Notes de cours de micro-économie en année du DEUG2ème

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  • 8/4/2019 Notes de cours de micro-conomie en anne du DEUG2me

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    Notes de cours de micro-conomie en 2meanne du DEUG

    Nicolas GravelUFR dconomie et de gestion, Universit de la Mditerrane

    23 septembre 2003

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    Chapter 1

    Introduction: Quest-ce que la

    Microconomie ?

    1.1 La microconomie et la science conomique

    La microconomie est une branche particulire de lconomie. Dfinir la mi-croconomie oblige donc, pralablement, circonscrire le champs dtudede lconomie. Lconomiste franais Edmond Malinvaud [5] a propos ladfinition suivante de cette discipline.

    Lconomie est la science qui tudie comment des ressourcesrares sont employes pour la satisfaction des besoins des hommesvivant en socit. Elle sintresse dune part aux oprations essen-tielles que sont la production, la distribution et la consommationdes biens , dautre part aux institutions et aux activits ayantpour objet de faciliter ces oprations. (p. 1)

    1.1.1 Le caractre scientifique de lconomie

    La premier lment qui doit tre retenu de cette dfinition est la prten-

    tion de lconomie la scientificit. Quimplique cette prtention ? Quelcritre oprationnel doit satisfaire lconomie pour pouvoir tre qualifi descience? Le philosophe allemand K. Popper [6] a propos le critre suivantdit de rfutabilit. Pour Popper un nonc est scientifique si il existe aumoins une circonstance concevable dans laquelle cet nonc pourrat tre r-fut. Plus succinctement, un nonc est scientifique si il est potentiellementrfutable. Le caractre potentiel de la rfutation auquel peut tre soumislnonc est important. Un critre peut tre potentiellement rfutable maisne faire, en pratique, lobjet daucune rfutation. Dans un tel cas, lnonc

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    4CHAPTER 1. INTRODUCTION: QUEST-CE QUE LA MICROCONOMIE ?

    sera considr comme vrai. Ainsi lnonc la terre tourne autour du soleil

    est rfutable - et donc scientifique - car il est possible de concevoir une ex-prience qui permettrait de le rfuter. De fait, depuis que cet nonc a tformul par Copernic au XVme sicle, les physiciens ont conu de multiplestelles expriences qui ne sont jamais parvenus le rfuter. Cest pour cetteraison quil est considr comme vrai. Par ailleurs, un nonc scientifique, etdonc potentiellement rfutable, peut faire lobjet dune ou de plusieurs rfu-tations relles. Il sera alors considr comme faux. Ainsi, lnonc la planteJupiter tourne autour de la plante Mars est potentiellement rfutable - etdonc scientifique - mais faux. Un nonc non-scientifique ne peut par dfini-tion tre soumis aucune rfutation. La vracit ou la fausset dun nonc

    non-scientifique ne peut donc pas tre dcide sur la base de lexprience. Unbon exemple dnonc non-scientifique est la thorie dite de linconscient quifonde une bonne partie de ce quon appelle la psychanalyse. Cette thorieaffirme, entre autres choses, que nombre de manifestations du psychisme hu-main, comme les rves ou les actes manqus que sont les lapsus, rsultentdune pression exerce sur la vie psychique consciente par linconscient.Cette thorie nest pas potentiellement rfutable - et donc nest pas scien-tifique - car il est impossible denvisager une circonstance o lexistence delinconscient pourrat tre remise en question. Il en va de mme de lnoncDieu existe.

    Le critre Poprien de rfutabilit, bien quassez largement accept nestpas sans dfaut. Une faille note par plusieurs (voir en particulier Archibald[1]) de ce critre est quil permet difficilement de considrer comme scien-tifique les propositions formules en termes probabilistes. Ainsi, laffirmationil y a une chance sur deux quune pice dun franc lanc une fois tombesur le ct face nest, strictement parler, pas rfutable. Quoiquil ensoit, beaucoup dconomistes aiment croire que leur discipline est composednoncs qui obissent au critre de Popper. Le souci daboutir des propo-sitions rfutables est lorigine de beaucoup de rsultats thoriques consid-rs comme importants en microconomie.

    1.1.2 conomie et raret

    Le deuxime lment, peut tre plus dterminant, de la dfinition de Mal-invaud est laffirmation suivant laquelle lconomie sintresse lemploi desressources rares pour satisfaire aux besoins des tres humains. Cette affirma-tion classique, emprunte par Malinvaud lconomiste amricain L. Rob-bins [7], met laccent sur le fait que la raret constitue lessentiel de ce quonpourrat appeler le problme conomique. La raret rsulte en fait de deuxphnomnes indpendants: La quantit limite des ressources dont dispose

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    1.1. LA MICROCONOMIE ET LA SCIENCE CONOMIQUE 5

    les tres humains et le caractre insatiables de leurs besoins. Il est impor-

    tant de comprendre que la raret, et par consquent le problme conomique,ne se poserait pas si lun ou lautre de ces deux phnomnes nexistait pas.Si lhumanit tait constitue dasctes boudhistes se contentant quotidien-nement de quelques morceaux de tofu et dune carafe deau frache, ainsi quede quelques vtements, il ny aurait pas de raret. De manire analogue, lalumire du jour nest pas une ressource rare (du moins dans le court terme)mme si les tres sont insatiables quand leur dsir (et leur besoin) de con-sommer cette ressource. Les conomistes sont aujourdhui convaincus ducaractre universel et invitable de la raret. Peu de gens croient que lestres humains vont un jour devenir les asctes o les contemplatifs auxquels

    ont pu rver les philosophies bouddhistes ou stociennes. Aussi peu nombreuxsont ceux qui croient que le progrs technique pourra un jour permettre laproduction infinie de ressources qui permettrait de rsoudre le problme dela raret. Au XIXme sicle pourtant, Karl Marx [?] semblait entretenir untel espoir pour la socit communiste laquelle il rvait lorsquil crivait:

    Dans une phase suprieure de la socit communiste,...quand,avec le dveloppement multiple des individus, les forces produc-tives se seront accrues elles aussi et que toutes les sources de larichesse collective jailliront avec abondance, alors ... la socitpourra crire sur ses drapeaux: De chacun selon ses capacits, chacun selon ses besoins. (p.32)

    Le problme conomique soulev par la raret apparat donc inexorableet universel. Parce que ce problme concerne des ressources et des biens,il apparat opportun dtre quelque peu prcis sur le sens que les conomistesdonnent ces termes (qui seront employs comme synonymes dans ce cours).

    1.1.3 Quest-ce quun bien ?

    En conomie, un bien est toute entit, pouvant faire lobjet dune mesure

    quantitative, et susceptible dintresser les individus. Un massage tha-landais, un voyage aux les Fidji, une pomme, un taux de radio-activitambiant, une heure passe avec sa matresse (ou son amant), sont ainsides dexemples de biens. Du minerais de fer, des heures de travail duningnieur informatique ou de fonctionnement dune certaine machine-outilen sont dautres. Remarquons que cette dfinition est extensive. Elle en-globe ce que le langage courant appellerait un service (par exemple celuidune masseuse thalandaise), ainsi que beaucoup dautres choses que lusagecourant hsiterait qualifier de bien (e.g. une heure passe auprs de sa

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    6CHAPTER 1. INTRODUCTION: QUEST-CE QUE LA MICROCONOMIE ?

    matresse/amant). Elle recouvre galement des ressources - comme le travail

    dun ingnieur informatique ou le minerai de fer - qui ne font que rarementlobjet dune consommation finale. Elle concerne galement des entits quebeaucoup dentre nous considre comme des nuisances (e.g. un taux de radio-activit ambiant).

