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www.crdi.ca/wadimena Documents de recherche sur la gestion de la demande en eau Initiative régionale concernant la demande en eau au MoyenOrient et en Afrique du Nord INSTITUTIONS POUR LA GESTION EFFICACE DE LA DEMANDE EN EAU Rédigé par David Brooks et Sarah Wolfe Révision et mise en forme par Sarah Wolfe Décembre 2007

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Documents de recherche sur la gestion de la demande en eau 

Initiative régionale concernant  la demande en eau au Moyen‐Orient et en Afrique du Nord 

INSTITUTIONS  POUR  LA  GESTION  EFFICACE  DE LA DEMANDE EN EAU Rédigé par David Brooks et Sarah Wolfe Révision et mise en forme par Sarah Wolfe 

Décembre 2007 

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TABLE DES MATIÈRES 

 

 

1 PRÉFACE .....................................................................................................................................2

2 INTRODUCTION..........................................................................................................................4

3 LES INSTITUTIONS ET L’INFLUENCE DES FACTEURS EXOGÈNES ET ENDOGÈNES.......................6

4 ÉTUDE DE CAS COMPARATIVE DE DIVERSES INSTITUTIONS......................................................7

4.1 Étude de cas – l’Afrique du Sud........................................................................................8

4.1.1 Introduction..................................................................................................................8

4.1.2 La législation et la conservation de l’eau .....................................................................9

4.1.3 La GDE et le ministère de l’Eau et des Forêts.............................................................11

4.1.4 Les facteurs exogènes et endogènes influant sur l’application des stratégies de GDE  13

4.2 La GDE dans les institutions des pays de la région MOAN .............................................15

5 PRINCIPALES LEÇONS ...............................................................................................................17

6 NOUVELLES Activités et travaux de recherche éventuels........................................................22

6.1 Activités ..........................................................................................................................22

6.2 Recherche .......................................................................................................................23

7 CONCLUSION............................................................................................................................23

8 SOURCES DE RÉFÉRENCE..........................................................................................................24

 REMERCIEMENTS 

Nous tenons à remercier sincèrement Lorra Thompson, qui sans ses contributions, ces documents de recherche sur la GDE n’auraient pu être réalisés. 

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Documents de recherche sur la GDE : document de travail no 4

Initiative régionale concernant la demande en eau au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

(WaDImena) 2

 

PRÉFACE 

Le  Centre  de  recherches  pour  le  développement  international  (CRDI)  et  ses  partenaires s’intéressent de près  aux  enjeux de  la pénurie d’eau  au Moyen‐Orient  et  en Afrique du Nord (région MOAN) depuis plus d’une décennie. Le point d’insertion de cette démarche est la gestion de  la demande en eau  (GDE)1. La GDE offre une alternative aux  idées reçues sur  la gestion des ressources hydriques, en  influençant  les  changements de  comportements,  les politiques et  les pratiques des utilisateurs de l’eau et en prônant une utilisation plus efficace, équitable et durable des ressources en eau actuelles, dans une perspective multidisciplinaire et multiacteurs. 

Les preuves ne manquent pas à  l’effet qu’un mouvement en  faveur de  la GDE a pris naissance dans la région MOAN, mais ce mouvement n’a ni l’ampleur ni la puissance nécessaires pour faire face  à  la  pénurie  d’eau  qui  y  sévit.  Il  faut  combler  les  insuffisances  fondamentales  des connaissances et des capacités pour faciliter la GDE, élargir son aire d’influence et permettre un apprentissage  et  des  débats  dynamiques.  Depuis  2005,  l’initiative WaDImena2  participe  à  cet effort  collectif  et  favorise  la  production  de  données  probantes  fondées  sur  la  recherche  et  la gouvernance efficace de  l’eau afin d’influer davantage sur  les politiques hydriques et de donner corps à l’efficience économique, à l’équité sociale et à la durabilité de l’environnement, qui sont les pierres angulaires de la GDE. 

Dans  la région MOAN,  la sensibilisation de  la population a permis de réaliser de grands progrès techniques. Pourtant, bien que  la GDE gagne du terrain auprès des responsables des politiques, elle n’est pas encore assez ancrée sur  le plan politique pour être mise en application, malgré ce que laissent entendre les données probantes. 

1 On entend par la gestion de la demande en eau (GDE) « toute mesure ayant pour but d'améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau en vue d’une tâche précise; de modifier la nature de la tâche ou la façon de procéder afin d’utiliser moins d’eau ou une eau de moins bonne qualité; de réduire les pertes, quantitatives et/ou qualitatives des flux d’eau, depuis la source jusqu’à l’utilisation et l’évacuation de l’eau; et/ou d’inciter les utilisateurs à se servir de l’eau dans les périodes hors pointe ». La GDE comprend aussi les mesures qui visent à augmenter l’efficacité des réseaux d’alimentation en eau pour répondre aux besoins de la société dans les périodes de pénurie (les périodes de sécheresse, par exemple). La GDE offre un cadre qui contribue à une plus grande équité, à une participation accrue des utilisateurs à la prise de décisions et à la réduction des impacts environnementaux. Dans sa forme la plus simple, la GDE peut être comprise comme étant le moyen « qui permet d’utiliser au mieux l’eau disponible ».  

2 L’Initiative régionale concernant la demande d’eau (WADImena) est un projet financé par de multiples intervenants, coordonné par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) avec le soutien du Fonds international de développement agricole (FIDA) et de l’Agence canadienne de développement international (ACDI). L’initiative a pour but de promouvoir la bonne gouvernance de l’eau en améliorant l’utilisation efficace, équitable et durable de l’eau. Outre certains pays du Golfe, WADImena aide l’Algérie, l'Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Palestine, la Syrie, la Tunisie et le Yémen à faciliter l’adoption et la mise en œuvre de stratégies et d’outils de GDE. Le projet entend combler le déficit des connaissances et des capacités qui empêche les instances régionales de faire en sorte que la sensibilisation à la pénurie d’eau se traduise en actions concrètes. Pour en savoir plus, voir le site Web à < http://www.idrc.ca/fr/ev-57064-201-1-DO_TOPIC.html>.  

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Institutions pour la gestion efficace de la demande en eau

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Cette nouvelle série de rapports ouvre la voie à la prochaine phase de la recherche, en donnant accès aux travaux d’actualité dans ce domaine. Alors que  l’accent est mis sur  les applications et les  répercussions de  la GDE dans  la  région MOAN,  la  théorie et  les connaissances peuvent, en grande  partie,  être  facilement  adaptées  à  d’autres  contextes  géographiques  et socioéconomiques.  Les  trois  premières  études  de  la  série,  consacrées  aux  structures  et  aux réformes  institutionnelles ainsi qu’aux questions sexospécifiques et d’équité, sont accessibles à < www.idrc.ca/wadimena >. 

Ce  rapport‐ci,  préparé,  en  raison  de  la  rareté  croissante  des  ressources  en  eau  de  la  région MOAN,  résulte  de  l’étude  technique  de  Brooks  (2004)  sur  les  Forums3  régionaux  du  CRDI consacrés à  la GDE. Cette étude a confirmé  l’existence de  la GDE dans  la  région, mais souligné également  que  l’ampleur  et  la  puissance  voulues  faisaient  défaut.  Elle  concluait  que  la  GDE n’avait pas  l’élan nécessaire à  l’adoption de mesures concrètes relatives à  l’eau dans aucun des pays de la région MOAN. 

Brooks (2004) a avancé qu’une analyse  institutionnelle serait de nature à renforcer  la portée et l’efficacité de  la GDE dans tous  les secteurs d’utilisation de  l’eau de  la région. Il a fait valoir que l’établissement de liens plus étroits, au sein des institutions et entre elles, et d’un nouveau milieu institutionnel, était indispensable. Ces liens faciliteraient le suivi et amélioreraient l’exécution des politiques de  l’eau et des activités qui en découlent. L’auteur a  laissé entendre aussi qu’il fallait tout  mettre  en  œuvre  pour  encourager  les  institutions  à  renforcer  la  participation  de multiacteurs, à accroître la transparence de l’élaboration des politiques et à favoriser le dialogue avec  les  utilisateurs  de  l’eau.  Ce  dernier  élément  revêt  une  importance  particulière  dans  les démarches visant à faire participer les femmes et les paysans pauvres aux processus décisionnels. 

Rares sont  les études qui portent sur  les praticiens – les personnes  responsables de  la mise en œuvre  de  la  GDE  au  sein  des  organismes – et  sur  leur  capacité  et  leur  volonté  d’adopter, d’appliquer et, surtout, d’appuyer la GDE (Sawyer, 1983; de Young et Robinson, 1984; Westcoat, 1986; Westcoat, 1987). Le fait d’avoir négligé  la variable sociale que représente  la faillibilité des praticiens et  leur  l’influence sur  la prise de décisions et  les politiques publiques explique peut‐être les revers persistants de la mise en œuvre des politiques de GDE. Pour que celle‐ci soit plus fructueuse à long terme et se généralise dans les conditions environnementales et économiques les plus diverses, il faut considérer le capital social4 accumulé par les praticiens de la GDE comme des  facteurs  favorisant  le  succès  des  stratégies  de  GDE  (Wolfe,  2008a; Wolfe  2008b, Wolfe 2008c). Une étude plus approfondie des praticiens, de  leurs besoins et de  leurs priorités exige l’examen et la reconceptualisation de la GDE. 

Le  présent  rapport  s’ajoute  aux  efforts  de  WADImena  visant  à  définir  les  caractéristiques institutionnelles nécessaires  à une mise en œuvre plus efficace de  la GDE.  Il  isole  les  facteurs 

3 Le CRDI a tenu quatre forums sur le recyclage des eaux usées (Rabat; 2002), la tarification de l’eau (Beyrouth; 2002), les partenariats publics et privés (Amman; 2002) et sur la décentralisation et la gestion participative de l’irrigation (Le Caire; 2003). Les actes des forums peuvent être consultés à < http://www.idrc.ca/fr/ev-43773-201-1-DO_TOPIC.html >. 4 C’est-à-dire la combinaison unique de réseaux en relation avec l’information, les priorités et les valeurs qui sont ainsi transmises. Voir les commentaires de Adler et Kwon (2002) et de Rydin et Holman (2004). 

