneseule attaque d’envergure,mais par ses agissementsBoko Haram n’a cessé de per-turber la vie de la populationlocale, en particulier le com-merce transfrontalier. Selonl’armée tchadienne, 8 soldatstchadiens ont été tués et 18blessés les 24 et 25 juin lorsd’accrochages avec des insur-gés de Boko Haram sur lesîles du lac Tchad.

Le Conseil de paix et de sé-curité de l’Union africaine aséjourné dans le bassin du lacTchad du 27 au 31 juillet. Le28 septembre, il a adopté unedécision dans laquelle il s’estnotamment dit préoccupé parle manque de moyens de laForce multinationale mixte etla gravité de la situation hu-manitaire dans la région,réaffirmé la nécessité de sedoter d’une stratégie globalepour lutter contre Boko Ha-ram et demandé la tenue d’unsommet spécial de la Com-munauté économique desÉtats de l’Afrique centrale(CEEAC) et de la Commu-nauté économique des Étatsde l’Afrique de l’Ouest (CE-DEAO), le but étant d’arrêterune stratégie de promotionde la paix, de la sécurité etdu développement dans lebassin du lac Tchad.

• Armée de résistance duSeigneur

Selon le dispositif de suivi dela crise liée à la LRA (LRACrisis Tracker), 48 actes cri-minels impliquant la LRAcommis pendant la périodeconsidérée se sont soldés parun bilan de 7 morts et 158 en-lèvements. Les éléments de laLRA ont continué de menacergravement les civils dans lenord de la République démo-cratique du Congo sévissantle long de couloirs qu’ils em-pruntent en provenance de laRépublique centrafricaine enpassant par les provinces duBas et du Haut-Uélé, et leparc national de la Garambaen République démocratiquedu Congo, parc qui reste ungrand lieu de braconnage etd’extraction minière de l’orpour la LRA. Le groupe s’estlivré principalement à desactes de pillage, des embus-cades, des enlèvements tem-poraires et des agressionssexuelles. Les actes imputa-bles à la LRA ont connu leurplus forte intensité pendant

la saison sèche, allant demars à juin.

Les éléments de la LRA ontcontinué d’attaquer et de pil-ler des villages en Répu-blique centrafricaine, le longde l’axe Obo-Zemio et dans lapréfecture de Haute-Kotto,près de l’enclave de KafiaKingi, où ils étaient souventenvoyés pour piller des vi-vres, de l’or et des diamants.Le 5 juillet, des éléments dela LRA ont investi la ville deKotto 3 et exigé de s’entrete-nir avec les dirigeants com-munautaires, le but étant deles forcer à leur donner desvivres. Entre le 17 et le 24septembre, des éléments dugroupe ont attaqué la localitéde Kpabou (Haute-Kotto) etont eu des accrochages avecdes combattants de l’ex-Sé-léka.

Entre avril et octobre 2017, laLRA aurait perpétré en Répu-blique centrafricaine, 12 at-taques au cours desquelles 4personnes ont été tuées et 35enlevées (contre 46 attaquespendant la même période en2016). Depuis mai 2017, larupture entre deux puis-santes factions du Front po-pulaire pour la renaissanceen Centrafrique (FPRC) a en-traîné le retour des affronte-ments armés dans les préfec-tures de la Haute-Kotto et deMbomou, ainsi que la mobi-lisation de groupes antiba-laka le long de l’axe Bangas-sou-Obo, créant ainsi unenvironnement difficile pourles groupes de la LRA, qui sesont progressivement dépla-cés vers les préfectures deMbomou et Haut-Mbomou,au sud-est, sans doute pouréviter des heurts avec d’au-tres éléments armés.

Néanmoins, le retrait de laForce régionale d’interven-tion de l’Union africaine dela République centrafricainea créé un vide sécuritaire ex-ploité par des milices arméessans liens étroits entre elles,des gangs criminels et di-verses factions dissidentes lo-cales opérant dans les préfec-tures de Mbomou etHaut-Mbomou, vide dont lescommunautés locales ont res-senti le contrecoup écono-mique notamment sous formede renchérissement des den-rées de première nécessité.L’insécurité étant venue per-turber la récolte saisonnière,le marché local ne peut ré-pondre à la forte demande deproduits alimentaires.

Si les civils ont été les plusrudement éprouvés par le re-gain de violence dans la sous-région, le recul des attaquesde la LRA s’est traduit davan-tage par la multiplication desenlèvements que par la mortde civils, d’où la nécessité dedégager de nouvelles ap-proches de la protection descivils. Prise délibérémentpour cible par les groupes ar-més, la Mission multidimen-sionnelle

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Hebdomadaire N°305 du Lundi 18 Décembre 2017 / www.journalintegration.com

10 SUPPLEMENT AFRIQUE CENTRALE / ZOOM INTEGRATION N°305

intégrée des Nations Uniespour la stabilisation en Répu-blique centrafricaine (MI-NUSCA) a vu entamer sa ca-pacité de faire face à tousincidents et menaces dans leszones où sévit la LRA.

Ayant achevé son retrait deYambio (Soudan du Sud) le 4juillet, la Force régionaled’intervention de l’Unionafricaine a transféré son quar-tier général à Koboko (Ou-ganda).

• Sécurité maritime dans legolfe de Guinée

Depuis la parution de monprécédent rapport, l’Organi-sation maritime internatio-nale a fait état de sept actesde piraterie et de vols à mainarmée en mer dans le golfe deGuinée.

Créé au lendemain d’une réu-nion tenue à Yaoundé le 8juin, le Réseau inter-régionalpour le golfe de Guinée apour mission de combattre lacriminalité en mer dans legolfe de Guinée. Doté d’unbudget total de 9,2 millionsd’euros pour quatre ans, etsoutenu par l’Union euro-péenne, le Réseau couvretous les pays riverains dugolfe de Guinée.

• Braconnage et trafic d’es-pèces sauvages et de res-sources naturelles Les 25 et 26 juillet, la CEEACa organisé une réunion d’ex-perts à N’Djamena sur lesconflits concernant l’utilisa-tion des terres, les espècessauvages et les ressources na-turelles, suivie d’une réunionministérielle le 27 juillet quia été l’occasion de validerplusieurs stratégies et outilsopérationnels dont un sys-tème de gestion des conflitsentre l’homme et les espècessauvages et des mécanismesde gestion des conflits fon-ciers.

B. ÉVOLUTIONDE LA SITUATIONHUMANITAIRE

Les conflits persistants et denouvelles flambées de vio-lence ont continué d’éprou-ver des millions de per-sonnes dans la sous-région.Quelque 2,4 millions de per-sonnes ont été déplacées parla crise provoquée par BokoHaram, qui, ayant égalemententraîné une grave insécuritéalimentaire, est venue mena-cer la santé et la protectionde ces personnes, exposéesnotamment à des actes deviolence sexuelle et sexistegénéralisée. Dans les zonessinistrées du bassin du lacTchad, les organisations hu-manitaires ont entrepris devenir en aide à 8,2 millionsde personnes, dont 1 millionau Cameroun et au Tchad.

