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1 Jeudi 20 septembre 2012 ÉVÉNEMENT / EVENT LE VOYAGE EN ORIENT UN ÉCRIVAIN, UN JOUR / AN WRITER, A DAY VéNUS ATTRAPE-MOUCHE The Venus Flytrap Dédiée aux grands peintres de la seconde école de Paris,de Karel Appel à ZaoWou-Ki,la galerie Applicat- Prazan que dirige Franck Prazan défend l’excellence depuis plus de vingt ans, avec une exigence inégalée que reflètent également ses coups de cœur. Dedicated to the great painters of the 2 nd School of Paris Karel Appel to Zao Wou-Ki, the Galerie Applicat-Prazan led by Franck Prazan has been showcasing excellence for over twenty years, with an unmatched exigency also reflected in his personal favourite pieces of the Biennale. p. 6 INTERVIEW Franck Prazan « C’est une magnifique Biennale. On retrouve ici l’aura pour laquelle il est important de se battre. La Biennale est unique, et attire les clients internationaux en quête d’exception. » Ainsi parle Benjamin Steinitz (N03), dont le vase d’édouard Lièvre, la table de milieu aux « chimères » réalisée par le fondeur ciseleur Pierre-Philippe Tomire à l’époque du Directoire, comptent avec les coupes du duc d’Orléans, parmi les splendeurs de ce stand aux allures de château éphémère. Même écho chez Chadelaud (S25), où les garnitures de cheminée orientaliste en bronze doré et martelé de Lièvre aimantent de nouveaux clients. « Les Chinois n’ont pas l’impression d’être loin de leur art. » La bataille de l’excellence se joue à l’intérieur et au-delà des frontières. Berlin, Milan, Madrid, New York, Moscou, Istanbul, Hongkong, Shanghai, Taipei, Singapour, Kiev. D’ambassades en consulats, de conférences de presse en dîners privés spécialement organisés par des collec- tionneurs pour le Syndicat National des Antiquaires, au printemps, la préparation de la Biennale a rimé avec un véritable tour du monde. Lequel aujourd’hui porte ses fruits, magnifiant l’identité forte de ses racines, d’un goût envié par tous les visiteurs étrangers. “This is a wonderful Biennale. One finds here the aura which is important we fight for.The Biennale is unique and attracts international clients seeking exception”. Thus speaks Benjamin Steinitz (N03), whose Edward Lièvre vase,“chimeras” center table created by the foundry and engraving artist Pierre-Philippe Tomire during the Directoire period and Duke of Orléans’s cups, feature amongst the splen- dours showcased at the ephemeral castle-like stand. Likewise at Chadelaud’s (S25) where the orientalist chimney adornments of gilted and hammered Lièvre bronze allure new clients. “The Chinese do not feel far from their art”.The Battle for excellence is engaged within the country and abroad. Berlin, Milan, Madrid, New York, Moscow, Istanbul, Hong Kong, Shanghai,Taipei, Singapore, Kiev. From embassies to consul- ates, from press conferences to private dinners specially orga- nized by the Syndicat National des Antiquaires last spring, the preparations for the Biennale have been synonymous with world tour.These travels, today, bear fruit, magnifying a iden- tity strong from its roots up, from its taste envied by all foreign visitors. L.B. Édito N°7 LA BATAILLE DE L’EXCELLENCE Le Quotidien de la Biennale L’Indienne Abha Dawe- sar, qui publie cet automne Sensorium (édi- tions Héloïse d’Ormes- son), célèbre la finesse et l’épure de ce bureau signé Marcel Coard chez Félix Marcilhac (S08), digne de la laisser imaginer une femme « qui veut écrire comme un homme ». The Indian Dawesar Abha, who published this autumn Sensorium (Édi- tions Héloïse d’Ormesson) celebrates the finesse and purity of this desk created by Marcel Coard at Felix Marcilhac’s (S08), worthy of letting her imagine a woman “who seeks to write like a man.” p. 8 A Journey to the East Meuble de cour Ottoman à décor orientaliste. Istanbul, daté A. H. 1319, (1901-1902). Ottoman court cabinet with eastern decor. Istanbul, dated A.H. 1319, (1901-1902 A.D.). ATELIER DL, STAND G5-6 Marcel Coard (1889- 1974), bureau plat à bâti en chêne laqué noir. GALERIE FELIX MARCILHAC, STAND S08 Marcel Coard (1889- 1974), flat black lacquered oak frame desk. Nicolas de Staël (1914-1955), Paysage, 1952, huile sur toile. Nicolas de Staël (1914- 1955), Landscape, 1952, oil on canvas. APPLICAT-PRAZAN, STAND S06 Un meuble de cour Ottoman, une idole Amlash de l’Iran ancien, un khanjar moghol à poignée de jade : le raf- finement prend les cou- leurs d’un voyage vers l’ailleurs. An Ottoman court cabinet, an Amlash idol from ancient Iran, a Mughal khanjar jade handle: refinement takes the form of colourful journey to the elsewhere. p. 2-3 © J.Piatti

N°7 Le Quotidien de la Biennale-Paris 2012

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N°7 20 septembre 2012 Réalisé par Stiletto 26° Biennale des Antiquaires Grand Palais , Paris 2012

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Jeudi 20 septembre 2012

événement / event

Le voyage en orient

un écrivain, un Jour / An writer, A dAy

vénus attrape-mouche

The Venus FlytrapDédiée aux grands peintres de la seconde école de paris, de Karel appel à Zao Wou-Ki, la galerie applicat-prazan que dirige Franck prazan défend l’excellence depuis plus de vingt ans, avec une exigence inégalée que reflètent également ses coups de cœur.

