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Marc FIEVET leçons d’économie Micro-économie TOME I MICRO ECONOMIE

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Marc FIEVET – leçons d’économie Micro-économie

TOME I

MICRO – ECONOMIE

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Marc FIEVET – leçons d’économie Micro-économie

Objectif général : analyser les mécanismes fondamentaux de l’économie (loi de l’offre et de la

demande, fonctionnement des marchés).

Cheminement

Etape 1 : maîtriser les concepts

de demande et d’offre : leçon 2

Etape 2 : analyser le fonctionnement du marché en concurrence parfaite (la loi de

l’offre et de la demande), les conséquences

des écarts à l’équilibre du marché : leçon 2

Etape 3 : analyser les structures de marché,le comportement des agents face

aux distorsions du marché, à la concurrence imparfaite (oligopoles, …) et

aux asymétries d’information : leçon 3

Etape 4 : appréhender comment les pouvoirs publics

peuvent corriger certaines

distorsions du marché: leçon 3

UTILISATION DES OUTILS DANS LE

CADRE MACROECONOMIQUE ET

EN GESTION DE L’ENTREPRISE.

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

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LEÇON 2 : DEMANDE, OFFRE & THEORIE DES MARCHES CONCURRENTIELS

MACRO-OBJECTIFS (dossier pédagogique de l’UE)

1. présenter et d’analyser de manière critique les principaux mécanismes économiques : l'offre et la demande sur les marchés ; 2. analyser et confronter les fondements des principaux mouvements théoriques (classique, néoclassique, ...) en saisissant leurs relations avec les phénomènes politiques et sociaux.

OBJECTIFS : Au cours de cette leçon, l’étudiant va : 1. découvrir les déterminants de la demande et de l’offre sur le marché ; 2. analyser le modèle prédictionnel de base ; 3. calculer les élasticités de la demande et de l’offre et en en appréhender les applications. 4. définir et mesurer le surplus du consommateur.

5. définir le marché concurrentiel et en déterminer l’équilibre.

6. schématiser le fonctionnement du modèle offre-demande.

7. analyser succinctement les logiques de comportement du consommateur et du producteur PLAN : INTRODUCTION : FONDEMENTS THEORIQUES SECTION 1 : LA DEMANDE. SECTION 2 : L’OFFRE. SECTION 3 : THEORIE DES MARCHES EN CONCCURRENCE PARFAITE SECTION 4 : LA LOGIQUE DE COMPORTEMENT DES AGENTS POUR EN SAVOIR PLUS : Fiche de lecture 1/2 : LA LOI DE LA DEMANDE : A PROPOS DE L’ELASTICITE

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

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INTRODUCTION : FONDEMENTS THEORIQUES

LE NEO-CLASSICISME

L'analyse micro-économique consiste à étudier en fonction du principe hédonistique1

(maximum de satisfaction pour un minimum de coût) la production, la répartition, et la

consommation des biens. Elle tend à l'élaboration de la THEORIE DE L'EQUILIBRE GENERAL,

appelée également « équilibre WALRASSIEN » ou « WALRASSOPARETIEN », du nom des

économistes (L. WALRAS et V. PARETO) qui en ont découvert les fondements scientifiques.

Les bases du calcul infinitésimal, puis du calcul différentiel sont jetées aux XVIIème et XVIIIème

siècles. L’algèbre abstraite se développe fortement au XIXème. C’est à ce moment que la

science économique va être « mathématisée » (utilisation du calcul différentiel et intégral,

mais aussi des probabilités et des statistiques). On parle d’« école MARGINALISTE ».

Trois « Ecoles » forment le courant néo-classique: Cambridge, Lausanne et Vienne.

a) L’Ecole de Cambridge

Les principaux théoriciens de cette Ecole sont:

Alfred MARSHALL2, qui tente de faire la synthèse de l’économie politique classique et du

marginalisme, en conciliant les différentes théories: valeur, offre et demande, utilité

marginale, coûts de production; il a mis en évidence les « forces du marché », qui tendent

à permettre un équilibre automatique de l’offre et de la demande;

Arthur Cécil PIGOU3, qui traita essentiellement de l’économie du bien-être (Welfare),

théorie qui étudie les différents états de l’économie sous l’angle du bien-être social.

b) L’Ecole de Lausanne

Elle est qualifiée de « courant d’équilibre général » et est essentiellement représentée par:

Léon WALRAS4, qui démontre l’interdépendance de tous les marchés (produits/facteurs de

production/monnaie); il construit un modèle représentatif de ces marchés; l’équilibre

général y est réalisé par la flexibilité des prix;

1 L’hédonisme est une doctrine morale de la Grèce Antique qui fait de la recherche du plaisir et de l’évitement du déplaisir le but de la vie ; elle est associée à l’épicurisme. La doctrine utilitariste qui en découle a permis son « transfert » dans l’analyse économique. Cette dernière est due à Jeremy BENTHAM (1748-1832), philosophe britannique. 2 Alfred MARSHALL (1842-1924), économiste britannique, professeur à Cambridge, un des pères de la théorie néo-classique, Principes d’Economie Politique (1890) ; il s’oppose à Walras sur l’existence d’un équilibre général (théorie des marchés). 3 Arthur Cecil PIGOU (1877-1959), économiste britannique, professeur à Cambridge. 4 Léon WALRAS (1834-1910), économiste français, professeur à l’Université de Lausanne.

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

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Vilfredo PARETO5 : son champs d’étude est essentiellement l’analyse des choix

individuels ; il resté célèbre pour sa théorie de l’optimum; celui-ci se caractérise par le fait

que dans cette situation, on ne peut améliorer la position d’un agent économique sans

détériorer celle d’au moins un autre agent.

c) L’Ecole de Vienne

L’Ecole autrichienne se démarque des précédentes en ce sens que les néoclassiques

autrichiens sont des adeptes de l’individualisme méthodologique; certaines études relèvent

d’ailleurs plus d’une approche psychologique (influence de Sigmund FREUD6) que

philosophique. Son initiateur, Carl MENGER7 considère d’ailleurs que la Science Economique

doit s’appuyer sur l’étude psychologique du comportement des individus.

L’auteur le plus célèbre de cette Ecole est sans contestation Friedrich von HAYEK ; son œuvre

est une défense du libéralisme, et il fut durant les années 1980 un des leaders de la pensée

ultra-libérale.

L’idée maîtresse de la théorie de l'équilibre général, C’EST L’AUTO-REGULATION DES MARCHES.

Les marchés tendant spontanément à l'équilibre, il convient de limiter au maximum

l'intervention de l'Etat ; C'EST LA DOCTRINE DU « LAISSER-FAIRE ».

en cas d'apparition d'un déséquilibre, les mécanismes concurrentiels restaurent automatiquement l'équilibre, via

le régulateur infaillible qu’est le LIBRE PRIX et le système de profits et pertes. Nous verrons bientôt (leçon 3) qu’en

réalité les marchés ne sont qu’imparfaitement concurrentiels, car il existe des phénomènes tels que les positions

dominantes, les asymétries d’information, les aléas moraux, … qui perturbent l’auto-régulation.

5 Vilfredo Pareto (1848-1923), sociologue et économiste italien, professeur à l’Université de Lausanne

6 Sigmund FREUD (1856-1939), médecin neurologue autrichien, pionnier de la psychanalyse. 7 Carl MENGER (1840-1921), économiste autrichien, professeur à l’Université de Vienne.

Alfred MARSHALL

Léon WALRAS

Vilfredo PARETO

Friedrich von HAYEK

Cecil PIGOU

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

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SECTION 1 : LA DEMANDE.

Objectif 1 : découvrir les déterminants de la demande

Objectif 2 : analyser le modèle prédictionnel de base

UNE RELATION PRIX - QUANTITE

La quantité demandée d’un bien ou d’un service représente la quantité que les

consommateurs envisagent d’acheter à un prix déterminé au cours d’une période donnée

(décision d’acheter).

Quels sont les éléments constitutifs de cette demande ? Il apparaît intuitivement que le

premier de ces éléments est le prix du bien ou du service concerné. La question

fondamentale que se pose logiquement le consommateur est « COMBIEN ÇA COUTE ? ».

Ceteris paribus, plus le prix est élevé, moins le consommateur souhaite acheter le

bien (revoyez la notion de coût d’opportunité à la leçon 1).

Illustrons cette situation par un exemple chiffré. « Quelle quantité de bouteilles de limonade (1 L) un

consommateur rationnel est-il prêt à acheter sur une période donnée, compte tenu du prix (= variable) ? »

Tableau et graphique (veillez à bien indiquer les variables concernées sur les axes) :

p

6 x

5 x

4 x

3 x A

2 x B

D

1 x

5 7 10 12 15 20 Q

Au fur et à mesure que le prix baisse, la quantité demandée s’accroît.

TOUTE MODIFICATION DU PRIX AMENE LE CONSOMMATEUR A SE DEPLACER LE LONG DE LA COURBE

(OU A GLISSER SUR LA COURBE).

si le prix de la bouteille passe de 3 € à 2 €, le consommateur « glisse » du point A vers le point B.

Prix (en €) Quantité

6 0

5 1

4 3

3 7

2 12

1 22

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7

LA LOI DE LA DEMANDE

Si le prix constitue l’élément fondamental de la demande, il n’est pas le seul en cause. C’est

la raison pour laquelle on formule ainsi la LOI DE LA DEMANDE :

Toutes choses égales par ailleurs, la quantité demandée d’un bien diminue au fur et

à mesure que son prix augmente (et inversément)

L’expression « TOUTES CHOSES EGALES PAR AILLEURS » (TCEPA) signifie « tous les autres

facteurs (= paramètres) étant maintenus constants » ; seuls le prix (= variable) et par

conséquent les quantités varient. Quelles sont ces « autres choses » ?

ps = prix des biens substituts : des biens sont dits substituts lorsque l’usage de l’un

peut remplacer, parfaitement ou imparfaitement, l’usage de l’autre (exemples : thé et

café, beurre et margarine, essence Shell et essence Esso) ;

pc = prix des biens complémentaires : des biens sont dits complémentaires si l’usage

de l’un est, partiellement ou totalement, dépendant de l’usage de l’autre (café et sucre,

voiture et carburant) ;

R = revenu du consommateur (son pouvoir d’achat) ;

G = goûts du consommateur (son système de préférences).

