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Edition française - Janvier 2002 Tassa Riscossa - Taxe Perçue. ASTI C.P.O. N° 52 Anno XVIII n. 1 - Gennaio 2002 - Sped. a. p. - art. 2 - comma 20/c, Legge 662/96 - Filiale di Asti - Organo ufficiale del Centro Librario Sodalitium - Loc. Carbignano, 36. 10020 VERRUA SAVOIA (TO) Tel. +39.0161.839.335 - Fax +39.0161.839.334 - IN CASO DI MANCATO RECAPITO, RINVIARE ALLUFFICIO C.R.P. ASTI PER RESTITUZIONE AL MITTENTE CHE SI IMPEGNA A CORRISPONDERE LA RELATIVA TARIFFA

N° 52 Edition française - Janvier 2002 - SodalitiumSodalitium - Loc. Carbignano, 36. 10020 VERRUA SAVOIA (TO) Tel. +39.0161.839.335 - Fax +39.0161.839.334 - I N CASO DI MANCATO RECAPITO,

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EditorialEditorial“La mesure est comble désormais:

ce Pape exagère. Et le voyage deces jours-ci [en Grèce, à Malte et

en Syrie] le confirme. Jean-Paul II déformele passé de l’Eglise, il expose celle-ci aurisque d’être humiliée, il rend hommage à sespersécuteurs, il entend l’œcuménisme commeun syncrétisme, où une religion semble en va-loir une autre. Même si jusqu’alors elles n’ontpas osé se manifester à découvert, telles sontles humeurs qui règnent, telles sont lesphrases qu’on peut entendre dans une partiede la Curie romaine en harmonie avec un ré-seau d’évêques ayant charge d’âmes. Seul leschématisme idéologique pousse encore deprésumés ‘experts en affaires vaticanes’ à pré-senter Jean-Paul II comme un porte-drapeaude la ‘droite conservatrice’ et un adversaire dela ‘gauche progressiste’. En réalité, quiconnaît la situation ecclésiale actuelle saitque, depuis un certain temps, il en est tout au-trement. Les troupes lefebvristes ne sont plusles seules à l’accuser de modernisme, d’héré-

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sie, de diffamation blasphématoire de l’his-toire de l’Eglise. Parmi les Congrégations, lesSecrétariats, les Instituts de la machine catho-lique, les malaises et les soupçons vont crois-sant. Le cahier de doléances, déjà gros, seremplit chaque jour de nouveaux chefs d’ac-cusation. Ce n’est pas un mystère, lorsqueJean-Paul II parla, lors d’un consistoire, deson désir de demander pardon pour les‘fautes’ de ses prédécesseurs, la majorité descardinaux repoussa cette idée. Le Pape,alors, seul, passa outre: pourtant, l’approba-tion des ‘progressistes’ fut accompagnée dusilence hostile de vastes secteurs ecclésias-tiques, même non traditionalistes, mais pré-occupés de sauvegarder vérité et justice”.

Les paroles que nous venons de trans-crire ne sont pas de nous, mais de l’écrivainVittorio Messori, et forment l’incipit d’unarticle publié en première page du plus pres-tigieux quotidien italien, le Corriere dellaSera, sous le titre: Un grande pericolo [Ungrand danger].

Sodalitium, naturellement, ne considèrepas M. Messori (qui ne fait que partielle-ment siennes les critiques qu’il attribue àcertains prélats) comme un Docteur de

Editorial p. 2Conclusion de l’introduction au problème juif: “Vous avez le diable pour père” p. 4“Le Sel de la terre” et le sédévacantisme p. 18Dossier: L’abbé Carandino et le témoignage de la Foi p. 35L’Osservatore Romano: Le cas Rosmini... p. 40Le Pape Libère, Saint Athanase et les ariens p. 47Errata - Le Bon Conseil n° 7 p. 59Vie de l’Institut p. 60

“Sodalitium” Périodiquen° 52, Anno XVIII - n. 1 Gennaio 2002

Editore: Centro Librario SodalitiumLoc. Carbignano, 36. 10020 VERRUA SAVOIA TO Italie

Tel.: +39.0161.839.335 Fax: +39.0161.839.334INTERNET: www.plion.it/sodali

email: [email protected]

Direttore responsabile: don Francesco Ricossa Autorizzazione Tribunale di Ivrea n. 116 du 24-2-1984

Tipografia: Ages - Torino

Sur la couverture: Saint Michel terrassant le Démon d’aprèsle récit de l’Apocalypse. Peinture de Raphaël datant de 1504.(Paris, Musée du Louvre).

✍ Sommaire

Ai sensi della Legge 675/96 sulla tutela dei dati personali, i datiforniti dai sottoscrittori degli abbonamenti verranno trattati informa cartacea ed automatizzata e saranno utilizzati esclusiva-mente per invio del giornale oggetto di abbonamento o di altrenostre testate come copie saggio e non verranno comunicate asoggetti terzi. Il conferimento dei dati è facoltativo ed è possi-bile esercitare i diritti di cui all’articolo 13 facendone richiestaal responsabile trattamento dati: Centro Librario Sodalitium.

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l’Eglise. Mais M. Messori est l’unique écri-vain et journaliste catholique à avoir publiéun livre-entrevue, l’un avec le préfet de laCongrégation de la Foi, Ratzinger, et l’autreavec Jean-Paul II. En tant que journaliste etécrivain estimé dans le milieu catholique, ilpeut être considéré non pas comme une au-torité mais comme un écho. Dans le cas pré-sent, M. Messori se fait l’écho des soupçons,toujours plus répandus parmi les catho-liques, de l’hétérodoxie de Jean-Paul II, desa réputation d’hérésie (ce sont les parolesmêmes de Messori), soupçons qui désormaisont franchi le cercle restreint du “traditiona-lisme”. Jean-Paul II est publiquement sus-pecté d’hérésie, de modernisme, de syncré-tisme. Ce soupçon diffus ne jette-t-il pas undoute jusque sur son autorité et sa légitimi-té? Certains ont fait remarquer comme étaitlogique la conséquence d’une semblable cri-tique. Récemment, l’abbé Gianni BagetBozzo - dont nous ne partageons pas bonnombre de prises de position, et tout spécia-lement celle, aberrante, de considérer lesEtats-Unis et Israël comme le rempart del’Occident chrétien (et nous reviendronsprochainement sur la question) - l’abbéBaget Bozzo, donc, a cependant durementcritiqué le dialogue inter religieux avecl’Islam (dialogue qui a sa genèse dans le do-cument Nostra Ætate de Vatican II) ainsique la demande de pardon à la Chine popu-laire, mettant courageusement en cause l’or-thodoxie de Jean-Paul II... Or, AndreaTornielli - dans le même Giornale que BagetBozzo, en a conclu que la position du prêtregénois contient implicitement “une affirma-tion pas nouvelle, qui retentit très proche dela pensée des franges dites ‘sédévacantistes’,c’est-à-dire de ceux qui considèrent Pacellicomme le dernier ‘véritable’ Pape et ne re-connaissent pas comme légitimes ses suces-seurs à partir de Jean XXIII” (5 octobre2001, p. 16).

Comme on peut voir, avec le temps, le“sédévacantisme” au lieu de devenir caducsemble acquérir notoriété et actualité. Peut-on encore le taxer d’une invraisemblancetelle qu’il ne mérite même pas d’être exami-né et pris en considération? Paradoxa-lement, c’est justement par les “traditiona-listes” eux-mêmes qu’il est fortement com-battu, y compris ceux qui, comme les domi-nicains d’Avrillé, ont combattu de façon mé-ritoire contre tout “accord” laissant de côté

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la défense de la bonne doctrine. C’est à cesconfrères que nous répondons dans ce nu-méro de Sodalitium. Nous sommes convain-cus que si les critiques de Mgr Lefebvre etde ses disciples sont souvent fondées lors-qu’elles s’adressent au “sédévacantisme”complet, elles sont vaines en ce qui concernela thèse théologique du Père M.-L. Guérarddes Lauriers, o.p. Quel pas en avant déjà sinos contradicteurs de bonne foi savaient dis-tinguer entre les deux positions, et s’ils étu-diaient avec plus d’objectivité la Thèse duPère Guérard!

Malheureusement, la majeure partie desopposants à Vatican II s’affairent à toutautre chose...

Au moment même où la réputation d’hé-résie - c’est M. Messori lui-même quil’admet - offusque le nom de Jean-Paul II, laFraternité Saint-Pie X, guidée par MgrBernard Fellay, est sérieusement tentéed’accepter les offres qui lui sont faites par lemême Jean-Paul II par l’entremise du cardi-nal Dario Castrillon Hoyos. Un endurcisse-ment, prévisible, de la part des opposantsdes deux partis (épiscopat français, parexemple, d’un côté, et certains des évêquesconsacrés par Mgr Lefebvre, de l’autre) afait remettre au lendemain un document quiétait déjà prêt pour la publication le 27 mars.Les négociations, entrées dans une nouvellephase à la suite du pèlerinage de laFraternité Saint-Pie X en août 2000 pour

Le cardinal Dario Castrillon Hoyos

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CONCLUSION DE L’INTRODUCTIONA LA QUESTION JUIVE:

“VOUS AVEZ LE DIABLEPOUR PERE”!

Par M. l’abbé Curzio Nitoglia

PROLOGUE

En 1991 je commençai de traiter dansSodalitium la “question juive” d’unpoint de vue catholique, en me réfé-

rant à ce qu’avaient enseigné les Pères del’Eglise, les Docteurs, les Saints, les théolo-giens qualifiés, le Magistère pontifical et desauteurs sérieux (1) sur les rapports entreJudaïsme (tant vétérotestamentaire quepost-biblique) et Christianisme. Je suisconvaincu, que ce “problème” représente lecœur de notre Sainte Religion. En effet onne peut comprendre complètement l’Evan-gile, si l’on a pas compris le rapport qui exis-te entre l’Ancien et le Nouveau Testament,entre la Synagogue talmudique et l’Egliseromaine.

J’ai affronté le “problème” qui est surtoutune question de Foi, mais qui a aussi des consé-quences “politiques”, en n’étant aucunementanimé par des sentiments de racisme biolo-gique et matérialiste. En effet les Catholiquestendent à former une Société chrétienne,conformément à leur Credo et à leur Morale,individuelle et sociale; alors que le peuple juif,qui s’est obstiné dans le refus du Messie Jésus-Christ, tend à régner sur le monde entier,conformément à l’esprit talmudique et phari-saïque, qui rêve d’une ère messianique de pros-périté matérielle et temporelle.

Mgr Mattioli écrit: «Du peuple juif de-vait naître le Messie... Israël avait une mis-sion historico-salvifique à accomplir. Oravec la naissance du Christ cette mission aété remplie... A Israël, peuple des pro-messes, a succédé l’Eglise chrétienne,peuple de la réalisation. Cette élection divi-ne a eu lieu, mais les motifs pour qu’ellesubsiste encore n’existent plus. L’on ne peutpas confier un privilège usque ad finem,

l’“Année sainte”, après une période de stag-nation en avril 2001, ont repris intensémenten mai, et Mgr Fellay est arrivé au point dedéclarer qu’il accepte les 95% de Vatican II,et que d’ailleurs il s’oppose, à la Ratzinger,plus à l’esprit qu’à la lettre du Concile...

L’été a mis les négociations en sourdine,mais l’automne en a révélé la maturation parun premier fruit: les prêtres du diocèse deCampos (en son temps celui de Mgr de CastroMayer) acceptent, semble-t-il, une paix sépa-rée sans même attendre la Fraternité Saint-Pie X; les héritiers de l’un des deux évêquesdes consécrations épiscopales de 1988, avec àleur tête Mgr Rangel, consacré par lesévêques de la Fraternité, seraient sur le pointde déserter. De ce nouvel abandon, laFraternité Saint-Pie X et son supérieur MgrFellay sont-ils tout à fait innocents?

Juste au moment où l’on devrait insisterdavantage sur les erreurs doctrinales deVatican II qui commencent à se révélercomme telles, tragiquement, la voie du com-promis pragmatique est choisie (toutes lesprétentions doctrinales de la Fraternité dansles négociations consistent à faire accepter le“biritualisme”, c’est-à-dire la coexistence dela Messe romaine avec le missel de PaulVI!). Encore une occasion gâchée...

Notre petit Institut, au milieu de milledifficultés pourtant, s’efforce de maintenirau moins le témoignage de la Foi et, aussi,de secourir le plus grand nombre possibled’âmes. Comme vous pourrez le lire dans cenuméro de Sodalitium, nous avons ouvertune maison près de Rimini grâce à la colla-boration - depuis le mois de juin - de l’abbéUgo Carandino, prieur 11 ans durant àRimini pour la Fraternité Saint-Pie X: évé-nement important et significatif; comme lesera - si le projet à peine ébauché en sep-tembre se développe - la fondation de labranche religieuse féminine de l’Institut.

Après un long silence, voilà Sodalitium ànouveau dans vos foyers pour vous souhai-ter de bonnes et joyeuses fêtes de Noël et deNouvel An. Nous avons dû réduire l’épais-seur de ce numéro afin qu’il puisse paraîtreau plus tôt; de nombreux articles (entreautres certains sur les négociations de laFraternité avec Jean-Paul II et un sur lesévénements du 11 septembre) sont renvoyés- nous l’espérons - au prochain numéro.

Que Dieu vous bénisse, par l’intercessionde la Mère du Bon Conseil.

La question juive

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quand il n’était que usque ad tempus... C’estpar rapport à cette “prédilection” que dansle passé le peuple juif s’est considéré “diffé-rent” des autres... c’était le peuple de Yahvé.Aujourd’hui encore, en n’acceptant pas quela mission historique soit achevée, l’attitudecontinue dans la même ligne. Ce fait en soin’aurait pas eu de conséquences sur le planpolitique si n’avaient pas mûri dans l’espritdes Juifs deux attitudes: celle de supérioritéà l’égard des autres peuples et celle de nepas se confondre, ne pas s’identifier avec lespopulations limitrophes... Ce sont ces deuxstyles de vie qui ont empêché l’harmonisa-tion et fait considérer les Juifs aux yeux despopulations les accueillant comme un “corpsétranger”» (2).

Le chercheur juif Bernard Lazare lui faitécho lorsqu’il décrit parfaitement l’attitudeconstante des Juifs au cours de l’histoire:«Les Juifs émancipés pénétrèrent dans lesnations comme des étrangers... Ils formaientun peuple parmi les peuples, un peuple spé-cial conservant ses caractères grâce à desrites stricts et précis, grâce aussi à une légis-lation qui le tenait à l’écart et servait à leperpétuer. Ils entrèrent dans les sociétés mo-dernes non comme des hôtes, mais commedes conquérants... il leur fut facile de s’em-parer du commerce et de la finance» (3).

Mgr Mattioli ajoute: «Ce comportementuni à un certain état d’esprit de supériorité,d’avidité d’argent poussé parfois jusqu’àl’usure et au désir de ne pas “se contaminer”avec les autres, a souvent exacerbé les es-prits des populations les recevant... DeVries... en décrivant les causes de l’antisémi-tisme perçoit un cheminement constant, in-dépendant de la religion et de la civilisationdes Etats où vivaient les Juifs.

L’auteur met en évidence cinq phases:d’abord ils furent accueillis par la populationsans préjugés; ensuite ils obtinrent un traite-ment de faveur qui consolide leur condition;dans un troisième temps leur fortune dans larichesse et le prestige de la culture commenceà susciter un sentiment d’envie et d’aversionà leur égard; s’ensuit une période d’opposi-tion et de lutte... avec des périodes de calme;enfin le cinquième stade, le peuple exaspérérompt les freins et la rivalité ouverte éclatejusqu’à en demander l’expulsion» (4).

Le fait que la “question juive” ait aussides conséquences politiques et sociales (enplus d’être une question surtout théologique

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et relative aux fins dernières) se constate enétudiant le rapport entre Judaïsme, Super-capitalisme et Socialo-communisme. Le rab-bin Baruch Lévy, dans une lettre à KarlMarx, augurait une République universelle,en ces termes: «Dans cette nouvelle organi-sation de l’humanité, les fils d’Israël, dissé-minés par le monde, deviendront partout,sans rencontrer aucune opposition, l’élé-ment dirigeant, spécialement s’ils réussissentà imposer aux masses ouvrières la directiond’un Juif. De cette manière, avec l’aide de lavictoire du prolétariat, les gouvernementsdes nations qui s’intégreront dans laRépublique Universelle, passeront facile-ment aux mains israélites. La propriété pri-vée pourra alors être supprimée par des diri-geants de race juive, qui administreront la ri-chesse publique sous un tout autre aspect.Ainsi s’accompliront les promesses duTalmud, selon lesquelles les Juifs, une foisvenus les temps du Messie, auront en mainsles richesses de tous les peuples du monde»(5). Le Socialisme n’est donc pas ordonné àl’élévation du prolétariat et à l’adoucisse-ment des injustices sociales, mais à la domi-nation juive dans le monde entier.

Représentation du diable bandant les yeux à un juif(Bréviaire d’amour de Ermengaut de Béziers, XIVème

siècle, St Laurent de l’Escorial, Bibliothèque Laurentine)

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La Civiltà Cattolica (6) explique que deuxfaits apparemment contradictoires, coïnci-dent en réalité dans le Juif disséminé dans lemonde entier: la domination sur l’argent etla prépondérance dans le Socialo-communis-me. L’influente revue des Jésuites cite dePoncins: «D’un côté, [les Juifs] ont été parmiles fondateurs du capitalisme industriel et fi-nancier et ils collaborent activement à cettecentralisation extrême des capitaux qui faci-litera sans doute leur socialisation; del’autre, ils sont parmi les plus ardents adver-saires du capital. Au Juif draîneur d’or...s’oppose le Juif révolutionnaire... ARothschild correspondent Marx et Lassalle»(7). Concernant la domination du Judaïsmesur la finance, de Poncins la démontre parde nombreuses citations d’auteurs juifs,comme Lazare qui affirme: «[A partir del’émancipation des Juifs avec la Révolutionfrançaise] en un seul siècle ils sont devenusles maîtres de l’argent, et, par l’argent... ilssont devenus les maîtres du monde».

De Poncins démontre aussi avec autoritéla prépondérance juive dans le Socialo-com-munisme: les deux “prophètes rouges” Marxet Lassalle étaient tous deux juifs, comme laplupart des chefs du Bolchevisme russe,Trotsky, Sverdloff, Zinovef, Kameneff,Uriski, Sokolnikoff et Lénine lui-même,comme on s’en est aperçu récemment: «Lepère de la Révolution bolchevique était juifpar ascendance maternelle... Quelque chose...avait filtré dans les années de la perestroïka...mais l’autorisation d’en révéler la preuve do-cumentée n’a été accordée que récemment.(...) Les spécialistes... ajoutent que Lénineavait été informé par sa mère de ses originesjuives, mais qu’avec ses proches il a toujoursmaintenu le secret» (8). En Allemagne, les di-rigeants du spartakisme Liebknecht, RosaLuxembourg, Kurth Eisner, Eugène Levineétaient juifs; de même en France Léon Blum,chef du Socialisme français, et en Espagne lemaître absolu de Madrid dévastée par laguerre civile était Heinz Neumann, juif d’ori-gine allemande.

«Ce double aspect, apparemment contra-dictoire, coexiste dans le Judaïsme, et estconscient et voulu», poursuit La CiviltàCattolica à la page 38. Mais comment expli-quer ce lien entre haute Finance etRévolution? 1°) La mentalité socialiste et su-percapitaliste se ressemblent, parce que toutesles deux se fondent sur une conception écono-

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mico-matérialiste du monde, d’origine judéo-puritaine. 2°) Il faut distinguer entre le pro-priétaire (de la terre ou de l’industrie) et le fi-nancier ou l’affairiste, qui vit de spéculation.Le désordre social et la Révolution, sont fatalsaux premiers, mais sont occasion de profitpour les seconds. 3°) Le Socialisme n’est pasla fin de la Révolution, il peut être parfois unmoyen de destruction qui favorise la Financeinternationale. La Civiltà Cattolica poursuit:«Les Juifs sont riches, mais d’une richesse dif-férente de celle des autres hommes, laquelle,plutôt que de leur faire craindre le Com-munisme, leur en fait espérer le profit. Ils sontcapitalistes au sens moderne du mot, c’est-à-dire spéculateurs et trafiquants d’argent...Leur prototype est le banquier. Toute sa pro-priété se réduit, en somme, à un coffre et à unportefeuille» (9). Le moyen le plus rapide pourarriver à la domination du monde pour leJudaïsme est dans certains cas le Socialo-com-munisme, qui en enlevant la propriété auxgoyim et en la centralisant toute entre lesmains du Parti, dirigé en grande partie par desJuifs, réalisera le projet talmudique de rendreIsraël le Roi et le Prêtre du monde, de toutemaison, bourse... Synagogue et Loge.Toujours La Civiltà Cattolica, dans un autrefascicule, corrobore la thèse ci-dessus, en sou-tenant: «Les gouvernements... passeront... auxmains israélites, au moyen de la victoire duprolétariat. Alors la propriété individuellepourra être supprimée par les gouvernants derace juive, lesquels administreront partout la

Représentation de l’Eglise et de la Synagogue (à droite),aveugle et conduite par la main par le Diable (Missel de

l’abbaye St Pierre de Gand, XIIIème siècle)

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fortune publique. Ainsi se réalisera la promes-se du Talmud selon laquelle... les Juifs tien-dront sous leurs clés les biens de tous lespeuples du monde... Les ouvriers sont doncl’instrument dont doivent se servir les Juifspour devenir les maîtres du monde... laRévolution socialiste ou communiste est lavoie la plus courte et la plus sûre pour la tota-le concentration des capitaux entre les mainsdes Juifs, constituant une espèce deSupercapitalisme d’Etat» (10).

Dans cette série d’articles, qui ont vouluêtre une sorte d’introduction à la questionjuive, au cours desquels j’ai abordé lesthèmes les plus importants, je suis arrivé fi-nalement à ce qui me semble en être laconclusion: d’où vient et où va le Judaïsmepost-templier? Qui le guide et qui l’inspire?

Naturellement j’ai cherché la réponsedans l’Evangile et dans la Tradition, qui sontla source de la Vérité révélée.

L’EVANGILE

Dans le quatrième Evangile nous lisons:«Jésus disait à ceux des Juifs qui croyaient enLui: “Pour vous, si vous demeurez dans maparole, vous serez vraiment mes disciples; etvous connaîtrez la vérité, et la vérité vous ren-dra libres”. Ils lui répondirent: “Noussommes la race d’Abraham et nous n’avonsjamais été esclaves de personne; commentdis-tu, toi: Vous serez libres?”. Jésus leur ré-partit: “... quiconque commet le péché est es-clave du péché. (...) Si donc le Fils vous meten liberté, vous serez vraiment libres. Je saisque vous êtes fils d’Abraham; mais vouscherchez à me faire mourir, parce que ma pa-role ne prend pas en vous. Pour moi, ce quej’ai vu en mon Père, je le dis; et vous, ce quevous avez vu en votre père, vous le faites”. Ilsrépliquèrent (...):“Notre père est Abraham”.Jésus leur dit: “Si vous êtes fils d’Abraham,faites les œuvres d’Abraham. Mais loin de là,vous cherchez à me faire mourir, moi hommequi vous ai dit la vérité que j’ai entendue deDieu; c’est ce qu’Abraham n’a pas fait. Vousfaites les œuvres de votre Père”. Ils lui répli-quèrent donc: “Nous ne sommes pas nés de lafornication; nous n’avons qu’un père, Dieu”.Mais Jésus leur répartit: “Si Dieu était votrepère, certes vous m’aimeriez; car c’est deDieu que je suis sorti et que je suis venu; ainsije ne suis point venu de moi-même, mais c’estlui qui m’a envoyé. (...) VOUS AVEZ LE

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DIABLE POUR PERE, ET VOUS VOU-LEZ ACCOMPLIR LES DESIRS DEVOTRE PERE. Il a été homicide dès le com-mencement, et il n’est pas demeuré dans lavérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui;lorsqu’il parle mensonge, il parle de sonpropre fonds, parce qu’il est menteur et lePère du mensonge. (...) Celui qui est de Dieuécoute les paroles de Dieu. Et si vous ne lesécoutez point, c’est parce que vous n’êtespoint de Dieu”» (11).

Ceci est ce que Jésus nous a révélé, maisquel est le sens exact des paroles divines?Eh bien, c’est dans l’interprétation que nousen donnent les Pères de l’Eglise que nousdevons chercher le sens de l’Evangile.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

Dans la Quarante-quatrième homélie surl’Evangile de St Jean, St Jean Chrysostomeécrit: «De quoi la vérité les rendra-t-ellelibres? de leurs péchés. Et que répondirentces insolents? “Nous sommes la raced’Abraham et nous n’avons jamais été es-claves de personne”. (...) Ils ne se donnentpas la peine d’avoir perdu la Vérité et lagrâce de Dieu; l’unique chose qui les tou-chait et les affligeait était la perte des biensmatériels. (...) Quoi ? Tu as appelé esclavesceux qui sont de la RACE (on remarque quece sont eux qui parlent de RACE, non pasnous! n.d.a.) d’Abraham... Tel est l’orgueil etla vanité des Juifs: “Nous sommes la RACEd’Abraham, nous sommes Israélites”. Ils neparlent jamais de leurs actions (...)» (12).

Mais pourquoi Jésus ne les reprend-il pas,du moment qu’ils avaient été esclaves desEgyptiens, des Babyloniens, et de beaucoupd’autres? Jésus essayait de leur faire com-prendre qu’ils étaient esclaves du péché, plusque des hommes! Puisque le véritable escla-vage est celui du péché, dont Dieu seul peutnous libérer, dans la mesure où Lui seul a lepouvoir de pardonner les péchés. Mais Jésusveut que les Hébreux le reconnaissent et leconfessent, avant de les libérer de cet odieuxesclavage, en leur accordant son pardon.

Puis le Sauveur continue: “Je sais quevous êtes fils d’Abraham; mais vous cherchezà me faire mourir”. St Jean Chrysostomecommente: «Doucement et presque insensi-blement il les exclue de la familled’Abraham. (...) Puisque ce sont les œuvresqui rendent l’homme libre ou esclave, ce

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sont toujours elles qui forment une vraie pa-renté. Il ne leur a pas dit immédiatement:Vous n’êtes pas fils d’Abraham, hommejuste, mais vous êtes homicides; il leur accor-de une certaine filiation et dit: “Je sais quevous êtes fils d’Abraham; mais vous cherchezà me faire mourir, parce que ma parole neprend pas en vous”. Mais alors comment sefait-il qu’il leur ait dit plus haut qu’ils ont cruen Lui? Oui, ils ont cru, mais ils n’ont paspersévéré: et c’est pourquoi il les répriman-de. Si vous vous glorifiez de cette filiation, ilfaut que votre vie lui corresponde.

“Pour moi, ce que j’ai vu en mon Père, jele dis; et vous, ce que vous avez vu en votrepère, vous le faites”. Ce qui veut dire: demême que je fais connaître mon Père parmes paroles et par mes œuvres; ainsi vous,par vos œuvres vous montrez qui est le

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vôtre. En effet “Vous cherchez à me fairemourir”. Jésus leur montre qu’ils se sont ex-clus de la filiation d’Abraham [Rien à voiravec “Frères aînés dans la Foi d’Abraham”]et qu’ils ne doivent pas compter sur une al-liance charnelle pour pouvoir se sauver,mais sur une alliance spirituelle, produitepar la bonne volonté et par les bonnesœuvres. C’était justement ce qui les empê-chait de rester unis à Jésus: ils s’imaginaientque la parenté charnelle, le sang et la race,suffisaient à les sauver!» (13).

Puisque Jésus les avait dépouillés de lafiliation d’Abraham, alors ils prétendentmonter encore plus haut et s’arrogent la di-gnité de fils de Dieu, mais Jésus les dégradeencore une fois en disant: “Si Dieu étaitvotre père, vous m’aimeriez... MAIS VOUSAVEZ LE DIABLE POUR PERE, et vousvoulez accomplir les désirs de votre père”.

St Jean Chrysostome commente: «Je nelaisse pas cette accusation sans preuve; aucontraire je la démontre: tuer, leur dis-je, estune action de malice diabolique... quimontre que les Juifs comme le diable, sontportés à l’homicide, par envie. Puisque lediable a tué spirituellement Adam, unique-ment pour satisfaire son envie... Tandisqu’Abraham n’a pas fait le mal; au contraireses œuvres ont été la douceur, la modéra-tion, l’obéissance: vous au contraire vousêtes inhumains et cruels» (14).

SAINT AUGUSTIN

Le Saint Evêque d’Hippone, dans laQuarante-deuxième homélie sur l’Evangilede Jean, affirme: «Jésus a promis la liberté àceux qui croient en Lui. Mais les Juifs, quis’enorgueillissaient de la liberté qu’ilscroyaient avoir, refusèrent dédaigneusementde devenir libres alors qu’ils étaient les es-claves du péché. Ils déclarèrent qu’ils étaientlibres puisqu’ils étaient la descendanced’Abraham» (15).

Le Sauveur répondit: “Je sais que vousêtes fils d’Abraham, mais vous cherchez à mefaire mourir”. St Augustin commente: «“Jereconnais l’origine de votre chair, mais nonla foi de votre cœur. Vous êtes filsd’Abraham, mais selon la chair”. (...) LesJuifs même en étant fils d’Abraham...étaient des hommes iniques. Ils tenaient eneffet de lui leur race charnelle, mais ilsavaient dégénéré en n’imitant pas la foi de

Le Démon prend l’âme de Judas qui s’est pendu(Giovanni Canavesio, N.-D. des Fontaines,

XVème siècle)

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celui dont ils étaient les fils. (...) Mais eux,où donc ont-ils vu le mal qu’ils font, que leSeigneur leur reproche et dont il les re-prend? Auprès de leur père. Quand nousentendrons dire plus clairement qui est leurpère, nous comprendrons ce qu’ils ont vuauprès d’un tel père. Pour le moment eneffet, il ne nomme pas leur père. (...) Il valeur parler de leur autre père qui ne les apoint engendrés et qui ne les a point crééspour qu’ils soient des hommes, mais pour-tant ils étaient ses fils en tant qu’ils étaientmauvais, et non point en tant qu’ils étaientdes hommes, parce qu’ils l’imitaient et nonpas parce qu’il les avait créés» (16).

Bien plus, Abraham est loué par Jésus etils sont condamnés; Abraham n’était pas unhomicide et au contraire ils veulent tuerJésus et c’est pourquoi ils ne peuvent êtrefils spirituels d’Abraham. Leur chair descen-dait d’Abraham, certainement pas leur vie.

«La chair des Juifs tient son origine de sachair, mais non la chair des chrétiens; nousdescendons, nous, d’autres peuples et pour-tant, en l’imitant, nous sommes devenus desfils d’Abraham. (...) Nous sommes donc de-venus par la grâce de Dieu la descendanced’Abraham. CE N’EST PAS EN PAR-TANT DE LA CHAIR D’ABRAHAMQUE DIEU LUI A DONNE DES COHE-RITIERS; CEUX-LA, IL LES A DESHE-RITES, il a adopté les autres...» (17).

Quand les Juifs allèrent à Jean-Baptistepour lui demander le baptême, il les appela:“race de vipères” (Matth. III, 9). Ils se glori-fiaient de la noblesse de leur origine, et il lesaccusa d’être une race de vipères, pour levenin qu’ils portaient dans le corps. C’estpourquoi il les invita à faire pénitence pourleurs péchés, en leur disant qu’il était inutilede se vanter d’avoir Abraham comme Pèrecharnel, puisque Dieu pouvait faire surgirdes pierres les fils spirituels d’Abraham,ceux qui en imiteraient la foi et les œuvres.Les pierres symbolisent les païens, qui ado-raient les idoles de pierre, et desquels Dieu atiré les Chrétiens.

[Pour les Juifs], poursuit St Augustin,«déjà Abraham a perdu de sa valeur; ils sesont repliés en effet, comme ils devaient sereplier, devant cette parole véridique, carAbraham était ce qu’avait dit le Seigneur,lui dont ils n’imitaient pas les actes, mais à larace de qui ils se glorifiaient d’appartenir. Ilseurent recours à une autre réponse... Nous,

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nous ne pouvons pas imiter un saint, unjuste, un innocent, un homme si grand; di-sons que Dieu est notre père et voyons cequ’il va nous répondre (...).

Jésus leur dit donc: “Si Dieu était votrepère, vous m’aimeriez sans aucun doute; carje suis sorti de Dieu et je suis venu”. Vousdites que Dieu est votre père, reconnaissez-moi au moins comme un frère» (18).

“Pourquoi ne reconnaissez-vous pas monlangage? Parce que vous ne pouvez pas en-tendre ma parole”, continua Jésus. L’évêqued’Hippone commente: «S’ils ne pouvaient pasreconnaître, c’est qu’ils ne pouvaient pas en-tendre. Mais pourquoi ne pouvaient-ils pas en-tendre sinon parce qu’ils NE VOULAIENTPAS SE CORRIGER en croyant. Et quelleen était la raison? “VOUS AVEZ POURPERE LE DIABLE”. (...) Comment les Juifsétaient-ils donc fils du diable? Par l’imitation,non par la naissance. (...) “ET VOUS VOU-LEZ REALISER LES DESIRS DE VOTREPERE”. Voyez comment vous êtes ses fils:c’est parce que vous avez les mêmes désirs, etnon parce que vous êtes nés de lui.

Quels sont ces désirs, à lui? “Il était ho-micide dès le commencement”. (...) Voyez,frères, le genre de cet homicide. Le diableest appelé homicide: ce n’est pas le glaive àla main ou l’épée à la ceinture qu’il est venuvers l’homme, il a semé en lui une parolemauvaise et il l’a tué. (...) Il était homicide àl’égard du premier homme» (19).

SAINT THOMAS D’AQUIN

Le Docteur Angélique dans son Com-mentaire sur l’Evangile de St Jean explique:«La présomption des Juifs apparaît dans uneinterrogation: “Nous sommes la raced’Abraham et nous n’avons jamais été es-claves de personne. Comment toi, dis-tu:Vous serez libres?”. Ils affirment être la raced’Abraham, ce qui montre leur vaine gloire;car ils se GLORIFIENT DE LEUR SEULEORIGINE CHARNELLE. (...) Ils font demême, ceux qui cherchent à être tirés d’unenoblesse selon la chair: “Toute leur gloirevient d’un enfantement, d’un sein et d’uneconception” (Os. IX, 11).

Ils nient ensuite leur condition d’es-claves; en cela, ils se montrent stupides etmenteurs. Stupides, parce que ce que leSeigneur dit de la liberté spirituelle, ils l’en-tendent d’une liberté matérielle (...). Et ils

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sont menteurs, parce que s’ils nient ici êtreesclaves d’une manière matérielle, ou bienils l’entendent de l’ensemble du peuple juif,ou bien ils parlent tout particulièrementd’eux-mêmes. S’ils parlent de l’ensemble dupeuple juif, ils mentent manifestement, car...leurs ancêtres ont été esclaves en Egypte...Et si les Juifs parlent ici à leur propre sujet,on ne peut même pas les disculper de men-songe, car eux aussi à ce moment-là payaientdes tributs aux Romains» (20).

Avec la phrase suivante: “Je sais quevous êtes fils d’Abraham”, Jésus commenceà traiter de leur origine. «D’abord, le Christrévèle leur origine selon la chair, puis il leurfait découvrir leur origine selon l’esprit:“mais vous cherchez à me tuer”... Il dit queleur origine selon la chair, c’est Abraham...Par l’origine de la chair seulement, et non enlui étant semblables par la foi... Le Seigneurleur montre donc que spirituellement ilssont issus d’une souche mauvaise, et c’estpourquoi il les blâme ouvertement de leurpéché. Et passant sous silence tous les autrespéchés par lesquels les Juifs étaient entra-vés..., il rappelle seulement celui qu’ilsavaient constamment dans l’esprit, c’est-à-dire le péché d’homicide, parce qu’ils vou-laient le tuer... Et c’est pourquoi le Seigneurdit que la cause de l’homicide n’est certespas une faute de sa part, ni leur justice, maisprécisément leur manque de foi à eux:“Parce que ma parole ne prend pas envous”» (21).

Le Seigneur conclut ici à leur origine spi-rituelle: “VOUS AVEZ LE DIABLEPOUR PERE”, dont ils étaient les fils, nonen tant qu’hommes, mais en tant qu’ilsétaient mauvais.

«Plus haut, le Christ a affirmé qu’ils sontfils d’Abraham selon la chair; mais ici, il leurrefuse le titre de fils d’Abraham parce qu’ilsn’imitent pas ses œuvres, et en premier lieusa foi. De cette même manière, les Juifsétaient bien la semence d’Abraham, ...maisils n’étaient pas ses fils» (22).

Les œuvres des Juifs étaient différentesde celles d’Abraham: elles étaient en effetmauvaises et perverses, puisqu’ils étaienthomicides: “Vous cherchez à me tuer”.«Mais cet homicide était un péché D’UNEGRAVITE SANS MESURE, PARCEQU’IL ETAIT CONTRE LA PERSONNEDU FILS DE DIEU» (23). Ils voulaientmême le tuer précisément parce qu’il ensei-

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gnait qu’il était consubstantiel au Père.Abraham au contraire avait désiré voir Sonjour, “je l’ai vu et je m’en réjouis”. Et juste-ment le fait qu’ils n’accomplissent pas lesœuvres d’Abraham, signifie qu’ils ont unautre Père, dont ils font les œuvres!

Spirituellement parlant, le Seigneur dé-montre qu’ils ne tiennent pas leur origine deDieu. En effet quand les Juifs affirment:“Nous, nous ne sommes pas nés de la prostitu-tion”, ils veulent dire: «Si autrefois notremère la Synagogue, s’éloignant de Dieu, s’estprostituée avec les idoles, nous cependant,nous ne nous sommes pas éloignés de Dieu,et nous ne nous sommes pas prostitués avecles idoles» (24). En effet Dieu est spirituelle-ment l’époux des âmes. De même que l’épou-se se prostitue quand, outre son mari, elle ac-cueille un autre homme, ainsi une âme ou unpeuple sont accusés de prostitution, quandabandonnant le vrai Dieu, ils se tournent versles créatures en une espèce d’idolâtrie.

Et nous voici arrivés au point clef: leSeigneur, après avoir montré que les Juifsavaient une certaine origine spirituelle etaprès avoir exclu l’origine divine, à laquelle ilsprétendaient, démontre finalement ici leur vé-ritable origine, en leur assignant la paternitédu diable. Voici l’affirmation de Jésus:“VOUS FAITES LES ŒUVRES DUDIABLE, VOUS AVEZ LE DIABLEPOUR PERE”, c’est-à-dire vous lui apparte-nez par imitation! En effet Jésus poursuit: “Etvous voulez accomplir les désirs de votrePère”, cela revient à dire: vous n’êtes pas filsdu diable en tant que créés et amenés à l’êtrepar lui, mais parce que, L’IMITANT, “VOUSVOULEZ ACCOMPLIR LES DESIRS DEVOTRE PERE”. Et l’Angélique commente:«Comme lui-même a jalousé l’homme et l’atué [spirituellement], ainsi vous aussi, me ja-lousant, “Vous cherchez à me tuer, moi unhomme qui vous ai dit la vérité”» (25).

Il y a un autre passage de l’Evangile deSt Jean qui mérite d’être étudié. Jésus dit àses Apôtres: «S’ils m’ont persécuté, ils vouspersécuteront aussi... Si je n’étais pas venu, etque je ne leur eusse point parlé, ils n’auraientpoint de péché; mais maintenant ils n’ontpoint d’excuse de leur péché. Qui me hait,hait aussi mon Père... Ils vous chasseront dessynagogues,... quiconque vous fera mourircroira rendre hommage à Dieu: et ils vous fe-ront ainsi, parce qu’ils ne connaissent ni monPère ni moi» (26).

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Saint Thomas commente: «Parmi les dis-ciples [les Juifs] persécutaient le Christ...Mais puisque l’ignorance de soi n’excuse pasla faute, il démontre ici qu’ils sont inexcu-sables... 1°) par la vérité de son enseigne-ment, 2°) par l’évidence de ses miracles...“Mais maintenant ils n’ont point d’excuse deleur péché”; 3°) il indique de quelle racinenaît leur persécution: “Qui me hait, hait aussimon Père”. Il affirme donc: “Tout ce quevous ferez à cause de mon nom”; mais ils nepurent en être excusés, “si je n’étais pas venu,et que je ne leur eusse point parlé”; c’est-à-dire si je ne m’étais pas présenté personnelle-ment à eux et si je ne leur avais pas enseignédirectement, “ils n’auraient point de péché”.(...) Le Seigneur parle ici... du péché d’incré-dulité, par lequel ils ne croient pas au Christ.(...) C’est pourquoi si le Christ n’était pasvenu, les Juifs ne seraient pas tombés dans lepéché d’incrédulité... Mais il leur manque cesexcuses, puisque le Christ s’était montré etleur avait parlé personnellement. C’est pour-quoi il déclare: “Mais maintenant”, par le faitque je suis venu et que j’ai parlé, l’ignoranceest exclue, “ils n’ont point d’excuse de leurpéché”. Voir Rom. I, 20s.: “Ils sont inexcu-sables; parce qu’ayant connu Dieu, ils ne l’ontpoint glorifié comme Dieu”. Il ressort doncde cette parabole... que les Juifs ont connu leChrist (Mc XII, 7): “Celui-ci est l’héritier;venez, tuons-le” (...).

Ils n’étaient donc pas excusés par l’igno-rance: c’est pourquoi ils firent cela [leDéicide] non par ignorance, mais par unautre motif, c’est-à-dire par haine et parvraie méchanceté. Voilà pourquoi le Christajoute aussitôt: “Qui me hait, hait aussi monPère”; comme pour dire: ce n’est pas l’igno-rance qui leur est imputée à faute, mais lahaine qu’ils ont contre Moi, et qui se tourneen haine contre le Père. En effet, le Père etle Fils étant une seule chose dans l’essence...quiconque aime le Fils aime aussi le Père; etquiconque connaît l’un connaît aussi l’autre;et celui qui hait le Fils hait aussi le Père.Cependant personne ne peut haïr ce qu’il neconnaît pas. Or les Juifs ignoraient le Père:“Ils ne connaissent pas Celui qui m’aenvoyé”. Ce qu’il dit ici ne semble donc pasêtre vrai: “...hait aussi mon Père”. On ré-pond toutefois, avec Augustin, que quel-qu’un peut aimer ou haïr un être qu’il n’a ja-mais vu, seulement par la bonne ou la mau-vaise réputation qui le concerne. (...) Or les

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Juifs haïssaient le Christ et la vérité qu’ilprêchait. C’est pourquoi puisque la véritéque le Christ prêchait s’inscrivait dans la vo-lonté du Père, tout comme les œuvres qu’ilaccomplissait, puisqu’ils haïssaient le Christ,ils haïssaient aussi le Père, bien qu’ils igno-rassent que ces choses s’inscrivaient dans lavolonté du Père. (...) Il montre ensuite parquelle cause profonde ils sont tombés dansle péché d’incrédulité: au motif de la haine...Leur péché ne provient donc pas de la fragi-lité, ou de l’ignorance, mais uniquementd’une délibération» (27).