    Il est galement important de remarquer que la dfinition dun bien peut,si besoin est, impliquer la dfinition de la priode, du lieu et de ltat dela nature dans lequel le bien en question est rendu disponible. Un massagethailandais consomm Marseille le 25 juin 2004 alors quil fait soleil dehorsnest pas le mme bien que le mme massage consomm Auxerre le 8 mars

    2005 sous la pluie battante. Cette possibilit de distinguer les biens parla priode, le lieu et ltat de la nature dans lequel ils sont disponible esttrs importante garder en mmoire. Elle permet daborder des problmesa priori complexe dallocation intertemporelle des ressources et de choix ensituation dincertitude avec un ensemble homogne doutils thoriques (voirchapitres 7 et 8).

    Le caractre assez disparate des choses que nous dsignerons, dans cecours, sous lappelation gnrale de bien exige dtre soigneux sur linterprtationdonne lunit de mesure de ces biens. Le plus souvent, nous interprteronsles biens comme tant mesurs en nombre dheures daccs au service procurpar le bien par intervalle de temps. Cela implique donc quun bien soitmesur par une quantit positive ou nulle. Quand nous parlerons dune cer-taine quantit de pommes, nous voudrons en fait dire la quantit du serviceprocur par le bien pomme pendant un certain intervalle de temps (une heure,une journe, une semaine, etc.). Dans le cas dun bien physique comme lapomme qui se dprcie presque instantanment, la diffrence entre la quan-tit de service fournies par la pomme par intervalle de temps et la quantitphysique de pommes apparat quelque peu scholastique. Cette distinctiondevient par contre cruciale lorsquon a affaire a des biens durables - commeles machines laver, les automobiles ou les tlviseurs. La mise disposi-

    tion dun individu du service dun tlviseur pendant un certain intervalle detemps (par exemple un mois) ne reprsente pas du tout la mme ressource quelobjet physique tlviseur dun point de vue conomique. En particulier,le prix que doit payer un individu pour acheter le tlviseur et celui quil doitpayer pour louer un tlviseur pendant un mois ont toutes les chances dtrefort diffrents.

    Ayant suffisamment situ, pour les fins de ce cours, le champs dtude delconomie, jen viens maintenant plus spcifiquement la microconomie.

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    1.2. LA MICRO-CONOMIE 7

    1.2 La micro-conomie

    A en croire lconomiste amricain David Kreps ([4],p. 3) la microconomietudie le comportement des acteurs conomiques individuels et lagrgationde leurs actions dans diffrents contextes institutionnels. Pour compactequelle soit, cette dfinition peut servir dutile point de dpart pour la dlim-itation prcise, et plus dtaille, du champs couvert par la micro-conomie.

    1.2.1 La micro-conomie par rapport la macro-conomie

    On trouve dans la premire phrase de laffirmation de Kreps un lment sail-

    lant de cette discipline qui la distingue de sa consoeur, la macro-conomie.Toute thorie microconomique digne de ce nom doit en effet fournir une ex-plication complte du comportement individuel dun acteur. Pour sa part, lamacroconomie sintresse au comportement global rsultant de lensembledes comportements individuels des acteurs et ne sappuie gnralement passur une thorie particulire de ces comportements individuels. Plus prcis-ment, il nest pas de son ressort dexpliciter ce comportement. Considrons titre dexemple la fameuse fonction de consommation Keynsienne tudiedans tous les manuels de macroconomie lmentaire. Cette fonction de con-sommation postule que la consommation totale C (mesure en monnaie)

    dune nation est une fonction linaire et croissante du revenu disponible globalYd de cette nation. Formellement

    C = C+ cYd

    o C est le niveau de consommation autonome (ou incompressible) qui seraitobserv dans une nation dont le revenu disponible serait nul et c est la propen-sion marginale consommer (suppose comprise entre 0 et 1. Cette relationentre la consommation nationale et le revenu disponible national dcrite parla fonction de consommation Keynsienne est une relation globale, supposevalable au niveau de lconomie dans son ensemble. Mise part la vague

    ide quun individu dont le revenu augmente tend accrotre sa consomma-tion de biens et services, elle ne repose sur aucune formulation explicite descomportements individuels dont elle rsulte. Cest dailleurs en partie pourcette raison que la macroconomie traditionnelle dinspiration Keynsiennea t critique dans les trente dernires annes. En rponse ces critiques,la macroconomie moderne est devenue beaucoup plus soigneuse quant laprise en compte des comportements individuels. Ce faisant, elle sest rap-proche de la microconomie qui elle a concde une espce de primautthorique.

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    8CHAPTER 1. INTRODUCTION: QUEST-CE QUE LA MICROCONOMIE ?

    Dire que la microconomie cherche expliquer le comportement des ac-

    teurs individuels est certes insuffisant. Il nous faut encore prciser le typedacteurs dont il sagit et la manire dont leur comportement est envisag.La description du comportement individuel de quelque entit que ce soit faiten gnral intervenir trois ingrdients:

    1) Lobjectif poursuivi par lacteur individuel et qui est affect par lecomportement adopt.

    2) La nature physique du comportement et les contraintes qui limitentltendue des comportements possibles

    3) La mesure avec laquelle le comportement est adquat par rapport lobjectif poursuivi (cest dire toute la question de la rationalit du com-

    portement individuel).Les acteurs individuels qutudie la microconomie se distinguent tant par

    leur rapport au premier ingrdient quau second. Par contre la microconomiefait montre dune remarquable homognet dans son traitement du troisimeingrdient.

    1.2.2 La microconomie et lhypothse de rationalitde lacteur.

    Elle suppose en effet que lacteur, quelquil soit, choisit toujours la ou lesactions qui, parmi celles qui lui sont disponibles, lui permettent datteindrele mieux possible lobjectif quil poursuit. Cette hypothse de rationalitdu comportement individuel est fondamentale en microconomie. Elle estdailleurs souvent mal comprise, sans doute cause du sens particulier quela microconomie donne au terme de rationalit. Il est en effet importantde comprendre que si la microconomie suppose que le comportement delacteur individuel vise satisfaire le mieux possible lobjectif qui animecet acteur, elle ne prjuge rien du tout de cet objectif lui mme. En dautrestermes, la notion de rationalit postule en microconomie est une notionde rationalit de lacte par rapport lobjectif; Elle nest pas une notion de

    rationalit de lobjectif. Aucun objectif prt un acteur en microconomienest rationnel (ou irrationel). Le terroriste qui fait exploser froidement unboeing 747 avec 350 passagers bord peut tre jug rationnel par un mi-croconomiste si on peut dmontrer que le recours un tel acte reprsentele meilleur moyen dont dispose ce terroriste pour atteindre son objectif. Lesdcisions de consommer de lhrone, de quitter lcole lge de 14 ans, oude braquer une banque peuvent galement tre juges rationnelles par lamicroconomie si on peut trouver, pour chacune de ces dcisions, un objectifque cette dcision satisfait au mieux compte tenu des choix disponibles.

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    1.2. LA MICRO-CONOMIE 9

    Est-ce dire pour autant que nimporte quel comportement peut tre jug

    rationnel en microconomie ? Si tel tait le cas, lhypothse de rationalit neserait pas dune grande utilit puisquelle serait compatible avec nimportequel comportement logiquement concevable. En particulier, elle ne pourraitconduire aucun nonc rfutable au sens de Popper et perdrait, en vertude ce qui a t dit plus haut, tout crdit de scientificit.

    Mais il se trouve que, tout en tant trs gnrale et compatible avec ungrand nombre de comportements que le langage commun hsiterait quali-fier de rationels, la conception microconomique de la rationalit restreintle champs des comportements observables possibles. Tout comportementnest pas ncessairement rationnel pour la microconomie. Pour arriver

    restreindre le champs des comportements possibles, on fait presque toujourslhypothse que lobjectif que vise satisfaire le comportement dun acteurpossde un minimum de cohrence interne. La proprit logique qui joue unrle fondamental cet gard est la notion de transitivit. Tout objectif dunacteur sera donc suppos avoir la proprit de gnrer un classement tran-sitif de tous les objets de choix (A doit toujours mieux satisfaire lobjectifde lacteur que C ds lors que B satisfait mieux lobjectif que C et que Asatisfait mieux lobjectif que B).

