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à l’heure du changement climatique, les forêts constituent un enjeu majeur. Focus sur la conférence de fin 2009. LES FORÊTS tropicales humides Page 2 » infos Chantal Berthelot et José Gaillou, vice-présidents de la région Guyane : « Le Cirad a toute sa place pour nous aider à gérer la forêt ». Page 4 » recherche Les pâturages piègent le carbone. Page 9 » dossier 1 000 m 2 au service des professionnels du bois. Page 10 » région Brésil-Guyane Des relations privilégiées à développer. PAGE 5 « Nouvelles de la recherche agronomique au Cirad édition Guyane n ° 1 - 02 / 2010

Nouvelles de la recherche agronomique au Cirad

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Page 1: Nouvelles de la recherche agronomique au Cirad

à l’heure du changement climatique, les forêts constituent un enjeu majeur. Focus sur la conférence de fin 2009.

LES FORÊTS tropicales humides

Page 2 » infos • Chantal Berthelot et José Gaillou, vice-présidents de la région Guyane : « Le Cirad a toute sa place pour nous

aider à gérer la forêt ». Page 4 » recherche • Les pâturages piègent le carbone. Page 9 » dossier • 1 000 m2 au service des

professionnels du bois. Page 10 » région Brésil-Guyane • Des relations privilégiées à développer.

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éditionGuyane

n° 1 - 02 / 2010

Page 2: Nouvelles de la recherche agronomique au Cirad

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C’est dans un nouveau terreau fertile que la science battera son plein. En effet, un campus universitaire verra le jour, au cœur de la ville spatiale de Kourou. L’objectif est de rassembler les entités de recherche et d’enseignement su-périeur dans une structure visible et attractive. Ce projet Campus va permettre de renforcer les thématiques de recherche existantes, de créer de nouveaux enseignements sur l’écologie, de monter de nouveaux partenariats scientifiques nationaux et internationaux, et d’accroître les capacités d’accueil de chercheurs, d’étudiants et de stagiaires.

L’espace de 18 hectares aujourd’hui oc-cupé par des jardins, de la forêt, des bâti-ments réservés à la recherche, des serres et des logements, sera organisé en quatre zones d’ac-tivités : une zone enseignement et recherche, une forêt pédagogique avec l’ouverture d’ensei-gnements des sciences de la nature et des bioé-

nergies, un jardin bota-nique, et enfin une zone de logements pour 150 étu-diants. L’IUT de Kou-rou, classé parmi les dix meilleurs de France, en-tend accroître ses activités. C’est pourquoi il se porte candidat pour s’installer sur le campus. Il ouvri-ra de nouveaux départe-ments, créera quatre nou-velles licences et montera des partenariats avec l’UMR Ecofog(1) notamment. Le laboratoire des sciences du bois et l’Office national

de la chasse et de la faune sauvage comptent également occuper le site. C’est le Pôle de re-cherche et d’enseignement supérieur (Pres) de Guyane qui sera le maître d’œuvre du projet. Son statut et son organisation lui permettront d’assurer la gestion administrative et finan-cière des structures de Cayenne (site de Trou-Biran) et de Kourou. Un contexte fécond pour contribuer au rayonnement de la région Guyane.

Richard Pasquis

Agir pour le rayonne-ment de la Guyane

LE CirAD En GuyAnE

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- 02 / 20102

LA PArOLE à

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Chantal Berthelot et José GaillouVice-présidents de la région Guyane

« Le Cirad a toute sa place pour nous aider à gérer notre forêt »

Quelle est la place de la recherche en Guyane ?

Chantal Berthelot : nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin de la recherche pour gérer notre forêt et nos ressources. La conférence qui s’est tenue fin novembre 2009 à Cayenne sur ce thème est un signe de reconnaissance par rap-port à la place que doit prendre la Guyane.

Comment les relations entre la région et la recherche peuvent-elles s’articuler ?

José Gaillou : nous devons créer des passerelles entre la recherche et la région. il faut que nous expliquions aux orga-nismes de recherche quelle société nous voulons organiser. Les organismes de recherche vont aussi travailler en fonction des financements qu’ils auront, privés et publics. Et au niveau public, c’est à nous d’orienter ce que nous souhaitons.

Je suis content de voir que le grand emprunt de 35 milliards d’euros va consacrer 16 milliards d’euros à la recherche, à l’innovation et à l’enseigne-ment supérieur. Aujourd’hui, on a pris au bon moment cette orientation politique. J’espère que les organismes comme le Cirad seront parties prenantes car je suis convaincu qu’ils doivent accompagner des collectivités comme la région.

En quoi la recherche agronomique contribue-t-elle au développement local ?

Chantal Berthelot : Au vu de la crois-sance démographique actuelle, il va nous falloir développer nos infrastructures et donc optimiser au mieux la déforestation nécessaire à notre développement. Tous les secteurs relatifs à la nature, qu’ils soient forestier, agricole, élevage, ont besoin de la recherche agronomique, et les fonds européens Feder sont l’occasion d’avoir des échanges et de travailler ensemble.

Quelle est la contribution du Cirad à ce développement ?

Chantal Berthelot : D’abord, il y a en Guyane encore beaucoup de richesses naturelles méconnues, et c’est une des missions du Cirad d’aider la Guyane à

jouer son rôle dans l‘appropriation de son territoire.

Le Cirad a toute sa place pour nous aider à mieux gérer notre forêt, autant pour la rentabilisation du secteur sylvicole que pour les services environnementaux ou encore pour la valorisation des savoirs autochtones. En tant qu’organisme de recherche finalisée, le Cirad contribue à fabriquer des outils pour assoir notre développement. Parmi les exemples les plus prometteurs, on peut noter les études réalisées sur les possibilités de mobili-sation des gisements de biomasse. nous avons depuis, une usine à biomasse. C’est un secteur qu’il faut développer encore. à l’échelle du plateau des Guyanes, c’est entre autres grâce au Cirad et ses parte-nariats scientifiques régionaux que les problématiques liées au changement climatique vont pouvoir être traitées correctement.

Science et société, est-ce compatible selon vous ?

José Gaillou : La science ne peut s’in-venter en dehors de la société. il y a de formidables enjeux de transfert de la science vers la société. il faut la vulgariser auprès des profanes et la Fête de la science par exemple, est un formidable moyen de transfert des connaissances.

Aujourd’hui, on compte en Guyane 250 000 habitants sur un territoire de 83 000 km2. Mais notre population double tous les 15 ans et en 2030 nous estimons que nous atteindrons 400 000 habitants.

nous sommes une nation naissante à construire et la jeunesse est un atout. notre démarche est de mettre l’homme au centre de nos préoccupations.

Par conséquent, nous devons mettre en place des moyens pour que les jeunes puissent embrasser des carrières scienti-fiques.

