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Buddy Longway continue sa sagadomestique dans un Ouest que De-rib restitue de façon quasimentdocumentaire. Cette très bonne sé-rie est lisible à partir de sept ans.Ancien assistant de Derib, Coseyavait jusqu'à présent situé les aven-tures de son héros Jonathan dans lesmontagnes du Tibet. GreyshoreIs land le fait émigrer aux Etats-Unis, et l'histoire vire sensiblementau polar. Un renouvellement trèsintéressant (pour adolescents).Dans la collection Histoires et légen-des, Le 9e jour du diable deConvard propose de courtes varia-tions sur le thème du Diable, quivont de la Genèse à un avenirmoyenâgeux dominé par les chats.Le dessin est solide, et le ton devraitséduire les enfants à partir de 8-10 ans.

Le rondouillard Cubitus en est à son14e opus : Cubitus, chien fidèle.Cette bonne série est lisible dès leplus jeune âge.

En revanche, Thorgal intéresserales adolescents. Les scénarios deVan Hamme sont solidement char-pentés, et Rosinski sait être puissantet évocateur au fil des pages dece récit fantastique qui mélangeréminiscences Scandinaves etmoyenâgeuses (dernier tome paru :Le pays Qâ).On est hélas moins convaincu parLe code Zimmerman de Carin,Rivière et Borile. Le dessin estconfus et les péripéties de cettehistoire d'espionnage sont laborieu-ses.

On entre plus facilement dansL'eau Carnivore de Magda etLamquet. Le dessin est plus efficaceet plus beau. Dommage que lescénario manque à ce point deressort dramatique.Ancien assistant de Jacques Martin,Chaillet vole désormais de ses pro-pres ailes dans la série Vasco, dontl'action se situe à la fin du Moyen-Âge. Fils de banquier Vasco voyage

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dans toute l'Europe et ses aventuresont le charme des histoires del'école hergéenne : lisibilité, suspen-se, narration sans temps mort. Unetrès bonne approche d'une périodepeu traitée dans la bande dessinée(à partir de 10 ans).

J.-P.M.Le 9e jour du diable,Le Lombard.

CONTES

D Aux Deux Coqs d'or, dans lacollection Contes histoires, deuxcontes de Hans Christian Andersen,Le vilain petit canard illustrépar Tiziana Gironi et Le rossi-gnol illustré par François Crozat.Les textes français, très fidèles, sontde Marie-Hélène Moullahem. Si lesillustrations du premier titre sont,à l'exception des personnages hu-

mains, acceptables, celles du secondsont d'une grande médiocrité.

D Chez Gallimard, dans la collec-tion Folio Cadet, réédition du conted'Isaac B. Singer Le lait de lalionne, illustré par Philippe Fix,précédemment publié dans la collec-tion Enfantimages. A quelques dé-tails près, même texte. Quelquesillustrations en plus. La tonalitéjaune de la première édition adisparu, ce qui donne une autreambiance. Jolie histoire où s'affron-tent Mazel et Shlimazel, les espritsde la chance et de la malchance,en prenant comme enjeu l'infortunéTam.

• Chez Gautier-Languereau, Cen-drillon de Charles Perrault, illus-tré par Susan Jeffers. Médiocreadaptation traduite de l'anglais.Grandes illustrations en couleursdans un style merveilleux de paco-tille.

Dans la collection Fontanille, Lesmois de l'année, conte populaireadapté par Yvette Toubeau et illus-tré par Lucile Butel. Adaptationpour les petits d'un beau contetraditionnel. Les illustrations con-cernant les mois de l'année nousont paru peu réussies.

Dans la même collection, DameSouris, texte d'Yvette Toubeau,illustrations de Lucile Butel : petitehistoire traditionnelle en deux par-ties qui tient de la randonnée et dela comptine. Le début rappelle, enplus sage, la « Dame Scarabée »racontée si souvent par MohamedBelhalfaoui : une petite souris veutse marier et fait chanter ses soupir-ants pour mieux choisir. Le côté« bien élevé » de cette version estcompensé par la pirouette de la fin.Joli texte bien rythmé, illustrationsun peu conventionnelles mais char-mantes.

