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Societe d’Etudes Latines de Bruxelles Note d'iconographie paléo-chrétienne Author(s): Marcel Renard Source: Latomus, T. 16, Fasc. 2 (Avril-Juin 1957), pp. 293-313 Published by: Societe d’Etudes Latines de Bruxelles Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41518563 . Accessed: 18/06/2014 03:00 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Societe d’Etudes Latines de Bruxelles is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Latomus. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.96 on Wed, 18 Jun 2014 03:00:45 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Societe d’Etudes Latines de Bruxelles

Note d'iconographie paléo-chrétienneAuthor(s): Marcel RenardSource: Latomus, T. 16, Fasc. 2 (Avril-Juin 1957), pp. 293-313Published by: Societe d’Etudes Latines de BruxellesStable URL: http://www.jstor.org/stable/41518563 .

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Note d'iconographie paléo-chrétienne

(Planches]XVI- XVIII)

L'attention a été rappelée récemment sur un curieux graffite paléo-chrétien provenant de la catacombe de Domitilla (1). Il décore une plaque de marbre, en partie mutilée, large encore de 25 cm., haute de 14 et épaisse de 3, qui a servi de fermeture à un loculus et qui est aujourd'hui conservée dans la basilique funé- raire consacrée, dans la catacombe en question, aux saints Nérée et Achillèe. On y voit un personnage imberbe, assis sur un siège à haut dossier, le bras droit pendant et portant, semble-t-il, une tunique à manches et une toge. Un second personnage, vêtu d'une tunique à manches courtes, se tient debout devant le pre- mier, lui touchant le visage des deux mains (Planche XVI, fig. 1). Le document fut découvert à la fin de 1878 par Mariano Armel- lini (2), mais on en perdit ensuite la trace. Il fut heureusement retrouvé en 1915 par G. Schneider-Graziosi, au cours de travaux et de recherches destinés à mettre en ordre la catacombe de Domi- tilla, dans une galerie de la région dite des « Apostoli grandi », à l'intérieur d'un loculus (3). Il est donc vraisemblable que le marbre avait été laissé à peu près à l'endroit de la découverte ini- tiale. La région en question date du ive siècle (4) et cette chrono- logie convient bien à l'aspect de notre graffite.

(1) A. Ferrua, Tre note d'iconografia paleocristiana . III . Il martirio in cat- tedra dans Miscellanea Giulio Belvederi , Rome, 1954, pp. 280-285 et fig. 5, p. 281.

(2) Il est mentionné pour la première fois dans une communication faite par Armellini le 26 janvier 1879 : cf. O. Marucchi, Conferenze della Soc. di cultori della cristiana archeol. in Roma dans Bull, di arch, crist. del Comm. G. В. de Rossi , 3e s., t. V, 1880, p. 88.

(3) Cf. К. Kanzler, Relazione ufficiale degli scavi nelle catacombe romane. III. Lavori di sistemazione nel cimitero di Domitilla dans Nuovo bull, di arch. crist., 21, 1915, p. 151.

(4) O. Marucchi, Le catacombe romane, Rome, 1933, p. 172. Sur la catacombe de Domitilla, outre cet ouvrage, voir : M. Armellini, Gli antichi cimiteri cris -

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294 M. RENARD

Aucune des interprétations proposées pour le sujet en question ne nous paraît adéquate.

Armellini pensait que le personnage debout porte les deux mains vers le visage du personnage assis, dans un geste de violence, comme pour Г arracher de son siège et, tenant compte de la rareté des scènes s'inspirant de la vie privée dans l'art funéraire chrétien, il estimait qu'il s'agissait de la représentation d'un fait historique, à savoir le meurtre du pape Sixte II sur le trône épiscopal, événe- ment qui se produisit dans le cimetière de Callixte tout proche (1).

Lorsque le marbre fut récupéré au 1915, Marucchi souligna l'invraisemblance de l'exégèse suggérée par Armellini : le perso- nage debout, bien loin d'accomplir un geste de violence, se bornerait à toucher légèrement la tête et le menton du personnage assis ; l'attitude calme et paisible de celui-ci exclut qu'il puisse s'agir de Sixte II brutalement arraché du siège papal ; du reste, les repré- sentations d'événements historiques tels que les épisodes des per- sécutions sont pratiquement exclues du répertoire funéraire chré- tien (2).

Pour sa part, Marucchi (3) considérait que la scène représente un

tiani di Roma e d'Italia , Rome, 1893, p. 433 sqq. ; Marucchi, Guide des cata- combes , 2e éd., Paris, 1903, p. 97 sqq. ; etc.

(1) Marucchi, Conferenze , p. 88, et Armellini, Gli antichi cimiteri , p. 454. Marucchi, l . c., dans son résumé de la communication d'Armellini, fait dire à celui-ci que le personnage debout pose les deux mains sur les épaules de l'autre. Mais Armellini écrit plus exactement dans ses Cimiteri , l. c. : « con ambe le mani alzate gli si avviccini ... alla faccia ». Stevenson, Cod. Vat . lat. 10555, f. 21, cité par Ferrua, op. cit., p. 282, tendait à accepter l'interprétation d'Ar- mellini. - Sur le meurtre de Sixte II (257-258) dans l'art chrétien, cf. G. Wil- pert, I sarcofagi cristiani antichi , t. I, Rome, 1929, p. 192. Sixte II, qui avait réuni les fidèles dans la catacombe de Callixte malgré la défense de Valérien, y fut surpris et décapité ; cf. l'inscription de Damase, Epigrammata, 13 (An- thol. lat. supply I, Ihm) :

Tempore quo gladius secuit pia uiscera matris, hic positus rector caelestia iussa docebam. Adueniunt subito rapiunt qui forte sedentem , Militibus missis populi tune colla dedere ...

(2) Marucchi, Resoconto delle adunanze tenute dalla Società per le confe- renze d'archeologia cristiana dans Nuovo bull, di arch. crist.9 21, 1915, p. 136, et Una singolare scena di simbolismo dommatico sopra un marmo del cimitero di Domitilla, ibid.f 22, 1916, p. 97.

(3) Marucchi, Resoconto , p. 136, Una singolare scena , p. 98 sqq. et fig. p. 95, et II simbolismo della cattedra negli antichi monumenti cristiani sepolcrali ed

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défunt assis en gloire sur le siège céleste réservé aux élus tandis que le Christ ou plutôt un saint martyr Ç), dont l'attouchement est un geste de protection, joue le rôle d'intercesseur. En outre, laissant courir son imagination, Marucchi supposait qu'un deu- xième martyr avait pu figurer sur la pierre : les saints Nérée et Achillèe auraient ainsi servi de garants au défunt. Il ajoutait encore que le Christ avait pu être figuré sur la partie perdue du marbre, trônant et prononçant la sentence d'admission (2).

Marucchi fondait son argumentation sur des documents figu- rés représentant le défunt siégeant ainsi sur le trône céleste. Il invoquait à ce propos divers passages des Écritures, citant notam- ment la promesse adressée aux apôtres après la Cène : In domo Patris mei mansiones multae sunt : si quo minus , dixissem uobis : quia uado parare uobis locum. Et si abiero9 et praeparauero uobis locum : iterum uenio, et accipiam uos ad me ipsum, ut ubi sum ego , et uos sitis. Et quo ego uado scitis , et uiam scitis (3). Il invo- quait aussi l'annonce du jugement, faite aux apôtres au temps de la prédication à Jérusalem : Tunc dicet Rex his qui a dextris eius erunt : Venite , benedicti Patris mei , possidete paratům uobis regnum a constitutione mundi (4). Ultérieurement il rappella en outre que Jésus, lors du voyage à Jérusalem, répondit à Pierre qui demandait ce que les apôtres avaient à attendre après avoir tout quitté pour lui : Amen dico uobis quod uos qui seéuti estis me , in regeneratione cum sederit Filius hominis in sede maiestatis suae , sedebitis et uos super sedes duodecim , iudicantes duodecim tribus Israel (5). Enfin, dans ses papiers (6), on a retrouvé une photographie de notre graffite au dos de laquelle il avait noté la citation : Posuisti in capite eius coronam de lapide pretioso (7).

una scena relativa a questo simbolo in un monumento entrato ora nel Museo Cristiano Lateranense dans Riu. di arch, crist ., VI, 1929, p. 360 et fig. 1.

