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Nos docteurs ont plus d’un talent ! Cahier spécial réalisé en partenariat avec PhDTalent Career Fair 16 octobre 2015 - 9 h 00 à 18 h 00 Cité internaonale universitaire de Paris 17 boulevard Jourdan - 75014 Paris Forum de recrutement dédié aux docteurs en partenariat avec avec le souen de www.phdtalent.org Septembre 2015 Ne peut être vendu Édition française de Scientific American

Nos docteurs ont plus d’un talent - Le Doctorat à l ... · sa présentation est claire, drôle, originale, passionnante. Grégory, ... cycle qui ouvraient automatiquement la voie

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Nos docteurs ont plus d’un talent !

Cahier spécial réalisé

en partenariat avec

PhDTalent Career Fair16 octobre 2015 - 9 h 00 à 18 h 00

Cité internationale universitaire de Paris17 boulevard Jourdan - 75014 Paris

Forum de recrutement dédié aux docteurs

en partenariat avec

avec le souti en de www.phdtalent.org

Septembre 2015 Ne peut être vendu

Édition française de Scientific American

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2] USPC © Pour la Science 2015

Obtenir un doctorat aujourd’hui exige persévérance, autonomie, adaptabilité, expertise… et une vraie individualité. Des qualités précieuses sur le marché du travail.

À l’aise avec le sens de la formule, Grégory Pacini tient son auditoire en haleine. L’exercice

n’est pourtant pas simple : ce doctorant représentant de l’université Sorbonne Paris Cité (USPC) a 180 secondes pour présenter son sujet de thèse sur le « Rôle d’EHD4 dans la régulation du facteur de restriction du VIH-1 : BST2 », et convaincre le jury de l’édition 2015 du concours « Ma thèse en 180 secondes ». Pari réussi : sa présentation est claire, drôle, originale, passionnante. Grégory, un des lauréats du concours, fait ainsi voler en éclats l’image passéiste du chercheur emmuré dans une tour d’ivoire et coupé de la société. Les qualités acquises au cours d’un doctorat, loin de rendre les docteurs

inadaptés au marché du travail, forgent aujourd’hui des compétences très prisées par les entreprises ambitieuses. « Le point clef dans une thèse ce n’est pas la spécialisation mais la formation qu’elle représente : autonomie,

Doctorat : l’atout

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pour sortir du lot Par Marie Zawisza

GRÉGORY PACINI (à gauche) a reçu le 3e prix lors de la finale nationale de « Ma thèse en 180 secondes ».

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USPC [3© Pour la Science 2015

Dossier spécial

maturité, gestion de projet, ouverture d’esprit », observe Didier Roux, membre de l’Académie des sciences et directeur de la recherche et du développement et de l’innovation chez Saint-Gobain, leader mondial de l’habitat.

10 000 thèses par anL’image du chercheur ultra-spécialisé, menant une vie monacale pour le seul amour de la science, a encore la vie dure. Pourtant les docteurs intègrent de plus en plus le monde de l’entreprise. Aujourd’hui, quatre à six ans après leur thèse, seuls 39 % d’entre eux intègrent la recherche publique : 21 % travaillent dans des départements de recherche au sein du secteur privé, et près de 28 % y occupent des postes hors recherche, d’après une étude de l’Agence pour l’emploi des cadres (Apec) publiée en janvier 2015. Un choix par nécessité, lié à la raréfaction des postes à pourvoir dans les laboratoires de recherche ? En partie, peut-être. Car si au milieu des années 1960 on délivrait chaque année environ 500 doctorats de troisième cycle qui ouvraient automatiquement la voie à une carrière universitaire, aujourd’hui, près de 10 000 thèses par an sont soutenues en France – pour 2 000 à 3 000 postes proposés dans l’enseignement supérieur et la recherche publique en France. D’après la même