Nous pouvons formuler la fonction de demande comme suit : Qd = f (p; ps, pc, R, G)

Lorsque l’hypothèse « toutes choses égales par ailleurs » est levée, et que l’un au

moins des paramètres ci-dessus se modifie, il y a DEPLACEMENT DE LA COURBE DE

DEMANDE de D en D’8 (et non plus SUR ou le long de la courbe).

p

D’

D

p1

Q1

Q2

Q

8 Pour rappel, dans une fonction linéaire de type y = a + bx, a est la constante, b le coefficient angulaire et x la variable. Quand a est modifié, la droite se déplace ; quand b est modifié, l’inclinaison de la droite change. Dans notre modèle, ps, pc, R, G représentent la constante. Pour des raisons techniques, les économètres utilisent des fonctions logarithmiques, par exemple du type log(Q) = a – b log(p) + c log(R)

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Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

8

On dit alors que la demande (et non les quantités demandées, comme dans le cas d’un

déplacement LE LONG de la courbe) a augmenté (ou diminué). Au même prix p1, le

consommateur demande plus (Q1►Q2). Les sources de déplacement de la courbe de

demande d’un marché, par exemple celui du beurre, sont les paramètres suivants :

SOURCE La demande de beurre

Le revenu des consommateurs se déplace vers la droite

Le prix d’un bien substitut, par ex. la margarine, se déplace vers la droite

Le prix d’un bien complémentaire, par ex. le pain, se déplace vers la gauche

La préférence du consommateur pour le beurre se déplace vers la droite

mais aussi la modification des anticipations (si vous pensez que le prix du mazout va baisser

dans les prochaines semaines, vous ne remplirez pas en principe votre cuve aujourd’hui).

Les graphiques ci-dessus montrent la courbe de demande du marché DM (par ex. pour les poires belges), qui est

l’addition des demandes individuelles. A 2€ le kg, Pierre demande 5 kg, et Valérie 15. La demande du marché est

donc de 20 kg. Sur le graphique de droite, on passe à une autre échelle : à 2€ le kg, l’ensemble des consommateurs

belges demande 50 T, et les consommateurs russes 150 T ; la demande totale est donc de 200 T. Mais si les russes

mettent un embargo9 sur les poires belges, la demande du marché se limite à la demande belge, soit 50 T ; la courbe

de demande du marché s’est déplacée vers la gauche.

VVOOIICCII LLEESS PPRREEMMIIEERREESS PPRREEDDIICCTTIIOONNSS DDUU MMOODDEELLEE ::

QQUUAANNDD LLEE PPRRIIXX ((OOUU )),, OONN RREESSTTEE SSUURR LLAA CCOOUURRBBEE,, EETT LLEESS QQUUAANNTTIITTEESS

((OOUU )) ;;

QQUUAANNDD DD’’AAUUTTRREESS EELLEEMMEENNTTSS SSOONNTT MMOODDIIFFIIEESS,, LLAA CCOOUURRBBEE SSEE DDEEPPLLAACCEE,,

CCEE QQUUII EENNTTRRAAIINNEE EEVVIIDDEEMMMMEENNTT UUNNEE MMOODDIIFFIICCAATTIIOONN DDEESS QQUUAANNTTIITTEESS..

9 Un embargo est une mesure prise par un Etat (ou groupe d’Etats) pour empêcher la libre circulation des marchandises (à ne pas confondre avec le blocus, qui est un déploiement militaire pour empêcher les navires, trains ou véhicules routiers de livrer les marchandises). L’exemple choisi est réel : en représailles aux sanctions prises contre elle par l’Union Européenne suite aux troubles en Ukraine, la Russie a décidé en octobre 2014 d’un embargo sur les produits alimentaires européens. L’embargo le plus « célèbre » est celui des USA vis-à-vis de Cuba qui dure depuis … février 1962 (et est en train d’être progressivement levé).

DRusse p€

DBelge

QTonnes

50 150

DM=DBelge+DRusse

200

Q2

Q1

DValérie p€

DPierre

Qkg

5 15

DM=Dpierre+DValérie

20

Q2

Q1

2€

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Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

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Objectif 3 : calculer les élasticités de la demande et en appréhender les applications.

L’ELASTICITE-PRIX, OU COMMENT LES QUANTITES REAGISSENT AUX Δ DE PRIX

L’ELASTICITE DE LA DEMANDE PAR RAPPORT AU PRIX constitue une donnée

importante pour tout PRODUCTEUR : s'il baisse (augmente) son prix de vente, comment le

consommateur va-t-il réagir en quantités? Mathématiquement, l'élasticité au prix se

présente comme le rapport entre la variation relative de la quantité demandée et la variation

relative du prix qui l'a engendrée. ATTENTION : le calcul s’effectue en un point de la courbe

de demande, ce qui suppose une variation INFINITESIMALE du prix (variation A LA MARGE).

p = prixdu %variation

quantités des %variation

p = PP

QQ

/

/

=

1

12

1

12

P

PP

Q

QQ

si la quantité demandée est de 1000 unités pour 100 €, et de 1200 unités pour 90 €, on a en ce point là de la courbe de demande concernée :

p =

)100(

)100()90(

)1000(

)1000()1200(

1

12

1

12

P

PP

Q

QQ

=)100(/)10(

)1000(/)200(

PP

QQ=

%10

%20

=

1,0

2,0

= - 2

p= - 2 à une diminution de 10% du prix correspond ici une augmentation de 20% des quantités ; une telle baisse de prix PEUT donc se révéler intéressante pour le vendeur.

L'élasticité-prix de la demande est normalement négative ou nulle10, puisqu'à une

augmentation du prix correspond une diminution de la quantité demandée. Elle varie en

principe en chaque point de la fonction de demande. Cette élasticité prend des valeurs

comprises entre - et 0. Le tableau ci-dessous en résume la signification par rapport aux

valeurs critiques :

p Interprétation : la demande est :

- : parfaitement élastique ; à une variation infinitésimale du prix correspond une variation infiniment grande des quantités ; la courbe est horizontale.

- < < - 1 relativement élastique ; la variation relative des quantités est plus importante que celle du prix.

= -1 à élasticité unitaire.

-1 < < 0 relativement inélastique ; la variation relative des quantités est inférieure à celle du prix

= 0 parfaitement inélastique ; les quantités ne changent pas lorsque le prix évolue ; la courbe est verticale.

10 Une prix positive de la demande se présente toutefois dans deux cas : l’effet GIFFEN et l’effet VLEBEN – voyez fiche 1/2 en fin de leçon.

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

10

FACTEURS INFLUENÇANT L’ELASTICITE-PRIX

la nature des besoins couverts par le bien :

plus celui-ci couvrira des besoins essentiels, plus l'élasticité est réduite ; il en va ainsi de la nourriture de base

(pain, …), des combustibles, des vêtements et chaussures « courants », ..., dont on ne peut se passer (la marge

de manœuvre du consommateur est réduite) ;

les possibilités de substitution :

plus elles sont importantes, plus l'élasticité est grande ; si le prix augmente, les consommateurs choisiront

aisément un substitut ;

l'importance relative du bien dans le budget du consommateur :

plus elle est grande, plus l'élasticité l'est aussi ; le consommateur ressent fortement l'augmentation du prix

des carburants, mais pas celle du sachet de poivre, du rouleau de papier collant ou des lacets de chaussures ;

le temps :

sur une courte période, le consommateur n'a pas nécessairement la possibilité d'adapter ses dépenses ; si

vous possédez une grosse voiture en bon état et que le prix du carburant augmente, vous n'en changerez

probablement pas de suite ; par contre, quand il s'agira de remplacer cette voiture, vous réfléchirez

certainement à l'achat d'un véhicule moins gourmand en énergie ; l’ prix des carburant varie dans le temps.

PRINCIPAUX CAS DE RELATIVE INELASTICITE-PRIX

Classes Biens

TOUTES visant des besoins physiologiques vitaux (alimentation de base, ..) *

visant des besoins psychologiques impérieux (demande de tabac, …)

liés à des traditions sociologiques (resto de St Valentin, fleurs fête des mères, …)

biens courants utilisés en quantité très limitée (sel, poivre, …)

élevées biens de luxe

* loi d'ENGEL11 ; si le prix augmente, le consommateur sacrifie la consommation d'autres biens ; si le prix baisse,

les quantités demandées n’augmenteront pas (ou peu) ; c'est ce qui explique la gravité des crises agricoles pour les

producteurs (loi de KING12).

11 Ernst ENGEL (1821-1896), statisticien allemand, connu pour la loi et la courbe qui portent son nom ; la courbe d’Engel montre comment la consommation d’un bien évolue en fonction de la contrainte budgétaire du consommateur, c’est-à-dire avec son revenu ; nous reviendrons sur cette question dans la leçon 5, section 2, la consommation. 12 Gregory KING (1648-1712), statisticien britannique, voyez fiche 1/2 ; il démontre qu’une bonne récolte peut se révéler une mauvaise affaire pour les agriculteurs qui malgré la baisse de prix ne peuvent vendre toute leur récolte.

Ces chiffres vous paraissent-ils en

adéquation avec la théorie que nous

avons développée ?

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

11

L’ELASTICITE-REVENU : DES BIENS DE LUXE, COURANTS, INFERIEURS

Dans quelle mesure le consommateur ajuste-t-il les quantités demandées lorsque son revenu

varie ? Calculons pour cela l’ELASTICITE-REVENU :

R = revenudu %variation

quantités des %variation

ou encore : R = RR

QQ

/

/

Le tableau ci-dessous en résume la signification par rapport aux valeurs critiques :

R Interprétation : classification des biens

< 0 les quantités demandées diminuent lorsque le revenu augmente ; nous nous trouvons en présence d'un bien inférieur.

0 < < 1 les quantités demandées augmentent relativement moins que le revenu : nous nous trouvons en présence d'un bien courant (biens alimentaires de base, comme le pain, …).

> 1 la variation relative des quantités est supérieure à la variation relative du revenu ; il s'agit d'un bien qualifié de supérieur (biens « de luxe »).

