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BRGM i * • Ulna H tA nam NORD PAS-DE-CALAIS Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais - Projet de suivi de la remontée naturelle - Réflexion sur les avantages et les inconvénients d'accélérer le remplissage par injection d'eau depuis la surface Mai 1994 R37 942SGR94NPC numéro de référence : C05200055 MINISTÈRE DE Í L'ENVIRONNFMENT Minislere de l'Industrie, des Pones a Tilècommuaicilions et du Commerce Extérieur

NORD PAS-DE-CALAISinfoterre.brgm.fr/rapports/RR-37942-FR.pdf · Comme le montre la figure 1, le Bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais s'étend d'Ouest en Est sur une longueur

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BRGMi * • Ulna H tA nam

NORDPAS-DE-CALAIS

Remontée des eaux dans les anciennesmines de charbon du Bassindu Nord et du Pas-de-Calais

- Projet de suivi de la remontée naturelle- Réflexion sur les avantages et les inconvénients

d'accélérer le remplissage par injectiond'eau depuis la surface

Mai 1994R37 942SGR94NPC

numéro de référence : C05200055

M I N I S T È R E DE ÍL ' E N V I R O N N F M E N T

Minislere de l'Industrie,des Pones a Tilècommuaicilions

et du Commerce Extérieur

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais

- Projet de suivi de la remontée naturelle - Réflexion sur les avantages et les inconvénients

d'accélérer le remplissage par injection d'eau depuis la surface

J.Y. Caous J. Leplat

Mai 1994 R 37 942 S G R 94 N P C

numéro de référence : C05200055

M I N I S T È R E D E Í j Ministère de l'Industrie, des Postes et Télécommunications

et du Commerce Exterieur L ' E N V I R O N N E M E N T

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

REMONTÉE DES EAUX DANS LES ANCIENNES MINES DE CHARBON DU BASSIN DU NORD ET DU PAS-de-CALAIS

PROJET DE SUIVI DE LA REMONTEE NATURELLE

REFLEXION SUR LES AVANTAGES ET LES INCONVENIENTS D'ACCÉLÉRER LE REMPLISSAGE PAR

INJECTION D'EAU DEPUIS LA SURFACE

RESUME

L a présente étude, financée sur les crédits de Service Public du B R G M , porte sur l'hydrogéologie

des anciennes mines des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais et plus spécifiquement

sur l'intérêt d'accélérer éventuellement le remplissage de ces mines avec de l'eau de surface, à des

fins de stockage puis de réutilisation ultérieure.

Elle est basée essentiellement sur une étude bibliographique et une réflexion sur les avantages et les

inconvénients d'un tel projet, travail déjà largement abordé dans le rapport de stage d'une étudiante

de l'Ecole des Mines de Douai (option Environnement) à qui ce sujet a été proposé (note B R G M n°

93 NPC 93).

Il ressort des conclusions du présent rapport que, si l'idée, en soit, est séduisante car permettant de

disposer d'un très volumineux stock d'eau, a priori dénitrifiée, sur l'ensemble du Bassin minier, elle

présente à l'heure actuelle un certain nombre d'inconvénients liés à plusieurs inconnues portant

essentiellement sur l'évolution d'un milieu qui n'est pas neutre (stabilité des terrains, fuites de gaz,

évolution chimique des eaux,. . .) et sur les ressources en eau de surface réellement mobilisables.

E n outre, des problèmes ne manqueront pas de se poser à propos de l'extraction du grisou et, par

ailleurs, les anciens puits étant pratiquement tous remblayés, il sera nécessaire de créer des

ouvrages d'injection spécifiques relativement conséquents, donc coûteux.

Des études spécifiques seront donc très probablement nécessaires pour avancer dans un tel projet,

avec au moins la mise en oeuvre, dans un premier temps, d'une surveillance piézométrique et

physico-chimique des eaux du fond.

39 pages - 13 figures - 1 tableau - 2 annexes

BRGM - R 37 942 SGR-NPC

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

Mots clés :

E n bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante :

J.Y. CAOUS - J. LEPLAT (1994) - REMONTÉE DES EAUX DANS LES ANCIENNES MINES DE CHARBON DU BASSIN DU NORD ET DU PAS-de-CALAIS - Projet de suivi de la remontée naturelle - Réflexion sur les avantages et les inconvénients d'accélérer le remplissage par injection d'eau depuis la surface - R 37 942 S G R 94 N P C - 39 p. , 13 fig., 1 tab., 2 arm.

© B R G M , 1994, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l'autorisation expresse duBRGM.

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

TABLE DES MATIERES

Pages

INTRODUCTION 5

1. RAPPELS GÉNÉRAUX 6 1.1 - Bref historique du Bassin 6 1.2 - Extension géographique du Bassin 6 1.3 - Cadre géologique 6 1.4 - Les aquifères régionaux 10

2. L'EAU DES MINES 12 2.1 - Origine 12 2 .2 - Exhaure 12 2.3- Qualité 14

3. REMPLISSAGE DES TRAVAUX ABANDONNÉS 18 3.1 - Remplissage naturel 18 3.1.1 - Vitesse prévisionnelle 18 3.1.2 - Niveau piézométrique final 22 3.2 - Remplissage provoqué 29

3.2.1-Origine de l'eau 29 3.2.2-Avantages 32 3.2.3 - Inconvénients ou difficultés possibles 32

4. PERSPECTIVES ET PROPOSITIONS 34

CONCLUSIONS 37

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 Analyses physico-chimiques de 1992 réalisées dans les puits de V I M Y Ibis, LIGNY-les-AIRE 2 et A U C H Y - a u - B O I S 3 14

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de chartton du Bassin Nord-Pas-de-Calais

LISTE DES FIGURES

Figure 1 Plan de situation générale du Bassin minier 7

Figure 2 Coupe géologique-type des "morts-terrains" 9

Figure 3 Carte du toit du calcaire carbonifère et position des puits naturels dans la partie orientale du Bassin 13

Figure 4 Diagramme S C H O E L L E R - B E R K A L O F F comparatif des eaux du calcaire carbonifère, de la craie, des grès du gisement, au puits 1 bis de V I M Y (62) 15

Figure 5 Diagramme S C H O E L L E R - B E R K A L O F F des eaux des Grès de Suchemont et des eaux fossiles du gisement 16

Figure 6 Coupe schématique montrant les systèmes d'interconnexion entre les

différentes fosses dans la partie est du Bassin 19

Figure 7 Carte des concessions et des trois ensembles séparés du Bassin 20

Figure 8 Carte piézométrique de la nappe de la craie dans la partie orientale du Bassin 23

Figure 9 Carte piézométrique de la nappe du calcaire carbonifère dans la

partie orientale du Bassin 24

Figure 10 Coupe 48 de l'Atlas H . B . N . P . C 25

Figure 11 Coupe 22 de l'Atlas H . B . N . P . C 26

Figure 12 Carte des systèmes aquifères crayeux 27

Figure 13 Carte synthétique 28

LISTE DES ANNEXES

Annexe I Stratigraphie du Houiller du Nord de la F R A N C E

Annexe II Représentation schématique des aquifères du Bassin houiller du Nord de la F R A N C E

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

INTRODUCTION

L'activité extractive des anciennes H O U I L L È R E S D U B A S S I N D U N O R D E T D U PAS-de-

C A L A I S ayant maintenant totalement cessé (le dernier siège : "le 10 d'Oignies", a été fermé le

21 décembre 1990), la question du remplissage des anciens travaux par l'eau se pose et notamment

celle de savoir si l'important volume de vides résiduel existant (estimé à 1,8 milliard de m 3 ) peut ou

non être utilisé c o m m e réservoir de stockage d'eau de bonne ou de moyenne qualité, avec tous les

avantages et les inconvénients qu'une telle opération peut présenter.

C'est dans le but d'examiner cette question qu'un programme d'étude a été proposé au Ministère de

l'Industrie dans le cadre des travaux propres du B R G M pour 1993 et a été retenu. U n e partie du

travail correspondant a été réalisée par M m e V . B O U L N O I S , stagiaire, étudiante à l ' É C O L E D E S

M I N E S D E D O U A I (option Environnement) dont le rapport est référencé 93 N P C 93.

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

1. RAPPELS GÉNÉRAUX

1.1 - BREF HISTORIQUE DU BASSIN

Déjà connu et exploité antérieurement dans le Borinage belge, le charbon a commencé à être extrait

puis commercialisé dans le Nord de la F R A N C E à partir de 1726, année de l'ouverture de la

première fosse à L a Chapelle du Berger à F R E S N E S - s u r - E S C A U T dans le Valenciennois.

