37
L’étude prospective du secteur forestier en Afrique (FOSA) Niger Ministère des Eaux et Forêts Hamissou Garba Rome, juillet 2001 Les points de vue exprimés sont ceux des auteurs et ne peuvent être attribués ni à la CE, ni aux institutions. Le document est présenté dans une édition simple, pour un unique souci de style et de clarté.

Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

  • Upload
    others

  • View
    3

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

L’étude prospective du secteur forestier en Afrique

(FOSA)

NigerMinistère des Eaux et Forêts

Hamissou Garba

Rome, juillet 2001

Les points de vue exprimés sont ceux des auteurs et ne peuvent être attribués ni à la CE, ni auxinstitutions.

Le document est présenté dans une édition simple, pour un unique souci de style et de clarté.

Page 2: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

ii

Page 3: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

iii

ETUDE PROSPECTIVE DU SECTEUR FORESTIER : RESUME1

Hamissou GarbaIngénieur des eaux et forêts ME/LCD/ADE

B.P. 578 Niamey, NigerTel: (227) 73 33 29/75 34 42 ; Fax: (227) 73 27 89

[email protected] ; [email protected]

Moteurs de changements- Population : sa forte croissance engendre des besoins croissants ayant des effets directs ou

indirects sur le secteur ;- Pauvreté : elle contraint les populations à une pression de plus en plus forte sur

l’environnement. La dégradation de l’environnement est intimement liée à la pauvreté. Ducoup, toute politique de protection de l’environnement doit d’abord la réduire.

- Phénomènes climatiques : en particulier la sécheresse et les températures élevées et ladésertification accentuent la dégradation des ressources naturelles.

- Agriculture et élevage de par leur caractère extensif accentuent la désertification.- Le cadre foncier avec ses incertitudes et la main mise du gouvernement sur la propriété

des terres. En effet, les nouveaux textes relatifs au code rural tiennent compte despréoccupations de l’ensemble des acteurs. Toutefois, le rapport doute de son applicabilité.

- La politique forestière nationale a évolué en passant d’une approche dominée par unevision sectorielle à une approche globale de l’environnement avec des interventionsmultisectorièlles et intégrées.

- Le développement industriel et minier avec ses exigences et ses coûts sociaux. Le secteurminier représente 16% du PIB et emploie 10% de la population active. Les pouvoirspublics prévoient un vaste chantier de désenclavement des sites miniers qui sera aussil’occasion de faciliter l’accès aux zones forestières jusqu’ici épargnées.

- Les facteurs socioculturels persistants et qui représentent des barrières à l’innovation etaux changements comme le suggère la gestion coutumière des terres.

Le secteur forestier en 2020

Le scénario tendanciel énergétique proposé dans le document national est formulé sur la basede deux hypothèses calées sur des variables démographiques, des variables relatives àl’évolution des formations forestières et de consommation de bois énergie. Il révèle dans lesdeux hypothèses une réduction de la superficie des forêts, un doublement de la population, undoublement de la consommation en bois énergie et un capital forestier fortement entamé.

Proposition d’actions

� Des changements politiques et institutionnels ;� Le renforcement de l’investissement dans le secteur ;� Mise en œuvre de progrès technologiques adéquats ;� Nécessité de lutter contre la pauvreté ;� L’engagement des différents acteurs impliqués à jouer pleinement leur rôle.

Page 4: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

1

1 INTRODUCTION

Objectifs du rapport national de prospective du secteur forestier

La prospective est avant tout, une réflexion pragmatique, conçue pour aider à prendre lesdécisions cruciales dans un avenir incertain. A cet égard, elle permet de disposer d’un cadrestratégique global, prospectif et cohérent. Aussi, l’objectif principal du présent rapportnational de prospective du secteur forestier est d’explorer l’évolution récente du secteur, d’end’écrire la situation actuelle et de dégager les grandes tendances qui caractérisent cetteévolution, de mettre en évidence les mécanismes qui ont engendré ces tendances et qui, plusou moins modifiés, sont susceptibles d’influencer son évolution future au cours des deuxprochaines décennies et enfin de construire les scénarios possibles et un scénario de sortie duscénario tendanciel.

Généralités sur la zone sahélienne

L’étude de l’évolution du climat sahélien dégage une tendance lente mais régulière à undessèchement caractérisé par des oscillations d’amplitude assez faibles mais de longue duréeet des oscillations de courte durée mais d’amplitudes plus grandes appelées sécheresses. Cessécheresses répétitives se sont produites entre 1639 et 1643 et entre 1738 et 1756 et plusrécemment entre 1913, 1972, 1973, 1983 et 1984. L’indice le plus révélateur de tous les tempsdemeure l’assèchement du fleuve Niger à Niamey (Niger) en 1985 lorsque celui-ci a cessé decouler. Cette tendance a connu une accélération ces dernières années, accélération attribuée àdes causes humaines. Il s’agit notamment des modifications du couvert végétal suite auxdéboisements dans les zones sahéliennes et ceux des massifs forestiers des régions tropicaleshumides situées au sud du Sahel. Le retour irrégulier des pluies relativement abondantes cesdernières années notamment en 1985 et 1986 est certes porteur d’espoir mais il n’écarte pas lefait à peu près certain que l’irrégularité du climat sahélien est une donnée fondamentale querien ne permet de remettre en cause. La conséquence logique est que les pays sahéliens, parmilesquels, le Niger garde une place géographiquement prépondérante et doit se préparer à cetévénement considéré dès lors comme normal.

La question, alors, que la présente étude prospective doit se poser concernant le climatsahélien en général est la suivante : le prochain quart de siècle sera-t-il en moyenne plus oumoins humide que celui qui vient de se terminer.

Pour essayer de répondre à cette question fondamentale, une étude prospective des payssahéliens (1985-2010) OCDE, 1988 à formulé trois hypothèses :

• L'hypothèse de la continuité qui implique une alternance de périodes sèches et depériodes humides ;

• L'hypothèse de la rupture dans les tendances climatiques qui prévoit que le prochainquart de siècle sera en moyenne nettement plus sec que le précédent, au point de fairefigure de catastrophe majeure ;

• L'hypothèse d'une rupture dans les tendances du climat global de la terre qui créeraitles conditions favorables à un accroissement de la pluviométrie sur le Sahel.

Sur la base d’une analyse tendancielle, l’étude favorise l’hypothèse plus plausible d’undessèchement lent, non significatif à l’échelle d’une génération humaine mais assorti de

Page 5: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

2

périodes sèches plus ou moins prononcées, imprévisibles mais dont la venue est hautementprobable sur une période de vingt cinq ans.

Généralités sur le Niger

Climat : sahélien (une saison sèche d’octobre à mai et une saison humide de juin à septembre).• Température moyenne annuelle : Niamey 29°C• Précipitations moyennes annuelles : Niamey 500 mm• Capitale : Niamey : 700 000 habitants en 1996• Devise : Fraternité – Travail – Progrès• Indépendance : 3 Août 1960• Superficie : 1 267 000 km² dont 2/3 désertiques et 1/3 Sahélien• Population en 1998 – 10 000 000 habitants dont plus 47 % de moins de 15 ans• Densité : 7 habitants/km²• Taux d’accroissement annuel de la population : 3,3 %• Taux d’urbanisation : 17 %• Taux de scolarisation : 23,6 %• Taux d’alphabétisation : 27 %• Taux de natalité pour 1000 : 53• Taux de mortalité pour 1000 : 19• Temps de dédoublement de la population : 21 ans• Population en 2020 : 14,8 millions d’habitants• Population en 2025 : 20 millions d’habitants• Taux de mortalité infantile pour 1000 : 123• Indice de fécondité : 7,4• Age de la population en % :

- moins de 15 ans : 48 %- 65 ans et plus : 2 %

• Espérance de vie à la naissance :- Hommes : 45 ans- Femmes : 48 ans

• PNB/habitant 1996 ($US) : 200 dollars• Forêts et autres terres boisées : 10 442 000 ha• Superficie totale des forêts par habitant :0,36 ha• Avancée de la désertification :11à 18km par an• Superficie des terres cultivables en 1992 :15millions d’ha (12 % du territoire)• Superficie déboisement pour les besoins en bois énergie : 200 000 ha

Page 6: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

3

2 CONTEXTE FORESTIER NATIONAL

2.1 Examen rétrospectif du secteur forestier

Les peintures rupestres découvertes dans la deuxième moitié du XIXe siècle par desexplorateurs tels l’allemand Barth et par des archéologues spécialistes du Sahara commeHenri Lhote, Léo Frobenius, représentant des scènes de chasse, des ustensiles de ménage etdivers outils de travail trouvés ça et là par les paléontologues dans le Sahara nigérien prouventsi besoin est, que l’homme y a mené une vie savanicole pendant plusieurs milliers d’années.L’agriculture et l’élevage y étaient pratiquées sous un climat sans doute plus favorable qu’il nel’est aujourd’hui.

Cependant, en remontant dans les temps préhistoriques, des reconstitutions Paléo-environnementales, montrent plusieurs périodes sèches. C’est dire que déjà en ces temps, nosancêtres chasseurs-cueilleurs puis éleveurs et agriculteurs, connaissaient les difficultés liéesaux fluctuations pluviométriques.

La carte des variations des isohyètes au Niger (normale 1951/1980 par rapport à celle de1968/1993), O. Issa, 1996 montre les courbes dévolution des ishohyètes.

Les principaux faits marquant cette période sont entre autres :• Les précipitations étaient en normale suffisantes pour maintenir les activités de chasse, de

cueillette, de pêche, d’élevage et d’agriculture ;• La pression démographique sur les ressources naturelles était moindre ;• Les stratégies de gestion des ressources par la nominalisation ;• La sélection de la végétation par le feu, le bétail et les cultures. Mais déjà à ce stade, une

tendance progressive à l’aridification commençait à se dessiner. Cette évolutionclimatique fluctuante à tendance sèche ajoutée à d’autres facteurs a déclenché la migrationdes populations autochtones vers des positions méridionales plus clémentes.

Aussi, la saharisation du Nord a induit la sahélisation du Sud et l’évolution desenvironnements et celle des sociétés s’est réalisée grâce à des interactions de plus en plusfortes qui ont abouti à une décapitalisation progressive en ressources naturelles renouvelablesaccessibles avec les technologies des systèmes de production en place.

Au fil des ans cependant, les effets conjugués de cette aridification se sont accentués et se sontrépercutés sur toutes les ressources naturelles renouvelables.

Ainsi, le couvert végétal s’est éclairci par mortalité naturelle. Les cas des gommerais à Acaciadu Sénégal des parcours de Koutus, réseau très important de la traite de la gomme arabiquejusqu’aux années 60, aujourd’hui disparu ; le Tadress, région typique entre Adrar et Ighazeravec sa brousse arbustive à Commifora africana n’est plus qu’une mosaïque d’étenduescaillouteuses et de dunes en remobilisation, les fourrés riches en essences des nombreux petitsoueds du Liptako ne sont plus que des glacis dénudés ;les nombreux parcs à karité (Vitelleriaparadoxa), à baobab (Adansonia digitata) ; à néré (Parkia africana)…autrefois luxuriants, etaujourd’hui en raréfaction, sont à citer.

Page 7: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

4

Les sols dénudés et exposés aux vents et aux ruissellements sont sujets à des formes diversesde dégradation-érosion mécanique-salinisation dans le bas-fond, encroûtements pelliculairessur les glacis, baisse du potentiel biologique et de la fertilité naturelle des sols (O. Issa, 1996).

Parallèlement la population du Niger est passée de moins de 2 millions d’habitants en 1950 àplus de 10millions d’habitants en l’an 2000 ; celle-ci atteindra 20 millions à l’horizon 2020.

Les superficies cultivées sont passées de 1,8 millions d’hectares en 1960 à plus de 4 millionsen 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère estpassée de 7 ans à moins de 3 ans dans le même temps. Aujourd’hui, elle a tendance àdisparaître.

