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Livret pédagogique (correspondant au livre élève n° 1) Les Fourberies de Scapin Molière Établi par Anne-France GRENON, professeur agrégé de Lettres modernes et Cécile MENEU, professeur certifié de Lettres Modernes (Nouvelle édition 2015)

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L i v r e t p é d a g o g i q u e(correspondant au livre élève n° 1)

Les Fourberies de Scapin

Molière

Établi par Anne-France Grenon,professeur agrégé de Lettres modernes

et Cécile Meneu, professeur certifié de Lettres Modernes

(Nouvelle édition 2015)

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Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des articles L.122.-4 et L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et, d’autre part, que « les analyses et les courtes citations » dans un but d’exemple et d’illustration, « toute repré-sentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite ».Cette représentation ou reproduction par quelque procédé que ce soit, sans l’autorisa-tion de l’éditeur ou du Centre français de l’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris), constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

© Hachette Livre, 2015.58, rue Jean Bleuzen, CS 70007, 92178 Vanves Cedex.ISBN : 978-2-01-395233-0

Conception graphique

Couverture et intérieur : Médiamax

Mise en page

Médiamax

Illustration

Harvey Stevenson

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S o m m a i r e

r é p o n S e S a u x q u e S t i o n S 5

A c t e I , s c è n e 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

A c t e I , s c è n e 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

A c t e I , s c è n e 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

A c t e I I , s c è n e 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1

A c t e I I , s c è n e 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 4

A c t e I I , s c è n e 6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 7

A c t e I I , s c è n e 7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 9

A c t e I I I , s c è n e 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 2

A c t e I I I , s c è n e 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 4

A c t e I I I , s c è n e 1 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 6

A c t e I I I , s c è n e 1 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 7

R e t o u r s u r l ’ œ u v r e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 9

p r o p o S i t i o n d e S é q u e n c e d i d a c t i q u e 31

e x p l o i t a t i o n d u g r o u p e m e n t d e t e x t e S 34

p i S t e S d e r e c h e r c h e S d o c u m e n t a i r e S 39

B i B l i o g r a p h i e c o m p l é m e n t a i r e 40

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r é p o n S e S a u x q u e S t i o n S

AvertissementNous ne proposons pas systématiquement de réponses aux questions des rubriques suivantes : « À vos plumes », « Mise en scène » et « Lire l’image ». En effet, nous considérons que ces trois rubriques, relevant avant tout d’un travail personnel, ne peuvent faire l’objet d’une correction type.Les indications de pages accompagnant les numéros d’acte et de scène ren-voient aux questionnaires du livre de l’élève.

A C t e I , s C è n e 2 (p . 21)

u Que s’est-il passé entre-temps ?Remarques préliminaires – Veiller à ce que les élèves justifient leurs réponses en se référant au texte.– Attirer l’attention des élèves :a) si le niveau de la classe est faible, sur l’ouverture de la pièce qui est typi-quement celle d’une comédie : une situation critique (la volonté du fils contre celle du père) ; l’arrivée du personnage principal, celui qui pourra dénouer heureusement la situation ;b) si le niveau de la classe est supérieur, sur l’ouverture de la pièce, caracté-ristique de la comédie, plus encore de la commedia dell’arte : père autoritaire, jeune premier peu dégourdi, valet balourd, valet rusé.

1. Pendant l’absence de son père, Octave s’est épris d’une jeune fille qu’il a épousée. Lorsque le rideau se lève, Octave fait répéter à son valet Sylvestre ce qu’il sait déjà : son père est de retour et a l’intention de le marier avec une fille « du seigneur Géronte ». Ni l’un ni l’autre ne voient d’autre issue à cette situa-tion que la colère d’Argante qui se traduira par « un orage soudain d’impétueuses réprimandes » pour Octave, par « un nuage de coups de bâton » pour Sylvestre.

u avez-vous bien lu ?2. L’arrivée de Scapin, le « plus habile ouvrier de ressorts et d’intrigues », sus-cite l’espoir d’une autre issue. Il pourrait « trouver quelque invention, forger quelque machine » qui tirerait Octave d’embarras et du même coup éviterait à Sylvestre nombre de coups de bâton.

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A c t e I , s c è n e 2

3. De la ligne 5 à la ligne 36, Scapin brosse son propre portrait. Ce portrait remplit une double fonction. Tout d’abord, en le faisant, Scapin se présente au public, qui est ainsi à même, dès le début de la pièce, d’en comprendre le titre. Ensuite, Scapin donne à Octave des informations de telle sorte qu’Oc-tave pense pouvoir mettre ses espoirs en Scapin : « je suis homme consolatif, homme à m’intéresser aux affaires des jeunes gens ».

4. a) 4 – b) 5 – c) 2 – d) 6 – e) 3 – f) 1.➧ Objectif didactique de l’exerciceConduire l’élève à retrouver les relations sémantiques, grammaticales et morpho-logiques d’une phrase, et par là à y prêter attention, qu’il s’aide ou non du texte. Convient particulièrement aux classes en difficulté.

5. Sylvestre achève le récit d’Octave parce que ce dernier est trop long. « Si vous n’abrégez ce récit, nous en voilà pour jusqu’à demain. Laissez-le-moi finir en deux mots. »

u étudier le vocabulaire

➧ Objectif didactique des exercices 6 et 7Vérifier la compréhension en contexte de deux mots importants pour la signifi-cation de l’ensemble du passage. Aider les élèves à trouver et à manipuler des équivalents sémantiques. Difficile si les élèves ont peu de vocabulaire.

6. Choisir affaires. En effet, Scapin n’est ni un héros qui accomplit des exploits, ni un criminel qui perpètre des crimes. Quant au terme solutions, il n’est pas compatible avec la construction de la phrase.

7. Choisir occuper. Désintéresser et satisfaire ne conviennent pas d’un point de vue sémantique, donner la peine d’un point de vue syntaxique (se donner la peine de + groupe infinitif ; or, le pronom en reprend le seul nom choses).

8. Le nom fourberies apparaît à la ligne 22. Selon Scapin, fourberies est le terme que « le vulgaire ignorant » emploie pour désigner ce que Scapin, lui, appelle « les fabriques de ces gentillesses d’esprit, de ces galanteries ingénieuses ».

u étudier le discours

➧ Objectifs didactiques des exercices proposésÉtudier un texte descriptif et un texte narratif (formes du discours) pour amener l’élève à découvrir (ou redécouvrir) seul deux notions essentielles, en guidant sa réflexion et en lui évitant toute difficulté de formulation et d’expression.

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R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s

Organisation de la séance (qui peut être utilisée comme la première partie d’une séquence consacrée aux types de discours).– Donner les exercices 9 à 14 à préparer à la maison, ou bien laisser en classe un temps aux élèves pour qu’ils y répondent seuls et par écrit.– Corriger :9. 5 Scapin décrit son caractère.10. 5 Quelle sorte d’homme es-tu Scapin ?

11. Ces propos nous ont renseigné sur le caractère de Scapin.12. 5 Octave raconte une histoire.13. 5 Que vous est-il arrivé, seigneur Octave ?14. Ces propos nous ont renseigné sur l’histoire d’Octave.– Passer de l’exercice à la théorie : comment reconnaître un texte descriptif / narratif (verbes d’état / verbes d’action et de mouvement ; questions tests : qui es-tu ? / que fais-tu ? ; temps des verbes : présent, imparfait / passé simple ; importances quantitatives de GN… à moduler en fonction des acquis des élèves).– Définir les notions mises au jour et faire prendre ces définitions en notes. Donner à cette « mise en notes » l’allure d’une mise en fiche. Éventuellement, inviter les élèves à utiliser les ressources d’un ordinateur, quitte à photo-copier pour l’ensemble de la classe la meilleure fiche.

A C t e I , s C è n e 3 (p . 28)

u Que s’est-il passé entre-temps ?1. Le passage de la scène 2 (l. 26-36) dans lequel Scapin évoque la décision qu’il a prise après avoir eu « un petit démêlé » avec la justice permet d’éclairer la déclaration de Scapin.

u avez-vous bien lu ?2. L. 1 à 41 : le duo amoureux.L. 42 à 102 : Scapin accepte de prendre la situation en main.Autre suggestion :L. 1 à 55 : les inquiétudes de Hyacinte.L. 56 à 102 : Scapin metteur en scène et comédien.

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A c t e I , s c è n e 3

La première division met en valeur le dialogue entre Octave et Hyacinte : duo amoureux, passage obligé de toute comédie. Il a pour fonction d’acquérir le public à la cause des jeunes gens, alors même que la figure et l’autorité paternelles seront ridiculisées et bafouées. La seconde division met en valeur un aspect essentiel du personnage de Scapin : sa théâtralité. Le personnage du fourbe tel que l’incarne Scapin est, plus qu’un menteur, un acteur. Le talent de Scapin pour la fourberie est avant tout un immense talent pour jouer soi-même tous les rôles et faire jouer les autres.

3. a) Vrai – b) Faux – c) Vrai – d) Faux.

4. « Là, tâchez de vous composer par étude » (l. 66-67).« Çà, essayons un peu, pour vous accoutumer » (l. 70).

5. Scapin joue le rôle de directeur d’acteurs, et pour cela donne la réplique à Octave en endossant le rôle d’Argante que devrait affronter Octave.

u étudier la grammaire

Les types de phrase➧ Objectif didactiqueEnseigner un point de grammaire qui doit être acquis en 5e. Le texte peut être utilisé comme texte support dans le cadre d’un cours consacré à l’étude exclusive de la grammaire. Mais il peut surtout s’insérer dans une séquence consacrée au discours en général, aux actes de parole en particulier.