Dedicated to the great painters of the 2nd School of Paris Karel Appel to Zao Wou-Ki, the Galerie Applicat-Prazan led by Franck Prazan has been showcasing excellence for over twenty years, with an unmatched exigency also reflected in his personal favourite pieces of the Biennale. p. 6

interview

Franck prazan

« C’est une magnifique Biennale. On retrouve ici l’aura pour laquelle il est important de se battre. La Biennale est unique, et attire les clients internationaux en quête d’exception. » ainsi parle Benjamin steinitz (n03), dont le vase d’édouard Lièvre, la table de milieu aux « chimères » réalisée par le fondeur ciseleur pierre-philippe tomire à l’époque du Directoire, comptent avec les coupes du duc d’orléans, parmi les splendeurs de ce stand aux allures de château éphémère. même écho chez chadelaud (s25), où les garnitures de cheminée orientaliste en bronze doré et martelé de Lièvre aimantent de nouveaux clients. « Les Chinois n’ont pas l’impression d’être loin de leur art. » La bataille de l’excellence se joue à l’intérieur et au-delà des frontières. Berlin, milan, madrid, new york, moscou, istanbul, hongkong, shanghai, taipei, singapour, Kiev. D’ambassades en consulats, de conférences de presse en dîners privés spécialement organisés par des collec-tionneurs pour le syndicat national des antiquaires, au printemps, la préparation de la Biennale a rimé avec un véritable tour du monde. Lequel aujourd’hui porte ses fruits, magnifiant l’identité forte de ses racines, d’un goût envié par tous les visiteurs étrangers.

“this is a wonderful Biennale. one finds here the aura which is important we fight for. the Biennale is unique and attracts international clients seeking exception”. Thus speaks Benjamin Steinitz (N03), whose Edward Lièvre vase, “chimeras” center table created by the foundry and engraving artist Pierre-Philippe Tomire during the Directoire period and Duke of Orléans’s cups, feature amongst the splen-dours showcased at the ephemeral castle-like stand. Likewise at Chadelaud’s (S25) where the orientalist chimney adornments of gilted and hammered Lièvre bronze allure new clients. “the chinese do not feel far from their art”. The Battle for excellence is engaged within the country and abroad. Berlin, Milan, Madrid, New York, Moscow, Istanbul, Hong Kong, Shanghai, Taipei, Singapore, Kiev. From embassies to consul-ates, from press conferences to private dinners specially orga-nized by the Syndicat National des Antiquaires last spring, the preparations for the Biennale have been synonymous with world tour. These travels, today, bear fruit, magnifying a iden-tity strong from its roots up, from its taste envied by all foreign visitors. L. B.

édito

N°7

La BataiLLe De L’exceLLence

Le Quotidien de la Biennale

L’indienne abha Dawe-sar, qui publie cet automne Sensorium (édi-tions héloïse d’ormes-son), célèbre la finesse et l’épure de ce bureau signé marcel coard chez Félix marcilhac (s08), digne de la laisser imaginer une femme « qui veut écrire comme un homme ».

The Indian Dawesar Abha, who published this autumn sensorium (Édi-tions Héloïse d’Ormesson) celebrates the finesse and purity of this desk created by Marcel Coard at Felix Marcilhac’s (S08), worthy of letting her imagine a woman “who seeks to write like a man.” p. 8

A Journey to the East

meuble de cour ottoman à décor orientaliste. istanbul, daté a. h. 1319, (1901-1902).

Ottoman court cabinet with eastern decor. Istanbul, dated A.H. 1319, (1901-1902 A.D.).

Atelier Dl, stAND G5-6

marcel coard (1889-1974), bureau plat à bâti en chêne laqué noir.

GAlerie Felix MArcilhAc, stAND s08

Marcel Coard (1889-1974), flat black lacquered oak frame desk.

nicolas de staël (1914-1955), Paysage, 1952, huile sur toile.

Nicolas de Staël (1914-1955), Landscape, 1952, oil on canvas.ApplicAt-prAzAN, stAND s06

un meuble de cour ottoman, une idole amlash de l’iran ancien, un khanjar moghol à poignée de jade : le raf-finement prend les cou-leurs d’un voyage vers l’ailleurs.