LE MAGISTERE DE L’EGLISE DE 1244A 1937

Les Constitutions des Papes sur ce problè-me sont nombreuses; j’en citerai quelques-unes en renvoyant le lecteur au texte que jeprojette de publier. Après avoir écouté lesPères de l’Eglise, interrogeons le MagistèrePontifical. Il nous montre lui aussi commentl’Eglise, fidèle à l’Evangile, n’a jamais cachél’opposition entre Jésus et la Synagogue, quidepuis le temps des Evangiles jusqu’à au-jourd’hui, n’a pas diminué.

IMPIA JUDEORUM PERFIDIA, duPape Innocent IV (1244): «L’impie perfidiedes Juifs... commet d’énormes crimes... LesJuifs, en effet, ingrats envers Jésus-Christ...en négligeant et en méprisant la Loi mo-saïque et les Prophètes, suivent certainestraditions de leurs ancêtres... qui en languehébraïque sont appelées Talmud, lequelpour les Juifs est le plus grand livre. CeTalmud s’éloigne énormément du texte de laBible et il s’y trouve des blasphèmes expli-cites envers Dieu, le Christ et la Bien-heureuse Vierge...».

DUDUM FELICIS, du Pape Jean XXII(1320): «Après avoir examiné certains deleurs livres... qu’ils appellent Talmud etaprès avoir trouvé qu’ils contenaient d’in-nombrables erreurs, abus, outrages et blas-phèmes... Nous avons réfléchi que l’on nedoit pas sous-évaluer cette maladie si pesti-lentielle et si dangereuse... mais qu’il fautplutôt intervenir par une action empresséepour couper à la racine ses vrilles mortellespour qu’ils ne se répandent pas... En outrepar les Juifs... faites-vous remettre intégrale-ment le livre qu’ils appellent Talmud...Réduisez ensuite en cendres par le feu leditTalmud... [il cite ensuite Clément IV, 15

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juillet 1267, n.d.a.]: “L’exécrable perfidie desJuifs, condamnée à cause de l’ingratitude etle mémoire de répudiation ayant été remis àla Synagogue, pour avoir ignoré le temps dela visitation du Seigneur, ce peupleaveugle... est devenu errant... par toute laterre, comme le fratricide Caïn... En vérité,ce peuple... non seulement nia de manièreinique que Notre-Seigneur Jésus-Christ, Filsdu Père éternel... était venu les appeler pourles faire coparticipants de l’héritage éter-nel... en disant avec mépris: Il n’est pasDieu; mais ils le tuèrent carrément... en in-voquant... son sang sur eux et sur leurs des-cendants... Nous pensons que tous les exé-crables blasphèmes contenus dans leTalmud, sont la cause principale pour la-quelle le peuple de prédilection... persisteobstiné dans sa perfidie”».

CUM NIMIS ABSURDUM, du PapePaul IV (1555): «Il est vraiment absurde...que les Juifs... en répondant par l’offense àla faveur [qui leur est faite] et à la place del’esclavage dû, soient si ingrats à l’égard desChrétiens qu’ils cherchent à dominer. (...)L’Eglise romaine les tolère en témoignagede la vraie foi chrétienne et dans le seul butqu’ils... reconnaissent finalement leurs er-reurs et parviennent à la vraie lumière de laFoi Catholique. Tant qu’ils persistent dansleurs erreurs, qu’ils reconnaissent qu’ils sontasservis par l’effet de leurs actions, alors queles Chrétiens ont été libérés par Jésus-ChristNotre-Seigneur...».

DUDUM A FELICIS, du Pape Pie IV(1566): «La Sainte Eglise... tolère les Juifs enmémoire de la Passion du Seigneur, afinqu’ils... reconnaissent leur erreur et se conver-tissent à la vraie Lumière qu’est le Christ».

HEBRÆORUM GENS, de St Pie V(1569): «Le peuple juif, le seul UN TEMPSELU DE DIEU... dépassa d’abord tous lesautres en grâce et sainteté, puis ABANDON-NE POUR SON INCREDULITE, méritad’être REPROUVE, puisque venue la pléni-tude du temps, ce peuple perfide et ingrat arepoussé avec impiété son Rédempteur etL’A TUE d’une mort honteuse... Toutefoisson impiété, instruite de toutes les pires as-tuces, est désormais arrivée à un point telque, pour notre salut commun, il faut repous-ser la force d’un si grand mal, par un promptremède. (...) Ce qui porte le plus préjudice estle fait que, étant adonnés aux sortilèges, auxensorcellements, aux superstitions de la

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magie et aux maléfices, ILS [les Juifs]CONDUISENT AUX TROMPERIES DESATAN DE TRES NOMBREUSES PER-SONNES IMPRUDENTES ET FAIBLES.Enfin nous sommes informés... qu’avec cestromperies ils dressent des embûches à la viedes Chrétiens».

ANTIQUA JUDEORUM , du PapeGrégoire XIII (1581): «L’antique iniquitédes Juifs, à cause de laquelle ils opposèrenttoujours de la résistance à la bonté divine,est d’autant plus exécrable dans les fils dansla mesure où, pour combler la mesure despères, ils péchèrent encore plus gravementen rejetant le Fils de Dieu et EN COM-PLOTTANT POUR LE TUER d’une ma-nière criminelle. Pour cette raison devenuspire que leurs pères... absolument pas cal-més... ne renonçant en rien à leur crimepassé, ils s’acharnent encore maintenantdans les synagogues et partout contre N.-S.Jésus-Christ... et très hostiles aux Chrétiensils osent encore commettre... d’effroyablescrimes contre la religion chrétienne».

CÆCA ET OBTURATA , du PapeClément VIII (1593): «L’aveugle et sourdeperfidie des Juifs non seulement est ingrateenvers Jésus-Christ... mais ne reconnaît pasnon plus la grande miséricorde à l’égard dela Sainte Eglise qui attend patiemment leurconversion».

A QUO PRIMUM, du Pape Benoît XIV(1751): «En outre, tout trafic de marchandisesutiles... est géré par les Juifs eux-mêmes... enoutre ils possèdent des cabarets, des proprié-tés, des villages, des biens pour lesquels, deve-nus les maîtres, non seulement ils font tra-vailler sans répit, en exerçant une dominationcruelle et inhumaine, les pauvres Chrétiensemployés aux travaux agricoles et les contrai-gnent au transport de poids énormes; mais ilsleur infligent aussi des peines: ceux qui sontsoumis aux coups de fouet en ont le corpsblessé... En outre les mêmes Juifs, étant adon-nés spécialement à l’exercice du commerce,après avoir de cette manière accumulé unegrande somme d’argent, par la pratique im-modérée de l’usure assèchent les richesses etles patrimoines des Chrétiens».

MIT BRENNENDER SORGE, du PapePie XI (1937): «... Tel qu’il est apparu dansla chair,... le Christ… a reçu son humainenature d’un peuple qui devait le crucifier».

Enfin, après avoir cité ces Bulles plus an-ciennes et peu connues je voudrais traiter de

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la question de l’“Encyclique cachée”, ainsique l’ont appelée les historiens.

En juin 1938, Pie XI demanda à troisjeunes jésuites une épreuve pour uneEncyclique contre l’Antisémitisme biolo-gique (HUMANI GENERIS UNITAS).Cette épreuve fut remise au Vatican à la finde septembre 1938. Pie XI mourut le 10 fé-vrier 1939 et le document ne devint jamaisEncyclique; il garde cependant une impor-tance historique considérable, et c’est danscette optique que je me permets de le citer.

«... La vraie nature, la base authentiquede la séparation des Juifs du reste de l’hu-manité... cette base a un caractère directe-ment religieux [et non racial ou biologique,n.d.a.]. La prétendue question juive, dansson essence, n’est une question ni de race, nide nation... C’est une question de religion et,DEPUIS LA VENUE DU CHRIST, UNEQUESTION DE CHRISTIANISME. (...)Un seul peuple a été favorisé, à proprementparler, d’une vocation. C’est le peuple juif,choisi par le Tout-Puissant, pour PREPA-RER LES VOIES A L’INCARNATION deson Fils unique en ce monde... Le Sauveur,que Dieu... envoya à son peuple choisi, FUTREJETE PAR CE PEUPLE, répudié vio-lemment et condamné comme un criminelpar les plus hauts tribunaux de la nation...LE PEUPLE JUIF A MIS A MORT SONSAUVEUR... De plus, ce peuple infortuné,qui s’est jeté lui-même dans le malheur, dontles chefs aveuglés ont appelé sur leurspropres têtes les malédictions divines... Nousconstatons chez le peuple juif une INIMI-TIE CONSTANTE vis-à-vis du Chris-tianisme. Il en résulte une tension perpétuel-le entre Juif et Chrétien, qui ne s’est à pro-prement parler jamais relâchée. (...) sesvœux ardents [de l’Eglise] pour sa conver-sion, ne l’aveuglent pas cependant sur lesdangers spirituels auxquels le contact avecles Juifs peut exposer les âmes. (...) Tant quepersiste l’incrédulité du peuple juif... l’Eglisedoit... prévenir les périls que cette incréduli-té... pourrait créer pour la foi et les mœursde ses fidèles» (28).

LES MOTIFS DE L’INFIDELITE JUIVE

L’infidélité en général

Pour St Thomas l’infidélité «est le péchédans lequel sont englobés tous les autres. L’in-

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fidélité est donc bien le plus grand de tous lespéchés» (29). C’est le dernier des péchés, au-quel l’homme est parfois conduit par lesautres péchés (30). Les théologiens concluentdonc que: «La perte de la foi est... toujoursconditionnée par un péché: très souvent c’esttoute une série de fautes et de transactionsgraduelles qui prépare l’apostasie» (31).

L’infidélité coupable des Juifs

St Thomas se demande si l’infidélité desPaïens est la plus grave, et répond que: «LesGentils n’ont pas connu la voie de la justice;mais les hérétiques et les Juifs, la connais-sant de quelque manière, l’ont désertée: leurpéché est donc plus grave» (32).

Dans l’Evangile nous lisons: «Mais quoi-qu’Il eût fait de si grands miracles devant eux,ils ne croyaient pas en Lui» (33). Le peuple juif,dans son ensemble n’a pas cru. Les Chefs dela nation n’ont pas cru, la majorité de la foulen’a pas cru. Et il n’est pas permis de dire quel’unique et ultime cause de la culpabilité de lafoule a été seulement l’influence des chefs,bien qu’il soit certain que leurs insinuationsmalignes, montrèrent sous un jour défavo-rable la figure de Jésus auprès du peuple. Etainsi derrière l’exemple des chefs, la foule necorrespondit pas aux premières grâces.

La foule apparaît d’abord incertaine etdubitative en face de Jésus, mais les chefs in-terviennent immédiatement pour étouffertout éventuel enthousiasme. En effet si desmesures n’avaient pas tout de suite étéprises peut-être que tous (ou la majeure par-tie) auraient cru en Jésus. Les chefs «accep-tèrent ainsi d’avance toutes les responsabili-tés de l’apostasie de la nation élue» (34).

Jésus condamne l’infidélité des Juifs: leuraveuglement est volontaire

L’infidélité des Juifs est un péché formel.Plus grave chez les chefs, mais volontaire etdonc coupable (même si moins gravement)chez les fidèles (35). Jésus Lui-même a dit:«Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eussepoint parlé, ils n’auraient point de péché;MAIS MAINTENANT ILS N’ONT POINTD’EXCUSE DE LEUR PECHE... Si jen’avais fait parmi eux les œuvres que nulautre n’a faites, ils n’auraient point de péché;mais maintenant, et ils les ont vues, et ILSONT HAI ET MOI ET MON PERE» (36).

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«La condamnation explicite et répétéefrappe tant les chefs que la foule. Tout lepeuple juif apparaît, en général, gravementcoupable de son incrédulité. La culpabilitédes chefs ressort... Ils sont en grande partiecoupables de l’incrédulité de la foule. Euxplus que les autres pouvaient comprendre...»(37). Leur ignorance est déterminée parl’envie et la jalousie à l’égard du Sauveur. Ilssont aveuglés par la haine, mais l’aveugle-ment a été volontaire, Jésus les condamnedonc: “Si vous étiez aveugles, vous n’auriezpoint de péché. Mais vous dites au contraire:Nous voyons. Ainsi votre péché subsiste” (38).St Pierre parlant aux Israélites, après leuravoir montré de quel crime horrible ils sesont souillés, veut trouver (poussé par la mi-séricorde) une sorte d’atténuation à leurpéché: l’ignorance: “Mes frères, je sais quec’est par ignorance que vous avez agi, aussibien que vos chefs” (39). Mais leur ignorancefut vincible et coupable. Les Juifs “avaientfermé les yeux de l’esprit” (40). Celui quiveut rester dans les ténèbres même quand il

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s’approche de la lumière, n’a aucune excuse.C’est pourquoi, en faisant abstraction descas individuels, l’ignorance fut en généralcoupable chez les chefs et parmi la foule.Mais chez les chefs elle fut plus coupableque parmi la foule.

Selon St Thomas, le Docteur commun del’Eglise, les chefs connaissaient explicite-ment la messianité et la divinité de Jésus:«Les notables connurent, COMME AUSSILES DEMONS, que Jésus était le Christpromis dans la Loi» (41). Mais ils voulurentignorer par ignorance affectée et donc enco-re plus coupable! Et voilà que nous reve-nons à l’analogie entre le diable et le peupledéicide, qui a imité son Père “homicide dèsle commencement”!

La foule, qui était ignorante ne connutpleinement et explicitement ni la messianiténi la divinité de Jésus. Et même si certains ontcru, le peuple cependant ne crut pas; qui plusest il fut trompé par ses chefs. C’est pourquoile peuple juif «a commis le péché le plusgrave, si l’on regarde le genre de leur péché [ila crucifié Dieu]: néanmoins, ce péché est DI-MINUE QUELQUE PEU à cause de sonignorance» (42); qui bien que n’étant pas affec-tée comme celle des chefs, était cependantvincible et par conséquent coupable.

Différentes causes de l’incrédulité juive: laVolonté divine, l’action de Satan, l’influencedes chefs

La foule des Juifs (chefs compris) a eu deDieu la grâce suffisante pour croire et si ellen’a pas cru cela a été de sa faute.

Satan, comme à son habitude, a dirigé,organisé et mis en mouvement les forcesd’opposition au Christ. En effet dans tout leNouveau Testament il apparaît comme l’ad-versaire, l’ennemi du Messie.

Les chefs ont influé sur le jugement de lafoule, avec leurs calomnies et leurs intriguesils ont au moins mal disposé l’âme du peupleà l’égard de Jésus. La foule suivra les chefs(excepté un petit reste), bien qu’ayant lagrâce suffisante et les motifs de crédibilitépour suivre Jésus; c’est pourquoi quiconquea résisté est coupable.

La cause ultime de l’incrédulité juive

Les difficultés de la part de la foule (quinormalement a le devoir de suivre les chefs) à

Deux scènes de la légende de Théophile dans laquelle unjuif sert d’intermédiaire entre le diable et l’archidiacrequi veut lui vendre son âme pour racheter le prestige

perdu (Lambeth Apocalypse, 1260, Londres, Lambeth Palace Library)

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croire à Jésus étaient graves et objectives.Mais nous savons que Dieu quand il se révèle,donne aux hommes, avec la Révélation, égale-ment la possibilité de la connaître commetelle. Le peuple juif fut donc coupable si à tra-vers les Prophéties de l’Ancien Testament quise sont accomplies en Jésus, les miracles opé-rés par le Sauveur, la grâce suffisante queDieu ne refuse à personne, il ne reconnut pasle vrai Messie. Il y a donc une cause subjectivequi détermina l’incrédulité juive:

a) Les œuvres mauvaisesL’Evangile nous révèle: «La lumière a

paru dans le monde, et les hommes ont mieuxaimé les ténèbres que la lumière, PARCEQUE LEURS ŒUVRES ETAIENT MAU-VAISES. Car quiconque fait le mal hait la lu-mière, et il ne vient point à la lumière, de peurque ses œuvres ne soient découvertes» (43).

Cette infidélité envers le Christ est cou-pable, puisque le monde pouvait croire: “Lalumière est venue dans le monde... et a brillédans les ténèbres”: aux hommes fut donnéela possibilité et adressée l’invitation à sortirdes ténèbres et à venir à la lumière. Mais àla lumière ne parvient que celui qui le veutlibrement, et les hommes ont préféré les té-nèbres à la lumière.

Mais quelle est la raison de ce choix er-roné? La véritable raison doit être recher-chée dans les ŒUVRES MAUVAISES,dans la VIE, dans l’ACTE DE LA VO-LONTE qui peut même être seulement inté-rieur (comme l’orgueil de l’esprit). Lesœuvres mauvaises ne sont pas seulementl’IMMORALITE GROSSIERE: attache-ment aux plaisirs des sens, mais aussi l’IM-MORALITE SUBTILE: l’exaltation dumoi, la recherche de la gloire humaine et del’honneur du monde. Eh bien celui qui fait lemal fuit la lumière intérieure de la vérité quilui reprochera, comme le voleur fuit la lu-mière du soleil et cherche les ténèbres pourne pas être vu. Celui-ci ne viendra pas à lalumière, ne s’approchera pas d’une doctrine(même quand il l’a connue comme vraie) quicondamne sa vie. «Il est impossible de nepas penser à ceux qui prêchent l’observancede la Loi... et dont la vie ne correspond pas àcet idéal. C’est précisément ce qui est arrivéen Israël» (44). Les pharisiens aiment doncles ténèbres non pour elles-mêmes, maisparce qu’elles justifient leur conduite exté-rieure, et ils haïssent la lumière, parce

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qu’elle démasquerait leur perversité inté-rieure et cachée! Jésus Lui-même a affirmé:Celui qui fait la volonté de Dieu, connaîtrasi la doctrine que J’enseigne est divine ounon (45). Ce qui signifie: la doctrine de Jésusapparaîtra divine à tout esprit loyal, à toutesprit qui est de Dieu et non du diable, etqui veut ce que Dieu veut et non ce que veutle diable: le péché!

Revenons donc à St Jean chapitre VIII.Jésus dit: “Celui qui est de Dieu écoute lesparoles de Dieu”, c’est-à-dire: quiconquecherche la vérité avec pureté d’intentions ets’inspire dans sa vie pratique de cette vérité,sera disposé à écouter la parole de Dieu. Sidonc les Juifs (dans leur majorité) n’écou-tent pas la parole de Dieu c’est parce qu’ilsne sont pas de Dieu, mais que LEUR PEREEST LE DIABLE!

b) L’orgueil des chefsLe Sauveur «démasquera ses adversaires,

en mettant inexorablement à nu la passioncachée qui les corrode. (...) Ils n’ont pasl’amour de Dieu: “J’ai reconnu que vousn’avez pas l’amour de Dieu en vous” (Jn V,42). La véritable et plus profonde raison deleur incrédulité est ailleurs: elle est en eux-mêmes, dans leur volonté: “Vous ne voulezpas venir à moi” (Jn V, 40)» (46). Donc l’am-bition les aveugle et fut pour eux un grandobstacle à croire et à venir au Christ. «C’estdonc avant tout L’ORGUEIL qui a tenu laclasse dominante dans l’incrédulité... N’est-ce pas un fait qui confirme que la superbeest la passion qui tient éloignés du Christ leshommes de la manière la plus tenace?» (47).

c) Espérances politiques et trop ter-restresLa foule, dans les miracles de Jésus, voit

la réalisation de ses espérances messia-niques; espérances d’une libération politiquedu joug romain; espérances d’une ère heu-reuse de prospérité matérielle.

En résumé LES MAUVAISES DISPO-SITIONS DE LA VOLONTE SONT LACAUSE ULTIME QUI EMPECHE A LAFOULE DE RECONNAITRE LE VRAIMESSIE EN JESUS de Nazareth, dans lamesure où elle veut un roi terrestre, réalisa-teur de ses aspirations matérielles. L’ultimeraison de l’incrédulité ne doit pas être re-cherchée dans l’intelligence, puisqu’ellen’est pas dans le fait de n’avoir pas pu croi-

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re, par manque de motifs objectifs et intelli-gibles de crédibilité, mais dans le fait deN’AVOIR PAS VOULU CROIRE, à caused’une mauvaise volonté mal disposée mora-lement. Leur incrédulité est donc volontaireet par conséquent coupable. On peut doncconclure que LA MAUVAISE VIE ESTLA CAUSE DE TOUTE INCREDULITE!

Comme le diable est un Ange déchu pourmauvaise volonté (il a préféré s’affirmer lui-même, même en se damnant, que de se sou-mettre à la volonté de Dieu), de la même ma-nière les Juifs dont le Père est le diable (entant qu’ils en ont imité la mauvaise volonté)ont préféré refuser le Sauveur et le salut,pour pouvoir satisfaire leur volonté perverse.

Epilogue

Comme je disais au début de l’article, àla question: “D’où vient et où va le Judaïsmepost-templier? Qui en est le chef et qui l’ins-pire?”, on peut répondre que derrière lesforces occultes (Judaïsme, Maçonnerie,Esotérisme, Haute Finance) qui manœu-vrent le monde, il faut voir l’action dudiable, leur Père et leur maître: en effet uneexplosion aussi vaste de passions malsaines,d’idées perverses et de faits déplorables, nepeut être expliquée sans une interventionpréternaturelle et diabolique. L’on ne peutoublier ni sous-estimer la part prise par lediable dans la marche de la Conjuration an-tichrétienne et de la Révolution, ni oublierque l’instrument principal dont le diable sesert pour subvertir le monde et l’esprit hu-main est le Judaïsme, déicide et réprouvépar Dieu. Qui donc voudrait combattre laRévolution sans en combattre le principalagent humain, le Judaïsme talmudique,échouerait et ne serait qu’un “semi-contre-révolutionnaire”.

Comme le Père Garrigou-Lagrangel’écrivait déjà avec perspicacité en 1945:«Les erreurs très dangereuses, aujourd’huiles plus répandues tendent à la déchristiani-sation complète des peuples. Le mal a com-mencé avec la Renaissance païenne duXVIème siècle, qui fut la renaissance de laSuperbe et des Sensualités païennes chez lesChrétiens. Le Protestantisme l’accentua...Vint ensuite la Révolution française... avecson Déisme et son Naturalisme... Puis l’es-prit de la Révolution conduisit auLibéralisme... Le Libéralisme [conservateur]

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ayant échoué... lui succéda le Radicalisme,pour ne pas dire plus exactement l’Anti-christianisme. D’où ont pris naissance lesFrancs-Maçons. Le Radicalisme à son tourcausa le Socialisme et celui-ci leCommunisme... Contre toutes ces néga-tions... seule l’Eglise Catholique... peut résis-ter efficacement, parce qu’elle seule possèdela Vérité sans erreurs. C’est la raison pourlaquelle le Nationalisme ne peut efficace-ment résister [à la Révolution]» (48). Cesidées furent reprises environ quinze ansaprès (en 1959), par un penseur brésilien,Plinio Correa de Oliveira, dans un livre inté-ressant mais incomplet intitulé Revolucao eContra-Revolucao (49).

La Révolution est une œuvre diaboliquede déchristianisation inspirée par Lucifer etconduite en premier lieu par le Judaïsme an-tichristique et antichrétien, qui dirige plu-sieurs autres branches, parmi lesquelles laMaçonnerie, l’Esotérisme, la Haute Financeet le Communisme. Combattre seulement etd’une manière excessive le dernier d’entreeux sans s’adonner à une étude approfondieet vaste de la question juive est erroné et...sent le... brûlé!

Que faire?

La divine Providence a voulu nous don-ner “un Secret”, pour ramener les âmes auCatholicisme et pour combattre ses ennemisinvisibles et ténébreux, c’est la VraieDévotion à Marie, spécialement telle qu’ellea été enseignée par St Louis Grignion deMontfort, dans le “Traité de la vraie dévo-tion à la Sainte Vierge”, qui peut être définicomme l’uranium du Christianisme, pourdévelopper une énergie spirituelle compa-rable à l’énergie atomique, surtout en cestristes temps d’Apostasie générale. La luttecontre le diable, le Judaïsme et ses dériva-tions secrètes, est une lutte essentiellementreligieuse, qui a besoin de l’aide de la grâcede Dieu. Or Marie est la Médiatrice Uni-verselle de toute grâce, elle en est la tréso-rière et la dispensatrice! La vraie dévotion,en qualité d’esclaves de Marie, est absolu-ment nécessaire pour vaincre la bataillecontre les forces du mal. La Révolution et leJudaïsme talmudique, étant sataniques dansleur essence, ne peuvent être combattus etvaincus que par une réaction qui soit surna-turelle dans son essence. Lucifer, symbole

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du Judaïsme rebelle à Dieu et déchu de savocation, sera vaincu par Marie qui lui écra-sera la tête, comme avait promis le Seigneur:“IPSA CONTERET CAPUT TUUM” (50).Dans cette optique notre victoire contre leJudaïsme révolutionnaire dépend de Marieet de notre union à Elle. St Louis Grignionde Montfort, avait prophétisé cette victoiredans la “Prière embrasée”, en demandant auSeigneur des armées un déluge de feu dupur amour qui purifiera l’humanité et sera:«Si doux et si véhément, que toutes les na-tions, les Turcs, les idolâtres, les Juifs mêmeen brûleront et se convertiront».

Notes

1) Parmi lesquels: Augustin Barruel, EmmanuelBarbier, Umberto Benigni, Paul Boulin, Pierre deClorivière, Augustin Cochin, Paul Copin-Albancelli,Jacques Crétineau-Joly, Henri Coston, Henri Delassus,Nicolas Deschamps, Vittorio De Bernardi, AndreaDalle Donne, Paul Drach, Raymond Dulac, BernardFay, Florido Giantulli, Réginald Garrigou-Lagrange,Roger Gougenot des Mousseaux, Ernest Jouin, lesfrères Lemann, Léon Meurin, Julio Mienvielle, AlbertMonniot, Charles Nicoullaud, Jean-Baptiste Pitra, Léonde Poncins, Antonino Romeo, Emmanuel Ratier,Francesco Spadafora.

Les personnes désirant plus d’informations sur lavie et les œuvres de ces auteurs peuvent consulter: M.-F. JAMES, Esotérisme, Occultisme, Franc-Maçonnerie etChristianisme aux XIX et XX siècles, NEL, Paris 1981.

2) V. MATTIOLI, Gli Ebrei e la Eglise, Mursia,Milano 1997, pp. 11-16.

3) B. LAZARE, L’antisémitisme, son histoire et sescauses, Paris 1934, vol. II, pp. 45-46. Ce livre a été éditéen italien par le Centro Librario Sodalitium dans la col-lection “Il Mistero d’Israele”.

4) H. DE VRIES DE HEEKELINGEN, Israele, il suopassato, il suo avvenire, Ed. Tumminelli, Milano 1937,pp. 103-118. Cité in V. MATTIOLI, op. cit., p. 17.

5) Cit. in J. TALLANDIER, Les origines secrètes duBolchevisme, Salluste, Paris 1930, p. 33.

6) La questione giudaica, vol. IV, 1936, pp. 37-46.7) L. DE PONCINS, La mystérieuse Internationale

juive, Beauchesne, Paris 1936, pp. 179 et 193.8) La Repubblica, 1er avril 1997, p. 38.9) La Civiltà Cattolica, cit., p. 39.10) La Civiltà Cattolica, La questione giudaica e il

Sionismo, vol. II, 1937, p. 421.11) Jn VIII, 31-47.12) ST JEAN CHRYSOSTOME, Commentaire sur Jean,

Homélie LIV, 1.13) Ibid., 2.14) Ibid., 3.15) ST AUGUSTIN, Commentaire sur Jean, Homélie

XLII, 1.16) Ibid. 1-2.17) Ibid. 5.18) Ibid. 7-8.

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19) Ibid. 9-11.20) ST THOMAS, Commentaire sur St Jean, VIII,

Leçon IV, 1201.21) Ibid. 1211-1215.22) Ibid. 1222.23) Ibid. 1227.24) Ibid. 1232.25) Ibid. 1241.26) Jn XV, 20-XVI, 3.27) ST THOMAS, Commentaire sur St Jean XV,

Leçons IV-V, 2039-2067.28) G. PASSELECQ - B. SUCHECKY, L’Encyclique ca-

chée de Pie XI, éd. La Découverte, Paris 1995, pp. 283-293.29) S. T., II-II, q. 10, a. 3.30) S. T., II-II, q. 162, a. 7, ad 3um.31) F. ROBERTI - P. PALAZZINI, Dizionario di

Teologia morale, Studium, Roma 1968, Vol. I, p. 802.32) S. T., II-II, q. 10, a. 6, sed contra.33) Jn XII, 37.34) A. CHARUE, L’incrédulité des Juifs dans le

Nouveau Testament, Gembloux, Duculot, 1929, p. 246.Il faut préciser que si objectivement parlant le péché dela masse des Juifs (considéré comme objet d’étude) futgrave, subjectivement considéré (c’est-à-dire en chaquepersonne en particulier) seul Dieu “qui sonde les reinset les cœurs” sait s’il y a culpabilité grave, légère ou s’iln’y en a pas.

35) Cf. Sodalitium n° 28, pp. 29-41.36) Jn XV, 22-24; XVI, 8-9.37) A. DAL COVOLO, La psicologia dell’incredulo,

Vita e Pensiero, Milano 1945, pp. 21-22.38) Jn IX, 41.39) Actes III, 17.40) AMMONIO ALESSANDRINO, Fragmenta in S.

Joann., P. G. LXXXV, 1478.41) S. T., III, q. 47, a. 5. c.42) S. T., III, q. 47, a. 6, ad. 3.43) Jn III, 19-20.44) A. DAL COVOLO, op. cit., p. 37.45) Cf. Jn VII, 17.46) A. DAL COVOLO, op. cit., p. 43.47) Ibid., p. 49.48) R. GARRIGOU-LAGRANGE, Santificazione sacer-

dotale nel nostro tempo, Marietti, Torino 1945, pp. 7-9.49) Campos 1959.50) Gen. III, 15.

Marie est notre refuge

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“LE SEL DE LA TERRE” ET LE SÉDÉVACANTISME

Par M. l’abbé Francesco Ricossa

Si nos lecteurs ont bonne mémoire, ilsdevraient se rappeler que Le Sel de laterre est la “revue catholique de sciences

religieuses et de culture chrétienne” fondée etdirigée par les Pères dominicains (de facto,mais non de jure) d’Avrillé. Bien que nosconfrères aient fait leurs premiers pas sousl’égide du Père dominicain (de facto et dejure) M.-L. Guérard des Lauriers, ils se pla-cent, eux et leur revue, “dans la ligne ducombat pour la Tradition dans l’Eglise entre-pris par S. E. Mgr Marcel Lefebvre”. Parconséquent, s’il s’écartait de cette ligne, LeSel de la terre perdrait sa raison d’être et de-vrait être refondé. Fidélité à la ligne de MgrLefebvre ne veut pas dire nécessairement fi-délité à la ligne de la Fraternité sacerdotaleSaint-Pie X: récemment encore les domini-cains d’Avrillé se sont fermement opposésaux négociations de la Fraternité avec le car-dinal Castrillon Hoyos, au grand désappoin-tement du supérieur général de laditeFSSPX, Mgr Fellay. Et pour éviter tout mal-entendu, récemment et à plusieurs reprisesLe Sel de la terre a pris position contre le sé-dévacantisme, considérant cette prise de po-sition comme une mission reçue de MgrLefebvre en personne (1).

Plusieurs fois dans les colonnes deSodalitium nous avons émis le souhait quenos adversaires acceptent un débat sur laquestion de l’Autorité dans la situation ac-tuelle de l’Eglise en général et sur la Thèse deCassiciacum en particulier; de ce point devue, donc, nous ne pouvons que nous réjouirde l’espace toujours croissant qu’Avrillé ré-serve à la question. Seulement, nous déplo-rons la manière imprécise, souvent superfi-cielle, parfois manifestement déformée dontLe Sel de la terre expose les positions des ad-versaires. Réfuter (ou chercher à réfuter) uneopinion que l’on ne partage pas est toujourslicite; à condition, cependant, de présentercorrectement les positions de l’adversaire…

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Le “petit catéchisme sur le sédévacantisme”

Un personnage anonyme – qui signeDominicus – a publié dans le n° 36 (prin-temps 2001) du Sel de la terre [à partir demaintenant LSDLT] un Petit catéchisme surle sédévacantisme: 14 questions et réponsesen 5 petites pages, où l’on passe avec tropde facilité d’arguments théologiques à desobservations d’un genre bien différent - quenous pourrions appeler “écarts de style”.

Je ne m’attarderai pas sur tous ces écartsde style, et ne relèverai pas non plus toutesles imprécisions de langage qui nécessite-raient une explication: de minimis non curatprætor. Je m’arrêterai par contre sur ce queLSDLT affirme de la Thèse de Cassiciacum[en bref TdeC] qui est, comme chacun sait, laposition de notre revue et de notre Institut.

Sédévacantisme et Thèse de Cassiciacum

LSDLT fait d’abord un choix discutable,qui comporte en effet – comme conséquence– des équivoques fallacieux.

Le choix consiste à présenter la “Thèsede Cassiciacum” comme une forme de sédé-vacantisme. Nous ne voulons pas ici nousbattre sur les mots, étant donné que parfoisil suffit de s’entendre sur la signification desétiquettes utilisées. Le premier numéro desCahiers de Cassiciacum (mai 1979) présen-tait en effet un article du Père Guérard desLauriers intitulé comme suit: Le SiègeApostolique est-il vacant? L’auteur (jamaiscité sous son nom par le petit catéchisme deLSDLT) répondait (en plus de cent pages)que le Siège Apostolique est actuellementformellement vacant, mais non matérielle-ment. Après avoir donné les preuves decette thèse, l’auteur examinait et réfutaittrois opinions qui y sont contraires :

1) le Cardinal Montini n’est plus pape,pas même matériellement

2) Paul VI est pape. Il a donc droit à uneobéissance inconditionnée

3) Paul VI est pape lorsqu’il est catholique.La Thèse du Père Guérard des Lauriers

est-elle donc “sédévacantiste”, pour utiliserce néologisme?

Si par “sédévacantisme” on entend toutethèse niant que l’occupant actuel du SiègeApostolique jouisse de l’Autorité divine-ment assistée, alors oui, la TdeC est “sédé-vacantiste”.

Doctrine

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Si par “sédévacantisme” on entend parcontre une doctrine bien articulée et quis’identifie substantiellement à la premièreopinion contraire à la Thèse, alors non, laTdeC n’est pas “sédévacantiste”.

On peut opter – légitimement – pourl’une ou l’autre classification (Thèse “sédé-vacantiste” ou “non sédévacantiste”). Maissi l’on choisit de classer la Thèse comme “sé-dévacantiste” (et c’est ce qu’a fait LSDLT) ildevient nécessaire alors de préciser chaquefois si l’on parle de la TdeC ou bien du sédé-vacantisme complet. Et justement LSDLTne l’a pas fait, attribuant par contre indis-tinctement à tous les sédévacantistes les ar-guments propres aux sédévacantistes “com-plets” mais repoussés par la TdC (cf. la sixiè-me question: sur quels arguments les sédéva-cantistes fondent-ils leurs théories?). Cetteconfusion est celle-là même que j’ai repro-chée à un sédévacantiste “complet” (l’abbéPaladino), lequel confondait nos argumentset les arguments lefebvristes, là où LSDLTconfond nos arguments et les arguments sé-dévacantistes. Serait-ce trop demander qued’invoquer de la clarté?

Une présentation caricaturale de la Thèse

A la p. 113 (troisième question: Tous lessédévacantistes sont-ils d’accord entre eux?)LSDLT écrit: Certains pensent que le papeactuel est un antipape, pour d’autres il estpape à moitié, pape ‘materialiter’ mais non‘formaliter’. (Caractères gras ajoutés parnotre rédaction).

Soutenir que pour la TdeC Jean-Paul IIest “pape à moitié”, est ou bien une caricatu-re volontaire ou bien une totale et ridiculeincompréhension. Des Pères dominicains,quotidiennement en contact avec la Sommede saint Thomas, devraient connaître la dis-tinction materialiter/formaliter appliquéecontinuellement par l’Aquinate aux ques-tions les plus variées, en ce sens que tout êtrecréé peut être considéré du point de vue dela matière (materialiter) ou du point de vuede la forme (formaliter). L’expression “papeà moitié” est grossière, ridicule, caricaturale.Ce serait comme dire qu’un péché matérielest un péché “à moitié”, ou que nos péchéssont le sacrement de pénitence à moitié (lespéchés étant la matière du sacrement) ouque la particule non consacrée est Jésus-Christ à moitié, ou encore qu’un diacre au-

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quel l’Evêque a déjà imposé les mains sansproférer toutefois encore sur lui la forme sa-cramentelle est un prêtre à moitié…

Et pourtant, ce que signifie l’expression“pape materialiter non formaliter” LSDLTne l’ignore pas, puisqu’il écrit (p. 114, qua-trième question): “le pape actuel [sic: Jean-Paul II] a été désigné validement pour êtrepape, mais il ne peut recevoir l’autorité pa-pale, car il y a en lui un obstacle (son héré-sie)”. Etant donné que LSDLT a compris ceque signifie la distinction (sauf en ce quiconcerne la nature de l’obstacle, qui n’estpas – à strictement parler – l’hérésie), on necomprend pas pourquoi il a utilisé l’expres-sion “pape à moitié”.

La Thèse ne naît pas pour résoudre unedifficulté

Quand le “Petit catéchisme” doit expli-quer “ce que signifie être pape ‘materialiter’”,il commence par répondre: “la principaledifficulté du sédévacantisme c’est d’expliquercomment l’Eglise peut continuer d’exister defaçon visible (car elle a reçu de Notre-Seigneur la promesse de durer jusqu’à la findu monde), tout en étant privée de chef”, et ilpoursuit: “les partisans de la thèse dite ‘deCassiciacum’ ont inventé une solution trèssubtile…”.

La façon de procéder de Dominicus estrévélatrice de sa mentalité théologiquepeu… dominicaine. Il présente la théologie(en l’occurrence celle de la TdeC) comme

Mgr Guérard des Lauriers, o.p.

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une solution à des problèmes pratiques, oucomme une apologétique. C’est là une mau-vaise méthode, tant en général que - en l’es-pèce - pour ce qui regarde la Thèse.

En effet la distinction “très subtile” quefait la TdeC dans la papauté entre un aspectmatériel et un aspect formel n’est pas uneinvention du Père Guérard pour répondre àune objection ou résoudre une difficulté,comme le laisse entendre LSDLT, mais cor-respond en tout à la formation – thomiste –de ce même Père Guérard.

A preuve de ce que je dis, il suffit de lireles Cahiers de Cassiciacum, en particulier lepremier numéro dans lequel est exposée laThèse, pour se rendre compte du fait qu’il n’ya pas trace de la distintion materiali-ter/formaliter comme solution au problèmede l’indéfectibilité de l’Eglise signalé parDominicus. Qui plus est, et si je ne me trom-pe, il n’y a pas la moindre mention de cettedifficulté dans le premier numéro des Cahiers,pas même dans la réfutation de l’opinion sé-dévacantiste qui nie la thèse du “pape mate-rialiter”, c’est-à-dire là où justement on s’at-tendrait à la trouver! Quand ensuite le P.Guérard parle ex professo de l’objection quel’on peut tirer de Matthieu XXVIII, 20 (CdeCn° 6, mai 1981, pp. 98-121) – en réponse à uneobjection de l’abbé Cantoni, alors professeurà Ecône – il ne fait pas la moindre allusion àla distinction materialiter/formaliter pour ré-soudre le problème de l’indéfectibilité et del’apostolicité de l’Eglise. Ce n’est qu’en 1985– avec le livre de l’abbé Lucien (écrit de toutefaçon sous le contrôle du P. Guérard) – qu’onémet l’hypothèse de la possibilité – et mêmede la nécessité, à cause de l’indéfectibilité del’Eglise promise par le Christ – d’une “perma-nence matérielle de la hiérarchie” (op. cit.,chap. X, pp. 97-103). Par la suite, cet argu-ment est devenu un point important de laTdeC, tant pour répondre aux objections deceux qui nient que Jean-Paul II ne soit pasPape formaliter, tant pour objecter à ceux quinient qu’il soit encore “pape materialiter”:d’où l’importance donnée à ce point de doc-trine par moi-même ou par l’abbé Sanborn.

Admettre que Paul VI – puis Jean-PaulII – sont encore “papes materialiter” résoutpar conséquent, comme nous l’avons déjàdémontré tant de fois et comme nous le ver-rons – la difficulté posée par le dogme del’indéfectibilité de l’Eglise que les autres sé-dévacantistes ne peuvent résoudre: c’est

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vrai. Mais cet avantage indubitable de laTdeC a été “découvert” sept ans au moinsaprès la première rédaction de la Thèse (laTdeC a été écrite en 1978).

La distinction materialiter/formaliter,n’est donc pas née en tant que “solution trèssubtile” et byzantine à une difficulté, mais del’analyse objective de la situation actuelle del’Autorité dans l’Eglise.

Les trois arguments de LSDLT contre la Thèse

En huit lignes (nous rappelons qu’ils’agit d’un catéchisme) LSDLT présente àses lecteurs une réfutation de la Thèse. Pourla commodité de nos lecteurs, je reporteraiintégralement la question et la réponse du“Petit Catéchisme”:

- Que pensez-vous de cette solution?[du “pape materialiter”]

Elle n’est pas fondée dans la Tradition.Les théologiens (Cajetan, saint RobertBellarmin, Jean de Saint Thomas, etc.) ontexaminé la possibilité d’un pape hérétique,mais aucun, avant le Concile, n’avait imagi-né une telle théorie.

Elle ne résout pas la difficulté principaledu sédévacantisme: comment l’Eglisepeut-elle continuer à être visible? En effet,si le pape, les cardinaux, les évêques, etc.sont privés de leur ‘forme’, il n’y a plus dehiérarchie visible de l’Eglise.

En plus, cette théorie pose de sérieuxproblèmes philosophiques, car elle suppo-se qu’un chef puisse être chef ‘materialiter’sans avoir l’autorité.

Avec cette réponse le “Petit Catéchisme”pense avoir réglé ses comptes avec la TdeC,et il se remet à parler de sédévacantisme, engénéral. Mais avec ces arguments LSDLT a-t-il vraiment enterré notre Thèse? Essayonsde répondre aux trois objections deDominicus…

1) L’argument de tradition

Argument commun, disons-le, aux sédé-vacantistes et aux lefebvristes… (2), qui,dans le cas présent, méritent tous deux l’éti-quette de “traditionalistes” (3). Le PèreGuérard des Lauriers avait prévu cette ob-

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jection dès le premier numéro des Cahiersde Cassiciacum: L’affirmation “la preuve dela thèse n’est pas infirmée par l’argument detradition” est en effet le titre d’un des para-graphes de la Thèse (B, 3 ae). “La Théologieconsiste, au moins parfois, à réfléchir, et passeulement à répéter” (4). Répéter tellesquelles les opinions des auteurs anciens c’estfaire de la théologie positive ou de la casuis-tique, certes pas de la théologie spéculative;voilà qui devrait être évident pour des Pèresdominicains (s’il n’en était pas ainsi, saintThomas– en tant que théologien – n’auraitmême pas existé)!