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Documents de recherche sur la GDE : document de travail no 4

Initiative régionale concernant la demande en eau au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

(WaDImena) 4

exogènes et endogènes qui peuvent influer sur la structure et le mandat d’une institution5  et en tient compte dans  la mesure où  ils peuvent être adaptés au programme de GDE et favoriser sa mise en œuvre. Le document offre aussi une description de la GDE en Afrique du Sud, mettant en exergue  les  leçons  pratiques  qui  peuvent  être  appliquées – directement  ou  indirectement,  à court ou à  long  terme – aux pays de  la  région MOAN. Nous avons  retenu douze  leçons à  titre d’exemples  pouvant  être  repris  dans  le  cadre  des mesures  de  GDE  adoptées  dans  la  région MOAN. 

1 INTRODUCTION 

L’étude des interactions entre les individus et leurs institutions dans les travaux de recherche en sciences humaines ne date pas d’hier. Il est généralement reconnu que les valeurs, les attitudes, les points de vue des gens définissent et sont définies à la fois par l’acquisition et l’utilisation des connaissances. Ces éléments subissent à  leur tour  les  interactions qui se produisent au sein des institutions  internationales,  régionales,  nationales  et  locales.  Les  idéologies  politiques  et économiques,  les  antécédents  sociaux,  les normes  religieuses  et  laïques,  les  institutions  et  les politiques qu’elles génèrent sont des facteurs qui aident tous à déterminer quelles politiques ou technologies seront mises au point, puis adoptées (Saleth et Dinar, 2000). 

Le  succès  des  efforts  liés  à  la GDE  exige  l’adaptation  des  choix  que  font  les  institutions  et  la modification  des  valeurs,  des  normes,  des  attitudes  et  des  comportements  relatifs  à  l’eau.  Il faudra,  à  l’avenir,  tenir  compte  non  seulement  des  aspects  techniques  et  économiques  de  la gestion de l’eau, mais aussi des aspects sociaux comme les choix personnels et politiques.  

Ce rapport‐ci s’inspire de l’étude technique, réalisée par Brooks (2003, Brooks et coll., 20046), des forums  régionaux  sur  la  gestion  locale  de  l’eau  du  CRDI.  Cette  étude  a  révélé  que  la GDE  se répandait dans  la  région MOAN, mais qu’elle n’avait ni  l’ampleur ni  la puissance voulues pour faire  face  à  la  situation  hydrique  de  plus  en  plus  difficile  dans  l’ensemble  de  la  région.  La constatation la plus frappante de l’étude est que dans aucun pays de la région MOAN la GDE ne constitue l’élément moteur de mesures relatives à l’eau. 

Brooks (2004) a conclu qu’une analyse et une intervention institutionnelles pourraient renforcer tant  la portée que  l’efficacité de  la mise en œuvre de  la GDE dans tous  les secteurs d’utilisation de  l’eau  de  la  région.  Il  a  fait  valoir  que  l’établissement  de  liens  plus  étroits,  au  sein  des institutions  et  entre  elles,  faciliterait  le  suivi  et  améliorerait  l’exécution  des  politiques  et  des activités  liées à  l’eau.  Il était aussi d’avis qu’il  fallait tout mettre en œuvre pour encourager  les institutions à renforcer la participation de multiacteurs, accroître la transparence de l’élaboration des politiques et favoriser le dialogue avec les utilisateurs de l’eau, les femmes et les pauvres des zones rurales en particulier. En tenant compte de ces conclusions, le projet de suivi, WADImena, 

5 Le terme « institutions » signifie, aux fins du présent rapport, les organisations structurées, gouvernementales et non gouvernementales, ainsi leurs mandats explicites et implicites. 6 La version 2003, commandée par le CRDI, est un rapport confidentiel; la version 2004, vulgarisée dans une certaine mesure, a été publiée sur le site Web du CRDI; une troisième version est un rapport rédigé en collaboration avec Lorra Thompson et Lamia El Fattal (à paraître dans Water International). 

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Institutions pour la gestion efficace de la demande en eau

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allait permettre de combler  les  insuffisances des connaissances et des capacités. L’objectif visé consistait à améliorer les démarches de mise en œuvre de la GDE adoptées par les institutions de la région MOAN. 

En  prenant  cet  objectif  comme  tremplin,  le  présent  rapport  décrit  les  caractéristiques institutionnelles essentielles  à une  application plus efficace de  la GDE.  Il  fait état des  facteurs exogènes  et  endogènes  pouvant  influer  non  seulement  sur  la  structure  et  le mandat  d’une institution, mais  aussi  sur  sa  capacité de  s’adapter  au programme de GDE et d’en  favoriser  la mise en œuvre. Cette étude décrit en outre  les mesures de GDE adoptées par  l’Afrique du Sud afin d’en  tirer  les  leçons pratiques pouvant être  appliquées – directement ou  indirectement,  à court ou à long terme – aux pays de la région MOAN. 

Le rapport repose sur deux grands paramètres : 

Le  terme  « institutions »,  utilisé  ici,  désigne  autant  les  organisations  structurées, gouvernementales  et  non  gouvernementales  que  leurs  mandats  explicites  et implicites. 

Le rapport n’est pas centré sur toutes les institutions engagées dans la GDE; il est axé plutôt sur toutes celles qui sont actives en milieu rural et qui ont une influence sur les secteurs  ruraux de  l’économie  (surtout  sur  l’agriculture et  les activités  industrielles essentielles qui y sont liées). 

La nécessité de circonscrire le terme « institution » va de soi, presque. Une définition plus élargie mènerait à une analyse  ingérable. La seconde délimitation est  tout aussi  importante. En milieu urbain, la GDE a une incidence cruciale, mais assez limitée sur le revenu des gens7. Les décisions relatives à l’utilisation des terres peuvent être séparées de celles concernant l’utilisation de l’eau, et  les exigences en vue d’assurer  l’équilibre entre  l’eau nécessaire à  la culture vivrière et  l’eau destinée  aux  écoservices  sont  plus  complémentaires  que  concurrentielles.  Enfin,  il  a  été démontré  que  les  citadins  sont  disposés  à  payer  pour  bénéficier  d’un  meilleur approvisionnement en eau et qu’il est plus facile de mettre en place des solutions économiques traditionnelles en milieu urbain. 

Aucune de ces caractéristiques ne  s’applique, ou du moins ne  s’applique aussi bien, aux zones rurales. Dans ces dernières, gagne‐pain rime avec disponibilité en eau, et les décisions relatives à l’utilisation des terres sont nécessairement liées à celles concernant l’utilisation de l’eau. Qui plus est, toute augmentation de la productivité hydrique à des fins agricoles équivaut à une réduction presque proportionnelle de la pauvreté rurale. Compte tenu de ces différences, la GDE doit être traitée différemment dans  les contextes urbain et rural. La prise en compte de cette distinction est une conclusion d’une importance fondamentale, mais elle n’est pas abordée dans ce rapport car elle dépasse le cadre des termes de notre propos. 

7 Exception faite des familles élargies et des personnes qui pratiquent l’agriculture urbaine. 

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Initiative régionale concernant la demande en eau au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

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2 LES INSTITUTIONS ET L’INFLUENCE DES FACTEURS EXOGÈNES ET ENDOGÈNES 

Les institutions sont des édifices sociaux. Les normes, les attitudes et les conventions sont ce qui les éclairent, les guident, les structurent. Elles peuvent aussi être soumises à une analyse sociale, à  une  restructuration  et  à  des  réformes.  Les  institutions  sont  des  entités  dynamiques  qui subissent  l’influence  de  facteurs  tant  exogènes  (extérieurs)  qu’endogènes  (intérieurs).  Ces éléments sont interdépendants et pèsent les uns sur les autres, influençant ainsi les structures, le mandat et  les activités  institutionnelles du secteur de  l’eau (Saleth et Dinar, 2000). Comprendre ces éléments peut aider à expliquer les problèmes de mise en œuvre et à repérer des occasions d’intervention. 

Les  facteurs exogènes et endogènes peuvent se conjuguer et donner  lieu, avec  le  temps, à des changements de l’éthos social, défini ici comme étant « les règles pour la plupart informelles qui régissent une société donnée, soit  l’histoire,  les valeurs culturelles,  les normes et  les tabous du milieu dans lequel les organismes évoluent » (Lusthaus et coll., 2002; p. 24). Selon Saleth et Dinar (2000), les facteurs exogènes se manifestent et exercent leur influence à partir de l’extérieur du secteur de l’eau et sont les suivants : 

le développement économique à l’échelle nationale; 

les réformes et les priorités; 

la croissance démographique; 

les changements politiques et les engagements internationaux; 

les conflits intérieurs et extérieurs; 

les catastrophes naturelles. 

Par contraste,  les  facteurs endogènes existent à  l’intérieur du secteur de  l’eau et comprennent les  pénuries  d’eau  pouvant  être  provoquées  par  des  causes matérielles  ou  sociales  (Wolfe  et Brooks, 2003) et par des litiges entourant la distribution des ressources en eau entre les instances transfrontalières,  entre  les  secteurs  ou  entre  les  personnes,  par  exemple.  Il  s’agit  aussi d’institutions  locales qui peuvent, comme c’est  le cas de nombreuses associations d’utilisateurs d’eau (AUE), aider à éviter de tels litiges, à accroître la transparence des décisions et des activités des organismes ou à adapter  les décisions et  les activités des gestionnaires. Un autre élément endogène  est  le  degré  de  détérioration  financière  ou matérielle  des  infrastructures  hydriques (Saleth et Dinar, 2000). 

