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1-Tentations
ElisabethBlythe
Droitsd’auteur–2015ElisabethBlythe
ÀM.pourquirienn’estimpossible.
Tuéclairesmesjournéesetmetsdelacouleuràmavie.
Tufaisdemoitaprincesseetgrâceàtoijepeuxparlerdepassions.
Jet’aimemonprince.
Préambule
«Quicommenceàaimerdoitseprépareràsouffrir»
ChevalierDeMéré
Lizzie.
Lesrelationsamoureusessontsansaucundoutelesplusdifficilesàgérer.
Compliquéescertespourtous,maisrésolumentunmystèrepourmoi.
Ilestévidentquemonjeuneâgeyestprobablementpourquelquechose,maisenfin,jepense
simplementqu’ilvautmieuxpourmoileséviter,sachantquejenesuisréellementpasdouéeen
cedomaine.
Etpuis,malgrétout,j’aiquandmêmevingt-troisans!Acetâgenombredejeunesfemmessont
encouple,parfoismariéesetprévoientmêmedefonderleurfamille.
Alors,commentexpliquercetteincapacitéàvivreunedouceettendreliaisonalorsquedesmil-
lionsdegensyparviennent,jenelesaispasvraiment,maiscequiestcertainc’estquejenesuis
pasêtredotéedecetalent.
Maitrisersessens,selaisseralleràdemerveilleusesromances,cen’estrésolumentpasdansmes
cordes.
Alorsjevouslaisseimaginerquand,nonpasunmaisdeuxhommessesontimmiscésdansma
vie,lacomplexitédelatâchepourmoi!Etlapagaillequienasuivi!
Pourtant,toutavaitbiencommencé.
Chapitre1
«Ilvoyageplusviteceluiquivoyageseul.»
Kipling
Mercredi20mai.6h00.
Leréveilsonne.Etsij’aitoujourseudumalàmeleversitôt,habituellement,aujourd'huic’est
différent.
C’estlejouroùmavievachanger.Etbienquejem'ypréparedepuisplusieursmoisdéjà,
j’appréhendecettejournéeavecdeuxsentimentsantagonistes:lefabuleuxjourquej'attends
depuissilongtempsavecimpatiencemaisaussilejouroùjevaisquitterlesmiensetuneboule
d’angoissemetenaillelecœur
J'éteinslebuzzer,cettehorriblesonneriequivousfaitréveillerensursautetj'ouvrelesyeux.
J’ail’impressionden’avoirdormiquequelquesheures,cequin’estpasloindelavérité.
Hierenmemettantaulit,j'aivérifiépartroisfoisqueleréveilsoitbienenclenchéetj'aidélaissé
lasonneriehabituelledoucedemontéléphonepourreveniràcetteanciennealarmestridente,
pourêtresûredel'entendre.
J'aivraimentpeudormi,carj'étaisagitéeetforcémentj’aimislongtempsavantdetrouverle
sommeil.
Maisvoilà,nousysommes,c’estaujourd'huiquemavievaradicalementchanger!J’espèreau
fonddemoiavoirprislabonnedécisionetj’espèreêtreàlahauteurdemesprojets.Ledoute
s’insinueenmoicommeunecouléedelavelenteetépaisse.Jecommenceàangoisser,maisje
supposequec’estnormalfaceàdetelschangements;sanscompterquejenesuispasàl’aise
avectoutcequiestnouveau.
Jesuisplutôtdugenreàtoutvouloirprévoir,programmerafind’évitertoutemauvaisesurprise.
C’estd’ailleurspourcetteraisonquemafamilledoutaitquejemènemesprojetsàterme.Ilsme
connaissentbienetsaventcombienl’inconnumemetmalàl’aise.Effectivement,jesuistoutsauf
uneaventurière!Maislà,jemesuisfaitviolenceetmondésirderéalisermonrêvem’aporté
jusqu’aubout.Nousysommes!C’estpouraujourd’hui.
Alorsquej’émerge,perduedansmespensées,j'entendsàl'étagedudessous,lesbruitsfamiliers
del'agitationquechaquefamilleconnaîtaupetitdéjeuner.Mamèredoitêtreentraindepréparer
latable,tandisquequelquesportesclaquent.Jeconnaissibiencettemaison,mamaison,queje
suiscapablededirequeMeganestentréedanslasalledebain,tandisquemonfrèreMartin
descendlesescalierspourrejoindrelacuisine.Endormi,commetoujours,lescheveuxenbataille
etneportantqu'uncaleçonetuntee-shirtpassérapidement.Monpère,Franck,doitêtreprêt
depuislongtempsdéjàetdoits'affairercommechaquematinàregroupersesdocumentsqu'ilaura
étudiéslaveilleavantdesecoucher.
Saufqu’aujourd’hui,sajournéeserabouleversée.Etalorsquenotremaisons’éveilleaurythme
régulieretrassurantd'unematinéequicommenceendouceur,d'icipeu,elles'agitera,indiquant
ainsiquel'heuredudépartestproche.MartinsupplieraMéganedelibérerlasalledebainen
urgence.Cettedernièrehurleraqu'ellen'estpasprêteetmesparentstâcherontd'apaiserles
tensionsnaissantesdecedébutdejournée.
Ilmanquevraimentunesalledebainsupplémentairedanscettemaisonjemefaislaréflexion.
Aujourd'huichacunabandonnerasonorganisationquotidienneetpersonneneprendralechemin
dutravailoudescours,dumoinscematin.Toutlemonde,toutmonpetitmonderesteraauprès
demoijusqu'auderniermoment.Enfinetseulementaprèsmondépart,tousreprendrontleurs
occupations,lecœurprobablementunpeuserré,toutcommemoi.
Jemelève.Ilesttempsàprésent.
Toutenenfilantmonpeignoirdouillet,jepasselespiedsdansmespantouflesdéfraîchiesetje
rejoinslacuisine.MamèreetmonpèreboiventleurcafétandisqueMartinengloutitsestartines.
-Ahtevoilà,j'allaismontervérifierquetuétaisréveillée.Çava?medemandemamère
camouflantsesémotions.
-Oui!Ouiimpeccable!Jelancesuruntonfaussementguilleret,jemesuisendormietrèstard,
maisjemereposeraidansl'avion.
-BonjourLizziemeditmonpèreenm'embrassantsurlatempe.
J’aimecegestetendredumatin,carbienquejenesoisplusuneenfant,j’aivingt-troisans,mon
pèrememanifestetoujourslefaitquejerestesafillechérie.Etc’estréconfortant.
Est-cequecelavamemanquerdelesentendretousm'appeler"Lizzie"?Oui,c’estindéniable.
MonprénomestenfaitElisabeth,maistoutemafamille,mesamisetmesprochesme
surnommentainsidepuistoujours.
Martinredresselatêteetm'adresseun"salut"desplusneutres.Jesaisquemamèreapleuréhier
soircarjel'aientendueàtraverslacloison.Maisjedoisavouerquelajournéed’hierétaitpour
tousricheenémotions.
Pleursetriresalternaientenréponseauxrécitsdesouvenirsévoqués.J'aipassémajournéeàaller
direaurevoiràmesproches,etils'estavéréquec’étaitétaitbeaucoupplusdifficilequejene
l'avaispensé.
Jeneparspaspourtoujours!Justequelquesmois.Etpuis,jeseraideretourpourlesvacancesde
find'année.Anoël.
Martinselève,rangesonbolaulave-vaisselle,nettoiesondevantdetableetmonteafinde
pouvoirsepréparer.D'icipeu,Méganevacrier.C'estsûr!Ellen'estjamaisprêteàtemps.Mais
c'estdesonâge.Ellea15ansetpasseplusdetempsàs'habiller,semaquilleretsecoifferque
touslesautresmembresdelafamilleréunis!Martinagitcommes'ils'agissaitd'unematinée
commeuneautre.Ilnemontrerien.Maisjesaisqu'ilestaffectéluiaussi!Premièregrande
séparation!Etmêmesinousavonsconnudeschamailleriesetdesdisputescommetoutfrèreet
sœur,noussommestrèsproches.Noscaractèressonttrèsdifférentspourtant,maisnoussommes
liés.LacomplicitéquejepartageavecMartinestdifférentedecellequ’ilpartageavecMegan.
Elleestaussiviveetfougueusequ'ilestcalmeetintroverti.Pourl'instant,lesdeuxélémentsque
sontlefeuetl'eaus'affrontentenpermanence.Jesouris.Meganmeressemblefinalement.Pas
d'unpointdevueesthétique,maisdetempérament.Elleestaussibrunequejesuisblonde,ses
yeuxsontd'ébènetandisquelesmiensonthéritédemamère,d'unbleuvifetprofond.
Monpèremesortdemesrêveries.
-Allez,allez,onsepresseunpeu!Ilnes'agiraitpasdeloupercetavion!Jesaisqu'ilsedonne
unairenjouémaililn'enestrien.Monpèreestungrandsentimentalmaisilnemontrejamaisses
sentiments;c’estainsi.
Tandisquemamèremerefaitunechecklistbrèvedetoutcequejedoisposséder,pourla
millièmefois,monpèremontel'escalieretsonnelerassemblementimminent.
Celasemblepresqueirréel,çayest,jepars!
Jequittelecoconfamilialetdouillet,jequitteNice,jequittelaFrance,unenouvellevie
commencepourmoi,unevied’adulte,libreetindépendante.
Cedépartestprévudepuisl’étédernier.
J’aiprisladécisionaprèsmonbacdesuivredesétudesd'architecture.Audépart,unpeuau
hasard,commebeaucoupdejeunes,sommetoute!Etpuis,auboutdestroisannéesconduisantà
l'obtentiondemonpremierdiplômed'architecte,j'aienvisagédepoursuivre,prised'intérêtalors
parcesenseignements.Cesecondcycles’estadmirablementbienpassé,avecdesrencontres
amicalesetamoureusesquim’ontdonnéuntemps,lesentimentd'êtrechoyéedesdieux.
J'aihabitéavecmameilleureamieLéaencolocationàLyonpourcesecondcycle,quittantma
citéuniversitairedeNice,etnousavonspassédeuxannéesmerveilleuses.Etudes,sorties,
rencontresetleweek-endretouraucoconpourretrouvermonpère,mamère,MartinetMegan.
C’étaitnotrepremièreséparation,maislefaitquejerentraisquasimenttouteslesfinsdesemaine
m‘abeaucoupaidé.EtpuisemménageravecLéaétaitabsolumentgénial!Elletempèremon
caractèreposéetcalmeavecsafougueetsavivacité.Elleauneénergieincroyable!Toujours
gaieetpositive,noscaractèressontquasimentopposésetnousnoustempéronsl’uneetl’autre.
Etpuis,àLyon,ilyaeuaussiDamien.IlasuccédéàDylanceluiquim’abrisélecœur.
Damienestungentilgarçonetnoussommessortisensemblecetteannée,maissijedoisanalyser
notrerelation,jepensequenoussommesplusamisqu’amants.J’aimeêtreaveclui,ilestattentif,
drôleetmesoutientinconditionnellement.J'aihésitélongtempsavantdefranchirlepasaveclui
carjenesouhaitaissurtoutpasentachénotrebelleamitié.Maiscelaafonctionné,mêmesijene
voispasvivremesfuturesannéesàsescôtés,enfinpasdansunerelationamoureuse.Luisedit
amoureuxdemoi,c’estpeut-êtrevrai,jenesaispas.J’arrivedifficilementàfairelapartdes
chosesentrel’amitiéqu’ilmeporteetcesentimentplusprofondqu’ilcroitressentir.
Quoiqu’ilensoit,c’estunjeunedroitethonnêteetjesaisqu’ilnemeferajamaissouffrir
volontairement.Alorsjemedisquefinalementc’estpeut-êtreuncompagnondeviecommelui
qu’ilmefaudrait…plustard.Pourl’heure,j’aidécidédefaireunepausedansnotrerelation,car
vivreunehistoireàdistance,jen’ycroispasdutout.Damienaacceptémadécision,maisje
pensequ’ilnelasubitplusqu’ilnel’accepte.
Toujoursest-ilque,passionnéeparmesétudes,jemeprépareàprésentàsuivreuntroisième
cycle,quimeconduiraàundoctoratd'architectured'urbanisme.Aceniveau,deuxvoiesétaient
possibles:continuerparlecursuslepluscourantsuivreunenseignementclassiqueencoursou
travaillerenalternanceauprèsd’unmaîtredestageetalterneravecdescours.J’aioptépourcette
secondepossibilité.Celamepermettradéjàderendremesapprentissagesplusconcrets,j’aurai
unepetiterémunération,cequin’estpasnégligeablelorsquel’onveutunpeud’indépendance
financièreetenfin,jesaisqueparfoiscelapeutdébouchersurdespropositionsd’embauche.
Prisedansmoneuphoried’émancipation,j’aipostuléàunprogrammeinternationald’échanges
étudiantssanstropycroirecarjesaisquelesplacessontchères.Maiscontretouteattentema
candidatureaétéretenueparmidesdizaines,(descentaines?)pourtravaillerauprèsdela
prestigieuseUniversitéofSanFrancisco,ArchitectureandCommunityDesign(ARCD),
partenairedesécolesdoctoralesuniversitaires.C'étaitunevéritableopportunité!Età23ans,
j'aspireàvivrecetteexpérience.Jemesensprête.
Al’originejamais,jen'auraispenséàpoursuivreautantmesétudes!Maisl'intérêtquejeporteà
présentàl'architecturemepousseàvouloircontinuer.Etreintégréeàcetteuniversitéderenom
boostedavantagemonentrain,plaçantlabarretrèshaut.Maisj’appréciecechallenge.
Danslavoiturequinousmèneversl'aéroport,lesilenceestpesant,lourdd’émotions.Jepense
quenousprenonstousconsciencedeschangementsquis'annoncent,etbienquenousenayons
parléàmaintesreprises,cettefoisnousysommes.Letrajetmesemblelong.Jeregardeparla
vitrelespaysagesenessayantdem'enimprégner.Jenelesreverraiplusavantsixmois.
Arrivésauterminal2,monpèreserangesurledéposeminute,ettoutlemondedescendpourse
direaurevoir.
Mamère,lapremièremesertdanssesbrasenmefaisantmillerecommandations,s’inquiétant
encoredesavoirsij'aibientoutcequ'ilfautetenmerappelantpourlamillionièmefoisqu'au
moindresoucis,problèmeoucoupdeblues,jerentreàlamaison.
Elleamisdecôtéunesommepermettantàtoutmomentd'acheterunbilletpourmerapatrierme
confie-t-elle.Jelareconnaisbienlà!Maiselleabeauessayerdesecontrôler,leslarmesglissent
sursesjoues.C'estcequejeredoutais.Voilàpourquoij'avaisinsistépourfairenosadieuxsurle
déposeminuteetnondanslehalldesdéparts.
Martinsembleunpeugaucheetgênédemeprendredanssesbras.
-Amuse-toibiengrandesœur,ettravaillebien,l'Amériquet'attends!Merassure-t-il.
Jesourisenresserrantmonétreintecontremonfrèreadoré.
-Tuvasmemanquer.Maist'inquiète,onsetientaucourantsurlesréseaux.Tusaurastoutde
mesjournées!Luidis-jeavecunpeutropdejovialité.Enréalité,jesenslenœudquimetenait
auventredepuiscematinsembleserépandrebloquantmarespiration.Cen'estpassifacilede
direaurevoirpourunesilonguedurée,etjepensaissincèrementquemonenthousiasme
prendraitledessuslemomentvenu.Maisiln’enestrien.Meganmeserttrès,trèsforten
m'assurantqueplustardellemerejoindraetqu'ellevivrachezmoi.
-D’icilà,jeserairevenuejeluirépondsenriant.T'inquiète,onseparledèsquepossible.Etpuis,
ilfautbienquequelqu'unouvrelaporte!Jefaisalorsallusionaupremierenfantquiquittelenid.
Unniddouilletdanslequelj'aivécuces23dernièresannées.Etencore,cen'estpasunvéritable
envol,carlorsquej'auraiterminécetroisièmecycle,jerentreraietjerepasseraitrèsprobablement
parlacasemaisonletempsdetrouverunposte.Troisans.C'estlongquandmême,maisaprès
riennegarantitquejeleseffectuerailà-bas.Initialementoui,c’estmonprojet.Maisvais-je
tenir?
PourdifférentescausesjepourraisêtreamenéeàrentrerenFrancepourachevermondoctorat,et
c’estd’ailleurscetteportedesortiepossiblequiaachevédemepersuaderdepersisterdansmon
projet.Jepeuxfairemarchearrièreaucasoù.Maisj'essaiedechasserbienvitecettepenséecar
jedoisêtreforteetsuivreleprogrammequejemesuisprévu.D’ailleurs,jesuissûrequeleplus
difficileestlemomentprésent,celuioùl’onsequitte.
Vientletourdemonpèrequimeprenddanssesbras.Avecretenue,ilmerecommandela
prudenceetm'assureàquelpointluietmamèresontdesparentsheureuxetfiersdeleurfille.
Cettefois,c’estmoiquicraqueetdeslarmess’échappenttoutesseulesdemesyeux.Jeme
dégagedesesbras,reculeunpeu,etajouted'untonfaussementgai:
-Allez,ilfautquej'yailleàprésent!L'avionnem'attendrapas!Jevousappelledèsquej'arrive
etnevousinquiétezpas,jeseraiprudente,commetoujours!Toutsepasserabien.Jevousaime!
Jesaisismavaliseetmedirigeverslaporteautomatiquelaplusproche.Jemeretourneetleur
adresseunsignedelamainetleurenvoiedesbaisers.Jeréaliseseulementqueleporcheesttrès
bruyant:desvoituresklaxonnent,desgenss'agitent,c'estl'effervescenceetjen'avaisrien
remarquéjusqu’ici.Jem'éloigneleplusrapidementpossibledeleurvueetadopteunpasdécidé
quiviseàlesrassurer.
Lesilenceestsaisissantquandjefranchilaported’entrée.Jerepèretrèsvitemonbureau
d'enregistrement,etdéposemavalise.
Muniedemacarted’embarquementjerejoinslasalleenavancesurl’horaire.
Letrajetestlong.J’effectuedéjàunpremiervolpourmerendreàLondres,puisaprèsuneescale
detroisheuresj’embarquedansunsecondavion,quiseramonlongcourrier;lestroisheures
étaientvraimentnécessairesvul’immensitédel’aéroportanglais.J’aid’aborddûprendreune
navettepourmerendreàunautreterminalpuisarpenterjenesaiscombiendekilomètrespour
rejoindrelabonneporte.Lafatiguedueàmamauvaisenuitetaustresscommenceàsefaire
sentir,etjen’aspirequ’àunechoseembarqueretm’endormirleplusvitepossible.Maisceserait
tropsimple.
Unefoisinstalléedansl’appareil,unevoixnasillardesortiedeshaut-parleursdel’habitaclenous
annoncequenotrevolestretardésansautreexplication.Jepousseunsoupir,trouvantcevoyage
éprouvantCelafaitunegrandeettrèslonguejournée.
J’enprofite,tantquenousysommesencoreautorisés,pourenvoyerunpetitmessageàmes
parentsafindelesrassurer,puisjemedistraisenmeconnectantsurlesréseaux.Jepublieun
nouveaupost"MoiauxAmériques!»etjelaissequelquesmessages,cequim'aideàpasser
quelquestemps.
Ilcommenceàfairechauddanslacabineetl’attentedansunecarlinguen’estpasdesplus
agréables.Eneffet,lessiègessontétroitsetselonnotreplaceonnepeutseleversansdéranger
nosvoisins.J’examinelespassagersdenotrevolquicommencentàs’impatienter.Enfin,aubout
d’unedemi-heure,sansautreexplication,noussommesinvitésànousprépareraudécollage.La
climatisationsemetenmarche,ilétaittempscarl’airdevenaitirrespirable,etnousbouclonsnos
ceintures.
Jesuisconvenablementinstalléecôtéhublotetj’aigardéàportéequelquesmagazinespour
occuperletempsetdocumentsdontj'auraibesoinàmonarrivée.Bientôt,l'aviondécolle.
Dernièreétapedecelongvoyage.Levoldoitdurer6h20.Jecalculeetj’imaginearriveraux
environsdeminuitcomptetenuduretard.Jecommenceàparcourirdefaçontrèsdistraitela
brochuredesécurité,maisbienvitemespaupièressontlourdesetjemelaissealleràunesieste.
Presquedeuxheuresplustard,jesuisréveilléeparlebruitdeschariotsetl'agitationquirègne
dansl'avion.Unstewarddistribueunecollation.
Aprèsavoirengloutileminisandwichetlaissélegâteaususpectdanssacoupelle,jesaisisun
magazineachetédanslagaleriedel’aéroportdeNice.Launedumagazineannoncenos
prévisionsastralesestivales.Curieuseplusqueconvaincue,jemerendsàlapagedesfameuses
prédictions.Enfacedemonsigne,lavierge,l’astrologuem’annonceduchangement,unétéplacé
souslesignedelapassionetdesperformancesautravail.Alorslà,medis-jeàmoi-même:tute
plantesmec,carjesuisenvacances!Alorspourletravailturepasseras!bienquejenecroie
absolumentpasàtouscesboniments,j’étudielestroisdomainesannoncés:vitalité-travail-
amour.
"Leprocessusdechangementengagécetétévousinciteàfaireduvidedansvosplacards,y
compriscôtécœur!Vousrepartezsurdebonnesbases,soyezouvertesauxrencontres,
laissez-vousallez!C'estbientôtl'été!"
Etbien!Quedebonsaugures!Jemerassure.
Auboutd’unmomentneréussissantàmaintenirmaconcentrationsurlalecture,jeposele
magazineetprendslapochettequicontienttousmesdocumentsmisdecôtéquelquesheures
plustôt.
Surunepremièrefeuilleimpriméefigureuneadresse,mafutureadresse:404,VanNessavenue-
SanFrancisco.AustyloestajoutélenomdemafuturecolocataireCandyBesch.
J'espèrequ'elleserasympaetquel'ons'entendrabien,çamefaitunpeupeur.Eneffetvivreen
colocation,cen’estpastoujoursévidentetlefaitden’avoirpuchoisirmapartenairem’inquiète
unpeu.Ilfautdirequ’avecLéanousétionstellementamiesquecelanepouvaitquebiense
passer,làc’estvraimentl’aventurepourmoi.
Faisantlepointmentalementj’organisemonarrivée:j'ail'adresse,jeprendraiuntaxi,vul'heure
tardive.Sonnumérodeportableestindiquésoussonnom,etjeréaliseunpeutardquej'auraisdû
luiadresserunmessagel’informantdemonarrivée.J’espèrequel’agenceparlaquellejesuis
passéel’aurafait.
Jemetourneversl'hôtessequipassedanslecouloirpouroffrirunrafraichissantetluidemande
s'ilestpossibled'utilisermoncellulaire,jenecomprendspastoutcarelleparletrèsvite,maisj'en
comprendslesens:noncarnousamorçonsladescente.Zut!Simultanémentjepensequej'ai
intérêtàmeperfectionnerrapidement,sinonçavaêtrelagalèrepourlesétudes!
C'estd'ailleurspourcetteraisonquejesuisvenueaussi;maîtriserdavantage.Lescoursne
commencentquedébutseptembre,maisjedoisd'unepart,mefamiliariseraveclalangue,repérer
leslieuxetprendrecontactaveclapersonnequiaccompagneramonstageenalternance.Bref,j'ai
dequoim’occuperd’iciseptembre.
Jesoupireetmerassureenmedisantquej'enverraiunmessageenatterrissant,toutenespérant
qu'ellenedormepas,carjen'aipaslesclefs!Toutcecimestressunpeu.Logiquement,elle
devraitêtreavertiedemonarrivée,maisj'aiétésottedenepasprendrecontactavecelle
auparavant.Troptard!Enfait,jen'yaipaspensé.Ilfautdirequelestroisdernièressemainesont
étébienremplies.L'attentedesrésultatsd'examens,confirmeretremplirledossierdepartenariat
àl'étranger,puiss'assurerd'unlogement!Enfin,lesadieuxauxamis,àlafamilleetles
préparatifsdedépart.Mesparentsauraientpréféréunéchangeeuropéenpouruneséparation
moinslointaine,maisj’avouequelesvillesproposéesmefaisaientmoinsrêverqueSan
Francisco.
D’autantplusqueleprogrammededesignurbanismeproposéàSanFranciscocorrespond
exactementàmesvœuxetc'estprécisémentlaspécialisationquejesouhaitais.Mesparentsonttu
leursinquiétudesetm'ontaidéàprépareraumieuxceséjour,melaissantprendremonenvol.Je
saiscequecelaleuracouté,affectivementjeveuxdire,etjeleurensuisinfiniment
reconnaissante.Nousavonspriscontactensuiteavecuneagencegérantlescolocationsà
l'étrangeretparmileschoixpossibles,noussommesarrivésàcechoix.
J'aidûcédersurlacolocation,carilétaitimpensablepourmesparentsdemesavoirseule,siloin,
sanspersonne.Pourmapart,j'auraispréféréunesimplelocation,mêmepetite,maislesprix
étaientautrementélevésetjepouvaiscomprendrequ'ilss'inquièteraientdavantage.Demême,pas
decolocationavecunjeunedesexemasculin!Onnesaitjamaismerépétaientils.Onneserapas
tranquillessinon,alors,làaussi,j'aicomposépourlesrassurer.
Ledeuxièmefeuilletquej’inspecteestunplanquej’aiimpriméaucasoùletaxineconnaitrait
pasl’adresse:potentiellementimprobable,maisjesuisdugenreàavoirbesoindemaîtriser:ça
merassure,jen’ypeuxrien,jesuiscommeça,jen’appréciepaslessituationshasardeuses,etj’ai
cebesoinderéduireauminimumleséventuellessurprises.
Pendantl'attentedesbagages,j'envoierapidementunpetitmessageàCandy.
«Salut,jesuisElisabethKleintanouvellecoloc.Monavionvientjusted’atterrir.Jenete
réveillepas?»
Jejetteunœilàl'énormependulesuspenduedanslasalledesbagages,ilest23heures54.
Aussitôtjereçoisuneréponse:
SalutElisabeth,non,jet'attendais.Pasdesouci,quandtuarrives,sonneetjet'ouvrirai.3ème
étage(sansascenseur!)Suivid'unpetitsmileytranspirant.
Bonpremierpoint,elleestprésenteetsembleavoirdel'humour!Ouf!
Rapidement,j'adresseunnouveautexto,cettefoisàmesparentsleurconfirmantquejesuisbien
arrivéeetquetouts’esttrèsbienpassé,quejevaisbientôtarriveràl’appartement.Jeles
appelleraidèsdemain.
Letaxitrouvebienévidemmentl’adresseetm’arrêtedevantleporched’entrée.
Jeprendsunmomentpourregarderlafaçade.Toutel'avenueestéclairée,c'estrassurant.
L'immeublen'estpastrèshautetassezjoli.Ouf(secondoufdelasoirée:çaseprésenteplutôt
bien!)!Jesonne,laportes'ouvreetj'entamelamontéed'escaliersavecmagrosseetlourde
valise.Heureusement,çaneseraquepourunefois!M'yvoici!Jen'aipasletempsdechercher
surlesétiquettess'ils'agitdupalierdroitougauche,qu'uneportes'ouvrelaissantapparaîtreune
jeunefillerousseàlamineenjouée.Immédiatement,ellem'apparaitsympathique.Soulagement.
-Candy?
-Ouirépond-elleavecungrandsourire.EtElisabeth,alors?
-C'estexact!Lizziepourlesamis,jereprends.Désoléed'arriversitard,maisilyaeudesretards
devoldis-jeenmejustifiant.
-Pasdesoucis!Viens,entreetbienvenuecheztoimelance-t-elleens'écartantpourmelaisser
entrerenpremier.Candyparlefrançais,elleestdenationalitésuisseenfaitetj’avouequec’est
unobstacledemoinsàsurmonter
Ellemesuittoutenmeprésentantleslieux.
-L'appartementestassezgrand,tuvasvoir,onadelachance!Lesalonquevoici,lacuisinede
cecôtédit-elleenseretournantetlecouloirquimèneauxchambresetàlasalledebain.Situas
besoindepasserauxtoilettes,c'estlapremièreporteàgauche.
-Non,çava.Jelaremerciedememettreaussiviteàl’aise.Jeposelavaliseetexaminel’endroit
quivadevenirmon"chezmoi"pourlesmoisàvenir.Lesalonestassezbienagencé,ilyaun
grandcanapébeigequifaitfaceàuntéléviseur.Unegrandetableestaccoléeaumur,ellesemble
faireofficedebureau.Etlemurenfaceestaménagéavecdegrandesplanchesquicréentuncoin
bibliothèque.Unetablebasseautourdelaquellesontinstallésquatrepoufsestplacéedevantle
téléviseur.L'endroitn'estpasluxueuxmaispropre,bienrangéetsembleagréableàvivre.Candy
interromptmonrepérage.
-Çateplait?
-Oui,ouiabsolumentluidis-jesincèrementtoutencontinuantdedécouvrirleslieux.
-Situveux,onpeutfairequelquesaménagements,situlesouhaitesmepropose-t-elle.
-Non,çameconvientparfaitement,onverraplustard,maisc'estsuper,merci.
-Jetemontretachambre?
-Oui,biensûr!Jesuisimpatiente.
Elleouvrelaportequisetrouveauboutducouloirsurlagaucheenmefaisantun«tadam!"Je
sourisendécouvrantlapièce.Quellebellesurprise!Elleestgrande,presqu'aussigrandequele
salon.
-Waouh,c'estgrand!Cool!
-Moi,jesuisenface,continue-t-elle.C'estlamême,iln'yaquelesvuesdesfenêtresqui
diffèrent.Latiennedonnesurl'avenueetlamiennesurlaruearrièremeprécise-t-elle.Maistu
verrasc'estcalmelanuitmerassure-t-elle.
Effectivement,lorsqueletaxim'adéposédevant,iln'yavaitquepeudevoituresetseulsquelques
jeunesmarchaientengroupe.
Ellem'observepourvoirsicelasemblemeconvenir.Jelaregardeenhochantlatêtequiseveut
êtreun"super".
-Tuasfaim?medemande-t-elle,jepeuxteprépareruneassiette.
-C'estgentilluidis-jeenlaremerciant,maisj'aimangédansl'avion,alorsçava.
-Onboituncoupetonparleunpeu?Outupréfèrestereposer?
Ilesttard,puisqu’ilestpresquedeuxheuresdumatin,maisvuqu’elleafaitl’effortde
m’attendre,jeluidoisbiença,àmoinsqu’ellenesoitfatiguée?
-Volontiers,oui.Maissituesfatiguée,jeneveuxpasteretardernonplus.Candysemble
vraimentsympathiqueetjesensquelecourantpassebien.J’imaginedéjàquenousallonsbien
nousentendre.Sicelanetegênepas,jevoudraisjusteprendreunedoucheavantetjeterejoins,
çateva?
-Okacquiesce-t-elle.Lasalledebainestjusteàtadroite,c'estlaporteaufondducouloir.Je
vaisnouspréparerquelquechose,prendstontemps,jet'attendsausalon.
Tandisquejemedouche,lafatiguedecettelonguejournéesemblemequitterunpeudemême
quelestress.Lasalledebainestneuve,fonctionnelleavecunegrandedoucheitalienne.Je
rejoinsrapidementCandyafindenepaslafairetropattendre.Elleaplacédeuxverresàpiedsur
latablebasse,quelquesolivesetbiscuitsdansdeuxramequins.
-Vinblanc?Mepropose-t-telleenmeprésentantlabouteille.
-Volontiers,celameferadubienaprèscettetrèslonguejournée.
Ellenoussertetmedemande:
-Alorsqu'est-cequit'amèneverscettemerveilleuseSanFrancisco?"
Jeluiconfiemonprojetd'étudesetluiexpliquequej'étudieraienalternanceàl'université
d'architecturepourunepartiedutempsetenmilieuprofessionnelpourl'autrepartie,cequime
permettraentreautresdepayerleloyeretmespremiersfrais.
-Acesujet,ilfautquejeprennecontactavecmontuteurassezrapidementpourqu'ilme
présenteàmon"patron".Çan’urgepas,maisçaseraitbienquejelefasseavantquel’université
fermependantlescongésd’été.
-Tunesaispasencoresurquelsitetuseras?
-Noneffectivement,l'Universitétravailleenlienétroitavecdespartenairesetselonlesprojets
d'étudesquenousmenons,ilsessaientdenousmettreenrelation.J'aiadressémonprojetdèsles
résultatsd'examenetàvraidire,jenesaispasencoreàquellesaucejevaisêtremangée!
Nousrionstouteslesdeux.LecontactestfacileavecCandy.Jesensquenousallonsvraiment
biennousentendre,etc’estrassurant.
Asontour,ellem'exposequ'ellefaitunepausedanscesétudesafindeperfectionnersonanglais.
Asonretour,ellesouhaitepoursuivresesenseignements.Maiscommeellen'estpasvraiment
fixéesursesdésirs,elleprofitedecetteannéepourdécouvriretmaîtriserlalangue.
-C'esttoujoursunplusmeconfie-t-elle.J'approuve.
Ladiscussionm'apprendqu'ellea22ans,qu'elleapasséunelicenced'artsappliquésetquepour
payercetteparenthèseelleoccupeunpetitjobdansunejardinerienonloin.
-Rienàvoiravecmesétudes,commetupeuxlevoir!S’esclaffe-t-elle.
Ilcommenceàsefairetardettandisqu'ellem'expliquequelquesanecdotesquiluisontarrivées
depuissesdébuts,ilyasixmois,jenepeuxréprimerunbâillementsonorepeudiscret.Sansnous
enrendrecompte,nousavonsfinilabouteilleetladouceurenivranteduvins'ajouteàmafatigue.
-Allez,vatecoucher,ilesttard,onauratoutletempsdediscuterdemain!m'ordonne-t-elle.
Dorsautantquebesoin,commeçaturécupèreras!Etsituveux,jenetravaillepasdemain,jete
feraivisiterlequartier?
-Merci,c'estgentil,ouic'estvrai,jeressensvraimentlafatigueàprésent.
J'aipasséunbonmomentavecCandy,elleestjoviale,ouverteauxautresetvousmetd’embléeà
l’aise!C'esttrèsagréabledeconverseravecelle.
Jequittelejoggingetletee-shirtquej'airevêtusaprèsladoucheetattrapeunmaxitee-shirt,ma
chemisedenuit.
JemeglissedanslelitetappréciequeCandyaiteuladélicatessedelepréparer.Mapremière
nuitauxÉtats-Unis,lapremièrenuitdemanouvellevie!Jem'endorsrassuréeetheureuse,
probablementaidéeparleseffetsduvinblanc.
Chapitre2
«L’amitiétotaleestuniverselle.Etseulel’amitiéuniversellepeutêtreuneamitiétotale.»
JeanGuitton
Lizzie.
Acroirequ’effectivementj'étaisvraimenttrèsfatiguéecarj'enchainedouzeheuresdesommeil
d’affilée.Amonréveil,letempsdedécouvrirunlieuquejeneconnaispasencore,jeréalise
seulementlasituationàsavoirqueçayestj’ysuis,jesuisdansmanouvellechambre.
J’aipréparécevoyagependanttellementdetempsqueçamefaittoutdrôleàprésentd’yêtre
finalementparvenue.
L’odeurdespancakesserépandàtraverslescloisonsetjemedirigeverslacuisineoùCandyest
affairée.
-J’aipenséquecelateferaitplaisir:pancakes,bacon,œufsetconfiturem’annonce-t-elle
fièrement.Çateconvient?
-Oh!Plusqu’iln’enfaut!Laremercié-je.C’esttrèsgentilàtoidem’accueillirainsi.
-Jet’enpriemedit-elleeneffectuantunerévérence.Jeteproposesituveuxqu’onbruncheet
ensuiteonpourraitcommencerparfaireunpetittourduquartierdanslequeltuvasvivre,qu’en
penses-tu?
-Volontiers,merci,j’accepteavecplaisir.J’appellemesparentspourlesrassureretjesuistouteà
toi!Luidis-jegaiement.
Jeprendseffectivementletempsd’appelermafamillepourleurexpliquercomments’est
dérouléemonarrivée.Meganmeposepleindequestions,maisjeluiprometsderépondrepar
mail,carlacommunicationn’estpasd’excellentequalité.Jelestranquilliseenleurexpliquantà
quelpointmacolocatairem’entoureetm’aideàprendremesrepères.Candy,quientendson
nom,m’adresseungrandsourireetmedemandedeleurpassersonbonjour.Elleestcommeça
Candy:nature!C’estvraiqu’elleesttrèsavenanteetgentille,çasevoitdirect.Jeconfirmema
premièreimpression:jepensequenousallonsvraimentbiennousentendre.
Unefoisl’estomacbienrempli,nousdescendonsl’avenuequimènedirectementàFisherman
warf,leportlepluspittoresquedeSanFrancisco.J’aimeimmédiatementl’ambiancequiyrègne,
c’estvivant,beaucoupdejeunesdecommunautésethniquesdiverses.Ilyaégalementbeaucoup
detouristesquidéambulentsurlapromenade.Aufildenotremarche,Candym’informesurles
commerces,lesarrêtsdetrametsurdesanecdotesquiontfaitlesbeauxjoursdelaville.Nous
visitonstranquillementetCandys’avèreêtreuntrèsbonguide.Jesuiscomplètementbluffée
lorsquej’aperçoisunecompagniedephoquesdansleport,cettevilleestdécidémentincroyable!
Jesuisravie,toutm‘impressionneetm’éblouit.Ilestcertainquecomparéaupetitvillageoù
j’habitaisnonloindeNice,c’estunetoutautreviequejedécouvre.
Candym’expliqueensuiteleréseaudetransportsquidessertlamétropole.Ellem’encourage
d’ailleursàmemunirimmédiatementd’unabonnement,m’expliquantquedésormaisjepourrai
medéplaceràmonaise.
-Pourlestrajetspluslointains,m’informe-t-elle,ilyaunservicedebusquifonctionnetrèsbien,
tuverras,celatepermettradevisiterparlasuite,sinon,tuverras,icipasbesoindevoiture!C’est
cool,non?m’interroge-t-elle.Elleestpétillanteetc’estunvraiplaisirquededécouvrirlaville
ensacompagnie.
-Aujourd’huinoussommesvendredi,etcesoirjeteréserveunesurprisem’annonce-telle
malicieusement.
-Unesurprise?Quelgenredesurprise?Tusaiscen’estpastropmontruclessurprises.
-Ohnon,t’inquièteselivre-t-elle,jevaisjusteteprésenterquelquesamis.Tuvasvoir,ilssont
supersympas,tuvaslesa.do.rer;medit-elleséparantchaquesyllabe,sûred’elle.
-Oh?Jenesaispas…
-Taratatamedit-elleagitantsondoigtdegaucheàdroitedevantmonnez.C’estdèsmaintenant
quetudoisfaireleurconnaissance,commeçaturentresdanslebaindirect,tucomprends?
InutiledeluttercontreCandy,sonenthousiasmeesttelquejen’arriveraipasàlafairefléchir.
-Ok,c’estbon,jecapituleetj’acceptel’invitationjerépondsenlevantmesmains,ensignede
capitulation.
C’estvraimentundrôledephénomènecettefille!Ellesembleàl’aisepartoutetavectoutle
monde.Elleinspirelaconfianceetl’enthousiasme.J’auraisaimédisposerdetellesqualités.Car
mêmesijenesuispascoincée,jerestemalgrétoutassezréservéeetl’approchedepersonnes
inconnuesnem’estpasforcémentsimple.
Vers17heures,nousretournonsàl’appartement.J’enprofitepourcommenceràinstallermes
affairesdanslesplacardsprenantpeuàpeupossessiondeslieux.L’appartementestrésolument
chouetteetbienconçu:ilyasuffisammentderangementsetaucunespaceperdu,toutest
fonctionnel.Aprèsunebonnedouche,Candyproposequenousgrignotionsunboutavantdenous
rendreauWitchespub,leurrepaire.
-Cetendroitestlenôtre,m’informe-t-elle,jesourisàsafaçondemeprésenterlelieu.Maiselle
sejustifie:onesttoutunpetitgroupeàseretrouverlàchaquevendredivoireplussionle
souhaiteetenquelquessortec’estnotreQG.Lepatronestsupersympaetilnenousvirepas
mêmesil’onnecommandequetroiscocaspoursixetilyaunepetitepartiedanceflooroùles
vendredisetsamediscertainsviennentpourdanser.Evidemment,onnepeutpastoustoujours
êtreprésentslevendredi,maissionestlibreonserejointlà.C’estaussiunefaçondesesoutenir
cartuverraslaplupartsontfrancophones,alorsons’entre-aide.Ilsvontt’adorer!
-Tucrois?Latrouvantpeut-êtreunpeutropsûred’elle.
-Certaine!Ilsredoutaientunepimbêche,maistuesloindel’êtrem’affirme-t-elle.
-Etsicelaavaitétélecas,jeluidemandeinsolemment.
-Jenet’yauraispasemmenéemerépond-ellefranchement.
-Allezviens,ellesortunebouteilledeblancetinstallesurlatablebassedequoinousfairedes
sandwiches.Tuverras,medit-elle,jenesuispasuneprodelacuisinealorsavecmoic’est
souventsandwichesmeconfie-t-elle.
-Idempourmoi,luiannoncé-jeenmedésignantdudoigt,nousallonsbiennousentendre!
Nouséclatonsderirefaceànotrepropreinfortune.Pendantcedébutdesoirée,nousenprofitons
pourfairedavantageconnaissanceensequestionnantmutuellementsurnosfamilles.
-Tuasdesfrèresetsœursjeluidemande.
-Nonmalheureusement,j’aipassétoutemonenfanceseuleetc’estsansdoutepourçad’ailleurs
quejerecherchetoujourslacompagnie.EttoiElisabeth?
-Ouhlà!Jeréponds,vasteetépineuxsujetdis-jeenprenantunairmélodramatique.Non,je
plaisante,jereprendsaprèsunepetitepause,j’aiunpetitfrèrededix-neufansMartinetune
petitesœurdontjesuistrèsprocheégalement,Megan.Elleaquinzeansetc’estunboucan!
-Unquoi?Unboucan?répète-t-elleengrimaçant
-Oui,unboucan,j’explique,c’estuneexpressionquel’onutilisecheznouspourdécrireune
personnalitéquelquepeuagitée!Maisjel’adore.
-CoolsembleapprécierCandy,tulesferasvenirunjour?
-Ouisansdoute,maisleplussimpleseraitsansdoutequecesoittoiquivienne.
-AvecplaisirmerépondCandyapparemmentraviedel’invitation.
-Allezzou,onseprépare?medit-ellerapatriantverslacuisinenosdeuxassiettes.
-Euh,ouidis-jehésitante,maisons’habillecommentlà-basdemandé-jeinquiète
-Ohlà,pasdetenuespécifique,c’estcool,tuvasvoir.Moijemeremetsjusteuncoupde
pomponetteetvoilà!
-Depomponette?Cettefoisc’estmoiquilareprendsnesaisissantpassonexpression.
-Oui,make-up,maquillagequoi!s’explique-t-elle.
Quelquesminutesplustard,nousquittonsl’appartetremontonsl’avenue.Lepubn’est
effectivementpastrèsloin,quelquescentainesdemètres.Ilnefaitpasencorenuitetbeaucoupde
genstraînentencoredanslarue.Jeregardel’enseignedupub,etj’ailaconvictionquejen’aurais
jamaisoséyrentrerdemonproprechef.Lesvitressontopaques,etladevanturesembleannoncer
auxpassantsqu’ils’agitd’unpubprivé.L’immensepancartesurlaquellelenomdupubest
inscritestpeintedansdesteintessombresdenoiretdebleu.Deuxvisagesdefemmesdeprofily
apparaissant,leurscheveuxs’entremêlantendejoliesvolutes.JefaispartàCandydemon
ressentifaceàcettedevantureetelleexplosederire.
-T’inquiète,merassure-t-elle,c’estvraimentcooldedans.
Nouspénétronsdansl’établissementetCandyadresseun«Salut»aupropriétairequisetrouve
derrièrelecomptoir.Ill’accueilleensepenchantpar-dessuslezincpourl’embrasser.
-Mike,jeteprésenteElisabethditeLizziemanouvellecolocs’enthousiasme-t-elle.
L’hommeauxalluresdebikermesalueetmesouhaitelabienvenue.Jeremarquequesesbras
sonttatouésdemultiplesdessinsquejen’arrivepasàidentifier.Ilestgrandetsonallure
impressionnante.
Candym’inviteàlasuivreetnousnousdirigeonsverslefonddesalleoùautourd’unetable,se
trouventtroisjeunes:deuxgarçonsetunefille.Macolocataireorganiselesprésentations:
-Alors,lesamisvoiciLizzie,enfinElisabeth,Lizziepourlesamisleurannonce-t-elle,en
m’adressantunclind’œil.Ellecherchemonregardcommepourrecevoirmonaccord.J’opineet
ellecontinue,etLizzie,jeteprésenteSteevenquivientdeSuissecommemoi.Ellemarqueune
pause.
Jesaluelejeunehommed’unmouvementdetête,nesachantenfait,sijedoisluifairelabiseou
luiserrerlamain.Ilestvraiquecheznous,onalabisefacile,maisjesaisqu’iln’enestpasainsi
partout,jechoisislasobriété.Mongestedoitluiconvenirpuisqu’ilmerépondparungrand
souriresuivid’un«salut».Ilsuitdesétudesdelettresaméricaines,meprécise–t-elle.Ensuite,
voiciJérémy,lebenjamindenotregroupe,iln’aquedix-neufansetestarrivéjusteaprèsson
bac,pourseperfectionnerenanglais,unpeucommemoiajoute-t-elle.Nous,onlesurnomme
MonsieurCatastrophecarilluiarrivetoujoursdeshistoiresimpensables,tuverras,tuauras
l’occasiondedécouvrirtoutcequipeutluiarriverenunminimumdetemps,çafrôle
l’acharnementintergalactique!meprécise-t-elleenriant.
Pourmapart,jepensesurtoutqu’ilesttrèscourageux:partirsijeuneaussiloin,çam’épate.Il
mesalueàsontouretjeluitrouveunairtouchant,ilfaitencoreplusjeunequesonâgeavecses
cheveuxlégèrementlongsetbouclés.Enfin,vientletourdeChloé,quim’expliqueCandy
travailleensupérettepourpayersesétudessurplace,dedroitinternational.Brune,elle
m’apparaitimmédiatementsympathiquetoutcommesesdeuxautresamis.
Effectivement,lestroisamisdeCandysontàsonimage:gaisetavenants.Toustroissont
francophones,puisqu’àpartSteevenquiestsuisse,sesdeuxautresamissontfrançais.Candyet
moinousinstallonssurleschaisesquifontfaceàlabanquetteettandisqu’ilsentamentune
conversation,j’examineleslieux.L’éclairageesttamiséetl’onpourraitaisémentcomparerce
pubàceuxquej’aipuvoirenAngleterrelorsd’unbrefséjour,ilyaquelquesannées.
ImmédiatementCandycommandedesbièresetsetourneversmoipourmedemandercequeje
veux.
-Nousonprendsouventdesbièresparcequecelarestepeuonéreux,maistupeuxprendreceque
tuveux.
Jen’appréciepasspécialementcetteboisson,maisjen’osepasmesingulariserencommandant
unsoda,alorsjefaiscommed’habitudeetmeretrouveàcommanderunebière.
-Çamevaparfaitement,jeluirépondsensouriant.
Voilàbienundemestraitsdecaractère!Jem’admonestemoi-même,n’osantmedémarquer,je
vaisprendreuneboissonquejen’aimepas!Ilvafalloirquej’apprenneàprendreunpeuplus
confianceenmoi!
Candyetsestroisamisdiscutentdeleursemaineetfontallusionàdesfaitsquejeneconnaispas,
aussijemetourneverslasalle.Aufond,enfaceilyaunbillardetaucentredelasalleune
petitepistequejereconnaisêtreunespacepourdansercommemel’aexpliquéCandy.Des
banquettesvertfoncéceinturentlapièceetdestablesfontfaceàcelles-cicomplétéespardes
chaisesenboisàbarreaux.
Serendantcomptequejenepeuxparticiperàleurdiscussion,Candyinvitesesamisàentamer
unenouvellediscussionplusouverte.Ainsi,nouséchangeonsenfaisantplusampleconnaissance
chacundévoilantunpeudesavieoudesapersonnalité.J’apprendsalorsqueJérémyestparisien,
tandisqueChloévientdeReims.Amontour,jemedévoileunpeuplusenparlantdemafamille
etdemesprojetsd’études.Jecommenceàmesentirunpeuplusàl’aise.
Unpeuplustarddanslasoirée,unjeunecouplenousrejoint.Candymeprésenteauxdeuxjeunes
etannonceenretour:
-EtvoiciDavidet…..,maisellefaitdurerson«et»carelleneconnaitmanifestementpasle
prénomdelajeunefille,oubienl’a-t-ellesimplementoublié.Davidsetourneverssacompagne
pourprésenterlasublimefillequil’accompagne:Mary.
Luiestabsolumentcanon!Grand,descheveuxlongsnoirsetunregardtoutaussisombre.
Lorsqu’ilsourit,sonairténébreuxs’effaceaussitôtaffichantunsourireravageur.Sabeautéestà
couperlesouffle!Celaditcellequisetientàsonbras,Mary,estelleaussitrèsjolieavecses
cheveuxbrunstrèslongs,mouléedansunerobebleuroiquimetenavanttoussesatouts.On
devineaisément,qu’elleconnaitl’effetqu’ellepeutavoirsurleshommes.Toujoursest-ilqu’ils
sontvraimenttrèsbienassortisetquec’estuntrèsjolicouple.Tousdeuxs’assoientcôteàcôteet
s’intègrentdanslaconversation.JesupposequeMaryestcommemoi,c’est-à-direnouvelle,car
elleneparticipepasauxéchanges,secontentantjustedecaresserlescheveuxdeDavid.Geste
quiad’ailleursl’airdelemettremalàl’aisecarilluiretirelamainplusieursfois,l’enjoignant
d’unregardprofondvisantàluimanifesterdecessersesmarquesd’attention.
Peuàpeulepubseremplit,tandisquenousenchainonslestournées.J’arriveenfinàcommander
unsodaprétextantmacraintedemalsupportertantd’alcool.Celadit,ets’ilfautrendreàCésar
cequiluiappartient,lespremiersverresm’ontpermisd’êtredavantagedétendueetdelier
connaissanceplusfacilement.JememetsàpenserqueCandy,filleuniquelietrèsfacilement
connaissancetandisquepourmoiquisuisentouréed’unfrèreetd’unesœur,celarestebeaucoup
plusdifficile.J’endéduisdoncàlamanièred’unefineanalysteensociologie,quejen’aijamais
euvraimentd’effortsàfourniraveclesamisdemafratrietandisqueCandyquiétaitseuleétait
bienobligéed’enprodiguersiellenevoulaitpasresterisolée.Bonçavautcequeçavautmaisje
présumequ’ilyasansdouteunpeudevraidansmonhypothèse.
MonregardestsouventattiréverslebeauDavidetj’ail’impressionqueluiaussimefixepar
moment.Sansdouteparcequejesuisnouvelle,jemefaislaremarqueoualorspeut-êtreest-ce
imaginationquis’emballe.C’estd’ailleursprobablementcela,carvulabeautéquiestàses
côtés,jefaisvraimentpâlefigure.
Alternativement,lesunsoulesautresvontsedéfoulersurlapisteetreviennents’abreuveretse
reposeravantderepartirpourunenouvelledanse.
Jenelesrejoinspascarjenesuispastropàl’aisenonplusdanscetexerciceetjeredoutetroples
moqueriespourm’afficher.Lepubestmaintenantsurpeupléetsedéplacerdanslasalleserévèle
êtreunvéritableparcoursducombattant.L’ambianceesteffectivementtrèschaleureuse,
beaucoupdecrisgroupés,deriresetunfondsonoretrèsbruyant.L’ambianceestvraimentsympa
ici,c’estvrai.Certainss’échappentparmomentafind’allersoitprendrel’air,soitselaisseraller
àprendreunecigarette.Ilstransportentleursverresaveceuxsibienquelafêtesepoursuitmême
surletrottoir.
Adiversmoments,jecroiseleregarddeDavid,maisjeréalisequ’ilestpossiblequ’ilneme
regardequ’enjusteretourparcequemesyeuxnecessentdelereluquer.Maissuis-jevraimentà
blâmer?Ilestmagnétique:ildégageunetellesensualitémêléeàuncertainmystère,quejesuis
persuadéequetoutefillenormalementconstituéeenferaitdemême.D’ailleurs,c’estquand
mêmeincroyablelorsquel’onfaittoutpouréviterdedévisagerquelqu’un,c’estjustementvotre
regardquinecessedes’yposer;commesivotrecorpssedissociaitdevotreespritpourassouvir
unbesoin.Etmêmesijem’interdisdelefixer,c’estincontrôlable,mesyeuxseposentsurlui
régulièrement.Ildoitvraimentsedemanderpourquoijelemateainsi.Maisenmêmetemps,
encoreunefois,cen’estpaspourmetrouveruneexcuse,maisildégageunetelleauraqu’ilest
clairquejenesuispasvraimentmaîtredemesgestes.D’ailleursdanslasallemaintenantbondée,
jenesuispaslaseuleàêtrevisiblementsensibleàsabeautésauvage.
Alorsqu’ilselèveaccompagnédeMarypourrejoindrelapistededanse,jenepeuxrésisterdele
regardersemouvoir.Mêmelà,ilestsuperbe!Ladéesseàsescôtésattireégalementlesprunelles
deshommestombantsursescharmestandisquelquesjeunesfillesgloussantentreellessesont
rapprochéesdubellâtrequisedéhancheavecélégance.
Agacéeparmesstupidesetnonmoinsindiscrètesœillades,jedécidederejoindrelestoilettes
tantpourmerafraîchirlesidéesquepoursoulagéemapauvrevessiequisetrouveempliepartant
deboissons.Candym’indiqueoùlestrouver,etjemepasseunpeud’eaufraîchesurlanuque
m’enjoignantdemereprendreetdecessercejeu.Aumieux,ilrisquedemalinterpréterces
regardsrépétésmeprenantpouruneallumeuse,aupire,ilpeutvenirmedemanderd’arrêter,etlà
ceseraitl’humiliationtotale!Neserait-cequepourmonamourpropre,jedoismecontrôler:
pourquijepasseàlelorgnerainsi?J’espèreseulementquelesautresn’ontrienremarqué,sinon
jevaismeconstruireunebelleréputationpourunpremierjour!
Lorsquejequittelestoilettes,jesuistoutd’abordsurprisedubruitquelaporteatténuait,maisje
n’aipasfaitunpasquej’aperçoisDavidappuyécontrelemur.Merde!Merde!Etremerde!
Surprise,jesuisd’abordenpanique,maisjemerassurebienviteenpensantqu’ildoitluiaussi
fairelaqueuepourlestoilettes,maisnonpuisquecellesdeshommessontdel’autrecôté.Je
prendsunegrandeboufféed’airetréalisequ’iladûtoutsimplementaccompagnerMary.
Rassérénée,jepassedevantlui,enluiadressantunsourireetenbaissantcettefois-cileregard.
Enfin,moncorpsrépondauxordresquejeluiintime!
Maissitôtdépassé,ilmesaisitparlepoignet,mefaisantreculerverslui.Coupéedansmonélan,
jemeretrouvefaceàlui.J’émetsunpetitsondesurpriseetlèvelesyeux.Cettefoisnosregards
sefontfaceetavantmêmequej’aipuluidemanderdem’expliquersongeste,ilm’attireàluiet
poseseslèvressurlesmiennes.Saboucheestcharnueetferme,gourmande.Salangueforcele
passageetalorsquemesyeuxtententdelireuneexplicationdanssessiens,ilpasseunemain
dansmanuque,pressantmonvisagecontrelesien.Cherchantàcapturermalangue,ilexplorema
boucheetjemelaissetenterparcecontactpourlemoinsplaisant.J’abandonnemagarde.Jen’ai
guèrederésistance,jedoisl’avouer.Jem’adonneàsonbaiser.Ilestdouxetvolontaireàlafois,
sucréégalement.C’estunelongueembrassadequisecouetoutmoncorpsparsasensualitéetil
doitsentirmonabandoncarsonbaisersefaitplusprofond,plusexigeant.Unedécharge
électriqueparcourtmoncorpsetjenesaissic’estl’intensitédubaiseroulegoûtd’interditquien
estlacause.
Puiscommerassasié,ilymetfin,sereculeetm’adresseunmagnifiquesourireravageur.Jereste
là,pantoisetandisqu’ils’éloigneetrejointlapistededanse,commesiderienn’était.
Immédiatement,jeretournedanslestoilettes,faceaumiroiretmerepasseunpeud’eausurla
nuque.Deuxfillessontentrainderetoucherleurmaquillagequiacouléparlachaleuretl’une
d’entreelles’adresseàmoi«ilfaitchaud,n’est-cepas?»medemande-t-elle,oh,oui,ilfait
chaud,siellesavaitàquelpointjeviensd’avoireuchaud!
Maissansrentrerdansledétail,jeluifournisjustelaréponsequ’elleattendaitenacquiesçant.
Instinctivement,jepassemesdoigtssurmeslèvresessayantdem’expliquercequivientdese
passer,maisenfait,jenesaispascequivientdesepasser.Enfinoui,jesais,c’estjustequejene
comprendspaspourquoi!
Aprèsquelquesminutesbiennécessairespourretrouvermoncalme,jerejoinsnotretabléeet
justifiemonabsenceaussilongueenmeplaignantdumondequ’ilyavaitdanslestoilettes.Cela
estd’autantplusstupidequ’inutilepuisquepersonnenem’ariendemandé.Perturbéeetgênéepar
cequivientdesepasser,jeprofited’unsilencedanslaconversationpourinformerCandyqueje
vaisrentrerprétextantavoirencorebesoindesommeilréparateur.
-Jeteraccompagne?medemande-t-elle,
-NonCandy,reste,cen’estvraimentpasloinetjenerisquepasdemeperdreluidis-jed’unton
faussementléger.LefaitestquejeveuxdéguerpirtrèsviteavantqueDavidnerejoignelatable.
J’adresseunrapidesignedelamainàtousceuxquisontencoreprésentssurlabanquetteetquitte
lepub.
L’airfraismarinbalaiemonvisagemeprocurantunimmédiatsentimentd’apaisement.Je
redescendsl’avenueetrejointl’appartementtoujoursaussiperplexe.J’essaiedecomprendrece
quiabienpusepasserdansmatêtepourquejelorgneunmecdefaçonaussiinsistanteetme
demandeégalementpourquelleraisonDavidm’aembrassée.Maisriennemevientàl’idée
hormislefaitqueDavidaitvoulumedonnerunavertissementpourl’avoirreluquéainsitoutela
soirée.Jenetrouvequecetteexplication,entoutcasc’estlaplusplausible,vulabeauté
incendiairequiluitenaitcompagnie.Sijedoisêtretoutàfaithonnête,jesuisjalousedecette
magnifiquebrune,regrettantmasimpleallurequelconque.Oh,jenesuispasmoche,non;mais
jenejouepasdutoutdanslamêmecatégoriequeMary,c’estainsi,hélas!Ilyavraimentdes
injusticesgénétiquesencebasmonde,jemefaislaréflexion.Etcen’estpasmoiquiaurais
accèsàcegenredebeautémasculine!
Dépitée,jemecouchetoutenessayantdequitterl’imagedeDavidm’embrassant.Ilembrasse
bien,lavache!Mesusurremaconscienceconcupiscente.JedoischasserDaviddemespensées
etpourcefaireriendetellequ’unetâchebienmatérielle:organisermajournéedulendemain.
L’universitéestencoreouverte,jeprévoisdoncdem’yrendreafindefairelarencontredemon
responsabledestage:MonsieurCarson.Enfait,j’ignores’ilseraprésentsurlecampusun
samedimatin,maisjevaismalgrétoutm’yrendre,cequimepermettraaumoinsdedécouvrir
monnouveaulieud’études.
J’aidumalàtrouverlesommeilétantautanttroubléeparmafuturerencontreavecmonsieur
CarsonqueparlebaiservolédeDavidquimerevientenflash.Heureusementpourmoi,aubout
d’unmoment,lafatigueaccumuléelorsdutrajetenavionàraisondemoietjefinismalgrétout
àtrouverlesommeil.
Chapitre3
«Laviefleuritparletravail.»
ArthurRimbaud
Lizzie.
Lelendemain,lorsquejemeprésenteausecrétariatdedirectiondel'université,jesuisaccueillie
parunepetitefemmesourianted'unesoixantained'annéequimedemandedebienvouloir
patienterquelquesminutes.
-MonsieurCarsonestprésent,ilvavousrecevoird'icipeum’informe-t-elle.
Quelquesminutesplustard,effectivement,ellemedemandedelasuivremeconduisantàson
bureau.
MonsieurCarsonauncertainâge,j'aivraimentdumalàl'estimer,maisilesttoutenrondeuret
sonvisageinspirelabonhommie.Ilm'accueillechaleureusement,s'assurequejesuisbien
installéeetmeposed'aborddesquestionsd'ordrepersonnelafindemieuxmeconnaîtrem'assure-
t-il.
-Jemetsunpointd'honneuràrencontrerlesélèvesdelasectionquejesuis.Etcommejeleurdis
àtous,jevousledisàprésent,sivousvoustrouvezcontrariéeouinquièteparquelquechose,
n'hésitezpasàvenirm'enparler,ilyatoujoursunesolution.Jesaisqu’iln’estpassimpledese
retrouvertrèsloindechezsoietvousêtesencoresijeunes,alorsaumoindresouci:pensezM.
Carson!J’aimeàpensermeconfie-t-ilenchuchotantquejesuisunpeuvotre«papa»desEtats-
Unis!
J'appréciesagentillesseetsonempathie.Ondevinequ’ilaimevraimentsontravailetqu’ils’y
dévoue.Ilpoursuitl'entretienaveclalecturedemondossierquiexposemesmotivationsàvenir
suivremesétudesdanscetteuniversitésiprestigieuse.
J'aipréparémonentretien,doncjepensem'ensortircorrectement.
-Bienmefait-ilrefermantledossier,j'aiétudiévotrecasetnousavonsunchantierquipourrait
toutàfaits’adapteràvotrethèseetvousconvenirentouspoints.Eneffet,lavilledeSan
Franciscoacommencédepuisunmomentdéjààrénovercertainsquartiers"usés",lemotmefait
sourire,et,poursuit-il,jepensequevousyauriezvotreplaceentantquestagiaire.Qu'enpensez-
vous?
-oui,biensûr,jerépondsavecenthousiasmeàsaquestion.Detoutefaçonj’auraisétéincapable
derépondreparlanégative.Enplus,unchantierpourlavilledeSanFrancisco!Waouh,c'est
géant!Jen'auraispuavoirmieuxpourlasoutenancedemondoctorat!Jesuishyperexcitéeà
l'idéedetravaillersurledossier.
-Bien,conclut-il.Alorsvoici,lenometlenumérodetéléphonedelapersonnechargéeduprojet
dit-ilenmetendantundossier.Al'intérieurvoustrouverezl'ébaucheduprojet.Votretuteur
professionnel,MonsieurSharp.SamuelSharpreprend-ilestavertidevotrearrivée.Vousaurez
beaucoupàapprendreauprèsdelui,c'estunmaîtreenlamatière.Ilaexécutédetrèsbeaux
ouvragesicietailleursprécise-t-il.Votrecollaborationsera,j’ensuispersuadébénéfiqueet
prospère!S’enthousiasme-t-il!Prenezcontactavecluidèsàprésentafindepréparervotre
contratdepartenariat.Vouscommencerezaupremierseptembremaisvouspouvezd'oresetdéjà
réfléchirauprojet.FélicitationsMademoiselleKleinetbienvenueàSanFrancisco!Alors
maintenant:autravail!M’encourage-t-il.
Ilselèvemesignifiantainsilafindel'entretien.Jesuisauxanges,j'afficheunsourirebéant.
Aussitôtsortiedeslocaux,j'appellemesparents,ilest20heuresenFrance.Jeleurcommunique
monenthousiasmepourlechantierderénovationetilsmefélicitentsincèrement.Jepensequ'ils
sontvraimentfiersetqu'amisetmembresdelafamillen'ontpasfinid'enentendreparler!
L'après-midi,jetéléphoneaunumérocommuniquéparMonsieurCarsonafindeprendrerendez-
vousavecMonsieurSharp.Sasecrétairemedonnerendez-vousle02juinà16h00.Jefeuillette
ledossieretcommenceàmerenseignersurinternetsurSamuelSharp.J’ouvrelapage
wikipédia.ilestdansWikipédia!Unpetittoposursabioestéditéainsiquedesphotographies
d'ouvragesqu'ilapuréaliser.Jemefélicited'avoirpenséàmerenseignersurlui,car
effectivementilestreconnucommeétantunepointureenarchitecture.Jeprendsdequoinoteret
commencelalecture.Jenotelesinformationsquejejugeimportantes.
"SamuelSharpestnéàChicagoen1975.Ilaétémariéàl'actriceSandySouletàdivorcé
deuxansaprès.Influencéparlecourantd'urbanismemoderne,onluidoitdiversouvrages
dontlatourclouddanslequartierdeManhattanàNew-York,diversimmeublesdansdes
quartiersdeLosAngelesainsiqu'àDallasIlaparticipéauprojetderéfectiondel'aéroportde
Dublinetsembleàprésents'êtrespécialisédanslarénovationdequartiersanciens."