Face à cette dégradation accélérée par les facteurs indiqués plus haut, l’administrationcoloniale avait pris un certain nombre de mesures afin d’atténuer le phénomène dedésertification. Ainsi, elle éduquait la population par la contrainte et les sanctions pour lerespect des lois et règlements. Les feux de brousse précoces étaient autorisés et réglementésdans le temps et l’espace. Toutes les autres formes de feux de brousse, causant des dégâts à lafaune et à la flore étaient interdits. De même, les forêts classées, les réserves de faune, lesparcs nationaux étaient protégés et respectés. Les couloirs de passage, les terrains de parcours,les terres salées, les bois de village étaient respectés par les usagers. Les autorités coutumièrestraditionnelles exerçaient leurs fonctions éducatives et/ou répressives.

Mais avec la naissance de partis politiques en 1945 les pouvoirs de l’administrationafricanisée et des autorités coutumières faiblirent ; parallèlement, les progrès de la médecinehumaine et vétérinaire, en éradiquant les grandes maladies tropicales, favorisèrentl’accroissement de la population et du cheptel. La pression démographique de plus en plusforte poussa les ruraux à supprimer les jachères et à mettre en culture des terres marginales.L’éradication des épozoties, le développement d’un vaste programme d’hydraulique pastorale,permirent l’accroissement du cheptel pléthorique dont la multiplication et la présencepermanente autour des stations de pompage, des points d’eau de surface et des puits furent lepoint de départ de la désertification par surpâturage, surpiétinement, élagages abusifs,abattages d’arbres en forêts et hors forêts.

Le code forestier imposé à l’époque n’avait pas pris en compte les besoins des populations nidans sa philosophie ni dans son principe, ni dans son concept. Au contraire, il avait nié le droitlégitime des populations à vivre, à jouir des fruits de leur terroir et à perpétuer le culte de leursancêtres. Plus tard le décret du 4 juillet 1935 relatif au régime forestier, créa le domaineforestier.

En résumé, l’évolution de la politique forestière au Niger a connu quatre grandes étapes :• L’étape pré-coloniale caractérisée par une organisation des groupes familiaux et villageois

très structurés, hiérarchisés et contraignants qui tout en tirant profit de leur ressourcesnaturelles, ils les maintenaient relativement en équilibre. Les hommes n’étaient pasnombreux et les ressources étaient inépuisables ;

• L’étape coloniale caractérisée par les classements et la protection intégrale des massifsforestiers ; la croissance démographique de plus en plus forte, l’émergence d’une sociétémarquée par l’école coloniale qui donnera naissance à une nouvelle classe politique ;l’ouverture de l’économie sur les marchés mondiaux ; la déstructuration de la société

Page 8: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

5

traditionnelle et la persistance des systèmes de production qui, conjugués à la croissancedémographique engendrèrent des ruptures d’équilibres écologiques ;

• L’étape des grands projets de reboisement qui ont montré très tôt leurs limites parce queconçus et exécutés par les structures étatiques qui n’impliquaient les populations que sousforme de main d’œuvre temporaire. En outre, les plantations supposées résoudre leproblème de bois de feu n’ont pas eu de succès à cause du coût prohibitif de l’opération ;

• L’étape du développement de la foresterie villageoise qui visait une meilleure implicationdes populations dans les actions de protection et de gestion des ressources forestières àtravers : l’augmentation de la production par le reboisement ;la réduction de laconsommation de bois (foyers améliorés) ; la protection de ressources forestières à traversdes actions d’aménagement et de mise en défens.

2.2 Situation actuelle du secteur forestier au Niger

Les causes écologiques et anthropogenèses de la situation actuelle de l’environnement nepeuvent de façon claire être expliquées car elles sont le résultat de l’interaction de plusieursfacteurs parmi lesquels, les sécheresses de 1953-1954 ;1967-1968 et 1972-1973 tiennent uneplace prépondérante. Les spécialistes de l’archéologie, du climat et de la paléontologie fontremonter le début de la désertification à 7 000 ans au moins avant Jésus Christ.

Avec ses 1 267 000 km2, le Niger d’aujourd’hui est caractérisé par un climat de type sahélienavec une longue saison sèche de huit à dix mois et une courte saison de pluies qui dure trois àquatre mois avec une importante variation du nombre de jours de pluie du Nord au Sud. Lecaractère aléatoire des pluies dont l’agriculture nigérienne demeure largement tributaire, lapersistance de la sécheresse et la pauvreté des sols sont autant de facteurs limitants de laproductivité agricole. On distingue quatre zones climatiques :

La zone saharienne (65% du territoire national) avec des précipitations inférieures à 100 mmpar an. La température avoisine en moyenne les 35°C et le climat est désertique. La zonesahélo-saharienne (12,2% du territoire national) avec des précipitations comprises entre 100 et300 mm. Le climat est subdésertique. La zone sahélo-soudanienne (12,9% du territoirenational) avec un domaine sahélien au Nord avec des précipitations variant de 300 et 600 mmet un domaine soudanien au Sud. La zone soudanienne (0,9% du territoire national) qui reçoitplus de 600 mm par an.

Le domaine sahélien est caractérisé par une végétation passant par des formations contractéesou arbustives claires au Nord, à des formations plus diffuses et arborées au Sud. Il s’agitsurtout d’une steppe à Acacia raddiana et Aristida mutabiles sur les substrats sableux ; àAcacia sénégal sur sol sablo-argileux et Acacia nilotica sur les berges des mares. Sur lescuirasse latéritiques on rencontre des fourrés à Combretacées, Tiliacées, Mimosées,constituant les brousses, dites « tigrées » ou tachetées ». Dans les vallées fossiles et les grandskoris, se développent des formations à Acacia albida et Hyphaene thébaica.

Le domaine soudanien comprend une végétation de savane caractérisée par une strateherbacée continue où dominent les graminées vivaces et une strate ligneuse renfermant desarbustes et des arbres. On y rencontre les forêts claires à Anogeissus leiocarpus ou les forêtsgaleries à Mitragyna inermis. On y rencontre également de grandes espèces telles que lekarité, le baobab, le néré, le prosopis africana etc.

Page 9: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

6

Quant aux sols, on y distingue six grands groupes :• Sols minéraux bruts occupant plus de la moitié du pays ;• Sols peu évolués pauvres en matières organiques ;• Sols sub-arides, sols isohumiques caractérisés par l’accumulation de matières organiques

très évolués ;• Sols ferrugineux tropicaux, les plus évolués et localisés dans la partie méridionale la plus

arrosée du pays ;• Sols hydromorphes marqués par un excès d’eau dans le profil ;• Veritsols constitués d’argile gonflante.

2.3 Ressources forestières

2.3.1 Les ressources forestières naturelles nationales

A ce jour, le Niger ne dispose d’aucun inventaire forestier exhaustif de l’ensemble desformations forestières. Plusieurs estimations ont cependant été faites. Parmi elles, on peutretenir celles :• du club du Sahel en 1981 :16 096 400 ha• de la FAO, 1990 :10,5 millions d’ha• de Catinot, 1991 :13 millions d’ha• de M. Hamadou et S. Gambo,1999 : 5 741 914 ha.

Selon une étude récente sur les défrichements (1997), de 1958à 1997 la perte de la superficiede forêts a été de l’ordre de 40 à 50% au profit essentiellement de l’agriculture, des besoinsénergétiques et du développement urbain. Les forêts classées ont été fortement dégradées etplus de 50% d’entre elles ont perdu une grande partie de leur potentiel végétal.

Volume sur pied des formations forestières naturelles

Les différentes méthodes d’inventaires utilisées dans l’évaluation des ressources forestières(Algria, 1958) projet utilisation des sols et des forêts (PUSF, 1982-1999 , projet Énergie II,1992 ; I. Aboubacar, 1995), ont estimé le volume de bois sur pied à 5,22 stères par ha. Cevolume correspond à 1,45 m3/ha.

Changement de superficie et de volume des formations forestières naturelles au cours dutemps

Plusieurs études ont cherché à quantifier les pertes annuelles en superficies forestières. Lesprojections faites à partir des besoins en terres cultivables d’un habitant du milieu rural, ontpermis une bonne appréciation de la dynamique du couvert forestier en fonction de l’évolutiondémographique de la population. Selon R. Catinot, 1986, le besoin en terres agricolesnouvelles est de 0,625 ha/an par habitant rural. Avec ces données, les pertes en superficieforestière ont varié de 100 000 ha à 170 000 ha en 1998. Selon un document de la direction del’Environnement (Bilan des reboisements au Niger 1984-1996), les changements en superficies’élevaient à environ 200 000 ha en perte chaque année. Une étude de la FAO, 1990 surl’Environnement et devenir du Niger, a situé les pertes annuelles entre 70 000 et 80 000 ha. Leprojet Aménagement des forêts naturelles (PAFN, 1996) a quant à lui, estimé que 100 000 ha

Page 10: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

7

sont soustraits annuellement à l’espace forestier sous l’effet combiné des facteurs climatiques,des coupes incontrôlées et de l’expansion des cultures.

Cependant, une étude plus récente de la FAO, 1999, a estimé que la part du défrichementagricole s’élèverait à 190 400 ha chaque année. Celle des variations climatiques et dessécheresses est estimée à 145 780 ha/an.

L’analyse du tableau relatif à l’évolution de la superficie des formations forestières montreque le taux de régression est plus de 60 % en 25 ans ; ce qui correspond à un taux derégression de 2,4% par an.

2.3.2 Les ressources forestières plantées

Le reboisement constitue la plus importante action menée pendant et après les sécheresses desannées 70 pour réhabiliter et améliorer l’environnement. En effet, les premiers projetsforestiers ont surtout privilégié le développement des bois de village, les ceintures vertes,l’enrichissement des terres de cultures et les plantations de protection.

Ainsi, le rythme annuel de reboisement a été estimé à 5 000 ha par an et l’accroissement envolume de bois à 5 000 m3/an.Globalement ; la situation actuelle du secteur forestier au Niger se caractérise par :• Une surexploitation des formations forestières pour la satisfaction des besoins

énergétiques et alimentaires d’une population à croissance démographique rapide (3,3%).• Un faible pouvoir de régénération des peuplements naturels.• Une faible connaissance des ressources forestières notamment sur le plan phyto-génétique• Une accentuation des phénomènes de désertisation et de désertification• Une perte de la diversité biologique• Une faiblesse des opérations de reboisement• Une faible implication des populations dans la gestion des formations forestières• Une faible valorisation économique des produits et sous produits de la forêt• Une inefficacité de la politique énergétique de substitution au bois énergie• Une faiblesse dans les investissements du secteur• Une persistance de la sécheresse• Une faible productivité des peuplements naturels• Une persistance des systèmes traditionnels de productions agro-sylvo-pastorales• Une inefficacité des politiques et stratégies nationales en matière de foresterie.

2.4 Situation actuelle des ressources forestières naturelles

Le stade de dégradation actuel de l’environnement est lié de façon fonctionnelle et exclusive àla durée et à l’intensité historiquement exceptionnelle des déficits pluviométriques qui ontamené une population à croissance démographique accélérée à chercher à satisfaire sesbesoins fondamentaux par une surexploitation des massifs forestiers naturels existants. Aussi,la réponse qu’implique logiquement la dégradation de l’environnement (pollution galopante,destruction accélérée des massifs forestiers, désertification, désertisation, entraînant unedétérioration parfois irréversible du potentiel agro-sylvo-pastoral) apparaît comme un défid’envergure nationale.