Dominicus rappelle que “les théologiens(Cajetan, saint Robert Bellarmin, Jean deSaint Thomas, etc.) ont examiné la possibilitéd’un pape hérétique, mais aucun, avant leConcile, n’avait imaginé une telle théorie”.“Avant le Concile” qui aurait jamais imagi-né une situation identique à celle que nousvivons? Voilà qui ne vient pas à l’esprit deDominicus. Le Père Guérard écrivait avecfinesse et non sans humour: “on ne manque-ra pas d’observer que les théologiens n’ontpas prévu un tel cas de ‘vacance’ pour leSiège apostolique. Les objectants, répondons-nous, ressemblent à ce chasseur qui, sûr de sascience, un jour s’aventura… dans la réalité.La panthère, une moderniste, arriva àgauche, alors que l’événement était, dans lelivre, prévu ‘à droite’. Le chasseur en conclutque l’animal s’était trompé et, seconde erreurde la panthère, fut par celle-ci croqué” . Et ilconcluait: “la théologie ne doit pas être inféo-dée à l’historicisme. Elle consiste certes à ré-péter; mais, surtout en temps de crise, elleconsiste d’abord à réfléchir, à remonter auxprincipes à partir des faits, et à éclairer ceux-ci par ceux-là. Serait-il donc surprenantqu’une crise qui est dans l’Eglise sans précé-dent, culmine précisément dans le Siège apos-tolique, par un type de vacance qui est lui-même sans précédent?” (5).

Les théologiens et les canonistes médié-vaux et, ceux de la scolastique tardive ontétudié le cas d’un pape “hérétique” ou schis-matique (poussés aussi par l’actualité,comme ce fut le cas pour Cajetan qui écrività propos d’un schisme, relent du conciliaris-me), prenant en considération l’hypothèsed’un Pape qui tombe dans l’hérésie non dansson enseignement public, mais en tant quedocteur privé. Nous voyons déjà une pre-mière différence par rapport à la situation

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actuelle: les erreurs reprochées aux “papes”du Concile ont été enseignées dans leur“magistère” authentique (c’est-à-dire offi-ciel, autorisé) et pas seulement comme per-sonnes privées. Mais il est une autre diffé-rence, et bien plus importante, entre l’hypo-thése émise par les théologiens classiques etla situation actuelle: dans l’hypothèse d’un“pape hérétique”, les docteurs donnaientpour certain qu’au moins une partie del’Eglise hiérarchique se serait opposée àl’hérésie personnelle du Pontife en consta-tant la perte du Pontificat pour cause d’héré-sie (Papa hæreticus depositus est) ou bien endéclarant sa déposition pour le même motif(Papa hæreticus deponendus est). Actuel-lement, malgré les erreurs indéniables des“papes” conciliaires, nous devons constaterqu’Evêques et Cardinaux suivent ces erreursou, du moins, qu’aucun d’entre eux ne pensede son devoir de procéder selon les modali-tés prévues par les théologiens “tradition-nels” (ce qui, comme nous le verrons, poseun sérieux problème à tous ceux qui s’oppo-sent auxdites erreurs).

Si - donc - la situation actuelle est différen-te de celle prévue par les auteurs du passé, ilest nécessaire que l’interprétation qu’en doitdonner la théologie soit elle aussi différente.

Les auteurs postérieurs au Père Guérard,se sont rendus compte cependant que laThèse de Cassiciacum n’est pas aussi dé-pourvue d’appui chez les grands auteursclassiques ou dans la législation canoniquequ’il le semblait à première vue. La distinc-tion - dans la papauté - d’un aspect matériel(le fait d’être le sujet désigné par l’élection)et d’un aspect formel (le fait de jouir de l’au-torité divinement assistée) remonte en effetau grand commentateur de saint Thomas, leCardinal Cajetan (Tommaso de Vio, 1468-1533) - qui fut, entre autres, Maître généraldes dominicains - dans son œuvre célèbre Deauctoritatæ Papæ et Concilii utraque invicemcomparata (terminée à Rome le 12 octobre1511) avec son annexe Apologia ejusdemtractatus parue l’année suivante (6). Par lasuite le cardinal Robert Bellarmin, saint etdocteur de l’Eglise, fera sienne la distinctiondans son De Romano Pontifice (l. II, c. 30).En ce qui concerne la “tradition” théolo-gique, voilà qui est suffisant.

Pour ce qui est du droit canon, l’abbéSanborn (7) a fait remarquer comment ledroit “permet de distinguer plusieurs sortes

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de vacances” (R. Naz, Dictionnaire de Droitcanonique, Paris 1957, t. VI, col. 1086-1087).Et cela suffit pour la “tradition”canonique.

Pour conclure cette question d’importan-ce mineure, j’ai plaisir à citer l’observationque fit le Père Vinson lorsque furent publiésles Cahiers de Cassiciacum, observation quirésume bien la question à la fois de l’origina-lité et des racines traditionnelles de la Thèsedu Père Guérard des Lauriers. Dans saSimple lettre (février-mars 1980) le PèreVinson citait les paroles conclusivesd’Arnaldo Xavier Vidigal da Silveira, théo-logien de l’Evêque de Campos, Mgr deCastro Mayer, et qui étudia pour celui-ci en1970 la question théologique classique du‘Pape hérétique’ à la lumière des difficultésposées par la promulgation de la “nouvellemesse” par Paul VI:

“Pour cette raison, comme nous l’avonsdit au commencement, nous invitons les spé-cialistes en la matière à réétudier la question”.

“Réétudier la question...” - commentait lePère Vinson - “n’est-ce pas ce que s’efforcede faire le R.P. Guérard des Lauriers”.

2) L’argument de la visibilité de l’Eglise

La seconde difficulté que le “Petit caté-chisme” voit dans la TdeC est qu’elle ne ré-sout pas la “difficulté principale du sédéva-cantisme: comment l’Eglise peut-elle conti-nuer à être visible?”. Et pourtant, selonLSDLT, c’est justement pour résoudre cettedifficulté qu’elle aurait été inventée.

Laissons de côté la confusion qui trans-paraît aussi dans le SDLT entre visibilité etindéfectibilité, pour en venir à la solution dela difficulté, difficulté qui existe en effet etrequiert une réponse...

La Foi de l’Eglise à ce propos est résuméedans ce canon du Concile Vatican (premier):

Si donc quelqu’un dit que ce n’est pas parl’institution du Christ ou de droit divin que lebienheureux Pierre a, et pour toujours dessuccesseurs dans sa primauté sur l’Eglise uni-verselle; ou que le Pontife romain n’est passuccesseur de saint Pierre en cette primauté:qu’il soit anathème (DS 3058; voir aussi DS2997).

Il est évident que le Concile n’affirmepas comme vérité de foi qu’il y aura toujours- en acte - un Pape sur le siège de Pierre: S’ilen était ainsi toute période de siège vacant sicourte soit-elle, entre la mort d’un Pape et

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l’élection du successeur serait contraire à lafoi sur la visibilité et l’indéfectibilité del’Eglise!

Ce que le Concile affirme est quel’Eglise, édifiée sur terre par Jésus-Christsur Pierre, persistera “ferme et immuabledans sa propre nature jusqu’à la consomma-tion des siècles” (Pie IX, DS 2997), et quepar conséquent elle sera toujours fondée surPierre. Il n’est donc pas nécessaire qu’il y aittoujours de fait un Pape, mais que subsistetoujours la possibilité et la volonté d’élire unPape, comme le rappelle le Père Goupil, sisouvent cité:

“remarquons que cette succession formel-le ininterrompue [de Pontifes sur le siège dePierre] doit s’entendre moralement, etcomme l’exige la nature des choses: succes-sion de personnes, mode électif, comme l’avoulu le Christ et comme l’a entendu toutel’antiquité chrétienne. Cette perpétuité n’exigedonc pas qu’entre la mort du prédécesseur etl’élection du successeur il n’y ait aucun inter-valle, ni même que dans toute la série despasteurs aucun ne puisse avoir été douteux;mais ‘on entend par là une succession de pas-teurs légitimes telle que jamais le siège pasto-ral, même vacant, même occupé par un titu-laire douteux, ne puisse réellement être réputétombé en déshérence; c’est-à-dire encore quele gouvernement des prédécesseurs persévèrevirtuellement dans le droit du siège toujoursen vigueur et toujours reconnu, et que tou-jours aussi ait persévéré le souci d’élire unsuccesseur’ (Ch. Antoine, De Eccl.)” (8).

En quelques mots, c’est l’objection “histo-rique” de Mgr Lefebvre que LSDLT soulèveà la TdeC et au sédévacantisme en général:

Le raisonnement de ceux qui affirmentl’inexistence du Pape met l’Eglise dans unesituation inextricable. Qui nous dira où est lefutur Pape? Comment pourra-t-il être dési-gné, puisqu’il n’y a plus de cardinaux? (9).

Dans l’un de mes précédents écrits je ré-pondais:

“Dans la perspective de la Thèse en effet,se profilent plusieurs issues possibles à unesituation apparemment désespérée: a) Jean-Paul II (ou son successeur) pourrait rejeterpubliquement Vatican II, en devenant for-mellement le Souverain Pontife; ou bien, b)des évêques résidentiels, après avoir rejetéVatican II et fait en vain des monitions àJean-Paul II (ou à son successeur), pour-raient également en constater la pertinacité et

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élire canoniquement un successeur. En touscas, les personnes nommées aux différentssièges épiscopaux (ou au cardinalat) occu-pent toujours, même si ce n’est que matériel-lement (sans autorité) ces dignités, et assurentainsi la continuité de la hiérarchie et la péren-nité de l’Eglise (10).

La TdeC résout par conséquent la difficul-té avancée par LSDLT. C’est par contre la po-sition adoptée par la Fraternité Saint-Pie X etpar les dominicains d’Avrillé qui pose desproblèmes quant à la visibilité et à l’indéfecti-bilité de l’Eglise. Car si l’on reconnaît l’autori-té de Paul VI et de Jean-Paul II, il est bien dif-ficile d’expliquer comment l’Eglise actuellen’est pas essentiellement changée (contre l’in-défectibilité) ou comment ceux qui s’opposentà ces Pontifes ne s’opposent pas par le faitmême à l’Eglise visible. De nombreuses cita-tions d’auteurs disciples de Mgr Lefebvrepourraient être adoptées à l’appui de cette af-firmation (11). La question de la visibilité del’Eglise (ubi Petrus ibi Ecclesia) et de son in-défectibilité (Portæ inferi non prævalebunt ad-versus eam... Ecce ego vobiscum sum usque adconsummationem sæculi...) est bien plus pro-blématique pour les partisans des positions deMgr Lefebvre et de LSDLT que pour nous.

3) L’argument philosophique

... est réduit à peu de chose: “de plus cettethéorie pose de sérieux problèmes philoso-phiques, car elle suppose qu’un chef puisseêtre chef materialiter sans avoir l’autorité”.

En général l’objection philosophiquecommune aux lefebvristes et aux sédévacan-tistes consiste à nier que puisse subsister unematière sans forme; les dominicains d’Avrilléne la reprennent pas telle quelle (nous yavons répondu mille fois), mais ils la présen-tent de façon différente. Affirmer que Jean-Paul II est Pape materialiter serait commedire - si nous avons bien compris l’objection -qu’un chef n’est pas chef, ou qu’un Papen’est pas Pape; ou comme soutenir, end’autres termes, une contradiction absurde.

En réalité il n’y a aucune contradiction.Si - avec Cajetan et Bellarmin - nous ad-

mettons que dans la papauté l’élément maté-riel est constitué par le fait d’avoir été cano-niquement élu et si l’élément formel consisteà avoir reçu de Dieu l’autorité divinementassistée, nous ne voyons pas quel problème ily a à soutenir qu’un individu déterminé puis-

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se avoir été canoniquement élu à la papauté(il est “pape” materialiter) mais n’a pas en-core reçu de Dieu l’autorité (il n’est pas papeformaliter): c’est ce qui se passe à chaqueconclave dans l’intervalle séparant l’électiond’un cardinal de son acceptation de la papau-té. C’est ainsi que l’élu devient un chef... enpuissance (il peut devenir le chef, l’autorité)mais il ne l’est pas encore en acte (il n’est pasle chef, l’autorité). Que Dominicus nous ex-plique où se trouve - dans cette hypothèse -le sérieux problème philosophique...

Les arguments des sédévacantistes... ne sontpas ceux de la Thèse...

Après avoir soulevé ses objections à laThèse, Dominicus prétend exposer et réfuterles arguments des sédévacantistes. A la sixiè-me question il se demande: “sur quels argu-ments les sédévacantistes fondent-ils leursthéories?” Et il répond en attribuant à tousles sédévacantistes deux arguments: théolo-gique (hypothèse du Pape hérétique) et juri-dique (la Bulle de Paul IV déclarant invalidel’élection d’un hérétique à la papauté).

Pour riposter à ces deux arguments sédé-vacantistes Dominicus se sert des questionset réponses suivantes (de la septième à ladixième) - en s’appuyant entre autres surune citation de Billuart qui n’est pas de soncru (il la doit indirectement, aux “guérar-diens”). Sodalitium n’entrera pas dans cedébat puisque, comme chacun sait (ou de-vrait savoir), la TdeC n’a jamais fait appel àces deux arguments qu’elle a toujours consi-dérés comme non probants. Laissons doncaux sédévacantistes complets la charge dedéfendre leurs propres positions, et conten-tons-nous de déplorer encore une fois queLSDLT - revue de théologie, pourtant - at-tribue sans discrimination à tous les sédéva-cantistes des positions qui n’ont jamais étécelles de Mgr Guérard des Lauriers.

... alors que l’argument de la Thèse est in-trouvable dans le catéchisme de LSDLT!

Selon la TdeC, on peut démontrer quePaul VI - et aujourd’hui Jean-Paul II - nesont pas formellement Papes parce qu’ilsn’ont pas l’intention habituelle et objectivede procurer le Bien-Fin de l’Eglise. C’est lapreuve du “comment” Jean-Paul II n’est pasformellement Pape.

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Le “petit catéchisme” aurait très bien puen le signalant - s’abstenir de parler de laThèse. Auquel cas il aurait tout aussi bienpu s’abstenir de signaler cet argument. Maisle “petit catéchisme” a parlé de la Thèse,avec la prétention d’en prouver la fausseté.Dans ces circonstances, il n’est pas possible,il n’est pas intellectuellement honnête, nonseulement d’attribuer à la Thèse des argu-ments qui ne sont pas les siens, mais aussi depasser sous silence l’argument inductif quela Thèse fait sien.

Signalons, entre autres, que même pourles auteurs liés à Mgr Lefebvre, cet argu-ment ne devrait pas sembler si difficile ouprivé de fondement au point de n’être pasmême mentionné.

Que l’absence d’intention objective deprocurer le Bien-Fin de l’Eglise soit cause dela perte de l’Autorité, voilà qui est une thèseadmise par exemple et à plusieurs reprisespar Mgr Tissier de Mallerais (12). Et que PaulVI et Jean-Paul II ne procurent pas objecti-vement le Bien-Fin de l’Eglise est une opi-nion commune à tous les “traditionalistes”,plusieurs fois soutenue aussi par Mgr

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Lefebvre (13). On en devrait conclure quePaul VI et Jean-Paul II ne peuvent jouir del’autorité divinement assistée: si les théolo-giens proches de la Fraternité n’arrivent pasà cette conclusion, on doit l’attribuer à desmotifs apparemment étrangers à l’exercicede la logique...

L’autorité du Concile, des lois liturgiques etcanoniques

Si LSDLT ne mentionne pas l’argumentinductif de la Thèse, il n’omet cependant pasde dédier une question de son catéchisme àl’argument déductif de cette même Thèse,celui qui se fonde sur l’infaillibilité (même siDominicus pense qu’il ne s’agit que d’un“confirmatur” et non d’un véritable argu-ment: “les sédévacantistes - écrit-il - ne pen-sent-ils pas trouver une confirmation de leuropinion dans les erreurs du Concile et la no-civité des lois liturgiques et canoniques del’Eglise conciliaire? (14).

Vatican II aurait-il dû être garanti par l’in-faillibilité du magistère ordinaire universelde l’Eglise? LSDLT soutient que non...

Rappelons brièvement aux lecteurs l’ar-gument tiré de l’infaillibilité du magistèreordinaire universel tel que le présentaitl’abbé Lucien:

“L’observation de fait:Il y a opposition de contradiction entre la

doctrine de Vatican II sur le droit à la libertécivile en matière religieuse et la doctrine in-failliblement enseignée jusqu’alors sur lemême sujet.

Le raisonnement par réduction à l’absurde:Si Paul VI avait été formellement Pape au

moment de la promulgation de la doctrine deVatican II, il eût été impossible, en vertu del’infaillibilité du Magistère ordinaire et uni-versel, que cette doctrine fût en oppositionavec un enseignement infaillible de l’Eglise.

Or cette opposition s’est produite.Donc Paul VI n’était pas formellement

Pape” (15).

Si l’on n’accepte pas - comme le faitLSDLT - la conclusion de ce raisonnement(Paul VI n’était pas formellement Pape) c’estqu’on refuse aussi au moins une partie du

Couverture de la revue “Le Sel de la terre”

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syllogisme. Or LSDLT - avec Mgr Lefebvre -admet le fait observé et la mineure du syllo-gisme, c’est-à-dire l’opposition de contradic-tion entre la doctrine du Concile sur la libertéreligieuse et l’enseignement infaillible del’Eglise. C’est donc la “majeure” de l’argu-ment que nos confrères dominicains refusent.

Très souvent dans le passé, on s’est efforcéde nier - explicitement ou implicitement - l’in-faillibilité du magistère ordinaire universel del’Eglise: entreprise ardue, impossible mêmepour un catholique, puisqu’il s’agit d’une véri-té de foi définie par le Concile Vatican I(Constitution Dei Filius, Denz. 1792).

Nous prenons acte du fait que LSDLT nesuit pas cette voie et admet l’infaillibilité dumagistère ordinaire universel de l’Eglise.Nous ne pouvons que nous féliciter de cepoint acquis.

Il ne reste plus alors qu’à nier le fait queVatican II aurait dû être garanti au moinspar l’infaillibilité du magistère universel del’Eglise. Pour soutenir cette opinion,Dominicus se réfère d’abord à un articleprécédemment publié par LSDLT (nous enparlerons plus loin) puis il allègue deux ar-guments, l’un de fond et l’autre ad hominem.

Premier argument (ad hominem) du “Petitcatéchisme”: s’il en était ainsi, “toute l’Eglisecatholique aurait actuellement diparu...”

Voici ce qu’écrit Dominicus:”en réalité, sil’on acceptait ce raisonnement, il faudrait direque toute l’Eglise catholique a disparu à ce mo-ment, et que ‘les portes de l’enfer ont prévalucontre elle’. Car l’enseignement du magistèreordinaire universel est celui de tous les évêques,de toute l’Eglise enseignante” (p. 116).

Comme nous voyons, l’argument est tou-jours celui de l’indéfectibilité de l’Eglise;c’est un argument grave et important quin’est pas l’apanage de LSDLT: tout partisande Vatican II pourrait l’utiliser contre tousceux qui l’accusent d’avoir erré (y comprispar conséquent LSDLT).

Comment peut-on en effet nier une doc-trine enseignée par l’unanimité morale desévêques catholiques - c’est-à-dire de l’Egliseenseignante? S’il en était ainsi on devrait endéduire - comme LSDLT nous le reproche -que l’Eglise dans son ensemble a abandonnéla Foi, ce qui est contraire au dogme de l’in-défectibilité de l’Eglise (même si nombreuxsont les théologiens lefebvristes qui l’affir-

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ment ouvertement, comme les abbésBouchacourt et Sélégny cités plus haut).

Telle n’est pas évidemment notre posi-tion: nous croyons en l’indéfectibilité del’Eglise... et donc aussi en son infaillibilité!

Nous répondons par conséquent àDominicus: il aurait raison si nous soute-nions que l’autorité de Vatican II est celledu magistère ordinaire universel (qui est in-faillible). Mais en réalité nous soutenons quel’autorité de Vatican II aurait dû être (aumoins) celle du magistère ordinaire univer-sel. Ce qu’elle aurait été si Paul VI avait étéPape. Mais étant donné que Paul VI n’étaitpas Pape, Vatican n’est pas non plus magis-tère ordinaire universel, et par conséquent iln’est pas infaillible.

A cette réponse on nous avancera uneobjection: l’autorité des autres évêques quiont souscrit à Vatican II. La réponse est quesans le Pape tous les évêques ne sont pas in-faillibles.

On nous objectera encore qu’une foisposées les conditions de l’infaillibilité, ondoit adhérer à ce qui est enseigné parl’Eglise enseignante et non déduire, aucontraire, l’illégitimité de qui a ainsi ensei-gné. Nous répondrons que ce qui est objectévaut pour une matière qui n’a pas déjà étéinfailliblement définie par l’Eglise ensei-gnante, la liberté religieuse par exemple.

On nous objectera alors que si Paul VI ettous les évêques ont erré sur la foi, alorsl’Eglise entière a défailli et que les portes del’enfer ont prévalu. Nous répondons ad ho-minem que cet argument vaut aussi contreMgr Lefebvre. Ensuite nous répondons -contre les partisans de Mgr Lefebvre - quel’objection est valide si l’on pense justementque Paul VI et les évêques unis à lui avaientl’autorité et représentaient vraiment l’Egliseenseignante: c’est bien alors dans ce cas quel’Eglise aurait perdu son infaillibilité et sonindéfectibilité. Nous répondons encore quel’ensemble de l’Eglise enseignante est in-faillible (tout comme le Pape) parce qu’au-trement - si elle pouvait errer - tous la sui-vraient dans l’erreur. Or, dans notre cas,cette erreur n’est pas possible justementparce que les matières sur lesquelles lespères conciliaires ont erré étaient déjà défi-nies par l’Eglise enseignante, d’où la possibi-lité pour les fidèles de se rendre compte del’erreur et de pas la suivre: ce qui d’ailleursest arrivé, puisque il s’est trouvé des

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évêques, des prêtres et des fidèles qui n’ontpas suivi l’enseignement de Vatican II, cer-tains implicitement, d’autres explicitement.

On peut en conclure, après un examenattentif, que l’argument - pourtant si délicat- de l’indéfectibilité de l’Eglise s’avère em-barrassant surtout pour qui, comme LSDLT,suit la position de Mgr Lefebvre et non pourqui suit la position de Mgr Guérard desLauriers (16).

Second argument du “Petit catéchisme”: Va-tican II n’est pas infaillible puisqu’il n’est pasimposé avec autorité. Réponse à cet argument

Selon les “sédévacantistes” Vatican IIaurait dû être au moins magistère ordinaireuniversel - celui des évêques unis au Pape -et par conséquent infaillible. Or Vatican IIn’est pas infaillible, car il a erré. Donc iln’est pas magistère ordinaire universel, celuides évêques unis au Pape, et cela ne peutêtre qu’en admettant que Paul VI, à ce mo-ment-là, n’était pas formellement Pape.

Dominicus trouve une solution qui luisemble plus simple: “l’enseignement concili-aire ne se présente plus comme ‘nécessaire ausalut’ (c’est logique, puisque ceux qui le pro-fessent pensent qu’on peut se sauver mêmesans la foi catholique). N’étant pas imposéavec autorité, cet enseignement n’est pas cou-vert par l’infaillibilité”(question 11, p. 116).

Nous répondons à Dominicus:a) que sa réponse pèche, encore une fois

par volontarismeb) qu’en tous cas c’est une erreur de sou-

tenir que Vatican II ne prétend pas s’impo-ser avec autorité.

Pour ce qui est du premier point, je ren-voie nos lecteurs, et en particulier les domi-nicains d’Avrillé, à ce qu’écrit à ce sujetl’abbé Lucien dans l’annexe II (Infaillibilitéet obligation) de son étude sur l’infaillibilitédu magistère ordinaire et universel (17). Pourrésumer: l’acte de foi a pour motif l’autoritéde Dieu qui se révèle. Le rôle de l’Eglise estde préciser ce qui - exactement - a été révélépar Dieu : “Toutes les fois donc que la parolede ce magistère déclare que telle ou telle véri-té fait partie de l’ensemble de la doctrine divi-nement révélée, chacun doit croire avec certi-tude que cela est vrai; car si cela pouvait enquelque manière être faux, il s’ensuivrait, cequi est évidemment absurde, que Dieu lui-même serait l’auteur de l’erreur des hommes”

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(Léon XIII, Satis cognitum). “Le rôle proprede l’Eglise n’est donc nullement d’obliger àcroire; il est de certifier infailliblement quetelle proposition appartient au donné révélé(ou s’y rattache, pour les ‘vérités connexes’).En bref, le magistère comme tel n’oblige pasà croire, mais propose ce qui est à croirecomme divinement révélé. (...) En vertu de cetexte de base de Vatican I [Denz. 1792], l’actepropre du magistère infaillible comporte seu-lement d’affirmer le caractère révélé d’uneproposition; et alors, ipso facto, l’obligationlie le croyant: on doit croire. Non pas parceque l’Eglise créerait une obligation, maisparce que le fidèle connaît, par suite de l’af-firmation infaillible de l’Eglise, que telle pro-position est révélée et qu’ainsi il se trouve liépar l’obligation générale de croire ce qui estrévélé s’appliquant à ce cas particulier” (18).La position de Dominicus, par contre, seressent de l’influence du volontarisme enphilosophie et en théologie, en ce sens queles choses seraient ce qu’elles sont non envertu de leur nature intrinsèque, mais envertu d’un acte extrinsèque de volonté d’uneautorité...

Mais venons-en au point suivant: est-ilvrai que les “autorités” reconnues commelégitimes par Dominicus n’imposent pasl’obligation de croire à Vatican II?

Sans recourir à la célèbre hyperbole dePaul VI, qui écrivait justement à MgrLefebvre que Vatican II était, sous certainsaspects, plus important que le Concile deNicée (19), nous nous contenterons de rappe-ler ce que déclare la formule conclusive detous les actes conciliaires : “Tout l’ensembleet chacun des points qui ont été édictés danscette Déclaration [ou Décret ou Constitutiondogmatique] ont plu aux Pères du Concile.Et Nous, en vertu du pouvoir apostoliqueque Nous tenons du Christ, en union avec lesvénérables Pères, Nous les approuvons, arrê-tons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nousordonnons que ce qui a été ainsi établi enConcile soit promulgué pour la gloire deDieu: Moi, Paul, Evêque de l’Eglise catho-lique” [suivent les signatures des autresPères]. Frère Pierre-Marie (20) - cité parDominicus - soutient que de cette formulede promulgation des actes conciliaires on nepeut pas déduire que le Concile s’attribuel’autorité du magistère solennel, et il citel’allocution de Paul VI du 12 janvier 1966selon laquelle le Concile “a évité de donner

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des définitions dogmatiques solennelles enga-geant le ‘Magistère infaillibile de l’Eglise’”.Mais dans la même allocution Paul VI aajouté: “le Concile a attribué à ses enseigne-ments l’autorité du Magistère suprême ordi-naire; lequel est si manifestement authentiquequ’il doit être accueilli par tous les fidèlesselon les normes qu’a assignées le Concile,compte tenu de la nature et du but de chaquedocument” (21). Donc pour Paul VI l’ensei-gnement du Concile n’est pas facultatif (“ildoit être accueilli par tous les fidèles”)comme faisant partie du “magistère suprêmeordinaire”. Or le magistère ordinaire luiaussi est “authentique” (c’est-à-dire qu’il aautorité) et oblige les fidèles à l’assentiment;il peut être en plus infaillible, et en ce cas iloblige à un assentiment de foi. Cependant,en cas de doute, il faut recourir à l’autoritépour savoir quelle était très exactement sa“mens” ou intention en promulgant les do-cuments conciliaires. Et pour Avrillé, l’auto-rité est Paul VI. On ne peut donc pas recou-rir à une allocution de Paul VI pour démon-trer que le Concile n’a pas voulu proclamerdes dogmes, et ensuite nier toute valeur àd’autres documents de Paul VI dans les-quels, avec la plus grande clarté - et de façonmême exorbitante - il attribue à Vatican IIla même autorité qu’aux autres Conciles, eten déduit l’obligation absolue d’en accepterle magistère, sous peine d’être en dehors del’Eglise. Les lettres de Paul VI à MgrLefebvre et le discours au Consistoire de1976 - puisque tels sont les documents aux-quels je fais allusion - ont d’autant plus d’im-portance pour la question qui nous intéresseque le “pape” y répond justement à ceux quirefusent autorité et obéissance aux docu-ments conciliaires. Dans le discours auConsistoire du 24 mai 1976 dans lequel ilcondamnait Mgr Lefebvre, Paul VI dénon-çait: “On ose affirmer que l’on n’est pas liépar le concile Vatican II...” et il en déduisaitque pour cela on se mettait “hors de l’obéis-sance au successeur de Pierre et de la com-munion avec lui, et donc hors de l’Eglise”(22). Et dans la lettre du 11 octobre 1976,Paul VI répétait également que Vatican IIavait agi comme les Conciles précédents, etil précisait: “vous ne pouvez pas non plus in-voquer la dictinction entre dogmatique etpastoral pour accepter certains textes de ceConcile et en refuser d’autres. Certes, tout cequi est dit dans un Concile ne demande pas

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un assentiment de même nature: seul ce quiest affirmé comme objet de foi ou vérité an-nexe à la foi [c’est le cas de la liberté reli-gieuse, n.d.a.] par des actes ‘définitifs’, re-quiert un assentiment de foi. Mais le reste faitaussi partie du magistère solennel de l’Egliseauquel tout fidèle doit un accueil confiant etune mise en application sincère”. Et Paul VIconcluait en imposant à Mgr Lefebvre unedéclaration qui “devra affirmer que vous ad-hérez franchement au concile œcuméniqueVatican II et à tous ses textes - ‘sensu obvio’ -,qui ont été adoptés par les pères du concile,approuvés et promulgués par notre autorité.Car une telle adhésion a toujours été la règledans l’Eglise, depuis les origines, en ce quiconcerne les conciles œcuménique” (23).Alors, la prétention de Dominicus, selon le-quel Vatican II ne serait pas “imposé avecautorité” par la “hiérarchie” que lui-mêmereconnaît comme légitime, nous semblecomplètement privée de fondement (24).

Un argument de Frère Pierre-Marie: VaticanII ne serait pas garanti par l’infaillibilité dumagistère ordinaire universel en ce sens que cemagistère est celui des Evêques dispersés dansle monde et non réunis en Concile. Réponse àcet argument qui comporte quelques graveserreurs sur la nature du magistère

Le “Petit catéchisme” se réfère explicite-ment à l’article de Frère Pierre-Marie, pu-blié dans le numéro précédent de la revue,mais il ne reprend pas cet argument, que lereligieux d’Avrillé oppose explicitement ànotre Thèse (pp. 46-50). Deux observationspréliminaires: Frère Pierre-Marie commetd’une part une inexactitude; de l’autre ilnous offre un aveu précieux. L’inexactitudeconsiste à dire que pour la Thèse “le Concilereprésente le magistère ordinaire universel”(p. 45 passim). Répétons-le jusqu’à la nau-sée: pour la Thèse, le Concile représenteraitle magistère ordinaire universel si Paul VIavait été formellement Pape. Etant donnéqu’il ne l’était pas, l’enseignement duConcile ne fait partie en aucune façon del’enseignement de l’Eglise.

L’aveu consiste dans le fait de renoncer àsoutenir l’argument que jusqu’à maintenant(et, encore en mars 2001 dans le n° 6 de larevue Si si no no), les partisans de la positionde Mgr Lefebvre opposent à notre position:“le magistère ordinaire de l’Eglise, pour être

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universel, doit être universel non seulementdans l’espace (représenter l’ensemble desévêques) mais aussi dans le temps (s’excercerpendant un certain temps)” (p. 45). FrèrePierre-Marie admet maintenant que “cettecontinuité dans le temps n’est pas habituelle-ment notée comme condition de l’infaillibilitéde l’enseignement ordinaire de l’ensemble desévêques dispersés par toute la terre. Nous nenous appuierons donc pas sur cette raisonpour réfuter la thèse dite de Cassiciacum” (p.46). Nous prenons acte de ce précieux aveu,et nous nous en félicitons (25).

Mais Frère Pierre-Marie ne pense pasque Vatican II aurait dû être garanti par l’in-faillibilité du magistère ordinaire universel,et ce parce qu’à Vatican II, c’est réunis enConcile, donc physiquement ensemble, queles évêques unis au Pape ont enseigné, alorsque le magistère universel serait l’enseigne-ment des évêques unis au Pape, mais physi-quement dispersés dans le monde.

A supposer que cet argument ait quelqueprobabilité, nous pourrions faire observerqu’après le Concile, les évêques se sont dis-persés dans le monde et que - unanimement- l’épiscopat résidentiel en communion avecle “pape” reconnu par LSDLT enseigne laliberté religieuse (et les autres nouveautésconciliaires) depuis presque 40 ans: alors seréaliseraient les conditions requises parFrère Pierre-Marie pour l’existence d’unmagistère ordinaire universel infaillible.

Mais c’est l’argument même de FrèrePierre-Marie qui est erroné. Il connaît les ar-gumentations de l’abbé Lucien à ce sujet etil cite même (en note) ce que soutint àVatican I le membre de la députation de laFoi, Mgr Zinelli: “L’accord des évêques dis-persés a la même valeur que lorsqu’ils sontréunis: l’assistance a en effet été promise àl’union formelle des évêques, et non pas seu-lement à l’union matérielle” (26).

Mgr Zinelli est catégorique, et FrèrePierre-Marie ne nie pas la valeur de son té-moignage pour évaluer la signification exac-te des textes de Vatican I, que Zinelli devaitprésenter aux Pères. Frère Pierre-Mariecherche alors à donner une tout autre inter-prétation à Mgr Zinelli:

“il semble que Mgr Zinelli a simplementvoulu dire par là qu’il y a une infaillibilité dumagistère des évêques réunis, et une infaillibi-lité du magistère des évêques dispersés. Maison ne peut pas affirmer à partir de cette cita-

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tion que Mgr Zinelli défendait que l’infaillibi-lité des évêques dispersés ou réunis s’exerce dela même manière. Sinon il faudrait lui fairedire que les évêques dispersés peuvent excer-cer des jugements solennels, ce qui sembleassez étrange. En fait, la première infaillibiliténe s’exerce que par mode de jugements solen-nels. La deuxième est celle du magistère ordi-naire universel” (pp. 47-48, note 3).

Selon Frère Pierre-Marie, Mgr Zinelli a“seulement voulu dire qu’il y a une infaillibili-té des évêques réunis et une infaillibilité desévêques dispersés”. En réalité Mgr Zinelli ditque “l’accord des évêques dispersés a lamême valeur que lorsqu’ils sont réunis” : cen’est pas la même chose. De plus, si lesévêques, réunis ou dispersés, ont la mêmeautorité, on en déduit que le fait qu’ils soientréunis ou dispersés est une “différence acci-dentelle et matérielle”, exactement commel’affirme Lucien et comme le nie FrèrePierre-Marie. Mais Frère Pierre-Marie ob-jecte: les évêques réunis peuvent prononcerdes jugements solennels, les évêques disper-sés non; en devrions-nous donc déduire queles évêques dispersés n’ont pas la même au-torité que lorsqu’ils sont réunis? Voilà quiserait aller contre ce qui est affirmé explicite-ment par Mgr Zinelli. On doit au contraireen conclure que la différence même dans lemode d’exercice du magistère infaillible del’Eglise (solennellement ou de façon ordinai-re) est une différence accidentelle! Mais ob-jecte encore Frère Pierre-Marie: si lesévêques dispersés ne peuvent pas exercer unmagistère solennel (bien qu’il soit infaillible),de même réciproquement les évêques réunisne peuvent pas exercer un magistère - in-faillible - ordinaire, d’où Frère Pierre-Mariedéduit que “la première infaillibilité [celle desévêques réunis] ne s’exerce que par mode dujugement solennel”. La conclusion n’est pasfondée sur les prémisses, car si les évêquesdispersés - à cause de leur dispersion - peu-vent difficilement enseigner avec solennité,une fois réunis ils peuvent librement utiliserun mode d’enseigner solennel (chose plushabituelle) mais aussi un mode ordinaire(comme Vatican II a déclaré avoir fait), sanssolennités particulières.

Efforçons-nous alors de situer la racine del’erreur de Frère Pierre-Marie. Mgr Zinellirappelle, très opportunément, que l’infaillibi-lité du magistère des évêques unis au Pape(qu’ils soient réunis ou dispersés, peu

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importe) dépend de l’assistance promise àl’union des évêques, qu’elle soit matérielle etformelle (lorsqu’ils sont réunis physiquementpar exemple en Concile) ou bien simplementformelle (lorsqu’ils sont unis pour présenterune doctrine comme révélée, tout en n’étantpas physiquement réunis). Ils sont infaillibles- qu’ils soient réunis ou dispersés - parce queles évêques unis au Pape représententl’Eglise enseignante et l’Eglise est infaillibleparce que divinement assistée: “voici que jesuis avec vous...”. Il n’est pas possible eneffet, en vertu de l’assistance divine, quel’Eglise dans son ensemble erre en matière defoi ou de morale: il y va de son indéfectibilité.

A l’assistance divine à Son Eglise (“quivous écoute m’écoute...”, “voici que je suisavec vous...”) Frère Pierre-Marie substituesubrepticement un critère purement naturelet qui de toute façon n’est pas celui que larévélation et l’Eglise nous donnent commecause de l’infaillibilité:

“lorsque tous les évêques répandus surtoute la terre enseignent la même chosecomme appartenant à la foi, la raison de leurunanimité ne peut être que leur origine com-mune, à savoir la Tradition apostolique. Sileur enseignement est commun, la seule rai-son est qu’ils puisent à une même source: latradition apostolique” (p. 48)

alors que“si les évêques sont réunis, on peut trou-

ver d’autres raisons à l’unanimité de leur en-seignement: il peut y avoir des pressions, desinfluences etc.” (p. 48); et, Frère Pierre-Marie cite, parmi ces pressions, le fait que:

“la plupart des évêques lors du dernierConcile cherchait à savoir ce que pensait lePape pour suivre son avis” (p. 48, note 2),

alors que telle est la condition même dumagistère infaillible des évêques (qu’ils soientréunis ou dispersés) lesquels ne sont tels ques’ils enseignent avec le Pape et sous le Pape!

Déjà, dans un article de l’abbé Murro,Sodalitium avait signalé cette grave erreurcommise à l’époque par l’abbé Marcille, dela Fraternité Saint-Pie X:

Il [Marcille] réduit le motif de l’infaillibi-lité du M.O.U. [Magistère ordinaire univer-sel] à l’argument apologétique de laTradition. J’explique avec un exemple: sil’Eglise catholique et l’Eglise orientale schis-matique disent la même chose sur une doctri-ne (par ex. que la Confirmation est unSacrement), on conclut de leur accord que

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cette affirmation doit être vraie et provient dela Tradition Apostolique. L’accord sur unpoint de doctrine de la part des deux Eglisesséparées peut provenir seulement du fait quecette doctrine était crue avant leur séparationet remonte donc aux Apôtres. (...) Paral-lèlement en philosophie on démontre que sitout le genre humain considère comme vraieune opinion, elle doit être réellement vraie: eneffet ‘une opinion admise en tous temps et entous lieux a nécessairement une causeunique’, la raison humaine, laquelle de sa na-ture adhère à la vérité. Pour ce motif l’abbéMarcille donne beaucoup d’importance aufait que le M.O.U. doit être un enseignementdes Evêques ‘dispersés’ dans le monde: ‘c’estprécisément parce qu’il est dispersé que sonenseignement (moralement) unanime est untémoin sûr de la prédication apostolique’(Marcille). (...) Mais la Tradition n’a rien àvoir avec l’infaillibilité de jure du corps épis-copal uni: il s’agit de deux choses spécifique-ment distinctes. Dans la Tradition, nous dé-couvrons l’origine apostolique d’une doctrinepar les témoignages répétés en plusieurs lieux;dans l’infaillibilité, nous apprenons qu’unedoctrine est révélée par la sentence actuelleinfaillible de l’autorité de l’Eglise, assistée parle Saint-Esprit dans sa déclaration” (27).

Frère Pierre-Marie est aussi d’accordavec l’abbé Marcille pour soutenir qu’entremagistère solennel de l’Eglise et magistèreordinaire la différence est essentielle:

“L’abbé Lucien – écrit Fr. Pierre-Marie –ne voit dans la dispersion des évêques qu’unedifférence accidentelle et matérielle. Mais lemagistère des évêques réunis n’est pas ‘à peuprès la même chose’ que celui des évêquesdispersés: la différence n’est pas accidentelle”(pp. 47-48).

Etant donné que Frère Pierre-Marie ré-pète l’erreur de l’abbé Marcille, nous nepouvons que lui répondre ce que nousavions répondu à ce dernier en 1997: «Lathéorie de l’abbé Marcille - reprenait l’abbéMurro - est une innovation hétérogène.Salaverri, par exemple, enseigne l’opposé:“Les modes d’exercer le Magistère…, ordi-naire, c’est-à-dire hors du Concile, extraordi-naire, c’est-à-dire dans le Concile, concordentessentiellement en ceci, que tous deux consti-tuent un acte de toute l’Eglise enseignantesoumise au Pontife romain; ils diffèrent acci-dentellement dans le fait que le mode extra-ordinaire comporte en plus la réunion locale

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des Evêques” (28). Zubizarreta enseigne: ‘Lecorps des Evêques en union avec le Pontiferomain, soit réuni en concile, soit dispersé surla terre, est sujet du magistère infaillible, carce corps des Pasteurs en union avec lePontife romain tient la place du collège apos-tolique et lui succède, et, par droit d’héritage,reçoit la charge d’enseigner, de gouverner etde sanctifier les hommes avec la prérogatived’infaillibilité’ (29). Mgr Zinelli au Conc. Vat.affirmait: ‘L’accord des évêques dispersés ala même valeur que lorsqu’ils sont réunis:l’assistance a en effet été promise à l’unionformelle des évêques, et non pas seulement àleur union matérielle’.

L’abbé M. est tellement aveuglé par lapassion de vouloir justifier la FSPX, qu’il nevoit pas la gravité de son affirmation: si ladifférence entre Magistère Ordinaire etMagistère extraordinaire n’était pas seule-ment accidentelle, nous aurions alors dansl’Eglise deux Magistères! Ceci conduirait àune division et à un morcellement de la fonc-tion enseignante de l’Eglise qui, dans la trans-mission du dépôt de la Révélation, serait par-fois assistée par le Saint-Esprit, d’autres foisnon. Mais en philosophie thomiste la fonc-tion est déterminée par son objet: à un seulobjet (transmettre la Révélation) correspondune seule fonction. ‘Il faut insister encore,puisque les saines notions de métaphysiqueréaliste paraissent oubliées. Sous peine detomber dans une sorte de ‘nominalisme’, lathéologie doit lire la réalité de la Révélation,sous la lumière de la raison éclairée par lafoi, et non ‘coller des étiquettes’ sans s’occu-per du contenu… Le mode d’un acte est unequalification accidentelle qui ne change pasla spécification de la fonction, du pouvoir oude la puissance qui exerce l’acte! Par consé-quent, si une classe de propositions rentredans l’objet du magistère, celui-ci peut lesqualifier et les juger infailliblement, soit enexerçant un acte solennel, soit par le simpleexposé de la doctrine… Le mode de proposi-tion de la doctrine ne peut, en aucun cas, at-teindre ou changer la nature et l’extension del’objet, car l’objet est déterminé seulementpar la nature et la fin du magistère, tellequ’elle ressort des paroles mêmes de Notre-Seigneur (Matth. XXVIII, 20) et de St Paul (ITim. VI, 20: ‘L’Eglise du Dieu vivant, colon-ne et fondement de la vérité’): l’Eglise est as-sistée pour qualifier le rapport de toute pro-position au dépôt révélé. Le Magistère est le

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pouvoir divinement assisté pour opérer cettequalification (Père M.L. de Blignières)” (30).