Effectivement,jeconstatequ'ilaunsacrécurriculumvitae.Jen'auraiplusrêvermieuxcomme
tuteur.
Unephotolereprésente:ilal'airfigéetaustère.Maisellenedoitpasêtrerécentecarilsemble
plusjeunequequaranteans.Laphotoestquasimentennoiretblancàl'exceptiondesesyeux
quisontd'unbleusivifqu'onlescroiraitcorrigésparlelogicielPaint.
Sonregardestsibleuassezqu’ilenesthypnotique.Etcommebeaucoupdepersonnesayantles
yeuxsiclairs,ildurcitleregard.
Jerefermemonordinateuretprendsletempsdemedétendreunpeu,réfléchissantàtoutcequi
m’estarrivédepuislesdernièresquarante-huitheures.Jesuisloindemonanciennevie,iciça
bouge;etquelquepart,jemesensplusvivante.
Jesuisàprésentconvaincuequej’aibienfaitdeprendremonenvol:c’étaitlebonmoment.
Jen'aipasoséparleràCandydecequis'étaitpassélaveilleavecDavid;etcepourplusieurs
raisonsquejem'énumère:
1-Ellem'agentimentprésentéàsesamis,celamegêneraitdeluiraconterça,j’aurais
l’impressiond’avoirabusédesabienveillance.
2-Jemesenscoupabled'avoirréponduàaubaiserdeDavidetjeréalisequec’étaitunacte
stupide.
3-J'auraistrophontedluiraconter.Quisecomporteraitainsilorsd’unetoutenouvelle
rencontre,alorsmêmequ’ils’avèrequecettepersonnesoitencouple.Jenesuispasvraiment
fièredemoi,jepensemêmequej’aidûpasseràsesyeuxpouruneidiotesubjuguée.
4-Enfin,çanemeressembletellementpas,quejemetscetincidentsurlecomptedetousces
bouleversementsrécentsetjesuissûred’ailleursquecelanesereproduiraplus.
MieuxvautoubliercebaiseretpourmadignitééviterderecroiserlebeauDavid,celam’évitera
deledévisagerànouveau,sil’enviemereprenait.Toutsimplement.
Peuàpeu,lesjoursquisuiventjecommenceàm'organiserdansl'appartementetàylaissermon
empreinte.J'effectuequelquesaménagementsetmodifieunpeumachambredemanièreàm'y
sentirparfaitementchezmoi.Candyetmoiavonsrédigéunplanningdestâchesménagèreset
sommestombéesd'accordpourlesrepas:c'estchacunpoursoisachantqu’ellesortbeaucoupet
neprendquerarementsesrepasici.Jemetsaussiàprofitmontempslibrepourvisiterlavilleet
sesenvirons.Peuàpeu,jem'imprègnedeSanFrancisco.C'estunegrandevillemaisjelatrouve
agréableàvivre.Toutessortentdecommunautésethniquessontprésentesettoutessemblent
cohabitersansquecelanesembleposerproblèmeàpersonne.C’estassezrarepourle
remarquer.
J'airendez-vousdemainavecMonsieurSharp,aussijecommenceàpréparermonentretien.Je
suisanxieusecarc’estunepersonnalitéetunmaîtreensaspécialité,cequim’intimided’autant
plus.
J'ailongtempshésitésurmatenuevestimentaireavantdemeprésenteràcetentretien.Cegenre
dedétailsmeposetoujoursproblème.Dois-jemeprésenterenjeansavecunjolichemisier?
M'habiller"plusfemme"pourcetentretien?Jedécidequenon,celaferaittrop.Jenesorspas
nonplus,jerencontrejusteunepersonneavecquijevaistravaillerlestroisprochainesannées.
Etpuis,j'imaginequenousseronsamenésànousrendresurdeschantiers,alorsjerisqueplus
d'êtreridiculeavecdestalons.Option1retenue:jeans-chemisierléger(carilfaitchaud)et
ballerinesassorties.Parfait,jolirenduetconfortable!Jesuissatisfaitedurefletquemerenvoie
lemiroir.
Alorsquejepatientedanslasalleattenanteaubureaud'accueil,j'essaiedemeremémorerles
quelquespointsquej'ainotésenvuedecetentretien.Leslocauxdédiésàl'urbanismesontsitués
dansl'enceintedel'hôteldeville,maisdansunbâtimentadjacent.Parailleurs,jesaisque
MonsieurSharpestpropriétaired’uneétudeenvilleetjenesaispassijetravailleraiicioudans
seslocaux.
Lesdifférentsservicessontfléchésetc'estsansmalquejemesuisprésentéaubonendroit,du
premiercoup.Jeregrettefinalementd'avoirprévuaussilargeentemps,caràprésentl'attente
laisselestresssediffuserpeuàpeuenmoi,mêmesicelaeststupide:ils’agituniquementd’une
prisedecontact.
MaisceMonsieurSharpestmanifestementunepointureetj'espèrem'ensortirconvenablement.
Jenesuispastropàl'aisedanscegenredesituation.Jeregardel'horlogemuraleetcelle-ci
sembleavoiruneautreprogrammationdutemps,carlesminutess'égrènentàunrythme
singulièrementlent.
-MademoiselleKlein?
-Ouijerépondsd’unevoixtimide.
-Veuillezmesuivres'ilvousplait.MonsieurSharpvavousrecevoir.
Jedétournemonregarddel'énormehorlogeetcroiseleregardd'unefemmeélégante,lapetite
quarantaine,peut-êtreunpeumoins,quimedemandedelasuivre.Alorsquejemarchederrière
elle,ellem'informequ'elleestl'assistanteprincipaledemonsieurSharp,LindaBelletquetout
devrapasserparelle.Ellem'aviseégalement,demanièrepeuchaleureuse,qu'enréalitéj'aurai
trèspeuàfaireavecluicequejetraduisimmédiatementpar:"lepetitpeuplen'approchepas
aussifacilementlegénie!".Jeseraitentéedeluigrimacerdansledosenlasingeant,maisje
m'enabstiens.Nonpasquejesoisunejeunefemmemâturequisachesecontenirmaisdavantage
parpeurdecamérasquimelivreraienttellesdestraîtresses.Jetrottinederrièreelleafindesuivre
sadémarcherapide.Juchéesurdehautstalons,elleondoiedanslecouloiravecbeaucoupde
classe.J’imaginel’allurequejepourraisavoiravecdetelleschaussures!çamefaitsourire.Son
tailleurgrisclairesttrèsélégant,etbienquesimple,ondevineimmédiatementqu’ils’agitd’un
modèlegriffé.Jesuisobligéedereconnaitrequ’àcôtéjedonnedavantageuneimage
d’adolescente.Sescheveuxbrunssontretenusenunchignonbastrèssoignéetdefinesboucles
d'oreillesenorcomplètentsatenuedemanièredistinguée.
Jeregrettequ'ellenesoitpaspluschaleureusedanslamesureoùjevaisprobablementlacôtoyer
trèsrégulièrement.Maisj’imaginequ'avecletempsnouspourronssansdouteéchangerplus
sympathiquement,commedescollèguesdetravail.
Bientôt,elles’arrêtedevantunedoubleportesurlaquelleestfixéeuneplaqueencuivreprécisant
quecebureauestceluidemonmaîtredestage:SamuelSharp-Architectedesigner.
Elletoquedeuxcoupsetattendslaréponseavantd'entrer.Jelasuis,etellemeprésente:
-Samuel,tonélèveestlà.
Sonélève?Nonmaisquandmême,jerêve!Elleauraitpusimplementmeprésenterparmon
nomoucommesastagiaire!Sontonsignifiait:"lamiochedontvousaurezàvousoccuperest
là!Jen’appréciepas;etbienquedérangéeparcetteintroduction,jem'approchedubureau,tend
lamainetmeprésente,moi-même:
-ElisabethKlein,Monsieur,enchantéedefairevotreconnaissance!
L'hommeassisaubureaunelèvepaslesyeuxdesonécranetmamaintenduevolontiersrejoint
moncorps,medécontenançantunpeuplus.
Toujourssansunregard,ilajoute:
-MerciLinda,tupeuxnouslaisser,jevaism'enoccuper.
-MaisSamuel,jepensaisquetuvoulaisquel'onmènel'entretienensemble?s’indigne-t-elle.
Jenesaispaspourquoi,maisce"ensemble"meconvaincqueleursrapportsnes'arrêtentpasau
bureau.Ilfaudraquejesoisprudente!m'avisé-je.
-Commejel'aiditLinda,jevaism'enoccuper.Seul.Ilajoutecederniermotavecunepointede
mécontentement.
Lindatournelestalons,sestrèshautstalonsmêmeetressortdubureau,vexée,c'estunfait.
Jerestealorsplantéelà,unmoment,devantlebureau,malàl'aise.Jenesaispassijedoisfinir
demeprésenterouattendre.D’ailleurs,quedoit-onfairedansdetellessituations?Quelmufleen
toutcasmedis-je.Maisjerectifieaussitôt:forcément,Lizzie,cemonsieurestquelqu'undetrès
sollicité,tupeuxattendrequ'ilsoitprêt!Tut'attendaisàquoi?Qu'illâchetoutdèstonarrivée?
GrandisunpeuLizzie!
Quelquessecondestrèslonguespassent,puisenfin,ildaignemeregarder.
Quelhonneur,Monsieur,vousmefaîtes!jerailleintérieurement.
Jecomprendsbienvitequ'ilfautquej'arrêtemesenfantillagesetquejemeconduiseentantque
professionnelle,enfinbientôtprofessionnelle.
Alorsquejepensequ'ilvaenfinm'adresserlaparole,ilnebronchepas,maismedévisagedehaut
enbaspuisdebasenhaut.
Malàl'aise,jenesaisquoidireouquefaire.
Auboutd'unmoment,ilcessesoninspectiondestroupesetmelanceauvisage,surunton
hargneux:
-Vousvoushabilleztoujoursengamine?
Nonmaisjerêvelà,c'estquoicetype?Pourquiseprend-il?
-Euh?Pardon?Jerestesansvoixfaceàcettequestion,
Maisilestfoucetype!J'aienviedeprendremesjambesàmoncou,claquerlaportenonsanslui
dired'allersefairevoir!Jamaisjen’aiétéreçueainsi.
J’endéduisimmédiatementqu’ildoitacceptercontraintdesstagiaires,cequiexpliqueraitson
attitude,oualors,cetypeestd’unearroganceincroyable.
-Jenecomprendspaslesensdevotrequestion,réussis-jeàluirépondrelavoixbalbutiante.
-Celamesembletrèssimplepourtant.Ilmefixealors,desonregardbleuiceberg,pleinde
mépris.Lemêmeregardquesurlaphoto,unbleusiclairqu'ilvousglace.
Puisilpoursuit:
-Jevousaidemandésivousvoushabillieztoujoursainsi?
Lacolèremesubmergemaisjeréussisquandmêmeàluirépondresuruntontoutaussisecquele
sien,maintenantmonregardestrivéausienetjem'interdisdeciller:
-D'unepart,jenevoispasenquoimatenuevousintéresse,dumomentqu'ellerestedécente,et
d’autrepartilnes'agitpasd'unetenuedegamine.Jepensaisfranchementquenotreentretienne
tourneraitpasautourdechiffons.Ettoc!
Ilprendletempsderespirerpuisesquisseunsouriremoqueur,legenredesourireoùunseulcôté
deslèvressesoulève:styleHarrisonFord,maisenbeaucoupbeaucoupmoinsaimable.Sije
n'étaispasautantencolère,jeluitrouveraiducharme,maislà!Quelêtresuffisant!
-Bien,poursuit-il,jeveuxvousvoirlundidansunetenuedécenteà8h00.Aurevoir
Mademoiselle.Puisilretourneàsonécran.Findel'entretien?
N'enn'ayantpasfini,j'ajoutefortedemoncontrat:
-MonsieurSharp,toutenmettantmatenuevestimentairedecôté,puis-jevousfaireremarquer
quemoncontratstipulequejecommencemesfonctionsaupremierseptembre?Etj'ajouteaprès
unepause,ilnes'agissaitqued'uneprisedecontact!
Sansleverlesyeux,ilconclut:
-AlundiMademoiselleKlein.
Findel'entretien,cettefoisj'ensuissûre.
Jemeretourneafinderegagnerlaporteetaumomentoùjeposemamainsurlapoignée,il
rétorque:
-VoyezavecLindapourlatenue.
Sansmêmerépondre,jefranchiscettefoutueporteetm'adosseaumurenlaissantpasser
bruyammenttoutl'airquej'avaisretenusansmêmem'enrendrecompte.Quelquessecondesme
sontnécessairespourrécupérer,jeposemesmainssurmesgenouxenrétablissantmarespiration
commesijevenaisdecouriruncentmètres.
Puisjemeredresse,passedevantlebureaudeLindaetm'échappedecelieusihostile,bien
décidéeàretournervoirMonsieurCarsonetexigerdechangerdemaîtredestage.
Dansunpremiertemps,j'imaginem'yrendreimmédiatement,maisreprenantlecontrôle,je
décidedegérercetteaffairedemain,letempsdequitterlacolèrequim'aenvahie.
Deretouràl'appartement,Candyfaitofficededéfouloirettandisquejeluirapportelespropos
decefou,ellem'écouteavecbienveillance,jusqu'àcequej’aievidémonsac.Enfin,sentantque
j'enaifini,elleajoute:
-Etbieneffectivement,quelmufle!Maispourquiilseprendcelui-là?Allez,t'inquiètemedit-
elletoutensedirigeantverslebar,saisissantdeuxverresaupassageetunebouteilledevin–
c’estapparemmentleremèdeuniverseldeCandyàtouslesmaux-
-Tiens,goûtecevincalifornienetdétends-toi.Demain,précise-t-elletoutseraréglé,ilsvontte
changerdechantieretAdiosMonsieurCro-Magnon!Dit-elleenlevantsonverre.
Amontour,jetrinqueetconfirme:
-Oui,tuasraison,cenesontpasleschantiersquimanquentici.Etmêmesijeregrettedene
pouvoirtravaillersurceprojet,jepréfèreencorecollaboreravecuneéquipeplussympa,même
surunchantierplusmodeste.
JefinislasoiréeavecCandysurlecanapé,riantmêmedemamésaventure.
Ah!Lesvertusduvincalifornien!
Samuel.
Lorsquelamômeentredansmonbureau,elleparaitencoreplusjeunequesurlaphotodeson
dossier.
Jejureentremesdents.Nonmaisn'importequoi!AquoipenseCarsonquandilsélectionneles
candidatures?
Lorsqu'ilestvenumevoirlemoisprécédentavecsesquatrepostulants,j'aiimmédiatement
écartélegars.Pasquestiondetravailleravecunjouvenceauquiréclameraitsamèreàla
premièreanicroche!Ilrestaitdonctroisfilles,etlapluspotabledestroisétaitcettedemoiselle
Klein!Maisjen'aipaspenséàregarderlesâges.D'ailleurs,jem'enfoutaisunpeuàvraidire!
Çac'estlejobdePaulderetenirlescandidatureslesplusappropriéesauposte-ainsiqu'àmoi-
ricanais-je.
L'annéepassée,Samanthan’étaitpasmalnonplus.Dommagequ'ellen'aitpastenu.
Alorsmevoilàcondamnéàfairedubaby-sitting!Jesouffle.
JesaisislecombinéetappelleCarson.
-Sam!Alors,commentvas-tu?J'aireçutastagiaireilyaquelquesjours!Ellenedevraitpas
tarderàprendrecontactavectoi.Qu'est-cequimevautl'honneurdetonappel?
-Justement,jet'appelleausujetdeKlein.
-Jet'écoute.Unproblème?
-Jenesaispassiellevafairel'affairejustement.
-Qu'est-cequitelaissepenserça?Tusaisquedetouteslescandidatures,c'estellequi
présentaitlemeilleurdossier.Meilleursrapportsdestagesetmeilleurprojetlorsdesapartie
pratique.
-Oui,j'airelusondossier.Mais,elleestjeune,non?
-Attends,laisse-moiregarder.
J'entendsPaulquipianoteàlarecherchedel'info.
-T'embêtepas,Paul,j’aivérifié:ellea23ans.
-Ah?Etleproblèmeest?medemandePaul.
-Jenefaispasdanslebaby-sittingPaul,tusais.Moilesmioches...
Paulmecoupe.
-Jenepensepasquel'onparledemiocheà23ansSam.Ecoute,jesaisqueceshistoiresde
partenariatetdestagiairest'ennuient.Maisc'estàceprixquelesboursesd'Etattesontdélivrées
etàcetitrequetuaslapossibilitédetravaillerdanscesconditions.Detrèsbellesconditions,
n'est-cepas?m'interrogePaul.
-Oui,oui,jesaismaugrée-je.Puisjepoursuis,tucroisqu'ellevatenirlecoupcelle-là?
-Etpourquoinon?Kleinal'airtrèsstableetc'estunebosseusequiplusest!Votrecollaboration
devraitêtreproductive.
Merde!Juré-jeenraccrochant.
Ilvabienfalloirfaireavec!J’espèreimmédiatementqu'elleneseprésenterapasd’elle-même,
comptetenudel'accueilquejeluiaiaccordé.Cequirésoudraitmonproblème.Jemesurprends
àsourirealorsqu'enmêmetempsjeréfléchisaufaitquejesacheêtretotalementodieux.
L'andernier,Samanthan'atenuquesixmois.Maisquelssixmois!Vingt-septans,une
incroyablerousseauxyeuxverts,unboncoupquiplusest!
Rienqued'yrepenserj'ensalive!Dommagequ'ellesesoitimaginéequenousfinirionsengentil
petitcouple.Jeneluiendonnaispasassezmerépétait-elle,sanssavoirsecontenterdecequ'elle
avaitdéjà.Lasotte!
Dommagecarc'étaitunesanguineetaupieuc'étaitquelquechose!Pasqu'aupieud'ailleurs
quandj'yrepense,surlebureau,danslavoiture,partoutoùc'étaitpossible!
Maispourlecôtéfleurbleuej'aidéjàdonnéetcelanem'apasparticulièrementréussi!Ellea
finiparcraqueretrepartirchezelleàParisleslarmesauxyeux,jugeantqu'ellenepourrait
continueràtravailleràmescôtéssuiteàmadécisiondetoutstopperentrenous!
Pourquoilesnanasnepeuvent-ellessecontenterdebaiserpourleplaisirsanspourautantsonger
àvousmettrelegrappindessus?Ellescompliquenttout.
C'estpourtantsimple:tubaises,t'esheureuxetvoilà!Pasd'emmerdes,pasdecontrainteset
surtoutpasdeprisedetête!
Celadit,c'étaitjoueraveclefeuquedechasserlesfillesduserviceetc'estrapidementdevenu
unvraimerdiercôtéboulot.Quecelameservedeleçon.Alorsnouvellelignedeconduite:plus
degaminesetplusdeplanculauboulot!Séparationabsoluepourtranquillitécertaine!
Celadit,j'auraisbienfaitunepetiteexceptionaveclanouvelle.Elleestpasmaldutout.Même,
siellesefringuecommeuneado,j'aibienvuqu'elleadupotentiel.Jel'imagineenrobesexy
perchéesurdevertigineuxtalonsaiguilleElleestracée!Unjenesaisquoiquiluidonneuncôté
animalsauvagequejedompteraisavecplaisir!Maisnon!ArrêtededéconnerSam,c'estune
minottetoutjustesortiedel'adolescence!
Pourtant,samanièredetenirtête,malgrémonaccueil,sonregardquivoustoise...hum,j’avoue
quejeluiauraisbienfaitsafête.Moncorpss'emballeàcettepensée.
J'aibesoindemeviderlatêteetsurtoutd'occupermoncorpsquis’affoleenpensantàKlein.
Courir,souleverdesfontesetsuersurdesappareilsdegymmeremettrontlesidéesetles
organesenplace.Jemedirigeverslasalledesportaveclafermeintentiondemesurpasserdans
l'effort.
Chapitre4
«Lesexeestlaseulemanièrequ’ontlesgensdesedéfouler.
Caoùsesaouler.»
Björk
Lizzie.
Unedemi-heuredéjàquej’essaiedechoisirmatenuepourmeprésenterdevantMonsieurLe
Tyran.Pastrèsgentilcommesurnom,maisàl'heureactuellejen'airéussiàluitrouverque
celui-ci.J'aieubeausupplierMonsieurCarsondem'orienterversunautreprojetarchitectural,il
n'apascédé.Jen'aipasoséluiraconterl'histoiredesvêtementscarmêmesijen'étaisenrien
fautive,jemesuissentiegênée.Alorsj'aiparléd'incompatibilitédecaractères,insistésurlefait
quenotrecollaborationnesauraitêtrebénéfique,toutenluireprécisantqu'ils'agissaitd'un
projetsurtroisansetqu'ilvalaitmieuxs'enrendrecomptedèsledépart,alorsquejen'avaispas
commencé.Maisrienn'yafait.MonsieurCarsonn'apasdémordumerappelantquec'étaitun
projetàmahauteuretquej'enretireraiforcémentdenombreuxavantagesparlasuite,àl'issue
demesétudes.Ilaégalementinsistésurlachancequej'avaisdetravailleravecunarchitectede
cettetrempeetquebeaucouppaieraitpouravoirceposte.Enfin,etcontretouteattente,
MonsieurCarsonm'aassuréquenosrapportss’arrangeraientforcémentd'iciquelquesjours,le
tempsdefaireconnaissance.
IlaégalementinsistésurlefaitqueSharpestunhommerigoureuxetexigeant,etqu’ilme
transmettracesqualitésàtraversnotrecollaboration,quej’apprendraibeaucoupàsoncontact.
-OuvrezgrandslesyeuxetlesoreillesMademoiselleKleinetvousenressortirezpeut-être
lauréatedevotrepromotion.Voussavez,toutcommemoi,cequecelapeutsignifierpourvotre
avenir?a–t-ilcontinué.
-OuiMonsieur,jerépondsenbaissantlesyeuxetenmetriturantlesdoigts.
-Quantaujourdedépartdevotrepartenariatjevousconseillederestersoupleetdecommencer
dèsqueleprojetlenécessite.EtcelaseulMonsieurSharpestenmesuredevouslesignifier.
Vouscomprenez?
-Ouibiensûr,jemerésigneenhochanttimidementlatête.
Jeressorsdecetteentrevuecomplètementdésappointéeetencolèrecontremoi-même.Card'une
part,jen'aipasréussiàobtenirgaindecauseetd'autrepartl'imagequim'aétérenvoyéeest
celled'uneenfantquiafaituncapriceetquifinitparl'admettre.
Lorsquejerejoinsmonappartement,jemedemandesijen’aifinalementpasamplifiéles
tensions.J’ail’impressiond’avoireuuneattitudeemportéeetpuérile.Jemejettesurmonlitet
placemonoreillersurmatête,unpeuàlamanièredesautruches,peut-êtreparcequejenesuis
pastrèsfièredemoi.
Jecommenceàdouterd’êtrepartieaussiloindemafamilleetdemesamies?Jen’étaispeut-
êtrepasencoreprête.Pourquoicebesoindefuiraussiloin?Maconsciencesechargedeme
répondre:CebesoinaledouxnomdeDylan.
Dylan:monpremiervraiamouretmonpremiervraichagrind'amour.Ilm'abrisélecœuràun
âgeoùl'onveutcroirequ'amourrimeavectoujours.Maisc'estdupassé!Etpuisjemesuis
endurciedepuis.Disonsplutôtquejemeprotège,c’estdavantageexact.Plusquestionde
m'amouracher,prioritéauxétudesetauboulot!Ainsiplusdepleursetdesituations
compliquées.C’estd’ailleursseloncetterèglequej'aiorganisémarelationavecDamien.On
sortensemble,ons'apprécie,maispasquestiondegrandssentiments.Etmêmesijepensequ'il
enpinceunpeupourmoi,Damienarespectélecontrat.
J’ailudanssonregardlatristesselorsquejesuisvenuel'avertirquej'étaisacceptéesurle
campus,àSanFrancisco,maisiln’enariendit.Ilamêmeréussiàmeféliciter,mêmes’il
comprenaitquecelasignaitlafindenotrerelation.Pasdesuppliques,pasdepleurs,seulement
del'émotionquitintaitnosvoix,commelorsquel'onsesépared'unamietquel'onsaitqu'onne
sereverrapasdesitôt.Maispeut-êtreétait-celà,toutenotrerelationavecDamien?Nous
n'étionspeut-êtrequeseulementdesamis,debonsamisquiserespectent.Ilfaudraqueje
demandeàLéademedonnerrégulièrementdesesnouvelles.
Candymesortdemesrêverieslesoirmêmealorsquejesuistoujoursallongéesurmonlit
depuismonretour,l'humeurchagrine.
-Oh!Non,non,non!melance-t-elle.Horsdequestionqueturesteslààtelamentersurton
misérablesort!Allezdebout!
-NondésoléeCandy,merci,maisjepensequejevaisresterencoreunpeuàmereposer.
Avecunlégerclaquementdelangued’agacement,Candymetireparlebrasafinquejeme
redresseetajoute:Onaunerègleaveclespotes,tuvois?Quandl'und'entrenousaunpetit
coupdeblues,onseréunitetonlesoutient.Onnelaissepasleschosesempirer,onsaisitlemal
àlaracine.Allez,viens,onsort!
J'aibeaurefuser,Candynelâchepassifacilement;tantetsibienquejemeretrouveàdevoir
mepréparerpoursortir.
LorsquenousarrivonsauWitches,SteevenetJérémysontdéjàlà.JesupposequeCandyadû
"biper"toutlemondeaurenfort.Jefaislaconnaissancededeuxautresfillesquejerencontre
pourlapremièrefois:EvaetSarah.Réunistousautourdecettegrandetable,ilestvraiquecela
détenddeseretrouver,etmêmesijenefaispasencorevraimentpartiedeleurbande,jem'y
sensbien.Lesriresfusent,toutlemondes'évertueàapporterdelabonnehumeur.Celafaitdu
bien.Ilssontvraimentsympas!
DécidémentCandyestadorable:prévenante,généreuseetattentiveàsonentourage,c'estune
perle.Lesbièresetlesverresdeginfizzdéfilenttandisquenosriresetnosparoless'amplifient.
Aprèsplusieursheuresetplusieursverressupplémentaires,notretabledevienttrèsrapidementla
plusaniméedupub.Chloé,quiafinisonservicenousrejointbientôt.Lajoyeusetroupeest
presquecomplète.
Davidarrivebeaucoupplustarddanslasoirée,ils'attableentreEvaetJérémy.Jelefixed'abord,
cherchantensuiteduregardsa"bimbo"maisilestseulcesoir.
-TuvoismedisCandy,quedis-tudemaméthodeanti-blues?N'est-ellepasinfaillible?
-Tuasraison,tudevraislafairebreveter!TuesvraimentgénialeCandy!Merci,merci
vraiment!
-JevaistedirecedonttuasbesoinLizzie.
-Jelaregardeensouriantmedemandantcequ'ellevabienpouvoirmeconseiller.D'unautre
côté,jen'aipluslesidéestrèsclaires-leginfizzestparticulièrementdélicieux-etj'affichedéjà
depuisunbonmomentunsourirebanane!Jesuistellementbienavecsesamis.
-Quandtuaslebourdon,voiciunerecetteavecdeuxingrédientsquejedevraisfairelabelliser.
Jegloussesousl'effetdel'alcooletdutonsubitementsérieuxqueprendmonamie.
-Jet'écouteluidis-jetentantd’adopteruneminesérieuse.
-Alors,deuxingrédients,retiensbien:unebonnecuiteetunbonmec!Etdanscetordre!Tu
vois,c'estsimple,non?
J'éclatederire,cachantmonvisagedansmonbrasquireposesurlatable.
Lasoiréesepoursuitagréablementjusqu'àlafermeturedupub.Onavraimentpasséunbon
momentensemble,c'estrégénérant!Jesuisd'humeurplutôtguillerettecomptetenudunombre
deverresconsommés,maisjemesensbien.
-Eh!David!crieCandytandisquetoussesaluentavantdeseséparer.
-Oui?
-Çat'ennuieraitderamenerCandyàl'appart?
-Bah?Tunerentrespas?Luidemandé-jeétonnée.
-Nonpasdesuitemerépond-elleavecunclind'œiltrèsappuyéendirectiondeSteeven,son
compatriote.
-Ah,faisjed'untonunpeudéçue,jem'imaginaispasserencoreunpeudetempsàparleravec
monamietoutensirotantundernierverscheznous.
-AucunsouciCandyjem'encharge.
-MerciDavid,tuesunamour.Cen'estpasloin,maispourêtrefranche,jenesaispassiLizzie
varetrouverl'adressedit-elleengloussant.
-Ohm'insurgé-je,jenesuispassaoule!Pompettesivousvoulez,maispasbeurrée!Alorsque
jefinismaphrase,jetournemonregardverslamotodeDavidetluidemandeenriant:"Tume
ramènesenmoto?
-Ohnon!Lizzie!Tuastropbu,tuseraiscapabledetelâcheretdetomber.Unpeudemarche
nenousferapasdemal,d'ailleurs,c'estàcôté.
-Oh!Ok!Jeluirépondsdéçue.
Jeprendsletempsdeleregarderalorsqu'ilmerépond.
C'estlapremièrefoisqu'ilmeparleautant,etjeconfirmecequej'avaisconstatélorsdenotre
premièrerencontre:ilestbeau!Ilestvachementbeaumême!Alorsqu'ilm'attrapeparlataille
pourmesoutenir,jeluidemande:
-EtMary?Ellenepouvaitpasvenir?
Ils'arrêtedemarcher,mefaitfaceetmefixeunmomentavantderépondre.
-C'estfini,onnesevoitplus.
-Oh!Jeremarquemoimêmequemonvocabulaireestassezlimitésousl'emprisedelaboisson,
maisnepeutm'empêcherdepoursuivre.
-Jesuisdésolée.Maispourquoi?
-Quoi:pourquoi?
-Pourquoic'estfini?Jeluiposelaquestiontoutenayantconsciencequecelle-ciestbien
indiscrète.Maisl'alcoolacettevertusupplémentairedefairesautertouteinhibition.
-Enquoi,çateregardeLizzie?
Jerestesurpriseparsaréponsesècheetdécidedefairemachinearrière.
-Nan,laissetomberDavid,tuasraison,c'estpersonneletcelanemeregardeenrien.Pardon.
Vexéeetdésirantenresterlà,jevaispourmereculeretainsim'éloignerdesonbrasquandil
résisteenmaintenantfermementsonsoutien.
-Pasdesouci,jevaisteledire.Commentt'expliquerenfaisantcourt.DisonsqueMaryest
absolumentsuperbe,unetrèsjoliefemmemême,maiscommentdire...
Ilcherchesesmotsetpoursuit"Disonsqu'elleestunpeutropsuperficielle,àmongoût."
-Oh!Lesmotsmemanquent.MonDieuqu'ilestbeaucesoiroualorsest-ceparcequej'aitrop
forcésurlabouteille,maisàl'éclairagedesréverbèressesbeauxcheveuxbrunsreflètentla
lumièreetsonregardsembleplusencoreplusprofond.Ilauncharmeetuneprestance
impressionnante.J’aibienenviedeluidemanderqu’elleestsongoûtenmatièredefemmes,
maisjepensepréférabledem’enabstenir.
-C'estbonDavid,jevaisrentrerseule,toutvabien,tuvois?Jetienssurmesjambes.
-Ohnon,Mademoiselle,pasquestion!J'aiacceptéunemissionquem’aconfiéeCandyetj'irai
jusqu'aubout!Jeredoutetropsacolèresijetelaisseicienpleinenuit.
Acesmotsj'éclatederire.IlredouteCandy!
Enrevanche,jenetiensabsolumentpasàcequ'ilmeraccompagne.Jemesenssoudainmalà
l'aise,nesachants'ils'agitdesonregardquejetrouvedifférentcesoiroudufaitquejelesais
libre,jeneseraispeut-êtrepascapabledemecomportercorrectementaveclui.
-CavaDavid!Ecoute,çaseranotrepetitsecretok?Luiavançais-jed'unairmutin.
Etneluilaissantpaslechoix,jem'avanceversluipourlesaluer.
Ilmesaisittendrementlevisageettandisquejepensequ'ilvapeut-êtrem'embrasser,ilsecoue
alorslatêteensouriantetmedit:
-EcouteLizzie,deuxfaçonsdefaire,ladouce:jeteramènejusqu'àtonpaliertranquillementou
laforte:jetebalancesurmonépauleetmanièresacàpatatesjet'yramèneégalement.
Surpriseetnesouhaitantabsolumentpasmequ'ilmeporte,jedoispeserunetonnecomparéà
Mary,jeluidonnemonaccordàcontrecœur.
-Oh!Ok,allons-y,cédé-je.
Ilyapeudecheminjusqu'àl'appartementmaislesmètressemblents'allonger.Nilui,nimoine
parlonsetjeregardeçàetlàévitantàtoutprixsonregard.Alorsquenousattaquonslamontée
d'escalierslesilencedevientpesant.Davidal’airperdudanssespenséesetmoi,jesuis
complètementbouleverséeparsaproximité.PourquoiDavidmefait-ilceteffet?Parcequ’ilest
carrémentcanon,Lizziemesouffleunepetitevoixintérieure.Jenesuispasspécialementgênée
d'ordinaire;maisest-cesoncôté"mauvaisgarçon"ousonregardcaptivant?Unechoseestsûre
jecraquecarrémentsurluicesoir–probablementl’alcool.
Jen'aiqu'unehâte:arriveràmonpalieretrefermertrèsvitelaportederrièremoi.Mettredela
distanceentrenouscarmessenssontenéveilsetjeseraiscapabledeperdretoutcontrôlesije
devaisresterencoreunmomentcontrelui.Noscorpssetouchentpuisqu’ilmemaintientcontre
luietjeressensundésirprofonddelaissermesmainssepromenersursontorsequejedevine
musclé.
Sinousavonséchangédixphrasesdepuisquenousnousconnaissons,c'estbienlemaximum,
maislà,toutdesuite,jenedésirepasvraimentfairelaconversation,moncorpssemontre
impatientetjedoislutterpournepasluisauterdessus!Lesecondétageestfranchi,plusqu'un
palier!
Toutàcoup,alorsqu'ilmetireparlamainpourmonterlesmarches,ils'arrêtesubitementetse
retourne.Ilrestelàuninstantàmefixer,monregardestimmédiatementcapturéparlesien,
commehypnotisé.Ils’apprêteàdirequelquechosemaisseravise.
Ilredescendd'unemarchesemettantàmahauteuretlâcheun"Etmerde",puissejette
sauvagementsurmoisabouchetrouvantmeslèvres.
Sonbaisern'ariendetendre,ilestbrutal,seslèvresdévorentmaboucheetsalanguesefraieun
passage.
Letempsd'uneseconde,jerestelà,interdite,puistoutmoncorpss'électriseetrépondàsonélan.
Noslangues,secherchentetsedévorenttandisqu'ilmeplaquecontrelemur,sesmainsse
saisissantdemoncorps.Affolés,sesdoigtscaressentmondospuiscaressentmesflancs.Mon
corpsrépondàsescaressesenondoyantetsonbaiserdevientplusexigeantetplusprofond.J'y
répondsavecénergie.J'aiconsciencedel'énormebêtisequejesuisentraindefaire,maismon
corpsmetrahit.Jesuccombeetjelaisseéchapperquelquespetitsrâlesdeplaisirlorsqueses
mainscaressentmapoitrine.Mestétonssedressentréagissantsimultanémentàseseffleurements
etjesensmonventres'enflammerd'unedoucechaleur.Ilmemaintientfermementcontrecemur
etplaquécontremoijesenssonérectionàtraverssonjeans.Uneenviespontanéeetirrésistible
meprendd'accepteretdepartagercetassaut.
Alorsqu'ilcaressemeshanches,lestenantfermement,ilglisseunemainsousmajupeet
commenceàmepeloterlesfesses,doucement,puissesattouchementsdeviennentpluspressants,
plusbrusques.Voyantcommentjeréagisàsonétreinte,sesdoigtseffleurentmonsexepar-dessus
ladentellefinedemonstring.J'émetsalorsdepetitsgémissementsquil'encouragentà
poursuivre.Seslèvresquittentlesmiennesetdescendentdansmoncouavecavidité,me
réchauffantdel'intérieur.Samains'insinuesousladentelleetjelesenssouriredesatisfaction
lorsqu’ildécouvrequejesuisdouce,épilée.Sesdoigtsentreprennentdefranchirmafente
soulevantavecempressementmesdouxreplis.Sabouches'arrêtealorssurmonseingauche,qu'il
prendàpleinemainavecunsouriredeconcupiscence.Jeleregardefaire,ilestmagnifique.Je
mecambrel'incitantàpoursuivre.Matêtelourdeetempliedeplaisirchaloupetandisqu'ilse
saisitdemontétonetlemordlégèrement.Surprise,moncorpsréagitavecunsursautetjelaisse
échapperunpetitcrideplaisir.Ilpoursuitsatâchesurmesseinsqu'illècheettêteavecavidité
tandisquesonmajeurs'introduitdansmonintimité,touteneffectuantdedouxvaetvient.
-Tuestoutemouillée,Lizzieconstate-t-ilavecexcitation.
Moncorpsentierestsurexcitéetmessenssontenalerte,électrisés.Ilpoursuitsonintrusioneny
rajoutantunseconddoigttandisquesonpoucetournoiesurmonboutonderose.Cescaressesme
plongenttrèsvitedansunerondedeplaisirsquejeneparviensplusàmaîtriser.Alorsquesa
boucherejointlamiennepourunbaiserplustendreetprofond,ils'agenouilledevantmoi,distend
lepetittriangledetissuetplongesalangueàl'assautdemonintimité.Léchanttoutd'abordma
fentefiévreuse,puispénétrantettitillantmonclitorisquirépondimmédiatementàsa
sollicitation.Jelaissealorséchapperunrâleetjeglissemesdoigtsdanssescheveuxsuivantses
déplacementslinguaux.Excitéeetauborddugouffre,moncorpsnepeutplussupporterces
bécotages.J'attireàmoisonvisageleforçantàsereleveretjelefixedanslesyeuxavantde
l'embrassergoulument.
Puisjedirigemesmainsverssaceintureluifaisantexpressémentcomprendrecequejesouhaite
àprésent.Sonregardestdebraiseetsondésirreflètedanssesyeux.Mûcommeparuninstinct
animal,ilmesoulèvealors,enveloppemesfessesdeseslargesmains,puisdéboutonnesonjeans
àlahâte.Ilsemblebouillird'impatiencetandisquejem'abandonnecomplètement.Jel'aideà
faireglissersonpantalonetsonboxer,brûlanted'undésirjusqu'àprésentinconnu.Davidme
reposeausolletempstrèsbrefdesortirunpréservatifetdelerevêtir.Jenepensepasavoir
jamaisressenticettehâtedeposséderetd'êtrepossédéeainsi,aussisauvagement.Maraison
m'abandonneauprofitd'unbesoinprimaireetprofondd'êtreremplieetassouvie.
Davidnequittepasmonregardetjelesoupçonnedeliremondésirardent.Letempssemble
suspendudansunesphèrechargéedepassion.Pourquoicetattraitsiprimaire?Jenesuisplus
capablederéfléchirm'abandonnantàmessens.Sonsexesivigoureuxetélancécontremoi
troublemespenséesetredoublemondésir.Jemefrottecontrelui,désirantsoulagercebesoinde
m'assouvir.Pendantunmoment,ilyrépondpuisils'abaissetrèslégèrementetmepénètred'un
assautbrutal.Moncorpsenfiévréethumideluiautorisel'accès,l'accueillantcommeun
bienfaiteur.Jenepeuxm'empêcherd'émettreunrâledeplaisirqu'ilsaisitaussitôtcommeune
invitationàpoursuivre.
-Oh,Lizzielâche-t-ilcommeunémerveillement.
Jenerépondsqueparunpetitgémissementquil'informedemonplaisir.
Ilnebougeplusunmoment,letempspourmoncorpsdel’accepter,puisdoucement,lentement,
ilentameunedansecharnellequiachaqueponctuationl'amèneàmepénétrerunpeuplus
profond.Jeredoubledeplaisiretaccompagnesesmouvementsdemeshanchesqu'ilsaisità
présentavecforce.
-Lizzierépète-t-ilengémissant.
Savoixdéclencheenmoiuneondedechaleurquis'installeetenvahitmonentre-jambe.Mon
corpss'enflammeetalorsquesescoupsdebuttoirssefontdeplusenplusfortsetqueje
l'accompagne,ilsaisitd'unemainmonvisageetm'embrasseavecfougue.
-Lizziepoursuit-ilânonnant,essoufflé,viensavecmoimesupplie-t-il.
Unevagued'immenseplaisirm'assaillealors,mettantàterremesdernièresretenuesetalorsqu'il
mepilonneprofondément,monbasventreexplosecommeunfeud'artificequejenepeuxretenir.
Unhurlementdeplaisiraccompagnechaquebuttéeetjesensmoncorpssecrisperautourdeson
sexe,violemment,pourmonplusgrandplaisir.
Alors,etseulementalors,ilselaissealleretjouitbruyammentenserrantmeshanches.Puisil
m'embrasseavecpassiontandisquesoncorpsémetencoredeux-troispressionsrudescontremon
bassin.
Nossoufflessonthaletants,ilm'embrasseànouveauensouriantetenmefixant.Sonregard
reflètesoncontentement,etnousnousaffaissonssurlamarche,dénuésdetoutesforces.Mon
corpsalanguiselovedanssesbras,cherchantleréconfort.Davidm'accueilletoutnaturellement
sursesgenouxetm'enveloppedesesbrasprotecteurs.
Waouh!Jenemesouvienspasd'avoirconnutellefièvreauparavant.Etmêmeenrecherchant,je
n'aipassouvenird'avoirjamaisressentiautantdefouguelorsd'unébat!
Nousrestonslà,quelquesminutessansparler,sansbouger.Noussavouronscequivientdese
passeretreprenonspeuàpeunosesprits.LesouffledeDavidrécupèrepeuàpeusonrythme.Au
boutdequelquesinstants,jemeredresseenleregardant.Sonregardmefixeintensément.Jelui
sourismaisjesuisincapabledesavoircommentréagirvisàvisdecetélansiprimaire.Jechoisis
denepasparler,nesachantquedirenonplus.
Jemeredressealors,redescendsmajupe,reboutonnemoncorsageauplusviteetcommenceà
m'éloignerdeluienmontantdeuxmarches.Davidmeretientparlamainettrouvantmonregard
désolé,embrassemonpoignetetmelâche.Sansmotdire,j'entameledernierpalieràlahâte,
trouvemesclésd'unemaintremblanteetmeréfugieaussivitequepossibledansmon
appartement.Laporterefermée,jemelaisseglisserlelongdecelle-ci,perdueettroublée.Qu'ai-
jedoncfait?Jenemereconnaispas.Est-cel'alcoolquim'amisedansuntelétatdefougueou
Davidlui-même?
Neplusboire!Neplusboire!Neplusboire!Mesoufflemaconscience.Maishonnêtement,je
nesoispassûrequecequivientdesepassersoitl’effetdel’alcool.Jemedemandes’ilm’aurait
suiviesijel’yavaisinvité.
Chapitre5
«Unfêtardquitombeamoureux,c’estquelqu’unquitournelapage.»
Beigbeder
David.
Ilestquasiment17heuresquandjereçoisunappeldeCandy,alorsquejemedirigeaisversla
douche.J'hésiteuninstantpuisdécidederépondre.
-HéCandy!Çava?Jeluidemande.
-Oui,ouiettoi,David?
-çaroule.
Ellepoursuit:
-Ecoute,David,j'aipenséquecesoironpourraitseretrouvertousaupubpourboireuncoup.
T'enpensesquoi?
-Euh,ouais,pourquoipas?Jem'étonnedelademandedeCandy,carilestraredeseretrouver
ensemaineaupub.Nonpasquecelan'arrivejamais,maisgénéralement,nousnousréunissons
levendredisoiroulesamedi,personnenetravaillantlelendemain,àpartSarah.Cequinous
permetdetraînersansavoirlapeurduréveillelendemain.
Aussitôt,jemedisqu'ildoityavoiruneraisonspécifiquepourqueCandyorganisequelque
choseaujourd'hui,noussommesjeudi.
Candyestenquelquesortenotrechefdebande.C'estgrâceàsoncaractèreenjouéetgénéreux
qu'ellearassembléautourd'ellecegroupedepotes.Etilfautdirequ'ons'entendbien.Toutle
monderespecteCandycarelleestdroiteetbienveillante.C'estaussiunemerveilleuseamiequi
mettoutenœuvrepouraidersesamis.
-David?
-Oui,pardon,j'étaisailleurs.Tudisais?Uneraisonparticulière?
-Oui,jet'explique.Lizzieadesproblèmesdeboulotetellen'apastroplemoral,j'aipensé
qu'onpourraitpeut-êtreseréunir,çal'aiderait,tunepensespas?
-Euh,si.Biensûr.Sérieuxlesproblèmes?
-Sonchargédestages'avèreêtreodieuxavecelleethonnêtement,j'aipeurqu'elledécidede
renonceretqu'elleenvisagepeut-êtresonretour.Çaseraittriste,non?
-Oui,biensûr.Odieux,odieux?Sonchargédestage?Jefulmine,jevaisluicasserlagueuleà
cemec!Commentpeut-ilenfairebaveràLizzie?
-Ohoui!Crois-moi!Tuviens?
Evidemmentquej’aienviedevenir,maisjedoisd’abordrégleruneaffaire.
-David?Tum’entends?T’esbizarre,tuessûrqueçava?
-Oui,oui,jeréfléchissais;Ecoute,jenesaispastrop.Jevaisessayer,ok?
-ÇaseraitcoolpourellemesupplieCandy.
-Aquelleheure?
-Onyseraàpartirde20heuresjepense.
Ok,Candy,jefaisaumieux.
Jeraccrocheetaulieudereprendremoncheminverslasalledebain,jem'assiedssurlecanapé,
matêteentrelesmains.Jeréfléchisunmomentpuismedécided'appelerJess.
Jetombesurlerépondeuretc'estsansdoutemieuxainsi.Jelaisseunmessage.Jenesuispas
fierdemoi,maisquelquepartsoulagédelafacilité.Jemerendsensuiteàlasalledebainoùje
resteunlongmomentsousladouche.Untrèslongmoment.Lasonneriedelaported'entrée
m'interrompt.Jecoupel'eauetmepasseuneservietteautourdelataille.Ilest19heuresetjene
voispasquipeutpasseràcetteheure-ci.J'aiàpeineletempsd'entrebâillerlaportequ'unefurie
débouledansmonappartementmeforçantlepassageetenhurlant.
-Alorsc'estcommeça!hurle-t-elle.Uncoupdefilethop!Fini!Non,jeneprendspaslapeine
deledireenface,non,hurle-t-elleànouveaujesuisunfauxculalorssurrépondeurc'estplus
facile,n'est-cepasDomJuan?
-Jess,calme-toi.Ok,tuasraisoncen'estpasélégantdutout,c'estmêmedigned'unsalaud.
Maisons'étaitbiendit"riendesérieux,ons'amuseetc’esttout»,enrevanche,onétaitd'accord
pourêtreréglo.Tutesouviens?Luidemandé-jecalmement.
-Oui,répond-elled'untonpluscalme.Maisellepoursuitavecunregardhaineux:
-Maisqui?"
-Commentça,quiJess?
-Pourquimelâches-tu?J’ailedroitdesavoir.Jelaconnais?
-Oh,oh,oh,ducalmeJess.Jenetequittepourpersonne.C'estjustefini,c'esttout.Etjevoulais
êtrefrancavectoi.Jen'auraispasputementir,neserait-cequ'uneseulefois.Tunelemérites
pas,c'esttout.
-Maispourquoialors,David?J'aiditquelquechose,faitquelquechose?Pourquoi?Qu'estce
quinevaplus?
-NetetorturepasJess.Rienàvoiravectoi.Tuesunefemmesuperbe,unefemmequetousles
hommesdésirent.C'estmoiJess.Jeneveuxpast'abuser.Tusaiscommentjesuis,tusavais
avantdesortiravecmoiquelhommej'étais.Ilestcertainquejeneteméritepasetquetu
trouverastrèsvitemieuxquemoi.
-Maispourquoialors?Mequestionne-t-elleunevoixempruntedesanglots.Jenecomprends
pas.Ilyaquelqu'und'autre?C'estçaDavid?
-NonJess,iln'yapersonne,personne.Jenepeuxjustepascontinuer.Tuméritesmieux,crois-
moi.
Jesss'avanceversmoi,sedirigepourseblottirdansmesbras,maisjelaretiens.Jeprendsalors
consciencedel'uniqueserviettequimevêt.
-Jenecomprendspascontinue-t-elle.Jepensaisquetoutallaitbienentrenous?
-C'étaitlecasJess,jet'assure.Maisjenesaispaspourquoi,j'aspiresoudainementàautrechose.
Quoi,jenelesaispasencore,c'esttoutnouveaumaisquelquechosechangeenmoi.
-Maisjenepourraispasêtreton"autrechose"medemandeJess,suppliante.
-Nonbeauté,c'estenmoietjedoisledécouvrirparmoi-même.Maisjenevoulaispasmejouer
detoi.Jetedoisd'êtrecorrect.
Elles'avancealorsversmoi,posesesmainssurmontorseettoutenlecaressantmesusurre:
-Laisse-moit'aideralors.Jenetedemanderien,riendeplusquetunepourrasmedonner.
PauvreJess!Mêmesijen'aijamaisvraimenteud'empathieoudecompassionpourlesfilles
avecquijesors,jedoisbienavouerqu’ellemetouche.Elleestdéjàsupercanonethonnêtement
peud'hommesluirésisteraient.Soncorpsestunepuremerveilledelanatureaveccequ'ilfaut,
làoùilfaut.
Jedoisdéraillermafoi,cen’estpaspossible,jem’interroge,pourmettreàlaporteunenana
commeça!Enmêmetemps,j'aitoujourssuqueJessseraitunefillecommelesprécédenteset
qu'unjour,sicen'était-elle,ceseraitmoiquiromprais.Elleestbelle,c'estsûr,maisilmanque
quelquechoseentrenous.Quelquechosequiferaitqu'outresoncorpsj'auraisledésirdeàrester
àsescôtés.
Jenesaispaspourquoimaintenant,pourquoisubitementmaisjem'aperçoisquelemomentest
venu.Jenesaispascequejecherche,jenelesaispasencore,maisjelesens,c'estenmoi.
Jessvientdepartirenpleurant.Jesuisfierdenepasavoircédéàsescharmescertainsqu'elle
souhaitaitmettreàmadisposition,sansmêmerienattendreenretour.Jenedispasquej'aifailli
céder,maisenfaitetpourêtrefranc,jen'étaispasloind'acceptersapropositionlorsquecolléeà
matorse,ellesefrottaitcontremoi.J'aidûfairepreuvedevolontépournepascédersousson
assaut,enmaintenantmaservietteetenlarepoussant.
Maisdepuisquelquestempsdéjàmespenséessontailleurs.Ilyabienunefillequihantemon
esprit.Maisriendecertain.
Ilestplusde22heures30quandjemedécidederejoindrelegroupe.J'ignores'ilsserontencore
là,carj'aivraimentperdubeaucoupdetempsenhésitant.J'ignoresielleseraencorelà.
JemedirigeverslatabléeetmeplaceentreSarahetSteeven.Lenombredeverressurlatable
s'accumulent.
Elleestlà!Elleritetparlebeaucoup,beaucoupplusqued’habitude.Mondieuqu'elleestbelle
quandelleritainsi,libre.Silibreetpourtantsitristeaupointqu’ellepourraitrepartir.Non,pas
maintenant,pasmaintenant!
Alorsqu'elleestenpleinediscussionanimée,jel'observe.Elleestbelle!PasbellecommeJess,
non.Bellecomme,bellecomme...jenesaispas.Belletoutcourt,bellecommeelle:Lizzie!
Steevenmeparlemaisjen'ysuisguère.Jel'observe,jeregardesonvisagequandils'illumine.
Sonnezlégèrementretrousséetlesquelquestachesderousseurquiluidonnentcetaircharmant.
Sonblondeuretsonteintpâlemefontimmédiatementpenseràunange.Unange,ouivoilà!
Elleestbellecommeunange.
Steevenm'interromptdansmespensées:
-Dessoucismec?
-Non,non,non,jeluirépondslégèrementagacé.
-Alors,t'esamoureuxmec!melance-t-il.
J'ignoresaréplique.
L'heureavance,peuàpeulatablesevideetjemeretrouveavecCandy,SteevenetLizzie.Candy
aàprioridesprojetspourlasoiréeetceux-cisemblentinclureSteeven.Jenesavaispaspources
deux-là!C’estnouveau!
Merde,CandymedemandederamenerLizzie.Merde,merde!Jemeretrouvecommeunidiot,
gênéfaceàelle.Mêmeado,jenepensejamaisavoirétéaussiintimidéetenmêmetempsaussi
chargédedésir.C'estlecomble!J'aitoujourseulesfillesquejesouhaitaisetlà,jepanique.Elle
n’estpascommelesautres.
Heureusement,elleabuetcelamemetenconfiance.Elleestmarrantequandelleboit.Elleest
commelibéréedesapudeuretdesatimidité.Jesensbienqu'ellen'estpastoutàfaitàl'aise
parminous,mêmesiellesembleappréciernotrecompagnie.Enfin,nôtre,j’hésite,jenesuispas
aussisûrqueçaqu'elleapprécielamienne.
Lafauteàqui?Jemesuisconduiscommeunabrutiavecelle!Pasétonnant.
Finalement,jecommenceàpenserquelachancemesouritlorsqueCandytroppresséede
consommerSteevenmedemandedelaraccompagner.Ellesemblereprendreunpeusesesprits
grâceàlafraîcheurdel'extérieurmaispassuffisammentpourqu'ellenepuisserentrerseule.Elle
titubetoujoursenriant.Elleestsivulnérable.JelasoutiensparlatailleetredescendsVanNess
avenuesatisfaitdelasituation.
Certesj'auraispréférélatenirdansmesbrasconsentanteetnonbourréemaisjem'encontente.
Nousmontonslesescaliersensilencevul'heuretardiveetlafatiguelagagnant,elles'affaissede
plusenpluscontremoi.Jeresserremonempriseetlasoutiensplusfermement,soncorpsserré
contrelemien.
Arrivéaudernierétage,jen'ytiensplusetressenscebesoindelatoucher,del'embrasser.Jen'en
peuxplusetjecède.
Meshormoness'affolentetsèmentlapagailledansmatêteetdansmoncorpsquiréagit
immédiatement.Jelaplaquecontrelemuretnepeuxrésisteràcetappelquimevientde
l'intérieur.Jel'embrassesauvagementcommemûparunbesoinbestial.Ellerépondaveclamême
fougueàcebaiser,sesmainsagrippentmescheveux,jesenssonparfumsidouxetsucré.Lepeu
deraisonquimerestes'envoleetjem'enflammecontresoncorpssivoluptueux.Mesmainsla
caressent,sapeauestsidouce,encoreplusquejenemel’étaisimaginée.Meseffleurementsne
semblentpaslalaisserinsensiblepuisquesoncorpsréagitimmédiatementàmescaresses.Elle
ondoiepuissedéchaînelibérantsafougue,loindetouteretenue.Noscorpscommuniquentetse
répondent,sefrottentetsedécouvrentdansunaffolementdessens.
Circuleuneauraélectriquequidéchainetouteinhibition,uninstinctviolentquiemparenos
chairsetnousamèneversuneextaseincroyablementlibératrice.
Soncorpssecouédesoubresautsselaissealorsallerquelquesinstantsencoredansmesbras,
tandisquenossouffleshaletantspeinentàreprendreleurrythme.
Mais,l'exaltationcalméeLizziereprendpeuàpeuconscienceetchercheàsecouvrir.Honteuse,
elles'éloignedemesbrasetchercheàm'échapper.J'aienviedeprolongercemoment,enviede
profiterencoreunpeudesachaleur,desonsouffle.Jelaretiensparlebras,maisjenetrouve
paslesmotsqu'ilfaudrait.Jen’osepasluiendemanderdavantage.Alors,jelalaisses'enfuir
restantlàdanscettecaged'escaliersansvraimentcomprendrecequivientdesepasser.
Chapitre6
«Leluxeestuneaffaired’argent.L’éléganceestunequestiond’éducation.»
Guitry
Lizzie.
Lundi6heurestrente.Lebuzzermesortd'unsommeilagité.J'éteinsl'horripilantesonnerieet
basculeleboutonsurradio,letempsd'émerger.J'ail'espritembrouilléetjen'arrêtepasde
repenseràjeudisoiretàDavid.Majournéedevendrediaétéoccupéeàsoignermagueulede
bois,trainantenvieuxjoggingetalternantparacétamoletibuprofènepourchassercettehorrible
douleurquimartelaitmoncrâne.
Jen'aicessédem'interrogersurmonattitudeàcettesoirée.Bon,j'aitropbu,c'estunfait.
Promis,jeneleferaiplus.Etconstatnuméroun:lesidéesdeCandynesontpastoujoursles
meilleures!
Maisjeseraisbieninjustedeluireprochercequis’estpassé!Card'unepart,ellenem'apas
forcéàboireetd'autrepartc'estsurtoutmonattitudequim’effraie.
JamaisÔgrandjamais,jen'aiagidelasorte!Enmêmetemps,jenemerappellepasavoir
ressentiundésirsiintenseetsiprofondpourquelqu’un.
Maisquandmême,qu'est-cequej'aifaitdanscettecaged'escaliers!N'importequiauraitpu
l'emprunteretnoussurprendre!Quellehonte!Jedeviensfolleouquoi?Celanemeressemble
absolumentpas!Jemetscetteaventuresurlecomptedel’alcool,réglantdéfinitivementpour
maconsciencecepoint.
D'ailleurs,jenesuismêmepassûredemerappelerdetout.Jemesenshonteuseetindécente.Je
nesaismêmepascommentj'agirailaprochainefoisquejerencontreraiDavid.Encoreque,
finalement,c'estluilefautif!Ilsavaittrèsbienquej'avaistropbualorspourquoia-t-ilfaitça?
Cequim’empêched’êtresereineetjediraismêmecequimeperturbeleplusc'estquejesais
trèsbienquejen'étaispassisaoulequeça,queDavidnem'apousséenrien.Lesouvenirdesa
bouche,desesmains,desesdoigtséveilleencoreenmoidesfrissons.
Allezdebout!Jereprendraimespenséesindécentesplustard,caraujourd'huiuneautre
montagnem'attend!SamuelSharp!Jesuismorted'angoisseàl'idéedecommencercematin.
J'aieubeauessayerdereportermondébutdestage,iln'yapaseumoyen.Jevaisdoncaffronter
legéniedictateurrecta.J'aiconsacrémajournéedesamediàtriermesvêtements,réorganisant
monarmoireenséparantleshabitsdebureaudeshabitspoursortir!Etmêmesijem'étaisjuré
denepastenircomptedesaréflexionodieuseethumiliantesurmafaçondemevêtir,j'ai
légèrementrevumapositiondansleseulbutdenepasessuyerencoreuntelaffront!Quantàsa
suggestiondeconsulterLindapourmagarde-robe,ilpeutbienallersefairevoir!Ducoup,j'en
veuxpresqueàcettedernière,alorsqu'ellen'yestpourrien.Detoutefaçon,ilnefautpasqu'il
s'attendeàmevoirarriverenclonedesonassistante.
Angoisséeparcettehistoiredevêtements,alorsquej'avaisdécidédel'ignorer,j'aiembauché
Candyquiétaitlibresamedipourfaireletri,meremettantminederienencause.Ilmetapedéjà
surlesnerfsceSharp,çapromet!
Nousprenonsnotrerepasensembleetleplusdiscrètementpossible,j’enprofitepour
questionnerCandyàproposdeDavid.
-Dis-moiCandy,tupeuxm’éclairer,jeluidemandeinnocemment,tupeuxm’endireplussur
David,j’aiunpeudumalàlecerner.
-David?demande–t-elleencroquantdanssonsandwich.Comment-çatuasdumalàle
cerner?Elleouvregrandssesyeuxverts,surpriseparmaquestion.
-Etbien,dis-jeunpeumalàl’aise,ilal’airsirenferméetsisauvagequ’enfait,jeneconnais
pasgrand-chosedelui.
Candymedévisageetjepensequ’ellen’estpasdupequantàl’intérêtquejeluiporte,maiselle
merépond:
-C’estvrai,Davidesttrèssecret,maisc’estvraimentunchictypequandonleconnaitunpeu
plus.
Jesensquej’insisteetquesiCandyn’apasdécouvertmonsubitintérêtpourDavidcelane
sauraittarder,maisc’estplusfortquemoi,j’aibesoindesavoiretiln’yaqueCandypour
m’apporterdesréponses.Ellemefixeetditsoudainement:
-Allez,crachequ’est-cequetuveuxsavoir?Ellem’adresseunsouriredeconnivence.
-C’estungranddragueur?
Jedevinequ’elleacomprisoùjeveuxenvenir,d’unautrecôté,jen’aipasététrèsfine.
-Iln’apastoujoursétécommeça!meprécise-t-elle.Maisc’estvraiquedepuisplusieursmois
ilenchainelesfilles,etdessuperbesfillescommetupeuxleconstater.
Aïe,çafaitforcémentmal!Effectivement,lesconquêtesdeDavidnesontpasdesimplesfilles,
nonellessontnonseulementbelles,maisaussisublimes,sexyendiableavectoutcequ’ilfautlà
oùilfaut,devraiscorpsdedéessesquoi!Àsonimage,finalement.
-Ettudisais?J’insistevraiment,çan’apastoujoursétélecas?
Candysoupire,commesiçalagênaitdem’endiredavantage.
-Effectivementopine-t-elle,ilestrestéunlongmomentavecunefille,jesaisqu’ilétaitmordu,
maisilsontrompu.
-Ahoui?Pourquoi?
-Jenesaispaspourquelleraison.
Jesaisqu’ellement,maisjenepeuxpasluienvouloirderesterdiscrètesurl’histoiredeson
ami.
-Elles’appelaitcomment?Jedemandecommedistraite.
Ellemelanceunregardappuyéquimefaitcomprendrequejevaistroploin.Néanmoins,elle
ajouteensoufflantpourconclure:
-Claire.
Findeladiscussion.
Enfind'après-midi,ellem’emmènedanslegrandcentrecommercialquisetrouveenpériphérie
devilleafindechoisirquelques"basiques"quimeservirontpourtouslesjoursm’explique-t-
elle.Jemeconcentremaintenant,àcontrecœur,surmagarde-robe.Matirelireétantrestreinte,
ellem’aideàchoisirminutieusementdesmodèlespeuchersetadaptésàmanouvellesituation
detravailleuse.
-NeteformalisepaspourçaLizzie!Tusais,ilyabeaucoupdeboîtesoùlesemployésportent
desuniformestente-t-elledemerassurer
-J'entendsbien,maislà:onestbiend'accord,ilnes'agitpasd'uniforme!Sharpm'aexaminéde
latêteauxpiedsavecunairsihautainetméprisant!Brrr,j'enaiencorelanausée.Deshabitsde
gamine!Jem’énerve.Voilàcequ'ilaosémedire!Quejeportaisdeshabitsdegamine!Non
maisn'importequoi!JerépondsàCandy,m’excitanttouteseule.
Ellemeregardeamuséeetpoursuit:
-Allezviens,t'inquiète,onvaréglerceproblème!
Etellemeprendparlebras,touteenjouée.
Jedoisbienavouerqueleshoppingn'estpasmonfortetqu'àdirevrailaplupartdeshabitsque
jeportedatentdemespremièresannéesdefac.Ducoup,monstyleestplutôtsimpleet
confortable.Ok!jeans-kickersenhiveretjeans-ballerineauxbeauxjours!Jeréaliseceque
Candyasansdouteréalisébienavantmoi.C’estvrai:quelquesachatss’imposent.Etmêmesi
jecommenceàpeut-êtrecomprendreunpeucequ’avouludireSharp,jeneluipardonnepascar
ilyaquandmêmedesfaçonsdes’adresserauxgensautrementqu’enleshumiliant!
Heureusedemeguider,Candyjoueàlarelookeuseattrapantauvolquantitédevêtements
qu'ellemeforceàpasserensuiteencabine.Unenouveautépourmoi,puisquej'aipour
(mauvaise)habitudedenejamaisrienessayerenmagasintrouvantlatâchetropennuyeuse.
MaisCandynelâcherien.Pourêtreexacte,ellenetientabsolumentpascomptedemonavis,
jugeantsurpiedcequ'ilmefaut.
Etsidistraite,jemedirigeversdespiècessimilairesàcellesquejeporte,elles'évertueàme
remettredansledroitchemin,commeelleditengloussant.
-Voilà,lâcha-t-elleavecunsoupir.Çadoitêtrebonpourcommencer.Lemoisprochainquand
tuaurastapayeonferauneautreviréeetcecichaquemois,jusqu’àcequetuteconstituesune
garde-robecorrecte.
-Chaquemois?Jecrieéberluée,maistuesfolle!C'estbon,là,soufflé-je.Ilnefaudraitpas
exagérernonplus!
-Maisoui,mabelle!Tun'esplusuneétudiante.Maisunejeunefemmequitravailledansle
milieudesaffairesetquivarencontrerdespersonnalitésdevantlesquellesilfaudraêtrecrédible
m'assure-t-elle.
