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Le mot du Directeur Général aux actionnaires N°4 - juillet 2013 Chers actionnaires, Le 1 er semestre 2013 a été marqué par des avancées importantes de notre projet, tant sur le plan financier que scientifique. En effet, en fin de semestre, nous avons conforté notre situation financière avec la signature d’une ligne optionnelle de financement en fonds propres avec Kepler Cheuvreux, portant sur un maximum de 200 000 actions nouvelles, soit une dilution potentielle limitée à 4,81%. Ce dispositif très souple peut être utilisé à tout moment et vient en complément de notre trésorerie de 9,2 M€ au 31 mai 2013. CARMAT dispose ainsi des moyens suffisants pour entamer sereinement son développement clinique. Bien entendu, l’annonce majeure du semestre concernait l’autorisation d’effectuer les premières implantations humaines de notre cœur artificiel total dans quatre centres de chirurgie cardiaque internationaux. L’excellence étant notre critère premier de sélection, chacun de ces centres est un leader dans son pays et jouit d’une réputation internationale. Cette 4 ème édition de notre lettre* nous offre ainsi une excellente occasion de présenter l’un d’eux, le Silesian Center for Heart Diseases à Zabrze en Pologne, au travers d’une interview avec le Pr Marian Zembala (directeur du centre et président du département de chirurgie cardiaque et de transplantation, ainsi qu’ancien élève du Pr Alain Carpentier). CARMAT a mis en place une stratégie internationale d’essais cliniques, se conformant ainsi aux bonnes pratiques. Cependant, la volonté de réaliser des implantations en France, pays qui a vu naître ce projet unique au monde, demeure toujours aussi forte. Notre effort vers cet objectif a été intense tout au long du semestre et a permis d’avancer de façon importante dans le sens des exigences de l’ANSM, avec des tests complémentaires in-vivo sur des veaux. Nombreuses ont été vos questions sur ces tests, leur pertinence et leur place dans notre programme clinique. L’interview du Dr Luca Zilberstein, anesthésiste-réanimateur et maître de conférences à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Maisons-Alfort, nous éclairera sur les enjeux et les limites du modèle animal dans la préparation des essais sur l’homme. Enfin, nous avons le plaisir de vous présenter dans cette lettre l’une des pièces maîtresses de notre projet, dont nous sommes particulièrement fiers : les bancs d’essai et simulateurs CARMAT. Inspirés par l’industrie aérospatiale, ils sont le fruit du travail d’équipes d’experts qui ont réussi à créer un environnement artificiel simulant le corps humain pour tester notre prothèse. Je souhaite remercier toutes ces personnes, l’ensemble des parties-prenantes à notre projet, et bien entendu nos actionnaires, pour leur soutien solide qui nous permet d’avancer chaque jour un peu plus vers notre objectif de voir enfin le cœur CARMAT sauver les vies. Marcello Conviti Directeur général * Les lecteurs sont invités à se référer à la Note de mise en garde présente dans les communiqués de la société Faits marquants du 1 er semestre 2013 Mars Résultats annuels font ressortir un niveau de trésorerie au 31 décembre 2012 de 11,1 M€ Avril 5 M€ perçus au titre du Crédit d’Impôt Recherche pour l’année 2012 Mai Obtention de l’autorisation d’effectuer les 1 ères implantations humaines du cœur artificiel total CARMAT dans 4 centres de chirurgie cardiaque dans 4 pays Juin Mise en place d’une ligne optionnelle de financement en fonds propres Le mot du Directeur Général p.1 Les tests et simulations en chiffres p.1 Faits marquants du S1 2013 p.1 Focus sur le partenariat clinique p.2 Focus sur le modèle animal p.3 Focus sur le les tests et simulations précliniques p.2-3 CARMAT et la Bourse p.4 Agenda financier p.4 Les actionnaires ont la parole p.4 Sommaire Les tests sur bancs et simulateurs CARMAT Faits et chiffres Salle des bancs d’endurance des sacs et des membranes Chaque composant ou sous-ensemble critique du cœur CARMAT et le système complet ont été testés aux standards de l’industrie aérospatiale du XXI ème siècle grâce à des bancs et simulateurs sur mesure sophistiqués, dont le développement a constitué des projets à part entière : • 29 sociétés*, institutions ou laboratoires ayant contribué aux essais ou au développement de bancs et simulateurs ; • 24 salariés ou prestataires impliqués en interne dans les essais sur bancs et simulateurs ; • 35 bancs d’essais pour composants, sous- ensembles et systèmes ; • 10 bancs de tests en production ; • 6 simulateurs (de prothèse, du réseau sanguin, hémo-dynamiques et mécanique). * CARMAT remercie tous les partenaires et fournisseurs ayant contribué au développement des bancs et simulateurs, et notamment Altair, Astrium, ATEC, Axon, Charles River, CEMIOS, CHU de Nantes, CRITT, EMITECH, ENVA, Filab, Haemolab, Haemoscan, HEF, HEGP, Inoprod, LNE, LCIE, Matra Electronique, ONERA, ONIIRIS, Oskman, PolymerExpert, Protomed, RESCOLL, SERMA, Vignal Artru Industries, Université Lyon 1, etc.

