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Note sur un recours de feux dans la baillie de Puget-Théniers en 1343 * Le roul ea u de parchenlin portant la cole B 534 conserve aux archives départementales des Bouch es-du-Rhône à Marseille conlient une enquête relative à la diminution du nombre des feux dans 23 communes de la baillie de Puget-Théniers, Le document n' est pas inconnu : ses données ont été utilisées dans les travaux d'E. Baratier 1. Mais. outre les données qu'il fournit sur la population, il permet une étude plus détaillée, Ce dossier tire son origine des difficultés de la perception du focagium, En 1343, la cour a cidé une levée de queste pour financer l'acquisition de la moitié de Bellafaire, et d'une partie du territoire de Gigors, achetées aux nobles Chabaud de Ventayrol et Aynard de Rame, ainsi que d' une partie des territoires de Noyers et d'Agrimontis ach etés à Louis de Barras, coseigneurs desdits lieux. Comme au cours de la perception, il est a pparu que p lu sieurs contribuables ava ient disparu, le Sénéchal ordonna de procéder à la révision des feux nlanquanls. Le clavai re et le juge de la bai llie se rendent donc dans tous les castra où, faisant connaître le contenu de la lettre patente du sénéchal au baite royal et aux jurés qui représentent la communauté, ils procèdent au recensement des chefs de famille conlribuables, établissant une liste nominative exacte d es maisons ... Cet article était originellement destiné au numéro 3 des Cahiers du Centre d'études des sociétés méditerranéennes Qui n'a pu paraître. En accord avec M. G. DUBY, directeur du C.E.S.M., Mme Ilona JONAS a accepté que son texte soit repris et légèrement condensé pour trouver place dans cel ensemble d'ét udes sur le peuplement de la Provence médiévale. 1. E. BARAT1ER, La population du comté de Nice au début du XIVe siècle, dans Provo hist., t. III, 1953, p. 48·61 ; La démographie provençale du XlJI' au XIV' siècle, Paris, 1959.

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Note sur un recours de feux dans la baillie de Puget-Théniers en 1343 *

Le roul ea u de parchenlin portant la cole B 534 conserve aux archives départementales des Bouches-du-Rhône à Marseille conlient une enquête relative à la diminution du nombre des feux dans 23 communes de la baillie de Puget-Théniers, Le document n'est pas inconnu : ses données ont été utilisées dans les travaux d'E. Baratier 1. Mais. outre les données qu'il fournit sur la population, il permet une étude plus détaillée,

Ce dossier tire son origine des difficultés de la perception du focagium, En 1343, la cour a décidé une levée de queste pour financer l'acquisition de la moitié de Bellafaire, et d'une partie du territoire de Gigors, achetées aux nobles Chabaud de Ventayrol et Aynard de Rame, ainsi que d'une partie des territoires de Noyers et d'Agrimontis ach etés à Louis de Barras, coseigneurs desdits lieux. Comme au cours de la perception, il est apparu que p lu sieurs contribuables avaient disparu, le Sénéchal ordonna de procéder à la révision des feux nlanquanls. Le c lavaire et le juge de la bai lli e se rendent donc dans tous les castra où, faisant connaître le contenu de la lettre patente du sénéchal au baite royal et aux jurés qui représentent la communauté, ils procèdent au recensement des chefs de famille conlribuables, établissant une liste nominative exacte des maisons

... Cet article était originellement destiné au numéro 3 des Cahiers du Centre d'études des sociétés méditerranéennes Qui n'a pu paraître. En accord avec M. G. DUBY, directeur du C.E.S.M., Mme Ilona JONAS a accepté que son texte soit repris et légèrement condensé pour trouver place dans cel ensemble d'études sur le peuplement de la Provence médiévale.

1. E. BARAT1ER, La population du comté de Nice au début du XIVe siècle, dans Provo hist., t. III, 1953, p. 48·61 ; La démographie provençale du XlJI' au XIV' siècle, Paris, 1959.

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6U \UF I. [UII.Er

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RECOURS DE FEUX DANS LA BAILLIE DE PUGET-THÉNIERS 61

les communes que nous examinons, un noLatre, quelqu efoi s plu sieurs, figurent sur la liste d es contribuables: 8 à Puget-Théniers, 4 à GlIillmunes, :l à Saint-Martin-d'Entraunes ct 1 011 2 dans les autres villages 6.

Au cours du recensement, on énlllnère les seuls ch e fs de fanlille co nlribuabl es. Notre source ne se prête donc pas au calcul de l'effectif total de la population. Le recensement ne comprend pas les nobles, bi en que, ùans tous les castra, 11 mentionne la présence de nobles, sans toutefois fournir leur nombre ni leur nom. Les ecclés iastiques étai ent également di spensés du paiem ent de la ta ille : à Puget-Thénie rs, dix prê tres qui possèdent 1Ine m a ison dans le castrum sont égaleulenL exemptés, ainsi que ]2 nlJncii royaux et ]5 domicilia jlldeorll m 7.

Sur 22 localités figurant dans l'e nquête, on compte deux villes Puget-Théniers e t Guillaumes. Même après le d éclin, le nombre des feux y était encore de près d e 200 8, Parmi les villages, les deux plus grands, Annot et Saint-Benoit, comptaient 110 el] 15 feux. Le nombre des nIaisons de cinq aulres éLait de 50 à 70, et celui des 12 derni ers de moins de 50. Le plus petit d'enlre e ux était Cas tellet-Saint-Ca ssien, oil l'on JlIentionne en tout 7 chefs de famille contribuables.

Comme dans les villages provençaux en général , nous lrouvons ici des formes ù'aggloméra tions très concentrées. Pourtant, bien que dans cette région les agglomérations isolées soient très l'a res, la source m entionne aussi des agglOllléralions hors les murs. On peut imputer la formation de ces agglomérations du type faubourg à J'accroissement de populalion du XIII" siècle. Au cours du X[V~ siècle, ce sont précisément ces lieux nommés écarts ou simplement (oreste qui se dépeuplent les premiers. Les enquêteurs

6. Les enquêteurs nomment 2 notaires à Villeneuve.d'Entraunes, Entraunes, Rigaud , 1 à Colle Saint-Michel, Annot, Châteauneuf·d'Entraunes, Sausses. (Johannes l soard notarilfS de Salis, assiste dans plusieurs castrurn au cours du recensement), Le Fugeret, la Rochette, la Penne, Saint.BenoÎt . Dans cette dernière localité figure parmi les dispa rus magister Benedictus Blanqui notarius qui est parti après avoir vendu tous ses biens.

7. A Rigaud, on justifie l'absence d 'un l1ul1cius. Quant au rôle des juifs dans les villes et villages provençaux, voir : G. DUBY, art. cité, p. 106/ BARAnER, La démographie provençale, p . 69.72; Histoire du commerce à Marseille, t. II, Paris, 1951 , p. 89·96.