Élargie de nouveau en 2017,

l’intervention humanitairedictée par la crise du bassindu lac Tchad, a bénéficié àplus de cinq millions de per-sonnes. Toutefois, les besoinsn’auront sans doute pas di-minué en 2018 et au-delà, desorte qu’il faudra tenir le capde l’entreprise d’aide et derelèvement. En septembre2017, on avait mobilisé unpeu plus de la moitié dumontant de 1,5 milliard dedollars requis pour les se-cours dans les quatre paystouchés. Pour répondre auxbesoins les plus pressantsd’ici la fin de l’année, les or-ganismes des Nations Unieset les organisations non gou-vernementales doivent en-core mobiliser 661 millionsde dollars.

En République centrafri-caine, on dénombrait environ600 000 personnes déplacées,leurs rangs ayant grossi deprès de 50 % entre janvier etaoût 2017 et 500 000 réfugiés,le nombre de ces derniersayant également augmenté,soit au total 1,1 million de ré-fugiés et déplacés, chiffre leplus élevé enregistré dans lepays. Les opérations huma-nitaires ont été mises à trèsrude épreuve. Depuis le dé-but de 2017, plus de 200 actesde violence ont été perpétréscontre des travailleurs huma-nitaires. On a suspendu lessecours à plusieurs reprisesou renoncé à toute interven-tion dans certaines localitésen proie à la violence, dansun pays où la moitié de la po-pulation a besoin d’aide poursurvivre. Face à l’aggravationde la crise, on a porté l’enve-loppe de l’aide humanitaired’environ 400 à 497 millionsde dollars, montant qui doitpermettre d’apporter uneaide vitale à 1,8 million depersonnes. À la date du 13novembre, seul 30 % de cetteenveloppe avait été financé.

C. SITUATION DESDROITS DEL’HOMME

Au Tchad, on a continué defaire état de restrictions à laliberté d’expression, de ma-nifestation, de réunion etd’association, ainsi que decas de harcèlement, d’arres-tation et de détention demembres de l’opposition etde dirigeants de la sociétécivile. Niant ces allégations,le Gouvernement a réaf-firmé sa volonté d’opérerdes réformes institution-nelles qui viendront conso-lider les droits du citoyen etl’état de droit. Il a saisi l’As-semblée nationale d’un pro-jet de loi tendant à réformerle texte portant création dela Commission nationaledes droits de l ’homme, lebut étant de permettre aupays de se conformer auxprincipes concernant le sta-tut des institutions natio-nales de promotion et deprotection des droits del’homme.

Dans son rapport f inal ,rendu public le 4 septembre,la Commission d’enquêtesur le Burundi, ayant concluà l’existence de motifs rai-sonnables de croire que descrimes contre l ’humanitéavaient été et continuaientd’être commis depuis avril2015, a demandé à la Courpénale internationale d’ou-vrir une enquête. Elle adressé constat de violationsdes droits de l’homme, no-tamment d’exécutions extra-judiciaires, d’arrestations etde détentions arbitraires,d’actes de torture, de traite-ments cruels, inhumains oudégradants, de violencesexuelle et de disparitionsforcées. À ce jour, le Gou-vernement refuse de coopé-rer avec la Commission. Le13 septembre, six personnesarmées non identifiées ontfait irruption dans les lo-caux du Haut-Commissariataux droits de l’homme à Bu-jumbura. Les autorités ontouvert une enquête sur cetteattaque. Le 9 novembre, laCour pénale internationalea annoncé que le Bureau duProcureur avait officielle-ment ouvert, le 25 octobre,une enquête sur la situationau Burundi et qu’il y avaitdes motifs raisonnables decroire que les forces de sé-curité burundaises et les Im-bonerakure avaient délibé-rément attaqué lapopulation civile.

Les 28 et 29 septembre, leConseil des droits del’homme a adopté deux ré-solutions sur le Burundi.Dans sa résolution 36/2, il ademandé au Haut-Commis-saire des Nations Unies auxdroits de l ’homme d’en-voyer d’urgence une équipede trois experts pour re-cueillir et conserver des in-formations sur la situationdes droits de l’homme, quiseront transmises aux auto-rités judiciaires burundaisespour qu’elles poursuiventles auteurs. Il a égalementdemandé au Haut-Commis-saire de lui présenter en2018 un exposé oral et unrapport écrit au sujet desconclusions des experts.Dans sa résolution 36/19, leConseil des droits del’homme a prorogé d’un anle mandat de la Commissiond’enquête sur le Burundi etprié la Commission de pré-senter en 2018 un rapportau Conseil et à l’Assembléegénérale à sa soixante-trei-zième session.

En République démocra-tique du Congo, on a conti-nué de constater des viola-tions généralisées des droitsciviques et polit iques, larestriction du jeu démocra-tique, la multiplication desviolences interethniques etintercommunautaires et desatteintes aux droits del’homme imputables auxforces de défense et de sé-curité. Dans la région duKasaï, on a recensé 87 char-

niers et plusieurs centainesde civils auraient été tués.Dans la province du Tanga-nyika, des dizaines de civilsont été violés et tués à l’oc-casion de violences inter-communautaires. Une inter-diction générale demanifester est restée en vi-gueur. Fait alarmant, lesjournalistes et les défen-seurs des droits de l’hommefont de plus en plus l’objetde restrictions dans leursactivités.

En République centrafri-caine, la MINUSCA a dresséconstat de cas avérés de vio-lations des droits del’homme, notamment desattaques ciblées contre descivils inspirées par des mo-tifs religieux ou ethniques.À l’issue de son séjour dansle pays du 6 au 11 octobre,mon Conseiller spécial pourla prévention du génocide acondamné les actes de ma-nipulation et d’incitation àla haine ethnique et reli-gieuse.

Au Cameroun, le 9 octobre,la Commission nationaledes droits de l ’homme etdes libertés a condamné lesactes de violence commis le1er octobre contre des ma-nifestants ainsi que les ar-restations et détentions ar-bitraires. Elle a réitéré sonappel en faveur d’un dia-logue constructif dans le butde régler durablement lacrise. Le 13 octobre, une or-ganisation non gouverne-mentale internationale a faitétat de l’arrestation et de ladétention arbitraires d’aumoins 500 personnes à l’oc-casion d’une série de mani-festations en septembre eten octobre. Quelque 200 dé-tenus auraient été l ibérésdepuis.