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D Chez Hachette, dans la collec-tion Grandes Oeuvres, Contes desMille et une nuits étrangementattribués, sur la couverture et lapage de titre, à Galland qui apparaîtquand même comme traducteurdeux pages plus loin sur le fac-similé de la page de titre d'uneédition des Nuits de 1860. Il s'agit,sans que ce soit précisé à aucunmoment, d'un choix de neuf textes :les six premiers contes du recueilde Galland, les histoires de « Sind-bad le marin », d'« Aladin » etd'« Ali Baba et les quarante vo-leurs ». Donc, rien de très nouveausous le soleil. Reproduction d'illus-trations du XIXe siècle...Dans la collection Mes plus beauxcontes, deux livres annoncés commeétant de Charles Perrault : Le Pe-tit Poucet illustré par MichelCharrier et Le Petit Chaperonrouge suivi du Chat botté, illus-trés par Patrice Douenat. Sans au-cun avertissement, on nous offreainsi deux textes adaptés du « PetitPoucet » et du « Chat botté » etune version bizarrement assez cor-recte du « Petit Chaperon rouge »des Frères Grimm ! Jusqu'à quandce genre de chose aussi peu scrupu-leuse qu'horripilante?

D Chez Larousse, dans la collec-tion Classique Juniors, La ChatteBlanche de Madame d'Aulnoy. Aquelques virgules près, quelquesmots et tournures modernisés, letexte est intégral. Il est tout à faitagréable de trouver ce beau conteen format de poche. Pour les bonslecteurs. A lire ou raconter dès7 ans.

Crock Rockle PetitChaperon rouge,Magnard.

Dans la même collection, Jean leTeignous suivi de deux autrescontes populaires de Haute-Breta-gne, « Le Grand Coquelicu » et« Les Sorciers de Knéa » (versionun peu courte des « Korrigans »),recueillis par Paul Sébillot. Jean leTeignous est un très long récit, l'unde ceux qui se racontaient dans lacale des navires qui portaient despassagers à Saint-Pierre et à Terre-Neuve. L'Ecole des loisirs l'avaitpublié l'an passé dans la collectionAventures et récits, malheureuse-ment dans une version inexplicable-ment tronquée et beaucoup moinssavoureuse que celle-ci. La beauté

Une nouvelleversionde notrePetit Chaperonrougenationalqui en a troubléet en troubleraplus d'un.

de ce conte fait oublier la médiocri-té des illustrations.

D Chez Magnard, dans la collec-tion A.M.J., un grand format,Crock Rock le petit Chape-ron rouge, texte de CharlesPerrault, illustrations de RobertScouvart. Une version de notre « Pe-tit Chaperon rouge » national quien a troublé et en troublera plusd'un. Sans doute parce que l'on estpeu préparé à lire un texte littéraire« classique » comme on peut lirepar exemple une bande dessinée.Trois lectures parallèles sont propo-sées : 1. le texte de Perrault ; 2. unegrande illustration, en couleur, surchaque page de droite, qui décritun concert rock donné par desanimaux, au cours duquel sont pro-jetées des images du conte tradition-nel, avec un moment paroxystiquesur une double page ; 3. une illus-tration en noir, consacrée au loupet à ses délires concernant le Chape-ron, pleine de références à la BD

POURTANT -J'A

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et au dessin animé qui souligne letexte sur chaque page de gauche.De nombreux adultes hurleront,d'autres s'amuseront beaucoup. Etles jeunes ? On peut se demandersi ceux qui sauraient lire cet album,c'est-à-dire les plus grands, saurontoù le trouver. E.C.

ROMANS• Aux éditions de l'Amitié, dans lacollection les Maîtres de l'aventure,angoisse et suspense assurés avec unexcellent thriller, digne des grandsromans noirs new-yorkais : Allô !ici le tueur, de Jay Bennett. Ons'étonne tout de même de voirpublier dans une collection destinéeaux jeunes une œuvre qui auraittout à fait sa place dans les rayonsadultes à côté de Patricia Highs-mith.