8. E. BARATIER, La démographie provençale, p. 186.

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62 II.ON ,\ .I0N.\S

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TAB LEAU 1

Nom dl' J'aggloml~ration

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Nombre de k ux dans

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V ilk nl.:lI\'c-d·Enlr~lUnL's 31

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RECOURS DE FEUX DANS LA BAILLIE DE PUGET-THÉNIERS 63

TABLEAU II. DIMINUTION DU NOMBRE DE FEUX

Nom Nombre des chefs Nombre Diminution de familles du castrum contribuables des manquants en %

-----

Montblanc 26 19 42,2 Puget-Rostang 50 59 54

Annot III 50 32 La Colle-St.Michel 18 Il 38 Ascrot 43 27 38,5 La Penne 35 36 51 La Rochette 19 7 27 MéailIes 42 14 25 Le Fugeret 70 32 31 Sausses 39 23 35,3 Castellet.St-Cassien 5 7 58,3 Les Mujouls 28 30 52 Entraunes 66 35 34,7

Saint-Benoît 115 50 30,3 Châteauneuf.d'Entraunes 38 27 41,5 Rigaud 60 49 45 St.Martin.d'Entraunes 58 43 42,5 Bairols 35 15 30 Villeneuve-d'Entraunes 42 22' 34,3 Castellet-les-Sausses 69 40 36,6 Touët.de.Beuil 19 21 52,5 Puget-Théniers 195 46 19,5 Guillaumes 183 66 __ 26_,5 _ _

TOTAL. 1.366 729 35

(*) Données du rôle des contributions de l'année 1315.

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64 11,0\1 .\ JO\L\ S

Dall s \(os n "l'ullses il l'l'nqw; te. 011 attrihut' gt"Il("ndt.'IIH'1l1 la grand t'

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r('eo ll l's 'lui s'l'Ilsuil'ail'ni 'l , Ll's Iwhilanls rl' Iaknl les Ii'illoins ,'t'n Irotlyail' lll apl'<lU\TÎ S. S·l'IHIt.'llai t.' IlI l'hez h.'s usurÏl'rs , (kn'llail'1l1 IIH' IHlianls

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~;l! lII'S d l'cl :II'(' nl qUt' Il' cl l'l' II Il 1 n ';1 lai ssl' ni forlilne ni desce ndant. l)':llltr<'s

roi s. ils s ignal e nl qll 'dant IIlOrl san s h l' dlil'!'. toul l' sa forlull e..' l'st n'\'l'nIH'

, HI s('iglll'ur l'l, s ur :lIX cas, nOlis tnlllYOIl S s(.'ull'IIl('nl 2;'") ('x('lIIpl('s où

j' h l' rilil'l' ligure ("ga ll'Hu'lIl SOIIS SO li )ll'opn' IlO1l1 s llr 1:1 li s te dl'S ('ollirihu:l­

hies. :'\ous n 'ayo n s pH S l'l' pl'I'toril' il part ( 'S tl l'd's S III'\'l' IlIl S hors dll

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RECOURS DE FEUX DANS LA BAILLIE DE PUGET-THÉNIERS 6S

deux d'entre eux qui , se trouvant sous le coup d'un jugement de tribunal, son t 111 0rts dans ]a prison de la bail1ie 13.

Comme les enquêteu rs s'inté ressa ient avant tout aux biens et r evenus qui constituai ent la base de l'impôl, on ne dil pas partout exactement ce qu'il est advenu de la personn e du contribuable, d e sor te que notre tableau n'est pas Lout à fait exact; c'est pourquoi il a été nécessaire d'intercaler une rubrique « incertain " consacrée aux cas que nOlis ne pouvions faire figurer en toule sécu rité dans aucune autre colonne.

TABLEAU III. DIVERSES CATEGORIES DE FEUX MANQUANTS

Nom du castum Décédé ~~t u~m~r;~ e.n un lieu ~cn- It~~~~' ----------1-- désigné ~ dlants __

Montblanc Puget-Rostang Annot ....... .. . . . La Colle.St.Michel La Rochette Méailles Le Fugeret Sausses ....... . . . Castellet-St.Cassien Les Mujouls Entraunes Saint_Benoît ... .. . . . . .. . . Châteauneuf-d'Entraunes Rigaud ... . . .. .. ...... . St·Martin.d'Entraunes Castellet-les-Sausses Touël-de-Beuil Puge t-Théniers Guillaumes

TOTAL

Ont déménagé au total: 274.

17 16 38 6 24 23 2 3 6 3 2 1 6 b 2

15 2 15" 6 11 2 2 2

20 4 1 4 9 1 20""

19 18 10 2"" 10 3 2 9"" 28 12 6 1 7 3 2 29""

15 9 12 9 22 2 4 1 17""

_16 ___ 2_6 _ _ 19 _ _ 5 __ _

226 129 130 55

Les données marquées du signe * se rapportent à une disparition ou à un décès. Les données marquées du signe ** ne rendent compte que de la fortune du chef de

famille manquant , sans communiquer de renseignements sur le sort de la personne en question.

13. Fulco Forni bene sunt decem anni lapsi et plus, qui decessit in carcere curie regÏltalis (Rigaud) ; Alllonius. Lat/tard cOlldempnatus ad suspel1dium, morluus est in carcere, et botta eius omnia dlstracla sunt . (Pugel-Rostang.)

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66 II.ONA JONAS

Qu .dl'l' local il l's POlll' IeSqUt.' lI l'S Il' I n~ ll' Ill' d O llll l' (h· li s lt.' ni 1l1lllJ l' ri­

(llIl' ni IW lllÏn :d c..' Il l' fi g llrt' nl pa s SIlI' l'l' tahleau 1·4. Les p C.' I' SO llll l'S jnll'Hugl"l's

." (' xp liqll l' ni l a ,IÎluÎnulioll par l' a ppaU \TÎssl' Il1 t.' IlL l'I l'l'lIlÏ g raLÎoll dans tllll'

autre COll t rl' (', L ... IlOlIlhl' l' des (' migrant s l'st dOl1r salls dO lll t' iri sOlls-es lÎ lIll',

Dan s la pillpart dt'S C:.IS, ct' n'l's i pa s Il' c hef dl' falllille ('ontrihtlahll', lIIai s ses héritiers, e\'s l-ù-dire sOLln'nl Sl' S enfants. qui ('lwl'('ht' 111 des possi hilih" s

d e yj (> d : lIl s lilH' :Iulrl' (·onl l'l'l'. t'al' il s Il e di s posent dl' l'i (~ n SU l' Il' I l' rriloin'

1111 enS/flllII , soil qlll' Il' tl'statl'lIl' II ~ son lil',mt ait IIrjà tOllt l'l'IlItli pOlir P"~'(, I' St'S d(' ll('s, soit qll ' il s "i l'nl 1011 1 d':pl'!lSl' l' II X- IIH: IlH'S p01l1' l'in,' Il,

()uUIlI ù la d in.'cl ion dl' l' t" lIli g ra li on, hicil (p t t.' nOli s n'a yo n s pas

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..J rois, BOrllll'S l'l H~'l' n' s :L l :1l 1l 0 11lhl't' imporlant dt· lo('alill's \"Ilisinl's tlll

littoral Stlll t IIIl' nti o lllll'l'S t Ol! 2 fo i!'i Antihl' s, A urihl':HI , Li.' Call1H' l.