Les économistes soulignent l'asymétrie existant entre une hausse et une baisse de revenus ; autrement dit, le

consommateur ne réagit pas de la même manière dans chacun de ces cas ; lorsque le revenu baisse, il a tendance à

essayer de maintenir sa consommation au niveau antérieur ; c'est ce que l'on appelle « l'effet de cliquet ».

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Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

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Source : Insee

L’ELASTICITE-PRIX CROISEE : DES BIENS SUBSTITUTS, COMPLEMENTAIRES, …

ij = j bien duprix du % variation

i bien du quantités des % variation

ij < 0 : biens substituts ; ij > 0 : biens complémentaires ; ij = 0 : biens indépendants

LES ELASTICITES : INDISPENSABLES EN MARKETING13

L’élasticité-prix régit la politique des prix ; l’élasticité prix-croisée conduit la politique de

diversification ; enfin, l’élasticité-revenu fournit les paramètres nécessaires à la segmentation

du marché. Si le responsable de la politique commerciale de l’entreprise ne connaît pas la

valeur de ces élasticités, la gestion peut devenir catastrophique.

Pour l’élasticité-prix, nous comprenons évidemment que le gestionnaire doit impérativement prévoir les réactions des acheteurs (variation des quantités demandées) à une hausse ou une baisse de prix. L’élasticité prix-croisée constitue un bon indicateur des liens pouvant exister (ou non) entre des marques concurrentes ; sa mesure permet donc d’établir un lien entre les actions de l’entreprise et celles de ses concurrents, et les réactions du marché à ces actions. Enfin, l’élasticité-revenu permet la segmentation du marché ; il s’agit d’une segmentation client, c’est-à-dire d’un découpage du marché en groupes homogènes, et non d’une segmentation produits. Remarquez qu’une telle segmentation s’effectue en général sur une base multicritères : revenu, mais aussi critères démographiques, géographiques, sociaux.

Objectif 4 : définir et mesurer le surplus du consommateur

LE SURPLUS DU CONSOMMATEUR : UN GAIN BIEN RÉEL ET … CONVOITÉ !

Supposons que vous vendiez aux enchères deux pièces de collection identiques, et qu’y

participent cinq personnes, A, B, C, D et E. Chacune d’entre elles est venue à cette vente en

ne souhaitant acquérir qu’une seule pièce, s’étant fixée un budget maximum (tableau ci-

dessous).

13 Charles JAUMOTTE, les mécanismes de l’économie, p 95, de boeck 2012.

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

13

Vous proposez un prix de départ de 70 €, les cinq sont amateurs, et vous faites monter les

enchères par tranche de 10 € ; à 130 €, A et B restent en course et emporte chacun une

pièce, alors qu’ils étaient pourtant prêts à payer respectivement 200 € et 150 €. ON DIT QUE

A ET B PERÇOIVENT UN SURPLUS DU CONSOMMATEUR (ICI EGAL A 70 € POUR A ET 20 € POUR B),

CORRESPONDANT A L’AVANTAGE QU’ILS ONT RETIRE DE LEUR PARTICIPATION AU MARCHE.

Graphiquement : Prix que chaque acheteur est prêt à

dépenser pour une pièce 200 - Surplus de A Surplus de B 150 - 130 = PV 130 - 100 - 50 - 1 2 3 4 5

Cette situation est généralisable. Si la demande du marché est représentée par la courbe D, et que le prix du

marché est p1, la dépense des consommateurs est représentée par le quadrilatère PEAO ; mais il apparaît bien que

certains consommateurs étaient disposés à payer un prix supérieur à p1 ; en réalité, seul l'acheteur de la dernière

unité de OA était prêt à payer exactement ce prix, alors que tous les autres acceptaient de payer un prix plus élevé.

Ces consommateurs, en payant eux aussi p1, bénéficient donc d'un surplus d'utilité, mesuré monétairement par le

« triangle »14 PEM.

p

M

P E

O A Q

Par ailleurs, LA DEMARCHE DES PRODUCTEURS, LORSQUE CELA EST POSSIBLE, VA ETRE DE

CONFISQUER CE SURPLUS, EN PRATIQUANT DES POLITIQUES DE DIFFERENCIATION DU PRODUIT OU

DE DISCRIMINATION DE PRIX15, DESTINEES A FAIRE PAYER A L'ACHETEUR LE PRIX QU'IL AURAIT

ETE REELLEMENT DISPOSE A PAYER.

Pour ce faire, le vendeur tire notamment parti de l'existence chez le consommateur, même rationnel, d'un désir

de se démarquer des autres ; il propose des variétés du produit ne différant que par des petits détails, n'entraînant

pas de variations importantes des coûts de production, mais permettant la pratique d'un prix plus élevé. Ce

comportement est souvent rencontré, entre autre, dans l'industrie automobile.

14 A partir de l’expression mathématique de la fonction courbe de demande, le calcul intégral (intégrale définie) permet de calculer la valeur monétaire de l’aire PEM. 15 Pratique qui consiste à « segmenter » les consommateurs en diverses classes (étudiants, retraités, touristes de basse ou de haute saison,…) et à leur faire payer des prix différents pour le même bien ou service. Voyez leçon 3.

A 200 €

B 150 €

C 120 €

D 100 €

E 75 €

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

14

SECTION 2 :L’OFFRE

Obj 1+2 : découvrir les déterminants de l’offre, analyser le modèle prédictionnel élémentaire

UN PROBLEME DE COÛTS

Toute production génère des coûts pour l’entreprise. On en distingue deux types :

les coûts fixes (CF), qui ne dépendent pas du niveau de production, ou plutôt qui varient

par paliers de production : loyer, assurances, personnel incompressible, amortissements ;

les coûts variables (CV), qui dépendent du niveau de production : matières premières,

énergie, personnel affecté directement à la production, …

Les coûts variables relatifs aux facteurs travail et capital sont fonction de leurs rendements ;

lorsqu’une entreprise veut produire plus, compte tenu de l’hypothèse ricardienne des

rendements marginaux décroissants, les facteurs supplémentaires nécessaires engendrent

des coûts de plus en plus élevés. On appelle coût marginal (Cm) le coût engendré par la

production d’une unité supplémentaire, ou encore le coût de la dernière unité produite ;

lorsque les rendements marginaux sont décroissants, le Cm est croissant. Intuitivement,

nous comprenons qu’une entreprise n’acceptera de produire plus que si le prix obtenu couvre

ces coûts croissants.

DE LA DIFFICULTE DE DEFINIR LE COÛT …

Définir le coût d’un produit ou d’un service est moins simple qu’il n’y paraît. Cette difficulté

peut être illustrée par la métaphore de Maurice ALLAIS16 sur le voyageur de Calais. A la

gare de Calais, un voyageur saute à la dernière minute dans le train vers Paris ; quel est son

coût marginal (autrement dit, le coût supplémentaire que supporte la SNCF pour lui) ?

Le contrôleur se dit que le convoi va rouler, que ce voyageur supplémentaire soit là ou

pas ; il n’influence en rien le coût pour la SNCF : salaires du conducteur, du contrôleur, du

chef de train, électricité, … ; le coût à lui imputer est quasi nul.

Le chef de train n’est pas de cet avis, car il se dit que si 50 voyageurs font pareil, il faudra

ajouter une voiture au train, et qu’il faut donc imputer à ce voyageur 1/50ème du coût de la

voiture (50 places) pour ce trajet.

Le responsable de la ligne va plus loin ; on ne peut indéfiniment ajouter des voitures à un

train ; s’il compte plus de 10 voitures, il faut le dédoubler ; il faut imputer à ce voyageur

en plus du 1/50ème de la voiture 1/500ème du coût de la motrice et des salaires du 2ème

train.

Le directeur du réseau n’est pas de cet avis ; au-delà d’un certain nombre de trains par

jour, il faut adapter le réseau, et il est indispensable de reporter ce coût sur le voyageur…

16 Maurice ALLAIS (1911-2010), polytechnicien, économiste français libéral et antimondialiste, prix Nobel 1988.

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Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

15

DU COÛT A LA TARIFICATION …

Ces notions permettent d’appréhender certains problèmes pratiques de tarification.

Ainsi en va-t-il des « last minute » des voyages en avion et nuitées d’hôtel. Lorsqu’il reste des places disponibles,

le coût marginal d’un passager ou d’un client supplémentaire est quasi-nul, car les coûts de fonctionnement d’un

avion ou d’un hôtel sont essentiellement FIXES. Les tarifs sont établis de telle manière qu’un remplissage à 60 ou

70% couvre la totalité des coûts ; attirer des clients en dernière minute par une tarification avantageuse permet

d’accroître sensiblement le bénéfice.

Autre problème : la tarification de l’électricité. La demande est très fluctuante selon la période de l’année et aussi

de la journée. Pour satisfaire la demande de pointe, les producteurs doivent détenir une capacité suffisante. En

dehors de cette pointe, ils font tourner les centrales les plus rentables. Quand la demande augmente, ils mettent en

route leurs unités les moins productives, aux cours marginaux les plus élevés. Ils doivent donc en tenir compte dans

leur tarification. C’est la raison d’exister du bi-horaire : faire passer une demande d’heures de pointe vers les heures

creuses, où l’électricité est produite par des centrales aux coûts moindres, ce qui permet de rationnaliser la

production et de réduire le tarif.

L’OFFRE : UNE RELATION PRIX - QUANTITE

La quantité offerte d’un bien ou d’un service se définit comme la quantité que les producteurs

sont prêts à produire à un prix déterminé au cours d’une période donnée. En principe, plus le

prix est élevé, plus le producteur sera incité à produire, dès lors qu’il peut mettre en œuvre

plus de facteurs plus coûteux.

Illustrons cela par un exemple : quelle quantité de bouteilles de limonades (1 L) un fabricant est-il prêt à offrir sur

une période donnée, compte tenu du prix ?

La courbe d’offre est en fait une courbe de coût marginal, qui en chaque point montre le coût minimum pour produire la quantité correspondante. Si le producteur ne propose aucune bouteille au prix de 1 €, c’est parce qu’il ne couvre pas ses coûts de production.

