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, , 0 _, REDACTION, ADMINISTRATION. ANNONCES 77 C3* Année-1^7) 75. Rue Dareau, PARIS A Les manuscrits non insét és ne sent pas rendus ABONNEMENTS ET CONCOURS 75, Rue Dareau, PARIS PRIX: 10 a Chapelle ardente

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„ , ,0_, REDACTION, ADMINISTRATION. ANNONCES N° 77 C3* Année-1^7) 75. Rue Dareau, PARIS A Les manuscrits non insét és ne sent pas rendus

ABONNEMENTS ET CONCOURS 75, Rue Dareau, PARIS PRIX: 10

a Chapelle ardente

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DÀNSJL'EST COUP DE PIED MORTEL. — Vers huit heures du matin,

un domestiaue de culture conduisait dans les champs un che-val attelé à un extirpateUr. L'animal se prit les jambes dans leB traits;son conducteur se baissa pour démêler les guides.

Le Salut aux Morts {suite)

cercueil d'acier qui les enfermait les corps des victimes !

Le médecin aide-major de la marine, Suvidan, fait preuve d'un courage extra-ordinaire. Vêtu d'un costume de scaphan-drier, la tête recouverte d'un casque? il descend lui-même, aidé d'un inlirmier, dans le submersible, et attache les corps que remontent, au moyen de cordes, les marins restés sur la coque.

C'est tout d'abord le corps du maître-timonnier Le Breton, que l'on trouve à son poste; puis les corps de Le Moal, de Manach, de Le Pruennec sont ramenés au jour, bientôt suivis de ceux des officiers. Les cadavres sont méconnaissables, boursoufflés, en décomposition.

Chaque fois qu'un corps apparaît au-clessus du kiosque, tous les assistants se découvrent; les corps, enveloppés dans une toile, sont portés dans un hangar voisin et mis en bière, en présence des familles éplo-

rées. Des soldats montent la garde devant les cercueils.

Une chapelle ardente a été dressée. Tous les cercueils, recouverts du drapeau trico-lore, sont apportés un par un. L'équipage du Pluviôse se retrouve là, côte à côte, pour la cérémonie suprême, comme au moment de la catastrophe.

C'est là, devant ces bières alignées? que le dernier hommage leur est rendu; la que passent M. Fallières, président de la Répu-blique, M. Briand, président du Conseil, les autorités constituées, les délégations du Parlement, tous ceux enfin qui, au nom de la France, doivent venir s'incliner devant les dépouilles des victimes.

A la même heure, de tous les coins du du pays, la pensée du peuple entier va vers ces modestes héros qui dorment mainte-nant leur dernier sommeil, entourés du pieux respect que l'on doit à ceux qui sont tombés en faisant leur devoir.

A ce moment, l'animal lui porta dans le bas-ventre un terrible COUP de pied. Transporté à son domicile, le malheureux do-mestique ne tarda pas à expirer. SAINT-OUEN.

CRIMES D'AUTREFOIS. - UN CARNAGE

SCÈNE DE JALOUSIE. — A l'angle de deux rues, un jeune homme se trouvait soudain face à face avec son ancienne maîtresse. Celle-ci causait à ce moment avec un autre ami. Cette rencontre déplut au premier qai s'élança sur son succes-

seur et le frappa à coups de tête et de pied avec une telle vio-lence gu'il le mit dans un piteux état. L'amoureux trop vindi-catif a été arrêté. CHARLWVIT.T K

TULS SOUS UNEBOULEMENT. — Tandis g.ue des ouvriers étaient occupés à extraire de la craie dans une carrière, près de la route des Petites-Loges, un craquement se fit entendre et une partie de la carrière s'écroula sur les malheureux tra-vailleurs. Ce ne fut qu'au bout de plusieurs heures d'efforts que l'on put retirer leurs cadavres, affreusement mutilés.

REIMS.

Voilà une affaire criminelle qui est aussi fantastique par le nombre des victimes et des meurtriers, qu'effroyable par le caractère de ceJle qui en fut l'instigatrice et la princi-pale exécutrice, car c'est par une femme que fut préparé et perpétré ce crime monstrueux.

Dans la nuit du 20 au 21 août 1785, alors que tout était calme et que le ciel était pur, le meunier Destouches, qui habitait le mou-lin de Cuissat, non loin de Reims, sa femme, ses deux filles, son fils en bas âge, son garde-moulin et un camarade de celui-ci cou-ché avec lui, étaient assassinés pendant leur sommeil avec une masse de cordonnier. Tout l'argent et tous les bijoux furent dé-robés. >•

Les meurtriers ne tardèrent pas à être Dnnus : ils étaient trop nombreux pour ne

-JUS s'être vendus eux-mêmes et ils avaient lu soutenir une litte trop vive pour ne pas

porter des marques indélébiles de la défense ésespérée de quelques-unes de leurs nom-

Ms étaient huit; du moins t, les nommés : Niquet.,

Joseph de la Hautemai-dit Jean Gibon, Joseph Cu-et la femme Fauvet, née dite la Grande-Jeannette,

hreuses victimes. 1 n arrêla-t-on hui[

Dargent, Nicolas < son, J.-B. Neveux, vellier, Fauvet filsI Jeanne Delozanne,| âgée de 49 ans.

En vérité, les motifs de ce sauvage assas-toute réflexion ; trois des n'avaient de la haine que

pour Destouches ; Niquet et Dargent parce qu'il leur avait fait perdre un procès, la femme Delozanne, la Grande-Jeannette, pour des raisons personnelles. Les autres, comme le cordonnier Jean Gibon, qui apporta la masse, furent stipendiés ou terrorisés pour aider à accomplir cet horrible forfait, et tous massacrèrent les autres innocentes victimes pour se débarrasser de témoins accusateurs.

Les assassins étaient partis, à 11 h. 1/2, de cliez Dargent, où les avait conviés au ren-dez-vous la Grande-Jeannette, et c'est elle qui entra la première au moulin de Cuissat « vêtue d'une redingote grise avec un vieux bonnet rouge, ayant un pantalon et la figure

couverte de farine ». C'est elle qui porta les premiers coups de masse au meunier Des-touches et à sa femme et qui ordonna à Ni-quet et à Dargent de supprimer les autres habitants du moulin.

Niquet. Dargent et Nicolas de la Haute-maison furent condamnés « par arrêt du Parlement de Paris du 10 janvier 1786, à être rompus vifs et préalablement appliqués à la question. Exécutés le 18, à minuit deux d'entre eux firent sur la roue une déclara-tion appelée alors testament de mort, puis, au bout de trois heures, ils furent secrète-ment étranglés ».

Joseph de la Hautemaison et Jean Gibon furent condamnés aux galères perpétuelles et à la marque gai appliquée au fer rouge sur l'épaule. Joseph Cuvillier et Fauvet fils furent retenus un an en prison pour supplé-ment d'informations.

Quant à la Grande-Jeannette, elle fut con-damnée à être pendue et préalablement ap-pliquée à la question. C'est dans l'espoir d'obtenir d'elle quelques révélations sur son fils, qu'on l'accusait d'avoir amené elle-même sur le lieu du crime, qu'elle fut torturée inu-tilement pendant trois heures.

Celte femme, ce monstre, fit preuve du même courage sous les efforts de ses bour-reaux que dans l'accomplissement de l'effroyable meurtre. En vain lui enfonça-t-on entre -les genoux violemment serrés, les quatre coins de bois ordinaires et les quatre extraordinaires; elle tint tête à ses juges et les troubla avec ses aveux et ses rétractions alternatives sur sa participation au crime, et ses dénégations formelles quant à la pré-sence de son fils au moulin de Cuissat. Cette bête fauve avait gardé un cœur de mère.

En désespoir de cause, on cessa de la tor-turer et elle fut traînée, rompue et pante-lante, jusqu'à la place dite de la Croisée-de-la-Couture, à Reims, où, à une heure du ma-tin, elle fut pendue et étranglée, à la lueur tragique des torches « jusqu'à ce que morl s'ensuive ».

La danse de Cupidon Le révérend Kearns, de l'église catholique

de la Présentation, à Chicago, désolé de constater que dans sa paroisse les mariages ridaient diminuant d'une manière alarmante, a songé à encourager les jeunes gens à con-voler en justes noces au moyen d'un grand bal, qu'il a lui-même baptisé : « La danse de Cupidon ».

Il y avait dans la vaste salle deux cents jeunes filles en âge d'être mariées et, à me-sure que les jeunes gens arrivaient, le brave prêtre les envoyait faire un tour parmi les gais essaims de danseuses, après quoi il de-mandait :

— Y en a-t-il une qui vous plaise ? Et si le jeune homme avait remarqué quel-

que visage sympathique et répondait affir-mativement, le révérend Kearns faisait aussitôt les présentations nécessaires.

Le résultat fut que, à la fin du bal, il y avait déjà douze mariages en train. Ravi de ce succès, le révérend Kearns va recom-mencer l'expérience. En homme pratique, il songe même à créer pour les jeunes gens une agence de placement, afin que ces der-niers soient en état de prendre femme.

Une Empoisonneuse de 16 ans La gendarmerie de Neufchàteau vient de

mettre en état d'arrestation une jeune fille de 16 ans, domestique chez un médecin de Coussey.

Elle est prévenue de tentative d'empoi-sonnement avec du sublimé corrosif sur la personne de sa patronne, dont elle voulait se venger à la suite de reproches qu'elle lui avait adressés.

On soupçonne, en outre, la prévenue d'a-voir empoisonné un enfant de ses . patrons, âgé de neuf mois, qui mourut dernièrement dans des circonstances particulières.

Un Contribuable récalcitrant M. Roty, doyen des juges d'instruction,

vient d'être saisi d'une plainte en concussion contre M. de Selves, préfet de la Seine ; M. Sée, percepteur, et M. Albert Chamault, porteur de contraintes. C'est un avocat à la Cour d'appel de Paris, M* Lhermilte, qui l'a déposée.

Voici les motifs de cette plainte. On sait que les conseillers municipaux parisiens, bien que les fonctions de conseiller muni-cipal soient gratuites, touchent mensuelle-ment 500 francs à titre d'indemnité.

Or, le 29 juin 1900, le Conseil d'Etat a décidé qu'il résultait des différents rapports présentés annuellement par la Cour des Comptes-au Président de la République, que le crédit de 480.000 francs affecté au règlement de cette indemnité n'était pas employé à rembourser les avances réelles sur pièces justificatives réelles, mais qu'il représentait une indemnité fixe et mensuelle de 500 francs pour chacun des conseillers municipaux de la Ville de Paris, alors qu'aux termes de la loi du 21 mars 1831, ces fonctions sont absolument gratuites ; que ce crédit est donc créé en violation formelle de la loi.

Il en est de même par analogie du crédit de 303.000 francs destiné à assurer aux con-seillers généraux de la Seine une indemnité mensuelle de 250 francs.

L'avocat, considérant que ces crédits augmentaient illégalement ses contributions, a refusé de payer ses taxes. Le percepteur a répondu par la saisie du mobilier du contribuable récalcitrant. C'est alors que l'avocat, s'appuyant sur l'article 174 du Code pénal, a déposé sa plainte.

Ingéniosité Macabre Les commerçants américains ne sont pas

seuls à pousser le goût de la publicité jus-

qu'à l'ingéniosité macabre. Un honnête et modeste bijoutier du passage Choiseul a dépassé tout ce qu'on peut imaginer en ce genre.

Dans sa vitrine, on voit en montre une petite statuette de métal argenté, haute d'une dizaine de centimètres, représentant... un pendu.

L'infortuné est attaché à une branche d'arbre par une gracieuse cordelette rouge ; mais l'agrément du sujet a paru encore in-suffisant au bijoutier pour séduire le pas-sant. Aussi a-t-il eu soin de glisser tout contre une étiquette, sur laquelle on lit cette phrase alléchante :

« A tout acheteur de cet objet, il sera offert gracieusement cinq centimètres de véritable corde de pendu, ayant servi. »

On se demande quel est le fournisseur attitré du bijoutier.

Enterrée vivante ! A Poupas, arrondissement de Castel-

sarrasin, viennent d'avoir lieu les obsèques de Mme B..., 76 ans, grand'mère d'une riche propriétaire de la commune.

La cérémonie terminée à l'église, le corps fut porté au cimetière et, après les prières liturgiques, descendu dans la fosse.

Le fossoyeur commençait à recouvrir le cercueil, quant il lui sembla entendre des gémissements venant de l'intérieur. Intri-gué, il ouvrit la bière, et quelle ne fut pas sa frayeur et celle du cortège, qui n'avait pas encore quitté le cimetière, lorsqu'on vit la prétendue défunte se dresser, pâle et terrifiée.

Des soins lui furent prodigués, mais en pure perte, car après quinze minutes de cette scène macabre, Mme B... mourrait définitivement cette fois. Néanmoins, le corps fut reporté à la maison mortuaire pour l'inhumation qui fut faite postérieu-rement.

3D3ES £»A POLICg

dans la Vallée du Rhône TRIPLE NOYADE. — En revenant de leur travail sent

jeunes gens ne trouvèrentrien de mieux que de descendre'enSB tenant par la main, dans les eaux d'un petit lac. Celui-ci À habituellement peu profond, mais les pluies tombées depuis

0' elques jours avaient sensiblement accru son niveau. Bien, tôt, trois des jeunes gens perdirent pied. Aux cris poussés pat les autres, plusieurs voisins accoururent. Mais les trois impie, dents avaient oessé de vivre, quand on put les retirer.

GRILLON,

SUICIDE D'UN OFFICIER. — Atteint d'un affaiblis* ment cérébral, un enseigne de vaisseau résolut de mourir. Il s'enferma dans sa chambre, absorba le contenu d'une fiole d'éther et alluma un réchaud de charbon. Il s'étendiy alors sur son lit et se tira un coup de revolver dans le cœur. Il avait laissé sur sa table un billet qui portait ces mots : « Je ne tue parce que cela me plaît ». TOULON.

LES VOLEURS D'ENFANTS. — Prés du village de la Pomme, treis gitanos passaient en roulotte. Ils aperçurcnt sur la route une rlllette de 10 ans et son frère de 2 ans plus jeune; tous deux allaient faire une commission. Les gitanes ee je-tèrent sur eux et les emportèrent dans leur roulotte dont le cheval partit au trot. Mais des cultivateurs avaient assisté de loin a la scène. Ils se mirent à la poursuite des voleurs qu'ils arrêtèrent et qu'ils lynchèrent à demi.

MARSEILLE.

Liabeuf ne signe pas son pourvoi Effrayée à la pensée que son fils refusait

obstinément de signer son recours en grâce, la mère de Liabeuf, qui habite Saint-Etienne, est arrivée à Paris, afin de tenter de faire revenir le condamné sur sa détermination.

Mme Liabeuf, après avoir rendu visite à M" Lucien Leduc, l'excellent défenseur de l'assassin de l'agent Deray, a pu obtenir une entrevue à la prison de la Santé avec son fils. Cette entrevue a été déchirante.

Le condamné à mort a refusé énergique-ment de signer son recours en grâce.

— Demander pardon de l'acte que j'ai commis, ce serait déchoir, a-t-il dit en subs-tance. Je regrette sans doute ce que j'ai fait, mais mon acte ne méritait pas la mort. J'étais, en effet, exaspéré d'avoir été con-damné comme souteneur. Je ne demande qu'un peu de pitié de la part des personnes intelligentes et humanitaires qui me com-prendront. C'est brisée de douleur que Mme Liabeuf a quitté la prison de la Santé.

Après vingt=sept ans Des ouvriers terrassiers occupés à retirer

de la terre pour faire des briques, au lieu dit le « Vieux Chemin de Caudry », sur le territoire de Ligny-en-Cambrésis,' ont mis à jour, à une profondeur de 70 centimètres environ, un squelette d'homme très bien conservé ; la tête était complètement dé-tachée du tronc, mais les dents adhéraient encore aux mâchoires.

La gendarmerie a ouvert une enquête; on croit se trouver en présence des restes d'un habitant de Lesdain, nommé Potelle, qui disparut à Fonfaine-au-Pré, il y a 27 ans.

Il y a été vraisemblablement assassiné et son corps,- malgré toutes les recherches faites, n'avait pu être retrouvé.