N°4 - juillet 2013 lettre · 2017. 11. 14. · Juin Mise en place d’une ligne optionnelle de financement en fonds propres Le mot du Directeur Général p.1 Les tests et simulations

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  • lettreLe mot du Directeur Général

    aux actionnaires

    N°4 - juillet 2013

    Chers actionnaires,

    Le 1er semestre 2013 a été marqué par des avancées importantes de notre projet, tant sur le plan financier que scientifique. En effet, en fin de semestre,

    nous avons conforté notre situation financière avec la signature d’une ligne optionnelle de financement en fonds propres avec Kepler Cheuvreux, portant sur un maximum de 200 000 actions nouvelles, soit une dilution potentielle limitée à 4,81%. Ce dispositif très souple peut être utilisé à tout moment et vient en complément de notre trésorerie de 9,2 M€ au 31 mai 2013. CARMAT dispose ainsi des moyens suffisants pour entamer sereinement son développement clinique.

    Bien entendu, l’annonce majeure du semestre concernait l’autorisation d’effectuer les premières implantations humaines de notre cœur artificiel total dans quatre centres de chirurgie cardiaque internationaux. L’excellence étant notre critère premier de sélection, chacun de ces centres est un leader dans son pays et jouit d’une réputation internationale.

    Cette 4ème édition de notre lettre* nous offre ainsi une excellente occasion de présenter l’un d’eux, le Silesian Center for Heart Diseases à Zabrze en Pologne, au travers d’une interview avec le Pr Marian Zembala (directeur du centre et président du département de chirurgie cardiaque et de transplantation, ainsi qu’ancien élève du Pr Alain Carpentier).

    CARMAT a mis en place une stratégie internationale d’essais cliniques, se conformant ainsi aux bonnes pratiques. Cependant, la volonté de réaliser des implantations en France,

    pays qui a vu naître ce projet unique au monde, demeure toujours aussi forte. Notre effort vers cet objectif a été intense tout au long du semestre et a permis d’avancer de façon importante dans le sens des exigences de l’ANSM, avec des tests complémentaires in-vivo sur des veaux. Nombreuses ont été vos questions sur ces tests, leur pertinence et leur place dans notre programme clinique. L’interview du Dr Luca Zilberstein, anesthésiste-réanimateur et maître de conférences à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Maisons-Alfort, nous éclairera sur les enjeux et les limites du modèle animal dans la préparation des essais sur l’homme.

    Enfin, nous avons le plaisir de vous présenter dans cette lettre l’une des pièces maîtresses de notre projet, dont nous sommes particulièrement fiers : les bancs d’essai et simulateurs CARMAT. Inspirés par l’industrie aérospatiale, ils sont le fruit du travail d’équipes d’experts qui ont réussi à créer un environnement artificiel simulant le corps humain pour tester notre prothèse.

    Je souhaite remercier toutes ces personnes, l’ensemble des parties-prenantes à notre projet, et bien entendu nos actionnaires, pour leur soutien solide qui nous permet d’avancer chaque jour un peu plus vers notre objectif de voir enfin le cœur CARMAT sauver les vies.

