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N° 5174 DU MERCREDI 24 OCTOBRE 2018 CAMEROUN 400 F.CFA Crise anglophone Affrontement meurtrier entre militaires et séparatistes Les chiffres de la discorde • Les armes crépitent à nouveau dans une dizaine de villages situés dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest Affaire Viettel Cameroun Sa. • La victoire au goût amer du président de la République réélu au terme des résultats proclamés par un Conseil constitutionnel contesté P.7 • Ulcéré par le goût et l'appétit d'une gérance à sens unique, entre- tenue par la partie vietnamienne, le milliardaire camerounais se dit désormais prêt à procéder au remboursement • Le chef de l’Etat veut offrir une résidence de 272 millions Fcfa au président de la Cour constitutionnel P.3 Sérail Paul Biya gâte Clément Atangana P. 5 Présidentielle 2018 Vers un divorce entre Danpullo et les Vietnamiens P.7 LM 5174:LM 3342 23/10/18 22:30 Page1

N° 5174 DU MERCREDI 24 OCTOBRE 2018 CAMEROUN 400 F.CFA ... · dans l’ensemble, ils ont joué à fond le jeu de la démocratie, dont la liberté d’expression et de choix constituent

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Page 1: N° 5174 DU MERCREDI 24 OCTOBRE 2018 CAMEROUN 400 F.CFA ... · dans l’ensemble, ils ont joué à fond le jeu de la démocratie, dont la liberté d’expression et de choix constituent

N° 5174 DU MERCREDI 24 OCTOBRE 2018 CAMEROUN 400 F.CFA

Crise anglophone

Affrontement meurtrier entremilitaires et séparatistes

Les chiffresde la discorde

• Les armes crépitent à nouveau dans une dizainede villages situés dans les régions du Nord-ouestet du Sud-ouest

Affaire Viettel Cameroun Sa.

• La victoire au goût amer du président de la République réélu au termedes résultats proclamés par un Conseil constitutionnel contesté P.7

• Ulcéré par le goût et l'appétit d'une gérance à sens unique, entre-tenue par la partie vietnamienne, le milliardaire camerounaisse dit désormais prêt à procéder au remboursement

• Le chef de l’Etat veut offrir une résidence de 272 millions Fcfa au président de la Cour constitutionnel

P.3

Sérail

Paul Biya gâte Clément Atangana P. 5

Présidentielle 2018

Vers un divorce entreDanpullo et les Vietnamiens

P.7

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Le Messager no

5174 Mercredi 24 Octobre 2018

Page 2Le Messager

Le Messager no

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Par Edouard KINGUE

L’arbitre vient de siffler la fin du match.La vidéo n’a pas validé le penalty. Farce del’expérience ? Selon les uns, la fraude estgreffée sur la victoire de Biya, selon lesautres, quel que soit le cas, le grand écartélectoral ne peut s’expliquer seulement parla fraude. Au fil des quinquennats et desseptennats, le 2e président camerounaiss’installe confortablement à la tête de l’Etat,en accord avec lui-même, lorsqu’il déclarait,après sa nomination dans les années 80, queson « successeur a fait 25 ans », lui n’étaitqu’au tout début. A penser que sa feuille deroute était planifiée pour perdurer ad vitam,il n’y a qu’un pas. Biya a mené sa barqueavec force et ruse. Fin connaisseur de sonpeuple, il a su toucher la où sa gratte, entrela peur, la cupidité, la voracité, l’orgueil et lereflexe communautaire.

Avec cette présidentielle, le Cameroun atouché le fond de la vase, entre le tribalismeexacerbé, les manipulations de toutes sortes,l’achat et le viol de conscience, la lâcheté, lestrahisons etc. rien de moral dans cette com-plétion de loups habillés en agneaux.

Avec la proclamation des résultats del’élection présidentielle du 7 octobre 2018,tout compte fait, on revient de loin et leCameroun vient de remporter un grandchallenge. Non seulement celui du ‘bondéroulement’ des opérations de vote, maiscelui de la proclamation officielle des résul-tats issus des urnes. Dans un cas commedans l’autre, les Camerounais ont faitmontre de responsabilité sociale et de matu-rité politique. Tout n’était pas parfait, maisdans l’ensemble, ils ont joué à fond le jeu dela démocratie, dont la liberté d’expression etde choix constituent des socles majeurs.

Par-dessus tout, le contentieux électoraldans un système à parfaire s’est déroulésans heurts. Les débats étaient d’un niveauélevé, selon l’opinion publique qui a reprisgoût à la chose politique. Une sorte dechampion’s league où la saine passion étaitau rendez-vous ; tenant le Cameroun enhaleine. Le public a, du reste, apprécié

d’avoir été le témoin privilégié de la marchedu Cameroun ; se sentant très impliqué àtravers les différents échanges qui ont eulieu au conseil constitutionnel qui se produi-sait pour la première fois, depuis son instal-lation le 7 février 2018, dans le cadre ducontentieux électoral.

Nous devons la bonne facture des débatsaux membres du conseil constitutionnel,mais aussi aux différents acteurs dont lesleaders de l’opposition et leurs représen-tants, qui sont restés courtois et engagéspour défendre leur vote. Le débat juridiques’est enrichi de nombreux points qui assuré-ment, vont être pris en compte pour l’archi-tecture future qui encadrerait les élections.Le vieux lion pourrait-il surprendre tout lemonde par un balayage salutaire et desinnovations politiques ? L’économie et la cul-ture devraient encore attendre…

Mais soulignons-le, les avocats des partiesadverses, le ministère public, les représen-tants de l’Etat, les honorables juges ont jouéleur rôle, pour rendre ce moment inoubliableavec « la compétence de leurs compétences ».

Au finish, l’histoire qui est le juge suprê-me, retiendra le niveau élevé dans la priseen compte du contentieux qui s’inscrit enlettres d’or dans l’avancée démocratique duCameroun.

L’opinion publique a également joué unrôle de premier plan, refusant les troublessociaux peu productifs pour un pays commele nôtre à la poursuite de sa stabilité. Unmandat électoral, c’est sept ans, c’est-à-direune goutte d’eau dans la vie d’une nation.Sept ans de plus ne valaient pas de fairecouler le sang des compatriotes dans la des-cente de la rue, pour un peuple meurtri quivit dans la rue pour survivre.

Les grandes démocraties alignent plu-sieurs siècles d’existence : La déclarationd'indépendance est proclamée le 4 juillet1776, dans laquelle les treize colonies sefédèrent pour former les États-Unisd'Amérique ; le royaume de Prusse est unÉtat européen formé en 1701 et intégré en

1871 à l'Empire allemand, dont il est la com-posante principale ; il disparaît en 1918lorsque l'Allemagne devient une république.L'Italie, du moins l'Etat moderne de ce nom,est née le 17 mars 1861. L'Allemagne est néele 18 janvier 1871, l’Espagne le 20 janvier1479.

En entrant en contentieux, lesCamerounais ont donc choisi la voie durèglement judiciaire plutôt que la guerre destranchées pour une élection qui du resteannonce d’autres : les législatives, les régio-nales, les municipales…qui sont autrementplus importantes, d’autant plus qu’elles intè-grent la gestion communautaire de la cité,premiers édifices d’un Etat. Et leur attituderesponsable reflète les résultats de leurchoix électoral qui finalement ne démententpas nécessairement le verdict de la Courconstitutionnelle face à une opposition quis’est montrée en fin de compte plus gesticu-lante que programmative.

Une nouvelle configuration du paysagepolitique issue de ce vote va se mettre enplace, par la force des choses. De nouveauxentrepreneurs politiques vont faire leursapparitions, dans les chambres et d’autresdémembrements électoraux

En y pensant, qui donc aurait été fou pourenvoyer son parent dans la rue pour desrixes là où ils ont pu et doivent s’exprimerlibrement à travers les consultations popu-laires et universelles ? On meurt pour lapatrie et non pour les hommes mortels. Etpuis c’est pour défendre quoi ? Une libertésans cesse acquise au fil des temps par laseule voie du vote qui sied ? D’éphémèresstrapontins ? La gloriole ? Les promessesélectorales dont on sait qu’elles n’engagentque ceux qui y croient ?

Le vote est fini. Les résultats sont connus.Passons à demain. La vie d’un peuple n’estpas éphémère ; ni trentenaire, ni ‘septénai-re’. Laissons donc le temps au temps

Bon mercredi et à mercredi

Au coeur de la société Champion’s League électorale

La Bpce, entrée en négocia-tion exclusive avec laBanque centrale populairedu Maroc en vue de la ces-sion de ses participations ausein de la Bicec, a été assi-gnée auprès du tribunal depremière instance deBonanjo-Douala afin d’arrê-ter l’opération qui met horsde course  les Camerounais.La deuxième audience duprocès a eu lieu le 17octobre dernier.

Transaction anticoncurrentielle,déloyale en violation des principes dela liberté de commerce et d’industrieen vigueur au Cameroun dénoncentMe Michel Janvier Voukeng et soncollègue Guy Alain Tougoua repré-sentant un groupe de Camerounaisayant requis l’anonymat. Le 4 octobre2018, Ces deux avocats ont déposépar devant le tribunal de premièreinstance de Bonanjo- Douala unerequête aux fins d’être autorisé àassigner en référé d’heure en heure le

groupe Banque populaire caissed’épargne, (Bpce). Aussi ont-ils saisila commission nationale de concur-rence aux fins d’interdiction d’unecession de participation de la Banqueinternationale du Cameroun pourl’épargne et le crédit, (Bicec).

Après l’audience du 12 octobre2018, la deuxième audience s’est

tenue mercredi, 17 octobre dernier.Cette audience était consacrée auxquestions de formes, notamment lesobservations sur la lettre de constitu-tion du bâtonnier Ngnié Kamga,conseil de la Bpce. Pour ces avocats,le bâtonnier Ngnié Kamga ne sauraità la fois être conseil de la Bicec et dela Bpce. « Il faut que le bâtonnier

indique sa véritable position. Il nepeut pas être à la fois conseil de laBpce et de la Bicec parce que les inté-rêts de la Bpce et de la Bicec sont dif-férents», soutiennent les deux avo-cats. L’audience a été renvoyée au 24octobre prochain.

La pierre d’achoppement de cetteaffaire est l’exclusion des opérateurséconomiques camerounais dans l’opé-ration de cession des participationsde la Bpce au profit de la Banque cen-trale populaire de droit marocain.Selon Me Michel Janvier Voukeng« ce sont des centaines de milliardsde devises qui iront à l’étranger »,prévient-il. Aussi insistent-ils sur lefait que la Bpce soit actionnaire ausein du groupe Banque centralepopulaire. Dans la requête introduitepar ces avocats, ils demandentl’annulation pure et simple de la ces-sion entre la Bpce et Bcp. C’est le 25septembre que le groupe Bpce aannoncé entrer en négociations« exclusives» avec le groupe marocainBcp en vue du projet de cession de sesparticipations bancaires en Afrique,indique le communiqué de presse.

Blanchard BIHEL   

BANqUE

Les Camerounais s’opposent à la cession de la Bicec

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Le Messager no

5174 Mercredi 24 Octobre 2018

Page 3Le Messager

Un jour seulementaprès la proclamationdes résultats de laprésidentielle, lesarmes retentissentdans le Nord-ouest etle Sud-ouest.

Bambili, la ville universi-taire non loin de Bamenda aperdu sa quiétude hier 23octobre 2018, moins de 24haprès la proclamation desrésultats de la présidentielle.En effet, depuis quelquessemaines, les forces sépara-tistes de la république vir-tuelle d'Ambazonie avaientpris en otage cette localité etsingulièrement la rue quimène à la chefferie. Ils yavaient même dressé des bar-ricades, empêchant le mouve-ment des personnes et desvéhicules. Il fallait montrerpatte blanche pour franchiret se rendre à la chefferie ouretourner. Hier mardi 23octobre, les forces de défenseet de sécurité s'y sont ren-dues afin de rétablir l'ordre.Ils ne se sont pas fait prier.Une bande de séparatistes aouvert le feu sur les forces dedéfense et de sécurité. Lariposte ne s'est pas faitattendre. On a assisté à unaffrontement farouche entreles belligérants. Si le bilan entermes de perte de vie resteattendu, on a néanmoinsappris que les forces del'ordre ont détruit le campdes séparatistes qui était logédans la forêt sacrée.

A Ngarum dans l'arrondis-sement de Ndu, une opéra-

tion menée par les forces del'ordre a tourné à un affronte-ment. Selon les sources sécu-ritaires, 15 miliciens Adf ontété neutralisés, 8 otages libé-rés, de nombreuses armes etmunitions ainsi que descartes d'électeurs récupérés.Par là même, un camp desséparatistes y a été détruit.Un homme en tenue, le lieu-tenant Ekanè de la 51e Brima passé l'arme à gauche à l'is-sue de cet affrontement. Maisselon les informations distil-lées sur les réseaux par MarcBarata, cet affrontement s'estsoldé par la mort de « troiscivils, deux miliciens Adf etau moins trois éléments desforces de défense et desécurité ».

A Bombe-Bakundu dans larégion du Sud-ouest, plusprécisément à l 'entrée du

lycée bilingue, trois élémentsde la milice séparatiste parmilesquels une fille ont étéréduits au silence définitif.