E n 1746 fut créée la charte de la Compagnie d'Anzin, mais ce n'est qu'à partir de 1915 que

l'exploitation intensive de la houille, progressant de plus en plus vers l'Ouest du bassin, amena le

véritable développement économique de la Région. A u total, ce sont 601 puits dont 1 fendue qui

furent ouverts entre la frontière belge, à l'Est, et la région de L I L L E R S , à l'Ouest, sur

48 concessions (23 dans le Nord, 25 dans le Pas-de-Calais) dont 43 furent nationalisées après la

guerre. L a superficie totale était de 136 464 ha.

L a baisse de l'activité extractive commença vers les années 1970 en raison de la pénétration de

l'énergie liée au pétrole et, malgré le nouveau plan charbonnier dû au choc pétrolier de 1974, la

modernisation et le regroupement des moyens d'extraction, devait se poursuivre jusqu'à l'arrêt total

évoqué en introduction.

1.2 - EXTENSION GÉOGRAPHIQUE DU BASSIN

C o m m e le montre la figure 1, le Bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais s'étend d'Ouest en Est

sur une longueur totale de 105 k m et sur une largeur variant entre 5 et 12 k m , soit sur une

superficie de l'ordre de 1 300 k m 2 . Il chevauche, sensiblement à parts égales, les départements du

Nord et du Pas-de-Calais.

1.3 - CADRE GÉOLOGIQUE

Le Bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais fait partie de la longue bande houillère qui s'étend de

l ' A N G L E T E R R E à l ' E U R O P E centrale, avec un changement de direction majeur dans le secteur de

DOUAI.

Il dessine une sorte de cuvette très allongée qui se relève et disparaît à l'Ouest, alors que vers l'Est,

elle s'approfondit jusqu'à dépasser les 1 000 m . A u Nord, il s'appuie sur les formations

dinantiennes, qui constituent la base du système carbonifère (Calcaire Carbonifère). A u Sud, son

extension sous les morts-terrains est limitée par un chevauchement majeur, connu sous le n o m de

Grande Faille du Midi, qui détermine le recouvrement des terrains houillers par des terrains plus

anciens, d'âge siluro-dévonien.

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 6

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

Sur l'ensemble du Bassin, les terrains primaires sont recouverts par les assises sédimentaires

suivantes, d'âge crétacé, tertiaire et quaternaire (cf coupe schématique de la figure 2) :

• des argiles et sables grossiers d'origine continentale (Wealdien) remplissant les dépressions de

la plate-forme primaire,

• des formations marines (Albien) composées de :

- sables fins et argiles plastiques (Gault), dans la partie occidentale (épaisseur : quelques

mètres),

- grès et gaize de teinte verte, dans la partie extrême-orientale (épaisseur : plusieurs dizaines

de mètres),

• quelques mètres d'un conglomérat de galets roulés de roches primaires appelé "tourtia",

s'étendant sur la totalité du Bassin car résultant de la grande transgression cénomanienne,

• des craies marneuses à argileuses grises à blanchâtres (Cénomanien) épaisses de 10 à 40 m ,

• des marnes gris-verdâtre à gris-bleu appelées "dièves" (Turonien inférieur) dont l'épaisseur

moyenne oscille entre 30 et 40 m , mais peut localement atteindre 20 m (Valenciennois) ou

50 m et plus (secteur d ' O N N A I N G - S t S A U L V E ) ,

• des craies marneuses gris-bleuâtre appelées "bleus" (Turonien moyen) , dont l'épaisseur

moyenne se situe également entre 30 et 40 m , sauf dans le Valenciennois où elle ne dépasse

guère 20 m ,

• une craie blanc-grisâtre à silex (Turonien supérieur), épaisse de 8 à 15 m , sauf dans le

Valenciennois où elle atteint la vingtaine de mètres. L e sommet de cette formation est

caractérisé par des couches de craie dure de faible épaisseur : la "meule" (craie phosphatisée)

et le "tun" (craie congloméroïde),

• des craies blanches, d'abord grossières à la base, avec des silex, puis de plus en plus fines et

pures vers le sommet, sans silex (Sénonien). Leur épaisseur varie entre 15 et 55 m lorsqu'elles

ont été entièrement épargnées par l'érosion,

• des formations tertiaires (Landénien) localisées à la bordure nord du Bassin et représentées par

un ensemble de sables fins glauconieux, avec niveaux indurés (tuffeau) c o m m e dans le

Valenciennois, et d'argiles plastiques gris-noir (Argile de Louvil), intercalées vers la base,

• enfin, des dépôts quaternaires relativement peu épais et représentés essentiellement par les

alluvions des principales vallées (Escaut, Scarpe, Souchez) et des zones de marais et par les

limons de plateaux et colluvions de vallées sèches.

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 8

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

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Limons - Colluvions - Alluvions

Sables fins - Argile - Tuffeau

Craies blanches avec et sans silex

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Craie glauconieuse • Craie grise a silex cornus

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" D I E V E S " vertes - M a m e s t argileuses

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Dépôts continentaux WEALDIEN

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Figure 2 - Coupe géologique-type des "morts-terrains". CO

BRGM - R 37 942 SGR-NPC

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

L'épaisseur de ces terrains de couverture du gisement houiller, appelés "morts-terrains" par les

mineurs, est très variable :

- 3 0 à 40 m à l'Est,

- 1 4 0 à 180 m à l'Ouest,

- 220 à 290 m dans certains secteurs ( A N I C H E , St A Y B E R T ) .

Sous les morts-terrains, le gisement houiller, d'âge namuro-westphalien, se présente sous forme de

veines ou passées de charbon dans une masse de terrains "schisteux" avec intercalation de niveaux

gréseaux.

Théoriquement, l'épaisseur cumulée des différentes assises qui constituent le Houiller productif

pourrait dépasser les 2 500 m , c o m m e on peut le constater à la lecture de l'annexe I, qui présente la

succession stratigraphique type avec ses différents niveaux-repères (niveaux marins et tonsteins

essentiellement). Toutefois, les assises et faisceaux montrent des variations latérales d'épaisseurs

parfois considérables, à l'image du Namurien, puissant de 700 m à l'Est du Bassin mais qui se

réduit à une cinquantaine de mètres à son extrémité ouest.

Le Houiller repose sur le calcaire carbonifère (Dinantien) par l'intermédiaire du "faisceau stérile"

qui constitue la partie inférieure de l'assise de Bruille.

D'après B O U R O Z , la composition lithologique globale du Westphalien serait de :

• 10 % de charbon (en moyenne, on compte une veine d'une certaine importance tous les 20 m

environ),

• 60 % de "schistes",

• 30 % de grès.

Les grès se présentent en bancs d'épaisseur variable mais souvent faible. Leurs ensembles les plus

importants se rencontrent à la base du Houiller productif (Grès de Suchemont au niveau du

Faisceau de Saint-Georges) et au voisinage des deux niveaux marins les plus représentatifs (Grès

de Poissonnière et Grès de Rimbert).

1.4 - LES AQUIFÈRES RÉGIONAUX

O n distingue dans la Région plusieurs aquifères plus ou moins étendus qui intéressent le Bassin

minier (cf annexe II). Pour la plupart, ils sont formés par les couches perméables des terrains de

couverture précédemment décrits et sont donc situés au-dessus du gisement houiller, mais certains

autres peuvent se trouver au sein de celui-ci (Grès de Suchemont) ou encore en-dessous (calcaire

dinantien).

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

Leurs principales caractéristiques sont les suivantes (des aquifères les moins profonds vers les plus

profonds) :

• alluvions et zones de marais : renferment une nappe libre peu profonde, très sensible à la

pluviométrie, normalement en équilibre hydrostatique avec les cours d'eau ou canaux voisins et

en liaison hydraulique étroite avec la ou les nappes sous-jacentes (craie ou sables tertiaires) ;

• sables et tuffeaux landéniens : contiennent une nappe libre, peu profonde, également en liaison

hydraulique avec les cours d'eau drainants (Scarpe, Deûle) ou avec leur nappe alluviale ;

• craies séno-turoniennes : renferment la nappe la plus importante de la Région par sa puissance

et son degré d'exploitation. Son mur est assuré par les marnes argileuses ("dièves") du

Turonien inférieur. Libre à l'Ouest et au Sud du Bassin minier où elle est drainée par les

différents cours d'eau du secteur (Clarence, Lawe, Surgeon, Souciiez, Deûle, Scarpe, Escaut),

elle devient captive vers le Nord, sous les argiles landéniennes (Argile de Louvil) des cuvettes

d'Orchies et des Flandres (secteur de B É T H U N E ) ;