L’ONU continue d’être sai-sie d’allégations de viola-tions du droit internationaldes droits de l’homme et dudroit international humani-taire et d’autres atteintesauxdits droits, dont des ar-restations arbitraires, descas de détention prolongéesans jugement et de viol, ycompris dans des camps depersonnes déplacées, perpé-trées en toute impunité parla Force multinationalemixte et les forces de sécu-rité camerounaises et tcha-diennes dans le cadre desactions antiterroristes me-nées contre Boko Haram. Lerecours à la peine capitalepar le Cameroun et leTchad, prévu par la législa-tion antiterroriste en vi-gueur, reste un motif depréoccupation.

D. TENDANCESSOCIOÉCONOMIQUES

Le lent redressement ducours des produits de baseet la dégringolade des prixdu pétrole entre 2014 et2016 sont venus mettre à nules lacunes d’ordre poli-

tique et structurel majeuresdont souffraient les pays dela sous-région, notammentle manque de diversificationde l’économie nationale, lacroissance non inclusive, lapénurie d’emplois généra-teurs de revenus, surtoutpour une population crois-sante de jeunes, et l’absencegénérale d’amélioration sen-sible des conditions de viedes populations.

Les États membres de laCommunauté économiqueet monétaire de l ’Afriquecentrale (CEMAC) ont en-trepris ensemble d’amélio-rer les politiques et d’assu-rer la stabil itémacroéconomique aux ni-veaux national et sous-ré-gional, conformément à ladécision prise par les chefsd’État et de gouvernementlors du sommet de Yaoundéde décembre 2016. Les diri-geants ont approuvé des ré-formes structurelles tendantà renforcer la gestion des fi-nances publiques, à luttercontre la corruption et àaméliorer l ’environnementéconomique, et des poli-tiques propres à permettrede réduire les déséquilibresmacroéconomiques. Celaétant, le FMI a approuvé denouveaux programmes desoutien au Cameroun et auTchad, représentant respec-tivement un montant de666,2 millions de dollars etde 312,1 millions de dollars,au titre de sa facilité élargiede crédit, ainsi qu’un pro-gramme d’un montant de642.0 millions de dollars enfaveur du Gabon, au titre deson mécanisme élargi decrédit. Il a accordé un appuisupplémentaire à la Répu-blique centrafricaine et esten négociation avec leCongo et la Guinée équato-riale.

Le 30 octobre, les partici-pants à un sommet extraor-dinaire de la CEMAC, tenuà N’Djamena, ont pris actede la ratif ication par tousles États membres de l ’ac-cord de 2013 sur la libre cir-culation des personnes dansla sous-région.

Le Gouvernement français aorganisé du 6 au 8 septem-bre, à Paris, une table rondedes donateurs, au cours delaquelle le Gouvernementtchadien a présenté son plannational de développementpour la période 2017-2021.Le Président tchadien a pré-sidé cette rencontre, organi-sée avec le concours du Pro-gramme des Nations Uniespour le développement(PNUD) et de la Banquemondiale. Le Gouvernementtchadien a reçu des an-nonces de contributionsd’un montant total de 20milliards de dollars, dont 7milliards de dollars de par-tenaires multilatéraux et bi-latéraux et 13 milliards dedollars d’investisseurs pri-vés.

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11INTEGRATION CONTINENTALE / INSTITUTIONSINTEGRATION N°305

Tenue à Niamey sous la pré-sidence du président nigé-rien Mahamadou Issoufou,

président dédié de la zone de li-bre-échange continentale (ZLEC),la réunion des ministres a ouvertla voie à la dernière articulationqui est le toilettage juridiquel’Accord de Libre Echange conti-nental (Alec). Mais cette procé-dure s’étalera encore sur près detrois mois. Une fois les arrange-ments commerciaux introduits,les documents seront transmisau Comité technique spécialisé(CTS) des ministres de la Justice,pour validation et présentationà la Session de la conférence del’Union de janvier 2018, commedocuments juridiquement fiables,réalistes et répondant aux besoinsde développement de l'Afrique. Déjà dès le sommet de janvier2018, à Addis Abeba, le prési-dent nigérien présentera un rap-port de fond aux chefs d'Etat etde gouvernement. Il soumettraà ses pairs un état des lieux surl'Accord portant création de laZLEC et ses protocoles. Il leuradressera les invitations pour lesommet extraordinaire de mars2018 consacré à l’adoption et àla signature de l’Alec, ses proto-coles et ses annexes.

Désormais, on connait les deuxcomposantes de l’Alec. Le pre-mier contenu de la ZLEC, aveclequel sa création sera actée,concernera le commerce desmarchandises et le commercedes services. Les protocoles né-gociés à Niamey permettent lacréation de la ZLEC avec cettepremière composante. La libéra-lisation des services s’articulerasur neuf secteurs prioritairesaxés sur les demandes et les of-fres. S’agissant du commerce desmarchandises, il a été convenuque les taxes ayant un effet équi-valent seraient progressivementéliminées du commerce entre lespays africains, en attendant unexamen des implications pourles redevances existantes tellesque la redevance communau-taire de la Communauté écono-mique des Etats de l’Afrique del’Ouest (CEDEAO). Des dispositions relatives auxzones économiques spéciales,aux droits d'exportation, à la ba-lance des paiements et aux in-dustries naissantes ont égale-ment été prises. Sur ce sujet, destravaux supplémentaires sontprévus au cours des deux pro-chains mois et concerneront lafinalisation des lignes directricessur le traitement des industriesnaissantes et des lignes direc-trices sur les mesures correctivescommerciales. Bien plus, des tra-vaux supplémentaires se tien-dront pour transiger principale-ment sur les règles d'origine etl'application des modalitésconvenues pour la libéralisationdu commerce des marchandiseset, en particulier, sur le traite-ment des produits et les exclu-sions sensibles (clause de sauve-

garde). Quant à la seconde phase de laZLEC, les négociations se pour-suivront après l’adoption du pre-mier palier sus présenté. Lesprotocoles n’ont pas encore étéparachevés. Ils portent sur la po-litique d'investissement, la poli-tique de la concurrence et lesdroits de propriété intellectuelle.Outre ces protocoles et les an-nexes subséquents, l’Aleccontiendra le cadre institution-nel avec les objectifs, les prin-cipes et la portée de la ZLEC. Lesquestions horizontales telles quela gouvernance et les arrange-ments institutionnels y figurentde même que les détails sur lesprocédures d'entrée en vigueur,de ratification et d'amendement.La clause de rendez-vous y fi-gure naturellement.

