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Médecine palliative Soins de support Accompagnement Éthique (2012) 11, 220—225 NOTES DE LECTURE Qu’appelle-t-on penser ? M. Heidegger. P.U.F. Quadrige « Grands textes » (2008). 262 p., ISBN: 978.2.13.055952.8 Nous accédons à ce que l’on appelle penser si nous-mêmes pensons. Pour qu’une telle tentative réussisse, nous devons être prêts à apprendre la pensée (p. 21). Le fait même que, des années durant, nous nous mêlions de pénétrer les trai- tés et les écrits des grands penseurs ne garantit pas que nous pensions nous-mêmes, ni même que nous soyons prêts à apprendre la pensée (p. 24). Lorsque nous apprenons la pen- sée, il faut avant tout ne pas se méprendre dans notre hâte sur les questions qui nous pressent ; les questions dans les- quelles nous devons nous engager sont celles qui cherchent cela, qui ne peut être découvert par aucune découverte (p. 26—27). Dire, c’est pour les grecs rendre manifeste, faire apparaître, exactement faire apparaître le paraître et ce qui est dans le paraître (p. 29). Vérité signifie le dévoile- ment de ce qui se voile (p. 31). La question « qu’appelle-t-on penser ? » ne trouve jamais sa réponse dans une détermi- nation conceptuelle de la pensée, dans une définition, ni dans un développement laborieux de son contenu. La pen- sée sur la pensée se développe en Occident comme logique. Celle-ci a rassemblé des connaissances particulières sur une fac ¸on particulière de penser. Les connaissances de la logique constituent la « logistique » (p. 33). Ce qui donne à penser ne doit pas être ce qui donne du souci ou même du trouble. Car nous donne à penser, aussi ce qui est source de joie, ce qui est beau, ce qui est plein de secret et ce qui déborde. Ce qui donne le plus à penser serait quelque chose de haut, peut-être même le plus haut si du moins l’homme demeure cet être qu’il est en tant qu’il pense, c’est-à-dire en tant qu’il est requis par le pensé, parce qu’en effet son essence repose dans la mémoire (p. 37). Tout ce qui n’est pas décidé ne vit jamais que de cela entre quoi il n’est pas décidé (p. 38). Le mode du dire est le ton à partir duquel et sur lequel son dit est accordé (p. 39). Le jugement est une représentation correcte, qui, pour cette raison est peut-être aussi incorrecte. Qu’est-ce que la représentation ? Lorsque nous nous représentons quelque chose, par exemple en philologie un texte, en histoire de l’art une œuvre, en chimie un processus d’oxydation, alors nous avons chaque fois une représentation des objets en question. Ces représentations, nous les avons dans la tête, dans la conscience, dans l’âme. Nous avons les représenta- tions à l’intérieur de nous, les représentations des objets (p. 40). La philosophie est intervenue pour mettre en ques- tion si les représentations qui sont en nous correspondent à une réalité en dehors de nous. Les uns disent oui, les autres non, d’autres disent qu’on ne peut faire de séparation et qu’on devrait dire seulement que le monde, c’est-à- dire l’ensemble du réel, existe en tant qu’il est représenté par nous. « Le monde est ma représentation ». Dans cette phrase, Schopenhauer a ramassé la pensée de la philosophie moderne. Schopenhauer dans « le monde comme volonté et représentation » a marqué la pensée des xix e et xx e siècles. Un penseur agit plus essentiellement il est combattu que ou il est approuvé. Le monde est ma représentation est une fac ¸on d’évoquer le rapport entre l’idée et le réel, c’est-à-dire entre le monde dans la tête et le monde hors de la tête (p. 41). Pour ce qui est de la représentation, nous ne nous en tenons pas à la science, cela ne tient pas à l’outrecuidance d’un savoir mieux mais à la prudence d’un non-savoir. Nous nous tenons en dehors de la science. Placés dans un rap- port de l’un à l’autre, de l’un devant l’autre, nous sommes l’objet (ou le sujet) et nous (p. 42—43). Qu’est-ce que l’homme aujourd’hui ne peut pas ? L’homme peut rendre sporadiquement service avec les meilleures intentions. Mais, l’homme ne peut ni oublier ni nier, l’objet (ou le sujet) qu’il a devant lui, face à lui, comme représentation mais aussi comme réalité. À notre insu nous abandonnons tout dès que les sciences physiques, physiologie, y compris la philoso- phie scientifique nous expliquent, avec tout l’arsenal de leurs citations et de leurs preuves, que finalement ce n’est 1636-6522/$ see front matter