C'estbon:messagereçuCandyetMonsieurSharpjerâledemauvaisefoi.
Ledimanche,jem'offreunegrâcematinéebiendouillettepuisaprèsunpetitbrunchavaléseule,
CandyayantrejointlesbrasdeSteevendèssamedisoir,jemereplongedansmescours
d'architectureafindemeremémorerdesconnaissancesquimeserontpeut-êtredemandéesle
lendemain.Jepréfèreêtreprêtefaceàcetypeodieux.
J'airefusélasortiedusamedisoiraveclegroupeprétextantlanécessitédepréparermarentrée
delundi,maislavéritéestquejenesouhaitepasmeretrouverfaceàDavid.Dèsquemonesprit
serepose,ilestassailliparlesimagesdenotreprécédenterencontre,delafouguedeDavidetde
sesardeursquechaqueréminiscenceéveillemonbasventre.Jepenseàluicommeàunpur-
sang,impétueuxetempressé.Jeressensdesfrétillementsdanslecorpsenysongeant,alorsquej
‘essaiechasserlebellâtredemonesprit.
Quen'aurais-jeàgagnerquedetomberdanslespattesd'unbourreaudescœurspourquije
n'auraismaplacequecommeuntrophéesupplémentaire!Et,encore,trophéeseraitinapproprié,
quecommeconquêtesupplémentaireluipermettantderajouterunbâtonsursonlitdebaiseur,
mesembleplusjuste.Commentpourrais-jecroireensonintérêtfrancpourmoiàcôtédesfilles
magnifiquesavecquiilssort.
Cematin,m'appliquantàmepréparerprestement,afind'éviterlecourrouxdutyranencasde
retard,j’examinemonrefletdanslegrandmiroirquej'aifaitinstalleraudosdemaportede
chambre.Bluffant!Jen'enrevienspas!Candym'aaidéàpréparermesaffairesdulendemainet
m'aassuréqu'ellemecoacheraitlespremierstempssinonjemedégonflerai,pense-t-elle!Je
saisqu’aufonddemoi,ellen'apastort.Maislerésultatestvraimentsurprenant!Quidoncest
cettefemmeélégantefaceàmoi?
Jeporte,sursesconseilsaviséslesbasiques"indispensables"selonsonexpression.En
l'occurrenceunejupedroitenoire,uneblousedesoiecouleurcrèmeetdesescarpinsquine
tarderontpasàfairehurlermespiedsetquimegrandissentde8centimètres.
-OniraprogressivementaajoutéCandy.Maisendessousde8centimètresjenecèderaipas
m'a-t-elleavertialorsquejerefusetoutnetdeportercessouliersdedouleur!Entouslescas,
dis-toibienqu'ilfaudraarriverà10minimumpourletravailet12pourlessorties.
-Quoi?Maistuesfolle?M’insurgé-je.Décidément,cetteformulesembles'appliquerà
chacunedesespropositions.
Enattendant,jedoisreconnaitrequelerésultatestagréablementsurprenant.Etmême,sijene
mereconnaispasdanscesvêtements,etmêmesijen'ysuispasàl'aise,jecomprendsceque
veutdirelemotcrédibleenm'examinant.
Jemeprésenteavecdixminutesd'avanceauservicedeMonsieurSharpetadresseunsourireà
Lindaqui…nemelerendpas.Aulieudeça,ellemelorgnedebasenhautdédaigneusementet
meconseilled'attendre;ellevavoirsiMonsieurSharpestprêtàmerecevoir.Jepatienteautant
detempsqued'avance,avantd'êtreautoriséeàrentrerdanssonbureau.Quecelameservede
leçon,demainj'arriveraiàl'heurepile!
Quandjefranchislaporte,leregarddeSamuelmereluquedebasenhauttoutcommel'afait
Lindadixminutesauparavant.Maisaulieud'ydécouvrirunregardchargédedédain,jecroisy
voirunecertainesatisfaction.Jemereprendsaussitôt,enmepersuadantquesonintérêtnedoit
porterquesursapropresatisfactiond'avoirétéobéi.Commetoutbonmâlealphapensé-je.
Auboutdequelquessecondes,quimeparaissentuneéternitéilcessesoninspectionetajoute:
-Etbien,avancez!
Alorsquejemem’avanceverssonbureau,ilpoursuivit:
-Ilsembleraitquelachenillesesoittransforméeenjolipapillon.Unsourireironiqueauxlèvres.
Gênée,jeregretted'avoirécoutéCandyetjeregretteégalementdeluidonnercetteimpression
d'êtredocileetàsesordres.
Lamatinéepassemalgrétoutrapidement,SamuelSharpm'expliquedanslesgrandeslignesles
exigencesdelamairiepourcetteréhabilitationduquartieretlescontraintesaveclesquellesnous
devonsjouer,selonsestermes.Alorsquemidisonne,Lindaseprésenteàlaporteetdemande:
-OnvamangerSam?
-Non,Linda.Vas-y.Nousn'avonspasfini.Nousironsplustard.
-Jepeuxt'attendre,ajoute-t-elletendrement.
J'avaisraison!J'avaisraison!LabelleLindaabienuneaventureaveclepatron!Jeglousse
intérieurement,tropcontented'avoirdevinédèsledébut.Celadit,riend'étonnant,cartousles
deuxsontbienassortis.Beaux,classesetprobablementdumêmemilieu,sibienqueleurunion
semblepresqueévidente!
-NonLinda.Vas-y.Lâche-t-ild’untonsecreplongeantsonregardsurl'écran.
Lindaaffichesadéceptionetm'adresseunregardhaineux.
Oh!Là!Onsecalmelabelle,cen'estpasdemafaute!Qu'est-cequ'elles'imagine?
Unefoislaporterefermée,SamuelSharpselèveetm'inviteàlesuivresurlecanapéqui
occupelagauchedelapièce.Ils'assiedsurlefauteuilenface.
Ilcommence:
-Bien,MademoiselleKlein,jevousécoute.
-Euh,ouidis-jeenbalbutiantnecomprenantpassarequête.Aquelsujet?
-Avotresujet,dit-ilenposantsonregardbleuprofondsurmeslèvres.
-Surmoi?Aprèsunehésitation,jerécitemoncurriculumvitae,quoid’autre?Etbienjeviens
depassermondiplômede…
Mais,ilm'interrompt:
-Parlez-moidevous.Devousdansleprivé,ajoute-t-il,votredossier,jel'ai.Jeveuxsavoirce
quin’yfigurepasjustement.
-C'estdifficile,quevoulez-voussavoirexactementMonsieur?Demandé-je.
-Monsieur…répète-t-il,intéressant.Ilafficheunsourireironiqueetunelueurpleinedesous-
entendusdansleregard.
Unfrissonmeparcourtledos,alorsquejedécèlel'implicitedanssonpropos.Malàl'aiseet
désireusedecomblercettegêne,jemesurprendsàracontermaviecommesicelle-cipouvait
l’intéresser.Ondiraitunebrèvebiographie:rapide,conciseetsommetouteimpersonnelle.Il
m'écouteavecintérêt,maisjesaisquecelaneluisuffirapas.
-Ok,dit-il.Notrepapillonn'estpastrèsloquacemaiscelasuffirapourl'instant.Alorsqu'ilse
lève,j'enfaisdemême,pensantquejepeuxenfindisposeretsurtoutretirercesmaudites
chaussures.J’aianticipélesblessuresquem’affligeraientcesmauditsescarpins,j'aiamenédans
monsacmesfameusesballerines,comptantbienleschaussersurlapausemidi.Jemedirige
verslaportequandilsaisitmonbrasmeretenant.
-PassivitePapillon.Jeprendsmaveste.Allonsdéjeuner.
-C'estquej'avaispensé...Maisunenouvellefoisinterrompue,ilajoute.
-InutiledetoujourspenserMademoiselleKlein.Jesuislàpourçaaussi.Puisilreprend:
-Allonsdéjeuner.
Ohnon!!Pasça!Etd'unejen'aiqu'uneenvie,m'éloignerquelquestempsdeceregard
inquisiteuretdedeux:jevoudraisbalancerceshorribleschaussures!CandyBesh,tuneperds
rienpourattendre!Jetedétestehurlé-jedansmatête.
Nousmarchonsquelquesmètresetaucoindel'avenueunepetiteaubergeàlalumièretamisée
affichedesmenusitaliens,servicerapideinscritentraversdutableau.
-ChezGino,c'estsimple,bonetrapide.Venezmedit-ilenmetirantverslaporteen
m'agrippantlebras.
-Eh!Commentvas-tu?Unhommepetitetrondcriedel'arrièresallesedirigeantversnous.
-Bien,bienettoi?Lafamille?répondSamuelavecuneexpressionenjouée.Lapremièrequeje
vois!
-Ah!Nem'enparlepasréponditlepetithommeenbrassantdel'airavecsesbras.Puisil
regagnelescuisines.
L'imagemefaitsourireetSamuelmeregarde,avecunairadmiratifensouriantàsontour.
Gênée,jemesensobligéedem'enexpliquer,j'ajoute:
-Ilestmarrant!C'estlepropriétaire?
MaisSamuelnemerépondpasetcontinuedemefixer.Quelquessecondesplustard,ilajoute:
-Tuesbellequandtusouris,etilmetireversunetableenfonddesalle.
Iltirelachaiseafinquejeprenneplaceetaccompagnelachaiselorsquejeprendsplace.Waouh
!C'estlapremièrefoisqu'onmetientlachaise!Classe!Souris-jeenmoi-même.
Alorsquejejetteunœilàlacartepluspartimiditéqueparfaim.Ginoseprésentedevantnous
ets'adressantàSamuel:"unenouvellerecrue?"
-OuirépondSamuel.
Jecroisvoircommeunsous-entendudanslesourirequ'ilséchangent,maismeforcecettefoisà
arrêtertoutdesuited’interprétertoutetrien.Tudélires,mapauvre!
-Deuxassiettesd'entréesetdeuxentrecôteslégumesannonçaSamuelaupatronitalien.
Jeleregardeahurieetajoute:
-Etsij'avaisvouluautrechose?
Ilmeregardecommesurprisparmarequêteetmedemandeavecdouceur:
-C'estlecas?
Sonregard,sipur,sibleumetransperceetmetroubletandisquemoncorpsressentdesfrissons.
Déconcertée,parceregardsiprofond,jebaisselesyeuxenprécisant:
-Non,c'estbonmerci".
-Qu'ya-t-ilMademoiselleKlein?Jevousimpressionne?dit-ilavecsonsourireencoinsi
craquant.
Non,maisalors,là,n'importequoimafille!Lesourirecraquantdetonpatron?Tudélires
complètement!David,danslesescaliersetmaintenanttonpatron!Calmetesardeurs,jeune
fille!Mehurlemaconscience.
Maisc'estvrai,quem'arrive-t-il?Pourquoisuis-jesubitementauxaboiscommeça?
Tuesenmanques,mabelle!Trouvetoiunmecmerépondimmédiatementmonsixièmesens.
Jesensmesjouess'empourprerpeuàpeuredoublantmonmalaise.Faitesquelesplatsarrivent!
Faitesqu'ilsarriventtrèsvite!
Maismonrosissementn'apaséchappéàmoninterlocuteur.
Sonregardesttroublant,sansdouteplusparcequesesyeuxdégagentqueparleurcouleurocéan.
Toujoursest-ilqu'iléveilleenmoiunbouleversementquejen’expliquepasvraiment.
-Ouifinis-jeparrépondreenbaissantlesyeux.
-Regardez-moiquandvousmeparlezMademoiselleKlein.Jeveuxvoirvosyeux.
Jem'efforcealorsdesoutenirsonregard.
-Bien.C'estmieuxajoute-t-il.
Enfin,lepatronarrivenousprésentantnosentrées,rompantainsilatensionquis'estinstallée
depuisnotrearrivée.
Lerestedurepassedérouleplussereinement,Samuelm'informantsurleprojetderéhabilitation
duquartier.J'écouteavecgrandeattention,tentantderetenirlesnomsdesconseillersdechantier
ainsiquel'histoirequiaamenélamairieàmoderniserl'arrondissement.Mespiedsmefont
atrocementsouffrir,maisjen'aipasosémedéchaussercraignantd'êtreincapabledelesrepasser
parlasuite.
L'après-midi,Samueldoitassisteràunrendez-vousavecl'équipedesgéomètres,ilme
recommandealorsd'étudierledossieraubureau.Tandisqu'ils'apprêteàquitterlapièce,il
m'examinejugeantmadémarche.
-Qu'avez-vousMademoiselleKlein?m'interroge-t-il.
Surpriseparsaquestion,jem'enveuxd'avoirlaisséapercevoircedétail.Enfindétail,quimalgré
toutmetortureenprofondeur.
-Oh!Rien,enfinjustemalauxpieds,c'est...enfin,cesontdeschaussuresneuvesdis-jed'unton
faussementléger.
-Faitesvoir!m’ordonne-t-il
-Non!Sansfaçon.Merci,maiscen'estrien,jerépondsgênée.
Maispourquoiest-cequejemeretrouvetoujoursdansdessituationsgênantes?
-Faitesvoir!M’intime-t-ilenrevenantversmoietenmepoussantverslecanapé.Ilmefixe,ses
yeuxdanslesmiens.Jesuiscommehypnotiséeparlaprofondeurdesonregard,sipuissantet
autoritaire.Pourquoin'arrivé-jedoncpasàdétournerlesyeux?
-Jevousremercie,maiscen'estrien,jevousassure,luidis-jeplusdoucementdansleseulbut
qu'ilcèdeetqu'ilparte,commecelaétaitprévu.
Maisilmebousculeetjetombesansaucuneélégancesurlecoussindecuir.Surprise,jelâcheun
petitcriquilefaitimmédiatementsourire.Cesyeuxquittentcetairautoritairepourdevenir
pétillantsvoirejoueurs.
-Ecoutez,cen'estvraimentrien,jerajouteenbaissantlavoixetendétournantmonregardafin
demelibérerdesonemprise.Waouh!Quelsourire!
Samuels'assiedalorssurlatablebassefaceàmoietmesaisitbrutalementlesjambesqu'il
installesursesgenoux.
-Laissez-moivoirajoute-t-ilplusdoucement.Jerestesansvoixetsuis,jenesaispourquoi,dans
l’impossibilitéderéagir,sousemprise.
Jeleregardeéberluée,àprésentmedéfairedemachaussuredroitedetorture.Ilexaminemon
pied,puismasselapartierougieparlefrottementducuirsurmapeau.Ilrenouvellela
manipulationavecmonpiedgauche,quiluisouffred'uneaffreuseampoule.Sansriendire,ilme
masseavecdouceurtoutenévitantlablessure.Jesuisincapabledebougeroudedirequoiquece
soit.Etd'unautrecôté,jenemesenspasgênéealorsquejedevraisêtreextrêmement
embarrassée.Ilappliquesesmainsdélicatementsurchaqueparcelledepeau,commeattendri.Il
pétritmespiedsavectendresse.Quellemétamorphose!UnmélangedudocteurJekilletmister
Hyde.Acetinstant,jenereconnaispasMonsieurSamuelSharp,siarrogant.Quelquesminutes
sansaucuneparolepassent,commeuneparenthèsededouceur,puisillèvelesyeuxcherchant
monregardetajoute:
-MademoiselleKlein,votrenégligencemesidère.
-Pardon?Jeluidemandecomplètementahurieenhaussantlessourcils.
-Commentvoulez-vousêtrerespectéesivousnevousrespectezpasvous-même?,me
questionne-t-ilsuruntonplussec.
Reprenantpeuàpeumesesprits,jemerendscomptedusurréalismedelasituation.Maisdequoi
parle-t-onexactement?Demespieds,d'undossier,d'autrechose?Jesuiscomplètementperdue
àcemoment.Maisilpoursuit:
-Quis'affligeraitdetellessouffrances?Nepouvez-vouspaschoisirvoschaussuresavecplusde
soinaulieud'acheterdubasdegamme?Rompantd'unephraselecharmequis’étaitinstallé,
j'atterrisbrutalement,sansparachute.Pourquoiest-iltoujoursaussidésagréable?C'estune
secondenaturepourluiouquoi?!Jefulmineetluirépondstrèspeuaimablement:
-AvectoutlerespectquejevousdoisMonsieur,onfaitenfonctiondesesmoyens!Alors,
désoléeden'avoirpaslaclassequevoussouhaiteriezquej'aie.
Jelesenscontrarié,maisilsecontient:
-Rentrezchezvousàprésent!Vousn'êtespasenconditiondetravailler.Allezsoignervospieds
!"
Etalors,quejem'apprêteàluirépondrequemoncerveaunesesituepasdansmesmembres
inférieurs,ilfranchitlaporte.Jel'entendscommanderàLindadefairevenirlechauffeurafinque
celui-cimeraccompagne.Nonmaispourquiseprend-ilavecsesmanièresdedespote?Jesuis
furieuse,jebouslittéralement.Commentest-ild’êtreaussidésagréable?Aceniveau,c’estde
l’art!
Biendécidée,àcontinuermajournéedetravail,jecapitulefinalementpeudetempsaprèsson
départ,chargéed'unecolèrenoirecontreceluiquiseramonpatronpourtroisans!Ilesttellement
arrogant,autoritaireetsisûrdelui!Jeledéteste!Jesuisinterrompuedansmonénumérationde
touslesadjectifsdéplaisantsquileconcernentparlasonneriedutéléphonedemonbureau.C'est
Lindaquim'informequelechauffeurm'attendenbasdel'immeuble.Jevaispourluirépondre
quejen'aipasbesoindechauffeurmaisl'idéesoudainededevoirmerechausserafinderetourner
chezmoim'arracheunepenséededouleur."Bien,j'arrive."Jequittelebureauchaussuresàla
main.Lindamerenvoieunregardtoujoursaussipeuchaleureuxmaisjenem'yattardepas.
Qu'elleaillesefairevoir!Elleetsonpatron!
Aussitôtarrivée,jememetsàl'aiseetmejettesurlecanapé,toujoursénervéeetmedemandantsi
finalementjen'auraispasmieuxfaitdesuivrecetteformationplusprèsdesmiens,enFrance.
HeureusementunpotdeglaceHaagenDazsplustard,jemesensplusapaiséeetjedécidede
fairedeseffortsetdetenirbon.Jenevaispasremettreencausetousmeschoixpourunsaletype
macho.Puisquejesuisderetourdebonneheure,jedécidedem'accorderunpeudebontemps.Je
règlelachaleurdel'eauetjettedanslabaignoiredeuxperlesdebain,puisjemedirigeversla
cuisineetmetsdel'eauàchauffer.Unbainetunthé,quoidemieuxpoursedétendre.Jeneme
laisseraipasdéstabiliser.
Lasonneriedel'interphonebipeetjerechigneàrépondre,biendécidéeàprofiterdemonbain.
MaispensantqueCandypourraitbienavoiroubliésescléschezSteeven,j'appuiesur
l'interrupteur:
-LivraisonpourMademoiselleKleinm'annonceunevoixd'homme.
-Ildoityavoiruneerreur,jen'attendsrien,jeréponds,souhaitantexpédierauplusvite
l'inopportun.Maiscelui-cinelâchepasetreprendd'untonperdantsapatience:
-ElisabethKlein,c'esticiounon?
-Ouijesouffleendéverrouillantlaporte.
Quelquesétagesplushauts,l'hommeenuniformemarronmeremetuncolisenéchanged'une
signature,puisdisparaitredescendantlesmarchestroispartrois.Jecoupel'eaudubainet
examinelecolisqu'ilvientdemeremettre.Uneenveloppeestjointeaupaquet,jel'ouvreàla
recherched'indicessurl'expéditeur.Suruneélégantecarte,unmessagemanuscritmerenseigne.
«ChèreMademoiselleKlein,acceptezceprésent.Ilvousseranécessairepourrester
concentréeaubureau.Etj'auraiplaisiràvouslesvoirportéesdemain.S.»
GRRR!Encorelui!
Maiscen’estpaspossible!Jesuisivredecolèreetbalancelecolissansmêmel'ouvrir.Mais
pourquiseprend-il?Ilcroitpeut-être...jenesaispasd'ailleurscequ'ilcroit!Maiscequejesais
c'estqu'àcetinstant,jesuisivredecolère.Jeprendsmonthéetmeplongedansmonbain.Mais
l'effetescomptéàsavoirunmomentdedétente,n'agitpas.Lerépondeurtéléphoniquea
enregistréunmessagedeCandyquim'avertitqu'ellenerentrerapascesoir,ellepasserala
soiréeavecSteeven.Ehbien,cesdeux-là,çaàl'airdefonctionner!Jemefaislaréflexion.Au
final,cen'estpasplusmalquejesoisseulecesoir,carjen'auraispasétéd'agréablecompagnie.
Jemeprépareunplateaurepasetsélectionneunprogrammesansréelintérêtmaisc'est
exactementcedontj'aibesoin:regardersansréfléchir.A22h20,l'émissionestterminéeetje
décidedememettreaulitavecunbonromanàl'eauderosequiluiaussimepermettrademe
détendresansavoiràactivermesneurones.J'éteinslatélé,rangemonplateau.Maismonregard
quiaétéattiréplusieursfoisaucoursdelasoiréeseporteànouveausurlepaquetquiaatterri
dansuncoindusalon.Jemedécideenfinàl'ouvrir,rejetantmonidéeinitialequiétaitdelui
ramenersursonbureaudemain,telquelnonouvert.
Maismacuriositél’emporteetjeretirelepapierd'emballage.Uneboiteàchaussuresdegrande
marqueapparait.J'enétaissûre!J'hésiteàouvrirlecarton,maismonintérêtl'emporte.De
superbesescarpinsrougevernissontcouchésdansdupapierdesoienoir.J'ensorsun,puisle
second:ellessontmagnifiques,vraimentsuperbes.Letalonesttrèshautetlecuirsisoupleque
j'ensuisétonnée.Jenepeuxm'empêcherd'yglissermonpiedlemoinsmeurtrietjesuis
époustoufléeduconfortquelachaussureoffre.Etmêmesiletalonestvertigineux,jen'en
revienspasdubien-être.Iln'yapasàdire,ilyaunmondeentremapaired'escarpinsetcelles-
ci.Maisbon,demainjedéposerailecolissursonbureauetluiferairemarquerquejenesuispas
icipourmendier.Jerefermelaboiteetmedirigeversmachambre.
Chapitre7
«L’audacecachedegrandescraintes.»
Lucain
Lizzie.
Aprèsunenuitagitéemacolères'estunpeucalméeetmêmesijecomptebienrendrelecolis,je
doisbienavouerqu'ilnes'estpasmoquédemoi.Maisoùa-t-onvuqu'unmaîtredestageoffre
unepairedeLouboutinàsonélèvestagiaire?JesuissûrequeCandym'auraitinvitéeàles
conserver.Aprèstout,c'estluiquiasouhaitémelesoffrir!Maisnon,jenepeuxpasaccepter!Je
nepeuxrésolumentpas.
Lorsquej'arriveaubureau,Lindamesalued'unbrefhochementdetêtetandisquejeregagnemon
bureau.Jenesaispascequ'elles'imaginecelle-là!Ellepeutdormirtranquille,jeneluivolerai
passoncherSamuelmedis-jeensouriant.Peut-êtrefaudra-t-ilquejelarassure,çafaciliteranos
relationspourlestempsàvenir.Jesorslaboitequej'airemballéedanssonpapieretjeladépose
surlebureaudeSamuel.
Alorsquej'allumemonordinateur,Lindaentreetremarquelepaquetsurlatabledetravail,mais
neditrien.
-Samuelneviendrapasaujourd'hui.Ilademandéàcequevoustravailliezsurlesplansetque
vouscommenciezàreleverlescôtes.
-Bien,parfait,jem'ymetsdesuite,jeluiréponds.
Bienquepeuattrayant,cetravailnécessairemepermetdemeconcentrersurautrechosequesur
lesévénementsdelaveille.Jenesuispasmécontented'êtreseuleaujourd'hui,lajournée
s'annoncetranquillemêmesilatâcheàeffectuerestfastidieuse.Pendantlapausedéjeuner,jeme
rendsaufastfoodetdécided'envoyerplusieursmessagesparmailàmesamisrestésenFrance.
Mafamillememanquemaisjenedoispasleurdireetjefaiscommesitoutétaitparfait.Ma
petitesœurMeganmetientaucourantdesaventuresdeMartin,plusoumoinsheureuses.Celane
faitquesixsemainesquejesuispartie,maiscelamesembleuneéternité,monpetitmonde
commenceàmemanquercruellement.Maisc'étaitévident:ilfautquejetienne,c'estleprojet
professionnelqu’ilmefautetjecomptebienentirerprofit.Jedoistravaillerettravaillerencore.
C'estl'uniqueraisondemonéloignement.Finalement,lajournéepasseassezvite,j’aibienœuvré
etj'aidéjàpucompléterplusieursplans,jesuisassezsatisfaitedel'avancementdemontravail.
LesoirCandyestderetour.Avecsesyeuxpétillantsellemedistilledesdétailssursanouvelle
relationd'avecSteeven.Ellesemblebienaccrochée.C'estbien,elleestsigentillequ'ellemérite
vraimentd'êtreheureuse.Jemedisqu'ilssesontbientrouvéstouslesdeuxcarSteevenestun
jeunehommeenjouéquinesemblepasprisedetête.Mêmephysiquement,ilssontbienassortis,
tousdeuxsontrouxavecdescheveuxbouclés,onpourraitmêmepenserqu'ilssoientissusdela
mêmefratrie.
-Ettoi?medemandeCandyQuoideneuf?
Ohlà!Siellesavait!Jemesuisfaitculbuterdanslacaged'escaliersetpuisilyacetarchitecte
complètementmachoetdéplaisant.Jechoisisd'édulcorer.
-Oh,pasgrand-chose.Letravailçava,c'estintéressant,mêmesuperintéressantjeluiavoue
sincèrement.
-Tut'esremisedetonexcèsdeboissondel'autresoir?
-Oui,j'aidûêtrebienridicule!C'estfini,jeneboisplus,jeluijureavecconviction.
-Non,tuétaisrigoloteaucontraire!Tunousasbienfaitrire!
AussitôtjemerevoismedonnantàDavid.Jesuisassezperplexecarjen'aipaseudeses
nouvellesdepuis,maispeut-êtreaura-t-illagalanteriedeneplusyfaireréférence.C'étaitun
accident.Unaccidentdûàmastupideattitudeetj'espèreoublierbienvitecetépisode.
Notresoiréeentrefillessedérouleensuitedanslabonnehumeur.Candyadécidédenous
préparerunbonplatdepâtesquenousdégustonsenregardantlestroisfilmsdujournalde
BridgetJones.Fousriresgarantis.
Lelendemainà8h00lorsquejepénètredanslebureaujem'aperçoisimmédiatementquele
paquetadisparudubureaudeSamuel.Iladûlesrécupérerhiersoir.Tantmieux.J'espèrequelui
aussiauraladélicatessedenepasrevenirsurcetévénement.Amonarrivée,ilmefaitsavoirpar
l'intermédiairedeLindadebienvouloirlerejoindreensallevidéod'iciunedemi-heure.Celle-ci
estautroisièmeétage.Jen'ysuisalléequ'unefois,ils'agitd'unegrandesalleéquipéed'un
immensebureauovalepouvantaccueillirunedouzainedepersonnes.Equipéedematériel
informatiqueàlapointe,elleestutiliséeenoutrepourlesréunions.
-Dois-jeapporterquelquesdocuments?JedemandeàLinda
-Ilnem'arienprécisé,maisjevousconseilledeprendredequoinoteretpeut-êtreledossiervert
quicomprendlecahierdescharges.
-Entendu.MerciLinda.Puisj'oseluidemander:
-Peut-êtrepourrionsdéjeunerensembleunmidi,qu'enpensez-vous?
Surprise,ellemefixeunmoment.Elleparaitêtresurladéfensivemaismerépondhésitante:
-Euh,oui,pourquoipas?
Pourlapremièrefoisjelavoism'adresserunlégersourireetjemeféliciteaussitôtdemon
audace.Ilestimportantquenousayonsdebonnesrelationssinousdevonstravaillerensemble.
PourSamuel,ceserasansaucundoutebeaucoupplusdifficilecomptetenudelacomplexitédu
personnage,maisjem'imagineàespérerqu’ilfiniraparsemontrerunpeuplusaimable.Pour
l’heure,ilsuffitdeseconcentrersurleprojetetdemettredecôtéscertainsaspectsdenos
personnalités,enymettantdusien,ondoitbienyparvenirquandmême.
Unedemi-heureaprès,jemeprésentedoncensallevidéonesachantsinousseronsseulsousi
descollaborateurssontattendus.D'instinct,j'ajustematenueetjetapeàlaporte.J'aidécidéde
mettreunpeud'eaudansmonvinconcernantledresscodeattenduetdesuivrelesconseilsde
Candy.J'aidoncoptéaujourd'huipourunerobenoireassezclassiqueavecdesescarpins,queje
possédaisdéjàetquisontbeaucoupplusconfortablesquelesprécédentsportés.
N'obtenantpasderéponse,j'ouvredélicatementlaporteetmeprésente.Samuelpréparelevidéo
projecteur;ilm'inviteàentrer.
-EntrezMademoiselleKleind'untonassezsec.
-Attendons-nousd'autrespersonnes?Lequestionné-je
-Non.
Souhaitantmeublerlesilenceauboutdequelqueslourdessecondes,j'oseavancer:
-J'aiapportélecahierdeschargesaucasoù.
-Inutilepourl'heureMademoiselleKlein.
Samanièredeprononceràchaquephrase"MademoiselleKlein"m'excèdeauplushautpoint.
Pourquoinem'appelle-t-ilpasparmonprénometnemetutoie-t-ilpassicen'estpourconserver
uncertainascendantsurmoiets'imposercommemonpatron.Pourtant,nousallonstravailler
troisansensemble,peut-êtreserait-ilopportund'établirunclimatplusserein,propiceaux
échanges.Maiscen’estpasencoreaujourd'huiquej'oseraiaborderlesujet.
-Biencommençons,mecoupe-t-ilmesortantimmédiatementdemespensées.Etalorsqu'il
projetteunevueaérienneduquartiersurlequelnousdevonsagir,ilmequestionne:
-Jevousécoute,quevoyez-vous?
Etonnéedesaquestion,j'essaied'enétablirunedescriptionassezriche,complétéeparlescôtes
surlesquellesj'aitravailléeslaveille.Ilsembleappréciercedétailetpoursuit:
-Sansvousréféreraucahierdeschargesquevousavezamenéavecvous,détaillez-moidefaçon
laplusprécisequellessontlescontraintesauxquellesnoussommestenues?Jeréfléchisaussitôt
toutenmereprochantden'avoirpaspenséàétudierledossierdefaçonplusapprofondie.Maisen
mêmetemps,habituellementnoustravaillonsaveclesdocumentssouslesyeux;ilnem'ajamais
étédemandéd'apprendreparcœurlesdossiers!Malgrétout,j'osemelancerenénumérant
quelquesgrandeslignesquej'aientête:J’ail’impressiondemeretrouveràl’écolesousl’œil
exigeantduprofesseur.
-Lebudget,lacommandedelamairieconcernantlesimmeublessouhaités,lacontraintedusol
sablonneuxausud-ouestduquartieretenfinlanappephréatiqueletraversantd'ouestenest.Je
relèveleregard,sommetouteassezfièredemoipourcettesynthèse.Maislorsquejerencontre
sonregard,j'aperçoisimmédiatementunelueurd'insatisfaction.Çam’auraitétonnée!
-Apartird'aujourd'huiMademoiselleKlein,jevoussauraigrédepréparervosdossiersde
manièresérieuseetnonenlessurvolant.Vousn'êtespassubmergéeparvoscours,ceux-ci
n'ayantpascommencés,maisjecommencesérieusementàm'inquiétersurvoscapacitésetsur
vosmotivations.Jen'aipasbesoind'uneélèveetencoremoinsd'unboulet.Aussi,peut-être,vous
êtes-vousavancéeunpeuvitedanslacourdesgrands.Jevousdemanded'yréfléchir
sérieusementavantdevousreprésenterdemain.Ceseratoutpouraujourd'huimelâche-t-ild'un
airdédaigneux.
-Pardon?J'osedemandercomplètementsidéréeparsatirade.
-Vousm'avezcomprise.Ademain,sivousêtesprêteàtravailler.
Acesdernièresparoles,j'exploselittéralementfaisantfideseffortsquejeconsentaisàfaire
quelquesminutesencoreauparavant.Jerépondsàsesmenacesnondissimuléesenhurlant.
Heureusementquenoussommesseulsdanslasalle,carjenesuispassûrequej'auraispume
contrôler.Jem'approche,meplantedevantlui,undoigtsursontorse:
-Nonmais,pourquivousprenezvousMonsieurSharp?Qu'avez-vousréellementàme
reprocher?M'avez-vousneserait-cequ'unefoisexpliquévotreméthodedetravail?Avez-vous
prislapeinedem'accorderuneheuredevotretempssiprécieuxpourm'indiquercomment
fonctionneraitnotrecollaboration?Alorsquej'avanceversluimonindextoujourssursontorse,
jelefaisreculertoutencontinuantcommeunefurie.Acestade,jenepeuxplusm'arrêteretpuis
detoutefaçonfoutupourfoutu,ilécouteracequej'aiàluidire!
-Sij'étaisflattéeethonoréed'avoirétésélectionnéepourtravailleràvoscôtés,jen'auraisjamais
imaginécôtoyerl'êtreleplusabjectequim'aitétédonnéderencontrer!Etsic'estdeciragede
pompedontvousavezbesoin,lebouletvoussaluebienMonsieurletyran!
Ayantfinimalitanieetvidémonsac,j'abaissemondoigtetm'apprêteàtournerlestalons.Mais
ilm'attrapelebrasd'unemainsifermequejelaisseéchapperun«Aïe!».
Iln’entientpascompteetm'attireverslui,mefaisantparlà-mêmetourneretatterrircontreson
torse.Surprise,jelefixeetnevoissursonvisage,contretouteattente,aucunecolère.Au
contraireunsourirecraquantetunelueurdifférentedanssesyeuxs’affichent.Pourmapart,je
suisconsternée,nem'a-t-ilpasécoutéeoupascomprise?Maisilenserrematailleavecson
secondbrasetposesamaindansmondos.
Merde,maisqu'est-cequ'ilfait?Aprèslagueulantequejeviensdeluipasser!Etalors?
MonsieurleTyran,n’êtes-vouspashabituéàentendrevosquatrevérités?Illibèrelamainqui
meretenaitlepoignetetjelesaisisaussitôtafindelemasserpouratténuerladouleurdeson
emprise.Puisilrelèvemonvisagededeuxdoigtssouslementonetplongesonregarddansle
mien.Ilsembleamuséparlasituation,cequiapoureffetdefaireremonterlacolèreenmoi,ilse
jouedoncdemoi,c'estça?Est-ilaussiinsensiblequeçaauxpersonnesdesonentourage?N'a-t-
ildoncaucuneempathiepourautrui?Quelmufle!
Alorsquejedécidedereprendredeplusbelle,ilposeundoigtsurmaboucheetmemurmureun
"chut".Sonregardbleusiprofondmefixetoujoursetjecroismêmeyvoirmonrefletetdu
….désir.
Maisdansl'étatdenerfsdanslequeljemetrouvejenepeuxpasvraimentmefieràmessens.
Brutalement,ilresserresonétreintemebroyantquasimentcontresespectorauxquejedevine
travaillés.Desonautremain,ilsaisitmanuqueetapprochesonvisage.Puisdansungestede
tendressequicontrasted’avecmonhumeur,ilposeseslèvressurlesmiennesetserecule.
Ebahie,jecontinuedelefixer,etcommetouteréponse,ils'emparedemabouchecettefois
durement,forçantlepassagedesalangue.Ilcherchelamienne,etalorsquejenesouhaitequ’une
chose:luiadministrerunemagnifiquegifle,malanguecèdeàsesavances.Toujours,sansmot
dire,ilfaitglisserlamainquisetrouvaitdansmondosversmeshancheseffectuantdedouces
caresses.Moncœuretmatêtes'affolentrévélantdesréactionsantagonistes.Matêteveutplus
quetout:fuircegoujat;maismessenssontenalerte,monregardperdudanslesien.Lentement,
samainglissecommeattiréeparmeshanchesquemajupenoiremetenvaleur.Ilsépareun
momentseslèvresdesmiennesetm'embrasselecou,lanuqueetfroissemescheveux.
Soudainement,alorsquejecommenceàm’abandonner,ilcessetoutgeste,sereculeetmelaisse
là,deboutpantelanteetmemurmure:
-Nebougepas.
Jedevraisfuirencourantmaismoncorpstoujourssecoués'avèreincapabledebouger.Son
absenceesttrèsbrève.Ilsedirigeverslaporte,laverrouillepuisreviensversmoi.Jevaispour
ouvrirlaboucheetluidired'allersefairevoir,maislàencore,ilposeundoigtsurmabouche.
Sansmequitterdesyeux,ilsedéfaitdesavestequ'ilbalanceausoletmeplaqueànouveau
contresoncorps.Jesenssoncorpspressécontrelemienetperçoiségalementsondésiràtravers
letissudesonpantalon.
Aprèscebaiserfougueuxetimpatient,ilmeretourneetmecolleàlatable,lebustemaintenupar
unemainvigoureusedansledos.Seslèvresembrassentmonvisage,mescheveuxetmanuquele
longdelaquelleilfaitglissersonpouce.Mapeaufrissonne.
Iltournemonvisageavecdouceurdefaçonàcequemajouesoitàplatsurlavitredubureau.Le
contactestfraisetagréable,moncorpsétantlui,enébullition.Commentcetypepeut-ilêtreàla
foislaglaceetlefeu?
Jesaisquejedevraismedégageretsortirencourantleplusvitepossiblemaismoncorps
étonnammentexcitérefusedebouger.Quelgenred’emprisea-t-ilsurmoi?Monsoufflelaisse
destracesdebuéessurleverreteinté.Soudain,ilsepenchesurmoietmeparleàl'oreille,tandis
quesamainpassesousl'ourletdemarobe.Sesparolesmurmuréesdéclenchentenmoiunfrisson
quidescendlelongdemacolonnevertébrale.Jesenssonsouriredansmanuque.
Lesalaud!Ilsaitcequ’ildéclencheenmoi.
-Alors?Jesuisuntyran?Sonsouffledansmoncouéveilleunesensationenivrante.Jen'ose
pasrépondremoncorpsetmatêteayantdécidédefairebandeàpart.Maisilpoursuit:
-Unêtreabject?Ilmedemandereprenantlesmotsquejeviensdeluienvoyerauvisage,
souriantcontremonoreille.Jenesaispaspourquoimaislasituational’airdel’amuser.
Samainsepromèneàprésentsurmesfessesets’orienteversl'intérieurdemescuisses,làoùla
peauestsifine.Monventres’emballe,ressentantdesspasmesdedésiralorsquejesuisavecle
plussaletypequiexiste.Commeest-ilpossiblederessentirdel'enviefaceàuntelmacho?
-Hum,murmure-t-ildesbas?TrèsbonchoixMademoiselleKleinmesusurre-t-ild’unton
appréciateur.
Lerougememonteauxjoues,levisagetoujourscollécontrelavitre,j’espèrequ’ilnes’en
aperçoitpas,jeneveuxpasluidonnerceplaisir.
Monsoufflesefaitdeplusenpluserratiqueaufuretàmesuredeceseffleurements.
Intérieurement,jemefélicited'avoirdécidédeporterdesbasautofixantscematin,cequiest
habituellementtrèsrare.
Maisvoilàquejedivaguecomplètement.Ilesttrèsséduisant,c’estsûr,maisdequoiai-je
réellementenvieenfait?Decéderauxavancesdecegrossierpersonnage?Oubiendele
remettreàsaplace?
C’estlaconfusionlapluscomplète,partagéeentreledésirqu’ilfaitnaîtreenmoietlacolèrequi
grondetoujours.Maisjen’aipasvraimentletempsd’analyserlacomplexitédemesémotions,
carmonsoufflesecoupequandsamainsedirigeversmonentrejambesoulevantlaminuscule
parcellededentellequifaisaitjusqu’alorsobstacle.
-IlsembleraitquejenesoispasleseulàapprécierMademoiselleKleindit-ilensouriant.Vous
êtesdéjàtoutemouillée.C'enestpresquetropfacileajoute-t-ilsuruntondéçu.
Cesparolesontpoureffetdemevexeraussitôt.Jesuisfurieusecontremoidemelivreraussi
facilement,luiconfirmantlepouvoirqu’ilasurmoi.Merde,merde,merdeetre-merdre!
Envahied’unressentimentpuissant,jemeredresse,bienrésolueetmeretourneverslui,
déterminéeàluidiremafaçondepensersursesagissementsplusqu’obscènes!
Maisàpeinemeslèvresentre-ouvertes,ilsesaisitdemabouchedurement,m'embrassantde
manièreàcequejenepuissepasriposter.Sonbaisersefaitplusdouxquandilconstatequeje
suisincapabled’yrésister.Jen’arrivepasàcomprendrel’emprisequ’ilasurmoi,maisunechose
estcertaine:bienquejelehaïsse,moncorpsluileréclame.
Drôled’alchimiedessens.
Nousnousfixonsunmomentsansriendire.Sonregardestamuséetemplidedésir,ila
consciencedupouvoirqu’ilexercesurmoi.Avecdouceur,ilm'allongesurleverredubureau,
avantd’ajouterd’unevoixrauqueetsensuelle:
-J'aibeaucoupdeprojetspourvousMademoiselleKleincependantilvafalloirapprendreà
devenirdocileetàrespectervotrepatron.Ausondesavoix,j’ail’impressionqu’ils’amuse,le
salaud.
Faisantglisserlepetittissuàmespieds,ils’agenouilledevantmonsexe.
-Merveilleux,jen'auraispuespérermieuxdit-ilencaressantmonmontdevénuslissedetout
poil.
Uneœuvred'art,MademoiselleKlein.Jevouslerépète,j'aidebeauxprojetspourvous.Puis
écartantmesgrandeslèvres,jesenssabouchemelaperetmemordillerdélicatement.Messens
s'affolenttotalementetungémissementm'échappe.Soncontactestdoux,seslèvressidoucesque
j'abdiquecettefoisdéfinitivement,incapabledestoppercedéferlementdedésirquim’adéjà
envahi.
Jesaisissescheveuxetappuiesonvisagesurmonentrejambe.Salangueaffoleclitorisetun
tourbillonmefaitquittertouteraison.Encouragéparmesgémissementsdeplaisir,ilinsèredeux
doigtsdansmonintimitéetcommencelentementàopérerunvaetvient.Ilmordillealorsavec
délicatessemonboutonderosemehissantàlalimitedel'orgasme.
Tandisquemesgémissementssetransformentencrideplaisir,ilseredressemelaissant
haletante.Sonregardperçanttoujoursrivéaumien,ildéboutonnesonpantalonenl’abaisseen
mêmetempsquesoncaleçon.Sonsexesurgit,dresséetvigoureuxetcommeaffamée,jeme
tortilleafindelerapprocherdel'entréedemonvagin.
-Patiencetigresse,patiencedit-ilenaffichanttoujourscemagnifiquesourire.Ilseprésente
devantl'antremerveilleuseetmepénètretrèsbrusquementaprèsavoirmurmuré"tuessi
mouillée!".Jereçoissescoupsdebutoirscommeunerécompenselâchantàchaquecoupderein
unrâle.
-Plusfort,j’osedemander.Mesparolessontsaccadées,monsouffleétantcomplètementhaletant.
Sonregardnequittepaslemien,etl’airestchargéd’électricitésexuelle.
Cependant,ils'arrêteetsorssonsexemelaissanthébétée.Jelâcheungrognementde
mécontentement,commentpeut-iltoutinterromprecommeça?
Sesyeuxsontdefeu,l’excitations’ylitdanssesprunelles.
-Quedésirez-vousMademoiselleKlein?"s’amuse-t-ildemoi.
J'émetsun"Oh!"desurprisecarjecomprendsqu'ilattenddemoi.Acemoment,jedevraisenfin
recouvrerlaraison,maissonregardazurestsibrûlantetledésirenmoisiardentquejeme
surprendsàluirépondre:
-Jevousveux,MonsieurSharp,s’ilvousplait.
Lejeuparaitluiplaireetilnecomptepasl’arrêterdesitôtpuisqu’ilcontinue.
-Quesouhaitez-vousexactementMademoiselleKlein?
Oh!Non,merde!Ilnelâchepas!Ilveutjoueràcejeu,maislà,çamegêne.Jen'aijamaiseu
cegenred'expérience.Mesrelationssexuellesonttoujoursététrès'classiques'etlaseulefolie
quej'aipucommettreestmadernièreaventuredanslacaged'escaliersavecDavid.
Toujoursessouffléemaisinsatisfaite,moncorpsledemande,ilrépète:
-Alors?Quesouhaitez-vousexactementMademoiselleKlein?
Transportéeparuneforceinvisibleinsuffléeparledésir,jemesurprendsàrentrerdansl’univers
qu’ilinstaureetderépondre:
-Pourriez-vousmeprendreMonsieurSharp,s'ilvousplait?
Ilafficheunsouriredepleinesatisfactionetmepénètresibrusquementquejemedisquej'aurai
sansdoutemalparlasuite.Maisqu'importecarledésiresttropintenseetilesttoutàfait
impensableàcemomentqu’ilmelaisseainsiaffamée.Chaquealleretvientluiarracheun
grognementtrèsbestialtandisquejemelaisseallersansretenue.J’accompagneses
mouvementsdefaçonàcequ’ils’enfonceenmoiauplusprofond.J’enaibesoin.Jeressensune
telleexcitationquejeveuxqu’ilm’emplisseentièrement,jusqu’àlagarde.Sonrâlerauque
s’amplifieetmonexcitationtoucheàsoncomble.
Progressivement,jesensunechaleurenvahirmonventreetjesaisquejevaisbientôtjouirde
toutmonsoul.
MoncorpsentiersecontractedansunevaguedeplaisirimmensequandSamuelredoublantde
forceatteintl’orgasmeetvientsecognerlà.Làoùpersonnen’ajamaistouchéetjequejedevine
êtrelefameuxpointsifabuleux,tantentendumaisjamaisperçu.Ilserépandenmoietun
hurlementdejouissances’échappeàprésentdemabouchemanifestantmonplaisiralorsque
j’obtiensenfinmadélivrance.
Samuelatteintl'orgasmeaussitôtlaissantéchapperun"Putain,Lizzie!"
Nousrestonslà,sansbougerdelonguesminutes,Samuelm’ayantjusteprisdanssesbras,
allongéssurlebureau.Ilmefautuncertaintempsencoreavantdereprendremesesprits,sidérée
parcequejeviensdefaire.
Malgrécela,jelaissemesmainscaresserd'instinctlescheveuxdeSamuelquis'estappuyésur
monbras.Jevoudraisresterlà,encoreunmoment,maisretrouvantpeuàpeumalucidité,je
comprendsquejevienscarrémentdemefairemonpatronetquejesuisdansunesacréemerde!
Pourêtrehonnête,jesuispersuadéequ’ilnemeresteplusqu’àallersignermonsoldedetout
compte.
Avectoutcequejeluiaibalancé,jepensequeleschosessontplusqu’évidentes.
Laseulechosequejen’expliquepasvraimentc’estsaréaction.Pourquoia-t-ilfaitça?Pourme
montrersonpouvoir,l’emprisequ’ilexercesurmoi?
Samuelseredresseetj’enfaisdemême.Ils’embrailleetrevêtsavestealorsquejemelèvede
cettepositionplusquesubjectiveetchercheduregardmaculotte.Jeparcoursdesyeuxla
moquettemaisnelarepèrepas.Aprèss'êtrepassélesmainsdanslescheveuxetavoirréajustésa
cravate,Samuels'approchedemoi,sepencheetmemurmure«laprochainefoisgardezles
Louboutin».Ilsepencheetposesurlebureaulaboîteencoreemballée.Ilpousselecolisvers
moipuisilmeglissequelquechosedanslamainquejereconnaistoutdesuitecommeétant
monstring.
Iltrouveencorelemoyendeplaisanter!Amoinsqu’ilneritpascettefois.Cethommealedon
demedéstabiliserenpermanence!Ilresteunvraimystèrepourmoi.Jen’aijamaisconnu
d’hommeaussicomplexe.
Cependant,toutàcoupétrangementdétaché,ilsort,nonsansm'avoiradresséunderniersourire
exprimantsavictoire.
Epuiséeparcequivientdesepasser,jevérifiematenueetdécidederentrerchezmoipour
retrouvermoncalmeetsavoircommentagir.Quelintérêtaprèstout?Jen'aipeut-êtreplusde
contrat?Jesuisfurieusedesamanièred'avoiragi,furieused'avoirsipeudevolontéàrésisterà
untypequinemefaitmêmepascraqueretfurieusedel'avoirlaissémecontrôleraussi
facilement.Sanscompterlepeud’estimequejem’attribueàcemoment.
Chapitre8
«Laconfidencen’estparfoisqu’unsuccédanélaïquedelaconfession.»
JulesRomains
Lizzie.
Alorsquejerentreàl'appartement,jen'arrêtepasderepenseràcequivientdesepasseretj'en
éprouveunesaleculpabilité.Aurai-jeenvoyédessignauxàMonsieurSharpquil'auraient
encouragé?Jepourraidésormaisl'appelerSamuel,mefais-jelaréflexion.
Maisnonmavieille,tunevoispasquetun'asplusdeboulot?Tuasgâchétachance!
Jem'imagineexpliqueràmesparentscommentj'aifaitpourperdremoncontrat!
Oh,pasgrand-chosePapaMaman,jesuisjustetombéesurunmagnifiquearchitectemaisau
caractèreexécrablequim'asautéebestialementensallederéunionalorsquejeluiavaisdit
d'allersefairevoir.Maisnevousinquiétezpas!Tout.va.bien!
Conscientedelapanadedanslaquellejemesuismise,jedécidedemeconfieràCandyquand
ellerentrera,j’enressensunréelbesoin,carlàjem'estimedansunetrèsmauvaisepositionetje
n'aiaucuneidéecommentjepourraism'ensortir!Enattendantsonretour,jedécidederelever
moncourrierélectroniqueetdeprendredesnouvellesdesmiens.
Siseulementilsapprenaientàquelpointj’aipuchanger,j’enmourraisdehonte!Detimideet
réservée,jemesuistransforméeenvéritablenymphomaneenl’espacedequelquessemaines!
Maisquem’arrive-t-ildonc?Est-cequececôtélubrique,quejedécouvre,étaitenfouiauplus
profonddemoietn’attendaitquemonémancipationpoursurgir?
Maisaussi!Quem'a-t-ilprisdepartiraussiloinenpensantquelaviem'attendait.Jemeprépare
unbonthéetmedisquejeseraipeut-êtrefinalement,bientôtderetour.Eneffet,Monsieur
Carsonm'aexpliquéqu'iln'yavaitpastantdemaîtresdestagequeçaetjerisquefortdeme
retrouversansrien.Meséconomiessontsubstantiellesetjenepourrairestertroplongtempssans
salaire.Jepourraispeut-êtredemanderàCandyouauxcopainss'ilsn'ontpasentenduparlerde
petitsjobsdisponiblesrapidement,maisbon!Toutescesannéesd'étude,touslessacrificessubis
etaffligésàmafamillepourfinalementabandonner.Jenemesenspasfière.
L'admirationdeMeganquej'aiabandonnéealorsqu'elleavaitbesoindemoi.Brefquelgâchis!
Etenunejournée!BravoLizzie!Championnedumonde!
Aprèsquelquesminutesd'introspection,jeréfutel'idéedebaisserlesbrasaussiviteetrefuse
d'inquiétermafamille;jevaisleurcacherl'incidentjusqu'àcequejetrouveuneidéede
remplacement.Jenevaispasabandonneraussivite.Etpuis,d'icilepremierseptembre,dateà
laquellemescourscommenceront,j'aipeut-êtreunechance,mêmeinfime,deretrouverun
partenairepourmondiplômeenalternance.
Plongéedansmesréflexions,jen'entendspasentrerCandyquimefaitsursauteralorsqu'elle
m'adresseun"salut!"dynamique.
-UncolispourtoiLizzielâche-t-elleendéposantlepaquetsurlatable.Jereconnais
immédiatementl'emballageetsouffle.
Lorsqu'elleaperçoitmapetitemine,ellecomprendtoutdesuitequ'ilyaproblème.Mêmesi
j'avaisvoulu,jen'auraisréussiàluicacher.Jen’aipluslaforcedetoutgarderpourmoi,ilfaut
queçasorte!
Alorsaprèsl'avoirinforméequemonhistoireestlongueetcomplexe,ellesedirigeversla
cuisine,sesertunthépuiss'assiedàmescôtés.
-Prête,medit-elle.Allezlance-toi,jet'écoute.
Voilà,elleestcommeçaCandy,simpleetgénéreuse,toujoursattentiveauxautres.
Etalors,commequelqu'unquienagrossurlecœuretquiabesoindevidersonsac,jelui
racontetout.Tout:absolumenttout:lebaiservolédeDavid,l'étreintedanslacaged'escalieret
marelationtrèsspécialeavecmongéniedepatron,grandnomdel'architecture.Ellene
m'interromptpas,sicen'estpourclarifiercertainsfaitsetlorsquej'arriveàlafin,ellelâcheun
puissant:
-Waouh!Ehbien,tavien'estpasmonotoneaumoins!
Jenepeuxm'empêcherdesouriretoutengrimaçantcomptetenudemasituation.
-Ecoute,medit-elle.Pourfairesimple:lapremièrefoisquetuasrencontréDavid,ilt'avoléun
baiser,puislorsqu'ilt'araccompagnéeils'estmontréplusentreprenant,c'estlemoinsquel'on
puissedire,maistun'aspasrésisté.Ilnet'apasforcélamain?Exact?
-Ouijerépondsenbaissantlesyeuxsurmesmainsquejetortilledepuisunmoment.
-Ok,jecontinuemedit-elle.Enfin,tonbosss'avèreêtreunsexyconoul'inverse,situpréfères,
unconsexyquid'uncôtéterabrouedèsqu'ilenal'occasionmaisquetunelaissespas
indifférenteàcequejevoisetquetunelaissespasindifférentnonplus.Exact?
-Oui,plusoumoins.Maisoui!Dis-jeenconfirmantlesdiresdeCandy.
-Ouais,c'estbiencequejedisais:waouh!Ensixsemaines,ilt'enestarrivédeschoses?Bah,
disdonc!dit-elleensoufflant.Etdeshistoiresdegrandemême.NotrepetiteLizziedevientune
femme!Unevraiefemme,sereprend-elleenriant.
JesourisenécoutantCandyquialechicpoursimplifierlesaffairescomplexes.
-Bon,çava,déstresse,cen'estpassicompliquéqueçaetpasaussigravequetunelepenses!
-Bah,unpeuquandmême,non?Dis-jeexaspéréequ’ellepuisseaussifacilementminimiserles
faits.Etilyaencoreunechosequejenet'aipasdite,j'ajouteenmedirigeantverslecolisprésent
surlatable,etjeluiracontealorslepassageoublié,lalivraisondeschaussures,toutenn'omettant
pasdeluifairepartdeladernièrephrasedeSamueldanslasallevidéo,avantdesortir.
-QuoidesLouboutin?S’étouffe-t-elledesurprise.Maistuenessûre?M’attrapantlepaquetdes
mains.Elleouvretouteexcitéelaboîte!Caalors!Cen’estpasàmoiqueçaarriverait!D’un
autreenjardinerie,qu’est-cequejepourraisespérer,àpartdesbottesencaoutchoucAigle?
remarque-t-elled’untoningénu.
Saremarquemefaitpoufferderireetm’aideàmedétendre.
-Caalors!S’exclame-t-elle,lesregardantànouveau,ellessontmagnifiques!Quellechance!
Alorslà,unconseilcopine:Tu.Les.Gardes.medit-elleenséparantchaquemotet
accompagnantsesparolesd'undoigtpointéversmoi.Faudraitêtrecomplètementfollepourles
rendre!
-NonCandy,tunecomprendspas.Jenepeuxpas.Etpuismême,tumevoisperchéesurdesi
hautstalons?Cen’estpasmongenrefinis-jeparconclurefaceàsonincrédulité.
-AlorsécoutebienLizzieKlein.Ceschaussuressontabsolumentmagnifiquesetl'hommequite
lesasoffertesamanifestementvoulutefaireplaisiretsouhaitequetulesgardescomptetenude
leurretour.Quantàlahauteurdestalons,ellehésiteunmomentpuisajoute:"ehbien,tut'y
feras.
Puiselles'enthousiasmeànouveaufaceàlapairedesouliersrouges,nonmaisregarde
franchement,regarde,c'estdelabombe!
Faceàsonentrain,jenepeuxm'empêcherdesourire.Elleestsinature!
-JepoursuiscontinueCandy.Chaussures:réglé.MaintenantDavid:deuxsolutionsdit-elleavec
leplusgrandsérieux.Option1:jevaisluidiredeuxmotsetjetegarantisqu'ilnet'ennuieraplus.
Optiondeux:c'esttoiquivois.Ilestbeaugarçon,mêmetrèsbeaugarçon.Unpeuvolagecertes,
maisjeteconfirmequ'ils'estséparédeJess.Ellel'ad'ailleursassezmalpris,jenetelecachepas.
Maisbon,ilaétécorrectsurlecoup.
-Tusaislescoureurs,j'aidonné.J'aimêmeétéledindondelafarcedansunevieillehistoire!
-Ah?MecoupeCandyenlevantunsourcil.Comments'appelait-il?
-Dylan.DylanCourtoix.Maistuvois,rienquedeprononcersonnom,celaresteencore
douloureux.
-Jevois.Bonpeut-êtreéviterunehistoireavecDavid,non?
-Oui,enfinjenesaispas.J'aipeurderetomberdansunmêmescénario,tuvois?Maisd'un
autrecôtécequis'estpasséestrestéàl'étatanecdotique.Plusdenouvellesdepuis.
-Tuveuxquejem'enoccupe?medemandegentimentCandyunsourireauxlèvresetses
grandsyeuxvertsmefixant.
-Non,t'inquiète.Jevaisgérer.
-Bonok.Passonsàprésentauderniercasetpasdesmoindre:l'affaireSamuelSharpdit-elle
commesielleprésentaitledossierauprocureurdansunesalledetribunal.
-Pff,jesouffle.Là,c'estcompliqué.
-Qu'estcequiestcompliquéLizzie,dis-moi.Sonsalecaractère?Lefaitqu'iltedésire?Oule
faitqueturessentesdel'attiranceenverscemacho?
-Lestrois,jecrois.Jerépondspeufièredemoi.
-Alors,pourcommencer,demaintuteprésentesàtontravailnormalement.Ilnet'apassignifié
tonrenvoi,n'est-cepas?
-Nonsuis-jeobligéed'admettre.
-Donc,tuteprésentesettufaiscommesiderienn'était.S'ilveutenparler,illefera,ne
t'inquiètepas.Maisfranchement,j'endoute.Ilnedoitpasen'êtretrèsfier.
-Tucrois?Lacoupé-je
-Crois-moi!Detoutefaçon,lapiredeschosesseraientquetuneteprésentespas.Ensuite,tu
verras.Larentréedefacestdansunmois;d'icilà,tuverrasbienetaucastonresponsable
MonsieurCarsontrouverapeut-êtreunealternativesiçanefonctionnepas.
Jeréfléchisunmoment,maisl'analysedeCandytientlaroute.
-TuesvraimentsuperCandy!Luidis-jeenlaprenantdansmesbras.Jeneregrettepasde
m'êtreconfiée.
-Allez,unpetitverredevinpourdigérertoutça?mepropose-t-elle.
J'acceptevolontiersmesentantdéjàbeaucoupmieux,jeneregrettepasd’avoirfaitappelàmon
amiepourmeconseiller.Elleestefficaceetrassurante.
-Sinon,poursuitCandyavecunairmutinquejeluiconnaisbien.C'étaitunboncoup?
Jelaregardeéberluéeparl'audacedesaquestion.Faceàsamimiqueetjerépondsensouriant:
oui!Trèsbonmême!
Nousfaisonssemblanttoutesdeuxd'êtreabsorbéesparleprogrammetélén'ayantplusgrand
choseàajouter.JesensbienqueCandyauraitplusieursquestionsàmeposermaiselleala
décencedes'enabstenir,quantàmoi,jenepeuxm’empêcherderepenseràlascèneérotique,
hallucinantequis’estdérouléedanslasallevidéocematin.Lesbaisersvolontairesetles
caressesdeSamuelmereviennententête,ainsiquesonsourirevictorieuxqu’ilaaffichéen
partant.Maisaussi,l’extrêmedouceurquiémanaitdesapersonneaprèscetteexplosionde
plaisirs.
Chapitre9
«Alalibertédeprovocation,répondlalibertéd’objection.»
BernardPivot
Lizzie.
Lelendemainmatin,aprèsunenuitdesplusagitéesetunebonnemigraine,jedoisme
convaincredemeprésenteraubureau.Jetraînedespieds,carjenesuispassûred’avoirle
couraged’affronterMisterSharp.Mais,rassemblantmonpeudecourage,réconfortéepar
Candy,jem'apprêteafindefairemoncomeback,mêmesij'ignoredanslesfaitscequ'ilensera
véritablementdecettejournée.
-Waouh!Tuessuperbe!crieCandyquandellemevoitapparaîtredanslesalon.Ellesautilleet
applauditdesdeuxmains.Leschaussures,leschaussuresscande-t-elleàtue-tête.
-Oui,ouijeluirépondsensouriantquoiquebeaucoupmoinsenthousiastequ'elle.
J'aidécidésurlesconseilsdeCandyd'abattremadernièrecarte.Cellequidit:çapasseouça
casse.
Jelajouesexyirrésistiblemêmesij'ignorequejepuisseêtreconvaincantedanscerôle.Idem,
j'ignoresitoutsimplementmonaccèsaubureaun'aurapasétéannulén'ayantalors,d'autre
possibilitéquederebrousserchemin.Maisaujourd'huijetenteletoutpourletout.Quoiqu’ilen
soitjenepourraisêtreplushumiliéeetj'aidécidédemebattrepourcejobcarilest
inconcevablequej’abandonnemesprojetsetsurtoutquemesparentsaientdûfaireautantde
sacrificespourmoi,letoutpourrentrerbredouille,deuxmoisseulementaprèsmondépart.
Alorsj'avalemafiertéetdécidedemeprésenteraujourd'huiautravailenLizzielavamp,celleà
quipersonnenepeutrésister.Sauf,qu'ilyauraitbeaucoupàdirepouratteindreréellementmon
but,alorsjem'efforced'ycroireetdejouerlejeu.J'airevêtuuntailleurjupequeCandym'a
conseilléd'acheter.Ilestrougeetjeleportesuruntopnoirquicomprimemapoitrineetmeten
avantmapoitrine.Jen'imaginaispasportercehautlorsdel'achatdel'ensemble,àvraidireje
comptaisl'accompagnerd'unsouspullnoirmanchescourtes,maisCandyadécrétéqu'ilfallait
sortirlagrosseartilleriealorsjemesuislaisséeconvaincredepassersonpetithautmoulant.Je
doisreconnaîtreque,bienquetrèspeusûredemescharmes,ilmesiedplutôtbien.Je
m'examineencoredanslemiroirettrouvelerésultatsatisfaisant.J'aiattachémescheveuxenun
chignonlâched'oùs'échappentquelquesmèchesfollesetpourtoutmaquillagej'aisurligné
légèrementmonregardetposésurmeslèvresunrougeChanelquem'avaitoffertmasœurà
l'occasiondemonprécédentanniversaire.
-Tu.es.divine!mecriemacolocataireenséparantchaquemot.Prête?ajoute-t-elle.
-Prête!Jerépondsavecuneconvictionfeinte,leregarddubitatif.
Lorsquejemeprésentedevantl'immeublejerespireprofondémentetreprendsconfianceenmoi.
Jedoislefaire!Jedoisyparvenir!Pasquestiond'abandonnertousmesbeauxprojetspource
type!Alors,soitilprendladécisiondemevireretildevramotiversarequête,soitjefais
commesiriennes'étaitpasséetmêmepire,selonCandyj'adopteunnouveaulooksexyquile
laisseralanguependanteàlamanièredeTexAvery.L’imagem’amuse.
Dansletramway,j’aidéjàputesterl’effetdematenuedanslesregardsappuyésd’usagers.Je
doismêmereconnaître,quecelam’aflatté.Enfin,pasleregardlubriquedumecbedonnantqui
s’épongeaitsanscesselefrontavecsonmouchoir!Lui,c’étaitplutôtl’inverse!ilm’adonnéla
nauséeàlafaçonqu’ilavaitdemereluquercommeunepoule.Maisbon!Çafaisaitpartiedes
risques!
C’estparti:phase1.
Jepassedevantl'agentdesécuritédel'immeublequimefixeluiaussid'unairtoutàfait
différentdesautresjours.C’estquandmêmefou,cequeleshommespeuventêtrefaiblesfaceà
certainsarguments!
Quandj’arriveauniveaudubureaudeLinda,jeluiadresseunjoyeuxbonjour,quinemanque
pasdelasurprendre.Ellen'apasletempsdeleverlatêtequejesuisdéjàdevantlaportedemon
bureauignorantsiSamuelseradéjàlàounon.Jeprendsuneprofondeinspirationetj'appuiede
manièredynamiquesurlapoignée.Alorsquejerentre,ilestlà.Ilrelèvesonregardsurmoi,
surpris,celanefaitaucundoute.