Voir ù la page 10. LA CATASTROPHE DU MINISTÈRE DES FINANCES, aoenture d'une femme-reporter

Page 3: N° „ , , , REDACTION, ADMINISTRATION. ANNONCES 0 75, Rue

D£5 TmA. POLICE

DANS L'OUEST MORT MYSTÉRIEUSE. — Un caporal du 6° régiment

d'infanterie coloniale, caserné à Pontadezen, dans la banlieue de Brest, était trouvé un matin, étendu inanimé dans les douves des fortifications. Transporté à l'hôpital de Clermont-ïonnerre, il y succomba quelques heures après sans avoir pu profoncer une seule parole. Ce décès, dans ces condi-tions, parut immédiatement quelque peu mystérieux, quand, le soir, spontanément, un so.dat du même régiment que le caporal s'est présenté au lieutenant de sa compagnie et lui a déclaré que, la veille, alors qu'il se trouvait avec le caporal et quelques camarades dans un débit qu'il a indiqué, quelques-uns de ces derniers ont fait absorber au gradé une certaine quantité de chloroforme. On suppose qu'après l'avoir anesthésié, les coupables auront jeté le capo-ral dans les fossés. BREST.

UNE ÉTRANGE DISPARITION Grand Roman policier inédit

PAR (Traduction de

GREEN J. Heywood)

LES Viu'llMEi DU TRAVAIL. — A la mine de la Gau-Selerie, un charpentier était occupé à scier une pièce de bois à l'aide d'une scie mécanique. D poussait la pièce avec sa main gauche sur la table de la scie. Par inadvertance, sa main glissa et alla heurter la scie qui marchait à 900 tours à la minute. La main du malheureux fut atrocement mutilés presque tous les doigts furent coupés. VARADES.

MORT HORRIBLE. — Monté sur un cheval qui allait au galop, à t. a vers champ, un gamin de 10 ans perdit tout à coup ï'éïuilibre et tomba. Par malheur, son pied droit se prit dans la bride et le pauvre petit fut traîné sur une distance de 100 mètres. Quand on arriva à son secours, le pauvre enfant avait rendu le dernier soupir. BREST.

UN DRAME DANS UN TRAIN. — Atteint de neurasthénie, le fils du Président de la République de Guatemala se trouvait en oimpagnie de son médecin, dans un compartiment de pre-mière classe du train transatlantique venant de Paris. En cours de route, il saisit une bouteille, la brisa, et s'ouvrit la gorge avec un des débris. Ses blessures sont très graves.

CHERBOURG.

CHAPITRE XII L'AMOUR D'UNE FEMME (suite).

« Dans mon trouble et ma joie, je n'ai pas su voir que l'ardeur qui brûlait en moi ne se reflétait guère sur votre visage. J'allais être votre femme, c'était assez pour me rendre heureuse, du moins je le pensais, moi qui vous aimais si profondément.

« Aujourd'hui encore, je vous aime ; je vous aime assez pour vous quitter. Si cela devait assurer votre bonheur, je ferais même davantage ; je vous rendrais votre li-berté. Mais il paraît que vous avez besoin de quelqu'un qui, de nom, soit votre femme. Ce sera donc répondre à vos désirs que de rester ce quelqu'un. Soyez persuadé que je ne ferai rien pour compromettre votre hon-neur. Si jamais il vient un temps où vous pensiez avoir besoin de ma présence, de mon amour, la mort seule aura le pouvoir de me retenir loin de vous. Jusque-là, je resterai ce que vous avez fait de moi, votre femme de par la loi. Je ne prétends pas à autre chose de votre part.

Comme en un rêve, je la vis se détourner lentement, puis sortir- de la chambre.

Messieurs, comme la porte se refermait, je crois bien que ma bouche laissa échapper le cri d'angoisse qui me monta du cœur. Je sais que j'allais m'élancer à la poursuite de Luttra, lorsque mon père, après avoir agité ses bras comme s'il étouffait, s'affaissa lourdement sur ses oreillers. Il venait de s'évanouir : je ne pouvais pas le quitter sur le moment.

J'appelai Mme Daniels, qui se tenait tou-jours dans la chambre voisine de celle de mon père. Je lui criai de rappeler la dame qui descendait l'escalier ; je dois même avoir dit « Mme Blake ». Puis je m'occupai de mon père. Il fut plusieurs minutes avant de reprendre connaissance. Quand il revint à lui, ses premières paroles . furent pour réclamer la présence de celle qui était venue, ' comme un rayon de soleil, réjouir ses derniers instants.

Je me levai pour aller la chercher, mais au même instant, Mme Daniels entra.

— Mme Blake est sortie, monsieur, dit-elle. Je n'ai pas pu la retenir.

CHAPITRE XIII LE CŒUR D'UN HOMME

Depuis ce jour-là, je n'ai jamais revu ma femme. Il me fut impossible de savoir où elle s'était réfugiée, ce qu'elle était devenue.

Mon père ne se releva pas du coup que lui avait porté cette scène tragique ; ses forces diminuaient à vue d'œil, il m'était impossible de quitter son chevet.

Déjà, pendant que je lui prodiguais mes soins, en voyant son regard se tourner constamment vers la porte pour se reporter aussitôt sur mon visage en une muette supplication, je me pris à me demander si je n'avais pas commis un acte destiné à peser dorénavant comme un remords sur toute mon existence.

Mais ce ne fut qu'après avoir fermé les yeux de mon père, après l'avoir accompagné jusqu'à sa dernière demeure, ,que l'image désespérée de ceile à qui j'avais donné mon nom se mit à me hanter avec persistance. Je me demandai alors, pour la première fois, si ma tristesse, mon accablement, pro-venaient de la honte que me causait le sou-venir de mon indigne conduite à l'égard de

'Voir l'Œil de la Police n" 61 à 76.

Luttra, ou du regret que j'éprouvais à la pensée de l'avoir perdue.

Sur ces entrefaites, j'appris la nouvelle des fiançailles d'Evelyn Blake avec le Comte de Mirac. Même aux heures où je l'avais aimée le plus passionnément, je ne m'étais pas fait d'illusions sur le compte de ma cousine. Je savais que ses goûts lui fai-saient une nécessité d'un luxe que peut seule procurer la richesse. D'autre part, l'ayant abandonnée pour en épouser une autre, je n'avais certes pas le droit de me plaindre si je la voyais oublier, à son tour, les vœux que nous avions échangés.

Ce n'en fut pas moins une blessure cruelle pour mon amour-propre. J'étais assez déraisonnable pour me dire qu'eu sa qualité de femme, elle aurait dû résister victorieusement aux tentations auxquelles j'avais succombé moi-même. L'estime que j'avais toujours portée au sexe dont elle faisait partie s'en trouva diminuée.

Luttra elle-même, pauvre enfant aimante et dévouée, ne trouvait pas grâce devant mes yeux. Je ne souhaitais qu'une chose, c'était d'oublier que j'étais uni à elle par un lien dont j'avais d'autant plus honte que, vers la même époque, son père et son frère s'étaient montrés sous leurs véritables couleurs, et qu'on les avait condamnés, l'un et l'autre, à dix ans de bagne. Je me trou-vais être le gendre et le beau-frère de deux forçats.

Peu à peu, cependant, un revirement se produisit dans mon esprit. Quoi que j'en eusse, je n'arrivais pas à bannir la douce image qui m'obsédait, la douloureuse an-goisse du regard que Luttra m'avait adressé en me quittant. Profondément gravées dans ma mémoire, ses dernières paroles sem-blaient constamment retentir à mes oreilles :

« Si jamais il vient un temps où vous pensiez avoir besoin de ma présence, de mon amour, la mort seule aura le pouvoir de. me retenir loin de vous. »

Nuit et jour, cette vision me poursuivait, jusqu'à ce qu'enfin je résolus de la fixer sur la toile, dans l'espoir d'en finir, une fois pour toutes, d'une obsession qui me rendait la vie insupportable.

C'est ainsi que je fus amené à peindre le portrait que vous avez vu ce soir. L'inspi-ration qui guida mon pinceau aurait suffi à faire la fortune, la célébrité d'un artiste. Chaque jour voyait croître, se préciser sur la toile la lumineuse beauté de ce visage incomparable, dont je n'avais jamais com pris, comme alors, l'attrait subtil, le charme pénétrant. Je me relevais souvent la nuit pour retoucher mon œuvre, cherchant à rendre plus fidèlement encore les reflets d'or et de bronze de cette merveilleuse chevelure, les sombres profondeurs de ces yeux dont le regard désespéré avait hâté la fin de mon père et qui maintenant livraient à mon cœur un irrésistible assaut.

Cependant, le temps passait : ma femme ne me donnait pas signe de vie. J'ignorais si elle était à l'abri du besoin, à supposer même qu'elle fût encore de ce monde.

Une noire mélancolie s'abattit sur moi, que rien ne put dissiper, pas même la nou-velle que ma cousine, restée veuve après quelques mois de mariage, revenait à New-York avec l'intention de s'y fixer. Ma pas-sion pour Evelyn était donc morte ? Je ré-solus d'en avoir le cœur net.

Dérogeant à mes habitudes, je me rendis à un bal où je savais devoir la rencontrer. J'arrêtai mon regard sur son éclatante ef

X> E X* A POLICE

DANS LE SUD-OUEST LACHE AGRESSION. — Plusieurs jeunes gens, étrangers à

la localité, travaillant moméntanément à la construction des usines de Corgnac, ont assailli, sans motifs, un bou-langer, au moment où il sortait d'un hôtel. Ils auraient très probablement fait du mal à leur victime sans l éner-gique et courageuse intervention de la sœur de cette dernière. Les gendarmes, prévenus, ont coffré ces jeunes malandrins et ont saisi sur eux des couteaux à cran d'a^t-

VIERg

POUR S'AMUSER. — Vers minuit, un inconnu a tiré un coup de revolver, brisant un carreau de vitre au-dessus de la marquise de la gare d'Orléans. La balle est tombée dans la salle de la consigne, sans atteindre Paonne. Une enquête est ouverte néanmoins par la police. BORDEAUX.

BRÛLÉ VIF. — Paralysé depuis quelques années, un vieil-lard qui se trouvait seul dans son domicile, alluma une lampe, mais celle-ci se renversa sur lui et enflamma ses vêtements. Dans l'impossibilité d'appeler du secours, le pauvre vieux mt brûlé vif. On ne trouva son cadavre que quelquesiourspius tard BRANTOME-

EXPLOSION DE GAZ. — Vers deux heures de l'après-midi, une terrible explosion de gaz se produisit dans une épi-cerie. La violence de l'explosion projeta les vitrines d'une partie de la devanture dans la rue. Les éclats ont brisé les glaces d'un magasin de modes, situé en face. L'épicière et sa femme de ménage ont été grièvement brûlées. CASTRES.

TRAVAILLEUR BLESSÉ. — Dans une usine, un jeune ouvrier se tenait près d'une machine en marche. Tout â coup, il s'approoha trop d'une courroie de transmission qui l'en-leva par le bras droit et le rejeta plus loin. Le malheureux, qui a eu le bras presque arraché, se trouve dans un état très iTrai/o BORDEAUX.

AU TRIBUNAL CORRECTIONNEL

k'HlSTOIHE EST BlEfl BIZUTE

L'huissier appelle : — Nicolas Torchonnet 1... Allons, appro-

chez, Torchonnet... Et dépêchez-vous. Un brave homme se détache lentement du

fond ûe la salle, l'air souriant, et dit : Nicolas Torchonnet, c'est moi 1 Mais je

viens seulement en curieux. L'histoire est bien bizarre. Je viens tout simplement en curieux que je vous dis. Jé vais vous ra-conter ça. Vous verrez que l'histoire est bien bizarre.

M. LE PRÉSIDENT. — Vous êtes Nicolas Tor-chonnet, cultivateur à Couilly-les-Gros-Na-vets? (Signe d'assentiment.) Alors c'est bien vous qui êtes prévenu de coups et blessures sur la personne de votre femme.

LE PRÉVENU. — Je ne dis pas non. Mais yous allez voir : l'histoire est bien bizarre. Ma femme et moi, nous sommes allés hier chez un licencié en droit de Couilly-les-Gros-Navets. Ma femme avait demandé son di-vorce. J'ai peut-être un peu cogné, mais elle a passé l'éponge.- On s'est arrangé en-

semble. A preuve que j'ai un écrit. Atten-dez un peu, je vais vous le lire. Ah 1 l'his-toire est bien bizarre.

Et, sortant de sa poche un papier quelque peu fripé, Nicolas Torchonnet donne lec-ture d'un document inattendu que je trans-cris textuellement. Faites-en votre profit à l'occasion, conjoints en bisbille. Voici le morceau :

« Entre les époux soussignés, lit le pré-venu, il a été convenu ce qui suit :

« Par les présentes, M- Torchonnet dé-clare se désister purement et simplement de sa plainte et ne l'avoir faite que sous l'ins-piration d'une humeur violente et passagère, mais n'imputer à cet effet aucun tort à son époux Nicolas.

« D'un commun accord et d'un consente-ment spontané, . les deux époux déclarent vouloir se réunir et vivre en bonne har-monie conjugale, en dehors de toute com-munauté avec leurs belles-mères respectives. Les époux déclarent en outre se pardonner mutuellement et réciproquement les torts qu'ils semblaient jusqu'ici se reprocher et vouloir vivre désormais en termes d'époux.

« Fait de bonne foi, à Couilly-les-Gros-Navets, le 15 courant de la présente année. Approuvé l'écriture ci-dessus : femme Tor-chonnet, née Culoison, Nicolas Torchonnet. »

Le prévenu, triomphalement, brandit en l'air son traité de paix.

— Vous voyez bien, dit-il au président,

que je ne viens ici qu'à titre de curieux. Ah 1 l'histoire est bien bizarre. (71 fait passer son papier au tribunal.) Rien n'y manque. On voit bien que ç'a été rédigé par un li-cencié en droit.

M. LE PRÉSIDENT. — Combien vous a-t-il pris pour cette rédaction ?

LE PRÉVENU. — Quatre francs. Vrai, au prix qu'est le beurre, c'est pour

rien. Il n'y a plus qu'à Couilly-les-Gros-Na-vets qu'on trouve des jurisconsultes à bon marché.

Eh bien! c'est triste à dire, mais c'est comme ça : malgré le papier du licencié en droit à 'quatre francs, Nicolas Torchonnet est tout de même condamné. Seize francs d'amende, s'il vous plaît. Ah ! l'histoire est bien bizarre.

UN NOUVEAU RECORD

Une jolie fille de Paris, qui n'a pas pour deux sous de préjugés, vient de comparaître devant la correctionnelle, sous la banale inculpation d'outrage public à la pudeur. Cependant il n'est pas banal, le délit qui l'amène sur le banc d'infamie.

Il y a une quinzaine de jours, après un copieux déjeuner, la prévenue, qui avait une

légère culotte, mais pas le moindre pan-talon, enfourcha sa bicyclette, et, pédalant avec sérénité, tout comme si elle était, à cheval sur la vertu, elle releva ses jupes et exhiba aux yeux des passants une déli-cieuse paire d'admirables jambes. J'ajouterai qu'au lieu de bas elle portait tout simple-ment une paire de chaussettes noires.

Partie du quai Malaquais, la jolie fille arriva place Saint-Germain-des-Prés sans encombre. Mais, là, le spectacle de son... indépendance fit loucher l'autorité qui, sous les espèces ef apparences de deux gardiens de la paix, l'arrêta clans sa folle course et la conduisit au poste.

Devant le, tribunal, le défenseur de la hardie bicycliste a prétendu que sa cliente s'était arrêtée à temps dans son relroussage incomplet et qu'elle n'avait pas montré de sa personne plus que des femmes réputées honnêtes n'en montrent par en bas aux bains de mer et par en haut en soirée. Cet argument n'a pas convaincu les magistrats.

Ils ont condamné la jolie fille à quinze jours de prison qui se sont confondus avec les quinze jours pendant lesquels elle a gémi, en prévention, sur la paille humide des cachots. Il reste à l'aimable enfant la consolation de détenir pour le moment le record de l'outrage public à la pudeur.» et à bicyclette.

Le Grefjier.

7X

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DE LA POLICE

DANS PARIS UN MEURTRE. — Un journalier passant faubourg Saint-

Antoine, - bousoula involontairement un ouvrier. marbrier. Celui-ci saisit un couteau qui traînait sur la table d'un marchand de pommes de terre frites voisin et, se précipitant sur son bousculeur, lui porta un coup terrible qui l'attei-gnit au sein gauche. L'ouvrier s'affaissa, perdant son sang en abondance. On dut le reconduire en hâte à l'hôpital Saint-Antoine, où son état fut jugé grave. (XIIe Arr.)