L e doctorat, une tour d’ivoire ? Marguerite Leenhardt

témoigne du contraire. En 2012, avec son condisciple Gaël Patin, cette jeune femme passionnée par les traitements automatiques des langues a fondé XiKO, une société qui propose à ses clients une technique de sondages « nouvelle génération ». Le principe : analyser les conversations spontanées des internautes sur le Web et les réseaux sociaux, à des fins de recherche commerciale. Les compétences de Gaël et Marguerite sont complémentaires. Elle, doctorante à Sorbonne Nouvelle-Paris 3, est linguiste. Lui a soutenu son doctorat sur le traitement automatique du chinois à l’Inalco : il est informaticien. « S’il n’y a pas de recherche au sein de l’entreprise, on s’ennuie… et s’il n’y a pas de pression opérationnelle dans la recherche, on s’ennuie aussi ! » s’amuse Marguerite. Comme Gaël, elle a mené ses recherches en entreprise dans le cadre d’une bourse Cifre, dans la continuité des stages qu’elle a eu à cœur d’effectuer tout au long de ses études. Avec un pied dans l’entreprise au cours de leurs études, les deux associés ont ainsi constitué très tôt leurs premiers réseaux professionnels, tout en analysant les besoins des sociétés liés aux Big Data. Un jour, sans se concerter, les deux universitaires s’inscrivent à un concours de création (fictive)

d’entreprise, « 24 heures chrono de l’entrepreneuriat, édition spéciale doctorants Cifre », organisés par Novancia et l’ANRT (Association nationale de la recherche et de la technologie). Ils se prennent au jeu. XiKO voit le jour quelques mois plus tard. Leurs clients ? Orange, AuFeminin.com, Reed Expositions France, Nestlé, la SNCF ou encore les instituts de sondage IPSOS et IFOP. En 2014, l’entreprise de Marguerite Leenhardt et Gaël Patin est lauréate du concours mondial de l’innovation 2030 de l’Élysée dans cette catégorie. Et pour cause : ce duo de choc a mis au point un moteur sémantique qui ne se contente pas d’extraire des données grâce à des lexiques ou des dictionnaires, mais découvre des informations et des connaissances sans précodage, dans toutes les langues. Et ces deux associés ne se contentent pas de vendre un service : ensemble, ils ne cessent d’inventer de nouveaux composants logiciels, dont ils exploitent les prototypes dans leurs études, pour améliorer leur moteur sémantique… en cours de commercialisation. Ou comment innover au sein d’une start-up.

Marguerite Leenhardt, spécialisée en traitement automatique des langues, cofondatrice de XiKO.

Quand doctorat rime avec entrepreneuriat

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4] USPC © Pour la Science 2015

Kathleen Zylbersztejn,Chef de service chez Cognizant, docteure en neurosciences et biologie cellulaire, de l’université Paris Diderot.

Mon métier ? Paramétrer des logiciels en fonction

des ‘‘besoins métiers’’ des entreprises au sein d’une société de services en ingénierie informatique. Après la prestigieuse école d’agronomie AgroParisTech, j’ai voulu soutenir une thèse en neurosciences et biologie cellulaire, un domaine qui me passionnait. Mais j’ai peu à peu compris que la recherche fondamentale n’était pas faite pour moi. Je veux une vie équilibrée, avec plus de reconnaissance pour mon travail. J’aime obtenir et présenter des résultats. C’est pour cela que j’apprécie le secteur privé, même

si mon poste actuel se situe à 180° de mes recherches doctorales sur le guidage et la régénération de l’axone !

Au cours de ma thèse, j’ai cependant acquis des compétences précieuses que je mets au service de mon entreprise : une grande efficacité et la capacité de trouver des solutions face aux difficultés. J’ai acquis un savoir-être : j’apprends plus vite, et j’ai plus d’autonomie que d’autres, ce que mes employeurs apprécient. Je suis aussi plus mature dans mon organisation et mon rapport aux autres : en collaborant avec des scientifiques, j’ai appris

à coordonner des équipes en faisant apparaître à chacun le bénéfice mutuel du travail en commun. Les docteurs ne sont pas des ‘‘juniors’’ qui sortent d’études. Si je regrette certes les

neurosciences et la biologie, je goûte la joie de l’interaction avec mes collègues. À terme, je voudrais gérer des projets pour des entreprises pharmaceutiques, ou liées à la biologie. »

« J’ai acquis un savoir-être »

étude de l’Apec, 31 % des doctorants ayant un projet professionnel envisageraient aujourd’hui une carrière dans le secteur privé dès le début de leur thèse. L’idée en vogue des années 1960 selon laquelle les chercheurs refusaient de se « compromettre » avec le « capital » n’est plus d’actualité. Par ailleurs, toujours plus en relation avec la société, les universités conduisent des changements significatifs dans les études doctorales pour renouveler leur pertinence et attractivité. « Nous sensibilisons nos doctorants à l’entreprise tout au long de leur doctorat… et parallèlement nous interpellons les entreprises sur les compétences des docteurs », explique Thomas Coudreau, directeur du collège des écoles doctorales de USPC.