MunitionsMoudoum, localité située à

plusieurs dizaines de kilo-mètres du centre ville deBafut dans l'arrondissementhyponyme, région du Nord-ouest, a été également lethéâtre d'un bras de fer arméentre les forces de l'ordre etles séparatistes. Le soldat dedeuxième classe Takou a étéblessé à l'annulaire droit.Parallèlement, cinq ambazo-niens ont avalé leur acte denaissance, une dizained'armes de fabrication artisa-nale, des ceintures à car-touche, munitions, tronçon-neuse, téléphones et sac de

gris-gris ont été récupérés.Il est à noter que la locali-

té de Baba II, village duchairman John Fru Ndi, aessuyé un autre affrontementle week-end dernier. Aprèsl'incendie de la résidence decampagne du leader du Sdf etl'enlèvement de sa soeur, lanommée Christy Akum par lamilice séparatiste Adf, lesforces de défense et de sécuri-té ont mené un ratissagedans ce village. L'opérations'est soldée par la tuerie decinq ambazoniens, la libéra-tion de deux esclaves de sexe(des filles enlevées en 48hpar les miliciens) et la saisiede nombreuses armes etmunitions.

M.S.

Joshua Osih fait-il de l’entriste ?Le candidat malheureux du

Social democratic front (Sdf)ne s’en « tire pas à boncompte », lui que le fameuxvrai-faux sondage américaindonnait second avec… 7%d’intentions de vote est arri-vé 4e avec 118 704 voix et(3,35%). Il s’est alors empres-sé de reconnaître la victoirede paul Biya proclamé élu parle Conseil constitutionnel.

Le candidat du Sdf qui, théorique-ment devait bénéficier de l’appareil deson parti représenté sur l’ensemble dupays, semble avoir été lâché par lescadres du Sdf durant la campagne. C’estdonc en coureur solitaire qu’il a difficile-ment franchi la ligne d’arrivée. De plusle Nec approche avec de gros nuages de‘clarifications’. Il faudrait bien faire lebilan de la déconfiture du Sdf à la prési-dentielle. La position de Osih n’est pasconfortable du tout. Cela pourrait-il jus-tifier un ‘rapprochement’ avec le partiau pouvoir ? Son empressement à recon-naitre la victoire du Rdpc augure t-ilbien de choses ? Un pied-de-nez à ses‘camarades’ du parti par une entrée augouvernement par exemple ? au Sdf,soutient un militant, la ‘nuit des longscouteaux’ se prépare. La pièce n’est doncpas totalement jouée, la présidentielledu 7 octobre n’était qu’une étape, unvirage à négocier vers de surprenantesoptions politiques.

L’espoir est permis. Même la majoritésilencieuse semble disposée à tolérer letriomphe entaché d’irrégularités de

Paul Biya, sur la base d’un refus detroubles sociaux. C’est sans doute danscet esprit que le leader électoral du Sdfa également reconnu la décision de laCour constitutionnelle, surtout quel’option du refus est entourée de beau-coup d’incertitude, si on se réfère à laposition de Maurice Kamto qui refuse dereconnaître la victoire de Paul Biya,Joshua Osih, 49 ans, peu connu de sabase, plus taiseux qu’actif, avait reprisle flambeau laissé par l'opposant histo-rique John Fru Ndi. Il se disait issud’une formation politique qui a une cer-taine expérience. « Il n’y a que deux can-didats qui ont une expérience élective etpolitique dans cette élection, c’est le pré-sident sortant Paul Biya et moi-même etje pense que mon expérience au niveaude l’Assemblée nationale, au niveau com-munal et en entreprise me permet depenser que je suis le mieux placé ou lemieux outillé pour diriger le Camerounaprès cette élection ». Entre la fibre del’expérience et la ‘farce’ de l’expérience,un ange est passé, les ailes bourréesd’équations à plusieurs inconnues.

Crise anglophoneMais de l’opportunisme à l’incertitu-

de, son choix a-t-il été dicté par le refusde l’aventure ? Se renie t-il aujourd’hui,lui qui déclarait durant la campagneque : « mon choix serait qu’il y ait unevéritable transition générationnellecomme nous l’avons réussie au sein denotre parti et que ce soit plutôt un candi-dat jeune, qu’un pur produit du systèmeactuel. Il y a des candidats en course quimalheureusement sont des purs produitsdu système, qui ont financé leur positionpolitique par rapport au rang obtenudans le système actuel et qui osent utili-ser l’argent de monsieur Biya pour com-battre monsieur Biya. Et je pense qu’ilfaut faire attention, ce n’est pas parcequ’on est candidat et qu’on n’est pas can-didat du Rdpc qu’on est forcément del’opposition, donc il est important decomprendre que ceux qui ont juste chan-gé d’habits pour se présenter ne repré-sentent pas ce changement, cette aspira-tion profonde des Camerounaises etCamerounais ». Il pensait aussi que« l'unique solution à la crise anglopho-ne » était « le départ de Paul Biya dupouvoir ».

Aujourd’hui, face aux réalités, beau-coup d’eau a coulé sous le pont où veutse hisser Osih. La légitimité n’a plusd’importance pour lui. Seule la légalitéprévaut avec la reconnaissance officiellede la victoire de Paul Biya qu’il estimepourtant entachée d’irrégularités. Unautre avant lui, Kodock pour ne pas lenommer, ne disait-il pas qu’il vautmieux, quand on se noie, s’accrocher àun serpent ? Donc acte !!!

EDKING

CRISE ANGLOphONE

Affrontement sanglant entre séparatistes et forces de l'ordre

GOUvERNEMENT pOST-éLECTORAL

DéChéANCE

Vers l’exclusionde Jean MichelNitcheuLa rencontre du National execu-tive comitee annoncé pourdébut novembre, devrait entéri-ner cette information au vu desnombreux dérapages observéspar le responsable régional duSocial democratic front (Sdf) cesderniers temps. Le parti de NiJohn Fru doit également tirerles leçons de la déculottée de laprésidentielle du 07 octobre.

Dans un communiqué signé du Secrétairegénéral du parti de la balance, le sénateurJean Tsomelou informe les membres du Necque « la réunion ordinaire est convoquée lesamedi 03 novembre 2018 à Yaoundé ». Larencontre qui « débutera à 9h précises estélargie aux maires, députés, sénateurs, auxmembres du shadow cabinet et les cellulesde conseillers » sera présidée par Ni JohnFru Ndi. Il s’agit à en croire le documentdont la rédaction de Le Messager a prisconnaissance de « l’évaluation de la partici-pation du parti à l’élection présidentielle du07 octobre 2018 et le réarmement des mili-tants pour les échéances futures ». JeanTsomelou insiste sur le fait que « la ponc-tualité à cette réunion est vivement recom-mandée ». Cependant, rien n’interdit l’évo-cation du comportement du député duWouri 5 ; Jean Michel Nitcheu qui a récem-ment été désavoué par son parti, alors qu’ilentendait organiser une marche en soutienà l’élection supposée volée au Mouvementpour la renaissance du Cameroun.

Le député avait introduit une déclarationde manifestation auprès des autorités admi-nistratives, initiative qui n’avait pas prospé-ré. Du coup, l’élu du Wouri a vu son partiprendre du recul vis-à-vis de sa démarche.Une humiliation comme cela a déjà été lecas avec plusieurs responsables du parti quivoudraient s’émanciper du fonctionnementdu parti. L’on pourrait alors appliquerl’article 8.2 sur Jean Michel Nitcheu, pourle moment, rien n’est sûr mais le communi-qué final sanctionnant ces travaux deYaoundé permettra d’y voir clair. D’autrescadres n’ayant pas mouillé le maillot pouraccompagner le candidat Joshua Osih à lavictoire lors de la présidentielle dernièrepourraient subir le couperet de Ni John FruNdi, lui-même très absent lors de la cam-pagne de ce rendez-vous électoral.

Financements publics Le bateau Sdf a pris de l’eau et cela est

visible depuis un certain moment par le fait,selon une certaine opinion, de son rappro-chement avec le pouvoir, le prince deNtarikon n’a pas daigné concourir et a jetéson dévolu sur Joshua Osih, puisque dessources internes font savoir que certainscaïds du parti n’ont pas apprécié le choix dece dauphin aujourd’hui qui n’a puconvaincre. Des figures telles Joseph MbahNdam, Joseph Bandzem, Forbi Nchinda oumême Jean Michel Nintcheu auraient pufaire l’affaire. Hélas, la « parodie » d’électionqui a consisté au passage du témoin entreJohn Fru Ndi et son filleul Osih n’aurait pasété du goût de certains barrons assoiffés etqui espéraient qu’enfin la chance allait leurêtre donnée. Pendant ce temps d’autresfrustrations liées à l’admission de certainsmilitants dans le Nec, les financementspublics et les cotisations internes auraientempoissonné l’atmosphère au sein de lamaison Sdf, le parti fait de moins en moinscourir comme le confirme les derniers résul-tats de la présidentielle. Sans compter quecertaines anciennes têtes de proue conti-nuent de pêcher dans le Social democraticfront. Le cas du Mrc qui, au derniermoment, s’est emparé de Celestin Njamen.Mais bien avant lui, il y a Serges SiméonNoumba, Edith Kah Wallah, Bernard Munaet Pierre Kwemo pour ne citer que ceux quiont quitté le navire pour diverses raisons.

Dimitri AMBA

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Le Messager no

5174 Mercredi 24 Octobre 2018

Page 4Le Messager

La psychose qui avaitgagné la ville s’est dis-sipée après l’annoncede victoire de paulBiya au scrutin prési-dentiel du 7 octobredernier.  

Le carrefour Ndokoti aretrouvé ses couleurs etson cours normal cemardi, 23 octobre 2018.Certes, les activités dansce carrefour populaire etpopuleux ne s’étaient pasarrêtées, mais elles ontquelques peu connu unralentissement suite à laproclamation par leConseil constitutionnel,des résultats de l’électionprésidentielle du 7octobre dernier. Les bou-chons, véritable mar-queur du carrefour

Ndokoti, avaient commepar enchantement dispa-ru ce jour. Donnant lieu àune circulation fluide.

Hier mardi, commer-çantes et commerçantsinstallés sur le trottoirécoulent allègrement leurmarchandise. Le pasalerte, les usagers ont dumal se frayer le cheminau milieu de cette maréehumaine qui peuple celieu de transit. Les ven-deurs ambulants vont etviennent. Un agent de lapolice, le sifflet au boutdes lèvres, s’affaire avecbeaucoup de difficultés àréguler la circulation. Aulieu-dit Tradex Ndokoti,l’esplanade de cette sta-tion service est envahiepar des conducteurs demoto qui y attendent lesclients. La veille, les

forces de maintien del’ordre, déployés en grandnombres avaient disperséses habituels occupants.Au Carrefour Dakar, lesétals exposés sur lachaussée ont repris droitde cité

En effet, la psychosequi avait gagné la métro-pole économique s’est dis-sipée. Les activités ontrepris des plus belles. Laproclamation des résul-tats qui donne le prési-dent candidat gagnantanime cependant toutesles conversations.Certaines entreprises quiavaient momentanémentobservé un arrêt de tra-vail ont repris du service,notamment l’entrepriseSud-africaine en chargede la construction duDouala Grand Mall and

business center au quar-tier Bonaloka. Cetteentreprise a congédié sesemployés lundi, 22octobre, date de procla-mation par le Conseilconstitutionnel des résul-tats de l’élection prési-dentielle du 7 octobredenier. Dans le mêmesillage, les élèves retenuspar leurs parents lundimatin, craignant desdébordements qui pou-vaient subvenir à l’issuede la proclamation des-dits résultats, ont égale-ment retrouvés le chemindes classes. « Enfin cettehistoire des élections estfinie. Je pense qu’onpourra enfin respirer»,soupire un citadin.

Blanchard BIHEL

La majorité présidentielle félicite son champion

DOUALA

La vie après la proclamation des résultats

pROCLAMATION DES RéSULTATS

OCéAN

Kribi célèbre la victoirede Paul Biyaquelques militants du parti depaul Biya ont défilé dans lesartères de la ville de Kribi. Lespopulations sont restées silen-cieuses et les mototaxis de laville ont refusé d’accompagnercette marche que certains obser-vateurs de la scène politique qua-lifient d’illégale.

Dès l’annonce des résultats de la dernièreélection présidentielle par la Cour constitu-tionnelle à 15h 15minutes qui a consacré lavictoire du Lion d’Etoudi, les militants dugrand camarade Paul Biya sont sortis dansles artères de la ville, conduits par le séna-teur Grégoire Mba Mba. A chaque carrefour,la petite troupe qui se chiffrait à peine à unecentaine de personnes donnait de la voix,pendant que le sénateur s’exhibait sous lesquolibets des populations. « Il ne comprendpas que l’heure où on dansait pour avoir despostes ou pour être élu est passé. En tout cas,que sait-il faire d’autre ? Cette victoire n’estpas satisfaisante à cause des incongruitésqu’il y a eu. Il n y a pas de quoi se réjouir.Tous ces caciques devaient plutôt s’asseoir etréfléchir sur ce qui s’est passé et sur l’avenirdu Rdpc », déclare Cédric Bissié, un observa-teur de la scène politique.