6. 1. c –2. d – 3. b – 4. a.

7. 1. b – 2. c – 3. b – 4. b.

8. 1. a – 2. c – 3. b – 4. a.

9. 1. a – 2. c – 3. b – 4. d.

Remarque. Pour approfondir : en ce qui concerne la phrase exclamative, faire chercher aux élèves une phrase nominale, puisque la phrase exclamative se présente souvent sous cette forme. Pour chaque type de phrase, attirer leur attention sur la ponctuation. À partir du corrigé, mettre au point avec les élèves la définition de chaque type de phrase et les leur faire prendre en note sous forme de fiche (cf. I, 2 « Étudier le discours »).

10. Cette dernière question est intéressante si les types de phrase sont étudiés dans le cadre d’une séquence consacrée aux actes de discours. La modalité déclarative est la seule absente de ce passage, car Scapin et Octave ne sont

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R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s

pas dans une relation de dialogue (échange de point de vue, d’avis…), mais dans une relation où l’un commande à l’autre. Par ailleurs, lorsque Scapin se met à contrefaire Argante, la modalité exclamative devient la modalité dominante. Elle traduit la fureur et l’indignation de Scapin/Argante : hors de lui, il ne peut s’exprimer avec calme et soumet, en quelque sorte, Octave à la question.À partir de là, ramener l’explication grammaticale à l’étude du texte : que celui qui commande soit Scapin et celui qui, gauchement, s’essaie à obéir soit le jeune premier est tout à fait révélateur du caractère de chacun et des conventions de ce type de comédie – un jeune premier timoré et un valet dégourdi.

A C t e I , s C è n e 4 (p . 38)

u avez-vous bien lu ?1. Argante est bien tel que Scapin le jouait à la précédente scène. En par-ticulier, le prouvent la reprise de mêmes termes, l’emploi fréquent que fait Argante des modalités exclamatives et interrogatives et sa volonté d’être un père « méchant » et querelleur.

2. Scapin se retrouve seul parce qu’Octave, terrorisé en songeant à la colère de son père, a pris la fuite plutôt que de « soutenir avec fermeté l’abord de [son] père ».

3. Scapin, après un temps d’attente et d’observation, aborde Argante avec amabilité et déférence, feignant de ne pas voir les signes évidents de mauvaise humeur que donne ce dernier. Aussi, lorsque Argante lui demande de le laisser « quereller en repos », Scapin a-t-il beau jeu de paraître surpris, d’en demander les raisons et d’entrer ainsi, le plus naturellement du monde, dans le vif du sujet.

4. Tout d’abord, Scapin fait valoir qu’Octave ne pouvait faire autrement que de contracter un tel mariage car, d’une part, « il y a été poussé par la force de sa destinée » et, d’autre part, les parents de la belle l’y ont contraint, « la force à la main ». Ensuite, pour casser ce mariage, Octave devrait « confess[er] qu’il [a] été capable de crainte », ce qui serait indigne du fils d’un tel père. Enfin Scapin invoque la tendresse paternelle et le bon naturel d’Argante qui sauront l’empêcher de tenir rigueur à Octave de s’être marié sans son consentement.

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A c t e I , s c è n e 4

u étudier le discours

➧ Objectif didactique des exercices 5 à 9 Amener l’élève à définir ce qu’est une situation d’énonciation en général puis ce qu’est la situation d’énonciation au théâtre en particulier.

5. Lignes 1-2 : Argante, se croyant seul : a et b.Ligne 42 : Argante, montrant Sylvestre : c et b.Ligne 105 : Argante, à Sylvestre : d et b.

6. Ligne 9 : Scapin, à part : a et b.Ligne 29 : Scapin : c et b.Lignes 103-104 : Scapin, montrant Sylvestre : c et b.

7. Ligne 26 : Sylvestre, à Scapin : b et d.Ligne 99 : Sylvestre, à part : a et b.

8. La réponse b « au public » revient toujours. En effet, le public constitue le premier destinataire de l’acteur. C’est pourquoi celui-ci s’exprime à haute voix, alors même que son message ne vise pas les autres acteurs présents sur la scène.

Remarque. Si la classe suit bien et est d’un bon niveau, on peut introduire les notions de communication interne (à la scène) – les acteurs s’adressent les uns aux autres – et de communication externe (à la scène) – les acteurs s’adressent au public ; puis montrer qu’au théâtre la situation de commu nication (ou d’énonciation) est le plus souvent double, sauf lorsqu’une didascalie indique que l’acteur s’exprime à part : dans ce dernier cas, la com mu nication est externe.

9. Dans un texte dramatique, il est très facile d’identifier l’énonciateur, car son nom est toujours inscrit au-dessus ou en face, selon les éditions, de l’énoncé qui est le sien. Sur scène, l’énonciateur est celui que l’on entend et voit parler.

u étudier l’écriture

10. Des lignes 133 à 163, Scapin et Argante échangent leurs répliques sur un rythme très rapide. Cette rapidité tient essentiellement à la brièveté remarquable des répliques ainsi qu’au phénomène des reprises terme à terme. Exemple : « Scapin. – Vous ne le déshériterez point. / Argante. – Je ne le dés-hériterai point ? / Scapin. – Non. / Argante. – Non ? / Scapin. – Non. » Etc.

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R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s

u À vos plumes

11. Argante, indigné par le mariage de son fils, se demande comment la chose lui sera présentée : les coupables la nieront-ils, l’excuseront-ils, ou bien raconteront-ils des mensonges ? Quoi qu’ils disent, ce sera peine perdue, car Argante a l’intention de mettre son fils en prison.Scapin, qui écoute ce que dit Argante, commente chacun de ses propos et apprend ainsi au public qu’il a bien l’intention d’empêcher Argante d’agir à sa guise.

12. À ce moment précis de la pièce, Argante, Scapin et Sylvestre occupent tous trois la scène et sont tous trois préoccupés par la même chose : les suites qu’il convient de donner au mariage d’Octave et de Hyacinte. Mais, si Scapin et Sylvestre voient et entendent Argante, il n’en est pas de même pour ce dernier. Aussi Argante, qui se croit seul, est-il à son insu dans une double situation d’énonciation : externe, certes, mais aussi interne, puisque Scapin et Sylvestre recueillent tout autant que le public son énoncé. Du groupe que forment Scapin et Sylvestre, seul Scapin a le statut d’énoncia-teur, puisqu’il est le seul à prendre la parole, et il s’adresse tant à Sylvestre qu’au public. Construisant son discours au fur et à mesure des informations que lui donne Argante sans le savoir, il acquiert une complète maîtrise de la situation.

Remarque. Cet exercice, dans sa forme rédigée, est difficile pour des élèves de 5e. On peut leur demander dans un premier temps de réfléchir indivi-duellement – soit à la maison, soit en classe – et de chercher à repré senter cette situation d’énonciation par un dessin (ou un schéma), puis en rédiger, collectivement, la légende.Exemple de schéma qui peut être complété (nommer les énonciateurs, situer le public, les destinataires…).

Voilàune téméritébien grande !

Écoutons-leun peu.

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A c t e I I , s c è n e 3

u mise en scène

13. Le ton dominant d’Argante est celui de l’indignation et, lorsqu’il ne peut y donner libre cours, l’impatience, tant il est pressé, selon ses propres termes, de « quereller ». Lorsqu’il s’exprime à part lui, on peut imaginer que Scapin a le ton d’un homme sûr de lui, mi-méditatif, mi-moqueur ; lorsqu’il dialogue avec Argante, il s’exprime sur un ton dégagé et persuasif, puisqu’il s’agit de convaincre Argante que ce qu’il dit ne relève de rien d’autre que de l’évidence. Quant à Sylvestre, il a le ton blasé du valet habitué à recevoir des coups lorsqu’il entend qu’Argante prévoit de le rouer de coups, un ton qui se veut naturel lorsque Argante s’adresse à lui, et le ton admiratif lorsqu’il commente les inventions de Scapin.

A C t e I I , s C è n e 3 (p . 51)

u Que s’est-il passé entre-temps ?1. Géronte est arrivé à la scène 1 de l’acte II.

2. I, 4, l. 80-82, Scapin justifie « la folie » d’Octave, en mentionnant, à titre d’exemple, celle tout à fait semblable de Léandre. II, 1, l. 31-44, Argante se défend contre les insinuations de Géronte en lui apprenant (à mots couverts) que son propre fils se comporte de façon comparable. De la sorte, Géronte se trouve mis au fait des agissements de son fils. Mais alors que Léandre, igno-rant de l’entrevue des deux pères, croit que son père tient ses informations de Scapin, Géronte les tient d’Argante.

3. Après le départ de Géronte, Léandre se retrouve seul et il exprime sa colère d’avoir été trahi par Scapin. Octave et Scapin paraissent à leur tour sur la scène. Tandis qu’Octave témoigne son admiration à Scapin, Léandre se montre prêt à lui assener des coups de bâton. Scapin, qui ignore ce que Léandre lui reproche, le supplie de ne pas le frapper. Octave ne comprend pas plus que Scapin et s’interpose entre Léandre et Scapin. Pour tenter d’apaiser la colère de Léandre, Scapin avoue d’anciennes fourberies dont Léandre a été la victime et reconnaît des trahisons dont ce dernier ne songeait pas à l’accuser. En définitive, Léandre comprend qu’il n’a pas été trahi par Scapin.