• craies marneuses cénomaniennes : sont le siège d'une nappe entièrement captive sur l'ensemble

du Bassin. E n fait, cet aquifère ne présente d'intérêt qu'à l'Ouest du Bassin où il se développe

nettement et où il est exploité pour l'eau potable (secteurs d ' H O U D A I N , C A L O N N E -

RICOUART) ;

• sables wealdiens : la nappe captive qu'ils contiennent se cantonne à la région d ' A N Z I N où elle

donnait des débits relativement importants lors du creusement des puits de mine ("Torrent

d'Anzin") ;

• grès du gisement : ceux-ci sont particulièrement développés vers la base de la série houillère où

ils peuvent constituer des masses puissantes de plusieurs dizaines de mètres. Ils sont connus,

entre autres, sous les noms de "Grès de Flines", "Grès de Suchemont", etc.. Les fissures de ces

roches contiennent ou ont contenu une eau qui en principe est "fossile" et les réservoirs

correspondants ne sont, de fait, plus réalimentés. Seuls les Grès de Suchemont, grâce à leurs

affleurements situés en B E L G I Q U E , possèdent une possibilité de réalimentation naturelle ;

• calcaire carbonifère : d'âge dinantien, ce calcaire s'étend sous le gisement houiller et se

développe notamment vers le Nord, jusqu'en B E L G I Q U E où il affleure (secteur est de

T O U R N A I ) . Sa fissuration et sa karstification en font un important aquifère, bien connu en

particulier sous les agglomérations de R O U B A I X - T O U R C O I N G ainsi que dans la région de

S A I N T - A M A N D - l e s - E A U X et le Tournaisis, en B E L G I Q U E , où la nappe captive qu'il

renferme est intensivement exploitée depuis de nombreuses années.

A l'aplomb du Bassin houiller, mais principalement en bordure nord, cet aquifère s'est révélé

également productif à l'occasion de travaux miniers l'ayant atteint malencontreusement

( M E U R C H I N , V E N D I N - l e s - B É T H U N E , . . . ) .

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 11

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Caiais

2. L'EAU DES MINES

2.1 -ORIGINE

Lors de l'exploitation du gisement les arrivées d'eau se faisaient en provenance des aquifères

précédemment décrits, notamment les sables wealdiens et les grès intercalés dans les veines de

houille (Grès de Suchemont par exemple). L'eau du fond provenait également des aquifères

crayeux, à la fois par l'intermédiaire des fissures induites dans les dièves turoniennes et

cénomaniennes par l'affaissement des couches, et par infiltration le long du cuvelage de certains

puits. Par ailleurs, très localement, d'autres venues d'eau apparaissaient incidemment au m u r du

gisement, à partir des calcaires dinantiens dont le débit d'eau pouvait être si abondant qu'il

nécessitait l'abandon des travaux ( M E U R C H I N par exemple).

Dans la partie orientale du Bassin (Nord-Est de V A L E N C I E N N E S ) , ce sont les nombreux puits

naturels (au moins 300) d'effondrement du karst du calcaire dinantien (cf figure 3) qui auraient

permis la mise en communication des différents aquifères de la région avec les travaux miniers

(nappes du calcaire, de l'Albien, des craies).

2.2 - EXHAURE

Pour maintenir les travaux du fond à sec, il fallait évidemment assurer l'exhaure permanente de ces

eaux qui, au jour, étaient rejetées dans le réseau hydraulique superficiel (essentiellement les

canaux).

Vers la fin de l'exploitation le débit d'eau ainsi p o m p é , bien que variable d'un siège à l'autre, était

estimé à environ 2 000 m3/jour en moyenne par siège, soit pour un total d'une dizaine de sièges, un

volume journalier de 20 000 m 3 représentant normalement les arrivées d'eau de l'ensemble du

Bassin, y compris des compartiments non interconnectés.

D'une façon générale, l'exhaure était plus importante dans la partie nord et est du Bassin, là où les

travaux atteignaient les couches inférieures de la série houillère, notamment les grès du Namurien

(Suchemont, ...) et où s'étendent les sables wealdiens et se développent les puits naturels

d'effondrement du calcaire carbonifère karstique.

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 12

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

Figure 3 - Carte du toit du calcaire carbonifère et position des puits naturels dans la partie

orientale du Bassin.

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 13

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

2.3 - QUALITÉ

Les eaux d'exhaure des travaux du fond étant un mélange des eaux des différents aquifères précités,

leur composition physico-chimique était et sera évidemment le reflet de celle des nappes contenues

dans ces aquifères dont on trouvera ci-après (ainsi que dans les diagrammes des figures 4 et 5), les

principales caractéristiques :

• nappe de la craie : faciès bicarbonaté-calcique, faiblement minéralisée, plus ou moins nitratée

selon le régime, captif ou libre. Contient actuellement des micropolluants (essentiellement

organiques) au droit du Bassin minier (origine principalement industrielle) ;

• nappe du calcaire carbonifère : la qualité de l'eau de cette nappe n'est bien connue que dans la

région de R O U B A I X - T O U R C O I N G où elle est toujours exploitée. Il s'agit d'une eau de type

bicarbonaté-calcique, c o m m e celle de la craie, mais plus minéralisée et plus chargée en

magnésium et potassium. Les teneurs en sulfates y sont également sensiblement plus fortes ;

• nappe des grès du gisement : les analyses les plus complètes et les plus fréquentes ont été

effectuées à l'Est du Bassin (siège d'Arenberg). Elles indiquent des eaux chlorurées ou

sulfatées-sodiques, fortement minéralisées, à caractère plus ou moins saumâtre (résidu sec

supérieur à 2 g/1).

D u mélange de ces différentes eaux, et selon leurs proportions respectives ainsi que de leur

éventuelle interaction avec le milieu encaissant (dissolution, oxydation, réduction,...), il résulte des

faciès physico-chimiques spécifiques, pouvant varier d'un secteur à un autre, c o m m e le montrent

les analyses récentes (1992) ci-après, réalisées dans les puits de V I M Y Ibis, L I G N Y - l e s - A I R E 2 et

A U C H Y - a u - B O I S 3.

Profondeur totale

Profondeur eau

pH

Fer total

N03-cr S04~ Ca++ M g " ^ K +

Na+

HCCV

V H V Ï Y Ibis

1 110,30 m

70,20 m

10,2

enmg/1

0,12

2,64

1 745,00

683,00

6,18

110,00

272,00

1 392,00

LIGNY-les-

A I R E 2

310,50 m

23,10 m

6,58

enmg/1

>2,50

<0,10

117,90

909,00

420,00

0,01

51,00

304,00

896,70

A U C H Y - a u -

BOIS 3

406,00 m

44,60 m

8,08

enmg/1

0,91

0,44

249,40

153,50

42,55

0,53

43,00

288,00

Tableau 1 - Analyses physico-chimiques de 1992 réalisées dans les puits de V I M Y Ibis, L I G N Y -

les-AIRE 2 et A U C H Y - a u - B O I S 3

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 14

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

Erreur balance

{%)

Nû classement

0001-1X-9999

0002-1X-9999

0003-1X-9999

0020-iX-llOO

Designation

CALC.C

CRAIE

GRES

V IBIS

Figuré pH

7.3

7.2

8.3

10.2

Cond (fjsi/cm]

2090 DIAGRAMME '

0'ANALYSES O'EAU

"SCHOELLER BERKALOFF"

300

1 0 0 ••

10 •

c ai oi <

o ce o

< 2 O a Ul Œ

1 •

CD CE aa

o.ix

2+ Ca (mg/l)

Mg2+

tmg/1)

6000 •

1000

4000-•

1000

/

: \ / • • l \

t \ / I \

/

Na++K+

(ng/ll

7000

Cl" (mg/l)

SO! " HC0¡+C0f" (mg/l)

N0¡ Cmg/1) (mg/l)

1Ö00; V

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100Í' v «

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/

10000

\ 1000 t

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1

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10

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10000

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10000 •

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\ J

i 100

10

10

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20000

1000 •

10O-

300

100

10

!••

JO

0.1

Figure 4 Diagramme S C H O E L L E R - B E R K A L O F F comparatif des eaux du

carbonifère, de la craie, des grès du gisement, au puits Ibis de V I M Y (62).

calcaire

BRGM -R37 942 SGR-NPC 15

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

Nfl classement

0005-1X-9999

0006-1X-9999

Désignation

SUCHEM

FOND

Figuré PH

7.8

8.5

Cond. (psi/cm

576

1885

Erreur balance

(X) DIAGRAMME

D'ANALYSES D'EAU

'SCHOELLER BERKALOFF'

Cas+

(mg/l)

2* Mg (na/1)

Na++K+ Cl" S05" HCOi+COf" N0¡ (mg/l) (mg/l) (mg/i) Cmg/1) (mg/l)

Figure 5 - Diagramme S C H O E L L E R - B E R K A L O F F des eaux des Grès de Suchemont et des eaux fossiles du gisement.