En résumé et pour conclure. FrèrePierre-Marie soutient - pour pouvoir dé-fendre la légitimité de Paul VI et, en mêmetemps, refuser toute autorité au Concilequ’il a promulgué - que le magistère ordinai-re universel (c’est-à-dire de l’Eglise) n’estpas infaillible s’il est exercé par des Evêquesréunis en Concile, qu’il l’est seulement siceux-ci sont dispersés dans le monde. Pouraffirmer cela, il doit aller jusqu’à soutenirque le magistère des évêques réunis enConcile et celui des évêques dispersés dansle monde sont essentiellement distincts etque le motif de l’infaillibilité de ce dernierest dû au fait qu’ils [les évêques dispersés]seraient l’écho de la tradition apostolique.Nous avons démontré par contre que le ma-gistère est essentiellement un, et que lemotif de son infaillibilité est toujours et seu-lement l’assistance divine promise à l’Eglise.La position de Frère Pierre-Marie est trèsgrave précisément sur ce dernier point,c’est-à-dire là où il attribue à l’infaillibilitéde l’Eglise - du moins pour son magistère or-dinaire - une cause qui ne serait pas l’assis-tance divine, dénaturant totalement et niantpratiquement l’infaillibilité du magistère or-dinaire universel telle qu’elle a été définiepar le Concile Vatican I.

Un dernier argument de Frère Pierre-Marie:le Concile ne serait pas garanti par l’infailli-bilité du magistère ordinaire universel parceque l’objet de ce magistère est une vérité ré-vélée connexe à la Révélation. Or, c’est jus-tement ce qui manquerait dans l’enseigne-ment de Vatican II. Stupeur de Sodalitiumface à la seconde partie de cet argument

Après avoir abordé le sujet du magistèrede l’Eglise (c’est-à-dire les évêques unis auPape), Frère Pierre-Marie examine l’objetde ce magistère: “L’objet du magistère ordi-naire universel, la matière de son enseigne-ment, ce sont les vérités appartenant à la foi,c’est-à-dire les vérités révélées. Comme pourle magistère solennel, on peut étendre cetobjet aux vérités qui sont liées nécessairementà la Révélation” (p. 51).

Après quoi Frère Pierre-Marie soutient:“or, c’est précisément ce lien nécessaire

avec la foi catholique, d’où découle l’obliga-

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tion de l’accepter, qui fait défaut dans les en-seignements du concile Vatican II” (p. 52).

Nous devons admettre que la lecture deces lignes nous a étonnés. Le décret conci-liaire sur la liberté religieuse Dignitatis hu-manæ personæ déclare que:

“le droit à la liberté religieuse a son fon-dement dans la dignité de la personne humai-ne telle que l’ont fait connaître la Parole deDieu et la raison elle-même” (n. 2)

“cette doctrine de la liberté a ses racinesdans la Révélation divine” (n. 9)

“l’Eglise, donc, fidèle à la vérité del’Evangile, suit la voie qu’ont suivie leChrist et les Apôtres lorsqu’elle reconnaît leprincipe de la liberté religieuse commeconforme à la dignité de l’homme et à laRévélation divine, et qu’elle encourage unetelle liberté” (n. 12).

Ce qui est affirmé à propos de la libertéreligieuse est repris également dans d’autresdocuments du Concile, à propos d’autresdoctrines erronées (31).

Donc selon Vatican II, la dignité del’homme comme fondement de la liberté re-ligieuse est vérité révélée; la liberté religieu-se elle-même est fondée sur la Révélation,conforme à la Révélation, a ses racines dansla Révélation.

Frère Pierre-Marie devrait déjà donnerau moins un assentiment de foi à la dignité

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de l’homme comme fondement de la libertéreligieuse, puisque cette doctrine est décla-rée révélée. Ensuite il devrait nous expliquercomment il se fait qu’un fondement n’est pasnécessairement connexe à sa conséquence,comment ce qui prend ses racines n’est pasnécessairement connexe à la racine, et ce quiest conforme à la Révélation n’est pas révé-lé. Et pourtant, pour lui toutes ces expres-sions ne seraient pas suffisantes:

“il faudrait qu’il [le Concile] précise quecet enseignement est immuable et lié nécessai-rement à la Révélation” (p. 52) (32).

Or d’un côté ce qui est nécessairementlié à la Révélation est par sa nature im-muable (il est donc suffisant d’affirmerqu’une doctrine est révélée ou connexe aurévélé pour dire aussi qu’elle est immuable).De l’autre - je le répète - je ne vois pas com-ment il serait possible de concevoir unechose conforme à la Révélation et fondée etenracinée en elle sans que cette chose soit -par le fait-même - nécessairement liée à laRévélation! Serait-ce que Frère Pierre-Marie ignore l’existence des synonymes?

Pour confirmer sa bien faible argumenta-tion, Frère Pierre-Marie met en avant desarguments qui se fondent sur la répugnancedes modernistes envers les condamnationsdoctrinales et les définitions catégoriques:

“Mgr Lefebvre n’a pas caché son oppositionà certains textes du Concile. Mais jamais les au-torités romaines ne l’ont accusé de se tromperdans des questions dogmatiques” car les“membres actuels de la hiérarchie (…) ont dumal à admettre une vérité immuable” (p. 52).

Ce qu’affirme notre confrère est tropunilatéral. Vatican II en effet repropose sub-stantiellement inchangée la doctrine deVatican I sur l’infaillibilité (33). Nous avonsvu comment Paul VI exigeait de MgrLefebvre l’acceptation de la doctrine conci-liaire, et qu’il déduisit de son refus que leprélat d’Ecône s’était mis hors de la pleinecommunion avec le Saint-Siège. D’autrepart, à plusieurs reprises l’actuel “magis-tère” a parlé de vérités immuables, irréfor-mables, comme par exemple à propos del’ordination des femmes au sacerdoce; iln’est donc pas exact de soutenir que le “ma-gistère” actuel a renoncé à toute prétentiond’infaillibilité ou d’irréformabilité.

St Dominique parmi les Saints (Bhx Fra Angelico)

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L’infaillibilité des lois liturgiques etcanoniques

Mais revenons à Dominicus et à son caté-chisme. Dès le premier numéro des Cahiers deCassiciacum, les partisans de la Thèse homo-nyme invoquèrent l’argument de l’infaillibilitépratique des lois liturgiques; la “promulga-tion” du nouveau code a fourni l’opportunitéd’invoquer également l’argument similaire del’infaillibilité des lois canoniques: en un mot, ilest impossible qu’une autorité légitime pro-mulgue des lois nocives pour la foi ou lesmœurs. Je ne vais pas citer encore une fois icitous les passages du magistère et les autoritésdes théologiens pour démontrer ce principe,puisque le “Petit catéchisme sur le sédévacan-tisme” l’admet volontiers: “normalement” “leslois liturgiques (la nouvelle messe...) et cano-niques (le nouveau Droit canon...)” auraientdû être couvertes par l’infaillibilité.

Le principe général étant considérécomme acquis et admis par tous (34), voyonscomment Dominicus cherche à enlever savaleur à notre preuve. Selon lui ces lois qui“normalement” auraient dû être couvertespar l’infaillibilité, ne le sont pas simplementparce que, comme l’enseignement conciliai-re, elles ne sont pas imposées avec autorité.

A cet argument nous répondrons:a) il n’est pas vrai que la réforme litur-

gique et le nouveau code ne sont pas impo-sés avec autorité

b) même si elles n’étaient pas imposéescomme une obligation (ce qui est faux) ceslois - au moins - exprimeraient une permis-sion de l’Eglise. Or l’Eglise ne peut per-mettre quelque chose de nocif pour la foi etles mœurs.

Pour ce qui est du premier point, les “tra-ditionalistes” ont contesté longtemps le ca-ractère obligatoire du nouveau missel. Ils’agit cependant d’une légende détruite parl’abbé Cekada dans un article publié parSodalitium auquel nous renvoyons le lecteur(35). Aux arguments - décisifs - de l’abbéCekada nous ajoutons ce qui a été dit parPaul VI dans le discours au Consistoire de1976, déjà cité: “C’est au nom de la Traditionelle-même que nous demandons à tous nosfils et à toutes les communautés catholiquesde célébrer avec dignité et ferveur les rites dela liturgie rénovée. L’adoption du nouvelOrdo Missæ n’est certainement pas laissée àla libre décision des prêtres ou des fidèles.

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L’Instruction du 14 juin 1971 a prévu que lacélébration de la messe selon le rite ancien se-rait permise, avec l’autorisation de l’Or-dinaire, seulement aux prêtres âgés ou ma-lades qui célèbrent sans assistance. Le nouvelOrdo a été promulgué pour prendre la placede l’ancien, après une mûre délibération etafin d’exécuter les décisions du Concile. Dela même manière, notre prédécesseur saintPie V avait rendu obligatoire le missel révisésous son autorité après le Concile de Trente.La même prompte soumission, nous l’ordon-nons au nom de la même autorité suprêmequi nous vient du Christ, à toutes les autresréformes liturgiques, disciplinaires, pasto-rales, mûries ces dernières années en applica-tion des décrets conciliaires” (36).

Pour ce qui regarde le nouveau Code,après avoir rappelé que “les lois canoniques,de par leur nature même exigent d’être obser-vées” et émis le vœu que “tout ce qui estcommandé par le Chef soit observé dans lesmembres” Jean-Paul II conclut:

“Confiant donc dans le secours de lagrâce divine, soutenu par l’autorité des SaintsApôtres Pierre et Paul, bien conscient del’acte que je suis en train d’accomplir et enme rendant aux prières des Evêques dumonde entier qui ont collaboré avec moidans un esprit de collégialité, de par l’autoritésuprême dont je suis revêtu, cette Con-stitution étant valide pour l’avenir, je pro-mulgue le présent Code tel qu’il a été mis enordre et révisé. Et j’ordonne qu’à l’avenir ilprenne force de loi pour toute l’Eglise lati-ne...” (Constitution apostolique Sacræ disci-plinæ leges du 25 janvier 1983).

On ne voit donc pas comment Dominicuspeut soutenir que les lois liturgiques et cano-niques post-conciliaires n’ont pas été “impo-sées avec autorité” (toujours en supposantque Paul VI ait été “l’autorité”). Mais en ad-mettant que cela soit soutenable, l’argumentde Dominicus ne tient pas. Grégoire XVIenseigne en effet que:

“Est-ce que l’Eglise qui est la colonne etle soutien de la vérité et qui manifestement re-çoit sans cesse de l’Esprit-Saint l’enseigne-ment de toute vérité, pourrait ordonner, ac-corder, permettre ce qui tournerait au détri-ment du salut des âmes, et au mépris et audommage d’un sacrement institué par le

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Christ?” (Enc. Quo graviora, 4 octobre 1833,EP vol. 1, n. 173) (37).

Et de la même façon le Synode dePistoie fut condamné par Pie VI pour avoirsupposé qu’il était possible que:

“l’ordonnance de la liturgie reçue et ap-prouvée (receptus et probatus) par l’Eglisevenait en partie d’un oubli des principes parlesquels elle doit être régie” (Const.Auctorem fidei, DS 2633).

Pie VI ne parle pas d’ordonnance de laliturgie “obligatoire”, il dit seulement “reçueet approuvée”. Or Dominicus ne peut nierque le N.O.M. ait été au moins reçu et ap-prouvé par Paul VI et par ses successeurs.Nous pourrions citer d’autres autorités: maisce qui vient d’être dit est plus que suffisantpour démentir l’opinion du “Petit catéchis-me sur le sédévacantisme”.

Dernières observations et conclusion

De ce qui a été dit jusqu’ici nous pou-vons conclure que les arguments avancés parDominicus et Frère Pierre-Marie dansLSDLT contre la Thèse de Cassiciacum sontdépourvus de force. Aussi la conclusion queDominicus pense pouvoir tirer en ce quiconcerne le sédévacantisme dans la dernièrequestion de son catéchisme (la 14ème) est-elle privée de fondement et - dans la pra-tique - abuse le lecteur.

Sodalitium ne pense pas devoir répondrepar contre à ce que Dominicus expose surles arguments strictement sédévacantistesqui s’appuient sur l’hypothèse théologiquedu Pape hérétique ou sur la Bulle de Paul IV(petites questions 6 à 10, pp. 114-116): ja-mais depuis sa naissance la TdeC ne s’est re-connue dans ces arguments.

En ce qui concerne la question de l’“unacum” traitée par Dominicus, pp. 116-117, dansles questions 12 et 13, je rappelle seulementque toute la question (faut-il citer ou nonJean-Paul II au canon de la Messe en tant quePape) dépend évidemment du fait qu’il soit oune soit pas Pape: c’est là un (important) corol-laire de ce que nous venons de voir.

Notes

1) “Nos fidèles auraient besoin d’études sérieuses,sur l’erreur du ralliement de Dom Gérard, sur l’erreurdu sédévacantisme, sur la légitimité des sacres”. Lettrede Mgr Lefebvre du 20/02/1989, citée dans Le Sel de laterre n° 36, printemps 2001, p. 33.

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2) Comme je l’ai déjà souligné dans ma réponse àl’abbé Paladino (cf. F. RICOSSA, L’abbé Paladino et la‘Thèse de Cassiciacum’. Réponse au livre: ‘Petrus es tu?’,CLS, Verrua Savoia, p. 30, note 29).

3) Cette déformation intellectuelle, le P. Guérardla définit ainsi: “traditionalisme théologique”. “Ce com-portement – explique-t-il – consiste à rechercher, en vuede l’accommoder, tout ce que les théologiens ont pu diresur la question controversée. Jamais Cajetan, Bellarminet Suarez n’avaient joui d’une telle popularité. Les ‘tradi-tionalistes’ de la troisième sorte méconnaissent en faitque les excellents auteurs auxquels ils se réfèrent se sontexprimés ‘en temps de paix’, sans pouvoir prévoir lesconditions de la guerre… (…) Eclairer la situation quirésulte d’une crise sans précédent, ne peut résulter d’unretour servile à ce qui fut différent, sous ce prétexte qu’ila précédé. La théologie consiste, au moins parfois, à ré-fléchir et pas seulement à répéter” (CdC n° 1, p. 30).

3) CdC n° 1, p. 30.4) CdC n° 1, pp. 76-77.5) Les deux œuvres ont été réimprimées par le Père

Pollet, o. p. en 1936 et sont encore en vente à l’Ange-licum. L’abbé Sanborn a publié - et Sodalitium a repris -certaines citations de Cajetan à ce sujet.

6) Sacerdotium, XVI, pars verna 1996, pp. 75-76.Repris dans Sodalitium n° 49, p. 32.

7) PERE GOUPIL, S.J., L’Eglise, cinquième édition,1946, Laval, pp. 48-49, cit. dans B. Lucien, La situationactuelle de l’autorité dans l’Eglise. La Thèse deCassisiacum, Bruxelles 1985, p. 103.

8) Position de Mgr Lefebvre sur la Nouvelle Messeet le Pape, 8 novembre 1979, supplément à Fideliter,1980, p. 4.

9) F. RICOSSA, L’abbé Paladino et la ‘Thèse deCassiciacum’. Réponse au livre: ‘Petrus es tu?’, CLS,Verrua Savoia, p. 32, note 45.

10) Nous avons déjà signalé dans Sodalitium (n° 22,pp. 5-6) comment Mgr Lefebvre a substitué comme cri-tère de la visibilité de l’Eglise l’Ubi Maria ibi Ecclesia àl’Ubi Petrus ibi Ecclesia (Fideliter n° 71, p. 7). A plu-sieurs reprises des auteurs de la Fraternité ont parléd’une défection substantielle de l’Eglise, comme lorsquel’abbé Roque identifie l’Eglise avec la bête del’Apocalypse (cf. Sodalitium n° 47, p. 84, Fideliter n° 125,p. 10 ) ou lorsque l’abbé Bouchacourt écrit: “L’Eglisedepuis le concile vit dans une liaison adultère avec lemonde. Elle s’est détournée de la vérité, abandonnant samission. Elle n’enseigne plus, elle est à l’écoute du mondeet l’esprit du monde est entré chez elle” (Le Chardonnetn° 167, avril 2001, p. 1). Plusieurs fois la visibilité del’Eglise et son indéfectibilité sont alors attribuées non àl’“église conciliaire” mais à la Fraternité qui seule - avecMgr Lefebvre et ensuite avec les évêques qu’il a consa-crés - les assure (cf. abbé Sélégny cité par Sodalitium n°33, p. 52; ou Mgr Tissier: “ce magistère (...) c’est en MgrLefebvre que nous le trouvons (...) L’indéfectibilité del’Eglise, c’est l’Archevêque inflexible qui en est le pluséclatant héraut”; Fideliter n° 72, p. 10).

11) Voir par exemple Fideliter n° 72 nov.-déc. 1989,p. 7; où, parlant de Jean-Paul II il écrit: “Tout en vou-lant ‘habituellement’ le bien de l’Eglise (sans quoi il neserait pas Pape) (...)”.

12) L’“état de nécessité” invoqué pour justifier lesconsécrations épiscopales de 1988 exprime avecd’autres paroles le même concept.

13) Dans la perspective de la Thèse cet argument,tiré de l’infaillibilité du magistère ordinaire universel et

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de l’infaillibilité pratique des lois de l’Eglise, n’est pasune confirmation d’une assertion déjà démontrée pré-cédemment, mais la preuve même d’une partie de laThèse, celle qui affirme le fait: Paul VI n’était pas for-mellement Pape.

14) B. LUCIEN, La situation actuelle de l’autoritédans l’Eglise. La Thèse de Cassiciacum, Documents decatholicité, Bruxelles 1985, p. 13.

15) L’objection de Dominicus à la TdeC n’est pasnouvelle, une réponse lui a été déjà été faite, quoiquebrève. Je renvoie le lecteur, par exemple, aux lignesconsacrées par l’abbé Lucien à cette difficulté dansL’infaillibilité du magistère ordinaire universel del’Eglise, Documents de catholicité, Bruxelles 1984,‘Avertissement’, pp. 3-4. Mutatis mutandis, on peut ap-pliquer à cette difficulté ce que Lucien écrit dans La si-tuation actuelle de l’Eglise... dans l’annexe I consacrée à“La légitimité du Pontife romain, fait dogmatique” (op.cit., pp. 107-111).

16) B. LUCIEN, L’infaillibilité...., op. cit., pp. 131-146.17) B. LUCIEN, L’infaillibilité..., op. cit., p. 134.18) “Comment aujourd’hui quelqu’un pourrait-il se

comparer à saint Athanase, en osant combattre unConcile comme le deuxième Concile du Vatican, qui nefait pas moins autorité, qui est même sous certains as-pects plus important encore que celui de Nicée?”. Lettrede Paul VI à Mgr Lefebvre en date du 25 juin 1975,dans La condamnation sauvage de Mgr Lefebvre,Itinéraires, décembre 1976, p. 67.

19) FRERE PIERRE-MARIE, o.p., L’autorité du Con-cile, dans Le Sel de la terre n° 35, hiver 2000-2001, p. 42.

20) Audience du 12 janvier 1966, dans L’Osservatoreromano du 13 janvier 1966, cité in Cahiers de Cassiciacumn° 1, pp. 15-16, note 8. Paul VI fait allusion aux déclara-tions conciliaires des 6 mars et 16 novembre 1964.

21) In Itinéraires, 1.c., p. 108-109.22) Ibidem, pp. 294-295, 301.23) Dominicus argumente que “l’enseignement

conciliaire ne se présente plus comme nécessaire ausalut” puisque “ceux qui le professent pensent qu’onpeut se sauver même sans la foi catholique”. Ou bienDominicus prouve trop ou bien il prouve trop peu: ildevrait préciser sa pensée. Veut-il dire que l’enseigne-ment “conciliaire” professe clairement et explicitementdans un sens hérétique qu’“on peut se sauver même sansla foi catholique”? Il est difficile dans ce cas de soutenirque l’auteur de cet enseignement puisse être Pape.Veut-il dire par contre qu’il s’agit là d’une tendance im-plicite et vague de l’enseignement conciliaire; dans cecas, cela ne paraît pas suffisant pour nier que ce magis-tère se présente comme absolument nécessaire pour lesalut.

24) Ce que les dominicains d’Avrillé ont compris,l’abbé Aulagnier, lui, ne l’a pas encore compris. Voilà cequ’il écrit dans Nouvelles de Chrétienté (n° 68, sept-oct.2001, p. 8): “Le magistère ordinaire et universel del’Eglise - celui qui avec le magistère dit ex-cathera nousoblige en conscience [sic] - implique, lui, que l’enseigne-ment soit et constant, et le même dans l’espace et dans letemps. Le magistère dit ordinaire et universel est l’ensei-gnement de la quasi totalité des évêques de tous lestemps. Il faut qu’il soit constant pour obliger. C’est le cri-tère de saint Vincent de Lérins (...) Si l’on fait abstraction,dans l’enseignement de l’Eglise, de l’antiquité, de la conti-nuité dans le temps, si l’on définit l’infaillibilité unique-ment parce qu’il [sic] est enseigné ‘par le Pape et l’en-semble du corps épiscopal uni à lui’, sans critère du

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temps, du toujours, on risque de tomber dans le discré-tionnaire, dans l’arbitraire, dans l’obéissance servile. Onen vient nécessairement à ‘canoniser l’actualité’ et à désar-mer, par conséquent la légitimité de toute réaction. Adésarmer les fidèles dans leur lutte contre des innovationsinadmissibles qui se réclameraient d’une telle infaillibili-té’. Pour l’abbé Aulagnier celle-ci est même la seule cri-tique vraiment fondamentale et ‘cette idée est sous-jacenteà toute la pensée de Mgr Lefebvre, à tout son combat” (p.7). Il faudrait convaincre l’abbé Aulagnier à participer àune session d’études chez les dominicains d’Avrillé.

25) Mansi, 51, 676A. Cité par Lucien, L’in-faillibilité..., pp. 30-31 et repris par LSDLT, n° 35, pp.47-48, note 3.

26) ABBÉ GIUSEPPE MURRO, Les erreurs de Sì sì nono. Seconde partie: le magistère d’après l’abbé Marcille,in Sodalitium n° 43, avril 1997, pp. 45-46.

27) SALAVERRI, Sacræ Theologiæ Summa, Theo-logia fondamentalis, T.III De Ecclesia Christi, B.A.C.,Madrid 1962, n. 546, p. 667.

28) V. ZUBIZARRETA O.C.D., Theologia dogmati-co-scholastica ad mentem, S. Thomæ Aquinatis, vol. I,Theologia Fundamentalis, Bilbao 1948, n. 461, p. 396.

29) ABBÉ MURRO, op. cit., p. 35.30) Par exemple, l’interprétation “authentique” (et

erronée) de l’Ecriture sainte faite par Nostra Ætate, n.4, DS 4198.

31) Pour Pie IX aussi la doctrine sur la liberté reli-gieuse faisait partie des vérités Révélées (cf. Enc.Quanta cura: ...) avec la différence que Pie IX déclarecontraire à la Révélation ce que Vatican II déclareconforme à la Révélation.

32) Constitution dogmatique Lumen gentium n. 25,DS 4149. Vatican II précise entre autres le point discutéentre nous et Frère Pierre-Marie: à propos du magistèreordinaire universel (la référence est faite à Vatican I,DS 3011) il est écrit dans Lumen gentium : “quoique lesévêques, pris un à un, ne jouissent pas de la prérogativede l’infaillibilité, cependant lorsque, même dispersés àtravers le monde, [donc pas seulement lorsque disper-sés dans le monde, n.d.a.] mais gardant entre eux et avecle successeur de Pierre, le lien de la communion, ils s’ac-cordent pour enseigner authentiquement qu’une doctrineconcernant la foi et les mœurs s’impose de manière abso-lue, alors c’est la doctrine du Christ qu’infailliblement ilsexpriment. La chose est encore plus manifeste quand,dans le Concile œcuménique qui les rassemble, ils font,pour l’ensemble de l’Eglise, en matière de foi et demœurs, acte de docteurs et de juges, aux définitions des-quels il faut adhérer dans l’obéissance de la foi. (...) L’in-faillibilité promise à l’Eglise réside aussi dans le corpsdes évêques quand il exerce son magistère suprême enunion avec le successeur de Pierre. A ces définitions, l’as-sentiment de l’Eglise ne peut jamais faire défaut, étantdonné l’action du même Saint-Esprit ... Mgr Lefebvre asouscrit explicitement ce paragraphe de Lumen gentiumdans le protocole d’accord du 5 mai.

33) Par tous... sauf l’abbé Aulagnier! Toujours dansNouvelles de Chrétienté n° 68; sept.-oct. 2001, p. 26,note 2, il ose écrire [les caractères gras sont de nous]:“Pas plus que l’ancien le nouveau code de droit canonn’est infaillible”.

34) A. CEKADA, Paul VI imposa-t-il illégalement lanouvelle Messe? In Sodalitium n° 50, juin-juillet 2000,pp. 41-52.

35) Paul VI, Allocution au Consistoire, du 24-5-76,in Itinéraires, n° 205, juillet-août 1976.

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36) J’ai tiré cette citation du livre de l’abbé PieroCantoni, Novus Ordo Missæ e fede cattolica, Quadrivium,Genova 1988, p. 105. Sur la question qui nous intéresse,voir tout le chapitre VII, Novus Ordo Missæ e infallibilità(pp. 99-110) qui contient aussi diverses citations de théo-logiens. L’abbé Cantoni, ordonné par Mgr Lefebvre etprofesseur à Ecône, a quitté comme chacun sait laFraternité Saint-Pie X pour être incardiné dans le diocèsede Massa et Carrara. Le travail en question prétend doncdéfendre l’orthodoxie du N.O.M. Comme Dominicus, et

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précisément à propos de la TdeC, l’abbé Cantoni (p. 13,note 11) avance l’argument de l’indéfectibilité de l’Eglise.Outre la réponse donnée à Dominicus, on pourrait oppo-ser à l’abbé Cantoni un argument ad hominem: commentconcilier certaines déclarations de Jean-Paul II sur les er-reurs des fils de l’Eglise (en réalité, de l’Eglise) avec l’in-défectibilité de l’Eglise si bien illustrée par l’abbé Cantoni- entre autres par cette citation de Grégoire XVI?L’Inquisition par exemple, n’était-elle pas une institutioncommandée, concédée et permise par l’Eglise?

Dossier

L’abbé Carandino et letémoignage de la Foi

Comme de nombreux lecteurs le saventdéjà, au cours du mois de juin l’abbé UgoCarandino, jusqu’alors Prieur du Prieuré

Madonna di Loreto à Rimini, a quitté laFraternité Saint-Pie X et a pris publiquement laposition théologique du Père Guérard desLauriers sur la situation actuelle de l’Eglise.

Sodalitium pense rendre un service à ses lec-teurs en publiant deux documents: la lettre auxfidèles par laquelle l’abbé Carandino a annoncésa décision de quitter la Fraternité Saint-Pie X,et une lettre personnelle envoyée à l’abbéMichel Simoulin, supérieur du District italien deladite Fraternité.

Ce second document fait référence à un nu-méro de Roma felix (année III n° 9/10 sep-tembre-octobre 2001), revue dirigée par l’abbéSimoulin, dans laquelle le supérieur de laFraternité en Italie qualifiait l’abbé Carandino,bien que sans le nommer, de “voleur et merce-naire”, et laissait croire à ses lecteurs que sa sor-tie de la Fraternité était due à des motifs nondoctrinaux mais personnels, parmi lesquels lacentralisation de l’apostolat sur sa personne: ilnous semble que la publication de cette lettre estindispensable pour éclaircir les véritables motifsd’une décision qui n’a pas été prise à la légère.

L’abbé Ugo Carandino est né à Turin le 20octobre 1961; entré au séminaire d’Ecône en1983, il y a été ordonné le 3 décembre 1988 parMgr Bernard Tissier de Mallerais. Après un ande ministère en France, ses supérieurs lui ontconfié la direction du Prieuré de Rimini. Durantles onze années passées en Romagne il a donnéune impulsion notable à l’apostolat en Italie

comme l’ouverture des centres de messe dePescara, Bologne,Trente, Lanzago Trévise,Trieste, les séminaires d’études catholiques anti-maçonniques (dénomination que l’abbéSimoulin changea), organisation du pèlerinageBevagna-Assise, fondation du cercle culturelGiuseppe Federici de Rimini, rédaction de larevue ‘La tradizione Cattolica’. Actuellement, ilcollabore avec l’Institut Mater Boni Consilii eten partage les positions doctrinales. Pour per-mettre au lecteur de suivre dans le détail les ini-tiatives de l’abbé Carandino de juin àaujourd’hui, nous lui conseillons de lui deman-der son bulletin (en italien) ‘Opportune impor-tune’, dans lequel est présentée l’activité de la‘Casa San Pio X’. Le lecteur comprendra facile-ment combien toutes ces initiatives ont demandéégalement un important engagement financier.La Providence n’a pas manqué, se servant de gé-néreux bienfaiteurs; mais de nombreuses dettessubsistent encore. Pour qui voudrait l’aider…

L’abbé Ugo Carandino

Pour aider la Casa S. Pio X: Mandat international sur CCP 30379531 au

nom de: Don Ugo Carandino - Casa San PioX, Via Sarzana, 86 - 47828

S. Martino dei Mulini (RN) Italie

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I) Premier document: lettre aux fidèles

Don Ugo Carandino - Casa San Pio X Via Sarzana, 86 - 47828 S. Martino dei Mulini (RN)Tel. 0541.758961 - Cell. 339.1943925E-mail: [email protected]

S. Martino dei Mulini, le 10 juillet 2001Chers fidèles,

Des difficultés techniques liées à l’usage de l’ordinateur m’ont empêchéde vous faire parvenir cette lettre avant le samedi 30 juin, jour où j’ai quitté le prieuré deSpadarolo. Quinze jours environ après l’annonce publique de ma décision, je vous envoiedonc cette lettre pour en expliquer les motifs.

Au cours des derniers mois une situation extrêmement difficile s’était créée à l’inté-rieur de la Fraternité St-Pie X, à cause des “contacts” avec le Vatican, débutés officielle-ment fin décembre et passés par des phases successives jusqu’à aujourd’hui. Dès ledébut j’ai éprouvé une forte préoccupation en voyant les supérieurs de la Fraternité consi-dérer les membres actuels de la hiérarchie comme étant des interlocuteurs crédibles,c’est-à-dire des personnes avec qui l’on peut discuter, avec qui l’on peut essayer d’arriverd’une manière ou d’une autre à un accord.

La raison de cette préoccupation est simple: ces interlocuteurs sont ceux qui depuis30 ans détruisent l’Eglise, enseignent l’erreur, trompent les âmes; les mêmes qui ces der-niers temps n’ont pas donné de signe de repentir, mais ont plutôt aggravé leur œuvre dedémolition, avec le “mea culpa” et les autres actes très graves commis durant le jubilé, etjusqu’à la visite officielle à une mosquée.

Des tractations avec le Vatican avaient déjà existé l’année dernière pour obtenirl’usage des basiliques durant le pèlerinage d’août de la Fraternité à Rome. Les faits dé-montrent que dialoguer avec ces personnes crée une situation qui empêche de condam-ner ce qu’elles font; en effet, pour ne pas gêner la concession des basiliques, le supérieurgénéral de la Fraternité, Mgr Fellay, avait évité de condamner publiquement le gravissimeacte du “mea culpa” de Jean-Paul II; or, durant ces mois de “contacts”, il y a eu le mêmesilence à l’égard de la scandaleuse visite à la mosquée.

Donc les tractations avec ceux qui sont objectivement des ennemis de la Foi portentinévitablement à museler ceux qui devraient, au contraire, condamner publiquement detels ennemis. Dans ce sens, même sans un accord formel, l’actuelle Fraternité représentepour l’Eglise conciliaire une espèce de “moindre mal”, puisque depuis plusieurs annéeselle renonce toujours plus à la dénonciation publique des erreurs conciliaires pour se limi-ter, au contraire, à des critiques sporadiques qui circulent uniquement dans le milieu res-treint du “traditionalisme”.

Au moment où j’écris, après que pendant plusieurs mois les fidèles eussent été pré-parés à accepter un accord avec Jean-Paul II, la Fraternité semble avoir choisi la voie dela rupture des tractations, même si certaines figures de marque de la même Fraternité es-pèrent reprendre les contacts au plus vite.

Mais pourquoi la Fraternité, au cours des derniers mois, était-elle prête à la réconci-liation avec Jean-Paul II? Une aide pour répondre à cette question nous vient de l’abbéMichel Simoulin, qui au cours des derniers mois a, à plusieurs reprises, dit et écrit qu’unaccord avec Jean-Paul II s’avérait nécessaire pour éviter que la Fraternité devienne uneéglise schismatique séparée de Rome, une “petite église”.

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Voilà le cœur du problème: effectivement la Fraternité se trouve dans une impasse,puisqu’elle continue à vouloir reconnaître Jean-Paul II comme l’autorité légitime de l’Eglise.Or, si réellement Jean-Paul II est la véritable autorité, seules deux positions sont possibles:

- ou bien chercher un accord avec cette “autorité”, et donc s’accorder avec celui quiopère “l’autodestruction” de l’Eglise à travers la liberté religieuse, l’œcuménisme et les autreserreurs du Concile Vatican II (la terminologie même de chercher “un accord avec le Pape” ré-vèle une absurdité: le catholique doit se soumettre au Vicaire du Christ, et non “s’accorder”);

- ou bien se séparer complètement de cette “autorité” en constituant une “petite égli-se” effectivement schismatique, où l’on désobéit habituellement à celui que l’on reconnaîtcomme Pape, pour obéir uniquement aux supérieurs de la Fraternité, auxquels on attribueune sorte d’“infaillibilité pratique” que l’on nie au contraire au prétendu Pape.

C’est cette seconde solution qui s’est consolidée ces dernières années (et qui émer-ge en cette phase de rupture des tractations): la Fraternité continue à enseigner, à proposde la Papauté, une nouvelle doctrine qui s’éloigne de la doctrine catholique et qui, inévita-blement, prépare une mentalité de “petite église”: c’est-à-dire que le Pape (le Vicaire duChrist sur la terre, celui qui a reçu les clefs du Christ pour lier et délier) peut se tromper enmatière de foi, peut enseigner des erreurs doctrinales; que le Pape détruit l’Eglise, qu’unPape peut promulguer une Messe et des Sacrements mauvais (et dans le cas de laConfirmation, des sacrements même invalides).

Donc, selon cet enseignement, le fidèle peut désobéir habituellement à ce “pape”, quin’est plus la règle prochaine de la foi, mais un élément presque secondaire de l’Eglise;pourtant la saine doctrine enseigne qu’un catholique ne peut faire abstraction de l’ensei-gnement et du gouvernement du Pape.

Dans cette nouvelle doctrine on retrouve la vieille erreur gallicane, déjà condamnéepar l’Eglise, qui engendre, surtout dans les nouvelles générations, un concept gravementdéformé de l’Eglise et de la Papauté. On arrive au paradoxe de refuser une hérésie, l’héré-sie moderniste, au nom d’une autre hérésie, l’hérésie gallicane, au lieu d’embrasser inté-gralement la Foi catholique, jusqu’à ses extrêmes conséquences.

Pour éviter cette situation gravissime, la Fraternité devrait étudier sérieusement leproblème de la Papauté et constater que les “papes” du Concile n’ont pas reçu de Dieul’autorité, et qu’en conséquence les fidèles sont soulagés de tout problème de conscien-ce en refusant le Concile Vatican II et la nouvelle messe.

En continuant, au contraire, d’affirmer que ces “papes” ont l’autorité mais qu’il fautdésobéir habituellement à leur enseignement, on perd le concept de la Papauté, on habi-tue les fidèles, et surtout les jeunes, à être in-différents sinon hostiles au Pape. On crée, ensomme, une Eglise sans Papauté, même uneEglise contre le Pape: mais cette positionn’est pas compatible avec la Foi catholique.

Je considère que les événements liés auxaccords ont mis en évidence l’impasse dans la-quelle se trouve la Fraternité. En effet, la minori-té du clergé de la Fraternité qui s’était expriméeouvertement de manière négative sur une pos-sibilité de réconciliation avec Jean-Paul II, l’a faiten partant d’une position à tendance gallicane.

L’abbé Carandino devant la “Casa S. Pio X”

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Ce n’est pas par hasard que l’un des plus actifs partisans de la ligne “anti-accord”, aété Mgr Tissier de Mallerais, qui s’occupe en personne des tribunaux ecclésiastiquescréés par la Fraternité en remplacement des sentences de la Sainte Rote romaine, un desaspects les plus évidents de la pratique de “petite église” désormais consolidée à l’inté-rieur de la Fraternité (ces tribunaux ont émis des sentences d’annulation de mariages, deréduction de diacres à l’état laïc, de dispense des vœux religieux définitifs).

L’exemple des églises dissidentes orientales enseigne qu’il n’est pas suffisant deconserver la Messe, les Sacrements et le catéchisme, mais qu’il est indispensable d’être fi-dèles à l’institution de la Papauté et donc, dans la situation actuelle de l’Eglise, d’éclairer laquestion fondamentale de l’autorité pour exercer de manière légitime le ministère sacerdotal.

C’est pourquoi, après une longue réflexion, je considère en conscience de ne pouvoircontinuer à accomplir le ministère sacerdotal à l’intérieur de la Fraternité St-Pie X; aprèsonze années passées à Rimini, au prieuré de Spadarolo, je n’ai pas l’intention d’abandon-ner l’apostolat qui s’est réalisé durant ces années, mais je souhaite rester à la dispositiondes fidèles pour les conduire au salut éternel dans la clarté doctrinale, puisque “l’on nepeut faire du bien que par la bonne doctrine”.

C’est pour cette raison qu’a été ouverte la Casa San Pio X à San Martino dei Mulini(hameau dépendant de Santarcangelo, aux portes de Rimini), qui permettra de poursuivreles activités apostoliques. Cette Maison est dotée d’un petit oratoire pour assurer immé-diatement la célébration quotidienne de la Messe et l’administration des Sacrements; unechapelle sera ouverte à Rimini le plus rapidement possible. En outre l’apostolat dans lesrégions voisines sera poursuivi.

Le ministère sera exercé en collaboration avec les prêtres de l’Institut Mater BoniConsilii de Verrua Savoia (TO); un confrère de l’Institut viendra régulièrement me seconderà la Casa San Pio X.

Les motifs de ma décision sont donc et restent uniquement d’ordre doctrinal. Lesautres questions (y compris mon déplacement annoncé de Rimini) sont sans influence.

Je remercie tous ceux qui m’ont déjàmanifesté leur appui moral et matériel per-mettant le début de cette œuvre sacerdotale.Je remercie également, avec une profonde etsincère reconnaissance, tous ceux qui ontété proches de moi au cours de ces annéeset qui maintenant ne se reconnaissent pasdans mon choix (je rappelle que je suis à ladisposition de tous pour répondre à quelqueobjection que ce soit): je ne pourrai jamaisoublier la générosité désintéressée manifes-tée à mon égard par les fidèles de Rimini etdes autres localités au cours des onze an-nées passées à Spadarolo.

J’invoque sur vous tous et vos famillesles plus copieuses bénédictions du Sacré-Cœur de Jésus et de la Sainte ViergeImmaculée.

abbé Ugo Carandino

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L’oratoire de la “Casa S. Pio X”

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II) Deuxième document: lettre à l’abbéMichel Simoulin

Casa San Pio XVia Sarzana n. 8647828 San Martino dei Mulini (RN)

18 octobre 2001,fête de Saint Luc, évangéliste

Monsieur l’abbé,Je vous écris après avoir lu le dernier nu-

méro de “Roma felix”.Dans votre éditorial vous cachez aux lec-

teurs le véritable motif de ma décision dequitter la Fraternité, c’est-à-dire le motifdoctrinal, lié à l’autorité du Pape.

Vous préférez, au contraire, divaguer surdes considérations d’ordre spirituel et carac-tériel, pour arriver à des jugements très durs(prêtre voleur et mercenaire…) et jusqu’àlancer des anathèmes menaçants (prenezgarde à ce prêtre… prenez garde aux fidèlesqui le suivent…).

De cette manière, bien que connaissantexactement le motif de mon départ, vousavez présenté une version déformée des faitset par conséquent ne correspondant pas à laréalité: en d’autres termes, vous avez menti.

Il est de votre droit de contester et mêmede condamner ma décision, tant quant à lasubstance qu’à la modalité selon laquelleelle s’est réalisée. Mais sur “Roma felix”vous vous dérobez à la réalité pour vousaventurer dans la forêt obscure des argu-ments d’ordre subjectif et personnel, attitu-de typique de celui qui n’a pas d’argumentssuffisants pour défendre sa propre position.

Encore une fois la Fraternité, que vousreprésentez en Italie, évite d’affronter laquestion théologique, principale cause dudépart de plusieurs dizaines de prêtres quil’ont quittée au cours de toutes ces années.

La Fraternité s’obstine ainsi à refuser undébat doctrinal sur la thèse relative à la va-cance formelle du Saint-Siège, préférant endiscréditer les partisans par une série d’argu-mentations calomnieuses et diffamatoires,ouvrant ainsi la voie à des polémiques sor-dides et pathétiques.

Depuis des années l’abbé FrancescoRicossa a proposé aux autorités de laFraternité ce débat: mon affaire pouvait êtrel’occasion pour dépasser enfin les préjugésdes temps passés et étudier sérieusement la

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question.Dans ce sens votre éditorial sur “Roma

felix” s’avère réellement infelice et manifes-te la fâcheuse volonté de s’obstiner dans ladéfense d’une position ambiguë, contradic-toire et stérile, couvrant l’adversaire d’in-sultes au lieu de réfuter avec des argumentsdoctrinaux.

Je vous salue dans l’attente de vous re-voir au séminaire d’études catholiques.

en Jésus et Marie

abbé Ugo Carandino

Messe d’inauguration de l’Oratoire St Grégoire le Grandà Rimini, le 14 octobre 2001

Statue de la Sainte Vierge vénérée à l’Oratoire St Grégoire le Grand

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Le cas Rosmini: l’“in proprioAuctoris sensu” contre “une

distinction astucieuse” du cardinal Ratzinger

Mgr Benigni raconte dans sa Storia so-ciale della Chiesa [Histoire sociale del’Eglise] à propos des ariens: “Le

groupe dans lequel se distinguait l’exilé Eusèbede Nicomédie (d’où la dénomination de grou-pe des eusébiens) rétractait sa souscription nonà la doctrine de Nicée, mais à la condamnationd’Arius: c’est-à-dire qu’il prétendait que cen’était pas la doctrine arienne qu’avaitcondamnée le Concile. Cette astucieuse distinc-tion fit école: et parmi tant d’autres, on trouvel’exemple notoire des distinctions jansénistesdans les condamnations papales de la doctrinede l’évêque d’Ypres” (1).