An Ottoman court cabinet, an Amlash idol from ancient Iran, a Mughal khanjar jade handle: refinement takes the form of colourful journey to the elsewhere. p. 2-3

© J.

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Le voyage en orient

On the Silk Route

Focus événement

D urant le haut moyen Âge, l’asie centrale était un centre majeur de production de textiles, notam-ment de soies, qui étaient diffusés et commercialisés

par la route de la soie reliant la chine à l’empire romain. De nombreux ateliers de tissage furent fondés sur cette célèbre route, principalement dans la partie occidentale de la chine, dans les actuelles provinces du qinghai et du xinjiang. ces ateliers accueillaient des artisans étrangers, perses, sassanides, travaillant sur le sol chinois, apportant avec eux leurs tech-niques de tissage et leur répertoire décoratif, souvent composé d’animaux affrontés dans des rondelles, ainsi que de motifs végétaux, notamment palmettes et arbres de vie. La fragilité de ces pièces de tissu fait que très peu d’entre elles sont parvenues jusqu’à nous.

D uring the High Middle Ages, Central Asia was a major center for the production of textiles, including silks, which were distributed and marketed by the Silk Route

connecting China to the Roman Empire. Many weaving workshops were set up on this famous road, mainly in the western part of China, in the current provinces of Qinghai and Xinjiang. These workshops hosted foreign artisans: Persians, Sassanids, working on Chinese soil, bringing with them their weaving and decorative repertoire, often composed of animals and plant motifs, including palms trees and trees of life. The fragility of these pieces of fabric means that very few of them have survived. A. M.

Fragment de textile,asie centrale, viie-viiie siècles.

Fabric fragment, Central Asia, 7th-8th centuries A.D.

sur La routeDe La soie

A Journey to the East

GAlerie christiAN DeyDier, stAND s33

Du désert marocain aux steppes de l’asie cen-trale, en passant par constantinople, samar-cande et l’inde moghole, nombreuses sont ces contrées éloignées qui, de tout temps et par goût de l’exotisme, ont fait rêver les occiden-

taux. si les marchands avaient depuis longtemps ouvert la voie orientale, les grands voyages, démarrés au xve siècle, connurent leur apogée au xixe siècle. parmi les premiers explorateurs en terra incognita, certains ont écrit des livres décrivant leur périple. D’autres encore, qui étaient peintres, ont croqué les premières images in situ. Leurs récits, dessins et tableaux ont à leur tour ins-piré plusieurs générations d’artistes. Des voyageurs ramenèrent aussi des objets précieux témoignant d’un véritable savoir-faire artistique et dont les motifs orientaux de fl eurs, végétaux et oiseaux, ont notamment donné un nouveau souffl e aux arts décoratifs européens. parallèlement, des campagnes de fouilles ont mis au jour les vestiges de grandes civilisations disparues qui régnaient sur le monde antique il y a des millénaires : peuples babylonien, assyrien et perse. Leurs productions artistiques, à l’instar des statuettes votives en terre cuite, pierre ou bronze, éblouissent par leur degré de technicité et de raffi nement, mais également par leur modernité, fruit d’une stylisation très poussée. La Biennale rassemble nombre de ces objets : idole amlash de l’iran ancien aux courbes voluptueuses, veste d’asie centrale à décor d’oiseaux du viiie siècle, plat turc iznik en céramique au décor très graphique, khanjar moghol à poignée en jade fi nement sculpté, miniature indienne aux rehauts d’or, paysage marocain du xixe aux couleurs chatoyantes, qui sont une belle invitation au voyage. Armelle Malvoisin

Félix Ziem, La Mosquée de Yeni Cami, Istamboul, huile sur panneau.

Félix Ziem, yeni cami mosque, istanboul, oil on panel.

GAlerie Ary JAN, stAND Ms01-02

philippe-Joseph Brocard (1831-1896), vase en verre souffl é à décor émaillé.

Philippe-Joseph Brocard (1831-1896), blown-glass vase with enameled polychrome and gold decor.

chADelAuD, stAND s25-26

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chiFFres clÉs

180,98 : le poids en carats du saphir lestant le collier haute joaillerie en or jaune, émeraudes et diamants pavés, signé Bulgari / 180,98 carats: weight of the sapphire embellishing the Fine Jewelry necklace in yellow gold, emerald and diamond stones, signed Bulgari.

10 grands chefs étoilés se succèdent au restaurant éphémère de la Biennale des antiquaires, avec la collaboration de potel et chabot et de relais & châteaux / 10 top chefs hosting in turn at the Biennale des Antiquaires’ temporary restaurant, in collaboration with Potel et Chabot and Relais & Châteaux.

34 exposants sont accueillis au salon d’honneur / 34 exhibitors are accomodated in the Salon d’Honneur.

où nous font voyager les peintres orien-talistes que vous exposez à la biennale ?La peinture orientaliste entraîne le spectateur principalement en Égypte, mais aussi en Algérie,

en Tunisie et au Maroc, notamment grâce aux liens tissés avec les colonies.