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 16

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

L e dosage de micropolluants organiques et minéraux (phénols, cyanures, sulfo-cyanures,

hydrocarbures, métaux toxiques) ainsi que la mesure de la D C O ont également été effectués sur les

m ê m e s échantillons, mais aucune pollution particulière n'y a été mise en évidence.

Il est d'ailleurs assez peu probable qu'une pollution significative de ces eaux se manifeste à partir

des quelques types de produits utilisés au fond lors de l'exploitation (huiles hydrauliques, pâtes

salines anti-poussières, résines de consolidation,...), en raison de la très faible quantité relative de

ces produits qui a pu subsister après la fermeture des puits. D'autre part, il faut rappeler qu'aucun

produit inflammable (hydrocarbure notamment) ne pouvait être stocké dans les galeries pour des

raisons évidentes de sécurité.

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 17

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

3. REMPLISSAGE DES TRAVAUX ABANDONNÉS

Compte tenu de l'arrêt complet de l'exploitation et donc de l'exhaure, un remplissage naturel des

anciens travaux va s'opérer à partir des arrivées d'eau dont nous avons parlé dans le chapitre

précédent.

Cependant, ce remplissage naturel dont la durée risque d'être très longue pourrait être accéléré

artificiellement par injection d'eaux en provenance de la surface, ceci dans les différents buts

suivants :

• contenir les arrivées d'eaux de fond, probablement trop minéralisées, voire éventuellement

saumâtres, en compensant la charge hydrostatique des nappes profondes ;

• stocker de l'eau peu minéralisée mais de qualité moyenne (chargée en nitrates essentiellement) ;

• dénitrifier cette eau grâce aux conditions réductrices du milieu ;

• la réutiliser en surface, pour différents usages (industriel, soutien du débit d'étiage des cours

d'eau ou des canaux,. . .) .

3.1 - REMPLISSAGE N A T U R E L

3.1.1 -Vitesse prévisionnelle

Les vides résiduels sont :

- les vides "francs" conservés autour des puits,

- les vides laissés par les grosses artères qui desservaient les zones d'extraction (bowettes),

- les vides plus diffus résultant du m o d e d'exploitation (tailles foudroyées et décadrage depuis

1935) calculés d'après les quantités de charbon extraites, le calcul étant basé sur des

expériences d'ennoyage de mines après la fin de l'exploitation.

L a figure 6 schématise les divers modes d'interconnexion possibles entre les différentes fosses et puits d'exploitation.

Il faut par ailleurs signaler que le Bassin présente trois ensembles physiquement séparés (non

interconnectés), d'inégale importance (cf figure 7) :

• à l'Ouest, l'ensemble de F L É C H I N E L L E S - A U C H Y - a u - B O I S , très limité,

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 18

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

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Figure 6 - Coupe schématique montrant les systèmes d'interconnexion entre les différentes fosses dans la partie est du Bassin (d'après document CDF).

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 19

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I

Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

Ensemble occidental

Ensemble central

Ensemble oriental

\

\

Figure 7 - Carte des concessions et des trois ensembles séparés du Bassin.

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 20

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

• au centre, l'ensemble allant de F E R F A Y à H A V E L U Y - B L I G N I È R E S (concession d ' A N Z I N ) ,

le plus important,

• à l'Est, l'ensemble allant de A R E N B E R G - H É R I N à la frontière belge.

En considérant le volume total de ces vides et les débits d'exhaure connus pour chaque siège

d'extraction vers la fin de l'exploitation, les e x - H B N P C ont estimé que la durée du remplissage

complet des anciens travaux ne serait pas, en toute hypothèse, inférieure à 50 ans, mais

probablement sensiblement plus longue, sans que l'on puisse toutefois en fixer la valeur, en raison

notamment du manque de données précises sur l'état actuel du remplissage (au moins pour les deux

grands ensembles du Centre et de l'Est).

Pour fixer cependant les idées, le simple calcul arithmétique prenant en compte les données

suivantes :

• débit d'exhaure total = 20 000 nvVjour,

• volume de vides total = 1,8 milliard de m 3 (2,4 milliards de tonnes de charbon extrait),

donne une durée théorique se situant autour de 200 ans, durée qui pourrait être décomptée à partir

de maintenant, si le remplissage n'avait commencé qu'après la fermeture du dernier puits. Or , à ce

jour, il y a lieu de tenir compte du fait que le remplissage a démarré bien avant cette date, c'est-à-

dire dès le début de l'arrêt de l'exploitation, et, par conséquent, une partie des vides les plus

profonds est déjà remplie, sans que l'on puisse toujours en évaluer le pourcentage, pour les raisons

indiquées précédemment.

C e qui est par contre certain, actuellement, ce sont les observations suivantes :

• Jes puits de l'ensemble occidental ( F L É C H I N E L L E S , A U C H Y - a u - B O I S ) présentent des

niveaux d'eau à faible profondeur (20 à 50 m ) qui montrent que, dans ce secteur, les vieux

travaux sont déjà entièrement ennoyés,

• à l'inverse et hormis une quinzaine de puits isolés, également ennoyés ou supposés tels, ceux

des deux autres ensembles sont encore secs aux profondeurs suivantes :

- ensemble central : 830 m (au puits 4 Sud de D R O C O U R T , situé à M E R I C O U R T , qui

permet de contrôler tout cet ensemble et qui était sec en 1993 alors que les travaux dans ce

secteur se sont achevés en 1983),

- ensemble oriental : 334 m (au puits 3 d ' A R E N B E R G , dans lequel une tuyauterie a été

conservée).

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 21

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de chanson du Bassin Nord-Pas-de-Calais

3.1.2 - Niveau piézométrique final

E n fin de remplissage, le niveau statique de la Vnappe" qui se sera ainsi constituée, devrait

logiquement s'équilibrer avec celui de la nappe "encaissante" qui présentera à la fois la meilleure

communication hydraulique possible et la charge piézométrique la plus élevée. Les deux nappes

d'importance suffisante qui peuvent répondre a priori à ces deux critères sont, en l'occurrence, celle

de la craie et celle du calcaire carbonifère.

E n ce qui concerne la nappe de la craie, sa surface piézométrique évolue, dans sa partie libre,

entre les cotes + 20 et + 25 (comme l'illustre la figure 8, pour la partie orientale du Bassin), ce qui,

dans les zones topographiquement basses (vallées principales, marais, etc.), la situe en général à

moins de 5 m de profondeur. Ces données sont connues sur l'ensemble du Bassin.

La piézométrie de la nappe du calcaire carbonifère, par contre, n'est pas établie au droit du

Bassin c o m m e elle peut l'être par exemple dans le Toumaisis ou la région de L I L L E - R O U B A I X -

T O U R C O I N G où elle fait l'objet d'une intense exploitation depuis de nombreuses années (cf figure

9). Elle n'est en fait connue que dans les zones d'affleurement du réservoir dont la plus proche du

Bassin se situe près de P É R U W E L Z (cf figures 9 et 12). Dans ce secteur, la surface de la nappe,

avant le passage en captivité de cette dernière, semble osciller entre les cotes + 30 et + 25, avec un

sens d'écoulement orienté globalement vers l'Ouest (cf figure 9).

Elle est accessoirement connue dans le forage de recherche géothermique de C O N D É - s u r -

L ' E S C A U T où elle s'équilibre vers la cote + 20,75 (cf figure 10), ainsi que dans les quelques puits

isolés déjà cités qui furent autrefois entièrement noyés pour avoir touché le calcaire carbonifère.

Honnis les deux fosses St-Edouard et Etroeungt à A N I C H E , au Sud du Bassin, ces puits ennoyés

se situent aux combles nord du Bassin, là où le calcaire est moins profond et relativement aquifère.

Citons, notamment, les puits de A M E S n° 3, A U C H Y - a u - B O I S n° 3, L I È R E S n° 1, LIGNY-les-

A I R E n° 2 et 2 bis, A N N E Z I N n° 1, A N N O E U L I N n° 1, B R U I L L E - S t - A M A N D

n° 1, Q U I É V R E C H A I N n° 1 et 1 bis, St S A U L V E ) .

Les profils schématiques des figures 10 et 11 (réalisés d'après les coupes 22 et 48 de l'Atlas des

H O U I L L E R E S ) dont les tracés sont repérés sur la figure 13, montrent le plongement vers le Sud

du réservoir carbonifère, ainsi que sa remontée à l'affleurement, en B E L G I Q U E (secteur de

P É R U W E L T Z ) à l'extrémité de l'ensemble oriental.

