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Dossier DOSSIER [ [ [ NRP Février 2015, n°25 NRP Juin 2017, n°37 [ Droit « LA PEINTURE ALGERIENNE, entre passé et présent » Culture/Médias Économie Société L’art, exutoire de la jeune génération en Algérie Coralie Mensa Le monde en 2030 et en 2050 : développement durable et mobilité électrique Chems Eddine Chitout La police à l’assaut du web cybercriminalité la police traque les criminels Conférence sur le lectorat : entre les moyens traditionnels et modernes : Une bibliothèque dans chaque commune Soufia Ouahib Hamza Hichem

NRP Juin n°37 · 2017-07-04 · Editorial 3 NRP, Juin 2017, n°37 Leïla TENNCI L’histoire de l’art pictural en Algérie, dans ses diffé-rentes évolutions reste encore à écrire

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Page 1: NRP Juin n°37 · 2017-07-04 · Editorial 3 NRP, Juin 2017, n°37 Leïla TENNCI L’histoire de l’art pictural en Algérie, dans ses diffé-rentes évolutions reste encore à écrire

DossierDOSSIER

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NRP Février 2015, n°25NRP Juin 2017, n°37

[

Droit

« LA PEINTURE ALGERIENNE,

entre passé et présent »

Culture/Médias

 

Économie

SociétéL’art, exutoire de la jeune génération en Algérie

Coralie Mensa

Le monde en 2030 et en 2050 :

développement durable et mobilité électriqueChems Eddine Chitout

La police à l’assaut du web cybercriminalité la police traque lescriminels

Conférence sur le lectorat : entre les moyens traditionnels

et modernes : Une bibliothèque dans chaque commune

Soufia Ouahib

Hamza Hichem

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Sommaire

La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines d’Alger.

[Attestation du ministère de l’information: A1 23, 7 février 1977]

Revue bimensuelle réalisée en collaboration avec le :

Ont collaboré à ce numéroRyad CHIKHI, Bernard JANICOT, Leila TENNCI, Ghalem DOUAR, Omar AOUAB

Halima SOUSSI, Sid Ahmed ABED, Amine BAGHDADI, Laid Nasro OUENZAR, Sofiane BELKACEM

CENTRE DE DOCUMENTATION ECONOMIQUE ET SOCIALE

3, rue Kadiri Sid Ahmed, Oran • Tel: +213 41 40 85 83 •Site web: www.cdesoran.org / Facebook : Cdes Oran

Le FMI insiste sur l’assainissement des finances publiques, LyesM,P.13

Classée à la 83ème place mondiale , le PNUD félicite l’Algérie, AliTIRICHINE,P.13

Droit

La police à l’assaut du web cybercriminalité la police traqueles criminels, Soufia Ouahib,p.14

Le conseil constitutionnel proclame les résultats définitifs deslégislatives, Mourad Arbani, p.15

Culture/Médias

Conférence sur le lectorat : entre les moyens traditionnels etmodernes : Une bibliothèque dans chaque commune, HamzaHichem,p16

Journée internationale de la Presse : Les journaux algériensmenacés de disparition,Tahar Khellaf,p16

In Mémoriam

Mohamed Talbi, penseur universaliste pour un Islam deslumières, Leïla Slimani,P.17

Évenements

Bibliographie

Dossier

« LA PEINTURE ALGERIENNE, entre passé et présent »

HISTOIRE DE LA PEINTURE EN ALGERIE : CONTINUUM ETRUPTURES,ANISSA BOUAYED, p.4-5

RACHID TALBI, ARTISTE-PEINTRE REALISTE ET IMPRESSION-NISTE, MEHDI BSIKRI, p.5-6

Représentation de la guerre d’Algérie à travers la peinture,

l’œuvre d’art comme matériau historique, Karima Direche Slimani,p.6-7

Les peintres algériens, la génération du moment moderne ,p.7-8

Skikda, une petite ville sublimée par les toiles de maîtres,Latifa Abada, p.8-9

Face à l’austérité, la grogne sociale monte en Algérie, AmineKadi,p.9

[email protected]

N° 37, Juin 2017

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NRP, Juin 2017, n°37

Société

L’art, exutoire de la jeune génération en Algérie, CoralieMensa,p.10

L’art en Algérie, luxe ou nécessité ? Ali Akika, p.11

Économie

Le monde en 2030 et en 2050 : développement durable etmobilité électrique, Chems Eddine Chitout,p.12

Avis de naissance :le cdes a le plaisir de vous informer de la parution du N° 1 de la NRP en Arabe

Page 3: NRP Juin n°37 · 2017-07-04 · Editorial 3 NRP, Juin 2017, n°37 Leïla TENNCI L’histoire de l’art pictural en Algérie, dans ses diffé-rentes évolutions reste encore à écrire

Editorial

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NRP, Juin 2017, n°37

Leïla TENNCI

L’histoire de l’art pictural en Algérie, dans ses diffé-rentes évolutions reste encore à écrire. Entre ses in-fluences occidentales, orientalistes ou arabo-musul-

manes, elle essaye d’avoir sa place. La peinture coloniale d’après le centenaire de la colonisa-tion est introduite de l’extérieur. Elle ne se consomme que dans cet univers loin de tout re-gard indigène. Cependant l’éveil nationaliste face à différents évènements va engendrerl’esprit de la miniature. Une nouvelle tendance algérienne, une peinture de la résistance, unepeinture des racines, un moyen de faire exister son identité. La guerre de libération et l’indé-pendance de l’Algérie donneront naissance à un art pictural national dans un style synthéti-que. Se forgeant à différents contacts : avec l’école des beaux-arts d’Alger, les pensionnairesde la villa Abdelatif, l’école de Barcelone ou encore de Paris, il s’exprime de manière trèsdiversifiée, tantôt européenne, ou bien arabo-musulmane ou encore venant du terroir ber-bère. Grâce à cette diversité bouillonnante, une polyphonie de styles s’affirme : la miniature,Aouchem, la peinture UNAP…Les années 80 verront le besoin d’une expression libre et plu-rielle. Les artistes réclament plus de reconnaissance. Ils partent la chercher au-delà des fron-tières. Si on continue la déambulation à travers ce passé pictural, on remarquera que petit àpetit la lumière des tableaux des années 1990 va disparaitre avec les assassinats d’artistespeintres. La folie intégriste transforme la lumière picturale en sang. Des artistes s’engagent àpeindre les cris innocents des égorgés, des dilapidés. Une lumière qui tape à l’œil du mondeentier pour signifier que l’Algérie allait sortir de son chaos sanglant. Certains peintres se sontvus vivre deux guerres : une contre le colonialisme français et une deuxième guerre fratricideà laquelle ils ne comprenaient plus rien. Double traumatisme dirait les psychanalystes. Maisl’espace qui aurait du disparaitre s’est agrandi. Paradoxalement la violence a uni les person-nes. La lumière qui semblait sombre, tachée de sang, devenait petit à petit timide, fragilemais souriante. Elle réclamait son espace, sa toile, devenait exigeante avec son peintre. Cedernier savait que cet espace pourrait disparaitre d’un moment à l’autre, il suffisait d’uneballe, d’une bombe ou tout simplement d’une allumette. Mais l’artiste ne se lassait plus decreuser les pommettes des jeunes filles qui ont été assassinées, résistaient à leur bourreau,favorisant ainsi le polissage d’un nez, inaugurant le rebondi pour ainsi charger les lèvres afind’afficher le sourire. Une véritable grammaire picturale impose son existence. Le corps rede-vient l’un des objets principaux de la peinture après qu’il a été blâmé par l’interdit intégriste.Le visage aussi, comme signe de liberté, répond aux contradictions et au malaise. De l’espacede la toile à l’espace du musée, le peintre déambule. Le public est là. Il répond à ses invita-tions. Il le critique. Le public aussi a payé très cher ses sorties mondaines. Aujourd’hui, il n’aplus peur. Il ressent de nouveau ses coups de cœur esthétiques sans oublier bien sûr. La mé-moire reste vive. Le public est contraint de relever la tête car les toiles sont de plus en plusgrandes, de plus en plus belles. Le peintre algérien nous oblige à nous surélever des faiblessesde la chose humaine. Après que les peintures soient les cendres de leurs arts, aujourd’hui ellessont devenues les battements d’un cœur, celui du peintre qui ne vit que de cela et très souventpour cela, qui ne respire que l’odeur de sa peinture, qui réclame la lumière de ses couleurs.Essoufflé, il arrive à chaque fois, même en retard, pour entendre le verdict solennel qu’il doitfranchir le seuil du monde. De l’autre côté, on l’attend, on l’applaudi. Des larmes chaudescoulent sur les joues de ses proches. On est fière de lui. On est fière du peintre algérien !!!

« LA PEINTURE ALGERIENNE,

entre passé et présent »

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DOSSIER

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ANISSA BOUAYED

HISTOIRE DE LA PEINTURE EN ALGERIE :CONTINUUM ET RUPTURES

…Les premiers peintres ont émergé aucontact de la ville coloniale. Alger, mieuxdotée en institutions, voit émerger, plu-sieurs générations de peintres, Mammeriet les frères Racim, Boukerche etBensemane. D’autres foyers culturelscomme Constantine, Oran et Tlemcendonnent naissance à des artistes telsHemche, Guermaz ou Yelles. L’itinérairedu miniaturiste Racim/ fait ressortir lerôle joué par son milieu d’origine, la Cas-bah d’Alger, et la lignée d’artistes dont ilest issu. Azouaou Mammeri se révélapeintre dans la « capitale artistique ». Ilest le premier Algérien à s’inven-ter peintre de chevalet et à expo-ser en 1917, dans une expositioncollective à Paris...MohammedRacim fut découvert dans son jeuneâge à l’école élémentaire deRampe Valée, quartier de la Casbahd’Alger, par Prosper Ricard, alorsrattaché à la promotion des artsindigènes, qui remarque le jeuneRacim et obtient qu’il soit placéen 1910 au cabinet de dessin de laDirection de l’artisanat…Racim ad’autres lieux à traverser pourexister…La rencontre avec le pein-tre Dinet en 1914 a été décisive.Par son truchement, Racim passedu rôle de dessinateur d’arts appli-qués au statut d’artiste…Cette sor-tie des moules préconçus a été fa-cilitée par l’action de Dinet lui-même. Sa conversion à l’Islamen 1913 condense tout son chemi-nement spirituel et culturel. Dinetcomplète la formation de Racim etl’associe à son projet de livresur Mahomet…C’est à GeorgesMarçais, qu’il revient de continuerà pousser Racim dans une voie quilie la tradition arabo-musulmaneaux canons esthétiquesoccidentaux.Il y a donc l’invention d’unnouveau mode de représentation, la mi-niature algérienne…Dès 1919, GeorgesMarçais lui propose d’introduire la pers-pective dans la miniature. Racim s’imposeavant d’être reconnu par le Grand prixartistique de l’Algérie décerné en 1933.Le second Algérien à recevoir cette ré-compense sera Mammeri, qui la recevraà titre posthume en 1955. Mammeri notedans ses Mémoires ce qu’il doit au pein-tre Léon Carré…Le seul peintre à avoirrefusé l’ordre colonial fut OmarRacim…Il fonde une école dans la Cas-bah, où l’art traditionnel occupe toute laformation. Une véritable école algériennede calligraphie et d’enluminure du coranvoit ainsi le jour.Dans les années 1930, de

nombreux jeunes fréquentent l’écoled’Omar Racim…Mohamed Temmam,Mostefa Debagh, BoutalebMahieddine,Ali-Khodja…L’art est considéré commeun vecteur de résistance à lacolonisation…Quand Mohamed Racimarrive à s’imposer comme professeur, onne fait pas de place à son art considérécomme art décoratif…Certains arriventà pénétrer la formation académique.Temmam ou Yelles à la f in des an-nées 1930, puis quelques autres, Louaïl,Issiakhem, Mesli à Alger après 1945,

