12
Les couleurs urbaines Les sens de la ville N°15 > Parcours d’architecture archives patrimoine Dimanche 12 octobre 2008 Simon Texier Historien de l’art Maître de conférences à l’université de Paris-Sorbonne Ce parcours est proposé par la ville de Pantin Renseignements : archives patrimoine 84-88 av. du Général-Leclerc 93500 Pantin T 01 49 15 39 99 Direction de la communication - Octobre 2008 - Conception graphique Gérard & Pascale [email protected]

N°15> Lescouleursurbaines n i o Lessensdelaville m …...Lescouleursurbaines Lessensdelaville N 15> Parcoursd’architecture a r c h i v e s p a t r i m o i n Dimanche12octobre2008

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Les couleurs urbainesLes sens de la ville

N°15 >Parcours d’architecture

arch

ives

patrim

oineDimanche 12 octobre 2008

Simon TexierHistorien de l’artMaître de conférencesà l’université de Paris-Sorbonne

Ce parcours est proposépar la ville de Pantin

Renseignements :

archives patrimoine84-88 av. du Général-Leclerc93500 Pantin

T 01 49 15 39 99

Directiondelacommunication-Octobre2008-ConceptiongraphiqueGérard&[email protected]

2

On se représente souvent la banlieue, y compris et surtout l'ex-banlieue dite

« rouge», comme ayant été longtemps dominée par le gris. Fumée noire des

usines, façades pas toujours ravalées, manque d'espaces verts, utilisation de

matériaux dont c'était moins l'apparence qui déterminait le choix que des

critères plus fonctionnels ou encore le coût. Cela, c'est le passé de nos villes.

Il y eut certes un temps où à Pantin la dominante industrielle et ouvrière orientait

les choix urbanistiques et dans ce contexte, l'idée d'une identité de ville obtenue

notamment grâce à une palette de couleurs pour le traitement des bâtiments et

des espaces publics aurait pu paraître incongrue tant les urgences sociales et

économiques relayaient au second plan tout autre considération.

Mais le temps de la rénovation urbaine a suivi celui de la désindustrialisation.

À Pantin, notre majorité a eu dès 2001 un souci d'embellissement et d'amélioration

de la qualité de vie articulé avec une attention portée au vivre-ensemble et à

l'identité du territoire. Cela l'a conduit par exemple, à un choix de couleurs pour

le mobilier urbain ou encore à l'adoption d'une palette de couleurs consultable

par les propriétaires qui veulent effectuer les ravalements de leurs façades.

Ce parcours d'architecture très documenté nous invite donc à une réflexion sur

l'importance de la couleur dans le bâti et l'espace urbain.

Une telle analyse éclaire et rend possible les choix futurs respectueux d'une

histoire sans en être les otages. Nous pensons en effet que la connaissance du

passé doit s'articuler avec la prise en compte des réalités du présent.

Je vous souhaite donc une fructueuse lecture.

Nathalie Berlu, adjointe au maire, déléguée à la Culture et à la Communication

3

Septembre2005-AMPantin7fi1545ggps

4

… les tons clairs ou grisâtresde l’architecture ordinaire,les ocres de la pierre de taille,les couleurs de l’industrie(métal, brique, faïence),celles, souvent plus vives,de l’architecture moderne …

Pantin, les couleurs urbaines

5

Simon Texier, historien de l’art,maître de conférences à l’université de Paris-Sorbonne

De nombreuses villes européennes, au nord comme au sud,se distinguent par la palette colorée de leur architecture :par goût ou par nécessité, la construction s’y est enrichied’un répertoire qui a contribué, pour beaucoup, à forgerl’identité de ces paysages urbains. L’Île-de-France n’a jamaiscultivé cette tradition, pour des raisons matérielles notam-ment : le plâtre et surtout la pierre, présents en abondance,ont contribué à généraliser une architecture aux tonalitésdouces, les coloris intenses étant le plus souvent réservésaux rez-de-chaussée, aux menuiseries et aux toitures. À celas’ajoute le poids d’un classicisme à la française qui, en façade,a toujours privilégié les contrastes d’ombre et de lumière,réservant les jeux de couleurs aux intérieurs.

Quelles sont les couleurs de Pantin ? À première vue, cellesde toute commune de la périphérie parisienne, dont lesdifférentes étapes de l’évolution urbaine depuis deuxsiècles ont laissé des traces encore lisibles : les tons clairsou grisâtres de l’architecture ordinaire, les ocres de la pierrede taille, les couleurs de l’industrie (métal, brique, faïence),celles, souvent plus vives, de l’architecture moderne. MaisPantin se distingue, depuis quelques années, par une couleurqui, présente sur le sigle de la ville, l’est encore sur la totalitéde son mobilier urbain : ce dernier a en effet été repeint, àla demande du maire de la ville, Bertrand Kern, en un bleuturquoise foncé (RAL 5021 ), dont l’une des missions est derenforcer l’unité d’un territoire que l’on sait très morcelé.Ce choix dit combien, aujourd’hui, la couleur est devenue unélément d’intervention sur l’esthétique de la ville. Appliquéeà l’architecture proprement dite, elle bénéficie d’autre partde la durabilité croissante des matériaux de construction ets’applique à une part importante de la création contemporaine.Étymologiquement liée à la notion de parure, traditionnellementéphémère, la couleur semble ainsi avoir gagné une légitimitélongtemps contestée.

