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Nelson-Martin Dawson Mutation ethnique dans le Haut Mauricien sous le Régime français Des Attikamègues aux Têtes-de-Boule SEPTENTRION Extrait de la publication

Nelson-Martin Dawson Des Attikamègues aux Têtes-de …… · la bulle Unigenitus, éditions Les Fous du roi, Sherbrooke, 2001. En collaboration Et ils bâtirent Saint-Médard de

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Nelson-Martin Dawson

Mutation ethnique dans le HautMauricien sous le Régime français

Des Attikamèguesaux Têtes-de-Boule

SEPTENTRIONExtrait de la publication

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Voir les détails de la carte aux pages 151 à 154.

Du même auteur

Lendemains de Conquête au Royaume du Saguenay. Le Domaine du roi dans lapolitique impériale britannique (1760-1767), éditions Nuit Blanche,Québec, 1996.

Crise d’autorité et clientélisme. Mgr Jean Joseph Languet de Gergy et la bulleUnigenitus, éditions Les Fous du roi, Sherbrooke, 1997.

Clientélisme ecclésiastique et antijansénisme. Jean Joseph Languet de Gergy et labulle Unigenitus, éditions Les Fous du roi, Sherbrooke, 1998.

Le catéchisme de Sens en France et au Québec, éditions Nota Bene, Québec,2000.

L’atelier Delisle. L’Amérique du Nord sur la table à dessin, Septentrion, Sillery2000.

Fidélités ecclésiastiques et crise janséniste : Mgr Jean Joseph Languet de Gergy etla bulle Unigenitus, éditions Les Fous du roi, Sherbrooke, 2001.

En collaboration

Et ils bâtirent Saint-Médard de Warwick, éditions Claude Raymond,Victoriaville, 1999. (Claude Raymond et Sylvie Savoie)

Récit d’une vieille gare jamais oubliée, éditions Claude Raymond,Victoriaville, 2000. (Michel Demers et Sylvie Savoie)

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DES ATTIKAMÈGUESAUX TÊTES-DE-BOULE

Nelson-Martin Dawson

SEPTENTRION

Mutation ethnique dans les Hauts Mauricienssous le Régime français

Mise en pages et maquette de couverture : Gilles HermanRévision : Anne GuilbaultIllustrations de couverture : extrait de la carte de Pierre Du Val, Le Canada faict par le Sr. deChamplain, Paris, 1653 ; à l’arrière, le massacre du père Buteux d’après une gravure ancienne,Eric Tremblay ; à l’intérieur, Map of the head of the rivers St. Maurice, Gatineau and Ottawa...,John Bignell, 1898, Archives nationales du Québec à Trois-Rivières.

Dépôt légal – 2ème trimestre 2003Bibliothèque nationale du QuébecISBN 2-89448-351-1

© Les éditions du Septentrion, 20031300, avenue MaguireSillery (Québec)G1T 1Z3

Diffusion au Canada :Diffusion Dimedia539, boul. LebeauSaint-Laurent (Québec)H4N 1S2

Ventes en Europe :Librairie du Québec30, rue Gay-Lussac75005 Paris

Les éditions du Septentrion remercient le Conseil des Arts du Canada et la Société dedéveloppement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour le soutien accordé à leurprogramme d’édition, ainsi que le gouvernement du Québec pour son Programme de créditd’impôt pour l’édition de livres. Nous reconnaissons également l’aide financière du gouvernementdu Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition(PADIÉ) pour nos activités d’édition.

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vous pouvez nous écrire au1300, avenue Maguire, Sillery (Québec) G1T 1Z3

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www.septentrion.qc.ca

Note de l’éditeur

En 1933, la région du Saint-Maurice devenait, à la suggestion de Mgr Albert Tessier, la Mauricieet ses habitants, des Mauriciennes et Mauriciens. L’auteur N.-M. Dawson, pour sa part, s’ensert pour désigner la haute Mauricie ou le haut Saint-Maurice sous le nom Haut Mauricien.

Sur les cartes et les documents anciens, on trouvera, pour désigner la rivière Saint-Maurice,de Fouez (J. Cartier), des Trois-Rivières et Métabéroutin (Algonquins). Le nom Saint-Mauricerappelle le premier seigneur de la rive ouest de la rivière, Maurice Poulin de la Fontaine dont lesdescendants portent les noms de Francheville, de Courval, de Vieux-Pont, devenus autant detoponymes familiers aux Trifluviens et Mauriciens.

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« En affaires, pas de parents, pas d’amis »,dit l’adage.

Toutefois.À Marie…

pour le sérieux coup de pouce à la recherche documentaire,et pour m’avoir « vertement » signalé les faiblesses

de la première version de ce texte.

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Le massacre du père Buteux d’après une gravure ancienne, Eric Tremblay.

