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XXIX e ANNÉE N.7/8 - 2011 - 5 «Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur» BENOÎT XVI, ANGÉLUS, DIMANCHE 7 AOÛT GEORGES COTTIER. Les Pères du premier millénaire, le Concile Vatican II et la lumière réfléchie de l’Église www.30giorni.it MENSILE SPED. IN ABB. POST. Tar. Economy Taxe Percue Tassa Riscossa Roma. ED. TRENTA GIORNI SOC. COOP. A R. L. ISSN 1827-6288 nella Chiesa e nel mondo nella Chiesa e nel mondo Directeur: Giulio Andreotti dans l’Église et dans le monde Directeur: Giulio Andreotti dans l’Église et dans le monde In caso di mancato recapito rinviare a Uff. Poste Roma Romanina per la restituzione al mittente previo addebito. If undelivered please return to sender, postage prepaid, via Romanina post office, Roma, Italy. En cas de non distribution, renvoyer pour restitution à lʼexpéditeur, en port dû, à: Ufficio Poste Roma Romanina, Italie In caso di mancato recapito rinviare a Uff. Poste Roma Romanina per la restituzione al mittente previo addebito. If undelivered please return to sender, postage prepaid, via Romanina post office, Roma, Italy. En cas de non distribution, renvoyer pour restitution à lʼexpéditeur, en port dû, à: Ufficio Poste Roma Romanina, Italie www.30giorni.it MENSILE SPED. IN ABB. POST. Tar. Economy Taxe Percue Tassa Riscossa Roma. ED. TRENTA GIORNI SOC. COOP. A R. L. ISSN 1827-6288

In caso di mancato recapito rinviare a Uff. Poste Roma ... 7-8 FRANCESE... · jourd’hui il y a moins de mo-tivation de caractère théo-rique et culturel et plus de motivation maté-rielle

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XXIX

eAN

NÉE

N.7

/8 -

2011 -

€5

«Confiance, c’est moi,n’ayez pas peur»

BENOÎT XVI, ANGÉLUS, DIMANCHE 7 AOÛT

GEORGES COTTIER.Les Pères du premier millénaire, le Concile Vatican II et la lumière réfléchie de l’Église

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Directeur: Giulio Andreottidans l’Église et dans le monde Directeur: Giulio Andreottidans l’Église et dans le monde

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En couverture: Jésus sauve Pierre des eaux,mosaïque de la cathédrale de Monreale,Palerme

ÉDITORIAL

La DC et la fascination qu’exerce le mot chrétien

— par Giulio Andreotti 4

COUVERTURE

ANGÉLUS

«Par tes seules mains tu ne peux te relever.

Serre la main de Celui qui descend jusqu’à toi»

Benoît XVI, Palais apostolique de Castel Gandolfo,

dimanche, 7 août 2011 42

DANS CE NUMÉRO

ECCLESIAM SUAM

Cette perception de l’Église comme “lumière

réfléchie” qui unit les Pères du premier millénaire

et le Concile Vatican II

— par le cardinal Georges Cottier, op

36

ÉGLISE

Saint Charles Borromée. La maison bâtie sur le roc

— par le cardinal Dionigi Tettamanzi 52

AUGUSTO DEL NOCE

La modernité n’est pas l’“ennemi”

interview de Massimo Borghesi — par G. Valente 60

ART

L’émotion de Rembrandt devant

le visage de Jésus

— par G. Frangi 64

RUBRIQUES

LETTRES DES MONASTÈRES 6

LECTURE SPIRITUELLE 10

LETTRES DES MISSIONS 30

COURRIER DU DIRECTEUR 35

30JOURS dans le monde 42

330JOURS N.7/8 - 2011

Saint Charles BorroméeLe regard tourné vers saint Charles.L’intervention de l’archevêque éméritede Milan au Meeting de Rimini

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES:

Enzo LoVerso: Couverture, p.43,44-45; Giorgio Deganello Editore: p.6-7,8,10-11,18,19,20-21,22,23,24,25,26,27,28,29,32,33; Foto Scala, Florence: p.9; Archives Alinari, Florence: p.14,17; Getty Images/De Agostini/G.Dagli Orti: p.36; Romano Siciliani: p.46,49; Associated Press/LaPresse: p.49,50,51; LaPresse: p.51; Service de presse Meeting Rimini: p.52.

N. 7 /8 - 2011an

née X

XIX Sommaire

Direction et Rédaction

Via Vincenzo Manzini, 45 00173 Roma - ItaliaTel. +39 06 72.64.041 Fax +39 06 72.63.33.95Internet:www.30giorni.it E-mail: [email protected]

Directeurs adjoints

Roberto Rotondo - [email protected] Cubeddu - [email protected]

Rédaction

Gianni Cardinale - [email protected] Francioni - [email protected] Malacaria - d. [email protected] Mattei - [email protected] Quattrucci - [email protected] Valente - [email protected]

Réalisation graphique

Marco Pigliapoco - [email protected] Scicolone - [email protected] Viola - [email protected]

Recherche iconographique

Paolo Galosi - [email protected]

Collaborateurs

Pierluca Azzaro,Pina Baglioni, M. A. Beaugrand, F.M. Babinet, Maurizio Benzi, Lorenzo Bianchi, Massimo Borghesi, Lucio Brunelli, Rodolfo Caporale, Stefania Falasca, Lorenzo Cappelletti, Gianni Cardinale, Giuseppe Frangi, Silvia Kritzenberger, Walter Montini, Jane Nogara, Stefano M. Paci, Felix Palacios, Tommaso Ricci, Giovanni Ricciardi

Ont collaboré à ce numéro

le cardinal Georges Cottier,le cardinal Dionigi Tettamanzi

Bureau légal

Davide Ramazzotti - [email protected]

Secrétariat de rédaction

[email protected]

30GIORNI

nella Chiesa e nel mondo

est une publication mensuelle enregistrée au Tribunal de Rome en date du 11/11/1993 n° 501. Elle bénéficie dʼun financement publicdirect (Loi du 7 août 1990, n. 250).

Société éditrice

Trenta Giorni soc. coop. a r. l. Sede legale: Via Vincenzo Manzini, 45 00173 Roma - Italie

Conseil dʼAdministration

Giampaolo Frezza (president),Massimo Quattrucci (vicepresident), Giovanni Cubeddu, Paolo Mattei, Roberto Rotondo, Michele Sancioni, Gianni Valente

Directeur responsable

Roberto Rotondo

Impression

Arti Grafiche La Moderna Via di Tor Cervara, 171 - 00155 - Roma

Service Abonnements et diffusion

Via Vincenzo Manzini, 45 00173 Rome - ItalieTél. +39 06 72.64.041 Fax +39 06 72.63.33.95E-mail: [email protected]

Ce numéro a été bouclé

le 4 septembre 2011

Achevé dʼimprimer en octobre 2011

3OGIORNInella Chiesa e nel mondo

Directeur Giulio Andreotti

pag. 52

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4 30JOURS N.7/8 - 2011

La Démocratie chrétienne a représentépour moi – mais je crois aussi pour

beaucoup d’autres qui ont milité en son sein – l’invitationconstante à considérer comme non occasionnel ce quiarrive jour après jour comme une série de faits sans lienentre eux; mais au contraire à considérer tous les faitscomme liés, comme à travers une toile d’araignée quipermet de saisir le sens profond des choses qui arriventet qui passent.

Dans ce livre, une relecture synthétique de quelquesmoments saillants de l’histoire de la Démocratie chrétien-ne faite par Giovanni Di Capua et Paolo Messa, j’ai aussitrouvé mentionnée ma première rencontre avec De Gas-peri. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de la raconter: jen’avais jamais vu De Gasperi et je ne savais pas qui il était.Je ne venais pas d’une famille qui s’occupait de politique.De Gasperi, lui, m’avait remarqué dans la mesure oùj’étais président de la Fédération des catholiques universi-taires. Un jour, j’étais à la Bibliothèque vaticane en trainde fouiller dans les cartes de la Marine pontificale dontj’avais besoin pour la rédaction d’une thèse, quand un in-connu m’apostropha en me demandant si je n’avais riende mieux à faire, puis s’en alla avec une certaine froideur.

Je ne savais pas que cet hom-me était De Gasperi, que j’al-lais connaître quelques joursplus tard, quand GiuseppeSpataro me dit: «Viens, DeGasperi veut te rencontrer».Je serais fou de prétendre

que j’imaginais déjà alors ce qui allait sortir de cette ren-contre mais tout était nouveau autour de nous, les jeunes,et exerçait sur nous une fascination qu’il est difficile d’ex-pliquer mais qui était bien présente à notre esprit.

Les premières années de l’après-guerre furent exal-tantes et il est réducteur de dire que le seul but et pointd’union de la DC était d’endiguer le péril communiste.Bien que ce souci de se défendre du communisme fût im-portant, ce qui poussait vers la DC était de caractère po-sitif: c’était la fascination que le mot chrétien réussissait àsusciter dans tout ce qui pouvait être l’évolution, jour parjour, de la vie de chacun de nous.

Une leçon qui ressort de l’histoire de la DC, et qui peutvaloir aussi pour aujourd’hui, est que, sans un point de ré-férence qui aille au-delà de l’occasionnel, du contingent,il est presque impossible de créer un nouveau sujet poli-tique. L’organisation ne peut être le point de départ duchemin qui mène à la création d’un nouveau mouvementpolitique. C’est si vrai que les pères fondateurs de la Dé-mocratie chrétienne partirent des idées, du code de Ca-

par Giulio Andreotti

La Démocratie chrétienne et la fascination qu’exerce le mot chrétien

Éditorial

Bien que ce souci de sedéfendre du communisme fûtimportant, ce qui poussait versla DC était de caractère positif:c’était la fascination que le mot chrétien réussissaità susciter dans tout ce quipouvait être l’évolution, jour par jour, de la vie de chacun de nous

L’éditorial de ce numéro

est la préface de notre directeur

au livre de Giovanni Di Capua

et Paolo Messa, DC. Il partito

che fece l’Italia, Marsilio,

Venise 2011, 292 p., 14,00 euros

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maldoli. Si manque la basemorale, je dirais aussi spirituel-le, il est difficile d’être capabled’attirer les gens et en parti-culier les jeunes.

Des crises, dans les an-nées de la DC, nous en avonsconnu beaucoup, mais au-jourd’hui il y a moins de mo-tivation de caractère théo-rique et culturel et plus de motivation maté-rielle. Savoir regarder en haut était une habitude que peut-être nous avons perdue le long de la route.

Dans le livre de Di Capua et Messa apparaît aussi leproblème des courants à l’intérieur de la DC. Ceux-cipouvaient constituer eux aussi une stimulation spirituelleet culturelle (on leur doit certaines réformes importantescomme la réforme agraire et la loi pour le Mezzogiorno)mais ils pouvaient aussi, en dressant les uns contre lesautres, être une cause douloureuse de divisions drama-tiques. De Gasperi n’en voulait pas parce qu’au lieu desusciter une compétition positive, ils pouvaient susciterune concurrence délétère, dans un esprit “commercial”qui est la dernière chose qui serve dans ce domaine.

J’ai beau avoir longtemps milité, je ne me suis jamaissenti un étranger dans la DC; j’étais attiré non seulementrationnellement mais aussi sentimentalement et je n’aijamais pensé que ma voie pouvait être une autre que cel-le-là. Il y avait toujours quelque chose qui poussait à allerde l’avant sans que l’on fût fragilisé par un regard excessi-vement tourné vers l’arrière. Maintenant encore je croisque la ligne qu’il faut faire prévaloir est celle de regardertoujours vers l’avant ou mieux de regarder haut. Cetteidée de “regarder haut” me permet de dire quelquesmots sur un aspect qui est traité dans le livre: la clef pourcomprendre le rapport qui existe entre la DC et l’Égliseest dans les personnes. Il faut tenir compte de la grandeurde certains ecclésiastiques avec lesquels nous avons mûriet fait un bout de chemin; de l’habitude qu’ils avaient,Montini en était un exemple, de ne pas regarder les pro-blèmes seulement sous leur aspect matériel, contingent.Ils savaient regarder au-dessus de notre tête et ils avaient,pour cela précisément, un pas d’avance, ils savaient re-garder haut.

Je conclus: il est tout à fait opportun de parcourir l’his-toire de la DC pour méditer et ne pas courir le risque dedonner aujourd’hui pour essentiel ce qui est absolumentmarginal et vice-versa. Le temps qui passe apporte tou-jours des nouveautés mais attention à ne pas se croire audébut de la création! Il y a des moments où méditer sert àne pas oublier ce qui nous a conduit jusqu’ici. q

À gauche, Andreotti avec

Mgr Giovanni Battista Montini

dans l’église

Sainte-Marie-des-Anges,

à Rome, le 5 octobre 1947

Il faut tenir compte de la grandeur de certainsecclésiastiques avec lesquelsnous avons mûri et fait un boutde chemin; de l’habitude qu’ilsavaient, Montini en était un exemple, de ne pas regarderles problèmes seulement sous leur aspect matériel,contingent. Ils savaientregarder au-dessus de notretête et ils avaient, pour celaprécisément, un pas d’avance,ils savaient regarder haut

530JOURS N.7/8 - 2011

Dessous, Alcide De Gasperi

avec Giulio Andreotti

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BÉNÉDICTINES DE LʼADORATION PERPÉTUELLEDU SAINT SACREMENTPiedimonte Matese, Caserte, Italie

Nous trouvons la revue30Giorni hautement formatrice

Piedimonte Matese, 5 juillet 2011

Monsieur le Sénateur,Nous vous écrivons encore une foispour vous adresser nos remerciementsles plus fervents pour l’envoi de la re-vue 30Giorni que nous trouvons hau-tement formatrice du point de vue cul-turel et spirituel.

Nous apprécions particulièrement les articles concer-nant la patristique, le magistère et la parole du Saint-Père.

Nous vous remercions de votre munificence et de votregénérosité à l’égard de nombreux monastères du mondeentier, auxquels vous permettez de se mettre à jour de façoncontinue et non limitée aux événements d’actualité, en leurgarantissant, comme nous le disions, cette “formation per-manente” qui devrait caractériser notre vie de consacrés.

Que le Seigneur rende fécondes l’œuvre d’apostolatque vous accomplissez à travers la revue et votre volontéde servir la vérité, service si difficile dans ces temps deconfusion et de triomphe du mensonge.

Nous joignons à notre remerciement la promesse denotre prière communautaire pour vos intentions et cellesde vos collaborateurs.

Avec toute notre estime,La prieure Mère Saveria Marra

et la communauté

BÉNÉDICTINES DU MONASTÈRE SAN GIOVANNI BATTISTARome, Italie

Merci pour le CD avec les chants grégoriens

Rome, 5 juillet 2011

Monsieur le Sénateur,Il semble que recevoir son courriersoit devenu un luxe en Italie!

Dans la communauté, nous ac-cueillons avec gratitude votre revueformatrice et informatrice.

Les consœurs, surtout les plusjeunes, l’attendent et, si elle tarde à

arriver en raison du mauvais fonctionnement de laposte, elles demandent: «30Giorni? La revue n’estpas arrivée?». Et puis voilà que celle-ci sort d’une pilede journaux et de revues accumulés depuis toute unesemaine!

Le numéro 4/5 était accompagné d’un CD avec leschants grégoriens. Merci!

Le grégorien défie vraiment le temps. Il est considé-ré comme la prière de l’Église par excellence, commele livre des Psaumes. Quand nous chantons, ces mélo-

6 30JOURS N.7/8 - 2011

La rédaction de 30Giorni invite tout le monde et enparticulier les personnes consacrées des monas-tères de clôture, à prier pour don Giacomo Tantar-dini. Il se soigne depuis quelques mois pour une tu-meur au poumon. Que le Seigneur donne de de-mander avec confiance le miracle de la guérison.Aux prêtres qui estiment et aiment 30Giorni nousdemandons de célébrer la messe selon cette in-tention. Aux parents nous demandons la charité defaire prier leurs enfants.

Invitation à la prière

Annonciation: cette image et toutes celles qui illustrent les pagesdes Lettres et de la Lecture spirituelle sont tirées du cycle de fresques du XIVe siècle du baptistère de Padoue

Lettres des monastères Lettres des monastères

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dies sacrées font penser au parfum de l’encens quimonte jusqu’à Dieu: «Dirigatur, Domine, oratio mea,sicut incensum in conspectu tuo».

Dans la prière liturgique nous cherchons à le main-tenir “en vogue”, bien que nous soyons devenues unpetit troupeau, mais un troupeau priant et fidèle par lagrâce de Dieu.

Nous vous exprimons de nouveau notre reconnais-sance. Que Dieu vous récompense pour ce que vousréussissez à réaliser pour la gloire et l’honneur de tou-te l’Église.

En communion de prière et de foi,Mère Ildefonsa Paluzzi, osb, et consœurs

BÉNÉDICTINES DE LʼABBAYE NOTRE DAME DE FIDÉLITÉJouques, France

Les chants de la Traditionpour nos amis au Bénin

Jouques, 18 juillet 2011

Monsieur,Nous sommes cinquante sept religieuses françaises etnous recevons avec un grand intérêt votre revue sipassionnante. 30Giorni nous met au cœur de l’Égliseet nous donne les nouvelles que nous n’avons pasd’habitude la possibilité de recevoir. Grâce à vous,nous avons découvert, dans le dernier numéro, la

riche personnalité du nouveau préfet de la Congréga-tion pour les Religieux.

Nous avons aussi reçu en cadeau le livret et le CDLes chants de la Tradition et nous vous remercionsdu fond du cœur.

Pour nous qui avons encore dans notre abbaye lechant grégorien, cela a été un grand plaisir.

Nous avons tout de suite pensé à notre fondationen Afrique, au Bénin, où il y a beaucoup de prêtresamis de notre communauté qui cherchent à chanterles chants grégoriens. Pourriez-vous, dans votre bon-té, nous faire cadeau d’une vingtaine de ces CD quenous pourrions ensuite leur donner?

Je suis sûre de votre réponse généreuse et notreMère abbesse me charge de vous assurer de notre in-tense prière pour toutes vos intentions et, en particu-lier, pour le succès de la haute mission en faveur de l’É-glise à travers votre journal.

Sœur Monique, osb

AUGUSTINS DU PRIEURÉ SAINT THOMAS DE VILLANOVAPietà, Malte

Merci pour Who prays is saved et pour le CD de chants grégoriens

Pietà, 21 juillet 2011

Monsieur le Sénateur,Je voudrais vous remercier pour la revue 30Giorni quinous est envoyée à nous, Pères augustins du Saint

730JOURS N.7/8 - 2011

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Lettres des monastères Lettres des monastères

Nativité

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Thomas of Villanova Priory. Merci aussi pour le livreWho prays is saved et pour votre dernier don de chantsgrégoriens. C’est une excellente idée de proposer ànouveau le chant grégorien, vu qu’en bien des lieux il acomplètement disparu. Nous avons encore en usage àMalte la Missa de Angelis et d’autres chants marials –en particulier durant notre retraite annuelle et le mercre-di, quand, après les complies, nous chantons les chantsmarials pour le temps de l’année –, en plus du Veni crea-tor et de beaucoup d’autres chants que vous avez eu lagentillesse d’enregistrer sur votre CD.

Je voudrais vous demander si vous entendez pu-blier le livre Chi prega si salva en maltais. Nous nousdébrouillons avec les autres langues, mais, si vous vou-lez, je suis disposé à le traduire sans rétribution. J’aitraduit le livre Augustine day by day [Augustin jourpar jour] du père John Rotelle, osa, aujourd’hui décé-dé, et il est possible de le lire on line sur le site des au-gustins maltais.

Dans l’attente de votre réponse, je vous remerciepour votre précieux travail. Que Dieu vous bénisse.

Je voudrais aussi vous demander d’envoyer, si c’estpossible, un exemplaire de 30Giorni à la Società delladottrina cristiana fondée par saint Giorgio Preca.C’est une association catholique qui prépare les en-fants à la première communion et à la confirmation.Je crois que cela les aiderait beaucoup.

Merci. Vôtre dans le Christ,Père Paul Aquilina, osa, prieur

SŒURS CONCEPTIONNISTES DU MONASTÈRE IMACULADACONÇEICÃO DE MARIAPiracicaba, São Paulo, Brésil

Nous remercions aussi duCD avec les chantsliturgiques

Piracicaba, 22 juillet 2011,

Cher Monsieur,Nous sommes des sœurs concep-tionnistes de l’ordre de l’ImmaculéeConception. Nous vous remercionsprofondément de la gentillesse aveclaquelle vous nous envoyez cette pré-cieuse revue et aussi du CD avec leschants liturgiques!

Que Dieu bénisse votre travail pour la sainte Église,travail qui consiste aussi à écrire de merveilleux articlessur la sainte Église et sur le monde!

Le monde d’aujourd’hui a besoin de bonnes lec-tures pour connaître l’amour de Dieu et tout le travailde la sainte Église. Nous prions beaucoup pour vos in-tentions et nous vous remercions infiniment pourvotre générosité et votre gentillesse. Que Dieu vous ré-compense par d’abondantes grâces et bénédictionspour votre travail et votre famille.

Avec amitié et gratitude, pour la communautéMère Maria Celina, oic

DOMINICAINES DU MONASTÈRE QUEEN OF ANGELSBocaue, Philippines

Who prays is saved à partager avec nos amis

Bocaue, 22 juillet 2011

Monsieur le Directeur,Nous sommes les sœurs domini-caines du Queen of Angels Mo-nastery [monastère Reine des

8 30JOURS N.7/8 - 2011

Adoration des Mages

Lettres des monastères Lettres des monastères

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930JOURS N.7/8 - 2011

Anges] aux Philippines et nous sommes très reconnais-santes pour la sage générosité avec laquelle vous nousenvoyez la revue 30Days. Chaque fois que nous la rece-vons, ses articles sont lus au réfectoire. Merci infiniment.

Nous aimerions aussi recevoir quelques exemplairesde votre livret Who prays is saved pour les donner àchacune de nos sœurs et les partager aussi avec d’autrespersonnes. Ce serait certainement une façon très ins-tructive de faire connaître aux gens la vraie significationde la prière et son importance dans nos vies.

