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N° 22 - 2 nd trimestre 2017 Déjà demain « Demain est moins à découvrir qu’à inventer » Gaston Berger Publication trimestrielle de la CFDT du « Groupe Orange », Déjà Demain porte un regard nouveau sur les questions stratégiques, économiques et financières. LES GRANDS DÉFIS Par Laurent Riche, Délégué Syndical Central à Orange Sur les grands défis qui se présentent à nous dans les années à venir, la CFDT a décidé d’interpeller les candidats (excepté du FN dont « rhétorique et projet sont antinomiques avec nos valeurs démocratiques, solidaires et progressistes »). Pour favoriser le débat d’idées et éclairer les travail- leurs sur les grands enjeux de socié- té, la CFDT publiera les réponses des candidats sur le site cfdt.fr. Dans notre secteur des télécoms et du numérique aussi, la CFDT et l’UNSA d’Orange ont décidé de questionner les candidats sur le nombre d’opérateurs Télécoms, la place et le rôle de l’État chez Orange et dans son environnement, l’avenir des 47 000 fonctionnaires y exerçant leur activité, les questions de fiscalité du numérique face à la sur-taxation des opérateurs télécoms et au dum- ping fiscal dont bénéficient les GAFA. La CFDT et l’UNSA d’Orange insis- tent également sur la nécessaire re- prise du dialogue social et indus- triel dans la filière du numérique. Nous publierons aussi les réponses des candidats sur notre nouveau site de l’intranet : http://cfdt.rh.francetelecom.fr/ Édito Déjà Demain N° 22 Ce qu’on en dit !... Par Sonia Banderne, Déléguée Syndicale Centrale adjointe, Représentante Syndicale au CCUES et au CGF Avec le déploiement de la virtualisation du réseau SDN/NFV (Software Defined Networking/Network Function Virtualization), le rapprochement des fonc- tions réseau et IT (Informatique Télécoms) devient une réalité qui pourrait se traduire par un glissement du centre de gravité des métiers vers l’IT. Pour la CFDT, cette évolution pourrait s’envisager avec sérénité si elle ne nourrissait pas une farouche volonté de réduire les coûts par transfert des activités IT vers des zones à moindre coûts de main d’œuvre ou par « rajeunissement » des équipes. Tout cela entraine une perte interne de l’expertise réseau. Une évolution de cette na- ture liée à une telle gestion des emplois et compétences, privilé- giant l’externalisation et la délocalisation plutôt que la formation et le maintien des compétences, ne peut satisfaire la CFDT ! Sans correctif, cela se traduira par une prédominance des équipe- mentiers par rapport à l’opérateur. Orange risquerait d’y perdre en- core un peu plus la maîtrise de son réseau avec sa spécificité puisque nous nous appuierions sur les mêmes équipements standards que nos concurrents. De plus, Orange faciliterait aussi l’entrée sur notre marché d’opérateurs IT en leur fournissant facilement les moyens d’opérer sur notre réseau devenu une plateforme IT. Enfin, la CFDT est en droit d’interpeller l’entreprise sur le risque qu’elle prend pour assurer les engagements de services contractés avec ses clients. Quant au secteur « Entreprise », Orange s’engage de plus en plus vers l’intégration de service. OBS (Orange Business Services) a été positionné comme leader des fournisseurs de réseaux globaux dans le « Magic Quadrant » de Gartner. Il s’agit là encore, d’une transforma- tion qui s’accompagne d’une évolution métier basée sur des délo- calisations au lieu de former les équipes pour qu’elles se chargent de ces nouvelles activités ; ce que préfèrerait la CFDT... 4 VIRTUALISATION DES RÉSEAUX, PAS DES EMPLOIS ET COMPÉTENCES LA CFDT DEMANDE AVEC LES ÉLUS CGE ET CGM UNE REDISTRIBUTION SOLIDAIRE La CFDT attend la redistribution solidaire pour tous les personnels du groupe expri- mée aux CGE et CGM : « La direction lors de sa communication récente sur les résultats valo- rise le travail de l’ensemble des salariés du groupe Orange. Effectivement c’est notre travail qui crée les richesses de l’entreprise. Comme vous, nous pensons que c’est bien l’humain qui est au cœur de l’entreprise Orange. C’est pourquoi nous considérons que ce travail doit être reconnu à sa juste valeur. Nous réitérons la demande d’une redistribu- tion solidaire à l’ensemble des salariés du groupe au travers d’une prime en contrepartie de leur participation aux résultats. Les membres du CGM dans leur ensemble, au même titre que la demande faite en CGE, souhaitent une redistribution de ces ri- chesses qui garantisse une réelle augmentation du pouvoir d’achat pour tous. C’est pourquoi nous demandons une redistribu- tion dès le début 2017, sur la base des résultats financiers 2016, par une prime qui doit être payée par le Groupe sur le budget du Groupe et non être à la charge des filiales ou entités locales. Cette prime se doit d’être juste et équitable afin que l’ensemble des salariés dans le monde bénéficie de la reconnaissance de leur travail et de leur implication. » FISCALITÉ ET RÉGLEMENTATION : LES INJONCTIONS CONTRADICTOIRES Le secteur