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INTRODUCTION

La faune et la flore des Hauts Mauriciens tardèrent, à leur grand avantage, àtomber sous l’œil cupide des Blancs. Encore au début du XXe siècle, les

sources du Saint-Maurice échappaient, entre autres, au savoir des géographeset des cartographes, lesquels appréhendaient plus qu’ils ne connaissaient ceterritoire. De minutieux relevés d’arpentage effectués à l’occasion des projetsdu réservoir Gouin devaient fournir un tracé plus précis de cette hauteur desterres qui, contrairement à la ligne de partage des eaux du bassin saguenayen1,n’avait pas fait l’objet d’observations particulières du temps du Régime français.Comme sa faune et sa flore, ses forêts et ses eaux, les populations autochtonesde cette région n’entrèrent que sporadiquement dans la lunette des Blancs,avant que ne soit entrepris un développement systématique des ressourcesnaturelles et que de curieux anthropologues et ethnologues s’y amènent pourétudier les vestiges de ces « peuples protohistoriques ». Certes, des coureurs desbois avaient parcouru ces étendues de forêt, mais ils n’avaient laissé que peu detémoignages sur les espèces des règnes végétal et animal qu’ils avaient croisées.Leurs commentaires sur les Indiens qu’ils y avaient côtoyés ne sont pas nonplus légion. Les missionnaires furent plus loquaces, mais ils n’y tinrent pas uneobservation continue. Par exemple, lorsque l’abbé Sévère-Nicolas Dumoulin,curé de Yamachiche, remonta la rivière Saint-Maurice dans le deuxième quartdu XIXe siècle, il allait faire renaître une mission abandonnée depuis près dedeux siècles. Il prenait alors le relais tardif de son confrère le père JacquesButeux, qui, le premier, au milieu du XVIIe siècle, avait missionné auprès despopulations autochtones de ces contrées jusqu’à ce jour dérobées à la vue desexplorateurs et des Robes-Noires.

Malgré ces deux cents ans d’intervalle, le curé de Yamachiche peut êtreconsidéré comme le successeur du jésuite Buteux puisque, de l’un à l’autre,aucun missionnaire n’était allé porter la Bonne Nouvelle aux peuples indiensde ces régions. Lorsqu’il entreprit son voyage missionnaire, en juillet 1837,l’abbé Dumoulin se rendit dans les campements de Weymontachie, deKikendatch et d’Obedjiwan2. Il y rencontra des Indiens qu’il identifia comme

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étant des Têtes-de-Boule. Lorsque son prédécesseur jésuite avait remonté larivière Saint-Maurice en 1651, il avait lui aussi visité trois lieux derassemblements où il baptisa, entre autres, des Attikamègues. Les trois lieux deséjour non identifiés par le jésuite doivent-ils être associés aux trois campementsvisités par le curé de Yamachiche ? La différence de termes pour désigner lesouailles de l’un et l’autre était-elle de conséquence ? Qui étaient donc réellementces Indiens de la Haute-Mauricie rencontrés par ces deux ecclésiastiques ?Qu’était-il advenu durant cette absence missionnaire qui pourrait expliquercette apparente transfiguration ?

Sous ce feu de questions deux hypothèses se dressent : soit les Indiens del’abbé Dumoulin étaient de nouveaux venus sur ce territoire abandonné parles ci-devant Attikamègues du père Buteux, soit les descendants de ceux-ciavaient tout simplement changé d’appellation à la faveur de quelque modeterminologique dans le monde apostolique. L’une et l’autre hypothèseconduisent à des conclusions fort divergentes et lourdes de conséquences dansle contexte des revendications territoriales actuelles : si ces Attikamègues et cesTêtes-de-Boule représentaient les deux parties d’un tout, qu’ils formaient unemême entité autochtone et que seule leur appellation différa au cours des siècles,leur continuité sur le territoire serait établie. Cet état de fait rencontrerait alorsun des critères établis par les tribunaux quant au titre indien de Commun Law.Si, au contraire, ces Attikamègues et ces Têtes-de-Boule avaient toujoursconstitué deux communautés autochtones distinctes, dont les seconds s’étaientsubstitués aux premiers au cours des siècles, la discontinuité d’occupation seraitprouvée et infirmerait, pour les occupants autochtones actuels, cette mêmenotion de titre indien de Commun Law. Les deux hypothèses trouvent chacuneleurs défenseurs et, depuis près d’un siècle, elles continuent à alimenter ledébat entre les historiens, entre les anthropologues, et entre des représentantsde ces deux disciplines.

