New Moïra - Réseau Canopé · 2014. 1. 22. · Dossier pédagogique « Moïra» 3 Installation sonore I. Préparer l ˇévènement 1. Pistes pédagogiques « Moïra » est un prénom

Dossier pédagogique « Moïra» 1 Installation sonore

Moïra Installation sonore

Conception / Composition : Tiziana BERTONCINI

Conception technique : Maxime LANCE

Du jeudi 20 au dimanche 23 mars 2014, Dans la cour du Palais du Tau, à Reims

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

Niveaux : Collège / Lycée

http://www.pdfcomplete.com/cms/hppl/tabid/108/Default.aspx?r=q8b3uige22


SOMMAIRE

I. Préparer l’évènement

1. Pistes pédagogiques 2. Moïra et les programmes d’enseignements 3. Objectifs et compétences

II. L’installation

1. Découvrir et connaître l’installation 2. Zoom sur le festival Elektricity 3. Zoom sur Tiziana Bertoncini

III. L’annihilation comme principe artistique

1. L’unité intégrale de l’œuvre 2. La déshumanisation 3. Transcender la tradition



I. Préparer l’évènement 1. Pistes pédagogiques

« Moïra » est un prénom grec ancien signifiant tout à la fois « destin », « part », « portion » ou « lot ». Cette pluralité de traductions et d’acceptations du terme « Moïra » éclaire le projet d’installation sonore de Tiziana Bertoncini.

L’artiste propose en effet quatre mannequins identiques que l’on peut entendre comme une seule et même entité mais aussi dans leur individualité. Tiziana Bertoncini semble ainsi vouloir mettre en relief le thème du destin, celui de l’être humain et de la société toute entière, guidée par une instance supérieure aux hommes que représente Moïra. L’artiste s’est réappropriée cette notion du destin pour expliquer un devenir fixé d’avance.

Le destin s’oppose au libre arbitre. Les personnages créés par Tiziana Bertoncini

paraissent ne pas pouvoir échapper à une histoire prédéfinie. Ils sont recouverts de bâches plastiques qui annihilent les archétypes visuels de la

représentation humaine : les visages sont dépourvus de bouche, d’yeux, …. Les paroles des personnages se réduisent à un langage inintelligible déclamé par les

mannequins qui murmurent et crient. La notion de théâtralité déjà perceptible dans la dimension sonore de l’installation est corroborée par la posture verticale des mannequins, magnifiée par leurs costumes qui s’apparentent à des bâches plastiques transparentes.

Tiziana Bertoncini exprime sa verve créatrice et artistique à travers le corps qu’elle

déshumanise. L’installation sonore de l’artiste devient un support d’expressions artistiques, tant

plastiques que sonores en lien avec le corps. Tiziana Bertoncini transcende la tradition en réunissant les pratiques artistiques et les périodes de l’histoire de l’art et en se libérant des canons esthétiques.

Dans quelle mesure l’installation sonore Moïra met-elle en lumière une esthétique de

l’annihilation ?

Moïra s’inscrit comme un objet d’étude permettant d’exploiter la thématique « arts, corps, expressions » au Lycée, dans le cadre de l’enseignement d’histoire des arts.

Moïra permet de développer les idées d’art total, de déshumanisation et de

transcendance de la tradition autour du concept fédérateur de l’annihilation.

2. Moïra et les programmes d’enseignements

En éducation musicale (au Collège et au Lycée en classe de Première, dans l’enseignement de spécialité, série littéraire) et en arts plastiques (au Collège) : Moïra réunit musique et arts plastiques au profit de l’unité intégrale de l’œuvre d’art, une idée héritée du Gesamtkunstwerk wagnérien. L’élève pourra appréhender le concept d’œuvre d’art totale par une approche sensible de Moïra.



En arts plastiques (au Collège, en classe de Troisième) et en éducation musicale (au Collège) : Moïra contribue à éclairer l’axe du programme dédié à « L’espace, l’œuvre et le spectateur ». L’élève pourra s’initier à la notion d’espace dans la Cour du Palais du Tau, au travers de l’installation sonore in situ. L’idée de spatialisation du son nourrit l’œuvre de Tiziana Bertoncini, matérialisée par l’écriture polyphonique et la disposition stéréophonique des mannequins.