    Ayant en tte cette notion de rationalit, identifions les grandes catgoriesdacteurs auxquelles sintresse la microconomie. Tout en tant rationnelsau sens o nous venons de le dfinir, ces acteurs se distingueront par rapportaux points 1) et 2) mentionns ci-dessus.

    1.2.3 Les principaux acteurs conomiques individuels

    Pour les fins de ce cours, il est largement suffisant de distinguer entre deuxgrande catgories dacteurs individuels: Le consommateur, le producteur.Certaines analyses font galement intervenir lEtat mais elles ne seront qupisodiquesdans ce cours.

    Le consommateurUn consommateur est un agent qui choisit de consommer des quantitsde diffrents biens et de mettre la disposition des entreprises certainesressources dont il dispose initialement (temps disponible au travail, terre,talents, pargne antrieure, etc.). Un consommateur est typiquement un in-dividu. Mais il peut galement tre un mnagecompos de plusieurs individusqui prennent ensemble leur dcision de consommation et doffre de servicesproductifs. Le consommateur se distingue du producteur par le fait que sesdcisions dachat de biens et doffre de services productifs ne sont motives

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    10CHAPTER 1. INTRODUCTION: QUEST-CE QUE LA MICROCONOMIE ?

    que par la satisfaction ultime que retirent le ou les individus qui prennent ces

    dcisions. Cest donc la satisfaction individuelle qui est lobjectif que vise satisfaire lacte de consommation. La nature de cette satisfaction recher-che par le consommateur nest pas prcise par la microconomie. On faitlhypothse que le consommateur est capable de comparer les combinaisonsde biens quil peut se procurer (y compris, comme nous le verrons, toutesles quantits de services productifs quil peut mettre la disposition des en-treprises) en terme de la satisfaction quil retire de la consommation de cescombinaisons. On suppose en outre toujours que ces jugements comparatifsdes combinaisons de biens en termes de la satisfaction quils procurent satis-font trois proprits logiques: la rflexivit (une combinaison offre toujours au

    moins autant de satisfaction quelle mme), la compltude (nimporte quellesdeux combinaisons de biens peuvent tre compares sur la base de la satis-faction quils procurent) et la transitivit (quelques soient les combinaisonsde biens A, B et C, A doit toujours offrir au moins autant de satisfactionque C si il appert que A offre au moins autant de satisfaction que B et queB offre au moins autant de satisfaction que C). Comme nous lavons notplus haut, cette hypothse de transitivit des prfrences du consommateurest essentielle pour que lhypothse de rationalit du consommateur ne soitpas une tautologie compatible avec nimporte quel comportement possible.

    Un acte de consommation nest rien dautre que le choix dune combi-naison (appelle souvent panier) de diffrents biens parmi un ensemble decombinaisons que ce consommateur peut se procurer. Deux genres de con-traintes limitent en pratique les combinaisons de biens que peut se procurerle consommateur. Des contraintes physiques et biologiques et des contraintesconomiques.

    Le premier type de contrainte est celle quimposent les lois de la biologieet de la physique. Ainsi il est impossible un individu de consommer descombinaison de biens qui contiennent moins de deux litre deau par semainetout en restant vivant. Lensemble des combinaisons de biens qui satisfontces contraintes biologiques (comme dans le premier exemple) et physiques(comme dans le second) est appel ensemble de consommation du consom-

    mateur.Peut tre plus importante (pour lconomiste) est la contrainte conomique

    qui limite les choix du consommateur. Cette contrainte rsulte du fait quele consommateur dispose dune richesse limite et que pour se procurer uneunit dun bien, il doit en gnral payer un prix qui, dans la majeure partiede la thorie conomique, est suppos chapper au contrle du consomma-teur. Plus prcisment, on dit souvent que le consommateur considre lesprix des diffrents biens quil peut consommer comme donns. On appelleensemble de budget lensemble de toutes les combinaisons de biens dont le

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    1.2. LA MICRO-CONOMIE 11

    cot, compte tenu des prix qui prvalent, nexcde pas la richesse initiale de

    lindividu.Le consommateur est donc maintenant un acteur convenablement spci-

    fi (eut gard aux points 1) et 2) ci dessus. Ses actes consistent en des choixde combinaisons de quantits de diffrents biens. Lobjectif du consomma-teur est la satisfaction. Par ailleurs, un ensemble de contraintes conomiques(spcifies dans lensemble de budget) ainsi que biologiques et physiques (sp-cifies dans lensemble de consommation) limite les choix de combinaisonsdes quantits de biens que le consommateur peut se procurer. Lhypothsede rationalit du consommateur revient simplement supposer que, parmilensemble des combinaisons de biens que le consommateur peut se procurer,

    il choisisse celle quil prfre. Cette hypothse, dapparence toute simple, esttrs riche dimplications ainsi que nous le verrons dans la premire moiti dece cours.

    Le producteur.

    Le producteur-appel souvent entreprise ou firme - est un agent charg demettre en oeuvre des activits productives et dcouler sur le march la pro-duction qui rsulte de ces activits. Comme dans le cas du consomma-teur, cette dfinition est abstraite et ne dit rien de la structure juridiquede lentreprise (i.e. le fait quil sagisse dune entreprise familiale, dune so-cit prive cote en bourse ou dune entreprise publique). Une activit pro-ductive est simplement une spcification prcise des quantits de diffrentsbiens produits et des diffrentes ressources utilises pour produire ces bien.Par exemple une activit productive de lentreprise Renault est une descrip-tion prcise du nombre de Renault Clio, de Renault Mgane, etc. produitespar intervalle de temps ainsi que du nombre dheures douvriers qualifis, detonnes dacier, de temps de travail de machine-outils etc. utilise dans cetteactivit productive. En jargon conomique, un bien produit par une firmeest appel output, ou extrant tandis quune ressource utilise par la firmeest appelle input, intrant ou facteur de production. Une activit produc-

    tive particulire peut ne pas tre techniquement ralisable. Par exemple, ilest impossible de fabriquer une Renault Mgane sans acier. Lensemble desactivits productives techniquement possibles pour une firme est habituelle-ment appel son ensemble de production. Cet ensemble impose une premirecontrainte, technologique, sur les actions que peut effectuer une firme.

    La mise en oeuvre dune activit productive particulire (parmi lensembledes activits productives techniquement ralisable) requiert galement quelentreprise prenne des dcisions relatives aux prix quelle devra dbourserpour se procurer les ressources ncessaires la mise en oeuvre de lactivit

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    12CHAPTER 1. INTRODUCTION: QUEST-CE QUE LA MICROCONOMIE ?

    productive choisie ainsi quau prix auquel elle coulera sa production. Ses

    dcisions en matire de prix, qui se rpercutent sur ses dcisions en matirede choix dactivit productive, sont affectes par la structure de march lintrieur de laquelle la firme volue. La firme na pas la mme lattitudede choisir le prix de vente de ses produits suivant quelle est en situationde monopole, doligopole, ou de concurrence parfaite sur le march des pro-duits. Mais de manire gnrale, on peut dire, en relation avec le point 2) cidessus, que les actions qui sont choisies par une firme concernent les activitsproductives ainsi que le prix des intrants et des extrants intervenant dansces activits. Les contraintes qui limitent les choix de la firme sont cellesque lui impose la technologie, qui spcifie son ensemble de production, et la

    structure de march.Quel objectif les choix de la firme visent-t-il satisfaire ? Les conomistes

    considrent usuellement deux types dobjectifs. Un premier rside dans lescots que la firme doit supporter pour mettre sur le march des quantitsdonnes de diffrents outputs. Lhypothse de rationalit de la firme par rap-port cet objectif sexprimera mathmatiquement par le fait que lentreprisecherche rendre minimum le cot de produire tout niveau doutputs. Unsecond objectif sexprime est le profit que ralise la firme en coulant sur lemarch sa production. Le profit est dfini dordinaire comme la diffrenceentre les recettes quobtient la firme en vendant sa production et les cots

    que la mise en oeuvre de cette production a ncessit. Supposer lafi

    rmerationelle par rapport cet objectif revient supposer que les gestionnairesde lentreprise prennent toutes les dcisions qui sont de leur ressort pourrendre maximal ce profit. Mais on pourrait considrer dautres objectifs,comme la part de march ou le chiffre daffaire. De fait, les conomistesne sentendent pas entirement sur les objectifs qui motivent la firme dansses choix conomiques. Cet tat de fait est symptomatique de la difficultquprouve la science conomique convenablement apprhender cette struc-ture institutionnelle complexe quest lentreprise.