Cette fois, les mototaximen de la villequ’on associe parfois aux activités du partiau pouvoir pour faire foule ont refusé de selivrer à ce jeu, estimant que le cœur n’étaitpas à l’ouvrage, surtout qu’ils sont menacésd’être chassés de la ville par certaines élitesdu parti qui avaient promis de le faire aprèsla victoire du candidat Paul Biya. Dans leschaumières, la plupart des jeunes sonttristes, abattus par les résultats qui n’ontpas donné vainqueur leurs candidats telsque Maurice Kamto ou Cabral Libii. « C’estmalheureux. Clément Atangana a raté l’occa-sion d’entrer dans l’histoire. Paul Biya saitque c’est son dernier mandat et il doit toutfaire pour laisser des institutions fortesavant de s’en aller. C’est sa dernière chance.Le sénat, Elecam, le Conseil constitutionnel,il doit en profiter pour faire du Cameroun unpays démocratique avec un Code électoralacceptable par tous. C’est le but de cette ‘’vic-toire’’ », déclare Apollinaire Mpouli.

Taux de chômage élevé Pour l’opposition, rien n’a changé. « Ce

que nous pouvons dire pour le moment c’ »estque nous prenons acte de la proclamation desrésultats par le Conseil constitutionnel. Nousréitérons qu’à notre sens que cette électionaurait dû être annulée parce que les disposi-tions pertinentes de la Constitution établis-sent clairement que le président de laRépublique doit être élu par la nation toutentière. Vous avez bien vu comme moi que lescommissions départementales d’Elecam, dontl’organe en charge de l’organisation des élec-tions ont établi clairement que l’élection n’apu se dérouler dans plus d’une partie du ter-ritoire, notamment le Nord-ouest et le Sud-ouest », déclare Patrice Ipoua, le porte-paroledu candidat Joshua Osih du Social démocra-tic front (Sdf) dans le département del’Océan.

A Kribi, pas de scène de liesse spéciale.Les populations semblent déçues par lesrésultats ; elles qui croupissent dans lamisère avec un taux élevé de chômage desjeunes, des routes inexistantes et des leaderségoïstes, prêts à tout pour garder leursplaces au soleil. Plusieurs Kribiens l’ontcompris, la victoire de Paul Biya n’est autreque la victoire de ceux-là mêmes qui sontaux postes de la mangeoire et qui se réjouis-sent s’en jouir encore pendant sept ans, audétriment des populations désemparées.

Sévère Kamen

Un groupe de 18 partis poli-tiques, réunis autour deBochon El Lawan Bako, pré-sident d’United democraticparty (Udp), à Yaoundé hier,a félicité paul Biya pour sa« brillante performance »devant la presse.

C’est à l’hôtel des députés qu’alieu en matinée le point de pressepour déclarer les félicitations auprésident de la République nouvel-lement élu pour sa brillante per-formance et le remercier « pouravoir créé un environnement propi-ce et paisible pour que le scrutin sedéroule dans la sérénité en dépitdes problèmes sécuritaires danscertaines régions du pays. » Le pré-sident de l’Udp, va à l’entame,résumer sa satisfaction dans lechoix de Paul Biya en ces termes :« La démocratie camerounaise esten marche. Le Cameroun estcalme. On va battre tous ceux quiveulent amener du désordre dansnotre pays. Il y a un vainqueur,nous devons nous aligner derrière

lui. Le président est là, demain, ilva partir et le Cameroun restera.Le président est en train deconstruire un pays dans lequel lajeunesse est en train de grandir.C’est pourquoi il parle de force del’expérience. » Prenant la parole àsa suite, quelques-uns de ses col-lègues de la majorité, à l’exemplede Wambo Samuel, président duRassemblement camerounais pourla République (Rcr) ; MbogbogMatip, président du Mouvementdes paysans du Cameroun(Mdpc) ; de veuve Ayissi Julienne,présidente de la Démocratieauthentique du Cameroun (Dac).C’est à cette dernière que revien-dra l’insigne honneur de porter letoast de la victoire de Paul Biya.

participation activeDans la déclaration proprement

dite, la majorité présidentielle atenu à féliciter aussi les autrescandidats en lice pour le scrutindu 7 octobre. Dans ce sens, cegroupe de partis politiques fidèle àPaul Biya a précisé : « leur partici-pation active était l’illustrationparfaite que la démocratie came-

rounaise est en marche. Nous lesexhortons à faire preuve de loyautéen acceptant le verdict des urnes età mieux se préparer pour l’électionprésidentielle à venir. » En plus,les Camerounais dans leurensemble ont été félicités. « Nousles félicitons pour avoir exercé leurdevoir citoyen en votant le candi-dat de leur choix lors de cette élec-tion, dans un climat de sérénité etde paix. Nous les encourageons àrester calmes en évitant tout actequi pourrait compromettre la paixet la sécurité qui règnent dansnotre cher et beau pays. » Lesautres acteurs du processus électo-ral ne sont pas en reste. La majo-rité présidentielle a aussi présentéses félicitations à ElectionsCameroons (Elecam), les diffé-rentes commissions chargées dudépouillement et le Conseil consti-tutionnel. De l’avis de la Majoritéprésidentielle, le scrutin était« libre, juste, transparent et cré-dible. » Toute chose qui honore leCameroun et son « Dirigeantcapable », Paul Biya.

Léopold DASSI NDJIDJOU

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5174 Mercredi 24 Octobre 2018

Le président du Conseilconstitutionnel doit bénéfi-cier d’un domicile huppédans les tous prochains jours.L’appel d’offre y afférente aété lancé le 12 octobre der-nier par le ministre desDomaines, du cadastre et desaffaires foncières alors que lerésultat de la présidentielleétait attendu.

C’est une information qui a failli pas-ser inaperçu. N’eut été la publicationdans le quotidien gouvernementalCameroon Tribune dans sa parutiond’hier, mardi 23 octobre 2018, où laministre des Domaines, du cadastre etdes affaires foncières, Jacqueline Kounga Bessike publie « l’avis d’appel d’offresn a t i o n a l … N ° -000067/Aono/Mindcaf/Cipm/2018 pour les travaux de construction de la rési-dence du président de la Cour constitu-tionnelle sise à Bastos », personne nel’aurait su. L’argent à en croire le docu-ment, proviendra du budget du Minepat,exercice 2018 et 2019 et imputé de laligne 94709071100002209. La demeureen question entre en droite ligne avec« le développement du patrimoine del’Etat » et les entreprises soumission-naires devraient jouir « des capacitésjuridiques, financières et techniques suf-fisantes » pour la réalisation de cettebâtisse qui va s’étendre sur une bonnesuperficie dans ce quartier huppé de laville.

Tant il est vrai qu’un lopin de terren’est pas à la portée du premier venu.Le délai d’ouverture des offres est prévu« le 28 novembre à 15heures » et legagnant de cette manne aura 8 moispour exécuter les travaux. Ici, il seraquestion des travaux de béton armé, demaçonnerie, de menuiserie bois, métal-lique et alu, de peinture, de plomberiesanitaire, d’électricité, de charpente et

de couverture. Seulement, le timing etl’opportunité de ce « cadeau » inquièteplus d’un observateur qui voit en ce« geste présidentiel » une récompense dutravail abattu durant les différentscontentieux électoraux qui ont été sanc-tionnés par la victoire du candidat-prési-dent Paul Biya.

Soupçons d’influenceClément Atangana avait-il le choix ?

Certainement pas en ce sens que l’élec-tion tenue le 07 octobre avait parmi lespostulants et d’aucuns en cet appeld’offres une façon de mettre la pressionsur Clément Atangana, président duConseil constitutionnel même si le com-muniqué part du « président de la Courconstitutionnelle » afin que ce dernier lecas échéant ne lâche pas « son bienfai-teur » de président de la République encas de difficultés dans une électionaujourd’hui qui continue de faire coulerbeaucoup d’encre et de salive.Maintenant, la publication au lende-main de la proclamation des résultatsest aussi un choix bien pensé car il fal-

lait bien que le Pcc dise d’abord le droiten faveur du « gagnant » pour que celasoit rendu public.

Et si ce magistrat hors hiérarchieavait opéré autrement, aurait-il reçucette « résidence » ? Difficile de le savoir.Toujours est-il que ces 272 659 992(deux cent soixante-douze millions sixcent cinquante-neuf mille neuf centquatre-vingt douze) Fcfa aurait pu ser-vir à autre chose que ce confort insolentpour un haut commis de l ’Etat quidurant sa carrière a certainement faitdes économies pour se « taper » une bellevilla comme certains autres les ont bâtisau vu et au su des institutions en chargede l’investigation financière. Le pas dedanse du 08 février lors de sa nomina-tion se justifie donc puisque cela estapparu comme apparait donc comme unnouveau souffle de vie pour l’heureuxrécipiendaire au sortir de la présiden-tielle du 07 octobre où certains acteurspolitiques n’ont vu que du feu en matiè-re de Droit.

Dimitri AMBA

Nganou Djoumessi renforce sa posture de pacificateur

RéSIDENCE pRéSIDENTIELLE

Comment Paul Biya a gâté Clément Atangana

MBOUDA

pROCLAMATION DES RéSULTATS

Indignation etrésignation secombinent àBafoussamLes habitants de la métropolerégionale de l’Ouest sont restésquasi-indifférents au verdict del’auguste chambre proclamantla victoire du candidat paul Biyaà l’élection présidentielle du 07octobre dernier.

La victoire de Paul Biya, proclamé vain-queur de l’élection présidentielle du 07octobre 2018 par le Conseil constitutionnelde la République du Cameroun, a été timi-dement appréciée dans la ville deBafoussam, chef-lieu de la région de l’Ouestet ville natale de Pr Maurice Kamto, sonprincipal challenger sous les couleurs duMouvement pour la Renaissance duCameroun (Mrc) à cette consultation popu-laire. Image remarquable. La ville deBafoussam a été militarisée toute la jour-née du 22 octobre 2018. « Ces policiers souf-frent. Ils font quoi là depuis le matin. Ilsn’ont pas honte. Ils attendent que les popu-lations sortent pour manifester leur mécon-tentement. Mais nous ne leur donneront pascette occasion. Chacun est sage. La ville amajoritairement accordé ces suffrages au PrMaurice Kamto. Nous avons exprimé nosconvictions à travers le bulletin de vote. Lamascarade ne nous concerne pas», s’indigneAlice, vendeuse des vivres au lieudit mar-ché «Bipmop» à Bafoussam.

Elle reste optimiste. Pour elle, «le voleurn’a jamais prospéré avec le fruit de sonbutin ». « En 36 ans, le président Biya n’arien fait pour le développement du pays.Que fera-t-il avec un mandat de 7 ans sup-plémentaires ? », s’interroge Aurélien. T.étudiant à Bafoussam. Celui-ci trouve qu’ilfaut rester calme car la ville de Bafoussama fait honneur au Pr Maurice Kamto en luiaccordant plus de 75% des suffrages expri-més contre 22% au candidat PaulBiya. « Nous avons voté selon nos convic-tions. S’ils veulent, qu’ils arrachent la vic-toire à travers ce Conseil constitutionnel.Biya saura que nous l’avons rejeté ici àBafoussam », résume-t-il. « Ce sont les profi-teurs du régime qui se cachent dans le Rdpcet ont peur des représailles de Yaoundé.Nous, ici à Bafoussam, nous avons été telle-ment spoliés pendant les 36 ans de pouvoirde Paul Biya que nous n’avons pas peurd’être marginalisés à cause de notre vote enfaveur de Pr Maurice Kamto. Ils sont forts »,se résigne-t-il.

Un score vraiment négatifPar contre, Hyppolite Tchoutezo,

membre du bureau national de l’organisa-tion des jeunes du Rassemblement démo-cratique du peuple camerounais(Ojrdpc)jubile suite à la victoire de son «champion».Il salue cette décision de l’auguste chambre.Il trouve que «les rêveurs n’auront que leursyeux pour pleurer».Constantin Sinze, prési-dent de la section Ojrdpc de la Mifi Centrese trouve sur la même longueur d’ondes.Reste que dans tous les huit départementsde la région de l’Ouest, le candidat Biya aréalisé environ 22% dans la Mifi, et pour-tant plus de 70 millions de francs Cfa ontété investis dans sa campagne électoralepar le sénateur Sylvestre Ngouchinghé. Unscore vraiment négatif. Contrairement à2011, lorsque ce milliardaire s’impliquaitactivement pour la campagne de Paul Biyacomme membre du comité central du Rdpcet qu’il réalisait pour la première fois-hor-mis pendant le boycott de 1997 par le Sdf,l’Undp et l’Udc- un score de plus de 50% àune consultation électorale dans la Mifi,depuis le retour au pluralisme. Pour l’ins-tant, nul n’imagine le sentiment desmembres de l’état major de SylvestreNgouchinghé en ce moment que le prési-dent sortant vient d’être déclaré réélu avecun très mauvais score dans la Mifi.

Guy Modeste DZUDIE

Chef de la délégation dépar-tementale du Rdpc dans lesBamboutos, le ministre desTravaux se démarque commele plus méthodique et dyna-mique des hommes du systè-me Biya à l’Ouest. Il a réussià calmer « le petit carrefouragité entre Bafoussam etBamenda ».

Il a encore réussi à maintenir le capdans le département des Bamboutos.Cette circonscription, à s’en tenir auxrésultats proclamés par le conseil consti-tutionnel, reste dans les girons duRassemblement démocratique du peuplecamerounais (Rdpc) qui dans la régionde l’Ouest, selon le conseil constitution-nel-dont la décision est contestée parl’opposition- comptabilise plus de 40%devant le Mrc du Pr Maurice Kamto quiest classé 2ème avec environ 38% desvotes. Et pourtant en 1992, le départe-ment des Bamboutos était le plus fron-deur de la région de l’Ouest. Au point oùla ville de Mbouda avait été qualifiéedans le sérail de « petit carrefour agitéentre Bafoussam et Bamenda ». Alorsqu’à côté, les scores de Paul Biya dans ledépartement de la Menoua, sontminables, Y compris à Balessing, villaged’origine de Jean Nkueté, secrétairegénéral du comité central du Rdpc.