Quelle vision transposent-ils dans leurs tableaux ?D’un artiste à l’autre, l’approche est très différente. Par exemple, le peintre Henri Rousseau a vécu durant de longues périodes au Maroc. Il donne de ce pays une vision réaliste en peignant surtout l’univers des cavaliers dont il était très proche. A contrario, Fernand Cormon porte un regard beaucoup plus idéalisée sur l’Orient, en représentant des scènes d’intérieur et de harem imaginées, car il n’en a jamais eu l’accès.

Quel est le maître du genre ?Le plus grand peintre orientaliste de la période est sans conteste Jean-Léon Gérôme, dont nous sommes heureux de présenter un tableau. Ses œuvres sont d’une qualité technique extraordinaire, d’une fi nesse et d’une justesse rare. De plus, le peintre aura une infl uence considérable sur plusieurs générations d’artistes.

3 Questions À MATHIAS ARY JAN (ARY JAN, STAND MS01-02)

3 questions to Mathias ary Jan (ary Jan, stand Ms01-02)

Key figures

« il faut bien qu’il se soit joué là-bas un acte inoubliable de cette féérie noire qui a été ma vie, pour que je m’inquiète ainsi de la pensée d’y retourner ; pour que tout ce qui en vient, un mot tartare qui me repasse en tête, une arme d’orient, une étoffe turque, un parfum aussitôt me plonge dans une rêverie d’exilé où réapparaît stamboul ! »

“Something akin to a memorable act of that black magic that has

been my life must have played out over there, for me to be

thus worried about the thought of going back, for all that comes from there, a Tartar word that passes through my head, an Eastern weapon, a Turkish fabric, a perfume, immediately plunges me into the reverie of an exiled where Istanbul

reappears!”

Pierre Loti,Aziyadé

Where are we are traveling to with the Eastern painters you are showcasing at the Biennale?oriental painting leads the viewer mainly to egypt, but also algeria, tunisia and morocco, thanks namely to the links forged by the colonies.

What vision do they transpose in their paintings?From one artist to another, the approach is very different. For example, the painter henri rousseau lived for long periods of time in morocco. he renders a very realistic vision of this country by painting especially the world of horsemen whom he was very close to. conversely, Fernand cormon offers a much more idealized vision of the east, depicting scenes of interior and imagined harems, since he never had access to them.

Who is the master of the genre?the greatest oriental painter of the period is undoubtedly Jean-Léon gérôme, of whom we are pleased to present a painting. he’s works are of extraordinary technical quality, of rare fi nesse and precision. in addition, the artist will have a considerable infl uence over several generations of painters.

collier en or blanc, émeraudes, diamants et turquoises.

Necklace in white gold, emeralds, diamonds and turquoises.

BulGAri, stAND s18

F rom the Moroccan desert to the steppes of Central Asia via Constantinople, Samarkand and Mughal India, there are many such remote areas which have at all times,

captivated the dreams of Westerners with a taste for the exotic. If merchants had long since paved the way east, the great journeys started in the 15th century reached their peak in the 19th century. Amongst the early terra incognita explorers, some have written books describing their journey. Others who were painters, sketched the fi rst images in situ. Their stories, drawings and paintings in turn inspired several generations of artists. Travelers also brought back valuable items refl ecting a true artistic know-how and whose oriental motifs composed of fl owers, plants and birds, in particular, gave new impetus to European decorative arts. Meanwhile, excavations uncovered the remains of great civilizations that ruled the ancient world millennia ago: the people of Babylonia, Assyria and Persia. Their artistic productions, such as the votive terracotta stone or bronze statuettes, dazzled by their levels of technique and refi nement, and also by their modernity as a result of very thorough styling. The Biennale brings together many of these objects: Amlash idol from ancient Iran with voluptuous curves, a jacket from Central Asia decorated with birds from the 8th century, Turkish Iznik ceramic dish very graphically decorated, fi nely carved Mughal khanjar jade handle, Indian miniature with gold highlights, 19th century Moroccan landscape with shimmering colours... which all constitute beautiful invitations to travel. Armelle Malvoisin

Bague Dentelle opale d’orient en platine, or jaune, diamants, opale noire, grenats, rubis,spinelles et tanzanites.

Eastern Lace Opal Ring in platinum, yellow gold, diamonds, black opal, garnets, rubies, spinels and tanzanites.

Dior, stAND s17

plat iznik, céramique siliceuse à décor peint sous glaçure incolore, turquie, xviie siècle.

Iznik dish, siliceous ceramic with painted decoration under colourless glaze, Turkkey, 17 th century.