    Marcello ConvitiDirecteur général

    * Les lecteurs sont invités à se référer à la Note de mise en garde présente dans les communiqués de la société

    Faits marquants du 1er semestre 2013Mars Résultats annuels font ressortir un niveau de trésorerie au 31 décembre 2012 de 11,1 M€

    Avril 5 M€ perçus au titre du Crédit d’Impôt Recherche pour l’année 2012

    Mai Obtention de l’autorisation d’effectuer les 1ères implantations humaines du cœur artificiel total CARMAT dans 4 centres de chirurgie cardiaque dans 4 pays

    Juin Mise en place d’une ligne optionnelle de financement en fonds propres

    Le mot du Directeur Général p.1Les tests et simulations en chiffres p.1Faits marquants du S1 2013 p.1Focus sur le partenariat clinique p.2Focus sur le modèle animal p.3Focus sur le les tests et simulations précliniques p.2-3CARMAT et la Bourse p.4Agenda financier p.4Les actionnaires ont la parole p.4

    Sommaire

    Les tests sur bancs et simulateurs CARMAT

    Faits et chiffres

    Salle des bancs d’endurance des sacs et des membranes

    Chaque composant ou sous-ensemble critique du cœur CARMAT et le système complet ont été testés aux standards de l’industrie aérospatiale du XXIème siècle grâce à des bancs et simulateurs sur mesure sophistiqués, dont le développement a constitué des projets à part entière :

    • 29 sociétés*, institutions ou laboratoires ayant contribué aux essais ou au développement de bancs et simulateurs ; • 24 salariés ou prestataires impliqués en interne dans les essais sur bancs et simulateurs ;• 35 bancs d’essais pour composants, sous- ensembles et systèmes ;• 10 bancs de tests en production ;• 6 simulateurs (de prothèse, du réseau sanguin, hémo-dynamiques et mécanique). * CARMAT remercie tous les partenaires et fournisseurs ayant contribué au développement des bancs et simulateurs, et notamment Altair, Astrium, ATEC, Axon, Charles River, CEMIOS, CHU de Nantes, CRITT, EMITECH, ENVA, Filab, Haemolab, Haemoscan, HEF, HEGP, Inoprod, LNE, LCIE, Matra Electronique, ONERA, ONIIRIS, Oskman, PolymerExpert, Protomed, RESCOLL, SERMA, Vignal Artru Industries, Université Lyon 1, etc.

  • Le point de vue du clinicien : La recherche clinique sur l’innovation est un devoir envers nos patients

    Un entretien avec le Professeur Marian Zembala, chirurgien cardiovasculaire spécialiste de la transplantation cardiaque, directeur du Silesian Center for Heart Diseases à Zabrze, en Pologne, et président du département de chirurgie cardiaque.Professeur, pouvez-vous nous en dire plus sur le Centre silésien des maladies cardiaques et sur votre activité dans le traitement de l’insuffisance cardiaque en Pologne ?