Guermaz, Benanteur à Oran…Mesli,Issiakhem, Khadda, Louaïl, Benanteur,Baya, sont de la même génération queKateb Yacine.Si Baya est une autodi-dacte, créant dans la spontanéité, lesautres passent par les Beaux Arts à Al-ger ou à Oran. Ils y reçoivent l’enseigne-ment de Marius de Buzon, de Bersier, deMohammed Racim. …À Alger, un petitgroupe de jeunes artistes se crée, adop-tant le quartier de la Marine. Les deuxaînés, Jean Sénac, peintre, et SauveurGalliero, poète, en sont les figures deproue. Mustapha Kateb, y est aussi. Legroupe 51 intègre ces personnages. Ilsse réunissent dans le café d’Ouzegane àLa Marsa. On y trouve les cousins Kateb,Sénac, Galliero, Mesli, Tiffou, Laïl,

Issiakhem, Cardona…Ils se lientavec Jean de Maisonseul. Passeur,poète et artiste lui-même, il conti-nua à vouloir une Algérie frater-nelle, ce qui le f it participer avecCamus au groupe des libéraux. Sonami, Edmond Charlot, expose lesjeunes artistes dans la librairie, LesVraies Richesses, rue Charras et plustard à la galerie Rivages. Galliero etSénac prêtent la main à ce travailde défricheur. La première exposi-tion personnelle de Mesli y fut or-ganisée en 1953.Malgré ces pointsd’appui, les principaux talents de

cette génération s’exilentà Paris au début des an-nées 1950. Mesli est reçu,tout comme l’a étéIssiakhem, à l’Ecole natio-nale supérieure des BeauxArts de Paris. Benanteur etKhadda suivent les cours del’Académie de la GrandeChaumière et commen-cent progressivement à ex-poser. Khadda, tout commeMesli et Issiakhem, s’enga-gent dansl’action…Issiakhem estdans l’eff icacité quand ilfaut participer à la campa-gne pour sauver DjamilaBouhired, en dessinant sonportrait…Dans un style ex-pressionniste, il peint Lacave, ouencore Algérie 1960. Le ta-bleau préfigure La Veuve.Chez Mesli, dans Algérie enflammes, l’impact de laguerre est patent.Inspirépar Bazaine ou Bissière,Khadda…peint plusieursœuvres. Ses

toiles Hommage à MauriceAudin ou Dahra évoquent les pré-occupations de l’artiste…En 1962,Jean de Maisonseul prit la respon-sabilité d’obtenir que l’Algérie in-dépendante conserve les fonds duMusée National des Beaux Arts. Cescollections…restaient une basepour la formation des étudiants desBeaux Arts. La politique d’achat deJean de Maisonseul favorisa la visi-bilité des artistes algériens, commeBaya dont il acquit un ensembled’œuvres dès 1963.S’y ajoutaiten 1964 le don des peintres inter-nationaux résidant en France, cons-titué de plus de 80 œuvre…Meslienseigne à Alger. Issiakhem se con-

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DOSSIER

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sacre à l’Ecole d’Oran pendant plus dedeux ans…En 1964, la fondation del’Union des arts plastiques marque cettepériode….L’expressionisme d’Issiakhemou l’empreinte du signe de Khadda fontdes émules. Jean Sénac n’hésite pas alorsà parler d’une « école du noun ».C’estpour se démarquer du contrôle exercévia l’UNAP que se crée le Groupedes 35 peintres. Mais, c’est pour affirmerle primat de l’acte de création que leGroupe Aouchem se crée en 1967…Parmiles fondateurs, des peintres commeAbdoun, Adane, Akmoun, Dahmani,Zerarti, Benbaghdad, Saïdani, se retrou-vent aux côtés de peintres déjà recon-nus comme Mesli, Baya et Martinez. L’af-fiche dessinée par Martinez porte entitre « Aouchem 1 au  cœur  deBlida ».L’Algérie indépendante décide deréintégrer l’enseignement de la minia-ture et de la calligraphie dans l’enseigne-ment artistique fondamental…Une écolede miniaturistes voit le jour. Les autori-tés poussent à la consécration de Racimpère d’une composante dela Nahda…Dans les années 1970, les ar-tistes tentent de lutter contre la menaced’isolement…Pour renouer avec le pu-blic, certains se lancent dans le dessin depresse, comme Slim, Ait Kaci ou Maz,

semant les graines d’une véritable écolede la caricature et de la bande dessinéealgérienne qui permettra qu’éclosentdestalents à l’instar de Dilem, Hic, etd’autres…Plus près de la tradition de lapeinture murale, un mouvement fres-quiste prend son essor. Il consiste à trou-ver le public là où il est, dans la rue ou surles places. Cette expérience des fresquesest synchrone avec la manifestation dufestival panafricain d’Alger en 1969.Khadda réalise plusieurs fresques en cesannées 1970. L’expérience se poursuitdans les années 1980, avec la fresque deZoubir Hellal et de Salah Malek dans leTunnel des Facultés ou encore la fresquede Mesli à la Rampe Tafourah...DenisMartinez est l’artiste algérien qui ira leplus loin dans cette rupture avec l’ate-lier, dans sa volonté participative, de sesexpériences muralistes à Blida ou dansles villages de Kabylie, en symbiose avecl’art décoratif traditionnel des femmesberbères…L’expérience de la perfor-mance, poursuivie par Karim Sergoua,permet de mener une réflexion sur lecorps.…Les terrif iantesannées 1990 marquées par le terrorismevirent le monde des arts payer un lourdtribut, avec plusieurs assassinats dontcelui du Directeur de l’Ecole des Beaux

Arts et de son fils. Le traumatismeconduisit au mutisme, traversé parquelques cris d’indicible douleurtels que ceux de Martinez Portedes égorgés, Porte des tués parballes, portrait de Tahar Djaout/ ouau départ de créateurs qui, par delàl’exil, portent toujours l’Algérie eneux:deMesli et Silem àAbdessemed en passant par Goudjil,AkilaMouhoubi, Messouber ouSamtaBenyahya…Pour surmontercette terrible épreuve, huit artis-tes/ décidèrent de faire face en-semble en créant leg r ou p e   E s s e b a g h i n e   ( l e sartisans)…Aujourd’hui en Algérie,des éclaircies donnent à penser àune ouverture du paysage artisti-que mais des zones d’ombres con-tinuent à planer. Le pays s’est dotéde nouveaux musées. Les artistesy gagnent une grandevisibilité…Tous ces artistes ont plei-nement conscience du rôle essen-tiel qui leur incombe et dont ils ti-rent leur indispensable légitimité.

RACHID TALBI, ARTISTE-PEINTRE REALISTE ET IMPRESSIONNISTEPouvez-vous vous présenter aux

lecteurs?Rachid Talbi, né le 29 octobre1967 à Beni-Mellal au Maroc.Je vis et je travaille à Oran.Diplômé en 1992 des étudessupérieures de l’universitéd’Es-Senia d’Oran, f ilièremicrobiologie.Ma relationavec l’art remonte à monenfance. Pour l’anecdote, j’aiobtenu mon premier prix dedessin en 4ème annéeprimaire. J’avais 10 ans. Etcela a continué en parallèleavec mes études de sciences.Autodidacte donc, je me suisformé par la pratique etl’envie d’apprendre toutesles techniques (huile,gouache, aquarelle,pastel,….). En 2000, j’ai faisla connaissance de madameZahia Guellimi (gérante de lagalerie « Dar elKenz » à Alger ) par lebiais de madame Leila Ferhat, ladoyenne des artistes peintresoranais que j’estime beaucoup.Cette rencontre a été le début de macarrière professionnelle. J’aiparticipé à plusieurs expositions surle territoire national et à l’étranger.

Vous vous ranger dans quel styleprécisément?

Je fais du f iguratif (réalisme etimpressionnisme).

Quels sont les artistes que vousavez étudié ou qui vont ont

influencé?Les impressionnistes d’abord tel queMonet, Renoir, Sisley,… et lesorientalistes après comme Dinet,Arthur Bridgman, Rousseau,…Vos toiles reproduisent souvent lavie rurale et notamment le monde

du cheval. Serait-ce unattachement ou vous vous

inscrivez dans un registreparticulier?

Je suis contemporain.Je peins la viequotidienne danstoutes ses formes(paysages urbains,c o m p a g n e s ,événements sociauxtel que les mariages,naissance duProphète,…). Pour lecheval, c’est unehistoire d’amour. Je l’aitoujours adoré. Je l’aimonté pendant 2années au clubéquestre « Antar IbnC h a d d a d   »d’Esseniapou mieuxl’observer et l’étudier( a n a t o m i e ,mouvement). Donc la« fantasia »  pour moiest un spectacle

merveilleux de couleurs, demouvements et de traditions.J’y vais souvent photographierces scènes quand il y’a une« waada »  aux  environs.  Etc’est au niveau de mon atelierque je compose mes peinturesà partir des photos.

Organisez-vous desexpositions en Algérie et à

l’extérieur ?

2012/2. N°81

MEHDI BSIKRI

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NRP, Juin 2017, n°37

DOSSIER

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J’expose depuis l’an 2000 à la galerie« Dar el Kenz » d’Alger  chez MmeGuellimi et c’est elle qui organise lesexpositions en Algérie et àl’étranger.Comment voyez-vous l’avenir de la

peinture en Algérie ?Franchement, l’évolution est trèslente. Il y a un manque flagrant degaleries au niveau national (à part lacapitale). La peinture a besoin d’unvéritable marché. Les artistes ontbesoin d’espaces pour exposer etvendre. Nous avons beaucoup detalents qu’il faut encourager. Il fautsensibiliser et pousser les hommesd’affaires (chefs d’entreprises,grandes institutions, musées,..) àinvestir dans l’art en achetant lesœuvres des artistes encore vivants.Mais je reste optimiste.