(1) Marucchi, Resoconto , p. 136, tenait le personnage debout pour un saint martyr ou pour le Christ. Dans Una singolare scena , p. 98, il n'a pas retenu la seconde hypothèse : celle-ci n'eût guère été conciliable avec les compléments qu'il forgeait de toutes pièces (cf. infra) pour la partie disparue du marbre.

(2) Marucchi, Una singolare scena , p. 98 sq. (3) Jean, XIV, 2-4ñ Marucchi, Una singolare scena , p. 98. (4) Matthieu, XXV, 34. Marucchi, ibid., p. 99. (5) Matthieu, XIX, 28. Marucchi, Il simbolismo della cattedra , p. 361. (6) Ferrua, op. cit., p. 283. (7) Psaumes , XX, 4.

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Même si on laisse de côté les restitutions proposées sans fonde- ment par Marucchi, la première partie de son exégèse ne résiste pas aux objections. Il est vrai que les scènes ne manquent pas dans l'art chrétien où des martyrs et des saints apparaissent comme les garants des défunts et Marucchi aurait pu invoquer des tex- tes où le Christ lui-même joue ce rôle d'intercesseur (*) : cela ne prouve pas que nous ayons ici affaire à une scène de ce genre. Mais il y a une objection infiniment plus grave : nous verrons que les gestes du personnage debout sont tout autre chose qu'un simple attouchement de la tête et du menton du personnage assis (2).

C'est également sur une interprétation erronée de ces gestes que repose l'explication de Dom Leclercq pour lequel nous aurions affaire ici à l'imposition des mains dans une scène de sacre épis- copal (3).

C'est aussi une explication réaliste, mais d'un autre genre, que propose le R. P. Ferrua. Il considère que l'un de nos personnages esquisse de la main gauche un geste vers la bouche de l'autre tandis qu'il lui appuie la main droite sur la tête pour la maintenir ferme- ment. Il croit déceler dans la représentation une certaine violence que traduirait le bras gauche du personnage debout tandis que le bras droit, étendu dans le vide, du personnage assis traduirait un réflexe de souffrance (4). Le R. P. Ferrua en conclut que nous avons affaire à la représentation d'un dentiste soignant un patient (5).

(1) Cf. par exemple l'épître I Jean, II, 1 et Augustin, Sermo CCXIII, ch. V (P.L., t. XXXVIII, col. 1063) et Enarr. in Psalm., LXVI, 7 (P.L., t. XXXVI, col. 809). Etc.

(2) S'il fallait inférer de la citation des Psaumes , XX, 4, retenue par Marucchi que celui-ci songeait au couronnement du défunt, il irait de soi que pareille suggestion serait sans fondement : il n'y a pas trace de couronne sur notre graffite. Pour le R. P. Ferrua, op. cit., p. 283, le fait de représenter un fidèle assis sur une cathèdre et de figurer par contre le Christ ou un saint debout devant lui serait contraire à l'esprit de l'art chrétien. Mais cette objection n'est pas dirímante pas plus que celle qui prétendrait exclure qu'il s'agit d'un dé- funt sous prétexte que le personnage assis n'est pas pourvu de la couronne ou de la palme (H. Leclercq, art. Sacre épiscopal dans Cabrol et Leclercq, Diet. ďart chrét., col. 304).

(3) H. Leclercq, loc. cit. et fig. 10679. - En outre, on comprendrait mal ici que le personnage consacré soit assis tandis que l'évêque resterait debout et si le geste de la main droite se concilie avec l'explication proposée, il n'en est pas de même pour la main gauche : cf. Ferrua, op. cit., pp. 283-284.

(4) Ferrua, op. cit., p. 281. (5) Id., ibid., p. 283.

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A l'appui de son hypothèse, notre auteur invoque deux documents provenant respectivement des cimetières de S. Pancrazio et de S. Lorenzo (J) sur lesquels on voit des tenailles ou une pince de chirurgien avec la représentation d'une dent qui a été extraite.

Mais ces deux graf fites ne justifient en rien l'interprétation proposée pour notre plaque de marbre : ils attestent l'activité de dentistes, sans plus, et ne représentent nullement une scéance d'extraction dentaire. D'autre part, le R. P. Ferrua, reconnais- sant que dans son interprétation de notre document le praticien opère de la main gauche, justifie cette anomalie par des raisons de perspective : en lui faisant effectuer le travail de la main gauche, la graveur aurait permis de saisir le sens de la scène, ce qui n'eût pas été le cas si la main droite avait procédé à' l'extraction, car elle eût été cachée par la gauche maintenant la tête (2). On saisit combien pareille justification est insuffisante : le graveur ne de- vait pas être maladroit au point de ne pouvoir éviter de présenter son prétendu dentiste comme un gaucher, ne serait-ce qu'en utili- sant le procédé commode et fréquent consistant à retourner l'image. Par ailleurs, il est impossible d'admettre un geste de quelque vio- lence que ce soit chez l'un de nos personnages et, chez l'autre, un réflexe de souffrance.

Si l'on examine avec attention le document, on constate que le personnage debout pose la main droite à la fois sur la tête et sur le front du personnage assis, son pouce étant dirigé vers l'œil de ce dernier, tandis que de l'index de la main gauche il esquisse égale- ment un geste vers l'œil de son compagnon. Il apparaît clairement qu'il lui écarte les paupières et qu'il lui ouvre l'œil. Nous avons donc affaire à une opération ophtalmique.

Mais immédiatement la question se pose de savoir s'il s'agit là d'une scène réaliste, notre graffite ayant servi à obturer la sé- pulture d'un médecin-oculiste, ou bien s'il faut interpréter symbo- liquement [la représentation en cause et y voir un chrétien dont les yeux sont dessillés et s'ouvrent à la lumière de la béatitude éternelle. Cependant, avant de chercher à résoudre ce problème, il convient de confronter notre graffite avec deux autres docu- ments, païens ceux-là.

(1) G. B. de Rossi, Scoperte nella basilica di S, Lorenzo nelV agro Verano dans Bull . di arch, crist. , II, 1864, n° 5, p. 37 et fig. 1 et 4, p. 36 ; Ferrua, op. cit., p. 284.

(2) Ferrua, op. cit., p. 284.

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Un sarcophage bien connu de Ravenne í1), datant de la fin du 111e siècle, comporte parmi les reliefs qui le décorent une scène fort semblable à celle que nous a livrée la catacombe de Domitilla. On y voit une femme assise sur un siège à haut dossier et à pieds pliants, qui, la main droite étendue sur le genou, pose la gauche sur un coffret tenu par un homme debout devant elle. Celui-ci lui touche l'œil d'un bâtonnet qu'il a dans la main droite. Il s'agit évidemment de l'application d'un collyre et la scène est inspirée des médications en usage à l'époque. La représentation de ven- touses dans lè champ, de part et d'autre des deux personnages, pourrait même inciter à voir ici une représentation strictement réaliste (Planche XVI, fig. 2). Mais une telle opinion serait super- ficielle, car il importe de tenir compte de tout le contexte qui en- toure cette figuration. Le sarcophage a appartenu à des Isiaques. Ses inscriptions, les signa qui désignent les défunts, les autres re- liefs du monument - lecteur sous lequel est représenté l'Hermès psychopompe, joueuse de lyre au dessous de laquelle est sculptée l'ascia, etc., - tout l'ensemble a un signification symbolique et mystique. Il est donc légitime d'admettre que la scène qui retient pour l'instant notre attention a une sens analogue : l'opération ophtalmique ici figurée doit s'interpréter comme le dessillement des yeux grâce auquel le myste atteindra la contemplation divine.

Une scène analogue se voit sur un des bas-reliefs d'un pilastre gallo-romain de La Malmaison (Planche XVII, fig. 1) (2). Un homme applique de façon identique un bâtonnet contre l'œil de la femme debout devant lui et tenant en main un récipient. Il ne paraît pas qu'il s'agisse essentiellement - quoi qu'on en ait dit (3) - d'une opération médicale réelle. Ce relief doit bien plutôt s'interpréter comme celui du sarcophage de Ravenne et nous es-

(1) Voir, parmi les publications récentes, R. Egger, Zwei oberitalienische Mystensarkophage dans Mitt. deutsch, arch. Inst., IV, 1951, p. 35 sqq. et pl. VI, fig. 1 ; F. Benoit, Ob lumen receptům dans Latomus , XII, 1953, p. 77 sqq. et fig. 1, p. 78 ; J. Carcopino, Le mystère d'un symbole chrétien : l'ascia , Paris, 1955, p. 59 sqq. et pl. IV, fig. 2 ; Id., De Pythagore aux apôtres , Paris, 1956, p. 368 sqq. ; W. Deonna, L'ascia dans Rev. arch, de l'Est , VII, 1956, p. 35 sq.