TOUTE MODIFICATION DU PRIX AMENE LE PRODUCTEUR A SE DEPLACER LE LONG DE LA COURBE (OU

A GLISSER SUR LA COURBE).

prix en € Quantité

6 100

5 90

4 75

3 55

2 30

1 0 1

5

Q

P€

6

4

3

2

60 50 40 30 10 20 100 90 70 80

O

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Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

16

LA LOI DE L’OFFRE

Si le prix constitue bien l’élément fondamental de l’offre, il n’est pas le seul en cause. C’est la

raison pour laquelle on formule ainsi la LOI DE L’OFFRE :

Toutes choses égales par ailleurs, la quantité offerte d’un bien s’accroît au fur et à

mesure que son prix augmente (et vice-versa).

Quelles sont ces « autres choses » qui influencent l’offre ?

pj = le prix des autres biens ;

par exemple, on peut produire de l’énergie à l’aide de combustibles fossiles ou de solaire (sans entrer dans le

débat écologique) ; si le prix des combustibles est relativement bas par rapport au solaire, l’offre sera à base de

combustibles ; si son prix augmente, il viendra un moment où le solaire deviendra intéressant ; on parle alors de

substituts de production. Il existe également des compléments de production, c’est-à-dire des biens

obligatoirement produits ensemble, par exemple à partir du raffinage du pétrole brut. Tout accroissement du

prix d’un sous-produit entraîne une augmentation des offres des autres sous-produits ;

Un autre exemple est celui des produits agricoles ; si le prix du beurre augmente, l’agriculteur fera avec son lait

plus de beurre et moins de fromage ; mais en outre, il accroîtra son cheptel de vaches laitières pour lesquelles il

faudra des pâtures, au détriment de cultures céréalières, par exemple. Dans le même ordre d’idée, produire du

carburant au colza diminue les terres disponibles pour les céréales, dont l’offre diminue.

C = le coût des facteurs de production ;

si leur prix augmente, l’offre du bien produit aura tendance à diminuer.

Nous pouvons donc formuler la fonction d’offre comme suit :

Qs = (p ; pj, C)

Lorsque l’hypothèse « toutes choses égales par ailleurs est levée, et que l’un (au

moins) des éléments ci-dessus se modifie, il y a DEPLACEMENT DE LA COURBE

D’OFFRE. On dit alors que l’OFFRE (et non les quantités offertes, comme dans le cas d’un

déplacement LE LONG de la courbe) a augmenté (ou diminué). Le graphique montre une

augmentation de l’offre ( !déplacement vers la droite et non vers le haut !).

p

S

S’

0 Q

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Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

17

Pour obtenir la courbe d’offre du marché, il suffit d’additionner les offres individuelles. On

obtient ainsi une courbe également croissante au prix.

Dans les années 1950, le marché « mondial » de l’acier était essentiellement alimenté par les pays de l’Europe de l’Ouest et les USA (O1, qui coïncidait avec OM). Lorsqu’ensuite, des pays comme l’Inde et la Chine se sont mis à produire de l’acier (O2), l’offre totale (OM) s’est déplacée vers la droite, et le marché a été saturé. Dans ces conditions, les plus compétitifs (c’est-à-dire les indiens et les chinois qui produisaient au moindre coût) sont restés, au détriment des sidérurgies européennes et américaine, qui ont perdu des centaines de milliers d’emplois.

VVOOIICCII LLEESS PPRREEDDIICCTTIIOONNSS DDUU MMOODDEELLEE ::

QQUUAANNDD LLEE PPRRIIXX ((OOUU )),, OONN RREESSTTEE SSUURR LLAA CCOOUURRBBEE,, EETT LLEESS QQUUAANNTTIITTEESS

((OOUU )) ;;

QQUUAANNDD DD’’AAUUTTRREESS EELLEEMMEENNTTSS SSOONNTT MMOODDIIFFIIEESS,, LLAA CCOOUURRBBEE SSEE DDEEPPLLAACCEE,,

CCEE QQUUII EENNTTRRAAIINNEE EEVVIIDDEEMMMMEENNTT UUNNEE MMOODDIIFFIICCAATTIIOONN DDEESS QQUUAANNTTIITTEESS..

Objectif 3 : définir et mesurer l’élasticité de l’offre et en appréhender les applications.

L’ELASTICITE-PRIX OU COMMENT LES QUANTITES REAGISSENT AUX Δ DE PRIX

L’offre est donc croissante au prix. De combien les quantités offertes varient-elles

lorsque le prix est modifié ? Cette question, comme nous le verrons ultérieurement, est

essentielle pour comprendre les conséquences d’une augmentation (déplacement) de la

demande.

Nous utiliserons le concept d’ELASTICITE DE L’OFFRE PAR RAPPORT A SON PRIX. La

formule est identique à celle de l’élasticité-prix de la demande :

p = prixdu %variation

quantités des %variation =

PP

QQ

/

/

O2 O1

Q

+ =

OM

Q2

Q1

Q1+Q2

P

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18

Le tableau ci-dessous en résume la signification par rapport aux valeurs critiques :

p Interprétation : l’offre est

p = 0 parfaitement inélastique, Q = 0 ; cette situation est celle de biens « agricoles » (pensez au vin par

exemple) ou se produit lorsqu’il y a raréfaction d’un facteur de production.

0 < p < 1 relativement inélastique ; c’est souvent le cas de l’offre à court terme, car la marge de manœuvre

des entreprises pour accroître leur production à court terme peut être faible.

p = 1 élasticité unitaire

1 < p < relativement élastique ; cela correspond plus spécifiquement à l’offre à long terme, lorsque les

entreprises ont le temps d’adapter leurs structures de production.

p ---> parfaitement élastique.

La valeur de l'élasticité-prix de l'offre dépend essentiellement de deux facteurs : la

technologie et l'horizon temporel considéré.

Ainsi, quel que soit l'intervalle de temps considéré, un tableau de Rubens ou de Van Gogh, par exemple, est

unique ; il en va de même d'un grand crû « Château Margaux 2011 », pour lequel l'offre de base a été « fixée » lors

des vendanges 2011. L'offre de ces biens est parfaitement inélastique. En revanche, le sable destiné à produire les

puces qui équipent nos ordinateurs est disponible en quantités très importantes, à un coût pratiquement constant;

la courbe d'offre est donc quasi-horizontale, avec une élasticité tendant vers l'infini.

On distinguera en général l’offre instantanée, inélastique (agriculture), l’offre de court terme,

relativement inélastique, et l’offre de long terme, où le délai permet tous les ajustements

possibles, et rend la courbe relativement plus élastique.

Dans l’industrie, si l’on considère que les entreprises tournent à pleine capacité, une hausse de prix n’aura guère

de conséquence sur les quantités produites, tout au moins à court terme, parce qu’il faut du temps pour mettre en

œuvre les investissements nécessaires à l’accroissement de la production, et que la seule mage de manœuvre se

situe au niveau du facteur travail.

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Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

19

SECTION 3 : THEORIE DES MARCHES EN CONCURRENCE PARFAITE

Objectif 5 : définir le marché concurrentiel et en déterminer l’équilibre

NOTION DE MARCHE

LE MARCHE EST CONSTITUE PAR L'ENSEMBLE DES AGENTS QUI METTENT EN VENTE UN BIEN ET DE

CEUX QUI ONT L'INTENTION DE L'ACHETER.

Cette définition exige toutefois des précisions, en référence à des situations concrètes :

l'aspect "produit" : un marché est particularisé par rapport à un produit donné : il peut

également être segmenté.

produits : le marché du blé, du cuivre, du café, du pétrole,..., le marché de l'automobile segmentation : le

marché des SUV, des voitures sportives, des « petites urbaines », …

l'aspect SPATIAL, c'est-à-dire des limites du territoire où se recrutent les offreurs et les

demandeurs.

le cadre spatial du marché dépend des possibilités de déplacement territorial de l'offre et de la demande, qui

peuvent être plus ou moins limitées par des facteurs techniques, politiques, psychologiques,... ; des activités de

production sont délocalisables, d’autres pas, …

l'élément TEMPOREL est tout aussi important, car ainsi que nous l'avons vu, les offres

et les demandes ne restent pas figées dans le temps.

Les modalités selon lesquelles se rencontrent offreurs et demandeurs d'un bien diffèrent selon

les STRUCTURES DE MARCHE, qui influencent la formation des prix. Les économistes

classiques avaient adopté une classification dichotomique de ces structures : d'une part la

CONCURRENCE (qualifiée de « pure » ou « parfaite »), et d'autre part le MONOPOLE.

Cette distinction se doublait d'un jugement de valeur, en ce sens qu’ils considéraient que

seule la concurrence aboutit au PRIX NATUREL (A. Smith), qui est le plus bas possible

(puisque dans un cadre concurrentiel les entreprises produisent au coût minimum et

subissent la contrainte du prix), tandis que le monopole a la capacité d’imposer un prix plus

élevé, ce qui rend l’allocation des ressources non optimale. Cette classification a prévalu

jusqu'au début des années 1930, avant d’évoluer par la suite (voir leçon 3).

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Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

20

LA CONCURRENCE PARFAITE …

Voyons à présent les caractéristiques d'un marché de concurrence parfaite ; elles nous

permettront ensuite de déceler les imperfections couramment rencontrées, et de définir ainsi

les autres structures de marché :

RATIONALITE des agents (offreurs et demandeurs – homo œconomicus – leçon 1) ;

ATOMICITE DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE,

le marché se compose une myriade d'offreurs et de demandeurs, de telle manière qu'aucun d'entre eux ne

puisse, à lui seul, influencer le prix en modifiant sa demande ou son offre. Chaque agent représente donc une

part infime du marché ; en outre, aucun ne cherche la coalition dans le but d'exercer une telle influence ;

TRANSPARENCE DU MARCHE :

pour que la rationalité des offreurs et des demandeurs puissent s'exercer efficacement, il faut que tous soient

au courant des conditions présentes du marché, en terme de quantités et de prix ; la transparence implique

donc une information PARFAITE en temps réel des agents ;

HOMOGENEITE DES PRODUITS :

chacun achète ou vend exactement le même produit, ne présentant aucune différenciation en termes de

marque, de présentation, ..., afin de ne susciter aucune préférence des demandeurs pour tel ou tel offreur ;

MOBILITE :

en complément à la condition d'atomicité, il faut que chacun soit libre à tout moment d'entrer sur le marché

ou de s’en retirer ; les facteurs de production sont également libres de passer d'une utilisation à une autre.