Seulement les galeries. Et lesespaces publics ?

Les deux, mais c’est au niveau desgaleries que l’artiste pourra secomparer et se conf irmer parrapport aux autres et être mieuxreprésenté par le galeriste. Aussi, ilpourra mieux vendre.Les talents existent, donc la relève

est assurée?Pour ça j’en suis sûr. Mais il fautaccompagner les jeunes artistes enles aidant à trouver leurs chemins. Ilfaut qu’il y ait un esprit de convivialitéentre anciennes et jeunesgénérations pour justement assurerla continuité.Par accompagnement, vous faites

allusion à quoi exactement ?

Il faut que l’artiste confirmépartage son savoir et sonexpérience acquise durant sonparcours artistique avec lesjeunes débutants enorganisant des ateliers en plein-air par exemple. Je considèreque le vrai artiste doit partagerson savoir. Il faut égalementrenforcer les liens entre lesartistes pour qu’il y est nonseulement la continuité, maisaussi la cohésion

14 Décembre 2016

Représentation de la guerre d’Algérie à travers la peinture,l’œuvre d’art comme matériau historique

…L’ouvrage d’Anissa Bouayed annonce l’ambition detraiter la Guerre d’Algérie à partir des productions artisti-ques des peintres internationaux et algériens. Il s’agitd’exploiter l’œuvre d’art comme matériau historique quise présente comme un témoignage sans appel des hor-reurs de la guerre, sur la violence et la folie des hommes,mais également sur l’engagement douloureux desartistes.La Guerre d’Algérie est revisitée à travers le re-gard de l’artiste…Cette guerre, qui demeure encore uncontentieux mal-traité par les deux pays concernés, con-tinue à enkyster les non-dits… « L’art est encore ici uneforme de résistance car il suggère et rend visible l’ina-voué, le caché et se tient vigilant du côté de la vie ». Cestémoignages à l’état brut, « ces morceaux de mémoire àvif », fracassent les silences et déchirent les réécrituresde l’histoire…Histoire politique et histoire de l’art se con-frontent pour une analyse toute enérudition des œuvres et des par-cours des artistes…Le défi métho-dologique est de taille « Je suis pein-tre d’histoire »; pourtant la subjecti-vité du regard de l’artiste rend par-fois son œuvre difficilement com-préhensible surtout au regard ducontexte dans laquelle elle naît, «car l’œuvre n’explique pas, ne cher-che pas à démontrer bien qu’ellesoit un espace et un moment devérité ». Et, c’est cette démarchequi rend ce travail novateur et iné-dit. L’œuvre artistique, au-delà desapproches esthétisantes, apportesa contribution à la connaissanced’un moment. « L’œuvre est sansdoute au-delà de toute catégorieenglobante. Elle rend compte dansun condensé fulgurant, des posi-tions critiques majeures contre laguerre, et des aspirations à la liberté,à la fois en dénonçant la torture dansplusieurs tableaux et en représen-tant les manifestations algériennes»…L’importante mobilisation des

peintres du monde entier qui produisent sur lethème de la Guerre d’Algérie a donné naissance àdes œuvres riches, traversées par tous les courantsartistiques que le XXe siècle a connus.Dans cettegénération de peintres des années cinquanteémerge une peinture algérienne qui entre dans lamodernité. Peintres français ou algériens, tous fontrentrer la guerre dans leur œuvre : Maisonseul,Mesli, Fares, Bennanteur, Khadda, Duvallet, Sam-son, Issiakhem…Ces artistes sont concernés par lasociété dans laquelle ils vivent et dénoncent la sé-grégation, le racisme et les injustices qui divisentles communautés de l’Algérie coloniale. Ces pein-tres s’éloignent de l’orientalisme et de l’exotisme.Plus rien n’est pittoresque dans cette Algérie qu’ilspeignent. Des femmes-douleurs dans l’expression-

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DOSSIER

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nisme d’Issiaskhem au portrait de Djamila Boupacha, Lespeintres peignent un espace-temps qui reproduit tou-tes les aberrations de la guerre déjà présentes dans lesdeux conflits mondiaux.La dénonciation des pratiquesde la guerre coloniale. Thème récurrent et presque ob-sessionnel de ces œuvres.La centaine d’œuvres donnéeà l’Algérie en 1964, par 80 peintres issus de 26 pays per-met d’évaluer la mobilisation internationale des artistescontre la Guerre d’Algérie. En s’engageant contre elle,ce sont toutes les guerres qui sont dénoncées et com-battues. Cela montre l’universalisme de ces mobilisationset décode certaines d’entre elles. De Matta à Cremonini,de Masson à Kijno, d’Erro, Lebel, Lapoujade, tous cesartistes sont marqués par la lutte antifasciste, la Guerred’Espagne, et la Résistance…Tous dénoncent la tortureet les pratiques barbares d’une guerre coloniale. Cyclesur la torture et supplice de Djamila chez Matta, corpssuppliciés de Cremonini (que l’auteur qualifie de radios-copie de l’horreur), inhumanité de l’univers carcéral chezMasson, violences de l’OAS chez Kijno, triptyque sur latorture et assassinats du 17 octobre 1961 chezLapoujade…Les intellectuels sont partie prenante decette création : Alain Jouffroy, Edouart Glissant, HenriKréa, Kateb Yacine, Jean Sénac. Le peintre islandais Erroillustre les poèmes d’Henri Kréa et Jean-Paul Sartre pré-face le catalogue de Lapoujade.Le grand tableau anti-fasciste collectif, créé en 1961, et pour lequel ont contri-bué les plus grands noms de la création artistique de l’épo-que est certainement l’aboutissement le plus élaboré etle plus démonstratif de la résistance et de l’insoumissionà une raison d’Etat jugée illégitime. A l’image du Guer-nica de Picasso, il pousse à réfléchir sur le pouvoir, la

violence et les formes de totalitarisme. Si cette ré-sistance intense a d’abord touché, dans les annéescinquante, des groupes minoritaires et isolés, ellese répand dans les groupes sociaux et devient pro-gressivement un mouvement d’opinion qui secouela société française…L’art demeure toujours sub-versif. La création artistique, par sa liberté intrinsè-que, renverse l’ordre établi et menace les valeursdominantes.Il rappelle cette violence insensée as-sénée au nom du droit colonial qui a laissé des trau-matismes intenses. Et ces derniers se sont réveilléschez les peintres algériens des années 1990. Vio-lence coloniale et violences d’une quasi-guerre ci-vile se sont réactivées dans des œuvres récentes.Les peintres algériens des années 1990 ont peintl’horreur et l’absurde dans des œuvres tragiquesqui renouent avec celles d’Issiakhem, Khadda,Benanteur, Maisonseul, Cremonini…Il faut con-clure avec le souhait d’Henri Alleg:« Il est aujourd’huiessentiel d’empêcher que la porte entrouverte nese referme et que ne retombe plus lourde et plushermétique que jamais la chape de l’ignorance etl’oubli».

05 Novembre 2014

Karima Direche Slimani

Les peintres algériens, la génération du moment moderne

Si l’engagement politique des écrivainsalgériens sont l’objet d’études,celles desartistes sont moins connues. L’itinérairedes peintres algériens les plus célèbrespeut être retracé au travers des élé-ments biographiques sur Khadda, Mesli,Issiakhem, Baya, ou encore d’études uni-versitaires comme celles de FrançoisPouillon sur Dinet ou Racim…On a doncpeu sollicité leur production comme té-moin des évolutions de leur temps. Pour-tant, on peut considérer les œuvrespicturalescomme des paradigmes deproductioncomme le proposait l’histo-rien de l’art Pierre Francastel…Avantd’intéresser les sociologues, la notion degénération a été utilisée dans l’histoirede la littérature…Comment l’appliqueraux artistes qui s’expriment par une pro-duction singulière, silencieuse et subjec-tive ?  L’étude des  lieux, des  réseaux,peuvent contribuer à percevoir com-ment cette génération a saisi le « mo-ment moderne » au sein duquel chacunchoisit de trouver son propre style, con-dition essentielle des artistesmodernes.Le premier repérage a été faitd’abord en tenant compte de la classed’âge…Le principal outil pour ce faire estle dictionnaire biographique des artistesalgériens de Mansour Abrous…Réalisé à

partir de milliers de références, cetouvrage permet d’aborder cet aspectquantitatif et sociologique de la créationalgérienne…Croisant la biographie et lesdonnées bibliographiques, le dictionnairepermet de synthétiser les données tel-les que les périodes de création des ar-tistes et de les situer sur l’axe chronolo-gique particulier au contexte colonial, aurythme marqué par le mouvement na-tional des années 1930, et par la secondeGuerre mondiale au Maghreb, particuliè-rement l’impact du 8 mai 1945.Ceci estd’autant plus utile que les artistes algé-riens sont sous-représentés dans les dic-tionnaires critiques reconnus. C’est le casde Bénézit et du Hazan dans lesquels onignore par exemple l’existence deGuermaz, de Ali-KhodjadeChoukriMesli…Les premiers peintres al-gériens avaient-ils les moyens de contes-ter l’ordre colonial? La génération quioccupe la scène artistique à l’Indépen-dance ne sera pas tendre avec ces pré-curseurs, accusés d’avoir été suivistesdes styles orientalistes européens. Mêmeceux qui travaillèrent à rendre crédiblela Renaissance, la Nahda, les enlumineurset miniaturistes, entraînés par les frèresRacim, ne furent pas épargnés par la cri-tique. Mohammed Racim, fut à la fois le

réceptacle d’élogeset de critiquesde ses pairs portant plus sur sonabsence de positionnement politi-que que sur son apportesthétique...N’oublions pas que lespeintres algériens commencent àexposer dans les années 1920. Lesystème colonial se vit commeétant la préparation en Algérie desFêtes du Centenaire de la colonisa-tion. Malika Bouabdallah, histo-rienne de l’art n’a pas manquée derappeler le contexte de l’époqueen Algérie pour comprendre lechemin suivi par Racim et éviterles anachronismes…Mais l’EntreDeux Guerres est une période detension. Le mouvement national al-gérien qui prend corps dans l’émi-gration, sait saisir le fort ventd’émancipation qui suivit la Pre-mière Guerre Mondiale, et la nou-velle donne internationale, voyantl’affaiblissement de l’Europe doncdes métropoles coloniales, l’avène-ment de la Révolution d’Octobre,la naissance des partis communis-tes, l’émergence d’une penséepolitique anticoloniale etinternationaliste radicale puis lamontée des Fronts populaires