(2) Espérandieu, Recueil des bas-reliefs de la Gaule rom., VI, 4665 ; F. Be- noit, op. cit., p. 81 et fig. 2, p. 78.

(3) E. Thévenot, Le dieu-cavalier, Mithra et Apollon : leurs affinités dans les cultes gallo-romains dans La Nouvelle Clio, n° 10, décembre 1950, p. 628 sq., et Le monument de Mavilly dans Latomus, XIV, 1955, p. 98, n. 1.

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pérons montrer prochainement que les autres reliefs du pilastre de La Malmaison justifient notre point de vue : la représentation sur ce monument d'un personnage funérairement emmaillotté con- stituerait une singulière réclame pour un sanctuaire médical et fait bien plutôt songer à la défunte soucieuse de la vie éternelle qu'on voit sur la mosaïque de Lambiridi (*) ou aux images, si fré- quentes dans l'art chrétien, de Lazare ressuscité.

Les deux précédents païens que nous venons d'évoquer permet- tent donc de suggérer une interprétation symbolique et mystique pour notre graffite chrétien. Le fait que ce dernier provient d'une catacombe justifie d'ailleurs ce point de vue. On peut même se demander si l'oculiste en train d'opérer n'y représente pas le Christ : les documents paléo-chrétiens le figurent imberbe com- me ici et souvent il est aussi sobrement vêtu, sans rien de bien

majestueux. Par ailleurs, si l'on considérait comme exclue la

possibilité d'une représentation du Christ debout tandis que le fidèle est assis devant lui, il n'en resterait pas moins que l'opéra- tion ophtalmique à laquelle nous avons affaire, même si elle évo-

quait l'intervention d'une médecin humain (2), ne pouvait manquer - dans le milieu des catacombes - de suggérer le divin médecin, tant réalité et fiction se pénètrent dans tout l'art antique y com-

pris l'art chrétien.

C'est que le Christ apparaît sans cesse dans les Évangiles comme le guérisseur des corps en même temps que le sauveur des âmes (3).

(1) Cf. J. Carcopino, Aspects mystiques de la Rome païenne , Paris, 1941, pl. IV, pp. 212-213.

(2) D'une région voisine de celle où a été trouvée notre plaque de marbre provient une inscription ... de Fasciola clenicus (sic) ; cf. Kanzler, op. cit ., p. 150, mais absolument rien ne prouve qu'il faille rapprocher les deux docu- ments. - Nous connaissons des ïhédecins chrétiens (cf. H. Leclercq, art. Medicus dans Cabrol et Leclercq, op. cit., col. 164 sqa.) et un prêtre ayant exercé la profession est mentionné par une inscription de la seconde moitié du nic siècle provenant du cimetière de Gallixte : Aiovvaiov iargov ngeoßv- TEQov (ibid., col. 165, n° 1 et fig. 7875).

(3) Sur le Christ médecin, cf. notamment : A. Harnack, Die Mission und Ausbreitung des Christentums in den ersten drei Jahrhunderten , 2e éd., t. I, Leipzig, 1906, p. 87 sqq. ; F. J. Doelger, IXOYC . Das Fisch-Symbol in früh- christlicher Zeit , 2e éd., t. I, Munster, 1928, p. 416 sqq. ; J. Carcopino, Aspects mystiques de la Rome païenne , p. 246 sq. - D'un point de vue plus particu-

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Il avait parcouru villes et bourgardes, guérissant toute infirmité Í1). Alors que les Pharisiens et les Scribes demandaient aux disciples pourquoi leur maître mangeait avec les publicains el les pécheurs, Jésus avait répondu que ce ne sont point les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades et qu'il n'était pas venu ap- peler les justes au repentir mais les pécheurs (2). Lors de la pré- dication à Nazareth, il s'était lui-même comparé à un médecin (3). Ses pouvoirs de thaumaturge, il les avait transmis aux douze (4). Et la première épître de Pierre rappelle que c'est par ses meurtris- sures que les hommes ont été « guéris » (5). Au reste, il est à peine besoin d'évoquer toutes les guérisons miraculeuses rapportées par les Évangiles.

Nombreux sont aussi les passages des auteurs chrétiens qui font allusion au Christ comme au médecin tout puissant, guérisseur des maladies corporelles et sauveur des âmes (6).

La popularité de cette conception nous est encore attestée par des témoignages épigraphiques. Ainsi une inscription gravée sur une pierre utilisée comme linteau de porte à Frikya en Syrie : 3 IaxQÒç xal Xvaiç xaxwv, 5 Iaaovç (sic) ô Xqi{oxó) ç9 ó etzí návrcov

lier : J. Courtes, Saint Augustin et la médecine dans Augustinus Magister , t. I, Paris, 1955, p. 48 sqq., et R. Arbersmann, Christ the medicus humilis in St. Augustine, ibid., t. II, p. 613 sqq. (bibliographie). (1) Matthieu, IX, 35 :... deçajtevœv Tiãoav voaov xai nãaav ¡xaXaxiav ... (2) Matthieu, IX, 12-13 : Ov XQsiav ë%ovGiv ol ia%vovTeç largov , &ЯЛ' ol

xaxwç e%ovsç. IToQevdévreç ôè /uádere, ri êariv * "Ekeov OéÀco, xal ov dvoiav. Ov yàg fjWov xaXéaai ôixaiovç , àXV âfxaQrœXovç elç ¡xexávoiav . - Marc, II, 17 : Ov %Qsíav ëxovoiv oí íoxvovteç ia tqov, àXV ol xaxcóç £%ovteç - ovx rjWov xaXéoai ôixaiovç àXXà ãjuaQrcoÃovç elç juerávoiav. - Luc, V, 31-32 : Ov XQsiav ëxovoiv ol vyiaivovrsç larçov , аЛЛ' ol xaxœç ëxovreç * ovx eXr¡Xvda xaXéaai ôixaiovç âXXà âfAaQxœkovç elç fieravoiav.

(3) Luc, IV, 23-24 : nàvrœç egeíré poi rr¡v naQaßoXty ravrr'v • ' Iargé , dsQánevaov aeavróv... 9 Afir¡v Xéyo) vfAÏv , on ovôeiç 7iQo<pr¡rr)Q ôexróç êariv er rfj nargiôi avr ov. - Cf. Marc, VI, 4.

(4) Matthieu, X, 1 : Kal nQooxaÀEoájLiEvoç rovç ôcbÔExa jbtadrjràç avrov, ëôœxEV avroíç èt-ovoiav nvEVfxárcov áxadágrc ov, сооге ¿xßdXXsiv avrà xal OEQanEVEiv Ttãoav vóoov xal nãaav fiaXaxíav , et X, 8 : ' AodEvovvraç Osga- TlEVETEy AeTZQOVÇ Хадад^ЕГЕ, VEXQOVÇ êy£ÍQ£ZE, ôai/nóvia EXßdXKeTE...

(5) I Pierre, II, 24 : оЪ г ф /лсоЛсот avrov ládrirE. (6) Cf. les textes cités dans les ouvrages mentionnés supra , p. 299, n. 3,

et par P. Monceaux, Une invocation au « Christus medicus » sur une pierre de Timgad dans Comptes rendus Acad. des inscr. et belles-lettres , 1920, p. 78 sqq.

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6e(óç). 4(r¡aovg) X(qigtòç) 0(eov) Y(iòç) C{oyzr¡q) (1). D'autre part, une intéressante inscription, sans doute donatiste, qui pro- vient de Timgad, invoque le Christ en qualité de médecin unique : Christe, tu solus medicus (2).

Dans tout l'art chrétien, les nombreuses guérisons miraculeuses opérées par le Christ pendant sa vie publique constituent des thèmes majeurs, non exempts du reste d'une certaine banalité : guérison du paralytique, de l'hémoroïsse, du lépreux, des démonia- ques, résurrection de la fille de Jaïre et surtout de Lazare, etc. (3).

Parmi ces guérisons, celles d'aveugles (4) justifient particulièrement la scène représentée sur le marbre de la catacombe de Domitilla.

Une tradition, qui semble propre à saint Matthieu, rapporte comment, en Galilée, à Capharnaiim, Jésus guérit deux aveugles, pour leur foi, en leur touchant les yeux (5).