des télécoms est un secteur stratégique qui requiert des inves- tissements lourds et sur le long terme. En dépendent l’avenir des télé- coms, de ses emplois et l’accès au numérique pour tous. Pourtant, les grands discours sur le nécessaire investissement dans les réseaux THD se heurtent à la réalité du secteur en Europe et singulièrement en France. Les questions fiscales sont aussi révélatrices de l’approche de nos res- ponsables politiques hexagonaux et européens. Malgré la fin du roaming, l’Europe est marquée par l’extrême fragmentation du marché des télécoms. Les États ont toujours voulu garder 27 autorités de régulation. Moralité : 150 opérateurs en Europe contre 3 aux Usa et en Chine et la quasi disparition des équipementiers européens… Chaque régulateur s’acharne contre son ex-opérateur national comme dernièrement en Grande Bretagne où BT serait coupable de défaut d’investissement dans le THD. En France, l’ARCEP s’en prend à Orange coupable de trop investir dans la fibre optique alors que ses concurrents ne sont pas au rendez-vous. Depuis de nom- breuses années la CFDT réclame un régulateur européen unique et l’arrivée de la 5G sera une opportunité à ne pas rater. Les réseaux sont par nature adhérant aux territoires. Moralité on les taxe et on les surtaxe (version française) tout en discourant sur l’accès au numérique pour tous. De leur côté, cachés derrière le concept libertaire de la neutralité du net, les GAFA utilisent ces réseaux et réalisent des profits faramineux en rois de l’optimisation fiscale alors qu’en France le montant total de la sur- fiscalité sectorielle est de 3 milliards d’Euros. Au prétexte de faciliter la transition numérique et de doper le marché « PME », l’ARCEP soutiendrait la mise en place d’un 3 ème opérateur d’infrastructure sur la fibre optique. Vu les conséquences de l’arrivée du 4 ème opérateur mobile, la CFDT est très méfiante. En cette période d’élections, il semble utile de rappeler cette réalité aux électeurs des différents candidats... Par Vincent Gimeno, Délé- gué Syndical Central adjoint, élu aux CGE et CGM Le développement du groupe en Afrique, est un des leviers stratégiques d’Essentiels 2020. La crois- sance d’activité n’y semble plus aussi forte. Orange s’implante dans 4 nouveaux pays. Où en sommes-nous ? Certains syndicats n’ont qu’une conception « bleu blanc rouge » d’Orange et contestent toute acquisition trans- nationale ; d’autres s’interrogent sur la perti- nence de prioriser la zone Afrique Moyen- Orient (risques politiques trop importants, guerres, corruption, …). L’effondrement de la livre égyptienne a pesé sur les résultats 2016 du groupe… et sur le pouvoir d’achat des égyptiens. Surtout cer- tains pays copient les pratiques de régulation bien connues en France : sur-fiscalisation, coût des fréquences… Le développement des réseaux sociaux modifie aussi structurelle- ment la nature du trafic. La CFDT estime important de poursuivre notre stratégie de développement en Afrique, vrai continent d’avenir. Il est préférable qu’Orange soit acteur de ce développement et ne laisse pas le champ libre à des groupes anglo-saxons, chinois ou moyen-orientaux aux pratiques souvent opaques et qui refusent tout dialogue social. Orange n’est pas le bras armé de la « Françafrique ». La population africaine est jeune et l’innovation par les usages est reine. Le succès d’Orange Money en Afrique a fait naître Orange Bank… Nos services, nos technologies y sont des leviers de dévelop- pement dans l’agriculture, l’énergie, la santé, l’éducation, l’égalité hommes femmes... Orange n’est pas à l’abri de pratiques néoco- loniales. La remontée des bénéfices est con- frontée au développement des pays et leurs besoins souvent immenses. Nos homo- logues africains contestent souvent l’ex- ternalisation et la mutualisation d’activités et revendiquent une meilleure répartition des fruits de la croissance. Orange met en exergue la RSE. Répartir ses richesses à toutes ses parties prenantes (environnement sociétal compris) et, au ni- veau mondial, à ses différentes composantes devient donc un élément clé et doit conduire aussi à une évolution de la gouvernance du groupe pour mieux refléter sa réalité. La CFDT revendique toujours qu’un salarié issu du « reste du monde » siège au CA et puisse y apporter un point de vue moins « franco-français ». L’AFRIQUE MOYEN-ORIENT PASSE À L’ORANGE Administrateur CFDT élu « cadres » au CA d’Orange Par Daniel Guillot, Retrouvez nos informations CFDT sur intr@noo / Espace syndicats sur Internet : http://www.f3c-cfdt.fr/entreprises/orange Inscrivez-vous à notre newsletter « Webzine » http://cfdt.rh.francetelecom.fr/fr/newsletter/subscribe Directrice de publication : M-Hélène Castellarneau Rédacteur en chef : Laurent Riche Fédération CFDT Communication, Conseil et Culture 47 avenue Simon Bolivar - 75950 PARIS CEDEX 19 Tél. 01 56 41 54 00 - Fax. 01 56 41 54 01 Retrouvez-nous aussi sur http://www.facebook.com/dsccfdt.orange http://twitter.com/CFDT_FTOrange