Page 11: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

8

Etat des forêts naturelles :• Surface sous forêt et autres terres boisées : 10 442 000 ha• Couvert forestier : 2 562 000 ha• Autres terres boisées : 7 880 000 ha• Superficie de forêt par habitant : 0,36 ha• Volume sur pied : 36 millions m3• Superficie des formations naturelles (1994) : 5 741 917 ha• Superficie des forêts classées et gommeraies : 781 457,2 ha• Productivité des formations forestières naturelles : 0,5 stères/ha /an (R. Catinot 1986).• Pertes annuelles en superficie forestière : 200 000 ha• Superficie de forêt sous aménagement : 642 915 ha• Production en bois énergie en 2 000 : 988 254 tonnes• Besoins en bois énergie en 2 000 :

Populations urbaines : 578 010 tonnesPopulations rurales : 2 312 041 tonnesTotal : 2 890 051 tonnes

• Consommation de bois en milieu urbain : 0,6 kg/pers/jour• Consommation de bois en milieu rural : 0,8 kg/pers/jour

3 MOTEURS DU CHANGEMENT DANS LE SECTEUR FORESTIER

3.1 Climat et sécheresse

Le Niger est un pays enclavé avec une superficie de 1 267 000 km². Il est aux 3/4 désertique.La frange sud du territoire, où vit plus de 90 % de la population, recèle l'essentiel desressources naturelles (sel-eau-végétation-faune..). Au cours de ces dernières décennies, leNiger a subi les effets d'une sécheresse persistante qui a accéléré une avancée du désert de 66à 77 % de sa superficie. Le climat est globalement du type sahélien et permet de distinguerquatre zones climatiques :• La zone saharienne : (65 % du territoire national) qui reçoit moins de 100 mm de pluies

par an. La température moyenne y atteint les 35°c ;• La zone Sahélo-saharienne : (12,2 % du territoire national). Elle reçoit entre 100 et 300

mm de pluies par an ;• La zone Sahélo-soudanienne (21,9 % du territoire national). Les précipitations y varient de

300 à 600 mm ;• La zone soudanienne (0,9 % du territoire national) est la zone la plus arrosée avec plus de

600 mm de pluies par an.

Le climat du Niger est caractérisé depuis ces trois dernières décennies, par une persistance dela sécheresse et un déplacement des isohyètes vers le Sud ; ce qui explique dans une certainemesure la variabilité spatiale de ce paramètre et donc des conséquences pour les productionsagro-sylvo-pastorales. Il est admis aujourd'hui que les lignes isohyètes se sont déplacées versle Sud d'environ 1° de latitude. Concernant la variation de l'humidité, caractérisée par lesanomalies de la tension de Vapeur d'eau, il convient de remarquer, à l'exception de quelquesannées bien précises, que la baisse de la pluviométrie ne s'explique pas par un déficit envapeur d'eau dans l'atmosphère. Ceci renforce l'hypothèse déjà émise de l'existence d'un

Page 12: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

9

mécanisme de rétroaction terre - atmosphère, propre à la région sahélienne tendant à entretenirla sécheresse initiée au départ par des anomalies de la circulation générale.

Les sécheresses, les famines et les dégradations actuelles de l'environnement sont liées defaçon fonctionnelle et exclusive à la durée et à l'intensité exceptionnelle des déficitspluviométriques récents. Mais les irrégularités de la pluviosité sont intrinsèques de la naturesemi-aride même du climat du Niger.

Ces fluctuations s'inscrivent dans une tendance générale d'aridification progressive. Dans cetteévolution climatique fluctuante et à tendance sèche continue, le seuil de viabilité des systèmesde production agro-sylvo-pastorale a été atteint. L'évolution des environnements et celle dessociétés se réalisent dans une toile d'interactions de plus en plus fortes dont la résultantemajeure est une décapitalisation progressive en ressources naturelles renouvelablesaccessibles avec les technologies des systèmes de production en place.

Les effets de cette tendance à l'aridification se répercutent sur toutes les ressources naturellesrenouvelables. Le couvert végétal s'est éclairci par mortalité “naturelle“ dans toutes lescontrées du Niger. Et partout ces décapitalisations quantitatives se doublent d'appauvris-sements floristiques non moins rapides et dramatiques par leurs impacts sur la biodiversité etla vie des hommes. Le producteur rural au Niger n'a souvent que ses ressources naturelles tantson maigre paquet technologique est devenu rudimentaire. L'environnement est donc pour luid'abord un outil de production que la technologie à lui accessible ne permet pas de pérenniserdan ses conditions actuelles de production. Les pénuries chroniques en ressources ainsiengendrées par les anthropisations négatives établissent de nouvelles cartes de disparités quidéclenchent des redistributions spatiales des hommes et de leurs activités à toutes les échelles.

En résumé, eu égard à la situation climatique évoquée, le Niger doit faire face au prochainquart de siècle et simultanément à trois problèmes agricoles et environnementaux de nature etaux solutions différentes :• Faire face à l'aridité et à la variabilité du climat, qui interdit la plupart des cultures

d'exportation et rend incertain le résultat de l'agriculture vivrière en deçà d'un certainniveau de précipitations (environ 600 mm). Les zones particulièrement vulnérables à lasécheresse représentent 84 % de l'espace pour 48 % de la population ;

• Lutter contre l'extrême dénuement de la fraction la plus pauvre de la population rurale qui,faute d'accès à certains des facteurs matériels et immatériels de production (terre, travail,intrants, capitaux, marchés, savoir-faire) se voit régulièrement contrainte de consommerune partie des ressources naturelles dont dépend sa survie et est ainsi entraînée dans unespirale de dégradation des ressources et d'appauvrissement ;

• Assurer sur le moyen terme une croissance soutenue de la production agricole, ce quipermettra aux producteurs d'investir dans un développement durable de leur production.

3.2 Environnement et problématique foncière

Sous l'influence des grandes tendances identifiées dans l'étude rétrospective, le secteurforestier a connu une évolution peu rassurante qui pourrait s'accentuer si des changementsfondamentaux positifs significatifs ne s'opèrent pas dans le court et moyen terme dans lesorientations stratégiques futures. Au stade actuel, la situation du secteur se présente commesuit :

Page 13: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

10

3.2.2 Gestion de l'environnement et problématique foncière

Traditionnellement, le contrôle et la gestion des terres sont de la compétence du chef devillage et au niveau supérieur, de celle du chef de province, de canton ou groupement nomadequi sont dépositaires d'un pouvoir politique et judiciaire sur les terres. Ainsi, le droitcoutumier s'applique parallèlement aux mesures de classement et de protection des forêts.Avec l'avènement du Code rural, les principes fondamentaux fixant le cadre juridique desactivités agricoles, sylvicoles et pastorales ont été clairement définis même s’ils continuent desusciter des interrogations et des inquiétudes de la part des chefs traditionnels, des agricultureset des éleveurs chacun selon les enjeux qu'il y attache.

Bien que les principaux utilisateurs du Code rural (producteurs ruraux, associationspaysannes, responsables coutumiers, organisations non gouvernementales, responsables desprojets, cadres de terrain), sont sceptiques quant à l'applicabilité des textes promulgués, lesidées forces et les principes de base qui ont guidé la réflexion sur le Code rural constituent àn'en point douter les variables les plus motrices de changements requis dans la gestion de cebien commun à tous les Nigériens. Ces idées forcéess s'articulent au tour de trois points àsavoir :• L'appartenance des 1 267 000 km² de la superficie du territoire à tous les Nigériens ;• L'assurance pour tous les Nigériens de bénéficier des mêmes garanties et des mêmes

prérogatives pour une gestion harmonieuse des ressources naturelles ;• L'existence dans certains cas spécifiques, de propriétés privées de l'État, des collectivités

ou de particuliers.

Le texte s'articule également au tour de quatre thèmes qui sont au centre des grandespréoccupations du monde rural à savoir :• La préservation et la gestion des ressources naturelles ;• L'aménagement du territoire ;• L'organisation du monde rural ;• Les faibles performances des dispositifs de recherche et de vulgarisation ;• La faiblesse du niveau d'encadrement des producteurs ;• La vulnérabilité aux aléas climatiques ;• La montée de la dépendance alimentaire à l'aide extérieure ;• L'inadaptation en qualité et en quantité aux besoins d'une population qui double tous les

21 ans :Le remède à la précarité des équilibres alimentaires et à l'inadaptation des politiques misesen œuvre dans le secteur rural a été le développement des cultures irriguées mais, lessuperficies équipées avec des systèmes de maîtrise totale de l'eau représentent moins de 5% du potentiel agricole. Les superficies irriguées sont de l'ordre de 21 700 ha dont 20, 73% en aménagements hydro-agricoles structurés.

• La sécurisation de la production et des producteurs ruraux.

3.3 L'agriculture

Elle est relativement diversifiée et demeure tributaire des conditions climatiques etédaphiques. Les performances du secteur agricole restent globalement insuffisantes compte

Page 14: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

11

tenu des rendements en régression consécutifs à la baisse progressive de la fertilité, à la miseen culture des terres marginales, à l'absence de jachère et au déficit du bilan hydrique. Unquart seulement des 15 000 000 d'ha des terres cultivables est aujourd'hui mis en valeur. Enoutre, 70 000 à 80 000 ha de nouvelles terres sont occupées annuellement par l'agriculture auxdépens des forêts et de l'élevage lui-même fortement extensif.

L'agriculture est essentiellement pluviale et les cultures vivrières céréalières constituent labase de la production. Les caractéristiques majeures de l'agriculture nigérienne sont :• La persistance des systèmes de production traditionnels extensifs ;• La baisse progressive des rendements ;• Les coûts élevés des moyens de production ;• Le faible niveau des prix aux producteurs.

Avec un apport de 20 % du PIB conte 35 % pour l'ensemble du secteur primaire en 1995 et 22% contre 37 % pour l'ensemble du secteur primaire en 1998, l'agriculture représente laprincipale activité de plus de 85 % de la population active du pays. Cette croissance se justifiepar l'accroissement de la population et l'accroissement des terres de culture. L'actiondévastatrice de cette extension des emblavures dans les zones marginales de la limite Norddes cultures, constitue une menace permanente pour l'équilibre et la viabilité de cesécosystèmes si fragiles, sans cesse dégradés sous l'effet des aléas climatiques.

3.3.1 Évolution des politiques et stratégie mises en œuvre de 1960 à 2000

De 1960 à 1973 : développement sectoriel caractérisé par l'intervention directe et l'État aumoyen d'une planification triennale et quadriennale. Mais, l'accent a surtout été mis sur lescultures de rente.

De 1973 à 1983 : avènement de grands projets agricoles, la réalisation d'aménagements hydro-agricoles et la création d'un Institut national de recherche agronomique et cela grâce auxexportation d'uranium et aux prêts financiers.

De 1984 à 1991 : la sécheresse de 1984 et la crise économique induite par l'augmentation duprix du pétrole ont imposé une réorientation des stratégies d'intervention en milieu rural àtravers : le débat national sur la lutte contre la désertification en 1984 à Maradi ; le débatnational sur l'élevage en 1985 à Tahoua et le symposium sur le développement à la base àNiamey en 1987. Cette période a consacré le principe de responsabilisation des populationspour un développement endogène. Ainsi, l'approche pluridisciplinaire et participative degestion des terroirs et l'émergence des micro-réalisations plus maîtrisables pour lespopulations ont été promues. Le mouvement coopératif et l'organisation du monde rural pourune responsabilisation à la base ont également été amorcés. Dans le même temps, les effets dela crise économique persistante, la baisse des recettes internes due au secteur informel de plusen plus important, le courant libéral mondial, se sont accentués.

De 1992 à 2000 : installation du libéralisme économique avec des reformes visant la créationd'un environnement macro-économique favorable à l'accroissement de la production agricole,la réduction de la pauvreté rurale et l'amélioration de sécurité alimentaire. Ainsi, l'ordonnancen° 92-030 du 8 juillet 1992 portant sur les principes directeur d'une politique dedéveloppement rural au Niger a défini les axes stratégiques prioritaires suivants :

Page 15: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

12

• Gestion rationnelle des ressources naturelles ;• Intensification et diversification des productions ;• Sécurité alimentaire ;• Organisation et responsabilisation des populations et désengagement progressif de l'État

des secteurs productifs et commerciaux ;• Financement d'un crédit rural adapté.

L'ordonnance n° 93-015 du 2 mars 1993 portant adoption des principes du Code rural, définitle cadre juridique d'assainissement des droits fonciers dans la gestion des ressourcesnaturelles.