Jésus opéra un miracle analogue à proximité de Jéricho, alors

(1) Doelger, op. cit., p. 253, n° 25, et p. 416, qui renvoie à Part III of the Publications of an American Archaeological Expedition to Syria. Greek and Latin Inscriptions , New York et Londres, 1908, p. 214 sq., n° 251 ; cf. aussi H. Leclercq, art. Medicus dans Cabrol et Leclercq, op. cit., col. 160.

(2) B(onis) b{ene sit ) / et gaudete Ре/trus et Laza/rus. ¡ Rogo te / Domine : / suuueni I C(h)riste tu / solus mejdicus sa/nctis et / penitenjtibus ; ama¡re ma- ni7>[us] / et pedibus Dei . Sur ce texte, voir Revue africaine, 1919, pp. 17-18 (E. Levi-Provençal) ; Monceaux, Une invocation au « Christus medicus », loc. cit., p. 75 sqq. ; Rev. arch., 1922, I, p. 244 (= Carcopino, Aspects myst. de la Rome païenne, p. 247) ; Monceaux, Nouveau fragment de l'iriser, chrét. de Timgad relative au « Christus medicus » dans Comptes rendus de l'Acad. des inscr. et belles-lettres, 1924, p. 78 sqq. et la Note d'Eug. Albertini, ibid., p. 81 sqq. (cf. Bull. arch, du Comité des trav. hist., 1924, p. lxxxiii) ; Carcopino, L'invocation de Timgad au Christ médecin dans Rend. pont. acc. romana di arch., V, 1926-27, p. 79 sqq. ; P. Debouxhtay, L'invocation au Christ médecin de Timgad dans Serta Leodiensia, Liège et Paris, 1930, p. 31 sq. ; H. Leclercq, art. Médecins dans Cabrol et Leclercq, op. cit., col. 157 sqq.

(3) Cf. par exemple J. Wilpert, Die Malereien der Katakomben Roms , Fribourg en Brisgau, 1903, p. 216 sqq. et 310 sqq. ; Id., I sarcofagi cristiani antichi, t. II, Rome, 1932, p. 292 sqq. - Sur l'iconographie plus récente du Christ médecin, cf. A. Naegele, Christus als Apotheker. Eine ikonographische Studie dans Anz. f. schweizer. Altertumskunde , XXVII, 1925, p. 95 sqq.

(4) Cf. H. Leclercq, art. Aveugles ( Miracle des) dans Cabrol et Leclercq, op. cit., col. 3230 sqq.

(5) Matthieu, IX, 27-31 : Kai nagayovTi exeiuev rœ Irjaov, r¡xoA.ovür¡oav avTã> ôvo г vcpXoL*. Tore rjiparo t&v ôfpdaÀfiœv avrœv... Kai ávewxdr¡aav avrœv o i 6q>QaXfxoL

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302 M. RENARD

qu'il sortait de la ville selon saint Matthieu et saint Marc, alors qu'il en approchait selon saint Luc. D'après ce dernier, un aveugle anonyme qui mendiait au bord du chemin fut guéri en raison de sa foi. C'est celle-ci qui vaut aussi, selon saint Marc, à l'aveugle que l'évangéliste nomme Bar-Timée (fils de Timée) de recouvrer la vue. Quant à saint Matthieu, il mentionne deux aveugles et pré- cise que le Christ procéda à la guérison par l'imposition des mains (1).

Marc rapporte aussi la guérison de l'aveugle de Bethsaïde qu'on avait amené à Jésus en le priant de le toucher. Le Christ imposa une première fois les mains à l'infirme, lui mettant en outre de sa salive sur les yeux. Celui-ci vit alors les hommes marcher « sem- blables à des arbres ». Jésus lui mit de nouveau les mains sur les yeux pour qu'il fût complètement guéri et vît clairement toutes choses (2).

Matthieu parle encore de la guérison d'aveugles en même temps

(1) Matthieu, XX, 29-34 : ... Kai iôov , ôvo rvtpXoi xadrjfievoi nagà rr¡v ôôóv... ZnXayxviaQeiç ôè ó 4rjaovç rjxparo rœv ótpdaÁjucõv avrœv, xai ev- 6écoç äväßXeipav avrœv oí ôqpdaÀjbioí... - Marc, X, 46-52 : Kai ëgxovrai eîç *lEQi%cb. Kai êxnogevofiévov avrov ano 4eqi%ó... viòç Tipaíov, Bagrífiavoç 6 rvq>kóç, êxáOrjro nagà rtfv óôòv ngoaairœv ... w Ynaye , r¡ níanç aov aèaœ- xé ae. - Luc, XVIII, 35-43 : 'Eyévero ôè èv тф èyyíÇeiv avròv eîç Чедщш, r v<p}.óç nç éxáQr¡ro nagà rijv óôòv ngoaairœv... 'Avdßheipov, tf niant; aov aèaœxé ae. Kai nagaxgfj/ла âvé ßkeyje ...

(2) Marc VIII, 22-26 : Kai ëgxetai elç Bedaaïôàv. Kai <pègovaiv ах>гф rvyhòv xai nagaxaXovaiv avròv, Iva avrov atpr¡rai. Kai ¿mXaßöjuevog rfjç Xeigòç rov rvtpXov, êitfyayev avròv êÇco rfjç xœ/urjç, xai nrvaaç elç rà оуцлага avrov , êniOeiç ràç x€^QaÇ а-йгф, ênrjgœra avróv , et ri ßMnei. Kai âvaßЫ^paç ëKeye * BXènœ rovç âvOgœnovç coç ôévôga negmarovvraç. Eira náXiv ênéOrjre ràç èni rovç ôyBaXfjioúç avrov , xai ènoír'aev aòròv avaß№'pai * xai ânoxarearádrj, xai ivdßXetpe rrjkavyœç anavraç. Cf. A. Loisy, Les évangiles synoptiques , t. I, Geffonds, 1907, p. 1008 : « La guérison de l'aveugle [de Bethsaïde] paraît figurer l'adhésion des apôtres à la foi messianique, et l'origine de l'église judéo-chrétienne ». Ibid., p. 1009 : « Il est assez vraisemblable que Marc, en indiquant les progrès de la guérison [de l'aveugle de Bethsaïde], a pensé à l'éducation des disciples, qui s'est faite par degrés, non par une illumination soudaine et complète dès le début ».

Dans Marc, VII, 32 sqq., Jésus guérit un sourd-muet en lui mettant sa salive sur la langue et les doigts dans les oreilles. - Sur l'action prophy- lactique et thérapeutique de la salive, cf. en dernier lieu : R. Митн, Träger der Lebenskraft, Vienne, 1954, passim (pour le Nouveau Testament p. 99 sqq.) ; bibliographie complémentaire dans Latomus, XIV, 1955, p. 334, n. 9 (W. Deonna).

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que de boiteux au moment de la prédication à Jérusalem (*), mais d'une façon générale.

C'est dans cette dernière ville également que Jean situe, le samedi après la fête des Tabernacles, la guérison célèbre de l'aveugle de naissance : Jésus, après avoir craché par terre, fit un peu de boue avec sa salive, l'étendit sur les yeux de l'aveugle et lui dit d'aller se laver dans la fontaine de Siloé. Après quoi l'infirme vit clair (2).

Dans toutes ces guérisons miraculeuses, Jésus, comme on l'a dit, « suivant les cas, ... laisse agir la foi de ceux qui l'implorent, et attribue à cette foi la guérison obtenue, ou bien il se comporte comme un médecin confiant en Dieu, qui réaliserait une cure extra- ordinaire par un remède vulgaire, avec l'assistance divine » (3).

D'autres allusions ne manquent pas, dans les Écritures, au rôle du Christ en tant que guérisseur des aveugles et médiateur de la lumière céleste. A Nazareth, Jésus lit le passage d'Isaïe où il est dit : « L'esprit du Seigneur... m'a envoyé ... annoncer ... aux aveugles le recouvrement de la vue » (4). Aux messagers de Jean-Baptiste, qui s'informent s'il est le Messie, le Christ répond : «Les aveugles voient, les boiteux marchent... » (5). Dans la pre- mière épître de Pierre, il est appelé : « Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière (6). Enfin, il n'est pas sans intérêt, à propos de notre document, de rappeler que saint Jean à usé de l'image du collyre à propos de la vision divine (7).