Les origines de cette interprétation divergente remontent en effet au toutdébut du XXe siècle, avec Reuben Gold Thwaites. Après s’être longuementpenché sur les écrits des jésuites et les avoir scrutés à la loupe, Thwaites proposait,en 1905, une première interprétation qui venait confirmer une vieille intuitionvaguement reçue en historiographie : les Attikamègues avaient bel et biendisparu des Hauts-Mauriciens, vers la fin du XVIIe siècle, et avaient été peuaprès relevés par un autre groupe d’Indiens qui s’étaient habitués sur leursanciennes terres. La confrontation et le recoupement des témoignages laisséspar les missionnaires œuvrant en Nouvelle-France le conduisaient à cetteévidence : « The Attikamegues, though a timid people, at times valiantly resistedtheir enemies ; but by 1661 they had been practically destroyed by the Iroquois,and their ruin was completed, a few years later, by the ravages of the smallpox »3.

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En soutenant cette thèse, Thwaites se conformait à l’interprétation couranteet à ce qu’affirmaient les dictionnaires. Ne pouvait-il pas lire, en effet, dans le« Supplément illustré » du Dictionnaire des dictionnaires publié par Guérin, en1895, que les Attikamègues constituaient autrefois une « tribu sauvage duCanada, appartenant à la famille algonquine et qui habitaient le haut Saint-Maurice », tandis que les Têtes-de-Boule étaient pour leur part décrits commeune tribu habitant alors « le haut de Saint-Maurice au Canada »4 ?

Bien qu’elle fût retenue depuis fort longtemps, la thèse intuitive de ladisparition des Attikamègues et de leur remplacement par les Têtes-de-Boulen’avait jamais, jusqu’alors, préoccupé l’historien Benjamin Sulte. Par exemple,en 1870, il posait simplement que les Têtes-de-Boule étaient peut-être lesdescendants des Attikamègues, comme « on le croit généralement » ; mais,précisait-il, « ce fait n’est point reconnu par l’Histoire »5. L’affirmation sansnuance défendue par son collègue Thwaites, qui conduisait à l’identificationde deux entités ethniques différentes en Haute-Mauricie au cours de ces deuxpremiers siècles de présence européenne dans la vallée de la Grande Rivière duCanada, semble avoir aiguisé sa sensibilité. Il modifia alors sa lecture de lathèse traditionnelle et, en 1911, il contesta ouvertement la position de Thwaites.

Deux témoignages du passé pouvaient inspirer Sulte : celui de l’historienjésuite Pierre-François-Xavier de Charlevoix6 et celui du missionnaire jésuiteClaude Allouez7. Ces propos sont tous deux de portée linguistique et postulentune affinité entre la langue des Kilistinons et celle des Indiens de la Mauricieet du Saguenay. Ils pouvaient en effet conduire à l’hypothèse que lesAttikamègues trouvaient une lointaine origine quelque part dans les Pays d’enHaut. On sait que, imprégnés de la mentalité religieuse de leur époque, dessavants et des érudits cherchaient alors à établir une continuité entre les peuplesd’Asie et d’Amérique. Par respect pour l’Ancien Testament, il leur fallait trouverà inscrire ces peuples dans la descendance de la diaspora tartare et des Juifstartarisés. Cette théorie exigeait un vaste mouvement d’ouest en est des peuplesautochtones, et les missionnaires croyaient pouvoir en établir quelquesfondements sur l’exemple des Attikamègues. Avant de s’arrêter dans la régionde la Haute-Mauricie, ce peuple nomade serait, quelque part dans le longtemps de la protohistoire, passé par la région centrale des Grands Lacs, quel’on croyait alors à quelques centaines de lieues de la fameuse mer de l’Ouest.L’historien jésuite exposait clairement ce raisonnement et déduisait de cetteanalogie que les Attikamègues avaient peut-être été « autrefois Habitans desenvirons du Lac Supérieur ».

Insensible à cette réalité du monde missionnaire du XVIIe siècle, Sultes’attachait au sens premier et écrivait : « Je suppose que Tête-de-Boule etAttikamègue c’est tout un ». Cette supposition se transformait au paragraphe

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suivant en assertion arbitraire : « Ils [les Têtes-de-Boule] sont exactement cequ’étaient les Poissons-Blancs ou Attikamègues, qui habitaient les mêmesterritoires jusqu’à 1680, car, après cette dernière date, on ne rencontre plus lesnoms d’Attikamègues ni de Poissons-Blancs, mais aussitôt apparaît celui deTête-de-Boule ». Il appuyait cette affirmation sur une explication tout aussisaugrenue : « Ce doit être un changement de nom inventé par les Canadiens,ou par quelque personnage haut placé dans la colonie »8.

Empruntant les sentiers battus respectivement par Thwaites et par Sulte,James Mooney et Arthur Joyal polémiquèrent, en 1915, sur la véritable identitédes Indiens qui occupaient le haut Saint-Maurice au début du XIXe siècle. D’aprèsMooney, qui tirait parti de la thèse de Thwaites, la séquence des raids iroquoisqui les avaient frappés sur leurs terres et des épidémies de variole qui avaientsévi périodiquement parmi eux, fit « de tels ravages » que, vers 1670, lesAttikamègues « disparurent en tant que tribu »9. Joyal, qui jouait sur le succèsde Sulte, soutenait au contraire que « les Tête-de-Boule ou les Attikamègueshabit[ai]ent, de temps immémorial, les plateaux où le S[ain]t-Maurice, leSaguenay, la Gatineau et la Lièvre prennent leur source commune »10.