    1.2.4 Laggrgation des comportements individuels dansdiffrents contextes institutionnels

    Comme lnonce la dfinition de Kreps, la micro-conomie ne se borne pas ltude du comportement individuel des acteurs conomiques. Elle tudiegalement le rsultat de linteraction de ces comportements dans diffrentscontextes institutionnels. Un contexte institutionnel nest rien dautre quelenvironnement commun dans lequel les acteurs conomiques individuelsprennent leur dcision. Cet environnement spcifie comment les configura-

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    1.2. LA MICRO-CONOMIE 13

    tions dactions individuelles seront transformes en consquences finales pour

    chacun des acteurs.

    La notion dquilibre

    Une tche importante de lanalyse microconomique est de prdire ce quepourra tre le rsultat du comportement simultan des acteurs individuelsdans un mme contexte constitutionnel. Loutil thorique privilgi cetgard est lanalyse en terme dquilibre. De manire gnrale, un quilibreest une situation dans laquelle chaque acteur individuel atteint au mieuxson objectif particulier tant donnes les actions entreprises par les autres

    acteurs et le contexte institutionnel qui les dlimite. Exprim autrement, unquilibre est une situation dans laquelle aucun acteur individuel na dintrtparticulier modifier son comportement. Pour mieux voir ce que recouvrecette notion dquilibre, il peut tre utile de considrer un exemple qui seratudi en dtail dans ce cours.

    Lun des contextes institutionnels les plus tudi en microconomie est lecadre concurrentiel. Dans ce contexte, les producteurs et les consommateursde lconomie sont exposs un mme systme de prix (un prix pour chacundes biens) sur lesquels ils nont aucune prise. Etant donn ce systme deprix, chaque producteur choisit, dans son ensemble de production, lactivitproductive qui, ces prix, lui est la plus profitable. Chaque consommateurest initialement dote dun certain nombre de ressources productives (tra-vail, terre, logement, etc.) et dune certaine fraction (ventuellement nulle)des profits de chaque firme. Evalus au systme de prix auxquels le con-sommateur est confront, ces profits et la valeur de ces dotations initialesen ressources dterminent la richesse dont dispose ce consommateur. Com-bins aux prix des biens auxquels est confront chaque consommateur, cetterichesse dfinit lensemble de budget de ce consommateur, cest dire, nouslavons vu, lensemble de tous les paniers de biens que le consommateur peutse procurer compte tenu de sa richesse et des prix des biens. Dans cet en-semble de budget, et compte tenu de ce que lui permet son ensemble de

    consommation, le consommateur choisit le panier de biens qui lui procure leplus de satisfaction. Cette description abstraite du comportement des con-sommateurs et des producteurs dans un environnement concurrentiel est sou-vent critique comme tant irraliste. Lirralisme de cette descriptionconcerne surtout le comportement des producteurs. En premire approxima-tion, lhypothse que le consommateur individuel na pas de prise sur le prixdes ressources quil achte ou quil vend napparat pas draisonnable. Parcontre il parat priori peu satisfaisant de supposer que Peugeot dcide dunombre de 306 quelle mettra sur le march en prenant le prix de vente de

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    14CHAPTER 1. INTRODUCTION: QUEST-CE QUE LA MICROCONOMIE ?

    ces voitures comme une donne indpendante de son contrle. Nous verrons,

    dans la deuxime partie de ce cours, des rponses ce genre de critiques quijustifient lintrt que des spcialistes peuvent avoir tudier ce cas dcolelimite quest lenvironnement de concurrence parfaite.

    Si on admet, pour le moment, lintrt de ce contexte institutionnel con-currentiel, on peut se demander ce que peut tre le rsultat, lquilibre,des comportements simultans de nombreux consommateurs et producteursagissant de la manire qui vient dtre dcrite. Pour certaines configura-tions de prix, il est possible que les dcisions des uns et des autres soientmutuellement incompatibles. Ainsi, il est possible que, pour certains prix, la

    quantit dun bien que souhaitent consommer lensemble des consommateurssoit suprieure la quantit totale de ce bien rendue disponible par les pro-ducteurs et les consommateurs qui en dtenaient initialement des quantitspositives. Dans un tel cas, il y aura pnurie de ce bien et certains con-sommateurs ne trouveront pas sur le march le bien en quantit souhaite.A un systme de prix dquilibre, les dcisions individuellement optimalesdes uns et des autres sont par dfinition mutuellement compatibles. Pourchaque bien de lconomie, la quantit totale de ce bien que souhaitent con-sommer lensemble des consommateur est, lquilibre, prcisment gale la quantit totale de ce bien produite par les entreprises et/ou vendue par

    les consommateurs qui en dtiendraient inialement des quantits positives.Des questions importantes, relatives aux proprits que possde cet quilibregnral concurrentiel qui vient dtre succinctement dcrit, seront discutesdans la seconde partie du cours. Ne retenons de cet exemple que lintuition,forcment vague ce stade, de lanalyse en termes dquilibre qui est typiquedu raisonnement microconomique.

    Pourquoi supposer que le rsultat de linterraction dun grand nombrede comportements individuels sera un quilibre ? Il ny a pas de rponsesimple cette question. Lavantage que possde une situation dquilibre,

    par rapport une situation de dsquilibre, est la stabilit interne. Enlabsence de modifications dans les donnes exognes du problme consid-r, une situation dquilibre perdurera ternellement. Tel nest pas le casdune situation de dsquilibre o, par dfinition, les acteurs individuels ontdes raisons de vouloir modifier leur comportement et donc, de modifier lasituation dans laquelle ils se trouvent. Parce quelle est par dfinition insta-ble et prcaire, une situation de dsquilibre particulire a moins de raisondinteresser lconomiste car elle a toute les chances dtre accidentelle etpassagre.

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    1.2. LA MICRO-CONOMIE 15

    Equilibre et statique comparative

    Mais linsistance parfois trop importante que mettent les conomistes surles situations dquilibre nest pas exempte de tout vice. En particulier,elle tend occulter tous les phnomnes de transition quentrane le passagedune situation dquilibre une autre. Ltude du passage dun quilibre un autre est parfois appele statique comparative. Comme son nom lindique,la statique comparative consiste en une comparaison de deux situations (sta-tiques) dquilibre distinctes. La statique comparative rpond ainsi desquestions de type: Quest-ce qui arrive la consommation (dquilibre) desucre en poudre lorsque le revenus des consommateurs augmente ? Com-ment variera la quantit consomme (dquilibre) de vhicules carburant

    diesel suite une certaine augmentation de la taxe actuellement prlevesur ce type de carburant ? etc. Quand les microconomistes rpondent des questions de ce genre, ils comparent deux situations dquilibres: Celleprvalant avant le changement examin (revenu dans un cas, taxe sur car-burant diesel dans lautre) et celle prvalant aprs le changement. Toutesles situations intermdiaires que doit traverser le systme conomique pourpasser de la situation dquilibre initiale la situation dquilibre finale, etla possibilit mme datteindre la nouvelle situation dquilibre sont com-pltement ignores par lanalyse. Or il nest pas clair que cette ngligencesoit toujours sans consquences. Considrons un exemple simple. Imaginons

    quune analyse de statique comparative nous apprenne que le nouvel quili-bre auquel conduit une rforme fiscale particulire soit associ des niveauxde prix et de richesses individuelles que tous les membres de lconomie ju-gent faiblement prfrable la situation dquilibre prvalant avant la diterforme. Sur la seule base de cette analyse, beaucoup dentre nous seraientenclin penser que la dite rforme fiscale devrait tre entreprise. Supposonsmaintenant que lon sintresse de plus prs la dynamique de transition quipermet lconomie de passer de la situation dquilibre prvalant avant larforme celle qui sera obtenue aprs la rforme. Supposons de manire plusparticulire que ce passage prendra une dizaine danne pendant lesquelles

    les prix et les niveaux individuels de richesse connatront dimportantes vari-ations qui entraneront des baisses importantes (bien que transitoire) de bientre pour une bonne partie de la population. Il parat concevable que cettenouvelle information altre srieusement limpression favorable quavait puproduire la rforme sur la seule base dune analyse en statique comparative.