En éducation musicale (au Collège) : Moïra concourt à l’appropriation d’une terminologie spécifique où les notions de temps lisse – non pulsé, de la diffusion du son par haut-parleurs et de techniques vocales (parmi lesquelles la voix parlée dans un registre voisé : murmuré et crié) constituent des éléments du langage musical.

En arts plastiques (au Collège, en classe de Sixième) : Moïra apparaît comme un point d’ancrage pour aborder le potentiel de création de l’objet et son détournement au sein de l’axe des programmes consacré à « L’objet et l’œuvre ».

En philosophie (au Lycée) : Moïra postule l’idée d’une dialectique entre abstrait et concret, entre réel et irréel qui pourra étayer l’approche de notions tels que le destin, le langage, l’art, la perception, l’interprétation, la société, …

En français (au Collège, en classe de Troisième) : la multiplicité d’interprétation de l’installation sonore de Tiziana Bertoncini permet d’aborder la polysémie de l’œuvre. Un travail autour de l’argumentation pourra nourrir les débats suscités par Moïra.

En musique (au Lycée, en classe de Première, série littéraire) : Moïra s’intègre dans la problématique traitée dans le programme de musique – « Les rapports de la musique à la société ». Cette installation sonore interroge son public sur le rôle de la musique dans le champ social et plus spécifiquement sur l’incidence des problématiques de la société contemporaine alimentée par la question de l’annihilation sur la création artistique.



3. Objectifs et compétences PÔLE

S OBJECTIFS COMPÉTENCES

CO

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• L’élève apprend que la sensibilité musicale peut varier selon l’époque ou la situation géographique du créateur comme de l’auditeur ;

• L’élève apprend que la musique témoigne toujours de contextes qui la dépassent, qu’il s’agisse de faits historiques ou d’espaces géographiques ;

• L’élève apprend que la création musicale aujourd’hui est à la croisée de diverses influences et traditions, dans tous les cas l’expression d’un contexte original et complexe ;

• L’élève apprend que la musique est faite de continuités et de ruptures, d’invariants par delà l’histoire et la géographie, mais aussi de spécificités qui jalonnent les langages et les esthétiques ;

• L’élève apprend que l’histoire européenne de la musique, si elle se développe sur une très longue durée, s’organise en grandes périodes esthétiques.

Compétences visées : - L’élève sait identifier et expérimenter la voix

parlée en utilisant des registres voisés : murmurer et crier ;

- L’élève sait appréhender les enjeux esthétiques de l’œuvre d’art totale ;

- L’élève sait identifier une œuvre de musique savante contemporaine ;

- L’élève sait définir une installation sonore. - L’élève sait identifier une musique diffusée

par haut-parleurs.

Compétences associées : - L’élève sait expérimenter une organisation

du discours selon le timbre et l’espace par répartition et organisation spatiales des masses sonores ;

- L’élève sait percevoir et expérimenter la polyphonie ;

- L’élève sait identifier un temps non pulsé – lisse.

PE

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EV

OIR

• L’élève apprend à se rendre disponible à la perception des sons et de la musique ;

• L’élève apprend à tirer parti de la subjectivité de sa perception plutôt que d’en rester dépendant ;

• L’élève apprend que sentiment et émotion sont les révélateurs d’une réalité complexe et permettent de comprendre les significations portées par la musique ;

• L’élève apprend à forumler l’état de sa perception subjective ou objective avec un vocabulaire approprié et pour partie spécifique ;

• L’élève apprend à décrire, identifier et caractériser les éléments constitutifs du phénomène musical ;

• L’élève apprend à analyser son environnement sonore, à identifier les sources qui le constituent et en comprendre ses significations ;

• L’élève apprend que l’oreille peut orienter son attention dans une direction particulière, sélectionner certains informations parmi beaucoup d’autres ;

• L’élève apprend que sa capacité à percevoir nourrir sa capacité à produire et réciproquement.

PR

OD

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E

• L’élève apprend à être auditeur interprète et créateur ;

• L’élève apprend ce qui fait un style et découvre qu’il peut toujours s’en emparer ;

• L’élève apprend que tout projet musical s’enrichit des références culturelles dont on dispose.