Sur la question de la libéralisa-tion tarifaire, c’est en sommecent des lignes tarifaires qu’ilfaut faire libéraliser sur le format90/10. Face aux craintes de cer-tains Etats, il a été décidé d’in-troduire un addendum aux mo-dalités des négociationstarifaires dans le cadre du pro-tocole sur le commerce desbiens. Cet addendum sera basésur le principe du traitementspécial et différencié (TSD) quiest partie intégrante des prin-cipes directeurs de la ZLEC. Al’instar des usages dans le do-maine multilatéral, cette flexibi-lité porte sur les périodes tran-sitoires pour la libéralisation, surdes exemptions, sur un méca-nisme commercial de soutienconforme aux bonnes pratiquesinternationales en la matièreainsi que sur toute autre mesureassimilée. Les ministres du Commerce ont

convenu d'un secrétariat de laZLEC autonome et dirigé par undirecteur général ou secrétairegénéral. La Commission de l’UAse chargera de la création de la-dite structure par le biais d’unenote technique sur cette struc-ture, détaillant son fonctionne-ment, son articulation avec lesystème de l'UA et les modalitésbudgétaires et financières. Lesministres ont insisté pour l’in-troduction d’un article surl'adhésion à la ZLEC. Ainsi, pourêtre partie à l’Alec ou pour le dé-noncer, il faudra se conformer àcette procédure précise. L'épu-ration juridique débutera en jan-vier pour l'Accord-cadre, le pro-tocole sur le commerce desservices et diverses sections duprotocole sur le commerce desmarchandises. Pendant ce temps,le travail se poursuivra avec lesquestions restantes dans le pro-tocole sur le commerce des mar-chandises dans le but de finaliserceci d'ici mars 2018.

Les forces qui remodèlent l'en-vironnement économique mon-dial condamnent désormaisl'Afrique à une coopération dy-namique au sein du continent. Sila notion de frontières, enAfrique, est née après les indé-pendances, plus d’un demi-siè-cle après, la pertinence des vœuxdes pères fondateurs sembles’exacerbée. D’après les statis-tiques disponibles, le commerceintra-africain s’élève à environ16% des transactions commer-ciales totales de l’ensemble ducontinent. En comparaison, cepourcentage se situe autour de70 % pour l’Union européenne,54 % pour l’Amérique du Nordet 51% pour l’Asie. Dans cettelancée, le président nigérien ex-

plique «l'Afrique compte des paysmoins avancés, des pays à revenuintermédiaire et des pays à revenuintermédiaire avancés. Bon nombrede ces pays ont des difficultés à sehisser sur l’échelle du développe-ment durable, notamment en raisonde leur dépendance vis-à-vis de laproduction et de l’exportation dematières premières ainsi que de parla taille réduite de leurs économies». Vera Songwe, secrétaire exécu-tive de la Commission écono-mique des Nations Unies pourl’Afrique (CEA), y voit une ré-ponse en ces termes: «à la CEA,nous estimons qu'en éliminant lesdroits de douane, la ZLEC peut sti-muler le commerce intra-africain de52% et qu'en réduisant les barrièresnon tarifaires, il peut être doublé,ce qui profiterait au bien-être afri-cain à hauteur de 22 milliards dedollars. Cela devrait profiter parti-culièrement aux exportations indus-trielles et aux valeurs ajoutées del'Afrique ; générant ainsi plus d'op-portunités d'emploi et diversifiantle commerce africain». Prenantpart aux travaux, Moussa FakiMahamat, président de la Com-mission de l’Union Africaine(UA), tranche: «L’intégration n’estdès lors pas une option, mais uneobligation, un impératif. Commentautrement pourrions-nous répondreà l’aspiration à la prospérité de nospeuples?». Marc Yombouno, ministre duCommerce de la République deGuinée souhaite «il est donc im-pératif de créer une Afrique où lespersonnes, les biens et les servicespeuvent circuler librement au profitde tous les Africains». Pour sapart, Assome Aminata Diatta, di-rectrice du commerce extérieurdu Sénégal, a déclaré: «Je suis trèsheureux de la décision prise au-jourd'hui. La ZLEC est absolumentnécessaire pour renforcer la positionde l'Afrique sur le marché mon-dial».

Un accord envisagé pourle premier trimestre 2018

La réunion des ministres africains du commerce avalidé provisoirement le projet d’accord et appelle àun sommet extraordinaire des chefs d’Etat et degouvernement en mars 2018.

ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE CONTINENTALE

4ème réunion des ministres du Commerce de l'UA.

Contenu

Institutionnel

Enjeux

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Yaoundé-Cameroun

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12 PANORAMA / SPÉCIAL INTEGRATION N°305

Galerie photos

En l’espace de cinq mois, QNET a organiséquatre évènements au Cameroun: la remise dedon d’ordinateurs au ministère de la Jeunesse

lors de la journée internationale de la jeunesse le 12août 2017, deux expositions de ses produits du 14au 18 octobre dans les villes de Douala et de Yaoundéet une convention de l’un de ses distributeurs (Po-werful Tide) du 08 au 10 décembre dernier au Palaisdes sports de Yaoundé. Cette intense activité au Ca-meroun de l’entreprise malaisienne de vente directede produits trahit la place importante que le paysoccupe dans sa stratégie de déploiement. Stratégiequi vise à densifier la présence de l’entreprise enAfrique.QNET veut en effet faire du Cameroun un hub pourla distribution de ses produits en Afrique centrale.Pour ce faire, les responsables de l’entreprise annon-cent pour bientôt l’ouverture d’une agence à Douala.Erika Lindou, promoteur des «Journées de l’entrepre-nariat chrétien» (devenues aujourd’hui «Journées del’entreprenariat éthique au Cameroun», JEC), désigné ily a quelques mois représentant légal de QNET auCameroun, aura en charge de piloter ce projet.

Mise en garde Même si l’entreprise revendique plusieurs milliersde représentants indépendants au Cameroun, ellereste consciente que l’industrie de la vente directereste incomprise. En prélude à l’ouverture de l’agencede Douala, la convention de la Powerful Tide (PTCon) avait pour but de renforcer les capacités de sesdistributeurs indépendants et sensibiliser sur la ventedirecte et les valeurs de QNET. Selon, Trevor Kuna,le CEO de QNET, «QNET est une entreprise de marke-ting de réseau. Une entreprise de vente directe 100% e-commerce». Son modèle d’affaire «consiste à établir desréseaux de vente sur la base du bouche à oreille» et depercevoir des commissions sur la vente des produits. «Si vous partez dans un magasin acheter un appareild’une marque que vous recommandez par la suite à uneconnaissance vous n’allez rien gagner. Mais avec QNET,une recommandation vaut le début du partenariat et doncd’un profit. Chez nous, on est payé sur la base de ses ca-pacités à se déployer sur le terrain et d’attirer les consom-mateurs. On me paie sur mes ventes personnelles et surles ventes de mon équipe selon un plan clair de compen-sation», ajoute VC Jean Luc Sialou, représentant in-dépendant de QNET et leader de la Powerful Tide.Mais pour autant, «les activités de QNET ne sont pasun plan pour faire fortune rapidement», se sont em-ployés à marteler les responsables de la boîte. Les-quels ont par ailleurs mis en garde les potentiels re-présentants indépendants de la marque contre lapublicité mensongère. Dans les fiches d’adhésion,les candidats sont d’ailleurs appelés à s’engager à«ne pas utiliser de pratiques ou documents commerciauxfaux, trompeurs, mensongers ou déloyaux» et à «ne pré-senter que des estimations de revenus réalistes, en indi-quant la nécessité de faire les efforts appropriés».