Plus d’infos sur : http://www.coi-ioc.orgContact : [email protected]

Site Cirad sur le campus agronomique de Kourou.

Correspondant Cirad en Guyane

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Contact : [email protected] et [email protected]

Un pôle d’excellence internationalLe Cirad a participé à la création d’une unité mixte de recherche dénommée Ecofog(1), en partenariat avec l’Inra, l’Engref, le CNRS et l’Uni-versité des Antilles et de la Guyane. Celle-ci devrait ainsi sous peu devenir un pôle d’excellence reconnu à l’international dans le domaine de l’écologie forestière : un atout de plus pour la région Guyane. (1) Ecofog : écologie des forêts de Guyane.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Une implantation stratégique Présent en Guyane depuis plus de 35 ans, le Cirad, centre

de recherche agronomique pour le développement, a pour ambition de constituer un pôle d’excellence de recherche sur la connaissance et la gestion des ressources naturelles. L’éducation à l’environne-ment et la formation font aussi partie de sa mission. Ses recherches portent sur le fonctionnement de l’écosystème forestier tropical, sur la diversité génétique, et également sur les plantes cultivées pérennes que sont le cacaoyer, le caféier, l’hévéa et divers palmiers. Ses travaux sur le stockage et le cycle du carbone en forêt s’intègrent pleinement dans les problématiques liées aux grands enjeux planétaires. il dispose de nombreux sites d’implantation. La direction régionale est installée sur le campus agronomique de Kourou depuis 1979 aux côtés d’autres partenaires scientifiques. Sur le site de Paracou, à quelques kilomètres de Kourou, il dispose de plus de 1 500 ha de parcelles expérimentales plantées de forêt et de collections de cacaoyers, caféiers, hévéas et palmiers. Enfin, c’est dans son

laboratoire des sciences du bois, à Pariacabo prèsde Kourou, que le Ciradeffectue des recherchessur le bois. Le Ciradconduit ses recherches en collaboration avec de nombreux partenaires français et étrangers.Fort de son expérience variée autour de la forêt,le Cirad participe au rayonnementde la Guyane.

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(1) Ecofog : Ecologie des forêts de Guyane

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Contact : [email protected]

FOrMATiOn COnTinuE

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Un parcours réussiela faisait 26 ans que Martinus Koese était ouvrier agricole sur le site de Paracou en Guyane, à l’unité de recherche Ecofog,

appartenant au Cirad. Pendant deux ans, il a suivi une formation continue d’acquisi-tion des savoirs de base et de bureautique, orchestrée par la direction des ressources humaines. Il est devenu technicien. Son rôle aujourd’hui : assurer toute la logistique de l’équipe avec laquelle il travaille grâce à une base de données et planifier l’achat de matériel agricole. Une reconnaissance acquise auprès du collectif de recherche, une confiance conquise. Rencontre.

Vous avez suivi un cursus de formations sur

la bureautique et le français. Qu’est-ce qui

vous y a motivé ? Qu’y avez-vous appris ?

Cela faisait longtemps que j’exécutais le même travail sur les parcelles. On est venu me proposer de me former contre une prise de responsabilités supplémentaires. Alors, j’ai pris des cours de français. Car je suis d’origine surinamaise et on parle

le hollandais. Je peux maintenant rédiger des rapports et des restitutions du travail réalisé auprès de mon responsable. Et puis je me suis mis à l’informatique : Excel, Word et la messagerie. Ce n’était pas une mince affaire ! On m’a créé une base de données où je saisis tout ce qui permet de donner une restitution en temps réel de l’état du parc automobile.

Est-ce que ça a été difficile ?

Oh oui ! C’était même catastrophique. C’est dur de se remettre en question surtout à mon âge. J’ai 55 ans. Au début, j’avais du mal à retenir les informations, à comprendre les règles de grammaire et d’orthographe en français. Mais j’y suis arrivé, avec de la détermination.

Qu’est-ce que ça a changé pour vous ?

J’ai plus de responsabilités. Je fais des mis-sions sur le terrain comme sur le site de Tibourou, à Crique plomb, à Paracou ou encore à la Carouany en Guyane. Je pars le lundi et reviens le vendredi. Je passe la nuit dans les carbets. Je suis indépendant même si je consulte mon responsable de temps en temps pour m’assurer que ce que je fais est le bon choix. J’ai gagné la confiance de mes responsables qui me laissent depuis, travailler en totale autonomie. Le travail me plaît et j’ai la chance d’avoir un chef intelligent et très sympathique, la personne qu’on rêve d’avoir. Etant donné les compétences acquises, je vise une promotion. Alors, je suis très content et surtout bien plus motivé.

CÉCOLOGiE FOrESTiÈrE

CirAD / OnF

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La touche d’une géographe

Peut-on traiter d’écologie forestière sans prendre en considération la relation de l’homme à la forêt ? « non, répond isabelle Tritsch, géographe à l’unité mixte de recherche Ecofog appartenant

au Cirad. il est intéressant d’apporter une dimension humaine à l’éventail des thématiques scientifiques de recherche ». C’est pourquoi cette doctorante vient enrichir l’unité avec un angle de recherche nouveau : les sciences sociales. « Je m’intéresse aux statuts d’aires protégées et à leur participation au développement durable de la région Guyane et de l’État de l’Amapa, voisin de la Guyane, au Brésil », poursuit-elle. Quelles influences les réserves naturelles, les parcs nationaux... ont-ils sur leur territoire ? Comment ces aires protégées peuvent-elles être vectrices de développement pour les communautés locales et pour la région ? Voilà les questions auxquelles isabelle devra répondre dans sa thèse de doctorat. Cette étude réalisée sous la direction de Bernard Thibaut et de richard Pasquis, est menée en partenariat avec le programme de doctorat en biodiversité tropicale de l’unifap(1) et de l’Embrapa(2). Elle contribue ainsi au renforcement de la coopération scientifique transfrontalière. (1) Unifap : Université fédérale de l’État de l’Amapa au Brésil. (2) Embrapa : Entreprise brésilienne de recherche agronomique.

Une collaboration durable

Entretien avec Pierre-Jean Morel, directeur régional Guyane de l’OnF.

En tant que gestionnaire des forêts publiques, l’Office national des forêts collabore avec le Cirad.Comment se traduit l’aide qu’il vous apporte ?

Ensemble, nous avons mis au point des méthodes de télédétection, des filtres sur les images Spot pour détec-ter des matières en suspension dans l’eau. Maintenant nous avons un observatoire qui permet de traiter les images satellites en continu. nous pouvons déterminer les surfaces dégradées et l’état de l’activité forestière. nous surveillons l’orpaillage en collaboration avec la gendarmerie. Grâce aux observations faites par le Cirad sur la coupe des arbres, nous savons à quel moment il nous est possible de les couper. Et nous avons étendu nos pratiques à toute la Guyane, ce qui correspond à 250 ha d’essais. nous pouvons désormais avoir une évaluation de toute la variabilité des écosystèmes. Beaucoup reste encore à faire, notamment sur l’évaluation du stockage du carbone par les forêts, sur la gestion des forêts, sur la biodiversité, sur l’impact du changement climatique…

Et on compte bien sur l’aide du Cirad et de toute la communauté scientifique en général pour nous y aider.