Première interprétation, le premierclerc du parti de Paul Biya pourraitperdre cette position au bénéfice del’actuel ministre des Travaux publics. A

s’en tenir aux réalités géopolitiqueslocales, le président Biya pourra s’enga-ger dans une option de rajeunissementde ses hommes de confiance dans larégion. Ayant réalisé un score considé-rable face à la vague du Mouvementpour la renaissance du Cameroun (Mrc),Célestine Courtes Ketcha et son clanpourrait être récompensé. D’où l’éven-tualité d’une mise à la retraite deMarcel Niat Njifendji, président duSénat et deuxième personnalité de laRépublique. Du côté du département duHaut-Nkam, la percée du Mouvementpour la renaissance du Cameroun com-mande également un réajustement duleadership local du parti des flambeauxardents. Claude Juimo Monthé, malgrésa jeunesse, est jugé inapte, par cer-tains, à incarner la défense de l’hommedu renouveau dans cette circonscription.Un regard est tourné vers ces jeunescadres du Rdpc qui menacent de rega-gner le Mrc au cas où leurs préoccupa-tions ne sont pas pris en compte dansles jours à venir. Dans le Noun, malgréune légère amélioration de son score,l’élite locale du Rdpc n’envisage pas sedébarrasser de la tutelle encombrantedu sénateur Ibrahim Mbombo Njoya,sultan roi des Bamoun. Et pourtant,Mefiro Oumarou, ministre déléguéauprès du ministre des Transports,attend mieux pour défendre ces acquisdu Renouveau dans le fief d’AdamouNdam Njoya, candidat de l’Union démo-cratique du Cameroun (Udc) à la derniè-re élection présidentielle.

Bouleverser l’état major local

du Rdpc Mais que fera-t-il étant donné qu’il ne

fait pas partie des hommes préférés dusultan roi Bamoun. Contrairement àMefiro Oumarou, Luc Sindjou, ministre,conseiller spécial du chef de l’Etat, PaulBiya, bénéficie de toutes les grâces duroi des Baham, Pokam Marx pour rega-gner la confiance du prince d’Etoudi. Ilssont autant confiants dans leur logiqueque le roi des Baham, sénateur Rdpc, abrillé par des « manœuvres sordides »pour fragiliser la candidature de PrMaurice Kamto à Baham, son villaged’origine. Mais, il faudra aussi comptersur Bernard Fongang, député suppléantà l’Assemblée nationale ; celui-ci s’estinvesti pour empêcher «la colonisationélectorale» de Batié par Maurice Kamto.Pierre Nékam, cadre du Rdpc àBahouan, village d’origine d’AlbertNdzongang, soutien fort de la coalitionKamto à la dernière élection, s’estsérieusement mobilisé pour la cause del’homme du Renouveau dans cette locali-té. Que dire du département du Koung-Khi où la percée du Mrc continue debouleverser l’état major local du Rdpc.Et pourtant, Albert Kouinché, patron dela société Express Union Sa, EmmanuelChatué, patron de Canal 2International, Madeleine Tchuinté,ministre de la Recherche scientifique etde l’Innovation ou Henri Nono, sénateursuppléant, se sont investis pour sauverles meubles et suppléer le patriarcheVictor Fotso.

Guy Modeste DZUDIE

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71% pour le présidentsortant,  paul Biya et 14% pourl'opposant Maurice Kamto. Telssont les résultats officiels de laprésidentielle camerounaisedu 7 octobre. pour le Franco-Camerounais Fred Eboko,directeur de recherche àl'Institut de recherche pour ledéveloppement (Ird), ceschiffres traduisent un ver-rouillage du système politiquecamerounais.

paul Biya est largement vain-queur et Maurice Kamtodeuxième. quelle est votrepremière analyse sur ces ré-sultats ?

Au-delà des résultats statistiques,ce qui s’est passé cette année est unevéritable césure, à mon sens. Sous lavictoire du président Paul Biya, sousle rituel de sa victoire, émerge unchangement des Camerounais vis-à-vis de la démocratie, un changementde la vie politique camerounaise. Jedis bien au-delà de la victoire poli-tique du président Biya.

Cette très large victoire depaul Biya est-elle due seule-ment à ses talents et à son bi-lan ou n’est-elle pas due aussià une redoutable machineélectorale du parti au pouvoirRdpc ?

C’est dû, à mon sens, à quelquechose qui est de l’ordre du verrouilla-ge du système politique camerounais.Il y a d’abord une large couverture duparti au pouvoir sur le territoirecamerounais. Mais il y a aussi – et onl'a vu au cours des récents débats duConseil constitutionnel – le fait que lesystème est verrouillé de telle sorteque la légalité du système ne soitplus forcément en lien avec sa légiti-mité.

Selon Maurice Kamto, le candi-dat Biya se serait vu accorderde façon abusive quelque 1,3million de voix sur la base deprocès-verbaux non signés.

Oui, c’est ce que l’on a entendu aucours des débats au sein du Conseilconstitutionnel. Je ne sais pas trèsbien quoi en penser. Mais ce qui mesemble assez clair, c’est que les résul-tats tels qu’ils sont présentésaujourd’hui ne rendent pas forcémentcompte de la dynamique électoralequi s’est produite au Cameroun. Lefait que toutes les requêtes et toutesles réclamations aient été rejetéeslaisse quand même à penser que leConseil constitutionnel, certes, a faitson travail, mais n’en sort pas forcé-ment grandi. Non pas du point de vuede ce qui est légal, mais du point devue de ce qui est crédible et du pointde vue de ce qui est juste. Parce qu’iln’avait pas seulement la responsabili-té de rendre les résultats. Comme l’adit une brillante avocate au cours desdébats, il avait aussi la responsabilitéde rendre la vérité de l’élection prési-dentielle au Cameroun.

vous parlez du Conseil consti-tutionnel, c’est le deuxièmeniveau. Mais avant il y avait un

premier niveau, c’était Ele-cam, qui est l’instance came-rounaise des élections. Est-ellecrédible ? Est-elle indépendan-te ?

Le problème au niveau duCameroun, qu’il s’agisse de premierniveau d’Elecam ou du niveau ultimedu Conseil constitutionnel, la ques-tion qui se pose est celle de l’indépen-dance de toutes les institutions parrapport au pouvoir exécutif, qui a uneespèce de prééminence. Il y a un partiqui ressemble beaucoup à ce qu’onappelait sur le parti unique, le parti-Etat, qui écrase un peu l’ensembledes institutions, mais qui n’écrasepas forcément la parole desCamerounais qui s’est libérée notam-ment via les réseaux sociaux et via ladynamique incarnée par MauriceKamto et sa coalition, qui ont puquand même montrer qu’un autreCameroun est possible.

Vous parlez de MauriceKamto. Le 1er septembredernier, dans votre précé-dente interview sur Rfi, vousparliez plus volontiersd’Akéré Muna ou de JoshuaOsih comme les challengerspossibles de Paul Biya.

Oui. A ce moment-là, je disais queAkéré Muna me semblait être un descandidats les moins clivants. Il s’esttrouvé qu’Akéré Muna a rejoint lacoalition autour de Maurice Kamto etque Maurice Kamto est monté enpuissance juste après le scrutin. Il estmonté en puissance avant, d’abordpar rapport à cette coalition et justeaprès dans la manière avec laquelle ila fait front face au pouvoir et au sys-tème politique en place.

Oui, il a surpris tout le mondele 8 octobre dernier en se dé-

clarant vainqueur et en pre-nant de vitesse Elecam.

C’est pour cela que je dis qu’enmettant en avant la diversité géogra-phique et générationnelle des per-sonnes qui étaient autour de lui, cettediversité a été incarnée par le pooldes avocats qui l’ont accompagné ausein du Conseil constitutionnel et quiont fait une véritable démonstrationpolitique et intellectuelle face auxmembres du Conseil constitutionneldu Cameroun. Maurice Kamto a misen avant la diversité géographique,politique et intellectuelle, des per-sonnes qui sont autour de lui. Il l’afait de manière absolument magistra-le.

Est-ce qu’il y a, justement, auvu de cette présidentielle2018, un repli des Camerou-nais sur certaines valeurs iden-titaires et ethniques ou pas ?

Il y a plutôt la mise en lumière deces clivages qui minent la sociétécamerounaise depuis plusieursannées et qui ont été mis en exergueà la faveur de cette consultation élec-torale et notamment des débats par-fois très houleux qui ont eu lieu surles réseaux sociaux. Ces clivages etcette tentation du repli identitaireexistent au Cameroun depuis fortlongtemps. Mais ils n’ont jamais étémédiatisés de manière aussi forte quependant cette campagne électorale.

En arrivant deuxième, loin de-vant Cabral Libii et JoshuaOsih, est-ce que Maurice Kam-to a gagné ou a perdu ?

Maurice Kamto a en même tempsperdu officiellement les élections,mais il a gagné, à mon sens, bien plusque les élections. Il a gagné en matiè-re de crédibilité de sa propositionpolitique. Crédibilité de sa personne,

médiatisation aussi – alors là c’est leplus exceptionnel, parce que c’étaitinattendu – de sa capacité à rassem-bler une bonne part des Camerounaissous son nom et sous le nom de sacoalition surtout. Et il a pu le fairenotamment grâce à l’occasion qu’il aeue de pouvoir s’exprimer, de pouvoirlaisser s’exprimer ses confrères ausein du Conseil constitutionnel duCameroun.

Et l’effondrement électoral duSdf de Joshua Osih, qu’en pen-sez-vous ? Etes-vous surpris ?

Je suis moyennement surpris parceque je pense que la candidature deJoshua Osih a été un peu prise decourt par les autres candidatures etpas seulement celle de MauriceKamto, celle, aussi, de Cabral Libii,qui ont un peu damé le pion à la pro-position du Sdf qui semble marquerun peu le pas dans le paysage poli-tique camerounais.

Et que peut faire à présentMaurice Kamto, lui, qui s’estdéclaré vainqueur le 8 octobredernier ?

C’était aussi une stratégie pourmarquer le coup, puisqu’il avait déjàanticipé sur ce qu’il pensait être desirrégularités, voire des malversationsdu camp d’en-face. Maintenant, il aquand même une zone de confort.Pourquoi ? Parce que, si vous regar-dez ce qui s’est passé pour le candidatproclamé gagnant, Paul Biya a faitjuste un meeting politique avec uneintervention qui a duré moins de dixminutes. Maurice Kamto a fait desdizaines et des dizaines de meetingset aujourd’hui il peut prendre la paro-le, sa parole aura un poids tout à faitconsidérable et c’est peut-être un journouveau qui s’ouvre dans le débatpolitique camerounais avec cette pré-sence de Maurice Kamto et de sa coa-lition.

C’est à dire qu’il y aura désor-mais un vrai chef de l’opposi-tion et une vraie dualité dansla vie politique camerounaise ?

Je pense que si la sécurité de mon-sieur Maurice Kamto est garantie –et je pense que le pouvoir en place atout intérêt à garantir la sécurité deMaurice Kamto –, nous sommes peut-être au début de la naissance d’aumoins une dualité politique, commevous avez dit, ou d’une pluralité desvoix. Y compris des autres partisd’opposition. Il ne faut pas oublier lamagnifique campagne électorale qu’amenée Cabral Libii. On peut aussipenser que d’autres figures de prouede l’opposition peuvent aussi recons-tituer leur panel électoral.

Joshua Osih et Cabral Libiisont, l’un un quadra, l’autreun trentenaire, qui ont l’ave-nir devant eux.

Voilà, ils ont l’avenir devant eux.Au-delà du Mrc qui est manifeste-ment un des gagnants, même dans ladéfaite de cette élection présidentiel-le, il ne faut pas oublier que CabralLibii et Joshua Osih sont relative-ment jeunes et qu’ils sont dans unedynamique tout à fait particulière.

Entretien réalisé Par Christophe BOIS-BOUVIER (Rfi)

FRED EBOKO

«Le système politique est verrouillé au Cameroun »

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Le Conseil constitution-nel a proclamé les résul-tats de l’élection prési-dentielle, à l’issue d’uneélection fortementcontestée. On s’était sur-pris à espérer que lesrésultats de la haute ins-tance mettraient tout lemonde d’accord. quenenni ! Maurice Kamtorevendique toujours lavictoire. Eclairage.