Ce serait une bénédiction s’il vous était possible d’endonner au moins cinquante exemplaires à notre monas-tère Queen of Angels pour nous permettre ensuite deles partager avec nos amis, bienfaiteurs et fidèles qui,tous les jours, viennent à la chapelle de l’adoration.Nous pourrions ainsi leur offrir un guide pour les aider àcomprendre combien les prières sont importantes nonseulement pour leur propre vie mais aussi pour cellesdes autres et que, de cette façon, ils sauveront leursâmes de l’enfer.

Que l’amour pour la prière se répande toujours plus.Amen!

Encore une fois merci pour l’abonnement à la revue30Days et merci d’avance pour les exemplaires deWho prays is saved.

Nous nous souvenons de vous et de votre missiondans nos prières,

Les dominicaines de Bocaue

CLARISSES DU MONASTÈRE IMMACULATE CONCEPTIONPalos Park, Illinois, États-Unis

Merci pour 30Days et pour tous les donsque vous nous faites

Palos Park, 24 juillet 2011

Monsieur le Directeur,Le moment semble arrivé devous remercier encore unefois pour le don de votre re-vue 30Days; une revue richeen articles remarquables eten images, que vous nousenvoyez tous les mois. L’ar-ticle consacré au bienheu-reux pape Jean Paul II dansle dernier numéro nous abeaucoup plu ainsi que ce-lui sur le pape Paul VI qui aprononcé le Credo du peuple deDieu. Nous prions pour que sa cause, comme aussi cellede Pie XII, avance dans un avenir proche. Et nous n’ou-blions pas le cher pape Jean Paul Ier et les articles riches deréflexions que vous avez publiés sur lui.

Nous vous remercions aussi pour les dons qui sont arri-vés avec la revue, comme la méditation sur Pâques que

nous avons reçue récemment. Nous l’avons lue en-semble, en communauté, durant notre semaine deretraite, et nous l’avons trouvée riche de thèmes deréflexions. Et maintenant, avec ce numéro, la trèsbelle réédition du livret Iubilate Deo et, joint à lui,les chants du CD. Ces chants nous sont très chers etnous continuons à chanter beaucoup de chants gré-goriens, les hymnes, l’ordinaire de la messe et leschants propres à certaines messes.

Les nombreuses et très belles reproductionsd’œuvres d’art nous plaisent aussi et, en particulier,celles des monastères et, par exemple, celles dessplendides édicules marials présentés dans le numé-ro de ce mois. Nous rappellerons vos intentions ànotre mère sainte Claire dans la neuvaine solennellede cette année du huitième centenaire de la fonda-tion de notre ordre.

Avec gratitude, en notre mère sainte Claire,L’abbesse Mère Maria Teresita, pcc,

et la communautéPrésentation au temple suite à la p. 26

Lettres des monastères Lettres des monastères

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Lecture spirituelle/43

Decretum de peccato originali, can. 4

Si quis parvulos recentes ab uteris matrumbaptizandos negat, etiam si fuerint a baptizatisparentibus orti, aut dicit, in remissionem qui-dem peccatorum eos baptizari, sed nihil exAdam trahere originalis peccati, quod regene -rationis lavacro necesse sit expiari ad vitamaeternam consequendam, unde fit conse-quens, ut in eis forma baptismatis “in remis-sionem peccatorum” non vera, sed falsa intel-legatur: anathema sit. Quoniam non aliter in-tellegendum est id, quod dicit Apostolus: «Perunum hominem peccatum intravit inmundum, et per peccatum mors, et ita inomnes homines mors pertransiit, in quoomnes peccaverunt» (Rm 5, 12), nisi quemad-modum Ecclesia catholica ubique diffusa sem-per intellexit. Propter hanc enim regulam fidei,ex traditione Apostolorum, etiam parvuli, quinihil peccatorum in semetipsis adhuc commit-tere potuerunt, ideo in remissionem peccato-rum veraciter baptizantur, ut in eis regenera-tione mundetur, quod generatione con-traxerunt. «Nisi enim quis renatus fuerit exaqua et Spiritu Sancto, non potest introire inregnum Dei» (Gv 3, 5) (Denzinger 1514).

«Confiteor unum baptisma

in remissionem peccatorum»

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Décret sur le péché originel, canon 4

Si quelqu’un nie que les tout-petits, qui vien-nent de naître de leur mère, doivent être bapti-sés, même s’ils viennent de parents baptisés, oubien dit qu’ils sont certes baptisés pour la rémis-sion des péchés, mais qu’ils ne portent rien dupéché originel venant d’Adam qu’il est nécessai-re d’expier par le bain de régénération pour ob-tenir la vie éternelle, d’où il suit que pour eux laforme du baptême pour “la rémission des pé-chés” n’a pas un sens vrai, mais faux: qu’il soitanathème. Car on ne peut pas comprendre au-trement ce que dit l’Apôtre: «Par un seul hom-me le péché est entré dans le monde, et par lepéché la mort, et ainsi la mort a passé en tous leshommes, du fait que tous ont péché» (Rm5,12), si ce n’est comme l’a toujours comprisl’Église catholique répandue en tous lieux. C’esten effet à cause de cette règle de foi venant de latradition des apôtres que même les tout-petits,qui n’ont pas encore pu commettre aucun pé-ché par eux-mêmes, sont pourtant vraimentbaptisés pour la rémission des péchés, afin quesoit purifié en eux par la régénération ce qu’ilsont contracté par la génération. En effet «nul,s’il ne renaît de l’eau et de l’Esprit Saint, ne peutentrer dans le Royaume de Dieu» (Jn 3,5).

«Je professe un seul baptême

pour la rémission des péchés»

Vue de l’intérieur du baptistère de Padoue avec les fonts baptismaux

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E n commentaire du canon 4 du Decretum de peccato originali du Concilede Trente (Denzinger 1514), dans lequel, suivant fidèlement le Credo de

Nicée-Constantinople (Je professe un seul baptême pour la rémission des péchés),on déclare que le baptême des enfants, lesquels n’ont pu commettre aucunpéché personnel, est lui aussi pour la rémission des péchés, nous repu-blions, à l’appui de la foi et comme prière, les passages du Credo du peuple deDieu de Paul VI dans lesquels est proposée cette doctrine de la foi.

Nous avons toujours été surpris de voir comment saint Augustin,quand il évoque le moment où le diable est délié (cf. Ap 20, 3. 7) – c’est-à-di-re quand on lui retire ses chaînes, quand il se déchaîne – indique comme signede la fidélité du Seigneur à son Église, et donc comme signe d’espérance, lefait que les parents chrétiens fassent baptiser leurs enfants (cf. De civitateDei XX, 8, 3).

C’est pourquoi, toujours en commentaire du canon 4 du Decretum depeccato originali du Concile de Trente, nous proposons la lecture de notes ti-rées d’une leçon de don Giacomo Tantardini sur ce passage du De civitate

Dei d’Augustin. Les notes de laleçon tenue à la Libera Univer-sità San Pio V de Rome, le 5mai 1999, on été diffusées par-mi les étudiants dans un poly-copié intitulé Invito alla letturadi sant’Agostino. Appunti dalle le-zioni di don Giacomo Tantardinialla Libera Università San Pio Vdi Roma su “La città di Dio e gliordinamenti degli Stati”, Annéeacadémique 1998-1999(promanuscripto), Associazione SanGabriele, Rome.

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Le péché originel et Adam et Ève chassés du Paradis terrestre

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Paul VI, Credo du peuple de Dieu

Nous croyons qu’en Adam tous ont péché, ce qui signifie que la faute origi-nelle commise par lui a fait tomber la nature humaine, commune à tous leshommes, dans un état où elle porte les conséquences de cette faute et quin’est pas celui où elle se trouvait d’abord dans nos premiers parents,constitués dans la sainteté et la justice, et où l’homme ne connaissait ni lemal ni la mort. C’est la nature humaine ainsi tombée, dépouillée de la grâ-ce qui la revêtait, blessée dans ses propres forces naturelles et soumise àl’empire de la mort, qui est transmise à tous les hommes et c’est en ce sensque chaque homme naît dans le péché. Nous professons donc, avec leConcile de Trente, que le péché originel est transmis avec la nature humai-ne, «non par imitation, mais par propagation», et qu’il est ainsi «propre àchacun» (cf. Denzinger 1513).

Nous croyons que Notre-Seigneur Jésus-Christ, par le sacrifice de la croix,nous a rachetés du péché originel et de tous les péchés personnels commispar chacun de nous, en sorte que – selon la parole de l’Apôtre – «là où le pé-ché avait abondé, la grâce a surabondé» (Rm 5, 20).

Nous croyons à un seul baptême institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ pour la rémission des péchés. Le baptême doit être administrémême aux petits enfants qui n’ont pu encore se rendre coupables d’au-cun péché personnel, afin que, nés privés de la grâce surnaturelle, ils re-naissent «de l’eau et de l’Esprit Saint» à la vie divine dans le Christ Jésus(cf. Denzinger 1514).

Péché originel et baptême des enfants

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L es quatre derniers livres du De civitate Dei dé-crivent le but, le terme des deux cités. Le troi-

sième passage que nous lirons aujourd’hui est tirédu vingtième livre du De civitate Dei: c’est l’un desplus beaux passages. Dans le huitième chapitre duvingtième livre1, Augustin commente quelquesversets de l’Apocalypse. Il commence en particu-lier par commenter ce verset (Ap 20, 3): «“Posthaec oportet eum solvi brevi tempore” / “Après quoi,il [le diable] doit être délié pour un peu detemps”». Jean parle des mille années durant les-quelles le diable est lié; du temps bref durant le-quel il est délié; des mille années durant lesquellesles saints règneront sur la terre. Augustin donnedes ces images du disciple bien-aimé la lecture quel’Église a adoptée et proposée depuis toujours. Ilest intéressant de noter que, partant de Joachim

de Flore, toute une tradition culturelle est oppo-sée à la lecture d’Augustin. Il y a un livre très inté-ressant de Ratzinger sur ce sujet2. Augustin ditqu’entre l’ascension du Seigneur et Son retourglorieux avec la résurrection des morts et le juge-ment dernier, il y a seulement le temps de la mé-moire. Dans ce «peu de temps»3, entre l’ascensiondu Seigneur et son retour glorieux, il ne se passerien de différent, rien d’autre4. La mémoire est eneffet la venue toujours nouvelle, comme un nou-veau commencement, du même et unique événe-ment définitif. Ainsi, les mille années durant les-quelles le diable est lié comme le peu de temps du-rant lequel il est délié et comme les mille annéesdurant lesquelles les saints règnent, appartiennenttoutes à ce temps de l’Église d’avant le jugementdernier; ce sont des expressions qui décrivent des

«Même quand le diable sera déliéil y aura des parents très forts

qui feront baptiser leurs enfants» (De civitate Dei XX, 8, 3)

1 Cf. De civitate Dei XX, 8, 1-3.

2 Cf. J. Ratzinger, La Théologie de l’histoire de saint Bonaventure, PUF, 1998.

3 Augustin, In Evangelium Ioannis CI, 1.6.

4 Concile œcuménique Vatican II, constitution dogmatique sur la révélation divine Dei Verbum, n° 4: «Oeconomia ergochristiana, utpote foedus novum et definitivum, numquam praeteribit, et nulla iam nova revelatio publica expectanda est antegloriosam manifestationem Domini nostri Iesu Christi / L’économie chrétienne, étant l’Alliance Nouvelle et définitive, ne pas-sera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de Notre-Seigneur Jésus-Christ (cf. 1 Tm 6, 14; Tt 2, 13)».

Notes tirées de la leçon de don Giacomo Tantardini tenue à la Libera Università San Pio V de Rome, le 5 mai 1999

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conditions dans lesquelles se déroule ce temps del’Église. Saint Augustin dépasse de manière défi-nitive le millénarisme. Les mille années durant les-quelles les saints régneront sur la terre ne serontpas un temps différent, un temps autre que celuide l’Église. En effet, dit Augustin dans l’une de sesplus belles remarques, ils règnent déjà, ce règneexiste déjà5. Tel est le contexte dans lequel doiventêtre situées les paroles d’Augustin. Et l’interpréta-tion d’Augustin apparaît encore plus réaliste si

nous acceptons les suggestions que fait EugenioCorsini pour lire l’Apocalypse6. Pour cet auteur,l’Apocalypse se réfère avant tout à la mort et à larésurrection du Seigneur, à ces trois jours durantlesquels s’est accomplie une fois pour toutes «larévélation de Jésus-Christ» (Ap 1,1). Le temps del’Église vit de la mémoire de cet événement et del’attente de sa manifestation définitive. L’Apoca-lypse est donc plus un livre de mémoire que deperspectives futures. ¬

5 Cf. De civitate Dei XX, 9, 1, voir ci-dessous, p. 21sqq.

6 Cf. I. de la Potterie, L’Apocalypse a déjà eu lieu, in 30Jours, n° 9, 1995, p. 62-63.

La bête qui veut dévorer l’enfant qu’a mis au monde la femme vêtue de soleil

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Que signifie, se demande Augustin, que lediable sera délié pour un peu de temps? Quand ilsera délié, pourra-t-il séduire l’Église?

«Absit; / Que cela n’arrive jamais; / numquamenim ab illo Ecclesia seducetur / jamais en fait l’É-glise ne sera séduite par celui-là [le diable], /praedestinata et electa ante mundi constitutionem, /elle qui a été prédestinée et élue avant la créa-tion du monde, / de qua dictum est: “Novit Dominusqui sunt eius”. / et de laquelle il a été dit: “Le Sei-gneur connaît les siens”».

Pendant le Carême de 1995, j’ai suggéré d’im-primer sur une petite carte la Prière à saint Joseph,le Memorare, l’Ange de Dieu accompagnés de

l’une des plus belles pensées de don Giussani,celle qu’il avait exprimée en janvier-février decette même année, à savoir: «Nous sommes dansun tel état de dégradation universelle qu’il n’exis-te plus rien qui puisse recevoir le christianisme si-non la réalité brute de la création. Aussi est-ce lemoment du début du christianisme, le momentdans lequel le christianisme fait son apparition,c’est le moment de la résurrection du christianis-me. Et la résurrection du christianisme a ungrand et unique instrument. Quel est-il? Le mi-racle. C’est le temps du miracle. Il faut dire auxgens d’invoquer les saints parce qu’ils ont étéfaits pour cela». Car bien qu’il y ait d’autres gens

La femme vêtue de soleil et l’enfant, détail

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qui fassent des miracles7, les saints ont été faitspour cela. On m’a raconté que lundi dernier,pendant l’émission de télévision Porta a porta,qui avait pour sujet la béatification de Padre Pio,en réponse à des interventions qui soutenaientque les saints sont canonisés pour leur culture,Andreotti, présent à l’émission, a dit ironique-ment que, s’il en était vraiment ainsi, seul saintThomas d’Aquin serait saint. Les saints ont étéfaits saints pour les miracles.

Sur la même petite carte imprimée pour le Ca-rême de 1995, j’ai fait inscrire trois citations: lapremière est tirée du Psaume 5: «Tu fais périr lesmenteurs; l’homme de sang et de fraude, Yahvé ledéteste». La seconde est tirée de l’Apocalypse (Ap13, 11.16-17): «Je vis ensuite surgir de la terre uneautre bête. […] Par ses manœuvres, tous, petits etgrands, riches ou pauvres, libres et esclaves, se fe-ront marquer sur la main droite ou sur le front, etnul ne pourra rien acheter ni vendre [ne pourrafaire carrière] s’il n’est marqué au nom de la Bêteou au chiffre de son nom». La troisième est tirée dela seconde épître de Paul à Timothée (2Tm 2,19):«Cependant les solides fondations posées parDieu tiennent bon, marquées du sceau de ces pa-roles: Le Seigneur connaît les siens, et encore:Qu’il évite l’iniquité celui qui prononce le nom duSeigneur». Cette troisième citation est celle dontAugustin dit qu’elle vaut surtout dans le temps oùle diable est délié.

Continuons la lecture d’Augustin: «Et tamenhic erit etiam illo tempore, quo solvendus est diabo-lus, / Et pourtant l’Église existera ici-bas aussidans le temps où le diable devra être délié, / si-cut, ex quo est instituta, hic fuit et erit omni tempore,in suis utique qui succedunt nascendo morientibus /comme, depuis sa fondation, elle a existé etexistera dans tous les temps, dans les siens quiviennent remplacer en naissant ceux qui meu-rent»: l’Église vit dans les siens. Il n’y a pas l’Égli-se dans l’abstrait. Il y a l’Église qui vit dans lessiens, qui vit de manière parfaite en Celle qui a étésa Mère. Quand, dans toutes les messes on dit «neregardez pas mes péchés mais la foi de votre Égli-se», je pense avant tout à la Vierge. Car, de fait, lafoi de Son Église, cette jeune fille l’a vécue de ma-nière excellente, humble et excellente, dans uneplénitude de grâce qui est indépassable. S’il n’yavait eu personne pour vivre ainsi, cette prière neserait pas si réelle.

Puis Augustin commente un autre passage del’Apocalypse (20, 9 sq), dans lequel Jean dit quetoutes les nations «cinxerunt castra sanctorum et di-lectam civitatem, / environnèrent le camp dessaints et la Cité bien-aimée de Dieu, / et descen-dit ignis de caelo a Deo et comedit eos [...] / et [que ]Dieu fit tomber un feu du ciel qui dévora ceuxqui [...]» s’apprêtaient à conquérir la cité bien-ai-mée... Augustin, comme je le disais tout à l’heure,déclare, en commentant ce passage, que la vic-

7 L. Giussani, Cristo è tutto in tutti, Notes tirées des méditations de don Giussani pour les Exercices de la Fraternité deCommunion et libération, Rimini 1999, supplément à Litterae Communionis-Tracce, n° 7, juillet-août 1999, p. 54: «Vous vousrappelez – comme le décrit le second livre de l’École de communauté –, quand Jésus, alors qu’il marchait à travers les champsavec ses apôtres, vit près d’un village qui s’appelait Naïn une femme qui pleurait et sanglotait derrière le cercueil de son filsmort? Et Lui, il alla là-bas; il ne lui dit pas: “Je vais ressusciter ton fils”. Mais: “Femme, ne pleure pas”, avec tendresse, affir-mant une tendresse et un amour pour l’être humain incomparables! Et en effet, après, il lui donna aussi son fils vivant. Mais cen’est pas cela, car des miracles, d’autres peuvent en faire, mais cela, cette charité, cet amour pour l’homme propre au Christ,rien ne lui est comparable!».

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toire définitive «iam ad iudicium novissimum perti-net / concerne le jugement dernier».

En ce qui concerne le peu de temps durant le-quel le diable est délié, Augustin dit: «[...] ne quisexistimet eo ipso parvo tempore, quo solvetur diabo-lus, in hac terra Ecclesiam non futuram, illo hic eamvel non inveniente, cum fuerit solutus, vel absumente,cum fuerit modis omnibus persecutus / [...] que per-sonne ne s’imagine que, dans le peu de tempsque le diable doit être délié, il n’y aura pas

d’Église sur la terre, soit que le diable ne l’ytrouve plus quand il sera délié, soit qu’il la dé-truise après l’avoir persécutée de toutes lesmanières».

Mais si le diable est délié, cela veut dire qu’il estlié. Que signifie le fait qu’il est lié?: «[...] sed alliga-tio diaboli est non permitti exserere totam temptatio-nem quam potest / [...] le fait que le diable est liéveut dire qu’il ne lui est pas permis d’exercertoute la tentation dont il est capable / vel vi veldolo ad seducendos homines / à travers la force ouà travers la tromperie pour séduire leshommes», pour détourner les hommes de la foi.C’est là la plus grande expression de la tentation.Toutes les tentations du diable sont des tentationscomme les sept péchés capitaux sont tous des pé-chés capitaux8. Mais la tentation à laquelle tendenttoutes les tentations, c’est lorsque le diable veutdétruire la foi. C’est ce que répétait toujours le pè-re Leopold Mandic lorsqu’il disait: «Il suffit que lafoi se sauve»9. C’est là que se trouve le critère pourles prêtres quand ils confessent; et c’est la fin der-nière pour laquelle on se confesse. Ainsi, c’est untrès grand réconfort de se confesser de quelquepéché que ce soit pour que la foi soit sauvée. La foiest la racine de tout. On redevient ainsi innocent,petit, pur de cœur.

«Avec la force et la tromperie», le diable s’effor-ce de détruire la foi. «Avec la force et la trompe-rie ».

Vi / avec la force ». Par exemple, la menace. Fa-ce aux morts subites qui ont marqué ces dernièresannées, j’ai parfois dit que, d’un certain point de

8 Cf. Qui prie sauve son âme, 30Giorni, Rome 2009, p. 20: «Les sept péchés capitaux: 1. orgueil; 2. avarice; 3. envie; 4. colè-re; 5. impureté; 6. gourmandise; 7. paresse ou acédie».

9 Cf. S. Falasca, C’est le Seigneur qui agit, in 30Jours, n. 1, janvier 1999, p. 5 5-59.

La bête qui surgit de la mer

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vue, pour qu’elles soient utilisées comme menacecontre ceux qui croient, il n’est pas important qu’ils’agisse de morts subites provoquées par homicideou de morts subites survenues par hasard (elles nesont jamais par hasard dans le dessein de la provi-dence du Seigneur). En effet, elles peuvent êtreutilisées comme menace à l’égard de ceux quicroient même si ce ne sont pas de réels homicides.Face à certaines morts subites, quelqu’un peut di-re à quelqu’un d’autre: «Regarde que, si tu n’agispas ainsi, tu finiras comme cette personne». Lesmorts subites sont donc utilisées comme menacemême si ces morts ne sont pas de réels homicides,même s’il s’agit de morts, disons, naturelles.

«Dolo/ par tromperie». La majeure partie desgens est séduite à travers la tromperie. En termes

modernes on pourrait parler d’homologation à tra-vers, entre autres, les moyens de communicationde masse. Tromperie médiatique. Pour tromper lesgens, le diable s’appuie sur le péché d’orgueil. Eneffet aux petits, aux simples, c’est-à-dire auxhumbles («Qui sunt parvuli? Humiles»10) le Sei-gneur donne la sagesse. «Ta parole en se décou-vrant illumine, et donne la sagesse aux simples»(Ps 119, 130).