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R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s

Remarque. L’avant-dernière phrase contient une erreur difficile à corriger pour des élèves peu attentifs ou peu rigoureux. En effet, si Scapin est innocent de ce dont Léandre l’accuse, il est bien coupable, en revanche, des fourberies qu’il avoue.

4. Scapin avoue trois fourberies.

5. Lignes 40-44 : Scapin a bu du vin qui avait été offert à Léandre. Lignes 59-64 : Il a gardé, au prix d’un mensonge, la montre que Léandre l’avait chargé de remettre à Zerbinette.Lignes 78-83 : Déguisé en loup-garou, il a assené à son maître force coups de bâton.

6. Léandre est la victime des fourberies que Scapin confesse malgré lui.Les questions 4 à 6 peuvent être le point de départ d’une comparaison entre Scapin et son homologue buveur, voleur, menteur… et pourtant dévoué de la commedia dell’arte. Par ailleurs, on fera valoir que la situation du maître battu par le valet n’est pas caractéristique de la comédie italienne, mais de la farce médiévale ou encore de la comédie latine. Enfin, cette dernière fourberie annonce celle dont Géronte sera victime à la scène 2 de l’acte III.

u étudier le discours

➧ Objectifs didactiques de l’exercice 7• Les enjeux de l’acte de discours : parler à quelqu’un, c’est lui délivrer un message, mais c’est encore plus chercher à provoquer des réponses, des réactions.• Amener les élèves à commenter les différents actes de discours à partir de ce qu’ils ont appris sur les types de phrase en I, 2. Quel est le type de phrase dominant dans cet échange entre Léandre, Scapin et Octave ? Que peut-on en inférer de la relation entre le maître et son valet ? Quel est le type de phrase le plus fréquent pour tel ou tel acte de parole : par exemple, quelle est la modalité sur laquelle s’énonce l’injure, l’exigence d’aveu… ? Cette réflexion présente un double intérêt : d’une part elle familiarise les élèves avec la pragmatique du discours, d’autre part elle les oblige à tenir des propos précis, mais abstraits, ce qui leur est toujours malaisé. Il faut donc, ici, veiller à la correction de leur expression.

7. a) louer : l. 5 à 7.b) saluer : l. 10.c) menacer : l. 12-13, 38, 56, 76.d) supplier : l. 14, 15-16, 18, 19.e) demander une information : l. 23-24.

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A c t e I I , s c è n e 3

f) exiger un aveu : l. 26-31, 33.g) ordonner de parler : l. 33, 74.h) mentir : l. 34, 37, 54-55, 75.i) confesser une faute : l. 40-44, 59-64, 78-81.j) faire l’aveu exigé : l. 40-44, 59-64, 78-81.k) raconter un événement : l. 40-44, 59-64, 78-81.l) relater un souvenir : l. 40-44, 59-64, 78-81.m) commenter un aveu : l. 45-47, 65, 66, 67-69, 85-87.n) demander pardon : l. 48.o) exiger un autre aveu : l. 52-53, 71-72, 74, 76.p) retenir une information : l. 75.q) refuser de parler : l. 56.r) injurier : l. 24, 35-36, 45, 71, 92.s) jurer : l. 73.t) dire la vérité : l. 93-100.

u étudier le genre

8. Les didascalies nous apprennent que Léandre, dans sa colère d’avoir été trahi – comme il le croit –, est sur le point d’utiliser l’épée qu’il porte pour frapper Scapin et lui « passer [l’]épée au travers du corps ». Nous savons ainsi qu’il est capable de violence, tant dans ses sentiments que dans son compor-tement. On peut également faire remarquer aux élèves que le comportement de Léandre, à cet endroit, est révélateur des relations maîtres-valets, les premiers se considérant en droit de distribuer des châtiments corporels aux seconds. Ainsi, Sylvestre, à la scène 1 de l’acte I, voyait fondre sur lui, avec le retour d’Argante « un nuage de coups de bâton ».

9. Cette scène, où l’on ne sait jusqu’à la fin si Léandre frappera ou ne frap-pera pas Scapin, est une des scènes qui rattache la pièce au genre de la farce.

u étudier le comiQue

10. – Origine du mot quiproquo : latin médiéval quid pro quo : un quoi pour un ce que. – Sens : erreur consistant à prendre une chose pour une autre.– Synonyme : une méprise.

Remarque. Inviter les élèves à recourir au dictionnaire pour répondre à cette question.

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14

R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s

11. Le terme quiproquo convient pour caractériser cette scène. En effet, elle repose sur un malentendu dont Molière, à des fins comiques, retarde le plus longtemps possible la dissipation et dont les conséquences sont particuliè-rement savoureuses, puisque Scapin s’accuse d’autres torts que ceux que Léandre lui impute.

Remarque. Cette scène où le maître menace, injustement et avec un déchaînement de violence, son valet de coups de bâton et autres châtiments corporels constitue un topos de la comédie.

A C t e I I , s C è n e 5 (p . 64)

u Que s’est-il passé entre-temps ?1. La scène 4 constitue par rapport à la scène 3 un renversement de situa-tion. Dans la scène 3, Scapin était injustement accusé et fort mal traité par Léandre. Le coup de théâtre sur lequel s’ouvre la scène 4 rend Scapin indis-pensable à Léandre et Scapin, humilié par Léandre à la scène 3, se retrouve en situation de force par rapport à celui-ci.

2. L. 57 et suivantes de la scène 4 : « Je veux tirer cet argent de vos pères… »

u avez-vous bien lu ?3. Scapin fait valoir à Argante que ce mariage est une de ces contrariétés que tout homme doit s’attendre à éprouver dans son existence. Il ne reste plus à Argante qu’à s’y résigner en se réjouissant, de surcroît, de n’avoir pas à surmonter de plus grands malheurs.

Remarque. On peut prolonger la question en demandant aux élèves si l’argument de Scapin est susceptible d’être entendu par Argante. La manière abrupte avec laquelle il revient au sujet qui lui tient à cœur, le mariage d’Octave, prouve bien que non. On pourra également demander aux élèves si, à leur avis, Scapin est sérieux lorsqu’il tient un tel discours à Argante, ou si, au contraire, il ne s’amuse pas et dans quel but il pérore ainsi.

4. Scapin fait valoir à Argante que les frais d’un procès sont considérables, et que les hommes de justice ne sont équitables qu’à l’aune de leurs intérêts. Scapin laisse entendre que la somme demandée par le soi-disant frère de

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A c t e I I , s c è n e 5

Hyacinte, aussi élevée soit-elle, sera toujours inférieure à la dépense occa-sionnée par un procès dont l’issue est incertaine. Le monde de la justice, selon Scapin, est tout à fait semblable à celui des Enfers, et il vaut mieux tout tenter plutôt que de s’y perdre.

Remarque. On peut également attirer l’attention des élèves sur l’habileté rhétorique de Scapin, le procédé de gradation au terme duquel il arrive à deux cents pistoles, l’époustouflant réquisitoire qu’il prononce contre la justice.

5. Argante ne se laisse pas convaincre.

6. Scapin cherche à lui extorquer les deux cents pistoles dont Octave a besoin.

u étudier le discours

7. Un cheval de service – le harnais et les pistolets – un cheval pour monter le valet - un mulet.

8. 5 pour persuader Argante de donner l’argent qui lui est demandé.

u étudier l’écriture

9. Lignes 105-107 : « sergents, procureurs, avocats, greffiers, substituts, rapporteurs, juges et leurs clercs ». Il s’agit d’une énumération fermée, le dernier terme étant précédé de la conjonction de coordination et : l’énumération ne peut se prolonger de manière indéfinie. La liste mise en place est ainsi présentée comme exhaustive.

10. Dans la suite du texte, chacun des termes de l’énumération est repris comme sujet d’une phrase qui le caractérise.

11. Selon Scapin, les gens de justice ressemblent à des animaux de proie.

12. Ce procédé s’appelle une métaphore.

Remarque. Suggestion de définition : – Partir de l’étymologie : du grec meta = au-delà / phore de phoreïn = porter. La métaphore consiste à transporter sur A les caractéristiques de B, pour souligner leur ressemblance. – Demander aux élèves d’inventer des exemples pour vérifier qu’ils ont compris.

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R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s

– Demander aux élèves de chercher une autre manière de souligner une ressemblance de façon à leur faire comprendre la différence entre une méta-phore et une comparaison (qui se construit à l’aide de l’adverbe comme).

13. Scapin fait ainsi la critique de la justice.

Remarque. Si la classe est d’un bon niveau, on peut introduire la notion de satire (texte où les travers et les ridicules des mœurs ou des institutions sont férocement critiqués ≠ la parodie qui est une imitation).

u étudier le comiQue

14. a) comme son allié – b) l’allié d’Octave – c) ne veut que son bien – d) qu’il croit à la lettre, alors qu’il ne devrait pas.

15. Ces GN sont compléments d’une seule et même locution répétée autant de fois que nécessaire : la locution impersonnelle il me faut.

16. Argante réagit en manifestant une indignation et un désaccord croissants.

17. Question 14 : ironie – Question 15 : répétition – Question 16 : gradation.

u À vos plumes

18. Scapin donne son opinion à Argante : il est préférable de payer deux cents pistoles. / L’opinion de Scapin est la suivante : … etc. Les élèves propose-ront la plupart du temps une construction du type : « L’opinion de Scapin est que… » Il vaut mieux la refuser, car, outre qu’elle est particulièrement inélégante, elle est passablement incorrecte, faisant du sujet le terme le plus abstrait, alors que cette fonction sémantique revient à l’attribut.