Les  facteurs  endogènes  se  subdivisent  encore  entre  ceux  qui  portent  préjudice  aux  capacités institutionnelles ou  individuelles. On entend, très simplement, par capacités d’une  institution sa faculté d’agir. Celle‐ci dépend des variables exogènes susmentionnées, du contexte technique et financier, de son mandat et de ses priorités ainsi que de la disponibilité d’un corps professionnel assez nombreux. S’agissant des personnes qui travaillent au sein de  l’institution,  leurs capacités 

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Institutions pour la gestion efficace de la demande en eau

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(par exemple, les limites de leurs responsabilités et de leurs pouvoirs au sein de l’organisme) sont directement  liées  à  leurs  compétences.  Les  capacités  d’un  individu  consistent  en  une combinaison de ses connaissances explicites et de son savoir‐faire (c.‐à‐d. ses qualifications) et de ses  connaissances  tacites,  lesquelles  englobent  les  normes,  les  valeurs  et  les  croyances profondément  ancrées  influant  sur  ses décisions et  ses  actions  au  sein de  l’institution  (Wolfe, 2007; à paraître). La conjugaison des compétences et des capacités détermine l’aptitude à agir en général (Alaerts, 1996) et la réceptivité aux problèmes et aux possibilités de la gestion de l’eau. 

Il importe de reconnaître l’interaction déterminante entre les capacités individuelles et celles de l’institution8.  Lorsque  l’optique  fondée  sur  l’offre  ou  la  culture  professionnelle  continuent  de dominer, les stratégies de GDE sont parfois considérées comme de simples exercices de relations publiques ou « des mesures désespérées pour tenter d’éviter ou pour reporter des restrictions, des majorations  de  prix  ou  le  recours  à  d’autres mesures  administratives  visant  à  freiner  la demande  à  court  terme »  (Syme  et  coll.,  2000;  p.  540).  Ce  genre  d’attitude,  lorsqu’elle  est adoptée  par  les  gestionnaires  des  ressources  ou  par  les  décideurs  d’une  institution,  peut influencer subtilement l’issue des politiques et des programmes, les individus pouvant s’ériger en gardiens qui surveilleront d’un œil critique  les  innovations  intervenant sur  le plan de  la gestion des ressources. Selon Derrick Sewell et Burton (1972), l’opinion publique étant dominée par l’avis des  experts,  ce  sont  ces  derniers  qui  définissent  les  problèmes,  recommandent  les  solutions éventuelles et assument la responsabilité de l’application desdites solutions. 

Ainsi,  les valeurs et  les attitudes des experts, qui résultent de  leur formation professionnelle et sont renforcées au sein des structures et des cultures professionnelles, marquent  les stratégies qu’ils  ont  élaborées  et  les  connaissances  qu’ils  ont  recueillies  et  validées.  Ces  spécialistes deviennent les observateurs du changement et d’une influence grandissante. Gleick (2000;  

p. 136) estime que  les décideurs ont, d’une certaine manière, contribué à  l’utilisation  inefficace de l’eau par la société et à la résistance aux mesures de conservation de l’eau, en raison de « la prépondérance des anciennes idées parmi les planificateurs et les gestionnaires ». 

3 ÉTUDE DE CAS COMPARATIVE DE DIVERSES INSTITUTIONS 

Le cas de l’Afrique du Sud a été choisi pour sa diversité environnementale, financière, sociale et institutionnelle ainsi que pour les mesures de conservation de l’eau ou de gestion de la demande en eau qu’elle a adoptées (Brooks et Peters, 1988; Asmal, 1998; McKenzie et coll.. 1999; Rothert, 2000; Vickers, 2001).  La nature générale des  cas9  retenus  tient  compte également de diverses situations économiques et géographiques de la région MOAN. 

8 Pour un exposé détaillé sur les raisons qui militent en faveur des compétences et des capacités, dans le cadre de la gestion des connaissances, se reporter à Wolfe, 2008b, à paraître. 9 Un rapport interne de WADImena contient les détails relatifs à chacun de ces cas – Égypte, Jordanie et Maroc. Communiquer avec Mme El-Fattal pour en savoir plus. 

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3.1 Étude de cas – l’Afrique du Sud10

3.1.1 Introduction Le secteur sud‐africain de  l’approvisionnement en eau et de  l’assainissement a connu de graves problèmes vers la fin des années 1980 et au début des années 1990. La corruption politique, les sanctions internationales et la chute des cours de l’or avaient provoqué une diminution générale des fonds alloués aux services centraux, dont l’alimentation en eau (Forster, 2004). Une histoire de  décisions  de  gestion  peu  judicieuses,  fondées  sur  le  dogme  de  l’apartheid,  avait  ravagé  le paysage  naturel  et  le  système  de  distribution  de  l’eau.  Au moment  où  l’État  de  l’apartheid connaissait ses derniers jours, la transition vers la démocratie ne se passait pas calmement pour le secteur de l’eau, surtout en milieu rural. 

En  1994,  le  nouveau  gouvernement  du  Congrès  national  africain  (ANC)  devait  conduire  les affaires d’un pays accablé par des problèmes pressants : une économie en déclin fondée sur un système social défunt; une population ayant de grands espoirs et attendant  impatiemment des changements  immédiats;  l’exode  des  corps  professionnels  provoquée  par  la  perception  de problèmes  de  sécurité  et  l’incertitude  économique;  et  un  ensemble  de  conditions environnementales  limitant  le développement économique, notamment  le potentiel agricole, et minant la qualité de vie de la majorité des citoyens. 

L’ANC a pris de nombreuses décisions de gouvernance environnementale d’une grande portée dans  le  climat  politique  post‐1994.  Les  décisions  de  gestion  de  l’eau  intéressantes  pour  les auteurs  du  présent  rapport  sont  celles  qui  visaient  à  réduire  l’écart  entre  les  services d'approvisionnement dont jouissait la minorité et les réseaux desservant la majorité négligée. Ces décisions  institutionnelles  ont  eu  une  grande  influence  sur  le  secteur  rural.  Elles  portaient notamment  sur  la conservation de  l’eau et  la gestion de  la demande en eau  (CE/GDE),  termes communément utilisés dans  la documentation sud‐africaine. La conservation et  la gestion de  la demande  en  eau  sont  lentement  intégrées  dans  la  planification  et  la  pratique  nationales  et locales (Buckle, 2004b).  

Deux  situations  ont  catalysé  les  efforts  du  gouvernement  en  vue  d’accorder  une  plus  grande attention  à  la  gestion  de  l’eau  et  à  la  réforme  législative.  Premièrement,  les  périodes  de sécheresse successives des années 1990, qui ont confirmé la nécessité d’une action immédiate et de  prises  de  décisions  à  long  terme  plus  judicieuses  (Buckle,  2004b).  Deuxièmement, l’engagement public de l’ANC de répondre aux besoins essentiels des citoyens.  

Outre  l’éducation,  l’emploi,  le  logement  et  les  services  de  santé,  ces  besoins  fondamentaux comprennent  la  prestation  des  services  aux  14 millions  de  personnes  privées  d’accès  à  l’eau potable  et  aux  21  millions  sans  services  d’assainissement  adéquats  dans  les  établissements ruraux et non structurés (Rothert, 2000). Étant donné la réalité qualitative avec laquelle l’Afrique 

10Wolfe, Sarah (2006), « Commitment and Collaboration: Social networks and tacit knowledge in southern African and Canadian water demand management », thèse de doctorat inédite, département de géographie , Université de Guelph, Guelph (Canada). 

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du  Sud  doit  composer –  l’utilisation  intensive  de  l’eau  à  des  fins  agricoles  et  par  l’industrie minière, et les besoins qui s’intensifient rapidement en raison de la croissance démographique et de  l’urbanisation –,  les  décideurs  ont  dû  repenser  la  gestion  de  l’eau  (Hazelton,  2004). Cependant,  ce  sont  les  obligations  sociale, morale  et  historique  du  gouvernement  envers  la majorité négligée qui ont orienté les premières démarches adoptées par l’ANC pour l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique de l’eau (Forster, 2004). 

3.1.2 La législation et la conservation de l’eau La  législation  de  l’eau  en  Afrique  du  Sud,  inspirée  au  départ  du modèle  néerlandais,  a  subi d’énormes  changements  après  la  prise  du  pouvoir  par  l’ANC  (Odenaal,  2001;  Tsinde,  2001; Arntzen, 2003). La Loi sur  l’eau de 1956 qui accordait priorité à  l’approvisionnement en eau et aux droits des riverains ne pouvait pas s’appliquer de manière satisfaisante aux enjeux sociaux, politiques et environnementaux de l’Afrique du Sud post‐apartheid (Tsinde, 2001). La loi obsolète de  1956  a  été  remplacée,  en  1998,  par  la  nouvelle  Loi  nationale  sur  l’eau.  Celle‐ci  appuie  la gestion de la demande en eau et la conservation des ressources hydriques, définies comme étant « l’utilisation et  la conservation efficaces de  l’eau, grâce à des mesures telles que  les dispositifs économiseurs d’eau, des procédés permettant des gains d’efficience,  la GDE et  le rationnement de  l’eau » [art.1 (1) (v)]. La  loi englobe aussi  la Stratégie nationale sur  les ressources en eau qui prévoit  « la  mise  au  point  de  stratégies,  d’objectifs,  de  plans,  de  lignes  directrices  et  de procédures élaborées par  le ministre; des arrangements  institutionnels en vue de  la protection, de l’utilisation, du développement, de la conservation, de la gestion et de la réglementation des ressources hydriques » ainsi que la définition « des principes régissant la conservation de l’eau et la gestion de la demande en eau » [art.6 (1) (h)]. 

D’autres changements importants ont aussi été effectués dans le cadre de la Loi sur  

l'approvisionnement  en  eau  (Water  Services Act – no  108  de  1997)  et  de  la  restructuration  du secteur  de  l’eau.  La  loi  contient  des  dispositions  relatives  à  la  conservation  des  ressources hydriques et à la GDE, dont des clauses prévoyant : 

des normes nationales régissant l’utilisation durable des ressources en eau destinées à l’approvisionnement [art.9 (1) (c)]; 

des normes régissant la tarification de l’eau (art.10); 

les efforts devant être déployés par les institutions du secteur de l’eau;  

l’appui  et  l’évaluation  des  plans  d’action  en matière  de  conservation  de  l’eau  des instances locales responsables de l’approvisionnement, et le suivi à cet égard. (art.12, 16 et 18). 

