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Revue annuelle composée pour le Noël des Anciens de Coublanc Noël 2005 Numéro 11 Samedi 17 décembre 2005 Florence Dury

Noël 2005 - Coublanc (712 Joyeux Noël 2005 et Heureuse Année 2006 Sommaire Le latin de notre enfance, « De pro- fundis », par Bernard Berthier, page 3. Le Vitrail de saint Isidore,

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Page 1: Noël 2005 - Coublanc (712 Joyeux Noël 2005 et Heureuse Année 2006 Sommaire Le latin de notre enfance, « De pro- fundis », par Bernard Berthier, page 3. Le Vitrail de saint Isidore,

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Revue annuelle

composée pour le Noël des Anciens de Coublanc

Noël 2005

Numéro 11 Samedi 17 décembre 2005

Florence Dury

Page 2: Noël 2005 - Coublanc (712 Joyeux Noël 2005 et Heureuse Année 2006 Sommaire Le latin de notre enfance, « De pro- fundis », par Bernard Berthier, page 3. Le Vitrail de saint Isidore,

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Joyeux Noël 2005 et Heureuse Année 2006

Sommaire Le latin de notre enfance, « De pro-

fundis », par Bernard Berthier, page 3. Le Vitrail de saint Isidore, par Régis

Déal, page 4. Le Monuments aux Morts de

Coublanc, page 6. En ce Temps-là, 1938, par Gaby

Berthier, page 9. La jeunesse de Perrine Vaginay,

page 10. Maurice Billard, deux fois Coublandi

d’adoption, page 15. Jules Dubuy : un Coublandi chez les

Papous, par Anne-Claire Millord, page 22.

Une sortie à vélo en 1945, par Jean Berthier, page 27.

Biographie de nos auteurs, page 30. Les Fêtadieu, par Claude Chevreton,

page 34. Les autres rubriques, liste des Anciens, des

décès, naissances, mariages, contributions des élèves des écoles, mots croisés, poème final, sont à leur place habituelle...

Éditorial de Bernard Berthier, président de l’association

Le succès de notre revue ne se dément pas : de plus en plus de Coublandis installés loin de Coublanc s’y intéressent ; on me dit que dans les familles En ce Temps-là est lu non seulement par les Anciens, ses destina-taires naturels, mais aussi par leurs enfants et leurs petits-enfants.

Mais pour la première fois, nous avons eu quelques échos critiques. Parce que tel ou tel article semblait mettre en cause telle ou telle personne disparue ou donner un avis qui pouvait déplaire à telle ou telle personne encore en vie.

Il est impossible de demander aux gens de s’exprimer, ce qui est la raison d’être de cette revue, sans prendre le risque de froisser certains lecteurs. Le rédacteur en chef que je suis doit seulement veiller à ce que rien ne soit dit dans le but de nuire ou de vexer.

Chacun sait que nos souvenirs sont incer-tains, voire trompeurs, que notre témoignage sur un même fait ou sur une même personne n’est pas identique à celui d’autrui. L’un se souvient qu’un tel portait une chevalière marquée de la faucille et du marteau, l’autre ne s’en souvient pas. Eh bien, que chacun dise ce dont il se souvient : nos colonnes sont ouvertes !

De plus, nous n’avons pas à prendre parti dans cette revue qui veut dire tout le passé de Coublanc. Nous sommes dans un pays laïque où chacun est libre d’avoir ses opi-nions dans la mesure où il ne porte pas at-teinte à la liberté d’autrui : il y a eu à Cou-blanc, depuis plus d’un siècle, de fortes op-positions entre les catholiques et les anticlé-ricaux, entre les “rouges” et les autres ; nous n’avons pas à dire qui avait raison, mais rien ne nous empêche de dire qu’un tel était plu-tôt d’un côté et tel autre de l’autre.

Dans un domaine moins grave, chaque

auteur d’article est libre d’énoncer ses goûts ; un ancien boulanger a le droit de dire qu’il préfère le pain avec peu de trous, quand bien même tous les lecteurs et nous-mêmes serions d’un avis contraire.

Soyons donc tolérants ; mais aussi, osons envoyer nos réactions à la revue, pour publi-cation éventuelle. Son but n’est pas, naturel-lement, d’encourager des polémiques, mais de faire entendre des voix multiples et diffé-rentes : En ce Temps-là en sera d’autant plus instructif, riche et agréable.

B.B.

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Le latin de notre enfance

De profundis C’était le 2 décembre dernier. Deux cents

ans après la fameuse bataille d’Austerlitz et son soleil, qui éclaira la victoire de Napo-léon Ier. Une belle victoire, certes, mais peut-être pas une victoire pour l’humanité : trente mille morts étaient restés sur le champ de ba-taille. Donc, deux siècles plus tard, je me pro-menais dans la grisaille du soir dans le cime-tière de Coublanc.

J’allais au hasard à la rencontre de ces noms sur les tombes, ces noms qui nous rappellent tant de personnes que nous avons connues, et dont En ce Temps-là essaie de ressusciter le souvenir personnel ou collectif.

Peu à peu mon attention fut attirée sur une mention inscrite au bas de la stèle de toutes les tombes anciennes, celles en pierre jaune ex-traite des carrières de communes voisines de la nôtre. Deux mots partout semblables, DE PRO-FUNDIS. Les tombes plus modernes, celles de marbre ou de granite, ne les portent plus, me semble-t-il. Ces deux mots renvoient donc à une tradition ancienne, une de celles dont nous essayons de rassembler les reliques.

DE PROFUNDIS, c’est du latin. Prononçons « Dé profoundiss ». Cela signifie « Des pro-fondeurs », c’est-à-dire « du fond des abîmes » ou « du bas-fond où je me trouve ». Quand la mort les abaissait jusque dans la fosse, quand elle les « humiliait » en les « inhumant » (du latin humus, la terre), nos ancêtres plaçait ce « De profundis » comme une prière à Dieu dans le “ciel”, comme un acte de foi après la mort.

Ils avaient pris ces mots dans le début d’un psaume, un de ces psaumes qu’on attribuait au roi David ; celui que l’on chantait en latin à l’église, et notamment pour les funérailles.

« De profundis clamavi ad te Domine, exaudi vocem meam ! »

« Des profondeurs j’ai crié vers toi, Sei-gneur : écoute ma voix ! »…

Ce psaume (le CXXIX) est rempli de tris-tesse au début, pas forcément ou uniquement

de la tristesse de la mort, pour les Hébreux qui l’ont écrit, mais de la tristesse de la défaite, de l’humiliation, de l’exil. Il montre par la suite une grande confiance dans la miséricorde, dans la bonté de Dieu.

Ces mots « De profundis » ne sont donc pas des paroles de deuil, mais dans le deuil c’était, pour nos aïeux, des paroles d’espoir — pas tel-lement différentes du Sursum corda dont nous avons parlé l’an dernier.

J’ai poursuivi mon parcours errant dans le cimetière, en cherchant d’autres inscriptions latines : je comptais bien trouver un « Hic ja-cet » (« Ici gît ») ou un « In memoriam » (« Pour garder la mémoire » ou « En souve-nir »)... Mais je n’ai vu, dans l’ombre de plus en plus profonde de la nuit tombante, qu’un « Credo » (« Je crois ») lui aussi plein d’espé-rance.

J’allais abandonner, quand tout à coup, j’a-perçois un « Nobis ». Je songe aussitôt à la prière des litanies « Ora pro nobis » (« Prie pour nous »). Pas du tout : j’étais devant la tombe du curé Nobis, celui qui fit construire l’église de Coublanc, dont nous avons fêté le cent cinquantième anniversaire en 2002. No-bis, quel nom prédestiné pour un prêtre à l’époque où le latin était la langue usuelle de l’Église !

Bernard Berthier

Stèle — peu lisible — du curé Nobis

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Vitrail de saint Isidore le laboureur Église de Coublanc, bas-côté nord,

cinquième vitrail à gauche en entrant. Photographie de

Mélanie Berthier et Julien Berna.

Saint Isidore et sa bêche

Nous avons à faire ici à un vitrail qui nous

renvoie à une situation du quotidien. À quelques dé-tails près, il pourrait s’agir d’un paysan saisi au bord de son champ. Mais nous savons qu’il s’agit d’un saint : nous pouvons penser à saint Fiacre, considéré comme le patron des maraîchers. Mais saint Fiacre était un moine ermite ce qui ne correspond pas vrai-ment à l’image renvoyée par la vitrail. Certains ont pu aussi songer à saint Roch. Mais il semblerait plu-tôt que ce vitrail rende hommage à San Isidro Labra-dor, en espagnol dans le texte, c’est-à-dire : Saint Isi-dore laboureur.

Il faut s’en retourner dans l’Espagne du Moyen Âge au XIIe siècle : Madrid est encore une région campagnarde isolée par les montagnes qui l’entou-rent. Isidore et sa femme sont des domestiques, ils s’occupent de la ferme du seigneur Vargas. Mais ils ont un deuxième « Seigneur », moins terrestre, Isi-dore va même le prier tous les matins avant de com-mencer son labeur. Intrigué, son maître va mener son enquête pour voir si cette dévotion ne lui ferait pas perdre quelque précieux temps de travail : il découvre alors que, de manière miraculeuse, les bœufs de son homme de main labourent le champ en l’absence de leur bouvier. Nous le voyons bien ici, l’histoire d’Isi-dore perpétue le lien que l’Église veut fort entre elle et le monde de la nature. En effet, ce n’est pas un ha-sard que dès les premières pages de la Bible, la Ge-nèse prenne pour décor un jardin comme image du paradis originel ; il s’agissait là de s’adresser à des bergers pour leur parler de la création du monde. Jé-sus aura recours aux mêmes méthodes avec ses nom-breuses paraboles lorsqu’on y retrouve le laboureur, le semeur… Et puis il y aura bien sûr François d’As-sise, créant la crèche de Noël telle qu’on la connaît aujourd’hui, rappelant et renouvelant ainsi la nais-sance du divin enfant entre le bœuf et l’âne, devant les bergers.

Isidore, le saint de Madrid Revenons-en à nos moutons de Madrid : ce n’est

qu’au milieu du XVIe siècle que la cité est choisie par la royauté. Un siècle plus tard, c’est Isidore qui est canonisé, en 1622, et on le célèbre en Espagne le 15 mai. D’ailleurs on le célèbre de manière particulière à Madrid, car il en est le saint Patron, sans doute pour rappeler justement les origines rurales de la ville. Pour ce qui est de la canonisation, elle récompense ici une vie simple mais nourrie de dévotion à Dieu et aux plus pauvres. Il faut rappeler que ce saint Isidore se

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trouve à la suite d’autres saints Isidore. L’un des premiers se trouve en Égypte, dès les alentours du IIIe siècle. L’Égypte tout simplement car le prénom en tire son origine : il se compose du nom de la déesse Isis, nom désignant « la souveraine », et de « doron », mot grec qui signifie le cadeau ; les chré-tiens ont récupéré un nom qui signifiait une consé-cration à Isis, divinité païenne...

Un saint pour le peuple des campagnes Mais devenir saint nécessite aussi l’accomplisse-

ment de miracles ; or Isidore aurait permis, grâce à ses prières, la guérison de son roi ! On lui prête le fait d’avoir ressuscité la fille et… le cheval de son maître. D’autres miracles le concernant sont liés à l’eau : creuseur de puits, il aurait sauvé son enfant tombé dans l’un d’eux, il aurait fait jaillir une source d’un simple coup de pied. Nous comprenons alors pourquoi cette figure peut intéresser le monde agricole pour qui l’eau est si précieuse. Mais le des-tin de ce laboureur doit être confronté aux réalités de l’époque. En effet, le monde du Moyen-Âge nous évoque une division très prononcée des classes so-ciales : d’un côté ceux qui travaillent, essentielle-ment la terre, avec les conditions difficiles que l’on connaît ; de l’autre côté, le monde du pouvoir, le glaive et la bible : ceux qui combattent et ceux qui prient, principalement installés dans leurs tours d’ivoire. C’est sans doute pour corriger ce gouffre, ou pour tenter de le dissimuler que l’Église s’est ré-gulièrement choisi des représentants auréolés parmi les gens de la plus basse condition. Jusque-là le saint Isidore que connaissent les Espagnols est celui de Séville, archevêque du VIe-VIIe siècle, intellec-tuel, ayant effectué de nombreuses recherches sur l’origine et l’histoire des mots (ce qui lui vaut au-jourd’hui d’être le patron d’Internet). Mais par ce statut, il peut sembler trop loin du peuple. En revan-che, pour « notre » Isidore, on prend soin de lui donner un titre de reconnaissance qui l’associe à toute la classe des travailleurs : le laboureur. En ef-fet le verbe labourer, au Moyen-Âge, contient à la fois l’idée de « travailler, se donner du mal », valeur que nous connaissons lorsque nous parlons de dur labeur, et à la fois le sens de « mettre en valeur, cultiver ». Ces deux sens renforcent bien l’image que l’on nous transmet du saint : un travailleur qui ne compte pas sa peine pour le service de son sei-gneur. Le passage d’un Isidore à l’autre, de l’arche-vêque au laboureur, d’une culture des livres à la culture de la terre, renforce l’idée d’une Église qui veut simplifier son rapport avec ses fidèles les plus démunis qui sont sans doute les plus nombreux.

Nous pouvons nous demander pourquoi Saint Isidore s’est retrouvé à Coublanc. Tenons compte simplement de sa représentation : elle est ici

traditionnelle ; le saint se situe dans un décor cham-pêtre, certes espagnol, mais qui ne pouvait en rien dépayser les Coublandis à l’époque à laquelle a été installé le vitrail (les dures années 40-44).

Isidore sur le vitrail de Coublanc En arrière-plan un attelage de bœufs (ceux qui

travaillent tout seuls), une petite maison de pierres, des collines, un arbre. Au premier plan, un homme s’appuie sur une petite bêche, rappelant son « statut » de laboureur, faisant d’ailleurs beaucoup plus songer à un jardinier. À ses pieds nous trou-vons un tas de blé fraîchement coupé sur lequel re-pose encore un petit volant (faucille), et puis un chien. Jusque-là, tout est normal, voire banal : un instantané pris au sortir du champ. Excepté peut-être les chausses, les vêtements du laboureur ne sont pas particulièrement spéciaux ou décalés. Il permet en ce sens de créer une relation de proximité. Le per-sonnage s’inscrit comme patron : à la fois protecteur (en renvoyant une image rassurante) et à la fois mo-dèle à suivre. Pour cette notion de guide, il lui faut un petit plus ! Outre l’auréole traditionnelle, nous pouvons évoquer sa pose, comme si avec ses deux bras, il voulait signifier l’alliance du ciel et de la terre : son bras gauche tendu vers le ciel, la paume ouverte, alors que son bras droit se prolonge avec la bêche jusqu’à la terre. Nous pouvons y voir le rap-pel d’un des rôles qui est assigné à l’homme dès le début de la Bible : être maître de tout ce qui vit sur terre. Et c’est sans doute le même message qui nous est répété avec la présence du chien assis, le corps et le regard tournés vers son maître, prêt à lui obéir. Le regard d’Isidore, quant à lui, ne semble se fixer sur aucune chose, s’éloignant de toute préoccupation terrestre, il correspond aux extases décrites au sujet du personnage. Il devient saint Isidore. Il crée l’al-liance, dans le même temps, de celui qui travaille (laborare, en latin) et de celui qui prie (orare), ré-unissant de manière idéale deux classes, deux condi-tions, deux mondes jusque là incompatibles.