La formation est au cœur du mandat du Cirad. En Guyane, il forme étudiants, chercheurs et partenaires sur ses sites privilégiés.

Contact : [email protected] : [email protected]

SCiEnCES HuMAinESDes forêts et des hommes Depuis la nuit des temps, l’homme entretient des relations complexes voire contradictoires avec la forêt pour garantir son existence. Tantôt il défriche, tantôt il plante pour se nourrir, se vêtir, se loger, se soigner, avoir un revenu, tantôt il préserve son milieu, frappé par une soudaine prise de conscience. Mais au nom du développement durable, comment valoriser au mieux l’espace et les ressources naturelles du territoire guyanais ? Comment l’homme mobilise-t-il ses connaissances pour maintenir les services de la forêt ? Comment

en améliorer la gouver-nance ? Faut-il développer ou bien conserver ?Des questions tous azimuts auxquelles le nouveau projet de recherche « Développe-ment durable et gouvernance des territoires forestiers » va tenter de répondre. Son originalité ? Faire appel aux sciences humaines pour venir à la rescousse de l’agronomie. Les thèmes abordés concerneront la conception et le rôle des aires protégées, la gestion forestière, l’agriculture, l’urbanisation, l’aménagement du territoire ainsi que la question brûlante du foncier. « La nou-velle équipe Sciences humaines de l’uMr

Ecofog étudiera en priorité la situation actuelle, affirme richard Pasquis, responsable scientifique

du projet. Elle analysera les tendances des modes d’occu-

pation de l’espace et de gestion des ressources naturelles ainsi que

les politiques publiques qui les fa-vorisent ou les freinent. Elle essaiera de

comprendre l’attitude des acteurs, leurs projets, leurs stratégies et leurs alliances. » Pour ce faire, les scientifiques réaliseront des diagnostics territoriaux, des zonages à dires d’acteurs et des enquêtes. ils feront appel à des techniques telles que le système d’information géographique, l’analyse statistique, la modélisation, etc.

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ls sont dans le collimateur ! Les ruminants sont accusés de contri-buer à l’effet de serre notamment dans leurs émissions de méthane

qu’ils rejettent par leurs rots. En Guyane pourtant, l’implantation de pâturages fait partie des voies de développement agricole pour augmenter les productions bovines locales et répondre aux besoins liés à l’accroissement démographique à venir. Mais qui dit pâturage, dit défores-tation et réduction du stockage du carbone (C). Comment alors répondre à ce double défi d’instal-ler des élevages de rumi-nants en veillant à limi-ter les émissions de gaz à effet de serre ? « Les productions animales seraient responsables de 18 % de gaz à effet de serre d’après un rapport de la FAO. En tant que puits de carbone, le pâturage peuvent être réduits parce que le pâtu-rage constitue un puits de carbone qui compense une part des émissions », com-mente Vincent Blanfort, agroécologue des pâturages du Cirad. Car si la forêt amazonienne a un fort potentiel de piégeage du carbone - jusqu’à 300 tonnes par hectare en Guyane - on estime à près de 65 tonnes par hectare la quantité de carbone que les pâturages emmagasinent dans leur sol en zone tem-pérée. Et dans certaines conditions s’y rajoute chaque année une tonne de car-bone par hectare. Il est donc important de connaître en Guyane et plus généralement en Amazonie le devenir du carbone dans

le sol après transformation de la forêt en pâturage et de comprendre comment ces pâturages peuvent continuer à stocker du carbone dans leur sol.C’est chez des éleveurs guyanais dans des prairies issues de déforestation que cet agroécologue va mener ses recherches. Mesurer les quantités de CO2 dans l’at-mosphère grâce à deux tours à flux, équi-pées de capteurs, tel est l’objet de l’étude,

dans le cadre d’un pro-jet financé par les Fonds européen de développe-ment régional (Feder) et par le Cirad. « Si le flux observé est descen-dant, cela signifie que les plantes absorbent du CO2 par photosynthèse

et stockent du CO2, si le flux est ascendant, c’est que les plantes, le système herbager avec les bovins respirent et dégagent du CO2 », explique Vincent Blanfort. C’est par ce mécanisme que les pâturages sont capables d’accumuler du carbone dans le sol. En effet, l’humus produit par le cycle des végétaux contient près de 50 % de carbone. Autant de CO2 en moins dans l’atmosphère. Ces expérimentations permettront d’iden-tifier les dynamiques du carbone dans les prairies et de définir les pratiques de ges-tion permettant de compenser en partie les pertes en carbone occasionnées par leur mise en place au détriment de la forêt. Le projet à moyen terme apportera des ré-férences originales utilisables dans d’autres contextes amazoniens comme le Brésil. Et la presse ne pourra plus faire ses choux gras des rots et des flatulences des bovins.

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Contact : [email protected]

Contact café et palmier : [email protected] hévéa : [email protected] cacaoyer : [email protected] [email protected]

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Des capteurs mesureront bientôt les flux de carbone que stockent les pâturages.

BiODiVErSiTÉ

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Pendant longtemps, le commerce a tourné le dos aux variétés de plantes, graines, etc., moins standards pour les besoins d’un consommateur exigeant. Le danger ? Perdre la biodiversité et ne plus disposer de matériel végétal pour l’étudier à des fins de recherche. Heureusement, le Cirad a constitué des collections de plantes variées, précieuses et rares. Près de Sinnamary, il dispose d’une station de 42 hectares de collections et d’essais de cacaoyers, de caféiers, d’hévéas et de palmiers américains. Une collection unique au monde, constituée en 30 ans.

CAFéIER« nous disposons de la 2e collection de caféiers robusta en importance, après celle de Côte d’ivoire,

dit Bernard Perthuis, spécialiste du caféier et du palmier. Si un agriculteur veut planter des caféiers arabusta dans le cadre de production d’un café de niche, nous pouvons lui en fournir.

HévéAQuels sont les facteurs climatiques qui déclen-chent des épidémies chez l’hévéa ? Comment

se dissémine le champignon dévastateur de l’hévéa appelé Microcyclus ulei ? Les scien-tifiques savent désormais comment la maladie s’installe et progresse. En collaboration avec la société Michelin, le Cirad a sélectionné treize variétés d’hévéas qu’il diffuse à partir de la Guyane, en Amérique latine, en Afrique et en Asie pour y mener des essais.