L'ordonnance n° 96-067 du 9 novembre 1996 portant régime des coopératives rurales consacrela liberté d'association.

Le décret n° 99-531 du 21 décembre 1999 portant adoption de la stratégie de croissanceagricole durable définit les stratégies suivant les axes prioritaires adoptés par la loi n° 92-030et propose les principaux programmes à élaborer et les modalités de leur mise en œuvre.

Malgré tous ces efforts, l'analyse des productions agricoles, des 25 dernières années, révèleque la production agricole s'est accrue à un rythme moyen de 2 % par an, ce qui est bieninférieur au croît de la population qui est de 3,3 %. Parallèlement, la recherche agronomiquesur les cultures vivrières n'a pas évolué.

Le système productif n'amorce aucune intensification pour faire face à la croissancedémographique et à la croissance urbaine galopante.

Aussi, la croissance démographique et la stabilité du système productif engendrent desruptures d'équilibres écologiques inquiétantes pour l'avenir.

Cette évolution met en évidence deux phénomènes majeurs :• La vulnérabilité de plus en plus grande du secteur agricole aux aléas climatiques ;• La montée de la dépendance alimentaire.

On peut conclure de cette évolution que :• Le système productif, tel que pratiqué, favorise la dégradation du milieu naturel ;• La production ne suit pas l'augmentation de la population ;• La production est en deçà des besoins des populations et ne les suit pas ;• Elle est due à la persistance des systèmes de production extensifs traditionnels (culture

pluviale, manuelle ; emploi de semences sélectionnées et de fertilisants très limité, etc.).

3.3.2 Problématique du développement agricole

Les contraintes

Les contraintes d'ordre technique :• Le caractère précaire et instable du régime pluviométrique ;• La dégradation accélérée des ressources naturelles et donc la baisse de la fertilité des sols ;• Le taux de croissance démographique élevé (3,3 %) ;

Page 16: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

13

• La pauvreté des populations avec 63 % vivant en dessous du seuil de la pauvreté et 34 %extrêmement pauvres ;

• Le faible niveau technologique ;• La faiblesse du niveau d'instruction des populations (taux d'alphabétisation : 27 %) ;• La faiblesse de la capacité financière des producteurs ruraux.

Les contraintes institutionnelles :• Instabilité et multiplicité des institutions chargées de promouvoir l'agriculture et l'élevage ;• Centralisation excessive de l'administration ;• Faiblesse des organisations rurales ;• Insuffisance de la contribution du secteur privé ;• Faiblesse des infrastructures rurales de base.

3.3.3 Perspectives du secteur agricole

Les potentialités

Les terres cultivables sont estimées à 15 000 000 d'hectares (12 % de la superficie du pays)dont 5 000 000 d'hectares emblavés en cultures pluviales chaque année et 270 000 hectares deterre irrigables dont 20 % actuellement exploités.

Cet important potentiel de production bénéficie d'un environnement économique etinstitutionnel favorable au développement du secteur agricole.

Les facteurs les plus déterminants sont :• L'émergence d'une nouvelle catégorie de grands producteurs ayant des capacités

importantes d'investissement est une véritable source de modernisation de l'agriculture etde l'augmentation de la valeur ajoutée du secteur ;

• La mise en œuvre de plusieurs reformes de nature à stimuler une croissance agricoledurable se traduira par une meilleure organisation et une meilleure valorisation dessystèmes de production ;

• Les acquis technologiques en matière de lutte contre la désertification, de gestion intégréedes ressources naturelles et de modernisation des pratiques culturales.

Les politiques et stratégies de développement du secteur agricole pour les actions futures

L'ordonnance n° 92-030 et le décret n° 99-531 précités constituent le cadre de référence de cespolitiques et stratégies.

De plus, la déclaration de politique générale du gouvernement fait du développement rural lerôle moteur de l'économie nationale et définit les priorités d'action du secteur comme suit :• L'organisation des producteurs et des circuits d'information et d'intervention des chambres

d'agriculture ;• L'installation d'un nouveau système de crédit agricole décentralisé ;• Le développement des cultures irriguées ;• La modernisation des techniques culturales ;• Le développement de la recherche agronomique et le transfert des technologies ;• La gestion des ressources naturelles sur une base participative.

Page 17: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

14

Résultats attendus :• Assurer la sécurité alimentaire des populations ;• Améliorer le niveau de vie des populations par la croissance de leurs revenus ;• Accroître le volume des productions commercialisables et d'exportation ;• Créer les conditions idoines d'organisation du monde rural et des tissus d'intermédiation et

de financement ;• Améliorer les techniques culturales.

3.3.4 Influence du secteur agricole sur le secteur forestier au cours des 20 prochaines années

L'analyse rétrospective, la situation actuelle et les perspectives du secteur agricole permettentde dégager des tendances qui pourraient, si elles se maintiennent avoir un impact significatifsur le secteur forestier.

Il s'agit de :• La persistance des systèmes de production extensifs traditionnels ;• L'inadaptation des politiques et stratégies mises en œuvre ;• L'inadaptation des reformes agraires ;• La rupture de l'équilibre entre l'homme et son milieu naturel ;• Le déplacement des isohyètes vers le Sud ;• Les défrichements pour se procurer de nouvelles terres de culture (200 000 ha/an) ;• La disparition de la jachère ;• Le prélèvement du bois de feu pour les besoins culinaires (70 à 80 000 ha/an).

3.4 Élevage

Au Niger, l'évolution du secteur élevage est caractérisée par :• Une croissance rapide, supérieure à la croissance de la population humaine, cela grâce à

des facteurs favorables tels que : la régression des épizooties, l'ouverture de nouveauxpoints d'eau, la croissance de la demande ;

• Une chute brutale en 1973 (1/3) ;• Une reconstitution après 1973 ;• Une nouvelle chute en 1983 et 1984.

Néanmoins, les systèmes d'élevage traditionnels actuels représentent une menace réelle pourle secteur forestier à travers la surexploitation des pâturages aériens et le piétinement de larégénération naturelle.

3.5 Population

Comme la plupart des pays sahéliens, la population du Niger est caractérisée par :• Une croissance démographique accélérée avec un taux d'accroissement annuel de 3,3 % ;• Un niveau de fécondité très élevé (l'indice synthétique de fécondité étant de 7,4 enfants par

femme) ;

Page 18: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

15

• Un niveau de mortalité élevé (le taux de mortalité infantile est de 123 pour 1 000 et le tauxde mortalité maternelle est de 6,5 %) ;

• Une structure assez jeune de sa population (49,5 % a moins de 15 ans) ;• Une répartition spatiale inégale (75 % de sa population vit sur 25 % du territoire) ;• Une urbanisation rapide : 25,1 % de la population vit en milieu urbain en 1993 contre 13

% en 1977 ;• Un taux de scolarisation faible (23,6 %) ;• Un temps de doublement de la population de 21 ans ;• Un taux de natalité de 53 pour 1 000.

Au recensement général (RGP 1988) la population du Niger était de 7,2 millions d'habitantsdont 3/4 sont confinés au Sud du 16ème parallèle où se trouve l'essentiel des ressourcesfoncières agricoles.

En 1998, la population du Niger était estimée à 10,1 millions d'habitants et selon PRB, 1998,cette population serait de 14,8 millions d'habitants en 2010 et 22,4 millions en 2025.

3.5.1 Croissance de la population

La croissance démographique a tendance à s'accélérer. En effet, le taux de croissancedémographique est passé de 2,5 % en 1960 à 2,8 % en 1977 et à 3,3 % en 1998. Aujourd'hui,il est estimé à 3,4 %. La population urbaine croît à un rythme de 5,9 % par an et la populationrurale 2,52 % par an ce qui dénote un exode rural assez important qui s'opère à travers lesmigrations intrarégionales, interrégionales et transfrontalières. La population nigériennedouble environ tous les 21 ans. Ce doublement est dû d'une part au taux de fécondité élevé(7,4 enfant par femme) et au taux de mortalité en net fléchissement (de 27 pour 1 000 en 1960à 20 pour 100 en 1998).

3.5.2 Répartition spatiale de la population

La population nigérienne est très inégalement repartie dans l'espace. La densité est fonction dela pluviométrie, du potentiel agricole.

Ainsi, les 3/4 de la population son confinés au Sud du 16ème parallèle alors qu'elle est presquenulle dans les zones désertiques.

3.5.3 Urbanisation

Le taux d'urbanisation rapide (25,1 %) s'explique par des motifs économiques et nonéconomiques (environnement socio-culturel plus attrayant, meilleures conditions sanitaires,possibilité de donner une meilleure éducation aux enfants et d'augmenter leurs chances depromotion sociale, allégement des contraintes sociales très fortes dans les sociétés rurales).

Page 19: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

16

3.5.4 Pression démographique, pauvreté et dégradation de l'environnement

La croissance démographique fait peser une grave menace sur l'environnement surtout si lerythme de croissance et le déséquilibre dans la répartition spatiale actuels se maintiennent. Or,la population nigérienne est très inégalement répartie sur le territoire et la densité moyenne estde 6 habitants/km², et varie de moins de 1 hbts/km² au Nord à 34,7 à 80 hbts/km² au Sud. Leseffectifs et les modifications sensibles qui affectent cette répartition spatiale, pose un sérieuxproblème d'adéquation avec les niveaux de la production agricole (en baisse continue,enregistrant des déficits céréaliers structurels de plus en plus importants).

La mobilité croissante de la population qui s'effectue au plan interne et externe, a desconséquences importantes sur la répartition géographique et, de ce fait, au niveau de lapression exercée sur les ressources naturelles.

Mais, la dégradation de l'environnement n'est pas liée seulement au croît démographique et àla répartition spatiale de la population. Elle est aussi fortement influencée par la pauvreté dusecteur rural qui continue d'être négligé et d'être exploité principalement au service desintérêts urbains. Les ressources disponibles sont utilisées pour investir dans l'industrie et lesservices, pour financer la fonction publique, améliorer les infrastructures et les conditions devie dans les villes. Cela, évidemment, ne laisse guère d'espoir aux pauvres ruraux de briser lecercle vicieux de leur pauvreté. Or, les pauvres ruraux sont directement ou indirectementtributaires de l'agriculture comme source d'emploi et de revenu.

La détérioration générale de l'environnement est due aux facteurs suivants :• La pression démographique se traduit par la disparition des systèmes traditionnels

d'aménagement et de protection des ressources naturelles (jachères forestières, mesuresconservatoires prises en faveur de certaines espèces forestières de valeur : gao, tamarinier,baobab, certaines lois décrétées par les responsables coutumiers pour la protectiond'espèces ligneuses menacées de disparition;

• Les pratiques d'exploitation du milieu pour les productions agro-sylvo-pastorales etindustrielles ;

• L'extension des terres de culture ;• Le surpâturage ;• Le faible niveau technologique ;• La pauvreté ;• Le déboisement pour la satisfaction des besoins de bois et des besoins énergétiques.

3.6 Énergie et industrie

L'importance des arbres et arbustes pour la population nigérienne est primordiale. En effet, laprincipale source d'énergie pour les populations rurales, en particulier, reste le bois et sesdérivés (charbon de bois, écorces...). Entre 93 et 97 % des besoins en énergie de la populationrurale et urbaine sont satisfaits par le bois énergie.

Page 20: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

17

L'approvisionnement des grandes agglomérations nigériennes s'effectue à plus de 80 % parl'exploitation des zones non aménagées et à 20 % par l'exploitation des zones enaménagement.