19. Scapin doit convaincre Argante qu’il vaut mieux payer deux cents pistoles plutôt que plaider.

20. Pour rendre son discours persuasif, Scapin utilise des arguments qu’il pense convaincants.Ce dernier exercice peut être prolongé par une étude de vocabulaire prenant pour objet le terme persuader et son antonyme dissuader.• Partir de l’étymologie et montrer le rôle des préfixes.– Radical : verbe latin (suadeo-ere-suasi-suasum : conseiller, donner un conseil, engager à).

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A c t e I I , s c è n e 6

– En composition avec le préfixe intensif per : per-suadeo, persuader, convaincre (et l’on peut faire remarquer aux élèves que pour être persuasif, il ne faut pas donner d’ordres, mais des conseils, ce qu’a bien compris Scapin).– En composition avec le préfixe négatif de/dis : dis-suadeo, parler pour dis-suader, parler contre, déconseiller de.• Approfondir en faisant chercher les mots dérivés.• Approfondir, si la classe est d’un bon niveau, en la faisant réfléchir sur ce que c’est que l’art de la persuasion et comment Scapin est passé maître en cet art.

A C t e I I , s C è n e 6 (p . 72)

u Que s’est-il passé entre-temps ?1. I, 5 : l. 5-11 – II, 4 : l. 71-72 – II, 5 : l. 44-47.Profiter du corrigé pour vérifier que les élèves comprennent bien ce que désigne le terme spadassin.Emprunt à l’italien spadaccino, « homme qui manie l’épée », terme péjoratif dérivé de spada « épée ». Jusqu’à la fin du xvie siècle, il désigne un « bretteur » habile, un homme qui recherche les duels. Il désigne ensuite, par extension, un assassin à gages qui exerçait à l’arme blanche. On comprend dès lors que l’arrivée de Sylvestre déguisé en spadassin soit de nature à effrayer et convaincre Argante.

u avez-vous bien lu ?2. Sylvestre entre en scène déguisé en spadassin.

3. Il menace, jure et fait de grands gestes.

4. Argante est terrorisé par le spadassin.

5. Argante se cache derrière Scapin.

6. L’effet que produit Sylvestre sur Argante est bien celui qu’espérait Scapin, puisque c’est lui qui a eu l’idée de ce déguisement.

7. C’est mû par un sentiment de terreur qu’Argante donne à Scapin la somme que ce dernier lui demandait.

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R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s

u étudier le vocabulaire et la grammaire

8. Le point d’exclamation.

9. L’indicatif et l’impératif.

10. Non, le discours de Sylvestre comporte un grand nombre de phrases nominales.

11. Non, la plupart des phrases sont juxtaposées les unes aux autres. Le discours de Sylvestre est une suite d’exclamations, comme il convient à un personnage tout entier animé par la violence, et non l’expression d’une pen-sée construite et cohérente.

u étudier le genre

12. Cette scène construite autour du personnage de bretteur que joue Sylvestre se rattache au genre de la farce.

13. Les didascalies qui accompagnent les propos de Sylvestre permettent au lecteur de se représenter l’état d’excitation dans lequel il feint d’être et à quel point il doit paraître redoutable. Ces didascalies, qui indiquent l’ardeur avec laquelle le pseudo-spadassin manie son épée, et la modalité dominante de ses phrases, la modalité exclamative, sont en parfait accord et rendent crédible le personnage de soudard qu’interprète Sylvestre.

u étudier l’écriture

14. Ces exclamations s’appellent des jurons.

Remarque. À partir de ce substantif, il est possible d’expliquer le double sens du verbe jurer.– 1er sens : appartient au domaine juridico-religieux : « prêter serment solen-nellement », « promettre en prêtant serment ». En français moderne, le terme s’est laïcisé et équivaut à « attester avec certitude », « être certain ». Corres-pondants nominaux : serment, affirmation.– 2e sens : « invoquer de manière sacrilège le nom d’êtres ou de choses sacrées ». Ce second sens s’est développé parallèlement au sens religieux. L’accent est mis sur le caractère impie et la violence des paroles proférées. À partir de ce sens, s’est développée en français moderne l’idée de discordance, comme lorsqu’on parle de couleurs qui jurent entre elles. Correspondant nominal : juron.

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A c t e I I , s c è n e 7

u étudier le comiQue

15. Le déguisement et les gestes de Sylvestre dans son rôle de spadassin terrifiant, l’attitude tremblante d’Argante mourant de peur sont les éléments essentiels qui rendent cette scène comique. Les formes de comique mises ici en œuvre par Molière sont le comique de situation et de mouvement.À partir du corrigé, amener les élèves à se demander pourquoi le déguisement de Sylvestre et l’attitude peureuse d’Argante rendent la situation comique. En particulier, les amener à comprendre et à formuler (avec leurs mots) que la situation est comique, parce que Molière utilise le décalage comme ressort comique : Argante, qui prend pour réalité ce qui est pur simulacre, est en complet décalage avec tous les autres personnages (y compris le public) qui, eux, savent que tout ce qui se passe n’est que comédie. De même, les gestes et les cris de Sylvestre sont comiques, parce qu’ils imitent en les caricatu-rant ceux d’une brute et que, par leur exagération même, ils produisent sur Argante autant d’effet que si Sylvestre était un véritable spadassin.

16. Le comique de situation et le comique de mouvement.

A C t e I I , s C è n e 7 (p . 81)

u avez-vous bien lu ?1. Le recours à la justice : l. 51-52 – La substitution de Scapin à Léandre : l. 60-62 – La vente de vieilles hardes : l. 87-89 – L’émotion feinte : l. 144.

2. L’avarice de Géronte n’est pas une surprise. D’une part, Scapin l’avait évoquée à la scène 4 de l’acte II. D’autre part, c’est un trait de caractère conventionnel des vieillards de la comédie.

3. Géronte, après un long combat entre l’avarice et l’affection paternelle, a finalement préféré se dessaisir de cinq cents écus plutôt que de laisser son fils entre les mains du Turc qui le retient, prétendument, en otage.

Remarque. En ce qui concerne l’attitude de Géronte qui cherche des stratagèmes pour ne pas se défaire de la somme requise, on pourra faire remarquer aux élèves que dans cette scène Géronte est en quelque sorte un « anti-Scapin » et que n’est pas fourbe qui veut. Ici, la bêtise et la sécheresse de cœur de Géronte font valoir l’ingéniosité de Scapin et confirment la

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R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s

définition que celui-ci donne du terme fourberie en I, 2 : « les fabriques de ces gentillesses d’esprit, […] ces galanteries ingénieuses ». Si l’on développe cette comparaison, on pourra se reporter à l’étymologie et au sens étymologique du terme gentillesse.gentil : du latin gentilis = « propre à la race, à la famille », d’où « de bonne race », puis « généreux, aimable ». L’adjectif est introduit en français au milieu du xie siècle avec les sens latins de « noble de naissance » et « noble de cœur, brave ». Le dérivé gentillesse apparaît au xiiie siècle. Il a une évo-lution sémantique comparable à celle de l’adjectif. Même si, au xviie siècle, le sens étymologique du terme est archaïque, il reste très perceptible par les contemporains et double le sens dans lequel l’emploie Scapin de « petit tour agréable », par opposition à toute action méchante.À partir de là, on peut amener les élèves à considérer que le génie de Scapin pour la fourberie est bien signe de noblesse naturelle, tandis qu’au contraire l’inaptitude complète des deux vieillards à la fourberie serait signe d’une certaine vilenie (celle-ci culminant chez Géronte, qui a beaucoup de mal à préférer son fils à ses écus).

4. « Que diable allait-il faire dans cette galère ? » : Géronte répète sept fois cette phrase à intervalles réguliers, telle une mécanique bien remontée (l. 49 ; 54 ; 66 ; 77 ; 93 ; 108 ; 146). Cette interro-exclamation est renchérie par le « Ah, maudite galère ! » que Géronte répète deux fois, la deuxième fois à la suite du septième et dernier « Que diable allait-il faire dans cette galère ? », tandis que le premier, qui constitue une réplique à lui tout seul, est commenté et souligné par Scapin en aparté : « Cette galère lui tient au cœur » (l. 113).

u étudier le vocabulaire et la grammaire

5. Aux lignes 122, 128, 131 et 134, que est une conjonction de subordina-tion introduisant une proposition subordonnée complément d’objet direct du verbe dire mentionné à la seule ligne 122 (2e personne du singulier de l’impératif). Aux autres lignes, la proposition principale « Mais dis à ce Turc » est sous-entendue et se comprend par référence à la ligne 122. Cette éco-nomie est un indice du style parlé (oral, familier) dans lequel s’expriment les personnages d’une pièce qui s’apparente tant au genre de la comédie que de la farce.

6. Remarque. Cette question est difficile.

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A c t e I I , s c è n e 7

Il faut partir de la forme affirmative, « à la vie, à la mort », c’est-à-dire « pour toujours ». Dans cette phrase, et à la forme négative, cette expression est comique, car elle revêt un caractère ridiculement emphatique et confine presque au non-sens : je ne les lui donne pas pour toujours, autrement dit, pour jamais, ou encore je ne les lui donne absolument pas, alors que, de fait, Géronte les donne bel et bien…

u étudier le discours

7. Entourer les réponses b et f.

8. Géronte commente en aparté l’énoncé de Scapin. Il s’interroge sur les motifs d’une émotion aussi violente que celle que manifeste Scapin. Il finit par se présenter devant Scapin. Comme Scapin ne semble toujours pas le voir et ne s’adresse pas à lui, Géronte l’interpelle.