Alexis reNArD, stAND h8

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comment avez-vous préparé cette Biennale ?Dans mon registre spécialisé des peintres de la seconde École de Paris, je me suis concentré sur une trentaine d’artistes. J’ai finalement sélectionné une quinzaine d’œuvres majeures qui est exposée sur notre stand. Convoquer et conserver un ensemble d’œuvres significatives en vue de les montrer à la Biennale est un travail qui prend facilement deux années. Parmi les masterpieces que je présente cette année, figurent un tableau de Poliakoff de 1952, le plus important actuellement sur le marché ; un tableau historique de 1950 par Jean Hélion, représentant trois nus au gisant, ainsi qu’un chef-d’œuvre de Zao Wou-Ki qui a été maintes fois reproduit dans les monographies et catalogues d’exposition consacrés à l’artiste. Il illustre la couverture du catalogue de la grande rétrospective du Jeu de Paume à Paris en 2003. J’ai également à cœur de dévoiler un paysage abstrait peint par Nicolas de Staël en 1952, sans oublier une toile monumentale de Georges Mathieu : cet artiste talentueux est décédé cette année et je voulais lui rendre hommage.

comment s’inscrit la Biennale dans la program - mation des foires auxquelles participe votre galerie ?C’est le rendez-vous de l’année. Parce que lorsqu’on défend des artistes ayant travaillé à Paris, il me paraît essentiel de les montrer à Paris. Plus qu’une foire, la Biennale est une marque et un patrimoine indissociable de Paris. Elle est aussi un rendez-vous très attendu par ma clientèle. De la même façon que les grands joailliers font coïncider la sortie de leurs nouvelles collections avec le lancement de la Biennale, je garde pour l’événement des œuvres exceptionnelles que je ne montrerais pas dans ma galerie, ni sur d’autres foires ou salons. Mes clients savent cela. Il ne faut pas trop leur dévoiler à l’avance ce que l’on va montrer à la Biennale : l’effet de surprise est important.

Quelle évolution connaît votre domaine artistique ?La galerie a vingt ans d’existence. Or, depuis quatre ou cinq ans, ma grande difficulté est davantage de trouver de beaux tableaux que des clients pour les acheter. Ce qui prouve bien que les artistes que je soutiens sont devenus de véritables valeurs patrimoniales. J’espère que cette situation va perdurer et que la demande sera toujours aussi soutenue. Ce dont je suis totalement convaincu.

How did you prepare for the Biennale?Within specialized repertoire of painters from the 2nd school of paris, i focused on thirty artists. i finally selected a dozen major works that are exposed on our stand. to convene and maintain a significant body of work for the show at the Biennale is a task that can easily take two years. amongst the masterpieces that i present this year are included a poliakoff painting from 1952, the largest on the market, a historical 1950 painting by Jean helion, depicting three lying nudes along with a masterpiece by Zao Wou-Ki has been repeatedly been reproduced in monographs and exhibition catalogs devoted to the artist. it illustrates the cover of the catalog of a major retrospective at the Jeu de paume in paris in 2003. i also wish to reveal a 1952 abstract landscape painting by nicolas de staël, not to mention a monumental canvas by georges mathieu: this talented artist died this year and i wanted to honor him.

How does the Biennale fit into your gallery’s fairs programming?it is truly the rendez-vous of the year. Because when one defends artists who worked in paris, it seems essential to showcase them in paris. more than a fair, the Biennale is a trademark and a heritage inseparable from paris. it is also a long-awaited appointment for my clients. in the same way that great jewelers coincide the release of their new collections with the launch of the Biennial, i keep for this event exceptional works that i will not show in my gallery or on other fairs or exhibitions. my clients know that. i do not wish to reveal too much in advance what we will be showcasing at the Biennale though: the element of surprise is important.

What evolution has your artistic area of expertise known?the gallery is over 20 years old. For the past 4 or 5 years, my biggest challenge has been to find more beautiful pieces than customers to buy them. Which proves that the artists i support have become real patrimonial assets. i hope that this situation will continue and that demand will remain as strong of which i am totally convinced. Interview : A. M.

idole féminine,art cycladique, milieu

du iiie millénaire av. J.-c.

« J’aime l’idole cycladique pour sa beauté épurée et son profond mystère. J’aime sa modernité et son apport à la civilisation du beau. »

“i love the cycladic idol for its refined beauty and profound mystery. i love its modernity and its contribution to the civilization of beauty.”

phoeNix ANcieNt Art, stAND s02

Female Idol,Cycladic Art, middle of the 3rd millennium B.C.

passion et conviction

GaLeriste

Passion and Conviction

Franck Prazan, galerie applicat-Prazan, stand s06

riesener, commode en marqueterie

et bronze, vers 1770.

« J’aime la commode de Riesener par ce qu’elle évoque du grand goût français, par sa pertinence dans un univers minimaliste contemporain. Elle justifierait à elle seule l’admiration que je voue aux grands antiquaires qui, par leur travail et leur persévérance, participent au rayonnement de la France. »

“i love the reisener commode for what it evokes of great French taste and its relevance in a contemporary minimalist universe. this alone would justify the admiration i hold for great antique dealers who by their work and perseverance, participate in the influence of France.”