La pression, de plus en plus croissante, exercée sur les ressources forestières pour lasatisfaction dune demande en bois énergie en constante progression a mis en évidence lanécessité d'une gestion rationnelle et appropriée de l'offre et de la demande. Les premierstravaux, allant dans ce sens, ont été entrepris au début des années 1980 pour l'aménagementdes formations naturelles. La gestion de la demande a été envisagée à partir de 1985 par lavulgarisation des foyers améliorés et des essais de substitution du bois par d'autres sourcesd'énergie (gaz, pétrole lampant...). Les politiques mise en œuvre dans le cadre de la gestion del'offre et de la demande ont consisté à :

Pour la gestion de l'offre :• L'aménagement des forêts naturelles initié en 1982 ;• La création de marchés ruraux de bois ;• La transformation qualitative du système actuel d'exploitation anarchique et incontrôlée

des forêts, vers un système plus organisé et rationalisé tenant compte de la capacité derenouvellement des ressources ;

• La création des bases endogènes d'un développement économique et social au niveau localgrâce aux ressources financières générées par l'exploitation des forêts revalorisées ;

• Le renforcement des capacités de coordination et d'interventions des pouvoirs publics enmatière de politique énergétique.

Pour la demande :• La réduction des consommations de bois par l'introduction d'équipements plus

performants et d'encouragement à la substitution au profit des énergies modernes ;• La vulgarisation des foyers améliorés ;• La promotion de la politique du gaz butane avec une assistance financière de la CCE. Il

s'agissait de faire passer la consommation de gaz de 400 tonnes/an à 2.100 tonnes/an aubout de trois ans. A la fin de l'année 1992, la vente de gaz était de 667 tonnes ce qui apermis la substitution de 4 000 à 5 000 tonnes de bois ;

• La promotion de la politique du pétrole lampant. Un plan quinquennal été élaboré dans cesens. L'objectif à atteindre était de 80 000 réchauds à vendre à l'horizon juin 1994. A la finde 1993, les ventes de réchauds se sont élevées à 9 000 unités. Le taux de pénétration desréchauds à pétrole n'a été que de 5 à 6 %. Pourtant, les enquêtes menées dans ce sens ontmontré que l'utilisation des réchauds à pétrole permet en moyenne de faire une épargne enbois de l'ordre de 21 % contre 10 % pour l'usage du gaz et 12 % pour celui des foyersaméliorés ;

• La promotion de la politique du charbon minéral qui n'a eu que peu d'impact sur laconsommation du bois du fait de sa marginalisation.

L'industrie manufacturière occupe, quant à elle, une place très réduite dans l'économienigérienne avec 1,3 % du PIB en 1986 contre 1,2 % du PIB brut total et 4,2 % du PIB dusecteur moderne en 1977. Aussi, il est peu probable que l'industrialisation ait une influencesignificative sur le secteur forestier au cours des 20 prochaines années. Il en est de même pourle secteur touristique et le secteur minier.

Page 21: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

18

3.7 Le cadre législatif, réglementaire et institutionnel de la gestion del'environnement

Depuis plus de trois décennies, le Niger se trouve confronté à des crises aiguës dedéveloppement. Parmi ces adversités la sécheresse et la dégradation progressive desécosystèmes forestiers constituent un sujet de préoccupation permanente pour les autoritésnationales. Cette volonté s'est notamment manifestée par la promulgation de plusieurs textesréglementaires s'inscrivant dans le cadre de la préservation de l'environnement.

Les principaux textes législatifs et réglementaires promulgués sont :• Décret n° 59-180 réglementant la circulation et le droit de pâturage du bétail dans les

zones de culture ;• Loi n° 61-05 fixant la limite nord des cultures ;• Décret n° 61-150 fixant les conditions d'utilisation des stations de pompage et d'accès aux

zones de pâturage ;• Loi n° 70-19 portant Code de l'élevage ;• Loi n° 74-7 portant Code forestier ;• Loi n° 61-08 relative à la prospection, la recherche, l'exploitation, la circulation, le

commerce et la transformation des substances minérales et fossiles ;• Loi n° 66-33 relative aux établissements dangereux insalubres et incommodes ;• Arrêté n° 31/MMH fixant les règles particulières de sécurité et d'hygiène auxquelles sont

soumis les chantiers de recherche ou d'exploitation de substances radioactives ;• Ordonnance n° 92-037 et ses textes d'application portant sur l'exploitation, le transport et

la commercialisation du bois ;• Ordonnance n° 93-014 portant Code de l'eau ;• Ordonnance n° 93-013 portant Code d'hygiène publique ;• Décret n° 87-77 réglementant la circulation du bétail dans la zone des cultures ;• Décret n° 62-28 fixant le Régime de la chasse ;• Décret n° 72-88 portant interdiction de la chasse au Niger ;• Décret n° 88-019 portant classement de la réserve naturelle nationale de l'Aïr et du Ténéré;• Décret n° 88-020 portant classement de la réserve naturelle intégrale dite “Sanctuaire de

l'Addax“ ;• Ordonnance n° 93-012 fixant les principes d'orientation du Code rural.

De plus, plusieurs autres textes sont en préparation. Il s'agit notamment du Code del'environnement et ceux relatifs aux études d'impact environnemental.

Tous ces textes connaissent malheureusement une application limitée du fait du contextesocioculturel et économique.

3.8 Les forêts et l'environnement

La dégradation de l'environnement induit inévitablement une baisse extrêmement importantede la diversité biologique et l'extinction des organismes vivants constitue le dégât biologiquele plus important de notre époque car, il est totalement irréversible. L'amoindrissement de ladiversité biologique affaiblit l'agriculture car la grande majorité des Nigériens se nourrissentde plantes cultivées ou non. La réduction rapide de la diversité biologique supprime à jamaisdes ressources importantes pour la pharmacie et l'industrie. Dans les pays en développement,

Page 22: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

19

la situation de la diversité biologique se caractérise par l'érosion généralisée des ressourcesgénétiques. Selon plusieurs méthodes d'estimation, le taux de disparition d'espèces végétalesse situe entre environ 1 et 10 pour cent. Lovejoy avait calculé en 1980 un taux moyen dedisparition par décennie compris entre 8 et 11 pour cent.

Les principales causes de la dégradation de la diversité biologique au Niger sont les suivantes:• La surexploitation des ressources végétales ;• L'absence de stimuli pour l'entretien de la biodiversité ;• L'absence d'institutions locales chargées d'entretenir la diversité des plantes ;• La sécheresse et la désertification ;• Le piratage au niveau national et international lors de l'utilisation de la diversité

biologique ;• L'appauvrissement des sols.

Malgré les différentes conventions mises en œuvre pour conserver la biodiversité, dans lesconditions climatiques socio-économiques et culturelles actuelles, la dégradation de ladiversité des plantes se poursuivra au cours des deux décennies à venir. Certes, à court etmoyen terme, les possibilités offertes par les biotechnologies engendreront une demandeaccrue en ressources phylogénétiques diverses mais les progrès technico-biologique ne seconcentreront que sur le secteur agricole pour alimenter une population croissante alors queles ressources sol eau énergie restent constantes ou déclinent.

3.9 La pauvreté

Selon la FAO, en 1995, il y a 1,1 milliards de pauvres dans le monde dont 800 millions viventdans les zones rurales. Or, les populations rurales (75 %) de la population nigérienne sontdirectement ou indirectement tributaires de l'agriculture et de l'élevage comme sourcesd'emplois et de revenu. Aussi, accroître la production agro-sylvo-pastorale, c'est stimulerl'économie rurale. Mais le phénomène de la pauvreté rurale est complexe et varieconsidérablement d'un pays à l'autre. Parmi ses causes principales, figurent :• L'accès insuffisant et inéquitable aux ressources productives telles que la terre, l'eau, les

pêches, les forêts, le crédit et l'énergie ;• L'absence de possibilités de formation de revenu ;• Les faibles prix payés pour la production des exploitations agricoles ;• Le déclin de l'économie rurale ;• La médiocrité des infrastructures de transport et de commercialisation ;• L'expansion rapide de la population ;• La stagnation des systèmes traditionnels de production ;• L'inefficacité des politiques et stratégies de développement ;• La faiblesse du paquet technologique ;• La médiocrité des systèmes de distribution des produits agricoles, des facteurs de

production et des biens de consommation ;• L'accès limité aux services publics.

Les conséquences préjudiciables au secteur forestier sont entre autres :• L'insécurité alimentaire qui motive l'expansion de l'agriculture dans le domaine forestier ;• L'appauvrissement des ressources naturelles et la détérioration de l'environnement ; car,

les pauvres sont contraints, du fait de la pression démographique et du manque d'accès

Page 23: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

20

aux terres productives, de cultiver des terres marginales fragiles, de pratiquer lesurpâturage et de détruire les ressources forestières dans un effort désespéré poursurvivre dans l'immédiat, qui réduit ensuite leurs chances de survie à plus longueéchéance ;

• L'exode rural des hommes qui alimente les villes et accélère l'urbanisation avec son cortège deproblèmes économiques et sociaux.

Les exodants sont généralement une main d'œuvre bon marché mais non qualifiée pour lesbesoins urbains. Par conséquent, ils se transforment en exploitants de bois qui n'hésitent pas àdévaster les ceintures vertes et toutes les formations forestières péri-urbaines. Pourtant, lesruraux sont très conscients de la rupture des équilibres écologiques, de la disparitionprogressive de la forêt ; mais ils se sentent impuissants devant cette situation nouvelle, troppréoccupés par la survie à court terme pour rechercher des solutions nouvelles à long terme.

3.10 Le secteur minier

Le Niger, vaste pays de 1 267 000 km², compte en 2000, environ 10 millions d'habitants etdispose d'énormes ressources naturelles non encore exploitées. Le sous-sol nigérien est l'un deplus riches de l'Afrique Sub-saharienne, avec d'importantes réserves d'uranium dans le massifde l'Aïr, de phosphates, d'or dans le Liptako nigérien, du charbon à Anou-Araren et d'étain àEl Micki. L'économie nigérienne repose essentiellement sur l'exploitation de l'uranium (2ème

rang mondial, 70 % des exportations du pays) et l'agriculture de subsistance (niébé, mil,sorgho). Alors que le secteur agricole occupe 70 % de la population active du Niger etcontribue à hauteur de 35 % à la formation du PIB, le secteur des mines et de l'industriereprésente 10 % de la population active et participe pour 16 % au PIB, les servicesrespectivement pour 20 % et 47 %.

Créé par l'ordonnance n° 76-28 du 26 août 1976, l'Office National des Ressources Minières(ONAREM) fait figure de maître d'œuvre de la politique nationale du développement minier.Il jouit d'une personnalité juridique indépendante et d'une autonomie financière et sa gestionrépond aux règles et principes de gestion de type privé avec comme organes d'orientation et degestion un conseil d'administration et une direction générale autonome.

L'ONAREM est chargé de promouvoir la recherche, le développent, l'exploitation et lacommercialisation de toutes substances minérales et fossiles. Deux grandes compagnies : laSociété des Mines de l'Aïr (SOMAÏR) et la compagnie Minière d'Akouta (COMINAK)exploitent les gisements d'uranium d'Arlit depuis 1968 et les gisements d'Akouta depuis 1978.La Société Nigérienne du Charbon d'Anou-Araren (SONICHAR), créée en avril 1975,exploite quant à elle, le charbon extrait localement pour l'alimentation en énergie des sociétésminières SOMAÏR et COMINAK et de celles à venir. Depuis sa mise en service industriel, lacentrale de SONICHAR a produit 2.348 GWH au 31 décembre 1998 ; cela équivaut encombustible gasoil à plus de 670.000 m3 soit une économie brute correspondant en devise deprès de 80 milliards de francs CFA pour le Niger.

La COMINAK, quant à elle, produit plus de 1 900 tonnes d'uranium par an et assure 7 % de laproduction mondiale soit 1960 tonnes d'uranium métal (TU). Entre 1978 et 1996, laCOMINAK a produit plus de 36 500 tonnes d'uranium. La nouvelle usine de traitement du

Page 24: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

21

minéral mise en service en avril 1978 a une capacité de traitement de 450 000 tonnes deminéral par an soit une production annuelle de 2 300 tonnes d'uranium.