9. Les actes de parole de Scapin ont pour destinataires le public d’une part, Géronte d’autre part. Mais en ce qui concerne ce dernier, Scapin construit la situation de communication de manière à laisser croire à Géronte qu’il ne s’adresse pas à lui.

10. Les actes de parole de Géronte ont tout d’abord pour destinataires lui-même et le public. Très vite, cependant, ils ont pour destinataire Scapin, ce qui n’empêche pas ce dernier de faire comme s’il ne s’apercevait pas qu’il était visé par l’énoncé de Géronte.

Remarque. Si la classe est d’un bon niveau et/ou que la distinction destina-taire/récepteur a pu être introduite en I, 4, le professeur peut rendre l’analyse plus complexe en posant la question du statut de récepteur du message par rapport à celui de destinataire. En fait, le mécanisme de la situation de com-munication par lequel commence cette scène est assez simple : Scapin veut que Géronte se croie, à l’égard de son énoncé (son énoncé à lui, Scapin), en situation de récepteur et non de destinataire.

11. 5 susciter l’inquiétude et la curiosité de Géronte.5 faire rire le public qui comprend ce que Géronte ne comprend pas.

12. Dialogue : « entretien avec deux ou plusieurs personnes ». Il s’emploie spécialement pour l’échange verbal des personnages au théâtre. Lorsque deux ou plusieurs personnes se parlent et se répondent, elles échangent des paroles. Cet échange s’appelle un dialogue.

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R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s

13. Des lignes 1 à 16, Scapin et Géronte ne dialoguent pas, car ils parlent chacun de leur côté et ne se répondent pas. Le dialogue à proprement parler commence à la ligne 17, lorsque Scapin répond enfin à Géronte.

u étudier le comiQue

14. Il s’agit du comique de répétition et de mouvement (encore appelé de geste).

Remarque. On peut affiner l’analyse du comique de geste en introduisant le terme et la définition de lazzi, puisque c’est bien de lazzi qu’il s’agit au début de la scène lorsque Scapin joue à ne pas voir Géronte, et à la fin de la scène lorsque Géronte joue à donner sa bourse pour la reprendre et à oublier qu’il l’a reprise.Lazzi : emprunt à l’italien (pluriel de lazzo, mais le français admet le pluriel lazzis). Étymologie discutée. Jeu de scène bouffon. Plaisanterie bouffonne et moqueuse accompagnée d’une série de mimiques par lesquelles l’acteur, selon l’usage de la commedia dell’arte, souligne son jeu et invite le public à le remarquer. Dans son principe, le lazzi est en totale rupture avec celui de l’illusion théâtrale.

A C t e I I I , s C è n e 2 (p . 95)

u Que s’est-il passé entre-temps ? 1. II, 7 : l. 149-151 – II, 8 : l. 16-17 – III, 1 : l. 65-66.

2. Zerbinette et Hyacinte ont fait connaissance.

3. Oui, en ce qui concerne Zerbinette. En revanche, Hyacinte avait déjà paru à la scène 2 de l’acte I.

u avez-vous bien lu ?4. a) Vrai – b) Faux – c) Faux – d) Faux – e) Vrai – f) Vrai.

u étudier le discours

5. Un seul énonciateur : c’est toujours Scapin qui parle.

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A c t e I I I , s c è n e 2

6. Géronte est le destinataire au niveau de la communication interne ; le public au niveau de la communication externe.

7. 5 donner des coups de bâton à Géronte.5 faire rire les spectateurs.

8. Géronte doit rester caché dans le sac, car la situation d’énonciation repose sur une falsification. Contrairement à ce que fait croire Scapin à Géronte, les énoncés de Scapin n’ont pas, sur la scène, d’autre destinataire que Géronte lui-même. En ce sens, ils sont réduits à une seule fonction : mettre Géronte en situation de destinataire et de récepteur, moins d’un message verbal, que des coups de bâton que Scapin a à cœur de lui assener.

9. Géronte découvre la supercherie et, du même coup, met fin à cette situa-tion d’énonciation « truquée ».

u étudier le genre

10. Cette scène rattache la pièce au genre de la farce parce que c’est une scène de coups de bâton typique de ce genre.

Remarque. Il est intéressant de commenter la scène en faisant remarquer que Scapin va très loin en battant son maître, et son audace n’a d’égale que celle de Molière qui met en scène une telle situation. Le maître battu par son valet n’appartient pas au topos de la comédie/farce. (Il faut attendre Marivaux pour que cette inversion du rapport de force soit mise en scène.)

u étudier l’écriture

11. Lorsque Scapin reste lui-même, il s’exprime selon la manière qui lui est propre tout au long de la pièce. Lorsqu’il contrefait le Gascon, puis le Basque, il reprend des traits dialectaux qui sont censés être les leurs et par lesquels ils sont caractérisés. Des didascalies (l. 66-67, l. 99-101) indiquent ces changements de langage.

u étudier le comiQue

12. – Le comique de situation : le personnage antipathique de Géronte, pris au piège de sa bêtise et de sa couardise, battu et berné.

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R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s

– Le comique de geste : Scapin, passant de l’interprétation d’un personnage à l’autre, se démène tant et plus sur la scène. Son jeu, comme celui de Sylvestre à la scène 6 de l’acte II, est particulièrement spectaculaire.– Le comique de répétition : par trois fois et en usant du même stratagème, Scapin peut rouer Géronte de coups de bâton et ravaler celui-ci au rang d’une « chose » déshumanisée, un sac !

u étudier la place et la fonction de l’extrait

13. Non, dans cette scène, Scapin n’agit pas pour servir les amours des jeunes gens, mais pour se venger de Géronte et le punir de l’avoir « mis en état de se trahir lui-même ». Scapin accomplit cette fourberie pour son compte.

14. D’un point de vue dramatique, c’est-à-dire du point de vue de la struc-ture de l’intrigue, cette scène n’est d’aucune nécessité, mais relève du geste gratuit. Cependant, c’est une des scènes les plus éblouissantes et les plus significatives des Fourberies de Scapin. En effet, « la mise en sac » est un jeu de scène traditionnel de la farce, et particulièrement de la farce tabarinique, qui connaît un grand succès tant sur le Pont-Neuf, où des représentations sont données à partir de 1618, qu’en librairie. Mais cette scène s’impose aussi comme une véritable « comédie » qui comporterait deux actes : l’exposition où Scapin persuade Géronte de se cacher dans le sac et l’action où inter-viennent, par trois fois, des personnages différents des protagonistes de l’ex-position. Enfin cette scène est particulièrement remarquable par la dimension théâtrale à laquelle elle accède, grâce aux jeux de rôles tenus par Scapin : un Gascon, un Basque, puis « plusieurs personnes ensemble » avec lesquels il dialogue en reprenant son propre rôle.

A C t e I I I , s C è n e 3 (p . 102)

u avez-vous bien lu ?1. – Géronte apprend à la scène 1 de l’acte II « les déportements » de son fils.– Scapin lui extorque cinq cents écus à la scène 7 de l’acte II.– Scapin lui assène quantité de coups de bâton à la scène 2 de l’acte III.– Enfin, dans cette scène, Zerbinette se moque cruellement de lui et lui apprend qu’il ne va pas tarder à devenir la fable de la ville.

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A c t e I I I , s c è n e 3

2. Géronte n’inspire aucune pitié, essentiellement en raison de sa bêtise, de sa couardise et de son avarice. Molière en fait un être peu accessible aux sentiments les plus naturels, comme en témoigne la douleur qu’il éprouve à sacrifier cinq cents écus plutôt que son fils.

3. c) – a) – e) – b) – d).

4. La scène 7 de l’acte II.

u étudier le vocabulaire et la grammaire

5. L. 28-43 – L. 50-54 – L. 60-85.

6. Zerbinette emploie les temps du passé (faire remarquer notamment l’emploi du passé simple, temps caractéristique du récit au passé, concurrencé ici par l’emploi du passé composé) et le présent de narration.

7. Les verbes sont à la 3e personne du singulier ou du pluriel.

8. Les groupes nominaux présents en amont dans le texte et qu’il reprend (le pronom personnel de la 3e personne est un pronom représentant qui, fonctionnant en référence discursive, anaphorise son antécédent) permettent de comprendre ce qui est désigné par il.

9. Les verbes sont à la 1re personne du singulier – pronom par lequel l’énon-ciateur se désigne – et à la 2e personne du singulier et du pluriel – pronom par lequel l’énonciateur sollicite le destinataire de son message.

10. Les verbes sont au seul temps du présent, qui est un présent d’énonciation.

11. Les personnes désignées par je/tu/vous peuvent être identifiées, car on connaît la situation de l’énonciation, autrement dit on peut répondre à la question qui parle à qui ? (Les pronoms personnels de la 1re et de la 2e per-sonne fonctionnent toujours par référence situationnelle, c’est-à-dire que le référent ne peut être connu que si l’on connaît la situation de l’énonciation. En ce sens, ils appartiennent à la famille des déictiques.)