Une formation professionnalisante

Cette réflexion autour de l’emploi post-doctoral s’observe à l’échelle de la planète. « Nous dialoguons régulièrement avec nos homologues américains ou allemands autour de la nécessité de jeter des ponts entre l’université et l’entreprise, et pas seulement en recherche

L’EMBAUCHE D’UN JEUNE DOCTEUR, UN AVANTAGE FISCALRecruter un jeune docteur dans une activité de recherche et développement permet à l’entreprise de bénéficier du crédit impôt recherche (CIR) valorisé de la manière suivante :

200 % sur le salaire et frais de fonctionnement pendant deux années sur les activités éligibles

au CIR (contre 50 % pour les chercheurs, ingénieurs, techniciens).Bases classiques du CIR de 100 % des dépenses salariales et de 50 % de frais de fonctionnement au-delà de la deuxième année.Ainsi, pour un jeune docteur à 100 % sur une activité éligible au CIR, seulement six semaines sur les deux premières années de travail sont réellement à la charge de l’employeur, contre plus de un an pour un autre profil d’ingénieur/chercheur.Par ailleurs, une entreprise qui embauche un docteur est également susceptible de toucher le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), à hauteur de 6 % du salaire brut dans la limite de 2,5 SMIC.

Le saviez-vous ?

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USPC [5© Pour la Science 2015

chiffresEn

et développement (R&D). Il s’agit réellement d’une problématique internationale », observe Jean-Yves Mérindol, président de USPC. En Grande-Bretagne, des centres de formation doctorale visent désormais à apprendre aux doctorants à travailler au sein d’équipes transdisciplinaires et à leur faire acquérir des compétences qu’ils pourront exploiter dans l’industrie, avec laquelle ils apprennent à collaborer. En France, les écoles doctorales vont encore plus loin. Elles encadrent les doctorants non seulement dans leurs recherches, mais veillent aussi directement à leur insertion professionnelle. Y compris pour la recherche fondamentale, un chercheur doit connaître la gestion, la conduite de projets et le management nécessaire à tout travail de cadre. La durée moyenne d’une thèse est aujourd’hui de 3,7 ans (source : MESR 2013), au cours desquels les doctorants sont généralement tenus de préparer déjà leur avenir professionnel. L’université Sorbonne Paris Cité a ainsi mis en place en 2009, parallèlement aux formations disciplinaires proposées aux doctorants, un programme de formation doctorale visant à développer les compétences complémentaires et préparer aux poursuites de carrière vers tous les secteurs d’activité. Par ailleurs, les docteurs de l’association PhD Talent et les Comues d’Île-de-France organisent un salon de recrutement, « The PhDTalent Career Fair », dans le but de renforcer les liens entre doctorants,

Notre activité – produire des ingrédients à partir d’insectes pour

une alimentation animale naturelle – est un métier nouveau. La recherche fondamentale s’intéresse à ce domaine depuis quelques années, mais quand nous nous sommes lancés il y a trois ans, il n’en existait pas d’applications. Nous étions alors une équipe de quatre personnes. Aujourd’hui, nous sommes trente, et comptons sept docteurs parmi nous : la directrice de recherche, le directeur commercial, trois chercheurs qui étudient l’élevage des insectes, et deux biochimistes qui travaillent sur l’extraction des protéines des insectes.