Mais aujourd’hui, le monde agricole a évolué, presque dans des dimensions industrielles. De plus le virtuel tient une grande place dans notre société. Alors ce vitrail peut prendre de nouvelles significa-tion pour nous : tout d’abord nous rappeler notre lien naturel à la terre, et puis, pourquoi pas, nous renvoyer vers une dimension plus spirituelle. De là à prôner le retour à la terre comme solution aux éga-rements de notre temps… Alors, pour clore le sujet nous pouvons laisser la parole à Candide (ce qui fe-rait sans doute fulminer Voltaire de se voir mêlé à l’évocation d’un saint) : « Cela est bien dit, mais il faut cultiver notre jardin. »

Régis Déal (Coublanc et La Ravoire)

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Accary Étienne, né à Coublanc, le 14/10/1877. Soldat de deuxième classe au 146ème régiment d’infanterie. Matricule 620531 au corps. Classe 1897. N°1333 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 11 novembre 1914 au Mt Kemmel (Belgique). Tué à l’ennemi. Jugement rendu le 23 août 1919 par le Tribunal de Charolles. Acte transcrit le 25 septembre 1919 à Coublanc. Auclair Antonin, né à Coublanc, le 23/06/1889. Soldat de deuxième classe au 10ème régiment d’infanterie. Matricule 05257 au corps. Classe 1909. N°310 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 26 juin 1915 à l’hôpital mixte de Commercy. Mort des suites de ses blessures. DG ou DC. Acte transmis à son dernier domicile à Coublanc. Auclair Cyrille, né à Coublanc, le 03/02/1892. Soldat au 56ème régiment d’infanterie. Matricule 4824 au corps. Classe 1912. N°290 ? au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 29 août 1914 à Vennezay (Meurthe-&-Moselle). « Tué à l’ennemi ». Jugement rendu le 29 août 1914 ? par le Tribunal de Charolles. Jugement transcrit le 7-10-1917 à Coublanc. Auclerc Jean-Marie, né à Coublanc, le 30/05/1883. Soldat de deuxième classe au 20ème bataillon de Chasseurs à pied. Matricule 04992 au corps. Classe 1903. N°305 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 2 mars 1916 à Verdun Douaumont (Meuse). Tué à l’ennemi devant Verdun. Acte transmis le 28 juin 1917 à Coublanc (Saône et Loire).

Le Monument aux morts

de Coublanc

Nos morts de la guerre de 1914-1918

" On oubliera. Les voiles de deuil, comme des feuilles mortes, tomberont. L'image du soldat disparu s'effacera lentement dans le cœur consolé de ceux qu'il aimait tant. Et tous les morts mourront pour la deuxième fois."

Roland Dorgelès

Ne laissons pas cela arriver ! C’est pourquoi nous reproduisons ici le plus

fidèlement possible pour chaque soldat mort « pour la France » les indications données par un formulaire (534-708-1921 26434) sans doute à l’époque adressé aux familles, en tous cas conservé par le ministère de la Guerre. Ces formulaires sont aujourd’hui accessibles sur le site Internet « Mémoire des hommes », où nous sommes allés les recopier.

L’écriture des “secrétaires” qui ont rempli les formulaires est lisible de manière très variable. Nous espérons les avoir décryptés au mieux. En cas de doute, nous mettons un point d’interrogation...

Voici dans ce numéro les noms de la première colonne de notre monument aux morts. Les deux autres colonnes suivront dans les années à venir.

Nous espérons ainsi que le souvenir de ces jeunes gens prématurément emportés par une affreuse tourmente sera un moment ravivé.

Si les familles de ces morts ont des souvenirs (photos, récits, cartes postales de combattants), et ont envie de les communiquer, notre revue est toute prête à ce travail de mémoire.

Bernard Berthier

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Auclerc Jean-Pierre, né à Coublanc, le 19/11/1889. Sapeur de deuxième classe au 8ème régiment du Génie. Matricule 04166 au corps. Classe 1909. N°389 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 10 août 1918 à Coublanc (Saône et Loire). Genre de mort : maladie contractée en service. Acte ou jugement transcrit par le DG Extrait adressé au Maire de Coublanc (Saône et Loire). Aupol Joseph (Marie-Joseph dans l’acte), né à Coublanc, le 17/03/1887. Soldat de deuxième classe au 81ème régiment d’infanterie. Matricule 2161 au corps. Classe 1907. N°631 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 30 septembre 1918 à Landricourt Bois des Biches (Aisne). Tué à l’ennemi. Acte transcrit le 27 janvier 1919 à Coublanc (Saône et Loire). Belleville Julien né à Cours, le 31/08/1887. Caporal au 334ème Régiment d’Infanterie. Matricule 05499 au corps. Classe 1907. N°691 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 15 octobre 1915 au Combat de l’Hartmannwillerkopf (Alsace). Tué à l’ennemi. Acte transcrit le 9 avril 1917 à Maizilly. Belot Adolphe, né à Coublanc, le 02/04/1893. Soldat de deuxième classe au 31ème Bataillon de Chasseurs à pied. Matricule 1491 au corps. Classe 1913. N°4 au recrutement (Autun). Mort pour la France le 8 octobre 1914 à Carency (Pas de Calais). Tué à l’ennemi. Jugement rendu le 23 juillet 1920 par le Tribunal de Charolles. Acte transcrit le 27 août 1920 à Coublanc (Saône et Loire). Benat Jean. Fiche non trouvée.

Berthelot Louis, né à Tancon, le 01/11/1892. Soldat de deuxième classe au 21ème Bataillon de Chasseurs à pied. Matricule 2845 au corps. Classe 1912. N°260 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 11 octobre 1914 à Fosse Calonne (Pas de Calais). Coup de feu reçu au combat. Jugement rendu le 7 janvier 1921 par le Tribunal de Charolles. Jugement transcrit le 21 janvier 1921 à Tancon (Saône et Loire). Boyer Claudius, né à Coublanc, le 19/12/1897. Soldat de deuxième classe au 23ème Régiment d’Infanterie. Matricule 16644 au corps. Classe 1917. N°1034 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 22 mai 1918 à l’hôpital temp(orai)re 34 bis Secteur 238 Zuydcoote (Nord). Blessures de guerre Acte transcrit le 8 décembre 1918 à Coublanc (Saône et Loire).

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Buisson André, né à Coublanc, le 20/10/1895. Soldat de deuxième classe au 10ème Régiment d’Infanterie. Matricule 7570 au corps. Classe 1915. N°303 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 7 juillet 1915 au Bois d’Ailly (Meuse). Tué à l’ennemi. Acte transcrit le 31 août 1915. À Coublanc (Saône et Loire). N° du registre d’état civil 269/396 Saône et Loire. Buisson Gilbert, né à Coublanc, le 16/05/1895. Soldat de deuxième classe au 13ème Bataillon de Chasseurs. Matricule 5975 au corps. Classe 1915. N°304 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 3 juin 1918 à l’Étang de Dichebresch (Belgique). Tué à l’ennemi. Acte transcrit le 22 septembre 1915 à Coublanc (Saône et Loire). Badolle Joseph, (Benoît Joseph dans l’acte), né à Saint-Igny de Roche, le 20/04/1881. Soldat de deuxième classe au 134ème (?) Régiment d’Infanterie. Matricule 016047 au corps. Classe 1901. N°563 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 16 octobre 1914 à La Forêt d’Apremont (Meuse). Tué à l’ennemi. Jugement rendu le 23 juillet 1920 par le Tribunal de Charolle [sic]. Jugement transcrit le 29 août 1920. À Coublanc (Saône et Loire). Chassignol Jean, né à Saint-Igny de Roche, le 25/11/1890. Soldat au 56ème Régiment d’Infanterie. Matricule 06101 au corps. Classe 1910. N°486 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 25 février 1915 au Bois d’Ailly (Meuse). Tué à l’ennemi. Acte transcrit le 29 avril 1916. À Saint-Igny de Roche (Saône et Loire). N° du registre d’état civil 252/196

Chetaille Claude-Marie, né à Coublanc, le 04/11/1882. Deuxième classe au 408ème Régiment d’Infanterie. Matricule 021325 au corps. Classe 1902. N°543 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 8 mars 1916 à Vaux (Meuse). Tué à l’ennemi. Jugement rendu le 8 mai 1919 par le Tribunal de Charolles. Jugement transcrit le 1er juin 1919. À Coublanc (Saône et Loire). Cuisinier Joseph, né à Coublanc, le 16/11/1886. Deuxième classe au 13ème Régiment d’Infanterie. Matricule 019217 au corps. Classe 1906. N°602 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 30 mai 1916 à l’hôpital 55 ter à Lamotte Beuvron (Loir et Cher). Blessures de guerre. DG Extrait du registre de décès adressé le 30 mai 1916 à Lamotte-Beuvron (Loir et Cher). Defaye Benoît, (Benoît Victor dans l’acte), né à Coublanc, le 19/03/1886. Soldat au 156ème (ou 256) Régiment d’Infanterie. Matricule 0789 au corps. Classe 1906. N°944 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 19 octobre 1914 à Cuinchy (Pas de Calais). « Tué à l’ennemi ». Acte transcrit le 17 avril 1919. À Coublanc (Saône et Loire). Dejoux Claude-Marie, né à Coublanc, le 14/03/1897. Soldat au 77ème Régiment d’Infanterie. Matricule 14780 au corps. Classe 1917. N°1077 ? au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 14 septembre 1918 au Lazareth de Thionville ? (). Maladie contractée en captivité. Acte transcrit le 21 mai 1922. À Coublanc (Saône et Loire).

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Delhomme Philippe (Marie François Philippe sur l’acte), né à Macon, le 8/08/1888. Sergent au 10ème Régiment d’Infanterie. Matricule 03026 (ou 36) au corps. Classe 1908. N°1127 (ou 37) au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 14 mai 1915 au Bois d’Ailly (Meuse). Tué à l’ennemi. Acte transcrit le 22 août 1918. À Coublanc (Saône et Loire). N° du registre d’état civil 269/29 Deschavanne Louis (enregistré sous le nom de Déchavanne Louis Joseph sur l’acte), né à Coublanc, le 29/04/1879. deuxième classe au 346ème Régiment d’Infanterie (une souscription peu lisible indique qu’il est « venu du 353ème R » avec un autre matricule, peut-être, de quatre chiffres se terminant par 227). Matricule 0022604 au corps. Classe 1899. N°1334 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 8 octobre 1918 à Somme Py, à Ferme Médéah (Marne). Tué à l’ennemi. Acte transcrit le 26 octobre 1919. À Coublanc (Saône et Loire). Devillaine Claudius (Antoine Benoît pour l’acte), né à Coublanc, le 15/03/1889. Deuxième classe au 120ème Bataillon de chasseurs à pied. Matricule 04727 au corps. Classe 1909. N°1261 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 17 juin 1916 au Bois d’Haudromont, Verdun (Meuse). Tué à l’ennemi. Acte transcrit le 19 octobre 1916. À Coublanc (Saône et Loire).

En ce temps-là !… 1938 par Gaby Berthier

En ce temps-là, mon père, Louis Berthier, était Président des Anciens Combattants de Coublanc. Il devait remplir son devoir de mémoire à cet égard.

Les quelques jours précédents le 11 novembre, mon père préparait avec beaucoup de sérieux son discours. Il l’apprenait par cœur pour le réciter dignement devant le public qui commémorait cette cérémonie avec ferveur et tristesse pour beaucoup d’entre eux.

À la maison de la Roche, dès le petit matin, la famille était sur pied (de guerre). Ma mère devait aider mon père à s’habiller, lui fixer son col blanc minutieusement

empesé, bref, surveiller la tenue du costume. C’était grand branle-bas de combat ! Arrivés sur la Place de l’Église, une assistance nombreuse était rassemblée autour du monument au morts. Mon père prenait alors la parole et rappelait solennellement les sombres années de la guerre de 14, les souffrances endurées dans les tranchées et les privations de toutes sortes. Une minute de silence était observée à la mémoire de ceux qui avaient laissé leur vie au combat. J’avais dix ans et c’est à moi que revenait l’honneur de déposer une gerbe de fleurs en hommage aux soldats disparus. Quelle émotion ! Gaby Berthier, épouse de Maurice Girerd, est née en 1928 et vit à Valence.

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Je suis née le 12 octobre 1906. J’aurai donc bientôt 99 ans, comme madame Rol-land. Et, comme elle, je ne suis pas née à Coublanc.

Je suis née dans la région lyonnaise, du côté des montagnes, vers le Mont Pottu, à Longessaigne, dans le département du Rhône, à une vingtaine de kilomètres de la Loire. Nous étions sur les hauteurs, à un peu moins de mille mètres d’altitude.

Mon père, Pierre-Marie Tardy, et ma mère, Jeanne Marie Tricaud, étaient des paysans, ils étaient cultivateurs. Mon père avait voulu partir à la guerre, en 1915, mais il avait été d’emblée réformé pour paralysie et était revenu chez lui. Cette maladie l’a emporté en septembre 1918, à trente-huit ans. Tardy : ce nom est fréquent à Saint-Étienne et dans cette région entre Loire et Rhône. Il était d’une famille de huit enfants ; je ne sais guère ce que sont devenus ses sept frères et soeurs. Je ne retrouve plus per-sonne. Chacun a trouvé son travail de son côté. De toutes façons, c’était le plus jeune de la famille.

Mes parents se sont mariés en 1905. Née en 1906, je suis donc l’aînée de leurs en-fants. Ma cadette est décédée jeune, puis mon frère est mort en 1929, mes trois plus jeunes sœurs sont nées en 1914, 1916 et 1918. Cette dernière est née deux mois après la mort de mon père, le jour de l’Armistice. Donc on est encore trois de vivantes.

Je suis allée à l’école primaire du vil-lage de Longessaigne, petit village assez étendu. Puis à Saint-Laurent-de-Chamousset, où nous avions déménagé à la fin de 1914, chez un frère de ma mère, jusqu’à l’âge de onze ans. J’aurais voulu passer mon certifi-cat. Mais j’étais trop jeune. L’institutrice au-rait dû demander une dispense, mais elle ne

l’a pas demandée ; elle a eu peur d’un refus. Mais elle m’a fait passer les épreuves juste pour voir, et j’ai eu de meilleurs résultats que la plupart des filles qui avaient réussi leur certificat ; j’aurais eu plus de points qu’el-les ! J’étais mauvaise, furieuse. Et mon père aussi ! Mais il n’était plus temps de conti-nuer les études. Mon père mort, en septem-bre 1918, il fallait que j’aide ma mère, que je travaille, et que je ne sois pas une bouche inutile à nourrir, d’autant plus que j’étais l’aînée.

À douze ans, je suis donc devenue ber-gère, dans une ferme d’un village voisin, à Brullioles, à une dizaine de kilomètres à pied. Je suis restée un an chez ces gens-là, des connaissances de ma mère. J’y man-geais, j’y dormais ; pas de vacances. À la fin de l’année, j’avais gagné 110 F ! Je rentrais chez ma mère peu souvent ; la patronne était une amie à ma mère ; je revenais à la maison de temps en temps, à la fin de l’hiver. L’été, il y avait plus de travail, parce que j’avais toutes les bêtes dans les prés ou les bois avec moi : neuf vaches, vingt moutons et sept chèvres. Ils avaient aussi deux bœufs pour le travail et un cheval. Travailler à douze ans, à l’époque, c’était commun !

La première fois, je n’étais pas fière, seule dans mon bois avec mon troupeau. Puis je me suis habituée assez vite. Je n’ai jamais eu d’ennuis ; à l’époque, il n’y avait pas de risques ; et puis cela se passait juste après la guerre, à partir de Noël 1918.

Durant les hivers, en ce temps-là, il y avait beaucoup de neige, et j’allais en sa-bots ; mais la neige ne rendait pas le travail trop pénible : les bêtes suivaient les sentiers, et on passait après, dans la piste qu’elles avaient tracée. Elles avaient les branches de rosiers ou d’églantiers à manger ; elles

La jeunesse de Perrine Vaginay

Souvenirs d’avant sa venue à Coublanc 1906-1924

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étaient friandes de ça… Un jour, les chèvres sont venues tout près

de moi ; pas les vaches ; elles se mirent à ta-per du pied et à cracher. Le chien aussi. Elles ont compris que je ne comprenais pas ce qu’elles voulaient dire. Elles sont parties en direction de la maison. La patronne est ve-nue à ma rencontre, un peu inquiète qu’il m’arrive quelque chose. La patronne m’a ex-pliqué qu’en broutant, les bêtes avaient vu un sanglier au-dessus des haies, que je n’a-vais pas vu. Une autre fois, j’en ai vu une horde, mais pas de près.