LES DANGERS DIS LA MODK — Vêtue avec une élé-gance suprême, la tête cachée sous un immense chapeau, une jeune femme traversait la chaussée, r e Lafayette. Sou-dain, elle se sentit entraîner à une vitesse prodigieuse. SÉlé était passée trop près d un tramway qui l'avait happée par son couvre-chef et l'entraînait à sa remorque. Far bonheur, la chevelure céda et le chapeau continua seul sa course. La jeune femme n'eut que la ressource de sauter dans un taxi pour échapper aux rires de la foule. (IXe Arr.)

DRAMATIQUE SUICIDE. — Désespéré d'avoir été aban-donné par sa maîtresse, une jolie modiste de 16 ans, un clerc de notaire se rendit dans un restaurant de 1 avenue des Ternes, ou il pensait la rencontrer. Il la vit, en effet, mais elle était en compagnie de. son nouvel amant. Quand le conple sortit, le pauvre clerc passa devant son infidèleamieet.ensa présence se jeta sous une automobile qui arrivait à toute allure. 11 a.été transporte à l'hôpital dans un état alarmant. (XVII; Arr.)

ILES JEUX DANGEREUX. — Près des Buttes-Chaumont, un gamin de douze ans montrait avec orgueil à deux cama-rades un petit canon en cuivre qu'on lui avait donné. Les enfants se mirent immédiatement à bourrer de poudre le minuscule engin. Puis ils allumèrent la mèche.Mais le canon fit explosion et,ses éclats blessèrent grièvement le petit artil-leur à l'œil gauche et un de ses camarades à la cuisse.

(XX4 Arr.)

impérieuse beauté : mon cœur resta de glace. Plus de doute, celle que j'aimais n'était plus, mon altière cousine, mais bien i'enlant courageuse, et dévouée à laquelle je devais d'être encore en vie et que j'avais , si cruellement méconnue.

Une lois cette conviction formée dans mon esprit, ma torpeur, se dissipa comme par enchantement; L'avenir,. désormais, n'était plus sans espoir ; un but s'offrait à mon activité, celui 1 de chercher ma femme, de la ramener sous mon toit, quand, bien même je la trouverais partageant la prison de ces hommes dont 1 existence, était pour mon orgueil une si intolérable ; humiliation..

De quel coté diriger mes .. pas ? ; Aucun indice, si léger qu'il fût, ne s offrait: pour nie guider dans mes recherches. Une seule pensée vint apporter un léger. soulagement a mon angoisse,1 ce fut de me dire que, telle que je la, connaissais, son amour ne per-mettrait pas à . Lut Ira de s'éloigner de la ville où habitait son mari. A moins qu'un incroyable changement se fût opéré en elle, c'était à New-York même, qu'elle devait se trouver., ,, .

La sagesse me conseillait de m'adresser à la police pour m'aider à retrouver ma femme, mais mon orgueil répugnait à cette mesure, tant que n'auraient pas échoué tous les autres moyens. Avec une énergie îiévreuse, je me mis à parcourir les rues, dans l'espoir d'apercevoir un jour ou l'autre son visage au milieu de la foule. Folle chimère : non seulement je ne rencontrai pas Luttra, mais je ne vis personne qui lui ressemblât, de près ou de loin.

Un jour, ou plutôt, une nuit, comme déjà je commençais à me laisser aller au décou-ragement, un incident bizarre vint imprimer une direction nouvelle à mes recherches. Assailli de mille pressentiments lugubres, étouffant dans l'atmosphère , étroite de la maison, je descendis au jardin pour prendre i'air un instant. A un moment donné, comme je m'étais arrêté devant la grille, j'eus l'impression, de voir .celle que mes pensées ne quittaient pas d'une seconde me regarder à travers les. barreaux.

Gomme, vous, l'avez compris, déjà c'était le soir de la disparition -de la lingère, dont vous vous occupez : avec tant, de zèle. Vous me .dites; que le visage entrevu par moi n'était autre que celui de cette jeune lille, mais sur le . moment, tel était le dé-sarroi de mon esprit, je fus persuadé que j'avais eu une vision, destinée à m'avertir que je faisais fausse route en cherchant Luttra dans les quartiers opulents de la. ville.

L'apparition que j'avais eue sous les yeux portait les vêlements d'une humble ouvrière, pour m'indiquer, me ■ sembla-t-il, que j'avais plus de chances de trouver Luttra dans les rues populeuses habitées par la classe indigente des : travailleurs.

Je me mis donc à errer dans des quartiers de la. ville que je n'ai pas le cœur de vous décrire. Vous les connaissez, d'ailleurs, puisque vous me dites que j'étais sous votre surveillance.

. Pour ma part, le résultat de ces expé-ditions fut de . me rendre presque fou. Certes, je ne doutai: pas un instant de, la pureté des intentions de la noble fille si indignement repoussée par moi. Il n'en était pas moins atroce de voir, de mes pro-pres yeux, jusqu'où peut tomber notre faible humanité sous l'empire de la misère, de la faim et du désespoir. :

Je songeais aussi , aux'i vils criminels que Luttra avait pour père et pour frère. Malgré son courage et son honnêteté, com-ment savoir à quoi ils n'avaient pas pu la contraindre ! Ce raisonnement, poussé jus-qu'à ses extrêmes conséquences, linit par me faire croire que j'allais peut-être, un jour ou l'autre, apercevoir les traits adorables de la disparue sous un de ces châles sordides que portent les malheureuses rencontrées au coin des trottoirs.

Un jour, enfin, je rencontrai une jeune

fille, qui avait des cheveux pareils à ceux de ma femme. Une force irrésistible me con-traignit à la suivre, à lui adresser la parole.

Je lui demandai si elle avait jamais vu personne qui eut les cheveux comme elle. Lorsqu'elle me répondit, le timbre de sa voix annonçait qu'elle avait dû recevoir une bonne éducation. Est-il possible, grand Dieu, qu'une jeune fille de notre monde puisse tomber si bas ! Mais elle' ne çut rien m'apprendre au sujet de celle que je cher-chais. '

Le lendemain, je partais pour Melville, espérant que peulrêtre, en ce lieu où je

; l'avais vue pour la 'première fois, je trou-verais1'quelque indice pour me guider jus-qu'à elle. Je trouvai, la vieille -auberge fer-1

:: niée — encore un - espoir ■ qui s'envolait comme les autres. ■ :l

Je ne puis vous donner aucune explication au sujet des articles de toilette que con-tient le-tiroir de là-haut. S'il est vrai comme vous le dites, et j'ai' peine à le croire, qu'ils ont été apportés ici par la jeune-lingère qui a disparu d'une manière si étrange, ir est possible, il • est ' même probable, qu'ils 'me iourniront enfin une piste pour laquelle je donnerais volontiers tout ce que je possède au monde.

Ma femme... mais je ne puis plus vous parler d'elle jusqu'à ce que celte question soit définitivement résolue. Il faudra 'que Mme Daniels nous explique...

Comme il disait ces mots, la femme de charge entra.

CHAPITRE XIV M" DANIELS

Elle n'avait quitté ni son châle ni son chapeau. Son visage était de marbre.

— Monsieur m'a fait demander ? fit-elle en lançant,à son maître un regard craintif.

— J'ai à vous parler, répondit M. Blake avec effort. Mme Daniels, quelle était la jeune fille que vous avez abritée si long-temps, sous mon toit? Comment s'appelait-elle î Comment est-elle venue ici?

Tremblant de tous ses membres, la femme de charge nous jeta un coup d'oeil sup-pliant.

— Parlez ! insista M. Gryce. L'heure n'est plus aux mystères.

Mme Daniels s'affaissa sur une chaise. — C'était la femme de monsieur, fit-elle

en baissant la tête, la jeune personne que monsieur...

— Grand Dieu 1 En cette subite exclamation étaient con-

tenus toute la douleur, tout le désespoir, tout l'amour qui, pour M. Blake, avait fait de ces derniers mois un - enfer.

Mme Daniels s'arrêta, comme blessée au coeur. Mais en voyant retomber lentement les mains que M. Blake avait levées au ciel en un geste d'indicible angoisse, elle reprit avec volubilité :

— Monsieur me pardonnera. Madame m'avait fait, jurer solennellement de ne pas la trahir, quoi qu'il pût arriver. Deux se-maines après la mort du père de monsieur, elle est venue me demander. Elle m'a tout raconté sous le sceau du secret : comme elle aimait monsieur, et comme il lui sem-blait que le devoir d'une femme était de ne pas vivre sous un autre toit que celui de son mari. En soulevant la perruque noire qu'elle portait, elle m'a fait remarquer à quel point ce simple artifice la changeait, d'autant plus que ses yeux noirs s'accor-daient bien avec la perruque, au lieu qu'avec ses cheveux blonds, ils avaient quelque chose de bizarre et d'impres-sionnant. Que dire à monsieur? Je n'eus pas le courage de refuser ce que me de-mandait madame. Je lui ouvris la maison, comme je lui avais déjà ouvert mon cœur. Je jurai tout ce qu'elle voulut ; ces mes-sieurs savent si j'ai été fidèle à mon ser-ment...

(Lire la suite au prochain numéro.)

DE IL. A. AUTOUR DE VARIS s UN, SATYRE DE SEIZE ANS. — On vient d?arrêter et

d'écrouer à la maison d'arrêt, un satyre de seize ans, commis-marchand de bétail, demeurant à Saint-Anbiu-en-Bray, qui, en outre de nombreux attentats à la pudeur, est inculpé encore d'avoir violé et contaminé une fillette de. sept ans. Interrogé, le précoce criminel a fait des aveux complets. 11 comparaîtra devant les assises de l'Oise, an mois de septembre prochain. BEAUVAIS.

UN GARDE TROP ZËLÉ. — En compagnie de sa famille, un industriel passait dans la forêt d'Armainvilliers. D arrêta sa voiture et s'assit sur l'herbe avec les siens. Un garde sur-vint, qui ordonna aux promeneurs de sortir des bois confiés à sa vigilance. Puis, trouvant qu'ils ne partaient pas assez vite, il bouscula la femme et les enfants de l'industriel et tira en l'air des coups de revolver pour appeler ses 'collègues à la res« cousse. L'industriel a porté plainte contre cette brute.

LA QUiilUE-EN-BRIE.

CAPTURE D'UNE BANDE. — Deux agents en bourgeois apercevaient trois individus qui escaladaient le mur ri. propriété et s'enfuyaient, porteurs de.sacs:volumineux. Las agents les poursuivirent et les arrêtèrent après une résistance désespérée. Les sacs contenaient des . objets . d'art, qu'ils venaient de voler dans une villa inhabitée. Les trois cambrio-leurs sont figés de 16,17 et 19 ans.

NE UTLLY-SUR-SEINE.

MUTINERIE DE FEMMES. — Vers 9 heures, un gram nombre de femmes détenues â la Maison de préservatif refusèrent de se coucher et parcoururent les dortoirs en hr? lant des injures à l'adresse de leurs surveillantes. A l'aide i leurs sabots et de plumeaux elles brisèrent tous les carreaux L'énergique intervention du directeur mit fin à cette scène

CLERMONT.

MEMENTO DE LA COUR RASSISES LE. CRIME DE MAUREPAS. — Le garçon

de café Eugène Angoulvent comparaît devant" la Cour d assises de Versailles, en même temps que le nommé Garde, inculpé de recel.

Angoulvent est accusé d'avoir assassiné sur la route de Chevreuse à Pontchartrain, avec la complicité de son beau-père, un de ses amis, René Valle, représentant de commerce. Sur le point d'être arrêté, le beau-père se suicida. Le crime remonte au 25 septembre dernier.

Angoulvent nie ; mais le jury ne se laisse pas impressionner par ses dénégations.

Angoulvent a été condamné à 20 ans de travaux forcé et 10 ans d'interdiction de séjour; Garde a été acquitté.

UN MARCHAND ASSASSINE. — La Cour d'assises des Vosges a condamné à mort le nommé . Séraphin Vaucon, qui assassina le marchand de bestiaux Gavoille pour le voler.

VOLEURS ASSASSINS. — Devant la Cour criminelle d'Alger ont comparu trois indi-gènes accusés d'avoir, le 11 juin 1909, tenté d'assassiner, en lui volant 12.000 francs, M. Robert Jobin, ingénieur des arts et manu-factures, directeur des mines de Tizi-Mtaga.

Les accusés, à l'instruction et à l'audience,

nient les faits qui leur sont reprochés. L'accusation est soutenue par M. l'avocat général Binos. Deux des accusés, Belgari Amrane et Ounghar Mohamed, sont con-damnés à la peine de mort; le troisième, Lakroun Slimané, bénéficie de circonstances atténuantes.. Il est condamné à la peine des travaux forcés à perpétuité.

UN PARRICIDE. — La Cour d'assises des Vosges a condamné à mort le parricide Adrien Perrel, âgé de cinquante-deux: ans, cultivateur à Taintrux. Le condamné avait tué sa mère pour une question d'argent.

DEUX PRISONNIERS TUÉS PAR UN FACTIONNAIRE

On mande de Prévost-Paradol que, dans l'après-midi d'hier, deux détenus militaires, occupés à des travaux'de terrassement-sur la ligne du chemin de fer de l'oued Tleta, ont été tués par un factionnaire qui les sur-veillait au moment où ils tentaient de s'enfuir.

La rumeur publique dit que les fugitifs, se voyant poursuivis, avaient renoncé à conquérir leur liberté et avaient fait demi-

tour pour revenir au camp. Ce serait à ce moment que lé premier reçut une balle qui le traversa de part en part. Quant au second, ce n'est qu'au deuxième coup de feu qu'il aurait été tué. Il convient de n'enregistrer cette version que sous toutes réserves.

DEPRECIATION MATRIMONIALE Le tribunal de Saint-Gall (Suisse) vient de

juger un curieux procès et de proclamer un principe original : l'indemnité pour dépré-ciation matrimoniale.

Mordu par un chien, un écolier est resté tout défiguré par la blessure ■ que l'animal lui fit à la lèvre supérieure ; celle-ci est à présent toute retroussée.

Le père de famille a fait un procès au propriétaire du chien : pour paiement. de frais médicaux et aussi pour entrave apportée au futur ' établissement matri-monial du jeune homme.

Le tribunal, après avoir fait comparaître le sujet, a reconnu le bien-fondé de la de-mande paternelle, tout en déclarant que la beauté physique est. un avantage plus pré-cieux chez une fille que chez un garçon.

Néanmoins il a octroyé au propriétaire du chien quatre condamnations : 100 francs d'amende, plus 400 francs pour frais médi-caux; plus 1.000 francs « d'argent de dou-leur » (joli euphémisme), et 5.000 francs de dépréciation matrimoniale.

UN JOCKEY ACCUSÉ D'UN CRIME Les journaux- américains publient une

nouvelle qui intéresse les sportsmen fran-çais. J.. Ransch, le jockey bien connu, qui eut les " premières montes de l'écurie Van-derbilt, puis de l'écurie James Hennessy, a été arrêté à Los-Angelès, pour avoir voulu assassiner sa nièce, Kissie Ransch, âgée de six ans. L'enfant, paraît-il, était cohéritière avec lui d'une grande fortune, que détenait Mme'C. Scholl, gérante dans un hôtel de cette ville et qui serait la nièce de Ransch. Il paraît que Kissie Ransch était la fille adoptive de Mme Scholl et que c'est pour s'assurer la totalité de la fortune, que Ransch aurait été poussé au crime.

UNE FABRIQUE DE FAUSSE MONNAIE En Amérique, les prisonniers ne perdent

pas leur temps et travaillent à leur métier, si illégal qu'il soit. ..

On vient de découvrir, dans une prison de Jefferson-City (Missouri), sous le parquet de l'une des cellulés, une chambre ren-fermant tout un attirail de faux monnayeur et une grande quantité de pièces fausses.

Ce n'est pas, du reste, la première fois que pareille découverte est faite dans une prison américaine. Mais les journaux prétendent que cet atelier existait depuis près de vingt ans.