Notes de lecture

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Qu’appelle-t-on penser ? M. Heidegger. P.U.F. Quadrige« Grands textes » (2008). 262 p., ISBN:978.2.13.055952.8

ous accédons à ce que l’on appelle penser si nous-mêmesensons. Pour qu’une telle tentative réussisse, nous devonstre prêts à apprendre la pensée (p. 21). Le fait même que,es années durant, nous nous mêlions de pénétrer les trai-és et les écrits des grands penseurs ne garantit pas queous pensions nous-mêmes, ni même que nous soyons prêts àpprendre la pensée (p. 24). Lorsque nous apprenons la pen-ée, il faut avant tout ne pas se méprendre dans notre hâteur les questions qui nous pressent ; les questions dans les-uelles nous devons nous engager sont celles qui cherchentela, qui ne peut être découvert par aucune découverte (p.6—27). Dire, c’est pour les grecs rendre manifeste, fairepparaître, exactement faire apparaître le paraître et ceui est dans le paraître (p. 29). Vérité signifie le dévoile-ent de ce qui se voile (p. 31). La question « qu’appelle-t-onenser ? » ne trouve jamais sa réponse dans une détermi-ation conceptuelle de la pensée, dans une définition, nians un développement laborieux de son contenu. La pen-ée sur la pensée se développe en Occident comme logique.elle-ci a rassemblé des connaissances particulières sur uneacon particulière de penser. Les connaissances de la logiqueonstituent la « logistique » (p. 33).

Ce qui donne à penser ne doit pas être ce qui donne duouci ou même du trouble. Car nous donne à penser, aussie qui est source de joie, ce qui est beau, ce qui est pleine secret et ce qui déborde. Ce qui donne le plus à pensererait quelque chose de haut, peut-être même le plus haut siu moins l’homme demeure cet être qu’il est en tant qu’ilense, c’est-à-dire en tant qu’il est requis par le pensé,arce qu’en effet son essence repose dans la mémoire (p.

7). Tout ce qui n’est pas décidé ne vit jamais que de celantre quoi il n’est pas décidé (p. 38). Le mode du dire est leon à partir duquel et sur lequel son dit est accordé (p. 39).

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Le jugement est une représentation correcte, qui, pourette raison est peut-être aussi incorrecte. Qu’est-ce quea représentation ? Lorsque nous nous représentons quelquehose, par exemple en philologie un texte, en histoire de’art une œuvre, en chimie un processus d’oxydation, alorsous avons chaque fois une représentation des objets enuestion. Ces représentations, nous les avons dans la tête,ans la conscience, dans l’âme. Nous avons les représenta-ions à l’intérieur de nous, les représentations des objetsp. 40). La philosophie est intervenue pour mettre en ques-ion si les représentations qui sont en nous correspondent

une réalité en dehors de nous. Les uns disent oui, lesutres non, d’autres disent qu’on ne peut faire de séparationt qu’on devrait dire seulement que le monde, c’est-à-ire l’ensemble du réel, existe en tant qu’il est représentéar nous. « Le monde est ma représentation ». Dans cettehrase, Schopenhauer a ramassé la pensée de la philosophieoderne. Schopenhauer dans « le monde comme volonté et

eprésentation » a marqué la pensée des xixe et xxe siècles.n penseur agit plus essentiellement là où il est combattuue là ou il est approuvé. Le monde est ma représentationst une facon d’évoquer le rapport entre l’idée et le réel,’est-à-dire entre le monde dans la tête et le monde horse la tête (p. 41).

Pour ce qui est de la représentation, nous ne nous enenons pas à la science, cela ne tient pas à l’outrecuidance’un savoir mieux mais à la prudence d’un non-savoir. Nousous tenons en dehors de la science. Placés dans un rap-ort de l’un à l’autre, de l’un devant l’autre, nous sommes’objet (ou le sujet) et nous (p. 42—43). Qu’est-ce que’homme aujourd’hui ne peut pas ? L’homme peut rendreporadiquement service avec les meilleures intentions. Mais,’homme ne peut ni oublier ni nier, l’objet (ou le sujet) qu’il