AMPantin2fi486

Les sens de la ville >Les couleurs urbaines

Au début des années soixante, les logements sociaux et les usines, comme celle de la Seigneurie à droite, dessinent le paysage

AMPantin7fi1547ggps

AMPantin7fi1546ggps

AMPantin7fi1582DionN.

Les couleurs des pavillons, souvent, sontmoins conventionnelles

43-45, avenue Jean-Lolive

Comme le fait également remarquer ManlioBrusatin dans son Histoire des couleurs, cediscrédit prend sa source aux fondementsmêmes de la pensée occidentale, avecAristote, l’un des premiers à s’intéresser auphénomène couleur, qui écrit pourtantdans la Poétique : « Celui qui jetterait auhasard les couleurs les plus belles necharmerait jamais la vue comme celui qui asimplement dessiné une figure sur un fondblanc 4 . » L’essentiel de la philosophie et del’esthétique modernes perpétuera ceregard soit négatif, soit condescendant.

Pour mesurer ce qu’a longtemps été cettediscrimination de la couleur, il faut citerplus particulièrement l’ouvrage de CharlesBlanc, la Grammaire des arts du dessin,véritable bible de l’École des Beaux-Artsparue en 1867, dans laquelle l’auteur vulgarised’ailleurs des théories scientifiques sur lacouleur qui intéresseront beaucoupGeorges Seurat et Paul Signac. Cet ouvragecontient pourtant certains des propos lesplus radicaux sur la question, qu’il s’agissede l’opposition entre couleur et dessin oude la place de la couleur dans l’architecture.

En opposition aux théories sur la polychromie,qui se diffusent alors massivement, Blancsemble vouloir imposer une fois pour toutesune approche monochrome de l’art de bâtir :« la seule coloration admissible à l’extérieurd’un monument, c’est la polychromienaturelle, par exemple le mélange discretde certains marbres dans leur applicationaux grandes parties de l’édifice, lorsqu’ils’agit surtout de les distinguer nettementdans un pays brumeux. L’emploi raisonnédes matériaux naturels, tels que les acoloriés le coloriste par excellence [la nature],n’a plus rien de ce caractère capricieuxet variable qui répugne à l’architecturemonumentale 5 ».

7

L’architecture en couleur :une méfiance ancestrale«Ce qui définit de façon exemplaire le petitamateur d’art prétentieux d’aujourd’hui estsa hantise de la couleur ! La couleur n’estpas ‘raffinée’. Ce qui est chic c’est le gris-perle ou le blanc. Le bleu est ordinaire, lerouge compromettant, le vert vulgaire […],l’absence de couleur est la marque del’éducation, le blanc correspond à la couleurde peau européenne 1 ! » Ces mots du critiqued’art allemand Adolf Behne en témoignentcomme bien d’autres, il règne sur la couleur,d’une manière générale et en architectureen particulier, un présupposé négatif : lacouleur ne serait pas un complément maisplutôt un substitut, une manière d’éluderles vrais problèmes ; elle ne serait pas uneprésence mais, au contraire, le révélateur,par défaut, d’une absence.Le constat fait par le critique d’art GuyHabasque dans les années 1960 en apporteconfirmation : « Force est bien de reconnaîtreque neuf constructions polychromes surdix font preuve d’un mauvais goût irritantou d’un pitoyable manque d’imagination.La couleur est le plus souvent destinée àmasquer, ou du moins à tenter de masquerla médiocrité de l’architecture 2 ». Attributflatteur en général, symbole d’une certainejoie de vivre, la couleur fait l’objet, dans lesdomaines de l’art et de l’architecture, d’unediscrimination historique. Dans son ouvrageChromophobia, publié en français sous letitre La Peur de la couleur, David Batchelorétablit en effet le constat d’une «chromo-phobie » propre à la culture occidentale :« depuis l’Antiquité, la couleur a été systé-matiquement marginalisée, vilipendée,dénigrée et avilie 3 » ; par tradition, la couleurapparaît tantôt dangereuse - elle incarne ledésordre -, tantôt insignifiante, parfois lesdeux en même temps.

6

Les couleurs urbaines >

Sur l'avenue Jean-Lolive, le sage jeu de blanc et de gris des enduits légèrement adoucis par la pierre, alimenterait l'imaged'une ville sans couleur plutôt que classique ?