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comme réponse au dangerfasciste…Quand le mouvementmessaliste s’impose dans l’émigration enFrance, ce sont d’abord les chanteurs,musiciens, comédiens que l’on sollicitepour animer des soirées organisées parl’Etoile Nord-Africaine. Les peintres nesont pas impliqués dans ces momentsavec le mouvement national…Face auxaînés, la génération qui crée au momentde la Guerre de libération et après l’In-dépendance se démarque de leurs pré-curseurs. Ces contestataires sontd’ailleurs les premiers à formuler un ré-cit sur l’histoire de la peinture enAlgérie…Ils établissent d’eux-mêmesune césure générationnelle. C’estKhadda, qui donne de la voix à plusieursreprisesapropos du travail de Racim etde … Benslimane, Boukerche, Hemcheet Mammeri…En effet, exception detaille, l’un des tout premiers artistes al-gériens, Omar Racim, fut un faroucheopposant à la domination coloniale, aupoint d’être condamné à mort puis gra-cié par l’entregent que fit jouer son frèreaprès de longues années de prison. Brisépar son incarcération, il cessa l’activismemilitant pour une autre forme d’opposi-tion, dans le champ de la culture cettefois. Son repli sur l’art traditionnelest une forme de résistance non violente à laprésence coloniale. Ce faisant, il a pro-fondément marqué l’histoire de l’art en

Algérie par la création d’une école desarts traditionnels dans la Casbah. La vir-tuosité des élèves de cette école fut re-connue par la percée de miniaturistestels que Temmam, Ali-Khodja…Ces artis-tes ont été immergés l’accélération dutemps politique en Algérie après1945.C’est en effet le « nous » d’un des-tin collectif qui fait de Benanteur,Issiakhem, Khadda, Mesliune générationde rupture…Ce ne fut pas le moindreparadoxe, assumé en ordre dispersée,que de partir à Paris, pour parfaire la for-mation et chercher à accomplir leur des-tinée de peintres…Comment expliquerce qui f it de cette génération de pein-tres une génération révoltée ? Si l’enviede devenir peintre relève de choix per-sonnels, on peut avancer quelques datesqui ne purent qu’imprimer leurs marquessur l’éveil de la conscience politique deces artistes. Nés dans le début des an-nées 1930, les jeunes de cette généra-tion sont assez mûrs à la f in de ladeuxième guerre mondiale pour avoirpartagé les espoirs d’émancipation au len-demain de la victoire des Alliés puis pouravoirsubi le choc de ce que fut la terriblerépression du 8 mai 1945…Dans les pre-mières œuvres de ChoukriMesli parexemple, il est bien question d’impactde la guerre coloniale dans la conscienced’un jeune Algérien. Parmi ses toiles, ci-tons « Le Christ hurle sous vos bombes »

exposé à Alger en 1951. Cette mé-taphore est une évocation de laGuerre d’Indochine. Puis au toutdébut de la Guerre de Libération, ilpeint deux toiles aujourd’hui dé-truites « le 8 mai 1945 » et « le 20août 1955 »…La longue histoire dela répression colonialea apportéaussi des blessures personnellesdans de nombreusesfamilles…Seule Baya, est absentedu champ politique. Entrée trèsjeune en peinture, elle n’a queseize ans à sa première exposition,transplantée très jeune dans un mi-lieu européen car elle est orphe-line, elle ne fait pas d’études, neparticipe pas aux échanges au con-tenu politique. Silencieuse sur lesconditions sociopolitiques de l’Al-gérie coloniale, elle est aussi dis-crète au moment de la Guerred’autant qu’elle a cessé de peindreà ce moment et pour de longuesannées. Elle vit pleinement sondestin hors-norme de femme pein-tre autodidacte mais ne recherchepas l’implication politique de sa gé-nération.

LES CAHIERS DUCRASC.2015. Collectif

Skikda, une petite ville sublimée par les toiles de maîtres

…Qui croiraient que sur les murs de l’hôtel de ville deSkikda, se prélassent des tableaux d’illustres peintres ?Et pourtant la ville détient depuis l’époque coloniale ungrand nombre d’œuvres de peintres de renomméemondiale.Toutes ces œuvres, dont la ville de Skikdas’enorgueillit ont été acquise durant les vingt années demandat de Paul Cuttoli, sénateur-maire de la ville pen-dant la colonisation française. Des acquisitions dues prin-cipalement à sa femme, Marie, une grande collection-neuse, connue du monde des Arts.Cette grande dame,les Philippevilois, en parle avec beaucoup de tendresse.Ils l’appellent familièrement «Meriem Cuttoli». Elle étaitune amie de l’Algérie affirment souvent les vieux de laville.Elle a apporté son soutien à l’identité Algérienne,en valorisant le savoir-faire artisanal notamment l’art dutissage, dont elle maîtrisait. Elle fut l’instigatrice del’ouverture de plusieurs ateliers de tissage pour permet-tre aux jeunes de la vil le d’apprendre ce métierméthodiquement.Des peintres et pas des moindres:Adam Styka, Charles Feola, Raphaëlli ou encore MauriceLévis ornent les murs de l’hôtel de ville.Le bureau dumaire est une véritable salle de Musée.Mais le must decette collection, sont les six tableaux de MauriceUtrillo.Dans un livre illustré intitulé «les peintures de l’hô-tel de ville de Skikda», Ahmed Nouara tenté de rétablirune partie de l’histoire de ces tableaux grâce aux archi-ves communales auxquelles il a eu accès en tant quevice-président chargé de la culture à l’APC.On peut dé-couvrir dans ce livre, que Maurice Utrillo est fortementreprésenté. Trois gouaches sur papier ont été achetées

le 12 juin 1933 pour la somme de 7500FF.Les troisgouaches s’intitulent : Le moulin de la galette,Square Saint-Pierre et les Fortifications de Paris.Unautre tableau du même artiste»la place de tertresous la neige» a été acquis en 1933 également auprix de 10000 FF. La même année sont achetéesdeux autres tableaux d’Utrillo au prix de 25000FF :(église de Saint Bernard) et (usine auxgobelins).Seulement les membres de l’associationUtrillo, basé en France estiment que les titres necorrespondent pas aux tableaux. Selon leurs expli-cations, «La place de tertre sous la neige» est enréalité «les fortifications». Les fortifications est«l’Eglise de Saint Bernard» et «l’église de Saint Ber-nard» est «Place Saint Pierre sous la neige «.Pourl’anecdote en 1969, lors du festival panafricain d’Al-ger, le Musée des Beaux-Arts rouvre avec l’exposi-tion des œuvres fraîchement récupérées de Franceaprès leurs transferts en 1962 à la suite du plasti-cage du Musée des Beaux-Arts par l’OAS.Pour lamême occasion, le Musée a reçu en prêt (le tempsdu festival) des tableaux de Maurice Utrillo pro-priété de la commune de Skikda.Dans un articlepublié à l’occasion, un journaliste du «Monde»PéroncelHugoz, estimait la valeur de l’un des ta-bleaux de M. Utrillo à plus de 9.50 millions de francsFrançais de l’époque.L’histoire de ces tableaux,c’est aussi l’histoire de grandes rencontres. PaulCuttoli a conclu des acquisitions auprès des artisteseux-mêmes rencontrés à diverses occasions. Il ren-

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contre Adam Styka le 20 septembre 1932 et lui achète letableau Idylle Marocaine au prix de 6000 FF.Le mêmejour le sénateur conclu avec le peintre Maurice Lévis,l’achat de deux œuvres «Haute vallée de la Sarthe» et«Bord de la Mayenne». Ils lui coûtèrent 8 500FF. Il achetaaussi à l’artiste Didier Pouget la toile «Le matin bruyèreen fleur» au prix de 10 000 FF.Il est à noter que cetteprestigieuse collection, est aussi constituée d’un nom-bre de tableaux de peintre natif de la ville de Philippe-ville. Charles Feola né dans la ville en 1917, lors d’uneexposition en 1955 la municipalité lui achète deux ta-bleaux «l’hôtel de ville» et «Place du tertre».Un inven-taire de 1956 attribue à ce dernier le tableau «Place demarqué».La ville doit aussi une série de tableaux à cer-tains artistes peintres amateurs qui ont occupé des pos-tes administratifs dans l’hôtel de ville. La ville de Skikdase souviendra d’eux particulièrement car ils lui ont renduhommage à travers des tableaux représentants ses pay-sages et l’architectures de ses bâtisses à cetteépoque.Pour n’en citer que quelques-uns : JulesChabassiere qui fut conseiller municipal, la ville lui doitun tableau intitulé «Théâtre romain». Paul Rossi auteurdu tableau «Port de Stora» a également été conseiller

20 Mai 2016

Latifa Abada

municipal.D’autre tableaux de ce fond artistiquerestent anonymes, le manque de moyens et deconnaissances sur l’entretien de ces trésors ontsouvent été à l’origine de la disparition de signa-ture de certains tableaux.Malheureusement, cetrésor de l’hôtel de ville de Skikda a excité «la cu-riosité» de personnes peu regardantes sur les ques-tions du patrimoine.Des tentatives d’appropriationde certaines œuvres ont bien eut lieu, selon cer-tains vieux Skikdis immédiatement après la guerrede libération nationale.En l’absence d’un inven-taire exhaustif des œuvres, inexistant apparem-ment durant la période coloniale, et non valoriséaprès l’indépendance, qui peut donc savoir com-bien d’œuvres ont disparu?En tout état de cause,un inventaire officiel doit impérativement être réa-lisé afin d’éviter toutes tentatives de détourne-ment et mettre ce patrimoine culturel à l’abri detoute prédation.

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L’art, exutoire de la jeune génération en Algérie

Dans les années 1960 et 1970 enAlgérie, la création artistique étaittrès dynamique. Mais à partir desannées 80, puis avec la décennie deguerre civile, le pays a connu unecrise de la culture. Aujourd’hui, l’arttente doucement de reprendre saplace dans la société algérienne avecune nouvelle génération de jeunesartistes. «L’art est une poésie qui faitrêver les gens, les sort de leurquotidien et de leursnévroses.» Amina  Zoubir  est  unejeune vidéaste plasticiennealgérienne pour qui l’art dans sonpays ne sert pas seulement à divertirmais est un engagement visant àfaire réfléchir. «Les Algériens nesavent pas ce qu’est ledivertissement gratuit, l’art esttoujours une parole tenue, untémoignage, une revendication sur leréel» renchérit  Fatma Oussedik,sociologue algérienne. Il ne faitaucun doute qu’aujourd’hui l’artparticipe au débat dans la sociétécivile algérienne. Après la «décennienoire», il est devenu un exutoire. Atravers leurs oeuvres, les artistess’engagent, ils matérialisent le mal-être de la société algérienne etcontribuent à son changement.