Jenemelaissepasdéstabiliser,j’inspireencoreunefoispourmedonnerducourageetlanceun
"bonjour"untantinettropguilleretpourparaîtrecrédible,maisSamueln'enlaisserienparaître.
J'effectuelesgesteshabituels,tiremachaise,appuiesurlesdeuxboutonsdel'ordinateur:base
etécran,puistirelederniertiroirdemonbureauafind'yfourguermonsac.Installée,jeme
décideàleregarderetm'aperçoisalorsqu'ilmefixe.Jeluisourisenleregardantfranchement.
-Aquoijouez-vous?medemande-t-ild'untonbourru.
-Aquoivoulez-vousquejejoueMonsieurSharp?Jeluirépondsinsolemmentpleinedesous-
entendus.
Ilmarmonnequelquechosequejenepeuxentendrepuishausselesépaulesenrecalantson
regardsurl'écrandesonordinateur.
Jefeinsunebonnehumeurexagéréequiapoureffetdel'exaspérer,jeledevine.
-QuenousvautvotrebonnehumeurévidenteMademoiselleKlein?Unpetitamiouvotrebillet
deretourchezvous?medemande-t-ild'untonsarcastique.
Consciemmentjelèveleregardversluietfrottel'airpensivelagommedemoncrayongrisle
longdemeslèvres,puisaprèsunlongsoupirquejeveuxthéâtraljeluirépondstoutenneme
départissantpasdemonsourire.
-RiendeparticuliermonsieurSharp.C'estunebellejournée,vousnetrouvezpas?
Ilmarmonnedenouveauquelquechosepuissortdubureau.Alorsquelaporteseferme,je
pousseunénormesouffledesmoinsglamourspuismeredresseprêteàaffronterlasuite.
Finalement,jepourraismoiaussiadopterenmonfortintérieurcetoptimismecarcepourraitêtre
unetrèsbellejournéepourmoi...siçamarche.
Prèsdevingtminutesplustard,Samuelrevient.Ilrefermelaporte,s'yadosseetbloqued'une
maindansledosleverrou.
Phase2enclenchée.Jesoupired'aise.Ilamordu!
Jefeinsdenerienremarquertropabsorbéeparmontravail.Ilattirealorsmonattention:
-Cen'estpasbientôtfini?
-PardonMonsieurSharp?
-Votrepetitmanège,cen’estpasbientôtfini?
-JenevoispasdequoivousvoulezparlerMonsieurSharp,maisjeseraisheureusedevous
répondresivousm'expliquez?
-Votreaccoutrementetvotreairravie:àquoicelarime-t-il?
Phasetroisengagée.Ilmortdàl’hameçon.
Jeredressealorslatêtelentement,refaisglisserlagommedemoncrayonlelongdemeslèvres
rouges,commesij'étaisenpleineréflexionpuisaprèsuneinspirationquisoulèvemapoitrineje
luirépondsenfin:
-Concernantmonaccoutrementcommevousdites,ils'agitd'untailleurquej'aiacheté
précisémentsurvosconseilsafind'êtreprésentableàvoscôtés,n'était-cepascequevousme
reprochiezdèsledépart?Alorsquejemelèveetm'approchedelui,jesuissonregardquise
portesurmeschaussures.Etcommeilneditrien,jepoursuis:
-VousaviezraisonMonsieurSharp,cesmagnifiqueschaussuressontextraordinairescarnon
seulementellessonttrèsconfortablesmaisenplus,ellesdessinentlacourbedepieddefaçon
absolumentsublime.Etjevousremerciepourleprésentetd'avoirinsistépourquejelesporte.
Samuelsetienttoujourscontrelaportemaisilaperdudesabellearrogance,sesyeuxbalaient
masilhouettedebasenhautnesachantoùdonnerdelatête.Maisilgardelecontrôle,bienque
jesentesacarapacesefissurer.
Jedécided’enclencherlaquatrièmephase.
-J'attirevotreattentionMonsieurSharpsurlefaitquenousayonsrendez-vousd'icivingtminutes
aveclesfinanciersduprojetetilmesemblaitopportund'apparaîtreàvoscôtésdemanièrelaplus
plaisantequisoitluidis-jeavecungrandsourirefeignantl’innocence.
Puisavecuneffetdethéâtre,jemeretourneconscienteduregardqu'ilposesurmoi,surmes
fessesetsurmestalonsdémentielsetavecunecertainemouejemerassiedsàmonbureau,le
sourireauxlèvresregardantparlafenêtreetfaisantmined'admirerleciel,j’ajoute:
-Oui,c'esteffectivementunebellejournée.
Vingtminutesaprès,nousnousrendonsensallevidéopourlaréunionrassemblantlesdifférents
financierspartenairesduprojetimmobilier.Lorsquejepénètredanslasalle,jesensmoncœurse
contracterenrepensantàladernièrefoisoùjem'ysuisrendue,hier.Maisjesuisobligéedetrès
vitemereprendrecartoutlemondeestarrivé:lemairedeSanFrancisco,leconseillerde
l'arrondissementconcerné,troisfinanciersissusdegrossesentreprisesbancairesetdeux
représentantsdefondsd'investissementprivés.Samuelsechargedesprésentationsetje
m'efforced'apparaîtresousmonmeilleurjour,àsavoirélégante;sourianteetcompétente.Dans
cetordre.Alorsquejedistribuemultiplesourires,Samuelquiaprojetéunvisueldel'avant-
projetlanceensuiteunpowerpointdétaillanttouslesdifférentspostesetlesfondsnécessaires.
Cedernierapourobjectifdeprésenterauplusjustelecoûtestimé,ilseraforcémentréévalué
parlasuiteselonlesaléas,maispourl’heure,l’objectifestdepréciserunepremièreébauche
chiffréeafind’attirerdesfonds.
Alors,quetoutlemondesuitattentivementladémonstration,jem'assurequelefinliserédemes
basapparaisseainsiqueleboutderubandécorantl'attacheduportejarretelle.
-Quitteàfaireleschoses,fais-lesàfond!M’apresquegrondéCandy.Eneffet,jepensaisque
lesbasautofixantsseraientbiensuffisants,maisCandyaniéàrenfortdecoupsdetêtede
gaucheàdroiteenémettantunclaquementdelangue.Levétoétaittombé.
-JenepossèdepasdeportejarretelleCandysoufflais-je.
-Ecoutemedit-elle,jepeuxt'enprêterun,maisjeteledisfranchement,toutefemmedoiten
posséderdanssontiroirdelingerie.Nesous-estimejamaislepouvoirduportejarretelle!dit-
elled'untonsitriomphalquenousexplosionsderiretoutesdeux.
Etdonc,quelquestempsaprèsavoirsélectionnédeuxoutroislingeriesaffriolantesdansla
boutiqueintimedefinesdentelles,nousrentrionspourélaborermonpland'attaque.
Ohnon!MonsieurSharp,jenesubiraiplusvosbrusqueries,jevousattendsetsurvotrepropre
terrain!Jereprendslecontrôle!Acemomentjesensqu'effectivement,jesuisbienàun
tournantdemavieimportantpourmoi.ExitlapetiteLizziefragileetnaïve!Bienvenueà
MademoiselleKlein,jeunefemmesûred'ellequireprendsavieenmain.AdieuDylanettoutes
leslarmesversées,adieumestenuespostado:quelamétamorphoses'opère,quelespectacle
commence!
Samuelfinitsaprésentationpuiss'enchaînentalorsdelongséchangesentrelesdifférents
partenairesintéressés.Néanmoins,bienquetoutàsatâche,Samuelm'adressedesregards
chargésdefureurauxquelsjerépondspardegrandssourires.Iln'estpasleseuld'ailleursàavoir
ététroubléparceminusculeboutdetextile!Nejamaissous-estimerlepouvoirduporte
jarretelle!LaphrasedeCandymereviententêtecommeunemaximeetjesourisenmonfort
intérieur.
Ilest13heureslorsquelaréuniond'achève.Undesinvestisseursdefonds,JulianDorsman
s'approchedemoiàl'issuedelaséanceetsousprétextedel'importanceduprojetde
réhabilitationmeglisseunedesescartesdevisiteàtoutesfinsutiles.Jecroiseleregardde
Samuelquisemblefulminer.Jecroiraisvoirlestaureauxdedessinsanimésquisoufflentlaissant
échapperdepuissantsjetsd'airdeleursnarines!Entoutcas,jemesensflattéedecetteapproche
carJulianestuntrèsbelhomme.Grand,brun,regardprofond,ilémanedeluiunsacrécharisme
etjel'avoue,jenerechigneraispasàsortiravecluisil'occasionseprésentait.Polimentetsans
aucunelourdeurilmeproposedel'appelersijenesuispascontreundinerhorscontexte
professionnel.Anouveau,j'exulteetcommenceàapprécierlepouvoirqu'àlanouvelleElisabeth
surleshommes.C'estsubitementcommeunerévélation,commesijecomprenaisenfin
commentlesystèmefonctionneetquejequittaismonrôledesuiveusecontreceluidemeneuse.
Cettesensationestenivrante.
JesouristoutenlaissantentrevoiràJulianquecelapourraitseconcrétiserlorsquejecroisede
nouveauleregarddeSamuel.Alorsquelasallesevideetquejemedirigemoiaussiversla
porte,j'entends:
-MademoiselleKlein?
Jemeretourne,Samuelm’interpellesuruntonsec,jesensqu'iladumalàsecontenir:
-Auriez-vousl'amabilitédem'aideràramenertouscesdossiers?
-Euh,ouibiensûrjebredouille.Aïe,jesaisquecettefoisjevaisdevoirl’affronteretàvoirson
regard,jedevinequecelanevapasêtreunmomentagréablepourmoi,maisjenemedémonte
pas.JeprendscongédesdernierscollaborateurspuisadresseunsourireàJulianquimefais
signedel'appeler.
Jeretourneverslatableovaleencombréedesdossiersetcommenceàlesempilerdemanière
rapide,tandisqueSamuelsedirigeverslaporteetlareferme.Jemeredresseetlefixeprêteà
braversafurie.
-Allez-vousmedireàqueljeuvousvouslivrez?Mequestionne-t-ilànouveau.Sesyeuxsont
tellementchargésdecolèrequesonregardsibleuhabituellementestdevenuaussigrisqu'un
océandéchaîné.Nousyvoicidonc!
-JenevoispasdequoivousvoulezparlezMonsieurSharpréponds-jed'unairinnocentenlui
adressantmonsourirefigé.
-Arrêtezvotrecinéma,ilhausseleton,vouscroyezquejen'airienvudevotrepetitnuméro
d'aujourd'hui?Ilserapprochedemoietsonairestsimenaçantquejemedéplaceautourdela
tabledefaçonprétextantrécupérerquelquesdossierséparpillés.Maisilmerattrapeparle
poignetmeforçantluifaireface.
-Aquoicelarime-t-il?
-JenejouepasMonsieurSharp.Votredémonstrationpowerpointétaittrèsréussieet...Maisje
n'aipasletempsdefinirmaphrasequ'ilmetirebrutalementmerapprochantainsidelui.Nous
nousfaisonsfaceàprésentetseulsquelquescentimètresnousséparent.Nosregardssejaugent.
-MoinonplusjenejouepasElisabeth,vousdevriezl'avoircompris!Jen'aipasletempsde
répondrequ'ilmefairefaireunevolte-facemecoinçantcontreleboisdubureauluitournantle
dos.Jelaisseéchapperunpetitcridesurprise.Maisilpoursuitapposantsesmainsàcôtédes
miennessurlatable,sondosappuyécontremoi.Jesenssonsoufflesaccadé,etpourêtre
honnête,àcemomentjeréalisequej'aipeut-êtresous-estimémonadversaire.Collécontremon
dos,ildescendsamaindroitesurmajambeetcommenceàfrotterletissudemajupe.Ilredresse
l'étoffeetcaresseàprésentmesbas,délimitantavecsonpoucelabandedepeaunuesituéejuste
au-dessusdutextile.
Sonsouffles'accélèreetlemienaussi.Est-celefaitdel'avoirchauffétoutelajournéeoules
dessousaffriolantsquejeporte,maisjesensundésirmonterenmoi.Etalorsquejedevrais,
pourrespectermonplan,meretourner,luifairefaceetsortiraprèsluiavoirassénéuneremarque
bienacide,jemeretrouveunefoisdeplusàsamercieavecunintensedésirdesentirsesmains
surmoi.Ildégagemanuquedesonautremainetportéeparmondésir,jepenchelatêteafinde
sentirsonsouffledansmoncou,lesouffledesonsourirederrièremonoreilletandisquesamain
droites'aventureàprésentversmalingerie.Sesdoigtsseglissentsousmadentelle.Jesaisdans
quelétatilvatrouvermonsexeetjem'enveuxquelquepartdeluidonnercepouvoir,maisc'est
intenableetjesuisprêteàluiaccorderunebataille,jen'enpoursuivraipasmoinslaguerreque
jeluiaidéclarée.
Jesenssonsexecontremesfessesetjemedisquedécidémentcettesalleaquelquechosede
sexuelle.Quandsesdoigtss'immiscentdansmesgrandeslèvres,ilserapprocheànouveaude
monoreilleetensouriantdeplusbelleajoute:
-Çateplaitdem'allumerainsi?Savoixestrauqueetcharnelleabattantmesdernièresbarrières.
Jedécidedepoursuivremacartedel'ingénue.
-JenevoispasdequoivousparlezMonsieurSharp.
-Oh,si,nonseulementtuvois,maistuleressens.Regardeunpeucommetumouilles.
Ilsaisitmamaindroiteetfrottemesdoigtssurmonsexe.
-Tulesensmaintenant?
-Ouifais-jed'unepetitevoix.
-TuaimesjouerElisabeth?Tuaimesjoueravecmoi?medemande-t-ilenmanipulantmamain
surmonclitorisendedouxcerclesexcitants.
Latensionestàsoncomble,jesuisgorgéededésiretjesenslessoubresautsdesonsexecontre
mesfesses.Lasituationestérotiqueetjedoislereconnaîtreellem'exciteaupossible.Tousces
jeuxsexuelssontnouveauxpourmoi,maisjeconstatequ’ilsboostentmalibido,mefaisant
perdremaraisonetmoninnocence.
-RépondsElisabeth!
-Oui
-OuiquoiElisabeth?
-Ouij'aimejoueravecvousMonsieurSharp.
-Bien,bonnefille.Alorsquefaisons-nousàprésentElisabeth?Savoixsusurreàmonoreille,
sonsouffleestchaud.Ilparsèmedansmoncouquelquesbaisers,attendantuneréponse.Ces
dernierssecouenttoutmoncorps.
-Alors?dit-ils'impatientant.Maisalorsquejemelaissealleràunecertainelangueur,ilse
reculequelquepeudemoi,samaingauchesoulèvemajupejusqu'au-dessusdemesfesseset
m'assèneuneclaquesèchesurlafessedroite.Surprise,j'émetsun"oh!",maistoutencontinuant
àpromenermamainsurmonsexe,ilrenouvellelaclaque,cettefoisplusforte.Jesenslapeaude
mafesserougir.
-NemeforcepasàrépéterElisabeth.
-JenesaispasMonsieur.
-Dequoias-tuenvie?
-J'aienviedevousMonsieur.
-Soisplusprécise,queveux-tuexactement?
-Cettefoisj’essaiedechercherrapidementmesmots,maisilpoursuit:
-Tuaimestecaresser?
-Oui
Unenouvelleclaques'abatsurmesfesses
-Ouiqui?demande-t-ilamusé.
-OuiMonsieur
-Alors,écoutebiencequejevaistedireetfaisbienattentionàcequeturépondras.Ilcontinue
depromenercesdoigtssurmonclitorisetm'insèredeuxdesesdoigtsqu'ilagiteenvaetvient.Je
suisentraindepartir,jen'enpeuxplus,j'aichaud,sichaudetmoncorpsestenébullition.
-Toutd'abord,sachequej'apprécieteseffortsvestimentairesd'aujourd'hui,maistun'aspasété
sagecmatinetilesthorsdequestion,tuentendsElisabeth,horsdequestionqueturevoisce
Julianoutoutautrehommeàquituaurastournélatête.Mecomprends-tu?
-Oui.
Unemainmefouettelafessegaucheetjemereprendsdesuite:«oui,Monsieur».
-Bien,bonnefille.Néanmoins,jenepeuxignoreretnepastesanctionnerpourlerôledetrainée
quetuastenuaujourd'huialorsenregistrebiencequejevaistedire,sijamaistut'avisaisde
recommencer,iln'yaurapassommation,jet'amèneraidansunendroitoùtuaurastoutloisirde
jouertonpetitrôledepute,maisvois-tu,jedoutequetuapprécies.
-Tuascompris?
-Oh!...oui....ouiMonsieur.Jerépondsbalbutiante.J’aitrèsclairementl’impressionquela
situationestentraindem’échapper.Queveut-ildire?Jesensbienquejenemaîtriseplusrien
dutout.Commentai-jepuperdreainsilecontrôle?
-Maintenant,jenesuispasuningrat,ettulesais.Alorsjevaistedonnercequetuchercheset
ensuitejebaiseraitaboucheenguisederéprimandepourtesmauvaisesactionsdelajournée.
Est-cequetuacceptes?
Aumêmemoment,sesvaetvientavecsesdoigtsdansmonintimitésefontplusfortetjen'arrive
plusàréprimermesgémissements.Jesuisàboutetprêteàtoutpourquemoncorpsobtienne
enfinunegratificationquimettrafinàlachaleurquileconsumedel'intérieur.
-Ouij'acceptemonsieur.
-Bien,bonnefillemesusurre-t-iltoutenlibérantsonsexe.Ilremontemajupeau-dessusdemes
fessesetjelesenstoutcontremoi.Waouh,ilestimposantetduretj'endéduisqu'ilestautant
excitéquemoiparcettemascarade.Ilm’attrapealorsparlatailleavecsonbrasgauche,me
reculeetsepositionne.
-Gardetesavant-brassurlebureau.
-OuiMonsieur.Jerépondsimpatientequ’ilmettefinàmessouffrances.
Sonsexenemetpaslongtempsàtrouverlecheminets'enfoncefacilementvul'étatd'excitation
danslequeljesuis.
Waouh,ilressortquelquesfoispuisrentredenouveau.C'estdivinettellementattenduquela
sensationestabsolumentlibératrice.Achaqueà-coupjepousseunpetitcritandisqueSamuel
poussedesrâlesgutturaux.
Ilaccélèreenforceetenpuissancejusqu'àmepénétrersiprofondémentquelorsqu'ilatteintce
pointsituédanslebasventre,jepousseunhurlementquimelibèredestensionsdelajournée.
Samuelmelaissereprendremonsouffle,puisilmeprenddanssesbrasmeregardantdroitdans
lesyeuxmedégageantlevisagedesmèchesdecheveuxcollés.
Ilm'embrasselangoureusementpuisilm'appuiesurlesépaulesdemanièreàcequeje
m'agenouille.Sonsexeesttoujoursbandéetaprèscequejeviensderessentir,j'aienviedelui
rendre.J’enoubliemonpland'attaque,quipourl'instantn'aquepartiellementfonctionnéet
m’adonneauplaisirqu’ilfaitnaîtreenmoi.L’hommequisetrouvedevantmoivientdem'offrir
undesplusbeauxorgasmesdemavie,etj'aienviedeluirendrelapareille.Ouij'enaienvie!
Jelesaisisalorsfermementetl'approchedemabouche.Jelelèchedepetitscoupsdelangue,
puistêtesonglandavantdelefairepénétrerdansmabouchequiluisertdefourreau.Jel'enserre
demeslèvresetcontinuedelelécher.Mamainlesaisitàlabaseetcommenceàeffectuerde
fermesmouvementsdehautenbas.Jenepeuxm'empêcherdeleregarderprendresonplaisiret
plongermesyeuxdanssesyeux.Bleudansbleu.Quelquessecondess’écoulentsoudainc'estla
délivrancepourluimeprocurantunsecondorgasmedel'avoirainsisucé.Jereçoissasemence
commelarécompensed'unbontravail.
-Putain,Elisabeth,tumerendsfou!Lâche-t-il.
J’apprécielepouvoirquej’aisurlui,cettepossibilitédeluidonnerautantdejouissance,etson
aveuquejeluifaisperdrelatête.
Quandnousreprenonsnossouffles,ilm'aideàmereleveretmetientserréecontrelui.Jesuis
biendanssesbrasetjeregrettequandilmelâchetroptôt.J'ailatêtequimetourneencoreetje
perdsl'équilibrequandilserecule.Ilmerattraped'unbras.
-Çava?s'assure-t-ilavantdemerelâcher.J'acquiesced'unhochementdetête.
-Bien,onafaitdubonboulot,medit-il.Rentrezchezvous,onsevoitlundiprochain.Passezun
bonweek-end.
J'ignores'ilentendparbonboulotlaprésentationdubudgetoucequiasuivimaisjeluisuisgrée
demelibérercarjen'auraisplussuquelleattitudeadopterencetaprès-midi.Jeréajustematenue
etmedirigeverslesdossiersempilésmaisilm'interrompt:
-C'estbonjem'encharge.AlundiElisabeth.
Letempslibérémepermetd’entameruneréflexionsurSamuel,surmoietsurnous.Jen’arrive
pasàm’expliquerl’attirancepurementsexuellequ’ildégageetl’échodecelle-cienmoi.Bien
quejeledétesteplusquetout,jesuisbienobligéedereconnaitrel’attraitquejeressensensa
présence.Etmêmepire,cardèsqu’ilmefrôlemessenss’éveillentaussitôt,jusqu’àcequejesois
complètementenivréededésir.C’estlapremièrefoisqu’unetellesituationm’arrive.Notre
rapportestcomplètementhorsnorme,j’enaibienconscience!Nousnepouvonspasnous
supporterplusdedixminutesetmalgrécela,uneforceextérieurenousattireinexorablement,
commeleferaitunaimant.Cequim‘intéresseraitégalementdecomprendrec’estcequelui
pensedemoi,carlàencore,c’estpourlemoinscomplètementconfus.Ilpassesontempsàme
rabrouerpourn’importequelmotiffutileetd’autrepart,ilressentcebesoindemetoucher,deme
caresser,demeposséder.
J’auraispresquepucroiretantôtqu’ilétaitjalouxlorsqu’ilm’ainterditdefréquenterd’autres
hommes,etj’avoueavoirappréciésonairpossessif,maisjepensequ’ildoituniquements’agirde
sonégoàvouloirmaîtrisertoutsonentourage.Demême,etc’estencoreparadoxal,ilestcapable
degestestendresparfois,sibienquel’onpourraitpenserquenoussommesdansunerelation.
Maislà,encore,jedoisarrêterdemefairedesidées.
Ilestdavantagecertainqu’ilseplaiseàsejouerdemoi,qu’ilneressentepaslemoindre
sentimentàmonégard.Jesuispeut-êtresonjouetdumoment.Enattendant,jedécouvreune
façontotalementdifférentedefairel’amour.Cesjeuxérotiques,nouvellepratiquepourmoi,ne
melaissentpasindifférente,bienaucontraire!Jesuismêmesurprisedemapropreparticipation
àceux-ci!J’ail’impressiondedécouvrirunenouvelleLizzie,jenemereconnaisplus!
Mesprécédentesrelations,etiln’yenapaseuénormément,onttoujoursétédesplus
conventionnelles:c’est-à-direamourdansunlit,danslenoirdepréférenceetsurtout,surtoutne
pasenparlerounepastenirdespropossalacescommeavecSamuel.Comptetenudemonâge,je
pensequec’estplutôtnormal,etilestévidentqu’unhommecommeSamuelaprobablementdes
besoinsplusspécifiques.
Chapitre10
«Lamèredeladébauchen’estpaslajoiemaisl’absencedejoie.»
Nietzsche
Samuel.
Depuiscesdeuxderniersjours,jen'aipasremislespiedsaubureauprétextantdesréunions
extérieures.Enfait,jeredoutequ'Elisabethdécidedenepaspoursuivresacollaboration.Ilme
semblequesicelaavaitétélecasLindam'auraitprévenupartéléphone;maisvusonhumeur
actuellejenepeuxcomptersursonimpartialité.
Quem'a-t-ilprislapremièrefoisensallevidéo?
Jepensaissincèrementquenoustravaillerionssurlesplansmaisjenesaispascequis'est
déclenchéenmoiquandj’airessentiqu'ellen'avaitpasréellementtravaillésondossier.C'était
commeunecolèreintérieurequim'envahissaitetquejen'aipasréussiàcontrôler.Aufuretà
mesurequejelasentaisperduej'airessenticebesoindelarembarrermêmesielleavaitraison
surleprincipequejen'aijamaisabordécequej'attendaisd'elle.
Outresesqualitésdecréationquej'aipudécouvrirdanssondossieretsoncaractèretravailleur,
j'aiéprouvécommeunmanqued'intérêtdesapartquejen'aipaspulaisserpasser.Sielle
acceptederevenirtravailler,ilfautabsolumentquejemetteauclaircequej'attendsdenotre
collaboration.Maisva-t-ellerevenir?J'endoute.Quisubiraitdetellesrailleriesetaccepteraitde
poursuivre?
Jesaistrèsbienquesielles'adresseàCarson,ill'adresseraàunnouveaucabinet.Iln'estpas
dupe.Cequejem'expliquemal,c'estcequelesimplecontactd'Elisabethproduitsurmoi.C'est
assezcomplexeetinexplicableenmêmetemps.Jeressensunbesoind'affirmermonautorité
faceàsacandeuretenmêmetempsunsentimentdedevoirprendresoind'elle.Ellequisemble
sifragile.Commentpourrait-ellecontinuerdesouhaitertravailleràmescôtésaprèscequis'est
passé?Quellefureurm'aenvahilorsquej'aieusiviolemmentenvied'elle?Ellenem'apas
repoussé,maispourquelleraisonaufinal?Peut-êtrel'aurait-elleacceptéden'importequel
patronquiuseraitdesonautoritépouraccéderàsescharmes?L'idéemêmequecelapuissese
reproduireauprèsd'unautremerévulse.
Est-ceparcraintedeperdresonemploiqu'elleaacceptémescaresseslesplusintimesetqueje
lapossèdeainsi?Non,impossible.Ellem'amêmesuppliédepoursuivre.Cetteréflexionravive
messens.Serait-ceellequimemanipuleaufinalendevinantmesintentions?Elisabethest
intelligente,serait-elleégalementmachiavélique?Non,c’estimpensable.Jerevoissesgrands
yeuxbleus,sonnezsimignonetsestachesderousseurquiluidonneunairsiangélique.J'ai
honted'avoiragiaussibrutalementavecelle.Ellevamefilerentrelesdoigts,j'enaipeur.
Qu'est-cequilaretiendrait?Ellepossèdedescompétencesprofessionnellesreconnues,elleest
créativeetbosseuse;n'importequiseraitheureuxdel'intégrerdanssonéquipeetmoi,jejoueau
salecondepuisqu'elleestarrivée.Jevaisgalérerpourlagarder.Ilfautquejepuissem'en
séparerquelquesjoursetquejeréfléchisse.Jedoisassureràprésentetarrêtermesconneries.
J'aifaituneerreurmonumentale.J'aiagicommejel'avaisfaitavecSamantha,sanscomprendre
quelesdeuxjeunesfemmesn'ontenfaitrienencommunsicen'estleurnationalité.Samantha
étaitunejeunefemmequisavaitcequ'ellevoulait.Elleavaitperdudepuisunmomentson
innocenceetj'avouequecelameconvenaittrèsbien.D'ailleurs,ellen'ajamaisremisencause
nossoirées,jesupposemêmequ'ellelesespérait.Nousaurionspucontinuerencorequelques
moissiellenes'étaitmiseentêtedemebloqueretderechercherunehistoireplussérieuseet
conventionnelle.Seulementvoilà,unehistoiresérieusej'aiconnu.J'aimêmeétéfolamoureux
aupointdevouloirmeposeretfonderquelquechosedesérieux.Jen'aipasoubliéladouleur
quel'onressentquandonvousrendsubitementvotrelibertécommesicelaétaitaussisimple
queça.
Lindam'abienaidé,etgrâceàellej'aiévitédetoucherlefondquej'auraisinévitablementconnu
siellenem'avaitpasportéàboutdebras.Peuàpeu,elles'estimmiscéedansmavieetm'aaidé
àmereconstruire,sapatienceetsasoutienm'ontpermisdem'ensortir.Mais,jen’aijamais
souhaitéreconstruirequoiquecesoitdepuisetàcesujetj’aitoujoursétéhonnêteavecLinda.Je
sais,qu’espérantdavantage,elleaacceptébeaucoupdemoi,ycompriscertainesdéviancesvers
lesquellesjel'aiamenée.
Jenel’aipasforcéemaisparcequ'elleespéraitquecelamepasseraitetquejefiniraispar
retrouverunevieditenormale,elleatoutsupporté.
Hélaspourelle,jen’aipaschangécommeellelesouhaitaitsecrètementetjen'aipasvouluune
vraiehistoireavecelle,maisjeneluiaijamaismentiàcesujet,j’aitoujoursétéclair.
C'estjustequ'elleespèrepouvoirmechanger.Elleabeaucoupdonnépours'investirdanscette
relationetjeneluiaipasrenducequ'elleauraitdûrecevoirenretour,àcommencerpardu
respect.Jesuisquasimentsûrqu'elleespèretoujoursetattendquejesoisprêt.
AussiquandSamanthaestarrivéedansnosbureaux,j'aivoulucoupertouterelationintimeavec
Lindapourqu'ellearrêtedeperdresontempsàattendreundérangécommemoi.J'aicommis
touslesexcèsavecSamantha.Elleétaitbelle,fougueuseetcen'étaitpasuneoieblanche.Jen'ai
paseuàlaconvaincrebienlongtempsdepoursuivredefaçonpeuconventionnellenotre
relation.C'étaitunebonnesoumise.
JerevoisleregardtristedeLindalejouroùSamanthaestarrivéeaubureauparéedesoncollier
desoumissionnouvellementacquis.
Jel'avaischoisidiscretencuirblancfinavecdepetitsclousd'orincrustés.Impossiblepourqui
nepratiquepasdedevinercequ'impliquaitcesimplebijou.EnrevancheLindaacomprisde
suiteets'estenferméedanslatisaneriepourpleurer.Jel'airejointeetenserréedansmesbras.
Puisjeluiaireditcequejenecessaisdeluirépéter.Asavoirquejen'étaispasunhommepour
elle,jen'étaisd'ailleursunhommepourpersonne.
Toutamourestmortenmoietjenereconstruiraiplusjamaisrien.
Toutenpleurantdansmesbras,Lindamedisaitquecelareviendrait,quej'avaisététrèsblessé,
maisquecelapasseraitetqu'elle,elleseulepouvaitm'aidercommeellel'avaitdéjàfait.Elleme
faisaitremarquerqu'elles'étaitpliéeàtousmescapricesainsiqu’auxjeuxlesplusodieuxqueje
luiavaisproposés.Persuadéequemêmesicen'étaitpassontruc,ellepourraitcontinuerletemps
quej'aillemieux.Unedernièrefois,jel'airegardéedanslesyeuxtenantsonvisageencoupeetai
essuyédemespoucesleslarmesquicoulaient.Puis,jel'aisuppliédetrouverquelqu'und'autre,
quelqu'undegentilquisauraitl'aimeràsajustevaleur.Jeluiaimêmeproposédeluitrouverun
autrepostesielleledésirait,s'ilétaittropdifficilepourelledetravailleràmescôtésetauxcôtés
deSamantha.Toutencontinuantdepleurer,elleadéclinél'offre,medemandantquiveillerait
surmoisiellepartait.
Jepensequej'aialorscommisunemonumentaleerreurenlagardantauprèsdemoi.Uneerreur
grossièrementégoïste:effectivement,quiveilleraitsurmoisiLindapartait?Maisenla
conservantdansmonéquipe,jelacondamnaisàvivred'espérances,deregretsetdechagrins.Et
celan'étaitpasjustepourelle.
Aujourd'hui,jeconsidèreLindadavantagecommeunetrèsbonneamiequ'uneanciennemaîtresse
etjen'auraispassupportéqu'unsalauddematrempelafassesouffrir.
Samantha,elle,étaittouteautre:libéréeetcurieusedetout:ycomprissurleplansexuel.Elle
n'étaitpaspresséedepasserauxchosessérieuses,dumoinslorsqu'elleestarrivéeaubureau.C'est
d'ailleursellequiauboutdequelquesjoursdesignesquisevoulaientnondiscrets,aabordénotre
relation.Abordéestlemotjuste,puisqu'elleaprofitéd'unappeldumairepourpassersousle
bureaupourmetaillerunepipeàmagrandesatisfaction.Ellemefixaitduregard,sesyeuxverts
danslesmiensetsabouchemerveilleusementrougeléchaitmonsexedurqu'elleavaitsortide
monpantalon.Ceaprèsquoi,ellel'avaitengloutidanssasuperbegorge,letoutenmeregardant
effrontément.Elleavaitdélibérémentchoisilemomentoùbloquéparmaconversation,jedevais
subirsonassautdesplusdélicieux.Elleenétaitressortietouteessoufflée,sesgrandsyeux
provocants,affichantunairdegourmandisesanslimite.Ainsiavaitcommencénotrerelation,
moisucéetelleculbutésurmonbureausitôtdisponible.Etjeluiavaismissoncomptesuiteà
soninsolence.
Samanthaaimaitlesrelationsàrisque.Plusledangerétaitprochepluselleétaitcréative.Oui,là
encorelemotestexact:c'étaitunecréative.Sabeautéetsajeunessem'émoustillaientaupoint
quej'étaisfierdemontrerauxautreshommesquilaconvoitaient:qu’ellem'appartenait.Au
départ,nosjeuxétaientassezsages:baiserentouslieuxetentoutescirconstances.Lesexercices
étaientnombreuxdéclenchantenmoiunesorted'addictionàsonsuperbecorpssiservile.Elle
n'enaavaitjamaisassezetprésentaituneformeolympique.Puis,petitàpetitj'aisouhaitélui
imposermavolontéetj’aiexigéqu'ellem'obéisse.Maiscomptetenudesapersonnalité,jepeux
direquej'aieudupainsurlaplanchecarlajeunefemmeétaitaussivivequelefeuetd'un
tempéramentbouillant.Jeluiaialorsimposéuneformationsérieuseendonjon,exigeantd'elle
qu'elles'ysoumettesielledésiraitresteravecmoi.Bienquelégèrementrécalcitranteàladouleur
audépart,elleafinalementacceptécurieusedelapratique.Auparavant,nousavionsdéjàexercé
certainsjeuxdesoumissionmaislaformationenbonneetdueformenousaété,jedirais
profitablesàtousdeux.Unmaîtredudonjonl'adansunpremiertempsdresséetandisque
j'exerçaisàmontour,montoutnouveaupouvoirsurunesoumisestagiaire,quiquoiquebeaucoup
moinsjoliequeSamantharéussitàmesatisfaireletempsdenoséchanges.
Jegardedecesséancesunplaisirintenseetjerenouvelleraisbienvolontierscetteformation,avec
Elisabeth,peut-être?Jenesuispassûred'yparvenirunjour.Cettepetiteesttropfarouche,ou
alorsilmefaudrayallertoutendouceur.
Enfin,toujoursest-ilquej'aipartagépendantplusieurssemainesdesmomentsd'extaseaprès
maintsligotagesoupunitionsquejejugeaisutiles.Ainsidonc,Samanthatoujoursaussicurieuse
etentreprenantesubissaitquelquescoupsdebattoiroudecravacheselonl'offensefaiteàson
maitre.Etcomme,ellecherchaittoujoursàsefairebaiserquelquesoientlesrendez-vousoules
urgencesprofessionnelles,elledevaitparlasuiteensubirlesconséquences.Finalement,
Samanthas’estrévéléeêtreuneparfaitesoumise.
Jeneniepasquenosjeuxm’aientquelquepartaidéàexorciserlatrahisonquemafemme
m'avaitfaitsubiretjelapunissaisautraversdeSamanthaquisupportaitfesséesetautrecoupsde
canne.Jen'auraisjamaispublesserSandy.Soncorpsétaitsifrêleetsesyeuxsiinnocentsqu'il
n'enauraitjamaisétéquestiond'ailleurs,j'avaisconsciencedelachanced'êtreentrédanssavieet
jel'enremerciaischaquejour,heureuxdubonheurqu'ellemedonnait.
MalheureusementpourmoiHollywoodaeuraisondesonamourpourmoi.Etalorsquej'aurais
souhaitélagarderuniquementpourmoi,sonagentnecessaitdelamettresurl'avantdelascène
devanttelouteljeuneacteurauphysiquesiparfait.Evidemment,lepauvrebougrefaisaitson
job,maisjefinissaisparlehaïrletraitantd'entremetteur.EtmêmesiSandym'assuraitqu'ilne
s'agissaitquedesonmétieretquec'étaitnormal,jecommençaisàdouterqu'ellecontinueàse
suffiredemapersonne.Jefinissaisparlasupplierdetoutarrêter,quenousavionssuffisamment
dequoivivreetqu'ellepouvaitresteràmescôtésàloisirsanssedonnerlapeinedetravailler.
Elles'offusquait,necomprenantpaspourquoijedésiraislaretenirprisonnière,c'étaitsesmots.
Lefaitestquej'étaisjaloux,jalouxàencreveretquejedevinaisl'issuedenotrerelation.Ellese
faisaituneplaceparmilesacteursbankableetmoijeperdaislamienneprogressivement.
Aquoid’autrepouvais-jem'attendre?Elleétaitjeune,sifraîcheetsibelle,commentaurait-ilpu
enêtreautrement?Ellenem'appartenaitdéjàplus.Etc'estleslarmesauxyeuxqu'elleme
signifiaitlafindenotreamour.J'avaisbeauluidemanderlenomdecefilsdeputequim'avait
éjectédesoncœur,ellem'assuraitquecen'étaitpasdecelaqu'ils'agissaitmaisplutôtd'une
incompatibilitédenosdeuxcarrières.
Incompatibilité!Magnifiquemotquipermetainsidetoutexpliqueraussifacilement.Les
tabloïdssechargeaientparlasuitedem'acheverpubliantdesphotosdemadoucedanslesbrasde
teloutelbellâtre,idoledumoment.J'auraispuignorercettepressepoubellesijen'avaispas
retrouvésurlesphotosdestabloïds,danslesyeuxdeSandy,cetteflammequejeconnaissaissi
bien,quim'étaitadresséeilyaencorepeu.
Lesmoisquiontsuivim'ontdirectementamenéautrentesixièmedessous.Souventsaouldès11
heuresdumatin,traînantdansmonsibelappartementquenouspartagionssipeudetemps
avant.Etpuis,lesfilles,toutesdestrainéesquejeregardaisàpeineetquejemecontentais
d'utilisercommedevulgairesmouchoirsjetables.
Enfin,Lindam'asortidecegouffreàforcedepatienceetdedévouement.Jelaconnaissaisde
PaulCarson,unamid'université.Enfait,ils'agissaitdesapetitesœurquiàl'époquemefixaitde
sesyeuxénamourés.Mais,jen'étaispasintéresséparcegenredegamineetjeportaisàl’époque
davantagemondévolusurdesfemmesplusmûres.Desfemmesquimerévélaientcequ'était
l'amourphysique,quijouaientdemoncorpsetm'initiaientauxjeuxérotiques.Alors,forcément
lesjeunesfillesdemonâgemesemblaientsifadesàcôtédecesfemmesdesavoirs.
LehasardavouluquenoscheminsserecroisentavecLindalorsd'uneréunionprofessionnelle.Je
retrouvaissonregardadmiratifintact,telqu’ilétaitquandellen’étaitqu’uneadolescente.Elleest
arrivéequandj'avaisbesoindeça,àcemoment-là.J'avaisbesoinderetrouverlalueursincèredu
désirdanslesyeuxd'unefemmeautrequeces«mariecouchetoilà»quioccupaientalorsmes
nuits.Jemelaissaisfaire,elleprenaitsoindemoietluttaitàmescôtéscontremesvieuxdémons.
Aplusd'unereprise,ellemeretrouvaitivremortetsechargeaitalorsdemoi.C'esttoutcedont
j'avaisbesoin:quequelqu'uns'occupedemoietmeprotègedemoi-même.Jen'étaispascapable
delefairetoutseul.J'aibienconsciencedel'avoirutiliséeelleaussi,maisàladifférencequ'elle
enétaitpleinementconsciente.Ilestarrivéplusd'unefoisqu'ellemeretrouveavecquelque
grognassedansnotrelit,maislàencore,ellelaviraitetmeprenaitdanssesbras,mepardonnant.
Jenelaméritaispasetjeluidisaistrèsrégulièrement,maisellem'assuraitqu'elleprendraitce
quejevoudraisbienluidonneretquepourl'heurecelaluisuffisait.
Enfin,unjourdepleinebrumealcoolique,unadjointaumairemefaisaitdécouvrirlesaffresde
lagrotte.Lieuobscurdedébauche.Alorsquejem'yrendaispourlapremièrefoisensa
compagnieilm'offritcequ'ilappelaituncadeaudereconnaissance,remerciementd'unservice
personnelrendusursavilladeSantaBarbara.Celieueutunimpactsurmoi,dirigeantdèslors
macolèrenonsurmoi-mêmemaisenverscesquelquesfemmesquiacceptaientdemeservir
d'exutoire.Lorsquejepénétraisdanscettegrotte,oùnuln'estautoriséàrentrersanscautiond'un
parrain,j'eusl'impressiondedécouvrirenfincedontj'avaisbesoin.Lelieuressemblaitàunbar
trèscosyoùplusieurshommesencostume-cravatevenaitsiroterquelquesverresaprèsleboulot.
Dejeunesetbellesserveusesprenaientlescommandesvêtuesdetrèscourtesjupesetdebustiers
dorés.Ellesseprésentaientindiquantleurprénomsansleverlesyeuxentotalsignede
soumission.Eberlué,jeregardaisRichard,monamiquim'enexpliqualefonctionnement.
-Jet'explique.Dit-ilrencontrantmonregardperplexe.Chaqueserveuseseprésentedevanttoien
baissantlesyeuxensignedesoumission.Situlachoisis,tuluipasseslecollierquisetrouvesur
lecôtédelatableettupeuxrejoindreunedessallesquisetrouveaufonddescouloirsquetuvois
toutautourdenous.
Jeremarquaisqu'effectivementsurlecôtédelatablependaituncollierquiressemblaitcomme
deuxgouttesd'eauàceluid'unchien.Unelaisseétaitaccrochéeaucollier.Puislançantunregard
autourdemoi,j'examinaisleslieux.Jen'avaispasprêtécas,maislasalledebaroùnousnous
trouvionsétaitcirculaireetcinqcouloirss'échappaientdelapièce.
-Lorsquetuaurasl'habitude,tuchoisirastoncouloirselontesenvies.Ilyaunthèmeparcouloir.
J'étaisintrigué,ébahiquetelslieuxdeplaisirexistentetcommençaisàcroirequemonsalut
viendraitdecelieuquejequalifiaisintérieurementd'extraordinaire.Enmêmetemps,àprésent
quemonregards'habituaitàl'obscurité,jedécouvraisl’endroitregardanttoutautourdemoi.
QuelamiceRichard!Jemefélicitaiscejour.
-Jecontinuedet'expliqueravantdetelâcherdanslanatureajouta-t-ilsemoquantdemonair
hébété.
-Surl'estradeaufond,tupeuxvoircinqfillesquisonttoutesdisposéesàtesatisfaire.Ensuite,si
tulèvesleregard,tuverrastroiscagesdanslesquellesquelquesfuriesattendent.
Devantmonregardinterrogateur,Richardsouritetmedonnaplusd'informations.Lescinqfilles
surl'estradesontdresséesetdociles,maissitupréfèresladifficulté,celles-cidit-ilenme
montrantlestroiscagesmaintenuesenl'air,tuasàfaireàdevraiestigressesquisontencours
dedressageetquidonnentdufilàretordreàleurmaîtrequivientlessoumettreàdesdominants
quiaurontpeut-êtreraisondeleurindocilité.Enfin,situesjoueur,ilyauneurnesurle
guéridonquetuvoissurtadroite.Iltesuffitdepiocherunpapieretlafilledontlenomest
inscritdessusterejoindraunefoisquetul'aurasmontréaubarman.
-Hé!Maiscommentn-ai-jeconnuplustôtuntellieu!M’écriais-jeenthousiaste,lesexegonflé
d'excitation.Richardéclataderire,visiblementsatisfaitdemonengouement.
-Unconseil,laisselestigresses,prendsletempsdeteformeravantajouta-t-ilexécutantune
mimique.
-Meformer?Ah!Ouibiensûr.Ettandisquejetournaismonregardinterrogateurverslui,il
poursuivit.
-J'enviensauxcinqcouloirs.Ilrepritunpeudesaboissonetjel'imitaispensantàlajeune
Carrysijoliequiétaitvenuenousapporternosverresquelquesminutesauparavant.Puisil
reprit:
-Situregardesattentivementau-dessusdechaquearcheouvrantsurlescouloirsilyaun
symbole.Lesvois-tu?
J'acquiesçais,curieuxqu'ilmerenseignesurchacund'entreeux.
-Ilsreprésententunesuitelogique,maisenfaittupeuxchoisirselontonhumeurettaforme
continua-t-ilenm'adressantunsourirecomplice.Jedevinaiscequ'ilentendaitparlàetsourisà
montour.
-Alors:lalonguevue:tuesspectateur,plusieurssallesdonnentsurdepetitesalcôvesparune
vitresanstainettupeuxaussibient'installerensimplevoyeurouameneravectoiunesoumise
ett'inspirerdecequetuvois.Jeprécisequetupeuxaussipasserdel'autrecôtédumiroirette
donnerenspectacle.Ça,c'estlepremiercouloir.
-Waouh!M’écriais-jecomplètementbluffé.Ilmesouritetpoursuivit.
-Laclé,c'estlesecondcouloir.Làaussi,plusieurssalles,àtoidevoircellequetuchoisis,mais
pourfairebref:touteslessallescontiennentdequoiattachertasoumise.Entendsparlà:
menottesdiverses,liensetc...Tupiges?
-Oui,oui!Jesuis!Jerépondaiscommeunenfantàquil'onauraitpromisDisneyland.
-Letroisièmecouloirestannoncéparunetyroliennedit-ilenm'indiquantdudoigtlelogo.Tu
trouverasdanslessallesprésentesdanscecouloirdequoit'occuperavectoutessortes
d’acrobaties.
Jeleregardais,interrogateur.Ilprécisadonc:
-Suspensionsvariées,balançoiresettoutlematosnécessaire.
J'acquiesçaistoutenmesentantcomplètementnoviceenlamatière.Celam'effrayaitunpeu,
j'avaistoutàapprendredecemonde.
-Quatrièmecouloirpoursuivit-il,deuxinitiales:GB.Tudevines?
-Euhsoupirais-je.L’Angleterre?
Iléclataderiretoutensemoquantdemonincultureenlamatière.Puissecalmant,ilm'expliqua
:
-BpourbandetGpourgang.Tupeuxconcrètementamenerautantdesoumisesquetule
souhaitesetturestesleseuldominant.Sachequepourcessalles,iltefautgénéralementpasmal
detempsdisponiblemeprécisait-t-ilunsouriredeconnivenceencoin.
Etj'enviensauderniercouloiroùtupeuxvoirunenotedemusiqueau-dessusdel'arche.Ce
couloirdonnesurunautrebarlui-mêmedesservipard'autressalles.Pourt'expliquerclairement,
c'estlependantduclubéchangiste.Chacunseprésenteavecaumoinsunesoumiseetensuite
...ensuitereprit-ilcherchantsesmotsetbienadviennecequ'advienneconclut-ilenmeregardant,
s'assurantquejel'aiebiencompris.
-Waouh!Quellevisiteguidéemoncherluiadressais-jeestomaquéquedetelslieuxdeplaisir
existentàSanFrancisco.J'aideuxquestionsàteposer,jepeux?
-Biensûr,évidemment.
-Iln'yaquedesdominantsmâlesouégalementdesfemmesdominantes?
-Alors,noniciàlagrotte,iln'yaquedesdominantsoumaitreshommes.D'autresendroits
accueillenteffectivementlesdeuxsexes.Maiscen'estpaslecasici.Pourquoimec?Tutevois
soumisd'unefemme?
-Oh,non,nonniais-jepresqueoffusqué,c'étaitjustepoursavoir.
-Tasecondequestion?
-Commentsepasselacotisation,lesfraisd'entrée,enfinjenesaispascommentonappelleça,
maistucomprends?
-Ouifait-ild'unhochementdetête.Alorslesfraisdeprésentation:c'estmoncadeau.Jete
présenteraijusteaupatronavantdepartir,c'estlarègle.Unparrainage,lesfraisdeprésentation
etl'accorddumaitredeslieux.Ensuite,commeils'agitderapportsconsensuels,iln'yabiensûr
aucunpaiementdespartenairesetpourévitertoutequestiondemonnaiequandtuconsommes,il
yauneparticipationmensuellequicouvrelesboissonsetl'entretiendeslocaux.Maisça,tuasle
temps.Aujourd'huic'estcadeaupourtoientantquenouveaudanslacommunautém'annonça-t-
ilavecungrandsourireetprésentantsonverreafindeporteruntoast.J'enfisdemêmeetnous
trinquionsàcefabuleuxcadeau.Sansdouteleplusbeaudetoutemonexistence!Jepensais.
-Bonfrère,làilvafalloirquejetelaisse,j'aidumondeàlamaison,maisprendstouttontemps
et....profitemec!J'appellejusteBenpourteprésenter.
J'acquiesçaisetpensaisaussitôtàlafamilledeRichardquejeconnaissaisbien:safemme,ses
gosses.Commentfaisait-ilpourtoutgérer?EtLydie,safemme,ellesavait?Elleétaitsa
soumise?JerougissaisdemereprésenterLydied'unefaçontouteautrequ'habituellement.Mais
jechassaistrèsvitecetteidéepourpeuperverseetfaisaislaconnaissancedeBenqui
m'accueillitdanslacommunautéetpourcefairemecommandaunebouteilledechampagneen
guisedebienvenue.
Voilàpourmoninsertiondanslesmilieuxglauquesdelanuit.Voilà,commenttouta
commencé.
Maisaujourd’hui,jesuisperplexe,déstabiliséparcepetitboutdebonnefemmequivient
chamboulermonunivers.
Lizzieestsicomplexequejenem’yretrouveplusentresacandeur,sesrépartiesassassinesdont
jesuisl’objetetsaconduiteborderlineprovocatrice.
L’angeetlediablesecôtoientils?
Chapitre11
«Doutonsmêmedudoute.»
AnatoleFrance
Lizzie.
Lorsquejerentreàl'appartement,j'espèrem'yretrouverseule,histoiredereprendremesesprits.
J'aibesoinderéfléchiràcequivientdesepasseretnuldoutequedèsqueCandyrentreraelleme
harcèleradequestionsauxquellesjedevraisrépondre.
Aussitôtarrivée,jemedévêtstoutenmerendantdanslasalledebain.Ilmefautunebonne
douche,c'estunenécessité.Jerèglel'eauetfinisdemedéshabillerletempsquel'eauchauffe.Je
meglisseàl'intérieurdelacabineetcommenceàmelaverlatêtetoutenpoussantdelongs
soupirsquiontpourvertudemedétendre.Ladouchemedonnel'impressiondemelaverdecette
journéeetdetouslesévénementsloufoquesquis’ysontdéroulés.Delonguesminutesaprès,je
sorsenveloppéedansmonpeignoir,lescheveuxenturbannés.Unbonthé,voilàcequ'ilmefaut
jepense.AvantdepouvoirenparleràCandy,j'aivraimentbesoinderéfléchiràcequis'est
réellementjouéaujourd'hui.Montéléphonevibrem'annonçantunmessagedeCandy:
«JepasserejoindreSteevenaprèsleboulot.RDVaupub?21h?»
Jesuissoulagéecarjevaisavoirletempsdemeposeravantd'avoiràfairemoncompterendu.
D'ailleursquevais-jevraimentluidire?Tout?
Jeréfléchisavantderépondre,carenfaitjen'ainulleenviedesortircesoir,d'unautrecôté,ilest
encoretôt,j'ailetempsdemereposerunpeu.Ohetpuisjeréponds:
«Pasdesoucis,à21haupub.Ciaomabelle.»
Jemelovedanslecanapé,monthéàlamainetj'allumemachinalementlatéléenbaissantle
volumedusonauminimum.Allons-ymedis-je"brainstorming!".
J'essaiedemettredel'ordredemesidéesetd'effectuercommeunechecklistpourguidermon
introspection.
Alors,objectifsdemonpland'attaque:reprendrelepouvoircontreSharp.Bilan:mitigé
Explications:
-Leplansexygirlabienfonctionné,doncok
-Testermonpouvoirdeséduction:ok
-ReprendrelepouvoircontreSharp:pasokdutout!
Etvoilà,làoùçablesse.Commentai-jepumemontreraussifaible?Tantqu'ilafallurevoirma
garde-robe,êtresexyouallumer,toutabienmarché.Enrevanche,jen'aipasréussiàlutter
contremessensdèsquel'occasions'estprésentée.Quellesotte!
Alors,lavéritablequestionest:pourquoi?
Parcequ'ilestterriblementséduisant:sansaucundoute!Maisquandmême!Jeneme
reconnaispasdutoutdanscequis'estdéroulédanscettesalle.Jenemesuisjamaiscomportée
delasorte!Maisqu'est-cequim'aprissansblague?Qu'est-cequinetournepasronddansma
têteencemoment?D'unautrecôtéetforceestdelereconnaître,jen'aijamaisconnuunetelle
excitation,nimêmeuntelorgasme!Jem'ensouviendrai!
MêmeenrepensantàDylan,c'étaitagréable,tantôtdoux,tantôtplussensuel,maisjamais
commeça!Nonjamais!C'estlapremièrefoisquejevisunetellesituationérotique.Normal
quemoncorpsaitprisledessus.Finalementjem'enveuxdéjàunpeumoinsd'avoircédé.Qui
nel'auraitfait?
Unepetitevoixassassinemerépond:personnenel'auraisfaitmagrande!Tunevoispasque
tunejouespasdanslamêmecourqueSamuel?T’a-t-ondéjàclaquélesfesses?Hein?Lizzie
?Etpuisc'estquoicettemenacesiturefaistatraînée?HeinLizzie?
Etoui,c'estvrai.Quevoulait-ildireparlà?Etqu'est-cequecelaveutdiretoutcourt?Tune
doisvoirpersonned'autrequelui?C'estuneproposition?Ouétait-cejustedanslejeu
érotiquequenousjouions?Quevoulait-ilvraimentdire"sijamaistut'avisaisderecommencer,
iln'yaurapassommation,jet'amèneraidansunendroitoùtuaurastoutloisirdejouertonpetit
rôledepute."C'estquoicetruc?
J'abandonnecetteréflexionenmeconvainquantquecelafaisaitsansdoutepartiedujeu.
Enrevanche,jem'accordesurdeuxchoses.Lapremièreestqu'ilesthorsdequestionqueje
poursuivrecejeuavecSamuel.C'estmonresponsabledestageetlà,jejoueaveclefeu.J'ai
voululuimontrerquejen'étaispaslagaminequ'ilpensait.J'airéussienpartie,maisc'estbien
luiquiamenéladernièremi-temps.Risquéquandonsaitquemestroisprochainesannéesde
stagevontreposersurnotrecollaboration!C'estdelafoliepure.Ilfautvitequej'arrêteles
conneries!
Lasecondechosequimevientàl'esprit,c'estplutôtunehypothèse.Aurais-jeréagidelasortesi
j'avaiseuuneviesentimentaleet/ousexuellesatisfaisante?Jemeremémorecequis'estpassé
avecDavidl'autrejouretlàencore,çanemeressembleabsolumentpas.C'estpeut-êtredelàque
viennenttoutesmescomplicationsdevie!Candyaraison:ilmefautunmec!Maisattention,
pasd'amournifleurbleue,pasd'engagementetderisquededéconvenue,nonjustedequoi
trouverunestabilitéaffectiveetsexuellesuffisammentsatisfaisanteafinquejeneréagisseplus
commeunenymphomaneàlapremièreoccasion.Jem'endorssurcesbellespenséesayantun
peudetempslibreavantlasoirée.
L'interphoneémetsasonneriestridentemesortantainsidematorpeur.Jemetsuncertaintemps
avantd'émerger,hésitantmêmeàrépondre.Puisd'unseulcoup,jeregardeleréveilayantpeur
d'avoirdormitroplongtemps.Ilest18heures.Quicelapeut-ilêtre?J'appuiesurlehaut-parleur
etmeraclelagorgeavantdeparler:
-Oui?
-LivraisonMademoiselleKlein.
Etbonjour?Tuconnaispas?
Jereconnaislavoixdulivreurdel'autrejour,aussimollassonneetéconomisantsesmots.
-Jevousouvre,etjedescendsàvotrerencontre.
J'aimalgrétoutpitiédeluifaceàtoutescesmarches.Jelerejoinsauniveaudusecond,saisisle
paquet,contresigneetsaluelelivreur.
Jeremonteexaminantlepaquet,aucunexpéditeurétantindiqué.
Arrivéeàl'appartement,jemedirigeverslacuisine,saisisunciseauetcommenceàretirer
l’emballage.Uncartonluxueuxprotègel'intérieur,jel'ouvreetensorsunemagnifiquerobe
rougetailléedansunematièreplusquenoble,ils'agitdesoie.Jelaprésenteduboutdesbras,
elleestsublime,courtevaporeuseettrèsclasse.Jenereconnaispaslamarquequiestune
marqueaméricaine,maisjesaisc'estunsuperbearticle.Eberluée,j'aperçoisaufondducarton
uneenveloppecrème,jel'ouvre.
«J’aipenséqu'elleiraitparfaitementavecvoschaussures.S»
-Ah!Non!Non!Etnon!Jecrieseuledansmonappartement.Jecommenceàenavoirmarre
delui!Aprèstoutletravaild'analysequej'aifaitprécédemmentetlesconclusionsquej'enai
tirées,voilàqu'ilmepoursuit!FaischierSharp!Jecrie.Qu'est-cequ'ilmeveutencore?Ou
alorsc'estpours'acheterunebonneconscience!MonsieurleTyran!Jereplieenquatrelatrès
bellerobeetlaposeenvracsursonemballage.Jevaispourremettrelacartedansl'enveloppe
quandjem'aperçoisqu'ilyaécritquelquechoseaudos.
«Jepassevousprendredemainà19h00.S»
Nonmais,pourquiseprend-ilsansblague?Voilàquejeparleseuleàprésent,demieuxen
mieux!
Ehbien,jen'iraipasvoilàtout!Etdemainjerameraicetteexcentricitéenboutique!
J'ailetempsdemepréparer,aussijemere-prépareunthé,histoiredere-décompresser!
Maisquem'arrive-t-ilvraimentdepuisquejesuisici?Jecommenceàmeposersérieusementla
question.Est-cequefinalement,jen'étaispasencoreprêteàquitterlenid?Est-cepourçaqueje
n'arrêtepasdemeretrouverdansdessituationsnonavouables?Machancequelquepart,estque
jesuisloindesmiens,demesamisetquepersonnen'ensaurarien.Cettepenséesuffitàme
soulager,maiscelled'avoirpeut-êtrefaituneerreurenvenanticicommenceàfairesonchemin.
J'imagineladéceptiondemafamillesijerentre,mesparentsontmistellementd'espoirenmoi.
D'unautrecôtés'ilsmesavaientmalheureuse,ilsm'ordonneraientderentrerauplusvite,çaj'en
suissûre!Etpuis,iln'estpeut-êtrepastroptardcarmêmesij'aicommencéàtravailleravec
MonsieurleTyran,lesvraiscours,euxn'ontpascommencé.Iln'estpeut-êtrepastroptardpour
effectuerun«rapatriementuniversitaire".
Jedécidedegardercettecarteenpocheetd'allerprofiterdemasoirée.C'estpeut-êtreunedes
dernièresàlaquellej'assiste.Celam'attristeunpeu,maismesoulageégalement.J'aiencorecette
possibilité.
Lorsquej'arriveaupubà21h30,CandyestattabléeaufondavecSteeven.EvaetChloésont
égalementlàetcelamefaitsincèrementplaisirdelesrevoircarcelafaitunsacrémomentque
jeneles'avaispasrevues.ChloéadeshorairesincroyablesàlasupéretteetEvanesortquepeu.
Elletravailleàmi-tempsdansunfastfoodpourpayersacolocationetpourelleaussiles
horairessontcontraignants.
Jem'assiedsauprèsd'elle.
-Mazette!QuetuesstyléedisChloéd'untonadmiratif
-Carrément!Quelchangementdepuisquejenet'avaispasvue!dit-elleensifflant.
-Merci,mercileurréponds-je,jevousprésentemastylistepersonnelledis-jeenleurdésignant
Candy.
-OhéDavid!crieEvaenagitantlamain.
Davidsedirigeverslatableetmefixeduregardenserapprochant.
-Viseunpeulabombeditd'untonenjouéEvaenmeprésentantavecun"ta!Dam!"
Triomphal.
-Eneffet,répondDavidenfigeantsonregard.
D'unseulcoup,jemesensgênéealorsquequelquessecondesauparavantj'enriais.Jemetourne
versEvaetChloéetcommenceunediscussionquin'apourintérêtquedequitterleregardde
David.Candyquin'arienperdudecequisepassaitacomprismagêneettentederelancer
l'ambiance.
Davidetmoinenousadressonspaslaparolemaissommessanscesseentraindenousobserver.
HeureusementJérémyarriveetdevientlecentred'attractionquandilnousracontesadernière
mésaventure,cettefoisils'agitdesapochettequ'ilaoubliéedansletramwayavectousses
papiersetsonargent.DesrailleriesfusentévidemmentetCandyprofited'uneaccalmiedansla
conversationpourdire:
-JevaisauxtoilettesLizzie,tum'accompagnes?Jelaregardedansunpremiertempslesourcil
interrogateur,maissonregardappuyémefaitcomprendreimmédiatementlemessageetjela
suis.
-Alors?melance-t-elleenthousiaste.
-Mitigé.Jerépondsgrimaçantd’unemoue.
-Jevois:tum'expliquesendétailquandonrentre?D'unhochementdetêtejeconfirme.J'hésite
àluiconfierqu'ilestenvisageablequejeretourneenFrance,maiscen'estnilelieunilemoment,
çapeutattendre.Etpourl'heure,j'essaiedemestimuler,souhaitantbienprofiterdenotre
soirée....peut-êtreunedesdernièresconclus-jeencoreenmonfortintérieur,tristement.
Lesheuresquisuivent,jeparviensàmedétendretantl'ambianceestjoyeuse.J'aiparfoisune
petitepointed'amertumeenmedisantquecelamemanqueraquandjerentrerai.Maisj'essaiede
mereprendrerapidement.Lesconversationssontvivesetlesboissonsdéfilentsurlatable.
Commed’habitude,jemefaislaréflexion.Aussi,jeprendssoindelimitermaconsommation.Il
nefaudraitpasquejemeretrouvedanslemêmeétatqueladernièrefois.Davidmefixesouvent,
cequimemetassezmalàl'aise.Maispeut-êtresesent-ilgênédecequis'estpasséentrenous.Je
nepeuxpasluienvouloir,carjen'ensuispasfièrenonplus.Jepensequ'ilseraitjudicieux
d'avoirunediscussionaveclui,afindelemettreàl'aisesurcepoint.Ilnoussuffitd'oubliercet
instantd'égarement.Passentalorsdansmatêtedesimagesdecettesoiréeetlafouguedecebel
étalonlorsqu'ilm'afaitl'amour.Jeleregardeavecinsistancemoiaussietnosregardssecroisent
etrestentletempsd'uninstantcommehypnotisésl'unàl'autre.Oui,ilfautclarifierleschoses.
Candy,quiestaucourant,remarquenoséchangesmaisnemeditrien.Jeluiensuis
reconnaissante.Detoutemanière,lasalleestsibruyantequ'ilfauthurlerpourcefaireentendreet
àcemoment-là,c'esttoutcequejenedésirepas.
Lepubestbondé,commechaquevendrediettoutecetteagitationmefaitdubiencarellecanalise
mespenséessurautrechosequemapetitepersonne,enfin,enmajeurepartie.Ilyfaitégalement
trèschaud,jedécidealorsdesortirquelquesinstantsprendrel'air.Etbienquecenesoitpasdans
meshabitudes,jequémandeunecigaretteàunfumeursurletrottoir,làoùtouslesintoxiquésse
regroupent.Jeprendsdeprofondesinspirationsetrecrachelafuméedemanièrelenteetlongue,
cequiapoureffetdemedétendre.Jemesuisunpeuécartéedemesacolytesfumeursetprofite
decetteexceptionnellecigarette.Alorsquejem'apprêteàmedirigerverslegroscendriermisà
disposition,jemecognecontreunhommeenmeretournant.
-Pardon,je...avantmêmedeleverleregardjereconnaiscetteodeursisingulièreetcebuste
musclé.David.
-Pardon,jereprends,jenet'avaispasvu.
-Tufumes?medemande-t-ilsurpris.J’arriveàdécelerqu’iln’appréciepas.
-Oui,enfinnon,enfinc'estexceptionnel.Jebalbutie,troubléeparcetteproximité.
Qu'est-cequ'ilestbeau!Avecsescheveuxuntantinettroplongsetceregarddebraise.Unvrai
mannequin!Pasétonnantquej'aiecraqué,n'importequellefemmeressentiraitunaffolementde
sessensenprésenced'untelhomme.