Les prés du pays ne sont pas clos, c’est pour cela qu’il faut garder le bétail ; mais ils sont entourés de murs de pierre, de murets.

Il n’y avait pas beaucoup de bêtes à crain-dre, sauf les serpents. Je me souviens de mu-rets où il y en avait. Un jour, par exemple, le patron avait un frère qui était restaurateur à Lyon et qui vint l’aider à l’époque des foins. Il descendait au bourg de Brullioles pour chercher le char de foin. Dans un virage, il y avait un mur assez haut. Avec sa guise,

comme on disait, il est allé taper le ser-pent. Il n’a fait qu’un saut, il a sauté du char et est tombé dans un pré ; il a dit que ja-mais de sa vie il n’a eu si peur ; j’avais peur après de passer, moi aussi. Il a dit que ces serpents-là étaient des vipères très vives, des aspics. Les gens les craignaient et leur faisaient la chasse. À Brullioles, il y avait un grand pré dans les bois, avec un rocher au soleil. On y allait tous les jours, tant qu’il y avait de l’herbe. J’allais très lentement ce jour-là, suivie du chien, parce qu’il faisait très chaud. J’ai failli met-

tre le pied sur une vipère qui était sur la route : elle avait été écrasée par les sabots des bêtes devant moi. J’ai bien regardé si les bêtes n’avaient pas été piquées. Un grand pré, un rocher au soleil.

Je rentrais toujours à midi, avant de repar-tir dans l’après midi. J’avais un peu de liber-té, mais la patronne me faisait laver la vais-selle. Pour mieux laver les pots de crème, il fallait prendre des orties : cela piquait les mains, car je n’avais de gants que très rare-ment ; mais les orties une fois dans l’eau,

Clotilde Berthier

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elles ne piquaient plus. Une fois j’ai pris de l’eau chaude avec moi, et j’ai jeté l’eau chaude sur les orties ! Autrefois, l’ortie te-nait lieu des produits de vaisselle d’aujour-d’hui. Je n’ai pas vu de table avec des assiet-tes creusées dedans, comme vous me dites que votre père en a vu à La Roche dans les années 30…

Je suis rentrée chez ma mère à la Noël de

1919, après un an donc de travail à Brullio-les. Je ne suis pas retournée dans la première ferme, parce que j’y avais remplacé une fille de vingt ans, pas très grande, qui avait pris un an de repos. Elle allait revenir.

Je suis restée huit jours chez ma mère, puis je suis repartie pour me louer dans une ferme à Montrottier dans le Rhône, à sept ou huit kilomètres de chez ma mère. Je n’étais plus bergère ; il fallait que je fasse les tra-vaux de la ferme : tirer les vaches, une hui-taine peut-être, nettoyer les écuries, brouetter le fumier. L’été, j’allais aussi garder les bê-tes dans les prés qui, à cette époque, n’é-taient pas clos. Ma nouvelle patronne était une jeune dame qui allait avoir un bébé quand je suis arrivée. Il fallait l’aider à l’in-térieur et à l’extérieur. J’avais mon lit dans la cuisine, dans un coin. J’avais chaud. À côté de mon lit, il y avait un placard. Je l’ai ou-vert, et il en est tombé un tas de livres : c’é-tait de l’Histoire Sainte, que devait lire non le patron, mais la mère du patron. J’ai em-prunté un volume et l’ai emporté dans les prés, pour lire tout en gardant le troupeau : cela m’a permis d’apprendre à lire beaucoup mieux. Je n’avais pas de livres à la maison de ma mère. J’avais un bon chien, bien dres-sé. Je n’avais pas peur avec lui. Dans la pre-mière ferme j’avais un chien aussi, même s’il n’était pas haut. Pendant qu’on garde les bêtes, on a le temps de lire.

Je ramassais aussi des champignons, des rosés des prés. À la cime de cette forêt, il y avait une côte et un gros rocher en haut, au milieu. Les gens disaient qu’autrefois ils y allaient danser, une vingtaine de personnes ensemble ; ils disaient à l’époque que le feu du ciel était tombé sur eux pour les punir

parce qu’ils dansaient là. Cela a écrasé un peu le rocher, mais on pouvait encore y mon-ter. J’y suis monté un jour rien qu’avec les chèvres, pas l’été, en hiver. Ça valait le coup d’y voir. Ça dominait des quantités de bois et de maisons : on est trop jeune, on ne peut pas garder vraiment le souvenir…

Il y avait des champignons. La fille de l’épicier du pays en ramassait beaucoup. Un sac comme ça ! Des champignons noirs, avec un parfum spécial, qui se vendaient très cher, un genre de truffes, pour les vendre en ville, à Lyon ou je ne sais pas où elle était. Moi, ceux que je ramassais étaient pour la patronne, qui en faisait des plats. J’en profi-tais pour ma part !

Je n’ai pas assisté à la naissance du bébé qu’attendait ma patronne. Je me serais sau-vée ! Une sage-femme était venue à la mai-son, de Saint-Laurent-de-Chamousset. La ferme où j’étais placée ces deux années-là était un peu sauvage. On aurait dit un ancien château fort. Il y avait des gros blocs de ro-chers entre la maison et l’étable des bêtes. De toutes façons, la patronne n’est pas restée à la ferme. Elle est rentrée chez ses parents à Lyon. Le patron lui-même était sauvage, il était tout le temps à la chasse, le travail ne se faisait pas. Mon travail était très pénible pour une fille de treize ans : pensez donc, il fallait que je traîne les brouettes de fumier et les verse sur le tas.

À un moment j’avais été bien enrhumée. J’avais un oncle, frère à ma mère, facteur-receveur à la poste du village. Il était chargé de me surveiller, de veiller à ma santé. Il a bien fallu que le patron se mette à travailler, pendant que je suis restée sans sortir, quel-ques jours !

La ferme produisait du blé, de l’orge. Il y avait toutes sortes d’arbres fruitiers : pê-chers, pommiers, pruniers, cerisiers, cognas-siers. Il fallait s’en occuper. J’étais aussi chargée de la récolte. Mes patrons vendaient de leurs fruits. Je ramassais aussi des rosés des prés. Ils les vendaient au marché de Saint-Laurent, mais c’est moi qui les ramas-sais.

Au bout de deux ans, j’ai décidé de ne

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plus rester, et de rentrer chez ma mère à Noël. J’avais mieux aimé la première ferme que la deuxième, où pourtant je suis restée deux ans… C’est toujours à Noël que je changeais de ferme ou de travail.

Ma mère à la même époque a décidé de

quitter le pays. Nous sommes parties ensem-ble à Lyon à la fin de décembre 1921. Nous avons pris la voiture à cheval, à deux che-vaux, qui desservait — comme un car — ré-gulièrement la route. Elle pouvait tenir une dizaine de personnes. Les gens prenaient ce transport quand ils ne pouvaient pas marcher à pied. Nous sommes passés par Montrottier, Brullioles, Bessenay, La Brevenne. Là nous avons pris le chemin de fer de la ligne Mont-brison-Lyon. Nous sommes arrivés à Lyon.

Vous vous souvenez que j’avais une pe-tite sœur, toute jeune encore. Avant de partir pour travailler, ma mère l’avait laissée, avec ses autres filles, chez une mémé. Nous ne partions pas à Lyon nous louer à l’aventure : grâce à mon oncle facteur de Montrottier, nous avions trouvé un employeur, avec un juste salaire. Le facteur savait évaluer le sa-laire. Ma mère était placée aussi, dans la même maison que moi. Le patron était M. Bovagnet, chef d’entreprise d’une usine de tissage de coton ou de soie ; il y avait beaucoup de soierie à Lyon à l’époque ; son épouse était la comtesse des Garets (il y en avait à Mably, une famille des Garets). Ils habitaient à Lyon en face du Parc, cours Mo-rand. Nous y avons logé toutes les deux. Ma mère y travaillait comme bonne, et moi j’a-vais à m’occuper de la petite fille de la pa-tronne, qui venait de naître, l’aînée avant une série de frères et sœurs. Quelques années plus tard, quand nous sommes revenus les saluer, j’ai vu dans l’antichambre une collec-tion de chaussures, de souliers bien rangés : la famille s’était élargie… Je ne suis restée dans cette maison que six mois, parce qu’un jour que j’étais malade, la patronne voulait me faire rentrer à l’hôpital, j’avais mal déjà dans le dos. Je n’ai pas voulu, je suis partie. J’avais de la volonté, quand même ! Ma mère aussi est allée travailler chez quelqu’un

d’autre pour gagner plus d’argent… Je suis allée louer mes services à une

vieille mémé de 80 ans, rue Pierre — je ne me souviens plus…, du mois de juin jusqu’à la Noël.

J’avais pu profiter un peu de la ville et dé-couvrir Lyon dans mes quelques rares mo-ments libres : Fourvière, et tout ce qu’il y avait de bien à visiter... Dans ma première place, il fallait que j’aille chercher le lait pour le bébé dans le centre ville ; cela me faisait une longue marche tous les jours. Je passais par le pont Morand, jusqu’à la place des Terreaux. Le lait était versé par le mar-chand dans une bouteille ou deux que je por-tais dans une espèce de panier prévu pour deux bouteilles, une de chaque côté de la poignée. Je n’ai jamais revu ce type de pa-nier. Je suis montée très souvent à la Croix-Rousse, pour une raison précise, mais je ne sais plus laquelle. J’allais à la messe à Saint-Pothin, et aussi à une église plus proche du domicile de mes patrons, en passant par des petites rues. J’ai été contente de vivre à Lyon et de découvrir la ville. J’y suis retournée souvent, depuis, avec mon mari, en voiture.

À la Noël 1922, je suis allée voir au pays

mon grand-père, qui était fatigué. Ma mère était venue aussi, pour le soigner. Quelques jours plus tard, quand je suis redescendue à Lyon, la mémée chez qui je travaillais était décédée…

J’ai encore changé d’emploi, bien sûr. Je suis allé travailler à Villechenève ; dans un hôtel de tourisme. Villechenève est près de Longessaigne. J’y ai travaillé un an. Il fallait que ce soit impeccable, oui, mais pour l’épo-que. Il y avait seize chambres. Il fallait faire les lits tous les jours. Les lits ! Voilà pour-quoi maintenant je sais les faire ! Il fallait aussi s’occuper des tables, servir les repas.

L’été, de fin juin jusqu’à la fin de septem-bre, il y avait beaucoup de travail, beaucoup de touristes. C’était d’autant plus pénible qu’il n’y avait pas de robinet d’eau cou-rante : il fallait aller la chercher au fond de la cour, la monter dans des brocs dans chaque chambre, vider l’eau sale, nettoyer les tables

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de toilette , descendre l’eau sale… Voyez le travail qu’il fallait faire à l’époque ! On se plaint maintenant ! Le soir, j’étais épuisée… Le reste de l’année, il y avait aussi du travail, puisque je servais au café et au restaurant.

J’avais seize ans. Les patrons étaient jeu-nes, mais bien sympathiques, très corrects

avec moi. Mais je suis partie de là, vous ne savez pas pourquoi ? J’ai dû les quitter à leur demande, parce que la loi venait de leur in-terdire d’employer du personnel de moins de 20 ans, ou de 18 ans à la rigueur. « C’est bien malheureux, dit la patronne, mais je ne peux pas te garder ! » Cela tombait bien : je ne voulais pas rester, parce que j’en avais as-sez !

Après ça, j’ai eu une place à Tarare, où je

suis restée six mois à peine ; je m’occupais d’une petite fille.

Ma mère s’était remariée en 1922 ou 1923 avec un homme qui gagnait correc-tement sa vie, qui présentait bien, mais qui

avait tendance à boire et à ne pas lui donner d’argent. Elle n’est restée qu’un an avec lui. Elle a dû le quitter quand elle s’est rendu compte de la vérité... Elle a décidé d’ailleurs de ne plus se remarier, parce qu’elle avait à soigner mon frère, qui mourra bientôt d’une maladie de cœur, et qui était un grand souci pour elle. Il fallait que je l’aide. Alors, je me suis rapprochée d’elle, et nous avons vécu à Tarare. Elle avait travaillé à Roanne, dans une institution qui s’occupait de petites fil-les. Puis elle est rentrée au pays. Alors, nous avons décidé toutes les deux, à ce moment, de partir ensemble à Roanne, pour travailler dans l’entreprise Forest-Deschamps.

À cette époque-là, je n’ai pas beaucoup connu mes sœurs, parce qu’elles étaient chez le grand-père. Mais la famille sera enfin ré-unie quand nous viendrons à Cadolon, en 1924.

[À suivre] Souvenirs recueillis à Chauffailles, le 16

août 2005, par Bernard Berthier, en compa-gnie de Germaine Lamure.

Menu accompagné par les mots : « Notre Père

qui êtes aux cieux » d’un côté et « Donnez-nous notre pain quotidien » de l’autre !

Le menu d’un repas le 21 septembre 1946

Potage velouté

Saucisson chaud, beurre en coquilles

Volaille au naturel Pâté de foie garni Poulets à la crème

Riz au jus Lapin en gibelotte

Gigot de mouton au cresson Desserts et fruits assortis

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Je suis né le 18 juillet 1920 à Saint-Julien-de-Civry, petit village de six cents habitants, d’où est originaire un homme célèbre, Bernard Thévenet, qui gagna le Tour de France en 75 et 77.

Mon père était facteur et avait aussi une petite ferme avec quelques cultures.

Je fis un apprentissage de boulangerie à Saint-Julien, puis je travaillai pendant trois ans à Coublanc, chez Ambroise Desgouttes. La famille Desgouttes était installée en face de l’ancienne Poste, là où est maintenant la Mimi. Ils tenaient une boulangerie, deux salles de café, et vendaient aussi du vin. J’aidais le père Desgouttes, qui était déjà âgé, à faire le pain ; on faisait deux ou trois fournées par jour, des couronnes, des brioches, des pains fantaisie. Les deux filles, Marthe et Renée, servaient les clients ; Marthe faisait aussi la comptabilité ; elle était mariée à Joseph Lacôte, employé à l’usine Perrin. Quant à Renée, elle avait épousé Berthelot, qui travaillait au P.L.M. de La Clayette. La mère Desgouttes était aux fourneaux, et elle cuisinait très bien ! De temps en temps le patron me confiait sa voiture et son cheval pour aller faire des commissions à Cadolon, Tancon ou Maizilly.

Les cafés marchaient bien en ce temps-là ! Pourtant la guerre était arrivée et c’était l’époque des tickets et des réquisitions. Mais à la campagne, on n’a pas souffert de la faim, jamais on ne manquait de farine à la boulangerie. À la gare de Chauffailles on pouvait voir les gens de Lyon, venus se ravitailler, qui repartaient avec quelques précieux kilos de pommes de terre sous le bras.

J’ai gardé un bon souvenir de ce séjour à Coublanc, c’est pour cela que quand j’ai dû choisir une maison de retraite, j’ai tout de suite pensé à la Maison des Anciens. Je m’étais fait de bons amis à Coublanc, entre autres Bonnavent, qui était receveur à la poste, et son collègue Barnet, qui faisait les

tournées. Il y avait du travail pour les facteurs pendant la guerre et l’occupation, car beaucoup de gens étaient séparés ; alors on écrivait, au front, en Allemagne…

Pendant l’occupation, j’ai été envoyé au chantier de jeunesse n°9, au Monestier-de-Clermont, dans l’Isère. La plupart des appelés qui étaient là étaient employés pour des travaux de bûcheronnage ; mais quant à moi, comme je connaissais la boulangerie, on me mit aux cuisines, et je continuai à faire du pain comme avant. J’étais bien content de cet arrangement ! Nous faisions des boules qu’on appelait « la boule du soldat ». En plus, à la fin du chantier, au bout de sept mois, on me laissa rentrer chez moi au lieu de m’envoyer travailler en Allemagne comme les autres, car j’étais de la classe 40, et c’était la 42 qui partait. Inutile de dire que j’étais bien soulagé et ravi de rentrer chez moi !