Une politique culturellepatrimoniale

Il y a une grande liberté de parole enAlgérie selon Amina Zoubir : «Lesartistes algériens sont libres de traiterdes questions un peu tabous. Ils sontlà pour provoquer aussi avec desoeuvres subversives.» Les  jeunesartistes algériens témoignent de leurépoque et pour la sociologue FatmaOussedik, «en témoignant, ils luttentet ils le font avec une énergiesalutaire.» Malgré le rôleprépondérant de la culture et desjeunes dans la société, la politique

culturelle algérienne est aujourd’huiencore très patrimoniale et tournéevers les grands évènements culturelscomme «Alger capitale de la culturearabe» en 2007 ou Constantine en2015. L’accent est mis sur larénovation de grandes institutions àAlger tels que l’Opéra ou le Muséed’art moderne etcontemporain.Certains jeunesartistes, comme le réalisateuralgérien Yanis Koussim, arrivent toutde même à trouver desfinancements publics au cas par cas.Mais la jeune génération a besoin dedavantage de soutien institutionnelet de structures off icielles pourdiffuser son travail. Il existe certesdes lieux d’expression etd’exposition disponibles dans lacapitale algérienne, mais il estaujourd’hui plus rentable d’y ouvrirune pizzeria qu’une galerie d’art. Et,pour se faire un nom et être reconnupar les institutions algériennes, lesartistes doivent d’abord partir àl’étranger.Alors en attendant uneéventuelle aide de l’Etat, la sociétécivile doit prendre le relais. «La scèneculturelle algérienne est encore asseztimide et doit être dynamisée par desassociations, des évènementsculturels spontanés, des initiativesprivées, et pas seulement à Alger. Ilmanque de petits espaces alternatifspour permettre aux artistes des’exprimer et générer de l’intérêtpour l’art dans la population. Les gensont besoin de culture et dedivertissement, il existe desévènements culturels, mais ce n’estjamais assez,» explique  la  jeunevidéaste Amina Zoubir.

Instrument de dialogueEt, selon elle, l’éducation a un rôleessentiel à jouer dans cettedynamique : «Il faut instaurer l’art

dans l’école pour que les enfantsalgériens se familiarisent aveclui.» Aujourd’hui,  la musique et  lecinéma restent les deux formesd’expression artistique les plusaccessibles du fait de leurimmédiateté et des thèmes abordés,proches des préoccupationsquotidiennes de la population. Ladynamisation de la culture passeraaussi par le dialogue culturel enMéditerranée. L’enfermementimposé pendant la guerre civile aprivé l’Algérie d’échanges avec sespays voisins et a empêché unegénération d’artistes de se projeterdans des créations contemporaines,d’où le retard pris par la scèneartistique algérienne. Or l’art est uninstrument de dialogue et AminaZoubir déplore le manque derencontres et d’échanges qui bridel’évolution des artistes. Mais ledialogue culturel entre les deux rivesde la Méditerranée est en train dereprendre. Par exemple, le balletalgérien Nya a fait l’ouverture deMarseille-Provence 2013. Surtout,l’art algérien est aussi une occasionpour les Français d’apprendre àconnaître ce pays souvent ignoré. Etc’est exactement le travail qu’ontaccompli les Françaises AurélieCharon et Caroline Gillet en confiantleurs caméras à quatre jeunesartistes algériens, il y a deux ans,pour la réalisation duwebdocumentaire Un été à Alger.Une belle illustration du va-et-vientculturel entre la France et l’Algérie.

20 Avril 2013

Coralie Mensa, étudiante enjournalisme à Sciences Po Aix-en-

Provence

Les intervenant du débat "Alger,

une nouvelle génération ?"

le vendredi 19 avril

à Marseille.

Photo Anne-Flavie Germain

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[SOCIÉTÉ]L’art en Algérie, luxe ou nécessité ?

Dans les ténèbres, il n’y a pas uneplace pour la Beauté. Toute la placeest pour la Beauté. (René Char).

Une telle question n’est point unecoquetterie intellectuelle. Elle peutparaître incongrue pour certainsesprits qui jugent que le pays ad’autres chats à fouetter. Quelleerreur ! L’art est un investissementqui ne coûte pas cher et qui peutrapporter gros, à quelquesconditions cependant ! Que l’on nemette pas des bâtons dans les pattesdes créateurs à défaut de pouvoirlibérer leur envie de créer. Que l’onsuscite l’appétence du public pour laculture et que ledit public ait lesmoyens f inanciers de se payer ceplaisir-là. Vaste problème.

L’art se contente et il a ce privilèged’ouvrir les yeux sur la beauté et lesmystères de notre monde. La beautédu monde ne s’arrête pas à sescouleurs et lumières, à la majesté desmontagnes ou l’ immensité desdéserts et des océans. L’art a aussi lafaculté de nous mettre sur la routede la connaissance en nous faisanttoucher du doigt les liens qui existententre toutes ces merveilles dumonde… En créant et en diffusantde l’art, on donne donc du plaisir eton arme le citoyen de cetteintelligence pour affronter lesbatailles de la vie…

L’art est donc toujours d’actualité etson acuité se fait sentir chaque jourchez nous où beaucoup deproblèmes, du plus banal au pluscompliqué, souffrent de l’absenced’une véritable vie intellectuelle etartistique… Oui, l’art a une multitudede fonctions. Il est au centre desproblématiques de toute société quine veut pas mourir, pas seulementd’ennui…Une société qui perd oudélaisse ses propres moyensd’expressions n’est plus en capacitéd’imaginer son avenir. Elle estcondamnée à un statut dedépendance quand ce n’est pascarrément de l’aliénation. Car unesociété a besoin à la fois de nagerdans sa propre histoire et de s’ouvrirà l’autre, à l’inconnu. Ces derniers nesont pas forcément des dangers quisuscitent la peur et le rejet. La

balance penche plutôt du côté del’enrichissement quand on se frotteau monde, à l’étranger….

L’art vit et se meut dans une sociétéqui l’accepte et qui lui donne lesmoyens de s’épanouir. Il estdépendant de la richesse et desinfrastructures du pays mais aussides besoins potentiels hélas souventensevelis sous des tabousmoyenâgeux. Dépendant enfin duPolitique qui accepte ou non de voiret de tolérer les effets subversifs dela production du BEAU. Le BEAUdans l’art n’est pas de l’harmoniecomme peuvent le croire les naïfs oules casaniers qui n’aiment pas êtredérangés. Le beau est un enfantd’une philosophie qui interroge unesociété, ses angoisses, ses espoirs,ses travers et ses rapports avec lespropres angoisses et désirs deshommes/femmes qui la composent.Le beau n’est donc pas forcémentdu délice pour les yeux ni un repospour l’esprit. Il est très souvent unerupture violente et âpre dans saforme pour ‘’enlever le masque’’ auréel, le rendre visible aux yeuxincapables de déchiffrer sonalphabet. Sa langue, ses mots, sescouleurs, sa musique nous aide àfaire sortir des choses tapies dansnos entrailles et dans notreinconscient. Enfin il peut nous aidersinon à la transformation du dit réeldu moins à nous aider à naviguerdans les parties ténébreuses du réelqui peuvent surgir sur nos chemins.

Qu’en est-il en Algérie ? L’art est-ilaussi indispensable que l’air quenous respirons ? Cette métaphorenous dit que dans les pays où l’artpénètre et se niche dans l’intimitédu tissu social, il influence le modede vie, le langage et lescomportements sociaux. Pourarriver à faire profiter toute la sociétéde cet oxygène-là, encore faut-ilproduire et produire, diffuser etencore diffuser en permanence etnon produire uniquement pourrépondre à une demande bassementpolitique... Avons-nous ‘’exploiter’’notre histoire en la confrontant auxproblèmes qui taraudent notresociété d’aujourd’hui ? Une telle

confrontation aidera à laconstruction de notre propre image.Allons-nous céder aux chants desirènes qui nous viennent d’ailleursavançant sous le masque de lareligion ? Avons-nous besoin d’aller‘’voyager’’ dans un passé qui ne faitpas partie de notre histoire ?Souvenons-nous de ce ‘’Meussieu’’*qui voulait changer nos habitudesalimentaires.… Ce meussieu n’a pasréussi à détrôner nos plats mais il amarqué des points dans le domainevestimentaire. Nos rues sont‘’envahies’’ de vêtements qui ontmis au rebut les robes multicoloresdu terroir qui ravissaient jadis lesjeunes mariées… Un tel dangern’aurait pas apparu si la personnalitédes Algériens n’avait pas été réduiteà un seul paramètre, celui de lareligion. Pour avoir mépriser lesmatériaux de notre histoire etignorer le rôle de l’art à les travailler,on a laissé faire des apprentis-sorcierstoujours en embuscade, et notre‘’art’’ a été condamné à imiter descomportements qui ont plutôtcreusé un fossé avec la vie… Et lahaine de soi et de la vie, on n’en voitle résultat en Irak et en Syrie. Allons-nous glisser sur la pente savonneuseque préparent ces sectes pour voirun jour les ruines de Tipaza connaîtrele sort de Palmyre, de voir les trésorsde nos musées vendus pour unebouchée de pain dans les capitalesdes ‘’mécréants’’ ?Il y a eu et il y aencore j’espère des artistes etintellectuels fertiles en imaginationet généreux avec leur société pourraconter, parler de cette Algériedont rêvait NabileFarès. Je pense àMalek Alloula, Hamid Skif. D’autresvivant en exil, comme MouradBourboune…Appelons, rêvons cheznous au jour où la création se marieraavec le temps sans frontièrescontrairement à celui de la petitetribu qui fait résider ses petiteshistoires dans les limites de leurhouma….

26 Octobre 2016

Ali Akika, cinéaste

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[ECONOMIE]Le monde en 2030 et en 2050 :

développement durable et mobilité électrique .Quelles énergies dans le monde pour2030-2050?

«Le monde de 2030 et plus encore de2050 sera un monde de moins en moinscarboné pour deux raisons, les énergiesfossiles - exception faite du charbon-sontsur le déclin. Il y a de moins en moins dedécouvertes et les coûts d’exploitationseront de plus en plus importants. Ladeuxième raison autrement plusdangereuse est que les changementsclimatiques vont imposer leur tempo entermes de conséquences néfastessurtout pour les pays vulnérables quin’ont pas la parade. L’Algérie est dunombre, elle perd chaque année desdizaines de millions de dollars suite auxinondations, à l’avancée du désert, austress hydrique qui nous fait entretenir

des usines de dessalement à 100 DA lem3 offerts aux citoyens dix fois moinscher, mais aussi les rendements decéréales qui font que deux tiers du bléconsommé provient de l’étranger.» ….