Avec Le maître de la septièmeporte d'Evelyne Brisou-Pellen,nous replongeons dans le climatatemporel de la quête initiatique :sous la conduite de son grand-pèreSilien, Kéla part à la recherche deses origines et du royaume dont ilest l'héritier. Ce genre de récitd'aventure plaira aux amateurs de11-12 ans, l'écriture est honnête, lerécit bien rythmé.Enfin avec La colère du dieuserpent de Roger Judenne, il nesera plus permis aux jeunes lecteursde rien ignorer de la civilisationaztèque. Il y aurait beaucoup à direde ces pseudo-romans qui sont à cepoint remplis de notations histori-ques qu'on en a, à les lire, le souffleun peu coupé !

D Chez Bordas, collection Auxquatre coins du temps, un policierpour les très jeunes : L'hommeaux chaussettes rouges de Mi-chel Dansel, où c'est Agnès, neufans, qui mène l'enquête. On n'assis-te pas tous les jours à un hold-upet quand la maman d'une copine est

Dessin de Nathaële Vogeéd:

La violencede certainsromansinterrogenos lecteurs.Continuezde nousenvoyervos réactions :elles noussont utiles.

1 pour Le maître detions de l'Amitié.

septième porte,

commissaire, pourquoi n'essaierait-on pas de remonter la filière deschaussettes rouges ? Les lecteurs de8-9 ans aimeront bien ce petit polaroù les enfants (les filles surtout)mènent la danse et où les adultessont un peu à la remorque.Avec A la recherche de Lucie,Guus Kuijer, l'auteur de la Maisonau fond du jardin, donne un récitinvraisemblable sur le thème duretour à la vie primitive : Marc seréveille un matin seul survivant de

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son espèce dans un monde où nesubsistent plus que les animaux.Parti à la recherche de son amieLucie il devient le sauveteur duseul genre auquel il peut désormaiss'identifier, et après un parcoursqui le mène de la Hollande àl'extrême pointe de l'Espagne ilretrouve celle-ci sous les traits d'unpetit singe. Beaucoup de maladres-ses dans le scénario et dans l'écri-ture.

D Le Chardon bleu : voilà un édi-teur qui a la bonne idée de s'adres-ser aux enfants qui ont des difficul-tés de lecture. Alors pourquoi toutesces coquilles, cette incohérencedans la mise en page, ce laxismedans la typographie et la ponctua-tion?

C'est encore une histoire de Tolkienextraite de Faerie (Christian Bour-gois, 1974) que l'éditeur proposeavec Smith de Grand Wootton— illustré par un élève de Claveriequi se démarque peu de son maître.

Dessin de ChristianBlancherpour L'homme auxchaussettesrouges, Bordas.

Le récit commence bien mais s'étireen longueur. Ce n'est pas le meilleurTolkien.

Quant au roman de Yves PinguillyLe cœur qui pique les yeux, letitre est bien à l'image du contenu.Dans l'univers banal du milieu sco-laire une révolte de pacotille, desémois sentimentaux dont l'authenti-cité s'enlise dans la prétention psy-chologique et une écriture qui necesse de faire des clins d'œil poéti-co-surréalistes, mais... à qui ?

D Voici chez Dargaud une nou-velle collection : Pandourou, quis'adresse aux lecteurs débutants etqui, esthétiquement, est prometteu-se : format album, bonne typogra-phie, mise en page soignée, variétédans le choix des auteurs et desillustrateurs. Hélas, les quatre pre-miers titres sont décevants.Little Joe et Big Mack de ClaireLombard et Patricia Larue racontele rêve d'un petit garçon qui n'a

d'autre désir que de voir se transfor-mer un superbe camion tour àtour en train, sous-marin, vaisseauspatial... Le cliché remplace ici lasurprise.

Le cliché sévit encore dans le récitde Marie-Ange Guillaume et DenisFremond Eulalie et le chatmulticolore où l'on retrouve l'é-ternelle vieille dame incompriseamoureuse de l'éternel chat libre et

Le carnet de Gisèle de CarolineDillard et Grève de printempsde Patrice Caumon et Michel Guire-Vaka ne rachètent pas avec toutesleurs bonnes intentions écologiqueset sociales la pauvreté du contenu.Quelle curieuse idée Dargaud sem-ble se faire de ses premiers lec-teurs ! Gageons que la prochainelivraison sera meilleure.