Quelques mesures relativement récentes effectuées par les H O U I L L E R E S dans quelques-uns des

puits ennoyés précités, situés à l'extrême Ouest du Bassin, tendent cependant à indiquer des

niveaux d'eau proches de celui de la nappe de la craie dans ce secteur (cote voisine de + 50).

E n fait, trop peu de données existent à l'heure actuelle, à la fois sur la piézométrie de la nappe

du calcaire carbonifère, en profondeur, et sur les communications possibles entre la nappe de

la craie et les anciens travaux (cuvelages de puits non étanches, fissuration résiduelle des

dièves, etc..) pour qu'il soit possible de se prononcer sur l'équilibrage final des eaux de

remplissage avec l'une ou l'autre nappe.

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 22

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

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CARTE PIEZOMETRIQUE DE LA NAPPE DE LA CRAIE

>.«,— Limite du réservoir calcaire

Faille

ooooooo Limite nord du bassin minier

Limite d'extension des terrains du Secondaire

Courbe isopiëze de la nappe de la craie et sa valeur en metres

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Figure 8 - Carte piézométrique de la nappe de la craie dans la partie orientale du Bassin.

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 23

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

leper , I" ¡Vox

CARTE PIEZOMETRIQUE DE LA NAPPE DU CALCAIRE

liait« du calcaire

faille

Licite nord du betsln »inier

Calcaire carbonifère a 1'affleurement (tynclinel de Va*ur) Fallit du Hidi

Courbe itopleze de 1« nappe du calcaire (en • )

Courte Wopilit hjp«tWtI<iu« de la nappe du calc . (enmj |

Figure 9 - Carte piézométrique de la nappe du calcaire carbonifère dans la partie orientale du

Bassin.

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 24

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

.Sud-Est. _ Nord-Ouest _

Niveau piezometriquede (a nappe de la craie • 20,00 m env.

Forage géothermique de Condé-sur-l'Escaut ( G C N D 1) Niveau piezome'trique »20 ,75m.

ii * Niveau piezometrique du Calcaire Carbonifère »25 à 3+0,OOm.

FRANCE l BELGIQUE

PÉRUWELZ

-500-

-1000-

--500

.-1000

Figure 10 - Coupe 48 de l'Atlas H . B . N . P . C , simplifiée.

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 25

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

- S u d - -Nord-

Niveau piezometrique du Calcaire carbonifère ?

Puits 1 d'Annœulin

500

1500

1000-

500

1000

-1500

Figure 11 - Coupe 22 de l'Atlas H . B . N . P . C , simplifiée.

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 26

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

BELGIQUE

Echelle: 1/250 000

Figure 12 - Carte des système aquifêrcs crayeux.

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 27

LEGENDE

[ 261 Numéro de feuille au 1/50 000

(///¿/ Recouvrement tertiaire de la craie

*» Failles

^ * » Limites nord et sud du Bassin minier

_ _ _ . „ . Limite de système aquifère rT, et n° de code 001g

/ Sens d'écoulement naturel de la nappe de la craie

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

Ligny-Ies-Aires 2 - Puits ennoyés

Limite du Bassin Houiller

5 de Lens - Puits encore accessibles

G C N D I - Forage de recherche géothermique de Condé-sur-Escaut

Sondage de contrôle profond (à créer)

Tracé des profils géologiques 22 et 48 représentés en figures 10 et 11

Affleurements de Calcaire Carbonifère

Zones de prises d'eau possibles sur les voies d'eau principales

Figure 13 - Carte synthétique.

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

C e qui, par contre, est quasiment certain, c'est que le remplissage des vides par la nappe du calcaire

carbonifère devrait se faire au moins jusqu'aux morts-terrains (tourtia, dièves, craies) en raison

de la dénivellation importante entre la base de ces derniers et la surface piézométrique de la nappe à

l'affleurement.

Il est beaucoup moins vraisemblable, en revanche, que le niveau final de remplissage des mines

s'équilibre avec celui de cette nappe, étant donné l'importance très probable des pertes de charges

occasionnées au sein de cet aquifêre, à la fois par sa structure très compartimentée (donc très

anisotrope) et l'éloignement non négligeable de ses affleurements et, de ce fait, le risque de

débordement, au sol, de cette nappe peut -être considéré c o m m e pratiquement nul, sauf peut-être

toutefois dans la partie tout-à-fait orientale du Bassin (secteur de C O N D É - s u r - L ' E S C A U T situé à

faible altitude et proche des affleurements).

Il apparaît donc qu'il y aurait toutes les chances que le niveau de remplissage naturel finisse

par s'équilibrer avec celui de la nappe de la craie, dans la mesure toutefois, où, rappelons-le, des

communications nettes s'établissent entre les deux réservoirs, ce qui, pour le m o m e n t , ne peut être

formellement démontré.

3.2 - REMPLISSAGE PROVOQUÉ

L'accélération du remplissage, aux fins indiquées précédemment, ne peut a priori être provoquée

que par injection d'eau en provenance de la surface ou de la subsurface. Cependant, la

bibliographie sur ce sujet faisant défaut, nous ne pouvons exposer ci-après que des principes et des

idées générales.

3.2.1 - Origine de l'eau

Pour des raisons de coûts de transport essentiellement (transferts avec pompages, etc.), il est

indispensable que les eaux à injecter proviennent uniquement de l'aire d'emprise du Bassin minier

et, dans ce cas, elles ne pourront provenir que des cours d'eau (rivières, canaux), de la nappe de la

craie ou encore des zones basses d'accumulation d'eau pluviale (zones inondables nécessitant des

stations de relevage).

E n fait, il sera plus rationnel de les prélever plutôt dans les canaux principaux c o m m e ceux de la

Sensée et de la Deûle ou les rivières canalisées c o m m e l'Escaut, pour les raisons suivantes :

• ces voies d'eau constituent, en effet, le niveau de base général de la nappe phréatique

(principalement la nappe de la craie, accessoirement les nappes des sables tertiaires du Bassin

d'Orchies) et l'exutoirede la majorité des cours d'eau du Bassin minier ainsi que des stations de

relevage ; elles véhiculent donc la quasi-totalité des ressources renouvelables des bassins

versants concernés, hormis, bien entendu, les prélèvements par forages,

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• c'est, par le fait, dans ces voies d'eau que l'on pourra mobiliser ponctuellement les débits

instantanés les plus élevés et ainsi limiter le nombre d'ouvrages de prise d'eau et d'injection qui,

pour des raisons économiques, seront vraisemblablement les m ê m e s .

3.2.1.a - Aspect quantitatif

Les systèmes aquifères crayeux entrant dans l'emprise du Bassin minier sont délimités sur la carte

de la figure 12.

C e sont les suivants :

001 h (Gohelle-Est)

001 i (Ostrevent)

001 f (Gohelle-Ouest) pour 1/2 environ

0 0 1 g (Gohelle-Sud) pour 1/3 environ.

Le débit moyen de la ressource renouvelable globale interannuelle de ces systèmes a été évalué, lors

d'études antérieures (cf rapport B R G M R 31 961 N P C 4S 90), à 115 M m V a n . A ce chiffre, il

convient d'ajouter un volume d'eau complémentaire égal à environ 95 M m V a n , correspondant à la

pluie tombée en zone urbaine, en-dehors de la période des précipitations efficaces, et ayant ruisselé

vers les points bas où des stations de relevage les évacuent vers le réseau hydraulique superficiel.

C'est donc un volume moyen global de l'ordre de 210 M m 3 qui entre chaque année dans le système

de ressource évoqué précédemment.

Les prélèvements effectués dans ce m ê m e système sont évalués à 100 M m 3 / a n dont une part

importante, correspondant à l'eau non consommée ou non exportée, retourne au sein du système. Le

volume de la part d'eau effectivement consommée a pu être estimé à 16 M m 3 / a n environ, ce qui

confère au système aquifère une ressource nette globale de 99 M m 3 / a n , qui ajoutée aux

95 M m 3 / a n d'eau de ruissellement reprise par les stations de relevage, représente une disponibilité

de près de 195 M n v V a n sur l'ensemble du Bassin.

E n ce qui concerne maintenant le débit qu'il est nécessaire de maintenir dans les grands canaux

(Deûle, Sensée) pour permettre de satisfaire l'ensemble des besoins tout au long de leur cours aval

(eau potable, industrielle, agricole, navigation, ...), il est de l'ordre de 4 à 5 m 3 / s (soit environ

140 M m 3 / a n en moyenne), selon la Direction Régionale des Voies Navigables.

Il en résulte, toujours d'après les données de la D . R . V . N . , une disponibilité quasi-permanente se

situant entre 1 et 2 m 3 / s mais pouvant atteindre 3 m 3 / s selon la pluviosité annuelle. Ainsi, le

scénario de probabilité ci-après, apparaît-il plausible sur une décennie :

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 30

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Débit disponible

m 3 / s

0,5 2 3

Fréquence

années

3 4 3

Volume annuel M m 3

16 63 95

Total

M m 3

48 252 285 585

C'est donc sur un volume théorique moyen, proche de 60 MnvVan, que l'on devrait pouvoir compter

pour le remplissage des anciennes mines, sans nuire aux différents besoins et usages d'eau actuels,

en surface.