À ce moment-là, j’ai cherché une place dans les boulangeries du pays, mais à cause du rationnement, l’activité était ralentie, et je n’ai pas trouvé de travail. J’aurais aimé m’installer à mon compte ; mais c’était risqué, je craignais de manger tout mon argent ! Alors j’ai d’abord travaillé dans les fermes, pendant trois ans, puis j’ai été embauché dans la métallurgie, aux usines Boucaud de Paray ; c’était un secteur qui marchait bien à l’époque ; on travaillait pour les entreprises de Paray et de Charolles. Je devais couper du fer toute la journée ; c’était plus fatigant et plus salissant que de faire du pain ! Mais je gagnais bien ma vie et cela m’a permis d’acheter une 4L pour faire les trajets de Saint-Julien à Paray.

En même temps j’aidais mes parents à s’occuper de leur petite ferme. Quand j’ai été à la retraite, je suis resté à Saint-Julien où je me trouvais bien. J’ai toujours vécu là, à la campagne, et j’en suis bien content.

Propos recueillis à La Maison des Anciens par Anne-Claire Millord

Maurice Billard, par deux fois Coublandi d’adoption

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Courrier des lecteurs et articles de presse

Lu sur le site Internet du Journal de Saône-

&-Loire, à la date du mercredi 22 décembre 2004 :

La revue En ce Temps-là raconte la vie de la commune au cours du XXe siècle, et devient, en quelque sorte, la mémoire collective du village. Et chacun y va de sa petite anecdote. C'est ainsi que l'on retrouve par exemple les textes en patois de M. Claude Chevreton. Les bénévoles reviendront dans un an, ce qui laisse du temps à nos anciens pour fouiller leur mémoire et relater sur le papier d'autres souvenirs du siècle dernier.

Je suis en communion avec les Coublandis

anciens ou plus jeunes, vivants ou disparus, en souvenir de mes parents que votre association a bien gâtés pendant de nombreuses années.

Je vous remercie, vous et votre équipe de bénévoles, tous ceux qui participent ainsi à la mémoire du village où sont nés et vécurent mes ancêtres Déverchère et Grapeloup du côté maternel et Denis/Accary du côté paternel.

[…] Je souhaite que votre association dure longtemps afin de perpétuer le souvenir de nos anciens.

Bernard Fouilland, Caluire, le 19

novembre 2005 Juliette Buchet a des souvenirs du père

Jules Dubuy : elle revoit son père et lui parler lors du séjour de repos que le missionnaire fit à Coublanc, au cours duquel il fit forger la fameuse croix du Mont Albert Édouard par M. Mathoux, le maréchal-ferrant du Pont des Rigoles. Elle se souvient que son père, M. Chassignolle, avait donné des limes au père Dubuy, pour qu’il les emporte en Papouasie.

On s’en souviendra

. Recensement 2005

En janvier, MM. Claude Chambonnier et Patrice Brise ont procédé au recense-ment de la population de Coublanc.

Changement à la Maison des Ancien

L’association d’entraide aux personnes âgées, qui depuis 1971 gérait sous la pré-sidence de M. Jean Lautrey la maison des Anciens, a cédé sa place à un établisse-ment public. D’une certaine manière c’est la fin d’une grande époque de bénévolat, le bénévolat n’étant peut-être plus adapté aux exigences et aux règlements d’aujour-d’hui...

La sécheresse Beaucoup moins chaud que celui de

2003, l’été 2005 a été dangereusement sec pour la végétation,

L’ADSL arrive à Coublanc Nous avions déjà l’Internet. L’adsl

(Internet rapide, ou “haut débit”) a été ins-tallé à Coublanc au début de décembre. Cela va nous fournir des relations encore plus rapides et plus diverses avec le monde entier. Nos ancêtres n’auraient ja-mais imaginé que l’on puisse dialoguer ins-tantanément avec un cousin du bout du monde, en ayant son image sur un écran...

Un automne sans couleurs d’automne

Avez-vous remarqué que cette année les arbres n’ont pas pris leur robe rouge et jaune de l’automne ? Nos chênes, nos châ-taigniers sont encore verts au début de dé-cembre. Il paraît que c’est inquiétant pour eux, pour leur résistance aux gelées à ve-nir. Leur écorce sera aussi fragilisée quand elle sera frappée par les premiers rayons vifs du soleil printanier....

Bernard Berthier

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Les grandes joies de la vie

Douze naissances d’enfants domiciliés à Coublanc (dont huit garçons et quatre filles) ont été enregistrées à la Mairie, en 2005 : Ethan GENEVOIS 21 février de Marie-Agnès WERBLINSKI & Frédéric GENEVOIS (Cadolon) Céline BUZET-BAGUE 2 mars de Géraldine BOUCAUD & David BUZET-BAGUE (Pont des Rigolles) Shâhin BOUZIR 18 mars de Hazar TILOUCHE & Mourad BOUZIR (Pont des Rigolles) Pierre BERRY 24 avril de Claudine BOBY & Sébastien BERRY (La Place) Enzo DESMURS 25 avril de Anne-Sophie DUCARRE & Jocelyn DESMURS (Le Perret) Samuel PELLETIER-LACOUTURE 7 mai de Gabrielle PLASSE & Fabien PELLETIER-LACOUTURE (La Place) Thibaud FOUILLAND 2 juin de Cécile NUNES DA SILVA & Philippe FOUILLAND (Le Bourg) Angèle CHAVANON 16 juillet de Sandrine CHABROLLE & Jean-Yves CHAVANON (L’Orme) Nolan MONTET 22 août de Laure INTERNICOLA & Lionel MONTET (Les Bruyères) Lisa CHATTON 24 août de Virginie LONGÈRE & Cédric CHATTON (La Bourgogne) Garence BEAUCHAMP 31 octobre de Corinne TROUILLET & Hervé BEAUCHAMP (Cadolon) Damien MILLORD 22 novembre de Anne-Claire GUILLAUMIN & François MILLORD (La Place)

Tous sont nés à Roanne Trois mariages ont été enregistrés à Coublanc : Edwige CROZET et William BÉRERD domiciliés à La Favrie, 8 janvier 2005 Laetitia BOCQUEL et Antoine HUG DE LARAUZE domiciliés à La Raterie, 11 juin 2005 Marie PONCET et Peter DE MAESSCHACK Montbernier, 16 juillet 2005

Tous nos vœux d’heureuse vie pour les uns et les autres...

Histoire vraie Pour fêter son anniversaire, un de mes fils nous a offert un repas au restaurant. Nous nous levions tous pour partir après le repas, quand une serveuse vient nous dire de res-

ter à table : « Le patron offre le champagne ! » En effet, le patron apporte les flûtes et verse le champagne à tous les adultes, sauf à ma pe-

tite-fille de dix-neuf ans. Nous n’osions rien dire, pensant à un oubli. Mais il revient et distribue des sucettes à tous les

enfants, y compris la grande. Cela a bien amusé toute la tablée. Marie-Laure Chassignolle

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Nos deuils en 2005 Parmi les Anciens de Coublanc : Marguerite CUISINIER, née GRAPELOUP La Croix 24/05/1914 - 11/04/2005 à 90 ans Andrée DOMINIQUE, née GAILLARD Cadolon 17/12/1920 - 05/12/2005 à 84 ans Albert CAILLOT L’Orme 10/06/1923 - 31/01/2005 à 81 ans Georges PSALTOPOULOS La Bourgogne 30/07/1924 - 17/04/2005 à 80 ans Claudien CHASSIGNOLLE Cadolon 16/10/1924 - 17/02/2005 à 80 ans Paul BELLON Le Moulin de l’Orme 12/11/1921 - 07/02/2005 à 83 ans À la Maison des Anciens, venant d’autres communes : Jean-Baptiste FORESTIER Roanne 15/06/1910 - 03/12/2005 à 95 ans Raymonde FRÉVILLE Annecy 06/05/1913 - 01/12/2005 à 92 ans Anne-Marie DUMONT Chandon 23/09/1913 - 23/08/2005 à 91 ans Raymonde CHIGNIER Chauffailles 09/01/1914 - 16/03/2005 à 91 ans Armand LACHIZE Saint-Igny-de-Roche 09/11/1914 - 17/08/2005 à 90 ans Maximin DURANTET Chauffailles 06//03/1915 - 08/08/2005 à 90 ans Jeanne SALOMON, Paray-le-Monial 03/03/1917 - 15/04/2005 à 88 ans Renée CHEVALLIER, née BAJARD Chauffailles 04/04/1917 - 23/06/2005 à 88 ans Sophie PUZENAT, née BRYK Lyon 07/08/1919 - 12/03/2005 à 85 ans Louis JOMAIN St-Christophe en Br. 26/03/1926 - 14/06/2005 à 79 ans Claudius PATIN Saint-Igny-de-Roche 08/08/1926 - 01/01/2005 à 78 ans Et parmi les Coublandis de moins de soixante-quatorze ans : Guy AUJAMES La Croix du Lièvre 02/09/1934 - 24/10/2005 à 71 ans Raymond PUPIER La Place 12/02/1940 - 28/08/2005 à 65 ans

Le ciel devient familier Lorsqu'un être proche meurt, la famille ne se détruit pas, elle se transforme. Une part d'elle va dans l'invisible... On croit que la mort est une absence, quand elle est une présence secrète. On croit qu'elle crée une infinie distance quand elle supprime toute distance, en ramenant à l'esprit ce qui se focalisait dans la chair.

Plus il y a d'êtres qui ont quitté le foyer, plus les survivants ont d'attaches célestes. Le ciel n'est plus alors peuplé uniquement d'anges, de saints inconnus et du Dieu mystérieux ; il devient familier. C'est la maison de famille, la maison en son étage supérieur, et, du haut en bas, le secours, les appels se répondent…

Antonin Sertillanges

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Liste des Anciens

Vous êtes 86 Coublandis de 74 ans et plus. À ce nombre nous ajoutons, dans cette liste, trois noms de personnes nées à Coublanc, ou y ayant longuement vécu, ou de vacan-ciers très intégrés au pays, mais qui habitent depuis longtemps ou définitivement ailleurs. HUit d’entre vous, dont les noms sont écrits en italique, habitent à la Maison des Anciens de Coublanc (MA). En italique aussi, le nom du hameau de ceux qui ne résident plus à Coublanc. Nous indiquons la ville ou le village où ils se trouvent à notre connaissance.

Cette liste ne correspond pas tout à fait aux données de l’état civil de la commune. Le cadeau de Noël de l’association est distribué aux 86. La revue En ce Temps-là est plus lar-gement diffusée. Notre liste est plus amicale qu’administrative. Si nous avons commis quel-que erreur, nous vous prions de nous la signaler, pour que nous la corrigions l’an prochain. Merci. Nées en 1906, Marie ROLLAND, Le Bourg Perrine VAGINAY, Cadolon Chauffailles Née en 1909, Marie-J. BRISSAUD, Cadolon Né en 1910, Ferdinand BARRIQUAND, Montreval et Chauffailles Nées en 1911, Marguerite BRISE, Carthelier MA Marie DÉAL, L’Orme MA Paule LACÔTE, La Frique MA Né en 1912, Jérémie THIVIND, L’Orme Belleroche Nés en 1913, Robert FARGES, Le Plat Marthe GARNIER, Montbernier Marie VILLARD, La Place MA Nés en 1914, Roger BATISTE, Croix du Lièvre Clotilde BUCHET, La Raterie Charlieu Claudia LACÔTE, Le Bourg Yvonne LACÔTE, Pont des Rigoles Né en 1915, François VADON, Les Épaliers Saint-Maurice Nées en 1917, Marie-Rose DÉAL, L’Orme Gilberte FARGES, Le Plat Alice VADON, Les Épaliers Saint-Maurice Nés en 1918, Suzette BARRIQUAND, Montreval et Chauffailles Joseph ROUCHON, Cadolon MA Nées en 1919, Marguerite AUCLAIR, Cadolon MA Germaine LAMURE, L’Orme Chauffailles Jeanne ROUX, La Goutte-Alogne

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Nés en 1920, Antonin AUCLAIR, La Place Raymonde BOUCHACOURT, Le Perret Victoire BUCHET, Les Bruyères Marie-Antoinette MICHEL, Cadolon Nés en 1921, Maria AUCLAIR, La Place Juliette BUCHET, Le Bourg Clotilde FOREST, La Place Eugène MARCHAND, Charmaillerie Chauffailles Renée RONDEL, Le Bourg Yvonne VILLARD, La Place Nés en 1922, Maurice BARRIQUAND, Montbernier Pierre BOUCHERY, Le Bourg Jacques RONDEL, Le Bourg Jeanne SAMBARDIER, Montbernier Nés en 1923, Jean BERTHIER, La Faverie MA Andrée CHERVIER, Les Génillons Thomas TARGARONA, Le Bourg Nés en 1924, Germaine BERTHIER, L’Orme Claude CHEVRETON, La Place Marie-Rose CHEVRETON, La Place Germaine COLLONGE, Cadolon René DESGOUTTES, Carthelier Julienne DESMURS, Le Perret Joseph GRISARD, Cadolon Lucie ROUCHON, Cadolon MA Nés en 1925, Simone BOUCHERY, Le Bourg Louise GRAILLOT, Cadolon Marie LACÔTE, Montbernier Henri SAMBARDIER, La Croix du Lièvre Nés en 1926, Joanny BERTHIER, La Roche Marie-Laure CHASSIGNOLLE, Cadolon Marie-Louise CHAVANON, Charmaillerie Robert DESMURS, Le Perret Armande TRONCY, La Roche Nés en 1927, Jeanne BERTHIER, La Roche Jean BOLDRINI, Cadolon Joseph BURNICHON, Cadolon Jeanne COLLIN, Cadolon Chauffailles Simone GRISARD, Cadolon Gisèle MATHERON, Les Genillons Maurice ROLLAND, Le Bourg Pierrette TARGARONA, Le Bourg Maurice VOUILLON, L’Orme

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Nées en 1928, Maria DESGOUTTES, Carthelier Juliette VOUILLON, L’Orme Nés en 1929, Jeannine DEQUATRE, La Charmaillerie Augustin GRAPELOUP, Bonnefond Marguerite GRAPELOUP, Bonnefond Louis LAURENT, La Charmaillerie Nés en 1930, Claudien ACCARY, L’Orme Simone ALLOIN, La Bourgogne Madeleine BARRIQUAND, Montbernier Germaine DÉCHAVANNE, La Place Marie-Louise LAURENT, Charmaillerie Hélène NEVERS, Cadolon Marcelle PERRIN, Cadolon Germaine SAMBARDIER, La Croix du Lièvre Nés en 1931, Maurice ACCARY, Le Foron Téodora BOLDRINI, Cadolon Liliane CAUDIEU, La Charmaillerie René DANTON, Cadolon Madame ASKI, On peut ajouter à cette liste des personnes depuis longtemps en résidence secondaire à Cou-blanc, parfois inscrites sur les listes électorales. Si vous connaissez d’autres personnes dans leur cas, faites-le-nous savoir. 1917 Oreste PONCET, Montbernier et Lyon 1928 Claude BELLON, Le Moulin de l’Orme et Lyon 1928 Renée LAPLANCHE, La Faverie et Fontenay-sous-Bois

Le Comité du Noël des Anciens, qui a préparé le cadeau 2005 ainsi que cette re-

vue, est composé de Bernard Berthier (président), Danielle Berthier-Duperron (trésorière), Anne-Marie Déal et Renée Druère (vice-présidentes), Marie-Thérèse Jar-roux-Chavanon, Marie-France Vernay et Denise Déal, auxquels se sont joints, repré-sentant des jeunes générations Anne-Claire et François Millord.