D Chez Duculot, de Jean-Paul No-zière : Cher vieux Cochise. Pre-nez deux adolescents de classessociales très opposées. Donnez-leurdes parents juifs mais pieds-noirspour le premier et très libéraux,pratiquants au sens strict du termepour le deuxième dont le père estconseiller financier d'une multina-tionale américaine. Agitez forte-ment pour que l'amitié prenne etvous aurez un roman à la foispsychologique, philosophique, so-

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cial et politique, agréable à lirecar le dialogue domine dans unehistoire que les adolescents aime-ront, c'est sûr, mais qui est biencousue de fil blanc.Pour ceux que l'horreur n'impres-sionne pas trop ou qui aimentles récits-catastrophes, l'histoire queraconte Giidrun Pausewang dans lesDerniers enfants de Schewen-born produira son effet. Le jeunenarrateur et sa famille sont victimesd'une catastrophe nucléaire sansprécédent. Petit à petit l'horreurs'installe et devient banale. Malgréune intention évidente de stigmati-ser l'égoïsme et de rendre hommageau courage, l'auteur tombe dansle manichéisme : l'apocalypse quiattend des générations d'enfantsinnocents est le produit de généra-tions de parents irresponsables.

D A YEcole des loisirs, outre plu-sieurs rééditions en format de po-che : Johanna de Renate Walsh,La guerre des chocolats deRobert Cormier, C'est dur à sup-porter de Judy Blume et Carava-ne interstellaire de ValérieGroussard, il faut saluer dans lacollection Nouvelles et romans deuxpetits chefs-d'œuvre illustrés, ce quine gâte rien, par Philippe Dumas.L'un des plus beaux textes de Flau-bert, extrait des Trois contes etencore trop méconnu : La légendede saint Julien l'Hospitalierainsi qu'un remarquable choix denouvelles d'Anton Tchekov, rassem-blées sous le titre Histoires grin-çantes par Robert Boudet (fichesdans ce numéro).

Dans la collection Neuf du bon etdu moins bon comme d'habitude.Sous le titre La langue au chat,Robert Boudet imagine dans decourtes histoires l'origine de seizeexpressions bien connues comme :muet comme une carpe, la politiquede l'autruche ou la puce à l'oreille.L'idée est amusante, le résultat

convaincra-t-il les jeunes lecteurs,c'est moins sûr.Valérie Groussard ne réussit pas ànous entraîner dans La tour deXrom et ce n'est pas parce qu-'auprès du jeune public les clichésont prise, surtout quand ils pre-nnent les couleurs de la science-fiction, qu'il faut répondre ainsi àla demande.

Les avis sont plus nuancés sur ledernier Yvon Mauffret qui dansPépé la Boulange raconte l'his-toire d'un grand-père qui vire sacuti à soixante-dix ans et décide deretourner, en compagnie de sonpetit-fils, sur le Belle-Ile de sonenfance et de renouer avec sesamours de jeunesse. C'est bien tropbeau pour être vrai, dira-t-on, mêmesi l'on a envie de croire que lavieillesse c'est aussi cela. L'auteury croit-il assez ? dans l'écriture il ya ce quelque chose en trop qui peutagacer et rendre sceptique.En revanche Brigitte Peskine faitl'unanimité avec La télé c'estpas la vie, un roman dont le sujetoriginal fait oublier l'écriture plutôtplate. C'est une histoire d'âge in-

La légende de saint Julien l'Hos-pitalier, Ecole des loisirs.

grat que celle de cette amitié chimé-rique entre Laurent, l'enfant gâtésans expérience et Louis, fils d'am-bassadeur, de parents divorcés etqui se replie dans ses problèmesaffectifs. Le voyage en AmériqueLatine sera une mise à l'épreuve :Louis va s'y révéler plus fort qu'onne le pense et Laurent va apprendreà regarder au-delà des apparences.D'Armand Dahan: Le géant deMamora et autres histoires de laSémira. L'auteur, nous dit-on, alongtemps vécu au Maroc; cela seperçoit, mais les personnages nesont pas pour autant vécus de l'inté-rieur, et le propos est laborieux e t .plein de bons sentiments.Hors-collection et dans le mêmeesprit que pour Moteurs, Yak Rivaisa rassemblé sous le titre Allez,dernières nouvelles du sportune série d'interviews de sportifs etde textes inédits ou non dont laplupart sont remarquables : la re-ncontre d'André Stil et d'un ancienboxeur, le délire cycliste de LouisNucera, la naissance d'une vocationde boxeur en Argentine imaginéepar Rafaël Pividal font de ce livreautre chose qu'un ensemble de té-moignages sur le sport, un plaisirde lecture.