Cette estimation peut, certes, apparaître un peu trop grossière car trop globale, mais elle a au

moins le mérite de faire ressortir les ordres de grandeur.

Dans ce contexte, il faut donc entrevoir une durée de remplissage complet des anciens travaux,

voisine de 30 ans, en sachant cependant qu'il s'agit là d'une durée maximale, compte tenu des

réserves émises au § 3.1.1 à propos du degré de remplissage actuel.

C o m m e il a été dit au début du présent chapitre, c'est dans les principaux canaux et cours d'eau que

le débit à injecter devra être prélevé, en particulier :

• dans le canal de la Deûle, entre D O U A I et W I N G L E S ,

• dans le canal d'Aire, dans le secteur d ' A U C H Y - l e s - M I N E S / C U r N C H Y ,

• dans le canal de l'Escaut, entre L O U R C H E S et V I E U X - C O N D É ,

c o m m e l'indique la carte schématique de la figure 13.

3.2.1.b - Aspect qualitatif

E n ce qui concerne l'aspect qualitatif, l'eau de la nappe de la craie, dans le Bassin minier, est

principalement chargée en nitrates d'origine urbaine, industrielle et dans une moindre mesure,

agricole, teneurs se situant entre 35 et 100 mg/1 et dépassant parfois cette valeur.

Cependant, elle peut, très localement, présenter une contamination par micropolluants organiques, consécutive à l'activité industrielle passée (par exemple, friche d'anciennes cokeries, centrales thermiques,...).

Les cours d'eau issus de ces systèmes aquifères ainsi que, partiellement, les canaux qui s'y

alimentent, reflètent cette qualité, mais avec un degré de dilution plus ou moins élevé.

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3.2.2 - Avantages

L'un des principaux avantages du remplissage provoqué serait bien entendu de pouvoir disposer,

sous l'emprise du Bassin minier, d'un stock d'eau très volumineux contrôlable et disponible en

permanence.

Parallèlement, le remplissage rapide permettrait de limiter sensiblement, voire supprimer, les

arrivées d'eau profondes, probablement trop minéralisées, par simple contre-pression et différence

de densité. D'autre part, les conditions réductrices du milieu devraient logiquement avoir une action

dénitrifiante certaine sur les eaux injectées.

U n autre avantage, enfin, et non des moindres, serait de neutraliser l'atmosphère actuelle contenue

dans les vides, que l'on ne connaît pas bien (présence de grisou notamment, en plus ou moins forte

teneur).

3.2.3 - Inconvénients ou difficultés possibles

E n ce qui concerne le réservoir, les inconvénients du remplissage provoqué relèvent

essentiellement du fait que celui-ci n'est ni neutre ni totalement étanche et qu'en conséquence, il est

très difficile de savoir comment, lors de la montée en pression des gîtes, les remblais vont se

comporter et quelle sera d'une manière générale la tenue des travaux.

Actuellement des fuites faibles de gaz, non mesurables, existent mais elles ne sont pas nuisibles (les

pressions sont contrôlées sur un certain nombre de forages de dégazage qui atteignent les parties

hautes du gisement).

A ce propos, il faut signaler que le grisou est actuellement capté et utilisé en plusieurs endroits du

Bassin : D E S I R E E - L A N A V I L L E près de L O U R C H E S (centrale d ' H O R N A I N G ) , 5 de Bruay à

D I V Î O N , 7 de Liévin et 5 de Lens à A V I O N , par plusieurs sociétés ( G A Z O N O R , M É T H A M I N E ,

. . . ) , et que le remplissage accéléré des anciens travaux entraînerait, outre les risques liés aux

incertitudes précédemment évoquées, la suppression prématurée de tous ces captages de gaz,

avec toutes les conséquences économiques et techniques qui en découleraient.

Toujours dans le m ê m e ordre d'idée, l'injection proprement dite de l'eau et son pompage ultérieur en

vue de sa réutilisation et donc le battement de son niveau, risquent d'induire des ravinements au

sein des anciens travaux, là où les vitesses de circulation du fluide seront élevées.

U n autre aspect des inconvénients liés au réservoir, réside dans le fait qu'il n'est pas certain que les

eaux de fond et les eaux injectées ne se mélangent pas, au moins par simple diffusion, ce qui

pourrait alors diminuer singulièrement l'intérêt de l'opération de stockage sur le plan qualitatif.

BRGM -R37 942 SGR-NPC 32

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E n ce qui concerne les eaux de remplissage, un inconvénient majeur apparaît également. E n effet,

les 60 M m 3 annuels moyens précédemment évalués c o m m e ressources disponibles en eau

superficielle (systèmes aquifêres crayeux) ne permettent absolument pas d'envisager le remplissage

de plus de 1,8 milliard de m 3 en moins d'une vingtaine d'années, au mieux. Pour le remplir en 10

ans, par exemple, il faudrait disposer de 140 à 150 M m 3 par an, ce qui est a priori exclu au droit

du Bassin et aux abords immédiats où la nappe de la craie est déjà très sollicitée, notamment pour

l'adduction d'eau potable.

Seuls des transferts d'eau via les cours d'eau ou les canaux, à partir d'autres systèmes de

ressources, permettraient éventuellement de résoudre ce problème.

E n outre, il y a lieu de souligner que la grande majorité des puis de mines ayant été remblayés,

l'opération de remplissage provoqué nécessitera la création d'un certain nombre d'ouvrages

d'injection, relativement conséquents et sophistiqués (donc coûteux) car ils devront pouvoir être

aussi utilisés c o m m e captages.

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

4. PERSPECTIVES ET PROPOSITIONS

M ê m e si les avantages du remplissage accéléré des anciennes mines, énumérés précédemment,

paraissent très séduisants (disposer d'une très grosse réserve d'eau de qualité a priori moyenne à

relativement bonne), il s'avère que trop d'inconnues existent à l'heure actuelle sur des points

importants qui peuvent, le cas échéant, être rédhibitoires pour la réalisation d'un tel projet, en

particulier :

• la tenue des anciens travaux et l'évolution de l'atmosphère grisouteuse,

• le devenir de la qualité finale de l'eau stockée,

• la mobilisation, en surface, des ressources en eau nécessaires pour accélérer le remplissage du

réservoir minier dans un laps de temps inférieur ou égal tout au plus à 10 ans.

O r , nous l'avons vu, il n'existe dans la bibliographie, aucune publication apportant des indications

sur ce sujet, tout au moins pour ce qui concerne les anciennes mines de charbon.

Il semble donc qu'avant d'envisager un projet aussi ambitieux, il soit nécessaire de procéder à un

certain nombre d'études et de contrôles portant non seulement, d'un côté, sur la stabilité générale du

réservoir et de l'autre, sur l'évaluation précise et le choix des ressources en eau d'injection, mais

surtout et peut-être avant tout, sur ce qui se passe actuellement au fond (ensembles du Centre et de

l'Est) en matière de profondeur de l'eau, de vitesse de remontée et de qualité physico-chimique.

Pour ce faire, il serait nécessaire de créer un réseau de surveillance profond approprié qui pourrait

être composé de 5 à 6 points au total (puits encore accessibles + piézomètres spécifiques). Sur ces

points d'observations, des prélèvements pourraient être effectués pour analyses. L e plan de la figure

13 indique l'emplacement proposé de ces points de contrôle.

Le raccordement des têtes d'ouvrages à un nivellement général permettrait par ailleurs de

comprendre le cheminement de l'eau du fond et la façon dont la mine se remplit.

L a connaissance de ces phénomènes constitue en fait un préalable indispensable à la poursuite de

l'étude du remplissage provoqué.

Les puits encore accessibles sont les suivants (cf plan de la figure 13) :

Puits ouverts :

• les deux puits de V I M Y (profonds de 549 et 1 119 m ) , mais ils n'ont pas fait l'objet d'une

exploitation de gisement,

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 34

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• les deux puits de LIGNY-les-AIRE (puits 2 et 2 bis profonds de 567 et 406 m ) , mais ils n'ont

été l'objet que d'une relativement modeste exploitation (6 millions de tonnes),

• le puits 3 d ' A U C H Y - a u - B O I S (profondeur 484 m ) , mais un établissement ( l 'AVENIR

R U R A L ) est déjà installé sur le site.