Ces divergences d’opinion parmi les historiens du début du siècle trouvèrentune nouvelle vigueur dans le dernier quart du XXe siècle, alors que s’intensifiale débat entourant les droits ancestraux de ces groupes indiens désignésdésormais comme « les premières nations ». S’ils étaient des « squatters » sur ceshautes terres, les Têtes-de-Boule pouvaient-ils légalement réclamer d’être inscritssur la liste des « premières nations » ayant traditionnellement occupé et sansdiscontinuité le bassin du haut Saint-Maurice ?

Se lançant dans le débat, des anthropologues, aux sensibilités plus aiguiséesenvers les « peuples primitifs », reprirent le flambeau des mains de Sulte et deses supporteurs. Par exemple, Gerard Edmund McNulty et Louis Gilbert, quicosignaient un article dans le Handbook of North American Indians, en 1981,l’intitulaient : « Attikamek (Tête de Boule) ». Leur positionnement sur laquestion ne pouvait être mieux déclaré que par le recours à cette doubledénomination pour décrire une seule et même tribu. Réfutant la thèse deThwaites, ils qualifiaient de « mystérieuse » la disparition des Attikamègues,documentée sur une étude des témoignages historiques11.

À l’opposé, l’anthropologue Norman Clermont soutenait que les Têtes-de-Boule qui vivaient initialement « au nord des Grands Lacs » n’émigrèrentau pays des Attikamègues que lorsque ces derniers furent au bord de l’extinction.Ce mouvement qui les avait portés d’ouest en est les ramenait toutefoispériodiquement à leur point de départ, puisqu’ils continuèrent « à parcourirun immense territoire entre ce dernier lieu [la Haute-Mauricie] et le lacSupérieur »12. De nombreux indices recueillis lors d’enquêtes ethnologiques

Introduction | 13

attestaient, par ailleurs, qu’à leur arrivée dans les Hauts-Mauriciens, les Têtes-de-Boule composaient « un groupe autonome, différent des Attikamègues ».

Les historiens Maurice Ratelle et Raynald Parent lui emboîtèrent le pas etsoutinrent, eux aussi, des positions analogues qui brodaient sur cette mêmenotion de remplacement d’un groupe par un autre. De simples nuances dansla chronologie de l’événement différencient la thèse des uns et des autres. Alorsque Clermont date du début du XVIIIe siècle la migration des premiers Têtes-de-Boule en Haute-Mauricie, Parent évalue cette implantation quelque partaux lendemains de la Conquête et dans la restructuration des circuits de traiteconsécutive au démantèlement des réseaux français. Cette divergence est sommetoute de peu de conséquence en regard de la convergence des lectures sur lesort réservé aux Attikamègues : « Au point de vue ethnique, certaines nationsdisparaissent presque complètement. C’est le cas des Attikameks après 1671qui ne sont plus cités comme ethnie distincte mais uniquement commeindividus »13. Tablant sur cette conclusion qui entraînait dans son sillage l’étudedes peuples de remplacement, Ratelle, qui analysa la situation autochtone dansles Hauts-Mauriciens aux lendemains de la Conquête14, acceptait d’emblée deretracer le mouvement migratoire des Têtes-de-Boule vers cette zone désertéedepuis un long moment15.

Malgré leurs démonstrations documentées et articulées, le doute persisteet les chercheurs hésitent à prendre position. Par exemple, dans l’introductiondu livre de ses souvenirs sur ses années passées auprès des communautésautochtones, Laurette Tardif écrit d’une part que « l’origine du groupe est peuconnue. On sait seulement qu’au début du XVIIe siècle les Attikamègues, ancêtresdes Atikamekw actuels, vivaient en Haute-Mauricie ». Quelques lignes plusloin, elle explique qu’à la suite des attaques iroquoises, les observateurscontemporains perdirent la trace de ce groupe et qu’alors apparurent les Têtes-de-Boule. Avec beaucoup de précautions, elle poursuivait : « Certains estimentque ces Têtes-de-Boule étaient un regroupement d’Attikamègues ayant survécuaux épidémies et aux luttes avec les Iroquois et qui possiblement se seraientassociés à d’autres groupements amérindiens nomades. Les Atikamekw deManouane, de Weymontachie et d’Obedjiwan sont les descendants de ces Têtes-de-Boule »16. Tardif semble donc avoir quelques difficultés à déterminer unefiliation précise et, sous sa plume, ces « descendants de Têtes-de-Boule » ontdes « ancêtres attikamègues ». N’en perd-on pas son latin ?