Le moins que l’on puisse dire est que nousavons plusieurs contraintes! A l’instar despays développés, il nous faut sans tardermettre en place une stratégieaudacieuse. Un mix énergétique à 50%renouvelable. Le modèle énergétiquepart du principe du Développementdurable qui est de laisser un viatique auxgénérations de 2030. Pour cela il fautfreiner drastiquement la consommationd’énergie fossile par une rationalisationde l’énergie, mais aussi de l’eau, mettreen place les 3R (récupération, recyclageet réutilisation des déchets), letraitement des eaux usées, l’exploitationdes forêts et surtout sortir descarburants thermiques.

Et en Algérie? Un mix énergétique à 50%économiserait 88 milliards de dollars d’icià 2030

Au total, sur les 12 ans à venir, le gainserait entre 109 et 246 milliards de m3,soit 39 à 88 milliards de dollars, ajoutera-t-il. De plus, 6,3 milliards de litresd’essence peuvent être économisés avecl’introduction du gaz de pétrole lubrifié(GPL) et un million de voituresélectriques. Quant à l’exploitation desproduits de la forêt, elle permetd’économiser 400 000 Tep (Tonneéquivalent pétrole) par an ou encore 3millions de barils de pétrole par an, «toutdevrait être récupéré, recyclé C’est unetransition vers le développement humaindurable qui repose sur une stratégieénergétique qui devra être flexible et

constamment adaptable. Cette nouvellevision, devrait être bien expliquée aucitoyen, pour qu’il adhère audéveloppement des énergies nouvelleset renouvelables (EnR). Le Sahara estune véritable pile électrique et lamobilité électrique remplaceragraduellement la mobilité thermique. Deplus, l’application graduelle des prix réelsde l’énergie est une nécessité absolue.

Développement durable et mobilitéélectrique sauveront l’avenirénergétique du pays.

Le diesel est devenu un véritable ennemiénergétique, car en même temps que lerègne du diesel touche à sa fin, un autremarché émerge avec la montée enpuissance des véhicules hybrides etélectriques. la disparition progressive duparc automobile diesel et l’avènementdes véhicules électriques va bien finir par

se produire. Les experts comptentenviron 15 ans pour le renouvellementdu parc automobile La consommationannuelle des carburants pourraitenregistrer une baisse de 25% dans les 15ans à venir. Une perspective qui pourraitcomplètement changer la donne sur lemarché mondial des carburants. Il y aura25% de demande de carburants en moinsce qui indique que des dizaines deraffineries vont fermer de par le monde.Pour cela il faut aller vers la mobilitéélectrique...: «On peut imaginer desvilles nouvelles au Sahara avec de l’eauet de l’énergie permettant les activitésagricoles, une transsaharienne du rail etdes camions électriques.» C’est à sedemander en définitive, si l’Algérie aintégré toutes ces données. Nous quienvisageons de construire quatreraff ineries, qui auront un doubleproblème. Il n’est pas sûr que lesquantités de pétrole extraites suffirontà la fois pour la consommation interneet pour l’exportation (nous importonsdéjà 20% des carburants). De plus, lamobilité électrique fait que d’ici unequinzaine d’années le diesel vadisparaître au profit principalement dutout-électrique et même les véhicules àessence connaîtront un déclin. Qu’avons-nous comme stratégie dans ce domaine?Que faisons-nous du GPL sirghaz quenous n’arrivons pas à commercialiser dufait d’une mauvaise prise en charge auniveau du f inancement du kit GPL etd’une publicité inexistante. Pourquoi neréservons-nous pas le pétrole

uniquement aux usages nobles que sontla pétrochimie? C’est tout cela qu’il fautrevoir si nous voulons avoir une visibilitépour les 15 prochaines années. Il paraîturgent de changer le fusil d’épaule. Nousdevons prendre le train du progrès enformant, à l’école l’écocitoyen de demainpuis en mettant en place un bac dudéveloppement durable et en invitant lesnouveaux métiers du Développementhumain durable dans la formationprofessionnelle et à l’université», «nousavons une fenêtre de quelques annéespour pouvoir mettre en oeuvre unepolitique volontariste basée sur unesobriété énergétique».

08 Mai 2017

Chems Eddine Chitout

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NRP, Juin 2017, n°37

[ECONOMIE]Le FMI insiste sur l’assainissement des finances publiques

«Les déficits budgétaires devraientêtre ramenés de 10% du PIB en 2016à moins de 1% en 2022, ce quireprésente une améliorationsensible qui contribuera à renforcerla résilience.»C’est ce que prévoit le Fondsmonétaire international (FMI) pourl’Algérie et l’ensemble des paysexportateurs de pétrole dans larégion Moyen-Orient et Afrique duNord. Le FMI note cependant, dansson rapport publié hier, que «lesefforts de réduction des déf icitsdoivent se poursuivre, en tirant partides progrès déjà réalisés dans laréduction des dépenses».Selon le directeur du départementMoyen-Orient et Asie centrale duFMI, Jihad Azour, les pays de larégion, tant exportateurs de pétrolequ’importateurs, sont confrontés àdeux impératifs : «Assainir lesf inances publiques et opérer desréformes structurelles.» Les paysexportateurs de pétrole de la régiondoivent également «poursuivre leurdiversification et réduire la place deshydrocarbures au prof it d’autressecteurs, afin de rendre la croissancerégulière et durable», souligneencore le FMI.Et de citer, comme exemple, nonpas l’Algérie, mais plutôt les Emiratsarabes unis et l’Arabie Saoudite dont«les visions stratégiques montrentune ferme volonté de diversifier lesinvestissements et de trouver denouvelles sources de recettes».L’institution monétaire indique enoutre que la croissance globale despays importateurs de pétrole de larégion devrait être portée de 3,7% en2016 à 4% en 2017, grâceessentiellement aux politiques quiont réduit les déficits budgétaires etamélioré le climat des affaires,comme au Maroc et au Pakistan.Pour les pays exportateurs depétrole, la croissance hors pétroledevrait aussi s’accélérer et passer de0,4% en 2016 à 2,9% en 2017, même siles baisses de production à la suitede l’accord de l’OPEP/non-OPEP vontprovisoirement réduire la croissanceglobale. Pour le FMI, la croissanceprévue dans les pays importateursde pétrole ne sera pas suff isantepour faire reculer sensiblement letaux de chômage élevé dans larégion, qui s’établit à 12% environ.Dans les pays exportateurs depétrole de la région, les ajustementsde la politique économique comme

les réductions des dépensespubliques vont continuer de freinerl’activité économique. De plus, lesconflits risquent de peser encore surla région. La dette publique demeureélevée, et le ratio dette/PIB estsupérieur à 90% dans certains paysimportateurs de pétrole. Les coûtsliés au service de la dette (qui sontparticulièrement élevés en Egypte,au Liban et au Pakistan) vontvraisemblablement augmenter, aurythme de la hausse prévue des tauxd’intérêt dans le monde.De plus, l’endettement élevé rebuteles investisseurs et accroît les risquesd’instabilité f inancière. Les coûtsaccrus du service de la dette vont

exercer de nouvelles pressions surla situation des finances publiques etréduire la marge de manœuvre pourf inancer les dépenses publiquesporteuses de croissance, dans lesinfrastructures et l’éducation parexemple. Il faut poursuivrel’ajustement budgétaire qu’il fautfavoriser par des efforts derenforcement des recettes fiscalesen élargissant la base d’imposition etmener à bien les réformes dessubventions.                

Classée à la 83ème place mondiale , le PNUDfélicite l’Algérie

Le pays reste en tête du continentafricain ce qui lui vaut les félicitations dureprésentant résident du Pnud enAlgérie, EricOvervest.L’Algérie est situéeentre l’ex-République yougoslave deMacédoine (82eme) et l ’Arménie(84eme) et elle a réalisé «des progrèsimportants qui ont été réalisés enmatière de développement humain»,souligne EricOvervest.L’annonce duresponsable du Programme des Nationsunies pour le développement émis surson site souligne qu’il continued’accompagner le gouvernement «dansla promotion du développement humain,notamment en vue de renforcer lesdimensions de durabilité et de solidaritéintergénérationelle».Cette action doitaboutir en fait, que les progrès dedéveloppement bénéf icient auxgénérations futures et que «personne nesoit laissé pour compte, et cela dans lecadre de la mise en oeuvre des Objectifsdu développement durable», adoptés partous les Etats membres des Nationsunies, y compris l’Algérie.LePnudconstate que pour une population de 40mill ions d’habitants, le taux totald’alphabétisation des adultes est de 73%alors que l’indice de développementhumain est de 0,761.L’organisationonusienne souligne que «les différentsplans de développement conduits parl’Algérie depuis une décennie ontentraîné une amélioration significativedu niveau général de bien-être et de laqualité de vie des Algériens».Sont aussiévoqués «les lourds investissementspublics qui ont concerné l’ensemble dessecteurs, et particulièrement ceux encharge directe du développementdurable, dans ses composantes dudéveloppement économique,développement humain et

environnement.Selon le Pnud, le dernierrapport dû sur le développement humain,en classant l’Algérie parmi les 10 nationsayant réalisé les plus grandes avancéesen matière d’indice de développementhumain depuis 1970, ainsi que lesrapports successifs des Nations unies surla réalisation des Objectifs du millénairepour le développement «attestent decette évolution positive».

Celle -ci a, en outre, été accompagnéepar le lancement de réformes dansdivers secteurs économiques et sociaux,et par un retour marqué de lasécurité.L’Algérie est considérée commeun pays à revenus intermédiaires quiconnaît une phase de transitionéconomique vers l’économie de marchéavec de vastes transformations de lademande sociale en raison de l’évolutionrapide de la structure par âge de sapopulation. Malgré ce constat, le Pnudconsidère que parmi les principaux défisde développement humain durable,f igurent la protection del’environnement et la prévention descatastrophes naturelles.Sont aussimentionnées les mesures spécifiques degenre en conformité avec la nouvellemodif ication de la Constitutionintroduites en matière de droits desfemmes stipulant que l’État s’efforcerade promouvoir les droits politiques desfemmes en élargissant leurreprésentation dans les assembléesélues.