Puits à serrement :

Pour ces puits, l'accès à d'éventuelles mesures nécessiterait un certain nombre de précautions car,

en effet, ils sont :

• soit situés dans le périmètre d'influence de la dépression provoquée par l'exploitation du gaz

par MÉTHAMINE, comme :

- le puits 24 d ' E S T E V E L L E S (profondeur 660 m ) ,

- le puits 4 Sud de D R O C O U R T , situé à M É R I C O U R T (profondeur 830 m ) ;

• soit équipés d'extracteurs de grisou, c o m m e :

- le puits 5 de L E N S , situé à A V I O N (profondeur 971 m ) ,

- le puits 7 bis de LIÉVIN, situé également à A V I O N (profondeur 929 m ) .

Toutefois, si ce dispositif déjà existant s'avère, dès à présent, suffisant pour contrôler l'ensemble

occidental (puits de LIGNY-les-AIRE et d ' A U C H Y - a u - B O I S ) et l'ensemble central (le puits le plus

profond : 4 Sud de D R O C O U R T , toujours sec à 830 m en 1993, fournit déjà une indication "par

défaut" sur le niveau de remplissage), il ne permet, par contre, pas de surveiller la remontée de l'eau

au fond des anciens travaux de l'ensemble oriental. Pour ce secteur, en effet, il n'existe c o m m e

moyen de mesure, qu'une tuyauterie conservée dans le puits 3 d ' A R E N B E R G , qui ne descend qu'à

334 m de profondeur. Certes, il existe bien un certain nombre de sondages de décompression des

gaz dans cette partie du gisement, mais, d'une part, ils n'atteignent que les points hauts des anciens

travaux, d'autre part, la lenteur des phénomènes fait que les mesures de pression effectuées à ce

jour n'apportent aucune indication.

U n sondage spécifique doit donc être envisagé dès que possible dans l'ensemble oriental pour

parfaire le réseau de contrôle sur la totalité du Bassin.

D'après le Service Technique des sites miniers de C H A R B O N N A G E S D E F R A N C E ,

l'emplacement le plus approprié pour réaliser un tel ouvrage, qui permette de concilier les divers

impératifs suivants :

- vieux travaux à atteindre relativement profonds et en interconnexion avec les autres travaux du

m ê m e ensemble,

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 35

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

- absence d'exploitation entre l'objectif visé et le sol (terrains naturels en place),

- bonne accessibilité au sol,

serait situé à l'Est immédiat de la localité de W A L L E R S .

Il concernerait la fosse Arenberg (en l'occurrence la Veine Bernard, 7e plat, taille 12, située à 600

m de profondeur) qui communique avec les fosses voisines (Sabatier, Ledoux, etc.) . Cette fosse

ayant, par ailleurs, fait l'objet d'une étude sur la faisabilité d'une modélisation de la remontée de

pression des gaz dans les anciens travaux miniers, par l ' E C O L E D E S M I N E S de P A R I S , une

instrumentation appropriée permettrait, parallèlement au creusement du sondage, d'y réaliser les

tests et prélèvements nécessaires à la détermination ou à la vérification de certains des paramètres

entrant dans cette modélisation (porosité et perméabilité des terrains affectés et des terrains en

place, caractéristiques géomécaniques, etc.).

E n ce qui concerne la fréquence du contrôle (mesure de niveau et prélèvement pour analyse), celle-

ci pourrait, dans un premier temps, être relativement élevée (bi ou trimestrielle, par exemple) pour

pouvoir être mieux optimisée ultérieurement (semestrielle à annuelle).

L e contenu de l'analyse d'eau devrait logiquement comporter, outre les paramètres physiques et les

teneurs en ions majeurs, la concentration des matières organiques susceptibles de provenir des

produits utilisés au fond.

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

CONCLUSIONS

Loin d'être inintéressante en soi, et malgré les avantages réels qu'elle suscite (gros volume d'eau

contrôlable et disponible en permanence), l'idée d'accélérer le remplissage des anciennes mines par

de l'eau de surface ou de subsurface, dans un but de stockage puis de réutilisation, voire

éventuellement de dénitrification, présente, dans l'état actuel des connaissances sur le sujet, que ce

soit d'une manière générale ou sur le Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais en particulier, un certain

nombre d'inconvénients et beaucoup d'inconnues qu'il y aurait lieu de lever avant d'élaborer tout

avant-projet en la matière.

Ces inconnues portent essentiellement sur :

• l'état actuel du remplissage naturel et la composition de l'eau du fond,

• la tenue mécanique des anciens travaux et l'évolution de l'atmosphère qu'ils renferment,

• l'évolution physico-chimique de la qualité des eaux injectées pendant et à la fin de leur

stockage,

• le type, la qualité originelle et la quantité des ressources en eau de surface ou de subsurface

mobilisables pour accélérer le remplissage des mines.

Des études appropriées devraient donc être menées sur ces différents points. Par ailleurs, la mise en

place d'un réseau de surveillance profond (5 à 6 piézomètres ou anciens puits encore accessibles)

permettrait déjà d'avoir des informations sur la remontée naturelle de l'eau et l'évolution de sa

qualité. Les parties occidentale et centrale du gisement étant déjà pourvues de points d'observation

appropriés, seul l'ensemble oriental nécessite la création d'un sondage de contrôle profond.

Dans l'état actuel des connaissances, on estime que la durée théorique du remplissage naturel

devrait être nettement supérieure à 50 ans (sauf dans l'extrême Ouest du Bassin où les puits sont

déjà pleins d'eau).

E n tout état de cause, cette durée, à dater de maintenant, ne pourrait guère être descendue en-

dessous d'une vingtaine d'années par un remplissage provoqué, compte tenu des ressources

moyennes en eau, disponibles en surface.

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 37

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

E n ce qui concerne le niveau piézométrique final du réservoir houiller, l'absence de mesures

précises et suffisamment bien réparties concernant la nappe du calcaire carbonifère ainsi que le

manque de connaissances sur l'état des communications hydrauliques éventuelles entre la nappe de

la craie et les anciens travaux (étanchéité des puits et des morts-terrains, dièves en particulier), ne

permettent pas à l'heure actuelle de prédire que l'équilibrage des eaux de remplissage se fera avec

l'une ou l'autre des deux grandes nappes concernées. D'après les quelques données existantes, il est

cependant très vraisemblable que ce niveau finisse par s'équilibrer plutôt avec celui de la nappe de

la craie, sauf peut-être dans la partie la plus orientale du Bassin, relativement proche des

affleurements de calcaire carbonifère.

Le remplissage provoqué permettrait, par contre, de maîtriser ce niveau en permanence.

Sur le plan qualitatif, enfin, il s'avère que les eaux profondes soient plutôt sulfatées ou chlorurées

sodiques et relativement minéralisées (plusieurs g/1), contrairement à celles de la craie qui

présentent un faciès bicarbonaté-calcique caractéristique et un résidu sec nettement inférieur. Des

analyses récemment pratiquées sur l'eau des puits de l'ensemble occidental n'ont, par ailleurs,

montré aucune trace de pollution liée à des produits laissés au fond des mines, et il est très

vraisemblable qu'une contamination de ce type s'avère très négligeable voire nulle, en fin de

remplissage.

Dans le cas d'un remplissage naturel, les eaux de la nappe de la craie ne pourront voir leur

composition chimique modifiée et, éventuellement, leur qualité altérée par celles du réservoir

houiller que si ces dernières viennent se déverser dans l'aquifère crayeux d'une manière relativement

massive, ce qui suppose un excédent de charge significatif des eaux du fond par rapport à celles de

la craie et une bonne communication entre les deux aquifères. O r , les quelques données

piézométriques fiables connues tendent à montrer, c o m m e indiqué précédemment, que la nappe

profonde devrait finir, au mieux, par s'équilibrer avec celle de la craie et, dans ce cas, les échanges

entre les deux resteront limités aux abords des puits au cuvelage non étanche.

Dans le cas d'un remplissage provoqué, ces faibles risques de mélange pourraient, en revanche, être

diminués, voire annulés, par la simple maîtrise des niveaux de la nappe profonde.

Dans l'immédiat, une surveillance piézométrique et physico-chimique de la nappe de la craie, à

proximité immédiate des quelques puits déjà ennoyés, permettrait probablement d'acquérir une

certaine connaissance de ces communications éventuelles entre aquifères et des mélanges d'eau qui

en résultent.

E n résumé, l'ennoyage naturel des anciennes mines est un phénomène très lent dont la durée totale

prendra plusieurs décennies, peut-être m ê m e plus d'un siècle.