Les  institutions chargées de  l’application des nouvelles priorités en matière de gestion de  l’eau définies par la loi sont diverses et leurs activités ont une vaste portée. La gestion de l’eau dans le secteur  agricole  faisait  double  emploi  avec  celles  des  ministères  national  et  provinciaux  de l’Agriculture.  Les politiques  visant à orienter et à  réglementer  l’assignation des  responsabilités 

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pour  l’approvisionnement en eau à des  fins agricoles  sont en cours de  révision. Les ministères provinciaux de  l’Agriculture sont  responsables, par exemple, des décisions  relatives aux projets d’irrigation des communes. La politique envisagée propose que le gouvernement décentralise et transfère graduellement ses responsabilités actuelles aux agriculteurs locaux. La première phase avait commencé en 1999 avec  la réduction, suivie de  la suppression, des subventions accordées pour  l’électricité  et  le  diesel.  La  deuxième  phase  (2001)  prévoyait  la  prise  en  charge,  par  les agriculteurs,  des  responsabilités  de  fonctionnement  et  d’entretien  des  aménagements hydroagricoles.  La  phase  finale,  en  cours  d’exécution,  comprend  la  création  d’associations d’utilisateurs de l’eau (anciennement les conseils de l’irrigation locaux) et le contrôle total exercé par  les agriculteurs  sur  tous  les aspects des aménagements hydroagricoles  (Thompson et coll., 2001). 

La  Loi  nationale  sur  l’eau  (no  36  de  1998)  offrait  aussi  la  possibilité  de  créer  des  agences  de gestion  du  bassin  versant  (AGBV)  et  des  associations  des  utilisateurs  de  l’eau  (AUE).  En  tant qu’autorités régionales,  les AGBV sont responsables du développement et de  la protection ainsi que de la gestion continue des ressources hydriques du bassin hydrographique11. S’agissant de la conservation de l’eau et de la gestion de la demande en eau (CE/GDE), les AGBV doivent : 

collaborer  avec  les  AUE  pour  instaurer  des  programmes  axés  sur  les  mesures incitatives, l’éducation et la recherche; 

élaborer et réviser la réglementation qui régit l’utilisation et la consommation; 

assurer le suivi et la modernisation de l’infrastructure; 

appuyer les efforts des AUE et le renforcement des capacités;  

préparer et appliquer les plans d’urgence pour le bassin. 

Contrairement  aux  AGBV,  les  AUE  sont  des  organismes  bénévoles  qui  regroupent  un  grand nombre d’utilisateurs finals provenant de divers secteurs. Ces associations ont une portée locale et  sont  responsables  de  la  gestion  de  l’eau  destinée  aux  utilisateurs  finals.  Leur  capacité  en matière  de  CE/GDE  dépend  de  leurs  efforts  en  matière  d’approvisionnement  en  eau  (la conjugaison de responsabilités administratives et de gestion, par exemple). C’est à elles aussi que revient la tâche d’émettre les permis d’irrigation, de surveiller l’infrastructure de l’eau, d’assurer le suivi des pertes hydriques et de  la pollution de  l’eau, et de contribuer à  l’élaboration et à  la mise en œuvre des plans de CE/GDE. 

Le  gouvernement  national  s'occupe  des  grandes  questions  liées  à  la  recherche  agricole,  à l’utilisation  durable  des  ressources  et  au  commerce  des  produits  agricoles;  il  dirige  aussi  les mesures visant à augmenter  la  croissance économique et à accroître  le développement  social. Des efforts considérables ont été consacrés à la conservation des sols en milieu rural. Les offices 

11 Pour des détails supplémentaires et plus approfondis des responsabilités des AGBV, voir Thompson et coll., IMWI 2001. 

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des  eaux  sont  des  entités  étatiques,  créés  par  le  ministre.  La  responsabilité  première  des associations  des  utilisateurs  de  l’eau  consiste  non  pas  à  gérer  les  ressources  en  eau, mais  à assurer le ravitaillement en eau potable. Elles peuvent aussi être appelées à gérer les ressources hydriques du bassin versant.  

3.1.3 La GDE et le ministère de l’Eau et des Forêts Le ministère de l’Eau et des Forêts (plus connu sous l’abréviation anglaise DWAF –Department of Water Affairs and Forestry) est le principal intervenant en matière de GDE en Afrique du Sud. En 1998, le DWAF a reçu le mandat de « faciliter l’élaboration de politiques, de stratégies, de projets et  d’initiatives  axés  sur  l’utilisation  efficiente  de  l’eau  par  tous  les  consommateurs  d’eau d’Afrique du Sud » (Tsinde 2001). Une Direction de l’utilisation efficace des ressources hydriques (autrefois  la Direction de  la  conservation de  l’eau) a été  créée en 1998 en vue de  favoriser et d’assurer la mise en œuvre de la CE/GDE en Afrique du Sud (Singh, 2004). 

Le programme de la direction relatif à « la conservation de l’eau et à la gestion de la demande en eau dans le secteur agricole » a été établi pour les raisons suivantes : 

l’irrigation  représente 50 % de  l’utilisation de  l’eau en Afrique du Sud. L’application des principes de la CE/GDE à l’irrigation et à l’agriculture aura un effet marquant sur la  disponibilité  de  l’eau  pour  d’autres  secteurs.  La  protection  des  ressources hydriques exigera une nouvelle approche des utilisateurs de  l’eau et des organes de réglementation (Directorate of Water Conservation 2006) 

Le  DWAF  fonctionnait,  en  tant  qu’organisation,  dans  un  environnement  politique radicalement modifié,  comme  l’illustre  le  Livre  blanc  sur  la  politique  nationale  de l’eau pour l’Afrique du Sud (1997, p. 2) qui déclarait : 

Le moment est venu pour nous de faire preuve d’ingéniosité et de porter notre attention dans une autre direction.  Il est  fort possible que  les programmes de conservation de  l’eau  soient de bien meilleurs  investissements  que  le  financement  de  nouveaux  barrages,  tunnels,  stations  de pompage, déversoirs ou pipelines. 

Les programmes de conservation peuvent à la fois augmenter l’approvisionnement en eau (par le contrôle des pratiques d’utilisation des sols, par exemple) et gérer  la demande (par  l’application de tarifs appropriés, notamment).  

Le  DWAF  s’est  engagé  dans  cette  nouvelle  direction  par  divers  moyens :  le  leadership  des intervenants,  l’élaboration de  stratégies, un  soutien  technique et des  services  consultatifs.  Il a aussi  tenté  de mobiliser  le  soutien  à  l’initiative  de  CE/GDE  au  sein  de  son  propre  personnel. Rodkins  (2004)  a  fait  remarquer  que  « la  notion  de  conservation  de  l’eau  et  de  gestion  de  la demande en eau est un domaine relativement nouveau en Afrique du Sud; nous ne possédons donc  pas  nécessairement  les  ressources  humaines  voulues  dans  les  institutions  de  toutes  les régions, ce qui signifie que nous […] devons jouer un double rôle ». Gumbo et ses collaborateurs (2004) se sont rangés à cet avis et ont souligné qu’« un obstacle de taille à l’adoption de mesures de GDE réside dans l’absence de programmes d’éducation et de formation bien structurés ou de 

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cours judicieusement axés sur toutes les parties prenantes de la chaîne de gestion de l’eau ». Ces citations témoignent des exigences plus complexes – allant au‐delà de la simple transmission des faits et des données – qui sous‐tendent la mise en œuvre des politiques de GDE. 

À titre d’exemple,  le DWAF a dû assumer  la responsabilité tant de  la gestion de  la demande en eau que de  la  formation du personnel  à  l’approche de  la CE  et de  la GDE, marquant  ainsi un tournant dans  la  culture  institutionnelle. Ce processus exigeait non  seulement  le  transfert des connaissances explicites nécessaires (les outils utilisés pour favoriser l’utilisation efficace de l’eau dans  divers  secteurs),  mais  aussi  de  remettre  en  question  et  d’abandonner  les  anciennes méthodes  et  d’adopter  pour  de  bon  une  nouvelle  façon  de  penser.  Ce  changement  de  cap influera aussi sur les connaissances implicites des individus. Ce n’est que lorsque ces deux aspects seront également pris en compte que la gestion de la demande en eau pourra s’harmoniser avec la gestion traditionnelle de l’offre en vigueur au sein de l’organisme. 

Quel a été le degré de succès de ce virage ? Bien que la documentation et le personnel du DWAF aient ouvertement appuyé les principes de la CE/GDE, d’aucuns ont exprimé leur inquiétude face au manque de transparence et de collaboration, et le personnel des bureaux régionaux a anticipé des problèmes  lors de  l’application des politiques (Tsinde, 2001). D’autres critiques étaient plus sérieuses :  l’ancien directeur de  la CE/GDE a  fait état d’un déclin de  l’appui  institutionnel, des budgets  et  de  la  disponibilité  des  ressources  humaines.  Il  estimait  que  la  direction  possédait moins de 50 % des capacités humaines dont elle avait besoin pour exécuter toutes les activités du programme de  la GDE  (Singh, 2004). Cette  réaction a été provoquée par  la culture  régnant au sein du DWAF, où tous  les documents et  les plans du projet de  la GDE étaient disponibles, mais où les initiatives étaient continuellement contrecarrées par la mentalité traditionnelle quant à la gestion de l’eau, les interminables réunions de comités et l’absence de reconnaissance de la GDE par les dirigeants de l’organisme (Singh, 2004). 