12. Zerbinette désigne la ville de Naples où se passe la pièce.

13. Même réponse qu’à la question 11 (à ceci près que les déterminants démonstratifs peuvent fonctionner en référence discursive. Exemple : L’homme entra dans le bar. Cet homme avait les cheveux longs.).

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R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s

14. L’adverbe ici désigne le lieu où se trouvent Zerbinette et Géronte.Même réponse qu’à la question 11. Ici désigne le lieu de Naples où se ren-contrent Zerbinette et Géronte. Zerbinette et Géronte le savent, parce que, par définition, les énonciateurs d’un discours savent où ils sont (ou du moins ils savent qu’ils sont en un lieu qu’ils peuvent désigner par ici, qui est le seul endroit où je peut être). Les lecteurs/spectateurs le savent, parce que le lieu où se passe la pièce a été précisé, en même temps que l’identité des person-nages, dans la zone de paratexte réservée à cet effet. En même temps, le lieu où se passe la pièce, c’est aussi la scène, si bien qu’ici désigne également la scène, n’importe quelle scène, du moment que c’est celle sur laquelle cette parole est en train d’être prononcée par Géronte. Cette dernière remarque permet de rappeler aux élèves que le théâtre repose sur une situation de double communication (de double énonciation : le lieu où sont les person-nages, le lieu où sont les acteurs et le public).

15-18. Mêmes réponses qu’aux questions 11 et 14.

A C t e I I I , s C è n e 1 1 (p . 112)

u Que s’est-il passé entre-temps ?1. Scène 4 : Sylvestre renvoie Zerbinette en lui reprochant d’avoir cédé au plaisir de raconter « une bonne histoire ».Scène 5 : Argante menace Sylvestre qu’il soupçonne d’avoir été complice de Scapin.Scène 6 : Géronte se désespère de la disparition de sa fille qu’il attendait de Tarente.Scène 7 : Géronte rencontre la nourrice de sa fille, apprend qu’elle est en vie, bien arrivée et mariée au fils d’Argante.Scène 8 : Sylvestre annonce que les affaires d’Octave s’arrangent au mieux, mais que Scapin s’est attiré la colère des deux vieillards.Scène 9 : Octave ne comprend rien à la joie que manifestent les deux vieillards.Scène 10 : Octave refuse la fille de Géronte avant de comprendre que c’est Hyacinte elle-même.

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A c t e I I I , s c è n e 1 3

2. On découvre l’identité véritable de Hyacinte à la scène 7 de l’acte III, celle de Zerbinette à la scène 11 de l’acte III.

3. Il s’agit de la scène 4 de l’acte I.

u avez-vous bien lu ?4. Mon père, dit Léandre, ne vous plaignez point que j’aime une aventurière, car Zerbinette est née dans cette ville et ses parents sont des gens honorables auxquels des Égyptiens l’avaient volée, quand elle était tout enfant. Voici un bracelet qui permettra à ses parents de la reconnaître.

5. c) signe de reconnaissance.

u étudier le vocabulaire

6. c) Que de hasards incroyables ! e) Que de coïncidences étonnantes !

A C t e I I I , s C è n e 1 3 (p .116)

u Que s’est-il passé entre-temps ?1. Retour et triomphe de Scapin.

u avez-vous bien lu ?2. Les coups de bâton.

u étudier le vocabulaire et la grammaire

3. Cette phrase constitue une antiphrase par laquelle Scapin exprime sa volonté d’être porté en triomphe, le bout de la table étant à comprendre comme le haut bout de la table, la place d’honneur. Quant à la mort qu’il évoque, c’est sa mort naturelle. C’est donc par un dernier tour que s’en sort Scapin.

4. Dans cette phrase, le verbe est au présent du subjonctif. Attendre que + subjonctif.

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R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s

u étudier l’écriture

5. Les points de suspension.

6. Ces points de suspension signifient que Scapin n’a pas le temps de termi-ner sa phrase. Géronte s’empresse de lui couper la parole.

u étudier le comiQue

7. Cet acharnement est comique parce qu’il repose sur le principe de la répétition. Il est comique, également, parce que Scapin, ironiquement, demande pardon à Géronte pour mieux lui rappeler l’humiliation qu’il lui a infligée en lui assenant force coups de bâton.

8. La dernière réplique de Scapin est comique en ce qu’elle consacre le triomphe de Scapin qui a réussi, au prix d’une dernière fourberie, à renverser la situation en sa faveur et qu’il oblige, en quelque sorte, ses dupes à le fêter.

9. Dans cette dernière scène, Scapin, contrefaisant un homme à l’agonie, se livre à une ultime fourberie, c’est-à-dire à un ultime numéro d’acteur.

u étudier la place et la fonction de l’extrait

10. b) une scène de dénouement.

11. b) à la dernière fourberie de Scapin.c) au pardon que Géronte finit par accorder à Scapin.d) au triomphe de Scapin.

12. Cette scène achève de constituer Scapin en personnage principal.

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R e t o u r s u r l ’ œ u v r e

r e t o u r s u r l ’ œ u v r e (p . 118)

1. Fourberie.a) Nature et genre : nom commun, féminin.b) Signification donnée par le dictionnaire : tromperie, disposition à tromper.c) Origine du mot : formé sur le nom « fourbe », trompeur, rusé, malhon-nête, également utilisé comme adjectif qualificatif. Ce terme vient lui-même du verbe « fourbir », qui a eu deux sens :1. nettoyer, préparer soigneusement. Ex. : fourbir des armes, des arguments ;2. en argot ancien : voler.C’est de ce second sens que viennent « fourbe » et « fourberie ».d) Mots de la même famille : deux familles sémantiques : 1. fourbir, fourbissage (des armes blanches) ;2. fourbe, fourberie.e) Synonymes : tromperie, ruse, stratagème, tour.f) Sens du mot dans le texte : 1. pour Scapin : « les fabriques de ces gentillesses d’esprit, de ces galanteries ingénieuses »2. pour le « vulgaire ignorant » : des tromperies.

2. a) Faux – b) Faux – c) Vrai – d) Faux – e) Vrai – f) Vrai – g) Vrai – h) Faux.

3. a) La pièce se passe à Naples. b) Géronte et Argante reviennent d’un voyage qui regarde certain commerce où leurs intérêts sont mêlés (I, 2). c) Pour racheter Zerbinette, Léandre a besoin de cinq cents écus (II, 4). d) Géronte attend l’arrivée de sa fille qui revient de Tarente (II, 1).e) Géronte et Argante ont décidé qu’Octave épouserait la fille de Géronte (I, 1).f) Pour faire casser le mariage d’Octave et de Hyacinte, Argante a l’intention de recourir à la justice et de plaider (II, 5). g) Tout est bien qui finit bien, car Hyacinte se trouve être la fille de Géronte (III, 7).

4. a) Argante menace d’envoyer Octave en prison.b) Géronte reçoit des coups de bâton.c) Scapin veut se venger de Géronte, parce que celui-ci a fait croire à son fils, Léandre, que Scapin l’avait trahi et avait dévoilé le secret de son mariage.

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R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s

d) Non, Zerbinette et Hyacinte ne se connaissent pas. e) Non. Ainsi, Sylvestre ne s’associe pas à Scapin pour la troisième fourberie.f) Zerbinette raconte à Géronte la fourberie de Scapin dont ce dernier vient d’être victime.g) Argante a perdu une petite fille de quatre ans.

5. a) quelque petite chose : le mariage d’Octave.b) la machine : la première fourberie de Scapin dans laquelle Sylvestre est déguisé en spadassin.c) lui : le supposé frère de Hyacinte ; le spadassin.d) Il : Léandre.e) L’invention : la proposition que fait Scapin à Géronte de se cacher dans le sac pour échapper à ses poursuivants.f) la fille du seigneur Géronte : Hyacinte.g) lui : Scapin.

6. Scapin • • « avare au dernier degré » Sylvestre • • « méchant » Géronte • • « aimable » Argante • • « habile ouvrier de ressorts et d’intrigues » Hyacinte • • « bien résolu » Zerbinette • • d’« une timidité naturelle » Octave • • « grand et gros comme père et mère » Léandre • • d’« humeur enjouée »

8. Un bâton : à Scapin – un bracelet : à Léandre ou Zerbinette – une clef : à Géronte – un costume de spadassin : à Sylvestre – une épée : à Léandre et à Sylvestre – un sac : à Scapin – une bourse contenant de l’argent : à Géronte – des linges pour faire des bandages : à Scapin – un bonnet : à Sylvestre.

9. En l’absence de leurs pères, Octave a épousé une orpheline dont il est tombé amoureux, tandis que son ami Léandre s’est épris d’une Égyptienne. Mais les pères sont de retour et celui d’Octave destine la fille de Géronte à son fils. Pour échapper à l’autorité paternelle et sauver leur amour, les jeunes gens font appel à un ingénieux valet, Scapin. Celui-ci, aidé de son compère Sylvestre, forge différentes ruses dont l’exécution assure la progression de la pièce jusqu’à son heureux dénouement, comme il se doit dans une comédie : les amants ne sont pas séparés et Scapin triomphe avec une dernière fourberie.

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p r o p o S i t i o n d e S é q u e n c e d i d a c t i q u e

ACte I 1re séance : l’acte d’exposition

Axes de leCture outIls de lAngue éCrIture

• Le constat de la situation préalable à la levée du rideau.

• La présentation de l’événement perturbateur à partir duquel se produit l’action proprement dite (I, 2, question 1).

• La présentation du personnage principal (I, 2, questions 3, 6, 8 ; I, 4, questions 1-3).