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Notes de lecture

cependant pas l’objet que nous percevons mais un vide par-semé ici et là de décharges électriques qui le croisent avecgrande rapidité. Les sciences ne peuvent réellement déter-miner le lieu de l’homme et de se poser comme critère d’unetelle détermination. L’homme d’Aristote est un homme quiaffirme la réalité du monde extérieur et la possibilité dele connaître. Aristote n’a jamais nié l’existence du mondeextérieur, ni Platon, ni Héraclite, (p. 46—47), ni Parménidenon plus. Dans ce qui est fixé par écrit, disparaît ce qui estpensé, si l’écrire n’est pas capable de demeurer — mêmeencore dans l’écrit — une marche de la pensée, un che-min. Dans son « Ainsi parlait Zarathoustra », Nietzsche pensel’unique pensée de ce penseur : la pensée de l’éternel retourdu même. Chaque penseur pense seulement une uniquepensée. Cela aussi distingue essentiellement la pensée dessciences (p. 47). Le chercheur a toujours besoin de nouvellesdécouvertes et de nouvelles idées, ou bien la science tombedans la stagnation et la fausseté. Le penseur a besoin seule-ment d’une unique pensée, ce qui est pour lui la seule chosequ’il faille penser ; c’est de penser cet Unique et ce Même,et de parler de ce Même de facon convenable (c’est-à-dire,en disant le Même du Même en étant pris dans la quête duMême). C’est pourquoi l’absence de limites du Même estpour la pensée la plus tranchante limitation (p. 48).

Nietzsche, dans l’horizon de sa pensée, nomme l’hommetraditionnel : « le dernier homme ». C’est-à-dire, l’hommequi n’est plus capable de regarder au-delà de lui-même ettout d’abord de se transcender lui-même en ce qui concerneson devoir, ni de le prendre en charge comme il faut (p. 53).Pour que l’être de l’homme traditionnel puisse être déter-miné, il faut que l’homme traditionnel soit mis au-dessus delui-même. Cet homme traditionnel est le dernier homme ence sens qu’il n’est pas capable (donc qu’il ne veut pas) des’assujettir lui-même à lui-même, ni mépriser ce qu’il y ade méprisable dans la « facon » dont il a été jusqu’ici. Il fautpour l’homme traditionnel que ce soit recherché le passageau-delà de soi-même, que soit trouvé le pont vers cet êtrequi, devenu celui de l’homme traditionnel, lui permettrad’être le vainqueur de ce qu’il y a de « traditionnel », de cequ’il y a de « dernier » en lui. Nietzsche nomme l’homme quisurpasse l’homme traditionnel ; le « sur-homme » (ce n’estpas un homme supérieur ni une espèce d’homme qui jettel’humain aux orties et qui pousserait l’arbitraire jusqu’à enfaire sa loi, ni frénétiquement titanique). Ce sur-homme estcelui qui conduit l’essence de l’homme traditionnel dans savérité et qui se charge de celle-ci (p. 55—56). L’homme estla bête raisonnable. La raison est la saisie de ce qui est, cequi veut toujours dire en même temps : de ce qui peut etde ce qui doit être. Le saisir englobe et englobe par degrés :subir ; recevoir ; entreprendre ; pénétrer, lequel veut dire« parler complètement » (p. 57).

En tant que l’homme comme saisissant saisit ce qui est,il peut être pensé comme la persona, le masque de l’être.Tout ce qui est ne parvient à l’apparaître que dans la mesureoù il a été obturé par ce qui nous l’adresse comme un objetou un état, c’est-à-dire par cette représentation tacitementconvenue dans la mesure ou il a été admis (p. 58—59). Lareprésentation adresse et présente, en toute chose, seule-

ment le scintillant, le luisant de l’apparence, qui n’est quesurface et facade. C’est seulement ce qui est ainsi présenté,et chaque fois apprêté ainsi, qui a cours. L’être qui règneen l’époque moderne ne se déploie que dans la totalité de

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’étant qu’elle avait prévue (p. 62). Pour la sauvegarde de’être de l’homme, la psychologie prise en elle-même, nonlus que la psychothérapie, ne peuvent rien. La morale, enant que pure doctrine et pure exigence, ne peut rien si’homme de son propre fond — autant que cela dépend deui — ne s’élève pas avant tout jusqu’à tenir son être ouvertux relations à l’être qui le constituent ; et peu importe que’être s’adresse à lui expressément ou qu’il laisse encore’homme hors parole, parce que « hors douleur ». Mais, duimple fait que nous portions jusqu’au bout notre condition’être « hors douleur et hors parole », nous sommes déjàuverts dans notre être à la requête de l’Être. Le « métier »e la pensée est de déchirer le nuage qui recouvre l’étantn tant que tel, qu’elle doit se préoccuper d’empêcher queette déchirure ne soit recouverte. C’est ce que Hegel axprimé une fois, bien que d’un point de vue et dans uneimension purement métaphysiques, de cette facon : « Unas raccommodé plutôt qu’un bas déchiré mais, non pour laonscience de soi ». Le souci du domaine dans lequel l’étante montre — c’est, pour la philosophie moderne, la subjec-ivité — se trouve du côté du déchirement, c’est-à-dire dea conscience (p. 66).