(1) Matthieu, XX 1,14 : Kal TiQoarjXQov avrœ r vyhol xal %o)Ä°l èv гф iegœ, xal èOeqánevoev avrovç. (2) Jean, IX, 1 sqq. : Kal nagaycov eîôev avOçoonov rv<pÀòv èx yeverrjç...

enrvae xaì ênoírjoe nrjXòv êx rov nrvofiaroç , xal èné%Qiae ròv nr'kòv ènl rovç ô(pQaKfJiovç rov rvqjXov , xal elnev avrœ * w Ynaye , víxpai elç ri¡v xoXvfißriQQav rov Zihœàfji (o êçfxrjv sverai ànearaXfiévoç). 'AnrjÀOev ofiv xal èvíxparo , xal rjÁOe ß№na)v.

(3) Loisy, op. cit., t. I, p. 981. (4) Luc, IV, 18-19 : IIvev/ла xvqíov етС èfié, o$ ëvexev... ànêaraXxè /ле

láoaodai rovç awrergifi^évovg ri¡v xaqôíav , xrjçvÇai ai%[xaÂ(broiç ãqteoiv xal rvtpXoïç ävdßketpiv... Cf. Isaïe, XXXV, 5 : Tore âvoix^1íaovrai oq>QaX- [Aol rv(pXã)V.

(5) Matthieu, XI, 5 : rvyXol avaß№novoi xal %0)Xol neqinarovoi , XenQol xaBaQÍÇovrai xal xmtpol âxovovoi, vexçol èyeíqovrai xal 7irœ%ol evayyei- kíÇovrai.

(6) I Pierre, 11,9 : rov èx oxórovç v /uãç xaXéaavroç elç rò Savfiaaròv avrov (pœç.

(7) Jean, Apocalypse , III, 18 : xal xoKXovqiov eyxQioov roòç ôyQaXpovç gov , lva ßXinxig>

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304 M. RENARD

Les divers récits évangéliques n'ont pas manqué de trouver un écho auprès des auteurs chrétiens.

Justin fait allusion aux guérisons miraculeuses du Christ et notamment à celles d'aveugles (x). Saint Irénée mentionne la guérison de l'aveugle de naissance en considérant la boue dont use Jésus comme un rappel du limon duquel Dieu a tiré l'homme (2). D'autre part, Eusèbe s'est fait l'écho d'un légende d'Edesse aux termes de laquelle le roi Abgar aurait envoyé une lettre 4r¡aov aœrfjQi à уавф lui demandant de venir le soulager de ses maux, attendu que le Christ guérit, sans médicaments et sans plantes, les malades et les infirmes, rendant notamment la vue aux aveu- gles (3). Jean Chrysostome s'attarde au récit de saint Jean et s'attache à expliquer que si le Christ a étendu de la boue faite de sa salive sur les yeux de l'aveugle né avant d'envoyer celui-ci à la fontaire de Siloé, c'est pour manifester la puissance divine qui émane de toute sa personne (4). Saint Augustin, qui était déjà

(1) Justin, Dial, cum Tryphone 69, 295-296 : xal rovç êx yevr¡rr¡g xal xará ri¡v aágxa TtrjQovç xal xaxpovç xal láaaro , ròv pèv aXXeadai, ròv ôè xal âxoveiv, ròv ôè xal ôqãv гф Áóycp avrov noir¡oaQ ' xal vsxqovç ôè avaarr¡aa[ ; xal Çr'v Ttoirjoaç ...

(2) Irénée, Contra haeres.,VfX.V, §2 (P.G., t. VII, col. 1165) : Ei autem qui caecus fuerat a natiuitate, iam non per sermonemt sed per operationem praestitit uisum ; non uane , neque prout euenit hoc faciens, sed ut ostenderet manum Dei , earn quae ab initio plasmauit hominem ... Quapropter et Dominus exspuit in ter - ram9 et fecit lutum, et superliniuit illud oculis ; ostendens antiquam plasmatio- nem quemadmodum facta est , et manum Dei manifestans his qui intelligere pos- sint , per quam e limo plasmatus est homo.

(3) Eusèbe, Hist. eccl. , I, XIII, 6 (lettre apocryphe ďAbgar à Jésus) : (bç yàç Àoyoç, rv<pÀovç ävaßMneiv noieïç, %cù°vç neqmareív, xal Aengovç xaOaQÍÇeiç, xal àxáQaqra nvev/лага xal ôaijuovaç ixßdKXeig, xal rovç êv fi axQOVoaiq, ßaaavi^ojLiävovg deQaneveiç , xal vexQoúç êyeÍQSiç. - Abgar offre à Jésus de partager son pouvoir. Jésus répondit qu'il enverrait un de ses disciples. La légende se termine sur la venue à Édesse de Thaddée qui guérit le roi en lui imposant les mains. (4) Jean Chrysostome, In Joannem homilia LVII , § 1 ( P.G. , t. LIX,

col. 311) : ... T avr a yàç e In œv , q>r¡olv, ënr v a e %a pa í . Iloïa ravra ; " Iva q)avsQ(odf¡ r¡ ôó£a rov @eov, xal Öri Л e ï [i e ê q y á Ç e cr - dai r à ë Q y a rov néfAxpavróç fi e... Kal ôia ri Hôari xéxQTjrai, âXXà nrvopan elç ròv nqXóv ; "EpskXev avròv nèfineiv elç ròv EiXwáfi. ° Iv * o$v jÁrjôèv êmyQafpfj rfj nr¡yf¡j àkkà páOrjg ori r¡ êx rov aró - / mroç èíekOovaa òvva/uig avrr¡ xal ôiênXaoe xal âvêcpSe rovç ôtpQakfiovç , ënrvae %apLaí. Tovro yovv xal ó evayyeharijç êmarifAriváfAevoç ёКеуе , Kal è л o í r¡ a e п r¡ À ò v à л о rov л г v a fi а г о ç . Eira , lva

ôóÇfl rf'ç yfjç eivai rò xarÓQOcjpa, èxékevae víipaoOa i.

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préoccupé par les divergences des évangiles synoptiques au sujet de la guérison de l'aveugle ou des aveugles de Jéricho (*), a pris pour thème de tout un sermon (2) le passage de saint Matthieu à ce propos, montrant qu'à la guérison de la cécité physique correspond symboliquement celle de l'aveuglement de l'âme et déclarant que les deux aveugles signifient les Juifs et les Gentils. D'autre part, à propos de la guérison de l'aveugle de naissance, il suggère l'assi- milation entre l'onction de boue et l'accession au rang de catéchu- mène d'une part et, de l'autre, entre l'ablution dans la fontaine de Siloé et le baptême (3). Sedulius ne manquera pas d'exploiter longuement ce thème fécond (4) dont il soulignera la signification

(1) Augustin, De consensu evangelistarum, II, 65 ( P.L. , t. XXXIV, col. 1137) : De caecis Iericho illuminatis , quemadmodum non aduersetur Matthaeus uel Marco uel Lucae.

(2) Augustin, Sermo LXXXVIII, ch. I, § 1 (P.L., t. XXXVIII, col. 539) : M e d i с и s п о s t e г , Christus. Miraculis corporalibus aedificabat f idem. Bene nobiscum nouit Sanctitas uestra Dominum nostrum et saluatorem lesum Christum medicum esse nostrae salutis aeternae... Óculos reddidit caecis , quos erat utique mors aliquando clausura... Ibid., ch. X, § 9 (col. 544) : ... Ibi quaeramus et interiorem caecum. Clausi sunt oculi cordis. Ibid., ch. XI, § 10 (col. 544) : Quid duo caeci iuxta uiam sunt , nisi duo populi ad quos sanandos uenit Iesusl... Qui sunt ergo duo populi ? Vnus Iudacorum et alius Gentium.

(3) Augustin, In Ioannis euangelium , Tract . XLIV, § 2 ( P.L. , t. XXXV, col. 1714): Venit Dominus : quid feciťi Magnum mystérium commendauit . E X s p и i t in t e г г am , de saliua sua lutum fecit : quia Verbum caro factum est. Et inunxit oculos caeci. Inunctus erat , et nondum uidebat. Misit illum ad piscinam quae uocatur Siloe. Pertinuit autem ad Euangelistam commen- dare nobis nomen huius piscinae , et ait : Quod interpretai ur Mis- sus. Iam quis sit missus agnoscitis : nisi enim Ule fuisset missus , nemo nostrum esset ab iniquitate dimissus. Lauit ergo oculos in ea piscina quae interpretatur Missus, baptizatus est in Christo. Si ergo quando eum in seipso quodammodo baptizauit, tunc illuminami ; quando inunxit, fortasse catechumenum fecit. Etc. (4) Sedulius, Carmen paschale, III, v. 143 sqq. ( P.L. , t. XIX, col. 649) :

Inde pedem referens, geminos uidet ecce sequentes caecatos clamare uiros tunc caeca precantum lumina, diffuso ceu torpens ignis oliuo, sub Domini micuere manu, tactuque sereno 150 instaurata suis radiarunt ora lucernis.