Pour sa part et malgré quelques précautions, Claude Gélinas, le dernier enlice parmi les anthropologues qui ont étudié les autochtones des Hauts-Mauriciens, choisit de renouer avec le télescopage formulé dans les travaux deses confrères McNulty et Gilbert et relance la thèse sultienne du simplechangement terminologique : « À la fin du XVIIe siècle, le nom “Attikamègues”

Extrait de la publication

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n’est plus utilisé en référence aux autochtones de la Haute-Mauricie qui, dès ledébut du siècle suivant, seront connus sous le vocable “Têtes-de-Boule” »17.Une telle formulation tend à renvoyer dans un brouillard indissipable la réalitéhistorique afin d’être le moins en mesure de la percevoir. En suivant la logiquedéveloppée par Gélinas dans un article préparatoire à sa thèse, il devientimpossible de savoir qui occupaient les terres de la Haute-Mauricie puisque nila désignation Attikamègue ni l’appellation Tête-de-Boule ne semble devoirêtre retenue pour identifier ces nomades. Ainsi, le changement de désignationne serait qu’une question de mode, comme le posait Sulte, et cettetransformation des signifiants ne saurait, selon lui, être retenue commerévélatrice d’une transfiguration des signifiés. En niant ainsi toute valeur auxtémoignages laissés par les contemporains des événements, Gélinas évacue lalecture « historienne » de l’histoire et remet à l’anthropologie la lecture du passé ;comme si les rapports d’enquêtes ethnologiques menées à la fin du XIXe et auXXe siècles pouvaient mieux traduire la réalité indienne du XVIIe siècle que cestémoignages directs. Les anthropologues Day et Trigger n’avaient-ils paspourtant mis en garde leurs confrères du danger qui résultait du télescopagede ces données d’enquête à la période de contact18 ? Pas étonnant alors de lireen conclusion « qu’aux XVIIe et XVIIIe siècles, ce territoire [de la Haute-Mauricie]fut celui des Attikamègues et des Têtes-de-Boule »19, quand on réfute d’entréede jeu la valeur sémantique et référentielle des ethnonymes apparaissant dansles récits des voyageurs et des missionnaires, en les accusant de « masquer [le]dynamisme des populations nomades ».

Comment faudrait-il alors traduire ce dynamisme ? Le phénomène dunomadisme était tel, soutient Gélinas, qu’on ne peut que conclure qu’il y eutau XVIIe siècle des Indiens en Haute-Mauricie et qu’il y en avait encore à la findu XXe siècle. Cette réalité lui suffit, peu lui importe qu’au cours de l’histoireon les ait appelés Attikamègues, Têtes-de-Boule ou tout autre gentilé évoquantles lacs ou les rivières d’attache de ces groupes de nomades. Bien que louable,ce regard globalisant qui focalise sur une présence autochtone non déterminéene saurait pour autant occulter la réalité historique qui tenait compte, elle, dela composition diversifiée de cette occupation. Les missionnaires ont relevé laprésence de multiples groupes indiens spécifiques, et leurs témoignages nepeuvent être écartés cavalièrement sous prétexte de « l’insuffisance des données »ou des « limites des documents écrits ». Comme nous l’avons posé ailleurs, lacompréhension des documents historiques n’est pas toujours à la portée desnon-initiés ; aussi, avant de les taxer d’imprécision et d’erreur, il faut d’abordsavoir se mettre à leur écoute20.

La dichotomie dans laquelle s’enlisent les opinions jusqu’ici émises surl’évolution du peuple attikamègue au cours du long siècle du Régime français

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et sur sa virtuelle filiation avec les Têtes-de-Boule conduit l’historien à se pencheravec une attention redoublée sur les sources et à les disséquer avec minutie etméthode. Quelle réponse peut apporter une lecture non partisane des tracesdu passé mises sous la loupe critique de la démarche historique ? N’est-il pasen effet un peu facile de supposer simplement une « occupation humainecontinue [par] des Algonquiens nomades », comme le pose Gélinas dans lathèse qu’il publiait récemment21 ? Ici encore, il renouait avec la perspectivesultienne qui identifiait ces Indiens comme « les restes des anciennes tribusnomades de ces contrées »22. Affirmer qu’il y a eu depuis des lustres présenced’êtres vivants en Haute-Mauricie ne fait qu’esquiver la question fondamentaleà savoir à quel groupe appartenaient ces Indiens de la grande famille desnomades du Subarctique ; « Y avait-il des Têtes-de-Boule à cette époque enhaute Mauricie ? ». C’est à cette question, posée par les annotateurs de l’ouvrageintitulé Iroquoisie, rédigé par Léo-Paul Desrosiers au milieu du XXe siècle23, quetente de répondre la présente étude.