1-Biya, l’éternel impertur-bable

Grand vainqueur officiel duscrutin avec 252.1758 des voix,soit 71,28% des suffrages valable-ment exprimés. Mais, il y a commesi quelque chose ne va pas sur leplan national avec cette « victoireécrasante ». Les épanchements dejoie sont si mesurés, les adeptesdu nouvel élu se font discrets. Unevictoire entachée d’irrégularités ?Un confrère a titré hier « une vic-toire au goût de défaite », tradui-sant de ce fait toute la gêne decette victoire.Depuis la proclama-tion de cette victoire de Paul Biya,tout se passe exactement comme sile temps était arrêté. Les félicita-tions des pays ne se pressent pas,une discrétion qui en dit long surla compréhension du message decertains partenaires duCameroun. Les Etats-Unisd’Amérique ont félicité le peuplecamerounais et non le présidentnouvellement élu, Paul Biya. Aumoment où il y a un bouillonne-ment certain au sein de la diaspo-ra où il est largement vainqueuren dehors de l’Allemagne ou leGabon, on peut s’interroger sur lasignification de ces contestationsde la victoire du chef de l’Etat

camerounais. Sur les réseaux sociaux, la

bataille fait rage. LesCamerounais se plaignent commeils ne l’ont jamais fait, peut-êtreest-ce l’effet internet ? Mais leNnum Nguii a remporté danstoutes les régions en dehors duLittoral, où il vient en deuxièmerang avec 35,75%. La bataille del’opinion dans cette affaire semblebien tourner largement en faveurdu Mrc. Les pourcentages desvotes en fonction des régions estétabli comme suit. Paul Biya estplus aimé dans sa région natale, leSud, où il totalise un pourcentagede 92, 62%. Ensuite, il y a l’Estavec 90, 43% des suffrages.L’Extrême-Nord vient en troisièmeposition avec 89,21% dessuffrages ; le Nord-Ouest a donné81, 74% de ses suffrages à PaulBiya et occupe de ce fait le 4èmerang ; le cinquième rang revientau Nord avec 81,62% ; les 6ème et7ème rangs sont respectivementoccupés par l’Adamaoua (79,77%)et le Sud-Ouest (77,69%).Viennent ensuite, le Centre(71,10%) qui tient la 8ème place,l’Ouest arrive en 9ème positionavec 48, 19% alors que le Littoralferme la marche avec 35,75%. Ce

pourcentage national de 71,28%souffre certainement de la situa-tion dans la zone anglophone dupays, où le taux de participationest des plus faibles à cause de laguerre. Ainsi, dans le départementde Boyo, le taux de participationest de 0,63%, la Menchum enre-gistre 1, 45% de participation. Autotal, dans le Nord-Ouest, le tauxde participation est de 5,36% alorsque dans le Sud-Ouest, on registrele taux de 15,94%.

Un autre indice qui montre quePaul Biya ne s’est pas beaucoupimpliqué dans cette élection est lefait que même ses lieutenants sesont mis à faire des cotisationspour sa campagne. Etait-ce bienlui qui l’avait voulu ainsi ou bienle fait de ses lieutenants détermi-nés ? La chose avait commencédans la Lékié et avait gagnétoutes les régions du pays. Alorsque sa victoire est fortementcontestée par son challengernuméro un Maurice Kamto quirejette les chiffres du Conseilconstitutionnel, Paul Biya, fidèle àlui-même garde le silence. Unechose est sûre, il prêtera sermentpour un nouveau bail de 7 ans.

2-Maurice Kamto, le témé-

raire Le tireur de penalty visible-

ment, avait préparé l’élection pré-sidentielle avec minutie. Toutétait réglé dans le timing, en fonc-tion de la connaissance qu’il avaitdes stratégies du Rdpc. Lui, qui sedéfend et s’est toujours défendud’être membre du Rdpc au pouvoirdepuis 1985, a le verbe facile. Il adémissionné du gouvernement ensa qualité de ministre délégué à laJustice. Plusieurs voyaient sonséjour de 7ans au gouvernementcomme un handicap à convaincreles Camerounais. Quand a-t-ilréellement commencé sa cam-pagne pour l’élection du 7octobredernier ? Depuis longtemps, dansle calme et la sérénité. C’est à lami-avril au cours de la conventionde son parti qui le désigne commele candidat à l’élection présiden-tielle que l’opinion découvre médu-sée toute la capacité de mobilisa-tion de ce parti qui n’a que 6 ansde vie. Personne n’en croit à sesyeux de constater que dans lagrande salle du Palais desCongrès de Yaoundé, leMouvement pour la renaissancedu Cameroun (Mrc) est représentédans toutes les dix régions dupays.

Désormais, il ne se fait plus dedoute, pour ceux qui sont avisés,que le Rdpc vient de se trouver unadversaire, qui affiche l’intentionde marcher sur ses plates-bandes.Ce n’est donc pas une surprise siau moins, disons-le ainsi, MauriceKamto a 14,23% des suffrages,arrivant en deuxième position der-rière Paul Biya. Mais, il y a unCouac. Le lendemain de élection,c’est-à-dire le 8, le candidat duMrc avait déjà déclaré sa victoire,invitant Paul Biya dans la foulée àorganiser une transmission paci-fique du pouvoir. Tollé général.Deuxième surprise, contre l’atten-te de tous, il a introduit unerequête pour annuler les élections

dans 7 régions du pays toutcomme il a récusé à l’entame duprocès électoral, certains juges duConseil constitutionnel. Ça coince.Suspension de la séance. Sonintervention devant le prétoire estretransmis en direct à la télévi-sion.

A la proclamation des résultats,il persiste et signe que c’est lui quiest le vainqueur à la lumière desdifférents Pv à sa disposition.Ainsi, il aurait eu au plan national1.320.824 soit 39,74% des suf-frages exprimés. Paul Biya, vien-drait en deuxième position avec1.278.514 voix, soit 38,47% desvoix exprimées. Le troisièmeserait Cabral Libii Ngue Ngueavec 349.423 voix, soit 10,51%.Joshua Osih viendrait en 4èmeposition avec 189.878 des suf-frages soit 5,71%. C’est du reste ceque le candidat Maurice Kamtoclame dans une vidéo en circula-tion sur les réseaux sociaux. Ilpromet de mettre à la dispositiondu public les véritables chiffres del’élection présidentielle.Officiellement, le Conseil constitu-tionnel a proclamé les résultats etcela est sans recours, qu’il a obte-nu 14,23%. Le pouvoir travailledésormais pour convaincre lesCamerounais de ne pas descendredans la rue pour quelque raisonque ce soit. Quoi qu’il en soit, il estdésormais établi que le Mrc s’affir-me comme la première force del’opposition, en lieu et place du Sdfqui a fait naufrage. On scruteradavantage la donne à la sortie desurnes aux élections législatives etmunicipale de l’année prochaine.Officiellement, Maurice Kamto estvenu en tête dans une seulerégion, celle du Littoral avec38,60%. Son challenger, Paul Biyaarrive en 2ème position avec35,75%.

Léopold DASSI NDJIDJOU

Vers un divorce entre les Vietnamiens et Baba DanpulloOutré par l’interminableconflit qui oppose Bestcam etviettel Global ; et ulcéré parle goût et l'appétit d'unegérance à sens unique entre-tenue par la partie vietna-mienne, le milliardaire came-rounais se dit désormais prêt àrembourser ses partenairesvietnamiens.

Game over ? C’est peut-être le lieud’affirmer qu’on s’achemine vers la fin dutonitruant feuilleton sur les bataillesd’intérêts économiques menées par lajoint venture contrôlée par la vietnamien-ne Viettel global Investment Company enterre camerounaise. Quelques jours seule-ment après avoir annoncé que ce masto-donte a usé de tricherie, d'imposture, dejongleries économiques et de toutes sortesde manigances pour se mettre en parte-nariat d'affaires avec une entreprise dedroit privé camerounaise avant de serévéler être une société d'État du porte-feuille des ministères de la Défense et destélécommunications vietnamiens, LeMessager a appris que le partenairecamerounais, révolté et indigné contre la«maison mère» vietnamienne, a finale-ment décidé de procéder aux rembourse-ments. En bon chef d’entreprise, le mil-liardaire camerounais qui ne souhaite pascontinuer de voir son nom et sa réputa-tion traînés dans la boue pour une histoi-re où ses partenaires et ouvriers natio-naux sont sous le joug d’un jeu de dupes,

a confié sous peu, de n’avoir pas l'inten-tion de confisquer les investissements etles actions de ses « bourreaux » dans lespectacle auquel se livre depuis quelquesmoi, les deux partenaires.

Suspension des procéduresLesquels n'ont pas été en mesure de

mener à bien les activités de Nexttel. Ce,déplore-t-il, en raison des conduitesintransigeantes de ses partenaires venusdu Vietnam. Mais avant de casser sa tire-lire, Baba Danpullo veut jouer la carte dela prudence parce que conscient de ce quela fourberie vietnamienne aux alluresd'un mensonge, a été mise à nu. C’estpour cette raison qu’ « il a fait appel à uneentreprise internationale à évaluer lesinvestissements de Vtg dans ViettelCameroun SA ». Des sources proches ducapitaine d’industrie rapportent que pour

prouver son sérieux, « il a saisi le tribu-nal pour autoriser Viettel à faire appelaux services de l'un des quatre plusgrands cabinets d'audit du PriceWaterhouse, de Kpmg, de Deliotte et d'ElSangyong. La décision de justice a été ren-due devant le Tribunal de première ins-tance de Douala en juillet 2018. Motivépar le fait que Danpullo doit réellementconnaître la valeur réelle de l'investisse-ment vietnamien ». Seul hic, apprend-on,le Vtg a refusé une telle évaluation, préfé-rant demander une suspension des procé-dures et conteste une telle évaluationdevant les tribunaux.

Supercherie Un curieux refus, tant il est vrai que

Baba Ahmadou Danpullo dont les actions,30% (la minorité de blocages), s'est renducompte d'avoir été en permanence floué,dupé en découvrant la supercherie et lafourberie d'un partenaire vietnamien enaffaires qui jusqu’ici, s'est livré dans unsport favori de délinquance économique etd'arnaque. Pourquoi Vtg a-t-il donc peurde l'exercice d'évaluation ? Pour la simpleraison, croit-on, dans les rangs de la par-tie camerounaise, qu’ « ils ne veulent pasque leur partenaire local connaisse lavaleur réelle de ce qu'ils ont déclaré s'éle-ver à 210 milliards de Fcfa. Ce que le par-tenaire local sait, c'est ce que Vtg a décla-ré. Le partenaire local n’a jamais partici-pé à l’achat du matériel utilisé pour confi-gurer le réseau que Vtg les a expédiées auCameroun avant même que le partenairelocal ait le temps de s’interroger sur lecoût et la pertinence de l’équipement.

L’importation de groupes électrogènesd’occasion et de certains matériels d’ins-tallation. Des anciennes batteries et équi-pements de production d’énergie, de trèsnombreux équipements redondants »

Suffisant pour en conclure que leurrefus de procéder à une évaluation consis-te ni plus ni moins qu’à empêcher le par-tenaire local de savoir ce que ViettelCameroun SA devra payer concrètement.Surtout que Vtg s’est présenté commepartenaire technique et fournisseurd'équipements de déploiement. En face,les Vietnamiens disent ne pas soulever lasuspicion quant à ce qu'ils ont apporté,faisant entièrement confiance à la sincéri-té d’un partenariat qui comporte pourtantde forts relents d'entourloupes. De quoiétaler leur conduite douteuse. Car, « s'ilsn'ont pas peur d'une évaluation ou s'ilssont sûrs des 210 milliards déclarés, ilsauraient accepté l'évaluation. Maiscomme ils sont faux et veulent seulementpousser leur partenaire local avec men-songes et imposture à l’effet de le discrédi-ter », révèle une source. Et de rappelerque les refus successifs de Viettel globalinvestment de fournir des informationsstratégiques sur les activités de la socié-té ; puis des informations sur les contratspassés par Vtg pour le compte de ViettelCameroun SA ; le tout doublé du Nietimposé à la gestion conjointe du partenai-re local, obligé de se rendre au tribunalpour obtenir une ordonnance de doublesignature, sont autant évocateurs de laduplicité de l’ami d’hier. Affaire à suivre !

C.T.

pRéSIDENTIELLES 2018

Paul Biya et les chiffres de la discorde

AFFAIRE vIETTEL CAMEROUN SA.

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Le Messager no

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près de dix ans aprèsle lancement des tra-vaux de constructionde ce bâtiment,l’ouvrage tarde à sor-tir de terre. Les popu-lations sont en colèrecontre l’exécutif com-munal qui reste muetsur ce sujet.

« Nous ne savons plus quedire à propos de ces travauxde construction de l’hôtel deville de notre commune.Depuis que l’exécutif commu-nal est en place en deux man-dats, les travaux sont surplace. Si pendant dix ans onne peut pas construire un bâti-ment qui est de surcroit finan-cé, c’est que c’est très grave.Voilà Kribi 1er qui loge depuisbelle lurette dans ses bâti-ments, alors qu’ils ont com-mencé le projet en mêmetemps. Pitoyable ! » Ainsi seplaint un conseiller municipalde la commune de Kribi 2èmeau sujet de la construction del’hôtel de ville de la communed'arrondissement de Kribi2ème.

En effet, depuis près de dixans déjà que les travaux ontdébuté pour ce bel ouvrage,rien n’avance. Selon l’exécutifen place depuis deux mandatsdéjà, il fallait se doter d'unhôtel de ville propre. Ce bâti-ment R+1 logé au quartierDombe et vanté par le maireGuy Emmanuel Sabikandacomme un joyau architecturaldevait être intégré par l'exé-cutif municipal et le person-nel communal en mars 2017annonçait-on alors en grand

renfort de publicité.L'information avait été ren-due publique le 21 décembre2016 lors de la session ordi-naire du conseil municipal dela commune de Kribi 2èmesiégeant pour l'examen etl'adoption du budget commu-nal pour l'exercice 2017. Quenenni ! Près de deux ansaprès, rien n’est effectif. Surplace, la barrière a déjà étéinstallée. Chaque jour,quelques maçons font despetits travaux de raccord, flâ-nant parfois çà et là. « Il fautbeaucoup d’argent pour lestravaux de finition. Si lemaire nous donne le matériel,même en une semaine, toutpeut être prêt », nous souffleun maçon qui ‘’pointe’’ sa jour-née. Du côté de la mairie, c’estl’omerta. Rien ne filtre. Pasde commentaire au sujet de ce

marché qui tarde à se réali-ser. C’est un caillou dans lachaussure du maire qui nesait plus à quel saint se vouersuite aux quolibets des popu-lations et de ses adversairespolitiques.