IV, v. 31 sqq. ( P.L. , t. XIX, col. 674) : Praeterea geminos Dominus considere caecos, dum quoddam transirei iter, comitante cater na, conspicit , exstinctae poscentes muñera formae,

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306 M. RENARD

mystique í1). Un sermon attribué à Fulgence est consacré tout entier à la guérison des deux aveugles de Jéricho selon la version de saint Matthieu ; l'image du collyre qui donne la lumière s'y retrouve et l'essentiel en est une prière au Christ, « lumière d'éter- nité », pour qu'il ouvre à la foi les yeux des fidèles (2). Pour Isidore

flebilibusque uagas implentes uocibus auras . Nec cunctata solens pietas inferre salutem, 35 quae sentit flagrare fidem , mox lumina tangens euigilare iubet , quae somnus presserai ingens , atque diu clausas reserans sub fronte fenestras , ingrediente die , fecit discedere noctem . Hinc repetita sacri gradiens per moenia templi 40 lumina caecatis dedit , et uestigia claudis.

IV, v. 106 sqq. (P.L., t. XIX, col. 681) : Tu quoque uirtutis sensisti munus herilis , procumbens oculis, cuius in lumina Christus exspuit, et speciem simulatae mortis ademit.

IV, v. 251 sqq. (P.L., t. XIX, col. 695) : Inde means , genitum černit considere caecum , qui male praegnantis delapsus uentre parentis , in lucem sine luce ruit. Tunc sanguinis ille conditor humani, mundique orientis origo , imperfecta diu proprii non passus haberi 255 membra operis , natale lutum per claustra genarum illiniens, hominem ueteri de semine supplet. Nec uisum tarnen ante capit , quam uoce iubentis accepta Domini, Siloam uenisset ad undam, et consanguinei fotus medicamine limi, 260 pura oculos fouisset aqua ; mox ergo gemellae uultibus effulgent acies, tandemque merentur ignotum spedare diem...

Cf. les passages correspondants de l'Opus paschale, (1) Id., ibid., IV, v. 263 sqq. (P.L., t. XIX, col. 696) :

... Cognoscite cuncti mgstica quid doceant ânimos miracula nostros . Caeca sumus proles miserae de fetibus Euae, 265 portantes longo natas errore tenebras. Sed dignante Deo mortalem sumere formam tegminis humani, facta est ex uirgine nobis terra salutaris, quae fontibus ab luta sacris , clara renascentis reserat spiramina lucis .

(2) Fulgence, Sermo VII (P.L., t. LXV, col. 866-867) : Quanti lucri est in uia sedere qua Christus delectatur transiré I Via est regalis , plena angelis sanctis, ut illuminetur uisio caecicatis collyrio claritatis ... Steterunt manentes in tene -

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de Séville, les deux aveugles de Jéricho signifieront aussi les Juifs et les Gentils (*) et il expliquera l'histoire de l'aveugle né par le fait que le genre humain, plongé dans les ténèbres dès sa naissance, a été régénéré par la venue du Christ et l'institution du baptême (2). Plus tard, à Théophylacte de Bulgarie, le col- lyre fait de boue rappellera encore la création d'Adam à partir du limon (3) et si le Christ en a enduit les yeux de l'infirme avant de l'envoyer à la fontaine de Siloé, c'est pour montrer que la guéri-

bris dum starei lumen aeternitatis , qui lumen oriri facit in tenebris ... Domine,.,, tu dona medicinam tuam ut aperiantur oculi nostri. - Pour l'image du col- lyre, cf. également Paulin de Nole, Epist., XLV, 1: Lucerna semper est p e d ib us me i s и e г b um t и um et lumen s e mi ti s me is . Ita quotienscumque litteras beatissimae sanctitatis tuae accipio , tenebras insi- pientiae meae discuti sentio et quasi collyrio declarationis infuso oculis mentis meae purius uideo ignorantiae nocte depulsa et caligine dubitationis abstersa. - M . Jean Préaux a utilement attiré mon attention sur Г intervention de la Philosophia medicans auprès de Boèce, Cons. Phil., I, pr. 2 : ... admouit pectori meo leniter manum et : « Nihil, inquit, perieli est ; lethargum patitur ... Quod ut possit, paulisper lumina eius mortalium rerum nube caligantia tergamus ». Haec dixit oculosque meos fletibus undantes contracta in rugam ueste siccauit, après quoi viennent immédiatement les vers, I, m. 3, 1-2 :

Tune me discussa liquerunt nocte tenebrae Luminibusque prior rediit uigor,

eux-mêmes suivi par la conclusion, I, pr. 3 : Haud aliter tristitiae nebulis disso - lutis hausi caelum et ad cognoscendam medicantis faciem mentem recepì ... cf. W. Schmid, Philosophisches und Medizinisches in der Consolatio des Boethius dans Festschrift B. Snell, Munich, 1956, pp. 113-144.

(1) IsiD. de. SÉV., All. ex Nov. Test., § 161 ( P.L. , t. LXXXIII, col. 119) : Duo caeci, iuxta uiam sedentes, significant utrosque populos Iudaeorum atque Gentilium , per fidem Christo appropinquantes , qui dixit : E g о sum и i а , uer i tas et и i t a .

(2) Id., ibid., § 240 ( P.L. , t. LXXXIII, col. 128) : Caecus a natiuitate, quem Dominus, postquam unxit oculos, ad piscinam Siloe misit lauandum , significai genus humanum a natiuitate, id est, a primo homine errorum tenebris uitiatum, cuius oculos Dominus de sputo et luto liniuit, quia uerbum caro factum est. Et lauari oculos in piscina iussit, ut baptizatus in Christo , aeeiperet legem fidei, et crederei in eum qui humilis in mundo apparuit.

(3) Théophylacte, Enarr. in euang . Ioannis, IX, 6-7 (P.G., t. GXXIV, col. 45 D et 48 A) : ... ôeixvvœv ôià rov nr¡Xov, ori avróç èoriv ó xaì ròv 'Aôàju ànò nrjXov лЫаад... ôià rovro xaì ало nrjÀov rà öfipara ôrjfAiovQ- yeí, êxeívcp тф тдбяср rfjç ôrjxiovgyíaç, ф xaì rov ' Aôà/л êÔrjfj,iovQyrjoev. Ovx ёпКаав ôè fióvov rovç ô<pQak[Aovç, ovôè âvéœtje fióvov , dAAct xaì то óqçlv è%aQÍaaio ' олед rexfxr¡Qióv êan rov xaì rf¡v y>v%j¡v avròv epq)varjoai тф 9 Aòájx .

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308 M. RENARD

rison était due non pas à l'action curative de l'eau mais bien à la puissance même du Sauveur, manifestée dans toute sa personne et jusque dans sa salive (1). Et Euthyme Zigabène invoquera à son tour la guérison de l'aveugle de Bethsaïde et celle de l'aveugle né par la salive pour démontrer que tout dans la personne du Christ est de nature divine (2).

Ce thème, qui a tant sollicité les auteurs ecclésiastiques, n'a pas moins retenu l'attention des artistes chrétiens. Il apparaît sur un nombre considérable de sarcophages avec certaines varian- tes (3). La guérison de l'aveugle de naissance y revient le plus souvent. L'infirme, représenté avec la taille d'un enfant comme le sont fréquemment ceux qui sollicitent l'intervention divine, s'avance, muni d'un bâton, vers le Christ. Un troisième personnage, géné- ralement considéré comme un disciple, le pousse d'un geste bien- veillant tandis que Jésus, qui tient un uoliimen dans la main gauche, lui impose la main droite sur les yeux ou plus généralement l'index et le médius (4) dans un geste qui ressemble à celui de la bénédic- tion latine et qui avait été celui Sabazius (5). Deux exemples, tous deux du ive siècle, suffiront à illustrer cette abondante série de reliefs : l'un nous est fourni par un sarcophage à niches provenant de Dellys et conservé au Musée d'Alger (6) (Planche XVII, fig. 2) ;

(1) Théophylacte, Enarr. in euang. Ioannis, IX, 6-7 (P. G., t. GXXIV, col. 48 A) : Ilrvafiari ôé xéxçrjTai eiç rrjv äväßXetpiv. ' Enel yàg avròv ejueÁÀe jLiéjLiTieiv ènl rov EiKœàfÀ, ïva jnÝ) t ф vôari Tfjç nrjyfjç emygaqpfj то Oavfia, àXXà pádcofisv , otí r¡ èx tov OTÓfiaToç avTov èÇeXQovaa ôvvajuiç, avTÍ¡ xal ôíênXaae xal âvécpt-e tovç ô(pQaXfÁ0vç avTov.