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Lo uhet. t-:n Prm'(' fl('c int (' ri l' u n'. .-\i x, Bri gnoles, (i·o llfal'on . Ll' :\llIy, Ii g lll'el1t

1 ou 2 fo is. Duns Il' s Alp(' !'i (lu Sud . ~lou !'i li('I '!'i a attin', lrob d(' !'i alll'il' Il!'i

hahitant s (Il' ('('!'i \" illages, lIll pills l)l, til IlOllIhn' a g.q,{IH' Chaud on, Vergo n s

CHI Colmars , Dan s lu huilli l' IIl l' IIl t', H d cs l'lIli gn "!'i St' sont ~q a hli s :III ('hl'r-lieu.

:1 il Pl'YI'l'S(' et il Saussl's, tandis <1 Ill' s i x autres Itl('alil (~!'i sont ('gakllH'nl

('ill't'S UIl l' 011 d(' u x I"o is ('tllllllli.' po int dl' ('hllt(' d t'!'i ('x ill'S 17. L(, 11OIIIhl'l'

d t, ('(' UX ;'1 qlli s'a ppliqu l' la I"ormuli.' illlpf'(~ ('i !'i(' « p:lrti !'i ;n /)rm,;n n'fl » .

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RECOURS DE FEUX DANS LA BAILLIE DE PUGET-THÉNIERS 67

s'élève à 8. Les destinations sont parfois plus éloignées, ainsi Avignon cité une fois, et la Lombardie signalée à ci.nq r eprises.

Les mendiants étaient exempts d'impôts de sorte que, dans les recen­sements, leur nom n 'est suivi qu e de la m ention m endicans est. Mais l'accroissement de leur nombre a probablement poussé les recenseurs à donner de plus amples renseignem ents sur eux. Les enfants du chef de fam ille décédé se trouvaient souvent réduits à la nlendicité pa r suite des obligations féodales de leUl' père, ou de ses deites privées . Ainsi, par exemple, dans le village de Montblanc, les biens de cinq hommes décédés avaient été pris par dominus [snardus de Glandeves. Certains de leurs

enfants éta ien t décédés eL les a utres parcouraient la Provence «en men­diant ». A Castellet de Saint-Cassien, Douce, fille de Sigalon Texloris : « vera m endicans est et etiam vacabunda :t 18. Ordinairement, les mendiants ne restent pas sur te territoire du castrum, m ais comme les exelnpl es précé­dents le prouvent, ce sonl des vagabonds, ils «mendient dans d'a utres contrées:t, «en Provence ou« vont de castrum en castrum en mendiant des vivres » 19. A Rigaud, par exemple, oit l'on nomlne six nlendiants, un seul est resté et vit près de l'église 20. Dans certaines agglomérations, le grand nombre des m endiants est particulièrement frappant. Dan s le castrum d'Annot, il s fonnent près de la moitié du nombre des contribuables disparus. Si l'on y a joute celui des décédés sans fortune, compte non tenu de ceux qui out émigré, on a lteint 94 % des m a nquants.

Parmi ces mendiants d'Annot, dans deux cas, on précise que ces individus avaient été réduits à la m end icité à cause de leurs dettes 21.

Même affirmation à Saint-Benoît: les héritiers d'un contribu able décédé ne possèdent plus rien propler de bila quia judeis debebant, sed pelunl helemo-

18. Dans l'enquête de 1333, un juré est nommé Sigalonus Textor. on peut penser qu'il s'agit de la même famille.

19. Raymundus Mutonis no~ e.st in territorio et vadit per castra .elen:zosinas petendo et nulla bona habet. Heredes lultanr, quondam non sun! nec habitant ln dIcta castro bene sunt quinque anni lap~i, et vadtmt extra, helemonisas . peten4o, ctc. (Saint-Benoît).

20. Beatrix Berengeria mendicans, man et cum dlcto pnore Sancti Petri de Claudo (Rigaud)

21. Par ex. : Laurent Hugoni9 est debitor pro judeis et est mendicans.

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68 ILO N,\ JO " "S

nisas l'I fI('l'i st/fil I1lC' 1HfiC(lIl/{'S; HaylilOnd Do III l'Il !l', ch, son , "j,'unl, ,n"ait

dù \Tndn.' lou s Sl'S hi l' Il S pOlir paYl'l' Sl~ S dt'lt es, el st's ht'l'i IÎ (' rs lIu'ndh'nl

hors du (,flsll'lIll1 : Uicordfl s .lIlI/on; IIlOrtlllls {'si pl'/l'nd(J in lerri/or;s alil'Ilis

flclcH/(Juisas , cl illa bona, ({Ill' hahdl(lJ. IIl'f1(/ila slInl IJI'opll'l' dc'hi/" (If/Ù'

jlldds ddlchal. A (iuillmlllll's. ('gak llH'nl, deux pl'rSOllll es son t n "duites ù

la 1I11'IH!icil(' par Il' po id s d(' leurs delll's. A Ch:.H('alllH'tlf-d·I~lllratllll's. 1('

('01111<' de l\IOl1lt'(':!\TOSO a sa is i pro sl'rnido 21, loul n.' (PH' poss("d:dl lIll

hahilant , l'l,duit pal' Iii ù la 1IH'IHlicill'.