L'annonce de la nouvelledélocalisation de la mairie, lapremière survenue il y a troisans et demi, tombait à pointnommé au moment où depuis2015, cette structure dépen-sait pour la location de l'ac-tuel hôtel de ville près de 400mille Fcfa tous les mois. Uneenveloppe allouée au bail quis'évalue en des dizaines demillions de francs Cfa. Or cetargent, selon un conseillermunicipal, aurait pu servirdans des micros projetssociaux si la commune n'aplus d'obligation de bail. La

bâtisse dont le coût total dupremier lot est estimé à 280millions n'a pas été facile àsortir de terre, étant donnéqu'un premier chantier avaitété abandonné en fondationpour le fait qu'un premierprestataire est encore encavale après avoir perçu unacompte de 30 millions etqu'un second prestataire enprès d'un an n'avait pas puachever les travaux de fonda-tion du bâtiment, torturé parle versement de certains pour-centages aux gestionnaires.

Les mauvaises languesprédisent déjà que le maire etses adjoints risquent nejamais entrer dans cettebâtisse dont la constructiondure depuis dix ans déjà.

Sévère Kamen

Camrail vole au secours des orphelins des victimesL’entreprise citoyenne a pro-cédé, le 19 octobre dernier, àla remise de dons à plus d’unetrentaine d’orphelins des vic-times de la catastrophe ferro-viaire d’Eséka à Douala.Ladite cérémonie s’est égale-ment déroulée sur l’ensembledu réseau du transporteur fer-roviaire camerounais.

L’an 2 de la catastrophe ferroviaired’Eséka commémoré à Douala. A l’occa-sion, Camrail a distribué des dons auxorphelins des victimes le 19 octobre der-nier. Ce même jour, 88 orphelins des vic-times de la catastrophe ferroviaired’Eséka ont reçu sur l ’ensemble duréseau du transporteur ferroviaire came-rounais (Camrail), des dons (bonsd’achat) au titre « d’accompagnementpour la rentrée scolaire courante ».

Concomitamment, des cérémonies deremise de dons se sont déroulées dans lesvilles de Douala, Yaoundé et Ngaoundéré2 jours avant la commémoration du 2èmeanniversaire de la catastrophe ferroviai-re, survenue le 21 octobre 2016, à Eséka.Pour le directeur général de Camrail quia tenu à renouveler tout son soutien auxfamilles des victimes et aux orphelins,« deux ans après, le souvenir restevivant ». « A Camrail, nous sommes soli-daires de vos difficultés, vos rêves et vosréalisations. Ce modeste soutien contri-buera à l’éducation et à la santé desenfants… », A-t-il indiqué lors de son

propos de circonstance.Les bons distribués aux orphelins des

victimes, a-t-on appris, pourront être uti-lisés à partir du 25 octobre. Pourquoi lesorphelins ? « Parce que c’est la volonté deCamrail de s’impliquer dans l’avenir… »,a clairement indiqué le top managementà l’assistance.

Il convient de souligner que l’accidentde train avait officiellement fait 79 mortset 600 blessés.

Le 26 septembre 2018, la justicecamerounaise a rendu un verdict en« l’absence de toute expertise qualifiée et

compétente », dans le procès relatif àcette catastrophe ferroviaire, condam-nant Camrail « pour homicide, blessuresinvolontaires et activités dangereuses ».Réagissant à ce verdict, la sociétéCamrail, filiale du groupe Bolloré, acontesté cette décision de justice, dénon-çant, selon ses termes, l’absence de touteexpertise qualifiée et compétente, quidevait permettre d’établir de manièreobjective les véritables causes de ce tra-gique accident.

M.S.

KRIBI II

Les travaux de l’hôtel de ville piétinent

CATASTROphE D’ESéKA

INITIATIvE

Une convention

de concession

pour une centrale

électriqueCe projet a été initié dans le

cadre du partenariat straté-gique entre le Togo et le grou-pe Siemens qui fournira les tur-bines, la technologie et les ser-vices de maintenance.

Le 23 octobre dernier, une conventionde concession de production d’électricitépour la conception, le financement, laconstruction, la mise en service, l’exploita-tion et la maintenance de la centrale élec-trique de Kékéli Efficient Power a étésignée.

Ce projet a été initié dans le cadre dupartenariat stratégique entre la répu-blique togolaise et le groupe Siemens quifournira les turbines, la technologie et lesservices de maintenance. La constructionsera assurée par le groupe espagnol GrupoTsk (EPC). Quant au financement qui seramobilisé en francs cfa, la Banque Ouest-africaine de développement (Boad) et legroupe bancaire panafricain Oragroupseront les chefs de file. Le groupe Eranoveassurera le développement puis l’exploita-tion et la maintenance de la centrale.

D’une puissance installée de 65 Mw, lacentrale à gaz de Kékéli Efficient Powerutilisera la technologie du cycle combiné.Cette technologie permet notamment deproduire plus d’électricité sans consomma-tion additionnelle de gaz et en limitant lesrejets de Co2 dans l’atmosphère, partici-pant ainsi à une production électrique quirespecte l’équilibre économique et finan-cier du secteur et l’environnement.

« Ce projet structurant et stratégiquerépond à la double volonté de sonExcellence monsieur Faure EssozimnaGnassingbé et du gouvernement de pro-mouvoir l'économie nationale et de faireface à la demande sans cesse croissante enénergie électrique. Cette centrale sera doncau service du développement du Togo toutentier et permettra de fournir une énergieélectrique additionnelle pour l’équivalentde 263 000 foyers togolais », souligneM. Marc Dèdèriwè Ably-Bidamon mMinistre des Mines et del’Énergie du Togo.

Le développement de la centrale deKékéli Efficient Power au Togo marqueégalement une étape importante dans ledéveloppement du groupe industriel pan-africain Eranove, qui exploite déjà 1247Mw de capacité de production et déve-loppe actuellement des projets ambition-nant d’apporter 1 000 Mw au service ducontinent.« Nous sommes très heureux et très fiers decontribuer à la stratégie nationale et à laréalisation du Plan National deDéveloppement en développant cette nou-velle unité de production électrique auxcôtés de la république togolaise et nousremercions les autorités du pays pour leurconfiance. Grâce à son expertise reconnueet son ancrage africain, le groupe Eranoven’a de cesse de vouloir développer des pro-jets structurants, performants et adaptésau continent », explique Marc Albérola,Directeur général du groupe Eranove.

Soutenu par son actionnaire de référen-ce Emerging capital partners (Ecp), leaderpanafricain du capital investissementayant levé 3 milliards de dollars d’actifsdédiés au continent africain, le groupeEranove développe de nombreux projets enCôte d’Ivoire, au Gabon, à Madagascar etau Mali.

M.S.

Actualité

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Le Messager no

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Page 9Le Messager

Alors que l’Omsplanche sur la vacci-nation de routinepour définitivementéradiquer cette mala-die invalidante, l’Etatne finance qu’à hau-teur de 5,3 milliardsde Fcfa le budget pré-visionnel du plan detransition 2017-2021d'éradication de lapoliomyélite auCameroun qui s'élèveà près de 37,5 mil-liards de Fcfa.

« Ce n’est pas le momentpour nous d’arrêter. Il fautcontinuer de la plus belle desmanières. Si nous arrêtonsmaintenant, cette maladiereviendra au galop. Noussavons que beaucoupd’enfants n’ont pas encore étévaccinés ». Dr Michel Zaffran,Directeur de l’éradication dela poliomyélite à l’Oms plaidepour la poursuite des effortsen vue de l’éradication de lapoliomyélite à travers la miseen œuvre systématique descampagnes de vaccination enpartenariat avec tous lesacteurs impliqués dans lalutte contre la polio. C’était lelundi 22 octobre 2018, lors dela conférence virtuelle mon-diale sur le thème : « L’effortmondial d’éradication de lapolio : est-il temps d’y mettrefin ? ».

Organisée par une indus-trie pharmaceutique en prélu-de de la journée mondiale delutte contre la poliomyélite, ce

mercredi 24 octobre 2018, larencontre virtuelle a réunigrâce à la magie technolo-gique, des experts duPakistan, d’Europe, d’Afriqueet des États-Unis afin deplancher sur l’épineuse pro-blématique de mettre fin auxefforts d’éradication de lapolio. Elle s’est déroulée ensimultanée à Paris en Franceet à Genève en Suisse, avecdes journalistes y assistanten direct depuis Karachi auPakistan, Nairobi au Kenyaet Yaoundé au Cameroun ausiège de Sos-médecin. « Noussommes passés de plus de200 000 cas de polio à 50 000voire à une dizaine par andans les pays endémiques.Nous ne devons pas relâcherles efforts maintenant. Nousdevons continuer jusqu’à enfinir avec la polio », insiste DrMichel Zaffran.

virus malin

La polio doit donc être éra-diquée par tous les moyens.Le succès de ce plan ambi-tieux par la conjugaison desefforts. Mais davantage parl’administration des vaccinsde façon récurrente. Dont, « ledéploiement des vaccins »,explique Dr Ibrahima Koné,en charge des questions tech-niques pour l’éradication dela polio et la vaccination deroutine à l ’Unicef. Selonl’Oms, l’action concertée despartenaires dont SanofiPasteur a déjà permis dedéployer 6 milliards de dosesde vaccins à travers le monde.Mais pour David Loew, direc-teur de Sanofi Pasteur, impli-quée dans la recherche, ledéveloppement et le déploie-ment de vaccins contre lapolio depuis plus de 40 anspour produire la plupart desvaccins inactivés et oral utili-sés dans le monde, le princi-pal défi actuel réside dans laplanification. « Les vaccins

que nous allons déployer en2023 doivent être développésaujourd’hui ». Difficile parconséquent pour la structurede développer des vaccins quin’ont pas été commandés.« Nous sommes préoccupésparce que nous ne pouvonspas intervenir dans un délaitrès court dans la productionet le déploiement des vac-cins ».

Outre ce défi, la résistanceou méfiance des populationsdans les régions endémiqueset la porosité des frontièresconstituent des contraintesmajeures à l’éradication de lapolio. Tel est le cas au Nigériavoisin dont certaines localitéssont occupées par BokoHaram. Au Cameroun,d’après André Mama Fouda,ministre de la Santé publiquelors du lancement du plan detransition 2017-2012, enfévrier 2018, l'Etat prendrases responsabilités et neménagera aucun effort pourconduire notre pays versl'éradication totale de lapoliomyélite. Cette volontépolitique affichée ne semblecependant pas suffisante faceaux contraintes notammentbudgétaires. En effet, le bud-get prévisionnel de ce plan detransition 2017-2021 s'élève àprès de 37,5 milliards de Fcfa.Mais, l'Etat ne le finance qu'àhauteur de 5,3 milliards. Parconséquent, le pays dépendfortement du financementextérieur. Ce qui pourraitaffaiblir la vaccination de rou-tine. Voire retarder l’adoptiondéfinitive du vaccin inactivéinjectable dans les pays.

Nadège Christelle BOWA

« Les campagnes de routine assurent l’immunité individuelle et collective » Le point de la situation de lapoliomyélite avec le chef dis-trict de santé (Cds) deMalantouen dans la région del’Ouest Cameroun. Ce districtde santé a fait parler de lui entotalisant 3 des 4 cas de polioenregistrés lors de la dernièreflambée de l’épidémie.

Où en est le Cameroun dans salutte contre la poliomyélite ?

Le dernier cas lié au polio virus sau-vage (pvs) date de juillet 2014. Donc, lapolio au Cameroun relève du passé. Maiscela ne veut pas dire que la lutte necontinue pas. On pense qu’en 2021, cechapitre de polio peut être définitive-ment clos avec la planification et latransmission des acquis. Ce que lesanglophones appellent « polio legacy ».

Comment comprendre la pour-suite des campagnes de vaccina-tion de routine si le polio virussauvage ne circule plus dansnotre pays ?

Le Cameroun n’est plus exportateurde polio virus sauvage. Ce concept est nélors de la dernière épidémie où on a vu lamême souche de virus en RépubliqueCentrafricaine. Certains l’ont aussi ditparlant du Brésil. Mais je n’en suis passûr. Donc, le même virus aurait été trou-

vé en dehors de nos frontières. Du couple Cameroun avait été déclaré commeexportateur du Pvs. Mais ce n’est plus lecas aujourd’hui, puisque en avril 2015,après que le Cameroun a été silencieuxsur ce plan pendant plusieurs mois, leministre de la Santé publique avaitdéclaré que la polio virus sauvage ne cir-culait plus dans le pays. Maintenant lescampagnes de routine sont très impor-tantes parce qu’elles assurent l’immuni-té individuelle et collective. Si on a 100%d’enfants vaccinés, on ne fera pas lapolio. Et si on a aussi 90 à 95%d’enfants vaccinés, on est sûr que mêmesi un individu rentre au Cameroun avecla polio, il ne pourra pas facilementtransmettre aux autres puisqu’il existedéjà une immunité collective sur le ter-rain. C’est la raison d’être des efforts

pour renforcer les campagnes de vaccina-tion de masse qui se font deux fois paran et pour renforcer le Programme élargide vaccination (Pev) de routine quiconcerne les enfants de moins d’un an.