Ce qui, pour la pensée, signifie : le déchirement gardeuvert le chemin vers la métaphysique (p. 67). Tout étant,t l’étant dans sa totalité, a le pouvoir de son être dans laolonté et par la volonté. L’être de l’étant apparaît poura métaphysique moderne comme volonté. Mais, en tantue l’homme, d’après son essence de bête pensante, il estrienté sur le mode de la représentation vers l’étant danson Être et ainsi vers l’Être lui-même ; en tant qu’il estar conséquent déterminé à partir de l’Être, l’être-hommeoit également — selon ce rapport de l’Être (c’est-à-diree la volonté) à l’être de l’homme — apparaître avec forceomme un vouloir (p. 69). Depuis toujours, ce qui est pré-ent passe pour ce qui est. Qu’en est-il de la présentatione ce qui en quelque sorte n’est plus et qui pourtant estncore ? Qu’en est-il de la présentation de qui était ? À ce

il était » se heurtent la présentation et son vouloir. Enace de ce qui « était », le vouloir ne peut plus rien chan-er. En face de tout « il était », le vouloir n’a plus rien àttendre. Ce « il était » s’oppose au vouloir de la volontéont il s’agit ici (p. 69). Étant signifie présent. Le passést le « plus jamais maintenant ». Le futur est ce qui estncore absent, le passé est ce qui est déjà absent. « Étant » :

présent » — pour le temps, cela n’est jamais que la crêtetroite du maintenant toujours fugitif, qui sort du « pasncore maintenant », s’approche et s’en va vers le « jamaislus maintenant » (p. 75). C’est au moment où l’hommest brusquement entré dans l’inquiétude de n’avoir pluse temps qu’a commencé la perte croissante du temps.ans le temps, est présent le « maintenant », en tant qu’ilasse. Ce qui est futur et ce qui est passé sont des non-résents, tels que l’on n’ait plus jamais le droit de direimplement d’eux qu’ils sont présents. Ce qui est futurt est passé ne sont pas un non-être complet bien qu’ilsanquent de l’être-présent, selon Aristote. Pour penser

’Être comme le pur être-présent, c’est-à-dire, comme larésence présente, comme le présent qui demeure, commee maintenant constamment debout (p. 76).

Selon Nietzsche, le « sur-homme » surpasse l’homme tra-itionnel en entrant dans un rapport à l’Être qui en tantue volonté de l’éternel retour du même, se veut lui-même

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ternellement et rien d’autre (p. 80). La relation de l’Êtret de l’être de l’homme porte tout, en tant qu’elle porte

l’accomplissement l’apparaître de l’Être aussi bien quee l’être de l’homme, pour cette raison, cette relationoit accéder au langage. C’est dans le rapport de l’Être à’être de l’homme que notre pensée doit replacer l’idée deietzsche sur l’éternel retour du même et le sur-homme (p.1). La chose de la pensée n’est jamais autre qu’étonnante.a pensée ne pense que lorsqu’elle s’attache à ce qui parleour une chose. La pensée ne parle pas contre les sciencesais pour elles, à savoir pour élucider leur essence. C’est

ffirmer, d’une certaine facon, que les sciences sont quelquehose de positivement essentiel. Les sciences appartiennentu domaine de l’essence de la technologie moderne. Lebrouillard » qui entoure l’essence de la science a sourceans ce qui donne le plus à penser, c’est-à-dire « que nouse pensons pas encore » (87—88). Enseigner est encore plusifficile qu’apprendre car c’est « faire apprendre ». Celuiui enseigne est beaucoup moins sûr de son affaire queeux qui apprennent de la leur (p. 89). L’essence de laechnique a son lieu dans ce qui dès longtemps et avantoute autre chose donne à penser (p. 93). Les sciencesirent leur nom de ce qu’elles savent infiniment plus quea pensée. La science ne peut jamais atteindre l’essencee son domaine et de l’origine de cette essence de laéthode qu’elle cultive. . . On a sur toute chose et sur cha-

une une croyance qui s’est formée d’après une même facone croire. Le problème est celui d’une croyance univer-elle qui traiterait d’une facon uniforme et uniformémenténuée de scrupule car, par là tout est réduit à une unicitée signification dans les concepts et les désignations, donta précision non seulement répond à celle de la méthodeechnique mais partage la même origine essentielle. Ce quionne le plus à penser est non seulement tel en ce sensu’il fait travailler le plus notre réflexion, mais c’est ce qui,e soi-même, tient en réserve les plus grandes richesses du