C’est pourquoi Augustin dit, quand il parle decette persécution, que la sagesse est importante.C’est-à-dire qu’est importante l’intelligence qui sai-sit le moment. Il le dit plus loin: «Omnes insidias eiusatque impetus et caverent sapientissime et patientissimesustinerent / pour se soustraire avec une sagessesuprême aux embûches et aux assauts [dudiable] et pour les supporter avec une suprêmepatience». Augustin insiste sur cette intelligence;même s’il est évident que le fait de rester fidèle dansla persécution est un don de grâce particulier. Sur-tout quand la persécution devient sanglante commeen avril 1992, il y a sept ans, Giussani l’avait prévu11.

Augustin poursuit: «in partem suam cogendo vio-lenter fraudolenterve fallendo / en les contraignantà être de son côté par la violence ou en les trom-pant par le mensonge». Le diable ne tente pas ¬

10 Augustin, Sermones 67, 5, 8.

11 L. Giussani, Un avvenimento di vita cioè una storia (in-troduction du cardinal Joseph Ratzinger), Edit-Il Sabato,Rome 1993, p. 104: “C’est ainsi. La colère du monde aujour-d’hui ne s’élève pas face à la parole Église, elle reste tran-quille aussi face à l’idée que quelqu’un se définisse commecatholique ou face à la figure du Pape dépeinte comme auto-rité morale. Il y a même une révérence formelle, et même sin-cère. La haine se déchaîne – difficilement contenue, mais elledébordera rapidement – face à des catholiques qui se posentcomme tels, à des catholiques qui vivent dans la simplicité dela Tradition».L’ange qui abat la bête avec une meule de moulin

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avant tout les hommes pour qu’ils pèchent (mêmes’il ne peut les contraindre à être de son côté par laviolence et la tromperie qu’à travers le péché12)mais pour qu’ils aillent de son côté. C’est là le but:qu’ils aillent de son côté. Si l’on ne saisit pas cela, onne saisit pas une dimension essentielle de l’histoirede l’Église. On ne peut pas décrire seulement l’his-toire de l’Église comme une histoire de grâce et depéchés. Je me rappelle qu’un jour j’étais en voitureavec Giussani, à Rome. Avant d’arriver Piazza Ve-nezia, Giussani me dit: «Tu vois, il y a trois facteursde l’histoire de l’Église: la grâce, le péché et l’Anté-christ. Si on ne garde pas à l’esprit l’Antéchrist, lerapport entre grâce et péchés peut être conçu de fa-çon moralisatrice». L’Antéchrist, à travers le péché,veut t’entraîner de son côté. «In partem suam co-gendo violenter fraudolenterve fallendo / en lescontraignant à être de son côté par la violence ou enles trompant par le mensonge».

Augustin se demande: pourquoi le diable est-ildélié?

J’ouvre une brève parenthèse. Quelqu’un m’aparlé d’un rêve de saint Jean Bosco. Don Bosco rê-ve d’un pari, si je ne me trompe entre Dieu et lediable. Le diable dit à Dieu qu’il est capable de dé-truire la foi en un siècle. Le Seigneur lui aurait ré-pondu: bien, je te donne un siècle, tu peux faire ceque tu veux. Nous verrons à la fin si tu as réussi àdétruire complètement la foi dans mon Église. On

est libre de croire ou de ne pas croire à toutes lesprophéties privées, comme peuvent être les rêvesde don Bosco. Ou, plus exactement, on ne croitpas à ces prophéties, on peut seulement leur ac-corder crédit. Car elles ne sont pas objet de foi.Mais les prophéties privées peuvent être des hypo-thèses intelligentes pour lire la réalité. Les prophé-ties privées, y compris les apparitions de la Vierge,peuvent être des suggestions faites à l’intelligenceéclairée par la foi pour regarder la réalité. Pensez àla prophétie de Paul VI en septembre 197713 et au

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12 «Non enim nisi peccatis homines separantur a Deo / En effet, c’est seulement par les péchés que les hommes se sépa-rent de Dieu» (De civitate Dei X, 22); «Non deserit, si non deseratur / Il n’abandonne pas s’il n’est pas abandonné» (Augus-tin, De Natura et gratia 26, 29); Concile de Trente, Decretum de iustificatione, chap. 11: De Observatione mandatorum,deque illius necessitate et possibilitate, (Denzinger 1536-1539, en particulier 1537); Concile Vatican I, constitution dogma-tique sur la foi catholique Dei Filius ( Denzinger 3014).

13 Cf. L. Giussani, Un avvenimento di vita cioè una storia (introduction du cardinal Joseph Ratzinger), Edit-Il Sabato, Ro-me 1993, p. 72-73: «Ces dernières années, vous désirez que soient répétés et connus de tous les propos que Paul VI tint à son ami

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jugement encore plus dramatiquement réaliste deGiussani en décembre 1998 sur le petit reste14. Uneprophétie privée, à laquelle on ne croit pas à pro-

prement parler mais à laquelle on fait simplementcrédit car la foi naît seulement par attrait de grâ-ce15, peut pourtant être une occasion très utile deregarder avec attention et acceptation la réalité tel-le qu’elle est.

Alors pourquoi le diable est-il délié?«Si autem numquam solveretur, minus appareret

eius maligna potentia, / S’il n’était jamais délié, sapuissance et sa malignité seraient moins vi-sibles, / minus sanctae civitatis fidelissima patientiaprobaretur, / la très fidèle patience de la cité sain-te serait moins mise à l’épreuve / minus deniqueperspiceretur, quam magno eius malo tam bene fueritusus Omnipotens [...] / mais surtout on verraitmoins clairement comment Celui qui est tout-puissant peut se servir d’un mal si grand pour unbien encore plus grand [...] / In eorum sane, quitunc futuri sunt, sanctorum atque fidelium compara-tione quid sumus? / Par rapport à ces personnes

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Jean Guitton, le 8 septembre 1977, propos dans lesquels il était question d’“une pensée non catholique” et de la résistance d’un“petit troupeau”. Pourquoi? Luigi Giussani: Parce que c’est ce qui est en train d’arriver. Je vous prie de me relire ces propos.Les voici: “Il y a un grand trouble en ce moment dans le monde de l’Église, et ce qui est en question, c’est la foi. Il m’arrive mainte-nant de me répéter la phrase obscure de Jésus dans l’Évangile de saint Luc: ‘Quand le Fils de l’Homme reviendra, trouvera-t-il en-core la foi sur la terre?’. Il arrive que sortent des livres dans lesquels la foi bat en retraite sur des points importants, que les épisco-pats se taisent, que l’on ne trouve pas étranges ces livres. Cela est, selon moi, étrange. Je relis parfois l’Évangile de la fin des tempset je constate qu’en ce moment apparaissent certains signes de cette fin. Sommes-nous proches de la fin? Cela, nous ne le sauronsjamais. Il faut se tenir toujours prêt, mais tout peut durer encore très longtemps. Ce qui me frappe quand je considère le monde ca-tholique, c’est qu’à l’intérieur du catholicisme semble parfois prédominer une pensée de type non catholique et il peut advenir quecette pensée non catholique devienne demain plus forte à l’intérieur du catholicisme. Mais elle ne représentera jamais la pensée del’Église. Il faut que subsiste une petit troupeau, aussi petit soit-il”».

14 L. Giussani, Jésus-Christ est partie présente du réel, in 30Jours n° 12, décembre 1998, p. 60: «Aujourd’hui le fait que JésusChrist existe – qui Il est, où Il est, quelle route pour aller à Lui – n’est vécu que par très peu de gens, presque un reste d’Israël,et ceux-là souvent aussi infiltrés ou bloqués par l’influence de la mentalité commune».

15 Thomas d’Aquin, Summa theologiae II-II q. 4 a. 4 ad 3: «Gratia facit fidem non solum quando fides de novo incipit esse in homi-ne, sed etiam quamdiu fides durat / La grâce crée la foi non seulement quand la foi naît dans une personne mais pour tout le tempsque la foi dure».

La bête qui surgit de la mer, détail

Lecture spirituelle Lecture spirituelle

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saintes et fidèles qui vivront alors [quand lediable sera délié], nous que serons nous?».

Cette question, Augustin se la posait sponta-nément parce qu’il vivait en un temps où des mil-liers et des milliers de personnes devenaientchrétiennes. C’est si vrai que, pour Augustin, lamultitudo est un miracle évident qui conduit àcroire au Christ, la multitude de personnes quideviennent chrétiennes. Augustin était entourépar le miracle de milliers et de milliers de per-sonnes qui devenaient chrétiennes. Une multitu-do d’ignorants et de pécheurs qui rencontraientle christianisme16. Il n’y a aucune comparaisonpossible entre l’évidence des miracles au tempsd’Augustin, miracles qui donnent force à la foi17,et celle d’aujourd’hui où, comme le disait à30Giorni un évêque de Laos, l’Église est commeun petit enfant sauvé des eaux18. Augustin pou-vait dire: « Le miracle le plus évident, c’est quevos temples et vos théâtres sont vides tandis queles églises sont pleines de gens». Aujourd’hui,c’est exactement le contraire. C’est pourquoi ilme semble possible de lire ce temps ou des mo-ments de ce temps comme un temps ou des mo-ments où le diable est délié. Je dis cela d’un point

16 Cf. J. Ratzinger, Peuple et maison de Dieu dans l’ecclésiolo-gie de saint Augustin (thèse universitaire, 1953), en particulier,p. 33-38 dans l’édition italienne (Jaca Book, Milan 1971): «Dieua fait cela [procurer à la sagesse une autre incarnation qui luipermette de parvenir jusqu’à l’œil du sot] d’abord à travers lesmiracles, puis à travers la multitudo. Pour Augustin, la multitu-de des peuples qui appartiennent à l’Église constitue un signedivin évident que, vraiment, seul Dieu pouvait donner » (p. 35).

17 Cf. Concile oecuménique Vatican I, constitution dog-matique sur la foi catholique Dei Filius (Denzinger 3009).

18 Cf. S. M. Paci, Un Ave Maria nous suffit, interview deMgr Jean Khamsé Vithavong, vicaire apostolique de Vien-tiane au Laos, in 30Jours, n. 3, mars 1999, p. 14-17.

Prière à saint Michel Archange

Saint Michel Archange,

défendez-nous dans le combat;

soyez notre secours contre la malice

et les embûches du démon.

Que Dieu lui fasse sentir son empire,

nous vous en supplions.

Et vous, Prince de la Milice céleste,

repoussez en enfer, par la force divine,

Satan et les autres esprits mauvais

qui rôdent dans le monde

en vue de perdre les âmes.

Ainsi soit-il.

Le cinquième ange verse la coupe de la colère de Dieu sur le trône de la bête

Lecture spirituelle Lecture spirituelle

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de vue réaliste, c’est une constatation19. La prièredu pape Léon XIII à saint Michel Archange qui,avant la réforme liturgique, se récitait à la fin de lamesse, suggérait cette hypothèse lorsqu’elle de-mandait: “ … et vous, Prince de la Milice céleste,repoussez en enfer, par la force divine, Satan et lesautres esprits mauvais…»20.

«[...] Usque in illum finem sine dubio convertentur;[...] / [...] Jusqu’à la fin [également quand lediable est délié] il y aura ceux qui se converti-ront; [...] / qui oderint christianos, in quorum quoti-die, velut in abysso, caecis et profundis cordibus inclu-datur / [et il y aura aussi] ceux qui haïssent leschrétiens; dans la profondeur des cœursaveugles de ces derniers, le diable chaque jourest enfermé comme dans l’abîme»: je crois qu’ilest difficile de trouver un jugement d’Augustinplus tragique que celui qu’il exprime sur ceux quihaïssent les chrétiens comme tels, c’est-à-direcomme «ceux qui vivent dans la simplicité de laTradition»21.

«Immo vero id potius est credendum, / Il fautplutôt croire que / nec qui cadant de Ecclesia necqui accedant Ecclesiae illo tempore defuturos, / dansce temps ne manqueront ni ceux qui s’éloi-

gnent de l’Église ni ceux qui la rencontrent, /sed profecto tam fortes erunt et parentes pro baptizan-dis parvulis suis / mais que certainement des pa-rents qui feront baptiser leurs enfants [cetteremarque est splendide, comme regard précisé-ment sur ce qui s’est passé ces dernières années], /et hi, qui tunc primitus credituri sunt, ut illum fortemvincant etiam non ligatum, / et d’autres per-sonnes, qui auront en ce temps à peine fait lespremiers pas dans la foi, seront assez fortspour vaincre la force du diable même s’il n’estpas lié, / id est omnibus, qualibus antea numquam,vel artibus insidiantem vel urgentem viribus, et vigi-lanter intellegant et toleranter ferant; ac sic illi etiamnon ligato eripiantur / c’est-à-dire seront prêts àcomprendre avec attention et capables de ré-sister avec patience au diable qui, comme ja-mais auparavant, tend des embûches et as- ¬

19 Cf. J. Ratzinger, L’angoisse d’une absence. Trois médita-tions sur le Samedi saint, 30Jours, n° 3, mars 1994, p. 37-44.

20 Après qu’il eut été profondément troublé par une vi-sion qu’il eut à la fin de la célébration d’une messe à laquel-le il assistait (cf. Ephemerides liturgicae 69 [1955], p. 59 no-te 9), le pape Léon XIII composa, semble-t-il, en 1886, laprière à saint Michel Archange et la fit ensuite envoyer àtous les évêques pour qu’ils la fassent réciter à genoux à lafin de chaque messe. La prière fut aussi introduite dansd’un exorcisme particulier que Léon XIII fit insérer dans leRituel Romain (il apparaissait au titre XII, dans l’édition de1954).

21 Cf. ci-dessus note 11. Le Christ sur le cheval blanc suivi par les armées célestes

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saille de toutes ses forces, de sorte à se libérerde lui, même s’il n’est pas lié»: ce n’est pas euxqui vainquent mais ce sont eux qui sont, par lagrâce de Dieu, arrachés à la force qui menacecomme à la tromperie.

Enfin, dans le chapitre 9 du livre XX22, Augus-tin commente les mille années durant lesquellesles élus règnent sur la terre: «Interea dum mille an-nis ligatus est diabolus, sancti regnant cum Christoetiam ipsi mille annis, eisdem sine dubio et eodemmodo intellegendis, id est, isto iam tempore prioriseius adventus. / Donc pendant que le diable estlié pour une durée de mille ans, les saints rè-gnent avec le Christ eux aussi pour une duréede mille ans, années qui doivent être com-prises sans aucun doute de la même manière,c’est-à-dire déjà dans le temps de Son premieravènement. / Excepto quippe illo regno, de quo in fi-ne dicturus est: “Venite, benedicti Patris mei, posside-te paratum vobis regnum”, / Car en plus de ceroyaume dont on dira à la fin: “Venez, bénis

de mon Père, recevez le royaume qui a étépréparé pour vous”, / nisi alio aliquo modo, longequidem impari, iam nunc regnarent cum illo sanctieius, / si maintenant aussi en ce temps, éven-tuellement d’une façon très différente [du Pa-radis], ne régnaient pas avec lui ses saints, /quibus ait: “Ecce ego vobiscum sum usque in consum-mationem saeculi”; / auxquels le Seigneur dit:“Voilà, je suis avec vous jusqu’à la fin destemps”, / profecto non etiam nunc diceretur Ecclesiaregnum eius regnumve caelorum / certainement onne dirait pas que l’Église est déjà maintenantSon royaume, le royaume des cieux»: ses fi-dèles règnent par Sa présence. Car le Seigneurétant déjà présent maintenant, le fait de régner estcomme le reflet dans le cœur et dans les gestes,c’est-à-dire dans les œuvres bonnes, de Sa présen-ce et de Son action.

«[...] Ergo et nunc Ecclesia regnum Christi est re-gnumque caelorum. / [...] En effet l’Église estdéjà maintenant le royaume du Christ et le

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22 Cf. De civitate Dei XX, 9, 1.

L’Agneau sur le trône avec les quatre êtres vivants et les vingt-quatre vieillards

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royaume des cieux. / Regnant itaque cum illoetiam nunc sancti eius, / Maintenant aussi sessaints règnent donc avec Lui, / aliter quidemquam tunc regnabunt; / de façon différente decelle dont ils règneront alors [au Paradis]; / nectamen cum illo regnant zizania, quamvis in Ecclesiacum tritico crescant / mais cependant avec Luine règne pas la zizanie, bien qu’elle croissedans l’Église avec le blé». La différence dansl’Église est précisément le fait de régner. La diffé-rence est l’expérience de l’émerveillement que Saprésence suscite. C’est-à-dire que la différenceest d’être ou non dans la grâce de Dieu23. La ziza-nie est elle aussi dans l’Église, la zizanie appar-tient elle aussi à l’Église, la zizanie elle aussi peutparticiper aux sacrements de l’Église, peut êtreparmi les chefs de l’Église24 mais elle ne règnepas. Car le fait de régner est simplement le refletdans le cœur et dans les œuvres bonnes del’émerveillement de Sa grâce: «[...] Postremo re-gnant cum illo, qui eo modo sunt in regno eius ut sintetiam ipsi regnum eius / [...] Bref, règnent avecLui ceux qui sont dans son royaume de façonà être eux-mêmes son royaume».

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23 Cf. Concile œcuménique Vatican II, constitution dogmatique sur l’Église Lumen gentium, n° 14: «Non salvatur tamen, li-cet Ecclesiae incorporetur, qui in caritate non perseverans, in Ecclesiae sinu “corpore” quidem, sed non “corde” remanet. Memoresautem sint omnes Ecclesiae filii condicionem suam eximiam non propriis meritis, sed peculiari gratiae Christi esse adscribendam;cui si cogitatione, verbo et opere non respondent, nedum salventur, severius iudicabuntur / L’incorporation à l’Église, cepen-dant, n’assurerait pas le salut pour celui qui, faute de persévérer dans la charité, reste bien « de corps » au sein de l’Église, maispas « de cœur». Tous les fils de l’Église doivent d’ailleurs se souvenir que la grandeur de leur condition doit être rapportée nonà leurs mérites, mais à une grâce particulière du Christ; s’ils n’y correspondent pas par la pensée, la parole et l’action, ce n’estpas le salut qu’elle leur vaudra, mais un plus sévère jugement (Lc 12, 48: “A quiconque fut donné beaucoup, il sera demandébeaucoup”. Cf. Mt 5, 19-20, 7, 21-22; 25, 41-46; Jc 2, 14)».

24 Cf. L. Giussani L’uomo e il suo destino. In cammino, Marietti, Gênes 1999, p. 27-28: «Je voudrais ici faire une observa-tion. Ce que nous avons dit avant sur le pouvoir vaut comme aspect vertigineux pour l’autorité, sur la façon dont elle pouraitêtre vécue dans l’Église. Si celle-ci n’est pas paternelle, et donc maternelle, elle peut devenir source d’une équivoque suprême.Instrument sournois et destructeur dans les mains du mensonge, de Satan, père du mensonge (cf. Jn 8, 44). Tandis que tou-jours, de façon bouleversante, à l’autorité de l’Église il faut, en dernière analyse, obéir, paradoxalement».

L’Agneau sur le mont Sion

et les cent quarante-quatre mille élus

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AUGUSTINES RÉCOLLETTES DU MONASTÈRE SAINT EZEKIELMORENOBacolod City, Philippines

Who prays is saved pour les enfants des bidonvilles

Bacolod City, 25 juillet 2011

Cher Monsieur,Je vous salue dans le Christ!Nous sommes vraiment heureuses et reconnaissantes àvous et à vos diligents collaborateurs dugrand service que vous rendez à notre Égli-se. Si je ne me trompe, nous bénéficionsdepuis désormais cinq ans de votre bien-veillante charité. Chaque numéro de larevue nous plaît énormément et nousvous remercions du souci que vous avezde mettre en relief de la meilleure façonpossible tout ce que fait notre Églisepour le bien de tous. Votre revue, avecses très beaux articles, est un phare lu-mineux qui resplendit sans jamais dé-courager et en faisant toujours espérerqu’il est encore possible de trouverquelque chose de bon dans ces tempsd’obscurité et de désorientation.

Si nous vous écrivons, ce n’est pas seulement pourvous exprimer notre gratitude mais aussi pour frapperhumblement à la porte de vos cœurs, c’est-à-dire pourvous demander de nous envoyer, si possible, desexemplaires gratuits du splendide petit livre de prièresWho prays is saved. Chaque année, pendant tout lemois de mai, nous faisons de simples leçons de caté-chisme aux enfants pauvres qui vivent dans les bidon-villes proches de notre monastère. Notre intention estde leur donner, pour le moins, les notions fondamen-tales de notre foi ou même seulement de leur ensei-gner, en particulier aux plus petits, comment faire cor-rectement le signe de la croix. Nous pensions que celanous aiderait beaucoup de leur faire aussi apprendrepar cœur, en anglais, les prières principales. Maisnous n’avons pas les ressources économiques néces-saires pour mener à bien nos projets. Ce serait une ai-de immense pour nous et pour ceux qui enseignent àces enfants d’avoir cent exemplaires de ces livrets.

Monsieur le Directeur, nous savons que tout cela nesera possible que grâce à vos gentilles attentions et àvotre grande générosité. Nous pouvons, quant à nous,seulement offrir nos prières incessantes devant le TrèsSaint et notre infinie reconnaissance.

Le cœur plein de gratitude, nous vous remercions,Sœur Maria E. Catalonia, oar, pour la prieure,

Sœur Lourdes Eizaguirre, oar

CLARISSES DE LʼADORATION PERPÉTUELLECochin, Kerala, Inde

Merci pour The chants of Tradition

Cochin, 27 juillet 2011

Cher Monsieur, chers amis de30Giorni

Combien nous voussommes reconnaissantes pourle CD et le livret The chants ofTradition! Votre générosité ma-gnanime est merveilleuse! Quel-le belle revue riche en couleurs eten images et quel papier d’excel-lente qualité! Elle est de temps entemps accompagnée de livrets etle tout en hommage de la partd’un cœur vraiment très grand!