Le plan stratégique de luttecontre la polio vise l’objectif :éradication de la poliomyélited’ici 2021. Comment assurer cerésultat lorsqu’on connaît la po-rosité de nos frontières ?

C’est pour cette raison que la luttedoit être collective. Il en est de même dela protection tant à l’intérieur du districtde santé -unité opérationnelle- qu’àl’échelle régional, national ou sous-régio-nal. C’est pour cela que vous avez sou-vent vu qu’on mène des campagnes syn-chronisées avec le Nigéria, laCentrafrique, le Tchad… parce que cespays constituent un risque potentiel. Il ya le Bassin du Lac Tchad du côté duNord. Il y a le Nigéria qui est encoreendémique à la polio. Le risque est per-manent. Mais nous sommes sûrs quenous évoluons vers l’éradication parceque dans ces pays aussi, des efforts sontconsentis. Ils mènent aussi des cam-pagnes de vaccination. De plus de 50 000cas de polio dans le monde il y aquelques années, on en est à une dizainedans certains pays aujourd’hui. Desefforts considérables sont faits.

Propos recueillis par Nadège Christelle BOWA

ERADICATION DE LA pOLIOMYéLITE

Le Cameroun fortement dépendant de l’aide extérieure

DR pAULIN KOUAM

vOIRIE URBAINE

Comment les nids

de poule plom-

bent la circulationLes usagers de la route ont dumal à vaquer à leur occupation,du fait de l’état de délabre-ment de la chaussée. Les nidsde poules dictent leur loi et lesautomobilistes sont obligés derouler à pas de tortue, serpen-tant ainsi les artères de la citécapitale.

Yaoundé, au regard de l’état de déla-brement, d’insalubrité caractérisée et dedésordre, présente le visage d’une villeabandonnée par les autorités publiques.Or la capitale politique accueille pourtantl’année prochaine, la coupe d’Afrique desnations. Sur le terrain, le spectacle estdésolant à propos de l’état de la voirie.Difficile de circuler parce que le bitumecède peu à peu, le temps des précipita-tions a donné l’occasion aux eaux ruisse-lantes de stagner tout en endommageantle bitume. Les nombreux travaux consis-tant à revisiter la tuyauterie servant autransport de l’eau potable n’ont pas étéachevés. Ajouté à cela, l’incivisme descitoyens. Tout est réuni pour que la circu-lation à Yaoundé soit un calvaire. Tenez :du carrefour Lycée bilingue au lieu dit« chez le chef », c’est un parcours du com-battant comme le signale Hugues T,conducteur de moto. Le transporteur ajou-te que « chaque fois, on nous ment qu’onva arranger cette route. C’est surtout pen-dant la campagne. Maintenant on ne saitplus comment faire. Quand il pleut, laboue peut tuer quelqu’un et quand c’est lasécheresse, je ne vous conseille pasd’emprunter ce chemin ». Hugues ajou-te « qu’une femme enceinte a failli accou-cher dans un taxi un jour ici à cause descassis. » Entre Eldorado Mvog Ada et lecarrefour Iptec, la route est parsemée decreux. « les pneus d’un taxi avaient du malà sortir d’un trou jusqu'à ce que les rive-rains se sont mobilisés pour faire sortir levéhicule des nids de poules », lance Jojo,un jeune du coin. Dans le 2è arrondisse-ment de Yaoundé au lieu dit « Mokolo enbas », le bitume s’est détérioré à certainsendroits et cause d’énormes dégâts chezdes automobilistes. « Nos amortisseurs etnos pneus souffrent, nous sommes obligésde ralentir à ces endroits pour limiter lesdégâts. Malgré toutes cesprécautions, nous finissons toujours paraller plutôt que prévu chez le mécani-cien », explique Njoya, conducteur detaxi. Pour tenter de palier à ce typed’inconvénients de problème, les jeunesdu quartier ont entrepris de combler lesnids de poule avec la caillasse pour unrésultat somme toute négligeable puisque« nous ne comprenons plus rien, nous fai-sons déjà face à des embouteillages durantla journée et comme si cela ne suffisaitpas, nous devons batailler avec les trouspour circuler » martèle Arouna.

Par ailleurs, Au niveau de la MobileKondengui, en allant vers la prison cen-trale, les véhicules et les usagers font lacourse à l’espace routier, c’est chacun quitente de se frayer un chemin. « au début,ce n’était qu’un petit trou, mais avec letemps et l’action, il arrive des moments oùdes piétons se font même percutés par desmotos qui quittent la chaussée pour roulerau trottoir », raconte Hermine, vendeusede fruits en bordure de route. Les com-merçantes qui étalent d’habitude leursmarchandises à ce niveau ont été obligéesde reculer afin d’éviter certains désagré-ments.

Linda MANGA MINLO’O (stagiaire)

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Page 10Le Messager

Le Messager no

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pAR SERGE AIMé BIKOI

Après avoir fait, il y a moins de 24 heures, une ana-lyse quantitative des résultats de l'élection présiden-tielle 2018, il est idoine de passer à la phase de l'analy-se qualitative des statistiques électorales renduespubliques par le président du conseil constitutionnel.Pour ce faire, l'intérêt est porté à un décryptage socio-anthropologique des résultats du scrutin sous l'emprisede l'électorat tribal. Dans l'optique d'aboutir à laconstruction de ce schéma interprétatif, référence estfaite au paradigme du pouvoir de l'ethnie conceptualisépar Paul Abouna, Anthropologue culturel.

Au cours de la campagne électorale, une typologiedu vote a été présentée et disséquée pour comprendreles déterminants du choix des électeurs. Point n'estbesoin, une fois encore, de re-préciser ou d'élucider, ànouveau, le vote rationnel, le vote affectif et le voteidentitaire puisqu'il s'agit des trois modalités qui ontété spécifiées en fin septembre 2018. Au vu des résul-tats de la présidentielle 2018, le Cameroun de PaulBiya, de Manu Dibango, de Roger Milla, de AndréMarie Talla, de Hubert Mono Ndzana, de CalixtheBeyala, de Prince Afo Akom, de François Misse Ngoh,Seidou Abatcha et de Charlie Gabriel Mbock n'est pasencore affranchi du vote ethno-régional. En effet, de1992 à 2018, en passant par 1997, 2004 et 2011, lesélecteurs camerounais, pour la majorité démogra-phique, votent pour un candidat en fonction des catégo-ries tribales. D'où la permanence du vote identitaire.

Décryptage socio-anthropologique des sta-tistiques électorales à l'aune du paradigmedu pouvoir de l'ethnie

Le Social democratic front (Sdf) est l'entité poli-tique qui prouve, une fois encore, que ses fiefs électo-raux dits naturels sont, prioritairement, le Nord-Ouestet le Sud-Ouest et, accessoirement, le Littoral etl'Ouest. En effet, Joshua Osih, originaire d'une zoneanglophone dans le Sud-Ouest, candidat malheureux àla présidentielle 2018, a obtenu les meilleurs scoresdans ces quatre aires culturelles. Le postulant de laprincipale formation politique de l'opposition camerou-naise a réalisé, dans le Nord-Ouest, un taux de 10,41%;dans le Sud-ouest, 12,72%; dans le Littoral,où il est

député dans le Wouri, l'élu local a un score de 9,6% et àl'Ouest, Osih s'en tire avec 5,20%. Dans les six autresrégions, les performances de Osih oscillent entre 0,91%pourcentage obtenu à l'Est et 2,11%, taux engrangédans le Centre. Les meilleures performances réaliséespar le 1er vice-président national du Sdf sont les zonesanglophones au vu des chiffres. Si la crise socio-poli-tique n'avait pas eu cours depuis octobre 2016 avec lesrépercussions que ce contexte a créées en termes dedégâts matériel, financier et humain, si le taux de ladémographie électorale, dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, était autant élevé que lors des scrutins prési-dentiels antérieurs, les scores du Sdf auraient été plusaccrus au point de contribuer à l'augmentation dupourcentage global enregistré par cette formation poli-tique. En dépit de la considération des zones anglo-phones comme des girons électoraux de la principaleformation politique de l'opposition camerounaise de parl'autorité charismatique dont dispose Ni John Fru Ndi,le chantre du "power to the people", le fondateur duparadigme du "Biya must go", il y a eu, somme toute,un vote-sanction de la minorité sociologique électricedans ces zones, dont le Sdf a été victime. A preuve, leRdpc y a raflé la mise: 81,76% dans le Nord-Ouest cor-respondant à 27.229 suffrages recensés et 77,69% équi-valant à 45.819 votes acquis. Pourtant en 1992, annéemarquée par l'avènement de la démocratisation de lavie politique, le parti au pouvoir n'aurait pas pu bénéfi-cier de ce score. C'était l'époque où Fru Ndi faisait,d'ailleurs, des émules sur la scène publique.

Le vote identitaire s'est, dans la même veine, tra-duit, à quelques exceptions près, chez des concitoyensBassa originaires des départements du Nyong et Kelléet de la Sanaga Maritime. Cabral Libii Li Ngué Nguéest Bassa d'Eseka et a bénéficié des meilleurs scoresdans les départements mentionnés supra. D'après lesstatistiques électorales rendues publiques, le candidatmalheureux à la présidentielle du Parti Univers a obte-nu 61% dans le Nyong et Kellé et 38% dans la SanagaMaritime. Que ce soit à Eseka, à Matomb, à Manyai, àMandoumba, à Nkeng Likok, à mayebeck, à Edea ou àMom Dibang chez feu Augustin-Fréderic Kodock, LibiiLi Ngué Ngué a été plébiscité. Louis Yinda Yinda,Directeur général de la Sosucam (Société sucrière duCameroun), Perrial Nyodog, entrepreneur économique,et élité du Nyong et Kellé, Pauline Irène Nguene, JeanErnest Massena Ngalle Bibehe, respectivementministres des Affaires sociales et des Transports,parallèlement élites desdits départements, Etienne

Gérard Kack Kack, ancien Maire de Matomb, Bell Lucrené, sénateur du Centre, et élite du Nyong et Kellé,etc ont beau dépensé des liasses de millions de Fcfa etdistribué des ingrédients (tee-shirt; polos; sacs; cas-quettes; pin's; porte-clé) pour convaincre l'électorat desvillages desdits départements de voter pour Paul Biya.Mais la démographie électorale de ces fiefs culturels,fidèle au rituel du vote identitaire, a dit, trivialement,à ces élites politiques urbaines: "To ni nti bés bi mil-lions di ntep man mbaii Cabral libii" (Traduction:Même si vous nous donnez des millions de Fcfa, nousallons voter pour l'enfant du village Cabral Libii). Eteffectivement, l'enfant du village des Bassa a été élupar ses frères, soeurs, cousins, oncles, tantes, nièces,parents et grands-parents (toutes composantes socialesréunies). Même l'Union des populations du Cameroun(Upc), administrative, alliée au parti du flambeauardent, et dont Robert Bapooh Lipot est la figure deproue, a, de manière lamentable, échoué tant lesjeunes, les adultes et les personnes du 3ème âge ontjeté leur dévolu sur le fils, le frère et, partant, sur l'en-fant du village. Oui "Man mbaii" (l'enfant du village) aété élu et occupe le 3ème rang dans le classement desneuf prétendants.

Cependant, suffit-il de clamer, mieux de penser queseuls les Bassa du Littoral et du Centre ont permis àC. Libii Li Ngué Ngué d'occuper le 3ème rang au pointde ravir la vedette à l'aspirant malheureux du Sdf?Que nenni! Il y a aussi, en dehors des électeurs origi-naires du Nyong et Kellé et de la Sanaga Maritime, desvotants issus d'autres communautés ethno-régionales,qui ont choisi Libii. Par exemple, dans le septentrionet, singulièrement, dans l'Adamaoua, C. Libii a réalisé,contre toute attente, un taux de 11,30%. Le jeune lea-der politique vient en 2ème position après P. Biya, quidétient 79,77%. Même dans le Nord, le candidat duparti Univers occupe le 2ème rang avec 5,77%; il suitBiya, qui est, comme à l'accoutumée, largement en têteavec 81,62%. Libii a même gagné Garga Haman Adjidans le fief septentrional, qui lui était acquis antérieu-rement, du moins, dans le Nord. Le président nationalde l'Alliance pour la démocratie et le développement(Add) a mordu la poussière, en ayant, dansl'Adamaoua, le Nord et l'Extrême-Nord, les scores res-pectifs de 2,6%, 2,92% et 1,77%. Pourtant, le coordon-nateur national du mouvement "11 millions decitoyens" y a enregistré respectivement 11,30%, 5,77%et 2,81%. Par conséquent, ce ne sont pas exclusivementles Bassa qui ont voté pour Cabral. Même les compa-

triotes nordistes ont élu le trentenaire.S'agissant du cas Kamto, c'est une lapalissade de

soutenir la thèse suivant laquelle le candidat malheu-reux du Mrc a été, majoritairement, élu par les popula-tions de l'Ouest-cameroun. A titre d'illustration, dansla région du soleil couchant, en dehors de P. Biya quitient la vedette avec 48,19%, M. Kamto le talonne deprès avec 30,26% et est, à cet effet, classé 2ème. Demême, dans le Littoral composé, certes, d'une démogra-phie cosmopolite, il y a, selon les statistiques contem-poraines, une forte composante de la communauté del'Ouest, qui est implantée et qui est représentée à prèsde 60%. Mus par une solidarité mécanique et agissanteau sens durkheimien du terme, les agents originairesde cette communauté n'ont pas hésité à cibler et à plé-bisciter le tireur de penalty au point de parvenir àdammer le pion à P. Biya. M. Kamto occupe la tête duclassement dans le Littoral avec 38,60% contre 35%pour son dauphin. Même dans le Centre, où la commu-nauté des originaires de l'Ouest est fortement repré-sentée dans des arrondissements du département duMfoundi, le Mrc occupe le 2ème rang avec 15,25%. Ilsuit directement l'homme du 6 novembre 1982, qui esten tête avec 71,10%.

