Numéro 20 - Octobre/Décembre 2003

ÉDITO

Courant novembre, à l’invitation de l’Esplanade Saint-Étienne Opéra, nous créerons Cigale, une œuvre composéepar Jules Massenet. En 1904, lorsque le compositeur et sonlibrettiste s’inspirèrent de Jean de la Fontaine pour écrire lelivret de ce ballet, on vit bien de quel côté penchaient leurssympathies. Sous leur plume, Cigale n’est plus une musi-cienne insouciante, mais un être généreux et désintéressé,qui après avoir tout donné, meurt dans le plus completdénuement. Tordant le cou à la morale convenue, ils font decette saltimbanque une personne respectable. Voire uneicône puisque, touchée par la grâce, Cigale termine sa carrière au ciel. Une fin quand même plus honorable quel’excommunication ou la fosse commune. À l’opposé, l’in-dustrieuse fourmi, grotesque et peu charitable, se prête aujeu de la caricature. À l’entendre, l’artiste serait un parasitevivant aux crochets de la société. Ici, Jules Massenets’amuse tout en abordant un sujet récurrent. En témoignele conflit estival relatif à la réforme du statut des intermit-tents du spectacle.

Cette réforme du système permettant aux professionnelsdu spectacle de bénéficier d’un régime d’indemnisationchômage était nécessaire. Cependant, si elle visait à résor-ber un déficit, ne fallait-il pas d’abord s’attaquer aux abus?Compliquer les conditions d’accès à l’indemnisation, réduireet rendre aléatoires les rémunérations ne gênera en rienceux qui, sans doute, ont déjà conçu les plans de nouveauxdétournements. Pour les autres, la majorité, les hivers s’annoncent rudes et combien s’en relèveront ?

Nous concernant, rappellons que jusqu’en 2000, nosdanseurs, bien qu’étant exclusivement attachés à BalletBiarritz bénéficiaient de ce statut. Une situation qui était entotale contradiction avec la légalité. Aussi pour répondre

aux exigences de la loi et satisfaire notre projet artistique avons-nous décidé de nous doter en trois ans d’un effectifpermanent. Ce fut possible grâce au soutien de la ville deBiarritz et à l’expansion de notre activité, avantageusementtournée vers un développement transfrontalier. Mais, qu’enserait-il, si jouissant des mêmes dotations, le CentreChorégraphique National était aujourd’hui situé ailleurs?Car à l’époque, l’État n’avait pas les moyens d’accompagnercette régularisation de nos conditions de travail.

Aujourd’hui, conformément aux souhaits exprimés par lePrésident de la République, des mesures budgétaires enfaveur de l’activité artistique sont esquissées, nous ne pou-vons que les saluer. Il est aussi question d’un grand débatnational autour des politiques publiques du spectaclevivant. Si cette réflexion s’engage sur des sujets comme : laplace de l’artiste dans notre société, sur sa formation et sareconversion, sur les modes de financement de la culture,sur les droits et les devoirs des artistes et des structures,sur le public, sur la diffusion, sur la place de la culture à latélévision ; si, au coeur de ce débat, on s’accorde à ne pasréduire l’artiste à un «pitre », à reconnaître qu’il peut êtreporteur d’ambitions exigeantes, de valeurs spiritituelles et d’espérance, alors, on s’apprête au progrès.

Souhaitons avec Jean de la Fontaine, que la montagnen’accouche pas d’une souris.Thierry Malandain, septembre 2003.

Avec le soutien del’Association Françaised’Action Artistique-Ministère des AffairesÉtrangèreset de l’AFAA-Ville de Biarritzpour ses tournées à l’étranger

BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL / BALLET BIARRITZ / THIERRY MALANDAINOCTOBRE – NOVEMBRE – DÉCEMBRE 2003

INTERREG III

SOMMAIRE

L’ÉVÉNEMENT 2REVUE DE PRESSE 4LA DANSE À BIARRITZ N°15 5SENSIBILISATION 7EN BREF 8CALENDRIER 10

PAGE 2 NUMÉRO 20 – BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL / BALLET BIARRITZ

L’ÉVÉNEMENT

Création de Cigale de Jules Massenet à Saint-Étienne

À l’invitation de Jean-Louis Pichon, directeur de L’Esplanade Saint-Étienne Opéra, Ballet Biarritz présentera Cigale les 20 et 21 novembre à Saint-Étienne dans le cadre du Festival Massenet. À cetteoccasion, le Nouvel Orchestre de Saint-Étienne sera placé sous la direction de Patrick Fournillier.En première partie de ce programme Ballet Biarritz donnera La mort du cygne de Camille Saint-Saënset L’après-midi d’un faune de Claude Debussy.