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Que dire du dernier Robert CormierAprès la guerre des choco-lats, sinon que dans un climat toutaussi violent et désespéré, nous yretrouvons un peu moins d'un anplus tard tous les comparses de Laguerre des chocolats ? La remar-quable construction du récit où latension émotionnelle alterne avecla violence et l'anxiété (viol, suicide,racket, chantage, attentat à la bom-be...) donne à ce roman un attraitde lecture indéniable. La cruautéde la leçon, puisque c'est quandmême le mal qui triomphe, sidéreraceux qui pensent qu'une telle cruau-té n'existe pas dans la vie actuellede certains collèges. Lecteurs nonavertis s'abstenir. Nous reviendronsdans un prochain numéro surl'œuvre de Cormier (voir aussi l'ar-ticle dans la Revue n°109).

D Chez Flammarion, dans lacollection Castor Poche, voici letome 5 de « La petite maison dansla prairie » de Laura Ingalls Wil-der : Un hiver sans fin.Marcello Argilli raconte une histoirebétifio-nucléaire sous le titre Ato-me Pouce : ce n'est pas parcequ'on s'adresse aux petits que lascience-fiction doit voler aussi bas.Victor Astafiev, dans Perdu dansla taïga, prend les enfants ausérieux lorsqu'il leur raconte cesdeux histoires de courage et desurvie qui montrent un jeune garçonaux prises avec la forêt dans la-quelle il s'est perdu et un autre auxprises avec les enfants de l'orpheli-nat après que ses parents se sontnoyés. Histoires courtes, simples etfortes qui n'ont ni la poésie ni lelyrisme d'un Panait Istrati mais quiméritent d'être lues.Louise Moerie, dans Seuls enterritoire indien, raconte avecforce et réalisme l'histoire de deuxenfants, un garçon de 12 ans et sapetite sœur de 6 ans, rescapés d'unmassacre par des Indiens Sioux et

qui partent à la recherche de leurfamille. Avec ce mélange de légèretéinsouciante et de courage les deuxenfants cheminent et le rapportd'affection qui les unit est très bienrendu. On ne lâche pas ce petitlivre bien construit et plein desuspense.

Perdu dans la taîga, Castor po-che, dessin de Gérard Franquin.

Dans les réussites, signalons égale-ment le dernier petit récit de ColinThiele On l'appelait Tempêtequi raconte la très belle histoired'amour entre un pélican apprivoisépar ses sauveteurs et un petit gar-çon. Force et ' poésie d'un texte

toujours tendu par une émotionvéritable.

On ne peut pas en dire autantdu dernier Molly Burkett Deuxchouettes à la maison. Pourtantle sujet est en or et cette petiteHulotte vraiment irrésistible, maisce livre souffre de n'être pas lepremier du genre, malgré une gran-de facilité d'écriture.Des livres comme Le roi desbabouins de Anton Quintana etJ'ai bien connu Icare de HansBaumann ne sont pas de tout repos.Sur un thème évidemment docu-menté, pour ne pas dire documen-taire, les auteurs bâtissent une his-toire qui a parfois du mal à setailler la part du lion. D'un côtél'Afrique des Masaï et des Ki-kouyou, de l'autre la Crète de Minoset Thésée. Les auteurs dans l'un etl'autre cas respectent leur publicqu'ils s'emploient à informer aumieux, mais ne décourage-t-on pasla lecture à vouloir ainsi trufferun récit d'indications lexicales ouculturelles qui détendent ce fil quifait qu'on veut lire une histoirejusqu'au bout?