KrAeMer, stAND N32

Riesener, marquetry with bronze mounts commode, circa 1770.

yves Klein, F 124, 1961, feu et résine ininflammable sur

carton marouflé sur panneau.

« J’aime ce grand Feu de Klein pour la rupture qu’il instaure entre art moderne et art contemporain. Je l’aime aussi et surtout par ce qu’il démontre d’une sensibilité hégémonique et rémanente par-delà tous les moyens et les formes de son expression. »

“i love this great Fire by Klein for the breaking point it constitutes between modern art and contemporary art. i also and especially love it for the hegemonic and remnant sensitivity it demonstrates beyond all means and forms of its expression.”

l&M Arts, stAND s31

Yves Klein, F 124, 1961,Fire and flame-resistant resin on card laid down on panel.

ses 3 couPs de cœur

his 3 favorites

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SANFORD L. SMITH & ASSOCIATESNEW YORK+SYNDICAT NATIONAL DES ANTIQUAIRESPARIS

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de Jonckheere Kraemer et Compagnie DJL Lalique Galerie Lansberg Galerie Laurentin Galerie Brame & Lorenceau Yves Macaux Galerie Alain Marcelpoil Galerie Marcilhac Mayoral Galeria d’ArtGalerie Le Minotaure Joan Mirviss Moderne Gallery Modernity Galerie Alain de Monbrison Lillian Nassau LLC nexxt20 Galerie du Passage Galerie Diane de Polignac Primavera Gallery R 20th Century Sladmore Gallery A.F. Toninelli Art Moderne Galerie Vallois Robilant + Voena Galerie Zlotowski

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Des meubles en bois luxueux, certains arborant une poignée en racine, discrète évocation de l’esprit du Japon si cher à charlotte perriand : François Laffanour (galerie Downtown, s04) nous invite dans la maison de la famille Borot aménagée par l’architecte en 1959. Le temple de phoenix ancient art (s02), auguste écrin où se nichent de merveilleux antiques, nous transporte entre 2 000 et 4 000 ans en arrière. chez marc maison (s10), le visiteur est accueilli dans le salon gainé de velours frappé vert émeraude d’un esthète de la fin du xixe siècle, peut-être même celui de sarah Bernhardt. La luxuriante et chaleureuse ambiance des inté-rieurs napoléon iii est reconstituée dans ses moindres détails, avec ses crémones en bronze et sa riche passementerie. en hommage à un bureau de pierre chareau de 1925, la galerie marcilhac (s08) a dressé une majestueuse rotonde dont les courbes se jouent du volume cubique du stand, en résonance avec des sculptures géométriques de csaky. Là encore, la magie opère.

Luxurious wooden furniture, some pieces sporting root handles, a discreet reminsicence of the spirit of Japan so dear to Charlotte Perriand at François Laffanour (Galerie Downtown S04), invites us into the Borot’s house furnished by the architect in 1959. The Phoenix Ancient Art temple (S02), a noble setting where wonderful antiques nest, transports us back 2000 to 4000 years. At Marc Maison (S10), the visitor is greeted in a living room all wrapped in emerald green crushed velvet, probably belonging to a late 19th century aesthete or perhaps even Sarah Bernhardt. The lush and warm ambi-ence of Napoleon III-era interiors are restored in their every detail with bronze cremone bolts and rich trimmings. In tribute to Chareau’s office in 1925, the galerie Marcilhac (S08) has set up a majestic rotunda where curves play with the stand’s cubic volume, echoing the Csaky geometric sculptures. Yet again, magic unveils. A. M.

Le restaurant éphémère

chez les rostang, l’amour de la cui-sine se transmet en héritage. Fils et arrière-petit-fils de cuisiniers de tra-dition, michel rostang, deux étoiles au michelin, pérennise l’art d’une cuisine généreuse, en quête de per-fection. il est aujourd’hui à la tête de cinq restaurants à paris et alentours. son menu gastronomique préparé pour la Biennale des antiquaires est une fête haute en couleurs : homard bleu en petits farcis de tomate, velours courgette ; filet de saint-pierre en écailles de cèpes, risotto d’artichauts et cèpes ; jarret de veau braisé mille épices ; vacherin glacé aux mirabelles flambées pour fêter l’arrivée immi-nente de l’automne.

Magical Atmospheres

amBiances magiques

BiLLet d’humeur

un Jour un cheF

MArcMAisoN,stAND s10

GAlerie MArcilhAc, stAND s08

In the Rostang family, in the love of cuisine is passed-on by inheritance: son and great-grand-son of traditional cooks, Michel Rostang, with two Michelin stars, perpetuates the art of a generous cuisine in search of perfection. He is now the head of five restaurants in and around Paris. His gourmet menu prepared for the Biennial des Antiquaires is a colorful festival: small blue lobster stuffed with tomato, and zucchini velvet, John Dory filet with boletus mushroom scales, artichoke and mushroom risotto, braised veal shank with one thousand spices, flambé-ed iced Mirabelle Vacherin to celebrate the imminent arrival of autumn.