AMPantin7fi1566

AMPantin7fi1567

83-85, avenue Jean-Lolive

Les couleurs de la banlieueLes problématiques et les discussions quiont scandé le débat architectural parisien,aux XIXe et XXe siècles principalement,affectent cependant peu la banlieue 8. Laquestion de la monumentalité y est moinsprégnante, de même que l’opposition entredes projets de ville pittoresque d’une partet, d’autre part, le goût dominant pour uneville régulière, globalement monochrome,laquelle serait simplement ponctuée dequelques édifices colorés. L’urbanisationdécousue de Pantin et la variété de sestypologies architecturales favorisent, aucontraire, l’hétérogénéité de sa palette.C’est cette dimension qu’une récente analysechromatique a mis en évidence. Considérantque le paysage urbain de Pantin manque àla fois d’unité, de personnalité et d’attrait,constatant un nombre important de façades« très intéressantes, souvent délaissées, oumal traitées, le plus fréquemment banalisées»,l’auteur de ce diagnostic, Vonnik Hertig,met l’accent sur la « nécessité de retrouverune cohérence visuelle, des facteurs deretour à une certaine unité, des élémentsde réhabilitation esthétique 9».

98

Les couleurs urbaines >

Pour redonner son unité au paysage de larue, elle propose en premier lieu la créationd’une palette générale de couleurs defaçades «centrée sur des teintes lumineuseschaudes telle que les tons ‘pierre’, les tonsocres, les tons blonds. Une palette d’oùseront exclues les teintes grises dévalori-santes » ; puis une palette de couleurs ponc-tuelles de menuiseries et de ferronneries,d’abord «ciblée sur un esprit de teintesproches », toujours dans le but d’unifier lepaysage urbain. Le second objectif est deredonner du caractère à ce paysage, «en lepersonnalisant avec détermination », c’est-à-dire en pratiquant, sur des bâtimentsprécis, des choix chromatiques «qui refusenttout effet de neutralisation des façades ».

34, rue Jules-Auffret

79, avenue Jean-Lolive

Au 10, rue Lakanal, l'architecte D. Honegger par le dessin et la gamme de couleurs de la façade propose un nouveauclassicisme

Elle est au contraire, comme la rue dansson ensemble, l’espace de la règle commune.L’histoire des architectures colorées dansdes villes qui n’en ont pas la culture se joueainsi, pour l’essentiel, dans cette tensionentre singularité et homogénéité.

Car le monument «est la propriété detous», et à ce titre «ne doit porter les couleursde personne ; s’il est l’image de la penséegénérale, il faut en exclure ce qui est relatif,individuel, éphémère 6 ».

Il est vrai que, traditionnellement, c’est enpremier lieu à l’intérieur des bâtiments,publics ou privés, que se développe le pluslargement et le plus librement l’art de colorerles murs, de transformer l’espace par letraitement chromatique ; dès lors qu’elle sortdans la rue, la couleur acquiert un nouveaustatut. Si une église ou un palais ne peuventêtre divisés en deux entités totalementdistinctes (le dedans et le dehors), enrevanche, l’immeuble d’habitation, élémentde base de la fabrication de la ville, jouebien sur deux registres : sa façade, « lieu del’arbitrage et de la résolution du conflitentre ville et architecture 7», n’exprime pasl’intimité du logement.

Au CND, le rouge des stucs de la réhabilitationexacerbe les couleurs du sol d'origine de l'artiste Till

AMPantin7fi1568Monthiers

AMPantin7fi1548ggps

AMPantin7fi1569

AMPantin7fi1570

1110

Les couleurs urbaines >

De même, le rouge qui recouvre la briqueapparente des trois étages du 34, rueJules-Auffret était-il aussi uniforme que denos jours ? Il reste, le plus souvent, bienpeu de traces de ces évolutions du goût etdes pratiques, et ce d’autant moins que laphotographie en couleur, découverte dèsles années 1910 mais utilisée massivementà partir des années 1970 seulement, a révélétardivement certaines informations.

Afin de redonner une dimension attractiveà ces dernières, il serait souhaitable, enoutre, d’utiliser des couleurs de « bellequalité pigmentaire » et de pratiquer des« associations de couleurs qualitatives » 10.Enfin, et cet aspect sera inscrit au Planlocal d’urbanisme de Pantin, adopté en2006, la mise en œuvre d’opérations deréhabilitations d’ensemble devra favoriserla cohérence de la politique urbaine, ausein de laquelle la couleur devient unélément de revalorisation parmi d’autres.

Ces recommandations se fondent toutefoissur une lecture de la ville considérée avanttout comme paysage, non comme successionde moments historiques. Pertinente pourl’établissement d’un diagnostic, l’analysedu bâti pantinois par couleurs (les rouges,les ocres, les gris, etc.) tend cependant àfaire abstraction des motivations et desconditions matérielles qui ont présidé auchoix de tel ou tel matériau ou tonalité.Elle accrédite même, paradoxalement, lathèse selon laquelle Pantin serait au fond,comme beaucoup d’autres, une ville sanscouleurs. Il est vrai que la couleur est l’unedes dimensions de l’architecture parmi lesplus difficiles à documenter. L’évolution desmatériaux de construction est une chose ;leur traitement en est une autre : unebrique, en l’occurrence, peut prendre desaspects très différents à travers le temps,selon sa région de provenance, certes,mais aussi selon qu’elle sera peinte ou non,selon la couleur de sa peinture.

