Nous partirons demainNous quitterons la valléePour goûter l’herbe fraîche Et sentir la rosée

Nos visages se craquellent Dans la crique ensablée Où l’on trouvait l’eau si belle Où les carcasses ont rouillé

Car ici tout est secNos cœurs sont calcinésNous sommes les dinosauresEt nous nous savons condamnés

Nos empreintes sur la pierreOnt fini par sécherMais certains matins d’hiverOn nous sent approcher

Tout au fond du cratèreMon nid est fissuréJ’attends la bile aux lèvresQue la nuit soit tombée

Pour m’extraire de la soifDe mon aviditéEt redevenir le lézardQui se fout de voler

Nos empreintes sur la pierreOnt fini par sécherMais certains matins d’hiverOn nous entend rôder

Nos empreintes sur la pierreOnt fini par sécherMais certains matins d’hiverOn nous entend hurler

Enfouis sous la poussièreLes sarcophages enterrésDans leur gangue nous rappellentQue nous quitterons la vallée

Suspends tes chaussures dans les arbresEt embrasse les gorilles de ma partPas besoin de peigne ni de pagnePour disparaître dans le brouillard

Arbre à chaussures, arbre à messagesCelui qui garde tous les présages

Suspends tes rêves à mes larmes Suspends tes rêves à mes larmesSuspends tes rêves à mes larmes

Arbre refuge, arbre qui cacheSous sa futaie notre cabaneN’a qu’une seule fenêtre sur la cascade

Suspends ton vol aux nuagesSuspends ton vol aux nuagesSuspends ton vol aux nuages

Où mène la percée ?Bientôt tu le saurasOu vas-tu encore reculerPour disparaître au fond des bois ?

Où mène la percée ?

Je voudrais tout recommencerDepuis la première heureMe présenter à l’orée du boisAvec dans les bras plein de fleurs

Où mène la percéeQuand nous descendons la rivièreEn abandonnant dans notre dos Les plus belles de nos chimères ?

Où mène la percée ?

Où mène la percée ?Nul ne le sait vraimentAu bord d’un rivage désertéOu dans la chaudière d’un volcan ?

Où mène ?Où mène ?

Où mène la percée Qui fait crisser la falaise ? Qu’est-ce qui se cache de l’autre côtéTapi au fond de la glaise ?

Où mène la percée Qui crie ton nom dans ton sommeil ?Qui est-ce qui gratte de l’autre côtéDans la faille qui t’écartèle ?

Où mène la percéeQui commence où finit la route ?Il te faudra bien déciderEt laisser là tes derniers doutes

Fish pédicureTu es en vogueEt mes peaux mortesTu grignotes

Fish pédicureDesquame-moiJe te le donneMon eczéma

Poisson sans dentsMicro-succionFinis les pleursLes durillons

Poisson docteurGarra RufaSoigne mon coeurGuéris mon âme

Une caresse de poissonPour prendre son pied, qu’est-ce que c’est bonEt du caca de rossignolMon teint de geisha en raffole

Fish massageTu me guérisDe mon cafardDu psoriasisFish thérapiePrix sacrifiésMais le bonheur Est dans les pieds

Une caresse de poisson Pour prendre son pied, qu’est-ce que c’est bonUn peu de sperme de taureauPour que mes cheveux restent beaux

Coupe-cuticulesBaume et pierres poncesN’ont plus pour moiAucune réponse

Poisson bonheurGarra RufaPoisson d’oubliEmmène-moi

Une caresse de poisson Pour prendre son pied, qu’est-ce que c’est bon

Mamie tu faisais bien les vol-au-ventLes mouches en laine et les enfantsMoi j’t’ai connue qu’avec les cheveux blancs

Mamie tu raclais l’fond des bocauxTu les empilais tout là-hautMême que c’était pas facile avec ton dos

Maintenant t’es couchée sur ton litT’attends le jour toute la nuitDimanche c’est l’jour des mamiesMais moi j’peux pas venir aujourd’hui

Pourquoi tu danses pas avec les autres ?Comment ça, est-ce que j’le ferais moi… ben non

Retranchée dans ton petit HLMDerrière les verrous et la chaîneT’as plus personne pour parler à part ta télé

D’Papi divorcé ou bien de toiQui avait raison je sais pasMais moi j’voudrais vous revoir sur la photo dans l’couloir

Maintenant t’es couchée sur ton litT’attends le jour toute la nuitDimanche c’est l’jour des mamiesMais moi j’peux pas venir aujourd’hui

Pourquoi tu t’déguises pas avec les autres ?Comment ça, est-ce que j’le ferais moi… ben non

Mais moi j’ai l’tempsMoi j’ai l’tempsMoi j’ai l’tempsMoi j’ai l’tempsEnfin pas tant qu’ça

Mesdames et Messieurs depuis maintenant plusieurs moisDes incivilités ont été commises sous notre toitStockage de matériel roulant dans les couloirsFêtes organisées qui nous tiennent éveillés tard le soirMais qu’est-ce qu’ils peuvent faire ces jeunes, moi je crois pas qu’ils travaillent ?Qu’est-ce que ça fera plus tard, moi ça n’me dit rien qui vaille...