Objectif 3 : analyser comment l’offre et la demande déterminent l’équilibre du marché concurrentiel.

MODELISATION DU MARCHE – EQUILIBRE GENERAL

Dans le cadre des hypothèses de concurrence parfaite, la théorie des marchés concurrentiels

tente de suggérer une explication des comportements des agents et des résultats auxquels ils

aboutissent. Le modèle simple que nous allons exposer succinctement est dit « d’équilibre

partiel », en ce sens que l’on isole un marché donné ; nous considèrons comme donnés tous

les autres paramètres du système économique : la répartition des revenus, les prix des

facteurs (intérêts, salaires, loyers, …), le prix de tous les autres biens ; et puisque tous les

prix, sauf un, sont donnés, le niveau général des prix, qui reflète la valeur de la monnaie (=

son pouvoir d’achat), est lui aussi donné.

Cette manière de procéder est critiquable, notamment parce que toutes sortes de produits sont plus ou moins

substituables pour les consommateurs et que les prix des facteurs et des biens sont interdépendants, puisque la

rémunération des premiers entre dans le coût des seconds. Il est ainsi erroné de rechercher le prix d'équilibre sur le

marché de la viande en considérant le prix du beurre comme une donnée, puis de répéter l'opération pour le beurre,

mutatis mutandis, car les variations du prix de la viande vers sa position d'équilibre entraîneront des variations du

prix d'équilibre du beurre, et inversement.

Il faudrait donc rechercher SIMULTANEMENT les prix d'équilibre de la viande, du beurre et des autres biens, afin

qu'ils soient compatibles entre eux, ce qui exige le recours à un MODELE D'EQUILIBRE GENERAL, prenant en compte

l'ensemble des marchés, mais qui présente l'inconvénient d'être hyper complexe. Seules les préférences des

consommateurs et les techniques utilisables constituent alors des données ; tous les prix des biens et des facteurs

sont des variables.

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

21

DANS CE MODELE « GENERAL », LORSQUE LA SOLUTION D'EQUILIBRE A ETE TROUVEE (POUR

AUTANT QU'ELLE EXISTE), LES VALEURS AINSI DETERMINEES SATISFONT QUATRE CONDITIONS :

chaque consommateur tire de ses ressources le MAXIMUM DE SATISFACTION ;

chaque producteur obtient le MAXIMUM DE PROFIT ;

pour chaque bien, les quantités offertes = les quantités demandées ;

AUCUNE REORGANISATION DU SYSTEME NE PEUT AMELIORER LE BIEN-ETRE D'UN AGENT

ECONOMIQUE SANS DIMINUER CELUI D'UN AUTRE (OPTIMUM DE PARETO OU WALRASSO

PARETIEN)

DETERMINATION DE L’EQUILIBRE CLASSIQUE

Il s’agit sur ce marché donné de confronter l’offre et la demande à un instant donné

(équilibre statique), puis d’analyser les conséquences d’une modification de l’offre et/ou de

la demande (analyse statique comparative, et non d’analyse dynamique, plus complexe). En

situation statique, le prix de l'équilibre se détermine par la confrontation entre l'offre et la

demande :

p

D S

p1 E

Q1 Q

La situation présentée sur ce graphique a l'air simple, mais en réalité, elle ne l'est pas; il nous

faut en fait PROUVER QUE L'EQUILIBRE EXISTE, ET QU'IL EST UNIQUE ET STABLE.

L'existence d’un équilibre unique suppose celle d'un prix pour lequel des transactions

puissent avoir lieu. Cela revient à admettre que les courbes d'offre et de demande sont

convexes ; si nous avions une courbe d'offre coudée (« anormale ») deux points d’équilibre

pourraient être générés.

STABILITE – RATIONNEMENT DES AGENTS

Tout se passe évidemment pour le mieux si le prix est bien égal à p1. Mais que se passe-t-il

dans le cas contraire, par exemple si l’on tentait de fixer d’autorité le prix à p2 ?

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

22

p

D S

p2

p1

E

p3

QD Q’D Q1 QS Q’S Q

Dans ce cas, il y a EXCES D'OFFRE (QS>QD), ou encore RATIONNEMENT17

DES OFFREURS

Cette concurrence entre offreurs va les inciter à réduire leur production en glissant SUR leur courbe d’offre, en se

débarassant des facteurs les plus coûteux, ce qui va faire baisser les prix, de telle manière que les demandeurs se

déplacent le long de leur courbe de demande ; le processus ramène au point d’équilibre E.

Au prix p3, Q’S<Q’D, on parle alors mutatis mutandis D’EXCES DE DEMANDE, OU DE

RATIONNEMENT DES DEMANDEURS. Notez que lorsque les prix sont RIGIDES (le prix est

« bloqué » à p2 ou à p3, l’équilibre ne pourra s’établir en E (équilibre classique). On parlera

alors d’un équilibre avec rationnement des offreurs (à p2) ou des demandeurs (à p3).

LA NATURE DE L’EQUILIBRE

Au point d’équilibre se détermine la VRAIE VALEUR du bien (le prix naturel selon Smith)

sur le marché à un moment donné. Il résulte de la confrontation entre :

d’une part les intentions des consommateurs, fonction de leur système de préférence et

de leur contrainte budgétaire (leur revenu) ;

d’autre part les intentions d’offre des producteurs qui expriment leurs conditions de

production, à savoir la technologie disponible, les prix et la productivité des facteurs, et ce

au moindre coût.

Le prix ainsi déterminé s’impose à tous. On peut se demander si les producteurs n’ont toutefois pas intérêt à

essayer de modifier leur prix. Compte tenu des conditions de concurrence parfaite :

le producteur qui augmente le prix perd toute sa clientèle, puisque les consommateurs sont parfaitement

informés ;

le producteur qui baisse son prix ne réalise plus le profit optimal ; en outre, il attirerait toute la demande du

marché, ce qui est impossible pour lui.

Conclusion : les agents sont des « PRICE-TAKERS ».

17 Rationnement signifie ici que les offreurs sont RESTREINTS dans leurs ventes parce qu’il n’y a ps assez d’acheteurs ; rationnement des demandeurs signifie qu’ils consommateurs sont RESTREINTS car il n’y a pas assez de produits offerts.

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

23

Objectif 6 : schématiser le fonctionnement du modèle offre-demande

CHOCS D’OFFRE & DE DEMANDE – ANALYSE STATIQUE COMPARATIVE

L'analyse en statique comparative fait apparaître COMMENT l'équilibre évolue lorsque l’une

de ces courbes au moins se déplace. Envisageons le cas d'une modification de la

demande, et supposons qu'un accroissement du revenu des consommateurs augmente

la demande de D en D'.

p D D’ p D D’

S S (inélastique)

p2 p2 p1 p1

Q1 Q2 Q Q1 Q

S élastique : effet quantité > effet prix S inélastique : tout l’effet en prix !

Nous constatons une augmentation des quantités échangées (Q1►Q2) et du prix d'équilibre

(p1►p2) ; on parle D’EFFET-QUANTITE ET D’EFFET-PRIX .

La répartition entre ces deux effets dépend de l'élasticité de l'autre courbe (ici, l’offre) ; plus cette élasticité est

faible, et plus l'effet-prix est important, puisque la réaction en quantité est alors faible. Si la courbe d’offre est

parfaitement inélastique (verticale), nous voyons bien qu’il n’y a plus d’effet-quantité, mais seulement un effet-prix.

Voyons maintenant une augmentation de l'offre, en supposant par exemple une

diminution des coûts de production (la courbe se déplace vers la droite).

P p

D S D S

S’ S’

E p1

E

p1

E’

p2 p2 E’

Q1 Q2 Q Q1

=Q2 Q

La répartition entre ces deux effets dépend de l'élasticité de l'autre courbe (ici, la demande) ;

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ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES

Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

24

Voyons enfin le cas d'un accroissement simultané de l'offre et de la demande.

p

D’

D D’ S D S S’

S’ p2 E’

p1 E E

E’

p2

Q1 Q2 Q1 Q2 Q

Nous constatons dans de cas précis que la variation en quantités va toujours dans le même

sens (à la hausse), mais que la variation du prix est a priori INDETERMINEE ; elle dépend de

l'amplitude du déplacement de chaque courbe; ainsi, si l'accroissement de l'offre est

supérieur à celui de la demande, le prix diminuera (graphique de gauche).

Le tableau ci-dessous résume les variations de l'équilibre en prix et en quantités en fonction

des modifications de l'offre et de la demande :

Source18 Prix Quantité

S : déplacement vers la gauche

: déplacement vers la droite

D : déplacement vers la gauche

: déplacement vers la droite

TTRRAADDUUIISSOONNSS LLEESS PPRREEDDIICCTTIIOONNSS DDEE NNOOTTRREE MMOODDEELLEE ::

((11)) SSII LLAA DDEEMMAANNDDEE DDEE PPEETTRROOLLEE AAUUGGMMEENNTTEE ::

LL’’OOFFFFRREE RREESSTTAANNTT IIDDEENNTTIIQQUUEE,, LLEE PPRRIIXX AAUUGGMMEENNTTEERRAA ;;

LLEESS PPRROODDUUCCTTEEUURRSS AACCCCEEPPTTAANNTT DD’’AACCCCRROOIITTRREE LLEEUURR OOFFFFRREE,, LLAA VVAARRIIAATTIIOONN

DDUU PPRRIIXX DDEEPPEENNDDRRAA DDEE LL’’AAMMPPLLEEUURR DDEESS AACCCCRROOIISSSSEEMMEENNTTSS DD’’OOFFFFRREE && DDEE

DDEEMMAANNDDEE ;;

LLEESS PPRROODDUUCCTTEEUURRSS RREEDDUUIISSAANNTT LLEEUURR OOFFFFRREE ((EEPPUUIISSEEMMEENNTT DDEESS

RREESSEERRVVEESS,, PPAARR EEXXEEMMPPLLEE)),, LLEE PPRRIIXX AAUUGGMMEENNTTEERRAA PPLLUUSS FFOORRTTEEMMEENNTT

EENNCCOORREE..