    Le Silesian Center for Heart Diseases* (SCCS) est un centre universitaire, clinique et scientifique hautement spécialisé et internationalement reconnu, rattaché à l’Université de médecine de Silésie, qui se concentre exclusivement sur le traitement des maladies cardiaques, pulmonaires et vasculaires de l’enfant et de l’adulte. Il se trouve à Zabrze, dans la province de Silésie (6 millions d’habitants), au sud de la Pologne, près de Katowice et de Cracovie. Les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de décès en Europe centrale et orientale, très loin devant toutes les autres, y compris tous les types de cancers. Par exemple, l’incidence des pathologies coronariennes est presque trois fois plus élevée en Pologne qu’en France. Pourtant, grâce au développement de la cardiologie invasive et de la chirurgie cardiaque, nous avons enregistré une diminution significative de la mortalité des patients souffrant d’un syndrome coronarien aigu, qui est tombée au même niveau qu’au Danemark et en Suède. Bien que le nombre de décès imputables à des coronaropathies ait été divisé par deux au cours des dix dernières années – comme dans la plupart des pays développés –, beaucoup de patients qui survivent développent une insuffisance cardiaque progressive et chronique, due à la persistance des causes sous-jacentes, comme l’hypertension. Le SCCS accueille environ 15 000 patients chaque année et effectue 2 400 opérations cardiaques. Il s’agit du plus grand centre dédié à l’insuffisance cardiaque et à la transplantation cardiaque et pulmonaire de Pologne, reconnu pour son programme unique de traitement des insuffisances cardiaques chroniques. Depuis 1985, il a réalisé plus de 33 000 actes de chirurgie cardiaque, dont plus de 90 transplantations cœur-poumon et plus de 1 000 transplantations cardiaques, au rythme de 40 à 50 greffes de cœur par an. Depuis 1988, en raison du faible nombre de donneurs, nous avons aussi acquis une expérience significative des dispositifs d’assistance ventriculaire. Comment en êtes-vous venu à nouer un partenariat clinique avec CARMAT ?Je crois qu’en médecine et en chirurgie, le fait d’être à la pointe de la recherche clinique est plus qu’un devoir envers nos patients, et notre centre a toujours été à l’avant-poste des nouvelles technologies. Nous avons ainsi été le premier hôpital de Pologne à utiliser l’angioplastie primaire pour le traitement du syndrome coronarien aigu (1985), et nous avons procédé aux premières transplantations cardiaques (1985), pulmonaire (1987) et combinée cœur-poumon (1986) du pays. Nous avons été les premiers à implanter un dispositif d’assistance circulatoire mécanique

    (1987), y compris de type ECMO et VAD, à appliquer un dispositif d’occlusion pour communication interventriculaire (VSD) post-infarctus (2002), à pratiquer la revascularisation artérielle et l’ablation coronaire en chirurgie mini-invasive (hybride avec TECAB). Enfin, nous avons effectué la première implantation d’une valve aortique transcathéter. Nous avons été les premiers à traiter les syndromes de détresse respiratoire chez les nourrissons avec des systèmes d’oxygénation par membrane extra-corporelle, avons ouvert la première unité de soins intensifs coronariens offrant un traitement invasif 7j/7 et 24h/24, et mis au point le premier programme d’ablation endocardique et épicardique pour les arythmies cardiaques, et d’ablation hybride dans les cas de fibrillation auriculaire permanente. Nous avons également mis au point le plus important programme de réparation de la valve mitrale en Pologne. Dans ce domaine, j’ai l’honneur et le plaisir d’avoir suivi le cours du Professeur Alain Carpentier. Un cœur artificiel innovant qui associe la vision du Professeur Carpentier

    à l’expertise d’un important partenaire industriel est forcément attrayant et répondrait à un besoin majeur. Nous avons pu partager les résultats très intéressants des tests sur des bancs d’essais et des animaux très intéressants. La décision de participer aux premières implantations cliniques n’a donc pas été difficile à prendre. Depuis lors, nos équipes ont suivi un programme de formation intensif. J’ai personnellement assisté à des implantations sur animaux avec mon équipe de chirurgiens le mois dernier à Paris, et j’ai été impressionné par les similitudes que présente cette procédure avec

    les transplantations cardiaques. En toute franchise, cette coopération représente en quelque sorte un honneur pour notre centre, où nous admirons sans réserve le Professeur Carpentier et son équipe pour leur créativité et pour l’authenticité de leurs recherches, si importantes pour la médecine cardio-vasculaire contemporaine.Quel profil de patients envisagez-vous recruter pour l’étude de faisabilité ? En raison du nombre insuffisant de donneurs et des critères très stricts d’admissibilité à une transplantation cardiaque, de nombreux patients ne peuvent bénéficier d’un traitement qui leur sauverait la vie. Le sujet idéal pour ces premiers essais devrait bien sûr, pour des raisons éthiques évidentes, n’avoir aucune autre option, mais il devrait également présenter de bons espoirs de rétablissement grâce au cœur artificiel, c’est-à-dire que ses autres organes, tels que les reins et le foie, ne devraient pas être irrémédiablement atteints. Sinon, il deviendrait difficile d’évaluer si une complication est attribuable à la prothèse ou au statut antérieur du patient. Par exemple, un cancer actif représente une contre-indication absolue à la transplantation : en l’occurrence, un patient relativement jeune, à l’espérance de vie très limitée pour cause de cancer, pourrait être un candidat idéal. Quand le SCCS sera-t-il prêt à l’implantation ?Le processus de sélection des patients a déjà commencé. Nous sommes prêts et très impatients de démarrer. Le plus important, c’est qu’en Pologne également, des patients attendent de pouvoir bénéficier de ce type de traitement.