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F

FIÈRE DE SON CRIME Grand Roman dramatique*

PAR JULES MARY

X (suile)*

Depuis le matin, elle ne vivait plus. Elle n'avait pas quitté sa fenêtre. Elle se représentait dans leurs plus

minutieux détails les allées et venues de son mari à Vilvaudran, son arrivée au-près du cadavre, son examen attentif.

Il serait aidé, dans sa besogne, par des gens habitués à dépister les plus hauts criminels.

Est-ce que ces gens ne découvriraient pas vite que le meurtrier, c'était Clo-iilde?

Echapperait-elle longtemps à la jus-tice !

Le vieux garde Vilbret, habitué à lire dans ses bois comme un autre dans un livre, ne devinerait-il pas bien vite que le meurtre n'avait pas été commis au carrefour de la Croix-Saint-Jacques?

Ne remonterait-il pas jusqu'au châ-teau, ignorant que ses recherches, si elles aboutissaient, déshonoreraient son 'naître qu'il aimait comme on aime un fils, et perdraient Clotilde, sa maîtresse, qu'il adorait !

Qu'allait-il donc apprendre à Daniel, en cette matinée ?

Voilà ce qu'elle se demandait. Et quand elle vit rentrer son mari, elle

descendit frémissante, ayant à peine la force de se traîner.

Mais, tout de suite, dans la salle à manger, eJle reprenait courage.

Rien de changé sur la physionomie de Daniel.

Il l'accueillit par un sourire. Et ce fut elle qui interrogea, la pau-

vre femme : — Eh bien ! ce meurtre?... As-tu quel-

que indice ?... — Non, pas encore... Il sucrait son café à ce moment-là. Il

remua doucement le sucre, posa la cuil-lère et but à petites gorgées.

Il reprit : — Pas encore, mais je ne puis tarder à en avoir... — Ah ! dit-elle, blanche comme un

linge. Comment cela? — Oui... L'homme n'est pas mort... Elle eut un cri sourd, à peine retenu

par la suprême crainte de se livrer, de se perdre...

— Tu dis ? — La victime qu'on croyait morte est

en syncope seulement... Les yeux de la malheureuse s'agran-

dirent démesurément ; elle battit l'air de ses mains et tomba raide.

XI

Lorsque Daniel partit pour le palais, une heure après, il était inquiet de l'état de santé de sa femme.

Clotilde était revenue à elle, mais elle était dans une agitation extraordinaire, presque du délire.

Elle proférait dès mots sans, suite; Daniel avait envoyé chercher le doc-

teur Gacôgne qui, après examen, avait paru craindre une congestion cérébrale et, tout de suite, avait fait appliquer au-tour du front de la malade une serviette remplie de glace.

Quand la pauvre femme avait repris connaissance, Daniel l'avait interrogée.

Mais elle n'avait rien dit. ^ Elle était sans voix, sans forces, toute a une épouvante d'enfant.

Elle se sentait perdue, puisque 1 homme n'était pas mort.

Car il parlerait, cet homme, il racon-terait toute la vérité, ou bien, s'il se tai-sait, c'est qu'il voudrait vendre son si-lence et, en ne se Vengeant point, ce serait plus terrible encore.

— Pourquoi cette faiblesse ? avait de-mandé Daniel.

Et, mentalement, comme elle se tai-sait, il s'était répété :

— Pourquoi ?

* Voir vœu de la Pol icc n" 67 à 76.

• Une pensée, un rapprochement lui étaient venus.

La pensée : — Pourquoi s'est-elle évanouie au

moment où je lui apprenais que Lafis-tole n'est pas mort?...

Le rapprochement : — Cette faiblesse,- l'écriture de la

lettre... Qu'est-ce donc? " Mais, hâtons-nous de le dire, cela avait été rapide dans spn esprit, pareil à ces éclairs qui sillonnent le ciel et n'y laissent point de traces.

Quand il avait vu le médecin auprès de Clotilde, il était parti pour le Palais.

Mais, de demi-heure en demi-heure, un domestique lui apportait des nou-velles de la malade.

A la fin de l'après-midi, celle-ci allait un peu mieux.

Toute crainte était écartée. Il restait une fièvre très forte, dont le

docteur promettait d'avoir bientôt rai-son.

il Un peu plus tranquille, Daniel avait repris son enquête.

Il avait retiré tous les papiers du portefeuille de Séverac et il prenait con-naissance des lettres signées : Lafistole.

La première qui lui tombait sous la main, ironique et gouailleuse, peignait bien le caractère du misérable.

Elle était ainsi conçue : « Depuis notre entrevue de la rue

Saint-Georges, je pense à vous bien souvent et je ne suis point heureux. Vous êtes le premier homme qui puisse mal penser de moi. C'est beaucoup trop qu'il y en ait un. Je tiens à ce que d'ex-cellentes relations s'établissent entre nous, au moment surtout où je vais en-trer sans doute dans une famille que vous fréquentez et où nous aurons sou-vent l'occasion de nqus voir. J'irai bien-tôt à Orléans et j'aurai l'honneur de me présenter chez vous. Je vous dirai quelles sont mes espérances et quelle adorable jeune fille je compte épouser. Mes espérances contrarieront un peu les vôtres, je le crains, mais, entre hommes d'honneur, le moins favorisé se retire. »

Daniel était devant cette lettre, un peu troublé.

Une crainte, qu'il ne raisonnait pas, entrait dans son âme.

Il y avait là une allusion détournée à quelque chose de lui-même, à ce qu'il avait de plus cher au monde... à Béran-gère, à sa fille !...

Quelles étaient les espérances de Sé-verac? Quel était son désir? N'était-ce pas de voir Valentin épouser Béran-gère ?

Daniel pâlit, passa lentement la main sur son front :

— Je me trompe assurément. Il y a autre chose. Et Séverac m'expliquera tout cela. Mais il devient nécessaire que je l'entende.

Et, avant même de pousser plus loin sa lecture, il écrivit un mot au colonel pour le prier de passer le soir même au Palais, pour divers renseignements.

Il fit porter la lettre par le garçon de bureau et reprit le portefeuille.

A cette première lettre, Séverac pa-raissait ne pas avoir répondu, car La-fistole avait écrit :

« Je vous confirme ma lettre précé-dente et je vous annonce ma prochaine arrivée à Orléans.

« Je tiens à votre amitié, à votre es-time, mais, si c'est la guerre que vous voulez, va pour la guerre ! »

Daniel mettait bien en regard les ré-ponses de Séverac.

C'était sans doute à cette menace qu'avait répondu le colonel par la lettre qui commençait ainsi : -

« Entre un gredin de votre sorte et un homme comme moi, que peut-il y avoir de commun ? » etc.

Autre lettre de Lafistole. Cette fois, les idées s'enchaînaient et

Daniel n'avait alors plus de peine à comprendre :

« Monsieur, « Je ne suis pas un gredin et je vou-

drais vous le prouver d'un bon coup d'épée, qui forcera sans doute votre es-time... »

Nos lecteurs connaissent la réponse de Séverac :

« Je ne me bats pas avec les voleurs ! a Un dernier mot de Lafistole : « Je vous y forcerai bien ! » La correspondance s'arrêtait là. Que s'était-il passé ensuite? Daniel l'ignorait ; voilà ce que l'en-

quête allait lui apprendre sans doute. Mais, malgré lui, malgré ses efforts,

une pensée venait au juge, et cette pen- j; sée le consternait :

— Est-ce que ces deux hommes se sont rencontrés ? Est-ce qu'ils se sont querellés ? Est-ce que Lafistole a insulté le colonel, pour l'obliger à se battre, peut-être?... Et le colonel, dans un mo-ment de colère en une minute de fu-reur, n'aurait-il pas tiré?...

Il se leva,: se promena dans son cabi-net, très agité. x

Tout ce qu'il pensait là était double-ment douloureux pour lui, car cela l'at-teignait lui-même.

Séverac n'était-il pas de sa famille? Les projets d'alliance étaient connus

de tous... Le mariage de Valentin était fixé.

Quel scandale si Séverac ne se discul-pait pas !

Et le scandale, cela n'est rien encore. L'alliance n'était pas consacrée, et sa

chère Bérangère ne portait pas encore le nom de Séverac !

Mais quelle serait la profonde dou-leur de Bérangère !

Elle adorait Valentin!... et elle l'ai-mait d'un amour puissant, qui, certes, résisterait à tous les malheurs, se tien-drait debout contre tous les assauts, ré-sisterait quand même, malgré tout!...

Qu'allait devenir Bérangère ? II en était là de ses réflexions, lors-

qu'on vint lui annoncer l'arrivée du co-lonel.

Voulant rester seul avec lui, Daniel fit signe au greffier de s'éloigner.

Séverac entra en souriant et tendit la main que le juge lui serra, en regar-dant le vieillard droit dans les yeux.

Séverac ne semblait pas gêné. Il avait le visage reposé des gens bien

portants. — Qu'est-ce donc ? dit-il. Qu'avez-vous

à me dire ? Est-ce que je puis vous être utile à quelque chose ?

— Je le crois. — Vous m'intriguez. Parlez, mon ami. Daniel prit sur son bureau le porte-

feuille du colonel et le lui montra. —> N'avez-vous rien perdu hier? — Si, mon portefeuille... Justement,

le voici. Comment se fait-il que ce soit vous qui me le rendiez ?

— On l'a retrouvé auprès d'un ca-davre, cette nuit même, dans le parc de Vilvaudran.

— Un cadavre ! fit le colonel avec sur-prise.

Et, après une minute de réflexion : — Cet homme, couché dans les brous-

sailles, était mort? — Non, mais il n'en vaut guère mieux. — Eh bien, j'ai cru qu'il dormait... je

l'ai pris pour un ivrogne en train de cuver son vin, j'en ai' même fait la ré-flexion quelques minutes après à Biaise et à Mathurin, deux de vos gardes, que j'ai rencontrés en tournée cette nuit. Un accident ?

— Non, un meurtre. — Diable ! De la besogne pour vous,

alors ! fit le vieux militaire en riant dans sa moustache blanche.

Car il aimait à taquiner le magistrat en comparant son travail de cabinet, — travail intermittent, — aux énormes be-sognes que l'on imposait, depuis 1870, aux officiers de tous les grades.

— Vous vivez de vos rentes, disait-il quelquefois. C'est nous qui travaillons.

Mais Daniel, ce jour-là, ne pensait guère à rire :

— Vous n'avez pas reconnu cet homme ?

— Le blessé?... Est-ce que je le con-nais, par hasard?

— Il se nomme Lafistole. — Vous avez dit? — Tenez, voici le carnet pris sur lui...

Il contenait des cartes, des lettres... — Voilà qui est singulier. — N'est-ce pas? fit le juge qui l'ob-

servait. — Je le connais, ce Lafistole... — Oui est-il? — L'ancien caissier de Chavarot, le

notaire. Daniel tressaillit. Le nom de Lafistole

l'avait frappé la première fois qu'il l'avait vu, nous l'avons dit, comme ayant déjà été prononcé devant lui. C était chez Me Chavarot qu'il l'avait entendu.

— Vous étiez en relations avec lui, Séverac ?

— Ma foi, non. Il y eut un silence. Daniel était de

plus en plus gêné. Séverac, après réflexions, venait de

reprendre : — Je l'ai vu une fois, à l'étude, rue

Saint-Georges. Là se bornent mes rela-tions. Je dois dire, pourtant, et vous sa-vez par ce que contenait mon porte-feuille que ce garçon m'a écrit à plu-sieurs reprises.

— En effet. — Vous avez lu ses lettres ? — Je l'avoue. — tEh bien, ne vous gênez pas, d'Hau-

tefort ! lit le vieil officier en riant. Vous violez le secret des correspondances.

Cette fois, non plus, Daniel ne rit pas. Séverac finit par être frappé de son

air sérieux. — Ou'avez-vous donc, mon ami? Je

ne vous trouve pas votre figure de tous les jours.

Daniel prit un grand parti. — Séverac, veuillez m'expliquer le

sens des lettres que voici. — A quoi bon ? — Je vous en prie. — Mais quel intérêt cela peut-il avoir

pour vous ? — Un très grand, peut-être. — Je ne puis le savoir? — Non. — Mais si cela me déplaît de dire

pourquoi ce garçon m'a écrit ? Et pour-quoi je lui répondais en ces termes...

— Cela vous déplaira peut-être, mais puisque cela peut être utile à la vérité.

Séverac fronça ses gros sourcils. Il se promenait dans le cabinet et pa-

raissait perplexe. Mais sa figure continuait d'être calme.

Daniel, qui le regardait, n'y trouvant rien de changé, point d'émotion, point de trouble, point de pâleur, se sentait rassuré.

Brusquement, le colonel se planta en face du juge.

— Cela me déplaît, je le répète, mais enfin je comprends jusqu'à un certain point que cela peut aider les recherches de la justice. Si j'ai hésité, c'est que j'avais promis de me taire. Si l'homme était mort, encore passe ! mais s'il re-vient à la vie...

Daniel, tout à son idée : —■ Je vous écoute. — Je suis allé, dernièrement, rue

Saint-Georges toucher une vingtaine de mille francs me revenant de la vente de quelques terres. Ce Lafistole, caissier chez Chavarot, avait joué et perdu ces vingt mille francs ; j'arrivais à l'impro-viste : il fut obligé de tout m'avouer, en me priant de lui pardonner et en me promettant de rembourser sa caisse dans la journée même.

— Et il a tenu parole? — Il ne lui a même pas fallu la jour-

née tout entière. Avant midi, j'étais payé. Tout était réglé. J'avais promis à ce jeune gredin de ne rien dire à son patron. C'était de la faiblesse, mais il me suppliait et je n'ai jamais pu résis-ter aux larmes. Chavarot a tout ignoré... J'ai eu tort, oui, j'ai eu tort.

Il secoua la tête. — Depuis, Lafistole m'a écrit ; il est

même venu chez moi. — Que désirait-il? — Mon amitié, à ce qu'il prétendait... Et le colonel, de nouveau, riait fran-

chement. — Il voulait même se battre avec moi

pour des propos un peu vifs qui ont échappé à ma plume.

77,

Page 6: N° „ , , , REDACTION, ADMINISTRATION. ANNONCES 0 75, Rue

"L'ŒIL DE LA POLICE

Quand l avez-vous vu pour la der-nière fois?

— Avant-hier... — Vous ne pouvez me donner aucun

renseignement de nature à me faire dé-couvrir le meurtrier?

— Moi, mon ami? Vous plaisantez... Daniel mit son front entre ses mains. Il réfléchissait.

Il y avait bien une question qu'il

Tournon, et qu'on interrogeât les clercs de l'étude sur cet individu.

Puis il se rendit à l'hôpital pour y visiter le blessé. '

Celui-ci était étendu dans le lit, tout habillé et tel qu'il avait été ramassé dans le bois.

Il ne faisait aucun mouvement ; pour-tant les médecins avaient réussi à ren-dre un peu de vie à son regard ; les

n'osait adresser au colomel ; avec un j yeux s'ouvraient de temps en temps, et grand effort visible, et qui fut sans doute bien douloureux, car ces traits se contractèrent :

— Dans une des lettres de Lafistole, la plus longue, j'ai lu une allusion sur laquelle j'appellerai votre attention, car vous l'avez comprise, peut-être.

— Je ne me rappelle plus. De quoi s'agit-il ?

— De cette phrase... Daniel tendit la lettre et lut en même

temps que Séverac : « Je vais entrer dans une famille que

vous fréquentez... Mes espérances con-trarieront un peu les vôtres... » '

— Oui, dit le colonel. Ce passage m'a frappé comme vous.... Qu'a voulu dire ce malheureux ?

—• Je l'ignore. Il a parlé d'espé-rances... Ne vpus paraît-il pas qu'il à voulu faire allusion au mariage de Va-lentin, votre fils, avec Bérangère ?

Et le nom dë sa bien-aimée fille eut peine à sortir de sa gorge, car pour-quoi sa fille en ce débat ?

— Dame ! c'est probable, fit le colo-nel pensif.

— Mais cet homme nous est complè-tement étranger.

— Comme il l'était pour moi, il y a huit jours.

— Il ne connaissait pas Valentin ? — Je le demanderai à mon fils. —■ Dans tous les cas, Bérangère ne

l'a jamais vu et n'a jamais entendu pro-noncer son nom. Je sens comme une menace dans cette incertitude : « Je vais entrer dans une famille que vous fréquentez... »

—■ Forfanterie !... — Oui, je voudrais le croire comme

vous. —■ Vous n'avez plus rien à me de-

mander ?... — Non, au moins aujourd'hui. — Adieu, donc... — Adieu ! Séverac se dirigea vers la porte. — Du reste, dit-il, pourquoi vous tor-

turer l'esprit, puisque Lafistole n'est pas mort ? Attendez, il parlera.