• Le véritable enjeu de la pièce : la manière dont Scapin va se jouer du père d’Octave (I, 4, questions 1-3).

• Le type de phrases (I, 3, questions 6-10).

• La situation d’énonciation (I, 4, questions 5-8).

• La présentation d’un personnage dans le cadre d’une situation de discours :- son caractère (description) ;- son histoire (récit).

• Activité : Rédaction.– Un portrait : À la 1re pers. et au présent : imaginez que Sylvestre fasse son portrait.À la 3e pers. : Sylvestre, vieux, décrit à ses petits-enfants l’incroyable Scapin. Utiliser l’imparfait.

– Un récit : imaginez au passé simple l’histoire à l’origine de la brouille de Scapin avec la justice (I, 2, questions 8-13).

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p r o p o S i t i o n d e S é q u e n c e d i d a c t i q u e

• La mise en place d’une deuxième intrigue parallèle à la première (II, 3, question 1).

• Le renversement de situation (II, 5, question 1).– Scapin mis en cause (II, 1-3).– Scapin indispensable et triomphant (II, 4-8).

• Un topos de la comédie : le quiproquo (II, 3, question 10).

• Étude d’un personnage de la comédie, le vieillard :– grincheux (II, 5),– peureux (II, 6),– avare (II, 7).

• Le comique et ses procédés (II, 3, questions 10 et 11 ; II, 5, questions 14-17; II, 6, questions 15 et 16 ; II, 7, question 14).

• Les actes de parole (II, 3, question 7 ; II, 5, questions 8 et 18-20).

• Phrase nominale et phrase verbale.

• Phrase simple et phrase complexe (la principale et la subordonnée complétive).

• Le verbe :– construction : trans./intrans. ;– temps et modes.

• La demande : interrogation, ordre, prière, persuasion.Vocabulaire : champs lexicaux, nuances et constructions.

• L’énumération.

• La métaphore.

Activité : Rédaction.Vous voulez le dernier disque de votre chanteur préféré mais vos parents ne sont pas d’accord. Formulez votre demande tour à tour sous forme d’interrogation, ordre, prière, persuasion.

ACte II 2e séance : l’enchaînement des fourberies

Axes de leCture outIls de lAngue éCrIture

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p r o p o S i t i o n d e S é q u e n c e d i d a c t i q u e

• Scapin, fourbe pour son compte (III, 2).

– Plaisir de la vengeance, de la fourberie gratuite, tentation de l’excès… ? (III, 2, questions 1 et 13-14).

– L’inversion du rapport de force dans le couple maître/valet. (III, 2, question 10).

• La performance théâtrale de Scapin (III, 2, questions 5-9 et 11).

• L’ultime triomphe : (III, 13, questions 8 et 9).

• La fonction de l’acte : un acte de dénouement (III, 13, question 7) ; dernière fourberie ou le fourbe tel qu’en lui-même l’éternité le change…

• Les déictiques et les pronoms (III, 3, questions 5-18).

• Récit et discours.

• La situation de double énonciation propre au théâtre.

Activité : Acquisition du vocabulaire technique. Définir les termes suivants : dialogue, monologue, aparté, tirade, stichomytie, et illustrer chaque définition à l’aide d’exemples pris dans le texte.

ACte III 3e séance : l’acte du dénouement

Axes de leCture outIls de lAngue éCrIture

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e x p l o i t a t i o nd u g r o u p e m e n t d e t e x t e S

u Omniprésent dans l’histoire du théâtre européen, le personnage du valet est incontournable. Le plus souvent discret, il entre et sort selon les besoins du plateau, apporte les accessoires et annonce les visiteurs. Il écoute et il sait. Il est présent mais il n’est pas toujours actant. Il ne sort de l’anonymat que lorsque il est utile au ressort comique, tel le distrait Pedrolino de la comédie italienne ou le badin de la farce médiévale. Alors, il agit alors pour lui-même, dans l’ombre, silencieux ou muet, le plus souvent caché ou travesti, tel l’esclave rusé de la comédie latine ou l’Italien fanfaron Brighella. Car ce n’est que quand le maître l’y invite qu’il peut prendre ouvertement la parole au théâtre : alors le dialogue s’engage et le personnage du valet se met au service de l’intrigue, au service du maître, commandé par lui. À moins que l’auteur ait prévu pour lui un autre rôle, bien plus subtil et efficace, celui de faire valoir ou de repoussoir des idées et des valeurs représentées et exprimées par le maître. Les rapports s’inversent, la parole libérée prend corps. Elle peut être cinglante.

u Les trois textes du groupement proposent de considérer les personnages des valets (les deux Arlequin et Vendredi) en s’intéressant à la relation qu’ils entretiennent avec leur maître. À cet effet, on pourra suivre plusieurs axes et interroger les oppositions suivantes : 1. Dominant / Dominé : quelle est la nature des rapports établis entre le maître et le valet ? À quel moment, pour quelle raison y a-t-il inversion des rapports ? Qui détient l’autorité ? Comment est-elle éventuellement contes-tée ? Pourquoi ? 2. Enjeux / Objectifs : quels sont les besoins affirmés du serviteur et quels sont ceux de son maître (définis ou présupposés) ? Quels objectifs se sont-ils fixés l’un et l’autre ? S’agit-il d’objectifs ponctuels ou envisagés dans la durée ? En quoi ces objectifs, associés à leurs désirs et/ou leurs principes sont-ils ou non recevables, selon quelles valeurs ? Qui fixe les lois ? Avec quelle intention ?3. Parole / Action : qui parle ? De quoi ? Qui agit ? En faisant quoi ? Comment la parole se met-elle au service de l’action ? Comment au contraire la freine-t-elle, la transforme-t-elle ou la stoppe-t-elle ? Comment et pourquoi les personnages évoluent-ils, comment se comportent-ils ?

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4. Formes de la communication / Nature du discours : comment les langages du valet et du maître sont-ils caractérisés ? Comment sont-ils compris (par le personnage présent d’une part, par le public ou le lecteur d’autre part) ? Peut-on percevoir une double, voire une triple énonciation ? Peut-on repé-rer plusieurs discours, des non-dits ou des formes d’ironie … ?5. Genre dramatique / genre narratif : le genre narratif apporte-t-il plus ou moins (d’informations, d’émotions…) que le genre dramatique ? Quels sont les moyens liés au genre (écriture théâtrale/narration) qui sont employés par l’auteur pour mettre en évidence la nature de la relation valet / maître ?6. Personne / personnage / personnalité : en quoi le personnage du valet est-il révélateur d’une réalité historique et sociale ? En quoi peut-il être un représentant, un symbole, voire une incarnation ? Comment peut-il permettre de faire prendre conscience et dénoncer le mal ou le bien que l’on peut faire à une personne, une société, une idée… Comment la carac-térisation des personnages permet-elle au lecteur/spectateur de comprendre, accepter /critiquer le mode de fonctionnement d’une société à un moment donné ? Comment le personnage du valet peut-il acquérir une identité, une personnalité qui lui est devenue propre ? En quoi peut-il être un héros ? Quelle est sa fonction, son statut actantiel ?

u D’autres valets, serviteurs, laquais, cochers, domestiques, bonnes, servantes et autres employés de maison…– Les valets au théâtreMénandre : Dyskolos (Le Bourru)Marivaux : L’Île des esclaves / La Fausse suivanteBeaumarchais : Le mariage de Figaro Victor Hugo : Ruy BlasEugène Labiche : Le Misanthrope et l’Auvergnat / 39 degrés à l’ombre / La Femme qui perd ses jarretièresFeydeau : Dormez je le veux / Amour et pianoJules Renard : Poil de Carotte Jean Genet : Les BonnesSacha Guitry : DésiréBertolt Brecht : Maître Puntila et son valet MattiJean-Michel Ribes : Palace

e x p l o i t a t i o n d u g r o u p e m e n t d e t e x t e S

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e x p l o i t a t i o n d u g r o u p e m e n t d e t e x t e S

– Les valets dans les romansAlexandre Dumas : Mousqueton, Grimaud, Bazin, Planchet dans Les Trois mousquetairesJules Verne : Jean Passepartout, le serviteur français de Phileas Fogg, dans Le Tour du monde en quatre-vingts joursVoltaire : Cacambo, valet de Candide dans Candide Diderot : Jacques, bavard, philosophe, voyageur, valet de « son maître » dans Jacques le fatalisteGustave Flaubert : Félicité, dans Un cœur simple

– Les valets dans la BDNestor, le majordome du château de Moulinsart que l’on retrouve tout au long des albums retraçant les Aventures de Tintin.