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Vocation de Matthieu

suite de la p. 9

Lettres des monastères Lettres des monastères

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Comment pouvons-nousvous remercier pour tout ceque vous avez fait pour nous?Nous lancerons des flèchesd’amour au Très Saint Cœur deJésus pour qu’il continue à fairepleuvoir ses grâces sur vous et surla rédaction et pour que l’œuvrede bien que vous avez commen-cée se poursuive avec succès et ar-rive à atteindre les âmes et à leséperonner jusqu’à la conquête de lacouronne de la sainteté.

Que le Seigneur vous récom-pense abondamment dans sa ma-gnificence, dans ce temps et pourl’éternité!

Sœur Mary Denise Nazareth et la communauté des clarisses de l’Adoration perpétuelle

CLARISSES DU MONASTÈRE DʼANDOVERAndover, Massachusets, États-Unis

Merci des États-Unis pour The chants of Tradition

Andover, 1er août 2011

Cher Monsieur,Les mots n’arrivent pas à exprimer notre gratitude àvotre égard pour l’envoi gratuit de 30Giorni, votre re-vue d’une beauté extraordinaire et, ce mois-ci, pourThe chants of Tradition accompagné du CD. Quenotre Dieu d’amour bénisse abondam-ment votre bonté et votre générosité.Combien vous nous enrichissez!

Nous demandons à notre chère mèresainte Claire d’unir sa puissante prièreaux nôtres pour vos besoins et vos inten-tions ainsi que pour ceux des êtres quivous sont chers. Qu’elle nous bénisse elleaussi avec ses bonnes prières.

Avec des cœurs reconnaissants dans laprière pour toute la bonté que vous nousavez manifestée,

Vos clarisses d’Andover

CLARISSES DU MONASTÈRE DE BELLOBello, Antioquia, Colombie

Trente-sept religieuses qui jour et nuit prient devant le Saint Sacrement

Bello, 2 août 2011

Cher Monsieur,Recevez notre cordial salut francis-

cain de paix et de bien, en Dieu notrePère et en son Fils Jésus-Christ qui,avec la promesse accomplie de l’Esprit

saint, remplit nos vies de paix et de joie, deconfiance et d’espérance.

Un prêtre proche de la communauté nous aprêté des numéros de la revue 30Giorni; nous recon-naissons que c’est un précieux instrument spirituel quinous informe dans le domaine ecclésial et dans d’autresdomaines intéressants, vu qu’il nous rapproche du mys-tère du Christ, visible dans nos frères les plus nécessiteux.

Par cette lettre nous voudrions vous demander denous envoyer plus souvent et gratuitement un exemplai-re de cette merveilleuse revue et, si possible, un exem-plaire de Quien reza se salva. C’est une occasion excel-lente de croître dans la vie de l’esprit. Nous vous récom-penserons par notre prière assidue devant le Saint Sacre-ment. Ainsi, vous aurez toujours dans tous vos projets lalumière de ces trente-sept sœurs qui jour et nuit prientpour vous et pour vos plus étroits collaborateurs.

Nous vous serons reconnaissantes si vous voulezbien accueillir favorablement cette supplique que

Vocation de Pierre et d’André

¬

Lettres des monastères Lettres des monastères

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nous vous présentons par l’intercession de nos pa-rents séraphiques, saint François et sainte Claire, lespoverelli d’Assise qui, d’en haut dispenserontd’abondantes grâces et bénédictions sur votre vie.

Que Dieu vous bénisse et accroisse l’esprit frater-nel et solidaire avec les nombreuses personnes quijouissent de ce matériel spirituel.

En Jésus et Marie,L’abbesse Sœur Margarita María

del Sagrado Corazón, osc, et la communauté

CLARISSES DE LʼADORATION PERPÉTUELLEEluru, Andhra Pradesh, Inde

30Days nous tient informées pour revigorer notre prière

Eluru, 4 août 2011

Monsieur le Sénateur,Mes consœurs s’unissent à moi pour vous remercier dufond du cœur de votre revue 30Days que vous nous en-voyez régulièrement depuis quelques années et qui nous

tient informées de ce qui se passe dans le monde exté-rieur pour rendre plus vive notre prière et ouvrir plus lar-gement nos cœurs aux souffrances de nos frères et denos sœurs. Merci aussi pour le CD et le livret avec lessimples chants grégoriens que nous sommes très heu-reuses d’avoir. Soyez assuré de nos prières pour vous etpour votre travail ainsi que pour tous vos collaborateurs.

Votre sœur dans Notre Seigneur eucharistique,Sœur Maria Teresita

DOMINICAINES DU MONASTÈRE OUR LADY OF GRACENorth Guilford, Connecticut, États-Unis

Le salut et la paix du Christ des États-Unis

North Guilford, 21 août 2011

Monsieur le Sénateur,Le salut et la paix du Christ!Merci pour votre don de 30Days que je considèrecomme une excellente revue pour sa vision de l’Égliseet du monde.

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Les noces de Cana

Lettres des monastères Lettres des monastères

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Maintenant une requête.Vous serait-il possible d’en-

voyer un exemplaire de la mé-ditation de don Giacomo Tan-tardini «The Son cannot doanything on his own»?

Merci et que Dieu vous bé-nisse!

Sœur Susan Early, op

DOMINICAINES DU MONASTÈRE SANTA CATERINASantorin, Grèce

Chi prega si salvaest un bijou pour notre temps

Santorin, 26 août 2011

Je vous serais reconnaissante si vous pouviezm’envoyer vingt exemplaires en espagnol et unexemplaire en italien, portugais, français, anglaiset allemand du livret Chi prega si salva. C’est unbijou de notre temps. Que le Seigneur vous bénissedéjà pour ce travail. Merci beaucoup.

Que le Seigneur continue à rendre fructueux votretravail.

Sœur María de la Iglesia, op

CARMÉLITES DU CARMEL ASHRAMVijayawada, Andhra Pradesh, Inde

30Days nous garde en communion avec lʼÉglise entière

Vijayawada, 27 août 2011

Cher Monsieur,Veuillez recevoir nos affectueuses sa-lutations dans la prière, dans le nomtrès précieux de Notre-Seigneur Jé-sus-Christ!

C’est avec une profonde gratitude que jedésire vous remercier pour l’extraordinaire revue30Days que vous nous envoyez depuis des années avecune grande générosité et une grande constance. Que lebon Dieu vous bénisse et vous récompense de façontoujours plus abondante.

Elle nous plaît beaucoup cette belle revue riche d’in-formations importantes et dignes d’être notées, et degrand intérêt et stimulation pour nous, sœurs de clôture,qui ne recevons pas beaucoup de bonnes nouvelles dumonde extérieur. 30 Days nous garde en communionavec l’Église entière et le monde d’aujourd’hui. Noustrouvons ainsi des occasions et des motifs pour offrir nosvies à Dieu avec plus d’enthousiasme, comme un sacrifi-ce au doux parfum, pour les besoins les plus pressants del’Église et du monde, selon notre charisme.

Nous sommes aussi très reconnaissantes pour le sup-plément que vous nous envoyez de temps en temps. Nousavons particulièrement apprécié The chants of Traditionavec le CD. Nos jeunes sœurs ont été enchantées d’en-tendre pour la première fois le chant grégorien en latin.Nous aimerions recevoir la méditation sur Pâques.

Soyez assuré de nos incessantes prières pour toutesvos intentions et votre apostolat riche de fruits. Que vosbonnes œuvres continuent à être bénies par une abon-dance de grâce et par l’inspiration de l’Esprit saint.

Que notre Bienheureuse Vierge du Carmel vous bé-nisse et vous guide.

Avec mes remerciements renouvelés et notre estimepour ce que vous faites, je reste vôtre avec affection dansle Christ,

Sœur Emmanuel of saint Joseph et communauté

Miracles de Jésus

Lettres des monastères Lettres des monastères

2930JOURS N.7/8 - 2011

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30 30JOURS N.7/8 - 2011

MISSIONNAIRES JÉSUITESKannur, Kerala, Inde

Chi prega si salva,un petit livre miraculeux

Kannur, 20 juin 2011

Monsieur le Directeur,Nous avons ici beaucoup de missionnaires, hommes etfemmes, qui ont séjourné en Italie. C’est la raison pourlaquelle je vous serais très reconnaissant de m’envoyerquelques exemplaires en langue italienne de votre mi-raculeux petit livre Chi prega si salva.

Ces missionnaires savent très bien l’italien. Je vousremercie de leur part et de la mienne pour le bien spiri-tuel que vous faites grâce à ces livrets.

Veuillez recevoir toute mon affection et ma recon-naissance. En union de prières, je reste pour toujoursvotre très affectionné co-missionnaire,

Père L. M. Zucol, sj

Kannur, 22 juillet 2011

Monsieur le Sénateur,Je vous remercie de tout cœur pour les deux paquetsde votre merveilleux livret Chi prega si salva.

J’ai déjà commencé à le distribuer à beaucoup degens et je l’ai traduit en malayalam pour le donner àmes nouveaux convertis.

Ainsi toutes les âmes qui aurontété sauvées par la lecture et lesprières de vos livrets, prieront-ellesà leur tour pour vos intentions, etobtiendront-elles de Notre-Sei-gneur une digne place au ciel.

Nous prions tous pour le re-marquable apostolat que vous ac-complissez à travers la presse, eten particulier à travers votre ma-gnifique revue 30Giorni que jelis avec un grand profit spirituel.

Avec affection, reconnais-sance et prières réciproques.

Je reste votre très recon-naissant co-missionnaire,

Père L. M. Zucol, sj

DON BOSCO TECHNICAL COLLEGEAdua, Éthiopie

30Days en Éthiopie

Adua, 5 juillet 2011

Monsieur le Directeur,Nous vous sommes très reconnaissants pour l’envoi dela revue 30Giorni.

Notre communauté est composée de cinq per-sonnes et quatre d’entre nous comprennent mieuxl’anglais que l’italien. Pouvons-nous vous demanders’il est possible de recevoir l’édition anglaise à la placede l’édition italienne?

Merci.Avec nos meilleures salutations de l’Éthiopie,

Père Tesfay Kidane, recteur

MISSIONNAIRES COMBONIENSLirangwe, Malawi

Intérioriser la foi à travers la prière

Lirangwe, 9 juillet 2011

Je vous demande de m’envoyer, si possible, deuxexemplaires du livret Chi prega si salva (dans le petitformat), l’un en anglais et l’autre en italien. Je voudraisaussi vous demander l’autorisation de traduire et d’im-primer ce livret en langue locale (chichewa). Je suis cer-

tain que cela ferait beaucoup de bienà tout le monde, à commencer parle clergé jusqu’aux chrétiens disper-sés dans les villages les plus éloignés.Je crois que notre travail missionnai-re consiste actuellement à amener lesAfricains à intérioriser leur foi, juste-ment à travers la prière. Je vis depuistrente-sept ans en Afrique et je suisconvaincu que si nous ne suivons pascette ligne, aidés par la grâce de Dieu,l’Afrique risque de devenir commel’Amérique latine du temps de Pie XII,avec ses fêtes triomphalistes, ses rallies,de plus en plus de familles qui se désagrè-gent, et une appartenance au Christ et àl’Église fluctuante et superficielle.

Lettres des missions Lettres des missions

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Il y a beaucoup de catholiques qui tournent “ca-saque” en cherchant dans les sectes et dans les groupesprotestants une nourriture plus importante de la Parolede Dieu, et une foi plus profonde et moins bruyante.

Dites-moi comment je peux payer ces livrets et lesfrais de port par voie aérienne.

Mes meilleurs vœux pour que votre apostolat ob-tienne de plus en plus de succès.

Père Anastasio Tricarico

XAVERIAN HOUSEDhaka, Bangladesh

La demande du livre de JosephRatzinger, LʼUnité des nations

Dhaka, 15 juillet 2011

Monsieur le Sénateur,Je désire vous remercier encore une fois pour lesapports si stimulants qu’offre votre revue. Je vous

présente aussi à nouveau mes vœux pour que, malgréle poids des années, vous ayez encore la légèreté né-cessaire pour assurer la direction de 30Giorni.

J’ai reçu autrefois quelques-uns de vos livres quim’ont été très utiles. J’apprécie particulièrement lesméditations augustiniennes de don Tantardini.

Un de mes confrères,qui travaille avec les étran-gers résidant à Dhaka,m’a récemment deman-dé un exemplaire de Chiprega si salva en an-glais.

Et j ’ose ajouter,pour moi, la requête dulivre de Joseph Ratzin-ger, L’Unité des na-tions.

Une grand merciet une prière,

Père Silvano Garello

Boma, 19 juillet 2011

Monsieur le Directeur, Les enfants de notre paroisse qui ont reçu lapremière communion et leurs catéchistesvous remercient pour les exemplaires du li-vret Qui prie sauve son âme, qui les ont ai-dés pour l’année de formation catéchistiquequi vient de s’achever. Ils prient le Seigneurde vous combler, vous et votre équipe, degrâces et de bénédictions. Nous vous deman-dons le même nombre d’exemplaires enfrançais de ce livret pour les enfants qui vontcommencer cette formation en octobre,lorsque commencera la nouvelle année caté-chistique.

Veuillez agréer, Monsieur le Directeur,l’expression de notre reconnaissance.

P. S. Je suis celui qui porte une chemise jaunesur la photo.

Roger Phanzu-Kumbu

PAROISSE DE LʼASSOMPTIONBoma, République démocratique du Congo

Qui prie sauve son âme

nous a aidés pour la catéchèse

Les premiers communiants de la paroisse de L’Assomption

à Boma

Lettres des missions Lettres des missions

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SŒURS MISSIONNAIRES DE LA CONSOLATA DE LA NAZARETH HOUSENairobi, Kenya

Un merci particulier pour le CD Les chants de la Tradition

Nairobi, 21 juillet 2011

Monsieur le Sénateur, Nous avons une dette de reconnaissance envers vouspour le don de votre revue 30Giorni. Nous la recevonsrégulièrement et nous la lisons avec intérêt, d’autantplus que nous ne pourrions pas accéder autrement auxnouvelles et aux thèmes spécifiques qu’elle traite.

Veuillez accepter nos félicitations pour le but louableque poursuit votre revue: former, informer, expliquer,louer et apprécier le bien et éclairer les lecteurs surd’éventuelles erreurs. Votre personnalité, que nousconnaissons depuis des années, transparaît à travers seslignes, mais votre éditorial régulier nous permet deconnaître mieux encore vos valeurs personnelles.

Merci de partager avec nous cette revue et biend’autres choses. Et un merci particulier pour le CD Leschants de la Tradition, supplément du numéro 4/5.Nous l’avons immédiatement écouté et les voix duchœur, précises, vibrantes, disciplinées, leur exécutionet leur style enchanteur selon la tradition grégorienneont comblé notre cœur. Il est désormais rare de les en-tendre en Europe, et ici, il n’est pas encore possible deles enseigner. Une musique chargée de siècles de dévo-tion et de tradition ne peut pas seulement s’enseigner,

elle doit être vécue et sentie. Si nous, qui avons hérité decette musique sacrée, nous la perdons, nous la laissonstomber en désuétude, comment pourra-t-elle se trans-mettre? Votre initiative est donc bienvenue. C’est uneinitiative artistique, un instrument séculaire de prière,c’est une nécessité.

Nous vous remercions pour votre générosité et pourvotre attention, et nous nous souvenons de vous dansnos prières.

Sœur Viviana Zanesco, au nom de toute la communauté

ARCHIDIOCÈSE DE PRETORIAPhalaborwa, Afrique du Sud

La lecture de 30Daysa été une véritable merveille

Phalaborwa, 22 juillet 2011

Monsieur, Je suis un prêtre catholique romain incardiné dansl’archidiocèse de Pretoria et je travaille actuellement àPhalaborwa, à l’extrême nord du pays.

J’ai eu votre revue entre les mains, même s’il s’agis-sait d’un numéro déjà ancien, puisqu’il remontait à2007. Je l’ai parcourue en la feuilletant d’abord et aifini par la lire en entier. Et cela a été une véritable mer-veille de la lire: les sujets traités sont très importants etoffrent beaucoup d’informations aux catholiques.

Vous faites une œuvre remarquable, d’inspirationtrès élevée.

32 30JOURS N.7/8 - 2011

La dernière Cène

Lettres des missions Lettres des missions

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Enthousiasmé par la qualité de votre revue, j’ai de-mandé des informations. Je serais heureux de la rece-voir régulièrement, mais je n’ai pas les moyens depayer les frais d’abonnement.

Je vous demande humblement de pouvoir bénéfi-cier d’un abonnement gratuit à l’édition anglaise.

J’espère et je veux croire que ma requête sera priseen considération et que cela ne représentera pas unecharge financière trop lourde.

Merci d’avance.Avec mes cordiales salutations,

Père S. Rangwaga

MAISON DU CLERGÉ DE BUENOS AIRESBuenos Aires, Argentine

Chi prega si salvapour la catéchèse des adultes

Buenos Aires, 29 juillet 2011

Chers amis, Je suis un prêtre argentin et je désire vous demanderun service: j’aurais besoin de 10 exemplaires en espa-gnol et 3 en italien de Chi prega si salva. Je l’utilisepour la catéchèse des adultes.

D’avance, mille mercis.Père Francisco Caggia

3330JOURS N.7/8 - 2011

La crucifixion

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Buenos Aires, 18 août 2011

Chers frères,Merci pour l’envoi du très utile Chi prega si salva quej’ai commencé à distribuer le jour même de son arrivée.Que Dieu vous donne les forces et les moyens de conti-nuer. Encore mille mercis et en union de prière,

Père Francisco Caggia

PAROISSE SANTO EUSEBIOInhassoro, Mozambique

Quelques exemplairesde Quem reza se salvapour nos catéchistes

Inhassoro, 4 août 2011

Monsieur le Directeur,Je vous remercie de toutcœur pour le CD de chantsgrégoriens: en les écoutantdu fond de l’Afrique, je suisrevenu à mes années dejeunesse, au séminaire.

Nous recevons votrerevue avec plaisir. Jevous envoie quelques photographies de notreéglise, qui a été récemment consacrée.

Avec mes salutations les plus cordiales,Père Pio Bono

P. S. Envoyez-nous, si possible, quelques exem-plaires de Quem reza se salva pour nos catéchistes.

MISSIONNAIRES COMBONIENSDondi, République démocratique du Congo

La lecture de 30Joursmʼoffre des moments de sérénité

Dondi, 6 août 2011

Par cette lettre, je désire vous exprimer ma reconnais-sance pour la revue 30Jours que je reçois presque ré-gulièrement ici, en République démocratique duCongo. Si je dis “presque”, c’est à cause du mauvaisfonctionnement des Postes locales. Même si je ne re-

çois pas tous les numéros, la revue me plaît beaucoupà cause des nouvelles, des articles, des réflexions etdes très belles photos qu’elle propose. Lorsque j’ai lapossibilité de parcourir les pages de 30Jours, je passedes moments de sérénité et de détente.

Je pense vous faire plaisir en vous envoyant unedes photos où je me trouve avec quelques catéchistesqui ont suivi un cours de formation en mars dernier, auCentre pastoral et social que nous gérons dans notremission de Dondi (Watsa), dans le Nord-est de la Ré-

publique démocratique du Congo.En vous exprimant mes senti-

ments de grande estime et mesvœux pour une longue vie encore,je vous présente mes respectueusessalutations et l’assurance de maprière auprès du Seigneur.

Père Giacomo Biasotto

DIOCÈSE DE SANTIAGO DU CAP VERTPraia, Cap Vert

Cent exemplaires de Quem reza se salva

Praia, 8 août 2011

C’est avec une grande joie et une profon-de reconnaissance que je vous annonce

l’arrivée de la belle, riche et importante revue 30Gior-ni en portugais, fruit de la générosité et de l’esprit deservice de son directeur et de son équipe.

Je vous remercie de l’envoi spontané et gratuit de cet-te intéressante revue aux Églises de mission, ainsi que dusupplément du numéro 4/5 -2011, avec le CD et le livretOs cantos daTradição. Que Dieu vous récompense.

Je voudrais aussi vous demander cent exemplairesdu livret Quem reza se salva.

Bien que je ne le connaisse pas, je suis convaincuqu’il s’agit d’un livre très utile, en mesure d’aider lespersonnes qui veulent ou sentent qu’elles doiventprier, mais qui ont besoin d’une aide. Les livrets leurseront distribués.

En vous souhaitant toutes les bénédictions du Sei-gneur, je saisis l’occasion pour vous présenter, Mon-sieur le Directeur, mes respectueuses salutations enJésus-Christ.

Arlindo Gomes Furtado, évêque de Santiago du Cap Vert

34 30JOURS N.7/8 - 2011

Lettres des missions

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Karachi, 25 juillet 2011

Cher Monsieur,Merci beaucoup pour l’envoi ré-gulier de 30Giorni/30Days. Jedois maintenant vous remerciernon seulement pour le livretWho prays is saved mais aussipour The chants of Tradition.C’est une gentille pensée devotre part et de celle de vos col-laborateurs. Merci pour tout ceque vous faites pour de trèsnombreuses personnes, en par-ticulier dans les missions. Mercipour votre fidélité à l’Église.Que Dieu vous bénisse vous et

vos collaborateurs dans votreœuvre d’amour.

Je vous demande de prierpour notre Église au Pakistan.

Avec tous mes vœux et mabénédiction, sincèrement vôtredans le Christ,

Evarist Pinto, archevêque de Karachi

3530JOURS N.7/8 - 2011

CHAPELLE DE MARIE MÈRE DE DIEUKuching, Sarawak, Malaisie

Jʼai toujours lu 30Giorniavec un grand plaisir pour ses articlesdoctrinaux et ses interviews

Kuching, 20 juillet 2011

Monsieur le Directeur,Cela fait des années désormais que je reçois régulière-ment en hommage un exemplaire de votre revue. Jevous remercie du fond du cœur. Je l’ai toujours lue avecun grand plaisir, tout particulièrement les articles doctri-naux et les interviews. Je vous remercie aussi pour avoirde temps en temps joint des livrets comme le tout der-nier The chants of Tradition. J’offrirai des prières pourvous, pour vos collaborateurs et pour le succès de la re-vue. Je serai heureux si vous continuez à me l’envoyer.