03 Mai 2017

Lyes M

19 Avril 2017

Ali TIRICHINE

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NRP, Juin 2017, n°37

[DROIT]

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Soufia Ouahib

13 Mars 2017

La police a l’assaut du web

cybercriminalité : la police traque les criminels

Statistiquement, il y a eu plus de 1000 affaires liées à lacybercriminalité qui ont été traitées depuis 2016 dans tout lepays. Les services de sécurité appellent les victimes à porterplainte.Il y a deux mois, une vidéo insoutenable montrant le viol etl’humiliation d’une jeune fille algérienne a fait le tour desréseaux sociaux. Elle montre un homme en train de déshabillersa victime tout en lui proférant des insultes sous l’objectif d’unsmartphone d’une autre femme se présentant comme l’amiedu violeur. La victime tentait de prendre la fuite, mais en vain.Quelques heures après la mise en ligne de la vidéo, lagendarmerie a pu identifier la victime. A Batna, deux jeunesfilles ont volé et vendu les bijoux de leur maman afin de «payer»leur harceleur qui les menaçait de publier des photoscompromettantes d’elles sur les réseaux sociaux. «Lesmenaces, les insultes et les intimidations sont devenues monquotidien. Chaque message était plus violent que le précédent.J’avais peur qu’un jour mon harceleur mette ses menaces àexécution. Il rêvait de me violer». …

Criminels

«La lutte contre la cybercriminalité est une guerre quotidienne.La nouveauté est qu’elle ne se déroule pas dans l’espace réelmais dans le virtuel. Sa complexité ? Plus le réseau se développe,plus il faut plus de la ressource et de la technicité pour ledompter, ce qui est logiquement plus difficile car cela devientplus diff icile d’interpeller les personnes», confie KarimKhelouiati, spécialiste en cybercriminalité. Consciente desnouveaux défis et afin de faire face à ce genre de criminalité,la DGSN a mis en place une stratégie globale pour faire faceaux dépassements liés à la cybercriminalité. Cette stratégieest divisée en deux axes : la prévention et la lutte. «L’espacevirtuel offre énormément d’avantages qui sontmalheureusement exploités à des fins criminelles par despersonnes malintentionnées. La cybercriminalité est donc undéf i mondial. Le monde entier est concerné par cephénomène», confie un responsable de la DGSN Concernant levolet technique de sa stratégie, …

Et afin d’être toujours performante, la DGSN a intensifié lesformations de ses éléments. Et enfin, elle a réorganisé sesservices et doté les 48 wilayas d’équipes chargées de la lutte

contre la cybercriminalité. Ces brigades sont chargéesd’enquêter et de recevoir les plaintes. A cet effet, unresponsable de la DGSN confie : «Nous avons signé des accordsavec certains pays, surtout en matière de formation. Nous avonségalement des accords et des méthodologies de travail avecInterpol»….

Preuves

Ce dernier insiste néanmoins sur un détail : «Si parfois lesenquêtes prennent plus de temps que d’autres, c’est parcequ’elles sont menées dans le respect total de la vie privée desindividus. C’est-à-dire que nous n’avons pas accès à tout ce quia une relation avec sa vie privée. On inculpe les criminels grâceà des preuves techniques qu’on recueille et non pas en épiantleur intimité». Autre souci : la non-coopération des responsablesdes réseaux sociaux. A cet effet, Karim Khelouiati affirme :«Les détenteurs des réseaux sociaux ne sont pas du toutcoopératifs. Par exemple, si vous représentez une entitégouvernementale et que vous envoyez un courrier à ladirection technique de Facebook pour qu’elle nous renseigneau moins sur l’adresse IP afin de pouvoir localiser le criminel,elle ne vous répond même pas par souci de protéger la vieprivée de chacun. …

Sensibilisation

Finalement et afin de stopper l’hémorragie, la DGSN a lancéde nombreuses campagnes qui visent «à ancrer une prise deconscience collective, responsabiliser les utilisateurs d’internet,quels que soient leur âge, poste ou situation sociale, etpromouvoir une utilisation sûre, responsable et positive de latechnologie numérique parmi les enfants et les jeunes»,soutient le commissaire Kamel Ouali, chargé decommunication de la DGSN. «Ces actions ont été menéespartout sur le territoire national afin de prévenir contre lesdangers du monde virtuel. Ces compagnes ont été menéesdans les écoles, les universités, via des spots publicitaires, lesdépliants», poursuit-il. …

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NRP, Juin 2017, n°37

[DROIT]Le conseil constitutionnel proclameles résultats définitifs des législatives

Le Conseil constitutionnel a rendu, jeudisoir, les résultats officiels et définitifs desélections législatives du 4 mai dernier. Ala faveur du verdict de l’institution deMedelci, le Front de libération nationale(FLN) perd trois sièges et ne remporteainsi que 161 sièges. Ces trois siègesperdus par le FLN vont au profit du FNA(1), le TAJ (1) et le MSP (1). Le parti FLN,qui avait obtenu 164 sièges, passe ainsi à161 sièges, tandis que trois formationspolitiques en l’occurrence l’Alliance HMS,  Tadjamoua Amel El Djazair et leFront national algérien (FNA) gagnent chacun un siège. Tadjamoua   Amel ElDjazair, qui détenait 19 sièges, passe à 20et le FNA récupère le siège qu’il avaitperdu lors de l’annonce des résultats provisoires par le Conseil. Concernant lesrésultats des autres partis politiques etlistes indépendantes, le Conseilconstitutionnel a confirmé les résultats provisoires proclamés le 8 mai dernier.L’Alliance Nahda-Adala-Bina conserve ses15 sièges, le front El Moustakbal (FM) etle Front des forces socialistes (FFS) leurs14 sièges chacun, le Mouvementpopulaire algérien (MPA, 13 sièges), leParti des Travailleurs (PT, 11 sièges) etle Rassemblement pour le Culture et ladémocratie (RCD, 9 sièges) et l’Alliancenationale républicaine (ANR) garde ses6 sièges.Le Conseil constitutionnelannonce avoir reçu 295 recours dont 20acceptés et 275 autres rejetés. Il déclareen conséquence la rectif ication etl’annulation des résultats enregistrésdans certains bureaux de vote dans lescirconscriptions électorales d’Illizi, deM’Sila, de Sétif et d’Oran, estimant que«ces annulations et rectif ications desrésultats de vote ont eu une incidence sur les résultats chiffrés mais n’ont paseu toutefois d’incidence sur les répartitions des sièges». Par contre, larectification et l’annulation des résultatsenregistrés dans certains bureaux devote des circonscriptions électorales deBlida et de Médéa «ont eu une incidencesur la répartition des sièges dans les circonscriptions  électoralesconcernées», ajoute la même source. Concernant le nombre de sièges obtenuspar les femmes, il s’élève à 121 sièges,soit un taux de représentativité de 26,19%à l’APN. Selon les résultats définitifs desélections législatives, le nombred’électeurs inscrits s’élève à 23.251.503,le nombre de vote à 8.225.123, soit untaux de participation de 35,37%.Concernant les suffrages exprimés, leurnombre s’établit à 6.446.750 alors que

le nombre des bulletins nuls s’élève à1.778.373, selon le Conseil.

18 Mai 2017

Mourad Arbani

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[CULTURE/MÉDIAS]

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Conférence sur le lectorat : entre les moyens traditionnelset modernes : Une bibliothèque dans chaque commune

Le ministre de la Culture, M.Azzedine Mihoubi, a affirmé qu’« aujour d’aujourd’hui aucune étudeofficielle n’a été faite pour connaîtrele taux du lectorat en Algérie ».

Le ministre de la Culture, M.Azzedine Mihoubi, a affirmé qu’« aujour d’aujourd’hui aucune étudeofficielle n’a été faite pour connaîtrele taux du lectorat en Algérie ». Ilprécisera dans ce cadre que ce tauxsera annoncé avant le Saloninternational du livre d’Alger qui setiendra prochainement. Lors de sonallocution, à l’occasion de laconférence nationale dans sadeuxième édition intitulée : « Lelectorat, entre les moyenstraditionnels et modernes »,organisée par l’associationalgérienne pour la pensée et laculture, M. Mihoubi a tenu à préciserqu’il n’ y a aucune statistique sur lenombre de lecteurs algériens « ni lestendances de la lecture, ni ce quepréfèrent lire nos concitoyens, ni

comment lire un livre », mais faitassez curieux, en revanche « nousconstatons que l’Algérien achète lelivre » à chaque occasionnotamment à l’occasion de la tenuedu SILA, et chose encourageante, lesexposants, dont des éditeursexpriment leur satisfaction à l’égardde cet engouement à l’adresse desouvrages. Il indiquera, par ailleurs,que « la lecture chez nous, diffèrede celle qui existe chez lesOccidentaux ». En ce qui concernela lecture en milieu scolaire, leministre de la Culture a remis encause les cours insérés dans lesmanuels qui devraient inciterdavantage l’élève à faire des effortspour l ire, rappelant que desgénérations ont été des victimes demanuels scolaires qui ne sont pasparvenus à provoquer de la curiositéchez l’élève, aiguiser son esprit.

Par ailleurs, M. Azzedine Mihoubi asalué les efforts de différentesassociations qui prennent des

initiatives visant à encourager le lienrelationnel entre le lecteur et le livre,il précisera l’importance de mettreen valeur le livre afin de « propagerle développement de la lecture » ausein de la société. Lors de sonallocution, le premier responsable dusecteur de la culture a précisé que leprojet du Président de la Républiquequi concerne « une bibliothèque auniveau de chaque commune estdevenu une réalité », ajoutant : «Nous avons plus de 1.600bibliothèques affiliées au ministèreou aux collectivités locales.» Pour sapart, l’ancien ministre, MohiédineAmimour a mis en exergue le rôle del’école qui doit reprendre son statutet sa place dans le développementsocial en particulier, sans oublieraussi le rôle de l’enseignant.

Journée internationale de la Presse :Les journaux algériens menacés de disparition

ALGÉRIE (Tamurt) – Tous les journauxalgériens, y compris ceux qui sontrelativement les plus lus mais aussi lesjournaux du secteur public, ne tiennentqu’à un fil. On évoque même, de plus enplus, l’éventualité d’une disparition desétals, progressive, de la majorité de cesjournaux, une fois l’argent accumuléjusque-là épuisé.