Les notes historiques du “Denzinger”expliquent l’épisode auquel Mgr Benigni faitallusion: “après qu’aient été condamnées lescinq propositions de Jansénius, ses partisans,sous la conduite d’Antoine Arnauld, distin-guèrent entre la ‘quæstio facti’ et la ‘quœstioiuris’: la condamnation ne concerneraitqu’une hérésie fictive, mais non la conceptionvéritable de Jansénius” (2). Le PapeAlexandre VII dut alors, par la ConstitutionAd sanctam beati Petri sedem (16 octobre1656), réfuter l’“astucieuse distinction”:“Puisque … au grand scandale des fidèles duChrist certains fils d’iniquité ne craignent pasd’affirmer que les cinq propositions (…) oubien ne se trouvent pas dans le livre précité dece même Cornelius Jansen, mais qu’elles ontété assemblées de façon fictive et arbitraire,ou bien n’ont pas été condamnées selon lesens visé par celui-ci, Nous (…) déclarons etdéfinissons que ces cinq propositions ont ététirées du livre du précité Cornelius Jansen,évêque d’Ypres, qui porte le titre‘Augustinus’, et qu’elles ont été condamnéesselon le sens visé par ce même CorneliusJansen” (“in sensu ab eodem CornelioJansenio intento”, DS 2010-2012). Cette

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Constitution d’Alexandre VII démontrecomment l’Eglise a autorité pour définir nonseulement que la doctrine de tel auteur esterronée, mais aussi qu’elle a effectivementété soutenue par cet auteur dans le sens quel’Eglise lui a attribué; au contraire,l’exemple des ariens d’abord et des jansé-nistes ensuite démontre à son tour que nierqu’une doctrine condamnée par l’Eglise aitété réellement soutenue par son auteur estune échappatoire typique des hérétiques.

Une vieille échappatoire revient à l’actualité

Nihil novi sub sole… [Rien de nouveausous le soleil] La vieille échappatoire utiliséedans le passé par les ariens et les jansénistes(entre autres), est devenue plus que jamaisactuelle avec Vatican II et le “magistère” quia suivi. D’un côté, en effet, Vatican II a sou-tenu - en divers points – une doctrine et unepraxis contraires à la doctrine et à la praxis del’Eglise. De l’autre, à moins de renoncer àtoute légitimité il n’est pas possible aux parti-sans de Vatican II d’admettre explicitementl’existence de cette contradiction et la réalitéde cette rupture. Pour les partisans de la nou-velle doctrine et de la nouvelle praxis conci-liaire le problème principal consiste donc àmettre en avant une nouvelle doctrine sansrenier explicitement le passé.

Pour ce qui regarde la praxis, plus liée aucontingent, la tactique choisie est celle du“mea culpa”, c’est-à-dire des demandes depardon incessantes, grâce auxquelles onpeut dénoncer tout le passé de l’Eglise.L’échappatoire employée consiste à deman-der pardon non pour les “fautes de l’Eglise”,mais pour les fautes des “fils de l’Eglise”(comme si, en de nombreux cas, ces “fils del’Eglise” n’avaient pas agi en qualité d’auto-rité suprême de l’Eglise).

En ce qui concerne la doctrine officielle,les choses sont plus difficiles (même si ellessont moins évidentes). On a pensé à relativi-ser les documents du passé, en en diminuantl’autorité (non infaillibles, mais plutôt seule-ment prudentiels) et en les historicisant (va-lides seulement pour une époque donnée etun contexte déterminé) etc.

C’est cette tactique qui a été utilisée,comme nous allons le voir, dans le cas quenous prenons ici en considération.

Il existe une autre tactique celle d’affir-mer que le magistère passé de l’Eglise - tou-

LL’’OOSSSSEERRVVAATTOORREE RROOMMAANNOO

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jours valide bien sûr! - n’a plus de nos joursaucune portée: les anathèmes solennels duConcile de Trente sur la justification, parexemple, frapperaient des protestants imagi-naires, ou tout au plus des protestants dé-funts car les protestants d’aujourd’hui nesoutiendraient plus la doctrine condamnée.Il s’agit là d’une subtile variation de l’échap-patoire ariano-janséniste dont nous parlionsci-dessus. Dans le cas que j’examine ici,l’échappatoire est par contre reprise tellequelle et c’est ce que nous allons voir…

Réhabiliter Rosmini, et ultra…

Dans ce contexte, il apparaît prévisible etnécessaire de réhabiliter Rosmini, condam-né post mortem, en 1887, par le Décret duSaint-Office Post obitum. Ce prêtre de laville de Rovereto est d’abord un représen-tant éminent de la pensée catholique libéra-le que Vatican II a adoptée (le cardinalRatzinger lui-même l’a admis). De plus, ilfut “victime” - conjointement - du Saint-Office et de la philosophie et de la théologiethomistes, victimes à leur tour de Vatican II.Un “mea culpa” sur le cas Rosmini était àprévoir, et même davantage. Il existe eneffet une nouvelle méthode pour enterrer lepassé de l’Eglise sans le laisser voir; elleconsiste à béatifier et à canoniser des per-sonnages autrefois mis à l’écart; déjà pourjeter de l’ombre sur la sainteté de saint PieX, Jean XXIII voulut la béatification du car-dinal Ferrari et il la voulut de toutes sesforces. La canonisation de Rosmini, déjàprévue, éclipsera encore davantage l’Eglise

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“pré-conciliaire”, et donnera aux libérauxun nouveau patron.

Une “Note” de la Congrégation pour laDoctrine de la Foi “réhabilite” Rosmini etouvre la voie vers sa “béatification”

Le 1er juillet 2001 le cardinal Ratzinger,préfet de la Congrégation pour la Doctrinede la Foi, et Mgr Bertone, le secrétaire, ontsouscrit une Note “sur la valeur des Décretsdoctrinaux concernant la pensée et les œuvresd’Antonio Rosmini Serbati”. (L’OsservatoreRomano, 1er-2 juillet 2001; La Doc. Cath., 5-19 août 2001, n° 2253, p. 725-726).

La Note, comme le rappelle laPostulation de Rosmini, “répond au texteprésenté par le Postulateur Général en dé-cembre 1999 dans le but d’éclaircir la ‘ques-tion rosminienne’ (avec référence particulièreau Décret ‘Post obitum’) comme il était de-mandé dans le décret du 22 février 1994quand le Préfet de la Congrégation pour lescauses des saints de l’époque accordait le‘nihil obstat’ de la part du Saint-Siège à l’ou-verture de la Cause de Béatification duServiteur de Dieu Antonio Rosmini. Le dé-cret en question arrêtait que ‘…laCongrégation pour la Doctrine de la Foi de-vait être de nouveau interpellée à propos dujugement doctrinal définitif sur ce sujet’” (3).

De toute façon la réponse positive de laCongrégation pour la Doctrine de la Foi nepouvait manquer après que Jean-Paul II, lamême année 1999, eût publié l’encycliqueFides et ratio, dans laquelle Rosmini se trou-ve“inclus parmi les penseurs les plus récentschez lesquels se réalise une rencontre fécondeentre savoir philosophique et Parole de Dieu”(8). Jean-Paul II doit donc être considérécomme responsable de cette réhabilitationde Rosmini, tant pour l’avoir sollicitée parl’encyclique Fides et ratio, que pour avoirpersonnellement approuvé la Note de laCongrégation pour la Doctrine de la Foi (4).

La réhabilitation était donc nécessaire;mais comment la réaliser?

L’“astucieuse distinction” exhumée pourréhabiliter Rosmini et enterrer - sans le dire- le magistère de l’Eglise

Cela établi, je demande au lecteur de serappeler ce qui est dit au début de cet articlesur la tactique des hérétiques pour enlever

Le pape Alexandre VII condamna la distinctionastucieuse des jansénistes

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toute valeur à un décret de condamnation del’Eglise: cette tactique consiste à affirmerque ce décret condamne une hérésie fictive,imaginaire, jamais soutenue en réalité parl’auteur auquel est attribuée cette doctrine.Et c’est ce qu’a fait la Congrégation pour laDoctrine de la Foi…

Voici en effet l’argument essentiel de laNote, exprimé aux numéros 6 et 7 du docu-ment:

“Par ailleurs, on doit reconnaître qu’uneétude scientifique globale, sérieuse et rigoureu-se de la pensée d’Antonio Rosmini, qui s’estexprimée dans le domaine catholique de lapart de théologiens et de philosophes apparte-nant à des écoles de pensée différentes, a mon-tré que ces interprétations contraires à la foiet à la doctrine catholique ne correspondentpas en réalité à la position authentique deRosmini. La Congrégation pour la Doctrinede la Foi, après un examen approfondi desdeux décrets doctrinaux promulgués auXIXème siècle, et compte tenu des résultatsfournis par l’historiographie et la recherchescientifique et théorique de ces dernières dé-cennies, est parvenue à la conclusion suivante:

On peut actuellement considérer que sontdésormais dépassés les motifs de préoccupa-tion et les difficultés doctrinales et pruden-tielles qui ont déterminé la promulgation duDécret ‘Post obitum’ de condamnation des“quarante propositions” tirées des œuvresd’Antonio Rosmini. Et cela du fait que lesens des propositions, tel qu’il fut compriset condamné par ce Décret, n’appartientpas en réalité à la position authentique deRosmini, mais à des conclusions possiblesde la lecture de ses œuvres”.

Telle est la substance de la Note surRosmini: les 40 propositions ont été condam-nées parce que comprises “dans une optiqueidéaliste, ontologique et dans un sens contrai-re à la foi et à la doctrine catholique” (n. 7).Mais, en réalité, telle n’était pas la pensée del’auteur, Antonio Rosmini Serbati.

Le décret de condamnation de Rosmini af-firme le contraire de ce que soutient la Notede réhabilitation, laquelle contredit donc lemagistère de l’Eglise

Mais le Saint-Office - sollicité et approu-vé par Léon XIII - a-t-il vraiment condamné40 thèses extraites des œuvres de Rosminisans engager son autorité même sur le fait

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que lesdites thèses reflètent la pensée deRosmini?

Rappelons au lecteur que, d’après laConstitution Ad Sanctam d’Alexandre VIIcitée ci-dessus, il est certain que l’Eglisepeut non seulement condamner des proposi-tions, mais aussi définir que ces propositionssont réellement contenues dans cette œuvreet même que les propositions en questionsont condamnées dans le sens entendu parl’auteur. L’autorité de l’Eglise, engagée dansun décret de ce genre s’étend aussi au faitsuivant: que les thèses condamnées ont étécondamnées justement et précisément dansle sens entendu et voulu par l’auteur, et nondans le sens attribué par des tierces per-sonnes ou par l’Eglise.

Or, voici quelles sont les paroles du fa-meux décret Post obitum qualifié de “dépas-sé” par la Note de la Congrégation pour laDoctrine de la Foi:

“La Sainteté de Notre Seigneur LéonXIII Pape par divine providence, auquel iltient à cœur par-dessus toute chose que ledépôt de la doctrine catholique soit conservépur et exempt d’erreur, a chargé le Sacréconseil des Très Eminents Cardinaux,Inquisiteurs généraux dans toute la répu-blique chrétienne d’examiner les propositionsdénoncées. La Suprême Congrégation ayantdonc, comme c’est l’usage, entrepris un exa-men des plus diligents et procédé à laconfrontation de ces propositions avec lesautres doctrines de l’auteur, surtout celles quiressortent clairement des livres posthumes; laSuprême Congrégation jugea que doiventêtre réprouvées, condamnées, selon le sensvisé par l’Auteur, les propositions suivantesque ce décret général [Post obitum] réprouve,condamne et proscrit effectivement: sanspour cela qu’il soit licite à qui que ce soit d’endéduire que les autres doctrines du mêmeAuteur, qui ne sont pas condamnées par cedécret, soient en aucune manière approuvées.Après quoi, une relation scrupuleuse de toutceci ayant été présentée à la Sainteté de N.S.Léon XIII, Sa S.S. approuva, confirma le dé-cret des Eminents Pères et enjoignit qu’il soitobservé par tous” (5).

Cette citation montre à l’évidence queles 40 propositions de Rosmini furentcondamnées non seulement en elles-mêmes(ou dans le sens qui lui fut donné “en dehorsdu contexte de la pensée rosminienne dansune optique idéaliste, ontologique et dans un

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sens contraire à la foi et à la doctrine catho-lique”, comme l’affirme la Note, au n. 7)mais “in proprio Auctoris sensu, dans lesens même de l’Auteur”. C’est la même for-mule que celle utilisée en 1656 pour réaffir-mer que les thèses de Jansénius avaient étécondamnées “selon le sens visé par ce même..., in sensu ab eodem… intento” (6).

La contradiction entre un texte indiscutédu magistère ecclésiastique approuvé par lePape Léon XIII, et la Note du cardinalRatzinger approuvée par Jean-Paul II estabsolument évidente et indéniable.

Vaine tentative pour nier la contradition eninvoquant le précédent de 1854, lorsque lesœuvres rosminiennes furent “retirées de laprocédure”

a) l’influence des facteurs culturelsLa Note de la Congrégation pour la

Doctrine de la Foi rappelle (à sa façon,comme nous le verrons) les précédentsconcernant la “question rosminienne”. “LeMagistère de l’Eglise (…) s’est intéressé à plu-sieurs reprises, au cours du XIXème siècle,aux résultats du travail intellectuel de l’abbéAntonio Rosmini Serbati (1797-1855). Il a misà l’Index deux de ses œuvres en 1849, puis adéclaré indemne de tout soupçon [le texte ori-ginal dit: ‘dimettendo poi dal esame’ ce quipeut se traduire plus correctement par ‘reti-rant de la procédure’, ndr], par Décret doctri-nal de la Sacrée Congrégation de l’Index en1854, l’opera omnia, et a condamné plus tard,en 1887 quarante propositions tirées d’œuvrespour la plupart posthumes et de quelquesœuvres éditées de son vivant, par Décret doc-trinal de la Sacrée Congrégation du Saint-Office, intitulé ‘Post obitum’ (Denz 3201-3241). Une lecture approximative et superfi-cielle de ces diverses interventions pourraitfaire penser à une contradiction intrinsèque etobjective de la part du Magistère dans l’inter-prétation du contenu de la pensée rosminienneet son évaluation devant le peuple de Dieu”(nn. 1 et 2). En effet, selon la version présen-tée par la Note, “le Décret de 1854, par lequelles œuvres de Rosmini furent lavées de toutsoupçon [le texte original dit ‘vennero dimes-se’ même remarque que plus haut], atteste lareconnaissance de l’orthodoxie de sa penséeet de ses intentions déclarées…”. Effecti-vement, si un Décret de 1854 avait attestél’orthodoxie de la pensée de Rosmini, alors

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qu’un Décret de 1887 en avait condamné 40propositions, (comme nous le veut faire croi-re la Note) il serait difficile de nier l’existenced’une certaine contradiction “intrinsèque etobjective”, et ce, justement dans le Magistèrele plus “traditionnel”!

La Note, qui nie cette contradiction pourpouvoir soutenir qu’elle-même ne contreditpas le décret de condamnation de 1887(“c’est dans cette même ligne que se situe laprésente Note sur la valeur doctrinale de cesdécrets” n. 2), la Note, disions-nous, se com-plaît presque à signaler une présumée incer-titude de l’Eglise qui en 1854 atteste l’ortho-doxie de la pensée de Rosmini, et en 1887 enatteste l’hétérodoxie. Comment expliquercette apparente contradiction? La Note l’ex-plique ‘à la moderniste’: “une lecture attenti-ve, non seulement des textes mais aussi ducontexte et de la situation de leur promulga-tion” (n. 2) permettra à Ratzinger d’expli-quer la “contradiction” inventée par lui: lacondamnation de 1887 est due aux change-ments des “facteurs d’ordre historico-cultu-rels” (n. 4), c’est-à-dire à la renaissance duthomisme voulue par Léon XIII. Ainsi, unecondamnation d’ordre doctrinal est réduite àune simple question entre diverses écolesthéologiques; l’actuelle fin du néo-thomismeexplique comment des thèses perçues àl’époque comme erronées, ne le sont plus denos jours. La Note historicise et donc relati-vise le Magistère par une opération que l’onpourrait appliquer à n’importe quel texte du

Le cardinal Ratzinger

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Magistère – même au plus solennel – , quidu fait des changements de “facteurs d’ordrehistorico-culturels” deviendrait ainsi désor-mais “dépassé” (7).

b) omissions et falsifications à propos duDécret de 1854

Si la “contradiction” entre les deux dé-crets (celui de 1854 sous Pie IX et celui de1887 sous Léon XIII) n’est pas résolue parl’explication fumeuse du contexte culturel,comment la résoudre? Devrions-nous ad-mettre – avec les partisans les plus acharnésde Rosmini au siècle dernier? – que lacontradiction existe et que Léon XIII…n’était pas Pape!? (8).

Pas du tout. En réalité, c’est la Note ducardinal Ratzinger qui – avec ses omissionset ses falsifications – pose au lecteur un pro-blème inexistant.

Voici quelle est la falsification: affirmerque le Décret de 1854 avait reconnu l’ortho-doxie de la pensée de Rosmini. Quant àl’omission, elle consiste à ne pas parler lemoins du monde de ces documents duMagistère qui nient explicitement cette faus-se interprétation.

Un peu d’histoire éclairera les idées dulecteur. Après la mise à l’Index de deuxœuvres de Rosmini en 1849, beaucoup decatholiques dénoncèrent à la Congrégationde l’Index son opera omnia éditéejusqu’alors. “Après que des censeurs eurentexaminé ses œuvres durant trois ans, les car-dinaux décidèrent lors de la session du 3juillet 1854, présidée par Pie IX: ‘dimittantur’à retirer de la procédure” (9). Mais quelle in-terprétation donner à cette formule? “Lesamis de Rosmini et le théologien de la courpontificale interprétèrent la décision des car-dinaux dans le sens d’une approbation tacite.La Civiltà Cattolica et L’OsservatoreRomano nièrent qu’il y ait eu approbation:l’œuvre de Rosmini est simplement non pro-hibée” (note 9). La Sacrée Congrégation del’Index, la même qui avait “retiré de la pro-cédure” (absout) l’œuvre de Rosmini en1854, dût alors – contrainte par les faussesinterprétations des Rosminiens – intervenirune première fois le 21 juin 1880 (et de cedécret la Note du cardinal Ratzinger ne faitpas mention): “La Sacrée Congrégation del’Index … déclara que la formule ‘à retirer’[dimittantur] signifie seulement qu’un ouvra-ge qui est retiré n’est pas prohibé” (10). Elle

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donnait donc raison aux adversaires deRosmini, et tort à ses disciples. Mais ces der-niers insistèrent. “Le désaccord – écrivaitLa Civiltà Cattolica – ne cessa pas, parce queles disciples de Rosmini comprirent ce ‘nonprohiberi’ [ne sont pas interdites] en ce sens,que vu leur qualité et leur orthodoxie no-toires, elles ne pouvaient être interdites etdonc que les philosophes et les théologiens nepouvait rien trouver à censurer en elles niphilosophiquement ni théologiquement” (11).N’est-ce pas là la thèse du cardinalRatzinger: le décret de 1854 a garanti l’or-thodoxie des œuvres rosminiennes? Maisleur prétention (et aujourd’hui celle du car-dinal Ratzinger et de sa Note) fut encore dé-mentie par la Congrégation de l’Index à la-quelle furent posées les questions suivantes:

“1. Des ouvrages qui ont été dénoncés au-près de la Sacrée Congrégation de l’Index etqui ont été retirés par elle de la procédure, ouqui n’ont pas été prohibés, doivent-ils êtreconsidérés comme exempts de toute erreurcontre la foi et les mœurs?

2. Si la réponse est oui, les ouvrages quiont été retirés par la Sacrée Congrégation del’Index ou qui n’ont pas été prohibés, peu-vent-ils être attaqués aussi bien philosophi-quement que théologiquement sans encourirle reproche [sic] de témérité?”

Le 5 décembre 1881 la Congrégation del’Index répondait négativement à la premièrequestion (les livres retirés de la procédure nesont donc pas nécessairement exempts detoute erreur contre la foi et les mœurs) et af-firmativement à la seconde (on pouvait donccritiquer les œuvres en question sans téméri-té, c’est-à-dire sans être en opposition avec ledécret de 1854). Le Pape Léon XIII approuvacette réponse le 28 décembre (12). Il n’y a pastrace non plus de cette seconde décision de laCongrégation de l’Index dans la Note de laCongrégation pour la Doctrine de la Foi quiaffirme pourtant avoir pratiqué un “examenapprofondi”. Le motif en est évident: faire ré-férence à ces deux décrets signifiait détruiretotalement la fausse interprétation qu’on vou-lait donner du décret de 1854: celui-ci n’“at-teste [pas] la reconnaissance de l’orthodoxie desa [de Rosmini] pensée et de ses intentions” (n.2), comme veut le faire croire la Note, mais ilconcède seulement une absolution “pour in-suffisance de preuves” à Rosmini (13).

Il s’ensuit qu’entre les deux Décrets,celui de 1854 et celui de 1887, n’existe pas

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même une apparence de contradiction in-trinsèque et objective, comme voudrait lefaire croire la Note: “sous Pie IX – écrivait àl’époque la Civiltà Cattolica – il fut définique même dans les œuvres de Rosmini reti-rées de la procédure il pouvait se trouver despropositions condamnables, parce quecontraires à la foi et aux mœurs, et que sousLéon XIII il fut défini qu’il s’en trouve effec-tivement. Si je dis qu’il pourrait bien pleuvoiret qu’ensuite il pleut effectivement, où peutbien être la contradiction? L’existence d’unechose ne s’oppose pas à sa possibilité, ellel’inclut” (l.c., p. 274).

Pour la Note, la faute de la condamnationde 1887 résiderait dans le néothomisme.Mais l’aversion pour la Scolastique est unsigne distinctif du modernisme

Selon la Note, nous l’avons vu, le Décretde 1887 se trompa en effet lorsqu’il attribua àRosmini des erreurs qu’il ne professait pas:“le sens des propositions, ainsi entendu etcondamné par ce même Décret, n’appartientpas en réalité à la position authentique deRosmini” (n. 7). Mais, à quoi serait due cetteerreur présumée? Pour la Note, le “premierfacteur” d’“ordre historico-culturel” qui“pose les prémisses d’un jugement négatif vis-à-vis d’une position philosophique et spécula-tive telle que la position rosminienne” fut le“projet de renouvellement des études ecclésias-tiques promu par l’encyclique Æterni Patris(1879) de Léon XIII, dans la ligne de la fidéli-té à la pensée de saint Thomas d’Aquin”. Lesecond facteur fut la difficulté de comprendrela pensée de Rosmini, défunt désormais, parqui le lisait “dans la perspective néothomiste”(n. 4). Sans aucun doute la condamnation deRosmini a mûri dans le climat de la restaura-tion de la théologie scolastique et thomistepromus par Léon XIII… Mais posons-nous laquestion: quelle valeur les rédacteurs de laNote, et Jean-Paul II qui l’a approuvée, ac-cordent-ils aux très nombreux documents duMagistère en faveur de la scolastique et de ladoctrine de saint Thomas? (14). Nous suppo-sons que, comme le Décret Post obitum, ilssont eux aussi à considérer comme “dépas-sés”, vu que la Note ne semble pas leur re-connaître de valeur doctrinale et disciplinairepour le temps présent (autrement les prin-cipes thomistes qui amenèrent à la condam-nation de Rosmini en 1887 auraient amené

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une nouvelle fois à sa condamnation en2001). La chose est particulièrement graveparce que ce n’est pas “surtout (...) contre lerisque de l’éclectisme” comme l’affirme laNote (n. 4), que l’Eglise a recommandé lascholastique et le thomisme, mais aussi etspécialement contre les erreurs modernes,proclamant que le fait de s’en détacher porteun grave et dangereux préjudice à la Foi(note 14). C’est principalement au modernis-me que la philosophie scolastique et la doctri-ne thomiste sont un obstacle, comme le rap-pelait saint Pie X dans l’Encyclique Pascendi:“trois choses, ils le sentent bien, leur barrent laroute: la philosophie scolastique, l’autorité desPères et la tradition, le magistère de l’Eglise. Aces trois choses ils font une guerre acharnée.(...) c’est un fait qu’avec l’amour des nouveau-tés va toujours de pair la haine de la méthodescolastique; et il n’est pas d’indice plus sûr quele goût des doctrines modernistes commence àpoindre dans un esprit, que d’y voir naître ledégoût de cette méthode”. La Note d’un seulet même coup déclare “dépassés” les troisobstacles au modernisme: scolastique, tradi-tion et magistère.

Autres inexactitudes de la Note

Jusqu’ici nous avons exposé les erreursles plus graves de la Note sur Rosmini. Maisil y aurait encore beaucoup de choses à dire:voyons-en deux.

a) Le Décret de 1887 n’aurait été que l’ex-pression d’une préoccupation!

L’embarras de la Note transparaît égale-ment dans la tentative de minimiser lacondamnation (reconnue cependant commetelle) de 1887. Elle est présentée comme “uneprise de distance” (n. 4), un “jugement négatif”(n. 4), exprimant “les préoccupations réellesdu Magistère” (n. 5) et “les motifs de préoccu-pation et les difficultés doctrinales et pruden-tielles” (n. 7). La Note affirme en particulierque la cohérence profonde du jugement duMagistère en ses diverses interventions en lamatière est vérifiée par le fait que ce mêmeDécret doctrinal Post obitum ne porte pas dejugement qui concernerait une négation for-melle de vérités de foi de la part de l’auteur,mais porte plutôt sur le fait que le systèmephilosophico-théologique de Rosmini étaitconsidéré comme insuffisant et inadéquat pourgarder et exposer certaines vérités de la doctri-

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ne catholique, pourtant reconnues et confesséespar l’auteur lui-même” (n. 5). Pourtant si on litle Décret Post obitum, on n’y trouve rien detout cela. S’il n’y est pas dit explicitement(mais ça n’est pas exclu) que les propositionscondamnées sont hérétiques, il y est dit cepen-dant qu’elles ne sont pas conformes à la véritécatholique, et qu’en tant que telles elles sontcondamnées, proscrites et réprouvées: pastrace d’insuffisance, d’inadéquation ou desimple difficulté doctrinale et encore moinsprudentielles. De même qu’elle augmenteexagérément la valeur de l’“absolution” desœuvres faite en 1854, la faisant passer pour uncertificat d’orthodoxie, la Note diminue de lamême manière la portée de la condamnationde 1887, la déguisant en simple préoccupationprudentielle pour une doctrine insuffisante.Voilà qui ne dénote certes pas une grandehonnêteté intellectuelle…

b) Les interprétations hétérodoxes de lapensée rosminienne seraient à attribuer àdes non-catholiques

Toujours pour amoindrir la gravité des er-reurs de Rosmini et la gravité de sa condam-nation, la Note attribue les “interprétationserronées et déviantes de la pensée rosminien-ne” en opposition avec la foi catholique “dans

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une perspective idéaliste, ontologiste et subjec-tiviste” aux “penseurs non-catholiques” et aux“secteurs intellectuels de la culture philoso-phique laïciste, marquée par l’idéalisme trans-cendantal ou par l’idéalisme logique ou onto-logique” (n. 5). Mais était-il catholique ounon catholique, l’auteur du livre LeRosminianisme, synthèse du Panthéisme et del’Ontologisme, écrit et publié en 1881 – avecl’approbation du Maître du sacré Palais(théologien du Pape)? Est-il possible quetous, catholiques et non catholiques se soienttrompés quand ils considéraient comme hété-rodoxe la pensée de Rosmini?

Les ambiguïtés de Rosmini, ou commentdorer la pilule

La Note admet, il est vrai, que la penséede Rosmini contient ambiguïtés et équi-voques. Mais si on croit qu’il en est ainsi,comment peut-on envisager la canonisationd’un penseur qui demeure ambigu et équi-voque dans la Foi? Il est donc à craindre queces concessions (la pensée de Rosminicontient des ambiguïtés) aient été faites pour“dorer la pilule”, pour être bien vite oubliéeset devenir ensuite “dépassées” tandis queresteront en mémoire la réhabilitation et laprochaine béatification de Rosmini.

Conclusion: un document d’importance ap-paremment “mineure”, en réalité grave etsymbolique

Certains penseront que la question dontnous venons de nous occuper est d’importan-ce mineure, que nous avons donc perdunotre temps. Rosmini n’était pas un impie,mais un prêtre pieux; bien d’autres erreurs etautrement plus graves que la réhabilitationde Rosmini nous sont continuellement infli-gées. C’est vrai, il y a des faits et des docu-ments en soi plus graves et scandaleux; mais– quoique document d’importance apparem-ment mineure – il n’en reste pas moins que laNote représente une réalité grave et sympto-matique de l’anéantissement progressif etsournois du magistère de l’Eglise. Après leDécret Post obitum, quelle doit être la pro-chaine victime de l’“aggiornamento”?

Notes

1) Mgr Umberto Benigni, Storia sociale dellaChiesa, vol. II, tome I, p. 216, Vallardi, Milan 1912.

Antonio Rosmini Serbati

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2) Heinrich Denzinger, Symboles et définitions de laFoi catholique…, édité par Peter Hünermann pour l’éd.originale et par Joseph Hoffman pour l’éd. fr., Ed. duCerf, Paris 1996, p. 513.

3) “Les difficultés doctrinales concernant les écrits denotre Père Fondateur peuvent être considérées comme sur-montées”, lettre de la Postulation de la Cause deBéatification de Rosmini datée du 1er juillet 2001, sous-crite par le Préposé général de l’Institut de la Charité, parla Supérieure générale des Sœurs de la Providence, par lePostulateur Général et le Vice-Postulateur de la Cause.

4) “Le Souverain Pontife Jean-Paul II, au cours del’audience du 8 juin 2001, accordée au soussigné cardinalPréfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, aapprouvé cette Note sur la valeur des décrets doctrinauxconcernant la pensée et les œuvres du prêtre AntonioRosmini Serbati, décidée en session ordinaire, et en a or-donné la publication”.

5) Notre traduction française du décret Post obitumpublié par La Civiltà Cattolica, année XXXIX, vol. X,série XIII, 1888, pp. 63-64.

6) Les Pères de La Civiltà Cattolica ne manquèrentpas de souligner eux aussi ce point du Décret de condam-nation de Rosmini: “Le même conseil [des Cardinaux] af-firme qu’il eut connaissance du sens dans lequel Rosminiemploya les propositions en question, et jugea que c’estdans le sens même employé par l’auteur qu’elles devaientêtre réprouvées, condamnées et proscrites; et c’est dans cesens qu’elle les réprouve, les condamne et les proscrit, pro-positiones quæ sequuntur, in proprio auctoris sensu re-probandas, damnandas, ac proscribendas esse iudicaverit,prout hoc generali decreto reprobat, damnat, proscribit”(La Civiltà Cattolica, année 39, vol. X, série 13, 1888, pp.269-270: Soluzione della questione rosminiana [Solutionde la question rosminienne]).

7) Nous ne voulons certes pas nier l’existence d’unecertaine influence du contexte historique sur les textesdoctrinaux en général, et, dans ce cas particulier de lacondamnation de Rosmini, l’influence de la promotion duthomisme par Léon XIII, de même que nous ne voulonspas nier l’utilité de connaître le contexte historique d’undocument pour sa meilleure compréhension. Mais nousnions carrément que l’examen du contexte historique etculturel d’un document du Magistère (ou de l’EcritureSainte) puisse autoriser à le considérer comme “dépassé”dans un autre contexte, comme si les formules doctrinaleset/ou dogmatiques n’avaient pas une valeur en soi, etn’étaient qu’un produit socio-culturel d’une époque don-née. La position insinuée par la Note détruit en effet radi-calement le concept même et la pérennité du Magistèreecclésiastique (et même de la Révélation divine).

8) Le fait est authentique, et je l’ai trouvé enconsultant les vieux numéros de La Civiltà Cattolica,“Soluzione della questione rosminiana”, l.c., p. 273.

9) Denzinger, op. cit. pp. 703-704.10) ASS 13 [1880/81] 92. Denzinger, op. cit., p. 704.11) La Civiltà Cattolica, “Solution de la question

rosminienne”, l.c., p. 261.12) Denzinger, nn. 3154-3155; ASS 14 [1981/82] 288.13) “Il est clair que si sa culpabilité avait été démon-

trée avec certitude, il devait être condamné; si sa culpabi-lité n’avait pas été démontrée, il devait être absout, c’est-à-dire relâché; (…) La certitude précitée est nécessaire àla condamnation, parce que c’est une règle de droit quenemo præsumitur reus nisi legitime probetur; ce qui vautpour n’importe quel tribunal”. Lire à ce propos toute lap. 260 de La Civiltà Cattolica, l.c.

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14) Par exemple Léon XIII, Enc. Æterni Patris, DS3139-3140 et la lettre au ministre général OFM du 27nov. 1878; S. Pie X, Enc. Pascendi, m.p. Sacrorum anti-stitum, m.p. Doctoris angelici, et les 24 Thèses, DS 3601-3624; Code de droit canon, cann. 580§1 et 1366§2; PieXI, c.ap. Deus scientiarum Dominus et Enc. Studiorumducem, DS 3665-3667; Pie XII, Enc.

LE PAPE LIBERE, SAINTATHANASE ET LES

ARIENSPar M. l’abbé Giuseppe Murro

Nombreux sont ceux qui soutiennentque le Souverain Pontife peut setromper. Pour conforter leur thèse,

ils avancent souvent le cas du Pape Libèrequi, d’après eux, aurait erré dans la foi.Avant d’étudier le fait historique, rappelonsque le cas de Libère est cité par les protes-tants, les conciliaristes, les gallicans et lesanti-infaillibilistes pour nier la juridiction su-prême et l’infaillibilité du Souverain. Celuiqui, aujourd’hui, repropose cet exemplepour soutenir la thèse selon laquelle le Papepeut se tromper se trouve donc en bonnecompagnie...

En 313, l’Edit de Constantin vint clore lapériode des grandes persécutions pour leschrétiens. Mais, si ceux-ci étaient désormaislibres de professer leur foi, l’Eglise se vitconfrontée à d’autres difficultés: parmi elles,on peut compter l’apparition de nouvelleshérésies et l’ingérence du pouvoir temporeldans les choses spirituelles.

L’arianisme

Un des dogmes de la foi chrétienne est ladoctrine de la Sainte Trinité (c’est-à-dired’un seul Dieu en trois Personnes: le Père, leFils et le Saint-Esprit). Dès le IIIème siècle,l’Eglise dut combattre plusieurs hérésies quiattaquaient ce dogme: certains soutenaientque Notre-Seigneur était un simple hommeinvesti par la Puissance de Dieu d’un pou-voir exceptionnel; d’autres affirmaient queJésus est en réalité le Père lui-même et que,par conséquent, le Père et le Fils sont uneseule et même Personne. En condamnantces hérésies, l’Eglise enseigna que Jésus est

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“consubstantiel” (comme s’il était possible defaire un tri dans le Magistère de l’Eglise). Lepoint commun de toutes ces sectes était lerejet du “consubstantiel” et la lutte contreAthanase, le défenseur de la foi catholique.Mais, si les ariens étaient unis pour s’opposerau “consubstantiel”, comment expliquaient-ils le rapport entre le Père et le Fils? “Si leVerbe n’est pas égal au Père dans la substance(homoousios), Lui est-il au moins semblable(homoios) ou dissemblable (anomoios)? Lebyzantinisme ne pouvait pas manquer cetteoccasion pour user de sophismes et de sous-entendus” (1). C’est la raison pour laquelle lespositions de ceux qui niaient que la substan-ce du Verbe est semblable à celle du Pèreétaient divisés en trois factions:

1) Il y avait tout d’abord ceux qui niaientcarrément toute similitude entre les deuxsubstances, affirmant que celle du Père étaitdivine mais celle du Verbe humaine etcréée: c’était les anoméens dissemblables (leVerbe étant, pour eux, dissemblable en toutau Père) ou anoméens ouverts avec, à leurtête, Aèce, Eudoxe et Acace.

2) Puis, il y avait ceux qui acceptaientl’expression homoios, semblable (au Père),mais non l’expression homoiousios, sem-blable quant à la substance (au Père): poureux, le Verbe était semblable au Père seule-ment de façon relative, de la même façon quel’image réfléchie dans un miroir est sem-blable à celui qui s’y regarde. “Evidemment,ils jouaient avec les mots, surtout après quel’anoméisme ouvert ait été condamné mêmepar l’empereur” (1). Les eusébiens et les aca-ciens s’unirent à ceux-ci: on les appela ano-méens dissimulés ou homéens, et on peutaussi les désigner du nom de pseudo-simi-listes (du latin “similis”, semblable).

3) Il y avait enfin les similistes, appeléscommunément semi-ariens. Ils acceptaientbien le mot et le concept de homoiousios(c’est-à-dire qu’ils affirmaient que le Verbeest semblable au Père quant à la substance).Mais ils refusaient l’expression “consubstantielau Père” craignant qu’elle implique la sup-pression de la distinction des trois Personnesdivines. “Au fond, c’était une erreur de formu-le et non de foi”, déclare Benigni (1). Il y enavait cependant certainement parmi eux quiavaient une conception inexacte de cette simi-litude et qui n’avaient donc pas la foi catho-lique, “mais d’autres étaient catholiques et ilsfurent reconnus par l’intransigeant Athanase

une Personne divine, distincte du Père. LeMagistère ne détermina pas encore quel rap-port précis existe entre la Personne du Filset celle du Père. Nous savons qu’ils sontégaux, qu’ils ont la même substance, qu’ilsont les mêmes attributs (ils sont tous lesdeux tout-puissants, omniscients, éternels…)bien que leurs Personnes restent distinctes.

Par la suite, la tendance à subordonnerde quelque façon le Fils au Père sans en niercependant la Divinité se répandit toujoursplus. Le célèbre prêtre d’Alexandried’Egypte, Arius, ne se contenta pas seule-ment de soutenir la dépendance du Fils parrapport au Père quant à la nature mais il allamême jusqu’à refuser au Fils la nature divi-ne et les attributs divins comme l’éternité etl’être “ex Deo” (c’est-à-dire: qui vient deDieu). Voici deux des formules principalesde la doctrine arienne au sujet du Fils: “Il yeut un temps où le Fils de Dieu n’était pas” et“Le Fils de Dieu vient du non-être”. PourArius, le Verbe (Logos) est une création duPère qui l’a créé du néant; il en est la pre-mière créature ou la plus éminente, destinéeà être l’instrument pour la création desautres êtres, mais il n’est pas Dieu. En 315,Arius commença à répandre ses doctrines àAlexandrie d’Egypte; en 318, l’évêque de laville tint un grand synode où il l’expulsa dela communion ecclésiastique et il communi-qua cette décision au Pape Sylvestre. Ariusdut alors quitter la ville.

La controverse atteignit des proportionstoujours plus grandes: l’empereur lui-même,Constantin le Grand, y intervint mais de ma-nière indue et malheureuse. En 325, eut lieufinalement le concile de Nicée en Bithynie:c’est là que fut rédigé le fameux symbole (ouCredo) qui est récité pendant la SainteMesse dans lequel est affirmé que le Verbeest de même Nature que le Père (“consub-stantiel au Père”): “Dieu de Dieu, lumière delumière, vrai Dieu de vrai Dieu, qui n’a pasété fait, mais engendré, consubstantiel auPère, et par qui toutes choses ont été faites”.Les principales thèses d’Arius furent alorsfrappées d’anathème et les évêques qui luiétaient favorables furent excommuniés etenvoyés en exil.

Mais l’arianisme n’avait été que repousséet non vaincu: il s’était divisé en plusieurssectes. Après son exil, Arius adhéra à celledes eusébiens qui déclaraient ne pas s’oppo-ser au concile de Nicée mais refusaient le

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lui-même (De synodis, XII) comme catho-liques trompés par une équivoque de formuleet par une équivoque d’opportunisme” (1). Ilsproclamaient l’homoiousios mais n’osaientpas affirmer l’homoousios etainsi, pour un “iota”, ils neconfessaient pas intégrale-ment la foi. Comme nousle verrons, les évêques ca-tholiques s’efforçaient defaire rentrer ces derniersdans la communion del’Eglise catholique.

A la cour de Cons-tantin, les ariens travaillè-rent avec succès, soutenussurtout par la sœur del’empereur, Constantia.En 328, les exilés purentrentrer dans leur patrie etcertains furent réintégréspar Constantin sur leurssièges épiscopaux dont ilsavaient été éloignés àcause de leur hérésie. Etc’est ainsi que les ariensréussirent en peu detemps à chasser des siègesépiscopaux les chefs duparti “nicéen” c’est-à-direles évêques catholiques,parmi lesquels Athanase,nouvel évêque d’Alexan-drie, qui fut envoyé enexil à Trèves. Constantinavait préparé la solennelleréadmission d’Arius maisce dernier mourut subite-ment.

Après la mort deConstantin, dans la lutteentre catholicisme et hé-résie, les succès s’alternè-rent de part et d’autre.L’Empire fut divisé entreles deux fils de Cons-tantin, Constant qui gou-vernait l’Occident et Cons-tance II qui gouvernaitl’Orient, et il y eut la paix pendant quelquesannées. Mais quand Constance, qui avait engrande sympathie les ariens, devint l’uniqueempereur après la mort de son frèreConstant, la lutte se ralluma et les persécu-tions recommencèrent. “A mesure que les

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dangers politiques diminuaient la manie desconciles et des disputes théologiques reprenaitle dessus dans Constance” (2). En 351, un sy-node se tint en Pannonie à Sirmium (l’ac-

tuelle Mitrovicza) où rési-dait alors l’empereur: il yfut établi un symbole defoi (appelé première for-mule de Sirmium) dans le-quel ne se trouve pas affir-mé que le Père et le Filssont de même substance.De plus, Ursace et Valens,les deux évêques ariens lesplus factieux, devinrent lesconseillers théologiques del’empereur. Les évêques fi-dèles à la foi de Nicée fu-rent privés de leurs siègeset St Paul de Constan-tinople fut exilé et tué.

Mais l’ennemi de tou-jours était Athanase: il fal-lait le chasser de son dio-cèse. Après la mort deJules Ier en 352, les ariensexercèrent des pressionssur le nouveau PapeLibère afin qu’il excom-muniât Athanase. Libèreexamina les preuves et nonseulement refusa de lecondamner mais déclaraAthanase innocent detoute faute: il demandadonc à l’empereur de ré-unir un concile général àAquilée. Mais Constancefit dérouler le Concile en353 dans la ville d’Arles oùil résidait à ce moment-làdans l’intention évidentede le diriger par son in-fluence. Les évêques desGaules furent eux aussiconvoqués mais, pratique-ment, le synode fut conduitpar les évêques ariens.Aucun des décrets du

concile n’aborda les questions théologiquesalors discutées mais l’un d’eux, qui avait étépréparé à l’avance, condamna Athanase. Leslégats papaux essayèrent de s’opposer inuti-lement: Valens, l’un des deux évêques ariensconseillers de l’empereur, réussit à présenter

Saint Athanase

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avec adresse le document et l’empereur me-naça de destituer et exiler les évêques occi-dentaux qui ne signeraient pas les décisionsdu synode. C’est ainsi que tous les évêquessignèrent l’un après l’autre, y compris lelégat pontifical Vincent de Capoue qui futtrompé et malmené. Par contre, Paulin deTrèves refusa et fut exilé en Phrygie où ilmourut par la suite. Le Pape Libère futpeiné de la défection des évêques et de sonlégat (3). Il envoya donc à l’empereur unelettre dans laquelle il confirmait avec ferme-té l’innocence d’Athanase, les droits del’Eglise, l’excommunication des ariens et lanécessité de réunir un concile.