Afin de saisir les circonstances des glissements terminologiques, ilconviendra de relever, archives en main, les différentes occurrences des deuxappellations. Ce travail de repérage linguistique permettra, dans un premiertemps, de circonscrire avec plus de précision le territoire des premiersAttikamègues et de mieux mesurer les conséquences des guerres iroquoises etdu choc microbien sur leur démographie et sur leur localisation. Dans undeuxième temps, il s’agira de déterminer le moment historique de ce transfertd’appellation. L’identification de ce moment de rupture lexicographique nesaurait se comprendre sans une remise en contexte historique, ce qui s’imposed’autant plus que c’est précisément cette absence de contextualisation quiconduit certains chercheurs à qualifier ces variations lexicales de non pertinentes.Qu’en est-il réellement lorsque l’on relève, dans l’espace colonial de la Nouvelle-France, les événements qui présidèrent à ce basculement ? Quand l’ethnonymeAttikamègue cessa-t-il d’être employé par les différents témoins directs desévénements ? Quand l’ethnonyme Tête-de-Boule commença-t-il à être en usagesous la plume des Eurocanadiens ? Les réponses à ces différentes interrogationsfourniront des guides plus sûrs pour revisiter les interprétations jusqu’icidéfendues. Elles permettront également de formuler une lecture du passé quifait fi des extrapolations biaisées par les préoccupations juridiques colorantactuellement ces questions, et qui s’articule avec le plus de justesse et le moinsd’anachronismes possibles à la teneur des textes des premières années de présencefrançaise sur les bords du Saint-Laurent.

Extrait de la publication

Extrait de la publication

CHAPITRE I

IDENTIFICATION DU TERRITOIRE

C’est par la plume du lieutenant Samuel de Champlain que le peuple indienoccupant le haut Saint-Maurice se fit connaître pour la première fois aux

Européens. Sur la foi de témoignages rendus par des « Sauvages du pays » qu’ilrapportait dans son récit de voyage de 1613, Champlain dressait un portraitsommaire de l’arrière-pays des « trois rivieres ». Il y signalait entre autres « aubout d’icelle riviere » Saint-Maurice, l’étendue d’un pays occupé par des peuplesqui n’avaient pas « de demeure arrestee » et qui étaient « grands chasseurs »24.L’identité de ceux-ci n’était pas révélée mais, du moins, était distingué unterritoire particulier qui était sous le contrôle d’un groupe différent de ceuxque Champlain avait jusqu’alors rencontrés à Trois-Rivières et à Tadoussac.

Près de 25 années s’écoulèrent avant que cette tribu ne fût identifiée parles Européens. Les précisions vinrent des jésuites en 1636. Grâce à leurscatéchumènes de la vallée du Saint-Laurent, les missionnaires firent laconnaissance d’une tribu indienne dénommée « Attikamegouekhi »25, qu’ilslocalisèrent sur cet arrière-pays trifluvien encore largement méconnu. Dans sarelation de 1639, le père Paul Le Jeune confirmait l’existence de cette tribu etlevait quelque peu le voile sur son identité en traduisant cet ethnonyme d’origineindienne : Attikamegouekhi ou Attikamègues signifiait « poissons blancs »26.Dans sa relation de 1640-1641, il brossait à grands traits leur caractère : « Cesont peuples bons & dociles, bien aisés à gagner à Jesus-Christ […doux comme]des agneaux »27.

Comme toutes les autres tribus indiennes, cette nation docile participaitau système d’échange qui les réunissait périodiquement les unes et les autres.Aussi n’est-il pas étonnant de voir, à l’occasion, les Attikamègues circuler dansdes régions autres que celle à laquelle les jésuites les avaient associés au nord deTrois-Rivières. Dès 1637, entre autres, on les signala au poste établi àl’embouchure du Saint-Maurice. Ce premier déplacement observé s’inscrivitbientôt comme une habitude annuelle ; aussi, les missionnaires et les traiteurs

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les virent régulièrement en ces lieux au cours de la quinzaine d’années quisuivit. Aux dires des jésuites, les Attikamègues y venaient « une ou deux foisl’année pour achepter quelques necessitez en contr’eschange de leurs pelteries.[...] Tout l’hyver, ils se consolent dans l’esperance qu’ils ont de se venir confesser& communier au Printemps, ils en font de mesme pendant l’Esté, se disposansde nous venir voir à l’Automne »28. Après l’ouverture de la chasse gardée unmoment imposée par les Indiens de Tadoussac, ils se rendirent également àl’embouchure du Saguenay, où les Eurocanadiens les y rencontraient « une oudeux fois l’année ». Cette destination n’était toutefois pas la plus prisée, puisqu’ilsdevaient emprunter « le Sagné », chemin qui leur était « fort difficile »29,précisaient les missionnaires.