À travers notre réseau – ABG Intelli’agence*, des laboratoires du CNRS et de l’Inra –, nous recrutons des docteurs pointus dans leurs domaines, et qui ont un savoir-faire. Il est vrai que l’adaptation à l’entreprise prend parfois du temps : les jeunes docteurs doivent notamment comprendre qu’il faut obtenir des résultats plus vite, et que les recherches

ne peuvent pas s’éterniser. Mais nous sommes une petite équipe, et à travers des réunions, des discussions, des entretiens, ils s’adaptent généralement bien. Par exemple, un chercheur spécialisé sur un type d’insectes apprend à mener des recherches sur une autre famille d’insectes, puis à s’intéresser à la génétique, aux statistiques, à encadrer des stagiaires… et remplacer un collègue malade sur un autre poste. Leurs compétences sont pour nous très précieuses : ils développent les briques de la connaissance, à partir desquelles les ingénieurs dimensionnent et conçoivent des machines. Ils ne cessent d’élargir notre spectre d’activité. »* Association d’aide à l’insertion en entreprise des titulaires d’un doctorat

Antoine Hubert,CEO de YNSECT.

« Les docteurs ne cessent d’élargir notre spectre d’activité »

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Enseignement supérieur,recherche, R&D (secteur public)

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Activités des docteurs en dehors de la R&D (données 2012)Débouchés des docteurs à un an de la soutenance (données 2014)

Type de contrat selon le secteur (EDD emploi à durée déterminée, EDI emploi à durée indétreminée)

(Source : Adoc Talent Management)81% des docteurs ont un emploi un an après leur soutenance (données 2014).

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6] USPC © Pour la Science 2015

Didier Roux,directeur de la recherche et du développement et de l’innovation de Saint-Gobain, membre de l’Académie des sciences et de l’Académie des technologies, médaille de l’innovation du CNRS en 2014.

Quelles sont les qualités des docteurs ?Pendant trois ou quatre ans, un docteur s’est focalisé sur un domaine, dans un milieu très compétitif. Il a géré un projet personnel, grâce auquel il a acquis une importante autonomie, ainsi qu’une exigence d’excellence dans les résultats. De plus, il a travaillé au sein d’un réseau international. Un docteur est plus opérationnel et plus mature qu’une personne ayant travaillé pendant la même durée au sein de l’entreprise. Il y a dix ans, j’ai pris la décision de n’embaucher que des chercheurs, dans nos grands centres de recherche, en France – où nous avons recruté près de 600 docteurs – comme c’est le cas naturellement à l’international.

Comment les recrutez-vous ?Nous avons un réseau international, SUN (Saint-Gobain University Network), par lequel nous nouons des relations avec les laboratoires et universités interna-tionaux, aux États-Unis, en Russie, au Japon, en Chine, en Inde, et bien sûr en Europe. Par ailleurs, nous finançons des thèses et des post-docs, qui aboutissent souvent à une embauche.

Qu’est-ce qu’une bourse CifreLa convention industrielle de formation par la recherche (Cifre) est un dispositif de financement de thèse qui aide les entreprises pour le recrutement d’un jeune doctorant, embauché en CDD sur une durée de 36 mois ou CDI, avec un travail de recherche en lien

avec un laboratoire extérieur. L’État verse durant les trois années de la convention une subvention forfaitaire annuelle de 14 000 euros. Aujourd’hui, 10 % des thèses sont financées par ce dispositif.➜ www.anrt.asso.fr

Placez-vous aussi des docteurs à des postes hors « recherche et développement » ?Bien que nous recrutions la grande majorité des docteurs pour la recherche il nous arrive d’en recruter pour d’autres fonctions. Par exemple en marketing et en gestion. Même en recherche nous intégrons des compétences nouvelles pour nous ouvrir sur des problématiques de sciences humaines et sociales. En effet, dans notre offre « Multi-Confort », l’un

des enjeux est le rapport entre la partie technique et la perception de l’utilisateur du confort ressenti. On doit aller au-delà des mesures physiques, que ce soit pour le design des produits ou pour avoir une approche sociologique. Nous avons donc recruté deux docteurs : l’une en histoire et l’autre en sociologie. Je tiens à casser l’image de docteurs qui ne seraient que des spécialistes dans des domaines très pointus - nous avons fait l’expérience du contraire.