((22)) SSUURR LLEE MMAARRCCHHEE DDUU TTRRAAVVAAIILL,, SS’’IILL YY AA PPEENNUURRIIEE DD’’IINNGGEENNIIEEUURRSS ((==

RRAATTIIOONNNNEEMMEENNTT DDEESS DDEEMMAANNDDEEUURRSS [[eemmppllooyyeeuurrss]])),, LLEE SSAALLAAIIRREE ((== LLEE PPRRIIXX

DD’’UUNN IINNGGEENNIIEEUURR)) AAUUGGMMEENNTTEERRAA..

18 Lecture : si S et D (1ère et 3ème lignes) : effet prix : + = incertitude ; effet quantité : + = = certitude

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Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

25

L’exemple du marché du pétrole n’est pas nécessairement approprié, car il n’est pas en concurrence parfaite,

mais bien en oligopole (voyez la leçon 3). Dès 1945, le gouvernement US avait passé un accord avec le plus gros

producteurs, l’Arabie Saoudite : « nous vous protégeons, vous nous fournissez tout le pétrole dont nous avons

besoin ». Depuis les années 1970, le marché était cartellisé (leçon 3), les grands états producteurs (du Golfe)

régulant l’offre, ce qui en principe a pour effet de la rendre inélastique au prix. Seule une décision du cartel peut

générer un effet quantités. Toutefois, même dans ce cadre, la conclusion reste valable :

demande en hausse + offre figée = augmentation du prix .

Récemment, la donne a changé : en effet, en produisant du pétrole de schiste, les USA, plus grand consommateur,

sont également devenus le plus grand producteur ; au-delà des implications géo-politiques, cette hausse massive de

l’offre a évidemment eu pour effet d’annihiler la cartellisation et de faire chuter les prix, au grand dam des pays du

Golfe. L’Arabie Saoudite a alors aussi augmenté sa production. POURQUOI ??? Parce qu’en accentuant encore plus

la baisse des prix, elle rend moins rentable l’exploitation US du pétrole de schiste, plus onéreux à extraire, façon

d’amener une baisse de l’offre US et une stabilisation des prix à son profit.

Source : fleid.net

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26

SECTION 4 : LA LOGIQUE DE COMPORTEMENT DES AGENTS

Objectif 7 : analyser succinctement les logiques de comportement du consommateur et du producteur

LA LOGIQUE DU CONSOMMATEUR

Comment le consommateur répartit-il son revenu entre les différents biens, et comment

réagit-il à une augmentation du prix d’un bien ? Il est certes attentif au prix absolu des biens

(1 petit pain de 10 tranches = 2 €, 1 croissant = 1 €), mais aussi aux prix relatifs (2

croissants soit un petit déjeuner = le prix d’1 pain qui permet 3 ou 4 petits déjeuners).

Si un ménage de 2 personnes consomme 3 pains par semaine, et 8 croissants le WE, le budget est de 14 €. Si le

prix du croissant passe à 1,50 €, le budget est dépassé, et il faut adapter la consommation. Par exemple, on

consommera 4 croissants le dimanche, et il sera nécessaire d’acheter 7 pains toutes les 2 semaines ; le budget

hebdomadaire est alors de 13 €, et on pourra prévoir avec le 1 € restant un chocolat chaud avec la tartine du samedi

matin. Comme on le voit, le consommateur a substitué le bien dont le prix relatif a baissé (le pain) par rapport à

celui dont le prix relatif a augmenté. En vertu de la loi de l’Um décroissante, l’Um du pain a baissé et celle des

croissants a augmenté, de même que celle du chocolat chaud. La réorganisation de la consommation est fonction de

son système de préférence, et fait en sorte que sous la nouvelle contrainte budgétaire, la satisfaction soit optimale.

Si le consommateur affecte son budget à deux biens de même prix unitaire, a et b,

intuitivement on comprend qu’il atteindra une satisfaction optimale lorsque Uma = Umb. Si

les prix sont différents, le consommateur optimisera sa satisfaction en égalisant sous la

contrainte budgétaire les rapports Umi/pi pour l’ensemble des biens i consommés : Umcafé/pcafé

= Umpain/ppain = UmCD/pCD = Umchaussure/pchaussure = Ummonnaie …. En conséquence, toute

modification du prix d’un bien x modifie le rapport Umx/px, et donc la quantité consommée,

mais a également un impact sur l’ensemble des biens i consommés19. Il en va de même de la

modification des goûts (préférence et donc Um) du consommateur.

Ainsi, si pcafé , alors Umcafé/pcafé < Umpain/ppain … Le consommateur va rétablir l’égalité en MODIFIANT les quantités consommées de café ET/OU des autres biens, de façon à modifier les Umi. Par exemple, s’il consomme moins de café, Umcafé de même que le rapport Umcafé/pcafé. Si l’Um de la monnaie intervient dans notre égalité, c’est parce que la monnaie procure une utilité spécifique en ce qu'elle permet la désynchronisation des dépenses et des recettes de l’agent20.

LA LOGIQUE DU PRODUCTEUR

L’entrepreneur recherchant la MAXIMISATION DE SON PROFIT va adopter une démarche en

trois phases :

19 Revoyez la notion d’élasticité-prix croisée en page 12. 20 Cet apport est dû à Don PATINKIN (1922-1995), économiste américano-israélien, Universités de Chicago et Jérusalem.

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Marc FIEVET – leçons d’économie leçon 2

27

recherche des combinaisons différentes (techniques) de facteurs de production

susceptibles de dégager le même produit total ;

choix de la méthode de production la moins coûteuse (le « comment ») ;

détermination du volume de production générant un profit optimal (le « combien »).

Afin de maximiser son profit, l’entreprise doit d’abord MINIMISER SES COUTS, en

choisissant la combinaison de facteurs la moins chère. Si le coût du travail et celui du capital

sont identiques, on comprend intuitivement que le coût minimum sera atteint quand PrmL =

PrmK. Les prix étant différents, la condition nécessaire pour que cette situation optimale soit

atteinte est l’égalisation des rapports entre la productivité marginale des facteurs et leur

prix21 : PrmK/pK = PrmL/pL , pK étant le prix du capital et pL le salaire-coût.

CE MODELE NOUS MONTRE LES RAISONS D’UNE SUBSTITUTION ENTRE FACTEURS, TOUTES

CHOSES EGALES PAR AILLEURS :

TOUT ACCROISSEMENT DE LA PRODUCTIVITE D’UN FACTEUR LUI CONFERE UN AVANTAGE

SUR L’AUTRE ;

TOUTE AUGMENTATION DU PRIX D’UN FACTEUR LUI EST DEFAVORABLE.

en effet, TCEPA, si pL sans compensation de PrmL, alors PrmK/pK > PrmL/pL ; pour rétablir l’équilibre, l’entreprise substituera du capital (PrmK ) au travail (PrmL )22.

Par ailleurs, le modèle montre que chaque facteur sera employé jusqu'au point où sa

PRODUCTIVITE MARGINALE FINANCIERE EST EGALE A SON PRIX. Intuitivement, cela

se comprend : la firme continuera à « embaucher » des facteurs tant que la recette marginale

qu'ils lui procurent sera supérieure à leur coût.

si le coût mensuel d’un ouvrier est de 2.000 €, et qu’il produit 2.001 pièces rapportant 1 €, alors l’entreprise l’embauche, car elle accroît son bénéfice d’1 € !

Une fois les coûts minimisés, il faut déterminer le « combien produire ».

Pour maximiser la fonction de profit Π = R-C, il faut que sa dérivée première soit nulle : Π’ = (R-C)’ = 0 R’ – C’ = 0

Π est MAX pour R’ = C’. R’ est la recette marginale (Rm) provenant de la dernière unité vendue (soit son prix)23. C’est le coût marginal (Cm) , celui de la dernière unité produite.

l’entreprise produira tant que le prix (recette marginale) tiré de la dernière unité est ≥ à son Cm.

On comprend que si la firme veut produire plus, elle doit embaucher plus de facteurs à Prm décroissante, coûtant donc plus chers (Cm croissants) ; pour garder Π MAX, il faut donc que le prix (Rm) augmente concomitamment.

21 Le raisonnement est en fait identique à celui du consommateur, avec l’égalisation de tous les rapports Umi/pi. 22 Et toutes choses égales par ailleurs, la condition nécessaire d’une hausse des salaires « neutre » pour l’entreprise est une augmentation de la productivité marginale du travail. 23 Rappelons que sur un marché concurrentiel, le prix du marché s’impose à toutes les entreprises (price-takers). La Rm est constante, puisque pour chaque unité vendue, l’entreprise reçoit la même recette.

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LE PROBLEME DE LA COMPETITIVITE

Lorsqu’une entreprise ferme, provoquant ainsi chômage et paupérisation économique,

l’explication est souvent « manque de compétitivité », c’est-à-dire l’impossibilité d’être

rentable au prix du marché. Le problème posé est celui de la différence de productivité et

donc de coûts dans des entreprises d’un même secteur, œuvrant sur le même marché. Ce

phénomène peut être dû aux différences dans la taille des entreprises, dans l’organisation, les

investissements, la formation du personnel, … Y a-t-il moyen de remédier à cette situation

avant l’inéluctable ?

Les pouvoirs publics peuvent subventionner les entreprises concernées, de façon à ce qu’elles

puissent travailler au prix du marché. Outre le fait que ces subventionnements font l’objet de

règles contraignantes au niveau international et plus encore au niveau européen, leur

financement repose sur la collectivité, au travers des impôts. Cette politique ne devrait donc

être adoptée que pour un court terme, avec l’exigence que les entreprises bénéficiaires

mettent en place les restructurations nécessaires pour devenir auto-rentables. Dans les

années 1960 à 1980, la Belgique a subventionné pratiquement « en pure perte » des

entreprises de l’industrie lourde (mines, sidérurgie, …), obérant à long terme les finances

publiques.

Lorsque le problème de compétitivité se pose vis-à-vis de produits importés, la politique

consiste à imposer ces produits à l’entrée ; nous y reviendrons ultérieurement.