    Cest donc en personne avise de leur possible incompltude que le lecteurdevra aborder les trs nombreux exercices de statiques comparatives quiseront fait tout au long de ce cours.

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    16CHAPTER 1. INTRODUCTION: QUEST-CE QUE LA MICROCONOMIE ?

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    Part I

    La thorie du consommateur

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    1.3. PROPOS LIMINAIRES LTUDE DU CONSOMMATEUR 19

    1.3 Propos liminaires ltude du consom-

    mateur

    Les neufs prochain chapitres tudient ce quon peut appeler la thorie clas-sique du consommateur. Comme nous lavons vu dans la partie introductive,le consommateur est un agent (individu ou mnage) dont le comportementconsiste choisir une certaine combinaison de biens en vue de la satisfac-tion finale quil en retire. Pour tre lobjet dun acte de consommation, lesbiens choisis doivent donc lavoir t pour la satisfaction intrinsque quilsprocurent leurs utilisateurs et non pas cause du fait quils permettent laproduction dautres biens devant tre ensuite vendus sur le march.

    La thorie du consommateur qui sera prsente dans ce cours sapplique un consommateur qui considre un nombre arbitraire n de biens diffrents.De fait, le consommateur franais moyen prend chaque anne des dcision deconsommation portant sur plusieurs milliers de biens diffrents (fromages (ily en aurait plus de trois cent au dire de feu le gnral de Gaulle), voitures,coupes de cheveux, sances de cinma, logements, ptes alimentaires, etc.).Par contre, et pour des soucis de simplicit pdagogique, la plupart des ex-emples que nous considrerons ne mettront en oeuvre que deux biens.

    Deux interprtations possibles peuvent tre donnes lanalyse des choixde consommation dans un monde deux biens. Lune consiste supposer

    que lun des deux biens reprsente un bien physique ou un service quelconque(banane, sance de massages, etc.) tandis que lautre bien reprsente largentdisponible dautre usage. Alternativement, on peut interprter les deuxbiens comme des biens physiques ou des services au sens usuel du terme etsupposer que le consommateur a dcid pralablement dallouer une sommedargent la consommation de ces deux biens.

    Dans un univers n biens, le choix du consommateur porte sur des com-binaisons ou des paniers de biens qui se reprsentent comme des vecteursdans Rn+, lorthant positif de lespace Euclidien n dimensions. Dans unpanier particulier (x1,...,xn) R

    n+, xi (pour i = 1,...,n) reprsente la quan-

    tit disponible du bien i. Le fait que ces paniers soient reprsentes danslorthant positif de lespace Euclidien n dimensions signifie simplement queles biens ne peuvent pas tre consommes en quantits ngatives.

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    Chapter 2

    Les contraintes du

    consommateur.

    Comme nous lavons mentionn en introduction, le consommateur choisitles paniers de biens quil prfre (qui lui donnent le plus de satisfaction)parmi ceux qui lui sont disponibles. Dans ce chapitre, nous explicitons lescontraintes qui limitent les choix de paniers que le consommateur peut seprocurer. Comme nous lavons vu, ces contraintes sont de deux ordres: bi-ologiques et/ou physiques reprsentes par lensemble de consommation et

    conomiques, reprsentes par lensemble de budget.

    2.1 Lensemble de consommation

    On dfinit lensemble de consommation comme lensemble de tous les paniersde biens que le consommateur peut biologiquement et physiquement se pro-curer. Cet ensemble, dnot C, est un sous ensemble de Rn+. On fait parfois

    lhypothse que C = Rn+ et donc, que le consommateur est physiquement etbiologiquement en mesure de se procurer tous les paniers comprenant desquantits positives ou nulles des deux biens.Si cette hypothse parat plausi-ble pour certains choix de consommation (par exemple un choix de paniersde bire et de cacaoutes si on fait lhypothse que le consommateur peutlibrement disposer des quantits ventuellement non-dsires de ces deux sub-stances) elle ne lest pas pour beaucoup dautres. Voici deux exemples, dansun univers deux biens, de choix de consommation o C a toutes les raisonsde diffrer de R2+.

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    22 CHAPTER 2. LES CONTRAINTES DU CONSOMMATEUR.

    2.1.1 Exemples

    Supposons que le bien 1 dsigne la quantite deau potable consomme parmois et le bien 2, largent disponible dautre usage. Comme nous le savonstous, un consommateur ne peut pas rester en vie si sa consommation mensu-elle deau potable natteint pas un certain seuil minimal (disons de 12 litres).Aucun panier de biens impliquant une consommation deau infrieure 12litres par mois nest donc biologiquement possible pour le consommateur.Dans ce cas, lensemble de consommation a la forme indique ci-dessous.

    Supposons que le bien 1 dsigne les coupes de cheveux (mesures en nom-

    bre de coupes par mois) et le bien 2, largent disponible dautres usages.Les lois de la biologie gouvernant le temps de renouvellement de la cheveluretant ce quelles sont, un consommateur ne peut pas consommer nimportequel nombre de coupe de cheveux par mois. Sans doute lui est-il impossiblede se faire couper plus de 100 fois les cheveux sur un espace de 30 jours.Dans ce contexte, lensemble de consommation qui dcrit lventail des choixdu consommateur a la forme indique ci dessous.

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    2.2. LENSEMBLE DE BUDGET 23

    2.2 Lensemble de budget

    Plus intressante est la contrainte conomique qui limite les paniers de biensque peut se procurer un consommateur. Cette contrainte rsulte du fait que:

    1) les biens ne sont en gnral pas gratuits: ils ont un prix.2) le consommateur dispose dune richesse limite allouer la consom-

    mation des biens.

    2.2.1 Interprtation de la notion de prix

    Par le prix dun bien, nous entendons ici la quantit dargent (ou plus ex-

    actement de numraire) laquelle le consommateur doit renoncer pour seprocurer une unit de ce bien. Pour chaque bien, ce prix est suppos donnau consommateur cest dire indpendant de ses dcisions. Plus prcis-ment, les dcisions de consommation dun individu sont supposes sans effetsur ces prix. Les possibilits que peut avoir lindividu daffecter les prix parsa capacit de marchandage sont donc ignores par la thorie que nous con-sidrons. Tout comme le sont les situations o le prix pay par unit de biendpend du nombre dunits consommes (par exemple on paie en gnral laviande plus cher au kilo si on en achte des petites quantits que si on enachte des grandes). Sauf dans un ou deux exemples, on supposera toujoursque ces prix sont positifs ou nuls. Un bien dont le prix est nul est un biengratuit. Un prix ngatif correspondrait une situation o le consommateurse fait payer pour consommer une unit de bien.