— Le docteur doit être resté auprès de lui...

Séverac avait ouvert la porte. De l'autre côté, près d'entrer, se trouvait justement Gacôgne, qui venait rendre compte des soins donnés à. Lafistole.

Séverac fut le premier qui demanda : — Eh bien, docteur, a-t-il parlé ? — Non. — Tant pis, tant pis, fit l'incorrigible

en sortant, riant—encore, la justice aime tant qu'on lui mâche le travail...

— Aucune émotion... murmurait le juge en le regardant partir.

Et au docteur : — Rien? — Pas un mouvement. Pas un re-

gard. On le dirait mort. — Parlera-t-il ? Gacôgne hocha la tête et avança la

lèvre inférieure. — Vous doutez ? — Oui. Daniel soupira. Peu lui importait la

besogne mâchée. Il était grand travail-leur. Mais une colère montait en lui, en se rappelant que cet homme, — ce vo-leur, — avait osé penser à Bérangère.

Et il aurait voulu savoir... Et l'homme seulement aurait pu lui

tout révéler ! Si cet homme allait mourir!

XII

Le juge d'instruction écrivit sur-le-champ à Chavarot :

« Un de tes clercs vient d'être re-trouvé dans les bois de Vilvaudran avec une balle dans la tête. Il se nomme La-fistole. Au lieu de te faire entendre, au sujet de ce garçon, par un de mes col-lègues de Paris, viens donc passer l'après-midi de demain à Orléans. »

Il écrivit également au parquet de Paris, en joignant un rapport résumant l'affaire, et demandant qu'on fît une perquisition chez Lafistole, rue de

lourdement les paupières s'abaissaient, comme si la lumièré leur avait fait mal.

Le juge restait silencieux, près du lit, le considérant.

— Lafistole, dit-il, m'entendez-vous?... Me voyez-vous ?...

Il dut répéter plusieurs fois la ques-tion, et ce ne fut que la troisième fois que le blessé ouvrit les yeux.

Son regard se fixa sur le juge.

être inerte, duquel sans doute il n'ob-tiendrait rien, il se sentait pris de dé-couragement et d'impatience. Dans les ressources de la médecine et de la chi-rurgie, n'y avait-il pas quelque énergi-que remède qui pût rendre la vie à ce cerveau, ne fut-ce que pendant une se-xonde ?

— Votre assassin, le connaissez-vous ? Les yeux de Lafistole ne quittaient

plus ceux de Daniel. —: Il me .comprend, j'en suis sûr.;,

pensa le magistrat. Et comme, penché sur ce lit, il re-

gardait au plus profond des yeux du paralytique, il lui sembla y lire je ne sais quelle ironie sauvage et quelle haine impuissante.

Evidemment, toute la force de ce mo-ribond venait de se concentrer dans ce regard.

FLEURS DE PARIS. — La bande commença le pillage. Zizi la conduisait O O O O O O et faisait les honneurs. O O O O O O

Il semblait attendre qu'on l'interro-geât, qu'on lui facilitât surtout les moyens de se faire comprendre.

— Je suis M. d'Hautefort, juge d'ins-truction. Vous avez sans doute été vic-time d'une tentative de meurtre?...

Les yeux se rouvrirent. — Il y a bien eu crime et vous n'avez

pas tenté de vous suicider? Les paupières s'abaissèrent. Le juge, perplexe, se demandait : — Ce mouvement est-il machinal,

amené par la douleur... ou par sa vo-lonté de répondre, de dire oui ou de dire non ?...

... Vous ne pouvez parler ?..." Es-sayez... Un seul nom... le nom de votre meurtrier ?...

Lafistole ne bougea pas. Une terrible paralysie générale le clouait sur son lit. En cet état, l'intelligence et la mémoire étaient-elles vraiment ■ tout entières? Fallait-il se fier surtout à leurs mani-festations ? ,

Le juge en doutait, mais, devant cet

Et tremblant de ce qu'il demandait, comme s'il commettrait une mauvaise action, le juge, impitoyable sans le sa-voir pour Clotilde, poursuivait :

—• Et cet assassin, est-ce un vulgaire meurtrier qui vous a tué pour vous dé-pouiller ?

Les yeux restèrent immobiles. — Non ! dit le juge. Et très vite : — Est-il de notre monde ? Les paupières se baissèrent à plu-

sieurs reprises. — Il est de notre monde?... C'est

bien cela que vous avez compris? Et c'est bien la réponse que vous me faites ?

Même geste de Lafistole. — Le connaissiez-vous auparavant ? — Oui, oui, dirent les yeux. — Depuis longtemps? Les yeux restèrent ouverts. — Depuis peu de temps ? — Oui, oui, dirent les paupières en

s'abaissant par deux fois.

— Il me comprend, fit le juge au com-ble de l'angoisse, ne sachant plus, s'il de-vait s'en réjouir, au nom de la justice ou s'en effrayer, au nom de son amitié pour Séverac.

Le médecin Gacôgne, des infirmiers des sœurs de charité s'étaient appro-chés du juge et entouraient le lit, atten-tifs à cette scène étrangement drama-tique.

Gacôgne n'avait pas voulu s'inter-poser. Il savait le blessé irrémédiable-ment perdu. C'était une question de quelques heures. Rien ne le sauverait. Mieux valait donc, au prix de la fatigue énorme qu'il devait ressentir de cet in-terrogatoire, le faire parler. Il mour-rait du moins avec la certitude qu'on le vengerait.

Le juge, très près de la tête de La-fistole, disait :

— Vous le connaissez, votre meur-trier, depuis une huitaine de jours, peut-être ?

— Oui, oui, disaient les yeux. —- Il est de Paris, n'est-ce pas, et il

vous a suivi à Orléans ? dit Daniel avec un espoir, essayant d'éclairer cette in-telligence si faible qu'à chaque minute il craignait de la voir s'éteindre.

Cette fois, les yeux ne répondirent pas.

L'espérance du juge s'envolait. — Il n'est pas de Paris?... Serait-il

d'Orléans par hasard ? —- Oui, oui. — Il habite notre ville ? — Oui, oui. — Je le connais ? — Oui, oui, oui. — Je le vois quelquefois? — Oui. — Souvent, peut-être ? — Oui, oui, oui. . Le cœur de Daniel se serrait... Sa gorge se contractait... Il fut obligé d'attendre, avant de par-

ler encore... Le blessé venait de fermer les yeux,

fatigué . par ces e/fprts suprêmes. Un peu de sang venait aux'lèvres, mêlé à de l'écume... Les nàrine's se» pinçaient davantage et une teinte jaune 'fit 'res-sembler cette figure à une statue de cire... L'immobilité était cadavérique...

Gacôgne s'approcha vivement... — Serait-il mort? fit Daniel.^ Gacôgne, après un silence, répondit : —• Non, mais le forcer à répondre

serait le tuer, monsieur d'Hautefort... Pour le moment, cela n'est plus pos-sible.

—- Un mot docteur, rien qu'un mot... — Non, je ne le puis, au nom de l'hu-

manité. Que la justice s'adresse ail-leurs...-

— Cependant... — Laissez mourir cet homme en

paix. - • — Un mot, je vous en prie, un seul,

et je me retire. Gacôgne hésitait. — Regardez-le, dit-il, il ne vous ré-

pondra pas. — Peut-être... — Soit... mais un mot... vous l'ave:

dit... un seul !... Le juge essuya son front couvert de

sueur. Il jeta un regard autour de lui sur

ceux qui étaient là. Il lui sembla, dans une hallucination d'une minute, que tous ces gens jouissaient de son déses-poir, de ses craintes...

Il fit vers les sœurs et les infirmiers un geste impérieux :

'';— Eloignez-vous ! Us s'écartèrent vivement! Il ne restait plus que Gacôgne. —• Vous aussi, docteur, je vous en

prie, dit-il plus doucement. Le docteur obéit. Le juge se penche à Y oreille du mori-

bond. Il l'appelle, pour éveiller cette mé-

moire défaillante. — Lafistole ! Lafistole ! L'autre ne-bouge pas. Les yeux res-

tent clos. — Ecoutez-moi... et dites-moi le nom

de votre meurtrier... ce nom, je vais le prononcer... répondez-moi, des yeux, comme vous m'avez répondu tout à. l'heure...

Et... plus près encore : — Séverac, n'est-ce pas ? Même immobilité.

(Lire la suite au prochain numéro.)

G

i J

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t'ŒJL DE LA POLICE

FLEURS DE PARIS Grx*a.ncl Roman Moderne*

PAR MICHEL ZÉYACO XXXVIII

VICTOIRE DE ZIZI (Suite).

Au moment où Zizi donnait le signal, La Merluche fît cette observation pleine de sagesse et de bon sens, qui arrêta net l'élan de la bande :

— Y a z'un mur ! fit-il, — Tiens, c't'occase, répondit Zizi.

Por sûr qu'y a z'un mur ! Mais pour-quoi qu'y sont faits, les murs?...

" — Dame, fit La Merluche embarrassé devant cette question péremptoire, y sont faits pour clôturer les proprillétés...

— Gourde ! Y sont faits pour être es-caladés, que j'te dis ! Si personne n'avait besoin d'escalader des murs, y «aurait de murs nulle part ! C'est-y vrai, oui z'ou non ?

— C'est pourtant vrai qu' c'est vrai ! balbutia La Merluche écrasé.

— Alors, donc, en avant les Cœurs-Bleus !

La bande s'élança,, franchit la rue. et vint s'abattre au pied du mûr de l'hôtel comme une nuée d'oiseaux pillards. Cette comparaison qui n'a pas le mérite de la nouveauté, a du moins celui de l'exactitude. En effet, le passant qui eût assisté à cet épisode de la grande tragi-comédie du Paris nocturne eût tout de ,<;uite pensé que ces jeunes bandits avaient des ailes. En un instant, s'aidant des ferrures, un pied ' sur le garde-roues, un pied sur la serrure saillante, Zizi se trouva au sommet de la porte, et de là sur le mur. A plat ventre, il tendait la main aux plus maladroits, auxquels La Merluche, les deux mains sur un genou, faisait la courte échelle. Il y eut un grouillement de silhouettes silencieuses 'grimpant, se hissant les unes sur les autres, se tirant, se pous-sant, et moins de deux minutes après le signal, toute la bande était dans la cour de l'hôtel, au pied dû perron. La Merluche suçait le sang de son pouce qu'un clou de -soulier avait déchiré : ce fut la seule blessure que Zizi eût eu à déplorer — s'il avait eu le temps de déplorer ; mais Zizi n'avait pas le temps.

— Esgourdez un peu, fit-il à la bande dont les têtes se rapprochaient de la sienne. Vous allez vous terrer icigo, pendant que j'asticote la lourde avec mes outils. J'entrerai dans la boîte avec La Merluche. Quand il sera temps, je vous sifflerai.

La bande tout entière, . avec une promptitude et un esprit d'obéissance qui amenèrent un sourire d'orgueil sur les lèvres de Zizi, sembla s'évanouir' ; la cour parut déserte ; le silence fut pro-fond.

Zizi, suivi de La Merluche, monta le perron et se mit à travailler la porte.

Or, ce passant que nous avons sup-posé dans la rue au moment de l'esca-lade, ce passant à qui nous avons prêté une comparaison que nous ne voulions pas prendre à notre compte, eh bien il existait réellement.

A l'instant où Zizi triomphant attei-gnit la crête du mur, quelqu'un passa ou plutôt apparut en se traînant au coin de la rue de Babylone et du bou-levard des Invalides. Ce quelqu'un em-brassa d'un coup d'œil l'étrange spec-tacle des Cœurs Bleus rués à la silen-cieuse escalade de l'hôtel. Il fit un mou-vement comme pour s'élancer. Mais il chancela et, haletant, presque râlant, s'appuya d'une main aux volets d'une boutique. Sans doute cet homme était à bout de forces, car après une nouvelle tentative pour marcher à l'hôtel d'An-guerrand, il tomba sur ses genoux, puis, avec un sourd gémissement, s'allongea sur le trottoir où il demeura évanoui.

L'homme fut longtemps sans connais-sance, une heure, deux heures, peut-être....

Lorsqu'il revint à lui, il se redressa péniblement et, à pas vacillants, parvint rÇtte fois à gagner le portail de l'hôtel d'Anguerrand. Sa main se crispa sur la poignée de la chaîne qui pendait au

* Voir VŒU de la Police n" U à 76.

long du pilier, et, à cette secousse, la cloche jeta dans le silence de l'hôtel un appel grave aux ondulations prolon-gées...

Pendant le temps où cet inconnu de-meura évanoui sur le trottoir et à quel-ques pas de l'entrée de l'hôtel, Zizi, dans la cour, travaillait la porte du

— Nom d'un pétard ! Ça serait trop épatant que deux fois de suite je me cogne dans les flics ou me flique dans les cognes. Non, ça serait à donner sa démission, z'alors !

Ayant fait ce calcul de probabilité comme M. Jourdain faisait de la prose, c'est-à-dire sans le savoir, Zizi n'en fut

dit nom d'une

O O FLEURS DE PARIS. ■—■ Adcline riait nerveusement. Zizi s'était reculé, O O OOOOOOOO épouvanté de ce rire. OOOOOOOOj

perron, en disant au fidèle La Merluche : — Moi, vois-tu, j'ai raté ma vocation ;

j'aurais dû me mettre ouvreur ed'por-tières...

La porte avait fini par céder et Zizi, avec une certaine intrépidité, mais non sans émoi, avait franchi le seuil. Il trou-vait que les choses marchaient trop bien, et songeait à la villa de Neuilly, à cette irruption soudaine , des agents auxquels il n'avait échappé qu'en sau-tant à travers les vitres d'une fenêtre fermée. Pendant quelques minutes, il demeura le cœur battant, les yeux écar-quillés, s'attendant à une nouvelle inva-sion de police, et prêt à bondir en arrière par la porte qu'il venait de franchir.

Pourtant, Zizi, qui n'avait lu ni les travaux du chevalier de Méré, ni Ber-nouilli 'et son Ars conjectandi, ni La-place et sa Théorie analytique des pro-babilités, ni Poisson et ses Recherches sur les probabilités des jugements, Zizi finit tout de même par murmurer :

pas moins rassuré, et, confiant dans l'improbabilité mathématique d'une mauvaise rencontre, s'aventura plus loin. Toutefois, et bien qu'il ignorât profondément la différence qu'il y a entre l'événement simple et l'événement composé, — différence que connais-saient bien les illustres savants énu mérés plus haut — malgré cette igno-rance, donc, Zizi se disait :

— Oui, nom d^une baderne ! Mais si je me trouvais nase à nase avec la bo-bonne de madame, nom d'un fifre, ou le larbin de mossieu, nom d'une pipe? Sûr qu'y s'mettraient à gueuler, nom d'un trombone ! Et alors, les flics radi-neraient, nom d'une tomate ! Comme si qu'on leur z'y demande quéque chose, à ces muffes, nom d'une chopine ! Et alors, je serais rousti, nom d'une chique!

— Qui qui m'appelle ? murmura Jules Chique (dit la Merluche).

— Personne. Ferme ça... — Mais si ! On m'a appelé, grelotta

La Merluche.

— T'es louf ! j'ai chique.

— Tu vois bien ! insista La Merluche qui claquait des dents.

Nous notons cette discussion, d'abord parce qu'elle eut lieu, ensuite parce qu'elle décharge quelque peu ces ban-dits en prouvant qu'ils n'étaient encore que des gamins. Là où de vrais escarpes eussent frémi au moindre craquement, Zizi et La Merluche discutaient. Avaient-ils bien conscience de la gravité ce l'acte irréparable accompli : escalade nocturne et effraction!...

—■ Non ! T'en as une santé ! reprit Zizi indigné, presque à haute voix.

— T'es bien sûr qu'on n'a pas ap-pelé : Julot Chique?...

— Idiot ! On aurait dit : La Mer-luche, pour l'appeler ! c'est-y vrai, ça, oui z'ou non ?

— Tiens ! C'est pourtant vrai ! Ils étaient alors dans un escalier,

dans l'épaisse moquette duquel ils en-fonçaient leurs pieds avec une sorte de respect admiratif.