Nos subventions viennent pour une part des anciens eux-mêmes lors de la distri-bution du colis, et de particuliers à l’occasion d’événements familiaux ; pour une au-tre part du tronc de la Mairie en remerciement des exemplaires de cette revue que l’on vient librement y prendre ; mais pour l’essentiel du CCAS de Coublanc. Nous avons aussi reçu des contributions volontaires pour encourager la revue En ce Temps-là. Notre reconnaissance va à tous et à chacun.

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Nous avons évoqué l’an der-nier les débuts de la mission du père Jules Dubuy (1887-1952), originaire de Coublanc, mission-naire en Papouasie – Nouvelle Guinée de 1913 à sa mort. Nous avons examiné d’abord son acti-vité de bâtisseur, de constructeur de routes, de travailleur manuel et d’organisateur du travail à la “station” d’Ononghé.

Voici, comme promis, la deuxième partie de notre étude.

Remarque : pour le portrait ci-dessus et pour toutes les photos qui suivent, le copyright est le suivant : © Collection Musée de l'Hospice Saint-Roch, Donation des missionnaires du Sacré-Cœur,

Issoudun, 2000.

Le père Dubuy au milieu des Papous

Dans la plupart de ses lettres transparaît l’intérêt qu’il portait à tous les travaux ma-nuels ; cependant il est un peu plus difficile de savoir ce qu’étaient réellement ses rap-ports quotidiens avec les indigènes. On sou-haiterait en apprendre davantage sur les échanges, difficiles au début, puis de plus en plus confiants, qu’il pouvait avoir avec ces hommes si différents. On sait par des témoi-gnages qu’il était très aimé, mais on devine qu’il était d’un naturel plutôt réservé et il semble avoir eu du mal à parler lui-même de ses sentiments plus personnels par rapport à sa vie avec les Papous.

Il est certain que ses premières impres-sions, à son arrivée, furent marquées comme on peut s’y attendre par la surprise et le dé-paysement. Un dépaysement réciproque

peut-être, car les habitants d’une vallée voisine dans la grande île sauvage n’avaient parfois jamais vu d’étrangers : c’étaient « de grands gaillards solidement charpentés et par-lant la même langue qu’ici [à Ononghé] et à Mafalu. À les en croire, ils n’auraient jamais vu de Blancs, cela est fort possi-ble, bien qu’ils possèdent cer-

tains objets introduits par les Anglais : mi-roirs, étoffes, etc. ; il s’en trouvait même un qui avait arboré une vieille chemise de cou-leur indéfinissable qui avait dû jadis apparte-nir à quelque chercher d’or… » (J.-D., Lettre aux Annales d’Issoudun du 15/07/13).

On ne s’étonnera pas non plus de voir souvent percer dans ses lettres la nostalgie de son pays natal. Mais à aucun moment il ne laisse transparaître le moindre décourage-ment. Jusqu’à sa mort il restera abonné à « L’Echo du Roannais » — on se demande avec quel retard et à quel rythme il le rece-vait. Il réagit aux nouvelles, par exemple dans une lettre à Victor Thévenet datée du 20 août 1934 :

« “L’Écho du Roannais” m’apporte régu-lièrement des nouvelles de France et de notre petit coin de Saône-et-Loire. J’y ai vu avec plaisir que Mr Joly dont l’amabilité, la lar-geur d’esprit et le dévouement m’ont laissé le meilleur souvenir gouverne toujours la commune. »

Puis il donnait l’exemplaire de « L’Écho du Roannais » à ses Papous : ainsi ces au-tochtones pouvaient-ils avoir des nouvelles de nos aïeux et se tenir au courant de la vie politique ou économique de Coublanc ou du canton de Chauffailles !

Un Coublandi chez les Papous : le père Jules Dubuy (II)

Par Anne-Claire Millord

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La découverte des mœurs papoues lui ins-pire dans ses premières lettres des réflexions désabusées. Il critique leur « absence de vo-lonté et de caractère », s’effraie de leurs que-relles et de leur gloutonnerie. « Quels esto-macs, ces Canaques ! écrit-il en décembre 1913. Ce matin, pour la clôture de la fête, ils ont massacré plus de 80 cochons ! »

Les Papous ne massacraient pas que des co-chons. C’est le frère Paul Studler, un compa-gnon d’aventure de Jules Dubuy, qui raconte un épisode pénible : « Un de nos enfants a été massacré dans la tribu de Juv-el-Oge, à 8 heu-res de marche d’Ononghe. Quatre enfants, chargés de nos provisions, traversaient un des villages de la tribu lorsqu’ils furent attaqués et l’un d’eux, Asi Imbado, fut percé de part en part par une lance, puis coupé en petits mor-ceaux, tandis que les autres réussissaient à s’é-chapper. Dans son agonie, le pauvre petit ap-pelait le Missionnaire à son aide ; hélas ! ce dernier était trop loin. Cette nouvelle nous a fait beaucoup de peine. Asi Imbado n’était pas encore baptisé, mais il désirait vivement connaître la parole de Dieu. Des agents an-glais, venus pour faire justice, ont dû livrer une bataille en règle aux Canaques qui les as-saillirent à coups de pierres et les criblèrent de flèches. Ils restèrent cependant les maîtres : cinq indigènes furent tués et plusieurs mis en prison. Espérons que cette leçon servira aux Canaques et leur enlèvera toute envie de re-commencer. (Paul Studler, Annales d’Issou-dun, 7/12/1913)

Mais très vite on s’aperçoit qu’en faisant mieux connaissance il se met à aimer ses « Canaques à la peau couleur de pain d’épi-ces » et peu à peu s’insurge contre leur réputa-tion de « sauvages ».

Les missionnaires savaient se plier aux usa-ges locaux ; ils recevaient souvent des invita-tions à participer à des danses, auxquelles ils se rendaient de bonne grâce même si ces ré-jouissances tribales n’étaient pas toujours à leur goût ! Une mésaventure arriva un jour au père Dubuy qui s’était rendu ainsi à l’invita-tion d’une tribu voisine avec quelques-uns de ses paroissiens : une dispute étant survenue au cours de la fête, ils durent s’enfuir à toute vi-tesse pour échapper aux menaces de mort.

Les danses étaient d’ailleurs un des princi-paux sujets d’incompréhension entre les mis-sionnaires et les indigènes : d’abord parce qu’elles étaient l’occasion de scènes maca-bres : « Les danseurs tout ornés et armés de longues lances ouvrent la séance en se précipi-tant sur les tombes placées à l’entrée du vil-lage. Ils démolissent tout à coups de lances et s’emparent des crânes qu’ils mettent en piè-ces. Ils pénètrent alors dans la Cour au milieu de laquelle se dresse une longue perche. Son extrémité porte cinq ou six crânes et deux ignames qui s’entrechoquent de façon lugubre. Un à un les danseurs s’approchent et d’un élan furieux s’élancent contre la perche. Les crânes violemment secoués finissent par tomber sur le sol où ils sont brisés à coups de casse-tête. Ce sont là les préludes de la danse. Il est à peu

près minuit lorsque les exercices de gymnastique commencent. De longues torches de roseaux illu-minent la scène. La vue de ces contorsions, aux lueurs rougeâ-tres et fumeuses des torches, vous donne une impression diaboli-que… » (Jules Dubuy, Annales d’Issoudun, 15/07/1913). D’autre part, les missionnaires déploraient aussi que les danses occupent parfois des semaines entières pendant lesquelles bétail et jardins étaient laissés à l’aban-

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don. Certains des récits et des remarques de

Jules Dubuy pourraient avoir de l’intérêt pour les ethnologues. En témoigne ce dialo-gue lors du massacre des 80 cochons : « Après avoir dansé un jour et une nuit, nos gens se reposèrent en dégustant force igna-mes, taros et cannes à sucre ; mais le clou de la journée fut la tuerie des porcs. Elle eut lieu ce matin à l’aurore. Il eût fallu voir la cour d’Ononucku, l’un de nos villages, un vrai champ de carnage... Chose curieuse, les gens du village où l’on a fait le massacre ne peuvent goûter aux porcs. Ils sont : « Eké ». Cela nous intriguait. Pour voir jusqu’où s’é-tendait cette interdiction, j’offris un bifteck à l’un des « badauds » qui venaient nous voir manger. Il l’accepta sans la moindre hésitation. — Alors quoi, tu n’es pas un homme d’Ononucku ? — Non, je suis un homme de Sisigabi. — Je le regarde à la ra-cine du nez. — Mais non, s’explique-t-il, aujourd’hui, je suis de Sisigabi, tu sai-sis ? — Parfaitement, je saisis. Ce sont les maisons d’Ononucku qui ne mangent pas de porc, quant à vous autres, vieux roublards de Canaques, vous vous faites naturaliser chez le voisin. — Ifé, tu y es ! » (J.-D., An-nales d’Issoudun, 15/07/13).

On voit Jules Dubuy se désoler de la

mauvaise santé de ses paroissiens, surtout

en 1940 lorsqu’une épidé-mie de pneumonie fit des centaines de morts. Les soins prodigués par les mis-sionnaires étaient d’ailleurs un bon moyen d’inspirer confiance : « J’ai eu la bonne chance de guérir un grand nombre de plaies, quelques-unes même affreu-ses. Cela nous a amené les enfants d’abord, les femmes ensuite, et maintenant il n’est guère de jour où je ne fasse quelque panse-ment… » (Même lettre). Té-

moignage confirmé par le père Généreux Norin, un collègue de notre Coublandi : « Le Père Dubuy guérissait toutes sortes de maladies avec ses remèdes. » (Annales d’Is-soudun, Octobre 1914).

Le père Dubuy aimait aussi le pays des

Papous, malgré l’isolement et les diffi-cultés ; il semble, contrairement à certains de ses confrères, avoir été doté d’une bonne santé qui lui permettait de supporter le cli-mat et les longues marches en montagne. En 1926, il partit pour une exploration dans la très sauvage vallée de Chirima, où jusque-là seuls les chercheurs d’or s’étaient aventurés. Il cherchait sans cesse à pousser plus loin et à établir de nouveaux contacts avec les indi-gènes, mais l’évangélisation se faisait très lentement à cause des difficultés de commu-nication : c’est seulement en 1948 qu’on put voir les effets de la Bonne Nouvelle dans cette vallée de Chirima, lorsqu’un homme fut tué et que pour la première fois les indi-gènes décidèrent de ne pas se venger : de mémoire d’homme, ce n’était jamais arrivé dans cette région !

Son œuvre d’évangélisation Élément important dans le dispositif de

la Mission de Notre-Dame du Sacré-Cœur, sous l’autorité qui va durer un demi-siècle de Monseigneur de Boismenu, la station est

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d’emblée placée sous le patronage de Jeanne d’Arc.

Aidé par le Père Généreux Norin et le frère Paul Studler dans les débuts de la fon-dation, et un moment par le père Théophile Dontemwill, Jules Dubuy ouvre un Caté-chuménat en 1915 et commence à donner le baptême. L’école paroissiale se développe rapidement, jusqu’à compter une quaran-taine de pensionnaires au bout de quelques années. Jules Dubuy ambitionnait d’y faire passer à tour de rôle toute la jeunesse du pays, « chacun pen-dant quatre ou cinq ans. Vous le voyez, c’est un genre d’école pa-roissiale permettant de donner à la jeunesse une bonne formation chré-tienne. Dès que je pourrai avoir des Sœurs je ferai la même chose pour les filles. Les parents se font bien quelquefois prier, mais au bout de quelque temps ce sont eux les plus heureux. Car si je fais travailler tous ces enfants je les paie aussi et ce sont les parents qui en profitent. » (J. D., Annales d’Issoudun, janvier 1918). Le tra-vail manuel, l’éveil de l’intelligence et la conversion à la foi sont ainsi dans sa pensée intimement liés.

Le nombre de baptisés augmente, et en 1918 ils étaient plus de 400 dans la popula-tion d’Ononghé. Malgré tout, faute de per-sonnel, les besoins étant immenses partout dans le pays, le père Dubuy se retrouve vite seul, mais lorsque l’évêque parle de fermer la mission, il tient bon et continue seul mal-

gré les difficultés. Très exigeant avec lui-même, le père Dubuy l’était aussi avec les autres, et souvent on le critiquait pour sa trop grande sévérité vis-à-vis des nouveaux convertis. Ne voulant jamais céder à la facilité, il ne baptisait ceux qui le deman-daient qu’après une longue prépa-ration ; lorsque d’autres pères lui reprochaient ses trop grandes exi-gences, il répondait qu’il était inu-tile de se donner autant de mal

chez les Papous, si cela ne servait qu’à en faire des catholiques médiocres et mal ins-truits.

Étant lui-même infatigable et très actif, il

comprenait mal que ses paroissiens rechi-gnent parfois à l’aider dans ses travaux ; en effet les Papous, selon la réputation des peu-ples des îles et des gens du Sud en général,

sont plutôt… tranquilles ! Ils trouvaient que le père les bousculait et comprenaient mal pourquoi il s’inventait toujours de nouveaux travaux. Et puis ils voulaient garder du temps pour leurs fêtes tribales, chants et danses qui duraient parfois plusieurs jour-nées, et aussi pour leurs querelles !

Malgré ses exigences, le père Dubuy était aussi très aimé car il avait le souci de vivre proche de ses villageois et d’appren-dre à les connaître. « Tous ceux qui ont vé-cu longtemps avec lui sont unanimes pour

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faire son éloge. Pour l’ampleur et l’utilité des travaux manuels accomplis… pour son assiduité à visiter ses paroissiens… pour son endurance à la souffrance… pour son affabi-lité à l’égard de ses confrères, avec les gens du gouvernement parmi lesquels il comptait des amis. Enfin pour le souci qu’il eut tou-jours de prendre auprès d’eux la défense de ses Papous, même quand ils étaient en faute. » (Cf. Père Delbos, Cent ans chez les Papous).

Comme ses confrères, le père Dubuy ne

remettait pas en cause l’utilité de son travail chez les Papous ; non seulement ses journées bien occupées ne lui laissaient sans doute pas le temps de se poser sans cesse des ques-tions (« Chacun de nous a devant soi 10 fois plus de travail qu’il n’en peut faire », écrit-il à Victor Thévenet en août 1934), mais d’au-tre part il pouvait constater autour de lui les améliorations apportées au quotidien par l’arrivée des missionnaires et l’évangélisa-tion ; parmi ces améliorations, la plus carac-téristique à son avis était la paix installée en-tre les tribus, et il notait : « depuis notre arri-vée à Ononghé et la fondation de ce district, la population a augmenté de plus du tiers, conséquence de la paix que nous avons intro-duite et de la moralité qui découle de l’an-nonce de l’Évangile. » Il voulait aussi parler de la lutte efficace qu’il avait menée contre la pratique de l’avortement. (Lettre bilan de juillet 1952 au père Cadoux).

À sa mort, il y avait 4000 chrétiens sur les 5000 personnes que comptait la population de son district.

Peut-on ajouter en

conclusion de cette deuxième partie de notre étude que Jules Dubuy était sans doute moins “intellectuel” par exemple que son collègue Géné-reux Norin. Celui-ci a en-voyé à la revue des Anna-les d’Issoudun, dès avril

1914, une longue lettre intitulée « Premiers catéchismes à Ononghé » pour expliquer les débuts de l’évangélisation et toutes les diffi-cultés à transposer pour des canaques des no-tions philosophiques et chrétiennes qui leur échappaient. Par rapport à son confrère, le père Jules Dubuy semble avoir été plutôt un organisateur qu’un pédagogue, un ingénieur et un manœuvre à la fois plutôt qu’un pen-seur, un meneur d’hommes plus qu’un mys-tique.