Voisins de « trois ou quatre petites nations » nomadisant aux limitesseptentrionales de leurs terres de chasse, les Attikamègues entretenaient, biensûr, avec elles des rapports commerciaux30. À certains moments de l’annéedans un lieu et un temps préalablement déterminés, ils négociaient égalementavec des peuples éloignés, comme les Hurons, avec lesquels ils échangeaientles fruits de la chasse contre des fruits de la terre : « Les Hurons leurs apportentdu bled, & de la farine de leur pays, des Rets, & d’autres petites marchandises,qu’ils eschangent contre des peaux de cerf, d’élan, de castors, & d’autresanimaux »31. S’y joignaient d’autres « petites nations dans les terres ». Laperturbation des voies traditionnelles de circulation causée par les attaquesiroquoises conduisit d’autres peuples sur la route attikamègue de Trois-Rivièresvia les terres du bassin mauricien. Aussi, on les vit en 1659 au poste trifluvienaccompagnés d’Indiens « de la nation du Sault », c’est-à-dire des Mississagués32.En 1661, on les signala sur le chemin de Nicabau, lieu traditionnel de foirecommerciale33.

Vers le début de la décennie 1640, ils commencèrent plus fortement àsubir l’attraction de Sillery, où les jésuites regroupaient leurs catéchumènes.Certains Attikamègues firent même dès lors de ce lieu « leur sejour ordinaire »34.Les projets missionnaires de réductions pour les néophytes indiens eurent tôtfait de modifier les déplacements traditionnels et de renforcer des liens autrefoisplus distendus. De telles transformations permettaient, par exemple, au pèreBarthélemy Vimont, en 1643, d’inscrire les Attikamègues sur une liste de« peuples Montaignets du costé du Nord »35. Leur venue dans la région deQuébec leur permit de fréquenter le parloir des ursulines et, dès lors, Marie del’Incarnation signala dans sa correspondance la présence de ces « Attikamek,qui viv[ai]ent comme des Saints »36. Enthousiasmée par les fruits de la missionque représentaient ces bons Sauvages menant « une vie extraordinairementinnocente », elle n’hésita pas à extrapoler et, dans un élan d’enthousiasme, àécrire que « toute la nation des Attikamek » avait été baptisée, observation qu’elle

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rajusta dans une lettre subséquente : « L’an passé la Nation des Attikamek sevint rendre ici pour se faire instruire, et plus de la moitié fut baptisée »37.

Plusieurs remarques consignées par les missionnaires dans leurs Relationsétayent la thèse de la proximité d’humeur qui apparentait le peuple haut-mauricien à ses voisins saguenayens et exposent de façon convaincante lesaffinités qui les rapprochaient, ce qui les éloignait d’autant de leurs voisinsalgonquins. Le père Buteux racontait, entre autres, qu’en 1640, lorsque « lesAlgonquins les inviterent de venir demeurer avec eux pour avoir la cognoissancede Dieu », les Attikamègues déclinèrent l’invitation. Ils épanchèrent alors dansle cœur de leur missionnaire leurs peines et « tesmoignerent qu’ils avoient ungrand desir d’estre instruicts [… mais] non pas avec les Algonquins ». Cettedifficulté leur venait de ce qu’ils se sentaient trop différents d’eux tant au pointde vue de la langue que de l’humeur. Cet obstacle dressé sur le chemin del’évangélisation d’un si docile peuple motiva les jésuites à concocter une solution.La première fut de planifier l’implantation d’une nouvelle réduction à « unejournée de chemin ou environ, dans le fleuve Metaber8tin »38, où ils pourraientfacilement aller les catéchiser.

Quoi qu’il en fût des suites de ce projet, Sillery était déjà là pour les accueilliret, en 1642, ils y poussèrent leurs canots. Ils trouvèrent regroupées sur placeune quarantaine de familles indiennes christianisées, et plus particulièrementune bande montagnaise sous le capitanat de Jean-Baptiste Etinechkaouat39,que les jésuites élevèrent bientôt au titre de chef « des Montaignets &Attikamegues qui font leur sejour ordinaire à Sainct Joseph »40. La populationautochtone silleroise se composait alors de « deux sortes de personnes : les unsMontaignets, les autres Algonquins », cabanés à l’écart les uns des autres41. Dequel côté allèrent les Attikamègues ? D’après la réponse servie aux Algonquinsdeux ans plus tôt, il était évident qu’ils n’allaient pas opter pour leur côté.Dans un mouvement qui parut tout naturel aux missionnaires, ils se dirigèrentvers les Montagnais qu’ils sollicitèrent « pour hyverner avec eux & se faireinstruire ». Leur choix s’explique d’autant plus facilement qu’Etinechkaouat,près duquel ils se logèrent, tirait « luy mesme son origine du pays desAtticamege »42 et les avait lui-même engagés à venir s’établir auprès des jésuitesà Sillery. Le père Buteux eut « charge de l’instruction des uns & des autres,c’est à dire des Montaignets & des Atikamegues. Ils demeuroient ensemble,comme parlant mesme langue »43. Cette parenté linguistique ne gommaittoutefois pas toute spécificité propre à la langue attikamègue, comme entémoignait le père Jérôme Lalemant, au milieu de la décennie 1640. Celui-cirapportait l’anecdote mettant en scène un Attikamègue qui n’avait pas encorefréquenté les Français et qui, « voyant qu’un Pere regardant un papier prononçoitdes prieres », s’imagina pouvoir lui aussi entendre ce papier qui parlait sa langue.