    2.2.2 Interprtation de la notion de richesse

    Par richesse, il est entendu ici une somme dargent - ou plus prcismentde numraire - dont le consommateur dispose pour la consommation des bi-ens auxquels sapplique lanalyse et qui nest pas affecte par sa dcisionde consommation de ces biens. Dans beaucoup danalyses du consomma-teur, et notamment dans celles qui font lobjet des chapitres 3, 4 et 5 de ce

    cours, lorigine de cette somme nest pas explicite et son niveau est supposindpendant du niveau des prix. Nous parlerons alors de thorie du con-sommateur avec richesse exogne. Un bon moyen dinterprter cette richesseexogne est de supposer quelle rsulte dune dcision pralable de lindividudallouer une certaine somme dargent la consommation des biens auxquelssintresse lanalyse. Par exemple, on peut dcrire de la sorte le comportementdun ou dune chef de famille qui a dcid dallouer 300 Euros la rentrescolaire de ses enfants et qui doit ensuite dcider des quantits des diffrentesfournitures scolaires quil ou elle achtera avec cette somme. Mais la thorie

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    24 CHAPTER 2. LES CONTRAINTES DU CONSOMMATEUR.

    la plus complte du consommateur fait dpendre la richesse individuelle des

    prix des biens. Et elle a raison de le faire. Ultimement, tout consommateurtire les ressources financires quil consacre la consommation de biens de lavente de services productifs quil possde initialement. Ses services productifsconsistent en du temps de travail (pouvant tre mis la disposition des en-treprises contre une rmunration salariale ou utilis comme temps de loisir),en des sommes dargents possds initialement (par exemple par hritage),etc. On appelle alors richesse la valeur, aux prix de march, des quantitsdes ressources initialement dtenues par le consommateur. Cette thorie pluscomplte du consommateur avec richesse endogne sera lobjet du chapitre 6.Elle saborde trs simplement ds lors qua t assimile la thorie moins com-

    plte du consommateur avec richesse exogne. Lanalyse du consommateuravec richesse endogne permettra dexpliciter une distinction importante quidoit tre faite entre la richesse dun consommateur et son revenu. Le revenudu consommateur est la quantit de numraire que reoit le consommateur dela vente, aux prix de march, dune partie (ou de la totalit) des ressourcesinitiales quil dtient. La richesse de ce consommateur est la valeur, auxprix de march, de toutes les ressources initialement dtenue par le consom-mateur. Le revenu du consommateur dpend des dcision que ce dernier aprise de mettre en vente une partie des ressources initiales quil dtient. Larichesse du consommateur est au contraire compltement indpendante de lavolont de celui-ci puisquelle ne dpend que de deux sries de paramtressur lesquels le consommateur na pas de prise: La quantit des ressourcesquil dtient initialement et le prix de march de chacune de ces ressources.Les exemples ci dessous prciseront ces distinctions entre richesse et revenuqui ne deviendront vritablement claires quaprs le chapitre 6.

    2.2.3 Ensemble de budget, droite de budget et cotdopportunit

    Considrons donc un consommateur disposant dune richesse de R quilsouhaite allouer la consommation de n biens, le bien 1, se vendant unprix p1, le bien 2 un prix p2,..., le bien n un prix pn. On appelle ensemblede budget lensemble de tous les paniers dont la valeur, aux prix (p1,...,pn),nexcde pas le niveau de richesse R. Formellement, cet ensemble de budget,not B(p1,...,pn, R), est dfini comme suit:

    B(p1,...,pn, R) = {(x1,...,xn) C | p1x1 + p2x2 + ... + pnxn R} (2.1)

    Un exemple densemble de budget (pour un univers deux biens) est reprsentgraphiquement ci-dessous.

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    2.2. LENSEMBLE DE BUDGET 25

    Notons que la dfinition de lensemble de budget nexlut pas la possibilitque celui-ci puisse tre vide. La famine somalienne nous a rappel cruellementque le niveau de richesse de plusieurs individus ne leur permet pas de seprocurer dans des quantits adquates un certain nombre de biens et servicesessentiel la survie. Nous ignorerons le plus souvent cette tragique possibilitdans ce cours en supposant, comme nous lavons indiqu, que C = Rn+.

    La dfinition donne de lensemble de budget dans lexpression 2.1 sup-pose implicitement que le prix de chacun des biens ne dpend pas des quan-tits de biens que le consommateur choisira de consommer. Dans la ralit,cette hypothse nest pas toujours vrifie puisquon trouve de nombreuxbien pour lesquels le prix pay dpend de la quantit consomme. Par ex-emple, le prix des communications tlphoniques pouvant tre effectues laide dun portable dpend typiquement du nombre de communications quelutilisateur entend effectuer. Le troisime exemple ci-dessous, ainsi que lesT.D. fourniront dautres situations de prix qui dpendent du niveau de con-sommation de lindividu.

    Lgalit p1x1 + p2x2 + ... + pnxn = R dfinit la frontire suprieure delensemble de budget. Cette frontire contient tous les paniers de biens dontle cot dachat, aux prix (p1, p2,...,pn), est exactement gal R. Dans un

    monde deux biens cette galit peut se rcrire comme x2 = Rp2 p1

    p2 x1.On remarque quil sagit l de lquation dune droite de coefficient directeurp1p2

    et dordonne lorigine Rp2

    . On appelle souvent cette droite droite de

    budget. Elle se trace trs facilement (comme le rvle le graphique ci dessous)de la manire suivante. On trouve dabord la quantit maximale de bien 2que lon peut obtenir si on consacre toute sa richesse lachat de bien 2.Cette quantit est videmment gale R

    p2. On cherche ensuite la quantit

    maximale de bien 1 que lon peut obtenir lorsquon consacre toute sa richesse lachat du bien 1. On trouve alors la quantit R

    p1. On relie ensuite par une

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    26 CHAPTER 2. LES CONTRAINTES DU CONSOMMATEUR.

    droite les points (0, Rp2

    ) et ( Rp1

    , 0). Dans un univers n biens, lquation de la

    droite (appele hyperplan en mathmatique) de budget est donne par

    R =

    nXi=1

    pixi (2.2)

    Dans un monde deux biens, la valeur absolue du coefficient directeurde la droite de budget a une interprtation intressante. Elle nous donne letaux auquel le consommateur peut substituer du bien 1 du bien 2 tout encontinuant satisfaire sa contrainte budgtaire galit. En effet considronsune situation o le consommateur consacre lintgralit de sa richesse R la

    consommation de x1 units du bien 1 et x2 units du bien 2. Supposons quele consommateur dcide daugmenter de x1 sa consommation de bien 1. Sile prix du bien 1 est positif, le consommateur devra renoncer une certainequantit x2 de bien 2 pour dgager la richesse ncessaire au financement desa consommation supplmentaire de bien 1. A quel taux x2

    x1le consommateur

    peut-il effectuer une telle substitution de bien 1 au bien 2? Formellement,pour un accroissement x1 de consommation de bien 1, nous cherchons unerduction dune quantit x2 de consommation de bien 2 qui satisfait

    p1(x1 +x1) + p2(x2 x2) = R (2.3)

    ou encore, sachant que p1x1 + p2x2 = R

    p1x1 p2x2 = 0

    qui peut encore tre rcrit comme

    x2x1

    =p1p2

    Pour exprimer ce fait que le rapport du prix du bien 1 et du prix du bien

    2 mesure la quantit de bien 2 laquelle doit renoncer un consommateurdisposant dune richesse donne pour obtenir une unit supplmentaire debien 1, on dit parfois que ce rapport des prix mesure le cot dopportunitdu bien 1 en termes de bien 2. Cette interprtation se gnralise au monde n biens de manire vidente. Le rapport du prix dun bien i sur le prix dunbien j mesure la quantit de bien j laquelle doit renoncer un consommateurdisposant dune richesse donne pour se procurer une unit supplmentairede bien i. Ce rapport mesure le cot dopportunit du bien i en termes dubien j.