J’ai quitté ma charge en 2003, mais j’ai continué àpratiquer activement le ministère sacerdotal en offrantmon aide à des paroisses et à des particuliers. Je re-mercie le Seigneur de ma santé qui, tout compte fait,

est bonne et de l’aide qu’Il me donne pour ne pasperdre l’esprit sacerdotal.

Avec tous mes souhaits, je suis, reconnaissant dansle Seigneur, votre

Peter Chung Hoan TingArchevêque émérite de Kuching

DIOCÈSE DE SAN ANGELOSan Angelo, Texas, États-Unis

Je vous remercie du fond du cœur pour le CD et le livret de chants grégoriens

San Angelo, 28 juillet 2011

Chers amis,Je vous remercie du fond du cœur pour le CD et pour le li-vret de chants grégoriens. J’apprécie beaucoup ce don spé-cial et joins une donation pour exprimer ma gratitude.

Que la paix du Seigneur soit avec vous.Sincèrement dans le Christ et Marie,

Michael D. Pfeifer, omi, Evêque de San Angelo

Le Courrier du Directeur

ARCHIDIOCÈSE DE KARACHIKarachi, Pakistan

Merci pour votre fidélité à lʼÉglise

Les couvertures de Who prays is savedet de The Chants of Tradition

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Le cinquantième anniversaire de l’ou-verture du Concile Vatican II tombera

en 2012, année désormais proche. Un demi-siècle plustard, ce qui a été un événement majeur de la vie de l’Égli-se continue à susciter des débats – qui s’intensifierontprobablement dans les prochains mois – sur la questionde savoir quelle est l’interprétation la plus juste de cetteassemblée conciliaire.

Les disputes de caractère herméneutique, impor-tantes certainement, risquent pourtant de devenir descontroverses pour spécialistes. En revanche, il peut inté-resser tout le monde, dans le moment présent surtout,

de redécouvrir la source de l’inspiration qui a animé leConcile Vatican II.

La réponse la plus commune reconnaît que cet évé-nement est né du désir de renouveler la vie intérieure del’Église et d’adapter sa discipline aux nouvelles exi-gences, pour proposer à nouveau, avec une nouvelle vi-gueur, sa mission dans le monde actuel, mission attenti-ve dans la foi «aux signes des temps». Mais plus profon-dément, il faut chercher à saisir quel était le visage le plusintime de l’Église que le Concile se proposait de recon-naître et de représenter au monde, dans son dessein demise à jour.

Le titre et les premières lignes de la constitution dog-matique conciliaire Lumen gentium, consacrée à l’Égli-se, sont en ce sens éclairantes dans leur limpidité et dansleur simplicité: «Le Christ est la lumière des peuples; ré-uni dans l’Esprit Saint, le saint Concile souhaite donc ar-demment, en annonçant à toutes les créatures la bonnenouvelle de l’Évangile, répandre sur tous les hommes laclarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église».Dans l’incipit de son document le plus important, le der-nier Concile reconnaît que ce qui constitue la source del’Église n’est pas l’Église elle-même mais la présence vi-vante du Christ qui édifie personnellement l’Église. Lalumière qu’est le Christ se reflète dans l’Église commedans un miroir.

La conscience de cette donnée élémentaire (l’Égliseest le reflet dans le monde de la présence et de l’actiondu Christ) éclaire tout ce que le dernier Concile a dit surl’Église. Le théologien belge Gérard Philips, qui fut leprincipal rédacteur de la constitution Lumen gentium,mit justement en évidence cette donnée dans son mo-numental commentaire du texte conciliaire. Selon lui,«la constitution sur l’Église adopte dès le départ la pers-pective christocentrique, perspective qui s’affirmerafortement au cours de toute l’exposition. L’Église enest profondément convaincue: la lumière des peuplesrayonne non à partir de l’Église mais de son divin

36 30JOURS N.7/8 - 2011

Cette perception de l’Église comme “lumière réfléchie” qui unit les Pères du premier millénaireet le Concile Vatican II

¬

par le cardinal Georges Cottier, opthéologien émérite de la Maison pontificale

Le portail central de la cathédrale de Chartres,

XIIe-XIIIe siècle

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R É F L E X I O N S S U R L E M Y S T È R E E T L A V I E D E L ’ É G L I S E

30JOURS N.7/8 - 2011 37

Le dernier Concile reconnaît que ce qui constitue la source de l’Église

n’est pas l’Église elle-même mais la présence vivante du Christ qui édifie

personnellement l’Église. La lumière qu’est le Christ se reflète dans l’Église

comme dans un miroir

La Transfiguration, mosaïque de la première moitié du XIe siècle du monastère Hosios Loukas, Chaidari, Athènes

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Fondateur: et pourtant l’Église sait bien que, se reflé-tant sur son visage, ce rayonnement atteint l’humanitéentière » (La Chiesa e il suo mistero nel Concilio Vati-cano II: storia, testo e commento della costituzioneLumen gentium, Jaca Book, Milan 1975, v. I, p. 69).Une perspective reprise jusque dans les dernièreslignes du même commentaire dans lesquelles Philipsrépète que «ce n’est pas à nous de prophétiser sur l’ave-

nir de l’Église, sur ses insuccès et ses développements.L’avenir de cette Église, dont Dieu a voulu faire le refletdu Christ, Lumière des Peuples, est dans Ses mains»(ibid. v. II, p. 314).

La perception de l’Église comme reflet de la lumièredu Christ rapproche le Concile Vatican II des Pères del’Église qui, dès les premiers siècles, recouraient à l’ima-ge du mysterium lunae, le mystère de la lune, pour sug-

38 30JOURS N.7/8 - 2011

Il faut en même temps considérer comme un fait objectif la correspondance

entre la perception de l’Église exprimée dans la Lumen gentium et celle

qui était déjà partagée dans les premiers siècles du christianisme.

C’est-à-dire que l’Église n’est pas présupposée comme un sujet distinct,

préétabli. L’Église s’en tient au fait que sa présence dans le monde fleurit

et subsiste comme reconnaissance de la présence et de l’action du Christ

La mission des apôtres, fresque du Xe siècle, Tokali Kilise, Göreme, Turquie

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gérer quelle était la nature de l’Église et l’action qui luiconvient. Comme la lune, «l’Église brille non de sa lumiè-re propre mais de celle du Christ» («fulget Ecclesia nonsuo sed Christi lumine»), dit saint Ambroise. Tandis que,pour Cyrille d’Alexandrie, «l’Église est auréolée de la lu-mière divine du Christ, qui est l’unique lumière dans leroyaume des âmes. Il y a donc une seule lumière: l’Églisebrille aussi cependant dans cette seule lumière, mais ellen’est pas le Christ lui-même».

En ce sens, mérite attention la réflexion présentée ré-cemment par l’historien Enrico Morini dans une inter-vention recueillie sur le site www.chiesa.espressonline.itdont s’occupe Sandro Magister.

Selon Morini – qui est professeur d’Histoire du chris-tianisme et des Églises à l’Université de Bologne –, leConcile Vatican II s’est mis «dans la perspective de lacontinuité la plus absolue avec la tradition du premiermillénaire, selon une périodisation qui n’est pas pure-ment mathématique mais qui porte sur le fond deschoses, le premier millénaire d’histoire de l’Église étantcelui de l’Église des sept Conciles, de l’Église encore in-divise […]. En promouvant le renouvellement de l’Églisele Concile n’a pas cherché à introduire quelque chose denouveau – comme le désirent et le craignent respective-ment les progressistes et les conservateurs – mais à re-tourner à ce qui s’est perdu».

Cette observation peut créer des équivoques si elleest assimilée au mythe historiographique qui voit le dé-roulement de l’histoire de l’Église comme une décaden-ce progressive et un éloignement croissant du Christ etde l’Évangile. On ne peut pas non plus accréditer les op-positions artificieuses selon lesquelles le développementdogmatique du second millénaire ne serait pas confor-me à la Tradition partagée durant le premier millénairede l’Église indivise. Comme l’a souligné le cardinalCharles Journet, en se référant entre autres au bienheu-reux John Henry Newman et à son essai sur le dévelop-pement du dogme, le depositum que nous avons reçun’est pas un dépôt mort mais un dépôt vivant. Et tout cequi est vivant se maintient en vie en se développant.

Il faut en même temps considérer comme un fait ob-jectif la correspondance entre la perception de l’Égliseexprimée dans la Lumen gentium et celle qui était déjàpartagée dans les premiers siècles du christianisme.C’est-à-dire que l’Église n’est pas présupposée commeun sujet distinct, préétabli. L’Église s’en tient au fait quesa présence dans le monde fleurit et subsiste comme re-connaissance de la présence et de l’action du Christ.

Dans notre plus récente actualité ecclésiale, cetteperception de ce qui constitue la source de l’Églisesemble parfois s’obscurcir pour beaucoup de chrétienset une sorte de renversement paraît se produire: de re-flet de la présence du Christ (qui, avec le don de Son Es-prit, édifie l’Église), on passe à une perception de l’Égli-se comme une réalité qui s’emploie matériellement et

idéalement à attester et réaliser par elle-même sa pré-sence dans l’histoire.

De ce second modèle de perception de la nature del’Église, qui n’est pas conforme à la foi, découlent desconséquences concrètes.

Si, comme il le faut, l’Église se perçoit dans le mondecomme reflet de la présence du Christ, l’annonce de l’É-vangile ne peut s’effectuer que dans le dialogue et dans laliberté et doit renoncer à tout moyen de coercition aussibien matériel que spirituel. C’est la voie indiquée parPaul VI dans sa première encyclique Ecclesiam Suam¸publiée en 1964, qui exprime parfaitement le regardque le Concile porte sur l’Église. Le regard que le Conci-le a porté sur les divisions entre chrétiens et ensuite surles croyants des autres religions reflétait lui aussi la mê-me perception de l’Église. Ainsi la demande de pardonpour les fautes des chrétiens, demande qui a étonné et

fait discuter au sein du corps ecclésial quand elle fut pré-sentée par Jean Paul II, est parfaitement en accord avecla conscience de l’Église décrite jusqu’à présent. Si l’Égli-se demande pardon ce n’est pas pour se conformer auxusages du monde mais parce qu’elle reconnaît que lespéchés de ses enfants obscurcissent la lumière du Christqu’elle est appelée à laisser se réfléchir sur son visage.Tous ses enfants sont des pécheurs appelés par l’actionde la grâce à la sainteté. Une sanctification qui est tou-jours un don de la miséricorde de Dieu, lequel désirequ’aucun pécheur – aussi horrible soit son péché – nesoit entraîné par le Malin sur la voie de la perdition. Oncomprend ainsi la formule du cardinal Journet: l’Égliseest sans péché mais non sans pécheurs.

Le référence à la vraie nature de l’Église comme re-flet de la lumière du Christ a aussi des implicationspastorales immédiates. On enregistre malheureuse-ment dans le contexte actuel la tendance de certainsévêques à exercer leur magistère à travers des dé-

30JOURS N.7/8 - 2011 39

Les apôtres Paul, Jean, Jacques le Majeur, Jacques le Mineur

et Bartholomée, portail sud de la cathédrale de Chartres

¬

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40 30JOURS N.7/8 - 2011

Peut-être, dans le monde actuel, serait-il plus simple et réconfortant pour

tout le monde d’écouter des pasteurs qui parlent à tout le monde sans donner

la foi comme présupposée. Comme l’a reconnu Benoît XVI dans son homélie

à Lisbonne, le 11 mai 2010, «souvent nous nous préoccupons fébrilement

des conséquences sociales, culturelles et politiques de la foi, escomptant que

cette foi existe, ce qui malheureusement s’avère de jour en jour moins réaliste»

La Pentecôte, mosaïque de la première moitié du XIe siècle du monastère Hosios Loukas, Chaidari, Athènes

clarations faites dans les media, dans lesquelles sontsouvent fournies des prescriptions et des indicationssur ce que doivent ou ne doivent pas faire les chré-tiens. Comme si la présence des chrétiens dans lemonde était le produit de stratégies et de prescriptionset ne naissait pas de la foi, c’est-à-dire de la reconnais-sance de la présence du Christ et de son message.Peut-être, dans le monde actuel, serait-il plus simple et

réconfortant pour tout le monde d’écouter des pas-teurs qui parlent à tout le monde sans donner la foicomme présupposée. Comme l’a reconnu BenoîtXVI dans son homélie à Lisbonne, le 11 mai 2010,«souvent nous nous préoccupons fébrilement desconséquences sociales, culturelles et politiques de lafoi, escomptant que cette foi existe, ce qui malheureu-sement s’avère de jour en jour moins réaliste». q

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La Foresteria

L’Aquila - Pescara

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Dépêches Dépêches Dép

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Palais apostolique de Castel Gandolfodimanche 7 août 2011

Chers frères et sœurs, Dans l’Évangile de ce dimanche, nousrencontrons Jésus qui, s’étant retiré sur lamontagne, prie tout au long de la nuit. LeSeigneur, à l’écart aussi bien des gens quede ses disciples, manifeste son intimitéavec le Père et la nécessité de prier dansla solitude, à l’abri des tumultes du mon-de. Cet éloignement, ne doit toutefoispas être entendu comme un désintérêt àl’égard des personnes ou un abandondes apôtres. Au contraire – racontesaint Matthieu – il obligea les disciples àmonter dans la barque et «à le devancersur l’autre rive» (Mt 14, 22), pour lesrencontrer à nouveau. Entre-temps, labarque «se trouvait déjà à une bonne dis-tance de la terre, elle était battue par lesvagues, car le vent était contraire» (v.24), et voici qu’«à la quatrième veille dela nuit, [Jésus] vint vers eux en marchantsur la mer» (v. 25); les disciples furenttroublés et le prenant pour un fantôme«pris de peur, ils se mirent à crier» (v.26), ils ne le reconnurent pas, ils ne

comprirent pas qu’il s’agissait du Sei-gneur. Mais Jésus les rassure: «Confian-ce, c’est moi, n’ayez pas peur» (v. 27).C’est un épisode dont les Pères de l’Égliseont tiré une très riche signification. Lamer symbolise la vie présente et l’instabi-lité du monde visible; la tempête indiquetoutes sortes de tribulations, de difficultés,qui oppriment l’homme. La barque, enrevanche, représente l’Église construitepar le Christ et guidée par les apôtres. Jé-sus veut éduquer les disciples à supporteravec courage les adversités de la vie, en

ANGÉLUS

«Par tes seules forces, tu ne peux te relever. Serre la main de Celui qui descend jusqu’à toi»

¬

Saint Augustin, imaginantqu’il s’adresse à l’apôtre,commente: le Seigneur «s’estabaissé et t’a pris par la main.Par tes seules forces, tu nepeux te relever. Serre la mainde Celui qui descend jusqu’àtoi» (Enarrationes in Psalmos95, 7) et cela il ne le dit pasuniquement à Pierre, mais ilnous le dit à nous aussi

Couverture

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pêches Dépêches Dépêches30JOURS DANS LE MONDE 30JOURS DANS LE MONDE 30JOURS DANS LE MONDE

Jésus sauve Pierre des eaux, mosaïque de la cathédrale de Monreale, Palerme

30JOURS N.7/8 - 2011 43

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Dépêches Dépêches Dép30JOURS DANS LE MONDE 30JOURS DANS LE MONDE 30JOURS DANS LE MON

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ayant confiance en Dieu, en Celui qui s’estrévélé au prophète Elie sur l’Horeb dans le«bruit d’une brise légère» (1R 19, 12). Cepassage se poursuit ensuite par le geste del’apôtre Pierre qui, dans un élan d’amourenvers le Maître, lui demande d’aller à sarencontre en marchant sur les eaux.«Mais, voyant le vent, il prit peur et, com-mençant à couler, il s’écria: “Seigneur,sauve-moi!”» (Mt 14, 30). Saint Augustin,imaginant qu’il s’adresse à l’apôtre, com-mente: le Seigneur «s’est abaissé et t’a prispar la main. Par tes seules forces, tu nepeux te relever. Serre la main de Celui quidescend jusqu’à toi» (Enarrationes inPsalmos 95, 7) et cela il ne le dit pas uni-quement à Pierre, mais il nous le dit à nous

aussi. Pierre marche sur les eaux non parses propres forces, mais par la grâce divi-ne, en laquelle il croit, et lorsqu’il est em-porté par le doute, lorsqu’il ne fixe plus leregard sur Jésus, mais qu’il a peur du vent,lorsqu’il ne se fie pas pleinement à la paro-le du Maître, cela veut dire qu’il est en trainde s’éloigner intérieurement de Lui et c’està ce moment-là qu’il risque de s’abîmerdans la mer de la vie, et il en est ainsi pournous aussi: si nous nous regardons unique-ment nous-mêmes, nous devenons dépen-

Le grand penseur RomanoGuardini écrit que le Seigneur«est toujours proche, puisqu’ilest à la racine de notre être.Toutefois, nous devons fairel’expérience de notre rapportavec Dieu entre les pôles de l’éloignement et de laproximité. Par la proximité,nous sommes renforcés, parl’éloignement nous sommesmis à l’épreuve»

Jésus sauve Pierre des eaux, détail

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pêches Dépêches DépêchesNDE 30JOURS DANS LE MONDE 30JOURS DANS LE MONDE 30JOURS DANS LE MONDE

dants des vents et nous ne pouvons pluspasser sur les tempêtes, sur les eaux de lavie. Le grand penseur Romano Guardiniécrit que le Seigneur «est toujoursproche, puisqu’il est à la racine de notreêtre. Toutefois, nous devons faire l’expé-rience de notre rapport avec Dieu entreles pôles de l’éloignement et de la proxi-mité. Par la proximité, nous sommes ren-forcés, par l’éloignement nous sommesmis à l’épreuve» (Accettare se stessi,Brescia, 1992, p. 71).

Chers amis, l’expérience du prophèteElie qui entendit le passage de Dieu, etl’épreuve de la foi de l’apôtre Pierre nousfont comprendre que le Seigneur, avantmême que nous le cherchions ou quenous l’invoquions, vient Lui-même ànotre rencontre, abaisse le ciel pour noustendre la main et nous porter à sa hau-teur; il attend uniquement que nous nousen remettions totalement à Lui, que nousprenions réellement sa main. Invoquonsla Vierge Marie, modèle d’une confiancetotale en Dieu, pour que, au milieu detant de préoccupations, de problèmes,de difficultés qui agitent la mer de notrevie, résonne dans le cœur la parole rassu-rante de Jésus, qui nous dit à nous aussi:Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur!,et que grandisse notre foi en Lui.

Invoquons la Vierge Marie,modèle d’une confiance totaleen Dieu, pour que, au milieude tant de préoccupations, de problèmes, de difficultésqui agitent la mer de notre vie,résonne dans le cœur la parolerassurante de Jésus, qui nous dit à nous aussi: Confiance, c’est moi, n’ayezpas peur!, et que grandissenotre foi en Lui

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ÉGLISE/1Premier millénaire.Remarques de méthode

Settimo cielo, le blog que publie levaticaniste Sandro Magister pourl’Espresso, a présenté un débat surla Tradition catholique et le ConcileVatican II. On y trouve un article da-té du 15 juillet, signé par EnricoMorini, titulaire de la chaire d’His-toire du Christianisme et desÉglises à l’Université de Bologne,dont nous rapportons le début: «Leproblème, éventuellement, n’estpas tant de savoir ce que l’on en-tend par tradition, mais s’il y a euun moment où, en Occident, s’estpassé quelque chose qui a fait quece flux vital qui ne s’est jamais inter-rompu – loin de moi l’ idée demettre en doute cette fidélité demon Église à la tradition! – est enquelque sorte devenu trouble.C’est, selon moi, vers la fin du pre-mier millénaire que s’est produitquelque chose d’important. Et c’estpourquoi je vois un critère hermé-neutique du Concile Vatican II pré-cisément dans le retour à l’expé-rience commune de l’Église indivi-se. L’Orthodoxie aurait besoin elleaussi d’une “réforme” similaire desa vie ecclésiale – fût-ce à un degrémoindre que l’Occident catholiqueromain –, et elle devrait suivre cemême critère. Elle a d’ailleurs déjàcommencé à le faire (il suffit depenser au “retour aux Pères” entre-pris par la théologie russe de l’émi-gration). Et si ce retour à sa tradi-tion arrivait aux sources mêmes del’ecclésiologie orthodoxe – en la dé-pouillant des éléments indus qui sesont accumulés au cours de sièclesde polémiques – au terrible problè-me de la primauté romaine lui-mê-me pourraient peut-être être trou-vées des solutions aujourd’hui in-imaginables. La succession préco-nisée pour la chaire épiscopale mi-lanaise, dont la méthode m’a litté-ralement stupéfié (sans que jeconteste le moins du monde lechoix en lui-même, étant donné lapersonnalité éminente de l’élu), apermis ces jours-ci de mesurer lechemin qui reste à faire en la matiè-re, dans l’Église catholique. Trans-

férer un évêque d’une grande Égli-se (Aquilée - Grado - Venise), quis’honore de racines apostoliques, àune autre grande Église qui s’hono-re non seulement d’un remar-quable présent, mais d’un passénon moins remarquable (il suffit depenser à la tradition ambrosienne),cela fait trop penser au transfertd’un fonctionnaire méritant d’unepréfecture à une autre, plus presti-gieuse et plus contraignante. Cet

épisode me semble le symptômed’un fort dysfonctionnement ecclé-siologique».