Le compte rendu de Singh (2004) contredit fortement une évaluation extérieure précédemment faite  par  Tsinde  (2001).  D’après  l’évaluation  de  ce  dernier  (2001;  p.14),  commandée  à  un consultant de  l’extérieur, « l’inclusion dans  la  loi de dispositions en  faveur de  la CE/GDE  révèle l’existence  d’une  volonté  politique  au  plus  haut  niveau  du  gouvernement »  et  souligne  que « cette volonté politique repose sur la vision décrite dans le plan d’action stratégique du DWAF ». Il y était dit aussi qu’une stratégie de communication efficace exposant  le mandat,  les priorités, les  possibilités  de  collaboration  et  les  leçons  à  retenir  avait  été mise  en  place.  Les  données probantes  issues de  la  recherche de Wolfe  (2006) vont à  l’encontre de  cette évaluation; Singh (2004) soutient que même si la situation change lentement et que des progrès « immenses » ont été  réalisés,  « le  plus  grand  échec  du  DWAF  réside  dans  son  incapacité  de  formaliser  et d’institutionnaliser  la  GDE  dans  les  procédures  de  la  gestion  des  ressources  en  eau ».  Singh (2004)  impute  cet  échec  à  « la  résistance  institutionnelle,  au  manque  d’information  et  de formation [et] aux vieilles habitudes et pratiques du groupe ». 

Cette  frustration  s’est  propagée  à  d’autres  personnes  travaillant  dans  le  secteur  de  l’eau  en Afrique du Sud. (Hazelton, 2002; p. iv), consultant de longue date et expert reconnu de la GDE, a 

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déclaré qu’« en  raison d’une orientation  ancrée de  la  gestion  de  l’approvisionnement  et de  la négligence affichée vis‐à‐vis de  la GDE,  les professionnels du secteur de  l’eau sont  formés pour construire des barrages et installer des pipelines, mais on leur apprend rarement quoi que ce soit à propos de la gestion de la demande en eau ». L’auteur précise en outre que « cette préférence pour les " cérémonies de coupure de ruban " des projets est entretenue par les forces politiques qui estiment que de tels projets suffisent pour gagner des voix ». 

Contrairement  à  ce  qu’indique  la  documentation  gouvernementale,  les  données  probantes recueillies lors d’entrevues pointent du doigt les problèmes non résolus au sein du DWAF et de sa Direction de l’utilisation efficace des ressources hydriques. Vraisemblablement, les connaissances explicites ont été diffusées au sein du ministère, mais le savoir implicite (c’est‐à‐dire les valeurs, les attitudes et  les croyances profondes des praticiens et des décideurs de  la GDE),  l’a été avec beaucoup moins de  succès. On peut  tirer de  cette  situation une  importante  leçon,  soit que  la dynamique  interorganisationnelle et  les processus d’apprentissage  individuel, englobant  tant  le savoir  implicite que  les  connaissances explicites, doivent être pris en  compte  lorsqu’on décide d’activer un programme de GDE. 

3.1.4 Les facteurs exogènes et endogènes influant sur l’application des stratégies de GDE

Les gestionnaires sud‐africains de  l’eau, tant  locaux et nationaux que ceux du secteur privé, ont exploré  les solutions de rechange aux options traditionnelles de gestion de  l’eau et au potentiel de la CE/GDE. Les choix que l’Afrique du Sud fera à propos de la CE/GDE seront d’une importance cruciale pour les zones rurales et le secteur agricole. S’agissant des préoccupations endogènes de ce secteur, Simon Forster  (2004) explique : « Afin non seulement de satisfaire à  la demande du moment, mais aussi d’assurer  le développement économique de ces collectivités,  il nous  fallait utiliser l’eau plus efficacement, tirer le meilleur parti de chaque goutte d’eau et poursuivre dans cette  voie  parce  qu’on  ne  pouvait  pas  obtenir  plus  d’eau. »  De  même,  Mckenzie  et  ses collaborateurs  (1999;  p.  117)  ont  mentionné  que  « les  nouveaux  règlements  obligeront effectivement  les fournisseurs d’eau à évaluer et à quantifier  leur « eau non comptabilisée » et [qu’]  ils n’auront pas  le droit,  si  leurs  indices de  rendement ne  correspondent pas à  certaines limites acceptables, d’augmenter leurs quotas d’approvisionnement ». 

Abrams  (1995;  p.5),  Sud‐Africain  travaillant  auprès  de  la  Banque mondiale,  avait  signalé  que l’objectif principal de la campagne nationale pour la conservation de l’eau consistait à « modifier les comportements à  l’égard de  la gestion de  l’eau en Afrique du Sud, soit en abandonnant  les critères portant  simplement  sur  la gestion de  l’approvisionnement pour adopter une approche axée  sur  la gestion  la demande ». Tout  semble  indiquer que  ce  changement de  cap a été une réussite, du moins sur  le papier. Selon  l’ancien chef de  la Direction de  la conservation de  l’eau, même  s’il  reste  encore  du  chemin  à  faire  pour  instaurer  une  nouvelle  culture  au  sein  de l’organisme d’exécution,  les efforts déployés par  le gouvernement afin de  favoriser  la mise en œuvre de son programme de conservation et d’utilisation efficace de  l’eau sont sans précédent au  pays,  dans  toute  l’Afrique  et  probablement  dans  la  plupart  des  régions  du monde  (Singh, 

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2004). Les experts sud‐africains  interviewés dans  le cadre de notre étude étaient  très  fiers des changements législatifs notables qui ont été effectués en une décennie12. 

Il  convient  cependant  de  reconnaître,  en  dépit  de  ces  succès  législatifs,  que  des  problèmes persistent  à  de  nombreux  niveaux  (van  der Mewe,  2003).  Beukman  (2002,  p.  3),  le  premier gestionnaire  du  projet  GDE  à  l’UICN13  résume  la  situation  comme  suit : « Bien  que  le  cadre politique et législatif de la mise en œuvre de la CE et de la GDE ait été mis en place dans un grand nombre de pays d’Afrique australe, très peu de mesures ont été adoptées à cet effet ». D’autres chercheurs confirment  l’évaluation de Beukman; par exemple, Mwendera et ses collaborateurs (2003), qui concluent : 

Il ne suffit pas de savoir comment mettre la GDE en pratique. Il faut aussi savoir quand et comment l’appliquer, comment choisir et motiver les intervenants les plus pertinents à la mise en 

œuvre […]. 

Il existe toute une série d’explications à cette absence de progrès, mais il n’est pas possible, dans notre brève description, d’explorer  la complexité du secteur de  l’eau sud‐africain. Les éléments exogènes tels que  la « race »,  le SIDA,  la pauvreté profonde et  les  inégalités persistantes – tous hérités  de  l’apartheid,  au moins  en  partie – ont  été  uniquement  mentionnés  en  passant  ou totalement omis. Ces omissions sont dues à un souci de brièveté et de respect des paramètres du présent  rapport, mais  le  tableau  serait  incomplet  si  l’on ne  tenait pas  compte de  ces  facteurs extérieurs. La persistance des questions raciales a un effet sur la culture de l’organisme et sur les tensions qui  y  règnent : le  roulement du personnel  se  fait  rapidement dans  les  institutions de gestion de  l’eau, certaines personnes accédant à des niveaux professionnels qu’elles n’auraient pas pu atteindre dans d’autres circonstances alors que d’autres sont  licenciées sous prétexte de diversité. Le fléau du SIDA complique encore  les activités  institutionnelles en privant  la fonction publique d’experts et de capacités administratives. 

Hazelton  (2004)  explique,  implicitement,  qu’une  combinaison  de  facteurs  exogènes  et endogènes entrent en  jeu : « Peut‐être une des principales [raisons pour  lesquelles  la GDE n’est pas  intégralement  appliquée]  tient‐elle  au  fait  que  ni  les  politiciens  nationaux  ni  le DWAF  ne savent par où commencer étant donné les énormes pressions qui pèsent sur leur temps et leurs ressources. »  Les  barrières  habituelles  que  sont  l’absence  de  volonté  politique,  le manque  de sensibilisation et de  formation et  l’octroi de  financement accordé préférablement à de grands projets d’approvisionnement  (UICN,  2001; Beukman,  2002; Hazelton  et  coll.,  2002; Raimondo, 2004)  sont autant de  facteurs pertinents qui doivent être pris en  compte pour  comprendre  la mise en œuvre de  la politique de GDE, mais  il  faut aussi  se pencher  systématiquement  sur  les questions plus fondamentales des capacités et des compétences individuelles. 

12 Voir aussi Odendaal (2001) pour en savoir plus sur la réforme législative. 13 Projet conjoint de l’Agence  suédoise  de  coopération  internationale  au  développement  (Asdi) et du CRDI sur la gestion de la demande en eau en Afrique australe. 

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Institutions pour la gestion efficace de la demande en eau

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3.2 La GDE dans les institutions des pays de la région MOAN Aussi  loin  que  remontent  les  documents  historiques,  l’eau  douce  a  toujours  été  la  ressource naturelle qui a le plus entravé le développement au Moyen‐Orient et en Afrique du Nord (région MOAN). Tant la Bible (« l’Ancien Testament ») que le Coran font abondamment référence à l’eau et, même aujourd’hui, dans ce qu’il est convenu d’appeler  l’ère du pétrole,  l’eau douce reste  la ressource naturelle qui préoccupe  le plus  les populations. C’est aussi, et de  loin,  la ressource  la plus  importante  pour  assurer  des moyens  de  subsistance  en milieu  rural.  Les  possibilités  de mettre en œuvre la GDE dans la région MOAN se multiplient et les institutions qui s’occupent des questions  liées  à  l’eau  commencent  à  adapter  leurs  programmes  en  conséquence.  Cette adaptation assurera un meilleur équilibre entre la gestion de  l’offre et la gestion de la demande en eau. 

Les  problèmes  liés  à  l’eau  sont  le  résultat  d’une  combinaison  unique  de  forces  naturelles  et anthropiques. Certains coins du monde sont plus arides que la région MOAN et d’autres ont des populations plus nombreuses ou des économies plus importantes. Cependant, nulle part ailleurs ne  compte‐t‐on un  tel nombre d’habitants qui  travaillent  aussi  dur pour  assurer  la  croissance économique  avec  aussi  peu  d’eau :  la  région MOAN  regroupe  5 %  de  la  population mondiale, mais  dispose  uniquement  de  1 %  des  ressources  en  eau  douce  (Raskin  et  coll.,  1996).  Si  l’on exclue  les États  insulaires et  les  cités‐États,  seuls 20 pays peuvent  compter  sur des  ressources renouvelables  en  eau  douce  de  moins  de  1 000  mètres  cubes  par  an  et  par  habitant,  un indicateur de stress hydrique communément utilisé, et 15 de ces pays sont situés dans la région MOAN. 