réservations : 01 53 23 15 25

Michel rostANG

Le quotidien de la Biennale

Paris Pendant La BiennaLe

« the colour red », jusqu’au 31/10/2012 galerie Mor-charpentier, 8 rue saint-claude, 75003. www.mor-charpentier.com

Jusqu’au 10 février 2013 auxArts décoratifs, 107 rue de rivoli, 75001. www.lesartsdeco-ratifs.fr

Jusqu’au 25 octobre 2012 à l’opéra Bastille, 75004. www.operadeparis.fr

20 rue d’Artois, 75008. tél. : 01 43 80 19 66

succes / manoLo vaLdés, Le Passé revisité

La marlborough gallery (n02), qui lui consacre un solo show, a déjà vendu sept de ses toiles. succès pour l’artiste contemporain espagnol, qui est déjà un classique et dont l’arsenal pictural, pigments d’huile dense, bouts déchirés et assemblés en toile de jute, sert de base à ces portraits hommages aux maîtres, de Lippi à vélasquez.

The Marlborough Gallery, which has devoted a solo show to the artist (N02), has already sold seven of his paintings. This is a success for the Spanish contemporary artist, already a classic whose pictorial arsenal, pigments of dense oil, torn and assembled pieces of burlap, tribute to the masters, from Lippi to Velasquez.

Le musée / the museum

van cleef & arpelsLe prestige et l’éclat des créations van cleef & arpels célébrés dans une rétrospective richement documentée et mise en scène par l’agence Jouin-manku.

Prestige and brilliance of Van Cleef & Arpels creations celebrated in a retrospective richly documented and staged by the agency Jouin-Manku.

La GaLerie / the GaLLerY

Liliana Porterses œuvres, qui font partie des collections du moma et du met, mettent en scène des figurines et des jouets pour interroger le rapport aux souvenirs et à l’enfance. une curiosité.

Her works, which are part of the MoMA and the Met collections, depicts figures and toys to question one’s relationship with childhood memories. A curiosity.

Le dÎner / the dinner

apiciustourte de canard, classique foie gras poêlé, soufflé au chocolat sans sucre… Les incontournables de Jean-pierre vigato se laissent savourer dans un jardin somptueux à deux pas de l’étoile.

Duck pie, classic pan-fried foie gras, chocolate soufflé without sugar ... The essentials of Jean-Pierre Vigato allow themselves be enjoyed in a sumptuous garden setting close to the place de l’Étoile.

L’oPéra / the oPera

Les noces de Figaroun chef-d’œuvre trépidant à revoir, avec les plus grands mozartiens de notre époque (Luca pisaroni, emma Bell, alex esposito) dans la production légendaire de giorgio strehler.

A trepident masterpiece hectic to see again, with the greatest Mozart experts of our time (Luca Pisaroni, Emma Bell, Alex Esposito) in the production of legendary Giorgio Strehler.

Karine Porret

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Le Quotidien de la Biennale est édité par le syndicat national des antiquaires www.sna-france.com conception et réalisation : stiletto éditions www.stiletto.frDirectrice éditoriale : Laurence BenaïmDesign : christophe renard et nathanaël Dayimpression : point 44, France, 2012. tous droits réservés.

Le quotidien de la Biennale is published by the Syndicat National des Antiquaires www.sna-france.com Conception and edition: Stiletto Éditions www.stiletto.frEditor: Laurence BenaïmDesign: Christophe Renard with Nathanaël DayPrinted: Point 44, France, 2012.All rights reserved.

météo du JourweAther of the dAy

Manolo Valdés, Perfil de dama con marco, 2012.

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Manolo Valdés, Perfil de dama con marco, 2012.

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Page 7: N°7 Le Quotidien de la Biennale-Paris 2012

Découvrir ou approfondir les grands thèmes classiques du marché de l’art

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Programme 2013 bientôt disponible Informations, tarifs et inscription : www.sna-france.com - Tél.: 01 44 51 74 74

Les derniers thèmes de la saison 2012Arts d'Asie - Porcelaine, par Thierry PortierArts d'Asie - Archéologie, par Christian DeydierPeinture XVII°, par Chantal MauduitPeinture XVIII°, par Bruno DesmarestPeinture XIX°, par François LorenceauPeinture XX°, par Anisabelle Berès-MontanariTapisserie, par Nicole de Pazzis-Chevalier

8/9 octobre15/16 octobre22/23 octobre

12/13 novembre19/20 novembre26/27 novembre

3/4 décembre

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s a forme est linéaire, simple. et pourtant, malgré ses angles droits et ses bords rectilignes, il a dû appartenir à une femme. sans doute une femme qui essayait d’écrire comme un homme ; qui tentait de cacher ses courbes sous une veste d’équitation masculine ou préférait les cols hauts et sévères.