Rien de tout cela dans Mon amiChafiq de Jan Needle qui racontel'amitié difficile entre deux enfantsque tout devait séparer car l'un estAnglais et l'autre appartient à lacommunauté pakistanaise. Un ro-man au ton juste sur la différence,le racisme et qui ne cède jamais laplace aux bons sentiments (fichedans ce numéro).

D Pour les plus jeunes chez Galli-mard, dans la collection Folio Ca-det, deux rééditions : Le grandlivre vert de Robert Graves etMaurice Sendak et Le lait dela lionne de Isaac B. Singer etPhilippe Fix (voir « Contes »).Parmi les inédits une véritable mer-veille d'humour, d'intelligence etde subversion : Quand je seraigrande d'Irmgard Keun et Kâthi

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Bhend, ou la société bourgeoise del'Allemagne vue par une petite fillequi n'avait pas les yeux dans sapoche et qui n'était pas triste. Lesillustrations en noir et blanc à lamanière des catalogues anciens sontun ravissement.

Dessin de Kathi Bhend,Quand je serai grande,

Gallimard.

Assez réussie aussi cette petite his-toire victorienne d'Ecole ensor-celée racontée par Naomi Lewis etillustrée fort joliment par Erroll LeCain.

Première lecture très réussie aveccette histoire de copines racontéepar Pat Ross et illustrée par MarylinHafner dans Les inséparables.Tout va pour le mieux entre M. etM. (Marylin et Mimi) jusqu'au jouroù il faut bien se brouiller pouravoir enfin le plaisir suprême de seréconcilier. Une petite histoire decourses et de liste égarée suit lapremière pour un même bonheur.Cela se gâte un peu avec Vive lavie ma souris de Raymond Farréavec des illustrations de FlorenceKœnig, parce que l'auteur a préféréfaire compliqué quand il pouvaitfaire simple. C'est un jeu auquelon ne gagne pas à tous les coups.

Plusieurs Folio Junior :Pour les amateurs de romantismefantastique, notre Hoffmann c'est leVilliers de l'Isle Adam des Treizecontes maléfiques, à lire à lachandelle un soir d'orage pour uneffet assuré.

Mais le fantastique cela se travailleet l'imaginaire c'est dangereuxquand cela flirte avec le philosophi-que mal digéré. Qui pourra lirejusqu'au bout Les terribles Zer-lus de Rémi Laureillard, si ce n'estpour relever un défi ?

Un rocker de trop,illustré par Roméo, Gallimard.

Heureusement Paul Fournel, lui,n'est pas prétentieux et, qui plusest, il sait écrire. Nous y croyonsbeaucoup à cette rencontre hasar-deuse qui ramène, des années plustard, Fred dans le monde du rock :Un rocker de trop. A 38 ans, le

choc est rude. Voyant partir à vau-l'eau ce qui pour lui constituait uneculture authentique, Fred n'a plusqu'à se suicider. Ni mélo, ni démago.On ne pleure pas des larmes decrocodile, non, on est tout à faitremué quand on referme L'enfantdu dimanche de Gudrun Mebs.Le seul espoir pour les enfants del'orphelinat c'est de pouvoir allerle dimanche dans une famille. Pourla petite fille de ce récit c'estl'attente d'une famille, la joie d'a-voir enfin quelqu'un qui s'intéresseà elle et tout le long nous parta-geons ce mélange d'inquiétude, dejalousie, d'espoir et d'excitation quitraverse ceux que l'amour a man-ques ou qui ont manqué d'amour.Le ton est tonique et vivant commela narratrice.

Nous avons aimé Le cochon de-venu berger de King-Smith pourson heureux mélange de charme etd'humour et pour ses trouvaillesd'écriture. On pense à La toile deCharlotte, ce qui n'est pas un mincecompliment (fiche dans ce numéro).

D Plusieurs rééditions chez Ha-chette. Dans la collection Grandesœuvres Madame Bovary de Gus-tave Flaubert et un aspect de JulesVerne méconnu, l'auteur social,avec un curieux roman sur l'enfancemalheureuse en Irlande au 19e siècle,P'tit-bonhomme, qui est bienloin derrière les Hector Malot etsurtout L'homme qui rit de VictorHugo.