Il n’est pas étonnant que  la GDE ait  toujours été pratiquée dans  la  région MOAN. Un bédouin menant une vie traditionnelle n’utilise qu’environ dix litres d’eau par jour pour tous ses besoins, soit moins que  la quantité d’eau  consommée par  la majorité des  gens  ailleurs dans  le monde uniquement pour boire et cuisiner. Certains des systèmes de captage et d’acheminement de l’eau les  plus  innovateurs  ont  été  retrouvés  dans  les  anciennes  cités  de  la  région MOAN.  Il  n’en demeure  pas  moins  que  les  modes  de  vie  et  les  systèmes  d’approvisionnement  en  eau traditionnels ne peuvent satisfaire à la demande d’eau des pays modernes ou même des pays en développement. Il est généralement admis que le problème n’est pas dû au fait que les pays de la région MOAN utilisent l’eau à mauvais escient, mais plutôt à ce qu’ils ne sont pas aussi efficients qu’ils devraient l’être compte tenu des forces naturelles et anthropiques évoquées plus haut. En outre, et c’est l’aspect le plus grave, la gestion de la demande en eau n’a jamais, jusqu’à il y a une dizaine d’années, figuré parmi les priorités de la majorité des gouvernements de la région MOAN. Au contraire, les décideurs ont continué de mettre l’accent sur l’approvisionnement en dépit des données probantes de plus en plus manifestes de  l’augmentation des coûts et de  la diminution des revenus. 

La conclusion peut‐être  la plus  frappante pour  l’élaboration éventuelle de politiques découlant d’études antérieures sur  la gestion de  la demande en eau dans  la région MOAN  (Brooks, 2004) est que [l]a GDE n’a constitué en aucun cas le premier moteur de l’action gouvernementale. Si on réutilise maintenant  les eaux usées, c’est surtout pour  faire  face au volume croissant des eaux résiduaires  et  non  par  souci  d’économiser  l’eau.  Le  prix  de  l’eau  augmente,  la  gestion  de 

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l’irrigation est décentralisée et on confie au secteur privé  l’approvisionnement en eau dans  les zones urbaines, mais  le but ultime consiste à  réduire  les coûts ou  les budgets publics et non à faire des économies d’eau. Cette étonnante conclusion n’a pas pour objet de nier tout lien avec la GDE;  il  est  évident  qu’une  certaine  quantité  d’eau  est  économisée.  Il  importe  cependant  de reconnaître  qu’au  début  du  siècle,  la  recherche  sur  l’économie  des  ressources  hydriques  ne constituait aucunement  le  fondement des décisions des gouvernements nationaux de  la  région MOAN eu égard à la gestion de l’eau. 

Dans leur recherche sur le terrain, Brooks et Abu Qdais (2006) ont retenu les cas de l’Égypte, de la Jordanie et du Maroc pour étudier  les  institutions de GDE de  la région. L’Égypte compte une vaste population et son économie est diversifiée, mais  le pays dépend  lourdement de  la culture irriguée et n’a qu’une seule grande source d’eau. Contrairement à  l’Égypte,  la  Jordanie est peu peuplée et son économie est homogène, mais son secteur agropastoral est important et souffre d’une pénurie d’eau chronique. Le Maroc, quant à lui, représente un cas intermédiaire tant sur le plan  démographique  que  sur  celui  de  la  diversification  économique,  mais  il  est  largement tributaire de la culture irriguée à grande échelle et a besoin de multiples sources d’eau. 

Brooks et Abu Qdais (2006) ont constaté que les pays de la région MOAN font des progrès sur le plan de la gestion de la demande en eau. Les eaux usées sont de plus en plus réutilisées (et ce, de manière sûre) dans toute  la région. Pratiquement tous  les pays ont révisé  leur conception de  la valeur économique de l’eau, tant afin de réduire les subventions que pour pénaliser les plus gros utilisateurs. De même,  la reconnaissance de  la nécessité de fournir  l’eau gratuitement ou à bas prix  aux  consommateurs  à  faible  revenu  continue  de  faire  son  chemin.  L’expérience  des partenariats publics‐privés se limite à quelques pays, surtout pour l’approvisionnement des zones urbaines, mais ceux qui ont été établis affichent une diminution des pertes en eau et offrent de meilleurs services. 

Les quelques expériences  (Égypte et Maroc) de participation du secteur privé à  l’aménagement de nouvelles terres pour  l’irrigation semblent bien progresser, elles aussi. La décentralisation de la gestion de l’eau vers les associations des utilisateurs de l’eau est de plus en plus poussée pour l’eau d’irrigation. Le nombre des associations qui ont  réussi à couvrir  tous  les coûts est  limité, mais les économies d’eau ont augmenté et les coûts du pompage ont baissé. De fait, il appert que de telles mesures sont le meilleur indicateur de l’efficience d’utilisation de l’eau (Dinar et Mody, 2004). 

Bref,  comme  pendant  les  premières  années  2000,  il  était  évident  que  la  gestion  de  l’eau progressait rapidement dans la région MOAN. La gestion de la demande en eau faisait de même, mais  à  un  rythme  nettement  plus  lent  et manifestement  sans  avoir  l’ampleur  ni  la  puissance nécessaires pour faire face à  la situation hydrique de plus en plus difficile dans  l’ensemble de  la région.  En  outre,  il  est  apparu  clairement  que  le  principal  problème  ne  résidait  pas  dans  le manque  d’outils  ou  d’une  économie  appropriée,  mais  plus  exactement  dans  l’absence  de capacités, de  compétences  et de motivation  institutionnelles – obstacles provenant  surtout de forces endogènes plutôt qu’exogènes. 

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Heureusement,  il  est  possible  que  ces  premières  années  2000  marquent  un  tournant  dans l’approche de  la GDE dans  la région MOAN. S’il fallait citer un seul exemple, ce serait  la grande conférence sur la GDE régionale qui a rassemblé de nombreux participants sur les rives de la mer Morte en Jordanie en 2004. Cependant, on pourrait aussi rappeler la vague d’initiatives financées par  des  bailleurs  de  fonds  ou  des  gouvernements  ainsi  que  les  changements  apportés  à  la structure  institutionnelle  en  faveur  de  la  GDE  (Saleth  et  Dinar,  2000).  Fait  peut‐être  le  plus important pour favoriser le changement à long terme dans les approches de la GDE : un nombre croissant  de  rapports  gouvernementaux  sur  l’eau  douce  reconnaissent  que  les  options concernant l’approvisionnement en eau se raréfient. Dans une dizaine d’années, peu ou prou, la seule option qui subsistera sera la répétition des divers modèles de GDE. 

4 PRINCIPALES LEÇONS 

Ce  rapport  présente  certains  des  facteurs  déterminants  du  succès  de  la  GDE  sur  les  plans opérationnel et des politiques. Il a pour objectif de déterminer les leçons – tirées principalement des  descriptions  de  cas – qui  pourront  orienter  les  prochaines  recherches  sur  le  terrain.  Les leçons énumérées ci‐dessous procèdent de  l’étude descriptive du cas de  l’Afrique du Sud et des expériences menées dans la région MOAN. 

Leçon 1 : Le programme de GDE doit être explicite. 

La GDE ne peut être une partie implicite du mandat de l’institution ou quelque chose que l’on fait dans le cours normal du travail, de la même façon que l’efficacité est un concept toujours présent à  l’esprit  des  ingénieurs.  Tant  dans  son  mandat  que  lors  du  renforcement  des  capacités, l’organisme  responsable  de  la  GDE  doit  avoir  comme  objectif  prioritaire  l’amélioration  de l’efficacité  et  de  l’équité,  s’agissant  de  l’utilisation  de  l’eau.  Les  données  probantes  issues  de toutes  les  études  de  cas  soulignent  deux  éléments  fondamentaux  sans  lesquels  la GDE serait irréalisable : 

a) la mesure de l’utilisation de l’eau de manière aussi détaillée que possible;  

b) l’acceptation du concept selon  lequel  l’eau est un bien économique et qu’il doit faire  l’objet  d’une  tarification  pour  la  plupart,  sinon  pour  la  totalité,  de  ses utilisations. 

Cependant, chacun de ces éléments exige l’approbation expresse des instances supérieures et un haut degré de mise en œuvre. Les structures de tarification ne doivent pas nécessairement suivre les principes économiques néoclassiques; il est plus important de déterminer un tarif et qu’il soit assez élevé pour encourager l’efficience. 

Leçon 2 : S’assurer qu’un organisme central a une responsabilité explicite en matière de GDE. 

La mise en œuvre des activités de GDE semble être plus efficace  lorsqu’elle est coordonnée par une  instance  gouvernementale  autonome  (ou  au moins  partiellement  indépendante).  Un  tel organisme  devrait  se  concentrer  principalement  sur  l’élaboration  de  stratégies  et  la 

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recommandation  de  l’orientation  à  suivre  plutôt  que  de  se  consacrer  à  l’application  des politiques. Étant donné  la nature très diverse de  l’utilisation de  l’eau, aucun organisme ne peut prendre la tête des activités de mise en œuvre. Cette leçon a pour corollaire que l’organisme doit être doté de pouvoirs, ce qui  laisse entendre qu’il doit être de niveau ministériel. Bien qu’il soit peu probable qu’il fasse partie du cabinet ministériel, cet organisme doit avoir accès au conseil des ministres et être connu comme tel. 

Dans bon nombre de pays de la région MOAN, il ne sera pas possible de créer de toutes pièces un organisme  responsable  de  la  GDE.  On  pourrait,  cependant,  faire  en  sorte  qu’un  quelconque organisme  central  soit  chargé  principalement  de  l’élaboration  des  politiques  et  du  suivi  des résultats  de  la  GDE.  (Comme  on  le  verra  ci‐après,  il  pourrait  être  approprié  d’avoir  deux organismes de ce genre,  le premier s’occupant des questions urbaines et  l’autre, des questions rurales). Les organismes existants poursuivront  leurs activités, mais dans  le cadre de politiques graduellement  plus  contraignantes,  favorisant  la  GDE.  Au  fil  du  temps,  l’organisme  pourra « détourner »  les  activités  en  cours  et  faire  pencher  la  réflexion  technique  actuelle  vers  les approches favorisant la demande. 