– Les valets des jeux de cartes…

u Questions sur le texte 1A. Alors que Truffaldin est seul sur scène un très court instant, il exprime ses sentiments. Il adresse à lui-même ses remarques, mais elles sont surtout utiles au spectateur qui sait ainsi ce que Truffaldin ressent et ce qu’il projette de faire. B. Il va gagner « deux salaires » et « manger le double ». Si son stratagème est découvert, il risque d’être chassé par un de ses maîtres, mais il lui restera l’autre.C. Truffaldin ne sait pas qui Silvio veut voir et donc quel maître il doit aller chercher : il essaye donc d’obtenir l’information auprès de Silvio. Ce dernier l’interrompt systématiquement puisqu’il est inconcevable qu’un serviteur discute des ordres ou s’y oppose, comme l’emploi de la conjonction de coordination « mais » peut le lui laisser envisager.

u Questions sur les images des plats II et III de couvertureA. Les costumes : ceux des maîtres sont brillants, bien coupés, garnis de dentelles, de plumes et de bijoux…), celui d’Arlequin, fait de losanges, est typique et directement associé à son nom.Les masques (blanc pour la femme, sombre pour les hommes…).La gestuelle et l’attitude générale : les jeunes maîtres se tiennent droit, ils frappent ou pincent le valet Arlequin qui est courbé et grimace, le vieillard ridicule (Pantalon) observe la scène posément, le ventre en avant…

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e x p l o i t a t i o n d u g r o u p e m e n t d e t e x t e S

B. On se trouve à la fin de la pièce, Acte III, scène 13 : Scapin porte son (faux) bandage. C’est le « final » et tous les personnages sont réunis. On peut constater que les costumes ne sont pas « d’époque », le lieu représenté (un bar) est inattendu et il ne correspond pas non plus à l’époque de Molière, les personnages n’ont pas le physique de l’emploi (particulièrement Léandre, à gauche, en costume à carreaux et de petite taille, et Hyacinte avec ses lunettes et ses socquettes…). On se trouve dans un univers très loufoque, très coloré, très visuel et mouvant… (les comédiens sont en train de danser). C’est un parti pris de metteur en scène. Omar Porras affirme son « besoin d’explorer la farce, l’efficacité du jeu masqué, les codes de jeu issus de la tradition populaire italienne et de la commedia dell’arte ainsi que les ressorts comiques proposés par [Molière] » (Cf. Document pédagogique publié par le Théâtre Malandro).C. Les couleurs vives des costumes et l’emploi des masques (technique propre à la commedia dell’arte), les expressions des visages (sourires, grimaces accentuées par les masques…), les gestes (amorcés ou effectués) indiquant la vivacité du mouvement et l’énergie de jeu, mais aussi les lumières vives, le décor brillant et peu réaliste, montrent qu’il s’agit de pièces comiques, de comédies… On peut facilement associer les deux images du fait de cette tonalité comique commune. Cependant, la photographie de la pièce de Goldoni (mise en scène de Attilio Maggiulli) est plus lisse, plus classique : le décor, inspiré de la décoration des maisons italiennes du xviiie siècle, plonge le spectateur dans un univers culturel qu’il reconnaît facilement, de même que les costumes et les masques de la comédie italienne. Ce n’est absolument pas le cas pour Les Fourberies de Scapin : Omar Porras rompt radicalement avec les habitudes culturelles en désacralisant volontairement la pièce pour la situer dans un autre univers, inconnu et complètement loufoque, mais en restant finale-ment parfaitement respectueux de « l’esprit » de Molière qui a réinventé la comédie avec le talent qu’on lui connaît.

Questions sur le texte 2A. Arlequin a conscience de l’ascendant qu’il a pris sur Iphicrate du fait qu’il se trouve sur cette île particulière, et alors que jusqu’à présent il trouvait la situation amusante il n’a subitement plus envie de rire quand le maître lui rappelle sa condition d’esclave. Il emploie donc le tutoiement pour indiquer son mécontentement et signifier clairement à Iphicrate que ce dernier n’a désormais plus le pouvoir et que les rôles et les fonctions sont inversés.

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e x p l o i t a t i o n d u g r o u p e m e n t d e t e x t e S

B. Arlequin reproche à Iphicrate de ne pas être habituellement avec lui « civil et poli », de le battre (« vous avez coutume de m’en faire à coups de gour-din »), d’être traité « comme un pauvre animal », et soumis au bon vouloir et à la « justice » de celui qui est « le plus fort ». Il lui reproche donc d’être violent, aussi bien en paroles qu’en gestes, et d’être injuste.C. Iphicrate va connaître ici ce que subissent les esclaves. Il va donc pouvoir comprendre ce qu’ils vivent et ressentent et appliquer l’adage : « Ne fais jamais à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fît ».

u Questions sur le texte 3A. Vendredi se conforme au « modèle » que lui a donné Robinson, il suit ses ordres à la lettre et fait tout ce qui est exigé. De plus, il est vif, il comprend rapidement ce qu’on lui demande, il apprend vite à accomplir des tâches très variées. Enfin, il ne discute pas les ordres, il obéit en admettant que « tout ce que son maître lui ordonnait était bien, que tout ce qu’il lui défendait était mal ». B. Vendredi est obéissant, rapide, travailleur, polyvalent, facilement satisfait de son sort. Cependant, Robinson a été amené à lui faire des reproches qui se révèlent dans les exemples choisis pour signifier ce qui est « bien » et « mal » : ceux de manger plus que la portion que Robinson lui donne, de fumer la pipe, de se promener nu, de dormir et de se cacher pour échapper au travail.C. D’abord, Robinson est satisfait parce que Vendredi a vite compris l’anglais et a donc pu obéir aux ordres qu’il lui donnait. Ensuite, Vendredi se révèle très dégourdi, et il sait déjà effectuer un certain nombre de tâches essentielles à la survie (« défricher », « ramasser les œufs de tortue »…). Robinson éprouve donc certainement également de la fierté et de l’orgueil, ainsi qu’un sentiment de supériorité.

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p i S t e S d e r e c h e r c h e S d o c u m e n t a i r e S

Les thèmes énoncés ci-dessous peuvent être proposés aux élèves comme sujets d’exposés à préparer en groupe.– La commedia dell’arte et ses personnages.– Les grands acteurs comiques.– Une représentation théâtrale à la cour de Louis XIV.– Les farces du Moyen Âge.– Molière et Lulli.– Les divertissements de la cour.– Farce, comédie et comédie-ballet.– Présenter une autre comédie de Molière à la classe.

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u édition

– Molière, Œuvres complètes, édition de R. Jouanny, Classiques Garnier, Bordas, 1989, 2 tomes, Les Fourberies de Scapin, t. II.

u ouvrages généraux sur molière

– Extraits des recettes et des affaires de la Comédie depuis Pasques de l’année 1659 appartenant au sieur De La Grange, l’un des Comédiens du Roy (1659-1685), Bibliothèque de la Comédie-Française.– A. Adam, Histoire de la littérature française au xviie siècle, Domat, 1952.– P. Bénichou, Morale du Grand Siècle, Gallimard, coll. « Idées », 1976, pp. 257-364.– M. Boulgakov, Le Roman de Monsieur de Molière, Gérard Lebovici, 1990.– R. Bray, Molière, homme de théâtre, Mercure de France, 1954.– J.-P. Collinet, Lectures de Molière, Armand Colin.– G. Conesa, « Molière et l’héritage du jeu comique italien », dans L’Art du théâtre, mélanges R. Garapon, PUF, 1992, pp. 177-187.– G. Conesa, Le Dialogue moliéresque, étude stylistique et dramaturgique, SEDES, 1992.– P. Dandrey, Molière ou l’Esthétique du ridicule, Klincksieck, 1992.– G. Forestier, Molière, Bordas, coll. « En toutes lettres », 1990.

u À jouer et mettre en scène

– Molière pour rire, 2002 et Huit extraits pour découvrir Molière, 2012, Annick Ensergueix, Flammarion, collection « Castor Poche Théâtre ».L’auteur a regroupé les extraits particulièrement amusants des Fourberies de Scapin et d’autres pièces de Molière, pour lesquels elle propose de petites mises en scène.– Le nouveau Scapin, Gaëlle Chalude, Édition Art et comédie, collection « Côté Cour », 2005. Une petite pièce pour 14 jeunes comédiens.Les élèves de l’Atelier Théâtre apprennent le départ inopiné de leur profes-seur. Ils décident malgré tout de monter Les Fourberies de Scapin. Mais, sans adulte pour les diriger, tout devient très libre, aussi bien la mise en scène que le langage, parfois très virulent et familier...

B i B l i o g r a p h i e c o m p l é m e n t a i r e

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B i B l i o g r a p h i e c o m p l é m e n t a i r e

u molière dans les romans

– Louison et monsieur Molière, Marie-Christine Helgerson, Flammarion Jeunesse, 2010. Louison a dix ans et rêve d’être comédienne, comme ses parents. Un jour, Monsieur Molière lui propose un petit rôle, celui de la fillette d’Argan dans Le Malade imaginaire. Le rêve va-t-il devenir réalité ?– L’Homme qui a séduit le soleil : 1661, quand Molière sort de l’ombre..., Jean-Côme Nogues, Pocket jeunesse, 2008. Gabriel vit à Paris et aide ses amis camelots à vendre leur marchandise sur le Pont-Neuf en attirant les clients au moyen de quelques improvisations amusantes. Un homme l’observe : c’est Molière, qui lui propose d’entrer dans sa troupe. Gabriel va-t-il enfin monter sur une vraie scène et jouer devant le roi Louis XIV ?– La Jeunesse de Molière, Pierre Lepère, Gallimard jeunesse, « Folio junior », 2009. Ce livre raconte d’une façon romancée les vingt-trois premières années de la vie parisienne de Molière, avant qu’il ne parte en province avec sa troupe de l’Illustre-Théâtre.

u sur leS FourBerieS de Scapin

– J. Emelina, Les Valets et les servantes dans le théâtre comique en France de 1610 à 1700, Grenoble, CEL/PUG, 1975.– Y. Moraud, La Conquête de la liberté de Scapin à Figaro, PUF, 1981.– J. Serroy, « Scapin dramaturge », dans Recherches et Travaux, n° 34, 1988.