La p:lI' lil' 1:1 pilis (ln"{'il'IISl' du cl()("uIJwnt l's I {'()nslittH~l' par h's Iloh's

n 'l:llin.'s aux hicn s des (' tllllrihllahles disparu s. La pillpart dl'S propril,tail'l's

tll' s Illai~olls illlwhil~" t's IH' disposaient plus d':!lH'Ulll' forllllH', Cl' rl<lillS sont

lIlorts sa n s IH~ l'iti('l's l' t sa n s hl'ritugl' 2>, d' ;' llItrl's s o nt parti s qlli ne POSSt"·

d .. i~'111 pills r i('n Sll l' le «'niloin' du ctlslrllIJI. :'\O!!S IrUII \ 'OIlS pilis d'lIlle

rois l'indÎ<'alion qlll' le ('o nlrihu<lhle s'ell ~'s l all~~ ;,qu'l' s m 'oir \'l'jHIII tout e(~

qu'il possl'dait 2-1, ayallt (Ollt (1I"lll'll s<." pour \' i""l" ClU a~'allt tout p~'l'du 25,

Il ('si so un'nl qlH's lioll d~' hil'Il" \'l'IH lus pOlir P"Yl'l' d<.'s dPltl'S 2/, tHI d<.' la

fllill' dll d l' hill'tll' ineap:rhll' dl' paYl'l' ses (, 1'~;a n('h'l's 27 , Si IOllldois la

)H'l'sonne d"'('l;d0(' m 'ait lab s,; t(ul'lqlll'S hil'Il s, ils nl' n'\'l'IWil'nt all x ht"l'itiers

qU\'1\ tri's pdik p:lrti,', \Iais, ('l,la 11 <.' s ignifiait pas pO Il l' alitant IIll l'

SIHTl'ssÎo n <.'11 li gl1e din'de Ili Iii SIlI'\'Î\'all<'(' dl' l'l'xploilalioll, SUI' tOIl S les

ca s l'ÎIt"s. i l n\ l'Il <l que d,'ux Illi la fOl'lll l1l' so it JlaSS(~l' allx lIlains dll fils, d es('(' lHlant dinT!. Lorsq ul' l'hl'rita g(' IT\'(' IWÎt Ù 1111<.' fi Ill' 0 11 il Illle \,(,0\,(',

Iloln' SO IlITl' IlH'ntiolllH' gl'lll' l'ull'lIH'nl la fu s ion dUlls ulle alllrl' exploitation

il la suil(' fl'Iln III<1riag(', Il l'Il l'lait d(' IIH\ 111 t' lorsqu' lIll l'l'l' l'e 011 lin :11111'1'

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RECOURS DE FEUX DANS LA BAILLIE DE PUGET-THÉNIERS 69

parent héritaient. On mentionne dix fois des filles héritières, signalant dans tro!s cas que toute la fortune du père passait à une autre personne à titre de dot " . A Méailles, un noble, Pierre Salvagi, domicellus, reçoit tout ce que Bertrand Alhaud possédait en Provence, pro dole Bealrii eius Ilxoris filieque dieU Berfranni.

La disparition du feu contribuable pouvait signifier aussi que l'héritier était clerc ct à ce titre exempt d'impôts. Le document recense 32 cas de cette nature 25 fils et 7 frères de villageois décédés sont clercs ou prê tres 29.

Dans les villages concernés par le recensement, la fortune des décédés ou des émigrés revenait le plus souvent au seigneur, qu'il en hérite ou qu'il ]a reprenne. Ainsi, à l\'[ontblanc, le seigneur a repris à sa main )a fortune de 19 contribuables disparus, au Fugeret de 15, à Sausses de lI, aux Mujouls de 18, à Touët-de-Beuil de 18, à Rigaud de 12 et à Châteauneuf celle de 10 personnes. Le motif de l'entrée en possession exprime en général la dépendance du défunt ou de l'émigrant 'lui était «l'homme du seigneur» (suus homo erat) , c'est parfois la mention pro servicio. Ailleufs, on se borne à dire que les biens sont passés à N., dominus suus ou dominus dieU loci. Nous trouvons dans le recensement la formule homines de easamenfo pOUf désigner les paysans attachés à la terre JO.

Dans presque tous les villages parait le seigneur ou le coseigneur du lieu. Souvent, ils assistaient personnellement à l'enquête. ou y envoyaient

28. RaYlmmdi Alsani, qu~a. Bertrand Alsani, qui est in numero larem foventium, tene/ of1!.nia bona sua, pro dOle ftlLe dicte Ray'mund, cum qua .contr'fxit, Guillelmus Alsall.' filLUS dicti Bertrand, qui larem fovet in dlcto castro cum dtcto eUlS paire (Châteauneuf. d'Entraunes).

29. A la Rochette, un fils ; Entraunes, un fils; Saint-Benoît, un fils et un frère ; un cousin; Saint-!'Aartin.d'Entraunes, 4 fils; à Puget·Théniers, 13 fil s, 3 frères ou parents; à Guillaumes, 5 fIls et 2 parents héritent , qui sont dits cIericus ou presbiter.

30. Tst; l10mines sunt de casamento nobilis Bertrand de Massoynis. Tsti s,unI l10mlnes de casarne1l1o domini lsnardi Feraud; de Glandèves (Touët-de-Beuil).

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70 ILONA JO)iAS

I,'urs ho 111 111 es d,' conOalH'" Il ; '111<'i'lllefois l!!l'Ul(', l'I\,' sc di'roulail dans Icul' l1lah,:oJ1 32 , Cerl:lins seniors sonl )los!''l'SSiOllll rs clans plusieurs \"illagt's.

l'i onl sous 1"111' ""pcnd"lu'" I"s paysans dl' dilll'n'nl,'s 1()(,:lli"'s.

Le scnior petit t.; ll' t.' lIll<' pl'I'SOIllH' l'('e lt."siasliqll t' olt laïqul' H. Scion le l'C(,l' Il Sl' IlH' IlI , l'Ordrl' dl' l'Hùpilal s'a ppl'oprh' à Higalld la fOI'\ullt' de j

de st'S « hommes >. aUX Mujouls ('l' II,· de ~ , il TOllët-de-lkllil l'cil" dl' :1. il Annol . Casll'IId-ll's-Sausses, ('el\e d'une p,'rSO IllH' '., Parmi les sl' igIH'urs

ecel i'si:lsliqul's. :lUX ~Iuj()uls , l'i'n''1"e d,' (lIand(ows ('onlis'lUl' les POSSl'S­s ion s de ses hommes pro .')(',,,icio e l à PlIgd- Hoslan g. {'l'Ill' d ' un hOllllll l ' ,

pro dl' cl11lfs. A Higalld, l' t''g li sc Sainl-Pi l' rn.' -d e-Clall s dl-lic..' 111 les hiplls d (' a p('rso nn(~ s, à T o uë l-dc..·-Bl'lIH, \t. l'rinr de CIal/sin a saisi la lIl~lÏ SOJ1 d'ul\

(~ lIligralll. c l il (iuillaIlIlH's. le IJr ior de .-\ ou scyo , ('('Ile d'Lin t' IH''' SO IllH~

di'Cl'(It'(' 3~ ,

;\;oln' sourn' I1WllliOllllt' SO lln'llt ,Hl ssi des IH l' lIlhrt's dll (' lcl'gl' parmi

ecu x qlli aeht'tcll! It's propl'il'l l's d es l'Illigrants o u S(' sll is iss('n l dt' kllrs

hie n s , t'Il lalll Qll l' créanciers, A Caslt'lIt'l-les-Sausses, \(:' prl'n\ l cl C' l' (''glis('

{] (' ,l!oslt'{jrc! o - Ull « fores ! » dl' ('c tcrroir ._. s'cm pare d(' la fortu11 P d ' lI11

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RECOURS DE FEUX DANS LA BAILLIE DE PUGET-THÉNIERS 71

d es habitant s qui a émigré en Provence, sa ns Inentionner aucun motif, ct ach ète la proprié té d ' un autre, profitant de son end ettem ent. A Entraunes, le chanoine Pierre Roux fa it valoir ses droits pour s'e mparer d e la fortune de 4 de ses h ommes. En TIlêlne temps, il d é lient , causa solutionis 36, les bi ens d e trois personnes émigrées, ses débiteurs. Au même end roit , Haymond Monti, capellanus, est acquéreur de deux propriétés et possesseur d'une au tre a u titre de ses créances.