CACAOyERLa Guyane regorge de plantes originales et idéales pour mener des recherches. Les cacaoyers

sauvages, débusqués en forêt ont été replan-tés et évalués pendant une dizaine d’années. Certaines variétés ont montré une très bonne production et une très bonne résistance aux maladies. Toutes ces qualités suscitent l’intérêt des généticiens. Ces recherches s’inscrivent dans un projet européen (Feder).

PALmIERPatawa, parépou, comou… Ces noms vous sont familiers ? Trouvé ! il est question en effet

de palmiers. Le Cirad héberge toute une collection de ces arbres dans ses exploitations expérimentales. Les fruits de ces espèces sont consommés localement. Objectif : conserver les variétés et distribuer les plants et graines pour les besoins de l’agriculture locale.

Une collection de végétaux rares et précieux

Les pâturages piègent le carbone

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Mouvements des flux de carbone dans un pâturage

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omplexes et peu connues, souvent vierges et pourtant fragiles, les forêts tro-picales humides de-mandent une atten-

tion toute particulière, notamment au regard des multiples biens et ser-vices qu’elles rendent aux pays et aux populations. Conserver la forêt n’est plus suffisant, il s’agit d’imaginer des formes de gestion qui permettent leur utilisation par les acteurs locaux tout en protégeant leur richesse ori-ginelle. L’intensification des relations politiques entre le Brésil, le Surinam, le Guyana et la France montre une volonté commune d’appréhender les enjeux environnementaux du plateau

des Guyanes. La recherche agronomique et le Cirad, grâce à leurs coopérations régionales occupent une place primordiale dans le débat. C’est dans ce contexte et à l’heure du changement climatique global que s’est tenue fin novembre à Cayenne, une conférence internatio-nale invitant plus de 170 chercheurs de 20 pays différents à partager leur résul-tats et à débattre de la gestion viable et durable des forêts tropicales humides. Les thèmes de la conférence ont abor-dé la richesse encore méconnue que constitue la forêt, la protection de cette biodiversité ainsi que l’utilisation de cet espace. Il a été mis en avant des

techniques d’exploi-tation sylvicole per- mettant d’augmenter la production en conservant la biodiver-sité. Les exploitations brésiliennes d’eucalyp-tus ont également fait

débat. Elles sont une solution à la de-mande croissante de bois mais posent question quant à leur durabilité. L’utili-sation multiple des forêts comme nou-velle forme de gestion a été proposée, mettant en valeur des produits non li-gneux comme les fruits, les graines et les services environnementaux. Dans cette même démarche holistique, un plaidoyer en faveur de la recherche transdisciplinaire à été entendu.

C Il s’agit d’imaginer des formes de gestion des forêts qui permettentleur utilisation par les acteurs locaux tout en protégeant leur richesse originelle.

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Concilier protection et exploitation de la forêt devient inévitable. une conférence internationale s’est tenue à Cayenne en novembre 2009, sur le thème de la gestion des forêts tropicales humides.

LES FORÊTS tropicales humides

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Si on limitait la coupe des arbres ?

MODÉLiSATiOn

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Croissance d’un arbre Quels sont les mécanismes de construction d’une plante, de sa ramification, de l’arrivée des fleurs, des fruits au cours de sa vie ? Quel est l’intérêt de la modélisation ?

Si on vous disait que les méthodes tradition-nelles de sylviculture génèrent près de 70 % de perte depuis l’abattage jusqu’à la sortie de la

scierie, vous répondriez qu’il y a barba-risme. Pourtant, en cumulant tous

les facteurs de perte liés à l’exploi-tation du bois, il n’est pas besoin d’être un sauvage pour faire autant de dégâts.

Face à ce constat, une étude sur les possibles réductions de

gaspillage a été réalisée sur une forêt pluviale de l’État de Paragomina, au

Brésil, avec la coopération du Cirad. L’équipe

de recherche, menée par le chercheur Plinio Sist, a travaillé sur l’évaluation de l’intérêt des coupes à impact réduit, notamment en termes de bilan carbone. En effet, toute la biomasse perdue lors de l’exploitation constitue autant de carbone qui sera libéré dans l’atmosphère, lors de la décomposition de la matière. La mesure de la dynamique forestière - vitesse de recons-titution de la biomasse après une exploitation sélective - s’est faite en tenant compte des effets de l’abattage comme les dommages causés et le taux de mortalité qui en dé-coule. résultat : « il faut réduire l’intensité de l’exploitation de six à trois arbres à l’hectare,

recommande Plinio Sist. Cela permettra entre autres d’avoir un cycle de régénération de la biomasse de quinze ans au lieu de trente ans. » Cet aspect non négligeable de voir l’écosys-tème redevenir un puits de carbone rapidement pourrait faire mouche chez les sociétés fores-tières. En effet, celles-là mêmes qui verraient leur chiffre d’affaires réduit par la diminution du rendement d’exploitation pourraient, par l’intermédiaire du réseau rEDD(1), se voir attri-buer le paiement de services environnementaux prévus par la Convention sur le changement climatique.

(1) REDD : Ressources pour le développement durable.

Contacts : [email protected] et [email protected] En savoir plus : http://intl.amjbot.org/cgi/content/abstract/89/7/1180 et http://www.amjbot.org/cgi/content/full/95/3/263

Contact : [email protected]

CHASSE Au GASPiLLAGE

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Le Cecropia, un indicateur temporel.Le Cecropia (ou bois canon) est une plante pionnière. En effet, il colonise les clairières dans les forêts tropicales humides. Pour pouvoir gérer une forêt, il est important de savoir quand a eu lieu cette trouée. Le Cecropia, qu’il est possible de dater, devient alors un véritable indicateur temporel.

Cecropia, quel âge as-tu ?Chaque étage de branches, différencié

par une couleur distincte, représente une année. La partie de la tige

ne comportant pas de branches se constitue en 5 ou 6 ans.

Ce Cecropia a environ 10 ans.

Population d’arbres d’âges différents. Chaque couleur correspond à un arbre. On peut ainsi calculer la capture de l’énergie du soleil et l’ombrage entre individus.

Il faut d’abord observer et décrire le végétal, par sa morphologie, par ses tiges et ses racines dans l’espace et dans le temps. Ensuite mesurer la longueur des tiges, la surface et le nombre de feuilles, le nombre de rameaux afin de modéliser la croissance et la ramification de la plante. C’est alors que l’on peut visualiser la plante en trois dimensions.

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L’architecture d’un arbre - son port, son feuillage, des branches longues ou pas, l’endroit où s’accrochent les fruits - a une incidence sur les rendements de l’arbre, sur son adaptation à l’environnement et au climat. C’est par un suivi de la croissance des arbres, grâce à des outils de modélisation, que le chercheur dessine les différentes étapes de leur édification. En Guyane, la tâche est ardue : la forêt est une véritable mosaïque tropicale. Ces outils permettent de déterminer notamment la maturité et la mortalité des arbres, d’observer les effets du climat sur la croissance ou encore de raccourcir ce temps d’expérimentation. une des applications pourrait être de mesurer avec plus de précision les flux de carbone, pour comprendre le rôle de la forêt tropicale dans les changements climatiques globaux. Contact : [email protected]

Exemple de modélisation sur le Cecropia appelé communément bois canon.