Jedécidedesaisircetteoccasionpouravoirlapetitediscussionquinousapaiseratousdeux.Je
melance.
-David,onpeutparlerdeuxminutes?
-Oui,biensûr,merépond-ilavecunlargesourire.Houlà,quelsourire!Celanemefacilitepas
latâche.
-Enfait,jevoulaisparlerdecequis'estpassé,ladernièrefoislorsquetum'asraccompagnée.Il
neditrien,maismelanceànouveauunsourirequicettefoismontejusqu'àcesyeux.Sonregard
s'illumine,melaissantdevinerqu'ilengardeunbonsouvenir.Ohlàlà!Ilnem'aidevraiment
pas.Jepoursuis.
-Tuvoisdequoijeparle?
-Ohoui!répond-ilenfinavecuneexpressionquimeconfirmequ'ilvoittrèsbienoùjeveuxen
venir.Jepoursuis,ilfautquej'arriveàluidirecequej'aientêteetcommej'aipeurquenousne
soyonsinterrompusparl'arrivéed'undenosamis,jedécidedefoncer.
-Etbienvoilà:jenetienspasàcequecetévénementgâchetoutentrenous.J'avaistropbuet
c'étaitunaccidentdeparcours.Jeneveuxpasquetutereprochesquoiquecesoit.
Bienquesonbeauvisagesesoitrembruni,ilréplique:
-Cen'estpaslecasLizzie.
Brèveréponsequejenesaiscommentinterpréter.Quoicen'estpaslecas?
Quecelagâchetoutentrenous?Quej'avaistropbu?Quec'étaitunaccident?Ouqu'ilse
reprochequelquechose?
Alorsquejem'apprêteàluidemanderdes'expliquer,noussommesrejointsparEvaquis'avance
versnousfaisantminedes'éventer.
-Quellechaleurdedans!C'estinsupportable.Nousnousfixonsetunsilences’installe.
Puiss’apercevantqu'ellevientd'interromprequelquechose,elleajoute:
-Ahmince,jevousaiinterrompus.Çavavousdeux?nousinterroge-t-elleennousadressantun
regardsoupçonneuxquipassedeDavidàmoi.
-Oui,oui,répondDavid.Rassure-toi,onavaitfini.
Jevaispourinsisteretluidirequecen’estpastoutàfaitexact,maisiltournelestalonsetrejoint
l'intérieurdupub.
JeresteencorequelquesinstantsavecEva,letempsqu'ellefumesacigarettepuisnousrentrons.
Jeremarqueimmédiatementl'absencedeDavidàlatableetbalayedesyeuxcelle-ci.Davidest
surlapistededanseetsembleprendredubontempsavecunejoliebrune"calliente".
Alorsquececidevraitmelaisserindifférente,jeressensunedéchirure,commeunetrahison.
Pourtant,c'estbienmoiqui,quelquesminutesauparavantluiaiditqu'ils'agissaitd'uneerreur.
Alorspourquoisegênerait-il?Nonseulement,jesuiscomplètementincohérentemaisjemesens
égalementstupidederessentircepetitpincement.Maisquandmême,ilauraitpuattendreunpeu,
ousefaireplusdiscret!Levoirexercersoncharmesurcettefille,commeçaàlasauvetteme
donnelanauséecarjesaistrèsbiencommentsetermineralasoirée;c'estsûràregardersa
manièredesetrémousserdevantDavidquialui-mêmel'airravi.Ilauraittoutdemêmepu
m’épargnersaséanced’allumagedebimbosiliconée.
Cettejournéeestdécidémenttroplongue.Jerassemblemesaffairesetsalued'ungestegénéralla
troupe.Candymeregarded'unairinterrogateur,puisportesonregardverslapistededanse.Je
suissûrequ'elleasaisi.Ellem'énerve!Jem'énerve!Jemejustifiesimplementprétextantla
fatigue.Jedescendsl'avenueetmeprécipitesousladouche.Pourquoiest-cequejeréagisainsi?
Celan'aabsolumentaucunsens!Jeglissedansmonlitmepersuadantquetousleschangements
subitscesdernièressemainesaltèrentmonattitudeetmonjugement.Décidément,peut-être
devrais-jerentrer?Mêmepourquelquesjours,histoiredemereposer.Jem'endorssurcette
pensée,desimagesdemesparents,deMartinetdeMeganquimemanquenttrop.
Chapitre12
«Quelhommeestsanserreur?Etquelroisansfaiblesse?
Voltaire
Samuel.
Quandjesorsdel'ascenseuretpassedevantLinda,jem'aperçoistoutdesuitequ'elleest
contrariée.
-DesproblèmesLinda?Jeluidemande.
-Non,toutvabienmerépond-ellesansleverleregardd'untonsec.
Bien,lajournéecommencemal.Maisjerectifieimmédiatementmapositionlorsquelaporte
s'ouvrequelquesminutesplustardetquejelavois.Elle.Elisabeth.Elleestabsolumentsublime,
c'esthallucinant.Letailleurqu'elleportemetenvaleurseshanches,sesjambessontsublimées
parlestalonsvertigineuxqu'elleporte.Etbienquesesvêtementssoientdepiètrefacture,ilsla
mettenttoutàsonavantage.Elleestsexyendiable,lavache!Sonpetittopnoirajourélaisse
entrevoirlehautdesapoitrine,sapeausipâleetsifine.Toutnaturellementmoncorpsréagità
cesstimulationsvisuelles.Elles'installeàsonbureaucommecesderniersjoursmaisaujourd'hui
elleestdifférente.J'ail'impressionqu'ellejoueunjeumaislequel?Elleprenddesposes.Alors
quejeluiparle,ellefrottesoncrayoncontreseslèvrescequiapoureffetdem'exciter.Elleme
cherche.Amoinsquejenemefassedesidées,etqueseulesatenuesoitresponsable;maisj'en
doute.Jesuisobligédequitterlapiècesijeveuxmemaîtriser.Jemerendsauxtoilettesavecle
besoinurgentdemesoulager.Voilàbienlongtempsquecelanes'étaitpasproduit,maisilfaut
quej'évacuesinonjevaisfoirermaprésentationbudgétaire.
Quelquesminutesplustard,jeretournedansmonbureauetnouschargeonslesdossierspréparés
suruncharriotafindelesamenerensallevidéo.Bien,toutlemondeestlàetjeprésentema
nouvellestagiaireauxdifférentsmembresdel'assemblée.Jevoisbienleursregardsavidesdevant
unetellebeautéetcelam'agacequ'ilspuissentneserait-cequ'unesecondefantasmersurelle.
Certainsm'adressentmêmeunregardironiquesignifiant"alorsvoicidonccellequetutetapes"et
euxaussim'irritentauplushautpoint,bienquepourêtrehonnête,j'enmeursd'envie.
Jenesaispasquelleforcemepermetded'exposerlebudgettantElisabethmerendfou.Touten
elle,dégagelasensualité.Sespetitesmimiques,sesposessuggestivesmedéconcentrent.J'aidu
malàrestercohérenttantjesuishabitéd'uneragefollequ'elleselivreainsidemanièreaussi
érotiqueauxvuesdemescollaborateurs.Jesuisexcitécommeunfouetdoisuserdemaints
stratagèmespourpoursuivremonexposé.Passûrnonplusquelespersonnesprésentesmesoient
attentives.JenecessedetraquerlesyeuxdeJulianDorsmanuninvestisseurdefondsprivésqui
commenceàluifairedel'œil.Rienquepourtoutcedontellem'afflige,j'aienviedelui
administrerunefesséedontelleserappelleraetdelaprendreensuitesauvagementpourassouvir
mesbesoinsdontelleestlacause.Lagarce!Aqueljeujoue-t-elle?Connait-ellelesrisques
qu'elleprendàmedéfierainsi?MaisjemanqueexploserlorsqueJulianluidonnesacarte.Ace
moment,jesuisivrederage!JeconnaisJulian,véritableséducteurquiusedesescharmespour
arriveràsesfins.Ilesthorsdequestionqu'ill'approche,etjedoisuserdetoutmonsangfroid
pournepasluicassersapetitegueuled'amourunefoispourtoute!
Al'issuedelaréunion,lorsquejerefermelaporte,j'hésiteentreadministreràElisabethune
royalecorrectionouluisauterdessusimmédiatement.Maisj'aibesoindecomprendre.Çanelui
ressemblepasdutout,aussijeveuxvoirclairensonjeu.Aquoicelarime-t-il?Lorsqueje
m'approched'elle,jeressensuneattractionénormeetjemedemandesielleaussi,laressent;c'est
commesil'airsechargeaitd'électricité.
Alorsquejetented'obtenirdesexplicationssursonattitudeetqu'ellemeréponddesavoixnaïve,
messensexplosent.Cecontrasteentrel'imagedevampqu'ellerenvoieetsavoixsidouceet
poséecréentunmoiunebouledefeuquimedévoredel'intérieuretjenerésisteplus.J'aibesoin
dereprendrelecontrôle,jenepeuxlalaissersejouerdemoipluslongtempsetlorsquejela
bloquecontrelebureau,jesenssonsoufflechaudhaletant.Monsexemefaitmaltantilesttendu,
maisalorsquejepensereprendrelesrênesellem'étonneunefoisdeplusrentrantdansmonjeu.
Jem'attendaisàdel'hostilitédesapartvoiredel'hystérie,àallerauconflit.Maisnon,ellejoue
subtilementets'offreàmoiselonmesrègles.Sesoumettantainsi,ellemestupéfait.Jenela
pensaispasaussiforte,j'avoue,nisuffisammentsexuelle.Samanièred'ondulersousmes
caresses,sonsoufflesaccadé,savoixsipurem'appelant"Monsieur",soncorpssimerveilleux,
sonparfum,sapeau;toutenelledéclencheenmoiuneexplosiondessens,quelquechosed'inédit
d'unetellepuissancequej'ensuisdéstabilisé.
OhMademoiselleKlein,maisquiêtes-vousvraiment?Commentréagirfaceàvotrechaleur
dissimuléequiexplosesubitement?Cettedouceurdel'intérieurmêléeàvotretempérament.
Votrefourreausiétroitetsidoux.Maisquem'arrive-t-ilpourperdreainsimesmoyens?Merde!
Etmêmesij'aipudonnerl'impressiondeparmesordresdedirigerforceestpourmoide
reconnaîtrequec'estvousquiavezlamain.Quelgenredefemmees-tuElisabeth?
J'aibesoind'ensavoirplus,ellereprésentepourmoiunmystère,commentest-ilpossiblequ'une
telleforcesecachedanscemerveilleuxpetitcorps?Quelestcetalentdedonnerl'impressionà
l'autredemaitriseralorsqu'enfaitiln'enestrien?Jesuisintriguéparcettemagnifiquepetite
choseetressensuneattractionquimesurprend.Voilàbienlongtempsquejeneressensrien
d’autrequel’attraitdusexepourunefemme.Mais,ilyaquelquechosededifférentenelle,
quelquechosequim’intrigueetforceestdeconstatée,quim’attireégalement.
Medéteste-t-ellecommeellemel'asibienditoualorsperçoit-elle,égalementuneattirancepour
moicommesoncorpsmelefaitsibiencomprendre?Ellemedésorientetotalement,d'uncoup
ellevientbousculermonordreintérieurchamboulantmonespritetmenantmoncorpsàunétat
d'excitationtotale.
Reviendra-t-elleseulementlundi?Jel'aitellementmalmenéeycomprisdanscettesalle,mais
ellemerendtotalementfouetmefaisperdretousmesrepères.Peut-êtreaurai-jedûtenterune
approcheplusconventionnelleavecelle,c’estd’ailleursceàquoij’avaispensé.Maisjedoisbien
reconnaîtrequ'ilyabienlongtempsquejen'aiabordéunefemmeavectendresseetjepense
mêmeenavoirperdulesusages.D'unautrecôté,saréponseestsisensuelle,sisexuellequejene
saismêmepluscommentjedoisl'aborder.D'ailleursmelaissera-t-elleencorel'accoster?
Quelpeut-êtresongenred'homme?Julian?Non,nonetnon,c’estinacceptable!Jerefusequ'il
l'approche,qu'illatouche,qu'illasouille.Jemerendscompteàquelpointjesuisrenversé.
Eh!Samuelmelanceunepetitevoix,depuiscombiendetempsteposes-tuautantdequestions
pourunefemme?Tudéraillesmonvieux.
Oui,ilsembleraitbien.
Lorsquej'airamenélecharriotàl'étage,Lindaaremarquémontrouble.
-Samuel?Qu'ya-t-il?Çanes'estpasbienpassé?
-Biensûrquesi!Luiai-jerépondu.Occupe-toiunpeudetesaffairestuveux?
Jesaisqu'alorsLindaacomprisàquelpointj'étaisdésemparé.Ellemeconnaitsuffisamment
pourdeviner.
Aussitôtlebureauquitté,jemesuisprécipitéverslagrottenevoulantabsolumentpasme
retrouverseulàcogiter.Jenesouhaitaispasnonpluslacompagnied'unequelconqueamiede
moncarnetd'adresses,lacomparaisonauraitététropbrutale.Cesfemmesquejerencontrede
tempsàautressontsifadescomparéesàElisabeth.Non,làimmédiatement,ilmefautjuste
reprendrelepouvoiretiln'yaqu'auclubquejeretrouveraimoncalme.
Arrivésurplace,Léoniem’apporteundoublewhiskyquejeboisd'uneseuletraite,puisun
secondverrequimepermetd'yvoirplusclair.C'estsimple,jedoisreprendrelepouvoiretnepas
melaisserdéstabilisercommecematin.Jevaisdoncmecalmerunpeuiciàlagrotte,puis
j'appellerailundiCarsonpouressayerdetransférerKleinsurunautreprojet,ainsitoutrentrera
dansl'ordre.D’ailleurs,peut-êtremêmeaurai-jelachancequ'ellenesereprésentepasd'elle
même!Maisest-cevraimentcequejedésire?Jen’yvoisvraimentplusclair.
Jesélectionnetelleunepiècedebœuf,ilfautbienl'avouer,unesoumiseblondesurl'estradeet
l'embarqueillicodanslecouloirdesclés.J'aicommandéunebouteilledevinetm'affaireàligoter
mapetitevictime.Ellealamêmesilhouettequ'Elisabeth,bienquebeaucoupmoinsbelleetjel'ai
justementchoisiepourcettepseudoressemblance.Aprèsluiavoiroffertunverreetm'enêtre
serviun,jecommenceparluiappliquerquelquescoupsdechatàneuftêtedemanièreàbienlui
fairecomprendrequicommandedanscettepièce.Docile,elleencaissetandisquejereviscette
matinéepunissantmoninfortunéesoumisedesamauvaiseattitude,desoncomportementdepute
etluimontrantcommentontraitelespetitessalopesdesonespèce.Enfinvengé,jelabaise
ensuitetrèsrapidementetbrutalementcommeunexutoireàcequej'aienduréaujourd’hui.
Enfin,jepeuxsouffler!Jenesuispasfierdemoietpourmefairepardonnerdemacompagne,
jeluiglissequelquesbilletsendédommagementmêmesijesaisquecelanesefaitguère.Mais
entantquesoumise,ellesecontentedelesaccepter.
Lorsquejequittelagrotte,jemesenssoulagéetj'ailesentimentderégnerànouveausurmavie.
Jem'arrêtesurlecheminduretourdansuneboutiquedegrandemarqueetachèteune
magnifiquerobequejefaislivrerchezElisabeth.Monplanestsimple,jevaisl'inviterdemainet
jeluiexpliqueraiquenotrecollaborationnepeutsepoursuivrepourdesraisonsévidentes.Et
queparconséquent,jevaisdemanderàCarsondebienvouloirl'adresseràunautrecollèguesur
unprojettoutaussiintéressantqueceluisurlequelnoustravaillons.J'espèreréussiràme
comporterenhommeciviliséc'estpourcetteraisonquejechoisisd'avoircettediscussiondans
unlieupublic.J'espèreégalementnepastroplabrusquercarjevoudraiséviterlesgrandeseaux,
bienquejedoutequecelasoitsongenrederéagirainsi.Elleestbeaucouptropfière.Satisfaitde
mafindejournée,jerentrechezmoi,rassuréetsurtoutapaisé.
Chapitre13
«Letempsrévèletoutechose.»
Tertullien
Lizzie.
Décidémentcevendrediétaitvraimentpourri,ilyadesjourscommeçaoùriennesemble
fonctionner.NousavonseuunegrandediscussioncematinavecCandyausujetdeSharp,puis
deDavid.
Jeluiairacontédanslesgrandeslignesmespetitesvictoiresdelaveille,puismadéfaitefinale.
Jenesuispasrentréedanslesdétailsmaisluiaijusteavouéquej'avaiscédéàsesavancessans
évoquerlepassagededominationdeSamuel,j'enaitrophontepourpouvoirluiraconter.Candy
m'aréconfortéenmedisantqu'ellepensaitquej'avaisenpartieréussimamissionquin'étaitpas
desplussimplescomptetenuduspécimen.
-C'estunebonneavancée,Lizzie.Maintenant,ilneteverrapluscommegamineetmêmesitu
ascédésurlafin,ilaconscienceàprésentdetonpouvoir.Ettuverrasquetugagnerasson
respect.C'estcequetucherchesaprèstout,non?medemande-t-elleenmefixantdesesgrands
yeuxverts.
-Oui,oui,biensûr.Maisavouequesij'avaistenubonjusqu'aubout,çaauraitétéplusévident
pourlui.Là,jesuissûrequ'ilpensequ'ilm'aàsabotte.Tun'asqu'àvoirdis-jeensoulevantla
robed'unemainetlacartedel'autre.
-OuietnonLizzie.Nesoispassidureavectoi.Iladécouverthierunaspectdetapersonnalité
qu'ilneteconnaissaitpas,etçac'estunbonpoint!Ensuite,ilavutonmanègeavecceJulian
alorsprofites-en:rendslejaloux!
-Jaloux?M’écrié-jeMaispourquoi?Ilnem'intéressepas,auraistuoublié?
-EtceJulian?Danscecas?SerenseigneCandy.
-Jenesaispasdis-jeenaccompagnantmaréponsed'unemoue.Ilestbeauçac'estsûr,ila
mêmebeaucoupdecharmec'estindéniable.Ouais,onverra,ok?Laisse-moiunpeudetemps.
Maviesentimentaleetsexuellen’ajamaisétéaussiremplie!J’ajouteenriant.
-çava,oksouffleCandy,comprenantquejenesouhaitepaspoursuivrecettediscussion.Bonok
pourSharp,jetelaisse.EtDavidalors?C’estquoitonproblèmeaveclui?
-Monproblème?Jen'aipasdeproblèmeavecDavid.Jecrieunpeutropvitepourêtrecrédible.
Jemesuisexpliquéeavecluietnousavonsreconnuquec'étaituneerreuretvoilà,dis-jed'un
tonbeaucouppluslégerquejenel'auraisfaithabituellement.
-Ok,okfaitCandynelâchantpasl'affaire.Alorspourquoies-tupartiesivitehiersoir?
-Lafatigue,jetel'aidit.
-OharrêtetoncharPam-PammelancesoudainementCandytunemelaferaspas!Tuespartie
dèsquetuesrevenueàl'intérieuretquetuasvuDavidavecsabellebrune.AlorsLizzie?Je
t'écoute
-Pff,jesouffle,bon,tuveuxlavérité?Alorslavoilà:j'aieffectivementparléavecluietj'ai
admisquec'étaituneerreurdeparcours,ilaacquiescéetvoilà!Etsitôtrentréilasautésurune
poulequiluitournaitautourdepuisledébutdesoirée.Voilàlavérité.
-Hum,jevoisrépondCandyensetenantlementon.Attends,laisse-moicomprendre:tues
jalouse,tu.es.jalousemavieille!
-N'importequoiCandy,tut'emballesjerépondssèchement.
-Ah!Lizzie,Lizzie,jet'avaisditd'éviterlebourreaudescœurs.Tevoilàpriseaupiège!
-N'importequoi,jerépète.
-Tutiensàluidirequec'estfinientrevousetensuitetun'appréciespasqu'ildragueuneautre
fille.Commentdois-jeinterpréter?Lizzie,explique-moi.
Alorsquejesoufflepourlaénièmefois,jelèveàprésentleton:
-Tunevoispasquetoutétaisfiniavantmêmedecommencer!Alorsoui,situveuxsavoir,ça
m'avexé,maisc'estrien,t'inquiètedemainçaserapassé.
-Toutdoux,toutdouxmabelle!Comprenantquejesuistropàfleurdepeau,elleseréoriente
surSamuel.Tufaisquoipourl'invitationdeSharp?"
-J'yvaispas!Maugréé-je.
Acemoment,j'aienviedeluifairepartdemesdoutessurlefaitderestericiouderentrermais
jemeretienscarmoi-même,jenesaispascequejevaisfaire.Jeluienferaipartquandj'aurai
prismadécision.
-Ok,alorspréviens-le!MeconseilleCandy.Inutilequ'ilsepointeici.
-Ouituasraison,jevaisluienvoyerunmessage.
-Parfait!m'approuveCandy.Bon,jevaismepréparer,jesorsavecSteevenaujourd'hui.Nous
allonsvisiterlemuséed’artsmodernes.Tuveuxnousaccompagner?
-Non,c'estgentilCandy.J'iraipeut-êtremebaigner,celameferadubien.
-Ok!merépond-elletournantlestalonsetensedirigeantverslasalledebain.
JesaisismontéléphoneetrecherchelenumérodeportabledeSamuelafindeluiadresserle
message.
«MonsieurSharp,jevousremerciepourlarobemaisjenepeuxlagarder,vouscomprendrez.
Demême,jeneviendraipascesoir.E»-Envoyer
Lasonneriequisuitm'indiquequ'ilalulemessageetquelquessecondesseulementaprèsune
deuxièmesonneriem'annonceunnouveaumessage.
«Elisabeth,allez-vousenfinvousdiscipliner?Alorsacceptezlarobeetaccompagnezmoi,
c'estimportant.S»
S'ensuiventalorsdesrafalesdesonneriestémoignantdenoséchanges.
«Iln'enserarien,merci.E»
«Elisabeth,s'ilvousplaitacceptezcetterobeetaccompagnez-moi;S»
«Pourquoi?E»
«C'estimportant.S»
Jedécided'interromprecedialoguestérileetdemepréparerafindemerendreàlaboutique.
Maisquelquesminutesplustard,lasonneriedutéléphonerésonnedansl'appartement.Jeme
dirigeentapantdestalonsversl'appareil,lesaisisetsuruntondesmoinsaimables,jerépondsen
voyantqu'ils'agitdeSamuel:
-Allo!!
-Lizzie,arrêtezvosenfantillages!M’intimeSamuel.
-MonsieurSharp,jerépondsdemanièrelapluscalmepossible,sachezqueLizzieestunsurnom
queseulsmesamissontautorisésàemployer.Maintenant,jevaismepréparerafind'allerrendre
larobeaussi,jevousseraisgréedemelaissermepréparer!"
-MademoiselleKlein,vosgamineriesm’ennuientprofondément,alorsvousallezgardercette
foutuerobeetlapasser.Vousserezprêteà19h00,c'estunediscussionimportantequenous
devonsavoir.
Jerestecoiteetréaliseseulementqu'ils'agittrèsprobablementdemonrenvoi.
-Biensic'estsiimportantqueça,jeseraiprêtemaissanslarobequejerefused'accepter.
-Vul'endroitoùnousnousrendrons,jevousconseilledelarevêtirpourcesoir.Sivous
souhaitezparlasuiteenfairedon,vousn'aurezqu'àlefaire.Acesoir....Lizzie.
GRRRRjebouillonnecethommealedondemafairesortirdemesgongs!Je.le.déteste!
Définitivement,jelehais!
Jelâchel'appareilplusviolemmentqu'ilnelefaudraitmaisjesuisenébullitionet...encolère.
Pourêtreprécise,encolèrecontremoimême,unefoisencore,jecèdeetMonsieurleTyran
l'emporte!Etd'ailleursd'oùconnait-ilmonsurnom?Jesuisabsolumentcertainedenejamais
l'avoirévoquédevantlui,alorsd'oùtient-ilcerenseignement?Ilesthorsdequestionqu'il
l'utilise.
Jem'interrogesurlaraisondecerepas,etàpartpourmesignifiermarévocation,jenevoispas
quellediscussionimportantenouspourrionsavoirensemble.D'autrepart,n'aurait-ilpasétéplus
simpledem'eninformerlundiaubureau?J'ail'impressionquel'idéedemonpotentielretourse
précise.L'attenteàprésentestinsoutenableetj'aihâted'êtrefixéesurmonsort.
Ilmerestebeaucoupdetempsdevantmoid'ici19heuresetpuisquej’aicédésurlarobe,jen'ai
pasàmerendreàlaboutique.Jevaisenprofiterpourprendreunbonbainavecunbonthéetme
détendre.Maisbienvite,unequestionmetaraude:oùallons-nousnousrendre?Samuelaparlé
d'unendroitoùj'auraisintérêtàporterlatenuequ'ilm'aofferte?Etmêmesisaréflexionme
vexe,jedoisbienreconnaitrequemagarde-roben'estpassuffisanteetsurtoutjenepossèdeque
despiècesbonmarché.Etoui!Nousn’évoluonspasdanslesmêmessphèresMonsieurSharpet
moi,jepense,amère.Ducoup,inquiète,jeprendsladécisiond'allermefairecoifferpourla
soiréeaprèsmonbain.Unpetitsalonsetrouveunpeuplusbasdansl'avenueetjepensequecela
seratoujoursmieuxquemonbrushingfaitmaison.Quitteàsefairevirerautantêtredigne!
Lesheuress'écoulentlentement,troplentement.Candyestpartiedepuisunmomentdéjà,jesors
demonbain,passeunjeanetuntee-shirtetmerendsausalon'tophair'.Lapropriétaireestune
femmed'unecinquantained'annéequim'accueilleaveclesourire,ilfautdirequelesalonest
vide,aussi.Çam'interpelleunpeumaisjefinisparmedirequesicelanemeconvientpasje
pourraistoujoursmerelaverlatêteetm'appliqueràmecoiffermoi-même.
Jenny,lacoiffeusemesembleimmédiatementsympathiqueetellemedemandecequeje
souhaite,songeantprobablementàdiverstravauxélaboréssurmachevelure,quijedoisl’avouer,
enauraitbienbesoin,maiscen’estpasàl’ordredujour.Aussi,jemesenslégèrementgênéede
nedemanderqu'unbrushing.
-Bien,acquiesce-t-elleunpeudéçue,jepensevousappliquerunsoinpourreleverl'éclatdevotre
blond,puisjeprocèderaiensuiteauséchage.C'estpourquelleoccasion?
Jelaregardesuspicieusemaisaussitôtellemerassureenajoutant:
-C'estpoursavoirqueltypedebrushingvoussouhaitez.
Quellesottejefais?Evidemment.
-Àdirevrai,jenesaispastrop.Puissongeusej'ajoute:cequiestsûr,c'estquejedoismerendre
dansunendroitassezhuppé.
-Bienapprouve-t-ellesemblantréfléchirpuisd'ajouter:votretenue?
-Uneroberougetrèsvaporeuse.
-Lerouge,vousavezraison,cettecouleurvousvaàravir.C'estbon,j'aiuneidéepourle
coiffage,soudaininspirée.
Lorsquejequittelesalon,jesuismagnifiquementcoiffée,mescheveuxn'ontjamaisétésibien
arrangés,souplesetondulants.Ilstombentdansmondosparfaitementrangéstandisquesur
l'avantJennyaeffectuéunlégerdégradédefaçonàleurdonnerunpeudevolume.Etantlaseule
cliente,Jennyenaprofitépourmeproposerunmaquillage,qu'ellem'offreajoute-t-elle
immédiatement,constatantmonhésitation.
Jedoisbienreconnaitrequelerésultatestbluffant,ethormislatenuej'ail'impressionde
ressembleràunestarlettesurletapisrouge.
Aprèsmaintsremerciements,jeretournemechangeretpatienteletempsqueSamuelarrive.Je
suisanxieusecarjemedoutequecequ'ilmediracontrarieramesprojetsmaisaumoins,jeme
senssûredemoietcelamerassure.Unefoisportée,larobeestabsolumentépoustouflante!Le
tissudégagemesépaulesetlaisseapparaîtrelanaissancedemapoitrine.Lefourreaumoulema
silhouetteetunmincetulleapposédonneàl'ensembleuncôtéaéréetléger.
A19h00,l'interphonem'avertitqueSamuelm'attenddevantleporche.Jedescendslesétages
essayantdenepasmetordreunechevillesurmeshautstalonspuisjusteavantd'ouvrirlaporte
jeprendsunegrandeinspiration:jesuisprête.
Alorsquejem'attendsàmonterauxcôtésdeSamuel,côtépassager,unchauffeurm'ouvrela
portearrière.Jemeglissesurlabanquette,Samuelestassis.Jecroisliredanssesyeuxqu'il
appréciecequ'ilvoitettandisqu'ilmesalue,ilesquisseunsouriredesatisfactionquiéclaireses
iris.
-VousêtestrèsenbeautéElisabeth.Lerougeestdécidémentvotrecouleurprécise-t-il.Ilaurait
étédommagequecetterobeaitétéportéeparquelqu'und'autrequevous.
Jerosisquelquepeuducomplimentetespèrequ'ilnes'enapercevrapas.
-Voitureavecchauffeur?VousêtespleindesurprisesMonsieurSharp.Dis-jed'untonrailleur.
-Vousn'avezpasidéeElisabeth.
Acesmots,jebaisselesyeuxcarsonregardsibleuetsiintensem'estinsoutenable.Jen'arrive
pasàcomprendrel'effetquecethommeasurmoi.Ilm'attireautantquejeledéteste.Comment
peut-onressentirdessentimentsaussiantagonistes.Ilestmagnifiquedanssonsmoking.Jesuis
obligéed'admettrequ'ilaeuraisond'insisterpourquejeportelarobe,jemeseraisprobablement
ridiculiséedansundemesvêtements.AfindenepaslaisserSamueldevinermontrouble,je
demandebalbutiante:
-Etoùallons-nous?
-C'estunesurprise,merépond-ilavecunsourireironique.
-Oh!Unedeplusalors,dis-jeenlefixant.
Troubléeparsaprésence,jedétournelatêteverslafenêtre.Nousroulonsunmomentensilence.
Lavillecommencepeuàpeuàs'illuminerbienquelalueurdusoleilsoitencoresuffisante.Puis,
Samuelinterromptlapause:
-Elisabeth?Jemeretourneverslui,suffisammentbravachepourleregarderdanslesyeux.
-Oui?
Savoixestdouceetchaleureusecequimesurprendcarjen'aieuquepeud'occasionde
l'entendrem'adresserlaparolesurceton.
-Comptetenudenosrelations,vouspourriezpeut-êtrem'appelerSamueletabandonnerle
"MonsieurSharp"?
Comprenantimmédiatementsonallusion,jem'empourpre,honteuse.
-Oui,jesuppose.
Sonsourireetsonregardmetroublentàtelpointquejesuisobligéedem'endétournerà
nouveau.Jeregrettealorsd'avoiracceptésoninvitation,j'imaginequeSamuellitenmoicomme
dansunlivreouvertetqu'ilserégaledemeperturberautant.Etpuisd'ailleurs,quelestl'objetde
cetteinvitation?Pense-t-ilquedem'annoncermonrenvoiensmokingoudevantunverre
amoindriral'impact?Effectivement,MonsieurSharpestpleindesurprises.
Samuel.
QuandElisabethapparaitsurleseuildelaporte,elleesttoutsimplementsuperbeetencorele
motestfaible,peut-êtrequemagnifiqueoumerveilleuseseraientplusappropriés.Oubien:
angélique,ouic'estça,elleressembleàunange.Sarobeestajustéeàsoncorpsfrêlerévélantsa
silhouetteimpeccablecommedansunhalo.Sescheveuxsemblentflotterauventetlerouge
qu'elleaappliquésurseslèvrescontrasteavecsonteintpâle.Sesjambessifinesetsijoliment
galbéessontmisesenvaleurparlesescarpinsqu'elleporte.Asasimplevue,moncorpséprouve
dessensationscontradictoires,j'auraisenviedelaprendredansmesbras,delacaresseretde
l'embrassertendrement.Maisuneautrepartiedemonanatomiemeréclamedepasseroutreses
préliminairesetd'assouvircebesoinurgentquimetenailleànouveau.Commentrésisteràune
tellebeauté,aussipure?Jeprendsbienlamesureàprésentdetouteslesdifférencesque
présentaientlesfemmesavecquijesuissortietElisabeth.
Pourtant,j'aifréquentédetrèsbellesfemmes,sexyendiable,quebeaucoupd'hommesauraient
bienaimécoucherdansleurlit.Mais,là,présentementellesmerenvoientungoûtdevulgarité
comparéàlabeautépured'Elisabeth.Commentvais-jeréussiràluiannoncermavolontédeme
défaired'ellealorsquejen'aiqu'uneenvie,celledelaserrerdansmesbras?Jenesuis
absolumentpluscohérentetjevoisbienàquelpointcepetitêtremechamboule.Mêmehier,à
lagrotte,alorsquejeressentaislebesoind'exorcisercetteemprisequ'aElisabethsurmoi,jeme
suisretrouvébloquédèsquesonimagem'estapparuesublimantmasoumise.Jem’aperçoisbien
quedessentimentsétrangesm'envahissent.Jenepensepaslesavoirjamaisressentis,même
avecSandy.Avecelle,c'étaitdifférentetàprésentjem'interrogesurlanaturemêmedel'amour
quejeluiportais.Jenesuisplusdutoutsûrqu'ils'agissaitd'amourd'ailleurs.Elleétaitbelle,
sensuelleetdésirableàtelpointquej'aipenséqu'enl'épousantjepourraismegarantirde
toujoursl'avoiràmescôtés.Maisnel’ai-jejamaisaiméau-delàdudésirquejeressentaisalors.
Luiai-jed'ailleursjamaisdonnédel'amour?Unvéritableamour,telqu'ils'entend?
Probablementnon,cequeconfirmentsatrahisonetl'échecdenotremariage.Toutceci
m'apparaitaujourd'huicommeunevérité,làsurlesiègearrièreàcôtéd'Elisabeth.Lesilencequi
règnedansl'habitaclen'estnilourdnipesant,ilestlibérateur.Jeviensjustedecomprendreque
maséparationdeSandyétaitinévitableetquecemariagen'étaitenfaitqu'unemascaradeque
j'avaismoi-mêmecréée.Jel'avaisépouséepourdemauvaisesraisons,nourrid'égoïsmeetd'une
possessivitémalsaine.Toutescesannéesderancœur,dehaineetdedéviances.Toutcetemps,
oùplongeanttoujoursplusprofond,jenesouffraisenfaitqued'unégomalplacé.
Maisàprésent,toutmesemblesiclair.Etpourtant,jesuiseffrayé.Effrayédecequejepeux
ressentirpourElisabeth.Est-cevraimentdel'amourouunsimplebesoindelaposséder,elle
aussi?Celamesembleplusfort,bienplusfort,bienplusprofond.
Alorsqu'ellemeregardedroitdanslesyeux,j'essaiedelireenelle.Sonregardcristallinrévèle
unetelleinnocencequejem'étonnedesdernierséchangessexuelsquenousayonseushier.Je
doutequ'ellemeportedanssoncœuraprèstoutcequejeluiaiimposé.Monallusionaufait
qu’ellecessedem’appeler«Monsieur»l'afaiterougir,jel'aivu,bienqu'elleaitaussitôt
baissésonvisage.
Commentvais-jegéreràprésent?Alorsquej'aiprogrammécedînerpourluifaireavalersa
mutation,j'ensuisàdevoirtoutremettreencause,mesémotionssontsensdessusdessous,mon
cœurencoretoutrenversédecetterécentedécouverte:oui,jecroisbienêtreamoureuxdecet
ange.Maiscommentapprivoise-t-onunange?Ouplutôt,commentlediableapprivoise-t-ilun
ange?Est-ceseulementpossible?
Alorsquenousmontonslesmarchesduchâteau,oùj’airéservénotretable,jesuisleregardde
Lizziequibalaiecedécorféerique:labâtisseéclairéeainsiestsplendideetlesjardins,
magnifiquementtravaillés,révèlentàcetteheure-cidemultiplesaromesentêtants.Jedécèle
danssesmagnifiquesyeuxdel'émerveillement,etjenelatrouvequ’encoreplustouchante.Un
sourires'affichesursonvisagedevantlabeautédeslieux.Lesluminaireséclairentleparc
faisantressortirlesnombreuxmassifsornésdemillevariétésflorales.Alorsquenousmontons
lesmarchesduperron,elles'accrocheinstinctivementàmonbras.Moncœursourit.
Unmaîtrederangnousguideversnotretablequej'aisouhaitéeenterrasse.Elisabethprend
placeavecgrâce,émerveillée.
-L'endroitestexceptionnelMonsieurSharpmurmure-t-ellesepenchantau-dessusdelatable.
-Samuel.Jelareprends.
-Samuelrépète-telleenbaissantlesyeux.
Leserveursedressedevantnousnousprésentantdeuxcartes.Evidemmentlesprixnefigurent
passurcelles-ci.Jecommandeunebouteilledechampagneaprèsl'avoirconsultée,jeneme
rappellequetroplafaçondontelles'étaitoffusquéequandj'avaiscommandéchezPinosanslui
avoiraupréalableproposédechoisir.Unefoisleserveurdisparu,ellemedemandedirectement:
-Samuel,dequellechoseimportantedevons-nousdiscuter,quelestleproblème?Jeperçois
qu'elleestdenouveausursesgardes.Sontonestplussecetsonsourireadisparu.
-Iln'yapasdeproblèmeElisabeth,iln'yenaplusjerépondsensuivantdesyeuxlesmenus
affichésdanslacarte.
-Pardon?Maisalorsqu'elleestcettediscussionimportantequenousdevonsavoir?Jesensque
lamagiedeslieuxacesséd'agirsurelleetqu'elleestinquiète.
-PlustardElisabeth,celapeutattendre.Commençonsparprofiter,puisjeluitendslaflûtede
champagnequelejeuneserveurvientdedéposersurladesserte.
-Pardonnez-moid'insisterMonsieur...Samuel,maisjenepensepasêtreenmesured'apprécier
cettesoiréesijedoisêtreanxieuse.Etmêmesisavoixrestedoucesontonestferme.
Jereconnaisqu'ellen'apastort.Etmêmesijedésiraisobtenirdavantagedetempsafindemettre
unpeud'ordredansmesidées,jevaisêtreobligédemelancer,etsansfilet.J'auraistellement
préférépréparermondiscoursafind'êtreleplusconvaincantpossible,maiscetteprisede
consciencesirécentem'ordonnederectifiermesprojetsinitiauxetjedevinelatâcheénorme.Si
seulementj'avaispuanalyserplustôtmesémotions.Maisellearaison,jeluidoisune
explication.Amoimaintenantderattraperlecoup.
-Elisabethdis-jetoutencherchantlesmotsetargumentsquejevaispouvoirutiliser.Jepense
quenousnesommespaspartisdubonpied.
-C'estlemoinsquel'onpuissediremerépond-elled'unevoixcynique.
Houlà,cen’estpasgagné!medis-je.
-Jereconnaisquec'estentièrementmafaute.Alorsqu'ellejouaitàfairetournersondoigtsurle
rebordduverre,ellelèvelesyeuxetmefixesansdoutepours'assurerdelavéracitédemes
propos.
-C'estdéjàbiendelereconnaître,conclut-elle.
Unsourirem'échappefaceàcepetitangequinelâchepas.Maisj'aijusteénoncéleplussimple.
Aprésent,ilvafalloirquejelaconvainquedemedonnerunechance,etlàpourpeu,jesuismalà
l'aisequandjerepenseàlafaçondontjel'aitraitée,nonseulementaubureaumaissurtoutlors
desdeuxrapportsquenousavonseus.
-Est-celàlebutdecetteinvitation?medemande-t-elleinterrompantmespensées.
-Oui,maispasseulement.
-Oh,effectivement,sic'étaitlecas,vousauriezpumeprésentervosexcusesaubureaulundi.
Sontonestassezacideetsaremarquedebonsens.Nouscessonsdediscuteralorsqueleserveur
seprésenteafinderemplirnosflûtes.Quandils'éloigne,elleposesurmoiunregard
interrogateurquim'inviteàpoursuivre.
-C'estexact,j'auraispum'excuseraubureau,maiscequej'aiàvousdireestd'untoutautreordre.
-Jesuisviréem'interrompt-elle.Cen’estpasunequestionqu’ellepose,non,celaressemble
davantageàunconstat,ceàquoielles’attend.Etavantdemelaisserrépondre,ellepoursuit
irritée,parcequesitelestlecas,inutiledem'amadoueravecceluxeetdescadeaux.Je
comprendsqu'ellefaitréférenceàlarobe.Maisellecontinue:Voussavez,contrairementàce
quevouspensez,jenesuispasunegamine.
Cettefoisc'estmoiquil'interrompsenluilançant
-Oui,jem'enétaisaperçu!Affirmé-jeunsourireauxlèvreschargédesous-entendus.
Maisellenefaiblitpas.
Ceàquoivousfaitesréférencen'estévidemmentpaslachoselaplusintelligentenilaplus
professionnellequej'aiepufaire.Aussijevousseraigréedeneplusyfaireréférences'ilvous
plait.Toutefois,sivoussouhaitezquejequitteleservice,jelecomprendraitrèsbien.Detoute
façon,jedoutequenousnesoyonsjamaisenmesuredecollaborercommeilsedoitsurleprojet.
Alors,autant...
-Stop!Crié-jeunpeuplusfortquejenel'auraisvoulu.Certainsdesconvivesalentourstournent
leurtêteversnotretable,jecontinuedefaçonplusmodérée.
-StopElisabeth.Arrêtez.Comptez-vouscontinueràparlerpourmoiouallez-vousenfinme
laisservousexpliquer?
-C'estbon,jevousécoute,allez-y.
-Jevousl'aidit,jesuisdésoléd'avoirlancéleshostilités.Jemesuisconduitcommeunsalecon,
etj'ensuisvraimentnavré.Cecipourrépondreàvosquestionsprofessionnelles.Onaungros
travailàfaireetj'espèrequevousaccepterezdemepardonner.Jesouhaitequel'onreprennetout
depuisledébutetquenouscollaborionscommeprévu.Maisc'estautrechosequej'entendspar
uneimportantediscussion,mêmesicetaspectestégalementessentiel.
-Jevousécoutemedit-elled’unevoixdouceetsérieuse.
Embarrassécarpeuhabituéàparlersentiments,jeprendsletempsderespirerquelquessecondes
puisinspirantunegrandeboufféed'air,jemelance,leplushabilementpossible,jel'espère.
-Elisabeth,vousnepouveznierl'alchimiequ'ilyaentrenousdeux.Sacrémélangedétonantsije
peuxdire,maisnuldoutequecetteattractionquenousressentonsestbienréelle.Etdansce
maelstromdesentiments,quejenesauraisexpliquer,ilyaentrenouscommeundésirdévorant
quinouspoussel'unversl'autreàtoutmoment.
Pendantquej'improviseaumieuxmadéclaration,jel'observeafind'évaluersonétatd'espritau
momentoùlesmotssortentdemabouche.Ellemefixedroitdanslesyeux,jesaisqu'elle
acquiescesecrètement,maiscequej'ignorec'estsielleauralecouragedesel'avouer,deme
l'avouer.Jeneluiconfessepaslessentimentslesplusprofondsdontjeviensdeprendre
conscience,carj'aipeurqu'ellesemetteàrireetendoute.Jerisquedelafairefuirenluiparlant
d'amour:etpourtantc'estbiend'amourqu'ils'agit.Jesaisisquandmêmel’ironiedelasituation:
moi,parlerd’amour…
Jecontinuedeparlercarj'aipeurquesitôtlemomentoùjecesserai,elleselèveraets'enirane
voulantplusrienentendre.Jeréaliseàquelpointjejoueletoutpourletout.Siseulementje
pouvaismesurerl'impactquemesparolesontsurelle.Peut-êtren'est-elletoutsimplementpas
intéresséeaprèslafaçondontjemesuisoccupéd'elle?Elleestjeuneetnesouhaite
probablementpasentendreparlerd'amour.Elleal'âgeoùl'onaimebadiner,joueravecl'amour.
D'ailleursriennemecertifiequ'ellen'aitpasdéjàquelqu'undanssavie.Jem'aperçoisquejene
mesuisd'ailleursjamaisposélaquestion.
-Elisabeth,continué-jeenavançantmamainverslasienne,jenesuispasdouépourparler
sentiments,sansdouteparcequejenel'aijamaisfait,maispourriez-vousenvisagerl'hypothèse
danslaquellenouspourrionssortirensemble?
Ellenerépondpasmaisneretirepassamainnonplus.Caressantsadoucepeaudemonpouce,je
poursuistoutensachantquelemomentdudénouementestproche.J'espèrel'entendrem'accorder
unesecondechancemaisensera-t-ellecapable?Ena-t-elleseulementenvied'ailleurs?En
attendant,ellenem'aidepas,ellemelaissepoursuivreetjesuisincapablededevinercequ'elle
penseàcemoment.
-S'ilvousplait,accordez-moiunesecondechance,vousm'avezenvouté,vousêtesentréedans
mavieàunmomentoùjenem'yattendaispas,vousavezbouleversétoutemonexistenceen
arrivantetjesaisquej'aitrèsmalgéré,maisilm'afalluquelquestempspourcomprendrecequi
m'arrivait.Aujourd'hui,j'aicomprisquej'aibesoindevous.
Sesdoigtssecrispentsousmamainetjeredouted'êtreallépeut-êtreunpeutroploin.
Quelcon,jevaisl'effrayer,jevaistoutgâcher!
C'estlemomentquechoisitleserveurpourvenirprendrenotrecommande,connarddeserveur!
Jem'arrêtealorsdeparleretrelevantleregard,etjem'adresseàElisabethdifféremment:
-Avez-vouschoisi?
-JeprendraicommevousSamuelmerépond-elleaffichantsonmagnifiquesourire.
-Vousaimezlepoisson?Ellehochelatêtepourconfirmernesedéfaisantpasdesoncharmant
sourire.
-Deuxsaladesgourmandesetdeuxqueuedelottesafranéesaucemoutarde.
Obnubiléparlamagnifiquefemmequisetrouvedevantmoi,j’enoublielesrèglesélémentaires
depolitesseenversleserveur.Maisilnesemblepasm’entenirrigueur,puisquesatisfait,ilse
dirigeàprésentversuneautretablée.
Jenesaiscommentinterpréterlefaitqu'ellem’aitditdecommanderlemêmemenuquemoi.Est-
cedel'ironiefaisantallusionànotrepremierrepasoudelaconfiance?Etsonsourireque
cachentsesmystérieuseslèvres?Est-ellecharméeouaucontrairesemoque-t-elledemoi?Ses
yeuxnemelivrentaucunindice.
-Elisabeth,douceElisabethceciestnouveaupourmoietjesuistrèsgauchepourm’exprimer.Je
souhaiteraispar-dessustoutquevousessayiezaumoinsdeconsidérermademande.Vous
pourriezpeut-êtreaccepterd’essayeretsicelanevousconvientpas,jevousprometsquecela
n'auraaucuneincidencesurnotretravail,maisavantdedirenon,Essayons.S’ilvousplait.Vous
n'avezdécouvertquelesmauvaiscôtésdemapersonnalitéscarjenevousaiprésentéqueceux-
ci,maisjevousassurequejepeuxêtreunetouteautrepersonne:attentionnéeetgénéreuse.
Jen'aijamaiseuàimplorerunefemmedem'accordersacompagnieetjesensbienquejesuis
malhabile.MaisjustementElisabethn'estpascommetouteslesfemmesquej'aiconnues
auparavantetjemesensdotéd'uneincroyableaudace...pourvuqu'ellem'endonnel'opportunité.
-Elisabeth?Jel'interroge.Jenevoispluscequejepourraisajouterpourladécider.Elleneme
quittepasdesyeux,sonsourireestmagnifique.
Elleretiresamainetsedresse.Parpolitesse,jemedresseàmontourlecœurbrisé,j'airatéma
chancepensé-je.
-Excusez-moiSamuel,jevaisallermerincerlesmainsavantl’arrivéedesplats.Puiselle
s'éloignedelatable,sedirigeantversl'intérieurduchâteau.
Elleveutmamort!J'ailesoufflecoupé,moncœuramanquéunbattement.Puisd'unseulcoup
jepensequ'ellevapeut-êtretoutsimplementmeplanterlà,etappeleruntaxiquilaramènera.
J'arrêtederespirerquelquesinstantstantj'aipeurqu'ellefuit.Sic'estlecas,ceserafinijen'aurai
pasd'autrechanceetmêmesiellenerentrepasenFrance,jenelareverraiplusjamais.Quelcon
j'aipuêtreàlatraiterainsietàavoirmistantdetempsàréalisercequ'ellepouvaitreprésenter
pourmoi.Alorsquejeguettelehalld'entrée,anxieux,jeredoutedenepaslavoirréapparaitreet
qu'ellesoitsortieparl'arrièrelàoùtaxisetvoituressontparqués.
Aprèsdelonguesminutes,alorsquejepensedevoirappelerleserveurpourréglerlanoteelle
réapparaitlesourireauxlèvresplusbellequejamais.Desregardsseretournentsurelle,mais
pourquoineleferaient-ilspas,ellesilumineuse.
Jel'aideàregagnersaplaceetalorsquejem'apprêteàluidemandersonavis,lefoutuserveur
revientaveclesentrées.Jesoupçonnequ'ilaitattendusonretourpournousservir.
Elisabethmeregarded'unairbienveillantenrigolant,conscientequejebousd'attendreune
réponse.Sonpetitrireestcristallin,quen'ai-jemisautantdetempspourouvrirlesyeuxet
remarquerl'angequitravaillaitàmescôtés.Aprésentj'aipeurdedevoirm'enpasser,delavoir
disparaître.
-Commevousl'avezditprécédemmentSamueletsinousprofitionsdumoment?Bonappétit!
dit-ellesaisissantsescouvertsetdisposantsaserviettesursesgenoux.
Jecomprendsquej'aiaffaireàElisabethlajoueuseetjenepeuxm'empêcherderireenla
regardant.Elleestsaisissantedebeauté.Jen'aipasmaréponsemaisj'ailajoiedepartagerce
repasavecelleetj’admetsquec'estdéjàbeaucoupplusquejeneméritais.Ilfaudraquejeme
conformeàsadécision,jenesouhaitepluslafairesouffrir.Toutecettecolèreemmagasinéeau
fonddemois'estenvolée,jemesensplusléger,ànouveauvivant.
Lerepassedérouleagréablement.Elisabethesttrèscurieuseetmeposedemultiplesquestions
toutesseréférantàmontravaild'architecteetlorsquejeluiracontequelquesanecdotespassées,
elleneretientpassonrirequiéclairesonvisage.Ellesembledétendueetellerayonne.Cette
femmeestfaitepourrayonner,j'auraisdûlevoiravant.Etjel'auraisvudèssonarrivéesijene
m’étaispasenfermédanscetuniverssinoir.Ilm'afallulesoleilpourretrouvervie.
EllemeparledesavieenFrance,desafamilleetjevoisdanssonregardtoutl'amourqu'elleleur
porte.
Quandvientlemomentdequitterleslieux,jen'aiaucuneenvied'arrêterlamagie.Pourtant,il
fautbienrentrer,nousfaisonsd'ailleurspartiedesderniersclients.Elisabethnem'atoujourspas
donnéderéponse,d'ailleursnousn'avonsplusévoquélesujetdepuistoutàl'heure.Lechauffeur
prendlarouteetlesilences'installedanslavoiture.Jen'osel'interrompreignorantsielleadéjà
réfléchiousielleestentraind'ypenser.Toujoursest-ilquelavoitureestàprésentdevantsa
porte.Letrajetestpassétropvite,j’auraisvouluprolongercetinstantetjeregretteden’avoir
penséàdemanderànotreconducteurd’emprunterlechemindesécoliers.
Jedescendspourluiouvrirlaporteetl'aideàs'enextraire.
-JevousremercieSamuelj'aipasséuneexcellentesoirée.Lesiteétaitabsolumentmerveilleux,
mercidemel'avoirfaitdécouvrir.
-J'aiégalementpasséuneexcellentesoiréeElisabethetc'estvousquiêtesmerveilleuseluidis-je
entoutesincérité.
Alorsquejelatiensparlesmains,ellesereculeetm'adresseunsourire"Onsevoitlundi?"
-J'acquiescelesourireauxlèvres.OuiElisabeth,àlundiluidis-jed'unevoixdouce.Puiselle
pénètredanslehalldesonimmeubleetdisparait.
Jenesaispasquelserasonchoix,maisjesuisheureux,ouiheureuxcommeilyabienlongtemps
quejenel'aiété.L'ai-jedéjàétéàcepoint?Jenesauraisledire,jenem’ensouvienspas.
Chapitre14
«Rienn’estpetitdansl’amour.
Ceuxquiattendentlesgrandesoccasionspourprouverleurtendressenesaventpasaimer.»
LaureConan
Lizzie.
Lorsquejerentredansl'appartementilest23h30.J'ailesourireauxlèvres.Lerepasétait
absolumentmagique:leslieux,lesmetsetSamuel.Jen'avaisjamaiseudroitàunetelle
déclarationetmêmesiparfoisjelesentaishésitant,ilétaitadorable.Jenesaiscequiaopéréun
telrevirementmaislefaitestquejenel'avaisjamaisvuaussidécontractéetcharmant.Jedois
avouerqu'iladéployédeseffortspourplaidersacauseetjel'aisentisincère.J'aibienpensé
m'enfuirlorsquejemesuisdirigéeauxtoilettes,justepourlepunirdetoutcequ'ilm'avaitfait
subircesdernièressemaines,maisj'aiprisletempsderéfléchir.Dieumercilestoilettesdu
châteauressemblaientàunboudoir.Tropd'informationsm'ontprisesdecoursetilm'afalluun
momentpouranalyser.D'ailleursj'aidûyresterunbonmomentenyrepensant!
Jelepensesincère.Delààluidonnerunechancecommeilmeledemande,jenesaispas.C'est
vraiquelemomentétaitparticulièrementmagique.Retrouverai-jedetelsmomentsaveclui,je
connaisunepartiedesoncôtéobscuràprésentetj'aipeurquecettefacenesereprésente.D'un
autrecôtél'alchimiedontparlaitSamuelestexacteetjenepeuxnierlacompatibilitéphysiquede
nosdeuxcorps,mêmes'ilm'aamenéversdesabimesquejen'avaisjamaisexplorés.Pourquoi
pasaufinaltantquechacund'entrenousypuiseduplaisir.
Jeseraistentéeparsapropositionmaisparviendra-t-ilàréellementséparernotrerelationintime
ducôtéprofessionnel?Notrerelation?Jesourisenrépétantcesmots.MonDieuquetues
enfantineLizzie!Oncroiraitunejeuneadoquidoitdonneruneréponseaupremiergarçonqui
luidemandedesortiraveclui.Mecriemapetitevoix.Maisilyaunpeudeça,finalement.Etje
n'arrivepasàmedépartirdecestupidesourire,enplus!Ilestvraiquenosdébutsontétépeu
conventionnelsetchargésd'électricitémaischaquecaressedesapartm'aapportédessensations
exquises,desmomentsd'unerareintensitéquejen'avaisjamaisressentie.Alors,qu'est-cequeje
risqueaufinal?Monjob?Ilm'aassuréquecederniern'enseraitpasaffecté.Desouffrir?Ya-t-
ilunerelationdanslaquelleonpuisseêtreassurédenepassouffrir?Lerisqueinhérentàtoute
relation,jesuppose.Alorsquoi?Qu'est-cequejerisqued'autre?Detomberamoureuse?
Amoureuse?Amoureuse,Jerépètecemotavecencoreunefoislesourire.
TuesvraimentuneindécrottablenaïveLizzie!Ilneteproposepasunerelationamoureuse,
d'ailleursiln'apasévoquécemot,ilteproposeunerelation.Point.
C'estaveclatêtepleinedebellesimages,quejem'endors,commedansunrêve,rassurée.
Lelendemainmatin,faisantfidetousmesquestionnementsdelaveille,jememetsàéchafauder
unplanpourluidonnermaréponse.Jenem'imaginepasattendrelundi,d'unepart,etd'autrepart
mêmeenattendantlundi,jemevoismalarriveretluidire:ok,çamarchepourmoi!Pourtant,
Dieusaits'ilmériteraitquejelefassepoireauterauxvuesdecequ'ilm'afaitsubir.Maisjene
suisplusdanscetétatd'esprit,non,unepagesetourne.Etmêmesij'aitoujourscertaines
appréhensionsnotammentsurlefaitdesouffrird'uneéventuelleblessureoudemettreendanger
masituationprofessionnelle,j'aienviedetenterl'aventure.Ouij'enaivraimentenvie!Pourla
premièrefoisdepuislongtemps,j'ail'impressionderevivre.
Quandj'avaisenfinouvertlesyeuxsurDylan,lemerveilleuxDylanquej'aimaistant,j'ai
tellementeumal,moncœurétaitsibrisé,qu'aprèslespleursjem'étaispromisdeneplusjamais
m'impliquerdansunerelationamoureuse.Celanevoulaitpasdireneplusfréquenter,maisplutôt
restervigilantedemanièreànejamaisplusressentirladouleurquepeutproduireunetelle
trahison…seprotéger,meprotéger.
Etunefois,ladouleuranesthésiéeparletemps,j'avaisrecommencéàsortiravecmesamiset
j’avaisconnuquelquesrelationsmaissansgrandintérêt.
Oupeut-êtreenyréfléchissantmaintenant,peut-êtreauraient-ellespuprésenterquelqueintérêt,
maisjesciaisvolontairementlabranchesurlaquellej'étaisassiseafindeneplusressentirde
grandssentiments.Jenevoulaisplusm'exposer,c'étaitunmoyendedéfense.Carmêmesile
tempsaidant,jeparvenaisàpasseràautrechose,restetoujoursunepetitecicatricesurlecœur
quimerappelleàquelpointcelapeutêtretristementdouloureux.
AvecDamien,mondernierpetitcopainquej'ailaisséenFrance,leschosesétaientradicalement
différentes.JeconnaisDamiendepuistoujoursetnousavonstoujoursétéamis.Ilm'aconnu
enfant,adoetjeunefemme.Ilaassistéàmadouleurd'aprèsDylanetm'atoujoursépaulé.Ila
connulavalsedes"rencontressanslendemain"quiasuivicetépisode.
Etunjour,ils'estdéclaré.Ilm'aavouéqu'ilm'aimaitdepuistoujoursetqu'ilavaitassistéàtoutes
cesdernièresannéessansjamaisavoirosém'enparler.Jel'aitrouvésisincèreetsitouchantque
jel'aiembrasséenluiconfiantquejenepouvaispasluiassurerquejel'aimeraisderetour.La
situationétaitcomplexesentimentalement,parcequepourmoiDamienavaittoujoursétémon
amietjenemevoyaiscertespassortiraveclui.Maisilaaccepté,m'affirmantqu'ilse
contenteraitdecequejepourraisluidonner.AvecDamien,c'étaitunerelationplusamicale
qu'amoureusepourmoi,maisj'étaissûredesaloyautéetsavaisqu'ilnemeblesseraitpas
volontairement.
Biensûr,jeneluidonnaispascequ'ilespéraitmaisilmedisaitquecelaluisuffisaitàêtre
heureux,tandisqu'unepartiedemoiculpabilisait.Aussi,quandlaquestiondequitterlaFrance
pourpoursuivremesétudess'estposée,Damienasuquecelasonneraitlafindenotrerelation.Il
savaitquejen'hésiteraispas.Celam'aaffecté,probablementplusqu'ilnel'asoupçonné,mais
d'unautrecôtécelanousapermisd'assainirnotrerelation.Iln'étaitpasjustepourluiquejereste
àsescôtés,Damienméritemieux.Ill'aacceptécarilsavaitqueceladevaitfinirainsi.Ilnem'a
pasdemandéderester,probablementpours'éviteruneréponsequ'ilconnaissaitdéjà.Etjenelui
aipasdemandédevenir.
A11heures,j'aimonplan.Jesuisd'humeurjoueuseetdécided'envoyeruntextoàSamuel.
J'attaquesoft.
«Coucou,mercipourhier.C'étaitvraimentunendroitmagnifique.Mercidemel'avoirfait
découvrir.E»
Laréponsenesefaitpasattendre
«Maisderien,leplaisirétaitpartagé.S»
Ilnefaitpasallusionàsapropositiondelaveille.Jecontinuedejoueravecsesnerfs.
«Merciégalementpourlatrèsbellerobe(j’auraisétéridiculeavecmespropreshabits)»
Laréponseestégalementimmédiate.Super,ilresteenligne!
«Larobeétaitbellecarportéeparunefemmesublime.Aucunhabitnesauraitvousrendre
ridicule.S»
Cettedernièreréponsemeflatteetjeconstatequ'effectivementilyabiendeuxaspectsdansla
personnalitédeSamuel.J’amorcemonplan.
«Quefaites-vousaujourd'hui?»
«Rienj'attendsuneréponsetrèsimportantepourlasuitedesévénements.»
Surlecoup,jepensequ'ilparletravailmaisjememetsàpenserqu'ilfaitpeut-êtreallusionàma
réponse.Là,tuenespèresunpeutropLizzie,faisgaffe,nefoncepastêtebaisséedansune
relationoùtupourraisperdredesplumesmeditmaconscience.C'estvraiquejesensbienqueje
suistouteémoustillée,celafaitsilongtemps!Maisc'estégalementvraiquejedoisyaller
doucement.D'autantplusqueSamuelestunhommed'expérience.Iladéjàétémariéetilest
entourédefemmestoutesaussisexyquesophistiquées.
AlorsLizzie,mets-toibiendanslatêtequel'onparled'uneaventure,maisnecherchepasplus
loin.
Ilveutpeut-êtrejustet'avoirafindet'accrocheràsontableaudechasseetquandilt'auraeue,ilse
lasseraaussitôt.Ducoup,j'hésite,jemesuispeut-êtreemballéetropvite.J'aipeut-êtreentendu
hiercequej'avaisenvied'entendreoupeut-êtreencoreest-ilassezrusépourobtenircequ'ilveut.
Aprèstout,pourquoimoi?D'uncoup,jeperdsmonentrainetj'hésiteàpoursuivre.
Heureusement,Jesuistiréedemespenséesparledingm'annonçantunmessage.Samuel
poursuit.
«Lizzie,acceptez,s'ilvousplait.»
Jesuissaisieparcesquelquesmotsquimechavirentlecœur.J'aienvie.Oui,j'aivraimentenvie
d'yallerquitteàmebrûlerlesailes.Jeréponds.
«Commentsavez-vouspourLizzie?»
Jemedoutequecen'estpaslaréponsequ'ilattendait,maisj'aienviedemefairedésirerunpeu.
Aprèstout,celanememènerapeut-êtrepastrèsloin,alorsjeprofitedelasituationpourlefaire
languir.
«Lizzie,jesuisunhommepleindesurprisesjevousl'aidit,jenevaispasabattretoutesmes
cartesdèsaujourd'hui.»
Mince,jen'ensaispasplus.Jevoisqueluiaussiaimefaireplanerlemystère;ilaimejouer.
Jeréponds.
«Unpique-niqueàparcdeDoloresPark,çavousdit?C'estpourvousremercierd'hier.E»
JemedoutebienqueSamuelnedoitpasêtreunhabituédesdéjeunerssurl'herbe,maisc'estune
bellejournéeetjeressensuneenvieirrépressibledelevoiretdemeloverdanssesbras,unefois
leouiannoncé.Le"oui",commeaumariage,jepense.Alors,làLizzie,tudéraillescomplètement
!Reprends-toi,etcalmetesardeurs!Laréponsearrive.
«Avecvous,toutmeva,alorsoui.S»
«Parfait,j'aidequoipréparer,onsedonnerendez-voussurplaceà12.30?Celavous
convient-il?E»
«AvecgrandplaisirMademoiselleKlein.S»
Jesourisetjemelèveentoutehâte,jefonceversleréfrigérateuretsorstouslesingrédientsqui
meserontnécessaires.J'aimislamusiqueetpréparelessandwichesetsaladesenrythme.Une
foistoutpréparé,jeplaceletoutsuruneclayetteaufraisetcourtverslasalledebainme
préparer.Lamusiquem'accompagnependantmadoucheetjemesurprendsàchanteràtue-tête.
Jemesenslégèreetheureuse.
C'estcommeunpremierrendez-vous:lamêmeexcitation.Jem'examineàlaloupe,jeveuxêtre
parfaite.Jedéposesurmoncorpsunecrèmecorporelleparfuméeetdéposequelquesgouttesde
monparfumderrièremesoreilles.Jefileensuiteversmonarmoireetoptepourunerobelégèreet
fraîchecommemonhumeur.Letissuestfin,l'imprimépetitesfleursbleuesestdiscretetj'aimele
décolletédecetterobequiglissesurmesbrasdévoilantainsimesépaulesetlehautdema
poitrine.Jeneveuxpasenfairetrop,dessandalesavecunpetittalonsontparfaites.Jevérifie
l'heureetconstatequejesuisabsolumentdanslestemps.Detoutefaçon,ilnemeresteplusqu'à
memaquillerlégèrementetàmecoiffer.Jerestelégèresurlemaquillagecarilfaitchaudetjene
veuxpasmeretrouverunmaquillagetoutdégoulinant.Aussiuncoupdecrayonbrunàlaracine
demescilsinférieursetunaplatdemascarasuffisentàmettreenvaleurmonregard.J'appose
égalementunrosetendresurmeslèvrespourlescolorerdefaçondiscrète.Pourmescheveux,
j'hésiteunmomentetjedécidefinalementdeleslisserrapidementetdelesporterlongs,cequi
estassezrarepuisquesystématiquement,jelesattache.