ÉGLISE/2Comme à l’époque de l’assassinat de Moro (9 mai 1978)

On peut lire, dans le Corriere dellaSera du 28 août, un article d’Alber-

La basilique patriarcale Santa Maria Assunta à Aquilée

La découverte du cadavre d’Aldo Moro, via Caetani, à Rome, le 9 mai 1978

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to Melloni qui propose ses ré-flexions sur l’introduction du “8pour mille” (la contribution de l’Étatitalien en soutien de l’Église): «Enfait, l’argent versé à la Conférenceépiscopale italienne a été souvent(presque toujours) bien dépensé: il aremis en état un patrimoine que leFonds pour les édifices du culte duMinistère de l’Intérieur ne pouvaitentretenir et il a financé un grandnombre d’opérations de solidarité.Mais ce tableau n’est pas sansombres: cette contribution a certai-nement permis d’arroser des mi-lieux non désintéressés, d’acheterdes consentements à vendre, elle aaccordé sa confiance à des inca-pables de la finance et de la culture,elle a couvert de piètres opérations(d’ailleurs, comme l’expliquait ungrand cardinal italien à propos de

l’argent, “les prêtres-crapules onttoujours fait confiance aux cra-pules, parce qu’ils sont eux-mêmesdes crapules; les bons prêtres fontconfiance aux crapules parce qu’ilssont bons”) […]. Mais cet argent aérodé quelque chose de beaucoupplus profond pour l’Église italienne,à savoir sa foi dans la pauvreté com-

me voie nécessaire de l’Église, se-lon le lumineux précepte de laconstitution conciliaire LumenGentium 8. En effet – commenous l’a montré l’émergence descrimes de pédophilie –, tout conseilévangélique peut être vécu d’unemanière superficielle ou profonde.Et de même que la superficialité ac-croît les turpitudes, la sincérité, mê-me faible, accroît la vertu. De cettemanière, le peu de confiance – si jepeux m’exprimer ainsi – de l’Églisedans la pauvreté lui a fait perdre unecrédibilité dont elle aurait besoin au-jourd’hui, pour constituer, dans letournant que nous sommes en trainde vivre, un facteur d’unité profon-de de notre pays. Quelque chose delimpide et d’éloigné de la politiquecomme un tel acte de foi – avectoutes les conséquences de rigueur

et de transparence qu’il comporte –donnerait aux évêques ou au moinsaccroîtrait chez eux une autoritédont ils sont les premiers à avoir be-soin, face au spectacle de regrets etde luttes éhontées pour la carrièreecclésiastique, et dont le pays lui-même a encore plus besoin. Dansles jours les plus difficiles de l’après-

fascisme – le 8 septembre 1943, le9 mai 1978 –, l’Italie a trouvé enl’Église un soutien irremplaçable, etc’est par ces gestes de couragequ’elle a gagné une crédibilité quiest restée intacte pendant des dé-cennies. Nul ne peut exclure quenotre pays doive affronter aujour-d’hui des jours heureusement diffé-rents dans leur forme, mais qui de-mandent dans le fond un engage-ment tout aussi important».

ÉGLISE/3Messori: le premier millénaireet l’Église qui n’est pas la nôtre, mais la Sienne

Vittorio Messori réfléchit, dans leCorriere della Sera du 31 août,sur la baisse des vocations quitouche plusieurs congrégations re-l igieuses, et i l conclut en cestermes: «Il est certainement dou-loureux d’assister au déclin d’insti-tutions qui ont bien mérité et quiont donné de nombreux saints àl’Église, et de constater la douleurde chrétiens qui ont donné leur vieà des familles religieuses qu’ils ai-maient et qu’ils voient aujourd’huis’éteindre. Mais dans la perspecti-ve de la foi, il n’y a rien qui puisseêtre vraiment inquiétant. La Provi-dence qui guide l’histoire (et encoreplus l ’Église, corps même duChrist) sait ce qu’elle fait: “Tout estGrâce”, pour citer les dernières pa-roles du curé de campagne de Ber-nanos. L’Église n’est pas un fossile,mais un arbre vivant dont certainesbranches sèchent, alors qued’autres surgissent, pleines de vi-gueur. Ceux qui connaissent sonhistoire savent que dans cette Égli-se, à l’exemple de son Fondateur,la mort est suivie de la résurrection,dans des formes souvent impré-vues. N’oublions pas que dans lepremier millénaire chrétien, il n’y aeu que des prêtres séculiers et desmoines. Les familles religieuses nesont apparues qu’à partir dudeuxième millénaire. Il n’y a eu nifrères ni sœurs pendant des siècles,et tout en laissant un souvenir glo-rieux et nostalgique, ceux-ci pour-raient donc ne plus exister dans

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Paul VI pendant la messe de suffrage d’Aldo Moro, le 13 mai 1978, à Saint-Jean-de-Latran

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l’avenir (il s’agit d’une hypothèseextrême), ou du moins perdre pro-gressivement leur influence. Ce quiest sûr, c’est qu’à chaque généra-tion, naîtra chez de nombreuxchrétiens le besoin de vivre l’Évan-gile sine glossa, dans sa radicalité.Quel nouveau visage prendra la vieentièrement consacrée au perfec-tionnement personnel et au servicedu prochain? Eh bien, nous ne pos-sédons pas la connaissance del’avenir, elle est le monopole de Ce-lui qui, à travers de pauvreshommes, guide une Église qui n’estpas la nôtre, mais la Sienne».

SACRÉ COLLÈGELa mort des cardinaux Noè,Ambrozic et Deskur

Le 24 juillet a disparu le cardinallombard Virgilio Noè, 89 ans, ar-chiprêtre émérite de la basiliqueSaint-Pierre au Vatican. Le 26août, c’était le tour du cardinal ca-nadien Aloysius Matthew Ambro-zic, 81 ans, archevêque émérite deToronto. Enfin le 3 septembre,s’est éteint le cardinal polonais An-drzej Maria Deskur, 87 ans, prési-dent émérite du Conseil pontificaldes Communications sociales. À

cette date, le Sacré Collège comptedésormais 193 membres, dont114 électeurs.

SAINT SIÈGE/1 Bertello et Sciacca au sommet du Gouvernoratvatican

Le 3 septembre, Benoît XVI a ac-cepté la démission du cardinal Gio-vanni Lajolo, 76 ans, de sa chargede président de la Commissionpontificale pour l’État de la Cité duVatican et président du Gouverno-

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Le Corriere della Sera du 25 août publie le compte-rendu approfondi d’une étude de Roberto Cartoccisur le catholicisme en Italie publiée par les éditions IlMulino. Les statistiques réunies dans cette étude of-frent la photographie d’une Italie divisée entre unNord déchristianisé et un Sud où la dévotion catho-lique est encore répandue. Nous citons un passagedu Corriere: «Cartocci remarque ensuite que la sécu-larisation s’accompagne d’un processus opposé, àsavoir la présence de mouvements qui renforce-raient le catholicisme italien en garantissant à l’Égliseun poids politique décisif. En est-il vraiment ainsi?L’étude indique une accélération de la sécularisationvers le milieu des années Quatre-vingt. En 1985, auCongrès de Lorette, l’Église italienne a fait basculerson centre de gravité, passant des associations tradi-tionnelles à base paroissiale (Action catholique, As-

sociation chrétienne des travailleursitaliens, scouts) aux nouveaux mou-vements (Communion et Libération,Saint Egidio, entre autres). Ainsi étaitmis fin à une période de grande di-versification d’un catholicisme italienqui couvrait, au prix de quelqueconflit, une large palette de sensibili-tés et, grâce à la dimension nationaledes associations, la péninsule toutentière. En revanche, les mouve-ments n’ont qu’un enracinementgéographique limité et notamment,

ils sont sans influence sur les particularités de l’Égliseméridionale que Cartocci a notées. Si, d’un côté,s’est créé un noyau dur du catholicisme italien appa-remment fort, de l’autre, l’appauvrissement de sa di-versification interne a mené à une accélération de lasécularisation justement dans les régions où la pré-sence de ces mouvements est la plus forte (commec’est le cas pour Communion et Libération et laLombardie). Faire face à la sécularisation n’est paschose facile; c’est peut-être même impossible. Mais ilest légitime de se demander si des choix différentsauraient atténué la fracture révélée par Cartocci».

Jean Paul II intervient au cours du Congrès ecclésial “Réconciliation

chrétienne et communauté des hommes”, Lorette, avril 1985

Roberto Cartocci, Geografia dell’Italia cattolica,

Il Mulino, Bologne 2011, 182 p., 15,00 euros

COMPTE-RENDUMouvements et déchristianisation

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rat de ce même État, «en lui de-mandant de rester en charge jus-qu’au 1er octobre 2011, avectoutes les facultés inhérentes à cesoff ices». Le Pape a en mêmetemps nommé le successeur deMgr Lajolo en la personne de l’ar-chevêque piémontais GiuseppeBertello, 69 ans, nonce aposto-lique en Italie et auprès de la Répu-bl ique de San Marino depuis2007, «lequel assumera les dits of-fices le 1er octobre prochain». Tou-jours le 3 septembre, Benoît XVI anommé Mgr Giuseppe Sciacca se-crétaire du Gouvernorat, en l’éle-vant au siège épiscopal titulaire deVittoriana: né à Catane il y a 56ans, ordonné prêtre en 1978 pourle diocèse d’Acireale, Mgr Sciaccaétait prélat auditeur du Tribunal dela Rote romaine depuis 1999.

SAINT SIÈGE/2O’Brien Pro Grand Maître de l’Ordre du Saint Sépulcre

Le 29 août, le Pape a accepté ladémission du cardinal John PatrickFoley, 76 ans, de sa fonction deGrand Maître de l’Ordre équestredu Saint Sépulcre de Jérusalem etil a nommé Pro Grand Maître MgrEdwin Frederick O’Brien, 72 ans,qui était archevêque de Baltimoredepuis 2007.

MOYEN-ORIENT/1Israël et la terreur de la paix

«Les hommes politiques israélienssont terrorisés par la paix. Ils trem-blent à l’idée que la paix soit pos-sible. Parce que, sans guerre etsans mobilisation générale, ils nesavent pas comment vivre. Israëlne voit pas les missiles qui tombentsur ses petites villes de frontièrecomme un mal absolu. Bien aucontraire: les hommes politiquesseraient inquiets, et même alarméssans cette pluie de feu». Ainsi s’ex-prime Zygmunt Bauman, juif polo-nais qui a traversé l’horreur de laShoah et des purges staliniennes,dans une interview controverséeaccordée à l’hebdomadaire polo-

nais Politika et reprise, en Italie,par le Corriere della Sera du 2septembre.

MOYEN-ORIENT/2Grossman, le messianisme et la voie étroite de la paix

«“La guerre n’est pas notre des-tin”. Ces mots poignants ont étéprononcés par l’écrivain israélienDavid Grossman, qui continue à

penser qu’il existe une voie étroitevers la paix, même en ces jours oùle vent de la guerre souffle à nou-veau furieusement. “Aujourd’hui,il nous semble terriblement difficilede l’imaginer parce que cela com-porterait des compromis doulou-reux”. […] “Évidemment”, conti-nue Grossman “on courra toujoursle risque d’avoir, des deux côtés, denouveaux fanatiques qui feronttout pour tuer la paix naissante”».C’est par ces mots que commenceun article paru sur la Repubblicadu 21 août, article qui poursuit encitant une autre réflexion de l’écri-vain israélien: «Si nous sommes as-sez intelligents, courageux et chan-ceux pour arriver à la paix, le mon-de sera surpris de voir que les Israé-liens et les Palestiniens peuventtravailler ensemble et utiliser leurstalents pour commencer à vivrenormalement». Et l ’écrivainconclut en évoquant la situation in-terne de son pays: «On constate unrecul constant de notre démocra-tie. L’État tout entier est devenul’otage d’un groupe de juifs messia-niques. Une petite minorité nousdicte notre système de valeurs,notre politique, notre avenir. […]Je n’ai pas confiance en la bonnevolonté des pays arabes. Mais l’ar-mée ne peut pas être le seul moyende rester ici».

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Enfants palestiniens à Gaza

Giuseppe Bertello

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FINANCE/1La finance et la criminalité organiséene veulent pas de contraintes

«Les États se sont toujours fondéssur deux choses essentielles: le pou-voir (faire les choses) et la politique(les imaginer et les organiser). Laglobalisation avance sans politique.Elle a besoin de rapidité. Elle détesteles contraintes, un peu comme lamalavita. Les règles sont un obs-tacle. Ainsi les marchés les plus flo-rissants dans le monde sont-ils lemarché du crime et celui de la finan-ce. Peu importe qu’ils soientpropres ou sales. Cela ne fait-il pas

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«Quarante-deux millions de dollars: tel est le chiffredu financement que sept fondations américainesauraient versé pour financer la fabrique de la peurde l’islam, un réseau d’activités tendant à discrédi-ter les musulmans et à faire naître dans le public unevéritable terreur des disciples de Mahomet. Cetteaccusation est contenue dans un rapport de 138

pages rédigé pour le“Center for AmericanProgress” par une équipede six chercheurs. Le rap-port dénonce l’islamo-phobie croissante desÉtats-Unis, définie com-me “l’excès de crainte, lahaine et l’hostilité enversl’islam et les musulmans,perpétués à travers deslieux communs négatifsqui font naître les préju-gés, la discrimination, lamarginalisation et l’exclu-sion des musulmans de lavie sociale, politique et ci-vile américaine”. Les cam-pagnes contre les mos-

quées et la charia, la loi is lamique, en sontl’exemple le plus frappant. D’après ce rapport, la“Fear Inc.” [Société de la Peur] aurait cinq facettes:les financements, les experts en islamophobie, lesorganisations de militants liées pour la plupart à ladroite religieuse, les médias et les hommes poli-tiques» (Corriere delle Sera du 29 août).

La Mosquée bleue,

où s’est rendu Benoît XVI

le 30 novembre 2006, Istanbul

MONDEConstructeurs de l’ennemi islamique

Une agence de Lehman Brothers

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réfléchir?». Ainsi s’exprime Zyg-munt Bauman, sociologue et philo-sophe, dans La Stampa du 7 août.

FINANCE/2Le New York Timeset les doutes sur les agencesde rating

Au lendemain du déclassement durating des États-Unis par l’agenceStandard & Poor’s, qui a eu desconséquences tragiques sur le mar-ché mondial, Paul Krugman, prixNobel pour l’économie et éminentjournaliste du New York Times, aécrit: «L’énorme déficit budgétaireaméricain est avant tout le produitde la récession économique qui asuivi la crise financière de 2008.Avec ses consœurs – les autresagences de rating – S&P a joué unrôle déterminant dans l’explosion de

cette crise, en attribuant un ratingAAA à des assets garantis par desemprunts hypothécaires qui se sontrévélés par la suite trash, toxiques.Mais ses erreurs d’évaluation ne s’ar-rêtent pas là. Nul n’ignore que S&Pa attribué un rating A à LehmanBrothers – dont la faillite a déchaînéla panique dans le monde entier –jusqu’à la veille de son écroulement.Et comment a réagi l’agence devantla chute de cette société à laquelle el-le avait attribué le rating A? En dé-clarant officiellement qu’elle n’avaitcommis aucune erreur. Et ce sont

ces gens-là qui se prononcent au-jourd’hui sur la fiabilité des États-Unis d’Amérique en matière de cré-dit?». Cet article a été reproduit pasla Repubblicadu 9 août.

ÉTATS-UNISQuand l’État protège les plus forts

«Tandis que la majeure partie desAméricains peine à arriver à la findu mois, nous autres ultrariches,nous continuons à jouir d’allège-ments fiscaux extraordinaires. […]Ces avantages et d’autres encorenous pleuvent littéralement dessusgrâce aux législateurs de Washing-ton, qui se sentent obligés de noussauvegarder, comme si nous étionsdes petits-ducs maculés ou autresespèces en voie de disparition». Cepassage est tiré d’une interventiondu magnat américain Warren Buf-fet dans le New York Times. Cesdéclarations, qui ont suscité un vas-te débat aux États-Unis et dans le

monde entier, a été rapporté par laRepubblica le 17 août.

DIPLOMATIE/1Relations diplomatiques entre Saint-Siège et Malaisie

Le 27 juillet a été annoncée offi-ciellement la décision du Saint-Siè-ge et de la Malaisie d’établir des re-lations diplomatiques pleines etentières.

DIPLOMATIE/2 Nouveaux nonces à Cuba et au Japon

Le 6 août, l’archevêque Bruno Mu-sarò, 63 ans, originaire des Pouilles,a été nommé nonce à Cuba; il étaitreprésentant pontifical au Pérou de-puis 2009. Le 15 août, l’arche-vêque indien Joseph Chennoth, 68ans, a été nommé nonce au Japon.Il était représentant pontifical enTanzanie depuis 2005. q

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Polémiques estivales à proposde Francesco Totti. Dans unarticle publié par le Corrieredella Sera, Giovanni Bianco-ni explique que le capitaine de“la Roma” n’est pas seule-ment un footballeur, mais aus-si un symbole de “la Roma” etde Rome «Un peu Pasquin, unpeu Marquis del Grillo. Unpeu comme le Caton inter-prété par Vittorio Gassman,quand il exhorte MarcelloMastroianni, qui a pris lestraits de “Scipion dit l’Afri-cain”: “Ici, ce n’est pas la Ré-publique de Platon, mais laboueuse ville de Romulus.Donc du calme!”». Cet articlea été publié le 4 septembresous le titre De Caton à Pas-quin. Pourquoi Totti, cen’est pas seulement le foot. Francesco Totti

CULTURETotti, ce n’est pas seulement le foot

Warren Buffet

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Tout est grâce:le regard tourné verssaint CharlesOui, «tout est grâce». Notre ren-contre aussi. Je sens sur moi la mainde la providence de Dieu. C’est cetteprovidence qui a voulu que ma der-nière année en tant que guide pasto-ral du diocèse de Milan coïncide avecle IVe centenaire de la canonisationde saint Charles Borromée, laquellea eu lieu le 1er novembre 1610, sousle pape Paul V. Je tiens à remercierle Seigneur parce que cette année aété une année très intense, riche eninitiatives de grande signification spi-rituelle, pastorale et culturelle pourl’Église ambrosienne.

Je me permets de signaler seu-lement quelques faits, rappelantavant tout le début de ce centenairequi a connu, comme événementimportant, la lettre apostolique deBenoît XVI Lumen caritatis, du 1er

novembre 2010, le jour anniversai-re de la canonisation; événementimportant et, pour moi, particuliè-rement joyeux car j’ai eu la possibi-lité de lire et de présenter la lettredu Pape aux fidèles ambrosiensdans la solennité de saint Charles,le 4 novembre dernier. Dans sa

par le cardinal Dionigi Tettamanzi

Église

SAINT CHARLES BORROMÉE

La maison bâtie sur le roc«Tout ce que saint Charles a fait et réalisé, il l’a édifié sur le roc inébranlable qu’est le Christ,sur la pleine conformité et fidélité à l’Évangile, sur l’amour inconditionnel pour l’Église du Seigneur». L’intervention de l’archevêqueémérite de Milan au Meeting de Rimini

Le cardinal Dionigi Tettamanzi

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lettre, le Saint-Père propose unesynthèse de quelques-uns des as-pects fondamentaux de la saintetéde Borromée.

Je voudrais les rappeler.Le premier aspect renvoie à son

œuvre d’évêque réformateur.Saint Charles, appliquant avec sa-gesse et originalité les décrets duConcile de Trente, a réformé l’Égli-se qu’il aimait profondément; plusencore, précisément parce qu’il l’ai-mait d’un amour sincère, il a voulu larénover, contribuant à lui redonnerson plus beau visage, celui del’Épouse du Christ, une épouse sanstache et sans ride.

Second aspect de la sainteté deCharles Borromée: il a été un hom-

me de prière, de prière convain-cue, intense, prolongée, vigoureuseet florissante dans sa vie de pasteur.Si saint Charles aima l’Église, ce futparce que, avant encore, il aima leSeigneur Jésus, présent et agissantdans l’Église, dans sa tradition doc-trinale et spirituelle, présent dansl’Eucharistie, dans la Parole deDieu. Surtout il aima le Christ cruci-fié, comme nous le montre l’icono-graphie qui, ce n’est pas un hasard,a voulu nous transmettre l’image dece saint en contemplation et enadoration devant la Passion et laCroix du Seigneur.

Enfin Charles Borromée futsaint – nous rappelle le Pape – par-ce qu’il sut incarner la figure du

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Ci-dessus, Saint Charles visite et assiste les pestiférés, Giovanni Battista Crespi, dit il Cerano, cathédrale de Milan. Dans l’hymne de la liturgie en l’honneur de saintCharles Urbis parentem Carolum, il est fait allusion à la charité maternelle de l’évêque à l’égard des malades de la peste: «Dum saevit annus letifer, ut mater aegris assidet /Tandis que l’année de la peste fait rage, comme une mère il assiste les malades»

Saint Charles miraculeusement sauvé de l’attentat, Giovanni Battista della Rovere, dit il Fiammenghino, cathédrale de Milan

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pasteur zélé et généreux qui, pourle troupeau qui lui a été confié, estprêt à sacrifier toute sa vie: saintCharles fut vraiment “omnipré-sent” dans le diocèse de Milan, àtravers les visites pastorales, il fut at-tentif de manière prophétique et in-cisive aux problèmes de son tempset surtout, comme les grandsévêques du Moyen Âge, il fut au-thentiquement un pater paupe-rum, un père des plus pauvres etdes plus faibles: il suffit de penser àce qu’il sut réaliser dans le domainede la charité et de l’assistance pen-dant les moments dramatiques desfamines et de la peste de 1576. Lalettre du Pape s’intitule justementLumen caritatis, parce qu’elle seréfère explicitement à la charitépastorale que, quotidiennement etde manière héroïque, saint Charlessut vivre et pratiquer.

À l’imitation du Crist qui a donnésa vie pour notre salut, saint Charlesa littéralement “dissous” sa vie dansla charité pastorale. Du moment oùil devint évêque de Milan, il mit sys-tématiquement au premier rangdans ses projets la cause de l’Évangi-le et le bien de l’Église: il les fit passeravant ses propres aises, avant ses in-térêts privés et personnels, avant lesintérêts de sa famille ou du cercle deses amis, avant son temps libre.C’est au point qu’il n’avait jamais detemps pour lui-même, vu que tout letemps qu’un évêque a à sa disposi-tion – disait saint Charles – doit êtreconsacré au salut des âmes.

Le centenaire,de Milan à RiminiC’est pour moi une grande joie quele centenaire de saint Charles, qui acommencé avec les paroles du Pa-pe, se conclue en un certain sens ici,à Rimini, avec cette manifestationqui se présente sous son double vi-sage: culturel et spirituel.