Souvent, les biens des paysans n 'échoient pas a ux personnalités ecclé­siastiques par droit féodal. Ina is par voie de dona tion . A PugeL-Thénier s, de ux personnes d écédées ont légué leur fortun e aux Augustins, une autre a u co uvcnl de No lre-Dame. A Sainl-Marlin-d'Enlraunes, Raymond Mons, prévôt du couvent Saint-Martin, et un prêtre n ommé Durand Servat, bén éfi­ci ent de tels legs 37.

Notre so urce n e nomme pas touj ours les seign eurs laïques; elle n e les d ésign e sou vent qu e comme le seigneur du villageois décédé ou le seigneur du cas trllm. Mais, dans la plupart d es cas, Je nom du seign eur peut ê tre conn u et on peut prendre la mes ure de son influ ence dans le castrUJ1l. Da ns ]a périod e qui nous intéresse, prédominent les eoseigneuries cons titu ées pal" s uite de pa rtages s uccessora ux. Ainsi à Sausses, où les noms d es quatl"e seigneurs qui ont rach eté les biens de paysan s res tés sans maître Boniface de Da luis, Pons de Dal uis, Eli enn e d e Pellosolo et Guilla ume de Pellosolo, suggèrent Ull e lellc division entre parents. Le pouvoir cen tra l utilise cette situ a ti on pour accroilre sa propre influence en exploita n t ses droits d e suzerain suprêm e. Mais l'enquê te montre qu e si le rayon d'influence de ]a COUf s'est aggl'andi, le rôle d es seign eurs privés prédomine toUjOUfS dans les v ill ages.

36. Cuillemus Salvatoris quondam qui creditores habent bona sua videlicet dominlls Petrus Ru.ssi et mL/IIi alii cau5'Q solutionis.

37. Domus Guillelmi Perisius qui legavit omnia bOIta sua contratribus beale Marie de Pugis, et obiit. Domus l ohannis R:aybosi vacat, quam et aUa ipsitl~<; bona (enet convenws sancti Agusthû. DouHls BertheS' Davldis vacat quia mortuus es t et ews bona tenent tralres sancti Agustini. Cuilies Magnani quolldam de quo domùlUs Ra ymundus Monti preposÎlus de cOllvenW.9 sancti ~artil1i tenel bona sua cal/sa donationis. GarallUs Peloli quondam de quo tenet bona dOnlll1US Durandus Servatem causa legati.

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72 ILON ,\ JO~"S

A Annol, il propos dl' Ha)'lIloIHI Bal'ihia, disparu, les "IHlu,\kurs 1I01,'n l : domilills d" .,llo.l'io (' lIillS IUI/llo l'rat il'sl' I!aymlllldll s, rI'I'I' lût hOIiIl.

A ~I onl h:all l', Ailloilll' d'Amiral l'l'pl'l'1l11 Jes hil'Ils '" la mai soll de III d"

srs sl'l' I\ d Isnard d'A lI1iral ('l'UX dl's sil'ns. ISll ard d" (lialldi'H'S s'l's i

" lI1pa r(' d,' ('inq fOl'lunl' s il ~ I onlhl:ln , ' ,'1 d" 'pJaII'I' il Toui' l-d ,'-lk uil. Au

Fug('l'd, lous Jes hi ens dl' );1 P''I'SOI1JWS sonl ,Jerl'nus la pl"Opl' i(' li' dl' Ilohl l'

(;ira ud dl' Bonll's . .-\ Sainl-Ill'noil , Il' 111 1\ Il Il'' ('lI lljoilll l'III('nl all'(' lIlI allll'l'

nohk, ~Ia ll r du Casll'ill'i, l'('I"l' llIliqU l' les hi l' ns d' un rillagl'ois di'l'i'di', r\ Casll'lld-Sainl-Cassil'll, Isuanl F(;I':lud, (/IJ/IIilllls llic/i mslri S'\' IU 1':1 l'l' dl' I:t fOl'llIl1 t' dl' dt.'lI x dt., !'it.'S hOlllllH'S pl'O sl'I'oido l'l il Anll ot. Hay lllOlld F t' I':! lId

d l' ('(' Il l' d'un :llIln' . D l'S st.·ig n l' lIl' s laïques s\' lIlparl'lll illlxs i dl'S hit'Il s il

lit re d'ac hat 0 11 dl' delll's. Pa r exemple, ù Sa illl - :\l:Irlin -d'En l rall ll t.'s.

I ta~' ll1 ol1d (soard . HUylHond C;:llifridi el Pi t' I'n.' ( ,aufl' idi dOHlin'lli .

Il UIT;\'t, a sSl'Z frl' qII l'IlIll11'1l1 qU ' U!H' Il 1(,; Il Il' p l'l'Stllllll' soi t n'tll'\"ahll'

t' II n ' l'x dt'UX st'Ïgl1l' lI rs. A li X ~ 11I.i ()lIls, Hostaing d l' :\Iujouls l'd Îl'nl la

rurlul\(' dl' K dl' Sl'S hOIlIIlIl'S pro ,'it'ruicio, don t cieu x un'(' (illillPllllll s dl'

:\ Iuj ou is l'l UIH' an'(' Il' pn"\"ùt dt' l'l'glisl' dl..' (ilundh't's ~x . A Ch:H l':IIII Il' lIf­

d"~ lltr : IIII H'S, Il' Ilohil' Gu ill t's FerulId, IJI' l' .'tl' rui cil' , sais it les hiells dl' dl'UX

pt' r SOIl1H's. et Il' ('O lll te dt' i\lontisran'oso, domil1/1s dieU ('us/ ri. (' Il nTtu

du IIH;IIH' droit. s' appropl'Î (' cl'l ui dl' K autn's . Pons dl' Higaud, t' Il (Il'hors

dl' son propl'<' r:lSlnl111. intl'l'\"i(,llt allssi il PlIgl'l -Th l·nil' rs. Dall s ('t'tll' "i lk.