PartenariatsDurant cette convention de formation à laquelle ontpris part plus de 4000 personnes (en majorité desjeunes) venus du Gabon, Bénin, Togo, Côte d’Ivoire,Burkina Faso, Tchad, Bénin, Guinée Equatoriale,Congo, République démocratique du Congo et duCameroun, un accent a aussi été mis sur le leader-ship. «J’ai compris en 2010 en Malaisie, lors d’une for-mation, pourquoi les asiatiques en général et les autrespeuples sont allés très vite par rapport à nous(Africains).C’est parce que dans tout développement, ilfaut du leadership. Le leader, c’est celui qui peut prendredes décisions et être capable de supporter tout ce qu’il acomme challenge pour pouvoir avancer» justifie VC JeanLuc Sialou, représentant indépendant de QNET. Pour fixer son encrage au Cameroun et dans la sous-région, l’entreprise malaisienne, a déjà trois atouts:1- Son partenariat avec la CAF pour le sponsoringde la coupe des Confédérations et la Ligue des cham-pions africaine; 2- Il est le partenaire exclusif de ventedirect du club Manchester City, club de la premierLeague de football anglaise; 3- La marque QNET apour ambassadeur l’ivoirien Cheick Cissé, championolympique 2016 de Taekwondo.

Augustin Tacham (stagiaire)

QNET PREND PIED ENAFRIQUE CENTRALE

L’entreprise malaisienne de vente directe de pro-duits ouvrira bientôt une agence à Douala pourdesservir la sous-région.

DÉPLOIEMENT

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Hebdomadaire N°305 du Lundi 18 Décembre 2017 / www.journalintegration.com

13PANORAMA / SPÉCIALINTEGRATION N°305

QNET prend ses marquesau Cameroun. L’entreprisemalaisienne de ventedirecte de produits étaitprésente à la conventionorganisée par l’un de sesgrands distributeurs «laPowerful Tide» du 08 au10 décembre dernier àYaoundé. Il était questionde former au marketing deréseau et au leadershipplus de 4000 participantsvenus de plusieurs paysafricains, notamment duGabon, Bénin, Togo, Côted’Ivoire, Burkina Faso,Tchad, Bénin, Gui néeEquatoriale, Congo,République démocratiquedu Congo et du Cameroun.A l’issue, de cetévènement, le directeurgénéral de QNET aaccepté de lever un pan devoile sur cette activitéencore mal connue et adécliné ses ambitions pourl’Afrique.

En un mot c’est quoi QNET?

QNET est une entreprise de mar-keting de réseau. Une entreprisede vente directe 100% e-com-merce. Notre modèle d’affaireconsiste à établir des réseaux devente sur la base du bouche àoreille. Et, sur la vente de ces pro-duits-là, on gagne ce qu’on ap-pelle des commissions. Tout re-pose sur un système deparrainage. Je te réfère et, sur labase de la vente des produits, toiaussi tu réfères quelqu’un d’autreet ainsi de suite. C’est comme çaque nous gagnons de l’argent etuniquement sur la base des com-missions. QNET est une entreprise globale-ment installée. Mais vous savez,aujourd’hui l’industrie de la ventedirecte est vraiment incomprise.C’est pourquoi nous avons aussiune plateforme (www.qnet.net)sur laquelle toute l’informationde QNET est disponible. Sur cetteplateforme, n’importe qui peutégalement aller faire des achatsen toute sécurité, avec fiabilité,quelque soit l’endroit où il setrouve dans le monde, et il est li-vré. C’est tout cela que noussommes venus expliquer aux Ca-merounais.

Pouvons-nous avoir un aperçude la taille du marché de QNET? En 2017, nous avons réalisé unchiffre d’affaire de plus 500 mil-lions de dollars. Et la contributionde l’Afrique à notre chiffre d’af-faire varie entre 20 et 25%. Parminos plus grands marchés figurentles Emirats et l’Inde. Mais il faut dire que, nous nousintéressons d’avantage àl’Afrique. Pour le moment, noussommes déjà installés en Côted’Ivoire, au Niger, au Mali, Gui-née Conakry, Togo, Benin, Séné-gal, Cameroun, Burkina Faso,Tanzanie, Rwanda, Cameroun,Tunisie, Maroc, Algérie, Egypte.Soit 16 pays, et le marché conti-nue de grandir. Dans le monde entier, nous avonsprès de 25 agences, plus de 40stockists (les gestionnaires destocks, Ndlr) qui servent de liensentre les représentants indépen-dants et l’entreprise dans le cadre

de la distribution. En termesd’emplois, QNET emploie plus de1000 personnes de nationalitésdifférentes. C’est ce qui fait denous une entreprise mondiale.

Outre l'Afrique, quels sont lesautres marchés sur lesquelsQNET opère et quels sont lesmarchés cibles à venir ?Nos cibles sont un peu variées.Car, nous nous attaquons aussiaux pays du Golf (Arabie Saou-dite, Oman, les Emirats, etc,).Pour 2018, nous souhaitons met-tre un accent sur l’Europe notam-ment dans des pays comme l’Al-lemagne, la Pologne, l’Italie. Auniveau de l’Asie du sud-est, nousvisons le Vietnam. Avec une po-pulation qui avoisine 90 millions,nous pensons que c’est un marchéd’avenir. Toujours dans la dyna-mique 2018, l’Afrique n’est pas enreste. Les Etats-Unis sont aussidans notre viseur, même si c’estpour 2019. Nous lorgnons aussila Russie car il y existe plusieursmicro-états.

Quels sont vos projets d'expansionpour l'Afrique dans les années àvenir?Notre expansion peut se déclineren 4 points. Le premier pointconsiste à ce que nous appelonsles «experiences center» qui sontdes points dans lesquels vouspouvez toucher la réalité des pro-duits de QNET comme ce quenous avons en Malaisie. Ledeuxième projet, c’est la construc-tion d’un Hub central. Central,parce que le fait de prendre lescolis en Malaisie et les expédier

dans les différents pays engendredes coûts additionnels tels queceux de la manutention. Le Hubcentral qui sera installé au Togovise donc à minimiser tous cescoûts. Le troisième projet est celuidu sponsoring que nous avons si-gné avec la CAF et qui nous per-mettra de coller notre image àcelle de l’instance faitière du Foot-ball africain pour soutenir lescompétitions telles que la CAN etla Champions League africaine.Le 4e projet est construit autourdu champion olympique, CheickCissé Sallah qui a accepté d’êtrenotre ambassadeur de marque.Voilà les piliers sur lesquels nouscomptons nous appuyer pournous propulser. Je peux d’ores etdéjà vous dire que vous me verrezplus souvent en Afrique et au Ca-meroun.