Il y a indubitablement l’aspectculturel: c’est aujourd’hui en effetl’inauguration d’une exposition di-dactique sur la vie et l’œuvre pastora-le de Charles Borromée; il y a despanneaux, des légendes, des sup-ports multi-médiaux; il y a un cata-logue comprenant des contributionsscientifiques. Tout cela est importantparce que cela permet de faire tou-jours mieux connaître, au-delà denombreuses simplifications et par-

delà des lectures partielles ou mêmeinfluencées par des préjugés idéolo-giques, le vrai visage de ce grandévêque, authentique interprète de laréforme tridentine de l’Église.

Mais je tiens personnellement àsouligner surtout l’aspect spirituelde cette initiative, comme il ressortclairement du titre que les organisa-teurs ont voulu choisir pour cetteexposition: “La maison bâtie sur leroc”, en référence à la célèbre pagedu Discours de la Montagne dans la-quelle est racontée la parabole desdeux hommes qui bâtissent leurmaison, le premier sur le sable,l’autre sur le roc. Ce qui arrive esttotalement prévisible: la maison dupremier s’écroule inexorablementface aux premières adversités de la

vie et aux tempêtes de l’histoire; lamaison du second, malgré les diffi-cultés de la vie et les bouleverse-ments de l’histoire, reste debout etrésiste. Et le roc sur lequel est bâtiela maison est Notre-Seigneur leChrist, est son Évangile de vérité etde vie (cf. Mt 7, 24-27).

Cette parabole peut être vérita-blement appliquée de façon particu-lière à saint Charles et à son œuvre:tout ce qu’il a fait et réalisé, il l’a édifiésur le roc inébranlable qu’est leChrist, sur la pleine conformité et fi-délité à l’Évangile, sur l’amour incon-ditionnel pour l’Église du Seigneur.C’est la raison pour laquelle ce quesaint Charles a édifié a résisté auxtempêtes de son temps; son œuvre aaussi résisté à l’usure des siècles qui

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Église

Le miracle de Carlino Nava, Giulio Cesare Procaccini, cathédrale de Milan

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passent, comme en témoigne le faitque beaucoup de ses intuitions,beaucoup des solutions pastorales etinstitutionnelles imaginées ou préfi-gurées par lui continuent à avoir au-jourd’hui leur validité et, de façonincisive, leur actualité non seule-ment pour le diocèse de Milanmais aussi pour toute l’Église la-tine occidentale.

Un saint actuel ou inactuel?Ce n’est pas par hasard que je par-le d’“actualité”, car je dois vousconfesser que plusieurs fois, durantce centenaire, je me suis demandé,en passant en revue les aspectssaillants de la sainteté de CharlesBorromée, s’il est vraiment un saintencore “actuel” aujourd’hui, c’est-à-dire s’il a quelque chose de très signi-

ficatif à dire à notre temps, siencore pour nous aujour-d’hui – comme il l’a été il y aquatre cents ans – il est unmodèle de vie évangéliquenon seulement à admirermais encore, de différentesfaçons, à suivre.

C’est une question peut-être un peu banale, à laquelleon peut évidemment ré-pondre positivement: oui!Aujourd’hui encore, saintCharles nous parle, au-jourd’hui encore il est pournous un modèle de sainteté.Et la lettre du Pape dontnous sommes partis, l’expo-sition elle-même qui a été or-ganisée à Rimini, les initia-tives variées qui ont constellécette année consacrée àsaint Charles, le prouvent demanière incontestable.

Nous ne pouvons certai-nement pas courir le risquede commettre des anachro-nismes car nous devons re-connaître ouvertement quebeaucoup de choses dansl’Église et dans le monded’aujourd’hui ont changépar rapport à la situation del’Église et de la société de lafin du XVIe siècle. Et nous de-vons aussi reconnaître quecertains aspects de l’actionpastorale de saint Charles –de même que certains as-

pects de son style de vie (nous pen-sons surtout à sa très rigoureuse as-cèse de pénitence) – ne peuvent ma-tériellement ni automatiquementêtre proposés aujourd’hui sans lesmédiations nécessaires et appro-priées. Mais, malgré cette constata-tion évidente, qui d’ailleurs vaut tou-jours quand nous nous référons àdes personnages du passé, il y a cer-tains points saillants de la sainteté deCharles Borromée qui, dans leur si-gnification plus profonde et évangé-lique, ont une valeur véritablementpérenne. Et donc une valeur pournotre vie de chrétiens du troisièmemillénaire, dans la mesure où nousaussi, aujourd’hui comme lui il y aquatre cents ans, nous voulons, en“hommes avisés”, «bâtir notre mai-son sur le roc».

Et cependant, de ce point de vue,la figure de saint Charles est hau-tement provocatrice, parce qu’ellemet en question de nombreux as-pects de la façon de penser et devivre du monde actuel. C’est pourcela que, durant le centenaire, enrassemblant des expériences et dessouvenirs personnels sur la façondont j’ai approché la figure de Bor-romée et suis entré en rapport aveclui, j’ai voulu écrire moi aussi un livreau titre suggestif et stimulant: SanCarlo, un riformatore inattuale.

Je me permets de m’arrêter uninstant sur cet adjectif: “inactuel”s’oppose en effet immédiatement à“actuel”. Mais ce sont deux termesqui ne s’opposent qu’en apparenceparce que l’un peut facilement pas-ser dans l’autre. Ainsi si, parexemple, par “actuel” on entend“selon la mode du moment”, “selonla mentalité du temps présent”, “se-lon l’opinion du plus grandnombre”, i l est clair que saintCharles est “inactuel”. Nous l’avonsdéjà dit et nous voulons le soulignerpour une meilleurs compréhensionde l’actualité-inactualité: le temps deBorromée n’est pas le nôtre; sa fa-çon de lire les problèmes et de les ré-soudre n’est pas la nôtre; et nous ne

pouvons pas prendre mécanique-ment certaines de ses solutions

et les appliquer à notre mon-de “actuel”.

Inversement, si par “inac-tuel” on entend ce qui s’enra-cine dans les valeurs fonda-mentales de la tradition

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SAINT CHARLES BORROMÉE. La maison bâtie sur le roc

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L’anneau épiscopal de saint Charles,Musée de la cathédrale de Milan

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chrétienne, si par “inactuel” on en-tend rester accroché à ce roc qu’estJésus-Christ et qui donne une véri-table solidité à toute la constructionde la maison, si tout cela est jugé in-actuel uniquement parce que nonadapté à ce que l’on considère au-jourd’hui comme “politiquementcorrect”, nous devons alors nous de-mander si l’inactualité de saintCharles ne se transforme pas en unesingulière et urgente “actualité” derévision, de réévaluation de nos cri-tères de jugement, de réforme denotre mode de vie et de notre façonde vivre avec les autres.

Une inactualité prophétiqueet bénéfique pour notre tempsJe vais présenter trois exemples al-lant dans ce sens. Je les prends dansla biographie de saint Charles et vaisessayer de les appliquer à notretemps “actuel”.

Le premier concerne la fidélitéau devoir de son état comme for-me propre de l’identité chrétien-ne. Charles Borromée eut uneconscience très vive de ce que signi-fie être évêque d’un diocèse impor-tant dans une période difficile detransition, de réforme et de change-ment: et c’est précisémentpourquoi il chercha tou-jours à conformer seschoix et ses actions àune véritable “déon-tologie”, à laquelle ilresta héroïquementfidèle et pour laquel-le il sut sacrifier toutle reste. Ce sens dudevoir, saint Charlesle demandait aussi à sesprêtres dans les tâchesqu’ils devaient accomplir; etil le demandait aux fidèles laïques,hommes et femmes, selon leurcondition. Il n’acceptait pas, encommençant par lui-même, lesdemi-mesures ni les accommo-dements, refusant un facile ni-vellement par le bas opéré aunom d’une incolore médiocri-té. Les historiens nous rappel-lent que, lorsqu’il était jeunecardinal à Rome, il avait vécu,avant ce que l’on appelle sa

“conversion” un “christianisme sansinfamie et sans louange”. C’est pro-prement le risque que nous, chré-tiens, y compris les prêtres et lesévêques, nous courons tous: nouscontenter d’une vie chrétienne fade,dans laquelle on évite le mal “macro-scopique” (qui pourrait nous appor-ter l’infamie), mais que l’on réduit auminimum indispensable pour sedonner, rapidement et sans trop deheurts, bonne conscience.

Aujourd’hui, à nous tous qui noussentons déjà arrivés et qui ne vou-lons pas trop nous inquiéter, il sem-blerait précisément “inactuel” oupour le moins inopportun de parlerde “conversion”. Au contraire,l’exemple de saint Charles est trèsactuel et singulièrement urgent, par-ce que, dans l’Église, les chrétiens,tous les chrétiens à tous les niveaux,sont appelés à “se convertir” d’unchristianisme “sans infamie et sanslouange”, d’un christianisme incolo-re et insipide (c’est-à-dire sans la lu-mière et le sel de l’Évangile) à une viechrétienne convaincue, lucide et vi-gilante, à l’exercice fidèle de son de-voir toujours et quoiqu’il en soit, à larecherche d’un chemin de perfec-tion qui nous conforme toujours plus

au modèle de toute perfection:Jésus-Christ Notre-Sei-

gneur. C’est exactementce que projeta et fit defaçon systématiquesaint Charles:sonexemple ne nouspermet ni excusesni mesures de diver-sion. Il est vraimenttoujours actuel parce

qu’il rappelle les chré-tiens de toutes les époques,et nous aussi chrétiens dutroisième millénaire, à lanécessité permanente etinévitable de nous mettreen discussion. Je dois di-re en particulier qu’à lalecture des écrits de saintCharles et de ses indica-tions pastorales, j’ai eu lanette impression qu’il vi-vait avec une grande in-quiétude la distance – qui

d’ailleurs existe toujours –entre le but très élevé au-quel le Seigneur nous ap-pelle (la sainteté) et notre ré-ponse concrète. Si saint

Charles se sentait en faute – et c’estde là que naissait son inquiétude, lefait de ne pas avoir la consciencetranquille – que devrions nous dire etfaire, nous? Se pose alors une ques-tion à laquelle nous ne pouvons pasnous soustraire: où, dans quels do-maines de notre vie, du devoirqu’exige notre état, devons-nous en-core, à l’imitation de saint Charles,nous convertir pour sortir d’une viechrétienne médiocre, “sans infamieet sans louange”?

Charles Borromée est actuelpour un autre aspect encore: sa for-midable capacité à conjuguer defaçon équilibrée l’action et lacontemplation. Nous nous rappe-lons tous les nombreuses images desaint Charles absorbé dans la prière,spécialement devant le Crucifix,plongé dans de véritables expé-riences mystiques. Mais la forte di-mension contemplative qu’il sut im-primer à sa vie ne le détourna jamaisde son devoir de pasteur d’âmes.Nous pouvons même dire qu’il de-vint un des grands modèlesd’évêque et de pasteur, précisémentparce que son activité pastorale étaitprofondément imprégnée de prièreet de contemplation. Saint Charles“fit” beaucoup dans sa vie, il accom-plit et mena à leur terme beaucoupde choses; nous nous demandonsmême avec étonnement où il trou-vait le temps et la force de faire toutce qu’il a fait. On aurait envie de direque tout ce qu’il a fait tient du mi-racle: oui, c’est exactement cela!Cela tient vraiment du miracle par-ce que tout était mêlé de prière, deconversation avec Dieu, imprégnéde la contemplation amoureuse desmystères de salut du Christ, à com-mencer par Sa passion, Sa mort etSa résurrection. Tel est le messagetoujours actuel qui nous vient desaint Charles: la communion avecDieu, la prière, la contemplation nenous arrachent pas à l’histoire maisnous plongent en elle en profon-deur, en nous donnant la force defaire aussi des miracles dans le mon-de et pour le monde. Notre tempsest au contraire un temps maladed’activisme, frénétique dans son dé-sir de faire, occupé à produire desbiens et des services pour ne pasgaspiller le temps. Et ainsi notreépoque finit-elle par juger la per-sonne non pour ce qu’elle est mais

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La crosse de saint Charles, Musée de la cathédrale de Milan

Église

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pour ce qu’elle fait et produit. Dansun contexte de ce genre, ne faut-ilpas parler de contemplation, deméditation, de prière, de silencecomme de ce que notre tempspourrait expérimenter de plus “in-actuel”? Mais la vérité est exacte-ment le contraire. Saint Charlesnous invite à ne pas nous laissertromper par cette espèce de drogue

et à remettre de l’ordre dans notrevie, en récupérant la primauté deDieu sur tout, dans la certitude quele reste suivra de soi-même. C’estl’avertissement même du Seigneur:«Cherchez d’abord le Royaume etsa justice, et tout cela vous sera don-né par surcroît» (Mt 6, 33).

Et s’il y a un aspect de l’activitépastorale de saint Charles qui, plus

que toute autre, impressionna sescontemporains, au point qu’ils com-mencèrent à le considérer commeexceptionnel, ce fut son activité ca-ritative. Durant la terrible peste de1576, en particulier, il se dépouillalittéralement de tout ce qu’il avait,biens de famille, biens personnels,non seulement le superflu mais aussile strict nécessaire, pour apporter

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Le miracle de Virginio Casati, anonyme lombard, cathédrale de Milan

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une aide au peuple de Milan frappépar l’épidémie. Et non seulement ilse prodigua dans les situations d’ur-gence mais il voulut que certainesinstitutions durent après l’urgencede la peste, conscient que la pauvre-té, le besoin, la marginalisation, ladégradation sociale et morale sontune urgence de toujours, de chaqueinstant. Et, en effet, à tout momentsaint Charles brilla comme quel-qu’un qui venait au secours despauvres, de tous les pauvres, de tousceux qui tendaient la main pour luidemander un soutien. Et ce fut aussi– pour utiliser la terminologie denotre culture actuelle – un “saint so-cial”: c’est-à-dire qu’il sut lire à la lu-mière de l’Évangile les problèmessociaux de son temps, qu’il indiquaquelques solutions concrètes, qu’iln’éprouva aucune crainte à dénon-cer les plaies de la société comme lacorruption publique, la pratique del’usure, les privilèges injustes de cer-taines castes, le manque de ce quel’on appellerait aujourd’hui“conscience civique” ou “attentionau bien commun”.

Mais il y a encore un autre aspectde la sainteté de Charles Borroméequi mérite d’être rappelé: c’est la di-mension ascétique de sa vie. Sur ce

point, il fut d’une telle rigueur qu’ilsuscita de fortes critiques et des mal-entendus chez ceux qui vivaient aveclui. Il fut pauvre, chaste, humble, pé-nitent: il pratiquait avec un grand sé-rieux le jeûne, prolongeait la prièrependant la nuit pour ne pas soustrai-re les heures de jour à ses tâches pas-torales; il réduisait au minimum sontemps de repos et tendait même àne pas se reposer du tout. Nous sa-vons que ses médecins lui reprochè-rent plus d’une fois de ne pasprendre soin de lui-même et que lui,pour toute réponse, disait que si l’onécoute les médecins, on ne peut fai-re un bon évêque. La mort, qui sur-vint pour lui à quarante-six ans, scel-la une vie qui s’était littéralementconsumée dans les pratiques ascé-tiques. C’est là un aspect qui nouslaisse étonnés, comme furent éton-nés ses contemporains qui, à justetitre, se demandaient si on pouvaitimiter saint Charles dans ces vertus,vu leur caractère héroïque. Et nousnous le demandons aujourd’hui en-core, sans pourtant tomber dans lepiège de juger excessif l’exercice desvertus ascétiques tel que le pratiquaitsaint Charles, c’est-à-dire de le juger“inactuel” selon les paramètres denotre sensibilité d’aujourd’hui. Untel jugement ne serait-il pas une fa-çon de nous dispenser nous-mêmes,en toute tranquillité, de l’imiter? Ilnous est plutôt demandé d’avoirl’honnêteté de retrouver dans cettepratique un aspect de grande actuali-té: aujourd’hui en effet, parler d’“as-cèse”, de “pénitence”, de “renonce-ment” nous expose au risque d’êtretournés en dérision et considéréscomme des gens hors du temps et dumonde, appartenant justement à unmonde passé depuis bien dessiècles. Mais nous avons justementbesoin d’être fortement rappelés à lanécessité de purifier notre style devie pour le rendre plus sobre, à redé-couvrir le contrôle de soi et la maîtri-se des sens, des instincts et des pas-sions non contrôlées. Et cela commela voie d’une liberté intérieure quinous rend maîtres de nous-mêmeset de notre chemin authentique versle vrai, le bien, le juste et le beau.

L’anneau, la crosse, le caliceJe reviendrai, pour conclure, à l’ex-position qui est inaugurée aujour-d’hui, en en soulignant un aspectoriginal. Au centre de l’expositionsont présentées non pas troisœuvres d’art mais trois reliques au-thentiques qui, d’une certaine fa-çon, révèlent la personnalité desaint Charles, sont une épiphanie de

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Saint Charles s’apprête à mourir au Saint Mont de Varallo, détail,Giovanni Battista della Rovere,

dit il Fiammenghino, cathédrale de Milan

Église

Le calice de saint Charles,Musée de la cathédrale de Milan

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son cœur, une manifestation de sonsecret spirituel.

Nous trouvons d’abord l’anneaudu saint. Et l’anneau d’un évêquenous rappelle symboliquement lelien qu’il a, en tant que son époux,avec l’Église qui lui a été confiée.C’est donc le signe de l’amour pas-toral, de la fidélité au ministère, dudon total de soi-même.

Vient ensuite la crosse: c’est lesymbole de l’autorité et du gouver-nement de l’évêque. Mais, commenous le savons, il s’agit d’une autori-té qui ne peut jamais s’exprimercomme pur exercice de pouvoir. Àl’imitation du Christ – le bon Pasteurpar définition – l’exercice du gouver-nement pastoral coïncide avec l’of-frande de sa vie jusqu’à la pleine

consommation de soi-même. C’estce qu’a fait le Christ, c’est ce qu’ontfait les saints pasteurs, commeCharles Borromée.

Il nous est enfin donné de regar-der son calice, celui dont il se ser-vait pour célébrer le sacrifice eu-charistique. Il se présente commeun témoignage de la vie de prièreque l’évêque doit avoir; commerappel que, en dernière analyse,c’est le sacrifice du Christ sur lacroix, ce sont sa parole et ses sacre-ments – dans lesquels est présenteet efficace son action de salut – quiédifient l’Église, qui l’éclairent,l’animent et la guident.

Comme je le disais au début, jesuis arrivé, avec ce quatrième cente-naire de la canonisation de saintCharles, à la fin de mon mandat pas-toral à l’Église de Milan. Eh bien, jevous confesse que ces trois “sym-boles” exposés (l’anneau, la crosseet le calice de saint Charles) fontnaître en moi une profonde joie spi-rituelle, à la pensée que, comme jeles ai reçus de mes prédécesseurs,ainsi je vais les transmettre à monsuccesseur.

C’est le très beau mystère de la“traditio”, de la tradition vivante del’Église, qui – comme nous l’a ensei-gné saint Charles – est vraiment «lamaison bâtie sur le roc». Oui, «lapluie est tombée, les torrents sontvenus, les vents ont soufflé et sesont déchaînés contre cette maisonet elle n’a pas croulé: c’est qu’elleavait été fondée sur le roc» (Mt 7,25). Cela vaut pour l’Église qui nousa précédés dans le temps, pourl’Église que nous vivons aujour-d’hui, pour l’Église qui s’ouvre àl’avenir: une Église toujours pleinede la grâce et de l’amour de Sonépoux et Seigneur. C’est alors que,sans aucune peur mais avec l’inalté-rable et surabondante confiance quinous vient du Christ, nous sommestous appelés à poursuivre notrechemin vers la sainteté, en écoutantsa parole et en la rendant expérien-ce quotidienne de vie: «Ainsi, qui-conque écoute ces paroles que jeviens de dire et les met en pratique,peut se comparer à un homme avi-sé qui a bâti sa maison sur le roc»(Mt 7, 24).

Que saint Charles nous vienneen aide! q

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SAINT CHARLES BORROMÉE. La maison bâtie sur le roc

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V ient d’arriver dans les li-brairies italiennes l’essai deMassimo Borghesi Augusto

Del Noce. La legittimazione criti-ca della modernità (Marietti1820), 370 pages qui parcourentau pas de course l’aventure intel-lectuelle du plus grand philosophecatholique italien de l’après-guerre.

Massimo Borghesi est pro-fesseur titulaire de la chaire de dePhilosophie morale à l’Universitéde Pérouse.

Plus de vingt ans après samort, on continue à écrire deslivres sur Augusto Del Noce(1910-1989), l’un des plusgrands intellectuels italiens duXXe siècle. Qu’y a-t-il de nou-veau dans votre dernier ouvra-ge qui vient d’être édité parMarietti?

MASSIMO BORGHESI: Il y aessentiellement deux nouveautésdans ce livre: du point de vue histo-riographique, on essaie pour la pre-mière fois de reconstruire, sur la pé-riode qui va de 1943 à 1978, le dé-veloppement d’ensemble de la pen-sée de Del Noce en tenant comptede la profonde connexion entre lescontextes philosophique, histo-rique et politique. Jusqu’à présent,on abordait généralement l’auteurpar l’étude de thèmes ou degroupes de thèmes, sans que la rela-tion entre ceux-ci apparaisse claire-ment. La seconde nouveauté est detype interprétatif. Le but de cet ou-

Il Mulino, maison d’édition laïque de Bologne consacra le philosophe catholique Augusto Del Noce comme auteur national, en montrant la fécondité de son point de vue. Un point de vue marqué par une ouverture critique à la modernité qui anticipait le Concile Vatican II. Interview de Massimo Borghesi, titulaire de la chaire de Philosophie morale à l’Université de Pérouse

Augusto Del Noce

La modernitén’est pas l’“ennemi”

par Gianni Valente

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vrage, comme l’indique le sous-titre, est de mettre en relief “la légiti-mation critique de la modernité”opérée par Del Noce. Il s’agit d’unelecture qui libère le philosophe dustéréotype de penseur génial maistourné vers le passé, de conserva-teur critique du temps présent. Uneétiquette qui a pesé longtemps surl’image de Del Noce et qui a été ac-cueillie de façon acritique par denombreux catholiques.

De quelle façon votre relec-ture de Del Noce atteint-elleson objectif?

D’abord en montrant ce qui est àl’origine de la réflexion du philo-sophe. Pour Del Noce, le vrai pointde départ, en un sens spéculatif, c’estl’année 1943, l’année de la chute durégime fasciste, un événement quil’amène à penser le temps histo-rique. C’est là que l’œuvre deJacques Maritain, le grand philo-sophe catholique français, se révèledécisive. Del Noce, comme il le rap-pelait lui-même dans l’interview ac-cordée à 30Giorni en avril 1984,avait lu Humanisme intégral de Ma-ritain à sa sortie en France, en 1936.

C’est l’année de la guerre de l’Italiecontre l’Éthiopie, un événement quimarquera la période où le régime fas-ciste recueille le plus large consensuset qui provoquera au contraire chezDel Noce un sentiment de dégoût etd’opposition morale à Mussolini etau fascisme, considéré comme purrègne de la force, d’une force brutaleet sans justice. Il faut dire que cetteopposition trouvait en Aldo Capitini– le futur organisateur des marchesde la paix Pérouse-Assise, que DelNoce connut en 1935 à Assise juste-ment – un point de référence impor-tant. Lu dans ce contexte, le livre deMaritain montra à Del Noce la natureconceptuellement inconciliable ducatholicisme et du totalitarisme. Il li-bérait en effet les catholiques de l’uto-pie “médiéviste”, anti-moderne, quipoussait beaucoup d’entre eux à ad-hérer au fascisme, entendu, de façonerronée, comme une force conserva-trice, une sorte de précieux allié dansla lutte contre la modernité.

Mais pour Del Noce, la ren-contre avec Maritain a-t-elleservi seulement d’antidote auclérico-fascisme?

Maritain est celui qui, entre1943 et 1945, libère Del Noce du“complexe” de Benedetto Croce,selon lequel les catholiques, en tantque catholiques, ne pouvaient pas,en raison de leur foi (intégriste et au-toritaire), être aussi libéraux et anti-fascistes que les laïcs. Maritain dé-montrait, au contraire, que seule laperspective religieuse pouvait sau-ver la liberté et les droits de la per-sonne. Mais il fallait, pour ce faire,distinguer le christianisme et la chré-tienté, la foi et ses réalisations histo-riques, toujours contingentes; ycompris la chrétienté médiévale pri-se comme modèle par les chrétiensqui regardaient avec méfiance la to-talité du monde moderne, qui op- ¬

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Paul VI et Jacques Maritain pendant la cérémonie de clôture du Concile œcuménique Vatican II,le 8 décembre 1965

Massimo Borghesi, Augusto Del Noce. La legittimazione critica del moderno,Marietti 1820, Gênes-Milan 2011, 368 p.,26,00 euros

Pour Maritain, suivi en cela par Del Noce, la modernité, qui arrive après les guerres de religion et la division de l’Église, ne peut plus présupposer la foicomme un “à priori”, comme un paradigme commun préétabli et tranquillement accueilli. La modernité est le temps dans lequel la vérité peut et doit être cherchée et proposée dans la liberté

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posaient vérité et liberté et qui finis-saient par épouser toutes les formespossibles d’autoritarisme clérical.Pour Maritain, suivi en cela par DelNoce, la modernité, qui arrive aprèsles guerres de religion et la divisionde l’Église, ne peut plus présuppo-ser la foi comme un “à priori”, com-me un paradigme commun prééta-bli et tranquillement accueilli. Letemps moderne est le temps danslequel la vérité peut et doit êtrecherchée et proposée dans la liber-té. Cette conviction est le point es-sentiel qui est à l’origine de la “légiti-mation critique de la modernité” deDel Noce. Dans ses écrits de 1943-1946 il y a des déclarations qui anti-cipent, avec une grande lucidité, lesconclusions du Concile Vatican IIsur la liberté religieuse. Ce qu’il y ade significatif, c’est que Del Noce si-tue ses déclarations dans un horizonqui reprend saint Augustin: si la foiest, selon la doctrine chrétienne,œuvre de la grâce, alors elle ne peutêtre imposée sous une forme coer-citive. La priorité de la grâce mène àla reconnaissance du moment ir-remplaçable de la liberté, et celadans un sens politique aussi. De làvient aussi la supériorité de la démo-cratie conçue, avec Capitini, com-me lieu de la “persuasion” et de lanon-violence.

Comment le projet de DelNoce visant à tracer les grandeslignes d’une rencontre positiveentre catholicisme et libertésmodernes se présente-t-il?

Il se déroule sur deux plans, leplan politique et le plan philoso-phique. Le plan politique voit DelNoce occupé pendant toutes les an-nées Cinquante à donner une formethéorique au projet de Démocratiechrétienne formulé par Alcide De

Gasperi, à sa conception ducadre démocratique tournantautour de l’alliance entre catho-liques, laïcs et socialistes démo-cratiques. Del Noce nourrit la se-crète ambition d’être le “philo-sophe de De Gasperi”. Pour per-mettre au projet politique del’homme d’État du Trentin des’épanouir, il fallait sortir de l’inté-grisme réactionnaire et de son ren-versement spéculaire, le modernis-me, l’un et l’autre héritiers de la phi-losophie de l’histoire du XIXe siècle,marquée, pour les catholiques, parle culte du Moyen Âge et par l’oppo-sition à la modernité. Ce n’estqu’ainsi que la Démocratie chrétien-ne pouvait accorder démocratie etchristianisme. Pour atteindre ce but,et c’est la seconde direction de re-cherche de l’intense réflexion de DelNoce, il fallait déconstruire la totalitédu cadre de la pensée moderne: lecadre codifié par Hegel et l’idéalis-me, accepté par le marxisme et par-tagé, même si c’était dans l’opposi-tion, par la néo-scolastique thomis-te. Pour lui, la modernité est letemps de la sécularisation (ou del’athéisme) dans lequel l’émancipa-tion et la liberté de l’homme vont depair avec l’éloignement de Dieu etde la foi. Entre 1954 et 1958, DelNoce renverse cette perspective.

De quelle façon?En reconnaissant que la moder-

nité n’est pas une mais “double”. DeDescartes ne part pas seulement lecourant du rationalisme qui culminechez Hegel et Marx. De Descartespart aussi un courant augustinien,chrétien-moderne, qui passe à tra-vers Pascal, Malebranche, Vico etqui culmine chez Antonio Rosmini,le penseur en qui catholicisme et li-berté trouvent leur synthèse. C’est le

courant personnaliste de la moder-nité, qui lie la liberté de l’homme àl’existence de Dieu et qui s’opposeau courant spinoziste-hégélien où lepanthéisme et l’athéisme culminentdans le totalitarisme politique. Ils’agissait d’une véritable découvertegrâce à laquelle la position réaction-

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Augusto Del Noce

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Ci-dessus, les couverturesdes premières éditions de deux textesd’Augusto Del Noce édités par Il Mulino:Il problema dell’ateismo, de 1964, et Riforma cattolica e filosofia moderna,volume I: Cartesio, de 1965

Pour permettre au projet politique de De Gasperi de s’épanouir, il fallait sortir de l’intégrisme réactionnaire et de son renversement spéculaire, le modernisme, l’un et l’autre héritiers de la philosophie de l’histoire du XIXe siècle, marquée, pour les catholiques, par le culte du Moyen Âge et par l’opposition à la modernité. Ce n’est qu’ainsi que la Démocratie chrétiennepouvait accorder démocratie et christianisme

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naire se trouvait définitivement dé-passée et la rencontre entre christia-nisme et démocratie libérale et per-sonnaliste pouvait finalement ac-quérir sa légitimation.

Un chapitre entier de votrelivre est consacré au rapportentre Del Noce et la maisond’édition Il Mulino. C’est unchapitre tout à fait original.

Del Noce collabore assidûmentavec Il Mulino de Bologne de 1957à 1965. Il publie là, en plus de nom-breux essais sur la revue du mêmenom, deux de ses livres les plus im-portants: Il problema dell’ateismo,en 1964, et le premier volume,Cartesio, de Riforma cattolica e fi-losofia moderna, en 1965. Il Muli-no était alors la maison d’édition deBologne née sous le signe du dia-logue et de la confrontation entrecatholiques, laïcs et socialistes. DelNoce avait tout particulièrementpour interlocuteurs Nicola Matteuc-ci et Luigi Pedrazzi. Leurs points decontact étaient la valorisation dugouvernement quadripartite de DeGasperi, le dépassement des ten-dances intégristes présentes aussibien chez les catholiques que chezles laïcs, et aussi le passage de l’anti-fascisme idéologique – favorisé parle parti communiste – au post-fascis-me. La période du Mulino est unepériode extrêmement féconde. Nonseulement la maison d’éditionconsacre Del Noce comme un au-teur national mais le philosophe a lapossibilité de mettre à l’épreuve lafécondité de son point de vue, celuiselon lequel le catholicisme n’est ori-ginal que lorsqu’il n’est pas subalter-ne, c’est-à-dire quand il ne part pasde l’opposition à un adversaire pourse définir lui-même. C’est là la rai-son pour laquelle la position réac-tionnaire comme la position moder-niste échouent, comme il l’écrira en1968: «L’opposition à la société dubien-être ne peut être conduite dupoint de vue réactionnaire, et celasimplement parce que l’oppositionde progressiste et de réactionnaireest intérieure à son langage».

Qu’est-ce que cela signifie,concrètement, dans le rapportentre christianisme et moder-nité?

Cela signifie pour Del Noce qu’iln’est pas possible de valoriser la tra-dition, la tradition philosophique

comme la tradition religieuse, enrestant dans une perspective réac-tionnaire. La valorisation de la tradi-tion, de ce que Del Noce, suivantNewman, appelle ses «virtualités»,permet, au contraire, de rencontrerles instances les plus authentiquesde la modernité. C’est en ce sensprécis que sa perspective coïncidaitavec celle de Vatican II.

Dans les années Soixante,Del Noce, et c’est un aspect in-téressant et inédit de sa re-cherche, renoue avec FrancoRodano, l’auteur avec lequel ilavait partagé l’expérience ca-tholique-communiste pendant

la phase “résistentielle”, entrel’automne 1943 et le prin-temps 1944.

Certainement. Et ici aussi onsouligne toujours, et à juste titre, lacritique adressée par Del Noce à Ro-dano dans Il cattolico comunista,édité en 1981. Mais on oublie derappeler que, du début des annéesSoixante jusqu’au Congrès de Luc-ca de 1967, Del Noce et Rodano re-prennent leurs relations à travers unéchange de lettres malheureuse-ment encore inédites. La notion de«société opulente» qui est au centrede l’essai de 1963, Appunti sull’ir-religione occidentale contenu dansIl problema dell’ateismo, vient deFranco Rodano. L’année 1963marque le début d’une nouvelle pha-se de la réflexion de Del Noce. Le

philosophe sent en effet qu’uneépoque est en train de se terminer:l’ère de la reconstruction d’après-guerre, l’ère de Croce et de De Gas-peri marquée par la rencontre entreles composantes laïques-libérales etles composantes chrétiennes. Lanouvelle société du bien-être n’avaitplus besoin des forces religieusespour s’opposer au communisme.Le nouvel Occident était désormaisen mesure de le vaincre par la seuleexpansion de la société du bien-être.Une société marquée par la primau-té de la raison instrumentale, plus ir-réligieuse que l’athéisme communis-te, victorieuse sur le terrain mêmedu communisme, celui du matéria-lisme. En 1963 donc, Del Noce dis-tingue, grâce aussi à Rodano, lenouvel adversaire de la foi dans l’èrepost-marxiste. C’est-à-dire qu’il en-trevoit le temps dans lequel se ren-contrent la relativisation de toutidéal et une vision technocratique dumonde. C’est cette perspective quilui permet de mettre en valeur, en1975, la leçon de Pier Paolo Pasoli-ni, comme celle du plus lucide inter-prète du nouveau totalitarisme de ladissolution.

Le Del Noce des annéesSoixante entrevoyait-il desmoyens de sortir de cette situa-tion aux perspectives plutôtdramatiques?

Il entrevoyait des possibilitéssans, cependant, pouvoir indiquerpositivement à quoi elles pouvaientaboutir. Deux instances conflic-tuelles dominaient ce moment histo-rique. D’un côté la crise du marxis-me – lequel connaîtra cependant unrevival imprévu après la contesta-tion de 1968 – donnait lieu à un re-tour du pari pascalien: au momentmême où l’athéisme perdait son ap-parence scientifique, la possibilitéd’une reprise de l’option religieuseredevenait actuelle. Mais il s’agissaitd’une possibilité et non d’une ca-pacité devant nécessairement seréaliser. Del Noce n’a jamais déduitphilosophiquement la nécessité del’option religieuse. De l’autre côté,le triomphe de la société opulente,et donc de l’irréligion occidentale,sur le marxisme, étouffait toute re-naissance religieuse possible. Deuxdynamiques conflictuelles que le DelNoce des années Soixante n’a pu nivoulu résoudre. q

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Franco Rodano

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E n juillet 1656, Rembrandt, quiétait au bord de la faillite, sedécida à mettre aux enchères

tous les biens conservés dans la gran-de maison de Jodenbreestraat. L’in-ventaire fut dressé, conformément àla procédure, par la Desolate Boe-delskamer d’Amsterdam, les 24 et25 de ce mois. Inventaire très long,dans lequel figurent, à un certainpoint, trois peintures sur bois repré-sentant le visage du Christ. L’und’entre eux, en particulier, est définidans les termes suivants: «Cristus tro-nie nae’t leven», soit à la lettre: «Têtede Christ d’après nature». Que vou-lait dire cette précision “d’après na-ture”? Le premier spécialiste qui pu-blia cet inventaire en 1834 pensaqu’il s’agissait d’une bévue du magis-trat hollandais et ne trouva rien demieux que de faire comme si de rienn’était, et de supprimer ces mots.Deux ans plus tard, un observateurattentif remarqua ces mots censuréset en proposa une interprétation,évidemment forcée: “grandeur natu-re”. Mais en néerlandais, ces troismots “nae’t Leven”, contraction de“nar het Leven”, ne laissent aucundoute: ils signifient bien “d’après na-ture”, autrement dit d’après un mo-dèle vivant. Pourquoi l’auteur anony-me de l’inventaire avait-il jugé cetteprécision nécessaire, presque com-me s’il s’agissait d’un caractère parti-culier de cette série de petites têtesdu Christ?

Pour répondre à cette question,le Louvre et les musées de Philadel-phie et de Detroit ont uni leurs forcespour organiser l’une des plus extra-ordinaires expositions de ces der-nières années. L’exposition qui, àParis, s’intitulait Rembrandt et la fi-gure du Christ et qui aura, dans sesdeux étapes américaines de Phila-delphie (jusqu’au 30 octobre) et deDetroit (de novembre 2011 à février2012) un titre beaucoup plus direct,

Art

L’émotion de Rembrandtdevant le visage de Jésuspar Giuseppe Frangi

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EXPOSITION. Rembrandt et le visage du Christ

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Rembrandt et le visage du Christ,est accompagnée d’un magnifiquecatalogue publié d’ailleurs par unéditeur italien (Officina Libraria, envente à 37€ sur Amazon.it).

Le cœur de l’exposition, qui arassemblé quelques chefs d’œuvresabsolus comme les variantes queRembrandt a peintes sur le thème duSouper d’Emmaüs, est constituépar la salle où sont réunis les troistêtes citées dans l’inventaire etquatre autres têtes, toujours sur pan-neau de bois, que la critique a retrou-vées au fil du temps. Que ces ta-bleaux aient eu une importance par-ticulière pour le peintre, c’est ce quemontre le fait que, selon l’inventaire,ils étaient accrochés aux murs de sa

chambre. Et pourtant, ceci n’a passuffi à convaincre la critique de leurauthenticité: le Rembrandt ResearchProject, une institution qui est appe-lée à “certifier” les œuvres qui, dansl’immense masse de celles qui luisont attribuées, sont de la main dumaître hollandais, avait rayé les septpeintures sur bois du catalogue. Au-jourd’hui, le travail de l’équipe descritiques, étayé par les analysesscientifiques effectuées sur lesœuvres, a permis de garantir l’au-thenticité de quatre de ces Têtes, etlaisse pour les autres une attribution«à l’atelier de Rembrandt». Mais,entre-temps, ont été découvertesdeux copies qui prouvent l’existenced’autant d’originaux perdus. Unnouveau signe de l’importance querevêtait ce sujet aux yeux de Rem-brandt, et du grand nombre de ceuxqui lui en passaient commande.

Mais comment peut-on expliquerce subtil ostracisme de la critique en-vers ces œuvres? Ce “nae’t Leven”qui a si longtemps stupéfié les cher-cheurs a certainement joué un rôle.Rembrandt vivait dans une sociétéoù le protestantisme avait désormaispris racine, et où la conception del’art elle-même avait profondémentchangé. Près d’un siècle auparavant,en 1566, le conflit avec le catholicis-me avait débouché sur une violentecampagne iconoclaste et entraîné ladestruction d’innombrables œuvresprésentes dans les églises des Pays-Bas. Les catholiques avaient repris lasituation en main au sud de l’Escautet, grâce à l’énergie débordante dePierre Paul Rubens, ils avaient à nou-veau rempli les églises d’Anvers. Aunord, en revanche, le cours de l’his-toire avait irrévocablement changé.Les artistes s’étaient rabattu sur desscènes de genre, en alimentant unmarché qui n’était plus soutenu parde grands commanditaires, mais parune classe nouvelle d’acheteurs for-tunés. Les sujets religieux étaient ¬

Le grand artiste hollandais a peint une série de “portraits” du Seigneur. Pour être le plus proche possible de la réalité, il a fait poser comme modèleun juif d’Amsterdam. Ces œuvres, souvent dédaignées par la critique, ont été rassemblées pour la première fois dans une magnifique expositionqui, après Paris, vient d’arriver aux États-Unis

Le Souper à Emmaüs, 1648, Rembrandt,Musée du Louvre, Paris; ci-dessous, undétail du visage du Christ

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devenus rares et se référaient princi-palement à l’Ancien Testament.Quant à l’image de Jésus, elle était aucentre d’un vif débat, au point qu’undes élèves de Rembrandt, Jan Vic-tors, en était arrivé à soutenir qu’elleprésentait un risque d’“idolâtrie”.

Dans ce contexte, Rembrandt afait preuve, lui, d’une liberté absolue.Certes, ses œuvres étaient destinéesà un cercle privé, voire à lui seul. Maisil est évident qu’il ressentait un besoinprofond, irrépressible, de se confron-ter avec la figure du Christ. L’expé-rience du Caravage, qui avait arrachéles représentations de la vie de Jésusà la perspective idéaliste et les avaitintroduites dans un contexte de crédi-bilité réaliste, lui avait fourni un appuiessentiel. Rembrandt va même plusloin sur cette voie, car il prend enconsidération le contexte dans lequelJésus agit. Il prêtait une grande atten-tion aux sources, dans la mesure oùelles lui fournissaient des détailsconcrets. Saint Pierre et Saint Paulà la porte du Temple, une gravurede 1659, montre par exemple qu’ilavait étudié l’historien Flavius Jo-sèphe: le temple est dessiné selondes indications tirées des Antiquitésjudaïques.

Le “nae’t Leven” dont parle l’in-ventaire suggère, en ce sens, un élé-ment essentiel. Comme l’écrit LloydDe Witt, un des commissaires del’exposition, Rembrandt a cherchéun modèle dans la communauté jui-ve d’Amsterdam, un peu pourconfirmer les bons rapports qui leliaient à cette communauté, maissurtout pour avoir sous les yeux untype humain “proche de celui duChrist du point de vue ethnogra-phique”. Cette démarche représen-tait «un refus à la fois des stéréotypesiconographiques et de l’idolâtrie, àtravers le réalisme». Et ce n’est pasun hasard si l’exposition et les dé-couvertes qu’elle a révélées ont étéamplement soulignées par la presseisraélienne, en particulier par le quo-tidien Haaretz qui a publié un articleintitulé de façon significative Rem-brandt’ Jewish Iesus.

Selon un autre critique, WillemAdolph Visser’t Hooft, «à premièrevue, le portrait semble être celui d’unrabbin, le plus pénétrant et le plusdélicat possible. Mais on a immédia-tement conscience que ce portrait aquelque chose de mystérieux. Ce

Christ est loin de nous impression-ner par sa majesté. Bien au contrai-re: il est “sans forme ni beauté”, il“n’élève pas la voix”». Il ya dans cesobservations l’essence des imagesdu Christ peintes par Rembrandt.“Sans forme ni beauté” indique l’ab-sence de toute rhétorique, de toutidéalisme esthétique. Le Christ noussurprend dans un contexte de nor-malité absolue, qu’il s’aigisse ducadre dans lequel il est situé ou deson attitude calme et pensive. Etpuis il “n’élève pas la voix”, parceque Rembrandt l’imagine engagé

dans une conversation intense etamicale avec ceux qui l’entourent.Le Christ est imaginé dans un mo-ment d’intimité, dans les coulisses deson aventure publique. Un Christ an-tihéros, un Christ vrai dans la pro-fonde tristesse de son regard et dansla tendresse du lien qu’il instaureavec son interlocuteur. Ces imagesétaient dans la continuité des lieuxauxquels elles étaient destinées,comme pour en souligner lacontemporanéité. C’est probable-ment cela que Rembrandt cherchait,d’abord pour lui-même, mais aussipour une petite communauté de per-sonnes qui n’acceptaient pas le videimposé par le protestantisme. Au-jourd’hui, ses Têtes de Christ frap-pent ceux qui les regardent, juste-ment parce que dans leur élémenta-rité iconographique, elles n’ont pasbesoin de clés interprétatives, ellesne requièrent aucune “préparation”particulière. Elles demandent sim-plement à être regardées. q

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Ci-dessus, Tête de Christ, 1648 environ,Rembrandt, Museum Bredius, La Haye,Pays-Bas; à gauche, Portrait en buste d’unjeune juif, 1663, Rembrandt, Kimbell ArtMuseum, Fort Worth, Texas, États-Unis

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