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    2.2. LENSEMBLE DE BUDGET 27

    2.2.4 La contrainte budgtaire et le choix du numraire

    Une proprit importante de lensemble de budget est son indpendance parrapport lunit de mesure des prix et de la richesse. On appelle numrairele bien qui sert mesurer ces prix et cette richesse. En France ce numraireest actuellement leuro. Avant janvier 2002, ctait le franc franais. Maislidentit de ce numraire na aucune importance en microconomie. Quelon mesure ces prix et cette richesse en francs, en euros, en dollars, en yens,en bananes, en litres de bires ou en fraction de la richesse disponible, on nemodifie pas lensemble des paniers que le consommateur peut se procurer.En langage mathmatique, on dit que lensemble de budget est homogne dedegr 0 par rapport aux prix et au revenu. En clair une multiplication de tous

    les prix et de la richesse par un mme constant positif quelconque ne modifiepas la dfinition de lensemble de budget. En effet, quelque soit le nombre > 0

    B(p1, ...,pn,R) = {(x1,...,xn) C | p1x1 +p2x2 + ... +pnxn R} =

    {(x1,...,xn) C | p1x1 + p2x2 + ... + pnxn R} = B(p1,...,pn, R)

    On dit parfois de cette proprit quelle implique une absence dillusionmontaire ou le fait quune inflation pure est sans effet sur les dcisionsconomiques. Sur un plan mathmatique, cette homognit de degr 0 de

    lensemble de budget par rapport aux prix et la richesse implique uneredondance dune des n + 1 variables (n prix et un niveau de richesse) quidfinissent lensemble de budget. Par exemple, pour un ensemble de budgetdfini pour des prix (p1,...,pn) et une richesse R, il ny aucune perte degnralit supposer que le prix dun des biens (disons le bien 1) est gal 1 (si le bien 1 nest pas gratuit et si, par consquent, son prix nest pasnul). Faire une telle hypothse revient simplement remplacer le numraireutilis pour mesurer les prix et la richesse par le bien 1. En effet, considronslensemble des paniers (x1,...,xn) qui satisfont lingalit

    p1x1 + p2x2 + ... + pnxn R (2.4)

    Ces paniers sont videmment les mmes que ceux qui vrifient

    x1 + q2x2 + ... + qnxn R0 (2.5)

    avec, pour tout j = 2,...,n, qj =pjp1

    et R0 = Rp1

    . Pour comprendre ce quesignifie le passage de lingalit 2.4 lingalit 2.5, supposons que le bien 1soit les bananes. Dans lingalit 2.4, on a suppos par exemple que lindividudisposait dune richesse montaire de R euros quil allouait entre les bananes

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    28 CHAPTER 2. LES CONTRAINTES DU CONSOMMATEUR.

    (se vendant p1 euros lunit) et les autres biens (se vendant aux prix p2 euros

    lunit pour le bien 2, p3 euros pour le bien 3, etc.). Dans lingalit 2.5, onexprime la richesse de lindividu en termes de la quantit maximale R0 debananes quil pourrat se procurer si il consacrait toute la richesse montaire lachat de banane. On suppose ensuite que lindividu alloue cette quantitde bananes lachat...de bananes (il paie un prix dune unit de bananepar unit de banane consomme), de bien 2 (achet un prix de q2 =

    p2p1

    bananes lunit), de bien 3, etc. Ce changement dinterprtation ne modifieaucunement la dfinition des paniers que le consommateur peut se procurer.

    Un autre exemple frquent de changement de numraire est de mesurerles prix et la richesse en fraction de la richesse disponible. Par dfinition, le

    niveau de richesse est alors toujours gal 1. Le prix dun bien sinterprtealors comme la fraction de la richesse laquelle le consommateur doit renon-cer pour pouvoir disposer dune unit de ce bien.

    2.2.5 Effets sur lensemble de budget de variations deprix et de richesse

    Comme on la vu dans la sous-section prcdente, un accroissement dans unemme proportion de tous les prix et de la richesse ne modifie pas lensemblede budget. Quarrive t-il maintenant si la richesse du consommateur aug-

    mente sans modifi

    cation des prix? Comme lillustre le graphique ci-dessous,la droite de budget se dplacera vers le nord-est sans modification du coef-ficient directeur. Il y aura dplacement parallle de la droite de budget versle nord est. De la mme manire, une rduction de richesse entranera undplacement parallle vers le sud-ouest de la droite de budget.

    Quarrive t-il maintenant si le prix dun des biens augmente, la richesse etles prix des autres biens demeurant inchanges ? Si lindividu ne consomme

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    2.2. LENSEMBLE DE BUDGET 29

    pas du bien dont le prix augmente, les possibilits de consommation des

    autres biens (dont les prix nont pas varis) ne seront pas affects. Par con-tre, pour chaque unit consomme du bien dont le prix a augment, lindividudisposera de moins de richesse allouer aux autres biens. En clair, la valeurabsolue du coefficient directeur de la droite sera modifie et la droite budg-taire pivotera par rapport au niveau de consommation nul du bien dont leprix a augment (le bien 1 dans lexemple graphique ci-dessous deux biens).

    2.2.6 Exemples

    Une interprtation intertemporelle de lensemble de budget

    Comme nous lavons mentionn au chapitre prcdent, la notion de bien quenous utilisons dans ce cours est trs gnrale et permet, si besoin est, dedistinguer les biens suivant la priode laquelle ils sont disponibles. Cet ex-emple exploite cette possibilit et montre comment lensemble de budget peuttre utilis pour dcrire des dcisions intertemporelles de consommation etdonc, dpargne ou demprunt. Il fournit galement un exemple densemblede budget avec richesse endogne. Supposons que le bien 1 soit la quantitdargent disponible la consommation cette anne et le bien 2, la quantitdargent disponible la consommation lan prochain et considrons un m-nage qui disposera cette anne dun revenu (hors pargne) de 30 000 Euroset qui disposera lan prochain dun revenu (hors pargne) de 35 000 Euros(lorigine de ces revenus nest pas explicit mais la fin de cet exemple vousconstaterez quils ne coincident pas avec la richesse du consommateur quinest, pour le moment pas explicite). Supposons en outre que ce mnagepuisse emprunter ou pargner tout montant dargent quil dsire (sous con-trainte de solvabilit) un taux dintrt de 10% et que linflation soit nulleentre les deux priodes. La contrainte de solvabilit du mnage ne fait questipuler que le mnage ne peut pas pargner plus de 30 000 Euros et quilne peut pas emprunter davantage dEuros que ne le permet sa capacit fu-

    ture de remboursement du montant de son emprunt augment des intrtsquil devra payer lan prochain sur cet emprunt. Prcisment, pour un tauxdintrt de 10%, le montant maximal x que peut emprunter un individu doitsatisfaire 1, 1x 35 000.

    Quelle est la richesse du consommateur et le prix du bien 1 en prenantle bien 2 comme numraire ? Mme question en prenant le bien 1 commenumraire ?

    Pour rpondre cette question il faut crire linquation qui dfinit lensemblede budget de ce consommateur. Appelons e le montant pargn par le m-

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    30 CHAPTER 2. LES CONTRAINTES DU CONSOMMATEUR.

    nage dans lanne courante. Ce montant pourrat tre ngatif dans lequel cas

    il y aurait emprunt ou dspargne. Appelons c1 la consommation dans cettemme anne et c2 la consommation du mnage lanne prochaine (toute sesvaleurs tant mesures en Euros courants elles-mmes gales leur valeur enEuro constant dans ce monde inflation nulle). En supposant que le mnagenempruntera et npargnera pas lan prochain, ces grandeurs sont relis parles ingalits

    c1 + e 30 000 (2.6)

    0 c2 35 000 + 1, 1e (2.7)

    Lingalit 2.6 nous dit que la somme de la consommation et de lpargne

    cette anne ne peut excder le revenu du mnage cette anne. Lingalit 2.7nous dit que la consommation du mnage lan prochain ne pourra excderle revenu du mnage lan prochain augment du montant de lpargne et delintrt sur celle-ci. Remarquons bien que si lpargne est ngative (si doncle mnage emprunte), lingalit 2.6 nous dit que la consommation de cetteanne ne peut dpasser la somme du revenu gagn par le mnage cette anneet de lemprunt de ce mnage tandis que lingalit 2.7 nous dit que la con-sommation du mnage lan prochain ne pourra dpasser le revenu du mnagelan prochain amput des paiements ncessaires au remboursement (principalet intrts) de la dette contracte par le mnage cette anne. Lemprunt aug-mente les possibilits de consommation courante mais rduit les possibilitsde consommation future. Lpargne rduit les possibilits de consommationcourante mais augmente les possibilit de consommation future.