nd Déjà Demain N° 22 Déjà demaincfdt-orangelorraine.com/wp-content/uploads/2017/07/DejaDemain_2017... · SDN/NFV (Software Defined Networking/Network Function Virtualization),

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N° 22 - 2nd trimestre 2017

Déjà demain « Demain est moins à découvrir qu’à inventer »

Gaston Berger

Publication trimestrielle de la CFDT du « Groupe Orange »,

Déjà Demain porte un regard nouveau sur les questions

stratégiques, économiques et financières.

LES GRANDS DÉFIS

Par Laurent Riche, Délégué Syndical Central à Orange Sur les grands défis qui se présentent à nous dans les années à venir, la CFDT a

décidé d’interpeller les candidats (excepté du FN dont « rhétorique et projet sont antinomiques avec nos valeurs démocratiques, solidaires et progressistes »). Pour favoriser le débat d’idées et éclairer les travail-leurs sur les grands enjeux de socié-té, la CFDT publiera les réponses

des candidats sur le site cfdt.fr.

Dans notre secteur des télécoms et du numérique aussi, la CFDT et l’UNSA d’Orange ont décidé de questionner les candidats sur le nombre d’opérateurs Télécoms, la place et le rôle de l’État chez Orange et dans son environnement, l’avenir des 47 000 fonctionnaires y exerçant leur activité, les questions de fiscalité du numérique face à la sur-taxation des opérateurs télécoms et au dum-ping fiscal dont bénéficient les GAFA.

La CFDT et l’UNSA d’Orange insis-tent également sur la nécessaire re-prise du dialogue social et indus-triel dans la filière du numérique. Nous publierons aussi les réponses des candidats sur notre nouveau site de l’intranet :

http://cfdt.rh.francetelecom.fr/

Éd

ito

Déjà Demain N° 22 Ce qu’on en dit !...