Extrait de la publication

20 | Des Attikamègues aux Têtes-de-Boule

« Le Pere luy donne, il le regarde, il le tourne & retourne de tous costez puis semettant à rire, il s’escrie en son Montagnais, Tap de Nama Nitirinisin, NamaNinisita8abaten, en verité je n’ay point d’esprit, je n’entends point par lesyeux »44. Il convient ici de relever les termes employés par le père Lalemant enévoquant la langue de son interlocuteur : « il s’escrie en son Montagnais ».L’expression du missionnaire tendrait à confirmer que les Attikamègues parlaientune sorte de dialecte montagnais, qui leur était spécifique45. Pierre-EspritRadisson ne témoignait pas différemment : « The two nations have greatcorrespondency with one another because of their mutual language, savingthat each one have a particular letter and accent »46.

Le constat linguistique posé par les jésuites fonderait largement lecommentaire du père Vimont sur la parenté culturelle entre ces deux entitésethniques et expliquerait en partie le bon voisinage qu’entretinrent les deuxgroupes tant à Sillery qu’à Tadoussac47. Pourtant, bien qu’ils partageassent destraits communs avec leurs voisins, les Attikamègues ne formaient pas une simplebande, sœur de celle qui occupait l’embouchure du Saguenay. Ils seconsidéraient comme un peuple autonome, ce que les missionnairesrapportèrent ainsi : « Le Père Buteux suivit les Atikamègues et alla loger dansleur cabanes [sic]. Ces bonnes gens furent ravis d’aise de le voir logé chez eux ets’escrièrent tous : “En vérité, tu es de nostre nation” »48. Les observateurs lesénuméraient séparément et les distinguaient les uns des autres49. LesAttikamègues avaient en propre un territoire, bien distinct de celui de leursvoisins de Tadoussac que les jésuites découvrirent au mitan du siècle.

LE VOYAGE DU PÈRE BUTEUX EN PAYS ATTIKAMÈGUE

Tout au long de la première moitié du XVIIe siècle, les missionnaires nerencontrèrent les Attikamègues que sur les bords du Saint-Laurent. N’ayantpas encore parcouru leur pays, ils se confinèrent à des descriptions fort évasives.Par exemple, en 1636, le père Le Jeune mentionnait simplement qu’ilsoccupaient50 ou habitaient ordinairement51 des terres « au-dessus du fleuve destrois Rivieres »52. Ces Attikamègues chassaient au fond des terres, rappelait lepère Lalemant, en 164653. Ce « fond des terres » s’était pourtant rapprochévers 1643, alors que le père Vimont précisait que les Attikamègues venant dunord demeuraient « à trois ou quatre journées du grand fleuve dans les terres »54.Ce ne fut qu’en 1651 qu’un des leurs, le père Jacques Buteux, parcourut lepays attikamègue en amont de la rivière Saint-Maurice ou « fort avantMaitabirotine », comme l’écrivait l’historien Bacqueville de La Potherie55.

Remontant péniblement l’imposant affluent du Saint-Laurent, qui prenaitsa source profondément à l’intérieur des terres vers le nord-ouest, le missionnaireallait être en mesure de reconnaître et de décrire cette partie des terres où se

TABLE DES MATIÈRES

Introduction

Chapitre I : Identification du territoireLe voyage du père Buteux en pays attikamègueLa Kisakamie mauricienne et la Kesagamie jamesienne

Chapitre II : Vers une lente extinctionLes guerres iroquoisesLes épidémies

Chapitre III : Glissements terminologiques

Chapitre IV : Migration des Têtes-de-Boule

Conclusion

Notes

Bibliographie

Liste des cartes

Liste des tableaux

Index

p. 9

p. 17p. 20p. 52

p. 67p. 68p. 74

p. 79

p. 97

p.113

p. 123

p. 155

p. 161

p. 162

p. 163

Extrait de la publication

COMPOSÉ EN ADOBE GARAMOND CORPS 11SELON UNE MAQUETTE RÉALISÉE PAR GILLES HERMAN

ET ACHEVÉ D’IMPRIMER EN AVRIL 2003SUR LES PRESSES DE AGMV-MARQUIS

À CAP-SAINT-IGNACE

POUR LE COMPTE DE DENIS VAUGEOIS

ÉDITEUR À L’ENSEIGNE DU SEPTENTRION

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