L’entreprise fabuleuse de dresser au som-met du mont Albert-Edouard une croix qu’il fera forger à Coublanc et sa mort en pleine activité vont nous confirmer cette impression dans la troisième partie de cette étude.

À suivre !

Anne-Claire Millord (La Place)

Remerciements

Nous remercions chaleureusement les Missionnai-res du Sacré-Cœur, à Issoudun, et en particulier le père Georges Delbos, ainsi que M. Patrice Moreau et le Musée municipal de l’Hospice Saint-Roch d’Issou-dun.

Nous remercions tout aussi chaleureusement le père Philippe Séveau, msc, Archiviste à Rome, qui nous a envoyé de nouveaux documents largement uti-lisés dans cette deuxième partie de notre étude.

Bibliographie

Père Georges Delbos, Cent ans chez les Papous, Fraternité N-D du Sacré-Cœur, 1984.

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Une sortie en 1945

Par Jean Berthier C’était l’été 1945. Les routes étaient

mauvaises : faute de bitume, elles n’avaient pas été entretenues durant la guerre. Sur le bord des départementales, il y avait, tous les trois cents à quatre cents mètres, des fûts de deux cents litres de goudron que les canton-niers utilisaient à la demande en mélangeant le goudron avec des graviers et en comblant les nids de poules, fort nombreux. Les rou-tes étaient donc tout en creux ou en bosses ! Alors on tombait tout le temps, surtout de nuit, quand nos ampoules ou nos lanternes étaient cassées. D’autant plus que dans ma famille, on achetait des vélos d’occasion, dont la lampe arrière ou avant pouvait être hors d’usage. En revanche, il y avait moins de risques de se faire écraser par une auto : les voitures avaient été réquisitionnées pen-dant la guerre, et bien peu de propriétaires avaient retrouvé la leur : il n’en circulait guère.

La guerre venait donc de finir. Le père Gras décide de faire une réunion du Cercle Saint-Michel. Peut-être l’avait-il annoncée, cette réunion, dans L’Écho du Roannais, l’hebdomadaire qui était le Pays roannais de l’époque. La réunion devait se tenir à la salle d’œuvre, au Bourg : c’était dans la maison qui est devenue depuis le cabinet de feu le docteur Iracane. Derrière, il y avait la grande pièce qui servait pour les séances de théâtre. Nous étions venus assez nombreux à cette réunion du Cercle, mais certains ne s’intéressèrent pas du tout à ce que disait le père Gras, qui ne s’imposait pas, qui ne brusquait pas les gens. Ceux qui ne l’écou-taient pas jouaient aux cartes, comme à leur habitude. Une dizaine d’autres, dont j’étais, l’écoutèrent nous présenter un projet en compagnie de Julien Buchet, le président du Cercle Saint-Michel, que le père Gras avait créé vingt ans plus tôt pour les jeunes gens du village.

C’était la première réunion de nuit du

Cercle depuis tout le temps de la guerre. Par prudence, pour respecter le couvre-feu, le père Gras n’avait pas fait de réunions noc-turnes, il n’avait pas non plus dit de messes de minuit. Plus audacieux, une fois, ma fa-mille et moi étions allés à une messe de mi-nuit à Écoche, ou plus loin — je ne me sou-viens plus.

Le père Gras nous dit : « Il y a longtemps que vous n’avez pas fait de sortie. Le Cercle devrait en organiser une. » Pourquoi pas.

Nous en parlons entre nous, et nous déci-dons d’aller, le dimanche suivant, à Roma-nèche-Thorins, en vélo. Cinq d’entre nous se rallièrent au projet : Raymond Grizard, surnommé Piquette, je ne sais pourquoi, ha-bitant au Pont des Rigolles et mon conscrit ou à peu près ; Julien Vacher, de l’Orme, de deux ans plus jeune que moi ; Léon Lacôte, qui habitait en haut de la Faverie avec ses nombreux frères ; il n’était pas encore marié à l’époque, bien qu’il fut plus âgé que moi, qui avait alors 22 ans ; et puis Julien Bu-chet, notre président, de dix ans plus vieux que moi. D’autres, Louis Accary, Maurice Villard, ne voulurent pas prendre part à cette sortie estivale.

Car c’était l’été. La guerre était encore présente non seulement dans les esprits, mais dans ses tickets de ravitaillement. Il nous fallait préparer la musette, pour y met-tre casse-croûte et bouteilles de vin, un litre ou deux. Les vélos à l’ombre de l’église de Coublanc, on commence la journée par la première messe, matinale, puisqu’elle était dite à 6h30 ! Après quoi, on enfourche les vélos, on démarre chargés de nos musettes, on passe au Pont de Rigolles et on traverse Chauffailles sans encombres. J’avais des pneus demi ballon ; quand à Piquette, qui faisait des course de vélo et venait d’en ga-gner une, il avait un vélo de course avec des jantes en bois, mais je ne sais plus s’il était équipé de boyaux ou de pneus. À cette épo-que, on trouvait même, sur les vélos, des pneus “ballon”

Puis on roule bien groupés dans la mon-tée des Écharmeaux. Bien groupés, sauf qu’en regardant derrière, on ne voit plus Ju-

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lien Buchet ! Tous les quatre, on arrive au col, et l’on s’arrête à l’Hôtel des Nations. Nous attendîmes Julien un bon moment. Pas de Julien ; Je reprends mon vélo, et je des-cends à sa rencontre, vers Belleroche. Je le trouve montant à pied, poussant sa bicy-clette.

Je rouspète : « Pourquoi tu ne roules pas ? » Il avait cassé le câble métallique de son frein avant. « Mais dans la montée des Écharmeaux, tu n’as pas besoin de ton frein avant ! » Je voyais bien qu’il avait large-ment puisé déjà dans son bidon militaire. Il avait bu de larges rasades de vin. Cela lui avait remonté le moral, il était tout heureux, mais il ne roulait pas…

Je l’encourage à remonter sur son vélo, je l’entraîne jusqu’aux Écharmeaux. Les au-tres nous attendaient à l’Hôtel. « On n’est pas de la classe ! » s’écrie Léon Lacôte. C’est que le temps passait. Pour descendre, ça a été toute une comédie. Vers les Ardillats, Julien Buchet, qui jusque là roulait bien, descend de vélo, et se remet à marcher en le pous-sant, le long du fossé. On proteste, et on reste ensemble pour ne pas le laisser seul, pour éviter qu’il nous refasse le coup.

Aux Dépôts, il était déjà presque 11h du matin. On parle entre nous, et on révise no-tre projet en réduisant nos ambitions : nous n’irions pas à Romanèche-Thorins. Il aurait été impossible d’en revenir avant la nuit. On ne savait pas ce qui nous attendait !

L’un d’entre nous dit : « Allons à Saint-Joseph ! ». Saint-Joseph est un village à gauche de la route de Beaujeu à Belleville ; après l’embranchement, il y a sept kilomè-tres de montée. Nous savions que là-haut, il y avait une belle pelouse (devenue un vassi-ble en 1980, quand j’y suis retourné), un pré d’environ quarante mètres par vingt-cinq, et dans ce rectangle, un chemin de croix dont une des stations, un des quinze monuments avait été offert par le curé de là-bas, un Bar-riquand qu’on disait issu de Coublanc.

Nous traversons donc Beaujeu. À l’épo-que, il n’y avait pas de déviation. Et voilà que dans la ville Julien Buchet se met à traî-ner, à faire la causette aux personnes, des

inconnus, qu’il croise : on perd beaucoup de temps.

On tourne vers Saint-Joseph. Julien avait repris son souffle, et de l’élan. Il monte à toute allure, en danseuse sur sa bicyclette de femme, il avale les deux ou trois premiers kilomètres, puis il s’effondre de fatigue. Il n’en peut plus. Il est midi : on va donc man-ger notre casse-croûte. On s’installe sur le talus, à gauche, en face d’une ferme. La maîtresse de la maison vient nous trouver, et nous propose à boire. On est en Beaujolais. On ne refuse pas. Un verre, ou deux, ou trois. Julien devient amoureux de la dame, et le manifeste. Pas moyen de le faire repar-tir. Enfin, on repart, mais pas vite, à cause de lui.

À Saint-Joseph, on visite le chemin de croix, et ses monuments assez importants. On va voir l’église, et collée à son côté, une espèce de grotte type grotte de Lourdes. De ce village, on ne voit pas, malgré la montée, la vallée de la Saône : des mamelons nous la cachaient, couverts de vignes dominées par des bois. Vers trois heures de l’après-midi, on se dit qu’il faut repartir. Pour la descente, Julien Buchet n’avait que son frein arrière, plus la trouille et la fatigue ! On ne va pas vite, et pourtant on voulait passer voir, au retour, la vente de charité, une espèce de kermesse, organisée à Saint-Germain-la-Montagne. On descend donc vers Beaujeu, on remonte vers les Ardillats. Mais pas moyen de pédaler à la bonne vitesse : Julien nous ralentissait ; il nous énervait. Mais on ne voulait pas le laisser seul, l’abandonner. Dans le replat après Chenelette, Léon La-côte prend une décision. « Je vais le traî-ner », dit-il. Il enlève sa ceinture, et celle de Julien. Il les attache l’une à l’autre, accro-che une extrémité à la fourche de sa selle, l’autre au guidon de Julien, qu’on débar-rasse de sa veste et de sa chemise ; il restait en tricot de flanelle, car il faisait bien assez chaud en cet fin d’après-midi d’été. Léon et Julien montent sur leur bicyclette, Léon ap-puie, je pousse Julien, les deux autres sui-vent, et je prends un peu de retard pour met-tre dans ma sacoche la chemise et la veste

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de Julien. Je les rattrape dans la petite descente d’a-

près Chansayes : je vois mon Julien par terre, et une femme de la maison à droite de la route qui engueulait mes camarades en disant : « Y’a pas idée ! ». Elle nous apporte un seau d’eau pour laver le visage de Julien, tout saignant sur sa flanelle, la peau toute écorchée par les graviers d’un tas dans le-quel il était tombé au bord de la route. Au début de la descente, Léon lui avait dit de freiner, mais il ne l’avait pas fait, il était passé devant Léon et la ceinture avait cas-sé : il était tombé lourdement la tête la pre-mière sur les graviers coupants. On répare notre Julien tant bien que mal, Il remonte sur son vélo.

À cette allure, passé les Écharmeaux, on est arrivé Saint-Germain-la-Montagne à deux heures du matin. La kermesse était fi-nie ! On rentre à Coublanc ; j’avais une lu-mière à mon vélo, mais les camarades n’en avaient pas tous. On passe Chauffailles, Raymond va vers le Pont des Rigoles. À Cadolon, Léon et moi tournons à gauche vers la Faverie ; Julien Vacher s’arrête à l’Orme, et voilà mon Julien Buchet seul sur la route pour regagner la Raterie.

Son chemin de croix n’était pas fini. Il avait un porte bagage sur la roue de devant, tenu par deux tiges de fer dans la fourche. Dans la descente vers le Moulin de l’Orme, une tige casse, et vient se planter dans les rayons de la roue avant. Catastrophe ! Il de-vait être trois heures du matin. On ne sait pas bien ce qui s’est passé, et comment le président du Cercle Saint-Michel s’en est tiré, comment il a réussi à rentrer chez lui.

Toujours est-il qu’il est resté trois semai-nes sans que personne l’ait vu.

Récit fait à Bernard Berthier le mercredi

2 février 2005

Jean Berthier (La Favrie et Maison des Anciens)

Saint-Joseph en Beaujolais Intéressés par le récit de Jean Berthier,

nous sommes allés voir, un jour du début d’octobre dernier, les lieux où les cyclistes

coublan-dis s’arrê-t è r e n t avant de retourner vers leur point de départ. N o u s a v o n s bien trou-vé, en ef-fet, une grotte de L o u r d e s sur la pla-cette de-

vant l’église. Mais une grotte, cela soit dit sans orgueil, moins grande, et moins belle, et moins bien entretenue que celle de Cou-

blanc ! En grim-pant un che-min dans les champs à gauche, nous avons trouvé le f a m e u x chemin de croix, d’ail-leurs visible de la route avant le vil-lage, puis-

qu’il suit la ligne de crête montant entre les vignes. Si le temps avait été plus dégagé, nous aurions pu apercevoir un peu de la val-lée de la Saône entre Belleville et Villefran-

Ce n’est pas la vache qui beugle le plus fort qui a le plus de lait !

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Claudien Berthier 7 octobre 1913 - 27 septembre 1998

Article sur « La construction de l’école privée de Coublanc », En ce Temps-là n°3, 1997, page 4.

Louis Berthier, agriculteur, maçon et transporteur de matériaux avec son char à bœufs épousa Élisa Laurent et s’installa à Écoche quelque temps. C’est là que naquit son fils aîné, notre Claudien, avant que ses parents ne viennent s’installer à La Roche. Vinrent ensuite, Rémy

(1916), Hélène (1920), Denise (1923) et Gabrielle (1928).

Claudien alla à l’école à Coublanc jusqu’à environ douze ans, puis il aida son père dans ses différentes tâches. Il nous a évoqué ses voyage jusqu’à Pouilly, au rythme des bœufs, pour aller chercher des tuiles pour couvrir l’école privée. Il fit ensuite son service militaire, et peu après la guerre de 1939-1940. Prisonnier, il ne revint d’Allemagne que vers 1945, avant d’épouser, au mois d’août, Marie Lacôte, dont la mère, née Hélène Chassignolle, était veuve depuis longtemps : il prit en charge la ferme de sa belle-famille, sur la route du Pont des Rigolles à l’Orme, continua d’aider à La Roche, et d’être régulièrement tâcheron pour les maçons du pays, Joannès Mercier, François Lacôte et Marcel Lacôte. Sa retraite officielle vers 1978 ne l’empêcha pas de continuer à travailler !

Le couple eut trois enfants, Louis (1946), Roger (1949) et Denise (1956) dont naquirent sept petits-enfants. S’il avait été un peu autoritaire avec ses enfants, il se montra tout à fait gentil et communicatif avec ses petits-enfants. Il avait à Coublanc des amis très fidèles. D’ailleurs, il était profondément gai, sociable et bon vivant.

Outre la construction de l’école privée Sainte

Thérèse pour laquelle il organisait régulièrement des kermesses, il participa à la fondation de l’amicale des donneurs de sang et il fut président de l’amicale des anciens combattants.

B.B. avec l’aide de Denise et Louis Berthier

Albert Buchet 9 septembre 1911- 12 mars 1999

Article sur « La vie politique à Coublanc entre les deux guerres », En ce Temps-là n°5, 1999, pages 3 à 5.

Albert était le fils cadet de Julien Buchet, qui fut le maire de Coublanc pendant la guerre de 1914-1918. Leur maison familiale près de l’usine du Bourg devint la maison Perrin par la suite. Sa mère était Julie Déverchère. Albert vint avec ses parents et son frère aîné Francisque habiter la

maison-café Buchet au Bourg. Il passa son certificat après des études à l’école publique, puis travailla dans l’agriculture avec son père, tandis que sa mère tenait le café.

Julien fit construire derrière la maison une cabine de tissage pour que ses deux fils puissent y travailler l’hiver. Mais Albert n’aimait pas le travail statique devant les métiers. Il préféra travailler un moment chez Montchanin, à la distillation de l’eau-de-vie.

À une période où les restrictions dues à la guerre — et les tickets d’alimentation — étaient encore de rigueur, à la fin de novembre 1945, il épousa Juliette Chassignolle. Ils eurent en 1947 une fille, Josette, qui épousa Paul Druère et leur donna la joie d’avoir trois petits-enfants et deux arrière petits-enfants.

Juliette reprit vers 1952 le café de sa belle-mère,

Biographies de nos auteurs Ils ont écrit ou livré leurs souvenirs dans les dix premiers numéros de En ce Temps-là, et ils sont

morts depuis. Ce sont eux qui ont fait le succès de notre revue ! Pour leur rendre hommage et pour ne pas les oublier, voici, rédigées avec l’aide de leurs

familles, de courtes biographies, accompagnées des références de leurs articles.