    * Le SCCS - Centre silésien des maladies cardiaques

    Focus sur les bancs d’essais et les simulateurs un entretien avec Paul Kohler, Responsable du pôle Algorithmes et FonctionnelLa stratégie de tests a été l’un des apports majeurs de l’industrie aéronautique au projet CARMAT : pouvez-vous nous en dire plus ?Le cœur CARMAT comporte un grand nombre de composants et sous-ensembles fonctionnels critiques, comme dans un avion ou un satellite.

    De même, ils doivent répondre à des exigences très strictes en matière de fonctionnement et de fiabilité. Il a donc fallu développer des moyens de validation de ces exigences, à tous les stades de la conception, du développement puis de la production. A ces contraintes, relativement « classiques » dans l’aéronautique, s’ajoutait la nécessité de simuler l’environnement dans lequel fonctionnerait la prothèse, c’est-à-dire le corps humain. C’est cet aspect unique qui a

    mobilisé nos équipes. Au-delà de la validation habituelle des parties mécaniques ou électroniques, déjà sophistiquée, il a fallu concevoir des moyens de validation innovants et sur-mesure pour tester toutes les parties en mouvement ou en contact avec le sang, le plus souvent en collaboration avec des médecins spécialisés en physiologie cardiaque.Quels types de bancs et simulateurs avez-vous développé ? Il y a plusieurs catégories de bancs. Tout d’abord, ceux qui effectuent un test particulier, sur l’endurance, l’électronique, les capteurs, la biomembrane, etc. Dans ce cas, on ne cherche pas à représenter tout un contexte mais à tester le comportement ou les caractéristiques d’un seul élément. Cela peut paraître simple, mais compte tenu des spécificités des composants du cœur, cela ne l’est pas. Par exemple, pour tester l’endurance

    de la membrane biosynthétique (coté sang, péricarde, coté pompe, polyuréthane), il faut déplacer 65 cc (soit le volume ventriculaire) à 10 Hz, 24h/24 et 7 j/7, pendant plusieurs années, sur 8 bancs autonomes fonctionnant en parallèle. Il faut donc un énorme compresseur qui prend près de la moitié de la salle de tests (voir photo en page 1), sans compter le système de refroidissement, à l’extérieur. On est aux limites extrêmes de ce que peut faire un système hydraulique ! Ensuite, il y a les bancs qui simulent une entité réelle complexe, où l’on essaie d’être au plus proche de l’objet étudié complet comme la prothèse, le corps humain, le circuit sanguin, etc. Pouvez-vous nous expliquer la différence entre les tests réels et les tests virtuels ?Dans les tests virtuels, il s’agit uniquement d’une modélisation par logiciel, il n’y a pas d’action physique. Ces