Quel intérêt sur le terrain ?Trouver la bonne distance entre les plantes pour une meilleure production de bois. Savoir à quel moment il faut apporter de l’eau ou des nutriments pour une meilleure nouaison ou maturation des fruits. Effectuer des calculs sur la captation de la lumière du soleil par les feuilles et estimer ainsi la photosynthèse et donc la production de biomasse. Anticiper les problèmes de compétition entre les plantes.

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FOrÊTS

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D’autres richesses à découvrir

Services et usages Les forêts tropicales fournissent des biens et rendent des services environnementaux à la planète entière. C’est pourquoi il est crucial de les étudier pour les gérer au mieux et préserver les multiples richesses dont elles regorgent.

raditionnellement, au moment d’exploiter une forêt, on se focalise sur le bois. Pourtant, il existe pléthore de produits non-ligneux

issus de la forêt, potentiellement exploi-tables. Parmi eux, le latex, les fruits où encore les graines utiles à la production de produits cosmétiques. Il y a aussi, l’écotourisme, les services environnementaux et l’agriculture, des pratiques qu’il faut penser en association avec l’exploitation du bois. Le tout par une gestion durable qui permette de conserver et mettre en valeur la biodiversité.L’utilisation multiple des forêts (Mfm), appli-quée en Europe depuis quelque temps déjà, peine encore à trouver sa place dans les pays du Sud. La raison ? « C’est l’importance des devises que représente la production du bois pour ces nations, commente Plinio Sist, l’un des pionniers de la gestion durable des fo-rêts tropicales. Les lois forestières non plus ne sont pas adaptées pour ces méthodes et l’absence d’initiative des élus dans ces pays a jusque-là fait l’effet d’un bâton dans une roue ». Pourtant le potentiel n’est pas négligeable : 40 % des essences pourraient être mises en valeur, alors que seulement trois ou quatre d’entre elles ont actuellement leur place sur le marché. Et de nombreux dérivés des produits

non-ligneux ont déjà été identifiés. D’un point de vue économique, la conversion de l’exploitation purement sylvicole à la Mfm oblige à passer à une exploitation dite à faible impact (Efi), réduisant la production de bois mais permettant de favoriser les autres appli-cations. L’Efi pourrait donner accès à la cer-tification Fsc qui conférerait une valeur plus grande aux essences. Mais pour cela, la for-mation de techniciens qualifiés et le partena-riat entre les différents acteurs est nécessaire. La tâche qui incombe désormais au projet Floagri financé par l’Europe et coordonné par Plinio Sist, est la mise en valeur d’essences et de produits non-ligneux exploitables, de techniques agricoles appropriées ainsi que de la construction d’outils et méthodes néces-saires à une gestion viable et durable.

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Comment la forêt se régénèreComment préserver la forêt tropicale tout

en lui donnant une valeur économique ? Quelle sylviculture est la plus adaptée ? Pour y répondre, une équipe de recherche mène depuis plus de vingt-cinq ans une étude sur la dynamique des peuplements fo-

restiers après exploitation. il s’agit notamment des essences de valeur, tels que le wacapou, ce bois couleur tabac brun apprécié en pièces massives et l’angé-lique au bois de cœur

couleur d’amarante. C’est à partir d’un comparatif entre deux sites, Paracou en Guyane et Mbaïki en Afrique centrale, que les chercheurs ont mesuré les effets des coupes et interventions humaines. Le dispositif guyanais est composé de douze parcelles

de neuf hectares chacune, soit environ 90 000 arbres répertoriés et choyés au cours de quinze campagnes d‘intervention. Sans compter l’inventaire floristique pour appréhender la biodiversité. Le protocole expérimental a suivi les méthodes traditionnelles d’exploitation mais avec différentes intensités. Des éclaircies ont aussi été réalisées dans la canopée par empoisonnement d’essences dépour-vues d’intérêt commercial où présentant des anoma-lies. Cela dans le but de favoriser la croissance des essences précieuses. Les résultats montrent que l’on dope la productivité lorsqu’on applique de tels traitements. La biomasse s’en trouve elle aussi accrue. une autre agréable surprise est l’augmentation de la densité du bois. Mais il y a tout de même une limite à ne pas dépasser, sans quoi la biodiversité s‘en trouve affectée et la durabilité de l’exploitation mise en péril.

Contact : [email protected]

» PORTRAIT Nadine Amusant, femme de défis

Montpellier. Novembre 2009.Assise dans l’avion, ses rejetons sur les genoux, Nadine Amusant retourne « au pays », en Guyane et pour quatre ans. Quelque 8 000 km plus loin, deux laboratoires l’attendent : celui des molécules en milieu amazonien et celui des sciences du bois à l’Umr Ecofog. « Je vais mener des recherches sur la résistance des bois aux attaques des champignons, d’insectes ou de mollusques », confie-t-elle, déterminée. En-fant, les insectes la passionnaient. Adolescente, mu-nie de son bac, elle part à Montpellier poursuivre ses études. Un master pro, un master 2, une thèse et une embauche au Cirad plus tard, cette Guyanaise éner-gique envisage en Guyane de présenter une habilitation à diriger des recherches. « Toujours plus haut » semble être la devise de cette femme de défis.

» TRAçABILITé Microbes espions des bois

Depuis le fin fond de la forêt amazonienne jusqu’à l’atelier du menuisier ou de l’architecte, les grumes de bois parcourent de longs kilomètres. Mais à l’arrivée, comment le professionnel peut-il être sûr de leur prove-nance ? Comment s’assurer qu’il s’agit bien de patawa par exemple et non de bambou ? Car les essences se res-semblent souvent comme deux gouttes d’eau et il n’est pas facile de les identifier. Pour en avoir le cœur net, la chercheuse Alba Zaremski a trouvé un procédé de traça-bilité innovant : analyser les champignons présents sur le bois, véritables espions pour remonter la piste jusqu’à l’origine du produit. Et ça marche. « C’est une méthode qui consiste à extraire l’ADN fongique », explique-t-elle. Ces méthodes ont déjà fait leurs preuves dans l’agroali-mentaire sur des produits comme le poisson ou les jus de fruits.