De plus en plus en Afrique, on parlede partenariat, d’entrepreneuriat,avez-vous une stratégie sur le moyenou le long terme pour une fabricationdes produits sur le continent?Bien sûr que nous y avons penséet nous y pensons d’ailleurs en-core. Mais, pour l’instant, nousanalysons encore cette idée. Jetiens à préciser que nous restonsouverts à des propositions quivont dans ce sens. Mais, pourl’instant, je dois dire que nouscomptons sur les 4 projets que j’aicités précédemment pour nousdéployer à court et moyenstermes.

Est-ce que l’entrepreneuriat estune bonne chose pour l’Afrique,où les prévisions montrent que

le nombre de jeunes augmenteraconsidérablement dans les 25prochaines années ?Aujourd’hui, je dirais que l’entre-prenariat est une bonne chose.Néanmoins, la véritable réponseà votre question c’est le e-com-merce, la vente directe, ou le mar-keting de réseau. C’est pourquoije loue l’initiative des fondateursde QNET qui ont eu une idée dejonction entre l’entreprenariat, lee-commerce et le marketing de ré-seau. Ils ont réussi à faire cettejonction-là de façon intelligente.Ce qui fait que cela a changébeaucoup de vie. Et c’est de celaque l’Afrique et sa jeunesse ontbesoin. Car, c’est l’alternative vé-ritable pour offrir un emploi dé-cent à la jeunesse, lui proposer dechanger la mentalité. Quitter lamentalité d’éternel assisté pouraller vers celle où tu peux changerle cours de ton histoire écono-mique, de ton histoire person-nelle. Dans ce cadre, QNET est labienvenue. Car, cette entrepriseest venue booster l’univers entre-preneurial.Lorsque vous faites les dernièresstatistiques en termes d’entrepre-neurs, les femmes en Afrique sontvraiment nombreuses. C’est uneréalité qu’il faut véritablement ex-ploiter à bon escient. Et si c’est lecas, nous allons y parvenir.

Considérez-vous les jeunescomme la principale cible deQNET ? QNET est parti du constat qu’ilexiste deux types de jeunes. Ceuxqui veulent travailler toute leurvie puis aller en retraite et d’au-tres qui sont prêts à travailler pen-dant un temps après cette pé-riode, chercher une autre activitédans laquelle ils sont patrons etpourront entreprendre. C’est cedeuxième groupe qui est notre ci-ble.

‘’La contribution de l’Afrique à notrechiffre d’affaires varie entre 20 et 25%’’

Nous avonsprès de 25agences, plusde 40 gestion-naires de stockset employonsplus de 1000personnes denationalités dif-férentes

TREVOR KUNA

Je peux d’ores et déjà vous direque vous me verrez plus souventen Afrique et au Cameroun.

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14 PANORAMA / ENTREPRISES INTEGRATION N°305

Des 63 exposants pré-sents à la 7e éditiondes Carrefour des mé-

tiers et Bourse de l’emploi(CMBE), le stand du Fond na-tional de l’emploi (FNE) auraété le plus visité. Selon lespremières statistiques com-muniquées à l’issue de cetévènement organisé par le mi-nistère de l’Emploi et de laFormation professionnelle(Minefop), du 05 au 07 dé-cembre à l ’hôtel de villeYaoundé, parmi les quatremille visiteurs arrivés sur lesite, le tiers a fait un tourdans Le stand du FNE. Plusd’un millier étaient des de-mandeurs d’emploi et unecentaine des employeurs. C’esten fait dans le stand du FNEque se tenait le volet boursede l’emploi du CMBE, c’est-à-dire «l’espace informatif dédiéà la mobilité professionnelle aumoyen du jeu de l’offre et de lademande». Au finish, selon lesmêmes sources, un peu plusd’un millier de postes de tra-vail ont été proposés, 345 in-terviews d’embauche réaliséeset 185 recrutements effectuéssur le site du CMBE.

La moisson devrait être en-core plus importante. A côtédu FNE, l’entreprise d’inter-médiation LJD Group, a reçu

des entreprises 50 offresd’emploi et 380 demandesd’emploi dont 180 en ligne et200 physiques. A l’issue dudépouillement de ces de-mandes d’emploi, 50 per-sonnes devraient encore inté-grer le marché du travail. Le Carrefour des métiers,l’autre volet du CMBE, n’estpas moins une réussite. Plu-sieurs entreprises et institu-tions publiques ont échangéavec les visiteurs (élèves, étu-diants, chercheurs d’emploide préférence et accessoire-

ment aux parents) sur leursexpériences et fait des pré-sentations matérielles dufonctionnement de leursstructures. Le ministère desPostes et Télécommunica-tions (Minpostel), au centrede l’événement, compte tenude la thématique principale(Quelles formations et quelsemplois au Cameroun à l’èrede l’économie numérique), ajoué un rôle de sensibilisationsur les aspects ayant trait àl’économie numérique. Le dé-partement ministériel que di-

rige Minette Libom Li Likenga éclairé les visiteurs sur sesactions pour le développe-ment du numérique et formécertains sur les techniques dematuration des projets. Par ailleurs, grâce à l’appui,du ministère des Enseigne-ments secondaires, au moins500 élèves provenant d’unedouzaine de lycées et collègesont pu voir les perspectivesqui s’ouvrent à eux pourleurs études supérieures etleur professionnalisation.

La belle moissondu Carrefour des métiers

Au terme de la 7e édition de ce rendez-vous, qui aduré trois jours, près de 200 jeunes ont été sortis duchômage.

EMPLOI

Participation importante des élèves à la 7ème édition du CMBE

Orientation

Bobo Ousmanou

Les deux plus grandesmétropoles du Came-roun sont désormais do-

tées chacune d’une nouvelleagence MTN. L’agence digitalede Yaoundé est au hall del’Hôtel Hilton et celle deDouala est située au carrefourMarket. Elles ont été inaugu-rées en fin de semaine der-nière. Mais ces points decontacts entre le leader destélécommunications du Ca-meroun et sa clientèle sontparticuliers. «Ces nouvellesagences de MTN vont proposerune expérience digitale inéditeaux clients», explique-t-on auservice de la communicationde la société, ajoutantqu’«écrans tactiles connectés,espaces de self-services, essaiset jeux y sont prévus pour rendrela vie des clients encore plus ra-dieuse». A côté de cette expérience di-gitale, les entreprises et lespromoteurs de PME y ontaussi un espace dédié. L’ob-jectif est de «mieux rapprocher

les offres de MTN Business desprofessionnels». Par ailleurs,les services classiques ne sont

pas en reste. De ce fait, dansles nouvelles agences deMTN, il y aura toujours la

vente des cartes Sim, l’enre-gistrement des abonnés, lamigration vers la 4G, l’activa-tion des comptes MTN Mo-bile Money, les retrait ettransferts d’argent, la ventede téléphones, smartphones,tablettes et autres terminauxconnectés… Avec ces agences, MTN Ca-meroon dispose désormais de22 points de contacts avec saclientèle à travers le pays.«C’est la matérialisation de nospromesses: renforcer notreproximité avec nos millions declients, et dans le nouveaumonde digital, leur apporter desservices de communication sim-ples, innovants et accessibles»,explique Philisiwe Sibiya, di-rectrice générale de MTN Ca-meroon. Selon Patricia Pe-dhom Nono, la responsabledu service client: «notre objec-tif à l’horizon 2020 est de rem-placer les agences tradition-nelles en agences digitales».