Fils de Mvomeka'a dans la région du sud, baptisé"pays organisateur" par feu Charles Ateba Eyene, P.Biya a, certes, gagné dans neuf régions du Camerounavec des scores fort favorables, mais la meilleure per-formance réalisée par l'enfant du Sud, c'est effective-ment et naturellement dans le Sud. L'homme-lion setaille la part du lion avec 92,91% équivalant à 181.346suffrages obtenus au total. En dépit des mésaventuresdont sont victimes les couches locales du "pays organi-sateur", les frères, sœurs et fraters de cette contrée ontpréféré plébisciter le "Nnom Gui" avec un taux plusélevé que celui enregistré dans les huit autres régions,où il occupe aussi le haut du pavé. Les Bulu deMeyomessala, de Sangmelima, d'Ambam, d'Akom 1 et2 ont donc opté pour le maintien au pouvoir de leur fils,frère et père P. Biya, en accomplissant, bien évidem-ment, le vote identitaire. C'est véritablement la maté-rialisation du vote tribal, qui détermine, majoritaire-ment, le choix de l'électorat ethno-régional. Le vote est,par corollaire, régi par des considérations ethniques,voire ethnicistes afférentes à la manifestation du para-digme du pouvoir de l'ethnie théorisé par Paul Abouna,Anthropologue culturel.

Résultats de la présidentielle 2018 : analyse socio-anthropologique de la démocratie sous l'emprise de l'électorat tribal

Yaoundé, le 23 OCT. 2018

N° 000043 /C/MINEPDED/SG/DPDD/SDPGE

COMMUNIQUE DE PRESSE

Le Ministre de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable,informe la communauté nationale et internationale, de la tenue des audiences publiques relativesà l’Etude d’Impact Environnemental et Social du projet d’aménagement hydroélectrique du biefdes gorges, du Ntem soumise par la société NTEM DOWSTREAM HYDROPOWER CAMEROON.

Ces audiences se tiendront du 31 octobre au 7 novembre 2018, de 10 heures à 16 heures dansles Mairies de Campo et de Ma’an.

Les audiences publiques visent à recueillir les observations du public sur ladite étude. LeMinistre de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable invitepar conséquent, les populations et autres parties intéressées, à participer activement à cet exerci-ce.

Le Ministre DéléguéDr NANA ABOUBAKAR DJALLOH

REPUBLIQUE DU CAMEROUNPaix-travail-patrie

--------------MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT DE LA PROTECTION DE

LA NATURE ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE---------------

SECRETARIAT GENERAL---------------

REPUBLIC OF CAMEROONPeace-Work-fatherland

--------------MINISTRY OF ENVIRONMENT, PROTECTION OF NATURE

AND SUSTAINABLE DEVELOPEMENT---------------

SECRETARIAT GENERAL---------------

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Le Messager no

5174 Mercredi 24 Octobre 2018

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Récemment nommé à la tête dela sélection des moins de 23ans du Cameroun, l’anciencapitaine des Lions indomp-tables a dévoilé hier mardi 23octobre, sa première liste dejoueurs convoqués. 35 élé-ments retenus pour le stage depréparation qui va se tenir àpartir de jeudi avant le débutdes éliminatoires de la Can auTchad les 12 et 20 novembreprochains.

Magnan mouille déjà le maillot ! Unesemaine après sa nomination, le désormaisex-coach des A’ a déjà le pied à l’étrier.Avec la compétition qui arrive à grandspas, il devenait urgent de constituer l’équi-pe qui va valablement représenter leCameroun. A ce titre, Rigobert SongBahanag a fait appel à son prédécesseurRichard Towa pour établir une premièreliste de 35 joueurs. « Je me suis rapprochéde Towa pour sortir cette liste de 35joueurs. Je n’ai pas eu le temps de dénicherles joueurs sur le terrain. Je vais d’abordfaire avec ce qu’il a commencé, ce qu’il afait et je vais me baser dessus avant de voirplus tard ce que je vais faire personnelle-ment. Déjà que dans la présente liste, ilfigure aussi quelques joueurs que j’ai suivisde près avec les A’ », a-t-il avoué hier enconférence de presse au siège de laFédération camerounaise de football(Fécafoot). Et d’ajouter « je me suis dit,compte tenu du temps, puisque cela faitdeux mois qu’on a arrêté la date du cham-pionnat. Je me suis d’abord concentré surles joueurs locaux et après, je pourrai faireappel aux internationaux. Cependant, noussommes déjà en contact avec certainsjoueurs qui jouent en Europe. J’ai mêmeappelé Patrick Vieira tout récemment. Peut-être on aura besoin de certains joueurs chez

lui et vice-versa. Donc on va travaillerensemble. On est dans l’urgence, mais onva faire l’effort pour donner le meilleur ».

Bien se préparer pour gagner Même s’il n’a pas réussi à avoir un bon

résultat avec les A’ à la 5ème édition duchampionnat d’Afrique des nations (Chan)au Maroc, c’est avec sérénité qu’il préparela prochaine édition. « J’ai déjà passé uneétape au Chan au Maroc, on était bloquéavec les A’ et maintenant, je me suis bienpréparé pour gagner le match », a-t-il révé-lé. Les joueurs sont attendus à la Fécafoot,munis de leurs passeports le 25 octobreprochain où ils entreront en stage jusqu’au17 novembre prochain. Toutefois, desinterrogations persistent. Pourquoi se pas-ser de l’expérience des professionnelsjouant hors des frontières du Cameroun?

Eux, qui ont des matchs dans les jambes,contrairement à certains locaux en« congés technique » depuis plusieurssemaines? Sûrement pour donner unechance aux joueurs évoluant sur le terroirde prendre en main leur destin. Maisattention, derrière il s’agit d’une Can etqui plus est qualificative pour les Jo de2020 au Japon.

En rappel, l’ancien capitaine des Lionsindomptables a remplacé au poste d’entraî-neur Richard Towa. La décision de laFécafoot était intervenue quelques heuresaprès la publication par ce dernier d’uneliste de 35 joueurs appelés en stage dès le22 octobre 2018. Rigo a comme adjoint GuyFeutchine, ancien Lion lui aussi. Au postede Team Press Officer, le confrère BoneyPhilippe saute.

Rostand TCHAMI

« Peaufiner notre stratégie pour garder une équipe consistante »Sélectionneur de l’équipenationale féminine, le techni-cien analyse les chances de sespouliches logées dans la pouleA avec le Mali, l’Algérie et leGhana, pays hôte de la couped’Afrique des nations quidémarre le mois prochain.

Quel est votre sentiment après letirage au sort de la Can 2018 effectuédimanche dernier au Ghana ?

C'était très attendu. J'ai même eu l'im-pression que la Confédération africaine defootball a traîné, mais c'est enfin là. C'estun tirage qui nous permet de savoir qu'onva jouer contre toute l'Afrique. Il y al'Afrique de l'Ouest avec le Ghana qu'on neprésente plus, à ne pas confondre avec leGhana qui a joué en amical avec la France,car il est en stage depuis plus d'un an, et leMali qui semble revenir sur la scène étantplus fort car, ayant éliminé la Côted'Ivoire. Il y a l'Afrique du Nord avecl'Algérie. Ca va se jouer et nous allonsprendre tous les matchs comme desfinales.

Vous affrontez d'emblée le Maliensuite, l'Algérie et enfin le Ghana.Quels commentaires faites-vous de cecalendrier ?

Il n'y a aucun match à prendre à lalégère. On va jouer notre premier match le17. Ca veut dire qu'on est à moins d'unmois maintenant du début de la compéti-tion. Il faut partir avec l'intention degagner tous les cinq matchs et non essayerde voir s'il faut faire des calculs, ce qui nem'intéresse pas d'ailleurs. Pour moi, il est

important de regarder tous nos adver-saires de la même manière. Aujourd'hui,on se prépare comme si on voulait affron-ter le champion du monde. Donc, quel quesoit le moment où on devrait rencontrer leGhana, on doit jouer avec la même consis-tance.

Une appréciation quand même surla poule B où on retrouve le Nigéria, leKenya et l'Afrique du Sud...

La poule B est tout aussi relevée. LeKenya qui a été rappelé au derniermoment semble être le petit poucet, maisrappelez-vous qu'à la coupe Cosafa 2018,malgré le fait d'avoir laissé certaines deses joueuses cadres, il a fait une prestationhonorable. Il y a l'Afrique du Sud quiaprès avoir gagné la Cosafa a pris goût àla compétition, et le Nigéria qui n'est plusà présenter. C'est un groupe qu'on varegarder avec beaucoup d'intérêt aussi caron sait que l'Afrique du Sud et le Nigéria

partent favoris, même si je pense que laZambie a son mot à dire.

Quelles sont les leçons à tirer de lacoupe Cosafa 2018 et du match amicalcontre la France?

Il n'y a pas grand’chose à dire après lematch contre la France car, on n’a pas euune préparation conséquente à la Cosafa.Nous sommes partis avec des joueuseslocales, dont il y a encore du travail à faireet jusqu'au dernier jour, on sera encore entrain de chercher la meilleure osmose pos-sible entre les professionnelles et lesjoueuses locales. D'ici le 2 novembre, onpourra avoir l'essentiel de notre groupe. Le4, toutes devront être là et nous pensonsqu'en deux semaines, avec ce que nousavons déjà vécu avant la préparation, nousallons continuer et le travail abattu devranous permettre d'aller affronter les 5matchs avec la même consistance.

Comment comptez-vous peaufinervotre préparation et quels seront lesaxes prioritaires ?

Actuellement, on est à Mbankomo, oncontinue de peaufiner notre stratégie.Nous avons souhaité jouer en amical enaller et retour contre la Guinée Équatoria-le, mais je ne sais pas si elle aura la mêmemotivation après sa disqualification. Donc,si le programme reste inchangé, samedi etmardi, nous nous y rendrons. Selon le pro-gramme qui est établi, nous devrions alleren Côte d'Ivoire pour peaufiner notre pré-paration. Si on peut avoir des sparring-partners tels que le Maroc, la Tunisie, et sion peut jouer contre la Côte d'Ivoire ou leSénégal ou même le Burkina Faso, ceserait bien pour nous.

C.T. avec press-sport

ELIMINATOIRES CAN U-23

Rigobert Song mise sur le vivier local

JOSEph NDOKO

vOLLEY-BALL FéMININ

Trois clubsqualifiés pourle Final 4Bve, Injs et Nyong etKellé ont décroché leurticket, à  l’issue des duelsdu Final 6 Dames qui sesont  déroulés du 19 au 21octobre dernier  àYaoundé.

L’Institut national de la jeu-nesse et des sports (Injs), tenantdu titre, Bafia Volley-ballEvolution (Bve) et Nyong-et-Kellé Volley-ball (Nek) sont lespremiers clubs qualifiés pour laprochaine étape de la Camtelvolleyball championship Dames,le Final 4. « L’objectif a étéatteint. On s’est bien préparé.Les filles ont été moyennes. Onva essayer de corriger les erreurspour être plus performant lorsdu prochain tour», rassureAnomah Neba, l’entraîneur duclub du Mbam. La quatrièmeéquipe qui accédera à cetteétape de la compétition sera levainqueur du duel qui oppose-ra Bafang Volley-ball (Bvb)aux Forces armées et Police(Fap). Initialement prévue le 21octobre dernier, cette rencontreinterrompue par la pluie, a étéreportée à une date ultérieu-re, qui sera arrêtée par laCommission des arbitres, aexpliqué la Fédération camerou-naise de volley-ball (Fecavolley).

Ces clubs ont décroché leurstickets pour la prochaine étape àl’issue du Final 6 qui s’estdéroulé du 19 au 21 octobre der-nier à l’Institut national de lajeunesse et des Sports.Organisée par la Fédérationcamerounaise de volley-ball,cette compétition oppose lesclubs qui se sont distingués lorsdes quatre principaux regroupe-ments sectoriels. MarouaVolley-ball (Mvb) est déjà élimi-né de la compétition. « Dansl’ensemble, la prestation deséquipes a été moyenne. On aassisté à des rencontres très ser-rées. Des équipes comme Bafiavolleyball Evolution et Nyong etKellé ont montré de très belleschoses sur le plan technique.L’expérience des internationalesa aussi été pour beaucoup dansla victoire de certaines forma-tions. J’espère qu’elles continue-ront à travailler avec la mêmeintensité. Pour le reste, on a vude belles choses. Mais, il est clairque certaines équipes doiventencore faire beaucoup d’effortspour entrer dans le top 4», ana-lyse le directeur techniquenational, Patrice ObougouObougou.

Le championnat masculin aété reporté au week-end du 6novembre prochain, en raison dela participation de l’équipe deFap au tournoi de la zone IV auCongo. Cependant, les Final 4dames et messieurs se déroule-ront au même moment, les 16,17 et 18 novembre. Idem en cequi concerne les finales quidétermineront les champions dela saison 2018, prévues le 24novembre.

Marie Louise MAMGUE

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