    http://www.sccs.pl/en/http://www.sccs.pl/en/

  • Focus sur le modèle animal : Une promenade qui se transforme en tour du monde

    Docteur, pouvez-vous nous parler de l’ENVA et de votre participation au projet de CARMAT ? L’ENVA a été créée en 1765 : c’est la plus ancienne école vétérinaire au monde encore sur son site d’origine. Elle accueille plus de 35 000 animaux par an, sur ses trois sites, dont un dans l’Yonne, dédié aux animaux de ferme. C’est aussi un centre de recherche spécialisé notamment dans la physiologie et la physiopathologie des modèles animaux. Lorsque nous avons été sollicités par CARMAT, l’objectif semblait simple, quelques animaux, sur peu de temps, essentiellement pour former les chirurgiens et les équipes aux gestes et aux procédures. Après les demandes de l’ANSM, cet objectif a été totalement revu. D’un suivi de 48 heures pour quelques sujets, nous sommes passés à plus d’une dizaine d’animaux réveillés, suivis 7j/7 et 24h/24 par une équipe médico-vétérinaire de spécialistes en anesthésie, réanimation, cardiologie, etc. C’est un peu comme si vous partiez pour une promenade en mer d’une journée et que vous vous retrouviez embarqué dans un tour du monde en équipe de plusieurs mois sans escale ! Nous avons réussi le challenge et surmonté les difficultés, mais avec le recul, je pense que si nous avions eu conscience de ces difficultés auparavant, nous aurions hésité à monter à bord ! Quels étaient les obstacles à surmonter ?Nous avons été confrontés à plusieurs difficultés sur le plan scientifique et médical. Tout d’abord, nous étions dans l’expérimental pur. Ce type d’essais sur le bovin a déjà eu lieu pour des systèmes d’assistance ou des cœurs artificiels, mais il n’y a pas de précédent en France ni d’étude publiée sur la circulation extracorporelle sur le veau. S’agissant d’un animal d’élevage, les pathologies cardiaques sont peu traitées chirurgicalement car le rapport coût/bénéfice est très défavorable. Nous avons dû tout défricher, apprendre, changer notre approche au fur et à mesure de l’expérience. Ensuite, nous n’avions qu’un seul modèle animal possible pour des questions de taille, le bovin. C’est parmi les modèles les plus complexes : quatre estomacs, rumination, herbivore, croissance très rapide, etc. La bonne fenêtre de poids et de taille pour la

    prothèse, 100 à 120 Kg, 2 à 3 mois, correspond au sevrage, c’est-à-dire à la transition entre un régime lacté et un régime herbivore qui pose des problèmes de glycémie. A cet âge, les organes importants, rein, foie, cerveau, ne sont pas encore tout à fait fonctionnels. Il a aussi fallu sélectionner une race dite « à viande », pour leur thorax plus développé et plus adapté à la prothèse, mais ces animaux sont très « musclés », ce qui implique un débit cardiaque plus important, jusqu’à 15 litres par minute, soit presque 170% du débit maximal de la prothèse. De ce fait, tous les animaux implantés présentaient immédiatement une insuffisance cardiaque qui s’aggravait au fur et à mesure que leurs besoins métaboliques augmentaient avec leur croissance. Un suivi à plus long terme était donc inconcevable. Même avec cette taille et ce poids, nous avons été confrontés à des problèmes de compression pulmonaire en raison de différences anatomiques majeures avec l’homme. En fait, avec un grand thorax, nous avions des problèmes de circulation (pas assez de débit), avec un plus petit, des problèmes de ventilation (compression des poumons) : la

    quadrature du cercle.Avez-vous aussi été confrontés à des difficultés chirurgicales ?Inévitablement, en raison des différences anatomiques majeures. Heureusement, les chirurgiens, très expérimentés, ont réussi à les contourner. En fait, il est légitime de se demander si le modèle est vraiment transposable dans la mesure où il n’y a pas d’adaptation anatomique, pas de débit

    suffisant, pas du tout la même physiologie… Bien entendu, il est normal que toutes les précautions soient respectées avant une première humaine, mais est-ce vraiment la bonne précaution ? En tout cas, si une chose est sûre, grâce à ces tests, c’est que la prothèse fonctionne : aucune prothèse n’a lâché, malgré des débits maximum et des procédures complexes.En conclusion, comment qualifieriez-vous cette expérience ?Un seul mot pour qualifier l’expérience CARMAT : extraordinaire, malgré toutes les difficultés. Extraordinaire sur le plan scientifique : c’est participer à la réalisation d’un rêve qui devient réalité et une occasion qui n’arrive qu’une fois dans une vie. Et extraordinaire surtout du point de vue humain, grâce à un travail d’équipe inouï, qui a associé de multiples cultures, personnalités et formations scientifiques. Je tiens en particulier à remercier mon équipe vétérinaire, et notamment le Dr Thomas Lilin et le Dr Guillaume Belbis, ainsi que le Pr Bernard Cholley et le Dr Denis Méléard du service Anesthésie-réanimation de l’HEGP. Si c’était à refaire, on le referait, d’autant plus sereinement grâce à l’expérience acquise. Il y a aussi une petite pointe d’orgueil national, pour un produit unique, conçu, développé et testé en France.