« Un docteur est plus opérationnel et plus mature »

jeunes docteurs et les entreprises et institutions au sein desquelles ils travailleront. Pour les précédentes éditions, près de 1 000 doctorants et jeunes docteurs ont pu rencontrer une cinquantaine d’entreprises – grands groupes ou PME.

Enfin, nombre d’équipes doctorales tissent désormais des liens avec les entreprises, y compris en sciences humaines et sociales. C’est le cas de l’ERTIM à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), qui s’intéresse particulièrement aux nouveaux usages et aux nouvelles pratiques du texte sur le Web et les réseaux sociaux,

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Quelles sont les missions de l’école doctorale ?L’école doctorale a pour mission l’encadrement humain des docto-rants, notamment pour leur orien-tation professionnelle. Car tous n’embrasseront pas une carrière de chercheur, il nous appartient donc de les accompagner et de les orienter dans un projet professionnel, qui peut s’avérer pour eux extrême-ment stimulant. Par un exemple, un doctorant m’a dit un jour qu’il se rendait compte qu’il n’aimait pas faire de la recherche, mais adorait en parler… Il est devenu journaliste scientifique.

Les docteurs vous semblent-ils adaptés au monde du travail aujourd’hui ?Absolument, et sensibiliser au transfert de compétences acquises

Thomas Coudreau, directeur du collège des écoles doctorales Sorbonne Paris Cité.

2 QUESTIONS À

« Les docteurs savent prendre des risques et se projeter sur le long terme »

pendant le doctorat vers le secteur privé constitue une des grandes missions des écoles doctorales aujourd’hui. Un doctorat constitue une expérience professionnelle qui permet de s’adapter à un monde du travail en pleine évolution et de plus en plus complexe. Les docteurs ont en effet travaillé dans un milieu très sélectif, sur des sujets pointus aux contours évolutifs. Ils ont appris à chercher de l’information et à développer le sens des responsabilités. Ils savent prendre des risques et se projeter sur le long terme. Un jour, un directeur d’entreprise m’a raconté avoir embauché un docteur qui lui avait été recommandé. Pendant un mois, ce dernier ne cesse de lire et de se documenter. On s’inquiète. Et du jour au lendemain, la machine se met en marche ! Tous sont épatés par ses compétences. Pour les entreprises qui veulent faire des choses extraordinaires, dans un monde qui ne cesse de se complexifier, se priver des docteurs – des gens très originaux et qui ont échappé au formatage – serait suicidaire.

et dont les partenaires sont à la fois de grands groupes, comme la SNCF, EDF, Xerox, et des entreprises spécialisées dans la recherche d’information. « Les recherches de l’ERTIM sont orientées vers la résolution de problèmes scientifiques posés par les applications industrielles parmi les plus demandeuses en méthodologies innovantes en raison de la généralisation du numérique : fouille de textes, recherche d’information ou extraction de contenus linguistiques », souligne Sophie Vassilaki, directrice de l’école doctorale de l’Inalco. Et nombre de docteurs sont extrêmement friands de cette collaboration avec le monde de l’entreprise. « J’aime que la recherche soit pragmatique et en prise avec des réalités concrètes », affirme Marguerite Leenhardt, doctorante linguiste qui, avant même de soutenir sa thèse en sciences du langage à l’université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, a fondé sa société, XiKO, lauréate du concours mondial d’innovation 2030 de l’Élysée, dans la catégorie Big Data.

À NE PAS MANQUERPhDTalent Career Fair ➜ Le 16 octobre 2015 à la Cité internationale universitaire de Paris, organisé par PhD Talent et les Comues d’Î[email protected]

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Université Sorbonne Paris Cité en chiffres

n 13 établissements fédérés

n 120 000 étudiants(es)

n 10 300 chercheurs(ses) et  enseignants(es)-chercheurs(ses)

n 5 500 personnels techniques et administratifs

n 1 Collège des écoles doctorales rassemblant 32 écoles doctorales et 1 Centre de formation des doctorants(es) aux initiatives professionnelles

n 1 100 doctorats USPC par an

n 251 unités de recherche

➜ www.sorbonne-paris-cite.fr

Dossier spécial

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8] USPC © Pour la Science 2015