Entre-temps, Constance fit tuer son cou-sin Gallus qui gouvernait l’Orient de peurqu’il ne se rende indépendant de lui. Quandla nouvelle de la mort de Gallus arriva, lacour s’en réjouit comme d’une victoire,adula la toute-puissance de l’empereur etConstance se mit à signer avec les titres de“seigneur du monde et éternel”. “Lesévêques ariens, qui refusaient cette qualité auFils de Dieu, ne rougirent plus de la donnerau vaniteux et ridicule Constance” (4).

Le Concile de Milan

En 355, Constance réunit un Concile àMilan: plus de trois cents évêques d’Oc-cident y étaient présents. “Avec ce synode,débuta une humiliante tragédie où l’empereurqui ne supportait pas la moindre opposition àsa volonté se laissa emporter par des mesurestoujours plus dures et se rendit coupable degraves fautes” (5). Libère convainquit StEusèbe de Verceil d’y participer dans l’es-poir de faire triompher la foi catholique.Mais à Milan les ariens firent attendre pen-dant dix jours Eusèbe ainsi que les légatspontificaux avant de commencer le concilepour mieux organiser leurs machinations.De fait, à l’ouverture du Concile, ils voulu-rent commencer par la condamnationd’Athanase; les catholiques, conduits par lesévêques St Eusèbe, Lucifer de Cagliari et StDenys de Milan, répondirent qu’il fallaitd’abord souscrire au symbole de Nicée pours’assurer de la catholicité des personnes pré-sentes. Il s’ensuivit une grande agitation: lepeuple, entendant le tapage, accourut et,scandalisé, commença à dénoncer l’absencede foi des évêques ariens. Ces derniers, crai-gnant le pire, se réfugièrent dans le palais de

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l’empereur. Constance décida alors de trans-férer les séances suivantes de l’église (où leconcile avait commencé) à son palais et ob-tint, grâce aux menaces, le même résultatqu’en Arles. Les ariens lurent un édit deConstance rempli de leurs hérésies. N’ayantpas réussi à le faire accepter, Constance fitvenir les trois opposants, Lucifer, Eusèbe etDenys, et leur demanda, au nom de son au-torité d’empereur, de signer la condamna-tion d’Athanase. Mais les trois évêques s’yrefusèrent fermement malgré les menacesde mort. Constance les envoya alors en exil,et Ursace et Valens firent frapper le diacreHilaire qui accompagnait Lucifer. C’estalors que la plupart des évêques signèrentpar faiblesse ou par surprise la condamna-tion d’Athanase et ceux qui ne signèrent pasfurent calomniés et chassés, immédiatementou peu de temps après, de leur siège (6).

Eusèbe fut envoyé en Palestine, Luciferen Syrie, Denys en Cappadoce. Le PapeLibère leur écrivit une lettre: “Quel réconfortpuis-je vous donner, divisé comme je suis entrela douleur de votre absence et la joie de votregloire? La meilleure consolation que je puissevous offrir est celle que vous vouliez me consi-dérer exilé avec vous. Oh! combien j’aurais dé-siré, frères bien-aimés, être immolé avant vous!(…) Je supplie donc votre charité de me croireprésent avec vous et de penser que ma plusgrande douleur est de me voir séparé de votrecompagnie” (7). Ce désir de Libère se réaliserapeu après: les ariens savaient en effet que,pour avoir un succès définitif, il fallait essayerde lui arracher son consentement.

Entre-temps, des messagers impériauxfurent envoyés auprès des évêques absentspour obtenir par n’importe quel moyen leursignature: mais ils trouvèrent dans lesGaules une forte opposition avec, à sa tête,St Hilaire de Poitiers. Pour la circonvenir,un synode fut réuni en 356 à Béziers et StHilaire fut obligé d’y participer: la signaturede la condamnation d’Athanase fut extor-quée à la majorité des évêques par la violen-ce et les menaces. Les seuls qui s’y refusè-rent furent St Hilaire et Rhodane deToulouse qui furent exilés en Phrygie (8).

Libère et Constance

L’empereur décida alors d’envoyer avecdes dons son messager l’eunuque Eusèbe àLibère pour s’en faire bien voir et pour lui

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demander d’adhérer à la condamnationd’Athanase et d’être en communion avec lesariens. Libère refusa les dons. Eusèbe se mitalors en colère: il menaça même âprement lePape et alla dans l’église de St Pierre pour ydéposer ses dons. Quand Libère l’apprit, ilse mit en colère contre le gardien qui lesavait acceptés et fit jeter dehors cette offran-de profane.

Au retour d’Eusèbe à Milan, Constanceécrivit au gouverneur de Rome Léonce pourlui demander de conduire Libère à Milan degré ou de force. Une grande terreur se ré-pandit alors à travers Rome: beaucoup defamilles furent menacées, plusieurs durentfuir et les portes de la ville furent surveillées.En définitive, on voulait isoler le Pontife.Rome connut ainsi la violence des ariensdont elle avait seulement entendu parlerjusqu’alors. Libère fut finalement enlevé denuit par crainte du peuple qui l’aimait.

Quand il arriva à Milan, Constance luidonna audience ou plutôt l’interrogea face àson consistoire et en présence de sténo-graphes qui en enregistraient les paroles.«L’empereur voulait que Libère sanctionneles yeux fermés la condamnation d’Athanase.Mais Libère maintint solidement le principeromain que le Siège Apostolique ne condam-ne que ceux qui sont poursuivis en justice etjugés par lui-même... Dans son colloque avecl’empereur, le Pape demanda un procès ecclé-siastique pour Athanase “puisqu’il ne peut sefaire que nous condamnions quelqu’un donton n’a pas fait le procès”. Constance répliquaune vérité officielle: “Tout le monde l’acondamné”. Libère répondit: “Ceux qui si-gnèrent sa condamnation ne considérèrent pasles faits mais cherchèrent seulement à obtenirton estime ou à fuir ta colère ou, tout aumoins, à éviter d’être mal vu de toi” (…).Alors le tyran insista: “On te demande seule-ment cela (c’est-à-dire de condamnerAthanase); pense donc à la paix et souscrispour que tu puisses retourner à Rome”. La ré-ponse de Libère fut héroïque: “A Rome, j’aidéjà dit adieu aux frères; il importe plus d’ob-server les lois de l’Eglise que d’habiter àRome» (9). Constance lui laissa trois jourspour réfléchir mais, deux jours après, commele Pontife ne changeait pas d’avis, il l’envoyaen exil à Bérée en Thrace; c’était en 356. Dèsque Libère fut sorti, Constance lui fit parve-nir 500 sous d’or pour ses frais mais Libèrerépondit à celui qui les apportait: “Rends-les

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à l’empereur qui en a besoin pour ses sol-dats”. L’impératrice fit de même et Libèredonna au porteur la même réponse en ajou-tant que, si l’empereur n’en avait pas besoin,qu’il les donne aux évêques ariens qui l’en-touraient et qui en avaient certainement be-soin. L’eunuque Eusèbe lui offrit égalementde l’argent mais Libère lui dit: “Tu as rendudésertes toutes les églises du monde et tum’offres une aumône comme à un criminel!Va et commence par te faire chrétien” (10).

La persécution

Le Pape étant à peine parti, Constancefit mettre à sa place, comme évêque deRome, Félix II, antipape. Bien que ce der-nier eût accepté le Concile de Nicée, lepeuple romain ne voulut pas entrer dansl’église dont il avait pris possession pour labonne et unique raison qu’il était en com-munion avec les ariens.

La persécution commença alors danstout l’empire. Les ariens convainquirentConstance qu’il fallait que le vieil Osius (3)signât lui aussi la condamnation d’Athanase.Il y eut un échange de lettres où Osius sou-tint la foi nicéenne et rappela commentAthanase avait toujours été reconnu inno-cent de toutes les fausses accusations dont lechargeaient les ariens. Constance l’envoyaalors en exil à Sirmium et envoya partout sesministres avec des ordres menaçants: auxévêques afin qu’ils signent la condamnationd’Athanase et se mettent en communionavec les ariens sous peine de bannissement,emprisonnement, châtiment corporel etconfiscation de leurs biens; et aux juges aussiafin qu’ils obligent les évêques à exécuterses ordres. Qui plus est, les ministres deConstance étaient accompagnés des clercsde Valens et d’Ursace pour dénoncer lesjuges les plus négligents. C’est ainsi que plu-sieurs évêques furent conduits devant lesjuges afin de les obliger à signer la condam-nation d’Athanase. Celui qui refusait de si-gner était accusé, après quelque temps, den’importe quel crime (calomnie, blasphème,etc…) et était ensuite envoyé en exil tandisque sa place était prise par un arien.

Entre-temps, Constance envoya destroupes à Alexandrie avec l’ordre deprendre Athanase: elles entrèrent à minuitdans l’église où Athanase célébrait l’officenocturne de la vigile d’une fête. L’évêque ne

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voulut pas bouger jusqu’à ce que tous les fi-dèles ne se soient mis en sûreté, et - quand laplupart furent à l’abri - quelques-uns desclercs d’Athanase prirent celui-ci de force etle firent fuir. Athanase se cacha longtemps,d’abord à Alexandrie, puis dans le désert.Georges de Cappadoce fut nommé à saplace alors que la persécution des évêquescatholiques commençait dans toute l’Egypte.Georges, le nouvel évêque d’Alexandrie, secomportait avec une telle cruauté que mêmeles païens s’en plaignaient à l’empereur. Lescatholiques d’Alexandrie se réunissaient dé-sormais hors de la ville. Un jour où ilss’étaient réunis dans un cimetière, un capi-taine, Sébastien, y arriva avec trois millehommes armés envoyés par les ariens et fitallumer un grand feu en menaçant d’y fairebrûler tous ceux qui ne voulaient pas em-brasser la foi des ariens. Comme les me-naces n’épouvantaient pas les catholiques,Sébastien les fit battre avec des verges cro-chues au point que plusieurs d’entre euxmoururent de ces mauvais traitements.Leurs corps furent jetés aux chiens. Mais lesfidèles honorèrent ces confesseurs de la foicomme des martyrs. Georges, à cause de lacruauté dont il usait, dut quitter Alexandrie

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une première fois; il y revint ensuite mais futtué au cours d’une révolte de païens.

Constance à Rome: libération de Libère

En avril 357, Constance qui n’avait ja-mais vu Rome y fit son entrée solennelle.Les matrones romaines des nobles et richesfamilles supplièrent avec insistance l’empe-reur de restituer à Rome son pasteur: Félixcommuniquait avec les ariens, dirent-elles,et aucun romain n’entrait dans l’églisequand il s’y trouvait. Mais Constance “adop-ta une mesure très byzantine”: après avoirpromis qu’il les exaucerait, il donna ensuitel’ordre qu’il y eut en même temps à RomeLibère et Félix. Mais quand on lut ces lettresdans le cirque, le peuple “qui n’était pas by-zantin et ne voulait pas de byzantineries”s’écria ironiquement: “Un Dieu, un Christ,un évêque!” (11). Quand Libère put ensuiterevenir à Rome, le peuple l’accueillit triom-phalement et chassa Félix peu après.

Le Pape Libère proclama exclus de lacommunion ecclésiastique ceux qui ne re-connaissaient pas la similitude totale du Filsavec le Père dans la substance et dans les at-tributs, et réaffirma ainsi intégralement lafoi catholique.

Le problème de la “chute” d’Osius

En 357, les ariens vinrent de nouveautrouver le vieil Osius désormais centenairealors qu’il se trouvait à Sirmium en exil,maltraité et blessé. On dit qu’on le persuadade signer une formule de foi (appeléedeuxième formule de Sirmium) dans laquel-le on ne parlait ni du “consubstantiel”, nimême du “semblable”; il refusa cependantde souscrire à la condamnation d’Athanase.Ce dernier affirme d’Osius: “Il céda un ins-tant aux ariens, non pas parce qu’il croyaitque nous étions coupables, mais seulementparce qu’il ne supporta pas les mauvais trai-tements à cause de sa faiblesse due à lavieillesse” (12). St Phébade, évêque d’Agen,stigmatisa ce fait pour montrer aux catho-liques de ne pas se laisser impressionner parcette chute tant mise en avant par les ariens:“… On nous oppose le nom d’Osius, le plusancien de tous les évêques, dont la foi a tou-jours été si sûre; mais je réponds que l’on nepeut employer l’autorité d’un homme qui setrompe à présent ou qui s’est toujours trom-

L’empereur Constance II

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pé… S’il a maintenant d’autres sentiments,s’il défend maintenant ce qu’il a condamnéauparavant et condamne ce qu’il a soutenu, jele dis encore une fois, son autorité n’est pasrecevable; car, s’il a mal cru pendant près dequatre-vingt-dix ans, je ne croirai pas qu’ilcroit bien après quatre-vingt-dix ans… Lajustice du juste ne le sauvera point s’il tombeune fois dans l’erreur” (13).

On ne peut affirmer avec certitudequ’Osius ait cédé: il faut tenir présent à l’es-prit que le fait de sa chute fut raconté par lesariens qui le retenaient prisonnier et il fut en-suite repris par les disciples de Lucifer deCagliari et Grégoire d’Elvire, de tendance ri-goriste, qui racontèrent par la suite des lé-gendes contre Osius (14). De toute façon, s’ilsigna vraiment la seconde formule deSirmium, il le fit à un moment où sa volontén’était pas libre puisqu’il s’agissait d’unhomme presque centenaire, maltraité et exilé.

Division entre les ariens

L’aile extrême de la faction arienne, lesanoméens dissemblables, tint un concile oùfut condamnée l’expression “semblable dansla substance” (tenue par contre par les simi-listes) en avançant comme prétexte que cettecondamnation était contenue dans la deuxiè-me formule de Sirmium. Les similistes (ousemi-ariens) tinrent alors contre eux un autreconcile à Ancyre dans lequel ils excommuniè-rent quiconque niait que le Fils est semblableau Père dans la substance mais condamnèrentle terme “consubstantiel”. Ils envoyèrent en-suite une députation conduite par Basiled’Ancyre et quelques autres à Sirmium où setrouvait l’empereur pour lui présenter cetteprofession de foi mais ils avaient pris soind’en retrancher auparavant l’article quicondamnait le “consubstantiel”! L’empereurqui venait d’approuver les anoméens dissem-blables se rétracta alors, donna de nouveauxordres et menaça de graves peines ceux quine changeraient pas d’avis comme lui. Cecidémontre la légèreté avec laquelle Constancetraitait des sujets les plus graves.

En 358, il convoqua de nouveau un concileà Sirmium dans lequel prévalurent les semi-ariens. Ce concile eut en effet un caractèreanti-arien: la seconde formule de Sirmium yfut condamnée mais l’expression “semblabledans la substance” ainsi que le terme “consub-stantiel” furent exclus (ce fut la troisième for-

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mule de Sirmium). Dans ce concile, on fitdonc un pas en avant dans la condamnationde l’arianisme bien que la doctrine catholiquen’y fut pas pleinement exposée.

St Hilaire qui se trouvait en exil écrivit àcette période le De Synodis dans lequel illoua les participants au concile d’Ancyrepour avoir condamné la deuxième formulede Sirmium, les appelant “frères bien aimés”.Il leur expliquait qu’ils ne devaient pas avoirpeur du terme “consubstantiel” puisqu’il nesupprimait pas la distinction entre lesPersonnes divines et que le concile de Nicéel’avait utilisé. St Hilaire espérait arriver à unéclaircissement avec les semi-ariens.

Epilogue

Ce fut alors que Constance voulut réunirun nouveau concile mais les ariens dissem-blables le convainquirent d’en faire deux enséparant les évêques occidentaux desévêques orientaux. Ces conciles étaientconvoqués par l’empereur (qui n’était mêmepas baptisé mais simple catéchumène) et lepape n’en était pas averti. En 359, presquecinq cents évêques représentant l’occident seréunirent donc à Rimini et environ centquatre-vingt à Séleucie pour l’orient. Lesariens s’étaient déjà réunis à Sirmium pourpréparer les documents: ils y rédigèrent laquatrième formule de Sirmium dans laquelleon bannissait le terme “substance” et où l’ondisait que le Fils est semblable en tout auPère. Le concile s’étant ouvert à Rimini, lesévêques rejetèrent cette formule après plu-sieurs disputes et reconfirmèrent les décretsde Nicée. Ursace et Valens qui ne voulaientpas signer les décrets y furent condamnés etdéposés. Le concile envoya dix légats à l’em-pereur mais celui-ci, n’étant entouré que pardes ariens, tergiversa: il réussit enfin à fairesigner aux légats eux-mêmes une autre for-mule à Nicée en Thrace (ville choisie expres-sément pour la faire confondre avec Nicéeen Bithynie). Elle reproduisait la quatrièmeformule de Sirmium (en supprimant cepen-dant “en tout” dans la formule “le Fils estsemblable en tout au Père”) et l’empereur lafit porter à Rimini pour la faire accepter.Les évêques, désormais fatigués d’être là de-puis plusieurs mois, l’acceptèrent en grandemajorité, certains cependant firent desajouts à leur signature. Mais le peuple sesouleva à cause de cette prévarication. On

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fit alors, dans l’église où les évêques étaientréunis, une profession de foi générale mais àhaute voix et seulement de façon orale: mal-heureusement, elle ne condamnait pas com-plètement l’erreur arienne. Valens etUrsace, tous deux parjures, n’eurent pas dedifficultés à s’unir à cette profession de foiorale, la chose étant facilitée par ces for-mules ambiguës: en réalité, il ne firent leurprofession qu’avec les lèvres. Le PapeLibère condamna le concile de Rimini.

Le concile de Séleucie avait été dominépar les semi-ariens; mais les oméens s’en sé-parèrent et recoururent à l’empereur qui leurimposa à tous la même formule qu’à Rimini.La protestation des semi-ariens fut vaine;bien plus, nombre d’entre eux finirent en exil.

Constance était décidé à arriver à toutprix à la paix religieuse avant la fin del’année 360; il envoya dans ce but l’ordreaux évêques, surtout à ceux d’orient, de si-gner la formule de Rimini. Cette formuledevait désormais remplacer celle de Nicée:la foi arienne était l’unique confession chré-tienne admise. Même les tribus germaniquescommencèrent à adhérer à l’arianismeoméen. Ce fut à ce moment que St Jérômes’écria: “L’univers gémissant fut étonné de seréveiller arien”.

Fin de la persécution

Après avoir condamné le concile deRimini, le Pape Libère offrit aux évêquesqui avaient signé cette dernière formule deRimini de pouvoir rentrer dans la commu-nion ecclésiastique à condition de se rétrac-ter: plusieurs avaient, en effet, été victimesde tromperies. Mais le Pape ne fit pas cetteoffre aux auteurs du texte parce qu’ilconnaissait leur mauvaise foi. L’occident futplus épargné par la persécution que l’orientcar St Hilaire avait pu réunir à Paris en 360un synode des évêques des Gaules où futcondamnée la formule de Rimini et enEspagne, Grégoire d’Elvire n’avait pas ad-héré à cette dernière formule.

Ce furent les événements politiques quiarrêtèrent le triomphe de l’arianisme.Constance mourut en 361 après avoir reçu lebaptême d’un évêque arien. Son cousinJulien l’apostat prit le pouvoir et, pour jeterune plus grande confusion (il espérait que denouvelles luttes entre ariens et non-ariensfavoriseraient le paganisme), il avait remis

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en possession de leurs sièges tous lesévêques exilés. St Athanase lui-même re-tourna à Alexandrie où, en 362, il tint un sy-node qui approuva le Credo de Nicée,condamna les ariens mais fit preuve de clé-mence envers les semi-ariens (chose qui pro-voqua la désapprobation de Lucifer deCagliari qui, semble-t-il, fit schisme par lasuite) (15).

A la mort de Julien, Valentinien Ier de-vint empereur d’occident (364-375), et sonfrère Valens qui favorisa les ariens dissem-blables devint empereur en orient (364-378):les catholiques (parmi lesquels Athanase) etles semi-ariens furent à nouveau envoyés enexil. Une délégation de ces derniers alla àRome où elle fut accueillie par le PapeLibère. Il leur demanda et obtint d’euxqu’ils répudient la formule de Rimini et pro-fessent la foi de Nicée et les admit ensuitedans sa communion. Plusieurs évêques semi-ariens retrouvèrent ainsi l’unité avec Rome.

Libère mourut en septembre 366 etAthanase en 373. Après la mort de Valens,la foi de Nicée triompha aussi en orient, dé-fendue par trois grands Cappadociens, StBasile, St Grégoire de Nazianze et StGrégoire de Nysse. En 381, durant le règnede Théodose le Grand (379-395) et sous lepontificat de St Damase, se tint à Con-stantinople le concile Général de l’Orientqui fut ensuite reconnu comme secondconcile œcuménique. La foi de Nicée y futde nouveau confirmée et l’arianisme et leshérésies similaires définitivement condam-nés. L’arianisme, combattu par St Ambroise,survécut encore quelque temps comme reli-gion nationale dans les tribus germaniquesjusqu’à la conversion au catholicisme de latribu germanique des Francs: cet événementmarqua, en effet, son déclin.

La “chute” du Pape Libère: l’histoire destextes

Au sein de ces controverses entre catho-liques, semi-ariens et ariens, se pose la ques-tion de la prétendue “chute” du PapeLibère: si cette chute a vraiment eu lieu, celaprouverait que le Pape n’est pas infaillible.Plusieurs auteurs soutiennent que le Pape aété libéré de l’exil pour avoir fait uneconcession: il aurait signé une formule defoi, franchement arienne ou tout au moinsambiguë, ou bien aurait accepté d’être en

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communion avec les ariens, ou enfin auraitcondamné St Athanase.

L’épisode de la chute de Libère est discutépar les historiens: nous avons vu que les arienset Constance avaient tout intérêt à le fairecéder et c’est la raison pour laquelle ils l’en-voyèrent en exil. Est-il vrai qu’il capitula pourobtenir sa liberté? “Nombreuses et très diffé-rentes ont été les solutions apportées à cettequestion dans lesquelles, il faut le préciser, ap-paraît bien souvent la tendance des différentshistoriens” (16). Tout historien doit objective-ment rechercher les faits et les documents eten prouver l’authenticité. Il doit ensuite enfaire la critique historique sans exagérer cequi est conforme à son opinion, ni taire ce quila contredit. Il doit en outre, autant que pos-sible, donner une réponse à toutes les ques-tions et dissiper les doutes; là où il ne le peutpas, il doit honnêtement dire que, actuelle-ment, il n’est pas en mesure d’en savoir plus.Voyons tout d’abord les faits tels qu’ils sontillustrés par l’Enciclopedia Cattolica.

«St Athanase dans l’Apologia contraArianos, écrite en 350 et augmentée vers 360,mentionne Libère parmi les évêques qui luisont favorables; cependant, il ajoute que lePape n’a pas supporté jusqu’à la fin les priva-tions de l’exil (chap. 8); dans l’Historia ariano-rum ad monachos, écrite vers la fin de 357, ildit que Libère, après deux ans d’exil, vaincupar les menaces de mort, vacilla et signa (chap.41). Les deux passages semblent indiquer dansleur contexte que sa faute consista dans l’aban-don d’Athanase. St Hilaire, dans l’invectivelancée en 360 contre Constance, écrit qu’il nesaurait dire si l’Empereur commit une plusgrande impiété en exilant Libère ou en le ren-voyant [à Rome] (Contra Costantium, chap.2). St Jérôme, tant dans le Chronicon (Ad an.Abr., 2365 = 352) que dans le De viris illustri-bus (chap. 97), parle de souscription d’uneformule hérétique. Le premier document de laCollectio Avellana en rapportant la réponse deConstance aux demandes des Romains: “Vousaurez Libère meilleur qu’au moment où il estparti”, commente: “Ceci indiquait le consente-ment avec lequel il avait cédé à la perfidie”.Enfin, Rufin rapporte les deux versions cou-rantes du retour de Libère sans faire siennel’une ou l’autre: retour qui aurait été achetépar Libère en acquiesçant à la volonté de l’em-pereur ou qui aurait été dû à la condescendan-ce de Constance aux requêtes du peuple ro-main (Hist. eccl. I, 27).

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Il est évident qu’au moment où Libère re-tourna à Rome, la rumeur courait qu’il avaitfait quelque concession à Constance. L’histo-rien grec Sozomène (qui écrit selon de bonnesinformations au Vème siècle) dit que Libère,en accord avec Basile d’Ancyre, aurait adhéréà l’une des formules de Sirmium pour remettrela paix en Orient et retourner à Rome (17).

Mais il reste quatre lettres que Libère au-rait écrites d’exil et qui sont conservées dansles Fragments de St Hilaire de Poitiers.Libère semble vouloir séparer sa responsabi-lité de celle de St Athanase et obtenir à toutprix son retour à Rome. Cependant, la dispu-te sur leur authenticité est loin d’être close eton a remarqué récemment que “l’absence du‘cursus velox’ et des autres caractéristiquespropres aux phrases de Libère rend très im-probable l’opinion de ceux qui soutiennentque les quatre lettres arythmiques furent dic-tées par le Pape” (18)… L’observation du P.Batiffol mérite d’être rappelée: “Libère etHilaire avaient tenu la main à Basiled’Ancyre; personne n’en fit reproche àHilaire; devrions-nous traiter moins bienLibère?” (19).

Voyons maintenant les différentes hypo-thèses émises par les auteurs ecclésiastiques.

Première hypothèse: il n’y eut pas de chutede la part de Libère

Les historiens qui défendent Libère ensoutenant qu’il n’y eut pas chute de sa partavancent les arguments suivants:

1) La chute de Libère a pu être inventéepar les ariens: la calomnie était effective-ment leur système préféré pour éliminerleurs adversaires. Ils l’utilisèrent à plusieursreprises contre St Athanase et contre lesévêques qui ne signaient pas leurs formulesde foi ou la condamnation d’Athanase: ilscachèrent, par exemple, l’évêque Arsènedans un couvent et accusèrent ensuite StAthanase de l’avoir fait tuer; mais Arsèneréussit à s’enfuir du couvent et se montra denouveau publiquement à la grande confu-sion des ariens.

Cette hypothèse est confirmée par le faitque, si Libère avait vraiment cédé, les ariensse seraient enhardis et en auraient répandu lanouvelle aux quatre vents: comment se fait-ildonc qu’ils se comportèrent autrement qu’àleur habitude? Et, même du côté catholique,condamnations, plaintes et regrets n’auraient

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pas manqué comme on voit que le fit StPhébade dans le cas de la chute d’Osius. Maisnous ne trouvons pratiquement aucune tracede tout cela dans le cas de Libère.

En outre, si l’on admet que la chuted’Osius fut inventée par les ariens et defaçon si trompeuse que St Athanase lui-même y a cru, il est possible que, de lamême manière, notre saint ait cru à tort à lachute de Libère.

2) Si la prétendue “chute” de Libère rap-portée par St Hilaire, St Athanase, StJérôme et Philostorge était vraie, c’est qu’ila signé un texte soit directement contraire àla foi, soit seulement ambigu.

Mais vers 401, le Pape St Anastase Ierécrivit à Venerius évêque de Milan en lui di-sant que l’Italie victorieuse conservait inté-gralement la foi transmise par les Apôtres aumoment où Constance victorieux dominaitdésormais sur le monde: la foi de Nicée, écrit-il, a été conservée immaculée par les évêquesqui endurèrent l’exil, comme Denys, Libèrede Rome, Eusèbe de Verceil, Hilaire deGaule et beaucoup d’autres qui étaient prêtsà être crucifiés plutôt que d’affirmer que N.-S. Jésus-Christ est une créature (20).

Et cette affirmation du Pape Anastaseest bien confirmée par les faits: si Libèreavait en effet accepté quelque chose decontraire à la foi (par exemple la premièreou la deuxième formule de Sirmium), lesautres évêques catholiques auraient sansaucun doute protesté et s’en seraient plaints,ou alors auraient admonesté Libère. Maisnous n’avons pas la moindre connaissancede quelque protestation que ce soit, mêmede la part des plus “durs” tels que Lucifer deCagliari ou Grégoire d’Elvire.

Il reste enfin l’hypothèse qui avance queLibère a accepté un texte ambigu sur la foicomme, par exemple, la troisième formule deSirmium (ce qui est soutenu par Sozomène)(21) ou quelque autre formule du même genre.Mais il nous faudrait alors reconnaître que lesprétendues condamnations de ses contempo-rains, St Hilaire et St Athanase (si celles-cisont authentiques), furent exagérées et in-tempestives. Car le premier, St Hilaire, louaBasile d’Ancyre (22) d’avoir souscrit à cettemême formule et le second, St Athanase, ac-cepta par la suite, pour ramener à la foi lessemi-ariens, des formules semblables à cettedernière où, là aussi, on n’employait pas lemot “consubstantiel”.

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Le commentaire du P. Batiffol (qui étaitpourtant un modernisant) est donc tout àfait juste: “Libère et Hilaire avaient tendu lamain à Basile d’Ancyre; personne ne fait dereproche à Hilaire; devrions-nous moins bientraiter Libère?”.

Les textes

Les défenseurs du Pape Libère ajoutentencore d’autres arguments.

L’authenticité et la véridicité des textesde St Hilaire, St Athanase, St Jérôme etPhilostorge qui parlent de la chute de Libèrene sont pas certaines:

Le texte de St Hilaire. Il existe des doutessérieux sur les quatre lettres rapportées parSt Hilaire (Opus historicum, Livre II,Fragments IV et VI): dans ces lettres, Libèrese coupe en effet de la communion avec StAthanase, demande qu’on mette fin à sonexil, adresse une pétition à Valens et Ursaceet avise même un évêque de son changementd’attitude. Comme on l’a déjà vu, l’absencedu ‘cursus velox’ dans ces lettres montre lanon-authenticité de l’Opus historicum. Deplus, on ne possède que quelques fragmentsde l’Opus historicum qui se présentent actuel-lement dans le plus grand désordre. “Toutesces pièces, dit le Père Cayré, ont été extraitesde l’Opus historicum avant la fin du IVèmesiècle sans doute, et plusieurs ont pu être inter-polées, notamment les lettres de Libère (livreII) dont l’authenticité d’ailleurs est loin d’êtrecertaine” (23). Le texte lui-même de ces lettresde Libère est invraisemblable: si Libère avaitvraiment autant changé, comment se fait-il

Le Pape Libère

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que les romains l’acceptèrent, eux qui refu-saient Félix puisqu’il était en communionavec les ariens? Et comment se fait-il queLibère ne fut pas invité au Concile deRimini? Si la prison avait été capable de lefaire plier une fois, pourquoi les ariens n’es-sayèrent-ils pas de le convaincre une nouvellefois avec leurs “bonnes manières”? CommentLibère pouvait-il par la suite écrire auxévêques d’Italie pour reprendre avec fermetéceux qui avaient cédé au concile de Rimini?

Le texte de St Athanase. St Athanaseparle de la chute de Libère dans deux ou-vrages, dans l’Apologia contra arianos écriteen 348 et dans l’Historia arianorum ad mo-nachos écrite vers la fin de 357. Le premierfut donc écrit environ dix ans avant l’exil deLibère: on soutient qu’une addition posté-rieure a été faite par St Athanase mais elle apu aussi être faite par les ariens. Quant ausecond ouvrage, il fut écrit avant même laprétendue chute de Libère! La falsification aété découverte par un détail: dans le récit dela chute et de la fin de la captivité de Libère,on y parle en effet plusieurs fois de l’arienLéonce comme étant encore vivant. Maisquand Constance donna l’ordre de libérerLibère, il savait déjà depuis quelque tempsque Léonce était mort (24).

Le texte de St Jérôme. Quant à St Jérôme,comme il a vécu quelques années après StHilaire et St Athanase, il a pu se tromper enrapportant ce que les ariens avaient répanduou en considérant comme justes les jugementshâtifs de St Hilaire et de St Athanase. Il affir-me en effet que Libère signa une formule hé-rétique: mais l’absence d’une réaction du côtéarien et du côté catholique comme nousl’avons déjà dit, exclut cette possibilité. Ceciest admis par les historiens plus récents.

Le texte de Philostorge. Son témoignagen’a aucune valeur. Philostorge était, en effet,un arien factieux qui raconta beaucoupd’histoires inventées de toutes pièces, sur-tout contre Athanase: il dit, entre autres,que celui-ci acheta avec des cadeaux la fa-veur de Constant, frère de Constance, qu’ilfit rebeller Magnence contre Constant et futl’instigateur de l’assassinat de Georgesd’Alexandrie… (25).

Autres preuves de l’innocence de Libère

La chute de Libère fut soutenue par lesadversaires de la Papauté ainsi que par

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Bossuet dans la Défense de la déclarationgallicane où il nie le privilège de la juridic-tion universelle et de l’infaillibilité duSouverain Pontife. Mais, dans la dernière ré-vision de son œuvre, Bossuet enleva tout cequi se référait au Pape Libère parce qu’iln’en avait pas les preuves (26).

Socrate et Théodoret disent que la fin del’exil de Libère fut due aux insistances desromains qui accueillirent ensuite triomphale-ment Libère à Rome: ce qui est inconciliableavec une prétendue chute de ce dernier.

Vers la fin du IVème siècle, l’historienRufin, disciple d’Origène, écrivit ce qui suit:“Libère, évêque de la ville de Rome, rentradans son pays quand Constance était encoreen vie; mais je ne sais pas avec certitude siConstance le lui permit parce qu’il avait signéou dans le but de plaire au peuple romain quil’en avait supplié” (27). Or, Rufin étaitd’Aquilée et avait certainement connul’évêque de cette ville, Fortunatien, à quil’on attribue d’avoir poussé Libère à signer.Malgré cela, Rufin n’a pas d’informationscertaines sur cette chute et il admet d’endouter encore lui-même. De plus, si Libèreavait cédé, il y aurait eu des témoignagesd’ariens et s’il avait fait ensuite une rétracta-tion, elle n’aurait pas été passée sous silence:Rufin n’aurait donc pas eu de difficulté à entrouver des preuves. Or, tout au contraire, àpeine quarante ans après, il n’en trouve au-cune pour dissiper son doute.

Les orientaux (par exemple, St Basile, StEpiphane et St Syriaque) considérèrentLibère comme celui qui avait toujoursconservé pure la foi. St Ambroise l’appelle“Pontife de bienheureuse et sainte mémoi-re”. Il fut honoré comme saint par les an-ciens martyrologes latins qui en fixèrent lafête le 23 ou le 24 septembre; les grecs, lescoptes et les éthiopiens la fixèrent, quant àeux, au 27 août (28).

Seconde hypothèse: Libère accepta un com-promis

Les partisans de cette position soutien-nent que, si l’on considère les témoignagesunanimes de St Hilaire, St Athanase et StJérôme auxquels s’ajoute celui de laCollectio Avellana, on ne peut nier la chutede Libère: vaincu par les souffrances del’exil, il a fini par céder. Ce fut probable-ment une chute de peu de durée parce que,

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de retour à Rome, il professa de nouveau lafoi catholique. Mais, disent-ils, sa réputationen fut si diminuée qu’on ne le vit plus aucentre de la polémique avec les ariens tantque Constance vécut (29).

Pour la plupart des auteurs, dit Llorca-Villoslada-Laboa, il signa la troisième for-mule de Sirmium comme Sozomène en avaitémis l’hypothèse: Libère “céda” en signantla formule que ses adversaires lui présen-taient. “Ceci supposait qu’il n’abandonnaiten aucune manière la cause défendue avectant d’ardeur… Athanase lui-même, peuaprès, employa le même système dans le butde s’attirer les semi-ariens et de faire avec euxun accord” (30). Ces mots semblent donnerraison au P. Batiffol: pour un accord sem-blable, personne n’a jamais blâmé ni StHilaire, ni St Athanase ce champion de lafoi: pourquoi cela constituerait-il donc unechute pour Libère?

Quant à l’opinion selon laquelle Libèrefut mis de côté après son retour à Rome, rai-son pour laquelle il n’accomplit plus riend’important dans la lutte contre l’arianisme,elle est pour le moins discutable. Une foisrentré à Rome, il excommunia en effet tousceux qui ne reconnaissaient pas que le Filsest semblable en tout au Père. Il condamnaensuite le concile de Rimini, puis réintégrales évêques dans sa communion.

Rappelons à propos de ce concile que,tant que les évêques furent libres, ils confes-sèrent en grande majorité (quatre centscontre quatre-vingt) la foi de Nicée etcondamnèrent Arius. Or, si Libère étaittombé, comment l’épiscopat aurait-il pu ré-sister avec une foi ferme, lui qui avait cédéprécédemment en Arles et à Milan? Il nefaut pas oublier enfin qu’à ce moment les ca-tholiques étaient persécutés et que la libertéd’action de Libère était sans doute limitée.

Troisième hypothèse: Libère tomba dansl’hérésie

Les mots du Pape St Anastase que nousavons rapportés nous donnent la certitudeque Libère conserva toujours la foi (31). Ilpourrait cependant avoir signé une formulehérétique, en étant trompé de bonne foi oubien poussé par la violence sans y adhérerintérieurement: il s’agirait donc d’une héré-sie matérielle ou d’un manquement au té-moignage de la foi de la part de Libère.

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On a déjà vu que, suivant le témoignagede St Jérôme, ce sont les anti-catholiquesqui soutiennent que Libère a signé la pre-mière ou la seconde formule de Sirmium.Nous avons vu que le silence des ariens, lesrares témoignages des catholiques et tout cequi a été dit au sujet des deux hypothèsesprécédentes semblent également exclurecette dernière hypothèse.

Résolution du cas

La saine philosophie enseigne qu’un actehumain n’a de valeur qu’autant qu’il est ac-compli librement, c’est-à-dire qu’il est choisipar la volonté du sujet. Il peut y avoir parfoisdes obstacles qui empêchent le libre exercicede la volonté et c’est la raison pour laquellela responsabilité de l’acte est diminuée oucomplètement enlevée. D’autre part, plus unacte est important et grave, plus il requiertune grande liberté pour sa validité: parexemple, un contrat signé parce que l’on estmenacé de mort n’a aucune valeur.

Un acte du Magistère de l’Eglise, pourêtre tel, requiert le maximum de liberté dela part du sujet qui le promulgue, étantdonné qu’il s’agit d’un acte d’une extrêmeimportance: le Magistère enseigne, en effet,quelles sont les vérités à croire pour obtenirle salut, question de très grave importancepour la vie des hommes sur la terre. Un do-cument pontifical extorqué par la force n’adonc aucune valeur.

Or nous avons vu que le Pape Libère setrouvait en exil jusqu’à ce qu’il obtint la li-berté en 358. Quoiqu’il ait fait ou dit sous lapression des persécuteurs et, en tout cas, encaptivité (sans vouloir entrer dans le détaildes hypothèses vues plus haut) n’a donc au-cune valeur pour l’Eglise et n’est pas un“acte du Souverain Pontife”.

Dans de telles circonstances, la questionde la chute de Libère est d’importance se-condaire: le Pape en effet n’a pas usé de sonMagistère. Que la chute ait eu lieu ou non,qu’il ait signé ou non des choses hérétiquesou ambiguës, peu importe: le Pape n’étaitpas libre et, quoiqu’il ait pu dire ou faire, iln’engageait que lui-même, sa conscience, sapersonne et non l’Eglise universelle. LePape, en effet, n’a pas le privilège de l’im-peccabilité et peut commettre des actescontraires à la loi de Dieu: mais cela peut ar-river quand il agit en tant que personne pri-

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vée, comme homme, et non quand il en-seigne au moyen du Magistère avec l’autori-té du Souverain Pontife.

Que Libère soit tombé en tant qu’hom-me, il est difficile de le dire étant donné ladiscordance des textes. Mais ce qui est cer-tain est que Libère n’est pas tombé en tantque Pape: avant d’être exilé, il confessa clai-rement la foi comme lors de son colloqueavec Constance qui lui valut d’être jeté enprison; et il réaffirma également la foi aprèsavoir été exilé en condamnant ceux qui refu-saient la formule “semblable dans la substan-ce et en tout au Père”. Ceci nous suffit pourrésoudre la question. Quoiqu’il se passa àBérée en Thrace, cela regardait uniquementla personne et la conscience de Libère.Même dans ces années terribles d’hérésies etde persécutions, l’Eglise de Notre-SeigneurJésus-Christ demeura pure et sans tache etle Souverain Pontife conserva l’infaillibilitépour confirmer ses frères dans la foi.

Notes

1) U. BENIGNI, Storia Sociale della Chiesa, vol. II, DaCostantino alla caduta dell’Impero romano, Tomo I,Vallardi Milano 1912, pp. 239-40.

2) ROHRBACHER, Histoire universelle de l’EgliseCatholique, vol. 3, livre 33, Paris 1872, p. 581.

3) Libère se plaignit de ces défections à plusieursévêques, parmi lesquels le vieil Osius, évêque deCordoue, qui avait participé au concile de Nicée.

4) ROHRBACHER, op. cit., p. 585.5) KARL BAUS, EUGEN EWIG, Storia della Chiesa,

L’epoca dei Concili, diretta da H. Jedin, Jaca Book1980, p. 45.

6) ROHRBACHER, op. cit., pp. 585-586.7) LIBERIUS, Epist. VII, Patrologia, Migne T. VIII, p.

1356. ROHRBACHER, op. cit., p. 741.8) KARL BAUS, EUGEN EWIG, op. cit., p. 46.9) U. BENIGNI, op. cit., pp. 241-3.10) ROHRBACHER, op. cit., p. 590.11) U. BENIGNI, op. cit., pp. 244-5, qui cite: SOCRATE,

l. 2 c. 37. TEODORETO, H. E., II, 17; SULP. SEV. II,XLIX. Voir aussi: ROHRBACHER, op. cit., p. 625.

12) ST HILAIRE, De syn. 11, 43, 8. SOZOM. Hist. Eccl. 4,12. Cités par LLORCA, VILLOSLADA, LABOA, Historia dela Iglesa Catolica, I Edad Antigua, B.A.C. 1990, p. 414.

13) Bibl. Patrum, t. 4. Cité par ROHRBACHER, op.cit., p. 626.

14) LLORCA, VILLOSLADA, LABOA, op. cit., p. 414.15) Les auteurs ne sont pas d’accord en effet au sujet

de l’origine de ce schisme: fut-il commencé par Luciferou par ses partisans après sa mort?

16) LLORCA, VILLOSLADA, LABOA, op. cit., p. 411.17) Cf. note 21): il s’agirait de la troisième formule

de Sirmium.18) FR. DI CAPUA, Il ritmo prosaico nelle lettere dei

papi, Roma 1937, p. 240.19) Enc. Cattolica, rubrique “Libère”, col. 1270-1.20) Epist. “Dat mihi”, D. S. 209.

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21) SOZOMENO, HE 4, 14-15. Cité par KARL BAUS,EUGEN EWIG, op. cit., pp. 49-50.

22) Hilaire, dans le Traité “De Synodis”, appelle lessemi-ariens “frères” et “hommes très saints”.

23) F. CAYRÉ, A. A., Patrologie et Histoire de laThéologie, Tome I, Desclée 1953, p. 412.

24) ROHRBACHER, op. cit., p. 626.25) U. BENIGNI op. cit., pp. 234-241. Philostorge est

l’auteur d’une histoire ecclésiastique dont nous restentdes fragments choisis par Photius.

26) ROHRBACHER, op. cit., p. 625.27) RUFINO, Hist. Eccl. I, 127. Cité par P. ALBERS, s.j.,

Manuel d’histoire ecclésiastique, Paris 1919, T. I, p. 189.28) ROHRBACHER, op. cit., p. 590; vol. 4, livre 35, p. 20.29) KARL BAUS, EUGEN EWIG, op. cit., p. 49.30) LLORCA, VILLOSLADA, LABOA, op. cit., pp. 412-3.31) Pour un catholique, l’enseignement du Pape

donne la certitude absolue: c’est pourquoi tout fidèleest tenu d’embrasser tant au for externe qu’au for inter-ne la doctrine enseignée.