1\'nqll(;1<' n'indiqul' qu ' un se ul au lrt' st' Îgnl'lIl" (;'uill:IIII1H' tk Pll gl'l.

('(}JI(lo/ll;lIl1s dicli loci. L es sl' igneurs dl' TOlIl'l-dl'- lktl il so nt dallll' As tru gl',

dalll e dl' la lel'l'l' dt' Ikll il. d k nobl., Berlrand dt· ~I assoylls d ses Ih"ritÏ<'rs N.

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RECOURS DE FEUX DANS LA SAILLIE DE PUGET-T HÉNIER S 73

En rés umé, notre source nom me dans 16 localités, 32 seigneurs qui

reprenn ent le bi en de leurs hommes l'Ordre des Hospita li ers dans 5

loca lités, l'évêqu e de Glandèves, Isn ard de Glandèves, Gira ud de Bonles,

Pons Riga ud c l Isnard Fera ud cha cun dans 2 localités . Le tableau 1V

résume ces inform ations en indiquant les seigneurs m enti onnes p OUl'

ch aqu e vill age cité dans l'enqu ête 40,

Il cs t rare qu e le comte de Provence, en tant q ue seigneur, prenne

possession des biens de ses hommes. C'est le cas à Touët-de-Beuil où il s'empare du casam entul1I <l'un de ses hommes nommé Petr us J1Ilha, ct

à Riga ud oil il saisil la fortun e de d eu x d e ses hommes. Au m ême endroit.

il int ervien t pour recouvr er d es d ettes, avec d 'autres créanciers 41,

La plu pa rt d u tem ps, le retrait ou la confiscation des biens ont li eu à la suite d' un jugem ent du tribun al. Les enquêtes de 1333 et de 1338,

m ontrent l'é Lendu e d e la juridic tion d e la CO li l' S UI' les caslrmus qui fi gurent

dans le recensem ent. Elle exerça it le juge ment suprêm e da ns les affaires

impod a n tes, da ns d es dé lits commis su r la voie publique et contre les

m embres du cler gé. Elle a va iL toule la jus l.ice dans qu elques casl rum s

ct exerçai t pa rtout sa juridiction à l'égard de ses p ropres h ommes. C'est

ft P uget-Th éni ers <tue se trouva it la pri son régiona le. Da n s le cas trum d e

La P enn e, le recense m ent m ention ne le bourrea u ct les geôli er s. L 'autorité

du juge s uprêm e a été souvent utilisée pour limiter la pui ssance des

seigneurs p rivés.

40. Il conviendrait peut.êt re d 'ajouter à ce tte lis te les noms des personnes qui détien nent les biens des contrib uables disparus au Fugere t. Le tex te de l'enquête ne précise ni leur condition n i la cause de la prise de possession. Il s'agit d'Olivie r Cos te, Jacques Cor. nilhon , Olivier Albert , Feraud Bruda e t Philippe.

41. Raymundus Peloti recessit pro debit is quia debebat c~f(iae regis et certis aliis creditoris.

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74

Muntblanc

Pugl'l-Roslang

,\nnol

Castclkl -St -Cassicn

L .... s M ujouls

Sai nl _Benuît

E n\ l"ilUIlL'S

Châleaunl..'u f -d 'Enlruunes

Ri gaud

S t-Mart in-u'Ent rau lll'S

Touël-dl'- Bl..'uil

Pugct-Th ~ nil..'rs

Guillau llles

[ LON!\ JON!\S

TABLEAU IV

An toinl' d'Amir,ll lsnard t1 'Amirat. Isnard de Glande"c,

le scignl:ur de Puget.Rostang:, l'évéQu{' de Glandèws

Hospitaliers, le seigneur de Dal ui :-" noble Ral'mond Feraud. noble Gl'raud dl..' Bonll.:s

Boniface de Dal uis, Pons de Daluis, Elienne de Pellosolo, Gu illaume dt' Pc lloso lo.

Isnard Feraud

Rustai ng dL' Mujouls. Gui llau ml' de Mujouls, le pn." \'ôl de Glandèvcs, noble Béa trice , fcmml' (le PietTe Gaufridi , noblt, Sigalona . Ravbaud d'A m it-at, Hospita li ers .

noble Maurice du Cas Ici k t. noble Giraud d.;.' Bonles

Pierre Roux, Pier re Isoard .

. noble Guillaume Feraud, k' cornh.' de MuntL'caVL'USO.

le st: igm.'ur d l' Rigaud , Hospita lie rs, l'cgli sL' Sa int.Pie rTl' de Clau s, l 'JglisL' Notre-Dame dl' Rigaud

Ra" mond I soard, nobk Raymo nd ct PiL'ne Gauf r-id i.

damL' ASlruga. dame de la IClTe de BL' ui l, noble Bl.;.' l'I ran d de Masso ius, Cl hcredcs, 1 snard Feraud dt, Glandè\'Cs, Hospita liers

Gu illdmus dc Puget, Pons de Rigaud

le prieur de Abuseyo

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RECOURS DE FEUX DANS LA BAILLIE DE PUGET-THÉNIERS 75

L 'enquê te sur les droits du roi à Puget-Théniers en 1333 m on Ire que le roi délient aussi les droits de basse justice que possédait autrefois Guillaume de Puget sur ses propres hommes, par suite d' une condamnation prononcée contre le père dudit Guillaum e. En vertu de ce jugelllent, la cour perçoit aussi tous les droits (fournage, cosses, bans, revenus des foires, péage du Va r, elc ... ) qu'elle pa rtageait auparavant avec Guillaume de Puget 42. A Saint-Martin-d'Entraunes, au XIV~ siècle, l'autorité du

comte s'est éga lem en t imposée. Ici, où antérieurement le comte de Provence n'avait aucun droit, exploitant le partage de ]a propriété fonci ère et des droits seigneuriaux entre les h ériti ers, il s'arrogea peu à peu le merum imperiLlm, s'empara de l'admini stration du village par la nomination d 'un ba ile royal; et, par l'acquisition de terres et de tenanciers, il arriva à exiger le d roit d'établir le service militaire pour ses propres sujets et à s'approprier le droit de perception du trézain de l'ancien seigneur 43.

L'enqu ête fournit plusieurs exemples de confiscation faisant suite à des jugement s de la CaUf : à Puget-Rostang, trois condamnés, dont l'un est mort dans la prison du village; trois autres coupables à Méailles ; les deux frères m eurtriers du noble Floret Roux, à Entraunes et deux autres assassins à Rigaud et Saint-Benoit. Dans ce dernier village, le document signale en outre un autre condamné décédé dans la pri son curiale, et quatre praeconizali morts ou disparu s après la publication du jugenlcnt de la cour qui les fit rechercher pour l'exécuter 44.