A12h10,jesuisprête,jeprendsunpanieretleremplisdesmetspréparés.Leparcestà15
minutesdel'appartementetaujourd'huidimanche,ilyamoinsdetramqu'ensemaine.Afind'être
autonome,j'aibienenvied'emprunterlevélodeCandyrestéechezSteeven(décidémentces
deux-là!)aussijeluienvoieunmessageenmedisantquesiellenerépondpasjem'yrendraià
pied.Maisparbonheur,ellerépond:
«Euh,oui,biensûr?????Tum'expliques?C»
«Pasletempspourl'instant,maisouipromis.Mercipourlevélo.L»
J'arriveà12.30devantleportailduparc,Samuelestdéjàlà,ilm'attendsurunbancunbouquet
defleurschampêtresàlamain.Dèsqu'ilmevoitilselèveets'avanceversmoilesourireaux
lèvres.Jecroismêmedécelerdanssonregardunepointed'admiration.
-BonjourElisabeth,Vousêtesmagnifique.
-MerciSamuel,vousn'êtespasmalnonplus,jeluirépondsenluiadressantunclind'œil.Ilme
tendlebouquetetleportantàmonnezpourlehumer,jel’enremercie.Sonattentionest
touchante.Puismonregardseportesurlebelhommequisetrouvefaceàmoi.
Ilporteunjeannoiretuntee-shirtblanc.Jenel'aijamaisvuhabillédefaçonsidécontractéeet
celaluivavraimentbien.Ilparaîtplusjeuneetplusdétenduqu'habituellementetsesyeuxencore
plusbleus.Sescheveuxblondssontlégèrementdécoiffésetcelaluidonneairdesurfeur.Ilest
vraimenttrèsbeau.Lavache!Jesouffle!Etdirequecethomme-làs'intéresseàmoi!Waouh!
Aforced'êtrecontinuellementenconflitavecluij'enavaisoubliésabeauté.
-J’aiprislaboissonetdessaladesdefruitsfraisdit-ilenmemontrantsonsacàdos.Votre
invitationm'afaitplaisir.
-Ilfallaitbienquejevousremercie,cen'estrienàcôtéd'hier,maisc'estunebellejournéeetje
mesuisditquenouspourrionspasserunbonmoment.
Nouspénétronsdansleparcetnousarrêtonssousungrandchêne.Ilyabeaucoupdemonde,
surtoutdescouplesavecleursenfants,maisaussidesjeunesquisesontinstalléssurlapelouse.
Noussommesunpeuàl'écartdugrandespacedepelouse,maisaumoinsnoussommesà
l'ombre.J'étendslanappequej'aitrouvéedanslacuisinepuiscommenceàdisposerlescouverts
etlesdifférentsplats.EnmêmetempsSamuelsortdesonsacunehoussedebouteilleisotherme
etdessaladesdefruitsfraiscommeils'envendbeaucoupiciàSanFrancisco.Ilinstalle
égalementunebarquettedefraises.Etalorsquejecontinuedem'affaireràtoutsortirdupanier,
etouvrelahoussemeprésentantunebouteilledechampagneVeuveClicquotetdeuxflûtes.
Evidemment,j'auraisdûpenserquelorsqueSamuelprévoyaitlaboissonilnepouvaitse
contenterd'unebouteilledesoda.Ilmeprésentelesverresetouvrelabouteillequiémetàce
momentlebruitsidélicieuxdubouchondeliègequisort,symboledefête.
Ill'ouvreavecart,puisqu'aucundébordementn'alieupuisilremplitnosdeuxflûtes.
-Ontrinque?Demandé-jed'unevoixguillerette
Ilreplacelabouteilledanssahousse,prendsonverreetl'inclinantverslemienajoute:
-Aquoitrinque-t-on?
Jesaiscequ'ilveutentendre,maisjefaisdurerlesuspenseautantquepossible,toutenme
disantquecelanepourraplusdurertrèslongtemps.
Jelefixedanslesyeuxetréponds:
-Alafindelaguerre?
-Soitdit-ilenfaisanttinternosverres.
Puisnouscommençonsàmangertoutenparlantdechosesetd'autresetenregardantlesgens
présentsautourdenous.Onsentbienqu'ilyaunnon-ditentrenousmaisSamuelnes'impatiente
pas,oudumoinsilnelemontrepas.Alorsquemonregardseportesuruncoupledejeunesqui
s'embrassent,jelancesubitement.
-Jesuisd'accord.
Cen'estpascommeçaquejepensaisluidire,j'avaisimaginédemultiplesscénarios,maisles
motsontfusésansquejenel’aievraimentvoulu.
-Tuesd'accordpourquoiElisabeth?medemandeSamuel.
Jenesaispass’ilignoreeffectivementdequoijeparleous'ilveutmel’entendredire;alorsje
mepencheversluietluidisjusteavantquenoslèvressetouchent:"pourça".Samuelattrape
alorsmonvisagedesdeuxmainsetmedonnealorsunbaiserquiretournetoutmoncorpstantil
estprofond.C'estunbaiserd'uneinfinietendresseàlaquellejenemeseraispasattenduedemon
fougueuxamant.Ilseredressemettantfinàcettedélicieuseétreinte,etmeregardeavec
intensité.Ilémetunsourireplusquecraquantetavecunegrandedouceurmedit:
-TuesmerveilleuseLizzie,j'aibeaucoupdechance.
Puisilm'embrassedenouveau,longuement,seslèvresbutinantlesmiennes,salanguedansant
aveclamienne.Etàcemoment,jemedisquec'estmoiquiaibeaucoupdechance.Cethomme
estabsolumentmagnifique,ilestclasseetconvoitémaisc'estavectoiqu'ilveutêtreLizzie!
Celamesemblecomplètementdingueetirréel.Nouspassonslerestedel'après-midi,moilovée
danssesbrasensecaressantetens'embrassant.Moncœurs'emballe,jesuissibienqueje
souhaiteraisquecemomentnes'arrêtejamais.Eteffectivement,nousfaisonsdurercetinstant,
noussommesdansunebulle,ilyaluietmoietjesuisbien,jesuisheureuse.Ilyabien
longtempsquejen'avaisressenticetteplénituded'êtrejustebienaveclapersonneaimée.Mais
là,encore,jem'aperçoisquejem'emballecariln'estpasquestiond'amour.Alors,disonsjuste
quejesuistrèsbienavecSamuelàmescôtés.J'ignoresilec'estlefaitqu'ilsoitplusâgéque
mesanciensamis,maisjeperçoisunsentimentdesécuritéquandjesuisainsidanssesbras.
A19heures,nousdevonsquitteràgrandsregretsleparcquifermesesportesetjesuistriste
d'interromprecemomentmagique.Samuelmetientparlatailletandisquejepoussemonvélo.
Nousnouséloignonsdesespacesherbacésensilence.Quandnousfranchissonsl'immensegrille
noireetorduparc,Samuelmeproposedevenirchezlui.J'hésite,maisjen'aitellementpas
enviedelequitterquejemelaisseconvaincre.Neva-t-onpastropvite?Medis-je.Maisjeme
rendsvitecomptequemacrainteestbienridiculecarnousavonsdéjàconsommé,sexuellement
parlant,j’entends.
Nousconvenonsdoncquejeramènelevéloàl'appartement,quejeprenneunedoucheetque
Samuelpassemechercherd'iciuneheure.Lecœurléger,jerejoinsmondomicile.Candyest
rentréeetmequestionne,maisjen'aiguèredetemps,jeluiracontedanslesgrandeslignesmes
dernières24heures.Elleestsurpriseetm'interroge:
-Etbendis-donc,onnes’ennuiepasavectoi!Jesaisquejesuislapremièreàt'avoir
encouragéemaisjem'inquiètemalgrétout,cen'estjamaistrèsbondemélangertravailetsexe,
tusais.Ettantqu'ils'agissaituniquementdesexe,c'étaitjouable,maislà,unerelation,çaveut
diresentiments,tun'aspaspeurpourlasuite?Côtéboulot,jeveuxdire.
-Jecomprendstacraintecarj'ypenseégalement,çamefaitpeuraussi.Mais,jenesaispas
commentt'expliquercetteattractionquenosdeuxcorpsressentent,c'estmagnétiqueet
inexplicableàlafoisjeluiréponds.
-Bien,mabelle.C’estévidentqu’ilyaeffectivementquelquechosedespécialentrevous,je
peuxleressentir.Alorssoisprudente,c'esttoutcequejetedemandemedit-elleenmeserrant
danssesbras,Samuelestunhomme,enfin,unvrai,jeveuxdire…
Voyantquejememoquedesesdernièresparoles,ellepoursuitensereprenant.
-Cequejeveuxdire,c’estquec’estunhommemature,alorsfaisjusteattentionàtonpetit
cœur.
Touchéeparsabienveillance,jel’enlaceenlarassurant.
J'aijusteletempsdeprendreunedoucherapideetdepréparerunpetitsacaucasoùjeresterais
lanuit,maisrienn'estmoinssûr,carenfait,jenesaispascequeSamuelattenddemoi,ni
comment,ilconçoitnotrerelationàdirevrai.Jedescendsà20heuresetilm'attendgarédevant
laporte.Pasdechauffeurcettefois,ilestauvolantd'unesplendideAudiR8noire.Ilsortet
m'ouvregalammentlaporteavantdesereplacerdevantlevolant.J'aiunpeupeuretmesens
gauche.C’estmonpremiervrairendez-vous,depuisbienlongtemps,depuisDylanpourêtre
exact,etcelam’intimide.
Car,mêmesinousavonspartagéavecSamueldesmomentsintimesetsauvages,jeneconnais
riendeluietilcontinuedem'impressionner.Jeleregardeetsonprofilrespirelavirilité,il
s'insèredanslacirculationetsetourneversmoiensouriant.Lesilencequiemplitl'habitacleme
metmalàl'aiseetjemesensobligéedelerompre.
-Tuhabitesloin?Jem'enquiers
-Nonpastrop,ensortiedevilledanslequartierdePacificHeights.
J'auraisdûm'endouter,PacificHeightsestundesquartierslesplushuppésdeSanFrancisco.La
villeprésenteeneffetunequinzainedequartiersreflétantlecaractèrecosmopolitedelavilleoù
richesetpauvresviventàproximitéaccueillantdenombreusesethniesettendancessexuellesqui
sesontrépartiessurleterritoire.Nousroulonsenvironunquartd'heurequandSamuelm'indique
unimmeubleets'engouffredansleparkingsouterraindecelui-ci.Nousabandonnonslevéhicule
etrejoignonsl'ascenseur.Là,Samuelcomposeuncodeetmeprécisequenousallonsaudernier
étage.Ilneditriendeplus,mesouritetpassesonbrassurmeshanches.Lorsquelesportes
s'ouvrentaprèsquelquessecondes,nousentronsdirectementdansunvestibuleblancdontlesol
enmarbreroséajouteunetouched'élégance.Jesuisémuedepénétrerdanssonunivers,et
regardeavecattentionsonappartement.Enfin,sil'onpeutappelercelaunappartement,car
l'étageentierluiappartient.Lesalondanslestonssableetblancdonnesurunemagnifique
terrassed'oùlavuesurlavilleestabsolumentmagnifique.Sonintérieurestsobreetapaisant,le
carrelagesibrillantquel'ons'yreflèteetl'onsentquetoutcequilemeubleestchersanstoutefois
êtreostentatoire.
-Unverredevin?meproposeSamuelalorsquemonregardscruteleslieux.
-Oui,jeveuxbien,merci,jeluirépondsenleregardant.
Qu'ilestbeau!Ils'estdéchausséetmarchemaintenantpiedsnus.
-Alors,tuaimes?medemande-t-il.
-Ouhlà,ouibiensûrcommentnepasaimer?Luirétorqué-je.C'estabsolumentmagnifique,et
grand!
Ilsourit.
-Mets-toiàl'aisemedit-ilenservantlesdeuxverres.
Puisilm'indiquelecanapéetnousprenonsplace.Jemesensgênée,sanspouvoirexpliquer
pourquoi.Probablementtoutceluxequimerappellemapositiondestagiaire.Jemesentais
mieuxauparc,toutmesemblaitplussimple.Jen'avaispasprisconsciencedecettedifférencede
mondesdanslesquelsnousévoluions.Etàcemoment,jeressenscecontrastecommeun
obstacle.Jecomprendsmieuxqu'ilaitpuêtrechoquéparmatenuelepremierjour.Nous
évoluonsdansdeuxmondesdifférents.Arriverons-nousànousrejoindremalgrécefossé?Jesuis
angoisséeetjecommenceàpenserquemaplacen'estsansdoutepasici.Ilesttellementhabituéà
côtoyerdesfemmessibellesetsophistiquéesquejedoisfairetâcheici.
-Aquoipenses-tu?medemande-t-ilenmetournantlevisageparlementondefaçonàcroiser
monregard.
-Pourtedirevrai,jenemesenspasàl'aiseetj'ignoresimaplaceestbienici,jeluiréponds
franchement.
-Etoùserait-ellesicen'esticimequestionne-t-ilaprèsundodelinementdetêteréprobateur.
-Jenesaispas,maispasici.Peut-êtrefaisons-nousuneerreurSamuel?Continué-je,je
n'appartienspasàtonmondeetjedoutejamaism'ysentiràl'aise.Tuesentourédepersonnes,de
femmestoutesplusbelleslesunesquelesautresquiconnaissentlesmêmescodesquetoi,alors
quemoije…
Mais,ilm'interrompt:
-ArrêteLizziemabelle,pourcommencertaplaceestlàoùjesuis.Lesautresfemmes
auxquellestufaisallusionsontinintéressantesetsuperficiellesetcrois-moisurparole,pourles
avoirpratiquées,ellessontàmesyeuxinsignifiantes.
Jecomprendsàtraverscesmotsqu'ilsouhaiterassurantsqu'ilaeudenombreusesconquêtes.
-PourquoimoiSamuel?,luidemandé-jeenrivantmonregardausien.
Ilsourit,caresseduboutdesdoigtsl'ovaledemonvisageetrépond:
-J'aurailetempsdetefairecomprendrepourquoitoi,netetracassepasetcontentetoide
profiterdecequenousvivons.Sonregardestempreintdetendresse,ilsepencheversmoiet
m'embrassetendrement,langoureusementetj'oublietout,toutescespréoccupations.Jesuislà,
avecSamueletpourl'heurec'esttoutcequiimporte.
Nouspassonslasoiréeàdiscuteretjereconnaisquejemesensdavantageàmonaise,leviny
estprobablementpourquelquechose,aussi.Samuelapréparérapidementunplateauapéritiftrès
completproposantdeslégumes,dusaucissonetdesfruitsetnouspiochonstoutensavourantle
moment.Nosparolessontbercéesparnoscaressesinnocentesetrassurantes.Puis,aprèsque
nousayonsterminédemanger,ilsepencheversmoietm'embrassecettefoisavecplus
d'insistance.Sonbaiserestplusprofondetmoncorpsrépondàcetappelfrémissantde
l'intérieur.LesmainsdeSamuelsepromènentalorsdansmondosrelevantlecorsagequej'ai
passéaprèsladouche.Sesdoigtsm'effleurentprovocantenmoimillefrissonsdeplaisir.Ilme
pousselégèrementversl'accoudoirdesorteàcequejem'étendeetentreprendsdedéboutonner
lechemisier.Sesmainssontdouces,seslèvresparsèmentmagorgedemillebaiserspuis
descendentlentementversmapoitrinequ'ilcaressed'abordduboutdesdoigts.Interrompantses
affleurements,Samuelm'ôtelevêtement.Ilm'embrasseavecfougueetjediscerneledésirdans
sesyeux.Jepassemesmainsdanssescheveuxsoyeuxetmelaisseainsicajoler.Ilfaitglisser
majupetoutencaressantetsaupoudrantd’unepluiedebaisersmesjambes.
-MondieuquetuesbelleLisa"dit-ilplusieursfois.
Ledésirmonteenmoietjefaispassersontee-shirtpar-dessussatêteressentantunbesoin
urgentdetouchersapeauetdemeretrouverpeaucontrepeau.Moncorpsestparcourudemille
frissonsquimechavirentpeuàpeudansunétatfrénétique.Cetétatquejenecontrôlepluset
quimepousseàdésirercoûtequecoûtesoncorps.Sonmerveilleuxcorpsseraitplusapproprié
carjesenssesmusclesfermesetdessinés,ilestvraimentàtomber!
Cessantuninstantsescaressessensuelles,Samuelmesoulèvedanscesbrastandisquejem’y
love,etsedirigeverssachambre.Jeneprendspaslapeined'examinerlapiècecarmoncorpsen
transeréclameplusencore.Ilm'allongedélicatementetmedonneunbaiserd'unetendresse
infinie.SesmainsetsabouchesedéplacentalorsetSamuelsortmesseinsdubonnetdusoutien-
gorge.Ilenserremesdeuxglobesetsoufflantlégèrementsurmestétons,ilmeditensouriant:
-Tuvois,ilssontfaitspourmoi,justeàletailledemesmains.
Puisillèche,têtechaquetéton,sibienqueceux-cisedurcissentsousl'effetduplaisir.Ilen
mordillelapointeetjegeinsdebien-être.C'estlapremièrefoisquel'onappliquelesdentssur
leuremboutetj'entireunvifplaisirquimefaitémettreunpetitcri.Ilpoursuitsoncheminde
caressespoursuivantdedescendreetrecouvrebientôtmonventredeseslèvresléchantchaque
parcelledepeau.Jesuisalanguie,etj’onduledeplaisir.Jenepensepasavoirjamaisreçuautant
d'attentions.Délaissantmonabdomen,Samuelmemasseàprésentlespieds,lesembrasseettête
chacundemesorteilsdéclenchantenmoiuncourantélectriquequiparcourttoutmoncorps.Ses
mainsainsiqueseslèvresremontentetsesituentbientôtenhautdemescuisses.Ilcaressecette
peausifineetsesmassagesàproximitédemonsexeexcitenttousmessens,jetremblededésir.
Sesdoigtss'immiscentendouceursousmonstringdécalantlepetitboutdetissuafind'accéder
lentementàmonsexe.Puisavecuneextrêmedélicatesse,ilécartemesdouxreplisetavecson
indexSamuelcommenceàstimulermonboutondeplaisirdélivrantainsiunefièvredansmon
ventre.Avecsuavité,sesmouvementscirculairespoursuiventdem'éleverplushautencoreetma
gorgelaisseéchapperdesgémissementsdebonheur.Salangueprendalorspossessiondemon
bourgeonquisegonfledefélicité,ill'agaceavecdéliceetj'entendsSamuelémettredesrâlesde
jubilation.Tandisqu'ilseredressepourrevenirversmonvisage,ilmesusurre:
-Bonsang,Lizzie,tuessiréceptive!Tuesmerveilleuse'etalorsquesalanguerejointla
mienne,ilenfoncesonmajeurdansmonintimitéjouantdanscenouvelespace.
Cetteintrusionm'arracheunpetitcridejouissancequeSamuelaccompagneimmédiatementde
sonindex.Moncorpstrembleetunevaguedesensationsmesubmerge.Jesaisissahampe,
constatantsavigueurdansmamainetdoucement,jelecaresseenmedélectantdesoncontactsi
douxetsiduràlafois.Jeveuxégalementluifairepartagercetourbillondevoluptéquiapris
possessiondemoncorpsetjemeglissealorsverssonsexetendu.Avecravissement,jelelèche
parpetiteslippées,puisaccentuantlapression,malanguedescenddesonglandverslabase,en
delentsmouvements.J'exultederessentirtantdedouceuretdefermetéaucontactdemeslèvres.
Samuelmesaisitlatêteetm'imprègneunrythmetoutd'abordmesurépuisilaccélère
progressivementsondéhanchementlaissantéchapperdesrâlesdebien-être.
Stoppantcettedanseàdeux,ilm'attireàluietm'embrasseavidementtoutenseplaçantentre
mesjambes.Etd'uncoupdereinprécis,ilmepénètreendouceur,facilitéparlenectardemon
plaisir.Sescoupsdebutoirsefontpluspuissants,plusprofondsetjel'entendsmemurmurer:
-Oh!Lizzie,tumerendsfou,complètementfoudetoi.
Jesuisalorsenvahied'unesensationenivranteetmeperdsdansuntourbillonextatique
m'arrachantdescrisdepurbonheur.Samuelmerejointaussitôtdanscettetempêted'amourqui
emballenoscorpsetéveillechaquenerfdechaqueparcelledepeau.Puisaprèsdeuxoutrois
estocs,ils'affaissesurmoi,lesoufflesaccadéetsouriant,ilembrassetoutdoucementchaque
centimètredemonvisage.Nousnebougeonspasquelquesinstantssecouéspartantdefélicité,
puissedégageant,ildéplacesonmagnifiquecorpssurlecôtéetm'attireàlui,meplaçantdans
sesbras.Noscorpsencorehaletantsrestentunlongmomentenlacéssansqu'aucunmotnesoit
nécessaire.Ilmecaresselescheveuxavecdouceur.Jesuisbien,sibien,blottiedanssesbras
vigoureux.
Lesminutespassent,lesheures?Etrevenantdemonvoyageaupaysdesmilleplaisirs,jenesais
plusd'uncoup,cequejedoisfaire.Samuelnem'apasdits'ilsouhaitaitquejerentrechezmoiou
non.Ils'estendormietjeleregardeavectendresserepensantàtoutecettedouceurquia
accompagnécesgestesquelquesminutesauparavant.Jemedégagetentantdenepasréveillerle
magnifiquehommequiestàmescôtés,maisilmesaisitparlepoignetalorsquejemesuisassise
auborddulit:
-ResteLizzie.
-Vraiment?Jemurmure.
-Oui,s'ilteplait.
Jemerallongetoutcontreluietilpassesonbraspar-dessusmoncorps,possessif.
Nousnousendormonstousdeuxbercéspartantdevolupté.
Chapitre15
«Undesbonheursdel'amourestdepartageraveclafemmequ'onaimetoutessespensées.»
AlphonseEsquiros
Lizzie.
Jemeréveilledetrèsbonneheurelelendemainmatin,Samuelestallongéàmescôtésunbrassur
mataille.Jeleregardedormir,ilsemblesisereinquandildort.Ilneressemblepasdutoutà
l’hommeauregarddurquigèresonéquipedecollaborateursàl’instard’unedictature.L’homme
allongéàmescôtéestapaisé.Ilsemblesidoux.Jeresteunmomentcommeçaensilenceàle
contempler.J’aidécouvertunefacettecomplètementdifférentedeSamuelhier.Ilaétési
charmant,attentifetprotecteur.Sescaressesétaientsidoucesquej’enviensàmedemander
commentilestpossibled’avoirainsideuxpersonnalités,DocteurJekilletMisterHyde,je
repenseaussitôt.Pourmapart,j’aimeleSamueltendrequej’aipudécouvrir.Jenepeux
m’empêcherdepassermesmainssursajoue,sachanttrèsbienquecegesterisquedeleréveiller.
Maisjenepeuxrésisteràlatentationdesentirladouceurdesapeau.Macaresseacommeprévu
poureffetdeleréveiller.Iln’ouvrepasencorelesyeuxmaissouritalorsquemesdoigtsse
promènentsursonvisage.Ilsaisitmamainetlaporteàsabouchepourl’embrasser.
-Bonjourbeautédit-ilenouvrantlesyeux.
-Bonjourtoijeluirépondsenmurmurant.
Mesyeuxsontcaptivésparsonregardsiintensedebonmatin,couleurd’océan.Sonsourire
irradieetsesprunellesreflètentsonémerveillement.J’ylisdel’admirationetj’aivraiment
l’impressiond’êtrebelle,là,maintenant,àtraverssonregard.
-Tuveuxquej’aillenouspréparerunpetitdéjeuner?Jeluidemande.
-Pasencore,merépond-il,jeveuxencoreprofiterdetoiavecmoidanscelit.Soudainementjelis
dudésirdanssesjeuxetnemetspaslongtempsavantdeconstaterquesondésirparcourtson
corps.Devinantmaréflexion,ilm’adressecommeunsoupird’excusecommes’ilnepouvait
luttercontrecebesoinphysiologique.Accoudésursonavant-bras,samainlibreparcourtmon
corpsensuivantmesformes,sesgestessontdescaressesquis’appliquentsurmapeauavecla
légèretéd’uneplume.Aunmoment,jefrissonneetSamuellâcheunpetitrireconscientdel’effet
qu’ilmeproduit.Seslèvress’avancentverslesmiennespourydéposerunlégerbaiser,jelui
adresseunsourire,simplementheureusedecemoment.
-J’aimequandtusourisLizzie,tuessibelle.
-Vousn’êtespasmalnonplusMonsieurSharpquandvoussouriez,jeluirépondsd’unairmutin.
Lesourirevousvabien,vousdevriezl’adopter.
Conscientdemonallusion,ilsouritensecouantlatête.
-Toujourslaparolequitouche,mademoiselleKlein,jevaisypenser.
Puisilseredresseau-dessusdemoietm’observeunmoment,commesubjugué.Sonregardne
merendpasvraimentàl’aisecarj’auraisplutôtdescomplexesetnemequalifieraispasdebelle.
-NemeregardepasSamuel,pasainsi,l’imploré-je,s’ilteplait.
-JeneteregardepasLizzie,jet’admire.Tuessibellequejepourraispasserdesheuresàte
contempler.C’estd’ailleurscequej’aifaithierpendantunlongmomentquandtut’esendormie.
-Oh.
-J’aimetespetits«oh»quetuparsèmesdanstesconversations,tespetits«oh»desurpriseque
tulancesaveccedélicieuxaccent,tuessipureetinnocente.
Sesmainscontinuentdemecaresseretjem’alanguissouscedélicieuxplaisir.
-Tapeauestsifineetsidoucequetunedevraisporterquedelasoie.Toutautretissuestune
insulteàtoncorps.
Jerigoled’unairmoqueur,maissesparolessontsidélicieusesàentendrequejetombesousle
charme.Jelebasculesurlelit,m’asseyantsurluietjel’embrasse,parsemantsonvisaged’abord,
puissonbusted’unepluiedebaisers.Soncorpsestabsolumentparfait,sespectorauxsont
dessinésetmesdoigtsensuiventleslignes,sesépaulesmuscléessontréconfortantes.Ledésir
granditpeuàpeudansmoncorps,etmescaressessefontdeplusenplussensuelles.Mesdoigts
dessinentcetteligneauniveaudelaceinturecaressantsonainesidouce.Sonsexedressé
m’inciteàpoursuivre,heureuseduplaisirquej’arriveàluiinsuffler.Meslèvrescontinuentleur
parcoursplusausud,uneenvieirrésistibledesemermesbaiserssursapeausifineetdouce.Sa
vergeréagitàcettedoucesollicitationsegonflantetsedressantdavantage.Lapeausiluisantede
songlandappellemeslèvresoùdélicatementjeposedetendresbises.Puisj’appliquedelégers
coupsdelanguesurcetespacesilisse.Sonpénisfrémitàceteffleurementetjeressenscebesoin
deleprendredansmabouchepourunecaresseplussensuelle.J’entendslesouffledeSamuelqui
sefaitpluserratiqueetquilâchedesourdsgrognementsdeplaisir.Samainseposesurmatête
m’enjoignantdepoursuivreplusavidementmonabsorption.Jesuisimpressionnéeparlatailleet
lalargeurdesonsexeettoutenlesaisissantàlabase,jel’insèreunpeuplusdansmabouche.Ma
languetournoiealternantdepetitscoupsdelangueetdepluslonguesdégustations.Samuel
profitedecetinstantémettantdesintonationsdejouissance.Ilmaintientlapressionsurmatête,
m’incitantàengloutirl’objetduplaisir,etcontretouteattente,j’arriveàl’avalerjusqu’auboutde
magorge.Jel’orientedefaçonàévitertouthautlecœuretsuisunmouvementdevaetvientque
Samuelaccompagnedesonbassin.Ledésirmonteenlui,sesrâlessefontplusrauquesmais
subitement,ilmefaitcesser,etjeluimanifestemonmécontentementparunemouechagrine.
-Doucementmabeauté,sinonjenepourraitecontenter.
Jereprendsmonsouffle,etlerejoinspourl’embrasserfougueusement.Nossoufflessont
bruyants,traduisantlamontéedenotreplaisirconjoint.Samuel,seplaceentremescuisseset
lentement,stimulemonclitorisquin’attendaitquecela.
-Mondieu,commetuesréceptiveLizzie,tuesdéjàtoutetrempée.J’aimeça,tumefais
beaucoupd’effets.Sesparolesontpourconséquenced’accroîtremonbesoinetjel’inciteenlui
tirantdoucementlescheveuxàmerejoindre,maisilnecèdepas.
-Samuel,jenevaispastenirjemeplains
-Jeneveuxpasquetuteretiennes,jouismabelle,jouisavecmalangue,jeveuxtevoir,tesentir
exploser.
Sesmotssuffisammentéloquentsdélivrentenmoitouteretenueetmonbasventreseconvulse
sousl’effetdesderniersbaisersdontilm’abreuve.Jelâcheunelongueplaintedejouissance.
Moncorpsentiersecontractedebonheur.
Samuelcessesessoinsetmeretournesurleventre.Ilm’écartelesjambesetvientseglisser
contremesfesses.Jesenssavergedureetpuissanteseforgerunpassageetalorsqu’unecrainte
mesubmerge,jepréfèreinformerSamuelquejenesuispasencoreprêteàexplorercettepartie
demonanatomie.
-Paslà,Samuel,paslàmurmuré-je
-Net’inquiètepas,jen’iraiquelorsquetuserasprête,m’assure-t-il.
Etd’uncoupdereinpuissant,ils’immiscedansmonintimitémeremplissantparfaitement.La
positionfaitquelaperceptionestamplifiéeetjelesenss’enfoncersiloinquemoncorpsentier
recommenceàtremblersoussesassauts.Ilm’assailledequelquesestocsdeplusenplusfortset
soudainementenflammémoncorpsl’aspireetsecontracteautourdesonsexebienfaiteur.
Samuelmerejointaussitôtetnousémettons,tousdeuxcettefois,unlonggémissementde
bonheur.Essoufflésensueuretpleinementheureux,nousnousaffaissonssurlematelas,sans
bougeravecjustelebruitdenossoufflesencoresaccadés.
Quelquesminutesplustard,Samuelsejettesurlecôtém’attrapantaupassageetmeplaçant
contresontorse,danssesbras.Ilrécupèretandisquejen’enrevienspasduplaisirqu’ilvientde
m’offrir.Jenepensepasavoirjamaisconnuuntelorgasme.
-TuessublimeLizzie,surtoutn’endoutejamaismecomplimenteSamuel.
Jenerépondspasmaisjesuisflattéeparsaréflexion.
-Tuesabsolumentparfaite.
Jesouris,nesachantquoirépondre.Jesavourecemomentdeplénitude.
Samuelseredresseetsedirigeverslasalledebain.
-Jeprendsunedoucheetjeteprépareunbonpetitdéjeuner.
Jeresteunmomentdanscelitrepensantauxdouxmomentsquejevisdepuishier.Sil’on
m’avaitditquelahaineétaitaussiprochedel’amour,j’auraisritraitantcedictondestupide.
Attention,jenesuispasamoureuse!Évidemment!Maiscequiestsûrc’estquejecommenceà
appréciercethomme.
Jelerejoinsquelquestempsaprèsm’êtredouchéeàmontourdanslacuisine.Jem’assoissurle
tabouretetlecontemple,vêtud’unsimplecaleçon.Soncorpsestabsolumentsublimeetje
regrettequ’ildoiveporteruncostumepourtravaillercarlavueesttoutsimplement
extraordinaire.D’unautrecôté,jemesurequejenefourniraisquepeudetravails’ildéambulait
ainsivêtuautourdemoi.J’émetsunrirequiattirel’attentiondeSamuel.
-Qu’est-cequitefaitrirebeauté?
-Oh,rien.Jemedisaisjustequecelaseraitbeaucoupplusagréablesituévoluaisainsivêtuau
bureau,jeluirépondsfranchement,amuséeparcetteidéesaugrenue.
-Crois-moi,jeseraisplusquesatisfaitsitoiaussituarrivaisainsivêtue,maisjenepourrais
m‘empêcherd’êtrejalouxàmortquedeshommesbavententeregardant.
-Oh!Laissé-jeéchappersurprisedesaréponse.J’aijusterevêtulepeignoirdeSamuelmais
cettepetitepointedejalousiemeflatte.
-Ilfautquejerentremechanger.Tuveuxqu’onsevoitunpeuplustardoutuasdeschosesà
faireluidemandé-je,espérantdetoutmoncœurqu’ilpasseralajournéeavecmoi.
-Inutilederentrer.Onvaallerfaireunebalade,çatedis?
-Euh,ouibiensûr,maislebureau?Jel’interroge.
-çapeutattendre,dit-ilfermement.
-Cool,supercool!Parcontre,Samuelj’aibesoindemechanger.Aprèsonfaitcequetuveux.
-Tienscommenceledéjeuner,j’arrive.
Ilsaisitsonportableets’éloignepourcequejepenseêtreappelprofessionnel,peut-êtrepour
décalerquelquesrendez-vous
Quelquesminutesaprès,ilmerejointetnousattaquonsavecgrandefaimtoutcequ’ilapu
préparer.
-Jevaistemontrerunendroitabsolumentmagnifiqueaujourd’hui.Unendroitquim’aservi
d’inspirationdansmestravauxd’architecture.Etjesuissûrequetuvasadorermedit-iltout
enthousiaste.Ilal’airfierdesonidéeetsonvisagerayonne.C’esttellementraredelevoiraussi
enjoué!
Lasonneriedel’interphonerésonnedansleloftetSamuelsedirigeàlaporte.
-MerciGeorges,jevousattends
-QuiestGeorges?Jedemandecurieuse.
-Georgesestleconciergedel’immeuble.Jeluiouvre,ilvaarriver.
Effectivementaprèsuncourtinstant,ilsonneettendàSamuel5sacs.Samuelleremercieparun
billetglissédiscrètementdanssamainetrevientversmoi.
-Tiensmedit-ilenmetendantlespaquets.Unetenueappropriée.Allons-nouspréparer.
-Surprisejetendslamaininstinctivementsansêtrebiensûredecomprendre.Alorsqueje
l’interrogeduregard,ilsouritetmerépondsimplement:
-Jesuisquelqu’undepragmatique,inutilederetournercheztoi,nousgagneronsdutemps.
-NonSamuel,jenepeuxpasaccepterencoredescadeauxdetapart,c’estbeaucouptrop!Je
proteste.
MaisbientropcurieuseetfaceàSamuelquiinsisteparunregardréprobateur,j’entre-ouvreun
premiersacuniquementferméparunrubannoiretdécouvreunpantalondelinbeige.
Alorsquejelefixed’unairinterrogateur,ilsouritetdit:
-Jenesuispasfanadespantalonspourfemmes,surtoutpourtoienfait,maiscettetenueserala
plusadaptéelàoùnousirons.
J’ouvreunàunlespaquetseteffectivement,ilyalàdequoim’habillerentièrement,lingerie
comprise:unpantalondelinbeigedonc,unchemisierdesoieécru,unensembledelingeriedans
lestonsécrutoutendentellesprécieusesetunepairedesandalesàtalonscompenséesdetrès
grandemarque.Lederniersaccontientdiversarticlesdesoinsetdemaquillage,làaussidetrès
grandesenseignesparisiennes.Ilapenséàtout.C’esttoutlui!Quoiqu’ilfasse,illefaitde
manièreabsolumentréfléchieetmaîtrisée.
-Samuelsoufflé-je,jenepeuxpasaccepter,c’esttrop,beaucouptrop!
-Cen’estriendutoutLizzie,rien.Allonsnouspréparerajoute-t-ild’untonquin’admetpasla
contradiction.
Etoui,j’oubliais,nepascontrarierMonsieurSharp.
Lorsquenousarrivonsàl’héliport,j’interrogeSamuelduregard.
-Vas-tumedireoùnousnousrendons?Luidemandé-jecomplètementépoustoufléedela
surprised’arriverici.
-Patiencebeauté.Onyserad’ici45minutes.Jedevinequ’ils’amusedemevoiraussicurieuse.
Effectivement,troisquartsd’heuresplustard,nousmontonsdansuntaxiqui,aprèsseulement
quelquesminutesderoute,quittel’axeprincipalets’enfoncedansuneforêt.Jeregardedepartet
d’autrelepaysageboiséquiestvraimentsuperbe.Samuelm’observeensilencemaisjesurprends
unsouriresursonvisage,satisfaitdelasurprisequ’ilm’aréservée.
-Alors?Jeluidemande.Monsieurmystère,oùsommes-nous?
-Patiencebeauté,patience.
Jetrépignesurmonsiègecequial’airdefairegrandementplaisiràSamuel.
Parvenusàuncroisement,nousquittonscettefoislebitumepoursuivreunpetitchemindeterre,
quinousmèneàunegrandeplacenongoudronnée.Unimmensepanneauenboisgravéindique
quenoussommesàMuirwood.
JetournemonregardversSamuelquinesedépartitpasdesonsourireetlequestionne.
-Muirwood?
-C’estexactbeautémeconfirme-t-il.Ilm’inviteàdescendredutaxitandisqu’ilrèglelacourse..
Jecomprendsmieuxlatenuequ’ilm’aofferte,jedevinequ’apparemmentnousallonsnous
promenerenforêt.Passésl’accèsauparc,jesuissaisieparlespectaclequis’affichedevantmoi
etjenepeuxm’empêcherdelâcher,enthousiaste.
-Waouh,Samuel,c’estabsolumentmagnifique!C’estgrandiose!Saisissant!
Samuelappréciemaréactionetm’enlacesecollantàmondos.
-Alors?Tuaimes?
-C’estincroyablejeluirépondsabsolumentsouslecharmedecelieu,jen’aijamaisvudesi
grandsarbres!C’estabsolumentincroyable,merciSamuel.Jesautilleenapplaudissanttantle
paysageestmagique.J’ail’impressiond’avoirdixans.
-Muirwoodm’explique-t-ilestuneforêtdeséquoiasgéantscentenaires.Certainsarbressont
hautsdeplusdequatre-vingtmètres.Viens,allonsbalader.
J’ail’impressiond’êtredansundécordecinéma,styleforêtdeET.Cesarbressontgigantesques
etpasseulementleurhauteur,maisaussileurstroncsquisonténormes.Samuelm’apprendque
lesplusanciensontuntroncdeplusd’unetrentainedemètres!C’estabsolumentincroyable!je
n’aijamaisvisitédelieuaussifantastique!Cetendroitestcarrémentirréel.
-Ohmerci!Merci!MerciSamuelrépété-jeenluisautantaucou.
-Tuvois,lapremièrefoisquej’aidécouvertcetendroit,j’étaistellementblufféparlabeautéde
cesarbresquej’aisouhaitém’eninspirer.Regardel’équilibreparfaitdelanature.Lèvelesyeux
etregardeleciel,turessenscetteivresse?Respire,gorge-toidecetteodeur.Ici,vois-tunous
touchonslaperfectiondecequelanaturepeutnousoffrir.
Jelèvelesyeuxetaperçoislebleuducielparpetitestouchesquelesfeuillagesveulentbiennous
laisservoir.J’inspireungrandcoupeteffectivementm’imprègnedecetteodeursitypiqueaux
forêts,àladifférencequ’icionpourraitcroirehumerunconcentrétantl’odeurestforteet
enivrante.Jem’amuseàtournerbrasouvertstoutenfixanttoujourslescimes,maisbienvitele
tournismemonteàlatête.Samuelmerattrapeaussitôtquandjetitubeetjeprofitedecetinstant
d’ivresse.Jamaisjen’auraispenséqu’uneforêtpuisseêtreaussieuphorisante.
-Jecomprendstoninspirationquandjevoiscelieu.Labeautéparfaitedelanature,c’estceque
tuasvoulurevivrequandtuascréélatour«cloud»?Jedemande.
-AbsolumentmeconfirmeSamuel,manifestementfierdemoi,Vois-tu,jevaistedonnerun
conseilquij’espèreteservira;quandtucherchesl’inspirationpourunouvrage,fie-toiàcequela
naturepeutt’offrir.Touteslesréponsess’ytrouvent.
Jecrois,qu’hormislescoursd’architecturetechniquequej’aireçuscesannéespassées,personne
nem’aautantapprisqu’aujourd’hui.Sisimpleetsiprofondàlafois.J’embrasseSamuel,le
remerciantdem’initieràsonart.
Maintenantjecomprendsmieuxlaphilosophiedesestravauxetretienscetteleçonquideviendra
dèsàprésentmonferdelance.
Jerestependueàsoncouunmomentencoreetleremerciepourcettevisiteetpourlaportéede
cequ’ilvientdemefaireprendreconscience.
-Aussi,complète-t-il,quandtutravaillessurunprojet,prendsletempsdelefairenaîtreentoi,
deleressentiretdelevivre.Rendstoisurlelieu,imprègnetoidusite,perçois-le,goûte-le,
nourrist’en.Ensuiteetseulementensuite,tupeuxespérertravailler,laréponseàteshésitations
résideobligatoirementdanscesdeuxparallèles:laviedusiteetlanaturequiteguide.Aumilieu
decesdeuxparallèlesnaitratonprojet.
Jel’écouteadmirative.Samuelaleregardquis’animequandilparleetjesaisisàquelpointilest
passionnéparcequ’ilfait.Ceciexpliquesansdoutel’exigencequ’ilattenddesescollaborateurs,
ilnefaitrienàlalégèreetilsouhaitequesalignedeconduitesoitrespectée.Lamanièredontil
m’expliquesavisionestsiélémentaireetd’unautrecôtésiréfléchie.Ellem’apparaitcommeune
évidenceàprésent,maisjesuispersuadéequejen’yauraisjamaispensédemonproprechef.
Aprèscettemerveilleusejournée,nousrentronschezSamuel,sereins,encoreimprégnésdetant
debeauté,apaisés.
DèslelendemainetlesjoursquisuiventSamuelm’amènedanslequartierquenousdevons
réhabiliter,nousarrivonstôtlematinetyrestonsjusquetardensoirée.Nousnouspromenonset
utilisonsnoscinqsenspournousenimbiber,commeillepréconise.Celaneressemblepasàdes
séancesdetravailconventionnelles,carnousdéjeunonsdansdepetitsrestaurants,nousrentrons
dansdeséchoppes,nousallonsaucinémaettoutcequ’ilestpossibledevivredansunquartier,
c’estpourmoiuneénormeleçon.Aucunprofesseurnenousm’ajamaisenseignéunetelle
approcheetj’ail’impressiondefaireunpasimmense.Samuelmeguidemesollicitantpardes
questionssimplespourmieuxappréhendercettepartiedeville.Ilmetransmetsonart.Je
découcheplusd’unefoisdemonappartementcarSamuelsouhaitequejeresteenpermanence
aveclui.Ilesttendre,attentifetjevoisbienquejecommenceàressentirdessentimentsàson
égard.Nousnemettonsquerarementlespiedsaubureau.Jevisdesjournéespassionnantesme
nourrissantdesessavoirsetprofitantégalementdesesbaisersetdesescaresses.
Parallèlement,jeremarquelechangementderegardqueLindameporte.Ellesait,celanefait
aucundoute.Pasbesoindemots,jevoisqu’elleacomprislanaturedenotrerelationetje
surprendsunefoisuneconversationhouleuseentreelleetSamuelunjourquenoussommesde
passagedansleslocauxducabinetd’architecture.Jen’entendspastout,maisj’interceptetoutde
mêmeunepartiedeleurséchanges.
-Alors,turecommences?luilance-t-ellesuruntonréprobateur.LecasSamanthanet’apas
suffi?Tucomptestoutestelestapermaintenant,c’estçaSamuel?Lesstagiairessontdevenues
tonnouveauterraindechasse?
-ArrêtetoutdesuiterépondSamuelsuruntonsecetautoritaire
-Arrêter?Maistunevoisdonspasquec’estunegamine?C’estçaquiteplaitSamuel
l’interroge-t-elletoujourssuruntondésespéré.Iltefautdelachairfraîchemaintenant?
-CasuffitLindacracheSamuel,mêletoidtesaffaires.
-Tusaiscommemoiquetuvastelasser,ellenepeutpast’offrircedonttuasbesoin,réalise-le
nomd’unchien!
-Etsicommetudis,ellemel’offraitdéjà?L’interrogeSamuel,heinyas-tupenséquepeut-être
ellem’apportaitdéjà,exactementcequimemanquait?
J’entendslaportes’ouvriralorsjefileviteàlaphotocopieuseàquelquesmètresdelà,histoirede
nepasêtresurpriseentraind’écouterleurconversation.QuandLindapasseleseuil,ellelui
lâche:
-TuvasleregretterSamuel,etcommetoujourstutomberasencoreplusbas.Savoixtrembleet
jel’imagineauborddeslarmes.Cettediscussionmesecoueetjeprétexteunbesoinderécupérer
quelquesaffairesàmonappartementpourmettreunpeudedistanceentreSamueletmoi.
Allongéesurmonlit,jemerepasseenbouclelesparolesquej’aientenduestentantdeles
analyser.D’aprèscesmots,jecomprendsqu’ilyaeuuneaventureentreSamueletSamanthala
stagiairequejeremplace,noteàmoi-même:merenseignersurcettehistoire.D’aprèslespropos
deLinda,cen’étaitpaslapremièrefoisquecelaseproduisait:Samuelauraitdoncpourhabitude
deselestaperselonl’expressiondeLinda.Jenesuisdoncquelaénièmestagiairequiaboutit
danslelitdugrandarchitecte.Samuelauraitdoncdesgoûtspourlestrèsjeunesfemmes.
Merde,moiquipensaitquel’onvivaitquelquechosed’unique,jemesuisenfoncéledoigtdans
l’œiletbienprofond,même!Enfin,Samuelrechercheraitquelquechosedeparticulierdansses
relationsquejeneseraispasenmesuredeluioffrir,enfind’aprèsLindacarSamuelalancé
l’hypothèsequepeut-êtrejeluioffraisjustement.Maisquoibordel?
Lesoir,jetrouveunsecondprétextepourpasserlanuitchezmoi,cetteconversationayant
quelquepeugâchél’euphoriedanslaquellejemetrouvaisalors.Lasemainesuivante,Samuel
déploietantd’effortspourmeravirquejedécidedemettredecôtécetévénement,aprèstout
Lindaestjalouse,cepointestcertain,etjesaiscedontonestcapablequandçaseproduit.
Nosrapportssontdeplusenplustendresetpassionnésetmoncœurcommenceàchavirergrave
alorsquejemel’étaisstrictementinterdit.J’ail’impressionqueSamuelestheureuxenma
présenceetl’hommearrogantethautainquej’avaisrencontréacomplètementdisparu.Sijedois
êtrehonnête,jem’imaginemêmequeluiaussiressentpeut-êtredessentimentsàmonégard.Bien
sûr,jenepeuxvraimentl’affirmer,maissesattentions,sesparolesetlamanièredontilmefait
l’amourmefontpenserquepeut-êtrenouspourrionscontinuerencoreunpetitboutdechemin
ensemble.Amoinsqu’ilneselassedetoi,commentemaconscience.
Ledimanchedecettesecondesemainequenouspassonsensemble,attablésdevantlatélé,nous
regardonsensembleunfilmqueSamuelsouhaitemefairedécouvrir.J’apprendschaquejourà
sescôtésmenourrissantdetoutcequ’ilmefaitdécouvrir.Cesoir,Samuelasélectionnéuncourt
métragedontjen’aijamaisentenduparler.Ils’agirde‘Lullabytomyfather ’,unfilm-
documentairequimêleévénementshistoriquesetsouvenirsintimes.Iltémoignedurapportexigu
entrelestransformationsdelasociétéetceuxquiendessinentl’architecture.Samuelveutque
j’intègrelelienconstantdurapportévolutionhistoriqueetsareprésentationàtravers
l’architecture.Jesuisl’écranavecattentioncarjesaisques’ill’achoisic’estqu’ilprésenteun
grandintérêt.Effectivement,c’estlecas.
ConfortablementinstalléeentrelesjambesdeSamuelquis’estassissurletapisdosaucanapé,il
joueavecmescheveuxpendantladiffusion.Celle-citerminée,jevaispourmeredresser,maisil
medemandederesterlà,encorequelquesinstants.
-Jeveuxtedirequelquechosememurmure-t-ilàl’oreille.
Jepenseimmédiatementqu’ils’agitd’uneexplicationoud’uncommentairesurledocumentaire.
-Jet’appréciebeaucoupbeautédit-ilenm’embrassantdanslecou.Jesourisàsesdoucesparoles.
-Jenesaispastropcommenttoituvoislasuitedesévénements,ilsoupireetpoursuit,tusaisje
n’aipasl’habitudedem’attacherauxfemmesquejefréquente,maislàjesensbienquec’est
différent.Jenepeuxpasl’expliquer,maisjesuisbienobligédel’admettre.
Ilfaitunepause,ressertsonétreinteetplongesonvisagedansmescheveux.Jenesaispastrop
querépondre,c’estsisurprenantdesapartdeselivrerainsi.
-MoiaussiSamuel,jet’appréciechaquejourunpeuplus.Jesuisbienavectoi.Tusais,j’aivécu
unefinderelationquim’alaisséungoûtameretjeneveuxplusrevivreça.Moncœuradéjà
suffisammentsaignéauparavantmeconfessé-je.
Jepensequ’ilprendlamesuredemesconfidencesetajoute:
-Ilesthorsdequestionquejetefassedumal,beauté,tuentends,jenelevoudraispourrienau
monde.Puissouhaitantmettrefinàcetteconversationchagrine,ilmeprenddanssesbrasetme
portejusquesursonlitoùilmedéposeavecdélicatesse.Jelefixeetconstatepourlaénièmefois
àquelpointilestbeau.Sonregardocéanmeregardeavectendresse,lespansdesachemise
blancheouvertelaissentapercevoirsonbustesimagnifiquementmuscléetjesuistoujours
étonnéequ’unhommeaussisexyqueluipuisses’intéresseràmoi.Jelevoisdavantageavecune
vraifemmeaussicharismatiquequeluiplutôtqu’avecune«gamine»(oui,jemesensvraiment
gaminefaceàlui)inexpérimentéeetlégèrementgauche.
UnevraiefemmecommeLinda,quoi!Mesuggèremapetitevoixmesquine,unevraiefemme!Je
chassecetteidéequimetraversel’espritetm’adonneauxdoucescaressesdemonamant.
Chapitre16
«Tousnosrêvesn'étaientquedesrêves,lesbaisersd'hiersontmortspourjamais.»
MarcelPagnol
Lizzie.
Lesdeuxjourssuivants,jenevoispasSamuelcarilestendéplacementm’annonceLindasurun
tonquiseveutblessant.Jesuisétonnéequ’ilnem’enaitpasinformélaveille,maisjemecorrige
enmedisantqu’iladûoublierayantd’autreschosesentêtehiersoir.D’agréableschosespour
êtretoutàfaithonnête.
Alorsquej’attendsavecimpatiencedelerevoirlemercredi,jereçoisuntextodeSamuel:
«Elisabeth,jeneseraipasderetouravantlafindesemaine,leschosesnesedéroulantpas
commeprévues.S»
Jesuissurpriseparlaneutralitédumessage,pasunpetitmotgentil,etmêmepire:l’emploide
monprénomenentiersemblemettredeladistanceentrenous.Jeréalisequ’ilnem’amêmepas
adressédemessageslesdeuxjourspassés.Jecommenceàmeposerdesquestions.Enfin!Raille
mapetitevoixintérieure.Nepouvantresterdansledoute,jeressenslebesoind’éclaircirla
situation,jenepeuxpasresteravecdetelsquestionnementsjusqu’àvendredi.Jenetiendraipas.
Redoutant,uneréponsequipourraitmeblesser,jepréfèreutiliserlestextos;luiparlerdevive
voixmesembletropdifficile.Jegardeencoreespoirquesonabsencenesoitjustifiéequeparle
travailmaispeuàpeuledoutes’installecommesijenevoyaiscertainssignesprécurseurs
qu’aujourd’hui.
Jeréfléchisunlongmomentàmesmotsmaisaufinaln’envoiequ’unsimplemessagelacunaire:
«Quesepasse-t-ilSamuel?E»
J‘imaginerecevoiruneréponseimmédiatemaiscelle-cinemeparvientqu’unedemi-heureplus
tard.
«Onapeut-êtrefaituneerreur.S»
Saréponsemeglacelessangsetjemesenssubitementfébrile.Refusantd’accepterl’évidence
dumessage,jem’accrocheàl’improbableidéequ’ilpuisses’agird’uneerreurdetravail,cequi
expliqueraitqueleschosesnesedéroulentpascommeprévues.Désemparée,jenepeux
qu’envoyerunsimple:
«Explique.»
Mesmessagesseraccourcissentenmêmetempsquemoncœursefendilleprogressivement.
Maiscettefoislaréponseestimmédiateetellefaitmal,trèsmal:
«Toietmoi»
Mesjambesvacillentetjemeruesurmachaisedebureaupournepastomber.
«Pourquoidis-tuça?J’aifaitouditquelquechosedemal?»
Jen’attendsmêmepassaréponseetrenvoieimmédiatement:
«Commentpeux-tumedireça,alorsquedimanchesoirtumeconfiaisteniràmoi?»
«Non,c’estmoi»répondSamuelàmapremièrequestion.
Jecomprendscettefois:lesmotspercutentmoncerveaudefaçonsipuissantequej’ai
l’impressiondem’êtreprisunuppercut.LetéléphoneémetànouveauunPingetun
«Jesuisdésolé»s’affichesurl’écran.
Cettefois,jesuissonnée,ko.Ausol.
Jerentrechezmoiétantincapabledemeremettreautravail.Jemesensvidée,lasse,épuisée.
Allongéesurmonlit,jelaisseenfinlesflotsdelarmesretenuss’écouler.
Jenecomprendsrienàlasituation,sicen’estqueSamuelvientdemettrefinànotrerelation.Je
nesaisabsolumentpaspourquoi,ilsembledirequecelaestsafautemaisqu’est-cequecelaveut
direaujuste?Ques’est-ildoncpassédepuislundimatinpourqu’ilexpédieaupaniertousles
merveilleuxinstantsquenousavonspartagés.LesmotscinglantsdeLindarésonnentdansma
têteetlesquestionsassaillentmonespritblessé.A-t-iltrouvéuneautrejeune?Déjà?S’est-il
lassédemoi?Déjà?Oucherche–t-ilcequejenepeuxluioffrir?Maisquoidonc,àlafin?
Moncœurexploseenmillemorceauxalorsqu’ils’étaitengagéànepasmefairedemal!C’est
plutôtloupé!Chuchotelapetitevoixdémoniaqueenfonçantunpeupluslecouteaudanslaplaie.
Voilàpourquoi,jenevoulaisplusconnaitrederelationquim’engageraitsentimentalement.Cela
peutfairesimal!Finalement,j’enarriveàmeconsolerquecelasoitarrivémaintenantetnon
plustardoùj’auraispuressentirdessentimentsplusprofonds.Faibleconsolation!
Jesuisblessée,anéantie,meurtriemaisrévoltéeaussi.Commentai-jepuretomberaussivitedans
unesituationidentiqueàcelleoùmoncœuravaitsaigné?Ilyadûavoirdessignes,maisjen’ai
rienvouluvoir,unefoisencore!Al’identiquedemadernièrehistoireavecDylan,j’aiencore
mismesœillèresrefusantdevoircequiétaitpourtantsivisible.Jemelanceensuitedansune
énumérationdessignauxquiauraientpumemettrelapuceàl’oreille:
-LaconduiteérotiquedéviantequeSamuelautiliséedèsmonarrivée.
-Lavalsedesstagiairesdanssonétude.
-Soncôtémâlealphaqu’ilaffichesifièrementcommetouttombeur
-Sabeautéquiinduitqu’untelhommenepeutresterlongtempsl’hommed’uneseulefemme.
-LesparolesdeLindaquial’airdetrèsbienleconnaitreetcedepuislongtemps:«toutesteles
taper»,«terraindechasse»,«lassé»,«desbesoinsspécifiques»dontj’ignoreencorece
qu’ilspeuventêtre.Ettantd’autres…
Jeréaliseseulementquejen’aitiréaucuneleçondemeserreurspassées,jerefaislemême
parcoursencoreetencore.Jesuisrésolumentencolère.ContreSamuelbiensûr,mais
probablementplusencorecontremoi!Mêmesijereconnaisqu’ilaétéunsalemuflesejouantde
moi.QuellenaïvetufaisElisabethKlein!Tuveuxjouerauxgrandesettun’esmêmepasfichue
demenertapropreviesentimentale!Mereprochemasiplaisantepetitevoixintérieure.Elle
aussi,jeladéteste!
Lesdeuxjournéessuivantesjemefaisporterpâlen’ayantpaslecouragedemerendreaubureau.
Jemesensdévastéeetvidecommeunchampdebatailleaprèslaguerre.Jedéambuledans
l’appartemententee-shirtdenuitsansmêmeprendrelapeinedemechanger.Auboutdedeux
joursCandym’envoieàladoucheetmebousculeenmedisantdemebougeretque,celaserait
donnertropd’honneuràunsaleconquedemelaisseralleràladériveainsi.Elledécide-etc’est
sansappel!meprévient-elle-quecesoirnousallonsaupubetquej’aiintérêtàvenir.Elleme
parlemêmedesitesderencontresoùlesgensnesefréquententquedansuncadrebiendéfini,à
savoiraucunattachementouengagement.Etfinalement,jetrouvel’idéeséduisante,voire
intéressante:toutestclairdèsledépart.C’estpeut-êtrecedontj’aibesoin,celam’éviterait
d’autresdéconvenuesdumêmestyle,vuquelesrelationsamoureusesnesontapparemmentpas
monfort!
Jereprendsletravaillelundisuivantetjesuisrassuréedeconstaterqu’ilestindiquésurle
planningqueSamuelseraabsenttoutelasemaine,jemerappellequ’ilm’enavaiteffectivement
parlé,ildevaitserendreàuncongrèsàLondres.Tantmieux,jen’aiaucuneenviedelevoiret
encoremoinsdeluiparler,c’esttropfrais,jeseraiscapabledepleurerdevantluietça,iln’enest
pasquestion!J’aiencoreunpeudefiertémalgrétout,etilestabsolumenthorsdequestionqu’il
s’aperçoivedumalqu’ilm’afait.
Candyresteavecmoitouslessoirspourmeconsoler,pauvreSteeven,ilseretrouveseul!J’ai
bienincitéàmacolocatairedefairevenirsonpetitamimaiselles’yrefuse,elledit
qu’actuellementjesuisprioritaire.C’estduCandytoutcraché!
Chaquejour,ellem’enjointdepasseràautrechose.
-çafaitpartiedelaviemeconsole-t-elle.C’estcommeça!ajoute-t-ellefataliste.Lavienous
envoiedesépreuvesetc’estànousderéagirdelameilleuremanière.Tusais,meconfie-t-elle,
toutescesépreuvesnousrendentplusfortes,ellesnousconstruisent.
Lesoir,jeretrouvenotrejoyeusetroupeaupub,contrainteparCandycertes,maisapaisée.
Jeremarquequ’elleetSteevensetaquinentcontinuellementetjepensequeleurrelationsemble
bienpartiepourêtredurable.C’estévident,çasauteauxyeux.Jelesenviedevivreleurliaison
avecjoieetsérénité.Davidarrivecesoiravecunemagnifiqueplantequirépondaudouxnomde
Pam.Elleestcarrémentcanon:trèsgrande,trèsbienfoutue,ellesaitmettreenavantsesatouts,
breftoutmonopposé.Jepasseunbonmomentàl’observer,nonparjalousie,quoique,maisplus
intéresséedecomparertoutcequinoussépareelleetmoi;toutquifaitd’elleunejeunefemme
ultrasexyetdemoiuneadulescentedesplusbanales.J’auraistellementaiméêtrecegenrede
filleoùtoutlemondeseretournesurvous,maishélaslanaturenem’apasdotédesmêmes
arguments.
Ainsipasselasemaine,sanssaveurniodeur,unesimplesemaineordinaireetj’avouequeparfois
l’ordinaireestreposant.Alorsquenousrejoignonslepublevendredisuivant,jequestionne
CandysurSteevenetelle.Sesjouesrosissentetellegloussereconnaissantsonattirancepource
beaurouquin.
Autourdelatable,jel’observeminauder.Elleestenmodeséductionetjecroisbienquejevais
encorerentrerseulecesoir.Celamefaitplaisirpourelle,Steevenestungentilgarçonetje
trouvequ’ilssontparfaitementassortis.Çamerappelleunarticlequej’avaislu,ilyalongtemps
dansunmagazinedepsychologiequirésumaituneétudeaffirmantquelescoupleslesplusunis
adoptaientcertainsmimétismesquilesamenaientfinalementàseressemblerphysiquement,
commefrèreetsœur.Surlecoupj’avaistrouvécetteanalysecomplètementdébile,maislàdans
lecasprécisdeCandyetdeSteevenjereconnaisquecetteétudeàl’airdefonctionner.
Cesoir,jemesensmieux,etgrâceàlagentillessedeCandyjecommenceàmeredresser,
déterminéeàenfinprendremavieenmainetd’arrêterdecommettretoujourslesmêmeserreurs.
Ilfautquejegrandisseetquejem’affirme.C’estdonclecœurpluslégerquej’arriveauWitches.
Jeprendsladécisiondem’amuser.Moiaussi,j’ailedroitàprofiterdebonsmoments,ilfaut
justequej’essaiedeneplusmefourrerdansdessituationscritiques.Dorénavant,jesaisoùse
situemontalond’Achille,alorsjevaisdésormaistâcherd’évitercesimpairs.
Jeparticipegaiementànotresoiréeentreriresetdanses.Jemelâcheetquelbonheurderetrouver
lajoiedevivre.Lesverresvidess’accumulentsurlatable,unpeucommed’habitudedirais-je,et
unjeuneserveurvientrégulièrementdébarrassernotretable.Dèsqu’unemusiquemeplait,je
rejoinslapistededanse.C’estvraimentunebonnesoirée.Çafaitdubien!C’estlibérateur.
Davidnousrejointsurlecoupdes23heuresetnousl’accueillonsenriantsousuneola.Ilest
seul,samagnifiquecompagnenel’apasaccompagnécesoir.Nousrions,parlonsfortetdansons.
Surlapiste,jesuismêmeétonnéequedeuxjeunesessaientdemefairedugringue,jenesuispas
intéressée,maiscelaflattemonégoetréchauffemoncœurencoreendolori.
Enfait,aprèsréflexion,jemedisquefinalementleplusgranddesdeuxpourraitbien
m’intéresser,justepourunsoir,commeça.Nedit-onpasquel’ondoitsoignerlemalparlemal?
Jecommencedoncàmemettremoiaussienmodeséductionentouréedecesdeuxgarçons.Alors
quej’onduleconscientedemonpouvoirdeséductionsureuxcesoir.Lesdeuxbeauxmâles
semblentapprécierlespectacle.Ilsrientetseplacentdepartetd’autredemoncorpstouten
dansant.Peuàpeu,desregardsdeconnivencelesfontserapprocherdemoi,m’enserrantdeleur
jolicorps.Lamusiqueestgénialeetm’imprégnantdel’ambiance,j’évoluedeplusenplus
sensuellement.Celanemeressemblepas,maisl’alcoolaidant,j’appréciepourunefoisdeme
lâcher.Enfait,jepensen’avoirjamaiseutelleassurance.Pourlapremièrefois,j’ail’impression
moiaussi,d’êtreséduisante.Leregardquemelancentmesadmirateursconfortemonsentiment.
Medéhanchantdeplusenplus,j’effectuedesrotationsrythméespourleurfairefacetouràtour.
Jeris,ivredecettesensation.Peuàpeu,lesautresdanseurss’écartentdenoustrois,formantun
cercleautourdenouspournousregarder.
Jesuisfièred’être,pourunefois,lecentred’attractiond’unsoir,moiquisuishabituellementsi
transparente.Desapplaudissementsetdescrisrythmentnosdansesquicommencentàéchauffer
noscorps.Leplusgranddesdeux,lebrunfrottesoncorpsaumienetseslèvress’approchentsi
prèsdesmiennesquejepeuxsentirsonsouffle,tandisquel’autregarsblonds’avanceluiaussi
etsefrottedansmondos.Ilm’embrassedanslecoutoutenondulant.Jesuiscomplètement
excitéeparlareprésentationquenousdonnonsetnosdansesprennentdéfinitivementune
tournureplussensuelle,voireérotique.J’ailacertitudequecesoir,jenedormiraipasseuleetje
m’enréjouis.Laviecontinue…
Alorsquecesbeauxgarçonsvirilsévoluentautourdemoidemanièredeplusenplussuggestive,
jemedemandesil’und’entreeuxs’effaceraauprofitdel’autreous’ilsmelaisserontchoisir,à
moinsque….qu’ilssouhaitentpoursuivreàdeux?Oh!La!Versoùjemedirigelà?Jenesuis
passûredelevouloiroubienderéussiràassurer,carjen’aijamaisfaitçaàtrois.Maisrienque
lefaitdel’envisager,moncorpss’échauffedangereusement,unfeunaitdansmonbasventre
sousl’impulsiondecetteidéecoquine.Leursregardssiconcupiscentsfontnaitreenmoides
sensationsenivrantes.Etlefaitdefranchircepasàtrois,estsiexcitant,quejemesensprêteà
l’envisager.Jenedoutepasquel’alcoolysoitpourbeaucoup.Maislasimpleidéedefairecette
chosesicochonne-pourmoi-éveillededélicieuxfrissons.Jecontinuededanserenriant,frottant
moncorpscontreleleur,demanièreaguicheuse,dévoilantparlagestuellelesenviescoquines
quecesdeuxhommesontfaitnaitreenmoi.