Un des gages de succès de l’intégration d’un docteur à une

entreprise ? Le fait d’y avoir réfléchi pendant sa thèse. Il faut apprendre à identifier les niches d’emploi, dénicher les opportunités et jeter des ponts vers l’industrie. C’est pourquoi nous sensibilisons les doctorants au secteur privé dès la deuxième année de leur doctorat, au cours d’entretiens ou à travers une journée de sensibilisation, à laquelle nous convions 5 à 10 entreprises de notre réseau, généralement dans le secteur de l’eau ou du pétrole. Cette journée se déroule en quatre temps : conférences, témoignages d’anciens, préparation

« Nous sensibilisons les doctorants au secteur privé dès la deuxième année de leur doctorat »

Laure Meynadier, directrice de l’école doctorale STET’UP Sorbonne Paris Cité (université Paris Diderot et Institut de physique du globe de Paris).

À partir de quel constat est né le Centre de formation des doctorants(es) de USPC, en 2009 ?L’économie mondiale, animée par la technologie, la recherche, la révolution numérique, ne cesse de se complexifier. C’est pourquoi les compétences des docteurs, formés à un très haut niveau, sont absolument nécessaires au secteur privé : l’innovation dans les secteurs économiques et industriels est aujourd’hui essentielle. De plus, le degré d’exigence dans la recherche fondamentale et l’enseignement supérieur a crû considérablement. Dans cette optique, nous avons mis en place des formations professionnelles de niveau cadre pour tous les doctorants (gestion de projets, finances, travail de groupe, connaissance de l’entreprise et du monde du travail, des langues, …). Cette professionnalisation concerne aussi les métiers universitaires traditionnels. (http://cfdip.uspc.fr)

Comment y réagissent les équipes doctorales ?Les encadrants considèrent encore souvent que cette formation est secondaire. Lorsque la formation des doctorants a été mise en place, en 2009, nous avons choisi pour slogan : « Adoptez un nouveau point de vue. » Depuis nous faisons évoluer le point de vue à la fois des entreprises, des doctorants et de leurs encadrants !

À quelle difficulté principale êtes-vous confronté ?Sans doute une méconnaissance persistante du secteur privé et des administrations publiques de ce qu’est un jeune docteur aujourd’hui. Le forum de recrutement « PhDTalent Career Fair », organisé par l’association PhD Talent et les Comues d’Île-de-France le 16 octobre à la Cité universitaire internationale de Paris, permet la rencontre entre docteurs, doctorants et entreprises. Nous voulons lui donner plus d’ampleur, car il reste parfois difficile d’y faire venir les grands groupes comme les PME, auxquelles nous proposons pourtant des conditions avantageuses.

Les doctorants ne sont pas que des étudiants. Préparer une thèse constitue une réelle expérience professionnelle. Les docteurs savent d’ailleurs aujourd’hui la mettre en valeur dans leur CV, en expliquant comment ils ont conçu et géré des projets de recherche, cherché et négocié des financements et des partenariats, valorisé et communiqué leurs résultats à la communauté scientifique comme au grand public, en français et en anglais. « Notre expérience révèle que les compétences qu’on

acquiert pendant un doctorat sont telles qu’elles blanchissent le cursus et les diplômes antérieurs, quels qu’ils soient », souligne Didier Roux. Loin de tout formatage, les jeunes docteurs, qui ont mené des recherches pour apporter des solutions ou un regard nouveau et original sur une problématique, pourraient bien être les moteurs de l’innovation dans les entreprises de demain. � n

Samuel Bottani, directeur du Centre de formation des doctorants(es) aux initiatives professionnelles du CED/USPC.

LE POINT DE VUE DE

« Les compétences des docteurs sont absolument nécessaires au secteur privé »

de CV et d’entretiens, et forums d’entreprises. S’il leur faut parfois faire le deuil d’un rêve d’enfant – par exemple une carrière de vulcanologue à laquelle peu parviendront –, les doctorants, en réfléchissant à un projet professionnel en amont, trouvent souvent des métiers qui correspondent davantage à leur personnalité. »

➜ POUR EN SAVOIR PLUS http://www.intelliagence.fr/ http://www.sorbonne-paris-cite.fr/

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