MTN lance les premièresagences digitales du Cameroun

Yaoundé et Douala sont les premièresvilles à abriter ces nouveaux points decontacts entre l’opérateur detéléphonie mobile et sa clientèle.

INNOVATION

L’agence digitale de MTN de Yaoundé.

Alain Biyong (stagiaire)

Bonne nouvelle pour lesCamerounais des mi-

lieux d’affaires (directeursgénéraux, présidents – di-recteurs généraux, entre-preneurs, hommes d’af-faires…) et les hommesnantis. Dans le cadre de ladiversification future devos activités ou de l’ouver-ture de votre entreprisesur le marché internatio-nal, le programme IM-PACT INVESTISSEMENTest votre guide.Il vous permet d’investirau Canada dans des nichesaussi diversifiées que por-teuses, en partenariat avecle gouvernement canadienet le soutien financier desorganismes fiables. IM-PACT INVESTISSEMENTreprésente un consortiumd’une centaine d’entre-prises canadiennes et afri-caines désirant s’ouvriraux marchés internatio-naux. Il donne la possibi-lité d’établir les joint-ven-tures permettant uneintégration en amont et enaval du processus de pro-duction dans le cadred’une chaine industrielleet des activités connexes.Il prend trois semaines àun mois pour l’obtentiondu visa CSQ. Et au plus unan pour l'obtention du visafinal d’affaires. Ce pro-gramme se décline en:• Voyages d’affaires per-sonnalisés au canada ; Visade résident permanent auCanada• Immigration d’affairesau canada avec la possibi-lité de rencontrer Renais-sance Capital l’un des in-termédiaires financiers leplus puissant ;• Joint-venture avec desopérateurs canadiens dessecteurs tels que : énergiesolaire, la machinerie,équipements et construc-tions, commerce agricoleet bien d’autres.• Acquisit ion des biensimmobiliers (villa, duplex,immeuble etc.)Pour une étude personna-lisée de chaque demande,les bureaux de Impact In-vestissement au Camerounrépondent aux téléphones: - Yaoundé : 242 19 3859/674 89 23 26/694 05 7155- Douala: 243 00 82 74/ 67000 48 65/691 95 06 26- Direction ; Mme Margue-rite Agnès ON : 242 77 6514

LE CANADADONNE DES

OPPORTUNITÉSAUX GENSD’AFFAIRES

Ce qu’il faut savoir du ProgrammeIMPACT INVESTISSEMENT pré-senté la semaine dernière à Doualaet Yaoundé par Me Arnaud Vanier,Président de Impact Investisse-ment – Impact Immigration.

CAMEROUN-AFRIQUE CENTRALE

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15PANORAMA / INTERVIEW INTEGRATION N°305

En octobre 2016, laBanque européenned’investissement aouvert un bureaurégional pour l’Afriquecentrale à Yaoundé auCameroun. Objectif : «serapprocher de sesclients, actuels etpotentiels, et de sespartenaires dans larégion, ainsi que de ladélégation de l’UE».Qu’est-ce que cerapprochement a eucomme conséquence surl’investissement de labanque? Le chef debureau Afrique centralerépond à cette question.

La Banque européenne d’in-vestissement (BEI) est activeen Afrique centrale depuis

1965. Et à ce jour, elle a investi853 milliards de francs CFA dans130 projets distincts soit enmoyenne 16,4 milliards de francsCFA chaque année. Lors de la réu-nion des ordonnateurs nationauxet régionaux du Fonds européensd’investissement de l’Afrique cen-trale, tenue le 07 avril dernier àYaoundé, le taux d’investissementde la BEI dans les pays de la sous-région a été jugé «très bas, à l’ex-ception du Cameroun où plusieursprojets ont été financé ou sont encours de financement sur la FI(Facilité d’investissement) dans lesecteur de l’énergie, du transportet de l’agro-industrie». En effet,sur les 853 milliards déjà investisen Afrique centrale, le Camerouna consommé seul, près de 340 mil-liards soit près de 40% de l’enve-loppe. Deux principaux obstacles sedressent face aux acteurs écono-miques de l’Afrique centrale quisouhaitent recourir au finance-ment de la BEI: le niveau élevé dumontant planché de 5 millionsd’euros exigé pour les projets sou-mis à la Facilité d’investissement,le principal instrument de finan-cement du secteur privé et la dif-ficulté de montage des projetsbancables et rentables avec les ga-ranties nécessaires. Ces deux obs-tacles sont le fait de l’environne-ment dominé en Afrique centralepar une économie informelle etdes PME jeunes et fragiles. Celase traduit d’ailleurs par le fait quela plus part des projets financéspar BEI ont été présentés par lesgouvernements ou les entreprisesparapubliques. Face à ces difficultés, la BEI nesemble pas encore avoir trouvé desolutions plus d’un an après l’ins-tallation d’une représentation ré-gionale en Afrique centrale. Lechef de bureau Andrea Pinna n’ad’ailleurs pas souhaité s’attardersur la question de mêmes que surplusieurs autres préoccupationssimilaires comme celle de savoir

comment faire pour que la sous-région tire au maximum profit duplan d’investissement extérieur del’Union européenne nouvellementlancé. L’interview qu’il nous a ac-cordée vaut néanmoins le détour.Car elle éclaire notamment sur lerôle que va jouer la banque dansla mise en œuvre de cet ambitieuxplan qui vise à drainer versl’Afrique et les pays du voisinagede l’UE près de 29 000 milliardsde francs CFA d’investissement entrois ans, sur les investissementsfuturs de l’établissement et sur lesinstruments financiers en vigueurau sein de l’institution bancaire.