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et y adjoignit un bureau de tabac. Fatigué par de graves bronchites, Albert laissa

l’agriculture, et le couple partit à Charolles de 1973 à 1981 avant de venir profiter de la retraite à Coublanc.

Albert s’intéressait beaucoup à la vie associative et publique de Coublanc. Il fut conseiller municipal durant quelque temps après la fin de la seconde guerre mondiale.

B.B. avec l’aide de Juliette Buchet

Juliette (4 février 1924 - 7 juillet 2002) et André Chassignol

(17 décembre 1924 - 25 janvier 2004) Articles intitulés « Cadolon et l’usine Forest-

Deschamp vers 1930 », En ce Temps-là n°5, 1999, page 6 ; « La vie à Cadolon entre les deux guerres », En ce Temps-là n°6, 2000, pages 7 et 8.

Juliette, de peu l’aînée du couple, est la fille unique née en 1924 de Norbert Buisson et d’Antonia Mercier s o n é p o u s e , agr iculteurs et

tisseurs à Cadolon. Juliette quitta l’école vers quatorze ans pour s’établir couturière à domicile, chez ses parents. Elle le resta quelque temps après son mariage.

André était le fils d’une dynastie de boulangers à Cadolon. Son père, Victor, avait épousé Maria Boyer. André naquit en 1924, sa sœur Jeanne, née en 1932, devint religieuse sous le nom de sœur Marie-Jean et vécut notamment à Claveisolles, et maintenant à Saint-Martin le Haut. Jeanne a contribué à la rédaction des souvenirs d’André et Juliette dans En ce Temps-là. Très tôt, André seconda son père à la boulangerie.

Juliette et André s’épousèrent en septembre 1947 et s’installèrent dans la maison d’en face de la boulangerie, où ils ne retournèrent qu’entre la mort de Victor en 1966 et celle de Maria en 1971.

Dans leur vie consacrée au travail de la boulangerie pour tous les deux, augmenté de la charge des tournées pour André, ils eurent trois enfants, Roger né en 1948, Danielle en 1951 et Jean-Marc en 1957. Par eux ils furent trois fois grands-parents. Quand André prit sa retraite vers

1985, il continua à aider son fils Roger, qui lui succéda à la tête de la dynastie, apportant par exemple régulièrement le pain à la Maison des Anciens.

Dans le peu de temps que lui laissait son métier, André aimait jouer aux boules, à Cadolon, à Belmont. Sa femme et lui formaient essentiellement un couple calme et gentil.

B.B. avec l’aide de Danielle et Maurice Lacôte.

Albert Chavanon 10 décembre 1918 – 3 septembre 1999

Articles intitulés « La construction de la grotte de Coublanc », En ce Temps-là n°5, 1999, pages 13 et 14 ; « Les premières années du père Gras à Coublanc », posthume, En ce Temps-là n°6, 2000, page 15.

François Chavanon et Philomène Puillet donnèrent le jour à Firmin dont le métier fut d’abord d’être “rondier“ en vélo à travers le pays pour une entreprise de soierie de Charlieu. Puis après la guerre de 14-18, Firmin travailla à la ferme paternelle de La Charmaillerie, épousa Jeanne Chervier avec qui il eut comme

fils aîné notre Albert. Vint ensuite, en 1924, une fille, Jeanne, qui mourut de la tuberculose à vingt ans, malgré les efforts de son frère Albert pour aller la nourrir dans son sanatorium du Forez : on était au temps des privations, et avant les antibiotiques.

Albert alla à l’école de Coublanc puis à Notre-Dame à Charlieu jusqu’à quinze ans. Il travailla ensuite trois ans à l’usine de tissage de La Place, où la vie était quasi familiale et où chacun ne surveillait que deux métiers… Pris dans la tourmente de la guerre et de la débâcle, qu’il nous a racontée et que nous publierons un jour, il dut ensuite servir comme garde et télémétriste à Vichy, jusqu’en novembre 1942.

À son retour, un peu malgré lui, qui aurait préféré travailler comme bûcheron ou comme commerçant, il prend en charge la ferme paternelle jusqu’à sa retraite en 1980, mais il continuera en fait de travailler jusqu’à sa mort.

En 1946, il épouse Marie Berthier, fille du Clément de La Favrie, de huit ans sa cadette, et cinq enfants naissent de cette union : Pierre en 1947, René (+ 2003) en 1950, Jeannette en 1952, François en 1957 et Michèle en 1959. D’où six petits-enfants

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et trois arrière petits-enfants. Il récupéra vite des forces après une jaunisse

provoquée par un coup de foudre en août 1981, mais le cancer le terrassa peu après l’éclipse de soleil de 1999.

Albert était un chasseur passionné, grand amateur de la vie dans les bois. C’était aussi un excellent conteur.

D’après Marie Chavanon

Fernande Chavanon 23 juillet 1914 – 5 juin 2004

Articles intitulés « Destin d’une femme dans le XXe siècle », En ce Temps-là n°6, 2000, pages 3 à 5 ; « Rions un peu », En ce Temps-là n°7, 2001, page 6 ; « L’Ouvroir », En ce Temps-là n°8, 2002, pages 9 et 10.

Fernande Millet, fille de Bénédict Millet, agriculteur, et de Thérèse Auberger son épouse, est née à La Bourgogne à la fin de juillet 1914 et elle fut baptisée une semaine après. On arrêta le carillon de son baptême pour sonner le tocsin. La guerre venait de se déclarer. Son

père devait partir quelques jours après à la caserne puis sur le front.

Comme elle l’écrivait dans la revue « En ce Temps-là », elle fut fille, épouse et mère de soldat. Mémoire vivante de son temps, elle aimait raconter ses souvenirs à ses enfants et petits-enfants.

Au temps où elle était écolière, elle participait à l’Ouvroir, le jeudi, jour où il n’y avait pas d’école, pour apprendre à coudre et un peu de cours ménagers.

Avant son mariage, elle travaillait sur un métier à tisser. Puis elle a secondé son mari Maurice Chavanon à la menuiserie en confectionnant des matelas.

Elle fut bien occupée par l’éducation de ses cinq enfants, à l’époque où le confort n’existait pas, il fallait alors aller rincer le linge à la rivière. Elle a été si heureuse de voir son onzième arrière petit-enfant après avoir accueilli quatorze petits-enfants.

Elle ne restait jamais inactive, tricotait, brodait. Elle avait hérité de son père le goût de la lecture, ayant été obligée de la lui faire dès qu’elle sut lire puisqu’ il était revenu presque aveugle de la guerre.

Très conviviale, elle aimait rencontrer ses voisins et s’intéressait à la vie du village. Avec son mari, elle participait au Club des Anciens et elle y a été assidue jusqu’à ses derniers jours où elle a dû être hospitalisée, arrêtée par la maladie.

D’après l’“Accueil” prononcé le jour de ses funérailles par Bernadette Lacôte

Albert Forest 15 mai 1913 – 11 septembre 2000

Articles intitulés « Les industries textiles de Coublanc », En ce Temps-là n°2, 1996, page 15 ; « Réponses », En ce Temps-là n°5, 1999, page 2 ; « Jules Dubuy », Ibid. Page 14.

Claudius Forest, tisseur, et son épouse Louise Buisson, tisseuse, habitèrent d’abord une maison sur le chemin de La Favrie à La Serve, à droite, puis dans le hameau de Montbernier, près de la croisée des chemins. Leur fille aînée Alice naquit en 1908, et Albert en 1913. La grippe espagnole emporta Louise en 1918. Albert

fréquenta l’école de garçons de Coublanc jusqu’à treize ans. Ensuite, durant un an, il garda les vaches à Belmont pour la ferme Marchand. Après quoi il travailla dans le tissage, dans deux usines de Coublanc, Genin et Chaine dirigée par M. Armand Lachize qui est décédé cet été et Vautheret au Bourg. À partir de 1934, il habita et travailla à Chauffailles jusqu’en 1948, avec l’interruption du service militaire à Échirolles près de Grenoble, et de la guerre. Car il fut “réfractaire au STO” (et médaillé plus tard à ce titre) en se cachant dans une ferme de La-Bénissons-Dieu où il resta comme travailleur agricole jusqu’en 1946. Revenu à Chauffailles et Coublanc, il épousa Clotilde Montel en juillet 1947. En 1948 naquit Marie-Claude, et Daniel (+ 1997) en 1952, par qui il est devenu grand-père de Sandrine. Le couple s’installa d’abord sur le chemin de Bois Gauthey, puis, en 1956, à La Place. Albert tissa jusqu’à sa retraite en 1978 (et même après pour aider Clotilde jusqu’en 1986) pour une entreprise charliendrine (Thévenin).

Albert Forest joua un rôle très important dans la vie associative de Coublanc : avec d’autres, il est à l’origine de la cantine scolaire en 1953, du Comité du Secours catholique devenu Comité du Noël des Anciens (dans les années 50), de La Maison des Anciens (1971). Il participa une trentaine d’années

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au Bureau d’aide sociale, et fut du groupe des bénévoles de la Grotte. Lecteur du quotidien Le Monde, je l’ai vu souvent suivre à la télévision les débats de l’Assemblée nationale. D’où une grande culture et une conversation très intéressante. Par les souvenirs qu’il nous a transmis et son intérêt pour la vie locale, il n’est pas pour rien dans la création de la revue En ce Temps-là…

BB avec l’aide de Clotilde et Marie-Claude Forest.

Raymond Lacôte 4 octobre 1912- 17 janvier 2004

Article écrit avec son épouse Yvonne sur « Au Pont des Rigolles du temps de l’Hôtel des Voyageurs », En ce Temps-là n°8, 2002, pages 8 et 9.

Né à l’Orme il y a 92 ans, M. Henri Raymond Lacôte est resté toute sa vie à Coublanc. C’était une figure fa mi l i è r e qu e no us apercevions quand nous passions au Pont des Rigolles où il ne manquait pas de saluer tous les gens qu’il connaissait bien.

Consciencieusement et avec le respect du travail bien fait, Raymond a travaillé dans le tissage, très longtemps sur des métiers à domicile et a terminé sa carrière à Michaudon jusqu’à sa retraite.

Comme beaucoup d’hommes de sa génération, il est resté prisonnier en Allemagne pendant trois ans et il racontait à ses enfants avec précision ces dures années de privations, de travail, de peine et d’éloignement de sa famille.

Avec son épouse Yvonne Mathoux, fille du maréchal-ferrant du Pont des Rigolles, ils ont élevé trois enfants, Paul, Christiane et René, et accueilli cinq petits-enfants et six arrière-petits-enfants.

Raymond était méticuleux et passait beaucoup de temps dans son jardin où nous pouvions admirer, de la route, les rangées de légumes et les plates-bandes bien alignées.

M. Raymond Lacôte avait encore une très bonne mémoire, il s’intéressait à tout ce qui l’entourait : sa famille, ses voisins, le village et il restait très au courant de l’actualité.

D’après l’“Accueil” prononcé le jour de ses funérailles par Bernadette Lacôte

Maurice Villard 23 décembre 1919 - 19 juillet 2004

Articles intitulés « Les Artistes de la Rue », En ce Temps-là n°7, 2001, pages 3 à 6 ; « Sécheresse et inondations», En ce Temps-là n°9, 2003, page 2 et « Souvenirs de deux habitants de La Place », n°9, pages 5 à 7.

C’est dans la maison Villard de La Place (en direction de la Raterie) qu’est né Maurice Villard, fils d’Émile et de son épouse Claudine Narboux. Ses parents moururent entre 1935 et 1941, ainsi que trois de ses frères (Émilien, Roger, Lucien, sans parler d’un tout petit Maurice), emportés par

la tuberculose. Survécurent Patrice-Louis (1914-1999), Laurence (1917-1965) et Marcel (1926-1999). Maurice lui-même a été touché par cette maladie les premières années de son mariage mais s’en est sorti grâce à la découverte de la pénicilline, après dix-huit mois de sanatorium.

Maurice a toujours vécu à Coublanc, d’abord à la Place, puis à la Croix du Lièvre (maison Aujames plus tard) pendant une vingtaine d’années, puis de nouveau à la Place, sur la route des Bruyères, à partir de 1969.

Marié le 8 juin 1944 avec Yvonne Deja, il a eu deux enfants : Roger, qui mourut à dix mois, puis Mireille (future secrétaire de mairie) née en 1946. Yvonne et Maurice eurent la joie de réunir leur famille en juin 2004 pour fêter leur soixante ans de mariage avant que Maurice s’éteigne en juillet.

Il a travaillé principalement dans le textile comme tisseur puis gareur, à l’usine de la Place (Michaudon). Les difficultés de cette entreprise le contraignirent, en 1969, à aller finir sa carrière professionnelle à Roanne, aux ARCT, faisant chaque jour le trajet, jusque vers 1978.

Maurice s’est mêlé à la vie du pays, du temps du père Gras au cercle Saint-Michel, en jouant au théâtre, activité qu’il aimait beaucoup et qui le conduisit à créer avec quatre ou cinq amis le groupe des “Artistes de la Rue”. À l’époque de la guerre, il avait encouragé la création de la première équipe féminine de basket ; il fut arbitre de basket et de Boule Lyonnaise ; enfin nous l’avons connu toujours prêt à renseigner les rédacteurs de la revue En ce Temps-là.

B.B. très aidé par Mireille Joly

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C’tau dzeux, dze repinsau é fêtadieu. Dze seugnau su de calendriers de c’tés zan-nées passants si yétau marqué. Vu kiétau paritché u mois de juin, yétau fa-cile à trouver. Mais vouat, dz’ai rin trou-vé… Dieu ti possible… Vos vos rindi compte, le Bon Dieu que n’a plus sa fête. Ah yébin comme comme dizau c’te brave vieille dans le tin : « Mais comme don que vos vauli don que le bon Dieu saye contin ? »

Mais dze repinssieux que dzavaus un vieux ram-na des postes. Atin-momin que dze me su dai’, dzai impo-geu c’taffaire (alé de dizneucent qua-torze) et bin seur kié marqué et in grousses lettres. Comme ka i disont qui fâ pas garder c’tes vieilles zaffaires… mais y’a de momin nozai bien contin de les trouver.

Les fêtadieu suivint Pâques et en diz-neucent quatorze Pâques étau le 12 avril. Quarante dzeux après le dzeudi vingt et un mai : l’Ascension ; le di-mintse trente et un mai : le Pentecôte. Le dimintse sept juin : la Sainte Trinité ; et le dzeudi après, la fêtadieu. Quétau toletin un dzeudi, mais les processions étin los deux dimintses que suivins. I fâ-lau zi daire sintché, pu parsonne n’in parle, pu parsonne n’en sait rin. Man-me le tcheuré n’in parle pas. Enfin même si a nin parlau, ma ké sor comme un pot, dze ni comprindau rin. Ah bien seur astoure u mois de juin izia la fête des mères, la fête des pères, la fête des tatas… Et la fête à neuneu alors yé quand ? ? ? ?…

Ah ! c’tes fêtadieu, yétau eune af-faire ! Au moins huit dzeux avant, et ba-tou meux, nau va-yau le Victor que par-tau avu son petiot barau qu’allau cope de rameaux din les teupes, din les sui-zons. Bien seur azi demindau é proprié-

taires, que ne refusint jamais, vu pe s’kiétau faire. Mais y’in fâlau de grands plans baraux pé garni taut les piliers des repousoirs, de l’arc. Ah l’arc que se plintau juste in narèvin à la Place, in-treumi la maison à Dumoulin et la mai-son à Breton. Iziavau de grand piliers que fazint bin quatre ou cinq mètres. I fâlau tau yintorteilleu de rameaux. Nau pousau c’tu pouté à tsaque bau su eune tsire ou eune caisse. Yin na yan que se métau à tseuva dessus à latatsau sa fi-celle pé la seume, un nâtre donnaut les rameaux qu’a preunaut su la tàpire et un troisième que fazaut torner c’tu pou-té à mesure qu’a se garnissau. Mais bien seur i ne fâlau pas débeussieu tant kiétau pas fini. À la seume de l’arc, izia-vau de carrés de croix, de ronds ; mais comme yétau garnis avu de pâpi, yétau un travail de feunes. Le samedi fâlau planter le repousoir intremi le pouis à Dumoulan et la maison à Delomier.