Par Sonia Banderne, Déléguée Syndicale Centrale adjointe, Représentante Syndicale au CCUES et au CGF

Avec le déploiement de la virtualisation du réseau SDN/NFV (Software Defined Networking/Network Function Virtualization), le rapprochement des fonc-tions réseau et IT (Informatique Télécoms) devient

une réalité qui pourrait se traduire par un glissement du centre de

gravité des métiers vers l’IT.

Pour la CFDT, cette évolution pourrait s’envisager avec sérénité si elle ne nourrissait pas une farouche volonté de réduire les coûts par transfert des activités IT vers des zones à moindre coûts de main d’œuvre ou par « rajeunissement » des équipes. Tout cela entraine une perte interne de l’expertise réseau. Une évolution de cette na-ture liée à une telle gestion des emplois et compétences, privilé-giant l’externalisation et la délocalisation plutôt que la formation

et le maintien des compétences, ne peut satisfaire la CFDT !

Sans correctif, cela se traduira par une prédominance des équipe-mentiers par rapport à l’opérateur. Orange risquerait d’y perdre en-core un peu plus la maîtrise de son réseau avec sa spécificité puisque nous nous appuierions sur les mêmes équipements standards que nos concurrents. De plus, Orange faciliterait aussi l’entrée sur notre marché d’opérateurs IT en leur fournissant facilement les moyens d’opérer sur notre réseau devenu une plateforme IT. Enfin, la CFDT est en droit d’interpeller l’entreprise sur le risque qu’elle prend pour assurer les engagements de services contractés avec

ses clients.

Quant au secteur « Entreprise », Orange s’engage de plus en plus vers l’intégration de service. OBS (Orange Business Services) a été positionné comme leader des fournisseurs de réseaux globaux dans le « Magic Quadrant » de Gartner. Il s’agit là encore, d’une transforma-tion qui s’accompagne d’une évolution métier basée sur des délo-calisations au lieu de former les équipes pour qu’elles se chargent de ces nouvelles activités ; ce que préfèrerait la CFDT...

4

VIRTUALISATION DES RÉSEAUX, PAS DES EMPLOIS ET COMPÉTENCES

LA CFDT DEMANDE AVEC LES ÉLUS CGE ET CGM UNE REDISTRIBUTION SOLIDAIRE La CFDT attend la redistribution solidaire pour tous les personnels du groupe expri-mée aux CGE et CGM : « La direction lors de sa communication récente sur les résultats valo-rise le travail de l’ensemble des salariés du groupe Orange. Effectivement c’est notre travail qui crée les richesses de l’entreprise. Comme vous, nous pensons que c’est bien l’humain qui est au cœur de l’entreprise Orange. C’est pourquoi nous considérons que ce

travail doit être reconnu à sa juste valeur. Nous réitérons la demande d’une redistribu-tion solidaire à l’ensemble des salariés du groupe au travers d’une prime en contrepartie de leur participation aux résultats. Les membres du CGM dans leur ensemble, au même titre que la demande faite en CGE, souhaitent une redistribution de ces ri-chesses qui garantisse une réelle augmentation du pouvoir d’achat pour tous.

C’est pourquoi nous demandons une redistribu-tion dès le début 2017, sur la base des résultats financiers 2016, par une prime qui doit être payée par le Groupe sur le budget du Groupe et non être à la charge des filiales ou entités locales. Cette prime se doit d’être juste et équitable afin que l’ensemble des salariés dans le monde bénéficie de la reconnaissance de leur travail et de leur implication. »

FISCALITÉ ET RÉGLEMENTATION : LES INJONCTIONS CONTRADICTOIRES

Le secteur des télécoms est un secteur stratégique qui requiert des inves-tissements lourds et sur le long terme. En dépendent l’avenir des télé-

coms, de ses emplois et l’accès au numérique pour tous.

Pourtant, les grands discours sur le nécessaire investissement dans les réseaux THD se heurtent à la réalité du secteur en Europe et singulièrement en France. Les questions fiscales sont aussi révélatrices de l’approche de nos res-

ponsables politiques hexagonaux et européens.