II. L’installation 1. Découvrir et connaître l’installation

Moïra est une installation sonore créée par l’artiste italienne Tiziana Bertoncini. Il s’agit d’une installation in situ qui donne à voir quatre figures sans visage, blanches, couvertes de bâches plastiques transparentes et impersonnelles dans la Cour du Palais du Tau. Les mannequins de Tiziana Bertoncici s’expriment dans une langue mystérieuse, constituée de murmures et de cris. Tiziana Bertoncini convoque le sonore et le visuel dans l’optique de mettre en exergue l’impalpable et l’insaisissable.

2. Zoom sur Elektricity

Une co-production de Césaré et La Cartonnerie

Elektricity, dans son projet artistique et dans son montage institutionnel, constitue en lui seul une exception. Ce festival est co-produit par une SMAC, la Cartonnerie, et par un Centre National de Création Musicale, Césaré. L’association d’une SMAC (Scène de musiques Actuelles) et d’un Centre de Création Musicale, pourrait être considéré comme un mariage un peu contre-nature. Et pourtant, ces deux structures, au détour d'un projet artistique hors-normes, se sont trouvées. Apprenant l'une de l'autre dans le cadre d’une co-production inédite, croisant des savoir-faire et des approches très différentes de la chose musicale, elles ont développé ensemble le festival Elektricity.

Comme pour chaque belle rencontre, il faut un entremetteur. C'est le rôle qu'a longtemps joué Cyril Jollard avec Binary Gears. Binary est l'association créée par Yuksek, qui est à l'origine de festival. Dès 2004, la Cartonnerie a soutenu Elektricity. En 2005, Césaré est devenu un partenaire privilégié. Les deux sont devenus co-producteurs en 2007.

Elektricity Equinoxe

Comme un parfum de ravissement, Elektricity revient en même temps que les beaux jours dans son édition de printemps intitulée "Équinoxe". Au programme cette année, trois soirées consacrées aux Musiques du Temps Présent, les 20, 21 et 22 mars avec l'installation "Moïra" de Tiziana Bertoncini dans la cours du Palais du Tau ainsi qu'un concert folk dans la salle du Festin, et deux soirées à la Cartonnerie dédiées à la pop et à l'électro. Plus d'infos sur www.elektricityfestival.fr



3. Zoom sur Tiziana Bertoncini

Tiziana Bertoncini, née à Pise en Italie, a obtenu son diplôme de violon au Conservatoire de Sienne et celui d'artiste plasticienne à l'Académie des Beaux Arts de Carrare. Puis elle a suivi des cours de spécialisation dans les domaines de la musique de chambre et de la didactique.

Après avoir joué dans divers orchestres et ensembles de musique de chambre, elle se concentre sur la musique contemporaine, écrite ou improvisée. Son travail musical oscille entre une recherche personnelle sur l'instrument et ses possibilités sonores, et la composition ou collaboration avec des artistes d'autres médias. En même temps, elle s’intéresse aux croisements et synthèses entre les éléments visuels et musicaux / sonores.

Elle a joué dans des festivals internationaux de musique contemporaine et improvisée.

Elle a fait partie ou a contribué à la partie musicale de spectacles de danse, théâtre, vidéo et multimédias.

Son travail solo comprend des compositions, des performances et des installations.

Elle a été artiste invitée et conférencière des cours d'été de la New-York University en Italie de 1996 à 2001, y donnant des master-class d'improvisation.

Elle est membre de l'ensemble ]h[iatus, qui évolue dans les territoires de l'improvisation et de l'interprétation des œuvres du répertoire contemporain. L'ensemble a créé des pièces de compositeurs comme Vinko Globokar, Peter Jakober et Jennifer Walshe.

En 2008, elle a été artiste en résidence au Bridge Guard – Residential Art/Science Center à Stúrovo en Slovaquie, puis en 2009, artiste en résidence au AIR Krems en Autriche.

En 2011, sa composition électroacoustique Nur Sand a remporté un prix à l’occasion du concours Ferrari (r)écouté organisé par la radio allemande hr2-kultur et par ZKM | Institute for Music and Acoustics à Karlsruhe. Cette œuvre a été éditée sur le label Wergo.