SYNTHESE : CONVERGENCE VERS L’EQUILIBRE GENERAL24

24 Charles Jaumotte, op. cit., p 166

Marché des biens & sv Marché des facteurs

Offre demande prix Prix relatifs

Substitution entre

Biens et services Facteurs K & L

Freins à la substitution :

Loi de l’Um décroissante

Loi des rendements décroissants

Modification des quantités

demandées

Modification des conditions de marché.

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FICHE 1/2 : LA LOI DE LA DEMANDE

A PROPOS DE L’ELASTICITE 1. Dans certains cas (rares), la courbe de demande a une élasticité positive; cela signifie que là où

l'élasticité a été calculée, la courbe présente une forme inverse de celle habituellement rencontrée. Cette situation peut se présenter dans deux cas : l'effet GIFFEN25 (ou paradoxe de GIFFEN) : cet économiste avait remarqué que, durant la famine qui a

sévi en Irlande au milieu du XIXème siècle, l'augmentation du prix de la pomme de terre s'était accompagné d'un accroissement des quantités, ce qui est contraire à toute logique. En fait, l'explication est la suivante : dans une économie paupérisée où les consommateurs démunis consacrent l'essentiel de leurs revenus à une alimentation surtout composée de pommes de terre, cette augmentation de prix les rend encore plus pauvres, ce qui les contraint, pour survivre, à acheter encore plus de ce bien, en laissant tomber d’autres biens alimentaires ; dans l'effet GIFFEN, l'effet revenu joue en sens opposé de l'effet substitution, et l'emporte par son ampleur sur le second ;

l'effet VLEBEN26 : celui-ci joue pour des biens de très haut de gamme; l'accroissement du prix entraîne

celui de la demande, par effet de snobisme (attitude du « pas assez cher »). 2. Le concept de l'élasticité-prix permet également de mesurer l'impact des variations de prix sur les revenus du producteur. Ceux-ci sont égaux au prix du bien considéré multiplié par les quantités (p * Q) ; dans le cas d'une demande inélastique (élastique) une baisse du prix diminue (augmente) ces revenus. Ainsi, Gregory KING montrait que paradoxalement, une bonne récolte était une mauvaise affaire pour les agriculteurs et vice-versa (loi de KING); en effet, la demande pour les produits agricoles étant inélastique, la baisse de prix due à une bonne récolte (effet d'offre, cfr infra) n'est pas compensée par les quantités vendues ; la recette du producteur était égale à p1 * Q1 ; elle est maintenant égale à p2 * Q2 ; la perte (p1 – p2)*Q1 (zone 1 sur le schéma ci-dessous) n’est pas compensée par le gain (Q2 – Q1)*p2 (zone 2).

25 Robert GIFFEN (1837-1910), économiste écossais. 26 Thorstein VLEBEN (1857-1929), économiste et sociologue américain, théorie de la classe oisive (1918)

Q

P

p1

p2

Q1 Q2

D

1

2

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RESUME

1. La loi de la demande se formule par « toutes choses égales par ailleurs, la quantité demandée d’un bien diminue au fur et à mesure que son prix augmente ». Lorsque le prix (la variable) se modifie, le consommateur se déplace le long de la courbe. Les autres déterminants de la demande (le « toutes choses » = les paramètres) sont les prix des biens substituables et complémentaires, le revenu et les préférences du consommateur. Lorsqu’un de ces éléments au moins se modifie, la courbe de demande. 2. Pour mesurer la sensibilité de la demande par rapport à une variation de prix, on utilise le concept d'élasticité-prix, c'est-à-

dire le rapport entre la variation relative des quantités et celle des prix. Cette élasticité est normalement comprise entre - et 0 (sauf lorsque la courbe est "anormale" - effets Giffen & Vleben). Elle est influencée par différents facteurs, tels que la nature des besoins couverts par le bien, les possibilités de substitution, l'importance relative du bien dans le budget du consommateur, le temps.

Valeur de l’élasticité-prix de la demande

Degré d’élasticité Type de biens concernés Exemples

Positive - Consommations distinctives ou biens de première nécessité

Une voiture de luxe

Négative et proche de zéro Demande inélastique Biens indispensables qui n’ont pas de substituts

Un médicament vital

Comprise entre -1 et 0 Faible élasticité de la demande

Biens dont il est difficile de se passer, mais qui ont des substituts

L’essence

Inférieure à -1 Forte élasticité de la demande

Biens de moindre nécessité Produits de mode

27 3. L'élasticité-revenu permet de mesurer l'impact d'une variation du revenu sur la demande ; conformément à la loi d'Engel, elle amène une classification en biens inférieurs, courants, supérieurs (de luxe).

Valeur de l’élasticité-revenu de la demande

Degré d’élasticité Type de biens concernés Exemples

Négative - biens inférieurs (biens de mauvaise qualité auxquels les consommateurs

préfèrent substituer de nouveaux biens lorsque leur revenu le permet)

Chaussures de mauvaise qualité

Comprise entre 0 et 1 Faible élasticité de la demande par rapport au revenu

biens normaux : La demande d'un consommateur pour ce bien

augmente dans une proportion inférieure ou égale à l’augmentation

de son revenu

Biens d’alimentation

Supérieure à 1 Forte élasticité de la demande par rapport

au revenu

biens supérieurs ou biens de luxe (dont la demande par un

consommateur augmente de façon plus rapide que son revenu)

Les téléphones mobiles

28

27 Source : sesame.apses.org

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L’élasticité prix croisée de deux biens permet de voir s’ils sont substituables, complémentaires ou indépendants. Le surplus du consommateur représente le gain résultant de la différence entre le prix qu’il était prêt à payer pour acheter le bien, et le prix auquel il l’a obtenu sur le marché. Les producteurs mettent en œuvre des stratégies pour se l’accaparer. 5. L'analyse du comportement du producteur repose sur la loi de la productivité marginale décroissante (leçon 1). Afin de maximiser son profit, l’entreprise doit impérativement minimiser ses coûts. Ceux-ci sont de deux types : variables et fixes. Le coût marginal constitue le coût de production d’une unité supplémentaire. 6. La quantité offerte d’un bien représente la quantité que les producteurs sont prêts à produire et vendre à un prix déterminé au cours d’une période donnée. La loi de l’offre se formule par « toutes choses égales par ailleurs, la quantité offerte d’un bien augmente au fur et à mesure que le prix s’accroît ». Lorsque le prix se modifie, le producteur se déplace le long de la courbe. Les autres déterminants de l’offre sont le coût des facteurs de production, la technologie, les prix des substituts et compléments de production. Lorsqu’un de ces éléments au moins se modifie, la courbe d’offre se déplace. 7. L'élasticité-prix de l'offre indique dans quelle mesure les quantités réagissent à une variation du prix. Cette élasticité est

comprise entre 0 et + . Il faut bien distinguer les différents horizons sur lesquels on raisonne : à très court terme, l'offre est souvent inélastique ; à court terme elle est relativement inélastique, car les seuls ajustements possibles se font sur le facteur travail ; à long terme, elle peut être plus ou moins élastique.

Valeur de l’élasticité-prix de l’offre

Degré d’élasticité Type de biens concernés Exemples

Nulle ou proche de zéro Offre inélastique Biens qu’il est impossible de reproduire

Une œuvre d’art unique

Comprise entre 0 et 1 Faible élasticité de l’offre Biens dont il est difficile d’augmenter à court ou

moyen terme les quantités produites à volonté

Des ressources naturelles épuisables (Le pétrole, l’or …)

Supérieure à 1 Forte élasticité de l’offre Biens qu’il est possible de reproduire facilement

Produits de mode

29

8. Les hypothèses du modèle de concurrence parfaite sont au nombre de cinq : rationalité des agents ; atomicité de l'offre et de la demande ; transparence du marché ; homogénéité des produits ; mobilité des agents et des facteurs de production. 9. Le modèle que nous avons étudié est celui de l'équilibre partiel. En situation statique, le prix du marché est déterminé par la rencontre entre l'offre et la demande. L'équilibre obtenu est normalement unique et stable. Cette dernière propriété est démontrée par le fait que si l’on essaie de fixer d’autorité un prix plus élevé (plus bas) que le prix d’équilibre, les quantités demandées diffèrent des quantités offertes, et il y a rationnement des offreurs (rationnement des demandeurs). Les offreurs vont alors glisser le long de leur courbe vers le bas (vers le haut) et le prix va retourner à son niveau d’équilibre. Ce prix s’impose à tous les acteurs du marché (condition d’atomicité), qui sont dès lors des « price-takers ». Lorsque, pour des raisons exogènes (modification de coûts, de revenu...), l'offre et/ou la demande se déplacent (on appelle cela des chocs d’offre et de demande), un nouvel équilibre apparaît, permettant de déterminer les prix et les quantités échangées.

28 idem 29 idem

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10. Le consommateur est attentif non seulement au prix absolu des biens, mais également aux prix relatifs. Par exemple, lorsque le prix d’un bien augmente, il réorganise l’ensemble de sa consommation (son allocation budgétaire) afin de minimiser sa perte d’utilité. La meilleure allocation de ses ressources par le consommateur consiste à égaliser les rapports des utilités marginales sur les prix unitaires respectifs des n biens consommés. 11. Afin de maximiser son profit, l’entreprise doit impérativement minimiser ses coûts. Pour cela, elle doit choisir la combinaison de facteurs la moins chère, en égalisant pour l’ensemble des facteurs les rapports Pm/p. En conséquence, toute augmentation de productivité d’un facteur lui est favorable, alors que tout accroissement de son coût entraînera une substitution par l’autre facteur. Par ailleurs, l’entreprise acceptera d’utiliser un facteur pour autant que la recette qu’elle tire de sa production marginale soit au moins égale à son coût. Reste à répondre à la question du « combien produire ? ». L’entreprise étant « price-taker », son Cm étant croissant et le prix du marché constituant sa recette marginale, elle produira tant que ce prix sera supérieur, et à la marge égal au Cm. En effet, tant que la recette obtenue pour la dernière unité produite est supérieure à son coût, elle accroît son profit total.

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QUESTIONS DE REVISIONS ET PROBLEMES.