Nous avons m entionné plusieurs fois ceux qui avaient perdu teurs biens pour s'être endettés el relevé le nOlnbre des Inendiants devenus

42. L'enquête sur les droits du roi à Puget-Théniers en 1333 montre que le roi détient aussi les droits de basse justice que possédait Gu illaume de Puget sur ses propres hommes, depuis une condamnation prononcée contre le père dudit Guillaume. En vertu de ce jugement, la cour perçoit aussi tous les droits de fournage, de cosses, des bans, les droits de survei llance de blé, des fausses mesures, les revenus des foires, le péage du pont du Var, etc., qu'elle partageait autrefois avec Guillaume de Puget (Arch. dép . B.-du-Rh ., B 1062 et B 1994).

43. E. B ARATIER, Entraunes et Sail1l-Martil1-d'Entraunes au X III" siècle, da ns Bulletin philologique. et historique du comité des travaux historiques, 1965, p. 13-36.

44. Gwllelmus Mandina recf!ssit bene sunt. decem annÎ lapsi e.t plus quia. ct/ria regÎs preconizalus. Laurel1tus Laurentl sicut praecomtatus pro curia regl.9 et recessLl bene sunt duodecim al1ni lapsi et plus, etc.

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76 II.O~'\ .l U~ ,\S

11 ('('( ' Ss it (, II ~: pOlir 1:1 1II {' Il H' rai sofl. ~I:li s n ol r l' n '('t.'IlSl'IIIl'nt (' 111111)(\ 1"(' (' IU'nlT

pltl sit, tlrs au tres ('a s. \ 'O II S IrOll nlllS des !tH'nlions d 't' IlII I'I I ('s qlli s\q :lÏl'n l

l'Il fui s du ('(ISf rfll1l , fuyant Il'urs t'J'l'al1('it'l's . A b. C()IIt.'-~~ aiJ1 I-:\IaI'IiIl . slIr

troi s di spa ru s, Oll (h"dan' qll t' l'U Il d 't' II \ a qllitlt" son dOlllicile par craillk

dl' S,'S l'l'i'a nl' il' l' s, I)I'S rail s analoglll's so nl sigll a l,;s il Casil' ill'i-!Ps-Sa ussl's

l'i il Sainl -Ik noil ~ j , Dalls hl'aul'oul' d" "US, I, 's hi' l'ilins du l'ollll'ihllah!P,

SI'S l' lIrulll s. SOli 1 ohlig,'s d'ulll'l' l' hl'l'l' hl'l' !Ptll' suhsislulll'" uil!Pul's, l'"i squ l',

dt' SOli \i\anl , IeUI' pi- I' I' amil \(' lIdli 111111 l'l' qll ' il poss,'daii p01l1' payl'I' st'S

dl'll,'s "', SOli n 'II l, It's ''(''''Uill'i l' I' S "IIX- III,' lIIl'S l'on 1 jll'lll'l;dl'I' il lu l'l' nit' cI('s hi t'llS d(' !t' lIrs (h'hil l'II I'S ~I.

I.{'S ('n":l II t"il' I"S so nt ra rt' lI H' n 1 d ("s iglH"s l'al' h'u !' 11 11111, fil ais 1:1 ( 'O I1l1:lI S­

~:lIII'l' (h· ('(' II X qui S0 1l1 (' Îl l'S pl'l'lIld d(' ("Olll' II' H' qu'ib prtlyil'llIH'nl d' uil tri's 1:II'g"l' ('( ' l'('/{'.

:\oll't., SlI lIrt '(' Jl](, llli ollllt.' il plu sie llrs l'l' I'ri s('s d~,s H'nil's 0 11 d ('s parta ges

dt, hi l' lI s, ('OIlS("('ut ifs il dl's dpttl's ('ontral'l t' .. ,s OI up rl' s des j uifs -IX, 0 11 « aupl't's

.I('s .Î llifs 011 d':lIlirl's Cl't'wJ('Îl' rs » (111 ~· I J(· ()I't· Il "" )tri's des jllirs cl d('s

('hn"li ell s 1) ~'). A Pllg(,(-Th(~ ni l'I's. 011 cîle.> 1111 ju il' dll no m ,, 'Ahl'ahanl 50 d.

~III 1I 1l\IIH' e ndroit. Tholll :IS Durand san'rdos t.'I S:l l:lIlItlll )1Ir!CIIS g:'lrtklll

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RECOURS DE FEUX DANS LA BAlLLLE DE PUGET-THÉNIERS 77

en leur possess ion la maison <l'un ce i'taÎn BeI"lrand Fiorete, dont ils é taient les créanciers 51, A Puget-Rostang, Salamon judeus garde pro debitis les

biens du défunt Guillaume Granhon.

Nous avons parlé plus haut de la participation a u crédit des ecclésias­liques el d es nobles. On pe ul fournil' ici d'autres exemples. A Entraunes, F'ierre Roux, canonicus, .Jean Bernard, Raymond Molier, capellanus, à Sa int-Marlin, les clercs Girard Cesari, Pierre Autarù ct Isnard Raymond recouvrent ainsi leurs créances pa r voie de saisie su r les biens d es émigrés. Les juifs et les clercs. n'ont pas le monopole ùu crédit. Ainsi, à Châteaune llf­

d'Entraunes pal' exemple, nous connaissons les noms de trois débiteurs du ba ile local J ean Messaderi, e l d'un déhiteur d e chacun d es créanciers suivants : GuillaunH! Messaderi, Isnarù Nlsli, Lou s deux probi homines, et maître Pons Manùine, notaire, Guillaum e Imberl, Bertrand Alfant et

Bertmnd Felici.

Ainsi, il s'é la it formé un groupe d e prêteurs professionnels composé d'hahitants du castrum. Le fa it que certains d 'en lre eux é taient nolaires

prouve que le cr édit n 'était pas le ur seul e activité. Nous avons pu remar­quer que certa ins de ces créanciers dont le n om revient fréquemment, prêla ient de l'argent non seul ement cla ns leur propre cast ru Ill, mais encore dans d'autres localités.