Les immeubles du côté impair de la ruePasteur, par exemple, présentent depuisquelques années des tonalités rouge, roseet jaune. Ce choix esthétique, qui consiste àopposer à l’enduit blanc protégeant la pierreune variation chromatique appliquée auxremplissages de brique, s’inscrit-il dans unetradition ? Est-il la reproduction de l’étatantérieur, ou d’un état supposé avoir existé ? 8, rue Eugène et Marie-Louise Cornet

Pantin aux couleurs de Paris ?Spécialiste de l’histoire des couleurs,Michel Pastoureau a souligné quelles diffi-cultés (documentaires, méthodologiques,épistémologiques) elles posent dès lorsqu’elles sont appelées à expliquer tel ou telphénomène historique, a fortiori sur lalongue durée : d’une ère culturelle à l’autre,d’une période à l’autre, les couleurs nerevêtent pas la même signification, ellesn’ont pas non plus la même valeur d’usage 11.À cet égard, une autre question méthodo-logique se pose à propos d’une ville commePantin : en effet, dès lors que la couleurappliquée à l’architecture est considérée,non pas seulement comme une suite detonalités prenant place sur une palette,mais comme un parti pris et, plus encore,comme le fragment d’un possible discours -celui d’un architecte, d’un élu, d’un maîtred’ouvrage -, certains choix signifient deschoses différentes d’un lieu à l’autre.

Quel meilleur exemple que l’immeuble derapport, type architectural parisien dontPantin se dote de nombreux spécimensentre 1895 et 1910 ? Dans une ville où laprésence de la brique rouge est importante,les tonalités douces de la pierre de tailleapparaîtront comme la marque d’unembourgeoisement, l’absence de couleurdevenant coloration symbolique à partentière.Ainsi, tandis que dans le centre de Parisl’immeuble dit haussmannien est devenu larègle, un objet quasiment invisible tant ilest répandu, sa clarté s’impose à Pantincomme un élément remarquable. Émer-geant du paysage grisâtre d’une banlieueindustrielle, le 8, rue Eugène et Marie-Louise Cornet, un des rares à avoir étépublié dans la presse nationale, retientl’attention pour ses « très belles pierres detaille » 12.

Étude de Vonnik Hertig, palette de couleurs de façades

Rue Pasteur, côté impair

AMPantin7fi1571

AMPantin7fi1572

1312

Les couleurs urbaines >

D’un gabarit et d’une qualité exceptionnelsau moment de leur construction, destinés àterme à se fondre dans des alignementsqui, finalement, n’ont pas vu le jour, desimmeubles tels le 75, avenue Jean-Loliveou le 61, rue Hoche font partie de cesconstructions paradoxales dont la lecturene peut être univoque. Quand, par ailleurs,la pierre de taille ne peut être utilisée sur latotalité de la façade, ce sont - outre desmodes de composition parfaitement ana-logues - des décors sculptés qui donnentalors à l’immeuble son caractère parisien,comme au 52, rue Hoche ou au 43-45,avenue Jean-Lolive.

52, rue Hoche

75, avenue Jean-Lolive 31, rue Rouget de Lisle

Au tempsdu rationalisme pittoresqueCette quête d’une nouvelle identité parl’importation demodèles parisiens ne saurait,bien sûr, résumer à elle seule la place de lacouleur dans le paysage pantinois. Il n’endemeure pas moins que, comme beaucoupd’autres villes de la proche banlieue, Pantinprésente de nombreux points communsavec les arrondissements périphériques,où l’artisanat, l’industrie, les lotissementsde maisons individuelles et les immeublespopulaires se sont développés à la mêmeépoque, c’est-à-dire au cours de la période1880-1930. Ce demi-siècle fut à bien deségards l'âge d'or du rationalisme pittoresque.Ni style, ni courant, sans manifeste ni chefde file proclamé, le rationalisme pittoresqueest avant tout une pratique, un choixéconomique, que Julien Guadet résumerapar cette formule : « La beauté pittoresqueétant la seule qui ne soit pas coûteuse, onn’en peut priver le pauvre 13». Mais le ratio-nalisme pittoresque devient aussi un goût :celui des modestes, qui précisément pousseles architectes à combiner les matériauxpour en tirer le maximum d’effet. C’est lerépertoire ornemental des petits budgetsqui, dans la tradition viollet-le-ducienne,confère cependant à chaque élément unelégitimité. Cet « apparat domestique» 14,n’est-ce pas au fond l’esprit même de labanlieue et des arrondissements populairesde Paris, d’autant plus apprécié aujourd’huique la couleur en est l’un des principauxconstituants ?Variété et vérité des formes, des matériauxet des couleurs : ces quelques règlessimples président à la construction denombreux bâtiments pantinois, comme l’écolede la rue Sadi-Carnot (Louis Guélorget,1889) avec ses linteaux et allèges en briquepolychrome,mais aussi lesmaisonsdemaîtres

ou de ville (37, rue Victor-Hugo, 4, rueDavoust, 5, rue Jacquart, 3, rue Cornet),sur lesquelles dialoguent meulière, briqueet bois, dans un esprit proche des premièresconstructions parisiennes d’Hector Guimard,autour de 1890.