Cependant, après quelques années d'euphorie, entre 1975 et 1980, notamment, le cours del'uranium s'est effondré de manière durable. En effet, à la suite du choc pétrolier de 1973, lescompagnies d'électricité ont, pour prévenir d'éventuelles ruptures, stocké d'importantesquantités d'uranium pour faire face à leurs prévisions de développement de l'énergie nucléaire.Ainsi, des surplus d'uranium ont été déstockés à bas prix. En outre, à la fin des années 1980,l'éclatement du bloc de l'Est a conduit les pays membres de l'ex URSS à brader leursressources en uranium sur le marché occidental d'où un effondrement du prix de l'uranium.

Le développement du secteur minier nigérien n'aura pas que des effets positifs sur l'économienationale. Avec le vaste programme de désenclavement des zones minières (route del'uranium, route des phosphates, route d'or). C'est aussi, l'accès plus facile aux zonesforestières jusque là relativement épargnées qui s'accentuera, ce qui va contribuer à accélérerle phénomène déjà galopant de la dégradation des ressources forestières. Des donnéeschiffrées dans ce sens ne sont pas disponibles mais il est à peu près certain que les deuxdécennies à venir verront le rythme d'occupation des terres forestières par l'agricultures'accélérer.

3.11 Politiques forestières

De 1960 à 1970, les services forestiers se sont essentiellement attachés à gérer et protéger ledomaine forestier naturel. Toutefois, des préoccupations pour remplacer ces formations aprèsleur exploitation ou leur dégradation commençaient à se manifester à travers les actionssuivantes :• La recherche des essences les mieux adaptées aux différentes régions naturelles ;• La réalisation de petits boisements communautaires et d'alignement disséminés sur

l'ensemble du pays ;• L'installation de haies vives autour des jardins et des brise-vent dans les champs de

cultures.

C'est surtout à partir de 1970 que le secteur forestier connaîtra une évolution spectaculaire.Les sécheresses de 1972 - 1973 conforteront les appréhensions déjà fortes quant à l'efficacitéde la politique forestière jusque là mise en œuvre.

Aussi, avec l'appui des partenaires extérieurs, un nouvel élan sera pris à travers l'exécution deplusieurs projets dont certains ont mis l'accent sur la promotion de l'arbre dans lesexploitations agricoles (38%), d'autres sur la création de bois de villages (14%),l'aménagement des gommerais (8%), les ceintures vertes périurbaines, l'aménagement desrôneraies (4%), les fixations de dunes et les CES/DRS (36%).

Il s'en était dégagé une nette tendance vers une foresterie au service du développement et deshommes. Mais, la réussite de ces opérations a fini par requérir la mobilisation des populationset ce fut le début des actions de sensibilisations des populations et leur implication effectivedans l'utilisation rationnelle des ressources naturelles et de l'environnement. En outre, il a paruopportun de mettre en place des mécanismes nécessaires à une utilisation planifiée de l'espace.

Page 25: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

22

A partir de 1984, après le débat national de Maradi sur la désertification, une dynamiquenouvelle fut imprimée aux actions à travers, notamment, le lancement du Plan National deLutte Contre la Désertification (PNLCD), du Plan d'Action Forestier Tropical (PAFT), duPlan d'Action National pour l'environnement (PANE) devenu plu tard l'Agenda 21 et toutrécemment (2000) du Plan National de l'Environnement pour un Développement Durable(PNEDD).

3.11.1 Impact des politiques forestières sur la gestion du secteur forestier

Les principaux intervenants sont :• Le secteur public: définit, met en œuvre et contrôle la politique forestière nationale.

Plusieurs départements ministériels sont concernés : il s'agit notamment :• Du ministère du développement rural,• Du ministère des ressources en eau,• Du ministère de l'environnement ;• Le secteur privé : intervient dans les domaines du reboisement, de la récupération des

terres, de l'exploitation forestière et de la protection de l'environnement ;• Les intervenants internationaux : interviennent dans le cadre de la coopération bilatérale et

multilatérale à travers l'assistance financières et technique ;• Les ONG et associations interviennent de plus en plus dans toutes les actions de

développement forestier et de la préservation de l'environnement.

En terme d'évaluation, de l'impact des politiques forestières, l'état actuel de l'environnement etdes tendances à la dégradation de l'environnement en général et des ressources forestières enparticulier, indiquent la faiblesse des performances atteintes.

Les causes probables de ces faibles performances sont les suivantes :• L'expansion démographique ;• L'extension de la pauvreté des populations rurales ;• La diminution des capacités productives des ressources naturelles ;• La faiblesse, voire la raréfaction des ressources destinées au financement des initiatives de

développement ; les partenaires au développement ayant orienté les appuis financiers versdes opérations à rentabilité économique et sociale (aménagement des forêts naturelles,promotion de la foresterie privée, gestion conservatoire des eaux et des sols ...).

En revanche, les lois et règlements forestiers ont créé un cadre juridique permettant auxpopulations de disposer de leurs forêts ; ce qui constitue une avancée significative dans leurresponsabilisation.

3.12 Politiques et stratégies gouvernementales mises en œuvres

Au plan commercial et des relations internationales

Le Niger est respectueux des accords de l'organisation mondiale du commerce. Il a libéraliséles échanges avec le reste du monde et s'est engagé dans le processus d'intégration régionalenotamment au sein de l'Union Économique et Monétaire Ouest Africaine, de la CEDEAO, cequi permettra aux entreprises nigériennes d'être compétitives (secteur rural, artisanat).

Page 26: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

23

Une politique de privatisation de certaines entreprises publiques et de restructuration d'autresest en cours.

Au plan du développement des investissements

Le Niger est convaincu que son essor économique viendra aussi du secteur privé, ainsi, il amis au point des orientations destinées à l'organiser et à le soutenir. L'environnementpolitique, économique, juridique et judiciaire est capital. Aussi, toutes les dispositions sontprises pour que l'État garantisse par ces outils, le développement des investissements dans unezone où la concurrence devient omniprésente.

Au plan des appuis aux efforts du secteur bancaire dans le financement des projets dedéveloppement

Les secteurs qui bénéficient des interventions bancaires sont le secteur formel et les opérateurséconomiques.

L'État, qui a fait du développement rural et de la petite et moyenne entreprise son credo, nedispose, pour le moment, d'aucune banque spécialisée en la matière. Aussi, il s'agit à la fois desusciter la petite épargne rurale, ou urbaine et de drainer des crédits adaptés à la situation desartisans et particulièrement des femmes. Le mouvement mutualiste s'amplifie, prend corpsavec des appuis d'ONG extérieures et locales. L'État appuie le développement de la microfinance (caisses nationales d'épargnes).

Au plan de la gestion pérenne et équilibrée des ressources naturelles

Au Niger, les caractéristiques biophysiques et climatiques, la dynamique démographique (undes taux de croissance démographique le plus élevé du monde) et agraire (baisse continue dela productivité des terres) font de la préservation des ressources naturelles et des écosystèmesune préoccupation constante du gouvernement de la Vème République.

Au niveau de l'action gouvernementale, il faut dire en terme d'orientations et de résultats queplusieurs départements ministériels (ressources en eaux, environnement et lutte contre ladésertification, agricultures, élevage, population, enseignement supérieur, recherche ettechnologie) travaillent en synergie d'abord pour mieux appréhender la question desressources naturelles dans le pays (caractéristiques, qualitatives et quantitatives, leurssystèmes d'exploitation et de gestion, leur dynamique) ; ensuite pour élaborer les programmes,stratégies et actions à mettre en œuvre pour leur préservation et leur gestion durable sur labase des expériences capitalisées.

Ainsi, plusieurs plans et programmes sont mis en œuvre : il s'agit notamment de :• L'engagement de Maradi (1984) ;• Le Plan National de Lutte Contre la Désertification (PNLCD) ;• Le Plan d'Action Forestier Tropical (PAFT) ;• Les Principes Directeurs d'une Politique de Développement Rural pour le Niger ;• Les Principes d'orientation du Code rural ;• Le Code forestier ;• La Stratégie Énergie domestique (SED) ;• Le Programme de Relance Économique (PRE).

Page 27: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

24

Le PRE fait explicitement de la relance du secteur rural (environnement, écosystème,ressources naturelles, population, systèmes de productions) le tremplin de la relanceéconomique du pays.

Tous ces aspects sont aujourd'hui largement pris en compte par le Plan National del'Environnement pour un Développement Durable.

Le Plan National de l'Environnement pour un Développement Durable (PNEDD)

Le PNEDD tient lieu de Plan National d'Action Environnemental (PANE). Il intègre plusieursplans et programmes nationaux en charge des questions environnementales. Il s'agitnotamment du Plan National de Lutte contre la Désertification (PNLCD) ; du Plan Nationald'Action Forestier Tropical (PAFT) ; du Programme National de Gestion des RessourcesNaturelles (PNGRN) ; du Schéma Directeur de Mise en Valeur et de Gestion des Ressourcesen Eaux ainsi que d'autres plans et programmes en cours ou à venir dans le domaine del'environnement.

En somme, le PNEDD constitue un cadre de référence national en matière de planificationdans les domaines de l'environnement pour un développement durable définissant lespolitiques, les stratégies et programmes d'actions prioritaires et intégrant les concepts deviabilité économique et financière, de développement humain et de durabilité. Il prévoitégalement des mécanismes de coordination et d'harmonisation des approches et des actionsdes institutions et partenaires impliqués.

D'autre part, il sert d'instrument de mobilisation de toutes les ressources (financières,humaines, matérielles particulièrement au plan national et de mise en œuvre des différentesconventions internationales (changements climatiques, lutte contre la désertification, couched'ozone, biodiversité...). Il doit favoriser également un réel changement de mentalité etd'attitude en faveur d'une meilleure utilisation des ressources naturelles et d'une gestionrationnelle de l'environnement.

Au lendemain de la Conférence de Rio de Janéro, le Niger a mis en œuvre son PNEDD et 6programmes majeurs en constituent la dimension opérationnelle. Il s'agit des programmessuivants : lutte contre la désertification et gestion des ressources naturelles ; eau etdéveloppement durable ; énergie et développement durable ; environnement urbain et cadre devie ; gestion de la diversité biologique ; changements et variabilités climatiques. Dans le cadrede l'application de ces dispositions, d'importantes réformes ont été initiées avec la création denouveaux cadres législatifs, réglementaires et institutionnels.

La mise en œuvre des plans et programmes de lutte contre la désertification et de gestion desressources naturelles (PAN-LCD/GRN)

Le Programme d'action national de lutte contre la désertification et de gestion des ressourcesnaturelles constitue l'un des six sous-programmes prioritaires du Programme National del'Environnement pour un Développement Durable du Niger (PNEDD). Il résulte d'unprocessus comprenant trois étapes :• L'identification et l'analyse des différents facteurs qui contribuent à la désertification, à la

sécheresse et à la dégradation des ressources naturelles ;

Page 28: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

25

• La synthèse des travaux thématiques ;• L'élaboration du PAN-LCD/GRN au travers d'un bilan diagnostic des actions passées et

des propositions nouvelles de stratégies et de cadre de mise en œuvre.

Objectifs du Programme :• Analyser et suivre les facteurs qui contribuent à la sécheresse et à la désertification ;• Assurer une gestion durable des ressources naturelles des terroirs ;• Organiser, former et faire participer les populations à la gestion durable des ressources

naturelles ;• Améliorer la production rurale ;• Améliorer les conditions de vie des communautés rurales ;• Assurer un financement adéquat des activités prévues dans les différents sous-

programmes.

Principes fondamentaux de la stratégie nationale en matière de LCD/GRN :• Une approche globale et intégrée en lieu et place d'interventions sectorielles jusqu'ici

privilégiées ;• Une attention particulière sur les composantes sociales de l'environnement ;• Une vision à long terme et donc une analyse prospective à moyen et long terme des

problèmes et des solutions ;• Une concentration des actions ;• Une implication et une participation des populations, en particulier les femmes et les

jeunes à travers des structures décentralisées efficaces ;• Un partenariat renforcé entre les acteurs ;• Une prise en compte des acquis ;• Une cohérence des interventions et une cohésion entre les acteurs ;• Une intervention suivant l'approche gestion des terroirs.