Leçon 3 : Certaines  formes de GDE sont plus adaptées à des organismes non  responsables de l’eau. 

L’eau est tellement omniprésente au sein de la société que l’application des politiques de GDE et les activités liées à l’eau mettront à contribution, dans une certaine mesure, tous les secteurs et tous les ordres de gouvernement. Même si la responsabilité première de la GDE doit être confiée à  des  organismes  centraux  de  la  gestion  de  l’eau,  d’autres  organismes  peuvent  faciliter l’exécution des activités de GDE et solliciter  les réactions du public à ce sujet. En particulier,  les organismes  tributaires  des  ministères  des  Finances  peuvent  exercer  des  pressions  par  leur gestion  du  budget  et  l’octroi  (ou  le  non‐octroi)  de  dons  et  de  subventions.  De  même,  les organismes des ministères de l’Agriculture, du Logement ou des Affaires urbaines peuvent jouer un  rôle  utile  dans  la  mise  en  œuvre  de  programmes  destinés  à  favoriser  l’adoption  de conceptions, de matériel et de pratiques respectueux de l’eau. 

Leçon 4 : Des stratégies distinctes doivent être élaborées pour la GDE en milieux rural et urbain.  

La GDE doit être traitée différemment selon qu’elle est appliquée en milieu urbain ou rural. Les programmes de  conservation de  l’eau en milieu urbain peuvent être mis en œuvre  sans  créer trop  de  bouleversements  économiques, mais  les  initiatives  en milieu  rural  (surtout  agricoles) provoquent  le  déplacement  de  personnes  et  modifient  les  structures  économiques.  Plus précisément,  il existe au moins quatre différences entre  les zones urbaine et rurale, qui  influent sur la mise en œuvre des politiques de GDE : 

1) les politiques de GDE n’ont qu’un effet  limité  sur  les moyens de  subsistance en milieu urbain; 

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2) les changements dans  l’utilisation de  l’eau soulèvent moins de questions d’équité dans les zones urbaines; 

3) la  tarification  de  l’eau  est  déjà  répandue  en milieu  urbain  et  la  tarification  au  coût marginal est en vigueur dans de nombreuses régions; 

4) en milieu urbain,  les décisions  relatives  à  l’utilisation de  l’eau peuvent  être  largement séparées de celles portant sur  l’utilisation des terres, mais ce n’est pas  le cas en milieu rural. 

Il  découle  de  ces  différences  des  fondements  institutionnels  distincts  pour  la  gestion  de  la demande en eau en milieux rural et urbain. Puisque ces différences sont  loin d’être absolues,  il faut faire des arrangements particuliers afin d’affronter des situations auxquelles  l’un ou  l’autre des  cas énumérés de 1) à 4),  ci‐dessus, ne  s’applique pas. Ainsi,  la différence  la plus évidente réside dans l’application d’un tarif social pour l’utilisation de l’eau en milieu urbain. Un exemple qui saute moins aux yeux consiste à permettre, voire favoriser, l’agriculture urbaine sans pousser ces utilisateurs d’eau vers les tranches supérieures de consommation. 

Leçon 5 :  Les  institutions de GDE en milieu urbain peuvent être  indépendantes et prioriser  la tarification. 

En milieu urbain, une institution de GDE peut être un organisme indépendant ou faire partie d’un ministère de la Planification urbaine. En revanche, les organismes ruraux doivent être reliés (mais non  intégrés)  aux  établissements  d’aménagement  agricole  et  rural.  En  milieu  urbain,  les institutions de GDE peuvent, et doivent, utiliser la tarification comme principal outil. De fait, sauf pour  ceux  qui  consomment  peu  d’eau  et  paient  un  tarif  social,  la  tarification  devrait graduellement couvrir la totalité des coûts d’approvisionnement en eau potable et d’évacuation des eaux usées. 

Il n’est pas nécessaire que la conception d’un organisme urbain de gestion de la demande en eau et des mesures de mise en œuvre adoptées varient beaucoup d’une région à l’autre ou d’un pays à  l’autre.  Autrement  dit,  un  organisme  de  GDE  en milieu  urbain  a  pour  point  de  départ  la reconnaissance de l’eau comme bien économique. Son principal problème tiendra probablement moins à l’incapacité ou au refus de payer qu’à des services d’approvisionnement insuffisants et à la  piètre  qualité  de  l’eau.  Bien  qu’elle  ne  soit  pas  directement  liée  aux  services d’approvisionnement, la GDE est moins efficace lorsque le service est mauvais. 

Leçon 6 :  La GDE  en milieu  rural doit  se placer dans  le droit  fil d’une  stratégie nationale  en matière d’agriculture et de développement rural. 

Ici encore,  le point de départ d’un organisme de GDE en milieu rural ne réside pas tant dans  la valeur économique de l’eau que dans les facteurs exogènes des plans nationaux ou régionaux en matière  d’agriculture  et  de  développement  rural.  On  permettra  qu’il  y  ait  assez  d’activités agricoles pour que le pays puisse se nourrir, si nécessaire, et maintenir un secteur de l’économie qui  puisse  être  radicalement  réduit  pendant  les  années  de  sécheresse.  L’agriculture  est  aussi protégée parce qu’elle crée des espaces ouverts dans un pays densément peuplé. 

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Il est évidemment plus  facile de  répondre aux questions  concernant  l’avenir des  zones  rurales dans les pays et pendant les périodes où les perspectives d’emploi sont nombreuses. Le cadre qui présidera à  l’examen de ces questions  sera vaste  selon  toute probabilité, mais  il  indispensable que  la  GDE  soit  incluse  dans  l’analyse.  Étant  donné  l’importance  de  l’agriculture  et  de  la consommation d’eau qu’elle requiert dans les pays où l’initiative WADImena est mise en œuvre, il est essentiel de soulever ces questions et que les responsables des politiques lui accordent la plus haute priorité. 

Leçon  7 :  L’eau  utilisée  à  des  fins  non  agricoles  en milieu  rural  ne  peut  faire  l’objet  d’une généralisation. 

Mis à part un faible pourcentage réservé à l’abreuvement du bétail et au traitement de base des produits agricoles (principalement  le nettoyage), toute  l’eau à usage agricole en milieu rural est consacrée  à  l’irrigation.  Les  produits  laitiers,  le  conditionnement  des  viandes  et  d’autres opérations de ce genre requièrent une quantité relativement faible d’eau. Cette eau devrait être considérée  comme  de  l’eau  industrielle,  et  les  projets  de  GDE  applicables  en  milieu  urbain devraient  l’être aussi en milieu  rural. De même,  les ménages utilisent une  faible proportion de l’eau totale des zones rurales aux mêmes fins que celles des ménages urbains. Cependant, et à l’inverse des ménages urbains dont  la plupart  s’approvisionnent  à une  seule  source d’eau,  les ménages  ruraux  peuvent  recevoir  de  l’eau  de  plusieurs  sources,  notamment  des  puits,  des sources  d’eau  naturelles,  de  l’eau  captée  sur  les  toits  ainsi  que  des  systèmes  de  réticulation locaux.  Peu  de  pays  possèdent  un  système  bien  structuré  permettant  d’améliorer l’approvisionnement  en  eau  en  milieu  rural  et  la  majorité  d’entre  eux  estiment  que l’approvisionnement  est  déjà  assez  limité  ou  coûteux  pour  imposer  encore  leurs  propres exigences quant à  l’efficacité de  l’utilisation finale de  l’eau. Cette hypothèse est valable dans  la plupart des cas. Ainsi, ce qu’il faut retenir pour la gestion de l’eau utilisée à des fins non agricoles en milieu rural c’est que chaque pays doit élaborer l’approche qu’il estime être la meilleure. Il y a peu de marge pour la généralisation. 

Leçon 8 : La situation institutionnelle de la GDE est plus importante que son budget. 

La priorité accordée à  la GDE au sein d’une bureaucratie (c’est‐à‐dire  l’influence exercée par  les plus  hautes  instances  hiérarchiques)  peut  parfois  être  plus  importante  que  le  budget.  Si  les institutions  ont  des  budgets  consacrés  à  la  GDE,  il  arrive  que  des  barrières  institutionnelles fassent obstacle à toute mise en œuvre de programmes et, partant, aux innovations internes. Par contre, une institution dotée d’un budget modeste, sans doute consacré principalement aux frais de personnel, mais qui est soutenue par son environnement institutionnel, peut être très efficace sur  le  plan  de  la  GDE  en  créant  des  partenariats  avec  d’autres  organismes  responsables  des activités de programme sur  le  terrain  (les  facteurs endogènes peuvent avoir une  incidence soit positive, soit négative). En Afrique du Sud, par exemple,  la Direction de  la conservation de  l’eau ne dispose pas d’un énorme budget, mais elle a réussi à former des partenariats  judicieux avec des organismes municipaux et des ONG agricoles. 

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Leçon 9 : Il y existe une différence entre les compétences et les capacités en matière de GDE. 

Il faut faire la distinction entre capacités et compétences dans le cas des praticiens qui travaillent au sein des  institutions de GDE. Leurs compétences ont  trait à  leur savoir et à  leur savoir‐faire alors  que  leurs  capacités  désignent  leurs  aptitudes  à  mettre  ce  savoir  en  pratique.  Prises ensemble,  les compétences et  les capacités des praticiens sont d’une  importance capitale parce qu’elles constituent les capacités internes de l’institution – « les connaissances, le savoir‐faire, les attitudes et les valeurs que nous trouvons dans les individus » (Alaerts, 1996; p. 59). Il est crucial, dans le cadre des efforts visant à soutenir la mise en œuvre des politiques de GDE, de déterminer les priorités subtiles de cette distinction. Par exemple,  le problème tient‐il aux capacités ou aux compétences, ou est‐ce l’interaction des deux à la fois qui est difficilement définissable ? Ce type d’évaluation est essentiel à l’élaboration d’interventions efficaces. 