Sous la bannière du rationalisme pittoresquese rangent encore ces immeubles modestesoù quelques éléments de faïence, quelquesbriques vernissées soulignent et animentdes formes simples ; c’est le cas aux 23, rueBerthier, 25, rue Charles-Auray, 28, rueGabrielle-Josserand ou aux 26, 31, 37 et 39,rue Rouget de Lisle. Frantz Jourdain feral’éloge de cette polychromie « étroitementliée à l’Architecture», qui « la complète,la détaille, l’explique, la caractérise. […]

AMPantin7fi1573

AMPantin7fi1551DionN.

AMPantin7fi1574

1514

Au début du XXe usines, bâtiments publics, immeubles et maisons se parent de matériaux colorés sur leur façade

4, rue Davoust, maison de maître des anciens MoulinsPietrement

Les stafs, les faïences, les laves émaillées,les briques teintées, les tuiles vernissées,les zincs laqués, les enduits colorés, lesmosaïques chatoyantes, les verres flam-boyants, les terres-cuites de toutes nuances,employés à profusion, jettent une étincelantepoudre d’or sur ces palais féeriques » 15. Ils’agissait en l’occurrence des palais del’Exposition universelle de 1889, mais cesproduits de l’industrie viendront logique-ment décorer la banlieue qui les a vu naître.

Parmi les plus remarquables «châteaux del’industrie » de la région parisienne, lesGrands Moulins de Pantin ne dérogent pasà la règle du pittoresque : lorsque l’architectealsacien Eugène Haug entreprend laconstruction des nouveaux bâtiments en1922-1925, la tour du réservoir d’eau, quiculmine à 52,70 mètres au-dessus du quaidu canal, ne constitue pas seulement unsignal, mais aussi « l’ornement du quartier » 16,que l’architecte a traité au moyen detoitures et d’arcs décoratifs dont l’effettempère, cette fois, l’impression de mono-chromie provoquée par la brique deshautes façades aveugles.

68, rue Charles-Nodier

5 et 7, rue Jacquart

Une monochromie qui, précisément, tend àse généraliser dans les années 1930, aprèsun épisode Art déco peu perceptible sur leterritoire pantinois, à l’exception toutefoisdes dispensaires municipaux, 28, rueSainte-Marguerite (Désiré Letailleur, 1928-1933), dont les montants verticaux se dis-tinguent par un magnifique dégradé debriques vernissées (du bleu vers le jaune),ainsi que de l’immeuble du 68, rue Charles-Nodier (vers 1935), dont le revêtement defaïence cassée orange exprime un doublesouci d’économie et d’hygiène.

Les couleurs urbaines >

montageggps

AMPantin7fi1575

AMPantin7fi1576

AMPantin7fi1577

16

2, rue Meissonnier, les établissements de menuiserie Vaquin et Guymont fermés en 1985

On sait que la vérité se trouve dans cettedernière proposition, mais on pourrait toutaussi bien renverser la question et demander :les acteurs de la construction n’ont-ils pastenu, dans les années 1930, à doter la péri-phérie parisienne d’un cadre architecturalen harmonie avec son paysage politique ?À quelques exceptions près, cela est peuprobable : la généralisation de la briquerouge dans les années 1930 touche lacapitale de la même façon que ses voisines.Il reste que la piscine municipale signéeCharles Auray fils (1937), la cité-jardins desPommiers, par Félix Dumail (1933), lebâtiment de Nord-Lumière, rue Hoche, parBernard Lhotelier et Guy Robin (vers 1939),comme dans les années 1950 les nouveauxbâtiments de la manufacture des Tabacs,rue Courtois, confèrent à Pantin unecoloration dominante.

Banlieue rouge ?Vu de haut, sur les photos aériennes ou lesimages satellites, le paysage de Pantin - ausud de l’avenue Jean-Lolive tout au moins -est dominé par le rouge orangé des toits detuiles. Une vue centrée sur le tissu plushomogène et plus dense de la zonemitoyenne du Pré-Saint-Gervais donne uneidée plus nette encore de ce que fut long-temps la teinte dominante de la banlieue.Une banlieue dite « rouge» à cause decette «cinquième façade» que sont les toitsde ses maisons, immeubles économiques,ateliers et usines ? À cause de cette briquequi, dans les régions où on ne la produitpas, signale d’autant plus clairement uneprésence industrielle, ouvrière ? Ou bienen raison de sa coloration politique, le plussouvent socialiste ou communiste ?