Chiffre-clés. Le marché des bois tropicaux ne représente que 10 % du marché mondial.. 80 % des bois tropicaux sont encore utilisés comme bois de chauffe.. La déforestation serait à l’origine de 20 % des émissions mondiales de ces gaz.. Près de 40 % des espèces de bois produi-sent d’autres produits que des ligneux.Contact : [email protected]

» PAPIER, CHARBON, CARBONE... Le défi des eucalyptus

Dans un contexte où la demande en bois ne cesse de croître, l’eu-calyptus est un candidat de choix. Très rentable sur des sols altérés, il pousse en six ans. Aussi, malgré de nombreuses critiques quant à sa consommation d’eau et à son exploitation en monoculture, l’eucalyptus alimente le marché du papier. Il permet en outre, par la production de charbon à partir des résidus, de soulager les forêts naturelles de l’exploitation prédatrice. Mais est-il viable à long terme ? Une étude est menée paral-lèlement au Brésil et au Congo grâce à un partenariat entre le Cirad, l’Inra et les universités de São Paulo, de Caroline du Nord et de Nancy. « Avec plus de quatre millions d’hec-tares de plantations au Brésil, l’enjeu est de taille », affirme Yann Nouvellon, un des piliers du groupe de recherche. Les chercheurs surveillent l’humidité des sols, la croissance des arbres, l’évapotranspiration ou encore l’évolution des stocks de carbone dans les sols et la biomasse.

les brèves

ExPLOiTATiOn

«Fleurs, fruits, graines,... la forêt a d’autres atouts exploitables.

Contact : [email protected]

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ÉTAT DES LiEux

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Calculer le taux de carbone, une règle simple. Quelle quantité de carbone les forêts de mon pays sont-elles capables de stocker ? C’est à cette question épineuse que les pays du monde entier devront être capables de répondre bientôt. Les émanations de carbone liées à l’activité humaine ne cessent de croître entraînant un effet de serre et une modifi-cation du climat. Et l’on sait que les forêts peuvent atténuer ce mécanisme puisqu’elles piègent du carbone. Mais comment calculer cette quantité de carbone ? « C’est simple, lance Lilian Blanc, écologue forestier au Cirad, appartenant à l’uMr Ecofog et responsable scientifique du projet Guyafor(1). D’abord il faut calculer la biomasse d’un arbre. Pour cela, on utilise un modèle qui, à partir de la circon-férence de l’arbre, de sa taille et de la densité de son bois, donne le poids de l’arbre. il suffit de diviser par deux ce nombre et on obtient la quantité de carbone d’un arbre. » D’où l’intérêt d’avoir des parcelles d’étude avec des mesures sur tous les arbres pour connaître la valeur carbone d’une forêt.

Enfin une valeur carbone de la forêt

de Guyane. C’est sur son vaste domaine expérimental de Paracou, sur le site du Centre spatial guyanais à Kourou, que le Cirad mesure ses arbres depuis plus de 25 ans. Des données considérables et rares y ont été collectées. « La forêt de Paracou stocke près de 200 tonnes de carbone par hectare dans les parties aé-riennes des arbres », dit-il. Grâce à un modèle mathématique, l’équipe travaille désormais à l’extrapolation des données du dispositif de Paracou et d’autres dispositifs permanents sur l’ensemble de la Guyane. A l’issue de l’étude, qui va se poursuivre encore pendant deux ans, dans le cadre du projet Guyafor et en partena-riat avec l’OnF, le Cirad sera capable d’estimer précisément la quantité de carbone des forêts guyanaises. une donnée cruciale étant donné les enjeux financiers internationaux en cours de négociation et dont les décisions ont été prises à la conférence de Copenhague en décembre 2009. S’ensuivent des collaborations avec

la Guadeloupe, le Suriname, le Guyana et l’État de l’Amapa du Brésil, limitrophe de la Guyane.

(1) Guyafor : réseau pour un suivi des écosystèmes forestiers guyanais.

Combien la forêt de Guyane stocke-t-elle ?

La mesure précise des arbres est indispensable pour calculer leur potentiel de stockage de carbone.

L’Amazonie est le poumon vert de la planète !

LE SAVIEZ-VOUS ?

Faux. Nous ne devons strictement rien à la forêt concernant l’oxygène que nous respirons. En effet, une forêt consomme du CO2 pour grandir. Mais elle rejette la même quantité de CO2 en respirant et en se dégradant comme par exemple lorsqu’un arbre meurt et se décompose. Le système forestier est donc à l’équilibre. Le bilan CO2/ O2 est nul. Mais il arrive qu’une forêt consomme plus de carbone qu’elle n’en rejette. Cela signifie qu’elle est jeune et se trouve dans sa phase de croissance. Si la forêt consomme moins de carbone qu’elle n’en rejette, alors il s’agit d’une forêt vieillissante.

Carbone Dans deux ans, le Cirad sera capable d’estimer la quantité de carbone que stockent les forêts de Guyane. Cette donnée pourrait avoir des retombées financières importantes pour la région.

Ce carbone qui donne des ailes

Août 2009. Vous êtes dans la forêt amazonienne, en Guyane, en expédition avec vos amis. Soudain, un bruit de moteur vous interpelle. Pas d’affolement. il s’agit d’un avion Falcon, équipé d’un système (Sethi) de mesures aéroportées par radar en bande P. Ce qu’il fait là ? il mesure la biomasse de la forêt tropicale pendant trois semaines. Si cette tâche s’avère

ardue à partir du sol en raison de la structure complexe des forêts tropicales à forte biomasse, supérieure à 300 tonnes par hectare, elle est plus simple depuis les airs. Et c’est tout l’objet du projet Tropisar(1). il faut en effet que les pays de la ceinture tropicale soient capables d’estimer au plus près la quantité de carbone que séquestrent leurs massifs, ainsi que celle émise lors des déforestations, en accord avec la convention Climat de l’Onu. Quand le carbone donne des ailes...

(1) Le projet Tropisar est porté par l’Onera et deux laboratoires de Toulouse Cesbio et Edb, avec l’appui de l’Umr Ecofog (Cirad), du CNES et de l’Us Espace de l’Ird.

Contact : [email protected]

PrOJET TrOPiSAr

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La France détient 24 millions d’hectares de forêt. Huit millions se trouvent en Guyane. Mais la forêt tropicale stocke une quantité plus importante de carbone que la fo-rêt métropolitaine. Ainsi, la quantité de carbone stocké en Guyane pourrait correspondre à 40 % du stock global français.

Trop forte la forêt tropicale

CrOiSSAnCE D’unE PLAnTE

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CArBOnE

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TrÉSOrS DE BOiS POur L’HABiTAT

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LES FOrÊTS

«SErViCES ET uSAGES

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Trésors de bois pour l’habitat unique en Europe, la forêt tropicale de Guyane recèle des trésors. ici, le bois est le matériau le plus utilisé dans la construction. Par son appui scientifique et technique le Cirad stimule la filière.