Leçon 10 : Il faut appliquer à la GDE des stratégies exhaustives de gestion des connaissances. 

S’il est une omission criante dans  la recherche  traditionnelle sur  la GDE, c’est que même si, en règle générale, nous connaissons les outils nécessaires et la raison de leur utilisation, nous savons très peu de choses sur  les personnes qui doivent  les mettre en pratique.  Il s’agit probablement d’ingénieurs  de  formation  dont  l’encadrement  est  bien  défini  et  qui  mettent  la  GDE  en application,  du  moins  au  début,  pour  faire  face  à  une  crise  (la  sécheresse,  par  exemple). Beaucoup de bailleurs de fonds et de chercheurs estiment que leurs efforts seront encouragés et soutenus par  la disponibilité de données et d’information plus nombreuses. Mais  ce n’est pas nécessairement  le  cas  parce  qu’il  existe,  de  fait,  d’importantes  anomalies  (Wolfe,  2007;  à paraître). 

En Afrique du Sud, par exemple, bien que le DWAF soit en mesure de fournir de l’information sur la GDE et des données relatives à ses bienfaits, à moins d’un changement dans le savoir individuel et  la  culture  organisationnelle,  les  barrières  institutionnelles  persisteront.  En  instaurant  et  en appliquant  les principes de  la  gestion des  connaissances, de  la  théorie d’organisation  et de  la diffusion des innovations, nous pouvons commencer à explorer les enjeux associés aux praticiens de la GDE. Tout plan exhaustif de gestion du savoir doit aller au‐delà de l’acquisition, du stockage et du  transfert des connaissances explicites.  Il  faut  tenir compte des connaissances  tacites des praticiens  (leçon  9;  Wolfe,  2007)  et  examiner  leurs  compétences,  leurs  capacités,  leur collaboration et leur engagement envers la GDE. 

Leçon  11 :  Les  praticiens  de  la  GDE  sont  d’importants  gardiens  du  savoir  et  agents  de changement. 

Les  décisions  que  prennent  les  individus  sont  motivées  par  toute  une  série  de  principes, d’attitudes  complémentaires  ou  contradictoires  et  de  conceptions  de  ce  qui  constitue  un problème ainsi que par leurs perspectives quant à la nature et à la valeur économique de l’eau. À leur  tour,  ces  principes,  attitudes  et  perspectives  sont  façonnés  et  activement  guidés  par l’acquisition  et  l’utilisation  des  connaissances  et  par  les  interactions  au  sein  des  institutions professionnelles. La combinaison et l’interaction de ces éléments signifient qu’il est important de bien comprendre les compétences et les capacités des praticiens de la GDE (c’est‐à‐dire ceux qui 

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sont  chargés  de  l’élaboration  et  de  l’application  des  politiques  et  des  activités).  Cette compréhension peut aider à expliquer les carences de la mise en œuvre et à accroître l’efficacité des politiques sur  les ressources hydriques. Les valeurs et  les attitudes des experts, émanant de leur  formation professionnelle et  renforcées par  les structures professionnelles, se manifestent dans  les  stratégies  qu’ils  déterminent  et  dans  les  connaissances  qu’ils  recueillent  et  qu’ils appuient.  C’est  ce  qui  permet,  en  fin  de  compte,  de  définir  nos  institutions  sociales  et  leurs priorités.  La  reconnaissance  de  cette  leçon  et  les  réactions  innovatrices  qu’elle  suscite représentent un défi de  taille et une occasion en or de mettre en œuvre  les politiques et des activités de GDE dans toute la région. 

Leçon 12 : La participation du public est très utile à la promotion de la GDE, mais elle doit être grandement diversifiée. 

L’expérience des organismes d’État et des provinces en dehors de la région MOAN ainsi que celle des associations des utilisateurs de  l’eau dans cette  région  révèle que  la participation publique est un  instrument très puissant auquel on peut avoir recours pour mener à bien  les activités de GDE. Toutefois, cette même expérience  indique aussi que  la participation du public ne  répond pas  à  un  modèle  unique.  Même  avec  de  bonnes  intentions  et  le  soutien  des  instances gouvernementales  supérieures,  la plupart des pays et des organismes  se  rendent  compte qu’il leur  faut  faire  l’essai  de  plusieurs modèles  avant  de  trouver  le  bon.  En  fait,  les  grands  pays pourraient avoir besoin de modèles différents pour diverses  régions agroécologiques ou divers groupes ethniques. 

5 NOUVELLES ACTIVITÉS ET TRAVAUX DE RECHERCHE ÉVENTUELS 

5.1 Activités La plupart des activités de renforcement des capacités, qui doivent être adaptées quant au fonds et à la forme, se classent dans deux catégories. Elles porteront en particulier sur : 

l’utilisation urbaine et industrielle de l’eau là où la tarification est déjà en vigueur et où les modèles d’utilisation de l’eau sont similaires d’un pays à l’autre; 

les  aspects  de  l’utilisation  de  l’eau  en  milieu  rural  qui  sont  soumis  aux  forces économiques  traditionnelles  (c’est‐à‐dire,  du  marché),  surtout  pour  l’utilisation  à grande échelle et pour l’agriculture commerciale. 

Plusieurs  types  d’activités  pertinentes  commencent  à  se  profiler.  Dinar  et  Mody  (2004)  ont proposé des modes de tarification optimale pour l’irrigation. D’autres modèles de tarification ont été élaborés pour les services de gaz naturel afin que les gains résultant de la conservation soient partagés entre ces services et  les consommateurs de manière à  les  inciter, de part et d’autre, à trouver des moyens de réduire la consommation d’eau. 

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5.2 Recherche 1. Étude plus poussée des bases  institutionnelles de  l’utilisation et de  la conservation 

de  l’eau  à  des  fins  agricoles. On  en  trouve  des  exemples  dans  les  pays  à  revenu intermédiaire  plutôt  que  dans  les  pays  à  revenu  élevé.  Le  modèle  iranien  est intéressant. Les tendances actuelles (Beaumont, 2002) montrent qu’il faut accorder une attention particulière aux pays de  la  région MOAN qui devront, d’ici quelques années,  transférer  la  plus  grande  partie  de  l’eau  consacrée  présentement  à l’irrigation vers des utilisations urbaines et  industrielles, et que ces quantités d’eau augmenteront sans doute en raison des changements climatiques et de la nécessité de s’y adapter. 

2.                 Définition  et  application  des  nouveaux modèles  de  développement  rural. Quelques groupes  se  penchent  déjà  sur  ces  questions  au  sein  de  la  région MOAN, mais  il  faudrait  les rassembler pour rendre leur interaction plus fructueuse. Le renforcement formel des capacités de GDE peut encore progresser en se fondant sur les connaissances actuelles. Il faudrait cependant l’associer à de nouveaux travaux de recherche sur d’autres modèles, plus durables, d’utilisation de l’eau. De tels travaux ne relèvent pas nécessairement (ou exclusivement) de WADImena, mais la recherche et la prestation des services pourraient s’articuler autour de ces tâches. Sans doute la question relative à l’eau douce la plus urgente qui se pose à tous les pays de la région MOAN, y compris ceux qui participent activement à WADImena, consiste à assurer un développement rural pertinent axé sur l’utilisation durable et équitable de l’eau  

3.   Aucun modèle  de  pratiques  exemplaires  ne  peut  être  transféré  directement  dans  la région MOAN. Deux démarches intermédiaires s’imposent : 

   premièrement, choisir parmi les modèles existants ceux qui semblent les plus appropriés à  la région; deuxièmement, rectifier et adapter ce modèle aux conditions des pays de  la région MOAN. Cette dernière exigence sera de loin la tâche la plus difficile. Avec le temps, ces modèles pourront être mis en œuvre dans  la région MOAN, selon des modalités qui constitueront en soi une forme de renforcement des compétences et des capacités. 

6 CONCLUSION 

Le présent rapport a passé en revue  les défis posés par  la création d’institutions chargées de  la mise  en  œuvre  de  la  GDE  dans  divers  pays.  Ces  dernières  ont  devant  elles  une  tâche  peu enviable.  Il  ne  fait  aucun  doute  que,  pour  cerner  les  occasions  à  saisir,  élaborer  les  activités pertinentes  et  évaluer  l’étendue  de  leur  succès,  les  pays  de  la  région  MOAN  ont  besoin d’institutions  solides,  résolument  engagées  à  assurer  la  gestion  de  la  demande  en  eau. Mais comment  créer  de  telles  institutions  dans  un  pays  donné,  en  tenant  compte  de  ses  assises économiques,  de  ses  divisions  ethniques,  de  ses  conditions  géographiques  et  de  sa  structure politique ? Là est la question. 

Le  rapport porte  sur  la nature des  institutions  et  le  chemin qu’emprunte  leur  évolution, mais aussi  sur  les moyens  qui  leur  permettent  d’agir,  en  tenant  compte  de  l’influence  des  forces 

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Documents de recherche sur la GDE : document de travail no 4

Initiative régionale concernant la demande en eau au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

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endogènes  et  exogènes.  L’accent  a  été mis  en  particulier  sur  les  institutions  structurées  qui s’occupent  de  la  gestion  de  l’eau  en  dehors  de  la  région, mais  sans  oublier  de  prendre  en considération  les  leçons  évidentes  pouvant  être  appliquées  à  des  établissements  de  la  région MOAN ou, du moins, à ce qu’elle était au début du 21e siècle. 

Cette étude devrait aider à déterminer comment renforcer les capacités et les compétences dans la région MOAN en vue de la conception, de la mise en œuvre et du suivi des activités de gestion de la demande en eau. Qui plus est, à mesure que ces capacités se développeront, les institutions finiront par jouer un rôle de premier plan pour faire avancer la gestion de la demande en eau en tant que concept au cœur des politiques favorisant l’utilisation durable et équitable de l’eau.  

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Institutions pour la gestion efficace de la demande en eau

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