Malgré la fin du roaming, l’Europe est marquée par l’extrême fragmentation du marché des télécoms. Les États ont toujours voulu garder 27 autorités de régulation. Moralité : 150 opérateurs en Europe contre 3 aux Usa et en Chine et la quasi disparition des équipementiers européens… Chaque régulateur s’acharne contre son ex-opérateur national comme dernièrement en Grande Bretagne où BT serait coupable de défaut d’investissement dans le THD.

En France, l’ARCEP s’en prend à Orange coupable de trop investir dans la fibre optique alors que ses concurrents ne sont pas au rendez-vous. Depuis de nom-breuses années la CFDT réclame un régulateur européen unique et l’arrivée

de la 5G sera une opportunité à ne pas rater.

Les réseaux sont par nature adhérant aux territoires. Moralité on les taxe et on les surtaxe (version française) tout en discourant sur l’accès au numérique pour tous. De leur côté, cachés derrière le concept libertaire de la neutralité du net, les GAFA utilisent ces réseaux et réalisent des profits faramineux en rois de l’optimisation fiscale alors qu’en France le montant total de la sur-

fiscalité sectorielle est de 3 milliards d’Euros.

Au prétexte de faciliter la transition numérique et de doper le marché « PME », l’ARCEP soutiendrait la mise en place d’un 3

ème opérateur d’infrastructure sur la fibre optique.

Vu les conséquences de l’arrivée du 4ème

opérateur mobile, la

CFDT est très méfiante.

En cette période d’élections, il semble utile de rappeler cette réalité aux électeurs des différents candidats...

Par Vincent Gimeno, Délé-gué Syndical Central adjoint, élu aux CGE et CGM

Le développement du groupe en Afrique, est un des leviers stratégiques d’Essentiels 2020. La crois-sance d’activité n’y semble

plus aussi forte. Orange s’implante dans 4 nouveaux pays.

Où en sommes-nous ? Certains syndicats n’ont qu’une conception « bleu blanc rouge » d’Orange et contestent toute acquisition trans-nationale ; d’autres s’interrogent sur la perti-nence de prioriser la zone Afrique Moyen-Orient (risques politiques trop importants, guerres, corruption, …). L’effondrement de la livre égyptienne a pesé sur les résultats 2016 du groupe… et sur le pouvoir d’achat des égyptiens. Surtout cer-tains pays copient les pratiques de régulation bien connues en France : sur-fiscalisation, coût des fréquences… Le développement des réseaux sociaux modifie aussi structurelle-ment la nature du trafic.

La CFDT estime important de poursuivre notre stratégie de développement en Afrique, vrai continent d’avenir. Il est préférable qu’Orange soit acteur de ce développement et ne laisse pas le champ libre à des groupes anglo-saxons, chinois ou moyen-orientaux aux pratiques souvent opaques et qui refusent tout dialogue social. Orange n’est pas le bras armé de la « Françafrique ». La population africaine est jeune et l’innovation par les usages est reine. Le succès d’Orange Money en Afrique a fait naître Orange Bank… Nos services, nos technologies y sont des leviers de dévelop-pement dans l’agriculture, l’énergie, la santé, l’éducation, l’égalité hommes femmes...

Orange n’est pas à l’abri de pratiques néoco-loniales. La remontée des bénéfices est con-frontée au développement des pays et leurs besoins souvent immenses. Nos homo-logues africains contestent souvent l’ex-ternalisation et la mutualisation d’activités et revendiquent une meilleure répartition des fruits de la croissance. Orange met en exergue la RSE. Répartir ses richesses à toutes ses parties prenantes (environnement sociétal compris) et, au ni-veau mondial, à ses différentes composantes devient donc un élément clé et doit conduire aussi à une évolution de la gouvernance du groupe pour mieux refléter sa réalité. La CFDT revendique toujours qu’un salarié issu du « reste du monde » siège au CA et puisse y apporter un point de vue moins « franco-français ».