Axes stratégiques :• Ressources naturelles et leurs modes d'exploitation ;• Aléas et contraintes liées à la gestion des ressources naturelles ;• Mécanisme d'appui à la LCD/GRN.

Domaines prioritaires du PAN-LCD/GRN

Ressources naturelles et leurs modes d'exploitationLes terres (agriculture - élevage)

L'objectif général est d'assurer une gestion durable des terres dans les terroirs villageois pourpallier les insuffisances des pratiques actuelles.

Orientations stratégiques :• Adopter une approche participative d'aménagement des terroirs ;• Procéder au transfert des pouvoirs de décision aux communautés villageoises de base et

rendre effective leur responsabilisation ;• Restaurer et préserver le capital productif ;• Améliorer les pratiques agro-sylvo-pastorales ;• Spécialiser les régions dans les productions agro-sylvo-pastorales en respectant la vocation

des terres ;

Page 29: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

26

• Réaliser des infrastructures de soutien à la production agro-sylvo-pastorale ;• Promouvoir et développer des systèmes de production et des pratiques culturales les plus

performants, respectueux de l'équilibre écologique et garantissant d'une sécuritéalimentaire durable ;

• Promouvoir la sécurité foncière et un cadre institutionnel et juridique favorables audéveloppement des activités agro-sylvo-pastorales ;

• Développer des technologies en vue de l'amélioration de la productivité des systèmes• Renforcer les capacités au service du développement de l'agriculture en matière

d'information, d'éducation, de communication, d'appuis conseils, de crédits,d'approvisionnement et de commercialisation.

Les ressources végétales et fauniques :

Objectif : assurer une gestion durable des ressources végétales et fauniques à traversl'organisation et la participation des populations.

Orientations stratégiques :• Adopter une approche participative d'aménagement des terroirs ;• Procéder au transfert des pouvoirs de décisions aux communautés de base ;• Promouvoir les associations (GIE - ONG -OCB) et renforcer leurs capacités ;• Assurer la sécurité foncière aux producteurs ;• Créer les conditions d'une meilleure participation des populations et du secteur privé à la

gestion des ressources végétales et fauniques ;• Reconstituer les écosystèmes favorables à la diversité de la faune et de la flore ;• Alléger la pression sur les ressources ligneuses.

Les ressources hydriques et halieutiques

Objectif : valoriser les ressources hydriques en vue de favoriser la conservation et ledéveloppement des activités halieutiques.

Orientations stratégiques :• Maintenir et valoriser le capital productif ;• Valoriser les productions piscicoles.

Les ressources minérales

Objectif : promouvoir une exploitation minière et industrielle respectueuse de l'environnementen minimisant les risques de pollution et de dégradation des terres.

Orientations stratégiques :• Promouvoir l'exploitation des ressources minières, sources d'énergie et de fertilisants ;• Promouvoir les études d'impact environnemental des exploitations minières et

industrielles et veiller à leur application ;• Promouvoir des technologies d'exploitation des ressources respectueuses de

l'environnement.

Page 30: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

27

4 SITUATION DU SECTEUR FORESTIER EN 2020

L'examen des tendances évolutives du secteur forestier fait naître et croître une forte tentationde tomber dans un catastrophisme puéril, tant les indicateurs de développement sont parlants.Cependant, il nous paraît important non pas de nous livrer à un simple exercice detransposition ou de prolongation des tendances observées, mais d'explorer le futur eneffectuant une simulation des impacts environnementaux probables de ces tendances.

Au regard du déficit aigu en données fiables, il y a lieu de considérer les conclusions de cetexercice uniquement en tant qu'ordre de grandeur et dans l'espoir qu'elles puissent contribuer àsensibiliser l'opinion sur les risques encourus par le secteur forestier dans les 20 années à veniret à aider les décideurs à choisir les meilleures opportunités de développement du secteur.

Sans avoir la prétention d'être exhaustif, les principaux facteurs pouvant avoir un impactsignificatif sur le secteur forestier au cours des deux décennies à venir sont les suivants :

• La population avec sa forte croissance démographique engendrant des besoins tout aussicroissants en nourriture, en énergie, en bois, en routes, en logements, etc..

• Le climat avec ses pluies insuffisantes et irrégulières, ses sécheresses persistantes, sestempératures élevées, ses déplacements d'isohyètes, etc..

• La pauvreté avec ses conséquences sur les comportements des hommes, ses contraintes,etc..

• L'agriculture avec son caractère extensif et donc ses percées dans le domaine forestier.• L'élevage avec son caractère extensif et ses conséquences sur l'accentuation du

phénomène de désertification et de désertisation.• Le cadre législatif et réglementaire avec ses faiblesses et son inadaptation.• Les politiques et stratégies forestières avec leurs incohérences, leurs instabilités et leurs

inconséquences, etc..• Le cadre foncier avec ses incertitudes et les mains mises du gouvernement sur la

propriété des terres, etc..• Les facteurs socioculturels avec leurs persistances et leurs barrières à priori

infranchissables.• Le développement industriel avec ses exigences et ses coûts sociaux.• Les facteurs politiques et institutionnels avec leur instabilité.

Tableau 1 : Évolution de la population (3,3 %)

Année Population totale Augmentation de la population Population urbaine(25 %)

Population rurale(75 %)

2000 10 703 893 353 228 2 675 973 8 027 9202001 11 057 121 364 885 2 764 280 8 292 8412002 11 422 006 376 926 2 855 502 8 566 5052003 11 798 932 389 365 2 949 733 8 849 1992004 12 188 297 402 214 3 047 074 9 141 2232005 12 590 511 415 487 3 147 628 9 442 8832006 13 005 998 429 198 3 251 500 9 754 4992007 13 435 196 443 361 3 358 799 10 076 4002008 13 878 557 457 992 3 469 639 10 408 9182009 14 336 549 473 106 3 584 137 10 752 4122010 14 809 655 488 719 3 702 414 11 107 241

Page 31: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

28

2011 15 298 374 504 846 3 824 594 11 473 7812012 15 803 220 521 506 3 950 805 11 852 4152013 16 324 726 538 716 4 081 182 12 243 5452014 16 863 442 556 494 4 215 861 12 647 5822015 17 419 936 574 58 4 354 984 13 064 9522016 17 994 794 593 828 4 498 699 13 496 0962017 18 588 622 613 668 4 647 156 13 941 4672018 19 202 047 633 668 4 800 512 14 401 5352019 19 835 715 654 579 4 958 929 14 876 7862020 20 490 294 676 180 5 122 576 15 367 721

A l'horizon 2020, la population du Niger sera de 20 490 294 habitants dont 25 % (5 122 574)vivant en milieu urbain et 75 % (15 367 721) vivant en milieu rural. Cette évolutions'accompagnera d'un accroissement des besoins suivants :

Nouvelles terres de culture : Si on estime que chaque habitant supplémentaire entraîne la miseen culture de 0,7 ha (FAO, 1993), le besoin total en nouvelles terres de culture sera de l'ordrede 9 466 520 ha.

Tableau 2 : Surfaces (ha) cultivables et cultivée en 1989, 2000, 2010

Départements Cultivables Cultivées1976 1989 2000 2010 2020

Agadez N.D. 2000 N.D. N.D. N.D.Diffa 123 000 71 000 170 000 323 000 443 000Dosso 1 334 000 552 000 790 000 1 073 000 1 321 095Maradi 1 113 000 922 000 1 763 000 3 113 000 4 156 333Tahoua 587 000 544 000 836 000 1 180 000 1 482 857Tillabéri 1 931 000 587 000 1 346 000 2 428 000 2 515 666Zinder 1 266 000 927 000 1 930 000 3 656 000 4 955 523Total 6 354 000 3 605 000 6 925 000 11 773 000 14 874 474

Les terres cultivables sont estimées à 15 000 000 ha soit 12 % de la superficie totale du pays.En 1989, 3 605 000 ha soit près de 24 % des superficies cultivables ont été cultivés. En 2010,les terres cultivées s'élèveront à environ 11 773 000 ha soit 78 % des terres cultivables. Ainsi,en 21 ans, les superficies cultivables sont passées de 24 à 78 % des terres cultivables. Si latendance se maintient, en 2020, les terres cultivables passeront de 78 à plus de 132 %. Cela setraduira par :• Un prélèvement sur les réserves de terres ;• Une exploitation des terres impropres à l'agriculture ;• Une pression très forte sur les terres forestières et celles jusque là réservées à l'élevage.

Besoins énergétiques :• Les besoins énergétiques domestiques des populations nigériennes sont satisfaits à 90 %

par l'utilisation de la biomasse (essentiellement bois et charbon), si on estime laconsommation à 0,5 m3 par habitant et par ans, en 2020, la consommation totale de boisénergie sera de l'ordre de 10 210 147 tonnes.

• La consommation en bois énergie sera de 1 106 476 tonnes en milieu urbain sur la based'une consommation annuelle de 0,6 kg/personne/jour et de 4 425 904 tonnes en milieurural sur la base d'une consommation moyenne de 0,8 kg/personne/jour.

Page 32: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

29

Ainsi, à l'horizon 2020, la population sera de plus de 20 millions. Les forêts naturelles, pourune superficie de 5 066 220 ha, produiront seulement 607 947 tonnes de bois alors que lademande en bois sera de l'ordre 5 532 380 tonnes ; ce qui se traduira par un déficit de l'ordre 4924 434 tonnes.

5 SCENARIO TENDANCIEL ENERGETIQUE

Hypothèse 1 :• Le taux de croissance démographique se stabilise à 3,3 % jusqu'en 2020.• La population nigérienne sera de 20 490 294 habitants à l'horizon 2020.• Le taux de régression annuel des formations forestières se maintiendra à 2,4 % : (taux

correspondant aux changements dus aux défrichements agricoles, aux coupes incontrôléespour le bois de feu et aux changements climatiques).

• La productivité moyenne des formations forestières naturelles se maintiendra à 0,5stères/ha/an soit 0,12 tonne/ha/an.

• La consommation de bois énergie en milieu rural se maintiendra à 0,8 kg/personne/jour etcelle du milieu urbain se maintiendra à 0,6 kg/personne/jour.

Hypothèse 2 :• L'intervention des grands projets d'aménagement et de substitution de bois énergie induit

une réduction de la consommation urbaine de 50 000 tonnes/an à partir de 2001.• La cadence des reboisements se maintient à 5 000 ha/an.• 75 % de la population nigérienne vivent en milieu rural et 25 % en milieu urbain.

L'examen des tableaux ci-dessus, élaborés sur la base de ces deux hypothèses, révèle assezclairement que :• La superficie des forêts passera de 8 235 454 ha en 2000 à environ 5 066 218 ha en 2020.• La population nigérienne passera de 10 703 893 habitants en 2000 à 20 490 294 habitants

en 2020 et donc doublera.• L'offre en bois énergie passera de 988 254 tonnes en 2000 à 607 946 tonnes en 2020.• La population urbaine passera de 2 675 973 habitants en 2000 à 5 122 574 habitants en

2020, et la population rurale passera de 8 027 920 habitants en 2000 à 15 367 721habitants en 2020.

• La demande en bois énergie passera de 2 890 051 tonnes dont 2 312 041 tonnes pour lesruraux et 578 010 tonnes pour les urbains en 2000 à 5 532 380 tonnes dont 4 425 904tonnes pour les ruraux et 1 106 476 tonnes pour les urbains en 2020.

• Le capital forestier sur pied va être fortement entamé.

Il apparaît en première analyse que la pression démographique constitue la variable la plusmotrice du changement constaté. Elle est sans doute l'une des causes principales mais ellen'est pas la cause fondamentale des déséquilibres entre l'homme et son milieu. On ne sauraitoublier à cet égard que c'est la misère, l'absence d'éducation voire l'analphabétisme entreautres, qui entretiennent les taux de natalité élevés. C'est donc le développement qui est lacondition de l'atténuation des pressions démographiques ; et c'est vers une maîtrise globale etdurable des écosystèmes du monde rural qu'il convient de s'orienter pour trouver les voies d'unvéritable développement.