Ce qui a précipité cette chute libre desjournaux algériens, c’estincontestablement la crise financière quevit le pays depuis la chute du prix dupétrole, pendant l’été 2015. La mannepublicitaire a, depuis, considérablementbaissé. Cette nouvelle donne inattenduea fait que les journaux en question n’ontplus ou très peu d’argent pour faire faceaux frais, parfois énormes, qu’induit laconfection d’un journal (fraisd’impression quotidiens, salaires, frais demission à l’étranger, charges, fraisinhérents à la distributions…). Ladeuxième cause qui est derrière cettedescente aux enfers des journauxalgériens, c’est la baisse, de manièrespectaculaire des ventes. Depuis lagénéralisation de l’Internet et lelancement de nombreux médiasélectroniques, la majorité des lecteursont troqué leurs journaux contre leurs

micro-ordinateurs ou leurs tablettes.Jusque-là, le pouvoir maintient sousperfusion les journaux dont il a besoin,dont ceux du secteur public : ElMoudjahid, Echaab, El Massa et Horizons,que personne ne lit en Algérie d’ailleurs.Des journaux privés, dont le lectorat estextrêmement l imité, sont aussimaintenus grâce à la publicité publiquedistribuée à la tête du client. Et ce sontles canards qui se montrent le plusdociles à l’égard du pouvoir qui sont lesmieux servis. Une autre catégorie dejournaux, qui était protégée par leGénéral démis, Tewfik, sont les plusexposés à la crise. C’est le cas d’El Watanet Liberté mais aussi d’El Khabar, queRebrab a tenté de récupérer, en vain.Liberté et El Watan, qui se sont retrouvés,du jour au lendemain, sans publicité ontété obligés de chercher des paradessurtout que le nombre de leur lecteur apériclité subitement et de manièreconsidérable. Les mesures prises par lesgérants d’El Watan et Liberté pourtenter d’endiguer la crise ont été lamultiplication par trois du prix de ventedu journal qui est passé à 30 DA alors quela majorité des journaux en Algériecoûtent 10 DA. Par ailleurs, dans unetentative désespérée d’augmenter lenombre de leurs lecteurs, les deux

journaux suscités ont carrémentsupprimé leur version PDF sur Internet.

Mais plusieurs mois après ces mesuresqui s’apparentent à du replâtrage, il suffitde faire un tour dans n’importe quelburaliste pour constater de visu lenombre important d’invendus d’El Watanet Liberté. Il y a lieu de souligner aussique le fait que les journaux algériens ( ycompris El Watan, Liberté, El Khabar etLe soir) se montrent de plus en plusdocile et beaucoup moins critiques qu’ilsne l’étaient est pour beaucoup danscette perte de lectorat. Des pressionsénormes sont exercées sur les médiasalgériens. Ces derniers sont sommés dene pas critiquer le pouvoir et sesreprésentants. Dès qu’un journaliste osecritiquer sévèrement et avec une plumeacerbe le régime politique algérien, il estvite et de facto accusé d’être à la soldede manipulateurs étrangers. Ce n’est pasun hasard si l’Algérie est classée, cetteannée, parmi les derniers pays au mondeen matière de la liberté d’expression.

04 Mai 2017

Tahar Khellaf

14 Mai 2017

Hamza Hichem

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Mohamed Talbi,

penseur universaliste pour un Islam des lumières

Mohamed Talbi était professeur honoraire à la Faculté dessciences humaines et sociales de Tunis, et le premier doyen dela Faculté des Lettres de Tunis en 1966. Docteur en Lettres, ils’est spécialisé en histoire médiévale et en islamologie. Toutau long de sa carrière, il a publié plus d’une trentaine d’ouvrageset une centaine d’articles.

Faisant partie du courant réformiste des penseurs musulmans,Mohamed Talbi était connu pour ses positions modernistes etsa lecture novatrice du coran. Il était aussi un fervent défenseurde la liberté et combattait avec hargne le fondamentalisme,qu’il soit religieux ou idéologique… Humaniste, il œuvrait sans relâche pour le dialogue interculturelet interreligieux…Les idées de ce grand visionnaire sont un atout de taille pour lanouvelle génération de jeunes musulmans qui cherche àinterpréter le message de l’Islam à l’ère de la globalisation, dela mixité et du pluralisme. Comment vivre sa foi islamique auXXIe siècle ? Ce  sont  les questions que  feu Mohamed Talbiaborde avec sincérité et générosité dans ses ouvrages.

Éternel penseur Ijtihadi

Pour Mohamed Talbi, la pensée islamique ne devrait jamaisrester figée. Il est le devoir de chaque musulman d’interpréteret de réinterpréter le coran dans son contexte. C’est l’essencemême de l’Ijtihad, une approche qui requiert de toujoursrepenser le texte sacré au f il du temps et de l’évolution dumonde. «L’Ijtihad est quelque chose d’essentiel puisqu’il est unequête permanente, et que l’on ne peut jamais s’arrêter au pointoù l’on est parvenu», écrivait-il dans Réflexions d’Un musulmancontemporain. Ainsi la rénovation de la pensée islamique doitêtre constante, car sans Ijtihad, l’Islam ne peut être éternel,alors que c’est l’essence même de la dernière des religionsmonothéistes.

Liberté et laïcité en Islam

Pour Talbi, la liberté est la base de tout … «je suis pour uneliberté totale, et celle-ci est la base structurelle de ma pensée». Ilsoutenait que la liberté est enracinée dans l’Islam, «Dieu a vouluque l’homme soit libre de ses choix et la foi n’a de sens que si elleest un libre choix».La liberté dans le coran commence avec la liberté de croire;elle s’étend ensuite à la liberté d’interpréter. Ainsi chacun estlibre de vivre son Islam, et personne n’a le droit d’imposer sondogme aux autres membres de la communauté musulmane.«L’Islam est laïc dès l’origine. C’est la seule religion laïque.Personne ne peut parler au nom de Dieu en Islam. Seul Dieu parleau nom de Dieu directement». Son raisonnement nous amèneà l’acceptation du pluralisme dans l’interprétation du coran,mais également au sein de l’humanité par rapport à la diversitédes cultes, des croyances et des cultures.

La Umma: une communauté universelle et pluraliste

 Mohamed Talbi insistait sur l’universalité du coran et rejetaitles interprétations portant sur les particularités culturelles etconjoncturelles. En tant qu’historien, Talbi était en avance surson temps en s’efforçant d’anticiper les grandes évolutions dumonde et dessiner les contours de notre futur hybride.C’est ainsi qu’il interprète la Umma au sens large et universel…«Je suis un atome musulman dans une molécule humaine. MaUmma c’est l’humanité, et je ne fais absolument aucune distinctionde confessions, d’opinions, de couleurs, de races ; tous les hommessont mes frères». Pour Talbi, l’objectif divin est l’harmonie entreles hommes… De ce fait, Mohamed Talbi était strictementopposé au concept d’un État islamique et préconisait à la placele rôle de la Umma, une communauté de conviction pacifiqueet sans contrainte, pour faire avancer les idéaux de l’Islam.

Repenser les traditions, une critique à double-sens

Mohamed Talbi était donc très critique des oulémastraditionalistes et des courants fondamentalistes. Mais il nes’arrêtait pas là. Repenser la tradition ne signif ie pass’occidentaliser. Il critiquait la globalisation occidentale qu’ilnommait ‘Gobisation’, un mouvement qui avale tout sur sonpassage. La vraie globalisation, elle, devrait être représentativedes différents modes de pensée, ce qui n’est pas le cas dansnotre monde postcolonial. Il dénonçait ainsi la dictature de lapensée «universelle» occidentale qui ne prend pas en compteles différentes cultures, philosophies et religions du monde…À l’heure où les peuples se retranchent et les extrêmesgagnent en force, nous avons besoin de cette vision pacifiqueet inclusive des relations humaines. Considéré comme un guideet un sage par de nombreux Tunisiens, Mohamed Talbi étaitrespecté de tous… Heureusement, il existe de nombreuxpenseurs musulmans éparpillés à travers le monde qui prônentcomme lui une lecture éclairée du coran. Alors, portons leurvoix pour qu’ils soient entendus. En hommage à MohamedTalbi et tous les penseurs de l’Islam des lumières qui ont traverséles siècles.

15 Avril 2014

Leïla Slimani

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NRP, Juin 2017, n°37

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EVENEMENTS

Il s’est passé durant ces deux mois :

- Journée internationale de la presse : « la presse dans l’incertitude »

- « Reconduction de l’accord sur  la réduction de  la productionpétrolière :  le bon signal de Riyad et Moscou ».

- Mme Dehiles veuve Abane n’est plus : un destin d’exception.

- Maroc-Algérie :  « La polémique enfle ».

- « 35eme Anniversaire de la disparition tragique de Mohamed Seddik

Benyahia.

- 12 Nouveaux Ministres arrivent : relooking au Gouvernement.

- Limogé 3 jours après sa nomination : « L’énigme Benagoun »,Ministre du tourisme.

- L’émission « nass stah » revient après une interruption brutale :Pourquoi nos politiques ont peur de l’humour.

- Les élèves du Moyen plus touchés : cette violence qui pousse l’enfantà l’irréparable.

- Une vidéo compromettante met en cause le PDG : scandale à Naftal.

- Notre reporter raconte les évènements qui secouent le Maroc : Aucœur de la révolte du Rif.

- « Décès de Hassen Bachir Cherif Ghania Yacef : La presse en deuil ».

- «  Les caméras cachés de plus en plus dénoncées : Traquenardsindécents ».

- Saïd Bouteflika se démarque d’Ennahar TV « Une ignominie… ».

- La nouvelle Volkswagen Golf est sortie de l’usine de Relizane : « Nousla concrétisons avec toute son authenticité ».

- Sept pays rompent leurs relations avec le QATAR : La plus grave crisediplomatique dans le monde musulman depuis près de 40 ans.

- Crise entre le QATAR et ses voisins : l’Algérie appelle au dialogue.

- BAC : pas de fuites des sujets selon les syndicats.

- Coopération algéro-russe : Plusieurs projets d’investissements enindustrie mécanique en vue.

NRP, Juin 2017, n°37

Avis de naissance :le cdes a le plaisir de vous informer de la parution du N° 1 de la NRP en Arabe

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[BIBLIOGRAPHIE]

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Livre de cuisine itinérant ou récit de voyage cuisiné, Al-gérie Gourmande est une aventure culinaire vivante etriche. Un voyage savoureusement épicé de rencontresà travers le terroir algérien avec 60 recettes embléma-tiques.

ALGÉRIE GOURMANDEVoyage culinaire dans la cuisine d'Ourida

Claire Marca, Reno Marca, Ourida Nekkache

Editions de La Martiniere, 2016

IssiakhemBenamar Mediène

Casbah Éditions, Alger, 2007

[FILM]

Pour retracer la vie tumultueuse et l’œuvre magistrale dece peintre hors pair, l’auteur et docteur en sociologie del’Art, Benamar Médiène a signé Issiakhem, un Beau-livredédié à son ancien ami dont le lecteur découvre l’histoireet la personnalité

Profession journaliste

L'Année du Maghreb 2016-II n°15

[REVUE]

À mon âge je me cache encore pour fumer

Réalisatrice : Rayhana 2016

Le dossier "profession journaliste" traite des transfor-mations des paysages médiatiques des différents Étatsdu Maghreb en portant le regard sur les conditionsd'exercice du métier de journaliste

[MUSIC]Tinariwen Elwan , 2017