Le Bon Conseil n° 7ERRATA

Quatre erreurs malencontreuses, dont nousnous excusons, se sont glissées dans l’article:Le Credo. Je crois en Jésus-Christ Fils de Dieu(cf. Le Bon Conseil n° 7). Veuillez corriger ainsi:

P. 4: 1ère colonne, 2ème paragraphe, 5èmeligne: il est écrit: “…selon les exigences de lapersonne humaine”. Il convient de lire: “…selon les exigences de la nature humaine”.

P. 5: 1ère colonne, 2ème question: “EnJésus-Christ, avec les deux natures, y-a-t-ilaussi deux personnes?”La réponse est erronée. Il faut lire:“En Jésus-Christ, avec les deux natures iln’y a pas deux personnes, mais une seule, lapersonne divine du Fils de Dieu”.

P. 8: Prochaines retraites: Février 2002: ilconvient de lire: du lundi 4 au samedi 9.

P. 8: Saintes Messes: Belgique: il convient decorriger ainsi: Ste Messe le dimanche à 9h30.

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UN AN (ET MEME PLUS) DE LA VIEDE L’INSTITUT (DE JUIN 2000 À

NOVEMBRE 2001)

Vous nous aviez oubliés? Ce ne seraitpas étonnant, puisque, du fait du nu-méro spécial de Sodalitium, excep-

tionnellement privé de cette rubrique, ladernière fois que vous avez lu la vie del’Institut c’était au cours de l’été 2000!Certaines informations de cette rubriquesont amplement dépassées, mais le retardaccumulé nous permet de passer en revueune année entière de la vie de notre Institut.

L’Institut Mater Boni Consilii va-t-ils’enrichir d’une branche religieuse fémini-ne? A sa fondation (1985) l’Institut necomptait que des prêtres, auxquels s’ajoutè-rent l’année suivante les premiers sémina-ristes. Ouvert aussi aux laïcs, nous avons ac-cueilli jusqu’alors dans l’Institut des hommeset des femmes désirant appartenir à notrefamille: certains vivent en communauté dansnos maisons, d’autres vivent au contrairedans le monde. Mais il manquait jusque-là lafondation d’une branche religieuse fémininequi aiderait notre ministère sacerdotal.Finalement, nous nous sommes décidés aumois de septembre 2001. Une jeune étudian-te, qui depuis longtemps demandait à seconsacrer au Seigneur dans notre Institut, acommencé son postulat ce 29 septembre.Nous confions sa vocation à la divineProvidence: si elle persévère dans le désir desuivre le Seigneur dans l’Institut, et si elleest rejointe par d’autres postulantes, nouspourrons vraiment dire que Dieu nous auraaccordé, avec la fondation des Sœurs del’Institut, une grande grâce. Si la fondations’établit, les religieuses suivront probable-ment les règles – si sages et adaptées à notretemps – écrites par don Bosco pour les Fillesde Marie Auxiliatrice.

Entrées et sorties de l’Institut. Le 19août 2001, à Raveau, a été accueilli parl’abbé Murro, représentant le Supérieur, unnouveau membre de l’Institut, comme laïcvivant dans le monde. Malheureusement,nous avons à regretter la sortie d’un de nosprêtres, le 4 octobre 2001: l’abbé Carlos

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Ercoli. Sa décision, naturellement, nous at-triste, et nous empêche d’aider comme avantl’Association Forts dans la Foi à Tours et leCouvent des Sœurs du Clos Nazareth, àCrézan. Nous sommes réconfortés par le faitque l’abbé Ercoli continuera ailleurs son mi-nistère en conservant la même position doc-trinale. Nous le remercions ici publiquementpour ce qu’il a fait pour l’Institut, et nous luisouhaitons un fructueux ministère.

Le 31 janvier 2001, pour la première fois,Dieu rappelé à Lui, un membre de notreInstitut, le Professeur Virginia Bonelli; nousy reviendrons plus longuement dans la ru-brique consacrée aux défunts. Nous sommescertains qu’elle ne nous oubliera pas.

Ces tristes événements sont compenséspar la décision prise par l’abbé Ugo Ca-randino…

L’abbé Ugo Carandino. Comme vous avezpu le lire dans ce même numéro, l’abbé UgoCarandino a quitté le 30 juin 2001 laFraternité Saint-Pie X – où il occupait la char-ge de prieur du Prieuré ‘Madonna di Loreto’de Spadarolo (Rimini) – et collabore, depuiscette date, avec notre Institut. Il s’agit, commevous pouvez tous facilement le comprendre,d’un événement très important pour notreInstitut, puisque c’est la première fois qu’unprêtre de la Fraternité Saint-Pie X a le coura-ge de s’unir à l’Institut. Grâce à l’abbé Caran-dino, nous avons pu ouvrir une seconde mai-son de l’Institut en Italie (dédiée à Saint PieX, et sise à San Martino dei Mulini, dans laprovince de Rimini) et étendre notre ministè-re à la Romagne et aux Abruzzes. De plus,Sodalitium comptera avec l’abbé Carandino -jusqu’alors principal rédacteur de la Tra-dizione cattolica - un nouvel et important col-laborateur. Le Circolo culturale GiuseppeFederici, désormais Centro Studi GiuseppeFederici (via Sarzana 86, 47828 San Martinodei Mulini), fondé par l’abbé Carandino en1997, poursuit son activité sous la conduite deson fondateur. L’abbé Carandino nous a com-muniqué un résumé de cette activité que vouspouvez lui demander en lui écrivant à la CasaSan Pio X (cf. p. 35).

“Séminaire” Saint Pierre Martyr. Lescinq jeunes étudiants qui - comme je l’avaisanticipé dans le numéro 50 de Sodalitium -avaient terminé à Verrua la première annéed’études et reçu des mains de l’abbé Murrol’habit ecclésiastique en la fête des saintsPierre et Paul de l’année 2000, ont commen-

Vie de l’Institut

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cé en septembre suivant et terminé avec suc-cès la seconde année de philosophie. Unnouveau candidat qui vivait déjà avec nous,et qui entre-temps a obtenu le diplôme né-cessaire pour entrer au séminaire, s’est jointà eux le 15 septembre 2000: il a reçu à sontour, le 29 juin 2001, la soutane des mains del’abbé Ricossa. Nous attendions pour lespremiers jours d’octobre la venue de MgrMcKenna pour l’administration des Con-firmations aux fidèles et des Ordres Sacrésaux séminaristes. Malheureusement, les évé-nements du 11 septembre à New-York etWashington ont contraint l’évêque à ren-voyer son voyage à des temps plus sûrs (pro-bablement en janvier)!

Belgique. L’apostolat de l’Institut enBelgique, comme chacun sait, est confié àl’abbé Geert Stuyver, grâce à qui nous avonsfait de notables progrès. Surmontant denombreux obstacles, il a pourvu à l’achatd’une nouvelle maison (même s’il n’a pasencore pu en occuper les locaux) et d’unenouvelle chapelle, qui a été dotée d’un

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orgue et de magnifiques vitraux. Les travauxcontinuent, et nous devons à l’abbé CristVan Overbeke une nouvelle cuisine et unesalle pour le catéchisme. Le 21 octobre 2001,l’abbé Stuyver a eu la joie de célébrer unemesse d’action de grâces à l’occasion desnoces d’or de ses parents, Paul Stuyver etLeona Van de Putte, suivie d’une réceptionservie dans la nouvelle salle de conférences.Bien que son ministère soit centré sur lesFlandres, l’abbé Geert ne manque pas de se-courir aussi la région de Lille et les Pays-Bas, où le 15 juillet 2000 s’est déroulé un pè-lerinage à Den Briel, sur les traces des 19Martyrs de Gorcum, tués par les Protestantspour leur fidélité au Pape, à la Messe et àl’Eucharistie. Toujours en Hollande, le 11février 2001, a été inaugurée la ChapelleSanta Maria, dont voici l’adresse:

Kapel Sancta MariaBurgemeester Mathonstraat 1ANL - 4611 CS Beergen op ZoomLa Messe est célébrée normalement le

deuxième dimanche du mois à 17 heures,mais il est bon de s’adresser à l’abbé Stuyverpour plus d’informations.

Dans la paroisse de Steffeshausen, avecle curé M. l’abbé Schoonbroodt, l’abbéStuyver a prêché aussi cet été une retraite detrois jours selon la méthode de St Ignace (du20 au 23 août); le nombre des participants vacroissant (ils étaient 14 cette année), ce quisignifie que les Exercices sont en train deconquérir également les Flamands.

L’abbé Stuyver a ensuite continué - dansla mesure du possible - le ministère du re-gretté abbé Petit, à Commercy, où malheu-reusement nous devons regretter la dispari-tion soudaine de Mlle Docq.

France. Le 6 janvier 2001, en présence del’abbé Ricossa, à Serre-Nerpol, trois novices dela Communauté des Sœurs du Christ-Roi ontprononcé leurs premiers vœux temporaires;une autre novice les a prononcés le 29 avril.

Colonies. Nous devons parler de deuxcolonies placées sous le patronage de saintLouis de Gonzague, qui ont eu lieu commetoujours au château de Raveau, en France.En 2000, du 12 au 26 juillet, il y avait 26 en-fants (un seul italien), qui sous la directionde l’abbé Giugni secondé pour la premièrefois par des religieuses du Christ-Roi (eneffet nous étions “agréés D.J.S.”), ont passéleurs vacances entre jeux, catéchisme, pro-menades en forêt, et visite au château de

Les séminaristes avant et après la prise de soutane

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Sully, le tout toujours dans l’esprit de laCroisade Eucharistique tant de fois béniepar les Papes. La nouveauté a été que nousavons dormi sous tentes dans le parc du châ-teau de Raveau. En 2001, du 11 au 25 juillet,il y avait 22 enfants, dont 3 italiens. Cetteannée en plus des Sœurs du Christ-Roil’abbé Giugni était aidé, en tant que sous-di-recteur, par notre séminariste Jocelyn LeGal en train de préparer la formation de di-recteur suivant la réglementation française.Malgré les pluies torrentielles de cette annéeles enfants ont pu se divertir et s’instruiresous la conduite des prêtres et des sémina-ristes. La visite du parc zoologique deBoutissant a été particulièrement appréciée.

Tant l’année dernière que cette année, lecamp d’été pour les filles s’est déroulé dansles Alpes françaises, en collaboration avecles Sœurs de la Maison Saint-Joseph. Cetteannée nous avons planté les tentes aux envi-rons de Vaujany (près de Grenoble), au pieddu Col du Glandon, à proximité des magni-fiques massifs de Belledonne et de la Meije.Les excursionnistes ont pu admirer des pay-sages enchanteurs, lacs alpins, glaciers ma-jestueux et… une marmotte qui se laissaitobserver de près sans s’enfuir. Inoubliable lepèlerinage à La Salette: sur le lieu de l’appa-rition de la Sainte Vierge, tous, grands et pe-tits, ont demandé à notre Mère du Ciel saprotection et ont prié en particulier pour lespauvres pécheurs, à cause desquels elle estapparue en larmes sur la montagne de La

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Salette. Vous trouverez d’autres informa-tions sur ces deux colonies sur la SimpleLettre (Maison St-Joseph, F - 38470 Serre-Nerpol), nn° 123 et 129.

Quelques jours après, sur le même cam-pement aux environs de Vaujany, un groupede jeunes gens encadrés par l’abbé CarlosErcoli et l’abbé Alfredo Medina a passé unesemaine en montagne (l’année dernière lecamp avait eu lieu dans les Alpes près deNice). Avec les excursions et quelques partiesde ballon, les campeurs ont aussi pu visiter laGrande Chartreuse, près de Grenoble, oùSaint Bruno, mort exactement il y a 900 ans,posa la fondation de l’Ordre du même nom.

Pèlerinages. Rome: une quarantaine depersonnes se sont rendues en pèlerinage àRome, en passant par Florence et Orvieto,avec les abbés Murro et Ercoli du lundi 30octobre au samedi 4 novembre 2000. Toutesfurent intéressées et touchées de voir leslieux chers à la chrétienté: les catacombes,les Basiliques, avec toutes les reliquesqu’elles contiennent, ainsi que les tombeauxdes Papes et des saints. Le temps était tropcourt pour pouvoir tout voir et surtout pourpouvoir s’arrêter autant qu’on l’aurait dési-ré. Ce qui est certain, c’est que chacun a ac-quis beaucoup d’amour pour l’Eglise et deferveur pour sa vie chrétienne, si nécessairedans la crise que nous traversons.

Le pèlerinage organisé par M. Lauzier àNotre-Dame de l’Osier, où en 1657 la SainteVierge convertit miraculeusement le protes-tant Pierre Port-Combet, est devenu désor-mais une belle tradition. Les aumôniers dupèlerinage étaient l’abbé Murro et l’abbéCazalas, de notre Institut. Pour les lecteursqui n’y ont pas participé, nous donnons unrésumé du programme. Le 7 mai 2001 les pè-lerins ont entendu - dans l’église de laMaison Saint-Joseph à Serre-Nerpol - uneMesse d’action de grâces pour les bienfaitsde l’année précédente. Durant la journée onteu lieu deux conférences et une session degrégorien. La journée s’est conclue avec labénédiction du St-Sacrement et une veilléede prières. Le lendemain, 8 mai, fête de SaintMichel, s’est déroulé le pèlerinage propre-ment dit. Après la Messe chantée, les pèle-rins se sont rendus sur la tombe du PèreVinson pour rendre hommage au fondateurdes Sœurs du Christ-Roi et de l’école de laMaison Saint-Joseph. Dans l’après-midi, ilsse sont rendus au Sanctuaire, à la Chapelle

Camp St Louis de Gonzague 2001: photo de groupe sousun cèdre multiséculaire

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de Bon Rencontre et à l’oratoire de l’Epi-nouse et du Belvédère, principaux lieux decette apparition mariale. En fin d’après-midi,retour à la maison des Sœurs.

Le 21 octobre 2001 les fidèles de Modè-ne, Bologne, Ferrare et Rimini, sous la hou-lette de l’abbé Ricossa et de l’abbé Caran-dino, se sont retrouvés aux pieds de laMadone de San Luca, à Bologne, pour so-lenniser le mois du Rosaire et rendre grâcespour la collaboration intervenue entrel’abbé Carandino et l’Institut. Les pèlerinssont montés à San Luca en récitant les troiscouronnes du Rosaire. Conclusion “profa-ne” à l’Ermitage de Tizzano, pour fêter - àtable - l’anniversaire de l’abbé Carandino.

Italie. L’abbé Nitoglia et les fidèles denotre Oratoire Saint Grégoire VII, aidésd’amis venus de plusieurs endroits de laPéninsule, ont été parmi les promoteurs desinitiatives réparatrices des manifestations dela Gay Pride World qui en l’année 2000 de lanaissance de Notre-Seigneur s’est tenue demanière provocatrice à Rome. Dans ce but lesaint rosaire a été récité dans l’église de SantaTeresa le 1er juillet et un cortège s’est dérou-lé de Sainte Marie-Majeure à Saint Jean-de-Latran le 8 juillet. Pour l’occasion, les divi-sions existant parmi les catholiques liés à latradition de l’Eglise ont été mises de côté, etles deux initiatives ont été prises d’un com-mun accord, se présentant toutes sous le siglede Comitato per Roma cristiana. La pressenationale s’est fait l’écho de cette initiative.

Le 17 novembre 2001 s’est déroulée àCeva (CN) une manifestation, placée sous lepatronage de l’association Padania Cristianapour protester contre la décision du direc-teur de l’école primaire locale de suspendre

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les cours à l’occasion du début du ramadanmusulman (notez que Ceva ne compte que6% de population islamique). Invité par ledéputé Borghezio (LN), l’abbé Giugni denotre Institut y a pris part en intervenant duhaut de l’estrade pour défendre la religioncatholique, et en invoquant l’aide de laSainte Vierge “contre cette sournoise inva-sion de païens”. La presse locale s’est faitl’écho de l’événement (Cf. La StampaCuneo, 18/11/2001; La Padania 18-19/11/2001p. 5; La Repubblica Torino, 18/11/2001, IlGiornale del Piemonte, 18/11/2001).

Centro Librario Sodalitium.Dans le dernier numéro italien de

Sodalitium été annoncée la publicité pour unnouveau livre de l’abbé Nitoglia intitulé Sio-nismo e fondamentalismo. L’auteur en aconfié l’édition à la maison napolitaineControcorrente pour assurer à son ouvrageune plus vaste diffusion, aidée aussi par unenotable campagne publicitaire sur les princi-paux quotidiens nationaux (y compris dansles rues de Naples!). Mais il y a toujours despersonnes qui, au nom de la liberté organi-sent paradoxalement un “boycott” pour em-pêcher la lecture et la diffusion des livres aveclesquels elles sont en désaccord. C’est ainsiqu’a été lancé sur Internet un appel au boy-cott et qu’ont été exercées des pressions surles responsables de La Rivista dei libri et dela New York Review of Books (La Rivista deilibri étant l’édition italienne de cette derniè-re), coupables d’avoir accueilli une insertionpublicitaire du livre de l’abbé Nitoglia, nonsans oublier de calomnier gravement l’auteur.“La rédaction italienne de ‘La Rivista dei libri’– écrivent les défenseurs de la liberté de pen-sée et de presse – s’est excusée, disant que celane dépendait pas d’eux mais de la société pu-blicitaire concessionnaire. Ils ajoutent que lepetit livre en question est effectivement confec-tionné de manière à tromper un œil superficiel(et ceci est vrai, et c’est dans le style deSodalitium). Avec le prochain numéro devraitdisparaître de la ‘Rivista dei libri’ la publicitédu livre de Nitoglia et sous peu celle de la mai-son d’édition. Aussi la société concessionnairedes insertions publicitaires (la maisonManzoni de Milan, qui s’occupe aussi de re-cueillir la publicité pour des quotidiens d’im-portance nationale) s’est engagée à une plusgrande vigilance, après les pressions de la ré-daction new-yorkaise de la ‘New York Reviewof Books’. (…) Je remercie quiconque est in-

Pèlerinage à N.-D. de l'Osier

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tervenu pour sauvegarder la décence, la laïcitéet les droits civils y compris dans ce torride cli-mat jubilaire. Demeurons donc vigilants parceque jusqu’à présent il ne s’est agi que de pro-messes”. D’un tout autre style la recensionqu’a dédiée au livre de l’abbé Nitoglia CesareMarongiu Buonaiuti, enseignant à l’universitéLa Sapienza de Rome, dans la Rivista di studipolitici internazionali (Firenze/Roma, n° 270,avril-juin 2001, pp. 321-322). “Un livre” écritMarongiu Buonaiuti, “délibérément de révi-sionnisme historique”. “Comme tous les ou-vrages de ce genre – conclut l’auteur de la re-cension – c’est un livre qui certainement peutfaire faire la grimace à qui le lit, mais qui, ce-pendant, est riche d’idées et de stimulants pourquiconque le lit avec un esprit ouvert et cri-tique”. D’autres recensions élogieuses deSionismo e fondamentalismo sont apparuesdans le quotidien La Padania, (qui a aussi re-censé, le 24 octobre, en p. 11 L’antisémitismede Bernard Lazare), sur Chiesa viva (n° 322,p. 19) et sur Controrivoluzione (n° 67-68,avril-juillet 2000, p. 65).

Prenant l’occasion de l’affaire Marsiglia(le faux professeur de religion qui avait in-venté une agression antisémite à son en-

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contre en accusant les catholiques traditiona-listes de Vérone, démasqué par la suite parles enquêteurs et reconnu coupable),Alberto Mingardi a rappelé dans le quoti-dien Libero (Lo strano effetto che provoca laparola ‘ebreo’, sur Libero du 22 octobre2000, pp. 1 et 31), la dénonciation portée parle président des avocats juifs italiens ainsique par le président du B’naï Brith Italia, àl’abbé Nitoglia en 1993, avec l’acquittementqui s’en est suivi. Il a rappelé aussi la lettredu ministre de l’Intérieur de l’époque (et ac-tuel président du sénat) Mancino à l’abbéNitoglia, où l’homme politique campanienresponsable de la tristement célèbre loicontre l’antisémitisme qui porte son nom sedéclare partisan convaincu du complot“judéo-maçonnique” (!) [et par conséquentvictime potentielle de sa loi elle-même], due,d’après lui, à des pressions exercées sur legouvernement… Dans son courageux article,Mingardi renvoie le lecteur à l’édition ita-lienne de Les guerriers d’Ïsrael, d’EmmanuelRatier, édité par notre Centro librario. Unerecension positive à Mystères et secrets duB’naï Brith est également parue sur le pério-dique Il Conservatore (n° 2/2000, p. 2) sous lasignature de Piero Calò. Toujours sur Libero(26 septembre 2001) a été publié un articlequi cite Sodalitium et le livre Misteri e segretidel B’nai B’rith d’Emmanuel Ratier, maissans aucune sympathie. L’auteur de l’article,Andrea Morigi, appartient en effet àAlleanza Cattolica, et a donc plus d’un motifpour une “reddition de comptes” à notrejournal… Après avoir suivi les traces deFiamma Nirenstein accusant Islamistes etNazis de collusions antisémites (!), Morigi netrouve rien de mieux que de chercher à nousamalgamer à un certain Ahmed Rami, res-ponsable du site internet Radio Islam, quipour nous était, jusqu’à ce jour, un parfait in-connu. Un démenti de Sodalitium a été pu-blié dans Libero du 6 octobre. Morigi natu-rellement invoque la loi Mancino contre tousceux qui ne pensent pas comme lui.

Le Centro Librario Sodalitium a en outrepublié un évangile raconté aux enfants, unlivre pour prouver l’existence de Dieu, unpetit opuscule pour s’unir dévotement auSaint Sacrifice de la Messe (“Petite méthodepour suivre la Sainte Messe”) et un beaulivre de méditation pour chaque jour intitu-lé: “Santifichiamo il momento presente”, et,nouveauté pour l’année 2002, un calendrier

Le livre sur St Pie V qui réunit les articles de l’abbéGiugni déjà parus sur Sodalitium, édité par les

Expéditions pamphiliennes.Vous pouvez le commander, ainsi que le catologue, à

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traditionnel dédié àPie IX. Une impor-tante initiative édito-riale de notre Centrolibrario est la traduc-tion française du livredu Père Isidoro daAlatri, Qui a tué Jé-

sus-Christ? Emmanuel Ratier écrit surFaits&Documents (n° 108, 1-15 avril 2001, p.11): “Le Centro Librario Sodalitium… pro-pose pour la première fois la traduction fran-çaise d’un essai du père capucin Isidoro daAlatri, paru avec l’imprimatur en 1961, Qui atué Jésus-Christ? Le rôle central duSanhédrin, à partir des Ecritures et des com-mentaires des Pères et des Docteurs del’Eglise, est mis en évidence. Ouvrage quasi-explosif allant à l’encontre évidemment de ladéclaration Nostra Ætate et du nouveau caté-chisme”. Le Centro Librario vient de publieraussi La papauté matérielle, recueil destextes déjà parus sur Sodalitium, pour mieuxcomprendre la situation actuelle dansl’Eglise, selon la Thèse exposée par MgrGuérard des Lauriers, mise avec compéten-ce à la portée de tous par l’abbé Sanborn.

Sodalitium. Même si la publication deSodalitium est irrégulière, la publication d’unnuméro de notre revue suscite toujours uncertain intérêt. Le numéro 3 (juillet-sep-tembre 2000) de la revue allemande Kyrieeleison (pp. 33-46) publie l’éditorial du n° 50de Sodalitium faisant l’éloge de notre revue.Cependant les critiques ne manquent pas –du côté sédévacantiste strict - à notre posi-tion, qui est celle de la Thèse de Cassi-ciacum. Emmanuel Ratier recense aussi,comme à son habitude, le dernier numéro deSodalitium, “toujours aussi intéressant etriche” sur Faits&Documents (B.P. 254-09,75424 Paris cedex 09; n° 95, p. 10). Inter mul-tiplices una vox (n° 1 de septembre 2000, p.59) recense aussi le n° 50 de Sodalitium, quipublierait “d’excellents travaux”. Mais nosconfrères turinois nous trouvent caustiques,polémiques et discutables quand nous écri-vons des articles qui “concernent de manièreparticulière le désaccord qu’ils (…) conti-nuent à nourrir à l’égard de la FraternitéSaint-Pie X et leur conviction à propos de la‘vacance’ du Siège papal” (p. 59). Inter multi-

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plices souhaite sincèrement la concorde entretous les “traditionalistes”, sans exclure ceuxde Sodalitium: un geste rare et par consé-quent particulièrement apprécié. Nous necroyons cependant pas que dans nos articlesil y ait aigreur (au moins ces dernières an-nées) mais sereine – même si elle est ferme –exposition de la doctrine: c’est cette exposi-tion qui doit être réfutée, éventuellement, etnon le fait d’argumenter sur des questionsdéterminées qui nous divisent. Si ensuite par-fois la plume nous emporte, nous nous en ex-cusons: parfois dans les batailles les coupsdonnés et reçus sont durs, comme les mêmesamis de Inter multiplices démontrent à la p.1, en rappelant la scission de la section turi-noise de Una voce, dans un article commé-moratif du juge Durando.

Le Bollettino della comunità ebraica diMilano (septembre 2000, p. 8), avec un ar-ticle de Adriana Goldstaub sur l’“antisémi-tisme en Italie”, après avoir dénoncé la LegaNord, Alleanza Nazionale, le MovimentoSociale Europeo, Forza Nuova, L’Alter-nativa cristiana et Radio Islam, déplore“l’antisémitisme catholique” en écrivantentre autres: “C’est une systématique etabondante polémique antijuive que noustrouvons au contraire dans un petit pério-dique, ‘Sodalitium’ de Verrua Savoia, éditépar des prêtres adeptes de Mgr Lefebvre, for-tement polémique à l’égard de toute la poli-tique postconciliaire, jusqu’à mettre en doutel’autorité de ce pape”.

Dans la même ligne nous devons signalerun article confus et superficiel paru sur Jesus(septembre 2001, Allarmi siam cattolici), larevue des Pères Pauliniens, et un livre autitre tendancieux mais au contenu plus sé-rieux, Fascisteria; dans les deux cas on parledes rapports entre le catholicisme traditiona-liste et la droite politique, faisant allusionaussi à Sodalitium.

Dans Monde et vie (28 septembre 2000, n°673), Michèle Reboul recommande aux lec-teurs le numéro de Sodalitium consacré à l’af-faire Mortara, dans un article consacré à la“béatification” de Pie IX. Le quotidienLibero a publié, le 6 octobre 2001, en p. 7,une interview de Caterina Maniaci à l’abbéFrancesco Ricossa, directeur de Sodalitium(Les polémiques continuent après l’interven-tion de l’abbé Baget Bozzo. L’abbé Ricossa,directeur de Sodalitium, revue des catholiquestraditionalistes, hostiles à Vatican II intervient.

Couverture du livre “Qui atué Jésus-Christ?”, éditépar le C.L.S. en français

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‘Quels croisés? Il n’y a plus l’Occident chré-tien’). Toujours sur Libero, le lendemain, aété publiée une lettre de démenti (Précisiondu directeur de Sodalitium) à l’article tendan-cieux de Andrea Morigi (Sur des sites isla-miques l’apologie de Hitler. De la défense dela cause palestinienne à l’antisémitisme, la stra-tégie musulmane pour recruter les nazis ita-liens, publié sur Libero du 26 septembre2001). A ce qui est écrit dans ledit démentinous pouvons ajouter ceci: pour qui connaîtAlleanza Cattolica, association dont Morigiest militant ou au moins ami, l’accusationfaite à Radio Islam de recruter des sympathi-sants dans les milieux de la droite radicale ita-lienne est particulièrement paradoxale. C’estbien connu – en effet – que AlleanzaCattolica non seulement est née, mais a tou-jours recruté et recrute encore dans les rangsde l’extrême droite, comme la biographie deMorigi pourrait peut-être le confirmer. Quepar ailleurs lesdits militants se retrouventpropulsés sans s’en rendre compte vers uneposition ouvertement philo-israélienne pourpouvoir aspirer - dans les cas les plus heureux- à un quelconque poste de sous-ministère,est une tout autre question qui devrait ouvrirdéfinitivement les yeux à quiconque - à partirde certaines positions - pourrait être fascinépar ce mouvement.

Le Dossier sur les Commissions cano-niques de la Fraternité Saint-Pie X. Le n° 51de Sodalitium sur la Commission canoniqueSaint Charles Borromée instituée par laFraternité Saint-Pie X pour “suppléer” lesCongrégations Romaines et les Tribunaux(comme la Sainte Rote) a suscité un vif re-tentissement dans le monde catholique,toutes tendances confondues. Avec son stylegrandiloquent, l’abbé de Nantes l’a annoncéainsi: “une bombe atomique vient d’éclaterdans notre société catholique, déclenchant unséisme d’ampleur incalculable, capable dedésorienter les esprits, de troubler les âmes,bien au-delà des frontières de notre traditio-nalisme, jusqu’à ébranler les piliers de Saint-Pierre”. Les colonnes de Saint Pierre ne sesont pas ébranlées, pour la vérité, mais il pa-raît que durant les tractations entre le cardi-nal Castrillon Hoyos et la Fraternité Saint-Pie X on a aussi parlé de notre dossier (lecardinal aurait proposé comme solution unesanatio in radice des actes – en soi invalides– de la Commission lefebvriste). Plusieursprêtres, canonistes, personnalités du monde

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catholique nous ont écrit en nous félicitantde la correction de notre dossier; plusieursprêtres de la Fraternité Saint-Pie X elle-même nous ont écrit se disant d’accord surle fait que la Commission est une erreur -qu’à titre privé - ils désapprouvent.

On s’attendait alors à un écho d’envergu-re dans la presse catholique, de toutes lespositions. Au contraire, à quelques excep-tions près dont nous parlerons, la réponse aété le silence. Silence de la part du Vatican,engagé dans des tractations œcuméniquesavec la Fraternité Saint-Pie X. Silence de lapart des nombreuses revues de la Fraternitéelle-même, y compris la revue interne Corunum (aucune allusion dans le numéro defévrier). Unique exception, la petite revuedu district italien Roma felix, directementmise en cause par Sodalitium. L’abbéSimoulin, après s’être plaint de ne pas avoirreçu notre dossier (points 1 et 2; nous yavons immédiatement remédié), oppose lathéorie – qu’il ne peut nier – à la pratique. Ilsoutient que: “Il faut toujours faire la com-paraison entre ce qui peut être écrit, mêmepar un de nos évêques, dans notre bulletin in-terne, et ce qui est fait concrètement” (point3). En particulier l’abbé Simoulin soulignequ’en Italie ces Commissions ne fonctionne-raient pas. Mais elles fonctionnent “ailleurs”(Simoulin cite les Etats-Unis. Il omet de par-ler de la France: Sodalitium a publié les for-mulaires utilisés dans ce pays par lesTribunaux). Ainsi l’abbé Simoulin s’il s’enlave les mains (“N’étant pas responsable detoute la Fraternité mais seulement del’Italie…”), comme si un membre de laFSSPX n’était pas coresponsable de ce quiest décidé et réalisé par sa congrégation reli-gieuse. La réponse de Roma felix, bienqu’évasive, manifeste ainsi au public lesgraves divisions internes à la Fraternité,alors qu’elle ne réussit pas à nier la véracitéde ce qui est écrit dans le dossier.

Une allusion à notre dossier se trouve surla lettre d’informations religieuses d’YvesChiron, Aletheia (n° 9, 25/2/2001, p. 6): “Lenuméro spécial d’une revue italienne (en fran-çais) crée quelques remous…”. Chiron – enpremière ligne parmi ceux qui souhaitent l’ac-cord avec Jean-Paul II – a tout intérêt à dé-fendre la Fraternité et à minimiser la difficul-té: “Mgr Tissier de Mallerais, président de laCommission canonique, avait déjà répondu àl’objection (de Sodalitium) en affirmant: ‘nos

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sentences, comme tous nos actes de juridictionsupplétoire, et comme les sacres épiscopauxeux-mêmes de 1988, 1991, etc., devront êtreconfirmés ultérieurement par le Saint-Siège’(Cor unum, bulletin interne de la FSPX, n° 61,octobre 1998, p. 44)”. Peut-être Chiron – trèsbien informé – est-il au courant de la “solu-tion” proposée par le cardinal CastrillonHoyos… Quant à Sodalitium, rappelons queprécisément cette “réponse” de Mgr Tissierest particulièrement grave et confirme – aulieu d’infirmer – nos accusations: la comparai-son en effet, entre les consécrations et les sen-tences du Tribunal de la Fraternité n’est pasproposable. De fait, si Rome ne confirme pasultérieurement les consécrations épiscopales,elles resteraient cependant valides, et les actesdu pouvoir d’Ordre qui en découlent seraientvalides (vrais prêtres, vraies Messes, vrais sa-crements…). Au contraire, si les sentences nesont pas reconnues valides, les mariages annu-lés et/ou célébrés sur la base de ces sentences,seront (sont déjà) absolument invalides, avectoutes les conséquences que cela implique.

La revue qui a accordé le plus d’attentionà notre dossier est – encore une fois – laContre-Réforme Catholique au XXIe siècle del’abbé de Nantes (qui dans le titre a changéseulement le siècle, mais a ajouté comme titreprincipal celui de Résurrection). A la questiondes “Tribunaux” trois numéros de 2001 sontconsacrés (n° 2, pp. 19-26; n° 3, pp. 11-32; n° 4,pp. 14-20) en publiant sous le titre Le secret deMgr Lefebvre notre dossier et un commentai-re de la CRC. Alors que le premier article dela CRC est de l’abbé de Nantes, les deux der-niers sont dus à la plume du frère BrunoBonnet-Eymard. Sodalitium ne soutientcertes pas que le disciple n’est pas fidèle à ladoctrine du maître, mais même le lecteur plussuperficiel s’apercevra facilement combienl’attitude de l’abbé de Nantes envers nous estprofondément différente de celle – méprisan-te – du frère Bruno. Quant aux problèmes defond, essentiellement celui de l’infaillibilité duPape, Sodalitium ne revient pas sur ce qui adéjà été écrit plusieurs fois; il nous suffira designaler au lecteur le panégyrique que la CRC(n° 8, août 2001) fait de Mgr Strossmayer(1815-1905), pionnier de l’œcuménisme et dé-fenseur de l’anti-infaillibilisme au concileVatican I, et ami intime de ce Soloviev autantaimé de la CRC que détesté par nous.

Mgr Guérard des Lauriers. Encore unefois nous devons signaler la revue des domi-

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nicains d’Avrillé, Le Sel de la terre. Le n° 33(été 2000) rapporte en effet un article duPère Guérard des Lauriers (avec GéraldWailliez) intitulé L’Église conciliaire et lesparcelles d’hosties (pp. 79-85; le titre est de larédaction). L’article en question est de 1973,mais le fait que Le Sel de la terre ait eu lecourage de publier un écrit du Père Guérard,sur lequel pèse une sorte de damnatio memo-riæ, est très positif. Il est regrettable qu’ences occasions l’on doive toujours préciserque l’on ne partage pas “la thèse sédévacan-tiste du Père Guérard des Lauriers”. D’autantplus que l’on ne peut définir “sédévacantis-te” tout court la thèse du Père Guérard.Dans le même numéro est publié un articlesur la Bulle Cum ex apostolatus du Pape PaulIV dans laquelle on lit (à la p. 67): “mêmedes prêtres sédévacantistes le reconnaissent:‘On ne peut pas utiliser la bulle de Paul IVpour prouver que, actuellement, le Siège apos-tolique soit vacant, mais seulement pour prou-ver la possibilité que cela puisse arriver’ (abbéF. Ricossa, Sodalitium, 36, mai-juin 1994, pp.57-58, note 1). Même dans ce cas, donc, LeSel de la terre confond “sédévacantisme” etThèse de Cassiciacum, nous collant une éti-quette plus que discutable… (comme le dé-montre l’auteur sédévacantiste WilliamMorgan sur le numéro d’octobre de Counter-Reformation Association, News and views,qui – faisant justement référence à ce numé-ro de Le Sel de la terre – accuse de mensongeles dominicains d’Avrillé pour nous avoirqualifiés à tort de sédévacantistes: pour lessédévacantistes, explique Morgan – le SiègeApostolique est vacant, pour le P. Guérardet Sodalitium il est matériellement occupé).Et alors, pour être constructifs, nous invitonsles confrères d’Avrillé à parler enfin, d’unemanière plus opportune, de cette Thèse siméconnue et qui, à notre avis, peut devenirfacteur d’unité et non de division (le Petit ca-téchisme sur le sédévacantisme publié dans len° 36 – dont nous parlons à part – satisfaitbien imparfaitement notre demande).

L’abbé G. de Tanoüarn – de la FSSPX –a l’habitude de citer (avec respect, mais encritiquant) Mgr Guérard des Lauriers dansses conférences et dans ses articles, peut-êtrepour “faire” très intellectuel. Hélas, le doutenous vient qu’il ait jamais lu le P. Guérard.Certainement, il ne l’a pas compris. Sur leMascaret, par exemple, il écrit (n° 228, mars2001, p. 3): “le pape, quoi qu’en ait pensé en

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son temps Mgr Guérard des Lauriers, n’estpas soumis au droit humain”. En réalité,Mgr Guérard a toujours nié que le droit ca-nonique puisse s’appliquer au cas du Pape,et nous ne voyons pas où de Tanoüarn au-rait trouvé cette soi-disant thèse guérardien-ne. Il est étonnant aussi que l’auteur ait en-rôlé le cardinal Cajetan parmi les ennemisabsolus du sédévacantisme. Pour le cardinaldominicain, en effet, le Pape hérétique peut(et doit) être déposé par l’Eglise qui n’a paspouvoir sur le Pape, mais – d’après lui – surla l’union entre Pierre et la Papauté.

Le n° 14 de Aletheia (13 mai 2001), “lettred’informations religieuses” d’Yves Chiron,publie en p. 4 une critique d’un livre sédéva-cantiste, Mystère d’iniquité. Dans ce contexteChiron, à l’ordinaire très précis, écrit: “l’ou-vrage est préfacé par Mgr Daniel L. Dolan, unprêtre américain qui a été sacré irrégulière-ment par Mgr Guérard des Lauriers, un domi-nicain qui, lui-même, avait été sacré irréguliè-rement évêque par Mgr Ngo Dinh Thuc”. Enréalité, Mgr Dolan, ordonné prêtre par MgrLefebvre, a été consacré évêque par MgrPivarunas, lui-même consacré par MgrCarmona, consacré lui aussi par Mgr NgoDinh Thuc, sans aucun lien, donc, avec MgrGuérard des Lauriers. Nous sommes surprisen outre de l’insistance avec laquelle Chironprécise que les consécrations en questionsont – pour lui – irrégulières. Cette irrégulari-té se réfère évidemment au fait que cesconsécrations ont été accomplies sans mandatromain; pourquoi alors Chiron ne précise-t-ilpas – chaque fois qu’il écrit sur un évêque dela Fraternité Saint-Pie X – qu’il a été consa-cré irrégulièrement par Mgr Lefebvre? Demême qu’ont été “irrégulières”, par rapportau droit canon, toutes les ordinations sacer-dotales administrées par Mgr Lefebvre de-puis 1976, sans que Chiron prenne soin de lerappeler chaque fois qu’il parle d’un prêtrede la Fraternité Saint-Pie X.

SédévacantismeNous sommes souvent accusés de man-

quer à la charité ou à la modération en atta-quant les positions de la FSSPX. Mais aumoins, nous argumentons nos affirmations.Nos confrères de la Fraternité ne font pasainsi. Il en est un exemple dans ce qui estécrit par l’abbé Philippe Laguérie dansMascaret (n° 228 mars 2001 cité par D.I.C.I.n° 7): “Quant aux misérables crétins - sédéva-cantistes (ce nom barbare désigne ceux qui

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nient que l’Eglise ait un pape) déclarés ounon - qui nous accusent çà et là d’avoir déjàtrahi quand nous posons deux conditionspréalables à toute discussion: je les remercieet félicite. Leur bêtise et leur hypocrisie nousdébarrassent à tout jamais d’avoir à tenircompte de ce qui leur tient lieu de cervelle”.Mais peut-être que tout ceci s’explique sil’on se rappelle que l’abbé Laguérie est unex-sédévacantiste…

Le secret de La Salette. Sodalitium (n°48 p. 57) a dédié à ce que l’on appelle le“Secret de La Salette” une note critique quia suscité retentissement et trouble parmicertains lecteurs (mais qui peut-être com-mence à égratigner certains préjugés,comme semble l’indiquer la discrétion aveclaquelle la Fraternité – sur Fideliter n° 142,p. 30 – défend encore le “Secret”). Et nousdevons nous réjouir de ne plus être les seulsdans notre position – qui est celle de l’Eglise– après les numéros 134 et 135 du bulletinNotre-Dame de la Sainte-Espérance, oùl’abbé Belmont a encore une fois fait la dé-monstration de son attachement à l’ensei-gnement de l’Eglise et de son habituel équi-libre en prenant sur la question une positionque nous partageons entièrement.

A l’opposé, nous devons signaler avectristesse et stupeur l’article de l’abbé XavierGrossin sur le même sujet, intitulé SeigneurJésus, défendez l’honneur de Notre-Dame dela Salette! (La tour de David, n° 8, septembre2001). Entendons-nous: personne ne contes-te à l’abbé Grossin de répliquer à notre ar-ticle sur le même thème publié sur Soda-litium (n° 48, avril 1999); notre confrère etami était tout à fait libre d’exposer sa posi-tion et de corriger nos éventuelles erreurs…Mais nous ne comprenons pas comment ilpeut – en dépassant les bornes – juger nos in-tentions et arriver à des conclusions objecti-vement calomnieuses. Que le lecteur jugedes termes utilisés par La tour de David. Lesprêtres de Sodalitium en général et l’abbéRicossa en particulier seraient les auteursd’une guerre “toujours aussi aveugle, tou-jours aussi stupide, toujours aussi hypocrite”contre Notre-Dame de La Salette au moyende demi-vérités et de gros mensonges.“Désormais” conclut l’abbé Grossin “noussavons à qui nous avons à faire” (vraisembla-blement à des “modernistes ou des libé-raux”), c’est pourquoi il ressent l’impérieuxdevoir de “mettre en garde” ses lecteurs…

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Il est surtout surprenant que l’abbéGrossin ait mis plus de deux ans pour s’aper-cevoir à qui il avait à faire, puisque cet été,exactement le 10 et le 11 juillet, l’abbéGrossin a mangé à la table de l’horribleabbé Ricossa et de ses complices, a dormi auchâteau de Raveau, y a célébré la Messe lelendemain, le tout pour y accompagner desenfants au camp (entre quelles mains a-t-illaissé des innocents!). Aura-t-il au moinsparlé du “Secret” de La Salette avec l’abbéRicossa, pour le faire revenir sur ses er-reurs? Pas le moins du monde. Le premier àne pas croire à sa “mise en garde”, donc,semble être justement lui, l’abbé Grossin.