Page 33: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

30

Le scénario tendanciel, ci-dessus décrit, n'est pas souhaitable. Par conséquent, il convientd'identifier les conditions devant être réunies pour que le secteur forestier évolue vers lesfuturs souhaitables.

6 PROBLEMES MAJEURS DU SECTEUR FORESTIER POUR LES DEUX PROCHAINES DECENNIES

• Effets sur l'environnement des énergies nouvelles ;• Changements climatiques ;• Baisse de la diversité biologique ;• Extension de la désertification ;• Disparition massive des forêts et crise du bois de feu ;• Salinisation des sols, des nappes et des cours d'eau ;• Pollution généralisée des sols, des eaux, des nappes phréatiques par les engrais et les

pesticides ;• Invasions brutales d'espèces nuisibles ;• Vulnérabilité des systèmes de protection de l'environnement ;• Catastrophes naturelles ;• Extension des friches agricoles.

Faciliter le changement : Que faire ?

Comme indiqué de manière explicite dans les chapitres précédents, le secteur forestiernigérien connaîtra une évolution peu souhaitable qui sera le résultat de l'interaction deplusieurs facteurs négatifs dont les plus cruciaux sont :• Une pression démographique accentuée par une croissance démographique rapide (3,3 %)

;• Un appauvrissement croissant de la population rurale ;• Une désertification accélérée ;• Une crise prononcée de bois de feu ;• Une persistance dans les systèmes de production agro-sylvo-pastorales extensifs ;• Des politiques et stratégies inadaptées aux conditions du milieu naturel, socio-économique

et socioculturel ;• Un cadre institutionnel inadéquat.

Mais le scénario tendanciel décrit dans les chapitres précédents n'est pas acceptable car, sansêtre apocalyptique, il porte en lui des situations qui peuvent engendrer des catastrophesécologiques, économiques, sociales et culturelles. Cependant, ce scénario est plausible auregard de la timidité avec laquelle les facteurs qui le soutendent, sont gérés. Alors que faire ?

Selon G. Balandier, il n'y a pas de “fatalité“ à laquelle nous ne saurons échapper et qui feraitde nous de faux sujets de l'histoire. Toute société porte en elle d'autres sociétés possibles.

Aussi une exploration des avenirs possibles nous conduira sûrement à la construction descénario plus acceptable :

Page 34: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

31

Hypothèses :• Les systèmes de production agro-sylvo-pastorale se moderniseront et seront plus adaptés

aux conditions du milieu naturel nigérien ;• La lutte contre la pauvreté s'accentuera et portera des fruits. Les populations seront moins

pauvres ;• L'approche participative dans la gestion des ressources forestières sera de mise ;• Le Code rural garantira aux producteurs ruraux la sécurité foncière ;• Des technologies mieux appropriées aux conditions du milieu naturel seront développées ;• Il y aura une meilleure implication du secteur privé et de la société civile dans la gestion

des ressources forestières nationales ;• Il y aura une meilleure connaissance du potentiel productif ;• Il y aura un allégement significatif de la pression sur les ressources ligneuses ;• Des études d'impact environnemental des exploitations minières et industrielles seront

menées ;• Des stratégies d'atténuation des effets érosifs des vents, des pluies et de la sécheresse

seront mises en œuvre ;• Les conditions de vie des populations seront améliorées ;• Les politiques de population et de l'habitat seront adaptées aux disponibilités des

ressources ;• La coopération scientifique et technique sera renforcée au niveau national et international ;• La recherche appliquée sera développée ;• Les technologies et le savoir-faire locaux seront améliorées et valorisées ;• Les capacités du réseau national d'observation de surveillance et d'alerte sur les

phénomènes de la désertification et de la sécheresse seront renforcées.

Il est évident cependant, que, pour que ces avenirs souhaitables se réalisent, il faut opérer deprofonds changements tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du secteur forestier.

Types de changements requis :• Changements politiques et institutionnels ;• Renforcement de l'investissement dans le secteur forestier ;• Progrès technologiques.

Acteurs et leurs rôles à l'intérieur comme à l'extérieur du secteur forestier

Le secteur public (État) devra jouer le rôle suivant :• La définition des politiques et stratégies en matière de lutte contre la désertification et de

gestion des ressources naturelles et l'élaboration des outils de planification (inventaires desressources naturelles, schémas directeurs d'aménagements et d'exploitations ...) ;

• La mise en œuvre des projets à caractère institutionnel ;• La définition et le contrôle de l'application du cadre législatif et réglementaire au niveau

national (Code forestier, Code rural, Code de chasse ...) et suivi des conventionsinternationales ;

• La coordination et l'harmonisation dans la mise en œuvre des actions notamment auniveau de la société civile ;

• La réalisation des grands travaux pour la réhabilitation des écosystèmes dégradés ;• La facilitation de la recherche de financement ;• Le développement de la coopération internationale ;• L’animation, l'information, la sensibilisation et les appuis conseils aux populations ;

Page 35: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

32

• La recherche, la formation et le contrôle du matériel génétique ;• Les études, la valorisation et la capitalisation des résultats ;• La protection de la nature, le développement des jardins écologiques ;• La conservation de la diversité biologique ;• L’encouragement de l'émergence de la société civile ;• Le suivi-évaluation des actions.

Secteur privé devra jouer le rôle suivant :• Le développement des filières commerciales (bois énergie, foyers améliorés, produits

forestiers secondaires, produits agricoles, produits de pêche, de chasse et d'élevage) ;• Le développent de la production privée de bois ;• Les entreprises de travaux forestiers ;• Les transformations industrielles des produits ;• Le développement de la pharmacopée et de la médecine traditionnelle ;• La contribution à la conservation de la diversité biologique ;• L’approvisionnement en intrants (engrais, pesticides...) ;• La contribution au développement du tourisme cynégétique ;• La formation, l'information, la sensibilisation et le suivi évaluation interne ;• L’appui à l'évaluation de l'épargne rurale.

Les collectivités territoriales devront jouer le rôle suivant :• La définition des stratégies aux niveaux régional et sous régional en tenant compte des

orientations nationales ;• L’élaboration et la mise en œuvre des schémas et plans de développement régionaux et

sous-régionaux en matière de lutte contre la désertification et de gestion des ressourcesnaturelles ;

• Le financement des actions en matière de lutte contre la désertification et de gestion desressources naturelles ;

• La gestion des forêts des collectivités ;• L’information, la formation et la sensibilisation des populations ;• L’élaboration et la mise en œuvre et le suivi évaluation des projets régionaux et sous-

régionaux ;• Le développement de la coopération décentralisée ;• La création et l'aménagement des aires protégées locales ;• La gestion rationnelle des zones de chasse ;• La sécurisation foncière.

Les communautés rurales devront jouer le rôle suivant :• La participation à l'élaboration et la mise en œuvre (y compris le financement) des actions

de lutte contre la désertification et la gestion des ressources naturelles ;• La production de bois énergie, productions piscicoles et apicoles ;• La participation à la mise en place et au fonctionnement des systèmes de mobilisation de

l'épargne et des crédits en milieu rural ;• La mobilisation des ressources humaines et financières pour des travaux d'intérêts

communautaire ;• Le suivi évaluation des actions.

Page 36: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

33

Les ONG et associations devront jouer le rôle suivant :• L’élaboration et la mise en œuvre (y compris la recherche de financements) des projets

conformément aux orientations définies par le secteur public ;• La formation et la sensibilisation sur la lutte contre la désertification et la gestion des

ressources naturelles ;• La coopération (partenariat) ;• La participation aux études dans les domaines de lutte contre la désertification et de

gestion des ressources naturelles et valorisation des résultats obtenus ;• La contribution à l'organisation des populations à la base.• Le suivie évaluation des actions.

Il est indéniable que si chacun de ces acteurs joue véritablement son rôle, le changementsouhaité pourra se réaliser. Mai comment faire justement pour que chaque acteur joue son rôleconvenablement ?

“Moins d'État, mieux d'État“.

Ce slogan répond en partie à la question.

L'État devra se consacrer aux rôles que lui seul peut et doit jouer et concéder tout le reste à lasociété civile et aux autres acteurs. Bien entendu, il continuera de jouer le rôle non moinsmoteur de catalyseur et d'arbitre au besoin. Ainsi, les changements politiques et institutionnelsrequis doivent consister à monter des encrages politiques et institutionnels qui permettront dedynamiser la société civile, ce qui lui permettra de s'exprimer plus efficacement et de sedévelopper.

7 CONCLUSION

L'insuffisance, voir l'absence de données fiables, limite considérablement les possibilités defaire une description qualitative et ou quantitative des principaux indicateurs forestiers. Lesarbres hors forêt constituent dans l'espace agricole, un ensemble varié et très riche de parcsagroforestiers dont la contribution dans l'enrichissement des terres de culture, du pâturageaérien et dans la satisfaction des besoins énergétiques des populations rurales est relativementimportante. Malheureusement, les inventaires jusqu'ici effectués, n'ont concerné que certainsespaces forestiers seulement.

Aussi, il n'existe pas de données fiables pouvant nous permettre de prendre en compte cetaspect. Les produits forestiers non ligneux sont une autre composante peu connue et qui joueun rôle important dans l'amélioration des conditions de vie des populations rurales. Lesproduits de cueillette, la chasse, la pêche, l'artisanat, la pharmacopée traditionnelle...procurent, en effet, un revenu non négligeable aux populations rurales qui exercent cetteactivité après les travaux champêtres c'est-à-dire pendant les 7 à 8 mois de l'année. Pourtant,les apports de ces deux domaines dans l'économie nationale sont mal connus. Par conséquent,leur prise en compte dans la présente étude comporte le risque de les surestimer ou les sous-estimer, ce qui peut entamer la cohérence des hypothèses formulées. Il serait indiqué que desétudes spécifiques à ces domaines soient réalisées dans le court terme afin de les incorporerdans le processus de réflexion prospective engagé dans le pays.

Page 37: Niger - Food and Agriculture Organization · en 1995 avec un taux d’accroissement moyen de plus de 3% par an. La durée de la jachère est passée de 7 ans à moins de 3 ans dans

34

L'examen rétrospectif du secteur forestier et celui de la situation actuelle du secteur ont permisde dégager les variables les plus motrices de son évolution et des changements possibles aucours des prochaines 20 années. Il s'agit des variables sociales, climatiques, culturelles,technologiques, politiques et institutionnelles dont les interactions ont construit l'état actuel dusecteur et continueront de jouer au cours du prochain quart de siècle si des changementssignificatifs dans le choix des options stratégiques ne sont pas apportés.

Le scénario tendanciel, auquel l'extrapolation des tendances actuelles a abouti, n'est passouhaitable, aussi, la recherche des futurs possibles, avec des outils rigoureux dereprésentation de la réalité, des jeux cohérents d'hypothèses, est nécessaire. A cet égard, le jeude question : Que peut-il advenir ? Que peut-on faire ? Que va-t-on faire ? Comment le faire?, est un guide de choix.

Le dernier chapitre, de ce rapport, en traitant des politiques et stratégies à mettre en œuvre, desacteurs et de leurs rôles en particulier l'État, qui a jusqu'ici été omniprésent dans tous lesrouages de l'économie nationale, a tenté de répondre à ces questions. La contrainte majeure, àces changements, est et demeure la pauvreté qui, malheureusement a tendance à s'aggraver.Lutter efficacement contre cette pauvreté, c'est consolider les bases d'un développementdurable. Pour ce faire, il faut envisager d'accroître les investissements dans les secteurssociaux et celui de la gestion des ressources naturelles afin d'améliorer le potentiel productifdes zones rurales.

Il reste que, la prospective étant un processus de longue haleine, des études prospectives sontà conduire dans les autres secteurs connexes afin d'avoir une vision globale du développementrural.