L’AFRIQUE MOYEN-ORIENT PASSE À L’ORANGE

Administrateur CFDT élu « cadres » au CA d’Orange

Par Daniel Guillot,

Retrouvez nos informations CFDT

sur intr@noo / Espace syndicats

sur Internet : http://www.f3c-cfdt.fr/entreprises/orange

Inscrivez-vous à notre newsletter « Webzine »

http://cfdt.rh.francetelecom.fr/fr/newsletter/subscribe

Directrice de publication : M-Hélène Castellarneau Rédacteur en chef : Laurent Riche

Fédération CFDT Communication, Conseil et Culture 47 avenue Simon Bolivar - 75950 PARIS CEDEX 19 Tél. 01 56 41 54 00 - Fax. 01 56 41 54 01

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Déjà Demain N°22

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2nd

trimestre 2017

Parce qu’Orange emploie encore aujour-d’hui près de 50 000 fonctionnaires et que son principal actionnaire est l’État, que ce soit pour « réduire les dépenses publiques » ou pour « soutenir les fi-nances de l’État », en ces temps de cam-pagne présidentielle… d’aucuns pour-raient souhaiter mettre Orange à la croi-sée des chemins. Et pourtant… Demain se joue aujourd’hui !

Parce que le numérique est un des prin-cipaux moteurs de l’économie et de la transformation de toute la société, réussir cette transition numérique est une obliga-tion. Sans opérateurs télécoms forts pas de transformation numérique sur la plupart des autres secteurs tels

l’énergie, les transports, les villes, etc.

Nombreux sont les défis auxquels est confronté l’écosystème numérique français et chacun attend d’abord que le très haut dé-bit soit accessible partout et pour tous. Pour cela, chacun compte sur les opérateurs télécoms. À eux d’être en capacité de maintenir des investissements lourds notamment dans les infrastructures pour couvrir tout le territoire national.

Les télécoms étant au centre de l’écosystème numérique, l'État est responsable d’impulser une politique industrielle nationale cohérente et ambitieuse qui n'affaiblirait plus les acteurs français du secteur des télécoms, mais au contraire les conforterait dans

un rôle majeur en France et en Europe.

En France, le marché des télécoms est en proie à une concur-rence intense depuis près de dix ans. Cette concurrence par les prix a causé pour les opérateurs une baisse importante de revenus qu’ils peinent juste à stabiliser. Maintenant, le marché entre dans un nou-veau cycle porté par le numérique alors que les opérateurs n’en maîtrisent plus la chaine de valeur dans sa totalité et leurs marges restent considérablement réduites.

L’écosystème numérique est morcelé entre fournisseurs d’accès, fabricants de terminaux et fournisseurs de services. Pour s’y déve-lopper, chaque acteur vise à étendre son positionnement au-delà de son cœur de métier traditionnel. Pour se repositionner sur la chaîne de va-leur, les opérateurs ont à diversifier leur activité. Pour cela et en parallèle de la poursuite des investissements dans le THD, ils doivent aussi dispo-ser de la capacité d’innovation - donc d’emploi et de compétences - leur permettant de répondre aux évolutions toujours plus rapides des usages. Sans cette faculté à offrir de nouveaux services et à développer de nouveaux usages, résoudre l’équation de la transformation de leur

modèle économique s’avèrera délicate pour nos opérateurs.

Pour un État actionnaire comme partenaire industriel ; mais

gare au prédateur financier !

Orange est un acteur incontournable dans le secteur des télécoms en France. Pour faire face aux enjeux européens et mondiaux, Orange a besoin d’un actionnariat stable et puissant le mettant à l’abri de toute tentative d’OPA hostile. La présence de l’actionnaire public et un actionnariat salarié significatif sont les meilleurs garants de la stabilité nécessaire au rôle de tout premier plan que doit pou-voir jouer Orange quand la consolidation du secteur viendra à

s’accélérer.

L’État, comme premier actionnaire d’Orange est le principal su-perviseur de la stratégie de l’entreprise et au-delà influe directement sur la politique industrielle de l’ensemble du secteur numérique fran-çais. À ce titre, il a aussi la responsabilité d’assurer le bon équilibre entre rendement et investissement dans l’entreprise Orange.

Les bons résultats présentés par Orange pour 2016 annoncent un re-tour à la croissance globale et confirment que les choix faits ces der-nières années étaient les bons. Pour autant, et alors même que les résultats ne sont pas pareillement bons sur toutes les géographies et qu’en particulier sur la France ils sont essentiellement le résultat de la forte implication des salariés et d’une réduction très impor-tante des coûts, le premier effet est une augmentation de 8% du montant du dividende.