(2) Euthyme Zigabène Comm. in Marcum, ch. VIII (P.G., t. GXXIX, col. 813 B) : Kal êv т ф е1хоатф ôè tqítcú xe(pakaíq> tov nagóvToç Evayys- kiOTov TtTvéÀœ nqòç Ttjv Oeçaneíav é%Qr¡aaTo tov TvtpXov, xal êv т ф ôe- xárco ôè tov 4(oávvov , ore tov êx yeveTrjç Tvykòv iáaaTo. Tovto ôè ènoíei TtQÒç nioTœaiv Tfjç r¡va>[xévrjg avT ф QeÓTrjToç. IJœç yàg âv êvtjQyow тайта, si fiij Geòç r¡v ; - Cf. Id., ibid. ( P.G. , t. CXXIX, col. 813 A, à propos de la guérison du sourd-muet : ... ïva yvwjmev, oti nãv ¡négoç tov ãyíov оеоратод avTov deíaç ówáfiecog /neoTÒv f¡v. 9Iôov yàg xal то TiTvekov tov âxgávTov aTÓfiaTOÇt /лев' o$ Tfjç fioyyfjç yûœoorjç rjipaTo , deíaç [лете~1%е ôwáuecoç... (3) Cf. Wilpert, I sarcofagi cristiani antichi , t. II, p. 295 sqq. - Cf. encore

A. Vassiliev, Anecdota graeco-byzantina , I, Moscou, 1893, p. 9 et Catenae Graecorum Patrům in Novum Test., éd. J. A. Cramer, I, Oxford, 1844, p. 344.

(4) Cf. Cabrol, art. Imposition des mains dans Cabrol et Leclercq, op. cit., col. 395 sqq.

(5) Cf. Blinkenberg, Archäologische Studien, Copenhague et Leipzig, 1904, p. 67 sqq.

(6) Wilpert, I sarcofagi cristiani antichi, 1. 1, Rome, 1929, p. 40 et pl. XXIX, 3.

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NOTE D'ICONOGRAPHIE PALÉOCHRÉTIENNE 309

l'autre fait partie de la frise continue d'un sarcophage de l'église Saint-Félix à Gérone (Planche XVIII, fig. 1) (1).

Le motif se retrouve à sept reprises au moins dans les peintures des catacombes, depuis la première moitié du 111e siècle, et notam- ment dans celle de Domitilla (2).

Voici encore que le sujet vient d'être identifié parmi ceux qui composent la mosaïque décorant le couvercle à double pente d'un sarcophage de Tipasa et que des considérations de style et de technique permettent de dater du milieu du ive siècle (3). Le Christ vêtu de blanc avance la main droite vers les yeux de l'aveugle incliné, qui effleure des doigts la tunique du Sauveur. Un troisième personnage fait suite à l'aveugle comme sur les sarcophages à reliefs (Planche, XVIII, fig. 2).

Multiples sont donc les textes et les documents archéologiques qui éclairent le sens du graffite de la catacombe de Domitilla et

qui démontrent qu'il s'agit bien là d'un thème de salut.

Il reste un dernier point sur lequel nous voudrions encore nous arrêter un instant. Si l'ensemble de l'exégèse naguère proposée par Marucchi ne résiste pas à l'examen, il n'en est pas moins vrai

qu'il avait sans doute raison d'assigner une valeur particulière et

précise à la cathèdre sur laquelle siège un des personnages de notre marbre.

Il y a, en effet, dans l'art antique tout un symbolisme du trô- ne que l'on a sporadiquement souligné. On l'a soupçonné en Crète déjà à propos du trône flanqué de griffons du palais de Cnossos et on l'a reconnu en divers endroits de la Grèce : à l'Amy- klaeon de Laconie, à Argos, à Aenos de Thrace, etc. (4). Héphais- tos, qui avait ouvré un siège du Sommeil, avait, comme on sait, fixé sa mère sur un trône, «comme une ' Belle-au-bois-dormant funérairement empaquetée d'après [un] cratère de Bologne » (5),

(1) Id., ibid., t. II, Rome, 1932, p. 295 sqq. et pl. CLVIII, 3 et G. Bovini, 1 sorcofagi paleocristiani della Spagna , Rome, 1954, p. 100 et fig. 34.

(2) WiLPERT, Die Malereien der Katakomben Horns , р. ¿¿уз sqq. (3) J. Lassus, Les mosaïques d'un sarcophage de Tipasa dans Libyca. Ar -

chéologie-épigraphie , III, 1956, p. 265 sqq. (4) Ch. Picard, Les religions préhelléniques. Crète et Mycènes, Paris, 1948,

pp. 158 et 199. Cf. Daremberg, Saglio et Pottier, Diet, des ant art. Thronus (V. Chapot), p. 278 sqq.

(5) Ch. Picard, Une peinture de vase lemnienne, archaïque , d'après l'hymne

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310 M. RENARD

et attendant de lui une libération qui équivalait à une résurrection après une mort temporaire. A Rome, l'usage s'est perpétué du trône vide en apparence, mais symboliquement occupé par le per- sonnage éminent auquel il était destiné, ou par un défunt divi- nisé ou encore par Jupiter Í1). Et l'on trouve dans les tombes ro- maines comme dans les tombes étrusques (2) de tels sièges funérai- res, véritables « trônes des esprits » (3).

Ce symbolisme du trône est très répandu. Le relief assyrien de Maltaya sur le Tigre représente, parmi d'autres divinités, Belit sur un trône porté par un lion ; sur la base du trône, on voit deux animaux ailés ; la plupart des dieux qui constituent le défilé por- tent une rosace solaire sur leur coiffure (4). Le dieu hittite de Karganisch siège sur un trône porté par des lions que conduit un être à corps humain et à tête de griffon (5). Dans l'Inde, le trône, imprégné du symbolisme propre au lieu saint, apparaît à la fois comme symbole de la souveraineté universelle et comme sym- bole cosmique. Il est un microcosme tout chargé de la substance du monde (6), il est « mis en étroite corrélation apec l'axe cosmi- que, avant... de devenir lui-même l'équivalent de cet axe » (7) et il s'appuie souvent sur des animaux de signification solaire et royale comme le lion (8). Des disques sassanides montrent le souverain siégeant sur un trône orné de chaque côté de sept oiseaux placés

de Demodocos : Odyss., VIII , 256 sqq. dans Reo. arch., 1942-43, II, pp. 105-106 (fig. 2) et 120. Cf. Id., art. Vulcanus dans Daremberg, Saglio et Pottier, Diet . des ant., p. 979 sq.

(1) Cf. A. Piganiol, Recherches sur les jeux romains , Strasbourg, 1923, p. 139.

(2) Cf. Th. Klauser, Die Cathedra im Totenkult der heidnischen und christli- chen Antike , Munster, 1927, passim.

(3) L'expression est de Piganiol, l. c. (4) H. P. L'Orange, Studies on the Iconography of Cosmic Kingship in the

Ancient World , Oslo, 1953, p. 51 et fig. 27. Cf. les exemples nombreux et sug- gestifs commentés par H. Danthine, L'imagerie des trônes vides et des trônes porteurs de symboles dans le Proche Orient ancien dans Mélanges syriens offerts à R. Dussaud, t. Il, Paris, 1939, pp. 857-866. Voir aussi H. Labat, Le caractère religieux de la royauté assyro-trabylonienne, Paris, 1939, p. 90.

(5) Id., ibid., p. 51 et fig. 27. (6) Cf. J. Auboyer, Le trône et son symbolisme dans l'Inde, Paris, 1949,

p. 139. (7) Id., ibid., p. 104. (8) Id., ibid., pp. 108-109.