LA MAiSOn DE LA FOrÊT ET DES BOiS DE GuyAnE

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1 000 m2 au service des professionnels du bois

Contact : [email protected]

vec 96 % du territoire recouvert de forêt, la Guyane fait figure d’excep-tion. Mais l’exploitation de son bois – 65 000 m3 de grumes récoltées

par an – peine à décoller. L’activité demeure en-core insuffisante pour satisfaire le marché local du bâtiment. Pourtant dotée de plus de 200 entreprises, la région emploie 750 personnes dans la filière bois et génère un chiffre d’affaires de près de 37 millions d’euros. Pour inverser la tendance, une solution a été trouvée : créer une structure capable d’apporter un appui et une expertise techniques aux acteurs de la filière et de favori-ser une formation suffisante aux professionnels

AExploitation du bois en Guyane : peut mieux faire.

Cette maison va apporter un soutien constant aux entreprises

Contact : [email protected]

LABOrATOirE

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Des bois à la loupe Un appareil de mesure par-ci, un micros-

cope par-là, une xylothèque faite d’étagères chargées d’une multitude de planches de bois, bienvenue au laboratoire des sciences du bois. Son rôle : caractériser les bois et les valoriser dans l’habitat et le génie civil. « nous étudions différentes échelles de constitution des bois, leur biodégradation par les termites et cham-pignons lignivores ainsi que leurs propriétés physiques et mécaniques », confie Jacques Beauchêne, le directeur, Situé dans la zone industrielle de Pariacabo à Kourou, le labora-toire va développer un volet bioénergies afin de contribuer à l’évolution des pratiques environnementales durables utilisant le potentiel des bioénergies dans la région. Les recherches concernent la mobilisation de combustibles, la génération d’électricité décentralisée et la production de biocarbu-rants. il a le souci de minimiser l’impact sur le milieu naturel et de participer à l’émergence d’une filière bioénergétique créatrice d’activité économique. il réalise des travaux sur les essences locales et sur les sous-produits de la filière bois pour une gestion durable des forêts tropicales.

LA PArOLE à

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Michel VernayIngénieur bois construction, spécialiste en classement et utilisation des bois

« On a ici des bois aux propriétés très variées »

du secteur. Baptisée Maison de la forêt et des bois de Guyane (Mfbg), elle sera structurée en trois pôles : un pôle Appui technique et innova-tion pour accompagner les entreprises, un pôle Information et promotion comprenant une bi-bliothèque, une xylothèque(1), une salle d’expo-sition et enfin un pôle d’évaluation technique, animé par un technicien hébergé au Cirad où il réalisera ses essais. « Cette maison va appor-ter un soutien constant aux entreprises et or-ganismes domiciliés en Guyane, aux donneurs d’ordres privés et publics et au grand public, affirme Isabelle Bonjour, chargée de mission filière bois et coordinatrice de la structure. Elle permettra une meilleure mise à profit de l’in-novation technique et le développement de la filière. » Ce projet sera porté par la CCIG(2) pen-dant les trois premières années de son existence et devrait être transféré à Interprobois Guyane. Son suivi sera assuré par un comité de pilo-

tage composé du Préfet, du président du CCIG et du président d’Interprobois Guyane. D’une superficie de 1 000 m2, cette structure dont la construction a démarré en janvier 2010, sera implan-tée au pôle universitaire guyanais à Ca-yenne, à proximité de l’Umr Ecofog et de

la future pépinière de Guyane, Technopole. Elle devrait être opérationnelle en janvier 2011.(1) Xylothèque : bibliothèque présentant toutes sortes d’échantillons de bois.(2) Ccig : Chambre de commerce et d’industrie de la Guyane.

Quand on pense aux bois de Guyane, on pense à des bois de grande qualité. Est-ce le cas ?

Oui, bien sûr. Les bois issus des forêts tropicales d’Amérique du Sud sont en général plus denses qu’en Afrique et pré-sentent surtout une palette de couleurs très variée. Le mot qualité évoque pour moi la diversité biologique mais aussi la diversité technologique. On a ici des bois aux propriétés très variées, aussi bien des propriétés physiques telles que la couleur et la densité, des propriétés mécaniques c’est-à-dire d’une grande solidité et en-fin des aptitudes de résistance naturelle importantes vis-à-vis des insectes et des

champignons de pourriture.

Vous parliez de la grande diversité biologique…

Oui, en effet. La forêt guyanaise com-porte plus de 1 200 espèces ligneuses.

il n’y a pas d’essence dominante. Sur 400 espèces forestières de grands arbres, seule une trentaine d’espèces sont exploi-

tées, transformées et commercialisées ré-gulièrement.

Environ 10 000 à 12 000 hectares sont mis en exploitation chaque année. Le temps de rotation des parcelles est de l’ordre de 65 ans. Et la récolte ne dépasse pas 5 à 6 m3 par hectare, une quantité faible qui permet de préserver la biodiversité et de conserver le patrimoine forestier dans son état originel.

Quelles sont ces essences ? L’angélique est l’essence phare de

Guyane. Elle présente en effet, tous les avantages : ce bois est beau, il est solide et il résiste bien aux attaques. C’est la première essence exploitée avec 40 % du

volume. Ensuite, vient le gonfolo dont la promotion est récente. Moins esthétique parce qu’il présente des défauts fréquents d’aspect, il est tout aussi intéressant pour ses propriétés mécaniques et de solidité.

il représente 20 % du volume exploité. Ensuite, on passe à des essences destinées à la menuiserie, l’ébénisterie et l’agen-cement intérieur comme l’amarante, le grignon franc, le saint-martin rouge, le wacapou, le courbaril, etc. Les autres es-sences, moins fréquentes, occupent des niches d’utilisation bien précises.

On y trouve des bois utilisés en déco-ration, pour le tournage, la sculpture comme le bois serpent, le moutouchi et l’ébène verte.

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Contact : [email protected] En savoir plus : lire l’ouvrage Utilisation des bois de Guyane pour la construction : http://www.cirad.fr/actualites/toutes-les-actualites/articles/2010/ca-vient-de-sortir/utilisation-des-bois-de-guyane-pour-la-construction

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Brésil / GuyaneCoopération. Avec une recherche scientifique à haute valeur ajou-tée, le Cirad poursuit son action au Brésil. Objectif : contribuer au développement social et économique tout en préservant les forêts.

EnTrETiEn AVEC BErnArD MALLET

«

B ernard Mallet, vous êtes directeur

régional du Cirad au Brésil, quel

bilan tirez-vous de votre collabora-

tion avec les institutions et parte-

naires du Brésil ?