mémorable » (p. 100). Tout ce qui est véritablement penséar une pensée essentielle demeure et ce, pour des rai-ons essentielles, multiples de sens. La multiplicité de ceens est l’élément où la pensée doit se mouvoir pour êtreigoureuse (p. 113). L’impensée n’est chaque fous tel qu’enant qu’il est impensé. Plus une pensée est originelle, plusiche devient son impensé. Pour les évidences du bon sensumain, l’impensé d’une pensée demeure tout simplement’incompréhensible. L’incompréhensible ne devient jamaisour le bon sens humain l’occasion de douter de ses possi-ilités de compréhension et même de devenir conscient dees limites (p. 118).

Toute doctrine philosophique, c’est-à-dire pensante de’être de l’homme est en soi déjà doctrine de l’être de’étant. Toute doctrine de l’Être est en soi déjà doctrinee l’être de l’homme (p. 120). Ce dont on parle et ce quist dit ne sont pas identiques. La représentation correctee ce dont on parle ne garantit pas encore que nous nousoyons déjà engagés dans ce qui est dit. Ce qui est dit, c’este que Nietzsche pense. Comme penseur, il pense ce qui est,l pense dans quelle mesure cela est et comment cela est. Ilense ce qui est, l’étant dans son être. La pensée des pen-

eurs serait le rapport à l’être de l’étant (p. 122). Ce quionne le plus à penser donne à penser dans ce sens originelu’il nous abandonne à la pensée (p. 137). « Il est nécessaire

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Notes de lecture

e dire et de penser que l’étant est » écrivait Parménidep. 172). Vouloir comprendre un penseur par lui-même estmpossible. Tenter d’entrer dans le questionnement d’unenseur par notre propre questionnement est difficile maisst penser (p. 175). La pensée européo-occidentale, en sui-ant le leitmotiv « qu’est-ce que l’étant dans son être », vae l’étant vers l’être (p. 205). Ce qui est de soi-même poséevant, l’étant, est pour les grecs, ce qui de soi-même sur-it et peut, à partir de là, être appelé le physique maisnglobe aussi le psychique et le spirituel (p. 206). L’étantst bien ce qui est présent. Être c’est être présent (p. 214).e qui est présent veut dire ce qui est présentement pourous. Être présent et présence veulent dire : le présent quiui-même signifie l’assistance. Kant définit l’étant dans « laritique de la raison pure » comme ce qui est décelableans son être, comme objet de l’expérience. Si l’être neégnait pas comme être présent, alors on ne pourrait mêmeas poser la question du présent de l’objet, c’est-à-dire deon objectivité. Si l’être de l’étant ne régnait pas déjà auens de l’être présent de ce qui est présent, alors l’étant’aurait pas pu apparaître comme l’objeté, comme ce quiait le caractère objectif de l’objet (p. 215). L’essence dea pensée se détermine à partir de ce qu’il y a à penser,’est-à-dire à partir l’être présent de l’étant présent, à par-ir de l’être de l’étant (p. 225). La pensée n’est pas poésieais, bien un dire et un parler originel du langage. Parceue la science ne pense pas, il faut que la pensée surveillee près les sciences, ce que celles-ci ne sont pas capables deaire par elles-mêmes (p. 234). La pensée est ce qu’il y a delus provisoire dans toute l’activité provisoire de l’hommep. 243).

La pensée n’est donc pas un processus dont on peut étu-ier, psychologiquement, le déroulement. La pensée n’estas une activité qui se règle sur des normes et des valeurs.a pensée ne peut se régler sur le valable et le normatif qu’àa condition qu’elle soit déjà en soi appelée, renoncée à ceu’il y a à penser (p. 244).

Marcel-Louis ViallardEMASP pédiatrique & adulte, hôpital Necker

Enfants Malades, AP—HP, université ParisRené-Descartes, 149, rue de Sèvres, 75015 Paris,

France

Adresse e-mail : [email protected]

Disponible sur Internet le 17 decembre2010

oi:10.1016/j.medpal.2010.11.006

A guide to symptom relief in palliative care,C. Regnard, M. Dean. sixth ed. Radcliffe OxfordEditions. 354 pp., ISBN: 978.1.84619.356.9

armi les éléments nécessaires à l’échange entre le médecinu le soignant et le patient, les auteurs proposent une check-ist :

Avez-vous connaissance de l’histoire du patient ?La rencontre a-t-elle bien été programmée et organisée ?

Avez-vous été présenté à la personne ?La personne est-elle accompagnée ?Quelle durée de la rencontre est prévue ?