cela fait si longtemps que nous divisons le monde en couples opposés : mâle et femelle, raison et sentiment, linéaire et circulaire, comme si l’expérience elle-même avait deux facettes. on a considéré le cerveau comme une machine qui séparait le sentiment de ce processus méticuleux appelé raison qui, grâce à une séquence de couples binaires, parvient à des conclusions non moins systématiques que celles obtenues au moyen d’un énorme outil informatique. mais le cerveau est tout entier dentelle. ses influx sont conduits dans de délicats axones arborescents. Les schémas et les règles de la biologie imposent leur libre forme à la chimie et à la physique. La vénus attrape-mouche détecte ses proies après qu’un objet a frôlé un poil sensitif, puis un deuxième en l’espace de vingt secondes. pour « se souvenir » du premier poil effleuré, l’attrape-mouche utilise le même canal conducteur à ions calcium que les neurones de notre cerveau pour transmettre l’information. posé sur le bureau, un vase au col long et étroit avec la tige de cette plante carnivore sert de muse à la femme au col haut qui veut écrire comme un homme. pourquoi voudrait-elle écrire comme un homme ? La vie est compliquée. cette pente glissante entre ce que nous sommes et ce que nous voulons être, ce que nous croyons être et la façon dont nous sommes perçus nous entraîne dans une danse aérienne – extension, contraction, rotation, balancement. et pourquoi cette femme écrirait-elle ? pour exprimer, découvrir, affirmer, imaginer ? Dans les tiroirs, à sa droite, reposent les outils de son art. plumes et encriers. Les tiroirs de gauche contiennent des carnets lus et relus, emplis d’annotations, peut-être même le croquis d’un attrape-mouche. pour une femme écrivain, ce bureau est une invitation. elle commence sur une feuille de papier vierge et écrit parce qu’elle ne veut pas de dépendance. écrire, c’est être devant le néant. il n’existe d’autre réalité sur ce papier que la sienne. elle ne veut plus écrire comme un homme ou une femme. créer, c’est commencer par le début et au début, elle peut être n’importe qui, elle-même aussi, ou personne.

vénus attrape-mouche

The Venus F lytrap

marcel coard (1889-1974),bureau plat à bâti

en chêne laqué noir.

Marcel Coard (1889-1974),flat desk, frame in black lacquered oak.

I ts form is linear, simple. And yet, despite its right angles and straight edges it should have belonged to a woman. Possibly a woman who tried to write like a man; who tried hiding her curves under a man’s riding coat or favored severe high-collars. For so long we’ve divided the world into male and female, reason

and sentiment, linear and circular, as if experience itself had two facets. The brain was considered a machine that separated feeling from that meticulous process called Reason, which proceeds through a sequence of binaries to arrive at conclusions no less systematic than those reached though a massive computational edifice.But the brain is all lace. Its impulses are conducted through delicate, branching axons. The shapes and rules of biology impose their free-form on chemistry and physics. The Venus flytrap detects prey after an object touches first one hair and then another within thirty seconds. To “remember” the first hair being touched, the flytrap uses the same calcium-ion channel to conduct impulses that the neurons in our brain use to pass information. A narrow vase with a stem of this carnivorous plant sits on the desk and serves as a muse for the woman with the high-collar who wants to write like a man.Why would she want to write like a man? Life is complicated. That slippery slope between who we are and who we want to be, who we think we are and how we are seen, sends us into an aerial dance – stretching, contracting, rotating, swinging. Why would this woman write at all? To express, to discover, to affirm, to imagine? In the drawers to her right are the tools of her trade. Pens and inkpots. The left contains well-thumbed notebooks replete with annotations, possibly even a sketch of a flytrap.For a writer this desk is an invitation. She begins on a blank sheet of paper and writes because she doesn’t want to de dependent. To write is to be formless. There is no reality other than hers on this paper. She no longer wants to write like a man or a woman. To create is to start at the beginning and in the beginning she can be anyone, even herself, or no one.

Abha Dawesar, née en 1974 à Delhi, est diplômée de philosophie à Harvard. Elle a été élue personnalité de l’année par india’s femina et time out lors de la parution de son premier roman Babyji. Publié en France aux Éditions Heloïse d’Ormesson en 2007, il est en cours d’adaptation cinématographique. En 2009, L’inde en héritage, sélection du Médicis et du Femina étranger, est désigné comme l’un des 20 meilleurs livres de l’année par Le Point. Abha Dawesar vient de publier sensorium aux Éditions Héloïse d’Ormesson.

a philosophy graduate from harvard, abha Dawesar was born in Delhi in 1974. she was named person of the year by India’s Femina and Time Out, when her first novel Babyji was published. Published in france by Éditions héloïse d’ormesson in 2007, it is being adapted for the cinema. in 2009, Family Values, selected for the Medicis Prize and the femina Prize, is said to be one among the 20 best books of the year by Le Point. abha Dawesar just published Sensorium (Éditions héloïse d’ormesson).

un oBJet, un écrivain

Par abha dawesar

GAlerie Felix MArcilhAc, stAND s08

Coordination : Stéphanie Des Horts

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