32-34, avenue Jean-Lolive, la Banque de France

6-8 rue Courtois, seul bâtiment de la manufacture destabacs encore existant et réhabilité par P. Chemetoven 1997

Celle-ci est d’ailleurs renforcée par lesbâtiments qui, depuis la Porte de Pantin,s’offrent aux premiers regards : le stylebrique et pierre de la Banque de France(Alphonse Defrasse, 1927), la barre delogements de la rue de la Marseillaise(Paris 19e, années 1950), enfin l’ensemblede 291 logement HLM réalisé par l’AUA surl’îlot 27 (1981). Ce dernier s’imposed’ailleurs par son caractère symbolique : àla limite de Paris et de Pantin, l’immeuble,monumental, joue le rôle de porte, de lienentre la banlieue et la « ceinture rouge»parisienne (celle des HBM des maréchaux).Une telle présence de la brique dansl’architecture du logement - on en compteprès d’un million pour le seul immeuble del’AUA - a bien sûr quelque chose de militant :matériau pérenne et économique, il estaussi, pour des architectes fortementengagés politiquement, la marque d’uneculture, à laquelle Paul Chemetov rappellerason attachement dans sa dernière opérationpantinoise, l’immeuble de logements du 9,rue Jean-Nicot (2003). Enfin, c’est par unebrique orangée que les ateliers Hermèstentent, avec peu d’aménité il est vrai, des’inscrire dans le tissu urbain du centre-ville, une manière de signifier que l’implan-tation d’un fleuron de l’industrie de luxe estaussi l’occasion de renouer avec une certainemémoire manufacturière de Pantin.

Ateliers Hermès, architectes C. Voyatzis et P. Siegrist,1992

Les couleurs urbaines >

17

AMPantin7fi1549ggps

AMPantin7fi1550ggps

AMPantin7fi1578

AMPantin7fi1579

1918

Les couleurs urbaines >

Quelle couleurpour le logement collectif ?L’immeuble d’habitation étant la substanceprincipale d’une ville dense, c’est à lui,davantage qu’aux édifices publics, parnature destinés à se distinguer, qu’il revientde colorer ou non son environnement. Laconstruction de masse s’imposant après1950, certains architectes verront dans lacouleur un moyen efficace et peu coûteuxpour lutter contre la monotonie du grandimmeuble. Trois des créateurs les plus envue de la période, Émile Aillaud, DenisHonegger et Fernand Pouillon, ont chacunconstruit à Pantin des ensembles delogements à travers lesquels se lit uneprise de position, explicite ou implicite, surla couleur. Le seul, néanmoins, à l’avoirconsidérée comme un moyen d’expressionen soi est Émile Aillaud : selon lui, en effet,« la couleur a la même importance quela forme. […] Il s’agit de faire un mondecoloré, puissamment sensible et sensuel,correspondant à la résonance que l’architecteveut donner 17. »

Les couleurs d'origine de la cité des Courtillières : à gauche les tours recouvertes en grès cérame bleu, à droite leSerpentin avec un enduit rose et bleu

Trop souvent, les bâtiments paraissentavoir été colorés après coup, rien dans leurmorphologie ne laisse sentir, ni à vrai direne tolère la couleur. La ‘polychromie’couramment pratiquée est une décorationrapportée qui sonne faux sur la sécheressevolontaire ou non des façades d’HLM,

d’autant que les couleurs imposées sontd’ordinaire vives et pures ; elles détonnentavec le plein air et empêchent le bâtimentde se situer naturellement dans lepaysage. 18»

18, rue E. et M.L. Cornet, des aplats de couleur apportentun graphisme à cet immeuble banal

Résidence Victor-Hugo, architecte F. Pouillon

Avec l’ensemble de logements sociaux desCourtillières (1954-1969), comme par la suiteavec la cité de l’Abreuvoir à Bobigny (Seine-Saint-Denis, 1958), puis la cité Picasso àNanterre (Hauts-de-Seine, 1970-1978) et laGrande Borne à Grigny (Essonne, 1970),dont Fabio Rieti assure la mise en couleur,Aillaud est en effet celui qui aura le plusconstamment milité pour une architecturepolychrome, et l’un des rares à avoir tenuun véritable discours sur la question : « Lacouleur dans l’architecture ne doit pas êtrel’impositionde taches colorées sur une façade,non plus qu’un décor rapporté comme lamode et la facilité des revêtements en pâtede verre, poussent actuellement à le fairesur tant d’HLM, dont on habille ainsi lapauvreté. L’architecture devrait être entière-ment colorée et conçue pour être colorée ;de même que l’architecture d’un ensembleest faite du groupement des bâtiments etde l’agencement du volume non construitqui en résulte, plutôt que la diversité desfaçades, de même la couleur doit être traitéeen masse et non par taches. […]

CentrePompidou-BibliothèqueKandinsky-FondsCardot-Joly

CentrePompidou-BibliothèqueKandinsky-FondsCardot-Joly

AMPantin7fi1552DionN.