Ces dernières années, le Cirad et l’Inra ont conforté les partenariats avec le Brésil. Il y a eu la création du Consortium international sur la biologie avancée, le renouvellement des accords avec l’Embrapa(1) et maintenant la mise en œuvre de l’accord franco-brési-lien sur le développement durable du biome amazonien. Vous savez, le Brésil est un poids lourd mondial en matière agricole. Il a à la fois une agriculture entrepreneuriale en partie tournée vers l’exportation et une importante agriculture familiale. C’est aussi un pays majeur en termes d’enjeux environ-nementaux, avec en particulier l’immense forêt amazonienne. C’est enfin un pays qui acquiert une dimension politique et parte-nariale à l’international avec lequel la France a fortement renforcé ses relations.C’est pourquoi le Cirad comme l’Inra s’ins-crivent dans cette logique partenariale.

Quelles sont les grandes priorités du Cirad

avec le Brésil pour les trois années à venir ?

Deux dispositifs prioritaires sont actuel-lement identifiés : le Consortium interna-tional sur la biologie avancée avec des par-tenaires africains et le réseau partenarial amazonien sur la gestion durable des res-sources amazoniennes notamment. Notons aussi les enjeux du développement d’une foresterie pour la production de bioénergie mais aussi d’un développement territorial qui contribue au renforcement de l’agricul-

Des relations privilégiées à développer

Le Cirad entend coopérer avec les Etats amazoniens du Brésil et de la Guyane pour mieux protéger la forêt.

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ture familiale. L’Embrapa est un partenaire majeur du Cirad et de l’Inra, avec lequel les chercheurs du Cirad travaillent dans diffé-rents sites et sur différentes spéculations comme la forêt, l’élevage ou le café. Le Cirad mène également des partenariats fructueux avec les universités fédérales et étatiques ainsi qu’avec divers partenaires de la société civile et des entreprises. En outre, nous sou-haitons renforcer la relation avec les autres pays moins avancés, en Amérique latine et en Afrique. Il est important que les recher-ches que nous menons conjointement avec le Brésil puissent bénéficier aux pays en développement des régions tropicales, en particulier dans le cadre des relations entre organismes de recherche brésiliens, orga-nismes de recherche africains et Cirad.

Qu’en est-il de la relation

entre le Brésil et la Guyane ?

Comme cela a été précisé dans l’accord fran-co-brésilien sur le développement durable du biome amazonien, des relations privi-légiées seront à développer entre les États amazoniens du Brésil et la Guyane, afin que les forêts de ces régions puissent à la fois être mieux protégées et contribuer de façon plus notable à leur développement social et éco-nomique. Avec les relations renforcées exis-tant entre le Cirad et l’Inra, avec la création d’Agreenium2, un des objectifs sera égale-ment de conforter et de mettre en cohérence l’offre de recherche et de formation française dans le domaine agronomique.(1) Embrapa : Centre de recherche agronomique brésilien

(Empresa brasileira de pesquisa agropecuária).

(2) Agreenium : Consortium national pour l’agriculture, l’alimentation,

la santé animale et l’environnement.

rECHErCHE AGrOnOMiQuE

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L’Embrapa en actionL’Embrapa, centre de recherche agronomique

du Brésil, contribue activement au développe-ment agricole du pays. Dans l’État de l’Amapa, au nord du Brésil, l’Embrapa envisage des collaborations avec son département français voisin, la Guyane. rencontre avec Silas Mochiutti, directeur régional de l’Embrapa dans en Amapa.

Comment l’Embrapa peut-il y contribuer au développement agricole de l’Amapa ?

Chez nous, dans l’État de l’Amapa, nous nous focalisons sur la sécurité alimentaire et l’appro-visionnement des marchés locaux. Produire pour exporter n’est pas une priorité. à l’Embrapa, nous travaillons sur la gestion du palmier açai mais aussi sur son amélioration génétique et sur la post-collecte des fruits. nous pensons aussi mener des recherches sur les palmiers muru-muru et inaja ou encore buriti et andiroba pour le biodiesel. Ceci pour les communautés isolées et dans une perspective d’une autonomie énergétique.

Comment renforcer les partenariats scienti-fiques, entre l’État de l’Amapa et la Guyane ?

nous collaborons avec les filières productives de la « sociodiversité » qui ont été définies dans le cadre de la politique nationale. Ce sont les produits fournis par les communautés traditionnelles. Dix filières ont été sélectionnées.

Contact : [email protected] Plus d’infos sur : http://www.cpafap.embrapa.br/embrapa/

Palmiers açai.

Le but est de les sortir de l’informalité et de créer de la valeur ajoutée en Amazonie. nous avons donc intérêt à savoir quels produits existent déjà en Guyane. D’autre part, il faut que nous réfléchissions à l’impact du commerce qui va s’établir entre les deux régions et comment la demande de la Guyane va se traduire dans l’État de l’Amapa en termes d’utilisation du sol et de production. Enfin, nous souhaiterions collaborer sur les services environnementaux, notamment le carbone et la biodiversité, mais aussi sur leur quantification et leur valorisation.

L’Embrapa s’est beaucoup intéressé à la grande agriculture. Depuis Lula, il y a une volonté de s’intéresser à l’agriculture familiale. Comment collaborer avec le Cirad dans ce domaine ?

Chez nous, l’agriculture se caractérise par l’agriculture familiale en effet et par consé-quent, les actions de l’Embrapa se concentrent sur cela. il y a beaucoup de projets de colonisation et très peu de grandes propriétés. nous travaillons beaucoup au travers d’écoles et d’associations de parents pour former les jeunes en faisant du transfert de technologie. En Amapa, il n’y a pas de lycée technique agricole. il apporte par exemple des cultivars de bananes, de haricots, etc. La coopération avec le Cirad peut donc se faire autour de ces thèmes.

Propos recueillis par Isabelle Tritsch.

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De quelles fleurs s’agit-il ?Réponse : Fleurs de cacaoyer sauvage.La fleur de cacaoyer est inodore, blanche ou jaune rosé. Elle est très jolie, mais toute petite. Elle mesure à peine un centimètre et vit un à deux jours. Elle est pollinisée par des insectes qui sont, eux aussi, très petits. Le cacaoyer produit plusieurs milliers de fleurs par an ! La fleur génère une quarantaine de graines qui sont contenues, dans un fruit : la cabosse. Mais la plupart des fleurs sèchent et meurent. Seules 1 % environ, deviendront des cabosses.

DIRECTRICE DE LA PUBLICATION : Anne Hébert - RéDACTRICE EN CHEF : Marie Adell - RéDACTEURS : Johan rey et isabelle Tritch

ONT COLLABORé À CE NUméRO : richard Pasquis et Élodie Tribes. CRéATION GRAPHIQUE : NovaTerra / Delphine Bonnet et Denis

Delebecque - mAQUETTE : Delphine Bonnet - ImPRESSION : imp’act

ADRESSE : Direction régionale de la Guyane. Cirad- Villa de direction campus agronomique de Kourou. Avenue de France - BP 701

97387 Kourou. Tél : +55 61 33 22 25 50 - Fax : +55 61 33 22 84 73. E-mail : [email protected]

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