Griséeparmessensations,jenevoispaslecerclequis’étaitagrandiautourdenoussebriser,
tropabsorbéeparmesdeuxapollons.Aussi,suis-jesurprisequandDavidsepointedevantmoi,
poussel’undesgarsetmetireviolemmentparlebras.L’évincén’appréciepaslabousculadeet
lepoussederetour.
-ViensavecmoiLizzie!MecrieDavid,l’œilnoiretlamâchoireserrée.
-Non!FousmoilapaixDavid,jem’amuse,n’est-cepaslesgars?Jeprendsdirectementà
témoinmesdeuxdanseurscommepourappuyermesdires.Cesderniersacquiescent,tuparles!
MaisDavidnemelâchepasetmetireavecforcederrièrelui.Lesdeuxjeunesvontpour
s’interposermaisj’obtempèrecraignantquelasituationnedégénèreenbagarre.Jeleurlance
«bonok,jereviensdesuite,nebougezpas,j’arrive»déçuededevoirabandonnerlesdeux
beauxspécimensquim’entouraient.
Davidcontinuedemetirerparlebrasavechargnejusqu’àcequenousparvenionsdehors.Ace
momentj’ail’impressiond’êtreunepetitefillequisefaitgronderpourunebêtiseparssonpère.
Saufqu’enl’occurrence,Davidn’estpasmonpèreetquejenesuisplusunepetitefille,cequeje
nemanquepasdeluifaireremarquer.Jenesaispass’ilnem’entendpascomptetenudubruitqui
s’échappedupubous’ilignorevolontairementmaréflexion,maisnousnousretrouvonsdehors
aumilieudesfumeurs.Malgrélenuagetoxique,l’airestfraisetcelafaitdubien.Toutenme
traînanttoujours,nousnousécartonsdel’immensehalodefuméedenicotine.
-Maisqu’estcequiteprendenfin?Jeluihurledessusmécontentequ’ilsepermettede
m’humilierainsi.
-Tufaisn’importequoi,jeteramènemerépondsèchementDavid.
-Jeteremerciemaisjen’ainullementbesoindechaperonluidis-jeenrelevantlementon,aucas
oùtunel’auraispasremarqué,jesuisuneadulte.
-Pasencemoment,tufaisdesconneriesLizzie,jeteramènem’intimeDavidsuruntonunpeu
plusdoux.
-Horsdequestion!Vois-tujesuisentraindem’amuser,alorsfichemoilapaixetvat’occuper
detaPam.CiaoDavid!
Jemeretournepourmedirigerànouveauversl’entréedupub.MaisDaviddeplusenplusagacé
m’attrapelebrasaupassage,sebaisseetmechargesursonépaulecommeunvulgairesacde
patates.Jecrieenluitambourinantledos:
-Lâche-moiDavid!Lâche-moiimmédiatement!
Ilcontinued’avancercommesiderienn’était.J’aperçoislesregardsamusésdesjeunesdehorsse
posersurmoietj’aihontedecequ’ilsvoient.Jeremuelesjambestoutencontinuantàle
martelerdemespoings.Ils’arrêteetmedemandesuruntonencoreagressif:
-Sijetepose,tutecalmes?
Vexée,j’obtempèreengrommelant,detoutefaçonilafichuenl’airmasoirée.Toutesmes
chancesdedécouvertedelasoiréesontenvolées.Ilmereposeausol,maisgardesesmainsà
proximitéaucasoùjedécideraisderejoindrelapistededanse.Contrariée,jemelaissetomber
surlepremierbanc.Jemesenssubitementfatiguée,usée.
-C’estbon,luidis-je,tupeuxyaller,jerentre,t’inquiète.
Maisilnebougepas.
-Vas-yrépété-jeagacéeenhaussantleton,jet’aiditquec’étaitbon,jevaisrentrer,tupeux
retourneràl’intérieur.
-TufaisdesconneriesLizzie.
Toutàcoup,jem’enflamme,jemedresseetluifaisface.
-Quoidesconneries?Jedanseetjem’amuse,Jen’enaipasledroit?C’estça?Toutlemonde
peuts’amusermaispasmoi?Etpourquoihein?Pourquoijen’yauraispasdroit,moiaussi?Je
crieenpleurantauborddelacrisedenerfs.
Davidselèveàsontourposesesdeuxmainssurmesbras.
-Lizzie,tutemetsendangeretjenepeuxpastelaisserfaire.Tuastropbu,c’estindéniableettu
vaschaufferdeuxmecs,tut’attendsàquoi,dis-moi?HeinLizzie?Réponds-moi!Ilmefixeà
présentdesonregardnoir,lessourcilsfroncés.Ilestvraimentencolère,jeconstateetje
comprendssubitementl’idiotiedemoncomportementetlesconséquencesquiauraientpuen
découler.Mesnerfsmelâchentetjememetsàpleurerd’unseulcoup.Davidmeprenddansses
brasetappuiematêtecontresonépauleenmecaressantlescheveux.Jemesensstupideunefois
deplus.
-NepleurepasLizzie,c’estbon,çavaallermaintenantmemurmureDavidàl’oreille.
J’aiconscienced’êtredanssesbrasetmerecule.
-PardonDavid,excuse-moi,c’estbonmaintenant,jevaisyaller.Sonregardbrunmefixeet
nousrestonsquelquessecondescommeçalesyeuxdanslesyeux.
-Tudoisvraimentmeprendrepouruneidioteluidis-jeenreniflant.
-PasdutoutLizzie,çaarriveàtoutlemondedefairedesconneriesetc’estbienquandtesamis
prennentsoindetoi.C’estàçaqueserventlesamismerassure-t-il.
-Jenet’aipasfaitmalaumoins?Luidemandé-jed’unepetitevoixenrepensantàmescoupsde
poingsetdepieds.
-Non,merépond-ilenaffichantsonmagnifiquesourire,net’inquiètepaspourça.
Jemerapprocheetluifaisunebisesurjoueenleremerciant.
-MerciDavid,t’esunchictype.Jevaispourmereculer,maisilmerattrapeparlesbrasetme
serrecontrelui.Ilsoulèvemonmentondedeuxdoigtsetposeseslèvressurmoi.Surprise,jene
répondspasàsonbaiser.Jelèvemesyeuxcherchantdanssesprunellesuneexplicationàson
geste,maisjen’yvoisquedel’admirationetdebonté.Jenesaisispasvraimentcequ’ilpeut
admirerenmoiàcemoment.
-Laisse-moiréessayermedemande-t-ilmoqueur.
Jenefaisrienpourreculeretriennonpluspourl’encourager,jemelaissejustefaire.Seslèvres
sontcharnuesetdouces,trèsagréables.Ilretentel’expérience,salanguecherchantcettefoisun
passagepourvenirmegoûter.Jemereculeaussisec.
-David,grondé-je,toiaussitufaisdesconneries,tuasPam.Jeluiparledoucementsurunton
moralisateur.
Ilplacesesmainsdepartetd’autredemonvisage,souritetmefixantdesonsibeauregardqui
sembleattendrietilmerépond.
-NonLizzie,jenefaispasdeconneries,iln’yaplusdePam.
-Oh?Jeleregardeahurieneréalisantpasvraimentcequecelapeutinduire.
Ilsepencheversmoietm’embrasseànouveauavecbeaucoupdetendresse,sonbaiserestdoux
etdélicat.Salanguerejointlamienneettoutesdeuxentamentunedansesensuelle.
Jemedétachedelui,leregardinquiet,nequittantpaslesien.Ildoitcomprendremacraintecaril
ajouteaussitôt:
-N’aiecrainteLizzie,suistesenvies,laissetoialler.
Jeleregardeperplexe,complètementperdue;carc’estexactementça:jesuisentièrement
paumée.
-TusaisDavid,jel’avertis,avoirunerelationavecquelqu’unçanemeréussitpastrop,ence
moment.
Maisilignoremonavertissementetmedemande:
-Tuviensfaireunepromenadeavecmoi?
-Maintenant?Ildoitêtreuneheuredumatinetjenevoisoùl’onpeutallersepromeneràcette
heure-ci.Bizarrement,cen’estpassademandequim’étonneleplusmaisplutôtlelieuoùnous
pourrionsaller.
-Ouimaintenantmerépond-ilcharmeur.Sonregardnequittepaslemienetj’ylisdel’envie.
-Okdis-jesimplement.
Souriant,ilm’attrapelamainetmeguideversl’emplacementoùsetrouvesamoto.
-Enmoto?Euh,nonDavid,jenecroispasque…
-Chutdit-ilposantsurmeslèvressonindex.Fais-moiconfiance.Ilposeunbaisersurmeslèvres
puisouvresontopcaseetsortsoncasqueainsiqu’unautreàmonattention.Ilmelemetenplace
etl’attache.
-David,jenesaispassi…
-Tumetienstrèsfortc’esttout,net’inquiètepasLizzie,c’estunebalade,jevaisallertrès
lentement.Ils’installeetmefaissignedemonterderrièrelui.Aussitôtjepassemesbrasautour
desataille.Jesuiscomplètementapeuréecarjenesuisjamaismontéesurunemotoauparavant,
maisainsiinstallée,caléecontreluijemesensbien.Ildémarretrèslentementetjeposematête
contresondos.L’airquinousfouettelevisageestgrisantetjeressensunsentimentdelibertésur
cettemoto.Jemedétendsetprofitedecettesensation.Davidtientsapromessecarilroule
lentement.Jeretrouvepeuàpeumonespritetmedemandesijefaisuneerreurencemoment.
Maisjepensequ’aucontraire,Davidestunmustang,racé,libresauvage,jepeuxprofiterdu
moment,sansm’impliquerémotionnellement,justeprofiter.Celacorrespondexactementàson
styledeconduiteetc’estégalementcequejesouhaitevivredésormais.
Quandiléteintlemoteur,unpeuplustard,jeremarquelabeautédeslieuxoùils’estarrêté.
NoussommessurunedesplushautescollinesdeSanFranciscoetlavueestmagnifique:toutela
villeestéclairée,onaperçoitlamertrèssombreauloinetleclairdelunedonneàcemomentun
éclairagediffusetromantique.C’estvraimenttrèsbeau,magique.Onentendjusteparmoment
lessirènesdesvéhiculesdesecoursmaishormiscelles-ci,lavilleestcalme,plongéedanslanuit.
Ondiraitquelacitésereposeunmomentavantderetrouversoneffervescencedulendemain.
C’estdanscepaysagemerveilleuxqueDavidmeprenddanssesbrasetplongesonregarddansle
mienunlongmoment.
-TuesbelleLizzie,tuesvraimenttrèsbelle.
Jesourisenbougeantlatêtepournier.
-Tunemecroispas?medemandeDavidétonné.
-Nonjerépondssimplement.
-Alorstuastort.Laisse-moitemontreràquelpointtuesbelle.
Ilmedonneunbaisersidouxettendrequej’enailatêtequitourne.Sesmainscaressentmes
cheveuxetmondos,tandisquejepassemesdeuxmainsdanssachevelurebrune.Sescheveux
sontépaisetsoyeuxetj’adorecettesensation.Demême,j’adorelecontactdeseslèvressi
replètessurmabouche,ellessontréconfortantes.
Aprèsplusieursminutessansaucunbruitsicen’estlebruitdenossouffles,Davids’adresseà
moi,l’airsérieuxetmalàl’aisecequimesurprendcarcen’estpashabituelchezlui.Ildonne
toujoursuneimpressiondeconfianceenluietlà,jeletrouveattendrissant.
-EcouteLizzie,commence-t-ilmaladroitement,jenet’obligeàrien,jepeuxteramenercheztoi
sic’estquetudésires,maismoijesouhaiteraisqueturestesavecmoicesoir.C’esttoiqui
décide.
Ilmefixeetjelisl’anxiétédanssonregard.Jen’aipasenviedelequittercesoir,jesuistrop
biendanssesbras,jemesenssereine.Néanmoins,jenepeuxoublierlecasdePam,jelui
redemandealorspourmerassurer.
-Pam?
-Jetel’aidit,c’estterminé.
-Tuenessûr?Jeredemandepourenêtrecertaine.
-Oui,c’estsûr,crois-moimesupplie-t-ilencaressantmajouedesesdoigts.
-Jeviensavectoialors.
Sesyeuxs’illuminentd’uncoup,ilal’airheureuxetrassuréetcelametouche.
Nousrepartonsverssonappartement,jemecolleàlui,griséedebien-être.
L’appartementdeDavidn’estpasàproprementparlerunappartementmaisunemaisontypique
deSanFrancisco,leperronestenhauteuretlamaisonàcolombageestblancheetbleue.Elleest
trèsjolie.Davidm’expliquequ’illalouedepuisqu’ilacommencéàtravaillerdansl’entreprise
desonpère.Ilyadeuxétages.Nousmontonslesmarchesquimènentàl’entrée,Davidouvrela
portepuispassesonbrassousmesjambespourmesoulever.
Surprisejelaisseéchapperunpetitgémissementsuivid’unrirefranc.
-Jepeuxmarcher,tusais?
-Oui,jesaismerépond-ilmaisjeneveuxpasquetumarches.Ilmontedirectementaupremier
étage,danssachambre.Là,ilmedéposedélicatementsurlelitaprèsavoirdégagéledrap.Puisil
sedéshabillerapidementpourresterencaleçon.Jevaispourl’imitermaisilmerepoussesurle
matelas.
-Non,c’estmoiquim’enoccupemeprévient-il.
Jesourisetdécidedemelaisserfaire:profiter,voicimonnouveaumaîtremot.
Davids’allongeau-dessusdemoi,etcommenceàm’embrasseravecdouceur.Ilcaressemon
corpsàtraversmesvêtements.Sesbaiserss’approfondissentetmoncorpsémetdespicotements
làoùpassentsesmains.Ilseredressemedéchausseetcommenceàm’embrasserlesorteilstout
enmassantmavouteplantaire,puisrevenantversmoi,ildéposesurmonvisageunebrumede
baiserslégersetsensuelsquicontinuentd’éveillermessens.Sesmainseffleurenthabilement
mesjambes,glissantsurmapeaucommeautantdecaresses.Lorsqu’ellesremontentverslehaut
demescuissesjesensledésirmonterenmoi.Ilcontinueàm’embrassermaiscettefoisbeaucoup
plusfougueusementetdéboutonneaveclenteurmonpetitchemisierdecrêpe.Sesdoigtssuivent
mescourbes,sonregardfaisantunepausesurmapoitrine.Jepeuxlireledésirdanssesyeux.Il
retireentièrementmonchemisierpuisdétachemajupequ’ilfaitglisserverslesol.Exposéeen
sous-vêtements,jemesensmalàl’aise.Sansdoutes’enrend-ilcomptecarilplacesonvisage
faceaumienetmedit:
-Laisse-moitemontreràquelpointtuesbelle.Regardedansmesyeuxcommetuessublime.
Sontimbredevoixestsiconvaincantquej’ensuisémue
Sesdoigtsexpertsextraientmesseinsdelacorbeilledusoutien-gorgeetadmiratif,ildirigesa
boucheversmonseindroit,léchantpuismordillantmontéton.Lasensationestinouïe.Il
s’appliqueàrendrehommageàmonsecondseindemanièreidentiquetandisquemoncorps
commenceàondulersurlematelas.Mesmainscaressentsondos,seperdentdanssachevelure.
Ildégrafemonsoutien-gorgepuissedirigeversmonmontdevénusqu’ilprendplaisiràcaresser.
Appréciantmonépilationtotale,ilremontememurmureràl’oreille:
-J’aimetadouceur.
Ilm’embrassealorsintensément,profondémentavantderetournerverslecentredemonintimité.
Sesdoigtsécartentendouceurmesreplisdégageantmonboutondeplaisir.Etquandilsouffle
subtilementdessuscedernierfrémitm’infligeantunimmensefrissonnement.
Maisquandsalanguedélicatesemetàjoueravecmonbourgeonc’estalorsunressacde
sensationsquienvahitsubitementmonbasventrem’arrachantdepetitscrisdeplaisir.J’ai
soudainementtrèschaudetjeveuxmoiaussiletoucherlegoûter,j’enaibesoin.Maisquandje
vaispourmedéplacerafind’assouvirmonenvie,Davidm’enempêcheenmesusurrant:
-Pasmaintenantmonange,pourl’instantlaissetoifaire,c’estmoiquitedonneduplaisir.
Jesoupired’aisefaceàdetellesparolesetmondésirmontedeplusenplus.Sonpouceagace
monclitoristandisquedeuxdoigtsmepénètrentavecdouceur.Jelaisseéchapperuncrideplaisir
maisdéjàsesdoigtsengagentunmouvementdevaetvientquim’embraseentièrement.Ilmele
fautmaintenantetjesupplieDavidquifinitparcéderàmarequête.Ilsereplacesurmoi
m’embrasseetm’embrasseencore,sesmainscaressentmoncorpsquiauborddel’extasene
demandequ’àêtreassouvi.Aussiquandilmepénètredesonsexe,moncorpshurlesonbien-être.
Savergemeremplitetmesemblepuissante.Ilresteunmomentsansbouger,letempsquemon
intimités’habitueàsonsexegonflé.
Doucementd’abordpuisadoptantunrythmeplussoutenu,ilmepercutefortement.Jesenssa
vigueuretillaisseluiaussiéchapperdesrâlesdeplaisir.Trèsvite,jesuissurlepointd’atteindre
l’extaseetj’enavertisDavid.
-Laisse-toiallermonange,laissetoiallerm’encourage-t-il.
Sesmotsaccompagnésdequelquescoupsdereinspluspuissantsm’emmènentdirectementau
septièmecielquej’atteinsdansunhurlementdejouissance.Davidmerejointdeuxoutrois
estocsplustardémettantluiaussiuncridebonheur.Nossoufflessaccadéspeinentàretrouver
leursrythmesetjesenssoncœurbattredansmapoitrine.NoussommesensueuretDavidquime
souritestd’unebeautéépoustouflante.Nosdeuxcorpsimbriquésl’undansl’autre,nous
continuonsdenouscaressermutuellementravisdetantdeplaisir,jusqu’às’endormir.Unpeu
plustarddanslanuit,Davidmemanifesteànouveausondésirardantetc’esttoutnaturellement
quemoncorpsaccèdeànouveauaubonheursouslesdélicieusescaressesdemonjeuneamant.
Chapitre17
«Unejeunepersonneàquil'onplaîtesttoujoursunecompagniecharmante.»
Henri-FrédéricAmiel
Lizzie.
Lelendemainmatin,tendantlamainpourcâlinerDavid,jem’aperçois,déçue,quejesuisseule
danslelit.Jelechercheduregarddanslachambre,maisiln’yestpas.Désappointée,jedécide
alorsdepartiràsarecherchedansl’appartement.Jem’enrouledansledrapetentreprendsde
descendrel’escalierquandj’aperçoisunefeuillesurlacommode.Jem’approcheetdécouvre
avecbonheurunmessagequim’estadressé:
«Nebougesurtoutpas!Neparspas!J'arrive!»
Jeretournevitemecoucherdanslelitdouilletencorechaudetmeprélasseenattendantson
retour.Monespritàprésentréveillésemetenmarcheetenchainemillepenséesquiàleurtour
m’inondentdequestions.Jemedemandefinalementquelleaétélavraienaturedemarelation
avecSamuel?Commentai-jepum'égarerainsi?J'imaginequecefameuxrapport"patron-
employée»,rapportdeforceetd’autoritéadûguidermesagissements.Ilestvraiquelecharme
decethomme,sûrdelui,arrogantetsiautoritaireapucréeruneconfusiondansmessentiments.
Cetteattractionphysiquequenousressentionsn’étaitprobablementmuequeparledésirsexuel
decethomme.Maisqu'attendred'unetelleliaison?
MespenséesfusentetmonespritbifurqueradicalementversDavidcommes'illemettaiten
comparaison,cequin'estabsolumentpaspossiblevuleursdifférences.Davidestsensuel,
fougueuxetmystérieux!Cebeaubrunausourireravageurmefaitcraquer,jel'avoue.Sonmot
laissécematin,m'aembaumélecœuretj'aihâtequ'ilrevienne.Maréflexionestsoudain
interrompueparlecliquetisdelaported'entrée.J'entendsdubruitàl'étaged'endessouset
suppose,aubruitdevaisselleentrechoquée,queDavidpréparelecafé.Quelquesminutesplus
tard,ilmontel’escalieretapparaitdansl'encadrementdelaportesourireauxlèvres.Mondieu,
qu'ilestcraquant!Ildéposeunplateausurlechevetetsepenchepourm'embrassertendrement.
-Biendormimonange?Sesparolessontcommedumieldansmagorge,ellesglissentavec
saveuretdouceur.
J'acquiesceenluisouriant,etjepenseàcemoment:commentluirésister?Ilestsicraquant!
-Tiens,lepetitdéjeuner!dit-iltoutfièrement.Jet'aipréparéuncaféetunthé,carjenesavais
pascequetuprenais,jesuisalléchercherdesviennoiseriesàlaboulangeriefrançaiseauportet
j’aipriségalementdeuxbonsjusd'orangespressées.Ilinstalleleplateausurlelitetensilence
nouscommençonsàdéjeuner,nosregardssecherchant,échangeantdessourires.Unefoisrepus,
Daviddégageleplateauetsepencheversmoipourm'embrasser.Sonbaiseresttendreet
voluptueux,maisbienviteilseveutplusfermeetplusgourmand.Moncorpsreçoitcette
invitationauplaisirpardepetitesdéchargesélectriquesquim'incitentàlâcherprise.Ressentant
monabandon,Davids'allongesurmoietjesenssonpantalongonflédedésir.
-Oui?m'interroge-t-illesourireauxlèvres.
-Oui,jerépondstoutencontinuantdel'embrasseretensouriantcontreseslèvres.
Enchantéparmaréponse,ilseredressealors,sedévêtrapidementetseglissedanslelitàmes
côtés.Sesmainssontdesplumesquicaressentmoncorpsetsesbaisersmedévorent.Moncorps
s'embrase,désireuxqu'ilmepossèdeànouveau.Jemetrémoussededésirtandisquesesmains
s'attardentdansmonentre-jambesquis'enflamme.
-J'aienviedetoiLizzie,murmure-t-il,mondieu,cequejetedésire.
Sesmotsexacerbentmondésir.Ettandisqu'ilmeretourne,àplatventre,salanguevientsuçoter
unepartiedemonanatomiepourtantinterdite.Jefrétillesoussescaressesinterditesmaislui
signifiequejenesouhaitepasqu’ils’égareverscescontrées.
-Net’inquiètepasmonange,merassure-t-il,jeneferairienquetunedésires,c’estjusteune
caresse.
Ilm'écartedoucementlesgenouxafindeseglisserdernièremoietsoulèvemonbassindefaçon
àfacilitersapénétration.Ilseprésentedevantmonintimitéavecdouceuretcommelaveille,
laisseletempsàmoncorpsletempsdel'accepter.J'aimesafaçondefaireetlerespectqu'il
m'accordelorsdelapénétration.Jelâcheunpetitcri,carainsipositionnéeleressentiestdécuplé
etjelesensprofondémentancréenmoi.J'aimelamanièrequ'ilademeposséderendouceur.Je
sensqu'ilveutdirigerladansemaisils'imposeavecuneélégantefinesse.Ilmesaisitparles
hanchesetjem'abandonneàsescoupsdebutoirdeplusenpluspuissantsquim'arrachentdes
crisdejouissance.
-Tumerendsfou,Lizziemedit-t-ild'unevoixerratique.
Encoreunefoissavoixrauqueetsesparoleslibèrentenmoiunepuissantemontéedudésiret
alorsquesonvitmepénètreprofondémentmetouchantauplusprofond,jecèdesouslebien-
êtrequ'ilmeprocurehurlantmajouissance.Davidcèdeàsontourseraidissantetjesenslefruit
desondésirs'épandreenmoi.
-Putain,Lizzie,crie-t-ilcommeuneplaintederemerciement.
Nousnousaffaissonssurlematelas,luitoujoursenmoi,essoufflésetheureux.Auboutd'un
moment,ilsedégagesurlecôtéetm'attrapeaussitôtdanssesbras.Mondieuqu'ilest
romantique,jemefaislaréflexion,medemandantbrusquements'ilapourhabituded’agirainsi
avectoutessesconquêtesousij’aidroitàuntraitementdefaveur.Maisjechasse
immédiatementcettemauvaisepenséeetmelovedanssesbrasfermes.Nousrestonslà,un
moment,ilcaressemescheveuxtandisquejepassemesdoigtssursonbras.
-Queveux-tufaireLizzieaujourd'hui?Turesteshein?medemande-t-iltoutàcoupinquiet.
-Etbien,ilvafalloirquejerentreàl'appartementmechangerjeluirépondsetj'aideux-trois
chosesàrégler.Tuveuxqu'onseretrouvecetaprès-midi?
Jesensbienqu'ilnesouhaitepasvraimentquejeparteetbienqu'ilmeproposesasalledebainet
sesvêtementspourmechanger,ilfautabsolumentquejerèglequelquesquestions.Ilaccepte
déçu:
-Tupromets,jetevoiscetaprès-midi?QuiauraitcruqueleBadboydenotretroupeaitlecœur
aussitendre?Jelerassure,l'embrasseetrejoinsmonappartement.Candyestdéjàpartie
travailleretjedécidedeprendreunbonbainaccompagnéd'unthé,letempsderéfléchiràlasuite
desévénements.
Alanguiedansl'eauchaude,couvertedemousse,jesavourelemomentmeremémorantlasoirée
d'hieretmamatinée.NuldoutequejeneseraispastombéedanslesbrasdeDavidsiSamuelne
m’avaitpaschasséedelasorte.Maisselonl'expression,jemedisquec'estpeut-êtreunmalpour
unbien,carDavidserévèledoux,sensueletgénéreux,toutlecontrairedecequejepensaisde
lui!Etmême,sij'avaisappréciésaferveurdanslacaged'escaliers,j'étaispersuadéequ'il
s'agissaitd'uncoupcommeça,unique,àl'imagedesaréputation.
Tandisquehieretcematin,c'estuneautrepersonnequejedécouvre,touteensensualité.
Doucementmabelle!M’avertitmaconscience.Tun'enaspasmarredetefaireavoir?Tuen
redemandes?Alors,metsdecôtétoutsentimentsituveuxcontinueràlerevoir!
Ouimedis-jeàmoi-même,vas-ymollo!D'ailleurs,jemerendscomptequejen'airéponduà
aucunedesesdoucesparolesqu'ilm'aadressées.S'enest-ilaperçu?Monbain,serefroiditdéjà
etjedoisàprésentréglercequimecontrarieavantderetrouverDavid.Jepassemonpeignoir,
enturbannemescheveuxetsaisismonportable.
-Allômaman?
-Lizzie!Attends,jemetslehaut-parleur,toutlemondeestlà!
Jeressensunepetitepointeaucœurimaginantmesparents,monfrèreetmasœurprésentsdans
lesalon.Ilest22heuresenFranceetilsontdûsefaireunesoiréefilmcommec'étaitcourantle
samedisoir.Pizzas-filmspourêtreprécise.
-Lizzie,toutvabien?J'entendsderrièredesvoixquejereconnaiscrier«CoucouLizzie»(c'est
Megan),«Salutfrangine»(Martin),»oh!Magrande»(papa!).
Jeréaliseunefoisdeplusàquelpoint,ilsmemanquenttous.Jenesaispassic'étaitunesibonne
idéedepartirsitôtdelamaison?J'ai23ans,bientôt24c'estvrai,jen'avaispenséqu'àmes
étudesetauxopportunitésquejepouvaisentirerenvenantici,maismonfoyeretsaperpétuelle
agitationmemanque.Ilsmemanquenttous.
J'expliqueàmafamillecomments'estdérouléemasemainetoutenomettantvolontairementde
parlerdemeshistoiresdecœurquisontlamentablesd’ailleurs,maisMegan,forcémentelle,me
demande:
-T'asuncopain?
-Non,jeluirépondsunpeuagacéeparsaquestion,d’unautrecôté,c’esttellementelle.
-AllezLizzie,insiste-t-elle,raconte!
-Bon,peut-êtrelâché-je,maisc'esttroptôtalors,nocomments!Conclus-je.
Chacunsesaisitalorsdel'appareiletm'adresseunpetitmotpersonnelderéconfortoumeraconte
cequisepassedenouveaucheznous.Quand,jeraccroche,jeréalisequecetappelm'afaitun
bienfou.Entendretoutlemondem’afaiténormémentplaisir,c’estrarequetoussoientprésents
ensemble,parcequec’estleweek-endettoutlemondeal’habitudedevaquerplusoumoinsà
sesactivités.
Maisj’auraistortdenierquejeressensmalgrétoutunepetitepointedenostalgieégalement.
Jepiquedanslefrigodequoimefaireunpetitsandwichetjemereprends.Jemeconcentresurla
suite.Jecomposeunsecondnuméro.
-MonsieurCarson?C’estElisabethKlein.
-Ah,bonjourElisabeth.
-Jenevousdérangepas?
-Biensûrquenon,jesuisencoresurlecampusd'ailleurs,avectouscesstagesàorganiser,
certainsontbienplusdedifficultésquevousàtrouverunmaîtred'œuvre.
-Justement,j'embrayedirectement,jevoulaisvousdemanderMonsieurCarson.Voussavezque
jetravailledepuis5semainesavecMonsieurSharpetdansunesemaine,c'estlarentrée.Compte
tenudemasituationunpeuparticulière,d'avoircommencébeaucoupplustôt,pensez-vousqueje
pourraismedégagerlasemainequivientpourpréparermarentréecommeilsedoit?
-Euh,hésiteMonsieurCarson,enavez-vousparléàMonsieurSharp?Pourmapart,je
comprendsvotrerequête,maisparconvenancedemandez-lui.Ilpeutmejoindresinécessaire.
Jeremerciemontuteuretl’informequejepasserailuifaireunpetitcoucoulejourderentrée.
Satisfaite,j'adresseensuiteuntextoàSamuel:
«Bonjour,j'espèrequevosproblèmespersonnelssesontarrangés.J'aivuavecM.Carsonetje
peuxdisposerd'unesemaineafindepréparermarentrée.Sachantquejedoisensuite
enchainerlesdeuxsemainesdecours.Jeseraidoncderetouraubureaule17septembre.Bon
week-end-Elisabeth»
Bon,jereconnaisnepasavoirtoutàfaitrespectélesconsignesdeM.Carsonmaisjesuis
satisfaitedemamaniganceetmesenstoutdesuitebeaucouppluslégère.Jesourisbéatement.
Hélas,laréponsenesefaitguèreattendreetj'avouelaredouter.
Jedécidedemerefaireunpetitsandwich,histoiredegagnerunpeudetemps,puism'astreinsà
ouvrirletexto.D'emblée,jevoisqu'ilyenaunetartineetcomprendsqu'ilnevapasaccepter
l'affairecommeça.D'unautrecôté,ilasa"Linda",alorsqu'ilnemefassepassuerpensé-je.
D'ailleurspourquoisuis-jesiamèreenpensant"saLinda",jenedevraispasaveclanuitetla
matinéepasséeavecDavid,jen'aipasétéenrestenonplus!
Maisc'estsansdoutel'idéed'avoirservilesintérêtsdeSamuelpourrendrejalouselabelle
assistanteetlaremettredanssonlitquimerendsiaigre.
«Lizzie,nonmesproblèmesnesontpasrésolus(ah!Medis-jeellearésistélabougresse!).
Maisjen'approuvepascettedécisionalorsmêmequenousn'enavonspasdiscuté.Ilyadu
travailaubureauetvotreabsencecettesemainen'estpaslabienvenue.(Etbien,donneleà
Linda,tupourraslafairevenirdanstonbureaumeditmapetitevoix).J'imaginequ'ayantpris
lesdevants,jenepeuxtefairechangerd'avisetquejesuisbienobligédem'yplier.Maisbon,
le17septembre,c'estloin!Aussi,situenaslapossibilité,essaiedepasser,jesouhaiterais
quenousayonsunediscussion(benvoyons!)Enattendant,reposetoibiencarilyauradu
boulotàtonretour,ilfautrevoirtouteslesouverturesdonnantsurlarueJohnson.Bonne
rentréeenespéranttevoirbientôt-Samuel»
Jerecomposeunderniermessagequejesignedemonprénomenmajusculesafinqu'ilsaisisse
bienqueLizzie,c'estfini,alorsautantreprendredeshabitudesdetravail.
«Merci;boncourage–ELISABETH».
Ceciétantfait,jeprendsletempsdememaquilleretdem'habilleràl'aisemaissexy(j’aiun
beaubrunténébreuxàséduire,sicen'estdéjàfait,jepense).J'optepourmonjeansbootcutetun
petithautàfroufrouquidégagemesépaulesetmagorge.
Chapitre18
«Unpeud'amouretdedouceurfontnaîtreamoureuselangueur.»
Ovide
Lizzie.
Lasemaineainsilibéréeavantmarentréemeprocurebeaucoupdebien-être.D’unepart,celame
permetdesoufflerunpeuaumilieudecettebourrasquesentimentaleetd’autrepart,jepeuxenfin
récupérerdemafatigue,lesrécentsévénementsm’ayantbouleversée.
C’estl’espritlibrequej’apprendspeuàpeuàdécouvrirunDavidquejeneconnaissaispas.
Alorsquejenel’avais,jusqu’ici,peuvusourire,jedécouvreunjeunehommenonseulement
beauàcouperlesouffle–maisça,jelesavais–maisaussisouriantetattentionné.Ilaquittésa
carapacedebeaubrunténébreuxetnouspassonscettesemaineànousdécouvrirunpeuplus,
chacunriantdesanecdotesdel’autre.J’ail’impressiondemeretrouveradolorsd’unpremier
flirt.Etcettesensationestdivine.Davidaréussiàselibérerlesdeuxderniersjoursdelasemaine
etnousenprofitonspourtraineraulitetnouspromener.Ilmefaitdécouvrirtouteunepartiede
lavillequejeneconnaissaispasetnousdéjeunonsdansdepetitsrestaurantstrèssympathiques
qu’ilaffectionne.Jemesensbienaveclui,jeveuxdirevraimentbien.Lavieestdouceetsimple
etjeprofitedecesmomentsdesérénité.
Levendredi,nousfaisonsunebrèveapparitionaupubpourvoirnosamis.Etlàencorenous
passonsunmomentagréableaveccettetroupejoyeuse.Jepensequec’estlapremièrefoisqueje
suisaussisereinedansunerelation.Quandnoussommesauwitches,jenepeuxmanquerles
regardsetmanigancesdejoliesfillespourattirerl’attentiondemon«petitami»-letermeme
plaitetjemelerépète:«petitami»–maisDavidneréagitmêmepas,commesiellesétaient
invisibles.Etbienplus,jesuisfièrequandilrestetoutelasoiréelebrassurmesépaules,signe
quej’interprètecomme«chassegardée»desdeuxcôtés.J’aimecepetitcôtéqu’ilad’être
possessifetdel’afficher.
Jesuisunpeuanxieusecardemain,j’effectuemarentréeetcommejeneconnaispersonne,ça
m’angoisseunpeu.Maisc’estlepropredechaquerentrée,jesuppose,cen’estqu’unequestion
quedequelquesjours.
-Jepassetechercherdemainsoir?m’interrogeDavid.
-Où?Àlafacouàl’appart?
-Jepensefinirvers17heures.
-J’aicoursjusqu’à17heures30.Tuviensaucampus?Jeluidemandeavecdesyeuxdebiche.
-Çamarche!Commeça,tumeraconterastapremièrejournée.Maisnestressepasmonange,ça
vaforcémentbiensepasser.
-Oui,jesais,iln’yapasderaison,maistusais,jen’aimepasmeretrouverdansdessituations
quejenecontrôlepas.Etlà,d’unepart,jeneconnaispersonneetd’autrepart,jeneconnais
mêmepasleslieux.Alors,tuvoispourmoi,çafaitbeaucoupd’inconnues.
-Viensmonange,viensdansmesbras,mepropose-t-ilrassurant.
Etilm‘enlacemeserrantcontresoncorps.Jem’ysensbien,jemedétendsunpeu.
-TurestesavecmoicesoirLizzie?
-Non,jevaisrentrer.Jesuistropinquiète.Jevaispréparermesaffairesetmecoucherdebonne
heurepourêtreautopdemain,jeluiréponds.
-Tusaisquejeconnaisunemanièretrèsefficacedetedéstressermeglisse-t-ilàl’oreillepleinde
sous-entendus.Etaumoins,jesuissûrquetut’endormiraisplusfacilement.Parcequelà,je
devine,vutonétatdestressquetuvastournerunmomentavantdet’endormir.
Sesargumentssontjustesetjesaisqu’ilaraison,maisjeveuxabsolumentmeretrouverseuleet
meprépareràmajournéedulendemain,aussijedéclinesaproposition.Ilestdéçu,çasevoit,
maisiln’insistepas.
-Bon,ok.Jesaisquejen’arriveraipasàteconvaincre:lesangessonttêtus,ajoute-t-ilmoqueur.
Jeluisouris,reconnaissante.J’aimecettefaçonqu’iladem’appelersonange.Çapeutparaitre
abêtissantpourcertains,maisiltouchemoncœuràchaquefoisqu’ilprononcecesmots.Sortisde
sabouche,sesdoucesparolessonnentdifféremment.MonBadboyestattendri,etcequimeravit
leplus,c’estquej’ensuisàl’origine.
Nousnousséparonsaprèsunlongettendrebaiserennoussouhaitantbonnenuit.Enfinpourêtre
exact,nousavonsdumalànousséparer,maisauboutdeplusieurstentatives,jesonneledépart.
Lelendemain,commel’aprévuDavid,lajournéesedéroulemagnifiquementbienetàlademi-
journéelestressmequitte.Pourcommencer,jerencontreunefilleprénomméeClarissequime
prendenchargeetm’indiqueainsitouteslessallesoùnousdevonsnousrendre.Celamerassure
déjàénormément.Ensuite,ellem’intègreégalementdanssonpetitgrouped’amis,cequiapour
effetimmédiatdemesentirmoinsseule.J’admirelesfillescommeCandyouClarissequisont
ouvertesauxautres,touteninstaurantautourd’ellesunclimatdeconfiance.J’auraiségalement
êtreunedecesfilles.
Lasemaines’écouleainsitrèstranquillementetchaquesoir,j’aiunmillierdechosesàraconterà
Davidquim’écoutepatiemment.Nouspartageonsensembledesmomentsmagiquesqui
pourraientêtreperçuspard’autrescommeordinaires.Nousnousentendonsvraimentbienetnous
rionsbeaucoup.Davidesttoutsimplementextraordinaire,etjel’appréciechaquejourunpeu
plus.J’essaiederentrerchaquesoiràl’appartementavecCandy,maiscen’estpassisimplecaril
déploiequantitédemoyenspourmegarderauprèsdelui.J’apprécielesattentionsqu’ilmeporte
etjedoisavouerapprécierégalementl’importancequ’ilm’attribue.
Lasecondesemainedecoursestégalementsupersympa,puisqu’àprésent,j’évolueauseind’un
grouped’amis–laplupartaméricains-quim’accueilletrèssympathiquement.
LeseulincidentdecettesemaineseprésenteunsoiroùDavidvientmechercheraucampus.
Jedoisavouerqu’auseindugroupedeuxgarçonscommencentàmetournerautourcommedes
abeillesautourdelalavande.Celameflatteévidemment,jenepourraislenier,maisjeleurfais
comprendrequejenesuispasdisponible.
Ben,luitentetoujourssachanceetbienquesesgestesamicaux–stylemainsurl’épaule,bras
dansledosetfranchissementdelalimitedecourtoisiepourparler–serépètent,jenele
réprimandeplussachantqu’ilestcommeça,tactileetobstiné.
C’estpeut-êtrelàmapremièreerreur,carunsoiroùDavidvientmechercher,jelevoisavancer
versnotregrouped’amisetjeluisourisheureusedeleretrouver.
Lui,enrevancheaffichesonairténébreuxtandisqu’ilserapprocheàgrandspasdécidés.Jene
saisispasdesuitecequipeutletourmenteretmaism’inquiètedessoucisquipeuventle
contrarier.
Maissuivantsonregard,jenetardepasàcomprendre:Benmeparleàl’oreilleetj’éclatederire,
alorsqu’ilsemoquaitsimplementdeClarisse.MaisçabiensûrDavidnelesaitpas.
Etbienévidemment,iln’interprètepascetteproximitédelamêmemanièreetledégagedemoi
brutalementtoutenmetirantparlebras.Sesmâchoiressontserréesetsesyeuxnoirsdecolère.
Necomprenantpasimmédiatementcequim’arrive,j’envoierapidementunpetitsigneàmes
amispourlessalueretsuisDavidquimetrainetoujoursàviveallure.
Unefoisdanslavoiture,enfinj’arriveàluiparler,furieusedesonattitude.
-Maisqu’est-cequit’aprisDavid?Çavapasouquoi?Jedemandeoffusquée.
-Qu’est-cequinevapas?Tuosesmedemander?merépond-ild’untonfroid.Atoidemele
direoutuasvraimentbesoinquejetedisecequinevapas?Sontonsehausse,glacial.
-Oui!Jeluirépondsenlevantlementonensignededéfi.J’aivraimentbesoinquetumele
dises,carjenecomprendspastaréaction.
-Jevienstechercher.Toutelajournée,jen’aipenséqu’aumomentoùjetereverrai.Tuhantes
toutesmespensées,bienmalgrémoietquandlemomentestenfinvenudeteretrouver,jetrouve
quoi?Hein?Jeteledemande?mecrie-t-ilàprésent.
Jesaisisimmédiatementquel’attitudedeBenl’aénervé.Jedoisluiexpliquer:
-TuparlesdeBen?
-Jeparleduconquitetientparlecouetquitemurmureàl’oreille.
-Mais,jesoupireensouriant,iln’yarienDavid!Riendutout!Ilestcommeça,maisjet’assure
qu’ilnesepasseriendutout!Ilsaitquejenesuispasdisponible,jeluiaiclairementdit!
Ilsemblesoulagé,untemps,puisreprend:
-Permets-moid’endouter,ajoute-t-ild’untonfroid.Chezmoi,quandungarçontientunefille
parlecou,luiditdeschosesquilafontrireàl’oreille,celaveutdirebeaucoupdechoses,au
contraire!Es-tunaïveàcepoint?
Jecomprendsquejedoislerassureretquejevaisdevoirmettrequelquespointsauclairavec
Ben.Davidaraison.Jecomprendscequ’ilapuressentirquandilnousavus.Jepenseque
j’auraiseuexactementlamêmepenséesil’inverses’étaitproduit.
-Oui,tuasraisonDavid,dis-jeenbaissantlesyeux.Jecomprendscequetuaspucroire.Mais,
jelerassure,iln’yaabsolumentrienentreluietmoi.Ilauraitbienvoulu,maisilsaitquecen’est
pasenvisageable.Jeteprometsquedèsdemain,jeluidemanderaideseteniràdistance
honorabledefaçonàcequetun’aiesplusàt’inquiéter.Tun’aspasàt’inquiéter,jerépète.Tues
monpetitamietleseulquicomptepourmoi.
Jem’étaisapprochéedeluidansl’habitacledelavoitureetavaispassémesmainsautourdeson
cou,jel’embrasserdetoutesmesforces.
Jenevoulaispasqu’ils’inquiètealorsqu’iln’yavaitpaslieu.Davidm’avaitcru,dieumerciet
m’avaisdemandédeteniràl’écartcemecsansquoi,iln’hésiteraitpasàluicasserlagueule.
Bienquejesoiscomplètementopposéeàtouteviolence,jedoisadmettrequej’aiappréciésa
possessivitéetcevoiledejalousie.
Nousavionsfinilasoiréechezlui,etjeluiavais,jepense,prouvécesoir-lààquelpoint,je
n’étaisqu’àlui.
C’estlà,laseuleanicrochequenousayonsconnue.
David.
JevisdepuisquelquesjoursunetrèsbellehistoireavecLizzie.Jenedoutaispas,nidesabeauté,
nidesonesprit,maisjevaisdedécouvertesendécouvertesavecelle,tellementelleestriche
d’elle-même.Elleaunebeautéintérieurequinedemandequ’àêtreconnue.Sacandeuretson
humilitémefontrésolumentcraquer.Jenesuispashabituéàgarderunefilleau-delàdedeux
semaines,jediraismême,c’estunrecord!Maisjenesaispas,quelquechoseenellem’attire
irrésistiblementetjen’aipasenviequecelas’arrêtepourl’instant.Pasencore.J’aipu
m’apercevoirquemonpetitangedouteénormémentd’elle-mêmeetc’esttristecarc’estune
personnequiméritevraimentàêtreconnue.Elleestsimple,généreuseetpossèdeuncharmequi
merendfou!Ellen’apasconscienced’êtresublimeetc’estd’ailleurspourcetteraisonqu’elle
estaussimerveilleuse.Ellen’estquedouceuretvoluptésaufquandsonpetitêtresedéchaîneet
semetencolère.Maislàencore:j’adorelavoirserévolter,elleestencorepluscraquante.
L’autrejour,elleabondiquandnousétionsauclub.Tandisquenousdansions,ungroupedetrès
jeunesfilless’estinfiltrépourattirermonattention.Evidemment,jenelesaimêmepasvues,tant
Lizziem’éblouit.Maisellenel’apasentendudecetteoreilleetj’aivumonpetitangesemettre
enmodetigressepourlesécarterdemoietafficherpubliquementquej’étaissienne.Jesourisen
yrepensant,carj’aiadorésoninstinctdepréservationetlamanièredontelles’esttransforméeen
louve.Sansuneparole,justeavecsonregardetsesgestes,elleleuramontrésonterritoireetle
dangerqu’ellesauraientàlefranchir.Elleétaitsublimedanscerôle.
J’aiadorécetteLizzie,sûred’elleetsipossessive!Pourtant,onnepeutpasdirequ’elleait
confianceenelle,ceseraitmêmetoutl’inverse.Elleneréalisepasencorecombienelleestbelle
etàquelpointelleestsexy.
Lizzie.
DeuxsemainesàprésentqueDavidetmoinousfréquentons.Jesuisauxanges!Ilest
merveilleux!Jesuisàprésentbienàl’aiseencoursetjemeréjouischaquesoirderetrouvermon
belétalon.
J’aieuletempsderéfléchiràmesrapportsavecSamuel.
LesdernièresparolesdeCandysurcesujet,onfaitéchoenmoi.Sansrienmereprocher,ellea
simplementémisl’idéequecen’étaitpasunefatalitésijetombaistoujourssurdesgoujats,mais
probablementuneconséquencedemeschoix-mesmauvaischoix-pourêtreexacte.
Etaprèsunebrèveintrospection,jecommenceàcomprendrequ’effectivement,jen’aijamaisété
suffisammentexigeanteetquejerécolteprobablementlasommedemeserreurs.J’aitoujourseu
tendanceàmelaisserporteretàsubirlesévénements.Ceciexpliquemeséternellesdéconvenues,
maisjedoisréagiretcommenceràmecomporterenadulte.Jedoisêtreplusvigilanteà
commencerparapprendreàmieuxjugerlesgensquim’entourent.J’espèrejustenepasme
tromperavecDavid.Carsijesuissortieavecluiaudépart,c’estquejelesavaisinstableetpeu
sérieuxdanssesrelations.Etcommejenevoulaisplusm’impliquer,celameparaissaitêtrela
bonnepersonnepourquelquesjoursdeplaisir.Maisforceestdereconnaîtrequ’aujourd’hui,ça
meferaitmals’ildécidaitdepasseràautrechose
QuantàSamuel,jedoisprendreunedécision.Jesaisd’oresetdéjàqu’elleseralourdede
conséquences,maisjesaisaussiqu’elles’imposedésormais.Jen’aipasd’autreissue,sijeveux
m’ensortir;neplusêtresonjouet.
Jesuisdansl’expectativecarjenesuisplussûrederien.Jenesaispassijevaisrestericiou
rentrerdéfinitivement,sijenetrouvepasunautremaîtredestage.Enrevanche,cedontjesuis
sûrec’estquejenepeuxpluscontinuerainsi,jenepeuxpluscroiserSamuel.Sapersonnalité,
beaucouptropcomplexeaeutropd’incidencessurmoietjesaisquesijeveuxpasseràautre
chose,oùquesoitcetautrechose,jedoisfairedisparaîtreSamueldemonenvironnement.
Quinzejoursdéjà,qu’ilm’acongédiédesavie–partexto:cen’estpastrèscourageux-etjedois
vraimenttournercettepage.Jenepeuxabsolumentpasprésumerdel’avenir,maisjesaisque
c’estunimpératif.Candym’enafaitcomprendrelesens.Jenepeuxmelaisserdériverpourune
histoiresicourtemêmesielleaétéd’uneintensitéexceptionnelle.
Jetournelapage.
Jesaiscequimeresteàfaire.
Jesaisismonordietenvoieunmail.
……………………………………………………………………………………………………..
Objet:contratpartenariat.
MonsieurSharp.
Dansnotreintérêtprofessionnelcommun,ilapparaitcommeuneévidence,quenousne
pourronscollaborer.Jevousinformedonc,quejevousprésentemadémissionàcejour.Jene
pensepasavoiràeffectuerdepréavis,maiss’ilenétaitdifféremment,jem’enacquitteraisbien
évidemment.JemechargedeprévenirMonsieurCarson,quijepensevoustrouveraune
nouvellestagiaire.
Mercipourvosconseilsavisés.
Jevoussouhaiteunebonnecontinuation.
ElisabethKlein.
………………………………………………………………………………………………………
Samuel.
Ilest21heureslorsquemontéléphonem’adresseunnouveaumail.J’yjetteunœilfurtifcarje
pensequ’ils’agitd’uncourrierprofessionnel,etlàpourl’heure,jen’aipasl’espritaubureau.
Voilàdixjoursquejen’aipasremislespiedsaucabinettrouvantmilleetunprétextes.
Lindasedoutequejenevaispasbien,maisaprèsplusieurstentatives,elleaccepteenfinma
décisiondegérermacrisetoutseul.
QuandjevoislenomdeLizziecommeexpéditeur,j’imaginequ’ellevamedemanderdes
comptessurmafuite.Maisenfait,cequej’espèreraiauplusprofonddemoi-même,c’estqu’elle
m’imploredeluirevenir.
Tupeuxtoujoursrêvermonvieux!Aprèslecoupdesalaudquetuluiasfait,risquepasqu’elle
veuilletoujoursdetoi!Oualors,c’estqu’elleseraittrèsperturbée.Oualors…ellepourraittenir
àmoiaussi,jemefaislaplaisanteréflexion.Maiseffectivement,jepensequ’ilnefautrêver!
Pourquoiunesijoliejeunefemmepurecommeelleest,auraitbesoind’unvieuxconcommemoi
avectouslesdémonsquejetransporte!
Monattitudeaprobablementétélapluspitoyabledetoutemonexistence.J’aisortiLizziedema
viesansaucuneexplication,jel’aisimplementfuie.Ellem’apourtantdemandésielleavaitdit
oufaitquelquechosequiexpliquemonattitude,maisjesuisrestétrèsvague,enluidisantque
celavenaitdemoi.Sansautrerenseignement.
Al’heureactuelle,elledoitsansdoutes’imaginerquejel’aitrompéetantmaréponseétaitfloue,
maisjen’aipaseulecouragedetoutluiraconter.Aquoibon,detoutefaçon,puisqu’ellene
comprendraitpas.Commentpourrait-elled’ailleurscomprendrequejel’effacedemaviealors
quejecrèved’amourpourelle?Lefaitestquej’aipeur.Peurdemessentimentspourcepetit
êtrequimebouleversetant,commentest-cepossible?
Jesuiscertainàprésentden’avoirjamaisressenticetteforcequimetenaille,etcelam’effraie.
J’aipeurqu’ellemebriselecœurcommeSandyauparavant,peurquenotrerelationéchoueet
quecettefoisjenem’enrelèvepas.Jesaisquecequejeressensestmillefoisdifférentet
supérieuràcequej’aipuconnaîtreavantLizzie.Sabeauté,sadouceuretsavolontéonteuraison
demoncœuretcecimeterrifie.
Jenesuispasnaïf:Lizzieestjeuneetj’aidix-septansdeplusqu’elle!Quepeut-elleattendrede
moietpourcombiendetemps?Jesaisquejel’aidanslapeauetcecidepuislepremierjouroù
elleestarrivée.Cequiexpliquedèsledépartmaconduiteodieuse,surladéfensive.Maisj’aisu
dèssonarrivéequ’elleenvahiraitmoncœuretj’aitoutfaitpourlafairepartir,loindemoi.Mais
c’étaitsanscomptersadéterminationetsaforcedecaractère.Jesaisqu’ellesetrouvefaible,
maisellen’apasidéeàquelpointelleesttenaceetcourageuse.
Cesjourspassésavecelledepuisqu’ellem’aoffertcettesecondechanceontétéunpurbonheur.
L’entendreriredeboncœurcommeellelefait,metenirtêteetmesusurrerdedoucesparolesà
l’oreillem’ontcomplètementchamboulé.Elleabousculémavie.Etj’aibiencru,unmoment,
quej’avaisdroitaubonheurmoiaussi,jemesuislaisséglisserverscettedouceurdevivrequ’elle
m’offrait.Simplementheureuxqu’ellesoitàmescôtésetqu’elleaimeseréfugierdansmesbras.
Maisàprésentqu’ai-jeàluioffrir?Combiendetempsrestera-t-ellesouslecharmeavantque
notrerelationexplose?Jenem’enremettraipascettefois,jelesais.Jesaisquecequejeressens
pourelleestbienpluspuretprofondquecequejen’aijamaisressenti.Etj’aipeurdesouffrir.
Alorsoui,j’aifaitquelquechosedontjenesuispasfier:j’aifui.
Cen’étaitpaslasolutionidéalemaisjen’aitrouvéquecelle-cipourréfléchir.Penseràelle,à
moi,ànous.Etpuis,j’aifiniparluidirequenousavionsfaituneerreur.Cen’étaitpas
courageux,jel’admets,maisjen’aijamaissugérerlessentiments.
EnfindesemainedernièreLindaestvenuemerejoindrepouravoirdesexplicationssurmon
attitude.Jenelesouhaitaispasmaiselleaprétextédesdocumentsàmefairesignerpourjustifier
savenue.Jenesuispasdupe,jelaconnais.Jeluiaitoutraconté:cequejeressentais,mes
sentiments,mesfrayeursvis-à-visdemarelationtouterécenteavecLizzie.
-Cen’estqu’unetocadeSamueltulesais.
-NonLinda,cen’estpasça,c’estbeaucoupplusprofond,pluspur.
-VoyonsSamuel,quecomptes-tuobtenird’unegaminecommeLizzie?Tun’esquedepassage
danssavie,etçaaussitulesais.
Ellem’atouchéquandellem’aditcesdernièresparoles,c’estvraiqu’est-cequejepeux
représenterpourLizzieaufinal:uneaventure?Pasplus,c’estcertain.
Commetoujours,Lindas’estmontréeattentionnéeavecmoi,tendreetcompréhensive,ellem’a
répéténombredefoisqu’elleétaitlàetquejepouvaiscomptersurelle.Jesaiseffectivementque
jepeuxcomptersurelle…depuistoujours.
Aussiquandellem’aprisdanssesbraspourmeréconforter,jemesuislaisséfaire.J’étaisbien.
JefaissansdoutefausserouteavecLizzieetLindaseposeenrempartspourmoi.Quandellem’a
caressélescheveuxetm’aapaisédesadoucevoix,jemesuislaisséfaire,soulagé.
Maisquandelleaposéseslèvressurlesmiennes,jel’aiimmédiatementécartée.
Non,pascettefois!JenepeuxpasjouerànouveauavecLinda.J’aimeLizzieetdecelaj’ensuis
sûr.Jenesaispasoùnotrehistoirepeutnousconduiremaisjedoistenterl’aventure.Mêmesi
c’estcomplètementfouetsijenesuisqu’unpassagedelaviedeLizzie.Etbiensoit,jeserai
heureuxd’enavoirfaitpartie.Jecroisquejem’envoudraistoujourssijefuisparfacilité.Jedois
luidire.Maism’accordera-t-elleunetroisièmechance?Cettefoisj’endoute.
Jesuisatterré,détruit.Jeviensdeliresonmail,mesjambesnemesoutiennentplus,jemelaisse
glisserausol.Monsoufflesebloque,sibienquejecroisquejevaisétouffer.
Alorsvoilà,ellepart.Sansautreexplication,justeellepart.
Commentai-jepuencoretoutgâcher?J’aifuialorsqu’elleétaitheureusedansmesbras.Elle
m’embrassaitetmecaressaitetmoijen’airientrouvédemieuxquededétalercarj’avaispeur!
Quelcon,maisquelcon!Est-cequejepeuxencorerattraperlecoup?Elleveutpartir,loinde
moi.Pourrais-jel’enblâmer?Elledoitmeprendrepourunbeausalaud.Elleadûavoirdela
peinequandjel’ailaisséenplan,peut-êtremêmea-t-ellepleuréd’êtreainsilâchéepartexto.J’ai
lechicpourtoutgâcher.Jedoistrouvercommentlaretenir,jedoisluirépondre…etvite.
……………………………………………………………………………………………………..
Objet:toi
Lizzie,
Jeneveuxpasquetupartes.Restes’ilteplait.Jesaisquejesuisleroidescons,maisvois-tu
quandj’airéalisélessentimentsquej’éprouvaispourtoij’aieupeur,j’aipaniqué.Peurde
souffriretdenepluspouvoirm’enrelevercettefois.Seulementvoilà,jenemesuispasposé
lesbonnesquestions,aulieudepenseràtouteslesraisonsquiferaientquejepourraiste
perdre,j’auraismieuxfaitdepenseràtoutcequejepourraisfairepourtegarderàmescôtés.
Commentai-jepuêtreaussistupideettelaisserainsisansexplication,commentai-jepu
vouloirt’éloignerdemoi.Tuesincontestablementlameilleurechosequimesoitarrivéedans
mavie.Maisjeviensjustedeleréaliser…troptard.
Jet’aimeLizzie,jet’aimeplusquejen’aijamaisaiméetplusquejen’aimeraijamais.
Jelesais,j’ensuiscertain.
Alorss’ilteplaitneparspas.
Redonne-nousunechance,situenescapable.Maisparpitié,reste.
Tuasbesoindeceprojetettuessicréativequetuensortirasgrandie.Situveuxquetoute
relationintimes’arrêteentrenous,jem’yplierai,etjeteprometsdeneplusjamaisévoquer
notreliaisonsic’estcequetusouhaites.Jenesuispasendroitdetedemanderdem’accorder
unenouvellechance,carjesaisquej’aitoutgâché.Maisj’aimeraisquetuyréfléchisses
quandmême.Jet’aimeetjesaisquenoussommesfaitpourêtreensemble,cen’étaitpeut-être
pasjustelebonmoment…
Jet’attendraiLizzie,autantdetempsquenécessaire.Jeconnaislapersonneàquiappartient
moncœurdésormais.Jet’attendraietjeseraitoujourslàpourtoi.Notreavenirestensemble,
jelesais.
Réfléchisànousdeux,s’ilteplait.Etsivraimentcelat’estimpossible,alorsjet’écouterai.
Maisparpitié,neparspas.Laisse-moicettechancedetevoirtouslesjours,detravailleràtes
côtés,detevoirchaquejour.Jeteprometsquejeneferaijamaisaucuneallusionànotre
histoire,sic’estcequetudésires,maisjuste,resteprèsdemoi.
Jet’aime.
Samuel.
………………………………………………………………………………………………………
Lizzie.
Lefaitd’avoirenvoyémadémissionmeprocureimmédiatementunsoulagementénormecomme
sil’onm’avaitretiréunpoidsénormequejeportaispéniblementsurmesépaules.Jenesaissi
MonsieurCarsonmetrouveraunnouveaupartenairedestageetpourêtrefranche,j’endoutefort.
Maisc’estainsi,jedoisarrêtercettemascaradeetmerendreàl’évidence.J’aitoujourssuqu’ilne
fallaitpasmélangertravailethistoiredecœur,j’auraisdûm’appliqueràsuivrecettelignede
conduite.
Jemesensréellementmieux.Etjedécidemêmed’eninformerDavidparmessagetellementmon
humeurestlégère.Jedoisavancer.
Espéronssimplementquejetrouvequelquechosed’autreetquetoutcelan’aboutirapas
directementàmonretourenFrance.JenepeuxmerésoudreàperdreDavidmaintenant.Nous
avonsencoredeschosesàdécouvrirensemble.Notrehistoirenepeuts’arrêterlà.
Chapitre19
«Simoncœursuruncœurdoitsereposer,moncœursurtoncœurveutseposer.»
Maxalexis
Lizzie.
Lorsquejeréintègrelebureau,lelundi17septembre,Samuelagitcommesiriennes'étaitpassé,
conformémentàcequ’ils’étaitengagé.JevoisbienqueLindam'observedifféremment,maiselle
neditrien,cequim'arrangebien.Jerevoislesouverturesextérieuresàmodifiersurlesplansetje
travaillesansménagermeseffortsafindeclorecettepartieduprojet.
J’aibiensûrréfléchiunlongmomentàlapropositiondeSamuel;enfincellederestersurle
poste.Etpourêtrefranche,j’aihésitélongtemps,pesantlepouretlecontre.Lepourl’aemporté
carc’estaussipourmoilagarantiedepouvoirrestericiàSanFrancisco.Jen’aipasenviede
rentrermaintenant,jen’aipasenvienonplusdem’éloignerdeDavid,pasencore.
Alors,j’aiacceptéderesterenm’assurantqueSamuelrespecteraitbiensaparole,deneplusfaire
allusionàcequenousavonsvécu.C’étaituneparenthèse,uneerreur.Point.
Evidemment,celavadesoi,j’airefusédeluidonneruneénièmechance,notrerelationestviciée
etce,depuisledépart.
Finalement,autravail,Samuelproposemesprojetsauxinvestisseursetcesdernierssontadoptés
cequimeprocureunegrandesatisfaction.Jesuisàmêmedemeconcentrerànouveausurmon
travail,mesrelationsaffectivesn'interférantpasdansmesrecherches.Samuelsecomporteen
pro,nemanifestantaucunsentiment,seulletravailcompte.Etcettenouvellesérénitéretrouvée
m'apaise.Aucunmalentenduousous-entendunepersiste,seulsnoséchangesprofessionnels
comptent.
JevisavecDavidlaplupartdutemps,lerejoignantdèslafindenoshorairesrespectifs.Chaque
jour,jedécouvreunenouvellefacettedecethommeaussiséduisantquetendre.Messentiments
enversluis'accroissentdejourenjour,d'autantqu'ilsefaitdeplusenplusattentionnéet
affectueux.Jedoisreconnaîtrequecelam’effraiecarj’aipeurd’ylaisserencoreunepartiede
moi-même.Etcelajeneleveuxplus,jeneveuxtoutsimplementplussouffrir.
Est-cesidéraisonnablequeça?
Parmomentenrevanche,jepensemêmequ'ilsepourraitqueDavidsoitentraindetomber
amoureuxdemoi,maisaucunedéclarationnevientconfirmermespensées,etcelan’estpasplus
malainsi.Jedoismeteniràmadécision,àsavoir:plusdesentiments.Mêmesijesaisqu’auplus
profonddemoi,j’adorerais.J'ail'impressiondeglisserdeplusenplusdanssesbrasprotecteurs,
etmêmesijeredoutedem'impliquerdansunerelationamoureuse,j'aibienconsciencequecelle-
cis'imposeàmoi,plusquejenelasouhaite.
MonBadboysemblesevoueràmapersonneetmobilisetoutcequ'ilpeutpouranticipermes
désirs.C'estunamantformidablequisaitmecouvrirdetendresseautantqued'amouranimal,
assoiffé.Ilestàmonécouteetmeprocuretoutleplaisirquejepourraissouhaiter.Jen'aijamais
vécuunetellerelation,cars'ilparaitindomptablepourquiconque,ilestabsolumentfabuleuxà
mescôtés.J'aimemeréfugierdanssesbraspourytrouverleréconfortetj'aimeleprendredans
mesbraspourluioffrirtoutelatendresseetlareconnaissancequejeluiporte.Ilestnon
seulementtrèsbeaudel'extérieurmaisaumoinsaussibeaudel'intérieur,etjamaisjenelui
auraisaccordéautantdequalitéssijenel’avaisconnuaussiintimement.
Nousvivonsuneliaisonpleine,entièreetquasimentfusionnelle.Nousnousefforçonsde
rejoindrenosamislevendredi,maisnouspourrionsnousenpassertellementnousnous
suffisonsl'unetl'autre.Lorsdenosretrouvaillesavecnosamisaupubchaquesemaine,
j'aperçoisdetrèsjoliesfillesquifonttoutpourattirerl'attentiondemonesthète,maisDavidne
leuraccordemêmepasuneœillade,neloupantaucuneoccasiondemanifestersapossessivité
surmoi.Messentimentscroissentpourlui,c’estindéniablemêmesijenepeuxreconnaitrequ'il
puisses'agird'amourpourautant.