Yin navau un nâtre lâmou à la seume de la Place intremi la maison à Rolland et la maison de la Balindrade àpeu la troisième, in filan su Lartrie, ubau du dzardan à Rolland.

Bien seur i fâlau de monde pé mon-ter c’té repousoirs, tau zi garni. Yaucu-pau taut le monde du côté d’un-nâ, dipu les Remparts tin qu’à la seume du Bois-Gauthey, et tote Lartrie. Los dzounes travaillint, les vieux un pou mouan, mais i payint leu litres, enfin tau le monde payaut bin son litre, i fait que le soir izia-vau eune fatigue un peu générale. Si vau va-yi ce que dzou daire…. Mais le Bon Dieu étau bien contin. Ah c’tu Bon Dieu… Mais si alétau contin de veni faire sa viran à La Place. Ah ! La Place… ?

Claude Chevreton (La Place)

Les fêtadieu

par Claude Chevreton

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Les fêtadieu Ces jours, je repensais à la Fête-Dieu. Je

regardais sur les calendriers de ces années passées si elle était marquée. Vu que c’était par là au mois de juin, c’était facile à trouver. Mais non, je n’ai rien trouvé… C’est-y Dieu possible… Vous vous rendez compte, le bon Dieu qui n’a plus sa fête. Ah, c’est bien comme disait cette brave vieille dans le temps : « Mais comment donc voulez-vous que le bon Dieu soit content ? »

Mais je repensais que j’avais un vieil almanach des postes. Attends voir, que je me suis dit, j’ai attrapé cette affaire (il est de 1914) et bien sûr qu’elle est marquée, et en grosses lettres. Comme quoi on dit qu’il ne faut pas garder ces vieilles affaires… mais il y a des moments où on est bien content de les trouver.

Les Fête-Dieu suivaient Pâques et en 1914 Pâques était le 12 avril. Quarante jours après, le jeudi 21 mai : l’Ascension ; le dimanche 31 mai : la Pentecôte. Le dimanche 7 juin : la Sainte Trinité ; et le jeudi d’après, la Fête-Dieu. C’était tout le temps un jeudi, mais les processions étaient les deux dimanches qui suivaient. Il fallait le dire, ça ! Plus personne n’en parle, plus personne n’en sait rien. Même le curé n’en parle pas. Enfin même s’il en parlait, moi qui suis sourd comme un pot, je ne comprendrais rien. Ah bien sûr maintenant au mois de juin il y a la fête des mères, la fête des pères, la fête des tatas… Et la fête à neuneu alors c’est quand ? ? ?…

Ah ! ces Fête-Dieu, c’était une affaire ! Au moins huit jours avant, et peut-être plus, on voyait le Victor qui partait avec son petit barau, qui allait couper des rameaux dans les touffes, dans les haies. Bien sûr il demandait aux propriétaires, qui ne refusaient jamais, vu pour quoi c’était. Mais il en fallait de grands pleins baraux pour garnir tous les piliers des reposoirs, de l’arc. Ah, l’arc qui se plantait juste en arrivant à la Place, entre la maison à Dumoulin et la maison à Breton. Il y avait de grands piliers qui faisaient bien quatre ou cinq mètres. Il fallait entortiller des rameaux tout autour. On posait ce pilier à chaque bout sur une chaise ou une caisse. Il y en avait un qui se mettait à cheval dessus et il attachait sa ficelle au

sommet, un autre donnait les rameaux qu’il prenait sur le tas et un troisième faisait tourner ce poteau à mesure qu’il se garnissait. Mais bien sûr, il ne fallait pas s’arrêter tant que ce n’était pas fini. Au sommet de l’arc, il y avait des carrés , des croix et des ronds ; mais comme ils étaient garnis avec du papier, c’était un travail de femmes. Le samedi, il fallait planter le reposoir entre le puits à Dumoulan et la maison à Delomier.

Il y en avait un autre là-haut au sommet de la Place entre la maison à Rolland et la maison de la Balindrade, et puis le troisième, en filant sur la Raterie, au bout du jardin à Rolland.

Bien sûr il fallait du monde pour monter ces reposoirs, tous garnis. Ça occupait tout le monde du côté d’en haut, depuis les Remparts jusqu’au Bois-Gauthey, et toute la Raterie. Les jeunes travaillaient, les vieux un peu moins, mais ils payaient les litres, enfin tout le monde payait bien son litre, ce qui fait que le soir il y avait une fatigue un peu générale. Si vous voyez ce que je veux dire… Mais le bon Dieu était bien content. Ah ce bon Dieu… Mais s’il était content de venir faire sa virée à la Place. Ah ! La Place… ?

Traduction d’Anne-Claire Millord, révisée par l’auteur.

Carte de Noël 2005 des enfants des écoles de Coublanc

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Élèves de l’école publique

Année 2005-2006

Maîtresse : Cindie Chastagnol, (Saint-Étienne des Oullières - 69)

C.M.1

(15 élèves)

Élisa BESANÇON, Génillon Océane BOUCAUD, La Raterie Aymeric CHABAS, En Bourgogne Noémie DÉCHAVANNE, L’Orme Alexandre DUBOIS, Pont des Rigol-les Maude DURET, La Raterie Ysamina EL GHAZOUANI, Le Perret Dylan ÉPINAT, Montreval Guillaume GIRAUD, La Place John MAZILLE, Bonnefond Mathilde LAMBŒUF, Le Perret Laura PÉLEGRIN, Le Bois Gauthey Marine PRÉCLOUX, La Place sud Florian RIFINO, Les Espaliers Guillaume ROUX, La Raterie

C.M.2

(10 élèves)

Thibaud BAILLY, La Place Jérémy BÉNAS, Montbernier Manon DUILLON, Cadolon Thibaut DURIAUD, L’Orme Nabila EL GHAZOUANI, Le Perret Pierre-Antoine GRAPELOUP, Les Épalis Wilfried LAMBŒUF, Le Perret Laura LAVILLE, En Bourgogne Pénélope NICOLAS, Le Bois Gau-they Manon TRONCY, La Frique

Chez mes grands-parents Quand je vais chez mes grands-parents, Je pêche du hareng dans leur étang. Quand je vais chez mes grands-parents, Je leur pose la question suivante : « Est-ce que les gladiateurs fabriquaient du beurre ? » Quand je vais chez mes grands-parents, Je mange des macaronis en plein après-midi. Quand je vais chez mes grands-parents, Je suis très content car j' invite mon cousin Dorian. Quand je vais chez mes grands-parents, On fait du bricolage et du jardinage. Quand je vais chez mes grands-parents, Je suis heureux car tout est merveilleux. Quand je vais chez mes grands-parents, Je leur saute au cou et je leur fais de gros bisous.

La vie a tellement changé Tant d'années sont passées depuis que vous êtes nés. Tout a évolué : La télévision est passée du noir et blanc à un grand et plat écran. Les machines à laver ont remplacé les lavoirs usagés. Le TGV a pris la place du train à vapeur avec sa cheminée. Les téléphones se sont transformés : tant de petits nouveaux sont arrivés et on peut les emmener pour aller se promener. Des fusées ont décollé et de nombreux progrès sont arrivés. Mais une chose n'a pas changé, c'est notre amour Et notre amitié pour les personnes âgées !

Deux élèves de l’école publique de Coublanc

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Le Loup végétarien &

le Petit Chaperon Vert

Un conte de Noël Il était une fois un loup qui était

végétarien. Dans sa forêt, un jour, il ne trouva plus rien à se mettre sous la dent. Il décida alors d’aller à la ville.

La première maison qu’il trouva était celle du Petit Chaperon Vert. À la tombée de la nuit, il entra dans le jardin et commença à déterrer des légumes, mais hélas, il fit trop de bruit et fut remarqué par le Petit Chaperon Vert qui était l’arrière - arrière - arrière petite fille du véritable Petit Chaperon Rouge.

Le Petit Chaperon Vert connaissait très bien l’histoire de son arrière-arrière-arrière grand-mère et elle se méfiait énormément des loups.

Comme elle était futée, elle se dit : « Pour Noël, j’ai invité tous mes amis, je pourrais bien préparer un bon pot-au-feu de loup, oui, bonne idée, ce serait très original et sûrement délicieux ! » Elle réfléchit et prépara un piège malin, pour attraper le loup sans se faire remarquer par les chasseurs et le garde-chasse.

Pendant ce temps, le loup dormait t ranquillement , digérant tous les succulents légumes qu’il avait volés chez le petit Chaperon Vert.

De bonne heure le matin, le Petit Chaperon Vert se déguisa en marchande de légumes, prit sa camionnette et se dirigea vers la forêt.

Arrivée dans la clairière, elle donna un

coup de klaxon puis cria : « Légumes frais, venez goûtez les bonnes carottes, venez déguster les meilleurs choux de la région, venez savourer de merveilleux épinards, venez approchez, tout est gratuit, aujourd’hui et aujourd’hui seulement ! »

Le loup, qui était gourmand, fut attiré par le parfum des légumes frais.

Lorsqu’il fut tout prêt, le Petit Chaperon Vert lui dit : « Viens chez moi, j’ai des légumes frais, tu pourras y passer tranquillement l’hiver, monte dans ce cageot et ne bouge plus. » Le loup qui était bête, qui avait encore faim et qui craignait la neige, obéit sans discuter.

Arrivée dans sa maison, le Petit Chaperon

Vert sortit la grosse marmite qu’elle avait achetée à l’arrière-arrière-arrière petit-fils des Trois Petits Cochons et demanda au loup d’y grimper pour prendre un bain.

Le loup qui n’était pas méfiant, s’installa au milieu des légumes qui trempaient,

Florence Dury-Charbonnier

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Élèves de l’école privée

Sainte-Thérèse Année 2005-2006

Maîtresse : Joëlle Courot

(Saint-Julien de Jonzy)

C.E.1 (cycle des apprentissages fondamentaux 3ème année) (9 élèves)

Julianne ACCARY, L’Orme Charlotte ARNARDI, L’Orme Jérémy BAILLY, La Place Axel BOUCAUD, La Raterie Selim BOUSSAND, La Roche Charline DEVAUX, La Croix du Lièvre Cassandre HUG DE LARAUZE, La Raterie Maxime KAYL, La Place Gwendoline TACITE, Foron

C.E.2 (cycle des approfondissements 1ère année) (12 élèves)

Alexandre BALANDRAS, La Motte (Tancon) Apolline BÉNAS, Montbernier Laurie BÉNAS, Pont des Rigolles Lucas CHARRIER, Le Foron Johan-Élie DEMONT, L’Orme Florian DUILLON, Cadolon Yacin EL GHAZOUANI, Le Perret Élodie FAYARD, Cadolon Débora LAVILLE, La Bourgogne Daphné NICOLAS, Le Bois Gauthey Amélie PERRAT, Le Foron Loïc TRONCY, La Frique

pensant que c’était la nouvelle mode de prendre un bain de légumes.

Au bout de quelques minutes, Le Petit Chaperon Vert souleva le couvercle pour voir si le loup cuisait bien mais à sa grande surprise, le loup avait mangé tous les légumes. Elle descendit en chercher à la cave et les mit dans la marmite.

Au bout de quelques instants, elle souleva le couvercle et vit que le loup avait encore tout englouti. Cette fois, elle était fâchée et très en colère car elle n’avait plus de légumes. Alors, elle eut l’idée d’aller en chercher chez sa grand-mère qui habitait de l’autre côté de la ville et elle partit en camionnette.

Le lo up co mme nça it à s’ennuyer, plus de légumes à déguster, il souleva le couvercle, il vit le feu sous la marmite et comprit tout.

Le loup qui était aussi un gentil loup, décida alors de faire une surprise au Petit Chaperon Vert. Il décora toute la maison et fit cuire une grosse dinde apportée par un autre loup. Lorsque le Petit Chaperon Vert rentra, elle eut une belle surprise, tout était magnifique dans la maison.

Le Petit Chaperon Vert devint ami avec le loup et passa un merveilleux Noël avec tous ses amis.

La classe de C.E.l - C.E.2

École Privée Sainte- Thérèse Coublanc

La vie est un éternel recommangement B.B.

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Mots Croisés Problème n°12 par François Millord

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 A C H A T A I G N E S B O E N O F O U L E C U C N P A U R D R T L R E L I E F E S O U M E T S S O F I L O M E G A U G A I O L I O R G E H U T I L E S D U T I D R A R U M E T J S E C H E R E S S E

Solution de la grille n°11 de décembre 2004

.

H o r i z o n t a l e m e n t : A. Missionnaire coublandi. B. Mené à bien. Style musical ja-maïcain né au début des années 60. C. Ville du sud-ouest de la France. Héros portant cape et épée. D. Parler méridional. Article. E. Irriter. F. Petit poisson qui de-viendra grand . Possèdent . G. Effronterie. H. Adjectif posses-s i f . Pronom. In te r jec t ion . I. Arrosent. J. Rémunéreras. Verticalement : 1. Nationalité des troupes qui tentèrent d’envahir la Papouasie en 1945. 2. Versant à l’ombre. Automobile Citroën des années 70. 3. Instruments utiles pour servir la soupe aux choux. Pèse plus de 3,5 tonnes. 4. Possédé. Adverbe de lieu ou de temps. 5. Petit saint. Couper. 6. Un cinquième du chapelet. Unité inter-nationale. 7. Organisation humani-taire indépendante. Résidu de neige en montagne. 8. Brevet né-cessaire pour conduire un deux- roues avant l’âge de dix-huit ans. Gros caillou 9. Pays de l’Est candi-dat à l’entrée dans l’Union Euro-péenne. Exclamation d’enfant ca-pricieux. 10. Entremet pauvre en matières grasses. Diplôme sanc-tionnant deux ans d’études techni-ques après le bac.

Claude Franckart et Bernard Ber-thier, tous deux de La Place, prépa-rent un site Internet de Coublanc et de la revue En ce Temps-là. Si vous avez des documents à com-muniquer pour publication, adressez-vous à eux. Merci.

Claude Franckart : [email protected] Bernard Berthier : [email protected]

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A J U L E S D U B U Y

B A B O U T I S K A

C P A U Z O R R O

D O C C I T A N A U

E N H A I G R I R

F A L E V I N O N T

G I N S O L E N C E

H S A I L E H B

I E P L E U V E N T

J S A L A R I E R A S

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Ce numéro 11 a été conçu, préparé et composé par Bernard Berthier et le Conseil d’adminis-tration de l’association, avec l’aide, pour la relecture, la recherche et la fourniture de docu-ments, de Danielle Berthier-Duperron, Anne-Marie Déal, Renée Druère, Anne-Claire et Fran-çois Millord, Geneviève Le Hir, Marie-Laure Chassignolle, Claude Chevreton, Martine Ber-thier, Bernard et Chantal Dumaître, Bernadette Lacôte, Joëlle Courot, Cindie Chastagnol, Ger-maine Lamure, Jean Berthier et les familles des personnes évoquées pages 30 à 33. Photo du vi-trail par Mélanie Berthier et Julien Berna. Dessins de Florence Dury-Charbonnier (page de cou-verture, pages 11 et 37), et de Clotilde Berthier. Aux uns et aux autres nos remerciements.

Nous remercions la Mairie de Coublanc, et les deux secrétaires de Mairie Marie-France Ja-cotey et Mireille Joly, pour la communication des données officielles de l’état civil.