Aujourd’hui, elle vit à Vienne.

www.ensemble-hiatus.eu/



III. Une esthétique de l’annihilation

1. L’unité intégrale de l’œuvre

L’installation sonore de Tiziana Bertoncini est composée de bâches plastiques qui constituent un matériau particulièrement affectionné par l’artiste pour ses effets visuels et sonores. L’installation plastique émet des sons. L’art du son et l’art du visuel sont annihilés en tant que tel par la fusion absolue des arts et l’unité intégrale de l’œuvre d’art. Les mouvements des bâches génèrent une dimension chorégraphique et sonore de l’œuvre plastique. Le traitement du mannequin confère à cette installation un aspect sculptural que corrobore la réalisation des mannequins en relief en recourant aux bâches plastiques. Tiziana Bertoncini se situe donc dans les pas de la tradition germanique en aspirant à la plénitude organique telle que la défendait Wagner via le principe artistique du Gesamtkunstwerk.

La notion d’espace nourrit l’œuvre, tant sur le plan musical que visuel. La disposition des mannequins dans l’espace de la Cour du Palais du Tau renvoie à une disposition stéréophonique. L’installation sonore donne à entendre une écriture polyphonique du son où se superposent les quatre voix des mannequins.

Au-delà du dialogue des arts, l’installation sonore Moïra s’inspire des mannequins du plasticien Giorgio de Chrico. À l’instar des mannequins de Chirico, ceux de Tiziana Bertoncini sont des personnages énigmatiques qui font tantôt référence aux automates des XVIIIe et XIXe siècles et tantôt à ceux exposés dans les vitrines des boutiques.

2. La déshumanisation

Les mannequins de Tiziana Bertoncini sont tout à la fois saisissants et déroutants. Ils s’expriment dans un langage apparenté à des sons primitifs. Ce langage n’est pas sans rappeler le langage Merz créé par Kurt Schwitters dans les années 1920. La déclamation du texte tour à tour murmuré et crié renvoie également au sprechgesang amorcé par les compositeurs de la Seconde École de Vienne dans les années 1910. Moïra se libère des conventions littéraires et musicales en proposant une vision stylisée et déformée de la réalité de façon à livrer une expression plus juste de ses états d’âme.

L’aspect fantomatique des personnages vient confirmer cette défiguration humaine. Les personnages sont dépourvus des canons esthétiques représentatifs de l’homme. Tiziana Bertoncini propose une fusion de l’humain et de l’automate rompant ainsi la frontière entre figuration et abstraction. L’installation sonore Moïra est une œuvre surréaliste.



3. Transcender la tradition

Moïra s’inscrit dans un lieu patrimonial – le Palais du Tau – puisqu’il s’agit d’une installation in situ. L’œuvre d’art et le lieu d’exposition et de diffusion de celle-ci permettent de confronter l’art contemporain et l’art médiéval. Le choix d’un tel lieu de ‘exposition et de diffusion pour l’œuvre de Tiziana Bertoncini impacte sur la réception de l’œuvre d’une part, sur le patrimoine ancien et local d’autre part. L’inscription d’une œuvre d’art contemporain dans le Palais du Tau favorise la démocratisation de l’art. Au travers du lieu du Palais du Tau et de l’inspiration revendiquée à Giorgio de Chirico, Tiziana Bertoncini exalte les valeurs de la tradition artistique.

ŒUVRES EN APPUI - Kurt SCHWITTERS, Ursonate (1921-1932) - Les œuvres utilisant le sprechgesang des compositeurs de la seconde École de

Vienne (Schoenberg, Berg et Webern) - Les mannequins de Giorgio De CHIRICO

POUR APPROFONDIR…..

Rencontre avec l’artiste sous forme de café-philo dans la Salle Basse du Palais du Tau jeudi 20 mars 2014 à 14h30 à 16h.

Durée : 1h30.

Public visé : Lycéens (Terminales)

Contacts

Les docks rémois

27 rue Ferdinand Hamelin 51450 Bétheny

Tél. : 03 26 88 65 74

email : contact@cesare site : cesare-cncm.com

Florence COLAS-LENTIEZ Professeur missionné pour le service éducatif de Césaré

email : [email protected]

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