La Banque européenned’investissement (BEI) a ouvertun bureau régional Afriquecentrale à Yaoundé en octobre2016. Un an après, cerapprochement a-t-il permisd’améliorer votre portefeuilleclients?L’ouverture de la représentationrégionale à Yaoundé a rendu plusétroit le dialogue avec le gouver-nement, les entreprises et ses par-tenaires habituels, et permettra àla BEI de se placer en meilleureposition pour offrir ses finance-ments pour de nouveaux projets.Le bureau de la BEI est situé à l’in-térieur des locaux de la délégationde l’Union européenne. Cette co-location symbolise l’étroite colla-boration qui existe entre l’Unioneuropéenne et la Banque euro-péenne d’investissement, étant en-tendu que la BEI est aussi recon-nue comme étant la banque del’Union européenne. La BEI explore le potentiel du Ca-meroun aussi bien dans le secteurpublic que privé. D’ailleurs, enguise d’illustration, depuis le dé-but de l’année 2017, le bureau ré-gional de la BEI a facilité la visitede 11 missions d’experts au Ca-meroun (la dernière mission pourl’année en cours se tiendra avantfin décembre 2017, et permettrad’évaluer le projet Camwater déjàfinancé en 2009). Le bureau de laBEI a également organisé une ta-ble ronde sur le financement desstart-up et PME (en février 2017)ainsi que 2 forums d’échangesd’experts sur la filière coton (enmai et septembre 2017).

Quelle est la valeur actuelle dece portefeuille et quels sont vosobjectifs à court, moyen et longtermes ? Le Cameroun est un partenaire delongue date de la BEI, avec unepremière opération signée en1965. La BEI a signé à ce jour desopérations au Cameroun pour unvolume total de 519 millionsd’euro (près de 340 milliards defrancs CFA), dans tous les sec-teurs. Les derniers projets signés au Ca-meroun sont dans le secteur del’eau (Camwater, signé en 2009 encofinancement avec l’Agence fran-çaise de développement) et dansle secteur de l’énergie (barrage hy-droélectrique de Lom Pangar etcentrale à gaz de Kribi signés

2012, en cofinancement avec plu-sieurs bailleurs de fonds). Deslignes de crédit ont également étéaccordées à plusieurs institutionsfinancières et microfinances lo-cales pour le financement des pro-jets de petites et moyennes entre-prises. En 2016, la BEI a financé leprojet Africa Mobile Network, quiconsiste à l'achat et l'installationd'équipements pour étendre laportée des services de télécommu-nication mobile aux communautésrurales non desservies par un opé-rateur. En termes de perspectives, la BEIentend se positionner dans le pro-jet du barrage hydroélectrique deNachtigal aux côtés d’autres bail-leurs de fonds, également dans lePlan directeur électrification ru-rale, dans les voies de contourne-ment de Yaoundé ainsi que dansle projet de réhabilitation Pangar-Ngaoundéré. Le refinancement duCapex d’Eneo est aussi en étude. En ligne avec les objectifs de l’Ac-cord de Cotonou, la banque envi-sage également d’intensifier le fi-nancement du secteur privé(SMEs et corporates) ainsi que lesinfrastructures de base indispen-sables à l’essor du secteur privé.Un des projets les plus innovents,c’est Boost Africa, une initiativeconjointe entre la BEI et la BADqui vise à promouvoir l'entrepre-neuriat et l'innovation en Afriqued'une manière commercialementviable. Plusieurs des projets de la BEI bé-néficient d'une subvention de laCommission européenne. Le mé-lange de ses prêts avec des sub-ventions de la Commission euro-péenne permet à la BEI de fournirdes financements très attractifspour le développement durabledu Cameroun.

En avril dernier, il est apparulors de la réunion desordonnateurs du Fonds européend’investissement (Fed) de lasous-région Afrique centrale quela BEI disposait de plusieursinstruments de financement dudéveloppement (Facilitéd’investissement du 11e Fed,Fonds fiduciaire pour lesinfrastructures en Afrique…)peu connus. Afin que nul n’enignore, pouvez-voussommairement présenter cesdifférents mécanismes definancement? En plus de fournir des prêts sou-verains, la BEI peut accorder desprêts à de grands projets, à des en-treprises et à des banques (lignesde crédit). Mais la palette d'outilsde financement de la BEI est plusvaste que cela. Nous pouvonsfournir des prêts en monnaie lo-cale dans certains pays (y comprisle Cameroun); mobiliser des sub-ventions d'investissement pourdes projets ayant un impact socialou environnemental élevé; fourniret / ou mobiliser des subventionspour la préparation de projets etle renforcement des capacités; fi-nancer de projets à haut risque età faible rendement ayant un im-

pact social élevé; fournir des ga-ranties; des prêts subordonnés et,à titre exceptionnel et des partici-pations dans des fonds d'investis-sement.

On sait que l’Union européennevient de lancer un pland’investissement extérieur quivise à mobiliser 44 milliardsd’euros d’investissement àdestination de l’Afrique et despays voisins de l’UE d’ici 2020.Quel rôle va jouer la banquedans la mise en œuvre de ceplan? Le plan européen d'investisse-ment extérieur représente ungrand potentiel pour concrétiserdavantage l’action commune de laBEI et l’Union européenne et faireune différence matérielle dans lavie de beaucoup en stimulant lesinvestissements en Afrique. Encollaboration avec nos institutionsfinancières partenaires euro-péennes, la BEI s'engage à en faireun succès. Le plan pourrait êtreun ajout complémentaire impor-tant à la boîte à outils du finance-ment du développement de l'UEen Afrique. Il s'appuie sur le suc-cès du plan d'investissement pourl'Europe au sein de l'Union (danslequel la BEI joue un rôle central)et permettra de contribuer encoremieux au développement durablede la région y compris et particu-lièrement celui du secteur privé.

Vous avez récemment effectuéune mission conjointe avecl’ambassadeur- chef dedélégation de l’Unioneuropéenne au Cameroun à Kribi(centrale à gaz et au portautonome), à Douala (sortie estet ouest, chantier du pont sur leWouri et port autonome), à Tiko(CDC et BPL) et à Njombé(PHP). Quels sont les premiersenseignements tirés de cettemission? Du 30 novembre au 03 décembre2017, avec le chef de la délégationde l’UE, l’ambassadeur Hans-Pe-ter Schadek, nous avons entreprisune mission conjointe de diplo-matie économique européenne auSud Cameroun. L'objectif de lamission était de visiter les projetset programmes d'infrastructuresbénéficiant des prêts BEI et / oudu soutien de l’UE, ainsi que d’ai-der le Cameroun à développer unsecteur privé dynamique etconstruire une infrastructure mo-derne. La mission a aussi offertl’opportunité d'explorer les pos-sibilités d'activités opérationnellesconjointes BEI-UE à l'avenir. LaBEI serait intéressée à poursuivreson partenariat avec les opéra-teurs du secteur privé et public auCameroun, y compris dans le sec-teur de l'agro-industrie (banane,mais aussi coton dans le Nord),les infrastructures portuaires deKribi et de Douala, la Phase 2 del’entrée-Est de Douala etc.

Interview réalisée parAboudi Ottou

‘’Le bureau régional de la BEI a facilitéla visite de 11 missions d’experts

au Cameroun’’

En plus defournir desprêts souve-rains, la BEIpeut accorderdes prêts à degrands pro-jets, à des en-treprises et àdes banques

ANDREA PINNA

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16 PUBLICITE INTEGRATION N°305