Mais venons au point – c’est-à-dire lacondamnation du “Secret” par l’Eglise.Selon La tour de David, d’abord, “l’abbéRicossa ose écrire dans Sodalitium: ‘le textedu secret n’a pas été approuvé par l’Eglisecomme l’a été l’apparition de 1846’ (…)”.Puisque ensuite l’abbé Grossin ne revientpas sur ce point, nous voudrions savoirquand et comment l’Eglise aurait approuvéle texte du “Secret” diffusé par Mélanie…

L’abbé Grossin conteste ensuite la valeurde trois documents cités par nous. Selonl’abbé Grossin le décret du Saint-Office de1915 n’interdirait pas – sous peine de sanc-tions – la diffusion du “Secret” (comme asoutenu Sodalitium). En effet, il interdit de“traiter et discuter la question dite du ‘Secretde La Salette’, de ses différents textes et de sesadaptations aux temps présents et aux tempsfuturs”. Remarquons comment l’abbéGrossin, en donnant pour certaine l’authen-ticité du Secret, et en l’appliquant aux tempspassés, présents et futurs, encourrait lespeines prescrites par ce décret, c’est-à-dire,pour les prêtres, la suspension de la Messe etdes confessions et la perte de toute dignitéecclésiastique (tandis que pour les laïcs estprévu le refus des sacrements: pour ne pasépouvanter ses lecteurs, l’abbé Grossin aprudemment survolé les peines prévues parl’Eglise…). Quoi qu’il en soit il soutient que– d’après le décret de 1915 – il serait encorepermis de diffuser le seul texte du “Secret”(sans aucun commentaire, ce qu’il ne faitpas). Mais l’abbé Grossin oublie les nom-breuses lettres du Cardinal Caterini – secré-taire du Saint-Office – durant l’année 1880,par lesquelles le Cardinal exprime la volontédu Saint-Siège de faire retirer des mains dupublic le texte du Secret diffusé l’année

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avant avec l’imprimatur de Mgr Zola. Unede ces lettres fut également envoyée à MgrZola lui-même.

Mais l’abbé Grossin insiste: le texte du“Secret” n’a pas été condamné, on peut leposséder, le lire, le diffuser. Tout cela est encontraste avec le décret du Saint-Office du 9mai 1923 (en p. 59 de Sodalitium nous don-nions la date exacte – 1923 – et quelqueslignes plus bas une date erronée – 1922 – parsimple distraction). Pour l’abbé Grossin,cette condamnation “est tout simplement in-existante”. Pour soutenir une telle énormité,La tour de David doit exhumer la légende –puisqu’il s’agit d’une légende – répandue parles défenseurs du “Secret”, selon laquelle leSt-Office aurait condamné et mis à l’Indexuniquement l’opuscule de 1922 interpolé parle docteur Grémillion (“Mariavé”) et noncelui approuvé par le Père Lepidi (un desprotecteurs – rappelons-le encore – du mo-derniste Buonaiuti). Rien, dans le texte dudécret, n’autorise une telle interprétation.Mais, puisque la légende était encore diffu-sée par des désobéissants aux lois ecclésias-tiques en 1957, le Cardinal Pizzardo – dansune lettre enregistrée et écrite au nom du St-Office – démentait définitivement cette hy-pothèse: “A ce propos – écrit le Cardinal –Votre Paternité elle-même [P. Molinari] rap-portait que dans certains milieux on soutenaitque l’opuscule dénoncé et condamné par leSaint-Office ne serait pas exactement celuiédité par la Société Saint-Augustin, mais seu-lement celui diffusé, à l’insu des éditeurs et del’auteur, qui rapporte une lettre de Mariavéen date du 2 février 1923”. C’est ce que sou-tient l’abbé Grossin. Et comment lui répondle Cardinal (ni moderniste ni libéral) duSaint-Office? “A ce sujet j’ai l’honneur devous communiquer que cette SuprêmeCongrégation a examiné et condamné avec ledécret cité l’opuscule susdit, édité et diffusépar la Société Saint-Augustin, même sans lalettre du Docteur Mariavé”. Le “gros men-songe” n’est donc pas de l’abbé Ricossa,mais de celui qui soutient que dans cettelettre le Cardinal Pizzardo ne dit rien. Quiconnaît mieux la pensée du Saint-Office: leSaint-Office lui-même ou l’abbé Grossin?

Mais au fond l’abbé Grossin n’a pas tortquand il écrit que l’abbé Ricossa a menti enaffirmant que le “Secret” a été condamné en1957. En effet le décret de 1923 le condamnedéjà. Au lecteur d’en juger:

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“Condamnation de l’opuscule: ‘L’Apparitionde la sainte Vierge de La Salette’.

DECRET

Mercredi 9 mai 1923Dans l’assemblée générale de la Con-

grégation du Saint-Office, les Emi-nentissimes et Révérendissimes Cardinauxpréposés à la sauvegarde de la foi et desmœurs ont proscrit et condamné l’opus-cule ‘L’apparition de la très Sainte Viergesur la sainte montagne de La Salette le sa-medi 19 septembre 1845 – Simple réim-

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pression du texte intégral publié parMélanie, etc. Société Saint-Augustin, Paris-Rome-Bruges, 1922’ ordonnant à qui dedroit d’ôter des mains des fidèles l’opuscu-le condamné. Le même jour Sa Sainteté lePape Pie XI, dans l’audience ordinaire ac-cordée au Révérend assesseur du Saint-Office, a approuvé la décision prise par lesEminentissimes Cardinaux.

Donné à Rome, du Palais du Saint-Office, le 10 mai 1923.

Luigi Castellano, Notaire du Saint-Office”.

Que le lecteur juge si, dans cette mise àl’Index de ce que l’on appelle le “Secret”(dans lequel il n’est pas fait mention deMariavé) existe une condamnation à propre-ment parler du “Secret” ou bien si, commel’écrit l’abbé Grossin, “le Secret de La Saletten’a jamais été condamné en lui-même”.

Une ultime, mais non inutile précision.L’abbé Grossin, évidemment peu convaincudu fait que les décrets de 1915 et de 1923 ne

Original des deux décrets du St-Office, signés tous deuxuniquement par le Notaire Castellano. Le second est le

décret (de 1923) de condamnation de l’opuscule:‘L’Apparition de la sainte Vierge de La Salette’ de 1922

Le décret d’excommunication des communistes de 1949est lui aussi signé uniquement par le Notaire

de la Sacrée Congrégation

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sont pas contraires au “Secret”, avance - enseconde instance - l’hypothèse du complot:“[le décret de 1915] devrait être signé par leCardinal Secrétaire du Saint-Office et contre-signé par un évêque assesseur, ce qui n’estpas le cas, puisqu’il est signé d’un simple no-taire: Luigi Castellano, sans aucun titre”; “ledécret du 10 mai 1923, toujours signé par lenotaire Castellano (est-ce vraiment un ha-sard?) qui ‘proscrit et condamne l’opuscule’de Montpellier [sic! Le décret ne condamnepas l’opuscule de Montpellier – deGrémillion/Mariavé – mais celui approuvépar Lepidi et édité par la Société Saint-Augustin]. Encore une fois l’on constate lesmêmes vices de forme du même auteur et per-sonne ne proteste”. “Personne ne proteste”parce que les vices de forme existent unique-ment dans la fantaisie de l’abbé Grossin… Ilsuffit de consulter les Acta Apostolicæ Sedispour se rendre compte que tous les décretsdu Saint-Office sont signés par le notaire dela Sacrée Congrégation, c’est-à-dire par MgrCastellano pour la période qui nous intéres-se! Nous reproduisons à côté une photogra-phie des Acta contenant le décret de 1923,un décret immédiatement précédent (émisavec les mêmes formalités) et le fameux dé-cret d’excommunication des communistes,de 1949, lui aussi signé du seul notaire. Si ledécret sur le “Secret” a des vices de forme,alors celui de 1949 contient aussi les mêmesvices: peut-être s’agit-il d’un louche complotd’ecclésiastiques anticommunistes?

Je signale enfin aux lecteurs de So-dalitium que La tour de David publie égale-ment le court texte des secrets qui furentcommuniqués à Pie IX par Mélanie etMaximin en 1851, et qui en 1990 étaient per-dus dans les archives du Saint-Office. Si letexte est authentique il est certes d’un inté-rêt particulier. Le lecteur se rendra comptepar lui-même des nombreuses différencesexistant entre le texte de 1851 et celui de1879, mis à l’Index en 1923. Il se rendracompte aussi que les événements annoncésne se sont pas réalisés (au moins aux datesprédites). Cependant, les cardinaux duSaint-Office éprouvaient aussi sur ce textede 1851 de grandes perplexités, comme ledémontrent deux citations du CardinalCanali [1874-1961], qui fut intime de SaintPie X et secrétaire du cardinal Merry delVal: “la grande difficulté contre l’apparitionde La Salette ce sont les secrets. Il faudrait

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non seulement séparer les secrets du fait del’apparition, mais les renier. C’est le termedont se sert son Excellence qui m’entretienten français” (lettre du Père Jambois au supé-rieur général des Missionnaires de LaSalette, 1935. Mgr Canali était assesseur duSaint-Office); “le cardinal m’a confirmé queles archives du St-Office gardent le secret ré-digé par les enfants et les versions successives.Il a étudié ce secret. Il l’a étudié dans la pre-mière version. Même cette première versionne lui paraît pas revêtir les caractères d’uneauthenticité surnaturelle: il contient deschoses difficilement acceptables et d’autresqui ne sont que ‘générales’. Il faut donc déta-cher les secrets de l’apparition” (lettre dumême, 1938; cf. Jean Stern, La Salette,Documents authentiques, Cerf, 1990, vol. 3,p. 57, note 46). On nous objectera que l’avisdu cardinal Canali n’est pas celui del’Eglise… Sans doute. Mais il ne vaut certai-nement pas moins que celui de l’abbéGrossin.

Jean XXIII. La “béatification” de JeanXXIII a occasionné de nombreux articlescritiques sur Angelo Giuseppe Roncalli dela part de différentes revues “traditiona-listes”. Nombreuses sont les citations deSodalitium dans l’article de l’abbé Villa“Anche Giovanni XXIII, beato?”, publié surChiesa viva, (n° 322, nov. 2000, pp. 16-17,première partie et suivantes). Aletheia,Lettre d’informations religieuses (n° 3, sept.2000, p. 5; 16, rue du Berry, 36250 Niherne),dirigée par Yves Chiron, reconnaît que“bien avant que la béatification de JeanXXIII ne soit annoncée, ni même envisagée,l’abbé Francesco Ricossa, directeur del’Institut Mater Boni Consilii, avait commen-cé la publication d’une longue série d’articles,très critiques, intitulée ‘Le Pape du Concile’.(…) On y trouve une grande richesse d’infor-mation historique même si on peut ne pasêtre d’accord avec certaines analyses. Il est àsouhaiter que ces articles soient réunis unjour en volume”. Puisque de nombreux lec-teurs et maisons d’édition italiennes et fran-çaises nous ont demandé s’il était dans notreintention de publier justement ce livre surJean XXIII, nous répondons que oui, maisque pour ce faire, il faut d’abord terminer lasérie des parties sur Sodalitium et ensuitecorriger et mettre à jour ces publications.Certains n’ont pas eu la patience d’attendreet, n’ayant pas été autorisés à publier nos

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parties déjà parues sur Sodalitium, les ontreprises substantiellement en changeant letitre et la présentation… Quant à notrebienveillant recenseur (c’est-à-dire YvesChiron) nous le remercions pour son atten-tion et son estime. Après avoir exposé notreposition, il déclare “ne pas partager cesthèses de l’Institut”. Nous non plus – c’est lemoment de le rappeler aussi à cause des po-lémiques nombreuses qui s’élèvent à proposd’Yves Chiron – nous ne sommes pas d’ac-cord avec les positions de Chiron, qui –entre autres – est l’un des plus intelligents etdangereux partisans de la nécessité d’un ac-cord entre la Fraternité Saint-Pie X et Jean-Paul II, mais aussi défenseur de l’aile guéno-nienne de la même Fraternité.

Conférences. Nombreuses sont les confé-rences tenues par les membres de l’Institutdepuis la fin 2000 et durant toute l’année2001. L’abbé Ricossa s’est rendu en Cio-ciaria, où il n’était pas allé depuis trois ans,et le 2 octobre 2000 il a tenu une conférence,présentée par Stefano Gizzi, aux environs deCeccano (Frosinone). On y a parlé un peude tout, particulièrement des Exercices deSaint Ignace. La rencontre avait été signaléepar la presse locale (La Provincia et Cio-ciaria oggi). Le 15 octobre, à Tivoli (Rome),à l’invitation de l’association Amici diSodalitium, l’abbé Nitoglia a présenté au pu-blic son dernier livre, Sionismo e fondamen-talismo. Toujours à Tivoli, le 18 novembre,l’abbé Nitoglia a présenté avec Ciabattini lelivre de ce dernier sur “Coltano 1945”. Le 21février 2001, l’abbé Ricossa a parlé à Milansur le sujet: Cristina Campo: l’ambiguïté dela tradition. La soirée était organisée par laFondazione Cajetanus. Le 24 mars, la mêmeFondation a organisé – toujours à Milan, etavec le patronage de la Province – une ren-contre sur Joseph de Maistre. L’uomo, il di-plomatico, il filosofo. Ont parlé Mme leDocteur Serena Tajè, le Professeur MassimoDe Leonardis et l’abbé Nitoglia (L’uomo:De Maistre esoterico?). A l’invitation de laLega Nord de Roccafranca (Brescia), le 22mars, l’abbé Nitoglia a parlé surImmigrazione. Cristianesimo e Islam, proble-mi o convivenza possibile. Précédemment, àl’invitation de la Lega Nord et AlleanzaNazionale, il avait parlé d’immigration àOrzinuovi (Brescia). Une autre conférence,organisée par la Lega, s’est tenue le 24 mai àMontichiari (Brescia). Le 6 avril l’abbé

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Nitoglia a présenté à Castellanza son livreSionismo e fondamentalismo. Poursuivantson cycle de conférences à Lyon, l’abbéMurro a commenté “La récente déclarationdu Cardinal Ratzinger ‘Dominus Jesus’.Rupture ou continuité avec l’œcuménisme?”.La conférence a eu lieu le 3 mars dans lachapelle lyonnaise de l’Institut. Pour lesautres conférences, vous pouvez demanderla chronique de la Casa S. Pio X.

Exercices Spirituels. “Les Exercices spiri-tuels sont tout ce que je puis concevoir, sentiret comprendre de meilleur en cette vie, soitpour l’avancement que l’homme peut en tirerpour lui-même, soit pour les fruits, les se-cours, les avantages spirituels qu'il peut entirer pour les autres” (St Ignace de Loyola,Lettres). Les sessions d’Exercices donnéespar nos prêtres depuis l’été 2000 jusqu’à lafin de 2001 ont été très nombreuses. Pour lafin de l’année 2000 (juillet-décembre), 11sessions ont eu lieu, pour un total de 82 par-ticipants. En effet, nous avons compté 17 re-traitants à la session mixte donnée parl’abbé Ricossa et l’abbé Murro à Serre-Nerpol du 3 au 8 juillet 2000; 8 dames et 19messieurs dans les trois sessions prêchées àRaveau et Serre-Nerpol par l’abbé Murro,l’abbé Giugni et l’abbé Cazalas; 14 mes-sieurs et 7 dames aux deux sessions en ita-lien données par l’abbé Nitoglia et l’abbéRicossa au mois d’août, et 17 participants àla session mixte donnée par l’abbé Murro etl’abbé Giugni à Serre-Nerpol, du 26 au 31décembre. L’abbé Ricossa a donné les Exer-cices de huit jours (du 8 au 16 septembre),aidé par la Mère Supérieure, aux 14 reli-gieuses du Christ-Roi, à la ‘Maison Saint-

Les Exercices de 8 jours à Serre-Nerpol en août 2001

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Joseph’ de Serre-Nerpol. L’abbé Scho-onbroodt a de nouveau donné les Exercicesaux prêtres de l’Institut du 16 au 22 octobre.Aux prêtres résidant à Verrua s’est jointl’abbé Ercoli (résidant à Tours) et – hôte ap-précié – l’abbé Philippe Guépin, qui venaitde Nantes. Le début des Exercices a été per-turbé par l’inondation qui a frappé le 5 oc-tobre (le 21 août les Exercices pour hommesà Verrua ont été inauguré par un tremble-ment de terre!). L’abbé Ricossa ensuite, aidépar l’abbé Giugni, a donné les Exercices auxséminaristes du 30 octobre au 4 novembre,profitant de l’interruption des cours causéepar le pèlerinage à Rome; le calendrier nousa ainsi offert une étrangeté: la fête de “l’en-fant prodigue” le 2 novembre!

Le cycle des Exercices pour l’année 2001a été inauguré, toujours à la Maison Saint-Joseph de Serre-Nerpol, par une session diri-gée par l’abbé Giugni et l’abbé Cazalas don-née à 8 messieurs, du 19 au 24 février; uneseconde session – cette fois pour dames – aété donnée par l’abbé Ricossa du 23 au 28avril, toujours à Serre-Nerpol, avec 5 partici-pants, 4 dames et – exceptionnellement – unmonsieur qui voulait, avec les Exercices, sepréparer au baptême. Un ancien retraitant,converti lui aussi durant une session desExercices donnée par le Père Vinson, l’avaitrencontré sur la route du pèlerinage de SaintJacques de Compostelle. Deux pèlerins ontaccueilli l’invitation de notre ami à faire lesExercices, le dernier ayant aussi trouvé lagrâce du baptême le 27 avril, et ayant pufaire sa première communion le lendemain.L’été est une période particulièrementconsacrée aux Exercices: comme l’année der-nière, l’été ignatien a commencé par une ses-sion – pour dames et messieurs (8 messieurset 13 dames, pour être précis) – sous la hou-lette de l’abbé Murro et de l’abbé Ricossa àSerre-Nerpol. Ensuite ont eu lieu dans nosmaisons les habituelles sessions estivales:deux à Raveau, en français, données parl’abbé Murro et l’abbé Giugni (à 8 dames du30 juillet au 4 août et à 15 messieurs du 6 au11 août) et deux à Verrua, en italien, don-nées par l’abbé Nitoglia et l’abbé Ricossa du20 au 25 août avec 5 dames et du 27 août au1er septembre avec 12 messieurs. Pour lapremière fois des prêtres de notre Institut(l’abbé Giugni et l’abbé Murro) ont prêché,à Serre-Nerpol, une session de 8 joursd’Exercices aux hommes qui avaient déjà fait

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une fois dans leur vie les Exercices; 14 mes-sieurs y ont participé du 19 au 27 août.Egalement en 2001, du 6 au 14 septembre,l’abbé Ricossa a été invité par les Sœurs duChrist-Roi pour donner les Exercices de huitjours à (presque toute) la communauté, avecl’aide de la Mère Supérieure. Les trois sœursde Scoville (Belgique) y assistaient égale-ment (en tout 16 religieuses participantes).Une session d’Exercices pour hommes a en-core été prêchée à Serre-Nerpol du 3 au 8novembre. Pour les prêtres, cette annéeaussi, c’est l’abbé Schoonbroodt qui est venuprêcher les Exercices du 8 au 13 octobre;l’abbé Guépin y a également participé. Lesprofesseurs du séminaire ont, quant à eux,prêché les Exercices aux séminaristes du 24au 29 septembre.

Pour aider à persévérer tous ceux qui aucours des années ont fait les Exercices de StIgnace, avec les religieuses de Serre-Nerpolet grâce à la disponibilité de quelques laïcsdévoués, on a essayé de lancer une ligue depersévérance entre anciens retraitants. Dansl’esprit qui animait “les temps épiques desExercices de Chabeuil” la première activité aété d’organiser des retraites spirituelles d’unejournée. La première s’est déroulée à laMaison St-Joseph de Serre-Nerpol (Isère) le4 juin, lundi de Pentecôte, prêchée par l’abbéGiugni et l’abbé Murro; la seconde s’esttenue au Clos Nazareth à Crézan (Nièvre) le1er novembre prêchée par l’abbé Giugni. Laparticipation et la satisfaction tant des partici-

Photo de groupe après la Messe d’inauguration del’Oratoire St Grégoire le Grand à Rimini

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pants que des organisateurs dans les deux oc-casions est à souligner. Notre remerciementva aux communautés religieuses qui nous ontaccueillis et a tous ceux qui ont aidé à l’orga-nisation, en particulier au coordonnateur del’œuvre. A tous un encouragement à conti-nuer cet apostolat béni de Dieu et qui faittant de bien aux âmes.

Anniversaires. Le 29 juin 2000 l’abbéDonald Sanborn a fêté le 25ème anniversai-re de son ordination sacerdotale (il fut or-donné à Ecône par Mgr Lefebvre avecl’abbé Blain et l’abbé Tissier de Mallerais).Dans la Fraternité Saint-Pie X il a eu, entreautres, la charge de directeur du séminairedes Etats-Unis. Actuellement il dirige uneécole dans le Michigan et, depuis quelquesannées, est revenu à la direction d’un sémi-naire. Comme nos lecteurs le savent bien,l’abbé Sanborn a défendu avec compétencela Thèse de Cassiciacum et nous le comp-tons, depuis toujours, parmi nos meilleursamis et bienfaiteurs. L’abbé Carlos Ercoliétait présent pour représenter l’Institut et lePère Barbara. Nous adressons à notreconfrère les vœux traditionnels: ad multosannos et ad maiora!

Le 12 janvier 2001 l’abbé Ugolino Giugnia fêté ses dix premières années de sacerdo-ce! Il semble pourtant que c’était hier queMgr McKenna vint à Verrua pour conférerla première ordination sacerdotale dansnotre Institut. L’abbé Giugni a célébré àVerrua une Messe solennelle d’action degrâces le 13 janvier.

Le 27 mars 2001 nous avons reçu unelettre de Budapest (Hongrie): le PèreAugustinus, o.p. (dans le monde FerencVarsanyi) nous annonçait que le 26 mars ilfêtait l’anniversaire de ses 50 ans de sacerdo-ce, et le 1er avril, celui de sa premièremesse. Le P. Augustinus précise: “MgrRobert McKenna et moi-même sommes unisdans la même thèse de Mgr Guérard desLauriers sur la vacance formelle du SiègeApostolique”. Quelle joie de savoir que dansla lointaine Hongrie existe encore un prêtrefidèle que nous recommandons aux prièreset à l’aide de nos lecteurs.

Le 4 août 2001, fête de Saint Dominique,Mgr McKenna a fêté ses 50 ans de profes-sion religieuse: à cette occasion, ses amis ontvoulu lui offrir la célébration de cinquantemesses (non una cum) auxquelles ont parti-cipé les prêtres de l’Institut.

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Le 8 juillet 2000, en revanche, a été rap-pelé par une Messe de Requiem célébrée à laMaison Saint-Joseph de Serre-Nerpol, lesouvenir du R.P. Georges Vinson, à l’occa-sion du premier anniversaire de sa mort. LesSœurs du Christ-Roi ont ainsi honoré la mé-moire de leur Fondateur, entourées de nom-breux amis du Père, élèves de l’école et re-traitants. Trois prêtres étaient présents,l’abbé Ricossa, l’abbé Paladino et l’abbéMurro, rendant ainsi possible une Messeavec diacre et sous-diacre. L’homélie del’abbé Ricossa a été intégralement publiéesur Simple lettre (n° 122, juillet-août 2000, pp.1-2). L’année suivante la Messe a été chantéepar l’abbé Murro qui a prononcé l’homélie.

Baptêmes. Le 10 juillet 2000, dansl’église de la Maison Saint-Joseph à Serre-Nerpol, l’abbé Ricossa a baptisé JulietteMarie Moyet . Le 29 juillet, à Milan,Antonio Francesco Splendore a été baptisépar l’abbé Giugni. Bernadette Bontemps, aété baptisée à Raveau le 17 septembre parl’abbé Ercoli. Le 18 novembre à Tours,l’abbé Ercoli a baptisé le fils de SylvainCharat. Le 30 décembre, à Sabbioncello SanPietro (Ferrare), l’abbé Ricossa a baptiséMatteo Moschetta. Nous commençons 2001par le baptême, administré à Cannes le 4janvier par l’abbé Giugni, de Jean Chio-canini. Le 15 avril 2001 est née AgnèsLanglet, née prématurément, elle a été bap-tisée par son père le jour même de sa nais-sance, et l’abbé Murro a complété les céré-monies du baptême à Raveau le 29 avril. Lemême jour, à l’Oratoire du Sacré-Cœur deTurin, l’abbé Ercoli baptisait Matteo BavaAvico. Le 27 avril, dans l’église de la MaisonSaint-Joseph à Serre-Nerpol, a été baptisépar l’abbé Ricossa Philippe Hinniger, 30ans, dont nous avons parlé plus haut. L’abbéMurro a baptisé dans la chapelle d’Annecy,le 13 mai, John Raoul Waizenegger. Le 19juin, l’abbé Cazalas a eu la joie de baptisersa nièce Apolline Cazalas, dans la région deNice. Deux frères, Roberto et Lapo Perini,ont été baptisés par l’abbé Ricossa, le 6août, à Florence. Le 26 août, l’abbé Nitogliaa baptisé à Verrua Maurizio Giugni. Le 23septembre a été baptisée à Annecy parl’abbé Murro Clotilde Larfaillou, et à MilanLuca Michele Splendore, par l’abbé Giugni.Le 28 octobre 2001 deux baptêmes ont étéadministrés: celui de Sofia Ricossa àAnnecy, par l’abbé Ricossa, et celui de

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Caterina Zamboni, à l’Oratoire du Sacré-Cœur à Turin, par l’abbé Cazalas.

Premières communions. Première com-munion d’adulte, le 28 avril 2000, pourPhilippe Hinniger, dont nous avons déjàparlé. Les trois frères Durando, Luca, Davideet Federico ont, quant à eux, reçu pour lapremière fois Jésus à l’Oratoire du Sacré-Cœur à Turin le 3 juin, et le 21 juin ce fut letour à Verrua, d’Andrea Severino,d’Avellino. De Belgique, l’abbé Stuyver noussignale la première communion de DraganaStankovski (le 4 février), de Reinout DeSaedeleer (le 6 mai) et de Branco Stankovskiet Simon Daelemans, le 15 août 2001.

Mariages. Le 19 août 2000, à Raveau,l’abbé Murro a béni le mariage de GabrielLanglet et Luce Verschuur. La messe de ma-riage a été célébrée par l’abbé HervéBelmont, et l’homélie a été prononcée parl’abbé Giugni. Tous les vœux de Sodalitiumaux nouveaux époux qui appartiennent àdeux nombreuses et ferventes familles catho-liques françaises. L’abbé Nitoglia a uni enmariage Rémi Perrin et Christine deViguerie. Le 26 décembre, à Cantavenna, sesont unis par le sacrement de mariageMassimo Zamboni et Barbara Bichiri. Le 16juin 2001, l’abbé Cazalas a béni le mariage deChristian Jacquier et Séverine Comet. Le 18août 2001, à Raveau, l’abbé Murro a bénil’union d’Yves Larfaillou et de VéroniqueBontemps; la messe a été célébrée par l’abbéGuépin. Enfin, l’abbé Ercoli a béni ce 18 aoûten Argentine le mariage de son frère Julio.

Ordination sacerdotale de Joseph Salway.Plusieurs d’entre vous se souviennent avec af-fection de Joseph Salway, qui fut séminaristeà Verrua en 1996. Rappelé aux Etats-Unispar son supérieur, l’abbé Sanborn, Joseph abrillamment achevé ses études. Ordonnésous-diacre le 24 février, diacre ensuite, il aété ordonné prêtre par Mgr McKenna le 8décembre, au séminaire de la Sainte Trinitédirigé par l’abbé Sanborn.

Défunts. Le 31 janvier 2001 (mais enEurope c’était déjà le 1er février) Dieu arappelé à Lui l’âme du Professeur VirginiaBonelli, membre de notre Institut depuis le1er juillet 1994. Elle était née à Còrdoba, enArgentine, le 21 janvier 1918, de parents ita-liens; très attachée à sa patrie d’origine,Virginia a toujours conservé la nationalitéitalienne avec la nationalité argentine.Après avoir répondu à l’appel du Seigneur,

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elle dut quitter la vie religieuse, mais restatoujours présente à la vie catholique de saville, fréquentant l’Action Catholique.Docteur en chimie, elle exerça la professionde pharmacienne et enseigna à l’Universitéde Còrdoba. Au début de la réforme litur-gique, elle fut parmi les premières personnesà organiser la défense de la Foi et de laMesse. Les premières Messes à Còrdoba fu-rent célébrées chez elle par le Père Le Lay,et elle accueillait chez elle le Père Barbaralors de ses visites en Argentine. Aujourd’huiencore, la maison et la chapelle où est célé-brée la Messe à Còrdoba, sont un don de sagénérosité. Quand elle venait à Turin, elleassistait à la Messe de Mgr Vaudagnotti à laSainte Trinité, et c’est là que nous l’avonsconnue. Elle nous suivit en 1985, à la fonda-tion de l’Institut, et devint rapidement notrehôte, chaque été, à Verrua, tandis que l’abbéRicossa était souvent son hôte dans sa mai-son de Còrdoba, qu’elle donna, de son vi-vant, à l’Institut. Elle travailla beaucouppour nous faire connaître en Argentine, au-près des fidèles et des prêtres, même si aprèsun début extrêmement prometteur, elle futprofondément déçue par les obstacles quis’élevèrent, tant de la part de la Fraternitéque de la part des sédévacantistes complets.En appartenant à notre Institut, elle put pro-bablement réaliser sa vocation de jeunesse.Elle devait venir à Verrua quand une at-taque cérébrale subite, le 30 mai 2000, impo-sa un séjour en hôpital, où l’abbé Espina,averti par l’Italie, lui administra l’extrême-onction. Les 15 et 16 juin, l’abbé Ricossa eutla joie de pouvoir lui administrer le viatique.Au mois de juillet, Virginia fut assistée parl’abbé Ercoli. Elle a dû supporter huit moisde souffrances - de juin à janvier - jusqu’à samort qui l’a emportée le jour de la fête dedon Bosco, son compatriote d’Asti… L’abbéEspina a célébré ses funérailles le lende-main, 1er février. Les souffrances deVirginia n’ont pas été seulement physiquesmais aussi morales, et elle a été souvent tra-hie dans sa vie par des “amis” en qui ellemettait toute sa confiance; mais l’Ami qui nedéçoit jamais est maintenant - nous lecroyons grâce à sa miséricorde - sa consola-tion et sa joie éternelle: Virginia, ne nousoubliez pas!

Le 23 août 2000 est décédé AndreaNanni, après avoir reçu tous les sacrementsdes mains de l’abbé Nitoglia. Durant sa ma-

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ladie, affrontée avec un profond esprit chré-tien, il était venu nous rendre visite àVerrua. Sodalitium présente ses condo-léances à sa famille, particulièrement à satante Adriana Nicoletti Senni Buratti.

Une lettre du Canada datée du 16 févriernous a informés de la mort de ThérèseBaillargeon, veuve de Jean Genet, survenuele 30 janvier. C’était une assidue lectrice etcorrespondante, et Mlle Yvonne Maison-neuve, la fondatrice de ‘La protection de laJeune Fille’ à Montréal la définissait “unesainte Maman”. A Serre-Nerpol, l’abbéCazalas a célébré deux messes de funé-railles: le 17 février pour Denise Berthod etle 10 mars pour Remi Dorel. Quelques moisaprès avoir fait les Exercices Spirituels estmort en Belgique José Fraselle.

Particulièrement douloureuse l’annoncede la mort de Anneleen Goedgzelschap, unefillette de 14 ans, renversée et tuée par un ca-mion à la sortie de l’école. L’abbé Stuyver acélébré ses funérailles, le 16 septembre 2000,dans l’église paroissiale de Dendermonde enprésence de presque tout le pays (600 per-sonnes environ étaient présentes). La familleGoedgzelschap a toujours soutenu de près leministère de l’abbé Stuyver, et est maintenantappelée par Dieu à suivre Jésus-Christ de plusprès en portant une lourde croix. Toujours enBelgique, trois fidèles de l’abbé Stuyver sontdécédés: Adelin Coryn (funérailles le 6 jan-vier 2001), Robert Pieter Cassiman (funé-railles le 1er octobre 2001) et Johanna Suys-Peeters, décédée le 19 octobre 2001.

L’abbé Jean Saffré est décédé àGuéméné-Penfao (France) le 18 mars 2001,après avoir reçu tous les sacrements del’abbé Guépin, et est enterré au cimetière dePoincet. Sodalitium a plus d’un motif pour sesouvenir de l’abbé Saffré et le recommanderà vos prières. Il fut parmi les premiers et lesplus fidèles prêtres à défendre le sacrifice dela Messe et l’intégrité de la doctrine. Souventproche du Père Guérard des Lauriers, il futle premier prêtre invité à Verrua pour prê-cher une retraite spirituelle aux ordinands denotre Institut (1989). Après avoir rendu auculte l’église de Saint-Maurice à Montaubande Bretagne, l’abbé Saffré fut pendant uncertain temps aumônier des Sœurs deCrézan, avant de se retirer dans la maison derepos où il est décédé. La dernière fois quenous avons eu la joie d’être ensemble, ce futà l’occasion du jubilé sacerdotal du Père

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Barbara (60 ans de sacerdoce), auquel l’abbéSaffré voulut participer, bien qu’étant déjàmalade. Première supérieure des “Sœurs deMarie, Mère Compatissante Immaculée” duClos Nazareth, à Crézan, Mère Marie del’Incarnation est morte à l’âge de 90 ans(dans la 53ème année de sa ProfessionReligieuse) le 13 mai 2001 après une longuemaladie, après avoir reçu tous les sacrementsdes prêtres de l’Institut qui célébraient àl’époque la Messe pour lesdites religieuses.Les funérailles ont été célébrées par l’abbéTibur, le 17 mai. Mère Marie de l’Incar-nation, dans le siècle Marie Bondis, futSupérieure Générale des Religieuses del’Immaculée Conception de Saint Fraimbaultde Lassay. Au moment des réformes conci-liaires, Mère Marie de l’Incarnation quitta sacongrégation suivie de plusieurs Sœurs, quidésormais vivent et prient à Crézan.

Le 27 octobre 2000 est décédé RobertDelconte notre cher ami d’origine piémon-taise qui habitait à La Charité-sur-Loire. Ilavait dans le passé coopéré à la restaurationdu château de Raveau du temps du PèreGuérard; au cours de sa longue maladie ilaimait s’entretenir avec nos prêtres et ilavait reçu d’eux tous les sacrements. OdetteCavallero, voisine et fidèle de l’abbé Petit,est décédée le 24 décembre.

Le 31 juillet 2001, est décédé à Turin, as-sisté par l’abbé Nitoglia et muni de tous lessacrements, Sergio Quaglino qui fréquentaitnotre Oratoire. Le 8 août 2001, est décédéeMarie Docq: nous nous en souvenons avecaffection, puisque c’est toujours avec affec-tion qu’elle suivit l’Institut dans son aposto-lat, nous visitant souvent même à Verrua desa lointaine Lorraine. Très connue parmi lescatholiques fidèles à la tradition dans la ré-gion de Nancy, elle fut proche du PèreGuérard des Lauriers, et avait assisté pen-dant de longues années l’abbé Petit dans sonapostolat à Commercy. Après sa mort, c’estl’abbé Stuyver, de l’Institut, qui a célébré detemps en temps la messe à Commercy. Uneattaque cérébrale l’a surprise dans la solitu-de, peu après la visite de l’abbé Jean-Bernard Henault, qui lui a donné ainsi lapossibilité d’assister une dernière fois à laMesse, qu’elle avait défendue sa vie durant.Au cours de son hospitalisation, l’abbéMedina a pu lui administrer l’extrême-onc-tion. Ses funérailles ont été célébrées parl’abbé Stuyver le 11 août.

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Le 14 août est mort subitement FrancisLizon, fidèle de la Maison Saint-Joseph.Dans le passé il avait été membre desA.R.P.; il prit donc position pour la défensede la Messe de St Pie V. Une Messe deRequiem a été célébrée par l’abbé Giugni le26 août à Serre-Nerpol.

Au moment de boucler le journal, estsurvenu subitement le 28 novembre 2001 ledécès de Rosita Richiardi. Née en Vénétieen 1916, d’une estimée famille piémontaise,sa vie eut un premier tournant quand – en1943 – elle adhéra à la République SocialeItalienne comme Auxiliaire. La guerre luienleva un frère et son fiancé, assassiné parles partisans. Le conflit terminé elle dutsubir l’emprisonnement. D’un caractère in-domptable et courageux, elle travaillacomme assistante sociale. Avec Vatican II,arriva le second et le plus important tour-nant de sa vie. Avec son sens aigu de l’hon-neur, et son intransigeance elle n’acceptapas les erreurs modernistes et, par réactionet avec la grâce de Dieu, elle fut parmi lespremiers et les plus fervents à défendre la

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Foi et la Messe. Sa vie spirituelle eut – à par-tir de ce moment jusqu’à sa mort – une rapi-de montée: première à arriver à l’églisechaque dimanche, dernière à en partir, tou-jours disponible pour aider, comme toujoursimmergée dans le silence de la prière. Unevraie chrétienne et une vraie catholique quin’hésita pas à embrasser intégralement l’en-seignement de l’Eglise y compris dans lesquestions sociales ou politiques. C’est à elleque nous devons d’avoir pendant de nom-breuses années pu célébrer la Sainte Messe àTurin via Verdi au palais Badini Con-falonieri, et elle nous soutint toujours avecfermeté, particulièrement quand en 1985nous nous séparâmes de la Fraternité. Lavieillesse la contraignit dans un premiertemps à quitter sa maison de Volpiano pourun appartement à Turin et ensuite, depuisdeux ans à aller s’établir dans une maison derepos à Marcorengo, choisie exprès car trèsprès de Verrua Savoia. Si elle ne pouvaitplus assister à la Messe, elle recevait cepen-dant chaque semaine la Sainte Communiondes mains de l’abbé Nitoglia ou de l’abbé

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Giuseppe Pace, s.d.b., à qui l’on doit, à la de-mande des séminaristes d’alors PasqualeCasiraghi et Francesco Ricossa, de nousavoir indiqué la maison salésienne deMontalenghe, qui devint ainsi le secondprieuré de la Fraternité en Italie. Ordonné àRome en 1940 par le Cardinal Traglia, il ac-complit un précieux ministère auprès des dé-tenus politiques à la fin de la guerre, et fut àl’origine de nombreux retours au catholicis-me dans les milieux de la droite italienne.Après le Concile, il fut en première ligneparmi les prêtres italiens qui défendirent lerite de la Messe, tant en la célébrant quoti-diennement avec une grande ferveur à MarieAuxiliatrice, dans les camerette de donBosco, et ensuite dans la crypte, à l’autel de

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Cazalas. La veille du jour où elle commu-niait habituellement, elle nous a quittés; etnous voulons espérer que déjà – au lieu deL’adorer sous les voiles sacramentels – elleait pu voir le Seigneur face à face. Nous larecommandons cependant à vos prières. Sesfunérailles, célébrées par l’abbé Ricossa onteu lieu à Verrua le 1er décembre; elle reposedésormais au cimetière de Volpiano.

Nous rappelons aussi le souvenir de cer-taines personnes qui, bien que ne faisant paspartie de notre ‘famille’, ont eu affaire avecnous à des titres divers.

Le jour de la Commémoraison des fidèlesdéfunts de l’année 2000, est décédé à Turin,à l’âge de 88 ans, à l’infirmerie des Salésiensde Marie Auxiliatrice, le Professeur Don

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Saint Pierre, que par la plume. Il a collaboré,entre autres, à Vigilia romana, La Quercia,Notizie, Chiesa viva…, signant de son proprenom ou utilisant de nombreux pseudonymes.Il collabora aussi à Sodalitium, sous le pseu-donyme de don Giacomo Rocchini. Dans ladissidence entre le supérieur général de laFraternité, l’abbé Schmidberger, et le districtitalien, il soutint d’abord ce dernier, mais nenous suivit pas, quand, en décembre 1985,nous quittâmes définitivement la Fraternité.Depuis, il refusa même de nous rencontrer.Ceci et d’autres divergences ne nous font pasoublier ce que don Pace a fait pour nous etpour le Seigneur; c’est pourquoi nous avonsprié et nous demandons des prières pour lerepos de son âme. Nous rappelons enfin plu-sieurs vieux amis et lecteurs: GianninaBoscaro, M. Falamischia, Cesare Concinaainsi que le Professeur Chiara Asselle.

Nous rappelons également d’autres per-sonnes proches du monde “traditionaliste”qui ont disparu ces temps-ci: les cardinauxOddi et Palazzini, Mgr Pintonello, l’abbéLuigi Cozzi. Disparu en octobre 2000, le car-dinal Pietro Palazzini, soutint activement cesdernières années l’Institut Christ Roi etSouverain Prêtre de Gricigliano, et en touttemps l’Opus Dei, qui n’est certes pas sourcede mérites! Mais c’est aussi grâce à lui que laSainte Messe fut célébrée à Rome malgrél’introduction du nouveau missel. En cesmoments difficiles il se dépensa pour queMgr Pozzi d’abord et le Père Coccia ensuite

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puissent officier la Ste Liturgie dans l’églisede san Girolamo della Carità. Notre Institutne manqua pas d’avoir des contacts person-nels ou épistolaires avec ces prélats, maisnous regrettons qu’ils aient failli à la confes-sion publique de la foi.

Le Professeur Luigi Gedda, décédé àRome le 27 septembre 2000 fut un ami del’Institut, et particulièrement de l’abbéNitoglia, au cours de ces dernières années.Illustre comme savant, il fut plus illustre en-core comme chrétien et catholique. Consi-déré par tous comme l’artisan de la victoireélectorale catholique de 1948, il fut le res-ponsable de l’Azione cattolica italiana et desComitati civici. Il servit l’Eglise sous lesPapes Pie XI et Pie XII, fut mis de côté parJean XXIII et Paul VI. Politiquement, le laï-cisme de De Gasperi empêcha la renaissan-ce catholique de l’Italie dans l’après-guerre,souhaitée par Pie XII et préparée parGedda, qui fut toujours étranger à laDémocratie Chrétienne.

Enfin, puisque notre revue se place dansle sillage des nombreuses publications – dontLa Civiltà Cattolica du passé n’est pas lamoindre – qui ont dénoncé les pièges de laMaçonnerie, de l’Esotérisme et du Judaïsme,nous ne pouvons passer sous silence la mortd’un important personnage de cette école(qui connaissait et appréciait Sodalitium etses collaborateurs), Henry Coston.

Né en 1910, il est décédé le 27 juillet2001; il avait commencé sa carrière journalis-tique en 1928, et l’a poursuivie jusqu’à samort. Fils “spirituel” de Drumont, Costonn’appartenait pas à l’école anti-maçonniquecatholique, mais plutôt à l’école nationaliste:ses ouvrages sont pourtant aujourd’hui enco-re une mine d’informations auxquelles toutbon militant catholique pour la Royauté so-ciale de Jésus-Christ devra se référer. Costona été commémoré sur Lectures Françaises (n°533, septembre 2001) la revue qu’il avait fon-dée en 1957 (mais qu’il ne dirigeait plus) et…sur Actualité Juive (n° 714, 2 août 2001, p. 21:Le plus vieil antisémite de France disparaît):si nombre d’amis l’ont oublié, les ennemis detoujours ont su, paradoxalement, reconnaîtremieux que d’autres, son rôle.

Henry Coston

Vous pouvez trouver ce numéro ainsi que lesanciens numéros de Sodalitium en formatélectronique (PDF) sur notre site internet àl’adresse: www.plion.it/sodali/archive.html

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