Pendantcetemps,Samuelnefaitplusaucuneallusionànotreprécédenteliaisonetjeluiensuis
reconnaissante.Seuleimportenotrecollaborationprofessionnelle.Ilrespectesapromesseetla
findenotrerelationn’apasentachénotrepartenariat.Jediraismêmequej’ysuisgagnante
comparéàmespremiersjoursici.Nousavonsdeséchangesordinairescommetous
collaborateurs.
Jecroisdécelerparmomentunepointedechagrinouderegretspeut-être,danssesyeux.Mais
entoutcas,ildonnelechangeetresteprofessionnel.
Personnenepourraits’imaginercequenousavonsvécu,àpartLinda,évidemment.
J’ailesentimentqu’ellem’enveut,mêmesijenesaispasvraimentpourquoi.Enfait,jene
pensepasqu’ellesoitavecSamuel,mêmesij’avaistoutd’abordpenséqu’ilm’avaitquittépour
elle.Maisça,jenelesauraiprobablementjamais.Detoutefaçon,c’estégalcarc’estmaintenant
derrièremoi,oublié.
CandytombepeuàpeudansunevéritablerelationamoureuseavecSteevenetilfautbien
avouerqu'ilssontbeauxàvoirtousdeux.
Al'université,j'alternemaintenantcoursettravailetj'ail'impressiondeprogressernon
seulementdansledesignimmobiliermaisaussidanslalangueoù,jemesensàprésenttrèsà
l'aise.MesparentssemblentrassurésdésormaisdemonchoixtandisqueMartinetMegan
grandissentloindemoi,etqu’ilsmemanquenténormément.Leuréloignementmemanque,
maisjesuisbienobligéedefaireavec.J'aihâted'arriverauxvacancesdenoëletderetourner
voirlesmiens.J'imaginenosretrouvaillesetlaplénitudequejeressentiraiàleurscôtés.David,
luitravaillebeaucoupdansl'entreprisedesonpèreetcedernierneluiépargnerien.
Heureusementlorsquenousretrouvons,nousnousauto-ressourçons.
Pournostroismois,Davidm'afaitlasurprisedem'emmeneràLasVegastroisjoursetnous
avonsvécutroisjoursintenses.Installésdansunpalace5étoiles,nousn'avonsquepeuquittésla
suitequ'ilavaitréservéàpartpournousrafraichiràlapiscineetlesoirpoursortiraucasino.
Nousavonsjouéauxbanditsmanchotsdetoutespetitessommesetavonsriplusquenos
zygomatiquespouvaientlesupporter.Dansnotresuite,nousavonspassébeaucoup,beaucoupde
tempsànousfairel'amouretànouscâliner.Jepensequenoussommesréellementfaitspour
êtreensemble,mêmesijerefuseencoretotalementdeparlerd'amour.Malgrétout,jenesuispas
dupeetjevoisbienquemoncœurpencheducôtédemonbelétalon.
Thanksgivingalieulasemaineprochaineetjeprendsconsciencequec'estvraimentunefêtetrès
importanteiciauxÉtats-Unis.Touslesaméricainsmettentenœuvretoutcequiestpossibleafin
d'organisercettefêteetquecelle-cisoituneréussite.Jepensequ’ilestmêmeinconcevablepour
euxdenepaslacélébrer.Toutcecifaisantqu’ilrègne,iciàSanFranciscouneambiancetoute
particulière,bienveillante.Cetteréunionsembleouvrirlecœurdesgensquiseproposentde
vousaccueillirplutôtquevouslapassiezseule.Uneharmonieenvahitlavilleetj'aimece
ressentiquejetrouveprochedeNoël,lecôtécommercialécarté
DaviddoitfêterThanksgivingavecsonpèreetsabelle-mère.Iln'estpastrèsenthousiastecaril
n’estpasvraimentàl’aiseaveceux.Avraidire,ilnelesconnaitquepeu.
Eneffet,sonpèreadivorcédesamèreilyadenombreusesannées,etiln'apassumaintenirle
lienavecsonfils.
Ilfautavouerqu’avoirunocéanentreeuxn’aguèrefacilitéleséchanges.Quantàsabelle-mère,
Caroline,elleestmaintenantavecsonpèredepuisunepetitedizained’années,maisDavid
l’avouelui-même,ilneluiajamaisaccordélemoindreintérêt,allantmêmejusqu’àl’ignorer
totalement.
J'encourageDavidàpersévérerdanssonrapprochementd'aveccettefamilleaméricainequ'il
connaitpeu.Jesaiscombienilestimportantd’avoirunefamille.
Alorsqu'unsoirDavidmedemandedel'accompagneràcettesoirée,jerestehésitante.J’aipeur
detoutcequecelapourraitinduire:c’est-à-direuneprésentationàsesparents,cequidonnerait
uncaractèreofficielànotrerelation.
Jesaisl’appréhensionqu’ilades’yrendreetfinalement,pourluietuniquementpourcette
raison,j’acceptedel'accompagner,s'ilreconnaitquec'estsimplementpourlesouteniretnon
pourofficialisermaprésentation.
-Mercimonange.Avectoiàmescôtés,jesaisquejepasseraiunebonnesoirée.
Jeluisouris,ilestsitouchant.
-Qu'est-cequecelaferaitsijeteprésentaisentantquemapetiteamie?Insiste-t-ilmeprenant
danssesbras.C'estlecas,non?
-Oui,c'estlecas,soufflé-je.Mais...
-Maisquoi?m'interrompt-il.
-Maisrien,jeluirépondsenluisouriantetenluidéposantundouxbaisersurseslèvres
sensuelles.Oublie.
Ilressertsonétreinte,mecaresselevisagedesamaindroiteetm'annonce:
-Ilfautquejetedisequelquechose,monange.
Pensantqu'ils'agitd'uneconfidencesursonpèreetsanouvellefemme,jeluiréponds:
-Jet'écoute.
Ilprendalorsunairsérieux,rivantsonregardaumien.Sesyeuxsontintensesetj'avouequeses
prunellesnoiresmedéstabilisent.Jereprendsmonsérieuxcomprenantqu'ilsouhaitem'annoncer
unenouvelleimportante.
Davidjoueavecunemèchedemescheveuxetcontinuedecaressermonvisage.Jesensqu'iladu
mal;jelelaisseprendresontemps.Jeresterivéeàsesyeuxetluisourisenpenchantlatêtedu
côtédesacaresse.
-Lizzie,j'aipeurquetun'appréciespascequejevaistedire,maisjesuisobligécarjen'enpeux
plus.
Jeleregarde,àprésent,stresséeetanxieusedecequ'ilpourraitmedire.
-Bon,jemelance,dit-ilcommepoursedonnerducourage.Nem’interrompspas,s’ilteplait
monange.Jesaiscombientonindépendanceestimportantepourtoi,etiln'estpasquestionque
jet'enprive.Etd'unautrecôté,jeneveuxpasquecelachangequoiquecesoitentrenous,mais
j'aibesoindeteledirecarcelamemine,unpeupluschaquejour.
Jemesensrassurée,ilneveutpasrompre,enfinjecrois.Maisj’aisoudainementpeur,carjeme
demandecequipeutletracasserautant.Pourquoiprendreautantdegantspourmeparler?
J’attends,labouleauventre.
-Jet'aimeLizzie.Jesaisquetuneveuxpasentendreparlerd'amour,maislesfaitssontlà.Jene
visquepouretàtraverstoi.J'ailuttépouréviterdemelaisserenvahirparcesentiment,maisje
n’ensuispasmaîtreetaujourd'hui,jedoisêtrehonnêteavectoietjedoistedirecequejeressens
vraiment:del'amourLizzie,del’amourpourtoi.
Jevaispourl’interrompre,maisilposesonindexsurmabouchem’intimantdelelaisser
poursuivre.
-Laisse-moifinir,s’ilteplait,Lizzie,carjenesuispassûrdepouvoirtediretoutcequeje
souhaitesitum’interromps.Tuasenvahismoncœuretmonesprit.Jeneveuxpast'effrayer,ça
nedoitrienchangerentrenousetjen'attendsriendeplusenretour.Jeveuxjusteteledireparce
quesubitement,j'aienviedelecrier:jet'aimeLizzie,jet'aime.
Ilpoursuit.
-J'aipeurquecesentimentt'effraie,maisn'aiepaspeurmonange,jet'aimeetc'esttout
simplementmerveilleuxetmagique,etvois-tu,là,jemesensleplusheureuxdeshommes.
JesuisscotchéeparladéclarationdeDavid.Commentd'unediscussionsurThanksgivingavons-
nouspuarriveràsarévélation?
Ilestsibeauàcemoment,sienthousiasteetsifougueux,quejenesaispaspourquoimaisjene
suispasapeurée.Moiquiaifuitoutescesannéesetquimesuisinterdittoutsentimentprofond.
Jerestesidéréeparsonaveu.Jesaisissonbeauvisagedansmesmains,luisourisetluiréponds
leplussereinementpossible:
-Jen'aipaspeur.
Etjel'embrasselangoureusementcommepourscellersonamourpourmoi.Ilsemblesoulagé
parmaréaction,jel'aitellementmisengardedeneplusvouloirmedonneràunerelation,que
j’aifiniparl’effrayer.Lapeurestcontagieuse.
J'essaiededonneruneimagecalmedemoi,maisenfaitjesuischambouléeetrenverséecarson
amourqu'ilm'offre.Cestroismotsd’amourviennentbuterenéchodansmoncœurlibérant
subitementmessentiments.C'estuneexplosiondejoieintérieure,commesij'étaisd'uncoup
libéréed'unesouffrancepassée,commesijem'autorisaisdenouveauàvivre,d'explorer
l'étenduecoloréedesémotionsquemoncœurpeutressentir.Soudainement,toutdevientclair,
évident.JesuiségalementamoureusedeDavid,decesibelhommequim'offreetm'avoueson
amour,sansrienexigerenretour.
Ilsembleàprésentrassurédemaréactioncommesoulagéquejen’aiepaspiquéunecrisede
nerfsuiteàsonaveu.Intrigué,ilmefixepuisosemedemander:
-Tun'espaseffrayée?Tunem'enveuxpas?
-Non,jeluirépondsarméed'unsourirepleindetendresse,tuvoisjenesuisnieffrayée,ni
inquiète.
Al'intérieur,jeressenscommeunimmensefeud'artifice,unedélivranceaussi.Davidestlebon,
ilestceluidontj'avaisbesoin.Tousmessenssontàprésentexacerbésetjesouhaite
m'abandonnerdanslesbrasdemonamoureux.Queldouxmot:«monamoureux».Jeglisse
mesbrasautourdesanuqueethissemeslèvresverslessiennes.Ilm'embrasseavecuneinfinie
douceurdontjemerégale.Puisluimontrantquej'endésireplus,jemefaistendreetcâline.Mes
mainssepromènentlelongdesonsibeaucorps,sensuellement.Jesuissubitementavidede
monmerveilleuxamantdontjesouhaitemerassasier.Noncaressessensuellesetnosbaisers
intensesfontnaîtretrèsviteledésirdansnoscorpsrespectifsetlangoureusementnotreéchange
semueenunedansevoluptueuse,charnelleetérotique.Danslebesoinl'unetdel'autre,nos
corpssecherchentetsetrouvent,nousenveloppantd'indolenceetd'enivrement.Etdansune
jouissanceultime,nossoufflesserejoignentperdusaumilieudenosgémissementsde
satisfaction,ivresdebonheur.
Epuisésetrepusnosdeuxcorpssecollentl'uncontrel'autre,Davidsepressecontremondos,
m'encerclantdesesbrasfortsetpuissants.Nousrestonslàdanscettebéatitude,étourdispartant
desensations,exaltésetravis.Jecaressedélicatementlebrasdemonamantetjeluidisalors:
-Jedoisteparler.Jelesensquisefigedansmondos,craignantsansdoutelasuite:
-Jet'écoutemedit-il.
-Promets-moiquetunem'envoudraspas.
Ilseraiditetjesensqu’ilsuspendsonsouffledansmanuque.Jesaisqu’ilestinquiet.
-Jenepourraisjamaist'envouloirmonange,àmoinsquetunebrisesmoncœurrajoute-t-ilplus
bas.
-J'aiunaveuàtefaire.
Jelesenstendu.Jemedégagedeluietluifaisface.Sonregardexprimesoninquiétude,maisje
tiensbon.Jebaisselesyeuxetmurmure:
-Jecroisque...jet'aime.
Relâchanttoutetension,ilm'attrapeetmeserre,ilm'embrasseetnousfaitroulersurlesol,ilest
heureux.
-Redis-le!medit-ilenriant,redis-le!
J'entamealorsunelonguechansonàlamanièredescomptines:
-Jet'aime,jet'aime,jet'aime,jet'aime,jet’aime!
Ilrit,ilestrayonnant,iln’ajamaisétéaussibeauqu’aujourd’hui!
Davidm'aideàmereleveretmesoulèvetelleuneprincessedanssesbras.Ilsedirigeversla
chambreetmedéposesoigneusementsurlelit.Puisilentreprendd'embrasserchaqueparcellede
mapeauenentonnantsonamouravoué.L’amourlerendmagnifique!Jeneluiaijamaisvuun
sourireaussiprononcéquisereflèteàcepointdanssesyeux.Ilestpleindebonheuretcelase
voit.Ilmecaresse,m'embrasseencoreetencoreettandisquej'avancemesmainspourletoucher
àmontour,ilm'enempêcheetmurmure:
-Laisse-toifairemonange,c'esttoutpourtoi.
Ilsedévouealorstotalementàmonplaisir,seseffleurementsm'enivrent,messenssontenémoi
etjechavirebienvitedansuntourbillondesensationsexquisesquimehissedansunejouissance
totale.Davidmelaissereprendrepeuàpeumonsoufflepuissepositionneau-dessusdemoiet
mepénètredoucementsansaucunedifficulté,monintimitélubrifiéeparmondernierorgasme.Il
entamealorsunlentvaetvientsortantentièrementaudépart,melaissantunmanquederrièrelui.
Sousmesgrognements,ilrevientetnoscorpss'accordentdansunelentedanseàdeux,
parfaitementrythmée,laissantànouveauunechaleurs'installerennous.Seslèvresmecouvrent
debaiserstandisquesesestocssefontpluspuissants.Jesensmonventresecontracteretl'aspirer
commepourretenirunepartdelui.Etalorsquejesuisauborddelajouissanceextrême,je
murmuresonprénom"David"endemandedesoncorps,desonamour.
-Oui,monamour,jouispourmoi,laisse-toialler.
Sesparolesentrainentmadélivranceetmoncorpsbrûlantetexcités'affoletandisquejehurleson
prénomencoreetencore.
Davidmerejointalors,m'embrassantcommeunfouetmecriant:
-Mondieuquejet'aime,monange,mondieuquejet'aime.
Quandonditquerienn'estplusfortqu'unamourpartagé,jecomprendsàprésentdequoiils'agit.
Etc'esttellementvrai!Lesjoursquisuiventsontlesplusbeauxjoursqu'ilm'aitétédevivre.
Jamaisjen'aiétéaiméainsi,etjeréalisequecequejeprenaispourdel'amouràl’époquepour
Dylann'estriencomparéàcequejevisàprésent.Davidestfoudejoie.Sonsourireillumineson
visageetsesattentionsàmonégardredoublent.Noussommesheureux,heureuxdevivre,
heureuxdes'aimer.
PourlesoirdeThanksgiving,jel'accompagnecommeprévudansl'immensevillaqu'habitentson
pèreetsabelle-mère.Jenem'ysenspasparticulièrementàl'aise.
Enfait,ils'agitdavantaged'unedemeurebourgeoisequ'unevillafamiliale,c’est-à-direune
superbepropriétémaisaseptisée,sansaucunetracedevieàl’intérieur.
LepèredeDavid,Johnestunhommefortunéd'apparencefroideetjesaismaintenantd'oùDavid
tientsonairténébreux.Legenred'hommequinesupportepasd'êtrecontrariéetquisait
commentobtenircequ'ilsouhaite.Ilestgrandetimposant.
Jereçoismalgrétoutunaccueilchaleureux,surtoutdeCaroline,sabelle-mère,quielleaussi
sembleêtrepeuàl'aiseavecDavid.Ilestvraiqu'ilsseconnaissentpeuetjepensequ'ellevoiten
moilapossibilitéd’unpossiblerapprochement.Carolines'avèreunehôtessecharmante.Elleest
d'unetrèsgrandebeauté,maisnontapageuse,trèsclasse.Jepensequ'elledoitavoirla
quarantaineetjesensunefemmeautempéramentdiscret.Jel'apprécieaussitôtetnous
échangeonsfacilement.LepèredeDavidestdavantageimpressionnant,maisilfaitdesefforts
pourêtreagréable.Jepensequ'ilestimportantpourluiderenoueravecsonfils.C'estentoutcas
cequejeperçois.
Lerepassepasserelativementbien,Johnmequestionnantsurmafamilleetsurmesétudes
actuelles.Luineselivrepas.Etbienquej’aiel'impressiondesuivreuninterrogatoire,Carolineà
mescôtésm'adressedessouriresetdesregardsdecompassionquivisentàmerassurer.
David,luiesttrèsmalàl'aise,jepeuxlesentir,maisl'ambiancebienparticulièrede
Thanksgivingfaitquel'airyesttoutdemêmerespirable.Enfindediner,Johnsouhaiteconsulter
Davidpourletravailetj'enprofitepouraiderCarolineàdébarrasserlatable.
Jelasuisencuisine.
-Nevousinquiétezpas,meditCaroline,ilvousapprécie.
-Vouspensez?Luidemandé-jesceptique.
-Oui,j'ensuismêmesûre.Johnauneméchantehabitudedevouloirtoutconnaîtredesgensqu'il
fréquente.Maisjepeuxvousgarantirquevousavezpasséletesthautlamain.
Sonregardestdoux,ellemesourit.
-Qu'est-cequivousfaitdireçaavectantdecertitude?
-Plusieurschoses.Toutd'abord,bienquepeuchaleureux,ilaimeprofondémentsonfilsetil
respectelefaitqueDavidvousaiconviéeaujourd'hui.Pourlui,c'estsignequ'iltientàvouset
qu’ilvousrespecte.VoussavezDavidn'ajamaisramenélesbimbosaveclesquellesilsortait
habituellement.C'étaitd'ailleursunsujetdebrouillespermanentesquandJohnluidisaitde
grandirunpeuetdemieuxsélectionnersesamies.Enoutre,Johnapprécielafranchise,la
modestieetlecourage,etjesaisqu’ilapuappréciertoutescesqualitésenvous.Jeleconnais
suffisamment.
Mueparunecuriosité,malsainepourmoi,maisquimetenailledepuisplusieursjours,j'ose:
-DavidavaitprésentéClaireàsonpère?
JesensCarolinegênéededevoirabordercesujetetelles'affaireautourdulave-vaissellesans
répondre,maisj'aibesoindesavoir,j'insiste:
-Caroline?S’ilvousplait,l'imploré-je.
-Ouimerépond-elleenunmurmure.
-Expliquez-mois'ilvousplait,j'aibesoindesavoir,jelasupplie.
Ellelanceunregardverslaportes'assurantquesaconfidenceresterasecrète.
-C'estunpeuunsujettabouici,medit-ellemefixantdroitdanslesyeux.Ellepoursuit:David
étaittrèsamoureuxdeClaireetelleaussi.Auboutdeplusieursmoisellesouhaitaitqueleur
relationprenneunnouveautournant,sivousvoyezcequejeveuxdire.
Jesupposequel'ondoitlireenmoicommedansunlivrecarelledevinequejenesaisispastout
etajoute:
-Ellevoulaitplus.Officialiserleurrelation,sefiancer,semarier,brefprévoirunaveniravec
David.Maislui,n'étaitpasprêtàs'engager.
Pourlui,toutallaittropvite,sansdouteeffrayéparlatournurequ'avaitprislemariagedeses
propresparents.Alors,elleapréférérompreetpartir.Ellejugeaitinutiledepoursuivreune
relationquinemèneraitnullepart.Jepenseégalementqu'elleaétévexéedureculdeDavid
pensantqu'ill'aimaitautantqu'elle.D'unseulcoup,elleacomprisqu'ilsn'étaientplussurla
mêmelongueur.
Jerestelà,estomaquée.Etcommeàmonhabitude,jeneretiensquepartiellementdeséléments:
"DavidétaittrèsamoureuxdeClaireetelleaussi".
Maispourquoiai-jevoulusavoir?Qu'est-cequecelapouvaitfairequejesacheounon?Jesuis
vraimentstupide,j'auraisdûmecontenterdenotrerelationactuelle.Aprésent,jemesensmal,
alorsquej’étaissiheureuse.Quelleconnejesuis!Carolineperçoitmonmalaiseetseveut
rassurante
-C'estdel'histoireancienneElisabeth.Aprésent,c'estvousqu'ilaime,çasauteauxyeux.Jelui
souristimidement,perturbéeparcequejeviensd'apprendre.
Plusieurspiècesdupuzzles'ajoutent.DavidaimaitàlafolieClaireetelleaussi.Ilaeupeurde
s'engageralorsellearompu.Candym’aexpliquéqu'ilavaittrèsmalvécusaruptureetje
comprendsàprésentlavalsedesbimbosquiasuivi.
Etmoi,danstoutceci,oùsuis-je?Davidm'aime-t-ilvraiment?Ounesuis-jequ'unpalliatif?
J'oseunedernièrequestion:
-Oùest-elleàprésent?ToujoursàSanFrancisco?
-Non,elleestpartiefinirsesétudesenAngleterreoùsonpèreaétémuté.
Bienquecettedernièreinformationdevraitmesoulager,lesmots«David»,«Claire»«très
amoureux»tournentdansmatête.Jenemesensvraimentpasbien.J’aisubitementmaletje
regrettemacuriosité.
Lorsquejerejoinslesalonoùpèreetfilssesontinstallés,Davidlèveleregardversmoiet
remarqueimmédiatementquequelquechosenevapas:
-Qu'y-a-t-ilLizzie,tuestoutepâle?medemande-t-ilinquiet.
-Jenemesenspastropbien,effectivement,jevaisrentrermereposerDavid,j'aidûchoperun
virus.
Davidselèvepourmerejoindreetmetientparlataille.
-Viens,onvarentrer.
-Non,non,luidis-je,reste.Situpeuxjustem'appeleruntaxi,jevaisallermereposer.Reste,je
t'enprie.
-Non,horsdequestion,jeteraccompagne.
Navréed’écourterlasoiréequiauraitpucontribueràunrapprochementdeDavidavecsonpère
etsabelle-mère,jesuispourtantdansl’obligationderentrercarmesjambesvacillentetjeme
sensfiévreuse.NoussaluonsrapidementJohnetCarolineetDavidm'installedanslavoiture.Je
saisqueCarolineconnaîtl'objetdemontroublemaisellen'enditrien.Surlecheminduretour,je
fermelesyeuxrepassantenbouclelaconversationquim'atantbouleversée.
-Tuvienschezmoi?medemandeDavid.
-Non,merciDavid.Jevaisallermereposer.Jedoisêtreenformepourletravaildemain,c’est
unegrossejournéeenperspective.
-J’auraispréféréêtreàtescôtés,tuasl’airmalenpoint.Tuneveuxvraimentrentreravecmoi?
-Non,jeteremercieDavid.Jevaismeprendredeuxcachetsetmemettreaulit,çairamieux
demain,j’essaiedelerassurer.
-Alorsrepose-toibienmonamour.Medit-ilensegarantdevantleporche.Jenemesuismême
pasaperçuequenousétionsarrivés.Jet'aideàmonter.
-Nonc'estbon,David,çaira,jet’assure.
-TuplaisantesouquoiLizzie,jenetelaissepasmontertouscesétagesseule,jet'amènejusqu'à
taporte.
J'obtempèresachanttrèsbienqueDavidnedémordrapas.Ilm’aidedoncàmonterlesétageset
m’embrassedevantlaporte.Ilmeditcombienilsouhaiteraitquejerentreavecluimaisil
comprendquej’aibesoindemereposer.Unefoislaporterefermée,jemeruesurmonlitet
pleure.Delongssanglotsdéclenchentdesspasmesetj’ail’impressiond’avoirétéblesséeau
cœur.
Maispourquoijeréagisainsi?J'aibeaumepersuaderqu'actuellementDavidestamoureuxde
moi,jen'arrivepasàoubliersonpasséavecClaire,ilyaquelquesmoisàpeine.Denouvelles
questionsm’envahissentànouveau:etsiDavidm'aimaitpourdemauvaisesraisons?Est-ceque
jedoisencoresouffrir?Est-cequejevaisencoresouffrir?
Jemesaistotalementidioteàcemoment,carDavidignoremonpasséd'avecDylanetluiaussi
pourraits'imaginerdeschosesouseposerdesquestionsquiseraienttotalementinfondées.Mais
celanemerassurepaspourautant,loindelà.Unviolentmaldetêtes'installe.Jeprendsmes
deuxcachetsetmemetsaulittoutenessayantdemerassurer.
Lorsquejemelèvelelendemain,j'aiunemineaffreusecarlanuitaététrèsmauvaise.Jeme
prépareunthéetprendsletempsd'essayerdecomprendremaréactionvisàvisdecette
confidencesurlepassédeDavid.Toutenmaintenantmatassedesdeuxmains,jesuisbien
obligéed'admettrequemaréactionestdisproportionnée.Pourquoilefaitd'apprendrequel'être
chériaétéamoureuxauparavantfait-ilsimal?C'eststupide,etpourtantçablesse.Commesi,
vousdeviezêtrelapremière.C'estcomplètementirraisonnéetjecomprendscematin,queceque
j'airessentin’estniplusnimoinsquedelajalousiecarjel'aimeetqu'ilm'aime.
Jenedoispasdouterdeluiàcepoint.Ai-jesipeuconfianceenmoipourdouterainsi?La
réponseestbienévidemment:oui,etc’estbienlà,undemesgrandsproblèmes.Jemanque
totalementdeconfianceenmoi.Davidréagirait-ilainsis'ilapprenaitmarelationénamouréeavec
Dylan?Jeréalisecombienc'estpuéril.Jedoisjusteretenir:jel'aime,ilm'aimeetc'esttout.
UnPingdemonportablemetiredemaréflexion,c'estDavid:
«Bonjourmonamour,vas-tumieux?Sicen'estpaslecas,appellelemédecinetrestechez
toi.Jet'aimemonange.»
Oh!Oui,ilm'aime,alorspourquoimeprendrelatêteainsi.Jeluirépondsaussitôt.
«Jevaismieuxmonamour,j'avaisdûprendrefroidoutropmanger.Jet'aimeaussiettume
manques.»
Lecœursoudainementguéri,jemedécideàmepréparertoutenpensantquelesnombreux
événementsrécentsontdûmefatiguerplusquejenelepensaisetquej'auraisbienbesoinde
repos.Lescours,letravailaubureauetmesrelationssentimentalesm'ontaffaiblieetj'aihâteà
présentderetournerdansmafamillepourmeressourcer.Ilsmemanquenttellement.Jen'avais
pasimaginéqueceseraitsidifficiled'affrontercettenouvelleviesanseux.
Chapitre20
«Quandons'abandonnepassivementàlamanipulationdudésir,leréveilpeutêtredur.»
PauleSalomon
Lizzie.
Lestroissemainesquisuiventj'airetrouvémasérénitéetpartagemonamouravecDavid.Ilest
adorable,prévenant,etcomplètementfou.Parfois,ilmefaitpenseràunjeunechientoutfou,
tellementilestjoyeuxetimpulsif!Ilpassesontempsàmepréparerdessurprises,àmegâter.
J'aimesoncôtéimprévisibleetlapossessivitéqu'ilaffichequandilsurprendunregardprononcé
surmoi.Jemesensensécuritédanssesbrasetj'aimeraisquecequenousvivonsnes'arrêtent
jamais.J'afficheunsourireenpermanencecommesimonbonheurdevaitsegraversurmon
visage.Al'écoled'architecture,lescourssonttrèsintéressantsmaisrequièrenténormémentde
travail,cequiinduitunénormeinvestissementdemapart.Jesuisàprésentàl'aiseaussibien
dansmaclassequedansmonnouvelétablissement.
LessemainesoùjesuisdansleslocauxdeSamuel,jedoiségalementeffectuerunénormelabeur
carleprojetestmonumentaletSamuelm’aréellementintégrée,jeneveuxdoncpasledécevoir.
Ilmedélèguedegrosdossiersetjemetsàcœurd'êtreperformanteetefficace.Nousn'avonsplus
reparlédenotrehistoire.Ilfaitensorted'éviterquenouscroisionstropetm'adanscebutattribué
unnouveaubureau,personnelcettefois-ci.Jevoisdanssesyeuxqu'ilesttristemaisiln'enlaisse
rienparaître,sicen'estsonregardquiestéteint.
Lesraresfoisoùnousnousfrôlons,commequandnousétudionssurplansparexemple,je
ressenstoujourscommeunpicotementdansmonventremaisjel'attribueàsoncharismequi
m'impressionnetoujours.Comment,d’ailleurspourrait-ils’agird’autrechose,alorsqueDavid
mettoutenœuvrepourmesatisfaireetcedanstouslesdomaines!
Jenesaistoujourspass'ilsortavecLindaouuneautrefemme,maisilnemesemblepas.
L’attitudedeLindarestefroide,entoutcasavecmoi,etjepensequ'ellem'enveutsij'enjugeses
regardscourroucés.Maisprofessionnelle,ellenonplusnefaitaucuneallusion.
Jedoisprendrel'aviondansdeuxjourspourlesvacancesdefind’annéeetjesuisimpatientede
retrouvermonvraichezmoi.
Davidsedésoledecetteséparationmedisantqu'ilnetiendrajamaisdeuxsemainessansmoi,
maisjelerassureenlepersuadantquecelapasseratrèsvitecarlesfêtesvontviteledistraire.Il
nesemblepasconvaincu.Moinonplusd'ailleurs,etmêmesijesuisimpatientederetrouverles
miens,jesaisdéjàqu'ilvamemanquer.
Quandarriveledernierjour,alorsquejem’apprêteàquitterleservice,jepassedebureauxen
bureauxsouhaiteràtousdepasserd'excellentesfêtes.
Etavantdequitterl'étage,jepasselatêtedansl’entrebâillementdelaportedeSamueljustepour
luiprésenteràluiaussimesmeilleursvœuxpourcesfêtesetluiconseillerdeprendreunpeude
repos.
-Entremedit-il
-Jeneveuxpastedéranger,jevoulaisjuste..
Mais,ilm'interrompt:
-EntredeuxminutesLizzie,s’ilteplait.
Jepensealorsqu'ilveutqu'onfasseunpointsurlesdossiersencours,jem'avancealorsversson
bureau.
-Jeveuxfairelepointsurtontravail.
C’estbiencequejepensais.Jeprendsplacedanslefauteuilsituéenfaceàlui.
-Jet'écouteluidis-je
-Aprèssixmoisdetravailicicommenttesens-tuLizzie?
Jesuissurpriseparsaquestionmaisrépondsavecunsourire(quinemequitteplussemblerait-
il).
-Oh?BienSamuel.J'adorecequel'onfait,j'appréciequetumelaissesunecertainemargede
manœuvreetquetusoisouvertàtoutesuggestionluiréponds-jesincèrement.
-Bienacquiesce-t-ilenposantsesmainssurlebureau.Lescours?
-Trèsintéressants,vraiment,jerépondssincèrement.Çamedemandebeaucoupdetravail,mais
c'esttrèsenrichissant,etj'espèrepouvoirbientôtmettreàprofitmesenseignementsauservicedu
projet.
-Bienconclut-ilànouveaumefixant.Illaisses'écoulerquelquessecondes,sibienquejenesais
passil'entretienestterminé,jelefixeégalement,sonregardétanttoujoursaussihypnotisant.Il
poursuit
-Turentrescheztoipendantcesvacances?
-Oui,jevaisrevoirmafamille.Jesaisqu'ilenaconnaissancecarilasignémescongésetj'aidû
indiqueroùl'onpourraitmejoindreencasd'urgence,cequifaitquejenevoispastropoùilveut
envenir.
-Tuestoujoursavecl'autreàcequejevois?medemande-t-ilsuruntonbeaucoupplussecà
présent.
Aïe!Lesujetquejevoulaiséviter.Sonregardsedurcit.Jen'aipasenviedem'engagersurce
terrain,maisjevoisqu'ilattenduneréponse.Soudainmalàl’aise,j’essaiedenepasmebraquer,
maiscelamedemandebeaucoupd’efforts.
-EcouteSamuel,dis-jeenmelevant.SituparlesdeDavid…
-Stopdit-ilcommesilesimplefaitdemettreunnomsur«l'autre»luifaisaitmal,inutilede
répondre,jelissurtonvisagelaréponse.
-Samuel,soupiré-je.
Ilselèveàsontour,contournelebureauetvientseplacerdevantmoi.
-Jet'attendsLizzie,jet'attendstoujours.
-Samuel,commenttedirepourquetunesouffrespasetquetuneperdespastontemps?
-JeneperdspasmontempsLizzie,jet'attendsjustedit-ilsamainseposantsurmajoue.
Instinctivement,jeposematêtesursapaumesavourantsacaresse.Jenepeuxpasexpliquerce
picotementquejeressensquandilmetouche.Sonbeauregardbleusefonddansmesyeuxet
nousrestonsquelquessecondesainsisansparler.Puislentement,ilsepencheversmoi,ses
lèvress'approchantdesmiennes.Jesaisquejejouelàunjeudangereuxmaisj'aienviedece
baiser.Jesaisquec'estmaletcomplètementinappropriécomptetenudemessentimentspour
Davidetpourtantmalgrémaconsciencequim’interditdemelaisseraller,jemesenscomme
attiréverscettebouchesiprochedemoiàprésent.Jefermelesyeuxetmelaisseemportéepar
cebesoin,minimisantintérieurementlavaleurdecetteétreinte.
Seslèvressontfermesetdouces,ilprendpeuàpeupossessiondemaboucheavecunetelle
douceurpourcommencerquej'oublietoutcequisepasseautour.J'ail'impressiond'être
emportéeailleurs.Puissalanguesefaitplusvolontaire,plusgourmandeetjenepeuxrésisterà
sonappel.Moncorpsentiertremblesouscebaiserquiendittellementsurlessentimentsde
Samuel.Jemenourrisdesondésiretmonventremepicoteréclamantplus,moncorpsle
réclame.Commentest-cepossible?
Soudain,unevoixvenuedel’extérieurdenotrebulle,résonnedanslapiècedontlaporteétait
restéeentrebâillée.
-Ahd'accord!C’estbon,j’enaiassezvu!J'aicompris.
Laporteclaqueviolemmentmefaisantsursauterànouveau.Touts’estpassésivite.
Mondieuqu'ai-jefait,maisqu'est-cequej'aifait?Monventresecontractesousl'effetnonplus
dudésirmaisd'uneviolenteangoisse.L'airmemanqueetjeréaliselaportéedecesimplebaiser
quej'aivouluminimiserquelquessecondesauparavant.Maisqu'est-cequim'apris?
Cettevoix,mondieucettevoix,jel'aireconnue,jelaconnaistellement!C'estcelledeDavid.
Ohnon,j'aitoutgâché!Alorsquej'avaisressentiunsentimentd'insécuritéparrapportàClaire,
c'estmoiquiaitoutsimplementtoutgâché,trahissantlaconfianceetl'amourdeDavid.
Maisqu'est-cequinegazepaschezmoi?
David.
JevisunvraicontedeféeavecLizzie.Elleestbelle,intelligente,tendreetellem'aime!Jesuis
conscientdelachancequej'aidel'avoiràmescôtésetjeferaitoutpourlacombler.
Quandellem'aavouésonamour,j'aiétélittéralementtransporté,jamaisjen'auraiscruquel'on
pouvaitêtreaussiheureux.Pasuneminutenes'écoulesansquemespenséesnereviennentvers
elle.Elleestsi...elle!
Nousnousvoyonschaquejouràprésent,incapablesderesteruneseulejournéesanssevoir.Je
faistoutpourqu'ellerestelesoiràlamaisoncarj'aimeplusquetoutm'endormiretmeréveiller
danssesbras.J'aimesonodeurvanillée,sapeausidouce,sescheveuxtoutenblondeur.
Enfait,jecroisêtrecomplètementaccroàcetangequeDieum'aadressé.
Jel'aiprésentéàmonpèreetàmabelle-mèreetjecroisdevinerquemonpèrel'aappréciée,
mêmes'ilnem'enariendit.Jeconnaissonregardquandunepersonnel'intéresseetj'aiperçuce
mêmeregardquandLizzieluiparlaitd'elle,ouplutôtrépondaitàsoninterrogatoire,carilfaut
bienavouerquenousn'enétionspasloin.Maiscommetoujours,Lizzieaassuré,calme,patiente
ellearéponduàchacunedesesquestionssansmarqueraucuneimpatience.Endouceur,elles'est
pliéeaujeu.
JepensequeCarolinel'aaiméaussi,etbienquenousnesoyonspasprochesCarolineetmoi,
ellem'estapparuebeaucoupplussympathique.Jedoisreconnaîtrequejusqu’ici,jeneluiavais
jamaislaissédechanced’apprendreàmeconnaître.
Elleestentréedansmavie,alorsqu'adolescentj'auraisfustigémonpèrepourtoutlechagrin
qu'ilfaisaitsubiràmamère.Pourmoi,Carolineétaitforcément,lafemmeparquilemalheur
étaitarrivé.
Aufil,desansj'aibiencomprisquetoutétaitdéjàbienfinidanslecoupledemesparentsavant
qu'ellenefréquentemonpère,maisjen'aipassouhaitéapprofondir,j'auraisressenticelacomme
unetrahisonenversmamère.
Décidément,leshistoiresd'adultessontcompliquées.Etnuldoutequecesdernièresont
influencémaconstructiondejeuneadulte.L'annéedernière,j'étais,jecrois,fouamoureuxde
Claire.Ohoui!Jel'aiaimé,maissansdoutepasassezpourelle,puisqu'ellen'apassouhaité
attendrequejemesenteprêtàconstruireunevieàdeux.
Aprèsluienavoirgardérancunependantdelongsmois,j'enarriveàmedirequecen'étaitpeut-
êtrepaslabonne.J'endeviensfataliste.
Maiscommentaurai-jepum'engageralorsquej'avaisétéspectateurdel’échecmonumentaldu
coupledemesparents.Leuramouraexploséenautantdemorceauxquedupyrexbrisé.
Mamèrenes'enesttoujourspasremise,ellen'arienvuarriveretn’enesttombéequedeplus
haut.Alorsforcément,commentavoirfoidanslemariageetsespromessesquineserontquetôt
outardbafouéesparl’unoul’autredesépoux.
C'étaitsansdouteécritpourClaireetmoi.Maisaujourd'hui,j'aiconsciencequelecielm'offre
unesecondechanceenlaprésencedeLizzie,etjecomptebienlasaisircettefois.Ellem’a
apportélaconfiancequej’avaisperdue,etgrâceàellejen’aipluspeur.
C'estsimplejemelèveLizzie,jemangeLizzie,jerespireLizzie,jevisLizzie.
Rienqu'àl'idéequ'ellemequittedeuxsemainespourretournerenFrance,j'ensuismaladeet
pourtant,ilmefaudrabienl'accepter.Jesaisqu'elleabesoinderetrouversafamillequicompte
tantpourelle.Celafaitsixmoisqu'ellenelesaplusvusetelletrépigned'impatience,elleme
parleavecentraindesesparentsquis'adorentcommeaupremierjour,desonfrèreMartinetde
sapetitesœurMegandontelleesttrèsproche.Jel'enviequandelleparledesafamillecarellea
lesyeuxquibrillent,etj'arriveàcomprendreàquelpointilsluimanquenttous.
J'auraisbienaimél'accompagner,qu'ellemefasseconnaitresafamille,sesamis,leslieuxqu'elle
fréquentait,maisc'esthorsdequestionetcepourplusieursraisons.Lapremièreestlaplus
évidente:ellenemel'apasproposé,c'estpeut-êtretroptôtpourelle,etpuislaseconderaison
estquemonpèrenem'auraitpasautoriséàdélaissermonposteencettepériode.C'esteneffet,
etjelereconnais,unepériodetrèschargéepourl'entreprise,maissurtoutmonpèrenecomprend
paslebesoinqu'onlesgensdes'adonneràcesréjouissancesdefind'année,quipourluin'ont
d'autresraisonsd'être,quelecommercequ'ellesengendrent.C'estlà,l'opiniond'unéminent
hommed'affairesquinecomprendpaslafaiblessesentimentaleducommundesmortels.
Jemesouviensqu'enfantmamèrefaisaitrégnerl'ambiancechaleureusedeNoëlavecdes
décorations,deschantsetduchocolatchaudtandisquemonpèrerentrait,quandiln'étaitpasen
déplacement,etdinaitaumêmetitrequ'unsoirordinaire.
C'estbête,maistoutd'uncoup,j'aienviederevivreçaavecLizzie,elleestsipure,sijoyeuse
quej'aienviedepartagercesmomentsavecelle.Malheureusement,elleneserapasavecmoi
cetteannée.Ilfautquejem'yrésigne.
Enrevanche,j'aitrouvémoncadeaupourelle,enfinmescadeaux.J'aiachetéunmagnifique
collierenoravecdeuxcœursentrelacésetj'aihâtedeluioffrir.Quantàmonsecondcadeau,
ellelerecevraenFrance,etjesuisassezfierdemonidée.J'aipostécematinunpetitcolis
contenantunécrindanslequelj'aifixéuneclédemamaisonaccrochéeàunportecléannonce.
Jen'ytiensplusetj'espèrequ'elleaccepteradevenirvivreavecmoidèssonretour,carjene
peuxplusmepasserd'elle,jelaveuxtoujoursàmescôtés,jeveuxlaprotégeretlachérir.
Cesoir,j'aiprévuunepetitesurprisepourelle.Nousdevonsnousretrouvertousaupubvers21
heures,maisjesouhaitel'emmenerdinersurunbateaudanslabaiedeSanFranciscoavant,un
dinerromantiquepourqu'ellecomprenneàquelpointjel'aimeetcombienelleestimportante
pourmoi.Jevaisdoncvenirlachercheràlasortiedesontravail,puisjel'emmènerai
directementversleportpourembarquer.Jesaisdéjàqu'ellevoudraallersechanger,se
rafraichir,maisellen'enapasbesoinLizzie:elleesttoujoursbelle.D’autantplusquandelle
revientdubureauoùellearboregénéralementunetenue"femme",quilarendencoreplussexy.
Jejalousetouscesregardsmasculinsquiseposentsurellesetladéshabillentduregardquand
elleportesestalonshautsetsestailleurs.Ellesouritquandjeluiracontecequej'éprouveetme
jurequ'iln'yaquemoiquipuisselavoirbelleetquandbienmême,ellemerassureenmedisant
qu’ellenevoitquemoi.Elleacettefaçon,demeconvaincre:sehissantsurlapointedespieds,
mesaisissantlevisageetenm'embrassanttendrementsurleboutdunezquejecraque
complètement.
Jevérifiematenue:pantalontoilenoir,chemisettenoireetveste,jeveuxassurercesoir,c'est
notrepremiernoël,enavancecertes,maiscommeellepartdemain,jeveuxluioffrirsonpremier
cadeau.J'arriveenavancesursonlieudetravailetpatiented'abordunpeudehors,puisme
décideàpénétrerdansleslocaux.Jeveuxdécouvrirlelieuoùmachérietravaille.L'immeuble
estvraimentstandingettrèsmoderne,unetourdeverrepolarisantenformedevoile,lerésultat
estassezjoli,bienquejenem'yconnaisseguèreenarchitecture.
Jemeprésenteàunguichet,etunefemmem'indiquelecheminàsuivrepourtrouverleservice,
j'arriveaprèsquelquesdétourssurunnouvelespaceetmedirigeverslepremierbureauouvert
pourm'assurerquejesuisbiensurlabonneroute.Onavitefaitdeseperdredanscedédalede
couloirs.Lesemployésontl'airdetrèsbiens'yretrouver,maispourmapart,j'aiplutôt
l'impressiondecirculerdansunlabyrinthe.
-Bonjourdemandé-jeàunefemmederrièreunbureau,savez-voussijesuisbienaubonendroit,
jechercheMademoiselleKlein,elletravailleavecMonsieurSharp.
Lafemmeéléganteselèveetmedemandedepatienter.Ellesedirigeverslecouloirfaceau
bureauetondulegracieusementsursestalonsvertigineux.Ellepasselatêtedanslepremier
bureaudontlaporteestrestéeouvertepuisrevient.
Avecunsourirequejetrouveinappropriéellem'indique"premierbureau,laporteestouverte',
puiselleserepenchesursesdocuments.Jemedirigedoncverslaporteindiquéeetmeprésente
dansl'encadrement.Dansmapoche,jem'assurequel'écrinestbienprésent,jesouriset...
Non,cen'estpaspossible,cequejevoisn'esttoutsimplementpaspossible!
C'estuncauchemar,unehallucination!Lizzieestdanslesbrasd'unhomme.Danslesbrasd'un
homme,plusâgéquilamaintientcontresoncorps,unemaindanssescheveuxl'autresurlebas
desondoslacaressant.Ill'embrasse.
Cen'estpaspossible,cen'estpasLizzie!Jecherchedesindicesquipourraientmeconvaincre
qu'ilnes'agitpasdeLizzie,maLizzie!
Maiscettesilhouettejelareconnaisimmédiatement.Commentpourrai-jenepaslareconnaître,
fine,élégante,sescheveuxattachés,ellecaresselacheveluredel'hommeetreçoitsonbaiser.
Ellen'essaiepasdelestoppernidelerepousser,nonelles'yadonneetjereconnaismêmela
fouguequemetLizzielorsqu’ellem’embrasse,saufquelà,cen'estpasmoiqu'elleembrasse,
nonc'estunautrehomme!
Seulsaumonde,ilsnes'aperçoiventmêmepasdemaprésence.Jeresteuninstanttétanisé,cene
peutpasêtreréel,cenepeutpasêtrevrai!Enuninstantmonmondeéclateetvoleenmille
morceaux.Unedouleurmetranspercesubitementlapoitrine,jecroisquejevaismourir.Je
devraisallercasserlagueuleaumec,attraperLizzieetlafairesortirdecebureauenlatirantpar
lebras.Maisjen'arriveàrienfaire,jenebougepas,assommé,engourdi,inerte.
Jepenseàcemomentquejesuismort,toutestmortenmoi,jesuisjustecapabledelâcher
quelquesmotsetjepars,jefuispourneplusvoircetteimagequimesaigneetmetue.
Jerepassedevantlafemmeélégantequim'adressedenouveauunsourire,maisjenesuisdéjà
pluslà,jesuisailleurs.Mesjambesmeportenttandisquemonesprits'estdéconnecté.Comment
peut-onavoiraussimalalorsquequelquesminutesauparavantj'étaisleplusheureuxdes
hommes.Pourquoinepeut-onrembobinerlabandeetremonterletemps?Jem'enfuisdéjàsans
savoiroùjevais,maisquelleimportanced'ailleurs,l'essentielétantdes'échapper,dese
soustraireàlaréalité,oublier.Ouioubliertout.
Jem’enveuxmêmed’avoireucettestupideidéedeluifaireunesurprise!
Chapitre21
«Ilestdeschagrinsd'amourquilaissentauxcœurscertainesrancœurs.»
CitationdeMaxalexis
Lizzie.
LevolquimeramèneverslaFranceestlong,deuxescales,destempsd'attenteincroyablement
longsetalorsquejedevraisêtrebouillonnantedebonheur,frétillanteàl'idéederetrouverenfin
mafamille,jesuistriste,affreusementtriste.
Deslarmess'écoulentsanscessedemesyeuxsansquejepuisselescontrôler.Unehôtessea
mêmecrubondemeproposeruncachetpensantquelapeurdel'avionmetétanisait.Maisnon,
lespleursnerévèlentqued’unemanièreinfimeàquelpointmoncœursaigne;ils'estbrisé,et
cepartmafaute,maseulefaute.
Pourquoiai-jecédéaubaiserdeSamuel,pourquoicetteattractionenversluialorsquemoncœur
nebattaitquepourDavid.Sansdouteai-jeétéémueparlasincéritédesesparolesetcetinstant
defaiblessevientdebrisermavieetpireencorelecœurdeDavid.Commentai-jepuêtreaussi
inconscienteettoutfoutreenl'aircommeçaenuneminute?Dixminutesauparavant,jesaluais
toutlemondeenleurprésentantmesmeilleursvœuxpourlesfêtes,euphoriqueàl'idéede
retrouvermafamille,monchez-moi.Sixmoisquej'attendsimpatiemmentcemomentettout
explosecommeçasurunsimplemalentendu,suruneatroceerreurdemapart.
CommentexpliqueràDavidquec'estlapremièrefoisquecelaseproduitetquecelan'arrivera
plus?Suis-jed'ailleursenétatdejurerquecelanesurviendraplus?Commentai-jepublesser
ainsilaseulepersonnequejen'aijamaisaimée?
Attentionnéetpassionnéj'airéussiletourdeforcederendremalheureuselaseulepersonnequi
m'aprouvéesonamourchaquejourpasséensemble.J'avaismêmeenvisagédeparlerdeluià
mesparentsetàMeganaussi.Toutçapourquoi?Pourtoutbalayerd'uncoup!
J'ail'impressionqu'unetempêtevientdepassersurmoncœuretqu’elleatoutarrachésurson
chemin;saufquecettetempêteportemonnom.
Commentensuis-jearrivéelà?Beaucoupdequestions,etaucuneréponsecarjeneme
comprendspasmoi-même.J'enviensmêmeàpenserquejedevraisconsulterunspécialistepour
qu'ilm'expliquecequiclocheenmoi.JedoisparleràDavid,jedoisluiexpliquer.Maislui
expliquerquoid'ailleurs?"CoucouDavid,bonvoilà,j'aiembrasséunautrehommemaisne
t'inquiètepascarc'esttoiquej'aime!".
Jeréaliseleridiculedelasituationetn’entrevoisaucundénouementheureux,
malheureusement!J’aibeauchercher,jenevoispascommentjepourraislarectifier.
Leschosessontcequ’ellessont!Ilestimpossibledeleschanger.
Cequej’aifaitestimpardonnable:voilàlatristevérité!
Cequiestsûr,c'estquejeluidoisuneexplication.
Aprèsluiavoirfaitautantmal,jeluidoisaumoinsça!
Maisqu'est-cequequelquesmotsfaceauximagesqu'ilavues?
Quelspectacleluiai-jeoffert?Celuid’unetrahison!Dematrahison.
Jamais,jenemeseraiscrucapabled’agirdemanièreaussifourbe.Acroirequej’aivraimentbel
etbienchangé!
Jeréaliseàprésentl’ironiedelasituationetcelle-cimelaisseungoûttrèsamer,legoûtdu
mensonge.J’aisouffertàenmourirquandj’aiapprisqueDylansejouaitdemoiavecd’autres
fillespeuregardantes,maisàprésent,c’estmoiquiaijouéàcejeudefélonie.
J’aimisàmalmaloyautéenversceluiquej’aimeetl’aihumiliéenlefaisantassisteràmon
infidélité.Etmêmes’ilnes’agissaitqued’unbaiser,jesaismoi,combienmoncorpsdésirait
Samuelàcemoment-là,pendantnotreétreinte;etrienquepourcelalemotinfidélitésejustifie
entièrement.Jeviensdemettreenpratiquetoutcequej’aitoujoursabhorré,àsavoirla
malhonnêtetéetl’irrespect.
Mais,d’ailleurs,pourquoiDavidétait-ilaubureau?C'estlapremièrefoisqu'ilvenait.Comment
luidireàquelpointjesuisdésolée,àquelpointjeregrettecetégarementetquecelanesignifie
rienpourmoi?Quelleexcuseallégueralorsquejen'enmériteaucune?
Danslasalled'attentedeLondres,jesorsmonportableetl'allume.Deslarmescontinuentde
glissersurmesjoues,jesuissitriste,jeregrettetellement.Jecaressel'écrandemondoigtquand
jesélectionnelecontactetquelaphotodeDavidapparait.Monchagrinredouble.
Jem'yreprendsàmillefois,effaçantchaquefoislesmessages,lesmotsmesemblantsilégers
parrapportauxfaits.Finalement,j'envoiemonmail.
…………………………………………………………………………………………………..
Objet:aucuneexcuse
«David,aucunmotnesaurajamaispardonnermoncomportementstupideetjeregrette,ô
combienquetuaiesdûaffrontercela.Mêmesicelanechangerienpourtoi,etquecelane
soulagerapastapeine,jeveuxquetusachesquec'estlapremièrefoisquecelam'arrivaitet
quejeleregrettesincèrement,ohoui,jeleregrettetellement!
Jet'aimesifortquejemedétestedeteblesserainsi.Moncomportementaétéendessousde
toutetjenesuisqu'unepauvreconnesansexcuses.
J’avaisunprinceetjemesuiscomportéecommeunesouillonalorsquetufaisaisdemoita
princessechaquejour.Jesaisquejet'aifaitmal,quejet’aiprofondémentblessé,etjeme
senssinulle.L'éloignementquinouspesait,s'avèreaujourd’huinécessaire.
Jenet'ennuieraiplus.Jevoulaisjustet'adresserunderniermessagemêmesicedernier
n'effacerapascej'aifait.Jet'aime.Jenesuispasdignedetonamouretjesaiségalement
quejesuisimpardonnable.J’aitoutfichuenl’air.Pardon.»
……………………………………………………………………………………………………..
Jerejoinslafiled'embarquementetprendsplacepourlederniervol.Jemesenssiépuiséeetsi
vide.J'essaiedechercheruneraisonquijustifieraitmonétatàmesparents-carjenedoutepas
unesecondequ’ilsvontdesuites’apercevoirquejenevaispasbien-maisjen'entrouveaucune.
D'unautrecôté,jeneveuxpasenparler.Cettehistoirem'appartient,etjesuissihonteusequeje
n'oseraismêmepasmeconfier.Jefinisparm'endormirdansl'avion.
Chapitre22
«Lemensonges'appelletrahisonquandilseglissedansunbaiser.»
AnneBarratin
Lizzie.
LorsquejedébarqueàNicemafamillem'attendbanderolesàlamain.Ilsn’ontpasfaitdansla
demi-mesure!Megansautilleetmesparentsseserrentdanslesbrasémus.Martinn'apaspu
venirmaisilnousrejoindraenfind'après-midi.J'aiappliquéunpeudemaquillagedefaçonà
camouflermescernesetm'obligeàafficherunairjoyeux,cequiauraitétélecassitoutecette
histoiren’avaitpaseulieu.Nosretrouvaillessontémouvantesetnousmènentrapidementaux
larmes.Cequim'arrangequelquepart:meslarmesdejoiedissimulantmeslarmesdedésespoir.
Enfait,cesdernièress'écoulenttoujoursmaispersonnenepeutsedouterdeleurvéritable
origine.
Commejel’imaginais,mamèremefaitimmédiatementuneréflexionsurmapetitemine,maisje
l'expliqueaussitôtsurlevoyagefatigantetsurl’épuisementrésultantdecesderniersmoisde
travail.J'arrivemêmeàm'enconvaincre.J'ignoraiségalementcetalentquej'avaisàmentir.
Jemedécouvredejourenjour,etcequej’yvoisn’estvraimentpasjoli.J’aichangé,c’est
indéniable,maispasdelamanièredontj’espérais.
Jesouhaitaisprendreconfianceenmoi,m’affirmer;aulieudeça,jesuisdevenuefausseet
complètementstupide.DanslavoiturelesquestionsdeMeganfusentmaismesparentslui
demandentdemelaisserunpeusouffler.Heureusement,nousarrivonsàlamaisonenfind'après-
midietMartinarrivejustequelquesminutesaprèsnotrearrivée.Ilmeserrefortdanssesbras,et
jeréaliseàquelpointjeluiaiégalementmanqué.
Làtoutesmeslarmesredoublentcommesijeréalisaisenfinàquelpointjemesentaisseulesans
euxautourdemoi.
Jeprendsjusteunepetitecollationetsansquej'aieàtrouverunquelconqueprétextemamère
m'enjointàallermereposerpourrécupérer.Soulagéed'avoirréussiàdonnerlechange,jerejoins
machambre.
Jeconsultemonportable.Rien.
Jeredécouvremonrepère,letrouvantpluspetitquedansmessouvenirs,jemelovebienvite
dansmonlitauxoreillersdouillets.
Immédiatement,cetespaceconfiném'apparaitrassurant,monantred'enfantoùj'aiétési
heureuse,protégéeparunefamilleaimante.Jeleredécouvreetm'yréfugiecommed'antan.
Lelendemainmatin,jesuisréveilléeparmontéléphonequim'annoncedeuxmessages.Mon
cœurs’affoleetloupeunbattementquandj'aperçoislesexpéditeurs.Jemeredresse
immédiatementetsuisprisedepaniqueàl'idéedecequ'ilspeuventcontenir.Jesouhaiteraisne
paslesouvrirtantjelesredoutemaisjedoisassumermeserreurs,c'estd'ailleursunedesvaleurs
quem'atransmisemonpère."Onnedevientadultequelorsquel’onestcapabled'assumerses
propreserreurs",sesmotsmereviennentenlitanie.
End’autrestemps,j’auraismêmesourienmelesremémorant,maispourl'heure,jenesaispassi
j'aiseulementenvied'êtreadulte,jemerendscomptequetoutétaitbienplussimpleavant.
Jeprendsunegrandeinspiration,melèveetlesouvreparordred'arrivée.
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Objet:cequis'estpassé.
Lizzie,
Jesaisquejet'aiamenéàunesituationcritiquepourtoi.Cen'étaitpasmonbut.J'aijuste
beaucoupdemalàmetenirfaceàtoi.Jerespectetoutefoismonengagement.Seulement,situ
asbesoindemoi,jesuislà.
Tulesaisn'est-cepasquejesuislàpourtoi?
Jerestepersuadéquenotreavenirestensemblemaistuesjeuneetjecomprendsquetuaies
peur;queturessenteslebesoindevivretespropresexpériences.
Jetel'aiditetjeteleredis:j'attendraiautantqu'illefaudra.Jet'attendscarjet'aimeetje
saisquetuesmapromise.
Prendsletempsdefairelepoint,detereposeretsurtoutprofitedestiensquitemanquenttant.
Tumemanques.
Samuel
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Jesoufflefortayantdumalàcontenirmesémotionsfaceàcesibeaumessage.Mesjambes
tremblent.L'imagedeSamuelapparaitdansmonesprit,sonregardsicaptivant,j'ail'impression
unmomentqu'ilestlà,devantmoi.Quellebelledéclarationetquelleabnégation.C'estsansdoute
çal'amour:fairepasserl'autreavantsoi,jelecomprendsseulement.
Incapabled'enchainerlalecturedesdeuxmessages,jedécidedeprendreunedoucheetlaisse
l'eauchaudecoulersurmoncorpscommepourmelaverdetoutesmeserreurs,detousmes
pêchers.Jefrottemoncorpsencoreetencorecommesicelasuffisaitpourtoutnettoyer.Lapeau
rougieparlachaleuretlesfrottementsdugant,jesorsmeréfugierdansmonpeignoirsi
confortablequiétaitrestéici.JenesuispasprêteàprendreconnaissancedumessagedeDavid
carj'aiidéeducontenu.Jeveuxretarderlemomentoùjedevraisaffronterlatristeréalité.
JedescendsverslacuisineetyretrouveMeganetMartinquisechamaillentcommeavant.Ce
quim'énervaitdesmoisauparavantm'apaiseaujourd'hui,commesirienn'avaitchangé,comme
sicessixmoisn'avaientétéqu'uneparenthèse.Jeretourneraisvolontiersenarrièremoiaussi,età
vraidire,jenerejoueraisprobablementpaslemêmescénario.
Meganveuttoutsavoirdemavieaux"states"etestunvéritablemoulinàparoles,debonmatin-
j’avaisoubliésonénergie!
Martin,peupatientestagacéetilcrieun«Maman»afinqu'ellesecalmeetnousfichelapaix,le
tempsdudéjeuner,aumoins.
Finalement,rienn’achangéici,hormismoi.
-Etalors?medit-elledroitdanslesyeux,normalquejesoiscurieuse,ilyasilongtempsquetu
espartie,nousavonsdutempsàrattraper!
-Ouit'inquiète,tusaurastout,maislaisse-moiaumoinsallerm'habillerluidis-jeenluipinçant
lementon.
Déçue,ellem'autoriseàsursoirenajoutant"maisfaisvitealors!"
-Ouichef,jeluirépondslasaluantd'ungestemilitaire.
Jerejoinsmachambreetmelance,jenepeuxpasreculerdavantage,jedoislirelemessagede
David.Jedoissavoir,cequejesaisdéjà.Jedoismettrefinàcettesouffranceetaccepterles
conséquencesdemesactes.Cettefois,jem’assoissurlelitetouvrelemail,labouleauventre.
………………………………………………………………………………………………………
Objet:Nous
-Lalecturedel'objetmeserrelecœur.-
Lizzie.
Hierjesuismort.
Moncœuravoléenéclat.
Commejenepouvaispasimaginerquel'onpouvaitaimerautant,jen'imaginaispasnonplus
quel'onpouvaitsouffrirautant.
J'aiéchouéLizzie.
J'aiéchouéàterendreheureuse.
Evitonslesscènesetlesdiscoursstériles.Jesuisjusteheureuxd'avoirpartagétavie(un
tempstropcourtpourmoi),maisc'estainsi.SoisheureuseLizzie,tulemérites.L'hommequi
auraceprivilègeserabénidesdieux.
AdieuLizzie.
………………………………………………………………………………………………….
Surcesderniersmots,jesuffoque,l'airmemanqueetjehoquettecommesijem'étouffais.Je
retiensmessanglotsenposantmamainsurmabouche,jeressensunedéchiruredansmes
entrailles,jem'effondreausoldesouffrancesenânonnantdes"non,non,non".Iln'estpas
possibled'avoiraussimal,maisqu'ai-jefait?
OhDavid,monamourPardonnemois'ilteplait,jet'ensuppliemême,redonnemoiunechance
crié-jedansmessanglots.
Maislavoixdemaconsciencericane:Tul'aseuetachanceLizzieettuastoutfoutuenl'air!Il
telesfallaittous?Ehbien,voisoùcelat'amenée!Alors?Heureuse?
Abattue,oppressée,jegisausolpleurantmonamourperdu.Jenesensplusrien,qu'unvide,un
immensevide.
Jeresteunlongmomentausoléteinteettransiededouleur.
J'aitellementenviedeluirépondrequec'estluil'amourdemavie,quejenesuisheureuse
qu'avecluietquejenepeuximaginernepluslerevoir,neplusêtredanssesbras,nil'embrasser,
nileserrercontremoi.
Maispourquelleraisonleferais-jesouffrirencore,jenesuispascellequ'ilmérite,cellequile
rendraheureux,celleenquiilpourraavoiruneconfianceabsolue.Nonjenesuispascelle-là.
Alors,maintenant,jevaisrevêtirmonmasquequicacheralenéantquim'habite,jevaisjouerla
plusbellescènedecettesinistrehistoire,jevaisjoueràfairesemblantpendantlesprochains
joursdefaçonàcequetoutlemondecélèbrelesfêtesdefind'annéedanslajoie.J'aifait
suffisammentdemalautourdemoi.
Etpuis,jevaisréfléchir,bienréfléchir,carjenepensepasavoirlecouragederetournerlà-bas
poursuivrecequej'aianéanti.Dorénavant,jenepenseplusquemaplacesoitlà-bas,àSan
Francisco.
-Lizzie!HurleMegan.
Jesouffleetm’essuievitelesyeux,Megannem’alaisséquetrèspeudetempsderépit.
Maisjel’entendscrier«T'asuncolis!».
Ellemontelesmarchesquatreàquatreets'avancedansmachambrepourletendre.Jecours
danslasalledebainfaisantminedem'habiller,jeneveuxpasqu'ellesoupçonneàquelpointj'ai
mal,endécouvrantmonvisagedévastéparlechagrin.
J'éclaircismavoixetluiintimedeledéposersurmonlit.Jelasensdéçuedenepouvoir
découvrirsoncontenuavecmoi,maisellen’insistepas.
UnefoisMegandisparue,jeréapparaisdansmachambreetm’approchedupaquet.Jeme
demandequiabienpum'adresseruncolis.
Jel’examine:ilestpetit.Jen’aiaucuneidéedecequ’ilpeutcontenir,nidequipeutmel’avoir
envoyécariln’yaaucunnomd’expéditeur.
N’enpouvantplus,jesaisisunciseaupourfaciliterl'ouvertureetdécouvrerapidementunpetit
écrinrougerectangulaire.
Anxieuse,jel'ouvreetytrouveunecléaccrochéeàunporteclé.Jel'attrapeetlislemessage
écritsurcedernier:dis-moioui.
Jerestemuettemettantunmomentavantdesaisir.Unepetitecarteaétéglisséedansle
couvercleavecquelquesmotsécritsdessus:
«ViensvivreavecmoimonAnge,dis-moioui.»
Jelâchetout,saisiedespasmes,unedouleurvivemeterrasseànouveaucommesiles
précédentesn'étaientrienàcôtédecettelamequimecisaillel'intérieur.Etjecomprends
seulementàcemoment-làl'étenduedecequej'aiperdu.
…Asuivre