Dans la Bibliothèque verte, série :Les évadés du temps, Objectifnulle part de Philippe Ebly portebien son titre pour un scénariofumeux et squelettique qui ne mènevers rien.

Enfin dans la collection Mes plusbeaux contes, illustré par RosineDaëms La chèvre de MonsieurSeguin d'Alphonse Daudet. Texteintégral, bien illustré.

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D Aux éditions ILM, JacquelinePierre dans La théière imagineune tristounette histoire sur unthème pourtant sérieux, celui de lasolitude d'un enfant unique.

D Pour les plus jeunes, Laroussecontinue à faire découvrir ou redé-couvrir des classiques que mêmeadultes nous connaissons mal. Avecun travail très honnête d'adaptationquand le texte original comportetrop de longueurs (on se contentede couper sans modifier le texte) etavec un bon appareil lexical à lafin de chaque volume de cettecollection qui reste malgré toutterriblement scolaire dans sa pré-sentation et la médiocre qualitéde ses illustrations (néanmoins enprogrès sur la première fournée).Gérard de Nerval : Les faux saul-niers ou Histoire de l'abbé deBucquoy. Edgar Poe : Manuscrittrouvé dans une bouteille. Al-phonse Daudet : La chèvre deMonsieur Seguin, Le curé deCuctlgnan. Jules Verne : Roburle conquérant. Prosper Méri-mée : Tamango.

D Au Livre de Poche jeunesse, desrééditions: Mère Brimboriond'Alf Prjiysen, Histoire de fous,de clous, de sous et tout d'A-lain Royer, Le gambit des étoi-les de Gérard Klein et EmmanuelBaudry, et ce merveilleux récit sansdoute autobiographique tout en pu-deur et en émotion suggérée quiraconte un souvenir douloureux dela Résistance en province : La clai-rière de Michèle Albrand.Papa Moumine et la mer deTove Jansson paraît ici dans unenouvelle traduction plutôt contro-versée.

D Décidément les grands-pères seportent bien. Celui de Tchac dansPépé Verdun de Jean-Paul No-zière chez Magnard, dans la collec-

tion Tire Lire Poche, lui fait mêmeun peu honte avec ses radotages14-18. Ce n'est pas la perspectived'être envoyé en maison de retraitequi va arranger les choses. Les avissont partagés sur ce petit livre bienécrit mais que certains trouvent unpeu facile.

D Chez Messidor-la Farandole, letrès beau texte de Nazim HikmetLe nuage amoureux, dans lacollection 8.9.10, ne gagne pas àêtre illustré par Selçuk Demirel.Des rééditions indispensables en LFRoman: La maison des petitsbonheurs de Colette Vivier, Letigre dans la vitrine d'Alki Zei,Les aventures d'HuckleberryFinn de Mark Twain, Mary dela Vallée Haute de Vera et BillCleaver.

Portrait de Jules Vernepar Nadar (Nathan)

D Ce n'est pas se moquer desjeunes lecteurs que de leur proposerdes textes comme Le château desCarpathes de Jules Verne et cesnouvelles pleines d'humour de Dic-kens rassemblées sous le titre Lecommis voyageur et autres his-toires. On a déjà dit le bien quel'on pensait de la collection Grandstextes chez Nathan et du soin appor-

Dessin d'Adamov, Le gambit desétoiles, Livre de Poche jeunesse.

té au dossier qui introduit chaqueœuvre. Nous le redirons encore.

D Chez Stock, dans la collectionMon bel oranger, deux rééditions :Mon vélo et autres aventures,d'Amoz Oz, et J'm'appelleTigre de Franckcina Glass.David, c'est moi d'Anne Holm(publié en 1963 dans l'édition danoi-se), raconte le chemin long et diffici-le que fait à l'âge de douze ans unenfant qui n'a rien connu d'autreque le camp de concentration et àqui l'on permet de s'évader. Romande la découverte du monde, de laconquête de soi, toutes les invrai-semblances du récit ne suffisent pasà ébranler la force du propos etn'enlèvent rien à l'authenticité denotre émotion.