    A priori, il ne semble gure y avoir de rapport entre les ingalits 2.6 et2.7 et lingalit 2.1 qui dfinit lensemble de budget. Pourtant, partir de2.7, on tire que

    e c235000

    1, 1

    En substituant cette ingalit dans 2.6 on obtient

    c1 +c235000

    1, 1

    30000

    ouc1 +

    c21, 1

    30000 +35000

    1, 1(2.8)

    ce qui est bien un cas particulier de lingalit 2.1 avec R = 30000 + 350001,1

    ,

    p1 = 1 et p2 =11,1 . Cette contrainte budgtaire intertemporelle du mnage

    est reprsente graphiquement ci-dessous.

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    2.2. LENSEMBLE DE BUDGET 31

    Envisag sous cet angle, le mnage raisonne comme si il avait une richessecourante constitue de la somme de son revenu courant (30 000 euros) et deson revenu futur (35 000 euros) actualis au taux dintrt r = 0, 1) quildevait ensuite allouer lachat de la consommation courante (dont chaque

    unit coute 1 euro) et de la consommation future (dont chaque unit coute

    1

    1,1euros courants). Un euro futur se vend un prix de 11,1 euros courants car

    pour obtenir 1 euro dans le futur, le mnage doit pargner 11,1

    euro courant

    au taux dintrt de 10%. Dans cette criture, cest leuro courant qui estle numraire. Comme nous lavons vu, nous pourrions galement mesurerles prix et la richesse en euros futurs. Pour ce faire, on a qu multiplierlingalit 2.8 par 1, 1 pour obtenir

    1, 1c1 + c2 1, 1 30000 + 35000

    Dans cette criture, le mnage mesure sa richesse en euros futurs. Si il

    pargnait la totalit de son revenu courant, le mnage disposerait lan prochainde 1, 130000+35000 euros. Telle est sa richesse en euros futurs. Puis le m-nage alloue cette richesse lachat de consommation pour lanne courante(chaque unit tant achete un prix de 1, 1 euros futurs) et de consomma-tion futur (dont le prix est videmment dun euro futur).

    Remarquons que la richesse du mnage (quelle soit mesure en eurosfuturs ou en euros courants) dpend du prix relatif de leuro futur par rapport leuro courant (du rapport p1

    p2gal dans cet exemple 1, 1). Cest un

    exemple densemble de budget avec richesse endogne.

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    32 CHAPTER 2. LES CONTRAINTES DU CONSOMMATEUR.

    Remarquons galement la diffrence entre le revenu et la richesse du m-

    nage dans cet exemple intertemporel. La richesse du mnage est alors unenotion atemporelle (une variable de stock diraient les macroconomistes).Elle est dfinie par la valeur, aux prix de march, des dotations initiales dumnage en ressources (ici il y a deux ressources: la consommation courante etla consommation future). Le revenu du mnage est au contraire une grandeurdate qui varie dune priode lautre (cest une variable de flux). Quel sontles revenus du mnage pour les deux priodes (tel que les dfinirait par ex-emple le fisc) ? Pour lanne courante, son revenu est de 30 000 euros. Pourlanne prochaine, son revenu serait de 35 000 euros auquel le fisc franaisajouterait, trs volontier, le cas chant, les revenus dpargne du mnage

    (gaux ici 0, 1e) en cas dune pargne positive. En cas dune pargne nga-tive (emprunt), le revenu du mnage serait de 35 000 euros (si on supposeque le fisc nautorise pas de dduction pour le paiement des intrts surlemprunt). La diffrence entre revenu et richesse est donc nette dans cet ex-emple. Elle le sera galement dans lexemple suivant (galement avec richesseendogne)

    Larbitrage loisir-consommation

    Considrons un mnage constitu dun individu qui doit dcider de la quantitde travail quil choisira de mettre la disposition des entreprises pendant une

    semaine. Ce consommateur dispose de 168 heures de temps disponible quilpeut allouer au travail rmunr (dont la quantit se note H) et au loisir (dontla quantit sera note L). Lheure de travail est rmunre un taux horairenet de w euros et lindividu dispose dun revenu hebdomadaire de patrimoinede 100 euros. Les deux biens qui intressent lindividu sont le temps deloisir (mesure en heures/semaine) et sa consommation de biens et services(mesure en euros/semaines et note C). Les ensembles de consommation etde budget de cet individu sont reprsents dans la figure suivante.

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    2.2. LENSEMBLE DE BUDGET 33

    Lensemble de consommation de combinaisons de loisir et de consomma-tion dun individu ne se confond pas avec R2+ car il nest physiquement paspossible un individu de disposer de plus de 168 heures de loisir par semaine.Cet ensemble est dfini formellement par

    C = {(L, C) R2+ | L 168}

    lensemble de budget sobtient en effectuant le raisonnement intuitif suivant.Lindividu ne peut videmment pas consommer pour une plus grande valeurque la totalit de ses revenus hebdomadaires. Ses revenus viennent de deux

    sources: 1) du patrimoine (100 euros) et 2) du travail rmunr un salairehoraire net de w euros. Un individu qui choisit de travailler H heures detravail est donc limit dans ses possibilits de consommation par la contraintesuivante

    C 600 + wH

    qui, en se rappelant que les 168 heures de travail dont dispose lindividudoivent se rpartir entre le loisir et le travail (i.e. L + H = 168), peut scrirecomme

    C 600 + w(168 L)

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    34 CHAPTER 2. LES CONTRAINTES DU CONSOMMATEUR.

    ou

    C+ wL 600 + 168wce qui est bien un cas particulier de lingalit 2.1. Dans cette criture, onraisonne comme si le mnage disposait dune richesse de 600 + 168w eurosquil allouait lachat de loisir (chaque heure tant achete w euros) et deconsommation (achete un prix dun euro lunit, leuro tant considreici comme le numraire). Cette richesse du mnage provient de ses revenusde patrimoine et de la valeur, au salaire horaire de march w, de sa dotationinitiale en temps disponible. Aprs le laurat du prix nobel dconomie GaryBecker [2], les conomistes ont pris lhabitude dappeler revenu potentiel cetterichesse qui sinterprte, de fait, comme le revenu maximal que pourrat

    obtenir lindividu sil consacrait tout son temps au travail. Encore ici, ilsagit dun exemple o la richesse est endogne car elle dpend du rapportdes prix. Remarquons galement combien cette richesse doit tre distinguede ce que langage courant appellerait le revenu de cet individu. Dans cetexemple, le revenu de lindividu est la somme de son revenu de patrimoine(dorigine non-explicite) et de son revenu de travail. Or, ce revenu de travaildpend dune dcision prise par lindividu. Cest une variable endogne. Aucontraire la richesse ne dpend pas des dcisions prises par lindividu. Cestdonc une variable exogne dtermine par les prix des deux biens et par lestock de temps disponible dont dispose lindividu.

    prix qui dpendent des quantits consommes

    Il a t indiqu plus haut que dans de nombreuses situations de la viecourante, la quantit de numraire que doit sacrifier un consommateur pourse procurer une unit dun bien dpend de la quantit consomme de ce bien.Considrons par exemple la situation dun consommateur disposant dunerichesse (exogne) de 350 euros quil peut allouer lachat de viande de boeuf(bien 1) ou dautres usages (bien 2 interprt comme de largent disponibleque nous prendrons comme numraire). Pour tout achat de viande de boeufinfrieur 20 kg, le consommateur doit payer un prix de dtail de 18 euros

    le kilo. Par contre, il sait quil pourra obtenir un prix de 12 euros le kilo silachte au moins 20Kg de boeuf et un prix de 8 euros le kilo sil en achteau moins 100kg. Lensemble de budget correspondant cette situation estreprsent graphiquement dans la figure suivante.

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    2.2. LENSEMBLE DE BUDGET 35

    Il est dfini formellement comme suit

    B = {(x1, x2)