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dans des arca tures ou des cercles tandis que l'ensemble est couronné par un croissant lunaire (*). Nombreux sont donc, dans les do- cuments du genre, les éléments dont la signification cosmique et astrale est évidente.

Des conceptions analogues se retrouvent dans l'Ancien Testa- ment. Les Psaumes soulignent l'assimilation astrale du trône de David (2). Isaïe voit le Seigneur assis sur un trône élevé (3) et il fait dire à Javeh : « Le ciel est mon trône » (4). Ézéchiel aperçoit dans le firmament comme une pierre de saphir en forme de trône (5) et dans la vision de Daniel, le trône de Jahvé ainsi que ses roues - car le trône céleste est souvent pourvu de roues qui l'emportent à travers l'espace - sont de feu (6).

Dans le Nouveau Testament, le Christ assimile le ciel au trône de Dieu (7). Ailleurs, lorsque Jésus, tout en lançant l'anathème contre eux, veut reconnaître que les Pharisiens et les Scribes sont les h ritiers de la loi de mosaïque, il déclare qu'ils sont assis sur la chaire de Moïse (8). Saint Jean de son côté voit le trône de Dieu dans le ciel et sa vision rappelle celle des prophètes de l'Ancien Testament (9). Nous avons rappelé d'autre part les textes qu'avait réunis Marucchi et d'après lesquels le Christ avait promis un trône céleste à ses apôtres et une place, sinon un trône, dans le ciel aux élus (10).

(1) L'Orange, op. cit., p. 36 et fig. 17. (2) Psaumes , LXXXVIII, 38 : xai ó 6qóvoç avrov œç ó tjÁioç èvavnov

/nov xai œç r¡ aeXr¡vr¡ xarr¡QriOfAévr¡ elç rov alœva. (3) Isaïe, VI, 1 : elôov rov xvqiov xaOr/ueyov èni Oqóvov vyjrjXov xai

èneQYifièvov. (4) Id., LXVI, 1 : fO ovçavóç fiov Oqóvoç, xai rj yfj vnonóôiov rœv noôœv

l wv . (5) Ezéchiel I, 26 : œç ôgaaiç XíOov oampeÍQOv, ójj,oía>pa Oqóvov èn *

avrov ; Id., X, 1 : Kai ïôov, xai lôov ênávco rov aregecófiaroç rov v лед xeqjakfjç rœv XeQovßi/bi , œç Xídoç aampeÍQOv ôjuoiœfia õqóvov ёл' avrœv.

(6) Daniel, VII, 9 : ó Oqóvoç avrov q>Xó£ лvQÓçt oí rQ0%0Í avrov лйд (pXéyov. - Cf. L' Orange, op. cit., p. 48 sqq.

(7) Matthieu, V, 34-35 : ' Eyœ ôè Xêyœ vjàïv ¡lit] o¡iÓGai oXœç, juijre èv rœ ovQavœ , on Oqóvoç êari rov Oeov , jl ir¡re èv rf¡ yfj , on -илолод ióv èari rœv ло0№ avrov. - Cf. Isaïe, LXVI, 1, cité supra , n. 4.

(8) Matthieu, XXIII, 1 : 'IsVu rfjç Mœvaéœç xaOéÔQaç èxáOiaav oi yga/m- fiarelç xai oi OaQtoaloi.

(9) Jean, Apocalypse , IV, 2 sqq. : xai lôov , Oqóvoç exeiro èv rœ ovgavœ... Kai xvxXóOev rov Oqóvov Oqóvoí eïxooi xai réoaaQeç... (10) Cf. supra , p. 295.

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Marucchi avait donc raison de considérer que le trône chrétien ne caractérise pas seulement l'éminente dignité du Christ, de la Vierge ou des apôtres mais qu'il peut, lorsqu'il est conféré à des défunts, signifier le siège réservé aux élus dans le royaume céleste (*). A ce propos, il a réuni ultérieurement une intéressante série de documents parmi lesquels nous retiendrons :

Io) un graffite funéraire du Musée du Capitole où deux person- nages, nommés Maximus et Secundinus, sont assis de part et d'autre d 'un trône vide que l'on doit regarder comme le trône divin (2) ;

2°) une plaque de marbre provenant du cimetière de la Via Labicana, Ad duos lailros , au centre duquel, est représenté, entre deux baldaquins, un trône vide dont le dossier est surmonté d'un oiseau que son nimbe a fait considérer comme le phénix, symbole d'immortalité dans l'art chrétien comme dans l'art païen (3) ;

3°) une gravure du cimetière de Sainte-Thècle représentant un défunt assis, tenant de la main droite un rameau d'olivier et tendant la gauche vers une colombe près de laquelle est dessinée une grappe de raisins (4) ;

4°) un remarquable fragment du Musée du Latran où la défunte est figurée au premier plan comme une orante tandis que dans le fond s'élève un édifice avec colonnes, baldaquins et candélabres et portant l'inscription In pace surmontée d'une fenêtre pariaquelle on aperçoit le siège symbolique de la béatitude éternelle (5).

(1) Marucchi, Una singolare scena , p. 98 ; voir aussi Th. Klauser, op. cit., passim. - Cf. également la fête de la Chaire de saint Pierre.

(2) Marucchi, Il simbolismo della cattedra, p. 362 et fig. 2, p. 361 ; cf. aussi Id., I monumenti egizi ed i monumenti cristiani recentemente sistemati nel Mu- seo Capitolino dans Bull . Comm. Arch. Com. di Roma , XL, 1912, p. 196, n° 50, et pl. IX, fig. 25.

(3) Id., Il simbolismo della cattedra , p. 362-363 et fig. 3, p. 362. (4) Id., ibid., p. 363-364 et fig. 4, p. 363. (5) Id., ibid., p. 365 et fig. 5, p. 364. - D'autres documents pourraient

s'ajouter à ceux qu'a rassemblés Marucchi. Ainsi un peigne, provenant de Chiusi, dont une face représente deux brebis flanquant une cathèdre voilée sur le siège de laquelle est posé un livre tandis que l'autre est ornée d'une couronne entourée de deux brebis. Armellini, Gli antichi cimiteri cristiani di Roma e d* Italia, p. 655-656, a bien vu le symbolisme du document : d'une part les fidèles de la doctrine évangélique représentée par la cathèdre et le livre, de l'autre la couronne d'immortalité qui est leur récompense. - Sur le symbolisme du trône, cf. aussi L. Hautecoeur, Mystique et architecture, Paris, 1954, p. 184 sqq. - Le Moyen Age a imaginé le souverain assis sur le trône de David et gardant

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note d'iconographie paléo-chrétienne 313

Les préoccupations eschatologiques que révèlent ces documents sont aussi celles du graffite de la catacombe de Domitilla i1).

Marcel Renard.

la porte du ciel : cf. E. B. Smith, Architectural Symbolism of the Imperial Rome and the Middle Ages , Princeton, 1956, p. 83.

(1) Au moment où nous corrigions les épreuves de ces pages, nous avons eu l'occasion de lire Particle de D. Balboni, Di una singolare scena graffila nella catacomba di Domitilla dans Riv. di arch, crisi., XXXI, 1955 (pubi, fin 1956), pp. 253-259. M. Balboni a vu de son côté que le graffite de la catacombe de Domitilla représente une opération ophtalmique. Mais il considère qu'il s'agit d'une médication réaliste, relevée par le souci chrétien de la charité. Nous nous séparons catégoriquement de lui quant à l'interprétation de la scène. - Sur ces entrefaites, la direction de cette revue a reçu à propos du document en cause la note de F. Benoit, Nouveau document d'époque chrétienne sur l'illumination , publiée plus loin, pp. 348-349.

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PLANCHE XV I

Fig. 1. - Graffite de la catacombe de Domitilla

Fig. 2. - Sarcophage de Ravenne

M. Renard, Note d'iconographie paléo-chrétienne F. Benoit, Nouveau document d'époque chrétienne sur l'illumination

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PLANCHE XVII

Fig. 1. - Relief de La Malmaison

Fig. 2. - Sarcophage de Dellys au Musée d'Alger (détail)

M. Renard, Note d'iconographie paléo-chrétienne

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PLANCHE XVIII

Fig. 1. - Sarcophage de Saint-Félix a Gérone (détail)

ig. 2. - Mosaïque décorant le couvercle d'un sarcophage de Tipa (détail)

M. Renard, Note d'iconographie paléo-chrétienne

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