• Pour les amateurs de polar, etil y en a parmi les jeunes, voici une

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nouvelle collection très prometteusechez Syros. Sous une jolie couvertu-re cartonnée qui cligne de l'œil àla Série noire, la Souris noire propo-se des histoires à suspense écritesen principe par des professionnelsdu genre. Malheureusement, icicomme ailleurs, tout n'est pas réus-si, tant s'en faut.

Si nous avons marché à l'unanimitédans Le crime de CorninBouchon de Marie et Joseph,illustré par Michel Beurton, lesimpressions étaient plus que miti-gées pour Dans les plumes deDominique Bouquet qui raconteune sordide histoire de maniaqueaux pigeons, ainsi que pour Qui atué Minou-Bonbon de JosephPérigot dont le suspense est absent.Quant à la sorcière terrifiante deL'œil de Belzébuth de Jean-Loup Craijean, on peut y croiremais ça ne fait pas vraiment unpolar. Une collection à suivre. G.C.

POESIE

THÉÂTRED La première poésie, n'est-ce pasces comptines ravissantes qu'AndréBay avait eu l'idée de collecter etde publier sous le titre Trésordes comptines. A l'époque, celaavait donné un petit livre précieux,chez Balland, au format à l'italien-ne, rythmé par une iconographieremarquable. Aujourd'hui ce livre,hélas épuisé, reparaît aux éditionsChristian de BartiUat (1 bis Valléede l'Eglise, 77139 Etrepilly) dans lacollection Terroirs de France, etcela donne un livre compact, sansillustration, mais enrichi de textescontemporains et d'un appareil bi-bliographique.

D Deux recueils paraissent à Y Eco-le des loisirs dans la collectionNouvelles et romans.Pour les comédiens amateurs — et

ils sont de plus en plus nombreuxparmi les jeunes lecteurs — ce seraune chance de trouver ces Farceset fabliaux du Moyen-âgeadaptés pour le théâtre par RobertBoudet et très médiévalement illus-trés par Jean Geoffroy.Dans le genre comique, ils se régale-ront également à monter les pluscélèbres farces de Molière réuniessous le titre Quatre comédies àlire et à jouer. Le texte estintégral et comporte des notes.

• Autre découverte, celle d'un as-pect méconnu de Jules Renard avecla pièce qui est le pendant de Poilde Carotte. Larousse la publieintégralement en Classiques juniors,et même si cela reste moins fortque le roman, voilà une occasionde rentrer dans la peau des person-nages.

D Le thème du temps n'a pasfranchement inspiré Robert Boudetdans Le temps vol'heures chezMagnard, en Anthologie de poche2001.

D On retrouve le même thème auxéditions Ouvrières, avec celui de

l'espace, de l'au-delà et du fantas-tique spatial dans l'anthologie poé-tique de science-fiction La terreest bleue comme une orangede Pierre Ferran, dans la collectionEnfance heureuse. Un choix detextes classiques et contemporainspour un univers souvent glacial etsidérant.

Quelle déception en revanche quecette anthologie qui, en Petite en-fance heureuse, réunit sous le titreMon premier livre de poèmespour rire deux cents poèmes pasrigolos du tout.

0 Le troubadour du béton, c'estRenaud, et son recueil de chansonspublié au Seuil en Point-Virgulesous le titre Mistral gagnant estun vrai régal. On pense à Villonmais aussi à Gaston Coûté ; derrièreles jeux de mots il y a l'émotion etla violence d'un gars « qu'a pasmal tourné ».*

G.C.

DOCUMENTAIRES

D Chez Albin Michel, deux livresanimés spectaculaires de la NationalGéographie Society (fiche dans cenuméro) :

Dans Cache-cache, les mécanis-mes donnent à voir des mouvementset des volumes ingénieux : un arbreen relief, une chenille qui rampe,un oiseau qui dodeline de la tête,et le camouflage des animaux estbien rendu.

Drôles de singes montre desespèces de singes qui ont un com-portement ou une apparence parti-culière. Là aussi des animationsétonnantes : deux bébés tamarinsbondissent autour de leur mère,un babouin montre ses dents enouvrant les yeux...

* Cf. Gaston Coûté : « La chanson d 'un gars qu ' a mal tourné. »

28 /LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS