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Nègre

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Le veritable auteur de l'histoirs des amants de Verone

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Vero me regardait comme d'habitude, avec inquiétude.- Al ! Si tu continues de t'exciter comme cela on n'arrivera à rien.- Sinon on arrivera à quoi ? A écrire des nouvelles, un roman que les éditeurs s'arracheraient ?- Peut-être que non, mais si on ne fout rien certainement pas.-T'as une idée, toi ? Une idée pour nous sortir de l'anonymat ? On court tout nus à travers Paris et on distribue nos dédicaces à gauche et à droite. ? Le veau d'or ...- Tiens, pas mal ça !- Pas mal ? Tout nus ? Jamais ...- Mais non, mais non, le veau d'or ... et si on se donnait un pseudo Alf et Verov ?J'arrêtai mes cent pas nerveux, je la regardai :- C'est génial mais c'est n'importe quoi. On te prend, déjà, pour mon nègre, alors si on se déclare deux ...- Alors, que je ne suis que ta négresse-tigresse.Elle fit le geste d'une attaque féline de ses deux bras dressés vers moi. C'est un de ses jeux de séduction.- Tu me voulais calme ? Et te voilà à me proposer ce jeu-là. Le nombre de mes lecteurs est en chute libre, je me casse la tête pour trouver de bonnes chutes. Alors, ta ...-La ferme ! Tes jeux de mots de malpoli tu te les gardes pour toi, et ne compte pas sur moi pour te faire tes corrections, être ton nègre ... être ton Verov. Tu m'entends Al ? Va

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chercher un autre, une autre ou, mieux encore deviens nègre de quelqu'un, c'est ce que tu ...Je ne pus entendre la suite, j'étais dehors. Je ne voulus pas entendre la suite, je courus vers la voiture. Je roulais sans savoir où j'allais, sans le vouloir savoir. Je roulais au hasard. Au hasard des feus verts, au hasard de la circulation. Je roulais longtemps. Très longtemps. Finalement, fatigué je me suis arrêté dans une rue calme. Il n'y avait pas de voiture. Il n'y avait personne. Sorti de la voiture je marchais. L'air frais d'une soirée agréable me faisait du bien. Je marchais et marchais. Je n'ai vu que quelques personnes passer au loin ou de l'autre côté de la rue. Un chien sortit de la cour devant une maison et s'avança vers moi. Il m'invita à jouer avec lui. J'acceptai et il sautilla et aboya autour de moi. Je rigolai. Un homme vint vers nous et appela le chien. Le chien ne se tourna même pas vers son maître. Celui-ci se mit à rire et me dit :-Ecoutez, le mieux serait d'entrer dans la maison, il vous suivra et après ...Je fus, un peu, surpris, mais je me dirigeai vers l'entrée de la maison. Pourquoi me parlait-il en anglais ? Peut-être que parce qu'il l'est me suis-je dit en rigolant. Je jouai, encore un peu, avec le chien dans l'entrée de la maison et puis je voulus partir.- Voilà, le petit chien est chez lui, maintenant je peux m'en aller. Au revoir.Je ne compris pas pourquoi je parlais anglais, moi aussi. Pourtant, j'étais certain de m'être exprimé en français. Peu importe, l'homme, assez bizarrement habillé, d'ailleurs, me comprit. Plus que ça, il m'invita à rester un peu et boire un verre avec lui.- Pourquoi pas, m'entendis-je dire.

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Je souligne, je m'entendis dire ces deux mots en anglais et j'insiste que je pris soin de les dire en françaisPeu importe. Ceci commençait à m'amuser. L'homme avait des cheveux longs, une barbe, mais sa maison n'avait pas d'électricité. Peu importe, moi, aussi, j'ai connu des moments difficiles avec mes factures. Je pris le verre qu'il me tendait. Whisky. Un bon. Très bon. Un deuxième verre. Le troisième, nous l'avons pris assis dans son bureau. Un peu étrange son bureau, plutôt rustique, mais je le trouvais beau. Il y avait des feuilles et des feuilles de papiers partout. Sur son bureau, sur les étagères même sur les chaises. Il était assez bavard, il me parlait de ses hobbys, le théâtre en première ligne si j'ai bien compris. Verre après verre on se confiait et même, qu'on a connu des moment forts et que nous nous sommes mis à pleurer d'émotion quand on a constaté que l'écriture était ce qu'on aimait le plus. Le chien dormait quand on a ouvert une deuxième, non, non, il dormait à l'ouverture de la troisième. Le mec m'a dit son nom, mais trop compliqué. Quand il me proposa de nous tutoyer, j'ai accepté, ça va de soi, mais, putain, comment on se tutoie en anglais. Peu importe, j'ai compris : c'était du vieux anglais. Tant mieux j'ignorais que je le parlais.- Je peux voir ce que tu écris, Chakey ?Il a failli tomber en se tournant et faisant le geste : tout ça !- Non ?- Yes, yes, vas voir un peu, tiens prends ton verre ?Je regardai et je feuilletais ces tas de papiers. Je redevins sobre. Je me sentis rougir, je me sentis pâlir. Je tenais les manuscrits de : ''Henry VI'', '' Richard II '' , '' La comédie des erreurs'', '' Titus Andronicus'', La Mègere apprivoisée''.Quelques feuilles me glissèrent entre les doigts tremblants et tombèrent au sol. Je les ramassai et en les montrant je lui dis:

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- Attends ? Attends ? Tu fais une collection d'oeuvres de qui tu sais en manuscrit, pour ton plaisir c'est ça ?- Quoi de qui je sais ? J'écris pour the royal theatre et tu y trouveras les pièces pas encore jouées, tu sais ?- Attends, comment as-tu ... comment avez-vous dit que c'était votre nom.Il était mort de rire, mais il le dit. Je suis resté assis, sans bouger pendant un long moment. Puis je continuai à chercher parmi ses papiers. Il me versa, encore, un verre.- Tiens, prends ton verre, mais tu cherches quoi, Al ?Je lui dis le titre. Il se tut. Je me suis mis à lui parler de l'histoire de cette pièce. Il a trop bu, le titre ne lui dit rien, pensai-je.- Ah, non, je n'ai pas ça, je n'ai pas écrit une histoire comme ça mais c'est intéressant. Viens, mets-toi ici et écris-moi ça. Tiens, ton verre.Je me suis mis à table et une plume, une vraie, à la main j'écrivais. Il regardait et, de temps en temps il me tapa sur l'épaule, signe qu'il aimait. Je ne sais pas combien de temps j'ai mis, mais je l'ai fait :