— C'est rupin, z'ici, affirma Zizi. — Y a pas à dire, c'est rupin, z'ici !

répéta La Merluche, orgueilleusement. — Attention ! s'agit maintenant de pas

faire de pétard... Zizi, avec des précautions qui

n'avaient rien d'exagéré, venait de pous-ser une porte. Il se mit dans la pose du Génie de la Bastille, frotta une allu-mette à son fond de culotte et alluma un rat-de-cave qu'il sortit de sa poche. Plusieurs pièces furent parcourues.. Ils ne se lassaient pas d'admirer les ri-chesses entassées dans l'hôtel. Ils finis-saient par se croire dans un musée, et La Merluche, de plus en plus rassuré, disait :

— J'aurais jamais cru que c'était si facile de cambrioler !

— Quand j' te 1' disais ! répondit Zizi. S'agit que d'avoir du culot.

Us parvinrent ainsi au deuxième étage, puis dans les combles, puis ils redescendirent.

— Ça, c'est tout de même renversant, murmura Zizi. Personne !... C'est trop de veine!... Oùs que sont les larbins? Oùs qu'est la baronne de Va-te-faire-lanlaire ?

— On a pas besoin d'eusse ! déclara La Merluche.

— Oui; mais s'y a personne, celle que nous venons délivrer, oùs qu'elle est, alors ?

Zizi sentait son cœur battre à grands coups ; la solitude de ce vaste hôtel dé-serté par ses habitants lui semblait plus terrible que tout ce qu'il avait-pu ima-giner. Son plan initial avait été d'entrer chez l'une des domestiques dont il sup-posait que l'hôtel regorgeait, d'appeler sa bande, et de forcer la domestique à dire où se trouvait Marie Charmant ; alors, entouré de ses Cœurs Bleus, il aurait délivré la jeune fille, même au prix d'une bataille... Et voilà qu'il tom-bait dans une maison déserte! Il était évident que la baronne avait emmuré la bouquetière... mais quoi ! Personne dans l'hôtel? Pas un concierge? Pas un gar-dien ?...

D'abord avec quelque précaution, puis sans même prendre la peine de marcher sur la pointé des pieds, Zizi frémissant se mit à parcourir l'hôtel. Quand il fut sûr que la vaste demeure était inhabitée, il poussa un soupir et murmura :

— Oùs qu'elle a bien pu s'esbigner, la satanée baronne ? Si c'est pas ra-geant!... Allons!, faut prévenir les co-pains qu'y a rien de fait ! C'est à recom-mencer ailleurs, quofM

Et se penchant à une fenêtre qui don-nait sur la cour, %izï modula douce-: ment le signal d'appel des Cœurs Bleus. Zizi aperçut alors sur une cheminée des candélabres chargés de bougies, et, tranquillement, il les alluma :

— Ça économisera mon rat-de-cavê, expliqua-t-il à La Merluche.

Bientôt toute ,1a bande se trouva réu-

J

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L'ŒTL DE LA POLICE

nie dans le salon où. Zizi et La Mer-luche étaient parvenus après leur explo-ration. L'un de ces jeunes sacripants portait un revolver. D'autres avaient des couteaux. Supposez un ou deux domes-tiques apparaissant... et voilà le crime qui entre en scène.

Heureusement, l'hôtel était désert. — Quoi qu'il y a? demandèrent plu-

sieurs Cœurs-Bleus. — Y a qu'y a rien ! dit Zizi. La gosse

n'est plus là ! Ni la baronne ! Ni per-sonne ! Faut : nous tirer...

— Oui, mais en se garnissant les pro-fondes ! s'écria l'un de ces jeunes scé-lérats.

— Ça, c'est trop juste! dit le capi-taine,

La bande commença le pillage. Zizi la conduisait et faisait les honneurs. A chaque pièce les exclamations d'étonne-ment et d'admiration allaient cres-cendo. Là, on enlevait une pendule, ici des vases d'étaip (pris sans doute pour des vases d'argent), plus loin une jardi-nière, au hasard, les objets les plus di-vers et probablement ceux qui avaient le moins de valeur marchande : dans une salle à manger, d'après les rapports qui furent faits de cet événement, un surtout en' vieil argent massif fut dé-daigné pour deux candélabres en bronze doré.

— C'est tout en or ! avait affirmé Zizi. - La bande, surchargée d'objets trop lourds, arriva enfin devant, une porte que Zizi ouvrit. Un silence de terreur se fit aussitôt dans la troupe : il y avait une lampe allumée sur une table ! Qui avait allumé cette lampe ?... En un ins-tant, pendules, vases, candélabres fu-rent jetés sur le plancher et la bande, massée derrière Zizi, se prépara à la bataille... Tout à coup, Zizi pâlit, al-longea la main et murmura :

— Du sang !... Cette pièce, c'était l'office... Cette lampe, c'était celle qu'avait al-

lumée Hubert d'Anguerrand... Ce sang, c'était celui qu'avait répandu <

Lise, blessée par Adeline... — Y a z'eu un crime ici ! reprit Zizi

avec une sorte d'inconsciente solennité. — Un crime ! répéta sourdement la

bande avec horreur. Nous disons bien : avec horreur. Et

pourtant, répétons-le .: supposez quel-qu'un survenant tout à coup... et le crime, le véritable crime s'accomplis-sait... La bande, à la vue du sang versé, s'indignait... -— Oui, un crime! répéta Zizi. Oh!

ajouta-t-il en devenant livide, est-ce que nous serions arrivés trop tard?... Est-ce que... oh !... est-ce que la pauvre gosse... aurait été estourbie... par cette gueuse de baronne?...

— A mort la baronne ! grondèrent les Cœurs-Bleus.

— Faut lui régler son compte!... — Puisqu'elle n'est plus là? insinua

La Merluche. Allons-nous-en ! A ce moment, de très loin, un cri

étouffé monta jusqu'à la bande. Tous s'immobilisèrent, le cou tendu, pâles, s'attehdant à une attaque, imaginant que cette solitude de l'hôtel n'était qu'un piège, et comprenant peut-être à ce moment l'énormité de ce qu'ils fai-saient...

— Moi je m'en vais ! souffla La Mer-luche en claquant des dents.

— XJui ! Faut s'en aller ! murmurèrent deux ou trois autres.

Mais personne ne bougeait. Serrés les uns contre les autres, blêmes, i'is écou-taient...

Un second cri, soudain, puis un coup sourd...

Alors, La Merluche s'élança, fou de terreur. Et sa fuite insensée rompit le

douleur sincère et meuré dans l'office

C'est à peine s'il de ses compagnons.

— Ces cris ! coups !... On dirait c au secours... qui porte fermée... Oh ! ça ne peut être qi

en

Adeline, après terreur qui s'était tombée sur le tapi prit si solidement chéances de la pe savait parfaitement possible de sortir était enfermée, véri avait aménagée elh toutes les précautio rendre impossible h était donc prise à Elle savait aussi q mille et une manière terrible à coup sûr, c'est la soif. Sa viv rapporta le souv tures ; des récits l'effrayante agonie jours. Elle se dit < à ces malheureux que au milieu des et que, pour com n'avait même pas dans son délire, la s| voile lointaine sur comme une messag" calcula si ses clam entendues de la ru| vite que c'était bit éspoir. Elle calcula lui faudrait, sans o la porte ou percer connut qu'elle serait miner l'une ou l'aii prises. Alors, elle se vait rien espérer, sard. Ce hasard, e quement. Et elle se possible hasard se p rait plus qu'un but à Hubert terreur p pour agonie. Elle sé serments de ven ces! mouvements de nouit, comme nous

Lorsqu'elle revint choses et de la situât Mais ses larmes, k qui est le rôle or semblaient brûler elles brûlaient ses gea à cette Lise qu| sentant sa haine tordit les mains de! sant.

Tout à coup, il 1 un bruit lointain au

Se relever, bondiij à la porte, ce fut p mouvement. Elle se d'abord elle n'en ments sourds de saient sa tête de fit appel à tout ce d'énergie. Elle se ferma les yeux, s' son esprit des imag sérénité. La volonté êtrés, est toute-puiss line sentit son cœu fut capable de sais bruits extérieurs, à la porte, l'oreille car il n'y avait pas ne se fermant qu'au Cette fois le doute n elle perçut distincte pas et des voix. Q saient ces bruits ? ï désobéissant au bf étaient revenus, ou étaient entrés dans

sinon

geahce

furie d'espoir des espèrent se sauver, clique énergie de t reconquis : Adeline! sûre d'être délivrée, faim et de la soif s'è

charme qui pétrifiait la bande. La pa nique s'abattit sur les Cœurs-Bleus. Le j se le demanda pas long des pièces traversées, le long j frappa sur. la porte| des escaliers, il y eut une galopade effrénée d'ombres qui se bousculaient, bondissaient ; toute celte chevauchée fantastique traversa la cour d'un saut... Un instant, dans la nuit, des têtes effarées apparurent sur la crête du mur... puis la vision s'évanouit, l'hô- j ment, et il n'y eut tel redevint silencieux, la rue reprît son j volonté de se venger] calme sinistre des huits d'hiver... La \ Brusquement, elle bande des Cœurs-Bleus, disséminée, j rait les verrous l'épouvante aux talons, fuyait vers Mont-martre, après avoir abandonné sur la place les dépouilles opimes... candé-labres, pendules, jardinières, vases, tO-Ut! . : : ,,, , ■

Seul Zizi, le cœur étreint par une

— Courage, coura Marie, c'est-y vous ? ( Encore ce-verrou !... la bougresse ne les verrous ! Et ils sont

profonde, était de-

s'aperçut de la fuite

murmura-t-il, ces uelqu'un qui appelle cogne contre une

,.. mais c'est elle !... relie LY.

alccès de rage et de emparé d'elle, était

évanouie. Cet es-trjempé connut les dé-

r. C'est qu'Adeline qu'il lui serait ini-

tie la pièce où elle table prison qu'elle î-même en prenant ns nécessaires pour t fuite de Lise. Elle son propre piège,

ue parmi les cent de mourir, la plus

la plus angoissante, ace imagination lui ir d'anciennes lec-de naufragés dont

durait plusieurs u'elle était pareille srdus sur une bar-océans sans bornes ble d'atrocité, elle Lé droit d'attendre, urvenue de quelque kissant à l'horizon

d'espérance. Elle îurs pouvaient être

et reconnut bien là un chimérique

aussi le temps qu'il utils, pour desceller un mur, et elle re-morte avant de ter-tre de ces entre-dit qu'elle ne pou-

de quelque ha-lle l'espéra frénéti-

dit que si cet int-roduisait, elle n'au-Jans la vie : rendre Dur terreur, agonie

fit de formidables Et ce fut dans

rage qu'elle s'éva-javons dit.

au sentiment des ion, Adeline pleura, in de l'apaiser, ce linaire des larmes, sa pensée comme

paupières. Elle son-i lui échappait, et,

décupler, elle se désespoir impuis-

pi sembla entendre fond de l'hôtel, coller son oreille

Adeline un seul |mit à écouter. Mais

que les batte-cœur qui emplis-

ri|imeurs. Alors, elle 'il y avait en elle

[coucha sur le lit, a d'amener dans de calme et de

chez de pareils nte : bientôt Ade-s'apaiser, et elle

r et d'étudier les reprit sa place

liée à la rainure, e serrure, la porte moyen de verrous,

létait plus possible : ment des bruits de telles gens prqdui-i des domestiques, |iron d'Anguerrand

si des étrangers l'hôtel, Adeline ne Elle appela, cria,

, non pas avec la malheureux' qui

ilnàis avec la métho-put son sang-froid

, désormais, était La terreur de la

vanouit instantané-I|D1US en elle que la

c>ur

tendit son

effprçj

Elle col d(

entendit qu'on li-

ge, mademoiselle )ui, n'est-ce pas?... Nom d'une chique, a pas ménagés, les de taille... encore

celui-là !... Ça y est! C'est moi, n'ayez 'pas peur!... Tiens! Par exemple!...

La porte ouverte, Zizi, comme Cinna, .demeurait stupide.

— La baronne ! murmura-t-il. La première pensée d'Adeline fut de

chercher des yeux le poignard qu'elle avait laissé tomber dans sa lutte avec le baron d'Anguerrand. Elle le vit, le ra-massa vivement, et alors, bien certaine de pouvoir se défendre, examina curieu-sement le gamin qui, tout interloqué, se tenait devant elle.

Elle éclata de rire. — Le fait est, dit Zizi rageur, que

c'est plutôt rigoloT"*QueIle veste ! non, mais quelle veste !

Adeline riait nerveusement, furieuse-ment. Toutes ses terreurs passées, tout son appétit de vengeance, toute sa sécu-rité présente éclataient dans ce rire — et elle serrait convulsivement le poi-gnard dans sa main.

— Ah ça ! grommela Zizi, est-ce qu'elle serait loufoque?... Eh! madame! n'en jetez plus !... N'en v'ià, des ma-nières !... Elle se tord, elle se tirebou-chonne, y a pas à dire, elle se roule, elle va se périr de rire... Non! mais quelle rigolade ! J'en ai froid dans le dos ! Eh, là-bas ! blague dans le coin, madame la baronne !...

Zizi s'était reculé, effaré, épouvanté de ce rire... Derrière cette porte qu'il venait d'ouvrir, il n'eût rien pu ima-giner de plus tragique, pas d'apparition plus effrayante, plus imprévue que cette femme livide qui riait...

— Merci, mon petit ami, prononça en-fin Adeline qui reprit son calme en même temps que le sang remonta à ses joues.

— Pas de quoi, dit Zizi, vrai, y a pas de quoi. C'est pas de ma faute. Jme suis trompé d'adresse. Pour le coup, j'vois bien que j'ai raté ma vocation. J'aurais dû me mettre gaffeur de mon métier. Car pour une gaffe, c'en est une gaffe, et, vous savez, carabinée, aux pommes, quoi !

Adeline ne comprenait pas très bien. — Qui êtes-vous ? demanda-t-elle. — Ah ! zut ! C'est elle qui s'déguise

en juge d'instruction, à c't'heure? Qui que j'suis ? Comme vous pouvez le voir, c'est moi que j'suis Zizi-Panpan...

— Et que faites-vous ici ? Parlez sans crainte, mon ami. Le service que vous venez de me rendre vous assure toute ma reconnaissance...

— Y a pas d'quoi, que j'vous dis 1 Puisque j'm'ai trompé d'adresse. Quant à c'que j'fais z'ici, bien simple : on passait comme ça dans la rue, avec quéques bons zigues, des aminches de Montmerte. Alors, v'ià qu'y commence à tomber des z'hallebardes, qu'on en était trempés jusqu'aux os, vu que c't'animal de La Merluche avait oublié son parapluie. — Oùs qu'est ton pépin ? qu'j'y fais. — J'I'ai pas sur moi, qu'y m'répond. — Ça, c'est rageant, qu'j'y repique, vu que j'vais attraper z'un rhume ou le choléra, vu qu'ça mouille à n'pas jeter un greffier à l'eau. — T'désole pas, qu'y m'repique. J'connais justement par ici une baronne de mes amies. Tiens ? On dirait z'un fait exprès : nous sommes justement devant chez elle !... Alors, v'ià c't'animal de La Merluche qui entre, j'sais plus si c'est par la porte ou par le mur. — Amenez-vous, les aminches ! qu'y nous crie. La baronne n'a pas sa pareille pour le vin chaud à la cannelle... Bon ! Nous nous amenons donc par le même chemin dont j'me rappelle plus. On radine en s'essuyant les ripatons aux paillassons de l'entrée, vu qu'on connaît les sales habitudes des gens rupins. — Ohé, ma-dame la baronne, que crie c't'animal de La Merluche,' on vient en copains s'inviter à une tasse de vin chaud!... Bah! Pas plus de baronne que sur le caillou au père Chique, vous savez ? l'sergot de la rue Ramey, à preuve qu'il m'a proposé pour la médaille, vu qu'j'ai sauvé z'un sac plein de fafiots à l'incen-die de la rue Clignancourt. Pas de ba-ronne ! Pas plus d'vin chaud que sur la main ! C'était rageant, pas vrai ? Alors, v'ià les copains qui commencent à bla-guer c't'animal de La Merluche. Le v'ià qui se fâche. Ça fait une batterie, que c'en était z'honteux, vrai ! Alors, je je leur crie : « Dites donc, s'pëces de gorets, pourriez pas aller dans la rue pour vous tamponner? A quoi qu'elle servirait, z'alors la rue ? — Tiens ! c'est vrai que disent les aminches. » Les v'ià tous partis pour se bouffer Té nez à

leur aise. Alors, moi, j'eommence a m'ennuyer d'être seul, et j'me dis : Sj j'visitais un peu la cambuse ? Peut-être bien que * je finirais par rencontrer Mme la baronne, pour lui souhaiter l'bonjour de la part de c't'animal de La Merluche, vu que j'connais à fond les habitudes de la haute. Bon. Vous

'savez bien, pas? Alors, donc, v'ià que j'me ballade, et qu'à force de m'bal-lader, j'tombe le nez sur une porte fer-mée de verrous. Tiens.! que j'me dis cent contre un, que madame la baronne s'est cachée là pour faire une farce à c't'animal de La Merluche! J'ouvre, et qu'est-ce que je vois ? la baronne en personne naturelle, en chair et en os... Bonsoir, madame la baronne ; et c'tè santé, comment qu'elle va?...