Ça m’regarde pasÇa m’concerne pasMais je suis làQuand même

Afin de maintenir un esprit de concordeJe vous saurai gré de veiller à c’que tout rentre en ordreLâcher de sacs-poubelles qui puent sur les paliersSlips et soutiens-gorge étendus, paillassons déplacésT’as vu la voisine du deuxième est encore tombée sur le sol

C’est pas bien étonnant quand on sait ce qu’elle picole...

Ça m’regarde pasÇa m’concerne pasMais je suis làQuand même

Espèce de commèreC’est pas tes affairesC’est pas tes oignonsEspèce de morpion

Soirée Chippendales, cette nuit c’est gratuit pour les fillesAllez savoir ce qui s’trame au bord de la piscineQu’est-ce qu’elle en dit la vieille avec son petit air sournois ?Elle parle toute seule mais moi je ne m’y fierais pas…

Ça m’regarde pasÇa m’concerne pasMais je suis làQuand mêmeChope la voisineChope la

Ma frêle IzenahAu pâle incarnatDaigneriez-vous que j’attacheA votre cou cette soie ?

Aux chevilles et poignetsTintent les braceletsAccordez-moi cette danseLa la la la la la

Pour dîner aux chandellesEt de la cire goûter le mielInvitez-moi sous votre tableCorseté de cellophane

Ma douce JeanneA cheval se pavaneVotre humble montureQu’un licou torturePrie à genoux votre grâceQue claque sa juste cravache

Vieille peauJ’en peux plus, tourne-moi l’dosMa sale tronche dans la glaceToutes ces valoches dégueulasses

Vieille peauNon, j’veux plus t’voir, tourne-moi l’dosMais j’crois qu’c’est pire vu de dosAvec ta calvitie et ton gros popo

Ah c’que c’est dur d’être vieuxMaintenant c’est toi et c’est plus euxFini l’temps où t’étais l’roi d’la fêteMaintenant tu t’traînes dans une poussette

Vieille peauJ’en peux plus, tourne-moi l’dosAvant j’grimpais au mât d’cocagneMaintenant fini les noix d’coco

Les chaussettes sans élastiqueEn accordéon nostalgiqueTes jours s’étiolent au bord du lacSous les lampions tu joues au ScrabblePêche au toc, lancer de moucheVous en reprendrez bien une petite loucheA la guinguette du bord de lacTu guinches encore quand t’es d’attaque

Vieille peauJ’en peux plus, tourne-moi l’dosOu j’te lance des couteauxJ’te lance des bottes de pailleJ’te jette au crocodile

Carpe diem et sangriaAh c’qu’on est beau pour la soirée paëlla

J’suis bleu pour MamanÇa fait dix-sept ansQu’j’ai pas mis les pieds là-basQu’j’suis plus avec toi

Bleu comme ta peauQuand j’t’ai retrouvée sur le carreau

Moi j’suis bleu pour NénetteTu t’souviens du soleil de Barcelo-nette ?Moi j’suis bleu pour NénetteJ’ai grandi tu vois j’casse plus les assiettes

J’étais pas plus haut qu’trois pommesC’est tout c’qui m’reste mais ça s’accrocheSi seulement j’pouvais savoir ce que j’raconterai à mon fils plus tard

Moi j’suis bleu pour NénetteMême si t’étais pas dans ton assietteMoi j’suis bleu pour NénetteTu t’souviens du soleil de Barcelo-nette ?

Bleu comme tes médocsA la fin qui est toc-toc ?

Y a un hippopotame bleu dans mon piano roseQui me dit t’en fais pas mon vieux demain ce sera roseY a un hippopotame bleu dans mon piano roseQui me dit t’en fais pas mon vieux demain ce sera rose

J’suis bleu pour MamanJ’suis bleu pour MamanJ’suis bleu pour MamanBleu pour MamanJ’suis bleu pour longtemps

Le matin il fait soleilTu bois le café au lait au litA midi les nuages viennentEt le ciel il est tout gris, tout gris

Y a un hic, y a un truc qui clocheT’as l’air dur comme le roc mais c’est pas vraiTu rumines dans ta cabocheToc toc, j’voudrais entrer, entrer

Fêlée mon gars ta coqueFêlée mon gars ta coque elle estFêlée mon gars ta coqueFêlée mon gars ta coque elle est

Pourquoi tu veux tomberLes murs de ta bicoque ?Pourquoi tu veux t’jeter Tout habillé à la flotte ?

T’es vraiment dans la mélasseOn va pas tourner autour du potSi tu lâchais ta hacheCe serait pas la fin des haricots

Fêlée mon gars ta coqueFêlée mon gars ta coque elle estFêlée mon gars ta coqueFêlée mon gars ta coque elle est

Elle est, elle est...

Pourquoi toi découperTes voisins à la machette ?Pourquoi toi bananerTa nana à la fourchette ?

Avant t’étais une crèmeMais maintenant t’es brûléT’as la cocotte en carafeMoi j’crois bien que c’est râpé, râpé

Fêlée mon gars ta coqueFêlée mon gars ta coque elle estFêlée mon gars ta coqueFêlée mon gars ta coque elle estCuisson pas bien passée...Fêlée mon gars ta coqueFêlée mon gars ta coque elle est...