NOTIONS A MAÎTRISER : courbes (et formules) d’offre et de demande, déplacement le long de la courbe ou déplacement de la courbe, élasticités prix et revenu, productivité marginale, coût

marginal, concurrence parfaite, équilibre du marché, chocs d’offre et de demande.

QCM (une seule réponse valable). Raisonnez avec les graphiques, plus vous les manipulez mieux vous maîtriserez cette matière

1. La fonction de demande montre :

a) que les quantités demandées lorsque le revenu b) comment le consommateur dépense son revenu c) les Q du bien qui sont demandées pour chaque prix, en supposant les autres facteurs constants

d) la satisfaction du consommateur 2. Si les prix des biens doublent et le revenu du consommateur double aussi, TCEPA :

a) son ensemble de consommation possible ne change pas b) son ensemble de consommation possible augmente c) ses préférences entre les biens se modifient d) sa satisfaction (utilité) augmente

3. Une Ɛp de la demande = -1 signifie que a) si le prix de 10 €, la quantité de 10% b) si le prix de 10 %, la quantité de 10 unités c) si le revenu de 10%, la quantité de 10% d) la quantité varie dans la même proportion que le prix, en sens inverse

4. Si ƐR = 0,6 et qu’un nouvel impôt diminue le revenu de 10%, alors les quantités

a) de 10% b) de 6% c) de 0,6% d) de 0,6%

5. Quel phénomène provoque un déplacement du producteur LE LONG de sa courbe ?

a) une de la productivité des facteurs b) une du prix du bien c) une innovation technologique d) une des salaires

6. Si le prix du produit fabriqué par une entreprise , pour maximiser son profit, elle doit :

a) ne pas modifier sa production b) sa production c) sa production en embauchant plus de facteurs d) ne pas modifier la productivité des facteurs

7. Un marché en équilibre classique se définit comme une situation dans laquelle :

a) le nombre de demandeurs est égal au nombre d’offreurs b) la loi de l’offre et de la demande fonctionne parfaitement c) les agents économiques atteignent leur équilibre individuel au prix en vigueur d) les prix sont flexibles.

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8. Un marché en équilibre avec rationnement des demandeurs signifie :

a) au prix en vigueur, la demande est supérieure à l’offre b) les consommateurs n’achètent pas assez au prix en vigueur c) des producteurs vont faire faillite d) au prix en vigueur, l’offre est supérieure à la demande.

9. Soit un marché en équilibre classique. Si le prix est rigide et que les revenus des consommateurs diminuent, alors le nouvel équilibre sera :

a) un nouvel équilibre classique b) un équilibre avec rationnement des offreurs c) un équilibre avec rationnement des demandeurs d) le même que précédemment.

10. Soit un marché en équilibre classique. Si le prix est rigide et que les coûts de production diminuent, alors le nouvel équilibre sera :

a) un nouvel équilibre classique avec plus de demandeurs b) un équilibre avec rationnement des offreurs c) un équilibre avec rationnement des demandeurs d) le même que précédemment

11. Le marché du travail fonctionnant selon le schéma O-D, si certaines secrétaires ne trouvent pas d’emploi au salaire en vigueur, alors une augmentation du salaire induira :

a) une augmentation de la demande pour cette profession b) une diminution de l’offre pour cette profession ; c) une du chômage dans cette profession d) une du chômage dans cette profession

12. A propos de la rationalité des agents : Un couple a 4 enfants et une grosse maison, ce qui nécessite « un temps plein » à domicile. Après de multiples recherches pour trouver une aide-ménagère, ils constatent que personne n’est disponible pour ce job. Madame gagne 100 €/heure lorsqu'elle exerce son métier son métier de conseillère en placement financiers. Monsieur, également conseiller en placements, gagne aussi 100 €/heure dans cette activité, mais mène à bien les tâches ménagères deux fois plus vite que son épouse. Voulant rationaliser l'organisation de leur vie de couple, ils décident : a) que seul Monsieur diminuera autant que nécessaire son temps de travail pour effectuer les tâches ménagères ; b) que seule Madame diminuera autant que nécessaire son temps de travail pour effectuer les tâches ménagères ; c) que les deux travailleront le même nombre d'heures aux tâches ménagères en réduisant leurs prestations ; d) aucune réponse ne convient

Questions (vous pouvez utiliser des droites au lieu de courbes dans les graphiques) 1. Quel est TCEPA l’impact sur la demande de viande de bœuf (expliquez à l’aide du graphique) : (*) a) d’une augmentation de son prix ? p b) d’une diminution des prix de la viande de porc ? c) de l’expansion de Mac Do ? d) de la crise de la vache folle ? D Q

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2. Dans une économie fermée, une entreprise produit des voitures de type « Espace » ; indiquez TCEPA l’impact des évènements suivants sur l’offre OU sur la demande ; distinguez déplacement LE LONG de la

courbe et déplacement DE la courbe ; expliquez à l’aide du graphique (*) a) le nombre de familles nombreuses s’accroît ; b) les ingénieurs ont inventé des nouveaux robots plus performants pour le montage des voitures ; c) le prix des berlines familiales augmente ; d) une forte augmentation d’impôt frappe les familles ; e) le secteur sidérurgique ne peut suivre la demande d’acier de l’industrie automobile. 3. Dans ces paires de biens, lequel a la demande la plus élastique au prix et pourquoi ? (**) a) livres scolaires et romans policiers ; b) CD de musique classique en général et CD de Chopin ; c) eau de distribution et Coca-Cola ; d) « petit » vin et grand crû. 4. Interpréter et commenter le tableau ci-dessous. La théorie que nous avons développée, un peu de bon sens, et quelques recherches sur le net vous faciliteront la tâche. Tapez par exemple sur Google « culture du café », et vous comprendrez très vite. (**)

Les questions 5 à 10 vous permettront d’affiner votre raisonnement en matière d’élasticité. Elles ne seront pas posées comme telles lors des évaluations.

5. Voici les demandes de billets d’avion Bruxelles-Barcelone : (*)

prix Hommes d’affaires Touristes

150 € 2.000 1.000

200 € 1.900 800

Calculez l’élasticité-prix de chaque groupe quand le billet passe de 150 € à 200 €. Comment expliquez-vous la différence ? 6. Dans le secteur automobile, si l’élasticité – prix est de -1,20, quel sera l’impact en quantité d’une baisse de prix de 8 % ? (*) 7. Sophie a décidé de consacrer en permanence 1/3 de son revenu à ses vêtements. Quelles sont ses élasticités prix et revenu pour ces biens d’habillement ? (**) 8. Deux automobilistes (A et B) se rendent chaque semaine à la station service. Sans regarder le prix de l’essence, A en demande 20 litres, et B en demande pour 36 €. Quelle est leur élasticité-prix respective ? Attention : pour B, si vous raisonnez à l’aide de chiffres concrets, il ne faut pas perdre de vue que l’élasticité se calcule en réalité à partir d’une variation infinitésimale du prix. (***) 9. Une augmentation du billet de métro de 0,25 € à 0,50 € a fait baisser le nombre d’utilisateurs de 4%. Quelle est l’élasticité-prix des billets de métro ? La société exploitante y a-t-elle gagné ou perdu en terme de chiffre d’affaires ? Pourquoi ? (**)

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10. Supposons que l’élasticité-prix de la demande de cigarettes = - 0,4. Le paquet coûte actuellement 4 €. Quelle taxe supplémentaire doit imposer le gouvernement s’il veut réduire la consommation de 20% ? (*) 11. Pourquoi, à votre avis, nombre de boulangers se sont-ils mis à fabriquer de la pâtisserie fine ou à vendre des produits chocolatés de luxe ? Expliquez en termes d’élasticités (prix et revenu). (***) 12. Pourquoi l’élasticité-prix de la demande a-t-elle tendance à se modifier entre le court et le long terme ? Idem pour l’élasticité-prix de l’offre. (**) 13. Selon la Fédération belge des négociants en combustibles et carburant, citée par l’hebdomadaire Trends/Tendances (Novembre 2012), la demande de charbon augmente depuis 3 ans entre 5 à 10%/an. Quand on sait que ce combustible est très polluant et impose des contraintes domestiques non négligeables, est-ce normal ? (**) 14. Une nouvelle guerre éclate au Moyen-Orient, perturbant l’approvisionnement de l’Occident en pétrole ; à l’aide de diagrammes O-D, montrez l’impact d’une part sur le marché du pétrole, et d’autre part sur le marché des grosses berlines d’occasion. (*) 15. Avec le diagramme O-D, montrez l’impact des évènements suivants sur le marché des sweatshirts : (*) a) un cyclone dans le sud des USA détruit complètement les champs de coton ; b) le prix des blousons de cuir diminue ; c) toutes les écoles des pays de l’Union Européenne impose le port du sweat ; d) de nouvelles machines à tisser plus performantes ont été inventées. 16. Une découverte technologique majeure réduit drastiquement le coût de production des puces informatiques. Montrez graphiquement et expliquez les effets de cette découverte sur : le marché des ordinateurs; le marché des logiciels. (*) 17. Dans un article du New-York Times du 18/10/1990, on peut lire ceci : « (…) plusieurs dirigeants (de firmes champenoises) étaient effrayés par les prix stratosphériques du champagne. Et ils craignaient aussi

que de telles augmentations fissent chuter la demande ce qui ferait ensuite tomber les prix. ». Cherchez l’erreur ! (***) 18. En Wallonie, les propriétaires de panneaux photo-voltaïques, dont le compteur électrique « tourne à l’envers » (c’est-à-dire qu’ils revendent au producteur leur électricité excédentaire), ont eu après quelques années la mauvaise surprise de se voir facturer une quote-part des coûts du réseau de distribution. Ils sont mécontents. Est-ce normal ? Argumentez. (**)

Réponses au QCM : 1) c ; 2) a ; 3) d ; 4) b ; 5) b ; 6) c ; 7) c ; 8) a ; 9) b ; 10) b ; 11) d ; 12) a.

Réponses chiffrées aux questions sur l’élasticité : 5. business : - 0,15 ; touristes : - 0,60 6. - 9,60% 7. - 1 et 1 8. A : 0 ; B : - 1 9. - 0,04 10. 2 €