AMPantin7fi1553DionN.

Ce n’est pas tant pour s’éloigner de cespolychromies mal conçues que FernandPouillon et Denis Honegger ont, chacundans leur registre, mis l’accent sur destonalités douces, l’un (résidence Victor-Hugo, 1957-1961) en utilisant la pierre detaille, avec des rehauts de marbre encertains endroits, l’autre (quartier de l’église,1955-1960) le béton brut, lequel n’était paspeint comme il l’est aujourd’hui ; c’estsurtout avec l’intime conviction que, enperpétuant certains des principes qui ontfait la force du classicisme (composition,symétrie, répétition, monochromie), l’archi-tecture contemporaine pouvait tout aussibien répondre aux problèmes qui luiétaient posés.

2120

Les couleurs urbaines >

Groupe scolaire Jean-Lolive de l'AUA, les poteaux poutre en «Y renversé » sont peints de couleurs primaires

Couleurs moderneset post-modernesFabio Rieti aura été, aux côtés d’Aillaud,l’un des très rares coloristes de son temps.La profession se développera surtout, eneffet, au cours des années 1970, dans lesvilles nouvelles notamment, sans d’ailleursparvenir à acquérir une réelle légitimité.Certains architectes prennent alorsconscience des possibilités plastiques de lacouleur, non pas appliquée après coup surles façades des bâtiments, mais intégréeen amont à leur conception. C’est parexemple le travail mené pour l’AUA par MaxSoumagnac, qui après être intervenu sur lapiscine d’Aubervilliers, propose une poly-chromie spécifiquement adaptée au systèmeconstructif de la Bibliothèque Elsa-Triolet àPantin (1972), conçue par Jacques Kalisz etJean Perrottet. Devançant de quelquesannées le centre Georges-Pompidou (1971-1977)etsescouleurs fonctionnelles appliquées

sur la façade orientale, la bibliothèquemontre les différents éléments de sonfonctionnement, chacun étant soulignépar une couleur : à l’extérieur, l’ossaturemétallique est peinte en bleu et marron, unchoix motivé par l’évolution saisonnièredes couleurs du jardin municipal au milieuduquel se trouve le bâtiment. Aujourd'huil'ossature est peinte uniformément en jaune.

Les années 1980 seront marquées par leretour de tons ocres incarnant une certainetradition ou, à l’inverse, par l’usage destrois couleurs primaires (bleu, rouge,jaune), utilisées pour ponctuer les façadesde quelques opérations de logements.Dans les deux cas, trop souvent, la couleursert cependant de cache-misère : surajoutéeà des projets sans qualité (le CMS Cornetou les logements de la rue Hoche), elle afinalement pour effet de souligner lesinsuffisances de conception qu’elle étaitcensée masquer…

Sans sacraliser ces constructions, il estnéanmoins possible de les respecter.À l’inverse, un ravalement de façades telque celui pratiqué sur l’usine Bourjois, rueDelizy - un gris bleu remplaçant un grisblanc -, témoigne à la fois d’un nouvel intérêtpour la couleur et des capacités de cettedernière à souligner les qualités d’unearchitecture.Depuis une dizaine d’années, une nouvellegénération de bâtiments présente unemploi semble-t-il plus libre de la couleur.

30-40, rue Delizy, usine Bourjois

Autre domaine dans lequel la couleur a sonimportance : la réhabilitation. Les bâtimentsd’Honegger, on l’a vu, n'étaient pas colorés,ceux de Bernard Zehrfuss aux Quatre-Chemins (1967) non plus : la campagne derénovation menée sur ces tours en 1996,qui consistait en une isolation extérieure etun habillage des façades par des panneauxde Glasal Etercolor dans un camaïeude brun/rosé, a eu pour effet de banaliserune architecture qui avait des qualitésde composition.

École Joséphine-Baker du cabinet d'architecture Art'Urinaugurée en 2007

Toutcomme le regaind’intérêtpour l’ornement,il est probable en effet que l’intérêt actuelpour la couleur traduise un affranchissementde certaines pesanteurs dogmatiquespropres au XXe siècle. Dans des villes enfinconsidérées comme des additions de partiesplutôt que comme d’hypothétiques corpshomogènes, c’est par des touches ponctuellesque la couleur vient animer des contextestous différents, c’est-à-dire spécifiques. Laréhabilitation d’une friche artisanale enlogements, 10, rue Franklin (L. Bonnifaci,2002), la construction d’une nouvelleécole, rue Denis-Papin (2007), ou d’uncentre municipal de santé (CMS Ténine,Hamonic et Masson, 2008) sont autantd’opportunités pour un emploi purementlocal, circonstanciel de la couleur.