Les prêteurs nOII1Jués dan s l'enquête sont tout d'ahord d es gens de Barcelonnelte, ùe Guilla um es et de Pugel-Théniers, De Barcelonnette, sont originaires Etienne Gogu, Guillaume Isoa rd, Antoine Isoa rd, qui

confisquent les biens de leurs d éhiteurs d 'Entraunes, ainsi que Jacques Laulard qui s'empare de la fortune d'un homme décéd é au même endroit, causa emptionis. C'est à Guillaumes qu'habitent les h éritiers d'Imhert Cha hri qui, à Sa int-Martin-d 'Entra unes, saisissent l'avoir d'un de leurs

débiteurs, tandis qu'à Guillaumes, ils d étienn ent, avec d'autres, tous les

51. Domus Bertrandus Fiorete quondam vacat, quia dominus Thomas Sacerdos et Salomon iudeus tenet eam.

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biens d'uil IIH'IHlianl '2 :\laHn' .1(Jan Tassili . lIo1ain.' d(.· (illillaIlIlH's i~ ,

s't'mpan' ([('S l'0SSI.'ssÎ0I1S de trois IH'l'sonnes à Chftl<"HIIIH'uf-d'EntrauIH's,

pro ('('rlis dchifis. Feraud Hoch e qui figUH' ('gakmcnl au nOlllhre.' des

conlrihuahks dl' (iuilhlllllH.'S {'nln' l'Il IHlSSl'SSÎOIl de l'IH;l'ilagl' dt' trois dl'

ses d(ihilc..' ul's aLi \'illagt' d 'Entrauncs. Dans ('('ltt' dt'rnÎi'l'(-' loralilt;, trois

h()IllIlH~S dl' Pilget-Tht"ni e rs, (iuiliaullHJ BUIlIIi, Pierrl' Alt'linÎ ('( Thomas

Sardine, 1l01llIHl;S aussi dans d'autres ('0 III 111 lInauh;s, st.' partagent (' Il 1II1l'

o .. '('asÎoll. !t.'s hil'ns de !t.' urs déhilt'Ul's. FOliques l{ocht', qui intel'YÎell1 cil' la

Illl'lIll' llIanii'rc à Enlrallnl's rI ChilleallnclIf-d'Enlrallncs, ,IY:lil aehet;' à Pugt'l-Thénît.'rs des maisons ahandol1l1 l'es pOlir y l'Iahlir lIlI hùpiLul 54 ,

L'inl'galill' dt' 1'01'11111(' ('nlre les hahilunls {~sl t'gall'llH~nt dt'montrée

par les aehals, Ll' ehangclllcnl de pl'opridaires <ks hicns d ' un paysan {'sI

li~ il 1:.1 formation des ('OIHlitioI1S de {'l't,dit. :\ous ayons dt'jà lllt'nliOnnl'

ks tleqllisitions d<.'s nobles cl d{'s IIlc lllhl't.' s du clcrgt'. j'viais I{'s ru'hl'leul's

1't..'IIH'nt allssi se situer dans le ecrelc dcs habitants 4111 l':lSII'lIIlI el I{'s

hiens dl'S ('onll'ihuahles disparus \"Îenllelll l~gal{'IIH'1l1 grossir d'autl't.'s

exploitations \'illagcoisl's, Ainsi, à Saint-l\larlin-d ' EnlI'HlIl1eS (Ill ,- outre

les cas dl'jà CÎll;S -~ cinq \"illagcois dt.' \·Ît'1l Il {'Il 1 jll'oprit'Iaires <Ic hit'Ils

causa ('IJlptiollis ; Ph.'ITl' Pageni, l1olairl', dans (J<>lIX cas, GuillaulHe (iarailis.

tians d<.·ux {'as, (iuillalllHl' Ct'sari, dans qualre ('as, et H:lymol1d Lamlwrl l'l

Antoine Lamhert d:lll s lin ('as l"iW('"UIl . A Enlr:llln{'s, maitre (iuilhllIllH' (luilsoni, Ilotaire, il Cldleauneuf-d ' Entraulll's, FnIlH,'ois Chrlh('rt, IIH'1l1hn'

du conseil, rH'quit'n'1l1 ("galemenl des hiens \"Hcants.

Il alTi\"(, quc les !t'lHoins indiquent lIll changelllent dt' l'ropril'tail't,

sans l'l'xpliqlll'r. A Puget-Thl'nit'rs, noliS m 'ons troll\"(~ dix cas Oll les hiells

l'l ln maisoll du propril'lairt' t'oITt'spondant au rt~ 1I IlIHnquanl l~lHil'nt pass(',s

allX mains d'un ail 1 1'(' hahilant. sans all(,lInl~ juslific:.lIioll. On ignof(' s'il

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RECOURS DE FEUX DANS LA BAILLlE DE PUGET-THÉNIERS 79

s'agit d e parents el par conséquent d'héritiers, ou de créanciers ou ù'acqué­reurs. NOlis n'avons pu obtenir de renseignements sur la cause exacte des mutations que pour quelques vi llages.

Un dernier tabl eau CV) r és ume ce que nous avons exposé jusqu'ici au sujet du sort des biens des manquan ts. Ces données lluluériques sont expressives par clics-mêmes cl reflètent ICS conditions économiques et sociales des villages. On peut discerner à partir de ce tableau les fact€lil"S qui ont concouru au phénomène de cette dépopulation que notre document nOliS a permis de cerner.

Bien que les données du recensement se rapportent à un territoire restreint caractérisé par des dispositions naturelles économiques et géogra­phiques particulières, il nOLIs semble que non seulement les parties colorées de la mosaïque des conditions sociales de l'époque qui surgissent dans le recensement méritent l'attention, mais a ussi le tableau d'ensemble qui en résulte. Malgré son intérêt local, il peut contribuer à compléter ce que l'on savait jusqu'ici sur le dépeuplement des villages au nloyen âge et appuyer les conclusions auxquelles sont parvenus les chercheurs dans les travaux consacrés à l'étude d e ce thème.

Ilona JONAS.

55. Je voudrais remercier ici M. G. DUBY qui a bien voulu me donner la possibilité de participer aux recherches du Centre d'Etudes des Sociétés Méditerranéennes, dans le cadre duquel, grâce à lui, j'ai pu travailler pendant quelques mois. J'aimerais aus!i exprimer la profonde reconnaissance que je garde au regretté E. BARATIER, qui m 'a aidée avec un dévouement que je ne saurais assez souligner, et témoigner ma gratitude envers L. STOUFF, qui eut l'extrême obligeance de m'assister de ses conseils.

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Nom du j'a Sll'lllll

TABLEAU V

Partis Biens l'L'venus aux sans

rortune,

ou (k;cédés

héritiers sd gneurs à la cour Cl~~~~'~-

- - --- --1--- --- ___ ___ __ _ Munlbl ~\lH:

PlIgl'[ .Rostang

La Culll.:-$I.Mkhd

S~IUSSCS

Cas ldkl .S I·Casskn

Les Mujouls

Salnt-Belloi!

El ll l'<lU nL'S

Chfl h:aUtll'uf.d'E nlraunL':-'

Ri g::llId

Sainl -M artin.d'EnlJ"ilunl'S

Cas ldll' l.ks.Sa tISSl'S

Touël ·dl..'- Bcui l

l ~lJgL' t . Th~nil'rs

Gui llaumes

38

43

24

25

15

44

16

32

12

19

18

20

10

12

10

18

VL'lldus

24