Adeline avait suivi avec une profonde attention ce discours prononcé d'une voix de fausset, avec une volubilité dont Zizi seul était- capable, appuyé de ges-ticulations étourdissantes et d'innom-brables jeux de physionomie. De ce discours qu'elle comprit ou ne comprit pas, une, évidence se dégageait : c'est que ce gavroche la connaissait. Dès lors, il devenait intéressant.

Quant à Zizi, après avoir constaté que la pièce où il avait espéré trouver Marie Charmant ne contenait d'autre personne que la baronne, loin de songer à fuir, il cherchait dans sa tête comment il pour-rait avoir des nouvelles de la bouque-tière.

— Mon petit ami, reprit Adeline, je regrette de ne pouvoir vous offrir de vin chaud...

— Vous épatez pas, fit Zizi, je trin-querai tout aussi bien avec du vin froid.

— Mais prenez ceci pour boire à ma santé avec vos camarades et votre ami...

— La Merluche. Un soiffard, je ne vous dis qu'ça.

Adeline avait ouvert un petit porte-feuille qu'elle portait sur elle, et, en tirant un billet de cent francs, le ten-dait au gamin qui le saisit et le fourra dans sa poche, en disant :

■— Ça sera pour payer des messes à ma tante qu'est morte v'ià dix-sept ans et qui attend toujours depuis c'temps-là...

— Mon petit ami, je vous donner, i mieux quand nous nous reverrons : car je tiens beaucoup à vous revoir.

— Tiens ! Comme ça se trouve ! Moi aussi, je voudrais vous revoir.

— Eh bien, dites-moi où je pourrai vous rencontrer, et c'est moi qui vien-drai.

— Mais, dit Zizi, tout simplement dans la maison de la rue Letort...

Adeline tressaillit. — D'oùs que vous avez enlevé la pauv'

petite, acheva Zizi qui, en même temps, recula vivement de quelques pas, pour se mettre hors d'atteinte.

En effet, un frémissement avait agité Adeline, et ses yeux étrangement clairs s'étaient posés sur Zizi avec un si fu-neste éclat que le gavroche, comme il l'expliqua plus tard, en sentit la petite mort se faufiler le long de ses reins. Ce ne fut qu'un éclair. Déjà, Adeline, com-prenant qu'il fallait à tout prix s'assure:1

le silence du gamin, lui souriait le plus aimablement du monde, et reprenait :

■— Mais, mon- petit ami, je ne sais ce que vous voulez dire...

— Bah ! faites donc pas la gourde, madame la baronne. Je vais vous dire. J'ai tout vu. J'ai suivi votre sapin. Y a pâs à tortiller : la gosse est entrée ici. Oùs qu'elle est maintenant, le diable, vot'patron, le sait mieux que moi. Seu-lement, je vais vous dire : j'ai vu du sang dans la grande cuisine, là-bas. Alors, esgourdez bien, madame la ba-ronne : Si dans deux jours au plus tard la petite n'est pas rentrée rue Letort, je sais ce qui me reste à faire ! A la re-voyure, madame la baronne !

Zizi bondit en arrière : Adeline venait de s'élancer sur lui. Mais elle avait fait quelques pas à peine que déjà Zizi dé-gringolait l'escalier, se hissait en haut du portail, se laissait tomber de l'autre côté et disparaissait...

Adeline était demeurée quelques ins-tants méditative. Dans les menaces de ce gamin, elle voyait une complication redoutable. Mais bientôt son visage se rasséréna et reprit cette expression de froide volonté qui lui était habituelle quand elle savait que nul ne la regar-dait.

(Lire la suite au prochain numéro.}

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L'ŒIL DE LA POLICE DANS TOUS LES PAYS

,7/

X

LA FÊTE DES CENTENAIRE"!. — A Chaumont, ylans l'Yonne, )a population a fêté trois centenaires:

|le docteur Boullé, âgé de cent a -s et trois mois, Bouchard, né le 7 juin 1810, Mme Massou

lui atteindra ses cent ans à la fin de cette F';f'ijAkaim^e- tes trois centenaires ont parcouru 'llP*3^Pn voiture les rues de la commune au

^vmilieu des ovations de leurs conci-toyens.

UN AÉROPLANE FONCE SUR LA FOULE. — Sur le champ d'aviation de Worcester, un aviateur faisait des expériences devant une foule énorme. Après avoir une fois réussi à dégager la piste pour prendre sou élan, l'aviateur mit le moteur en mouvement ; mais tout à coup l'aréoplane fo-ça sur la foule. Une jeune femme a été atteinte pat l'hélice et tuée. Une dizaine d'autres personnes ont été blessées.

ANGLETERRE.

LES MÉFAITS D'UNE CONCIERGE. — Les loca 2| taires d'une maison de la rue de l'Université, se plai-

gnaient depuis longtemps d'une série de vols dont ils étaient victimes à la moindre absence. lia soupçonnèrent la concierge. M. Hamard et ses inspecteurs trouvèrent en effet chez celle-ci la plupart des objets dérobés. La voleuse eut l'audace de déclarer que tous ses loca-taires témoigneraientde son honnêteté Mais tous les locataires applaudirent a son arrestation.

PARIS.

TOURISTES FOUDROYÉS. — 190 personnes s'étaient réfu-giées pendant un orage sous les pins du cimetière de Jungfern-heide. La foudre tomba sur la palissade métallique entourant la nécropole. De nombreux touristes qui s'étaient appuyés contre cette barrière furent blessés, 6 furent tués, 17 grave-ment blessés. Des enfants qui se cramponnaient aux fils métal-liques eurent les mains carbonisées ; les vêtements des femmes prirent feu. ALLEMAGNE.

ATTENTAT CONTRE UN TRAIN. — Les atten-tais effectués par des énergumènes contre los trains continuent sacs que l'on parvienne à mettre la main sur leurs auteurs. Cette semaine encore, des individus bombardèrent à coups de pierres, non loin de Paikow, le train qui va de Ber.in à Oracienbourg ; un écolier âgé de douze ans qui se penchait à la portière fut assea sérieusement atteint à la tête. ALLEMAGNE.

à)

LA COURSE A LA MORT. — Pen-dant la coupe du prince Henri, une voiture passait à toute allure quand un pneu éclata. L'auto fut lancée contre un arbre etse renversa. Le mécanicien et l'arbitre-itgé-nieur forent tués. L'épreuve fat immédiatement inter-rompue.

ALLEMAGNE.

JL UNE MAISON QUI S'EFFONDRE. - A la suite d un orage,

la pluie a miné une maison qui s'est effov.drée enseve^sant douze personnes. Une femme a été gravement blessée ;, son fils teé de o: ze ans et sa fille âgée de huit ans ont été tués. Deux autres enfants sont endanger de mort. La grand'm re est gra-vement^ blessée Une aitre femme a été transportée a l hos-pic™ dans un état désespéré; sa mère est gravement blessée à la tête. Cinq enfants ont des blessures légères.

l0UDUN

LES VAINQUEURS DE L'AIR. — Deux officiers, le lieu-tenant Féquant et le capitaine Marconnet, ont réuss à accomplir d'une seule traite, en aéroplane, le raid tëourme-lon-Vincennes. A leur arrivée au fort, ils furent l'objet des ovations des officiers réunis dans le polygone où les deux aviateurs atterrirent sans incident.

VINCENNES.

UNE BARQUE COÛTÉE. — Le navire de guerre anglais Wasp est entré en collision, pe da t la nuit, avec un bateau de pêche, au large de Falmouth. Le bateau a coulé; son équipage était de cinq hommes; quatre ont été noyés.

ANGLETERRE.

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X>3ES XM A POLICE

DANS LE NORD

UN BOUCHER S'OUVRE LE VENTRE. — Depuis plus d'un an, un boucher était atteint d'm mal qui le faisait atrocement souffrir. Depuis quelque temps, il ne pouvait plus supporter de pantalon et devait revêtir des habits fémi-nins. Pendant que sa femme vaquait aux besoins du ménage, le malheureux boucher, pris d'un accès subit de douleur, s'arma d'un énorme couteau de boucherie et s'en porta un violent coup dans le ventre. Avant qu'on eût pu l'approcher, il s'affaissait dans une mare de sang. Par une large plaie, les entrailles jaillirent sur le carrelage. Le boucher n'était âgé que de 48 ans. Il laisse une veuve et plusieurs enfants. DOUAI.

QUET-APENS TRAGIQUE. — En allant en compagnie de son frère au-devant de son autre frère qui avait passé la soirée chez des parents, un jeune homme rencontra plusieurs individus qui le guettaient. — «C'est la dernière fois que vous venez ici », dit l'un d'eux. Aussitôt le jeune homme fui criblé de pierres, et précipité dans le fossé plein d'eau. Pen-dant que les agresseurs s'enfuyaient, le frère de la victime reti-rait celle-ci de sa pénible position. Mais le pauvre garçon avait un œil crevé. BOURECQ,

LE COURAGE D'UN ENFANT. — Bien qu'âgé de 14 ans seulement, le jeune Alfred Vallon est vaillant et courageux. Il aperçut l'autre jour un petit enfant qui se débattait dans l'eau boueuse de la rivière qui coule dans les remparts. C'était un gamin de 6 ans qui cherchait des grenouilles et qui venait de tomber â l'eau. Alfred Vallon se débarrassa de son veston et se jeta dans la rivière. Non sans peine, il put ramener sur la rive l'imprudent gamin qui avait déjà perdu connaissance.

' ■ LILLE.

CRIME DE LA JALOUSIE. — Voulant punir sa femme, qui avait quitté il y a quelque temps le domicile conjugal, un homme, âgé de vingt-sept aus, l'à frappée de cinq coups de couteau. L'état de la victime est très grave.

CAMBRAI.

LES AUTOS MEURTRIÈRES. — Un entrepreneur de ma-çonnerie revenait en auto en compagnie d'un conducteur des ponts et chaussées sur la route ; près d'Airaines ; il voulutêviter un camion qui tenait le milieu de la chaussée. La voiture alla heurter un arbre abattu et placé sur le bord de la route ; elle ht panache et les deux voyageurs furent projetés sur le talus. L'entrepreneur a plusieurs côtes brisées ; son compagnon est dans un état désespéré. AMIENS.

BROYÉ Part UNE CAGE. — Dans la fosse n° 2 des ruines, une cage descendait; se croyant arrivé au fond, un ouvrier qui se trouvait dans la cage voulut en sortir. Mais il tomba entre la cage et le sommier et fut affreusement broyé. Son corps fut coupé en deux.

BÉTHUNE.

La Catastrophe du JVîinistèPe des finances i

Sur le paquebot qui l'amenait en Europe, la jolie miss Hedwige Day, correspondante de l'American Citizen de New-York, avait été tort entourée pendant toute la durée du voyage.

Son air enjoué, ses allures franches et libres de toute fausse pruderie, son entrain ainsi que son esprit lui avaient gagné les sympathies de tous les passagers.

Le prince de Luvenberg, apparenté à la famille impériale d'Allemagne, l'avait fort remarquée, et s'était permis avec elle un do ces flirts discrets qu'autorise une longue tra-versée.

Hedwige Day s'était montrée, du reste, flattée de cette attention, car on a beau être citoyenne de la libre et républicaine Amé-rique, on ne s'en montre pas moins sensible aux marques d'amitié d'un prince de sang impérial.

La jeune correspondante était envoyée par son journal pour accomplir une mission Loute spéciale, sur laquelle elle avait gardé le secret jusque-là.

Le prince' de Luvenberg, bien qu'au mieux avec elle, n'avait jamais pu la faire départir de son mutisme à ce sujet, et lui, devant qui tout cédait, s'irritait même parfois de l'obsti-nation de la jeune femme.

— Je vous dirai ce qu'il en est, mais seu-lement une heure avant de débarquer; jus-que-là, vous ne saurez rien,, prince... avait déclaré Hedwige Day.

Et elle avait tenu parole. En arrivant à l'embouchure de l'Elbe, un

aeu avant le débarquement à Hambourg, le prince la rencontra seule au salon des pre-mières et lui rappela sa promesse.

— Je suis toute prête à la tenir, répliqua la jeune femme, mais ici on pourrait nous entendre, et j'ai de sérieuses raisons pour que notre conversation ne soit pas surprise.

— Venez par ici, miss Day, lui dit le prince, en la faisant entrer dans une cabine adjacente à celle qu'il occupait, et que l'on avait aménagée pour lui en fumoir.

La porte refermée sur eux, le prince s'écria :

— En vérité, depuis notre départ de New-York, vous m'avez fort intrigué avec cette mission secrète que vous a confiée YAmcri-can Citizen.

— Oh, c'est bien simple pourtant. Mon di-recteur m'a tout bonnement chargée d'éclair-cir le mystère de l'explosion du Ministère des Finances, à Berlin.

— Vous dites ? fit le prince interloqué. — Ah 1 oui, au fait vous n'êtes pas au cou-

rant. Donc, apprenez qu'il y a quinze jours, une explosion terrible s'est produite dans les caves du Ministère des Finances. Il y a eu quatre morts et sept blessés,, et une somme considérable, en or, — plusieurs millions, -a disparu, sans qu'on sache comment.

« Lévénement a été tenu secret en Alle-magne, où aucun journal n'a été autorisé a en parler.

« Malgré toutes ses recherches et les plus grands efforts, la police n'a pu découvrir la piste des malfaiteurs, ni recouvrer le mon-tant du vol.

Le prince de Luvenberg était abasourdi. — Mais comment se fàit-il que cette nou-

velle ne me soit pas parvenue à New-York? — Ne vous ai-je pas dit qu'on avait ob-

servé le plus grand secret en haut lieu ? — Alors, me direz-vous comment YAmeri-

can Citizen a pu apprendre cette nouvelle? • Hedwige Day se redressa avec fierté : — LAmerican Citizen sait tout I s'écria-

f-elle. Le prince ne put s'empêcher de sourire. — Et alors vous venez?... — Résoudre le problème. — Détective amateur? Miss Sherlock

I luîmes ? — Si vous voulez. — Et vous comptez mener à bien votre en-

treprise ? — Je n'en sais rien. Je ferai mon possible. Cette audace, empreinte de la plus grande

désinvolture, chez une jeune femme de vingt-cinq ans au plus, remplit le prince d'admi-ration.

— Ecoutez, miss Day, je me rends moi-même à Berlin. Votre tentative m'intéresse au plus haut point, non seulement à cause de son originalité, mois en raison aussi de l'intérêt que je vous porte.

« Laissez-moi vous dire, cependant, que vous allez vous heurter à des difficultés de la part de l'administration de la police car elle n'aime pas beaucoup que des amateurs s'immiscent dans ses enquêtes.

— Je m'y attends. — En ce cas, permettez-moi de me mettre

entièrement à votre disposition pour aplanir ces difficultés et vous faciliter votre tâche.

« Vous me trouverez toujours au palais de Luvenberg, quand vous voudrez bien me faire le plaisir de m'y rendre visite.

tl lui tendit une carte, sur laquelle il avait griffonné quelques lignes au crayon, et ajouta :

— Avec cette carte, vous serez aussitôt in-troduite auprès de moi;

La jeune correspondante le remercia cha-leureusement et prit congé de lui, car on était arrivé à Hambourg et le débarquement commençait.