IFA178

AMPantin7fi1551ggps

AMPantin7fi1580

AMPantin7fi1583

10, rue Franklin, atelier de sièges de cinéma transforméen lofts

1 Adolf Behne, « Appel pour unearchitecture de couleur », Bauwelt,18 septembre 1919, cité par KatrinSimons, « Colour in architecture»,Detail, 12/2003, p. 1400-1413.

2 Guy Habasque, « La couleur dansl’architecture», L’Œil, n° 75, mars 1961,p. 48.

3 David Batchelor, La Peur de la couleur,traduction Patricia Delcourt, Paris,Autrement, 2001 (éd. originaleChromophobia, Londres, Reaktion Books,2000), p. 22.

4 Aristote, cité par Manlio Brusatin,Histoire des couleurs, traduction ClaudeLauriol, préface de Louis Marin, Paris,Flammarion, coll. « Champs », 1986(éd. originale Turin, Giulio Einaudi, 1983),p. 80 et par D. Batchelor, op. cit., p. 30.

5 Charles Blanc, Grammaire des arts dudessin, 1867, rééd. Paris, École nationalesupérieure des beaux-arts, 2000, ibid.,p. 238.

6 Idem.

7 Éric Lapierre, « La ville, l’immeuble,la façade», in Paris des faubourgs.Formation, transformation (dir. JacquesLucan), Paris, Pavillon de l’Arsenal/Picard,1996, p. 175.

8 Sur le cas parisien, voir Simon Texier,Accords chromatiques. Histoiresparisiennes des architectures encouleurs, 1200-2010, Paris, Pavillonde l’Arsenal, 2008, 224 p.

9 Vonnik Hertig, Ville de Pantin. Analysechromatique du site. Nuancier conseilet schéma directeur d’application, 2001

10 Ibid., p. 60-61.

11 Michel Pastoureau, « Couleur »,Dictionnaire mondial des images(dir. Laurent Gervereau), Paris, Éditionsdu Nouveau Monde, 2006, p. 262-266.

12 La Construction moderne, n° 12, 17décembre 1904.

13 Julien Guadet, cité in Paul Chemetov,Marie-Jeanne Dumont, Bernard Marrey,Paris-Banlieue 1919-1939, Paris, Dunod,1989, p. 8

14 Ibid., p. 1-16.

15 Frantz Jourdain, « La décorationet le rationalisme architecturaux àl’Exposition universelle », Revue des Artsdécoratifs, 1889-1890, cité par CarolineMathieu, « Architecture métalliqueet polychromie», in 1889. La Tour Eiffelet l’Exposition universelle, Paris,RMN/Musée d’Orsay, 1989, p. 59.

16 Conseil municipal de Pantin,13 décembre 1927, cité dans S. Texier,« Les Grands Moulins de Pantin », idem(dir.), Les Canaux de Paris, Paris, DAAVP,1994, p. 161.

17 Émile Aillaud, « Architecture etcouleur », conférence prononcée àl’Institut de l’environnement, séminairede formation permanente, 1969-1970,texte dactylographié, fonds ÉmileAillaud, DAF/CAPA.

18 Émile Aillaud, « De la couleuren architecture», texte dactylographié,vers 1970, idem.

NOTES

2322

Colorer l’architecture par l’éclairagerevient ainsi à qualifier un mur, une façade,sans intervenir matériellement dessus,avec des variations de tons et d’intensitésque ne permet pas la peinture.C’est, enfin, la possibilité d’intervenir dejour, par exemple sur le plafond du préauau lycée Lucie-Aubrac (Thierry Van deWyngaert Architectes et Associés, débutdes travaux en 2005), comme de nuit :l’éclairage rosé du Ciné 104 rappelle, avecles autres, que Paris n’est plus la seule villelumière…

Vers la couleur lumièreDe retour dans les rues de la ville, la cou-leur a également investi les intérieurs desbâtiments publics, par la peinture commeavec le siège de Banlieues Bleues(Périphériques, 2006), reconversion d’unsite industriel en espace culturel, maisencore par un traitement lumineux.Réalisation la plus spectaculaire dans cedomaine, l’éclairage conçu par le plasticienHervé Audibert pour le Centre national dela danse (transformation par AntoinetteRobain et Claire Guyesse, 2004) repose surle principe de l’aplat lumineux : au moyende néons ou de projecteurs, la lumièrepolychrome donne une profondeur dechamp aux murs du bâtiment, tout commeà son dispositif central, la rampe monu-mentale qui en dessert les différentsniveaux - à l’extérieur, les seuls élémentscolorés qui se distinguent du béton brutsont, dans la journée, les cinq lettresrouges vermillon dumot «danse», dessinéespar le graphiste Pierre Di Sciullo et placésau sommet de l’édifice, côté canal.

L'éclairage du cinéma a été conçu au moment de laréhabilitation par l'architecte P. Chican

Mise en lumière du réfectoire du lycée Lucie-Aubracpar l'architecte T. Van de Wyngaert

©Jean-MarieMonthiers

AMPantin7fi1581GilGueu