    Une interview du Docteur Luca Zilberstein, Dipl ECVAA, DVM, PhD, Maître de conférences en Anesthésie et réanimation, Chef de service d’anesthésie à l’École Nationale Vétérinaire de Maisons-Alfort (ENVA)

    Focus sur les bancs d’essais et les simulateurs un entretien avec Paul Kohler, Responsable du pôle Algorithmes et Fonctionnelmodélisations sont irremplaçables pour tester des situations qu’on ne pourrait pas tester sur un banc physique et encore moins sur un être vivant, comme des surpressions ou des dépressions extrêmes. Ces bancs virtuels permettent aussi d’éviter, en les simulant, de consommer des composants coûteux comme les moteurs ou les capteurs et d’effectuer tous les pré-tests avant de lancer la fabrication d’un banc sur mesure. Par exemple, notre banc virtuel HIL (Hardware In the Loop) n’est pas très photogénique mais très utile. C’est une grosse boîte noire associée à un PC. Le PC simule la prothèse, et l’électronique dans la boîte noire simule le corps humain. En y téléchargeant le logiciel de la prothèse, on peut tester de manière économique beaucoup d’hypothèses difficiles, voire impossibles à tester en réel, comme que ce

    passe-t-il si un moteur casse ou si un capteur ne capte plus. En fait, on simule la réponse des actionneurs aux capteurs par des équations mathématiques. Les tests réels, comme leur nom l’indique, permettent de tester un objet réel, comme la prothèse, dans un environnement le plus proche possible de la vraie vie. De quel banc êtes-vous le plus fier ?Sans aucun doute, du banc hémodynamique évolué qui reproduit le circuit sanguin.

    C’est celui pour lequel nous avons eu le plus d’échanges avec les médecins puisqu’il nous permet de valider la réponse automatique aux besoins des patients en simulant des cycles de vie physiologiques, comme une journée normale, mais aussi des situations pathologiques comme une hémorragie. C’est notre

    banc le plus abouti, qui prend en compte toute notre expérience des autres tests, réels ou virtuels, puisqu’il permet 3 modes de fonctionnement : 100% simulé, le vrai logiciel d’auto-régulation et le reste simulé, 100% réel avec une vraie prothèse et son contrôleur.Qu’est-ce qui vous a amené à rejoindre CARMAT pour diriger ce pôle ? J’ai rejoint le GIE CARMAT en tant que prestataire il y a 11 ans déjà. Lorsque la Société s’est crée en 2008, je l’ai naturellement rejointe. J’ai une formation d’ingénieur maître en génie électrique et informatique industrielle. Avant Matra, j’avais aussi travaillé avec l’Anvar, l’ancêtre d’Oseo, pour faciliter le transfert technologique entre recherche académique et industrie et développé l’expérience des projets interdisciplinaires, associant électronique, mécanique et informatique.

    Banc hémodynamique évolué

    CHUVA - Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire de Maisons-Alfort

  • Les actionnaires ont la parole

    Valérie Leroy Directrice Marketing & Relations InvestisseursTél : 01 39 45 64 50Email : [email protected] Web : www.carmatsa.com

    Communication financièreTél : 01 44 71 94 94 Email : [email protected]

    Contacts

    Agenda financierLundi 2 septembre 2013Résultats semestriels 2013

    CARMAT dans la presse

    16 mai 2013« Greffer un cœur artificiel ressemblant en tout point au cœur humain, cela pourrait être une réalité dès demain. En effet, ce mardi, la société française CARMAT a reçu l’autorisation pour effectuer les premières implantations humaines de son cœur artificiel. »

    16 mai 2013« Si tout se passe bien, le lancement commercial pourrait intervenir en 2015, voire dès l’an prochain. Les actionnaires qui ont soutenu cette innovation 100% française devraient alors en voir les premières retombées financières. »