II Les difficultés qu'Hedwige Day s'attendait

à rencontrer, de la part de l'administration de la police, ne devaient pas manquer de .se produire.

Quand il n'y en avait pas, on les suscitait, et le directeur de la police la fit même un jour mander à son bureau.

Très sec, très raide, l'air bourru, il lui di à brûle-pourpoint :

— Vous êtes miss Hedwige Day ? — Oui. — Américaine ? — Parfaitement. — Correspondante de Y American Citizen ? — J'ai cet honneur. — Et vous venez découvrir la clé du mys-

tère de l'explosion du Ministère, des Fi-nances ? L

— Si je le peux. — Eh bien, mademoiselle, je vous prie de

vouloir bien vous mêler de ce qui vous re-garde, et ne pas vous occuper d'une affaire sur laquelle mon gouvernement avait désiré garder le secret, mais qu'ont ébruitée vos infernaux journaux d'Amérique.

— Moi, garder le secret sur cette extraor-dinaire événement? C'est là unè chose im-possible.

— Parce que ? — Parce que les instructions de mon direc-

teur sont formelles à cet égard. Pareil flegme, de la part de la jeune femme

eut le don de mettre le chef de la police hors de lui.

— Faites attention, mademoiselle, je puis vous faire expulser de l'Empire, fit-il d'une voix sifflante.

—. J'ai mon ambassadeur ici, pour prendre mes intérêts...

— Votre ambassadeur... votre ambassa-deur !... s'écria le magistrat.

— A voire tour, monsieur de faire atten-tion, et de ne pas dire une impertinence. D'ailleurs, je crois bien qu'avant peu vous reviendrez sur tout ce que vous venez de me dire, et comme je pense que notre entretien est terminé, vous me permettrez de me re-tirer.

Dans un mouvement de colère, le chef de la police frappa son bureau de son couteau à papier d'ivoire qui se brisa net en deux.

Puis, se levant, il prit congé de la jeune femme.

Rentrée à l'hôtel, Hedwige Day chercha dans ses papiers la carte du prince de Lu-venberg, et se rendit aussitôt chez lui.

Elle l'eut vite mis au courant de sa visite au directeur de la police.

— Je vous avais bien prévenue, fit le prince en riant. Mais je vais faire le nécessaire, et soyez assurée qu'avant vingt-quatre heures, loutes facilités vous seront données pour mener à bien votre entreprise.

Forte de la protection du prince, Hedwige décida d'attendre les événements, et sans plus se soucier de l'explosion du Ministère des Finances, elle visita la ville en touriste.

Le soir, en rentrant à l'hôtel, elle trouva un pli du directeur de la police la conviant en son cabinet pour le lendemain.

Elle eut un petit sourire de triomphe, se coucha, dormit paisiblement, jusqu'au matin, et, à l'heure indiquée, était introduite auprès du magistrat.

Elle se trouva alors devant un homme complètement transformé. De sec et brutal qu'il s'était montré la veille, il était devenu poli, presque obséquieux.

Aucune allusion ne fut faite à leur entre-tien précédent, et il se borna à lui dire qu'il avait reçu des instructions pour lui faciliter les recherches auxquelles elle désirait se livrer. Il lui délivra à cet effet une carte qui devait lui ouvrir toutes les portes, et se mit, en outre, entièrement à sa disposition.

Hedwige Day, après avoir éprouvé le plaisir de cette revanche, exprima le désir d'entreprendre sa tâche sur-le-champ.

— Voulez-vous visiter le lieu de l'explosion, mademoiselle? demanda le chef de la police.

M suivre.) (Reproduction interdite.)

DES X»A POLICE

dans le Midi et le Centre

SOLDATS APACHES. — Vers sept heures et demie du soir, avenue Laaare-Escarguel, à hauteur même du loge-ment du colonel du 53'' de ligne, deux soldats du 24" colo-nial ont assailli un jeune homme de vingt-six ans, et mena-çant de dégainer, l'ont sommé de leur remettre son argent. Au moment où ils allaient lui enlever sa montre, un pas-sant fit appel à un ouvrier tonnelier et à deux artilleurs, les coloniaux prirent alors la fuite et se cachèrent derrière l'abattoir, où ils furent cernés par seize agents de police qui finirent par les arrêter. Les deux malfaiteurs sont en cellule. PERPIGNAN.

UN INCENDIAIRE. — Dans une mansarde construite au-dessus d'une remise, habitait un horloger un peu faible d'es-prit. Profitant de l'absence de sa femme et de sa fillette, il arrosa de pétrole sa literie et les boiseries et y mit le feu. Après quoi il prit la fuite. Les voisins purent donner l'alarme, pen-dant que les gendarmes se mettaient à la poursuite de l'incen-diaire qu'ils arrêtèrent, au moment où il sortait des eaux de l'Allier dans lesquelles il s'était précipité. VICHY.

HUMOUR JV.3WCDÈK.XOJ^Z3ST

La justice au Texas : 1

— Apportez le cadavre ! ordonna le co-roner qui présidait l'enquête.

Le jury fit un examen soigneux.. — Comment est-il mort? demanda le chef. — D'une balle au cœur ! répondit le mé-

decin. — En plein coeur? — Mathématiquement en plein ! — Qui a tiré ? — Jack Daniels.

Tous les témoins déclarèrent que Jack Daniels était bien l'auteur du meurtre, et Jack lui-même, un colosse de six pieds, avoua tranquillement.

Le jury se retira pour délibérer et revint au bout de cinq minutes.

— Votre verdict ? interrogea le coroner. Le chef du jury répondit sans hésitation : — Notre avis est que Jack Daniels est le

premier tireur du pays, et que l'on aurait tort de l'oublier.

TUÉ PAR UN FER A REPASSER.— Un employé postes était occupé à arroser les fleurs dans son jardin, lors-qu il reçut sur la tête un fer à repasser que, par un malheu-reux hasard, une ménagère avait laissé tomber du deuxième étage de la maison voisine. L'infortuné postier fut tué sur le coup. RODEZ.

BLESSÉ AFFOLÉ. — Un jeune homme de dix-neuf ans, des environs de Saint-Pal-en-Chalençon, rassemblait des fagots de sapin, quand il se sentit mordre à l'index de la main droite par une vipère. Ne perdant pas de temps, il se saisit de sa hache, mit sa main sur un billot et d'un coup s'enleva le doigt net. Tout en trouvant cet acte courageux, il faut plaindre Ja victime d'avoir ignoré des remèdes moins radicaux qui sont maintenant connus pour guérir les mor-sures venimeuses. LE PUY.

TERRIBLE ACCIDENT. — En se rendant aux champs avec son fils âgé de35ans,pour cueillir des petits pois,on cul-tivateur emporta son fusil afin de détruire des geais. Au ™* tour, le père et le fils marchaient l'un derrière l'autre. Il leur fallait franchir un petit mur. Le père passa le premier; dans l'effort, la bretelle de l'arme se coupa, le fusil tomba et le coup partit. Le fils reçut la charge dans le ventre et fut tué net. BRIVË.

DÉCAPITÉ PAR UN TRAIN. — En état d'ivresse, un journalier, qui avait chassé de chez lui sa femme et ses enfants, se rendit, on ne sait pourquoi, sur la voie du che-min de fer, près du pont Toussaint-Mazel. Il n'entendit pas arriver un train. La locomotive le jeta sur la voie et tout le train lui passa sur le corps. L'ivrogne fut décapité par les roues.

CETTE,

ÎO

Page 11: N° „ , , , REDACTION, ADMINISTRATION. ANNONCES 0 75, Rue

VCE1L DE LA POLICE

Le Royaume de Liîiput TJne très curieuse découverte anthropolo-

gique vient, paraît-il, d;ôtre faite en Nou-velle-Guinée.

Une troupe de chasseurs anglais y a fait -nnnaissance, à deux mille pieds d'altitude, nvec un fout petit monde de pygmées dont aucun spécimen n'avait encore été vu à la CÔja taille de ces nains est de quatre pieds

t *roiS inches. Ils sont noirs comme la suie, leurs cheveux sont frisés. Point cannibales, au contraire hospitaliers, ils s'occupent à la fixasse et à la pêche. Chose difficile à croire ouand elle nous arrive de si loin, cette peu-plade naine serait monogame.

Elle connaît l'usage des ilèches et même le poison dont il convient de les munir pour tuer plus sûrement son ennemi.

Des savants ont été deniandés à Londres nour faire une étude approfondie de cette variété nouvelle de l'espèce humaine dont personne n'avait encore constaté l'existence dans la Mélanésie.

L'Hostie empoisonnée Le curé de Rebeuvelier {Jura Bernois), qui

officiait, a été empoisonné par l'hostie. Il est actuellement alité, dans un état grave.

Les autres hosties qui se trouvaient dans la sacristie étaient également empoisonnées. On ne connaît pas encore l'auteur de ce crime.

Excentricités Américaines Un bal à l'envers donné, il y a peu. de temps,

à Pittsburg, a obtenu un colossal succès. Il l'ut nommé « Bellamy Bail ».

Du commencement à la fin le programme fut exécuté dans l'ordre inverse des bals ordi-naires.

Quand les invités, convies au nombre d'une icnlaine environ, arrivèrent dans la salle du bal, on leur plaça dans le dos une carte sur laquelle leur nom était écrit à l'envers... Et, les glaces qui reflétaient les images les retour* naient.

Chaque invité dut danser avec sa voisine de table dos à dos.

Au souper, les convives s'assirent sur la table et les mets leur furent servis sur les chaises. Lt menu d'ailleurs débutait par le café et se ter-minait par le potage.

Le service était assuré par des domestiques dont le crâne était masqué, qui portaient leurs habits, le dos sur le plastron et qui mar-chaient à reculons.

Enfin, le bal qui s'ouvrit par une valse finale se termina par une polonaise.

Et tous les invités s'amusèrent. Heureuses gens 1

Une condamnation sévère On communique à un de nos confrères

un curieux arrêt de la cour de Parlement, du 19 octobre 1726. Le cocher Jacques Du-may, « dûment atteint et convaincu d'excès, violences et voies de fait », fut, pour répa-ration, « condamné à être attaché au car-can, au carrefour Saint-Benoit, un jour de marché, et y demeurer depuis midi jusqu'à deux heures, ayant écriteaux devant et der-rière, portant ces mots : « cocher de place violent » ; ce fait, banni pour trois ans de cette ville, prévôté et vicomté de Paris, à lui enjoint de garder son ban sous les pei-nes portées par les Déclarations du Roy. qui sont les galères, au cas qu'il soit pris pt rencontré dans l'étendue de la prévôté et vicomté de Paris, ne gardant pas son dit ban ; condamné en trois livres d'amende vers le Roy, à prendre sur ses biens ».

Carcan, bannissement, amende, menaces de galères, les juges n'avaient pas la main légère en 1726 !

Concours n° 24

Concours des Professions SOLUTIONS

SÉRIE : Médecin (Mai-de-Saint). — Pharmacien (Phare-ma-scie-

hein). — Notaire (Notes-air). — Comédien (Gomme-aide-ien). —• Musicien (Muse-Ici-Ain). — Officier (Eau-fils-y est). — Botaniste (Bottes-Ane-histe-TE). — Naturaliste (Nature-Alice-TE). — Astronome (As-lrône-homme).

LISTE DES GAGNANTS l«prlx: M"» Marcelle ûurlot, 48, rue Gambetta à Cosne

(«lèvre), gagne : Une magnifique boite de couverts comprenant : 12 couverts de table ; 12 couteaux de table; 12 cou/eaux d dessert ; 13 cuillers d café; 1 louche; 1 couvert d salade.

Du 2e au 6« prix : MM. Délavai, à Lille ; Frédériques, à Soissons; Mérel, à Angers; Bleux, a Dunkerque ; Richet, à Kennes ; gagnent chacun : Une ravissante garniture de cw.minée en porcelaine décorée, composée d'une pendu-lette et de 2 vases.

Du 7" au 12» prix : MM. Gès â Castelsaloux ; Bâton, a J Sibille, a Crasville ; Dubois, à Saint-Germain-des-

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Concours n° 27 (8 Séries)

Le Truc de Zizi Tapalœil

TROISIÈME SÉRIE Zizi Tapalœil est le plus jeune, mais aussi un des plus

habiles limiers de notre police. 11 compte déjà à son actif plusieurs captures sensationnelles et possède à fond l'art de se grimer et surtout de se dissimuler aux yeux de tous.

Envoyé à la poursuite d'un redoutable bandit par le chef de la sûreté, il est obligé de faire une .randonnée a travers la France en employant les meilleures ruses de son sac à malices, car le sinistre coquin qu'il file possède aussi sa police. Il est de tout intérêt que la présence de Zizi ne soit pas éventée. Pour tenir son chef au courant de ses allées et venues il dissimule dans les lettres qu'il lui adresse, au milieu de phrases qui paraissent insignifiantes, des mots qui semblent plus insignifiants encore mais indiquent au chef le nom du département et de la ville où se cache son serviteur.

Serez-vous aussi habiles que lui, aimables lectrices, chers lecteurs? Nous allons vous donner un exemple pour vous faire comprendre le truc de Zizi Tapalœil.

Supposons que, dans le corps de la lettre, il y ait : « Aussitôt lo voilà qui Creuse » et plus loin : « il se promena dans les Guéréts » : les mots à trouver seraient Creuse et Guéret.

Ce concours aura huit séries et il y aura à trouver dans chaque série un nom de département et un nom de vitte de e» département. En publiant la dernière série nous indique-rons la date de l'envoi des solutions.

Tout envoi partiel sera éliminé d'office. Les huit solutions devront être adressées à M. Lecoq, à l'Œil de la Police, 75, rue Dareau, Paris. Prière de n'y joindre ni timbres, ni mandats.

Tous envois recommandés ou insuffisamment affranchis seront rigoureusement refusés.

Indiquer nettement sur l'enveloppe d'envoi le nom ou le numéro du concours.

11 est indispensable d'envoyer avec les huit solutions, les huit bons de concours qui se trouvent au bas de U page 11.

Fossés; Lemaire, à Bordeaux; Macron, à Lille ; gagnent chacun : Un excellent remontoir pour homme, en acier oxydé.

Du 13» au 42° prix : MM. Verrier, à Lille ; Frison, à Bavay ; Normand, à Lyon ; Hillard, à Villerupt ; Berthier, à Reims ; Frison, àMaroIles; Frésclle, à l'ont-de-Briques ; Bussereau, à Tours ; Ganiain, à Amiens ; Dubillot, à Kennes ; Le Cher-cheur, à Reims ; Guérin, à Saintes ; Blanc, à Marseille ; Lebrun, à Bavay ; Blonduel, à Reims ; Leroy, à Bordeaux ; Rozé, à Verdun ; Rivet, à Dunkerque ; Lebot, à Saint-Nazaire ; Duforest, à Reims ; Monneroux, à Soissons; Kiger, à Monlbéliard ; Divay, à Fives-Ulle ; Clerk, à Bresseux ; Ronfort, à Nancy ; Déburaux, à Villers-Bretonneux ; Braqua-val, à Lille ; Leclercq, à Reims ; Ganiain, à Flfxecourt; Descieux, à Nancy, gagnent chacun; Un délicieux pendentif « chimère » en métal doré mat, chainetle fine.

Du 43" au 72e prix : MM. Poitou, a Paris ; Henry, à Nantes ; Ripstin, à Reims ; Ulmann, à Montbéliard ; Barré, à La Rochelle ; Fiéreck, à Morteau : Ménard, à Civray ; De Mailly, à Arras ; Foresta, à Marseille ; Pernin, à Dijon ; M ou rot, â Liffol-le-Grsnd ; Van Brutzel, à Mons-en-BaroeuI ; Scalabre, à Amiens ; Kœhl, à Nancy ; Jeanpierre a Epinal ; Thuret, à Bourges ; Hénin, à Reims ; François, à Laval ;

Perrin, à Brest; Uumorthier, à Clermonl-Ferranl; Bel perron, à Paris; Pauque, à Graulhet ; Mignon, à Noisiol ; Lacroix, & Lyon ; Denis, a Reims ; Remion, à Sathonay ; David, a Lyon ; Gauthier, à Marseille ; Henry, à Paris ; Simon, à Bordeaux, gagnent chacun : Une élégante garniture de boulons do themise. (A suivre.)

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Page 12: N° „ , , , REDACTION, ADMINISTRATION. ANNONCES 0 75, Rue