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INSPIRATION Une créativité africaine sans limite BAMAKO Dans les ateliers des artistes INTÉRIEURS Chaleureux et élégants GOURMANDISE À la table de Loïc Dablé VIVRE EN COULEURS pastels ou tons vifs, celles qui nous font craquer No. 1 AUTOMNE 2016 5,80€ L'AFRO LIFESTYLE EN LUMIÈRE La designer Danielle Arps chez elle, à Harlem 3 760263 040010 www.moyimag.com

No. 1 - magnin-a.com · des royaumes et des empires prospères, dotés de sociétés . ultra-codifiées. Les textes anciens décrivent de beaux édifices, ... mais qui ont été oubliées

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INSPIRATIONUne créativité

africaine sans limite

BAMAKODans les ateliers

des artistes

INTÉRIEURSChaleureux et élégants

GOURMANDISEÀ la table de Loïc Dablé

VIVRE EN COULEURS

pastels ou tons vifs, celles qui nous font craquer

No. 1

AU

TOM

NE

2016

5,8

0€

L 'A F R OL I F E S T Y L EE NL U M I È R E

La designer Danielle Arps

chez elle, à Harlem

3 7 6 0 2 6 3 0 4 0 0 1 0 www.moyimag.com

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M O Y I 9

La rédaction de

EditorialA F R I C A I S MY H O M E

30 octobre 1974, stade du 20 mai à Kinshasa. Mohamed Ali redevient champion du monde de boxe face à George Foreman, sept ans après avoir été déchu de ses droits civiques pour avoir refusé de combattre au Vietnam. Dès son arrivée dans la capitale zaïroise, Ali clame son africanité : « Africa is my home » (« en Afrique, je suis chez moi »). Son charisme, ses déclarations toni-truantes, son jogging quotidien dans les quartiers populaires finiront par convaincre la rue kinoise qu’il est un fils du pays revenu parmi eux, leur héros.

Lui, mieux que quiconque, incarne les valeurs portées par ce magazine : l’idée que l’on n’accomplit rien sans prendre de risque, que la confiance en soi est primordiale pour se réaliser et que le plus important dans la vie est de défendre ce en quoi l’on croit.

Comme le regretté Ali, les hommes et les femmes présenté-e-s dans les pages de ce premier numéro de MOYI ont bataillé pour aller au bout de leurs rêves. L’occasion pour nous de souligner qu’une telle détermination à exprimer ses talents et sa créativité n’a rien d’inédit sur le continent.

Déjà bien avant l’arrivée des Européens, l’Afrique abritait des royaumes et des empires prospères, dotés de sociétés ultra-codifiées. Les textes anciens décrivent de beaux édifices, des intérieurs cossus, des toilettes sophistiquées, des objets rares et des marchés opulents.

Aujourd’hui encore, l’Afrique est pleine de ressources et se réinvente sans cesse malgré ses traumatismes. Au point d’in-spirer tout un pan de la création contemporaine internationale, des podiums de mode aux galeries d’art. La coupe afro fait son grand retour (p.146) tandis que le monde s’entiche des œuvres de Yinka Shonibare MBE (p.13) ou d’Omar Victor Diop (p.112).

MOYI a l’ambition d’accompagner ce renouveau, sans sec-tarisme ni élitisme. Chaque trimestre, nous prendrons ensemble le pouls de l’afrolifestyle partout dans le monde et mettrons en lumière l’impact actuel et le potentiel de l’Afrique et de sa dias-pora, sans trahir ses racines ou son passé. À découvrir dans cette première édition, entre mille sources d’inspiration : la décora-tion particulièrement colorée d’une résidence au Cap (p.46), l’éclosion artistique de Bamako (p.128), les prouesses architec-turales d’une école amphibie à Makoko (p.66) ou encore un conte traditionnel revisité (p.108).

Vous lisez peut-être ce numéro devant un café à Casa-blanca, un jus de bissap à Paris, un thé Rooibos à New York ou un smoothie au kale à Lagos...

Est-ce que le soleil brille chez vous ? Chez nous, forcément, car nous avons la joie de vous

présenter MOYI. « Moyi », comme « soleil » en lingala, langue d’Afrique centrale, cœur du continent. Un nom qui reflète par-faitement la mission de ce magazine lifestyle : faire rayonner le meilleur des cultures afri-caines et afrodescendantes, dans leur exceptionnelle diversité. Art, déco, design, mode, gastron-omie… autant de richesses, de savoir-faire et d’art de vivre de ce continent haut en couleur, qui irradient à travers le monde, mais restent peu connus, parfois des Africains et des afrodescendants eux-mêmes.

On dit en Afrique que quand un arbre tombe, on l’entend ; mais que lorsque la forêt pousse, elle le fait sans bruit. Avec MOYI, nous voulons donner un retentissement à une culture afrodescendante dont les rayonnements se font sentir partout dans le monde. Parce qu’après tout, Africa is our home.

Ce numéro est dédié à un ange du ciel nommé Alex, qui a été une source d’inspiration et un soutien pendant toute sa création.

O M A R V I C T O R D I O P

De gauche à droite: Ayuba Suleiman Diallo (2014), Jean-Baptiste Belley (2014) Série Diaspora

À L I R E PA G E 112

© O

mar V

ictor Diop, C

ourtesy Galerie M

AG

NIN

-A, Paris.

É D I T O R I A L

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M O Y I 113112 M O Y I

L’A S D U P O R T R A I T

OmarVictorDiop

repéré en 2011 lor s des Rencontres de Bamako, Biennale africaine de la photographie, le Sénégalais Omar Victor Diop incarne le renouveau du portrait en Afrique. Bien que son œuvre évoque une illustre filiation artistique, elle se définit par un style propre empreint d’hu-mour et d’éclectisme.

Ce prodigieux autodidacte s’est fait remar-quer à la biennale de Bamako grâce à sa série Le Futur du Beau, sur ce que pourrait être la mode en 2112. Mais c’est avec son projet Le Studio des Vanités qu’il s’est fait une vraie place au sein de la photographie contemporaine internationale. Il y

dresse le portrait d’une génération de plasticiens, journalistes, designers, acteurs, DJ... qui portent la scène culturelle afri-caine d’aujourd’hui.

E N T R E H I E R E T AUJ O U R D ’H U IAvec ses toiles de fond à motifs ou à rayures qui viennent se confondre avec les vêtements des personnages, Omar Victor Diop s’inscrit dans la lignée de portraitistes et photographes de studio réputés tels que Seydou Keïta ou Malick Sidibé.

Pour la série Diaspora, il embrasse une autre tradition  : celle de la peinture occidentale du XVe au XIXe siècle. S’essayant pour la première

fois à l’autoportrait, Omar Victor Diop y recon-stitue les portraits de personnalités africaines qui se sont imposées dans la société européenne à l’époque de l’esclavage, mais qui ont été oubliées par l’histoire, telles que le révolutionnaire Jean-Baptiste Belley ou le peintre Juan de Pareja, esclave de Velasquez. Cette fois, dans chaque cliché, l’artiste a inclus volontairement un acces-soire anachronique — chaussures à crampons, gants de gardien de but, etc. — clin d’œil à cet ascenseur social moderne qu’est le football pour les jeunes Africains.

Dom Nicolau, 2014 à gaucheJoel, 2014

à droiteAisha, 2011

à gaucheKen, 2011

à droiteMilo, 2012

Entrepreneurs, artistes ou artisans talentueux, ces hommes et ces femmes sont en tête de la MOYI-liste de ce trimestre. Portraits.

© O

mar V

ictor Diop

par Estelle Spoto

C R É AT I O N ( S )