Malgré le m a n q u e actuel de données, il est probable que le niveau final de remplissage ne dépasse

pas, globalement, celui de la nappe de la craie et que la qualité future de cette dernière ne soit que

très peu affectée par d'éventuelles communications entre les réservoirs, communications qui

devraient logiquement demeurer très ponctuelles (puits non étanches, essentiellement).

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

Dans ce cadre, une surveillance parallèle des eaux profondes et de la nappe de la craie, portant à la

fois sur leur piézométrie et leur qualité physico-chimique, serait, dans tous les cas, souhaitable.

L e remplissage provoqué, malgré les nombreuses difficultés de mise en oeuvre qu'il pourrait

présenter, liées aux inconnues actuelles sur la réaction générale du milieu vis-à-vis d'une montée et

d'une circulation rapides des eaux, ainsi que sur la ressource réellement disponible en eau de

surface à injecter, aurait au moins, quant à lui, l'avantage, entre autres, de mieux maîtriser les

différents phénomènes induits.

J.Y. C A O U S

Ingénieur hydrogéologue B R G M S G R - N P C

J. LEPLAT

Ingénieur géologue B R G M S G R - N P C

BRGM - R 37 942 SGR-NPC 39

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ANNEXES

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

REMONTEE DES EAUX DANS LES ANCIENNES MINES DE CHARBON DU BASSIN DU NORD ET DU PAS-de-CALAIS

PROJET DE SUIVI DE LA REMONTEE NATURELLE

REFLEXION SUR LES AVANTAGES ET LES INCONVENIENTS D'ACCÉLÉRER LE REMPLISSAGE PAR

INJECTION D'EAU DEPUIS LA SURFACE

ANNEXE I

STRATIGRAPHIE DU HOUILLER DU NORD DE LA FRANCE

BRGM - R 37 942 SGR-NPC

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Remontée des eaux dans les anciennes mines de chanson du Bassin Nord-Pas-de-Calais A N N E X E I

Valence qrii de Matilde -

Ulric

EsUieria Simoni S

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grès de orillante Talence -f

quebec v Prudence '•«

grès d e S l t C r o i i ^

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Patrice

grès de S 1 Jacques Haltnce Maurice Luce

¿sitiería et Mathieu

Esther* cf Mathieu

Laurence

Hermanee Florence Esperance Durance Constance

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Basilic

grit de Rimbert .RIMBERT

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& - « • • «

ya?/^ N y WESTPH" C Assise de Bruoy

Antoinette , . . , . .

charlolie Í Henin - Lietord )

Marthe

Françoise

Julie

Matilde

Auous/ine

Cécile

S^Barhe

Josephine

Beaumont Leonard

Amé, . Euoénie Adelaide . . Intermédiaire. Louise

Désirée

Brillante Isabelle Filonnière Lucie

S*Antoine

S1 Nicolas

SlEmmanue( ¿'Charles S'/farc iSHéon S'A/órrt

S**Croix

S Julien ¿tOeoryes •^Edmond ¿'Jean

s'/iarcel ¿'Alfred ó'tatarr

Trois Sillons S*Berthe

S Geneviève S\Maurice ¿"Denise

SlJacoues

S"Jacoue/ihe Aliraoue s'Suiks , ¿"Juliette 5'Alphonse

SfAugustin,. S1 Jew Bêptisle S1 Etienne. srRému , s'Vincent-Petite Veine, nouvelle Veine 6* Eugène

S Gaston

LEGENDE

Veine de houille Niveau à faune d feu douce

• • • •

Gres Tonstein

Niveau marin. Niveau à goniatites Banc calcaire

WE5TPHN A Assise de Vicoigne

Assis« de Flines pro parte

(Douai)

NAMURIEN Assise de Flines propârte

Assise de Bruillt

(Valenciennes Douai J

POISSONNIERE

. WESTPHN B

Assise d'Anzin

( Douai)-

Julia

Qraziella

RIMBERT

Werbe M"V"V

Malherbe

WINGLES

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Faidherbe

Danube

Colombe

POISSONNIÈRE

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Fabiola

PASSEE DC lAURE

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Joffre

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Edouard C Emile

N'¥ •// Camille ßerihe Albert-Annu

He/iculoçerus _ méfabilingue — ~

froductut Corruoacus

Reticulorenas gr. nodosum-

Productui à test 6lanc •§

Martmi* oloóera HomoccPdÇ magistrorum Honoetràieides prertticvldhm Hffmocera) undubtuni Hudsonorerés proleum

N'2 N'1 Déjardin dtChatenau Lai lier -3

Lefrançois delauens .

Wavrechain . V'"drWanec/iam

Bernicourt

Custers

tt'13 Delloue Ninenoeue

V'ndeft>issr.*

Homoceras ij beyrichianum

Eumorphocems > bisulcatum

CAlCAlRE CARBON¡F¿R¿L

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AttSfA

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Poissonnière

Chandeleur Ernest Custoza laSrrre

Grand Moulin ' PtUtsllIon

NU* Veine Ferdinand

S^dedeSess deSesseval/e Vuilkmin Modeste toit ModeAtc

Noél.e

Cécile toit CtCll« Sébastien Vmd'Hélène ftéiêre. flarcel tldrcrl rnur Pierre

Banc Iniei A

S Geiroes

Voisin

Wistphn C. Epaisseur: 690- 1300m

Wwtph" B. Epaisseur : SSO - eoom

W t $ p h n

Epaisseur: 13 S- 'tSom

Namur" Epaisseur: 6S~. 7oom

Assise >. de - - - •

Bruay

Assise

d'Anzin

Assise . de

Vicoigne

Assise

-r-de-—

Flines

Assise de

ßruille

Faisceaux

Edouard"

Ousouicn

Ernestine

J30 - 260 m

2O0~ 2SOm

220- 360 m

¿ix<S/llons

Pouilleuse

Meunière

chandefeur

210. eZOm

9 O C tOO • 3SOm

« O V . fiO '. 370m

O O îl SO . ZbOn,

Tonslein Olr/c

Tonstein Tâ/ence

Tonstem fàlrice

Rimberl (Aegir)

Winqles

rtodesiff

Oh tympt

Marie

6f6< eorji es

Stérile '1

3o . ISOm tJ V f TS -90m

a..«..«..6

tZ-3>*Om 6 . a. e'. e 12 - ?20/r»

6 6 a e 8 - 1Uom

Poissonnière

(Kslnarinoj

TbnSlein Grazîellè Passée de usure

(Wdsser/al/J.

Dinonl ' Calcaire carbonifère Horizon à G.Spirate

BRGM - R 37 942 SGR-NPC

Page 45: NORD PAS-DE-CALAISinfoterre.brgm.fr/rapports/RR-37942-FR.pdf · Comme le montre la figure 1, le Bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais s'étend d'Ouest en Est sur une longueur

Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais

REMONTEE DES EAUX DANS LES ANCIENNES MINES DE CHARBON DU BASSIN DU NORD ET DU PAS-de-CALAIS

PROJET DE SUIVI DE LA REMONTEE NATURELLE

REFLEXION SUR LES AVANTAGES ET LES INCONVENIENTS D'ACCÉLÉRER LE REMPLISSAGE PAR

INJECTION D'EAU DEPUIS LA SURFACE

ANNEXE II

REPRÉSENTATION SCHEMATIQUE DES AQUIFERES DU

BASSIN HOUILLER DU NORD DE LA FRANCE

BRGM - R 37 942 SGR-NPC

Page 46: NORD PAS-DE-CALAISinfoterre.brgm.fr/rapports/RR-37942-FR.pdf · Comme le montre la figure 1, le Bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais s'étend d'Ouest en Est sur une longueur

Remontée des eaux dans les anciennes mines de charbon du Bassin Nord-Pas-de-Calais A N N E X E II

Sables "d'Ostricourt

L A N D E N I E N (TERTIAIRE)

SENONŒN

TURONIEN

CENEMANIEN

ALBIEN

O U W m w

Ö ) N a p p e des sables landéniens

Q (5) N a p p e de la craie séno-turonienne

g (5) N a p p e de la craie cénomanienne

>jv N a p p e des sables Wéaldiens ^ (Torrent d'Anzin)

( D N a p p e des grès houillers

® N a p p e du Calcaire Carbonifère

SUBSTRATUM PROFOND C A L C A I R E C A R B O N I F E R E - D I N A N T I E N

Les échelles ne sont pas respectées

BRGM - R 37 942 SGR-NPC

Page 47: NORD PAS-DE-CALAISinfoterre.brgm.fr/rapports/RR-37942-FR.pdf · Comme le montre la figure 1, le Bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais s'étend d'Ouest en Est sur une longueur

R 37 942 SGR 94 NPC