    16 mai 2013« […] une vingtaine d’essais concluants menés dans des établissements européens permettront à CARMAT d’obtenir la certification CE, synonyme de mise sur le marché européen…et donc français, où quelques milliers de patients seraient concernés. »

    15 mai 2013« La société française CARMAT qui développe un cœur totalement artificiel, vient d’obtenir l’autorisation de quatre centres de chirurgie cardiaque pour effectuer les premières implantations humaines. »

    15 mai 2013« Le cœur artificiel de la jeune société high-tech basée à Vélizy entend pallier le manque de greffons dont sont victimes les patients souffrant d’insuffisance cardiaque avancée. Plus de 20 millions de malades sont concernés par cette maladie en Europe et aux Etats-Unis à ce jour. »

    14 mai 2013« Le rêve du célèbre chirurgien cardiaque Alain Carpentier, qui a inventé le cœur artificiel totalement implantable, va devenir réalité après vingt ans d’un développement acharné. »

    CARMAT et la Bourse au 30 juin 2013Cours : 112,68 €Nombre d’actions : 4 169 895Flottant : 27,9 %

    Libellé : CARMATMnémonique : ALCARCode ISIN : FR0010907956

    ALCARNYSE

    ALTERNEXT.

    LISTED

    Performance de l’action au 30 juin 2013 Evolution du cours : -11,54 % (+1,73 % pour Alternext et +2,69% pour le CAC 40)Liquidité : 6 235 titres/jour en moyenne sur le semestre

    Mai-

    CARMATCAC 40Alternext

    (base 100 au 31.12.2012)

    La première implantation sera-t-elle faite en France ou dans un autre pays ?La mise en place d’accords cliniques à l’étranger répond à deux objectifs. D’une part, l’établissement d’une étude multicentrique internationale fait partie des bonnes pratiques cliniques. Cela permet d’éliminer les biais qui pourraient être introduits si l’essai se déroulait dans un seul centre ou un seul pays. D’autre part, cela permet d’assurer une base globale à un produit qui n’a pas vocation à se limiter au seul marché domestique, l’insuffisance cardiaque étant un problème de santé mondial. Depuis l’annonce de l’accord clinique avec les quatre centres retenus, nous avons bien avancé dans la formation des équipes médicales et dans la sélection des patients. La mise en place de cette stratégie multi-pays nous a confortés dans notre capacité à opérer de manière très efficace à l’international et à interagir avec les équipes locales, avec le support d’équipes françaises extrêmement bien formées et expérimentées. Cette stratégie n’invalide en rien notre volonté de réaliser des essais cliniques en France, Cependant à ce stade, nous ne pouvons pas encore prédire la nationalité du premier patient qui recevra notre cœur artificiel.

    Quand devrait-t-on s’attendre à cette première implantation ?Notre calendrier présenté dans le dernier document de référence reste pour l’instant

    inchangé. Nous espérons toujours finaliser la première phase clinique, l’étude de faisabilité, au cours de ce deuxième semestre, afin d’obtenir les autorisations nécessaires pour débuter la deuxième phase clinique, l’étude pivot, avant la fin de l’année.

    Pourquoi avez-vous mis en place le financement optionnel qui a quand même un effet dilutif sur le capital ?Nous souhaitons que les deux phases d’essais qui approchent se fassent rapidement et dans les meilleures conditions. C’est pourquoi nous avons souhaité sécuriser en amont notre structure financière afin de pouvoir mobiliser les fonds nécessaires en fonction des besoins de chacune des phases cliniques. Plusieurs options étaient à l’étude, mais c’est finalement la ligne optionnelle de financement en fonds propres qui a recueilli le consensus du Conseil d’administration. Cette solution a été jugée plus efficiente par rapport aux coûts qu’engendrerait une augmentation de capital classique, et son effet dilutif est limité à 4,81%, compte tenu d’un maximum de 200 000 actions qui pourraient potentiellement être émises au cours des 2 années de validité du dispositif. De plus, CARMAT peut décider des dates et des quantités de chaque tirage en fonction de l’avancement du projet.