Pour la CFDT, le taux de ren-tabilité pour les actionnaires ne doit pas compromettre les investissements futurs encore indispensables pour réduire la fracture numérique. La CFDT attend de l’État qu’il reste du-rablement l’actionnaire de ré-férence dans Orange mais dans une logique industrielle. De même que la CFDT s’est prononcée à de très nom-breuses reprises contre tout désengagement de l’État qui ne répondrait qu’à une logique opportuniste et strictement financière, pour la CFDT il est inacceptable que l’État utilise Orange comme une simple tirelire en relevant dans de telles proportions le rende-

ment de l’action.

La logique industrielle impose que l’État actionnaire d’Orange

soit volontaire et cohérent !

Volontaire aussi bien... dans le rôle important d’aménagement du territoire qui lui incombe… que dans celui de réduction de la fracture numérique qu’il doit savoir imposer à tous les opéra-teurs.

Cohérent dans une logique réellement entrepreneuriale aussi bien... quand il s’agit des technologies à utiliser pour transfor-mer le slogan du THD en réalité pour tous et sur tous les terri-toires... que lors de l’examen des opportunités industrielles per-mettant à Orange de diversifier ses activités pour consolider un modèle économique en pleine transformation. Cette question était au cœur des discussions sur la consolidation en France elle le reste….

En amont de la série des prochaines élections présidentielles et légi-slatives de ce printemps, tout en veillant à préserver totalement son indépendance syndicale, la CFDT interpellera les différents candi-dats et apprentis gouvernants pour leur communiquer ses préoccupa-tions et ses priorités mais aussi connaître leurs orientations sur notre secteur d’activité...

RESPONSABILITÉS DE L ’ÉTAT & CAPITAL D’ORANGE…

Par Michèle Viale, élue

au Comité Groupe Europe et élue suppléante « cadres » au Conseil d’Administration d’Orange.

N’en déplaise aux Cassandre qui annonçaient la perte du statut des fonctionnaires pour 1990 lors de la disparition de l’administration des PTT, puis pour 1996 lors de la transformation de France Télé-com en SA et encore lors de la privatisation de 2006...

N’en déplaise à ceux qui accusent les fonction-naires de scléroser notre pays... Aujourd’hui, près de 50 000 fonctionnaires exercent toujours leurs métiers chez Orange. Ils sont toujours au cœur de l’activité et leurs compétences sont recon-nues. Ils font partie de la mémoire vive de l’entre-prise et des acteurs de ses transformations. Les risques de pertes tangibles de compétence liées aux départs massifs en cours et programmés en sont la preuve quotidienne !

Présidentielles obligent… La question de nouvelles cessions de part de l’État dans le capital revient au premier rang. En attendant, le PDG d’Orange reste le patron des fonctionnaires d’Orange jusqu’en 2019 échéance à laquelle un réexamen de la si-

tuation est prévu par la loi.

Durant toutes ces années la CFDT a cherché à pré-server dans l’entreprise un avenir pour chacun qu’il soit fonctionnaire ou salarié de droit privé. Ce-la passait par un rapprochement des règles de gestion et de promotion et dans leur traduction statutaire pour les fonctionnaires. Les interventions ont été nom-breuses auprès des dirigeants de l’entreprise, des dif-férents gouvernements et majorités politiques qui se sont succédées. Nous citerons trois exemples ré-cents :

accord reconnaissance des compétences qui

s’applique à tous ;

mise en place d’un accord de prévoyance col-lective incluant les fonctionnaires auxquels se sont opposés pendant des années les financiers de l’entreprise et les syndicats conservateurs ;

applicabilité des améliorations des situations indiciaires de la fonction publique aux fonction-

naires d’Orange ;

Quel qu’en soit le résultat, l’élection présidentielle ne changera rien à la détermination de la CFDT !

PRÈS DE 50 000 FONCTIONNAIRES TOUJOURS AU CŒUR DE L’ACTIVITÉ D’ORANGE