Sous la plume du librettiste Henry Cain, la morale de la fable subitune entorse qui rejoint le destin du fabuliste. On applaudissait sonœuvre, mais personne ne songeait à l’aider financièrement. Même leroi qui pensionnait les poètes les plus serviles, n’avait que méfiancepour cet homme libre. Aussi, les auteurs du ballet font-ils de l’indus-trieuse Fourmi, un être grotesque et égoïste, stigmatisant l’indifférenced’une société repliée sur elle-même. À l’opposé, la Cigale qui «chantaittout l’été », se pare de toutes les vertus de la générosité. Mourant dansl’indifférence générale, elle monte au ciel comme une sainte, soutenuepar un chœur d’anges. La morale devient chrétienne.

C’est investis de cet accent humaniste que nous allons aborder ceballet, qui rappelons-le, vit le jour en 1904. Un siècle plus tard, sa relec-ture offrait deux hypothèses : la fidèlité à la forme et à l’esprit de cegenre d’ouvrage, ce que nous avions fait avec Le Carillon du mêmeMassenet, ou bien la simplification de l’argument pour lui offrir unerésonnance plus actuelle. C’est ce que nous entreprendrons. Dans unescénographie réduite à l’essentiel, nous remplacerons les accessoiresqui donnent sens au sujet par des balles. À la fois nourriture, don desoi, présents offerts par Cigale, elles symboliseront les multipleséchanges qui régissent le ballet. Quant à la distribution des person-nages, celui de Fourmi, comme à la création, sera interprété par unhomme, tandis que Cigale, multipliée, connaîtra de nombreux visages.L’œuvre passant de la comédie au drame, il fallait en épouser lesregistres, c’est ce que nous tenterons en lorgnant du coté des filmsmuets, des drames « véristes », tout en émaillant l’ensemble d’une cer-taine fantaisie.

Représentations de Cigale à Biarritz Cette nouvelle production fera également l’objet de quatre représenta-tions à la Gare du Midi de Biarritz. Deux consacrées aux scolaires les27 et 28 novembre, puis deux tout public les 29 et 30 novembre.Signalons que la représentation du 30 novembre sera donnée au profitde l’association caritative Chrétiens & Sida. En première partie de ceprogramme Ballet Biarritz reprendra La mort du cygne de CamilleSaint-Saëns et L’après-midi d’un faune de Claude Debussy.

Cigale Musique : Jules Massenet

Chorégraphie : Thierry Malandain

Décor et costumes : Jorge Gallardo

Direction de la production, conception lumière : Jean-Claude Asquié

Coproduction Esplanade Saint-Étienne Opéra – partenaire permanent du

Centre Chorégraphique National de Biarritz

Avec : Magali Praud, Annalisa Cioffi, Ana Ajenjo Soto, Giuseppe Chiavaro,

Frederik Deberdt, Roberto Forleo, Mikel Irurzun del Castillo, Christophe

Roméro, Nathalie Verspecht, Rosa Royo, Cédric Godefroid, Véronique Aniorte,

Gaël Domenger, Sylvia Magalhaes

Librement adapté de la fable de LaFontaine par Henry Cain, ce diver-tissement-ballet de Jules Massenetest représenté pour la première foissur la scène de l’Opéra Comique le4 février 1904 dans une chorégra-phie de Mariquita.

SynopsisAu printemps, Cigale vit heureuse dans son intérieur rustique. Unepauvrette frappe à sa porte, Cigale la console de ses peines et lacomble de bienfaits. Une brioche dore au four, Cigale l’offre de boncœur à la Fourmi. Son petit ami vient à passer et fait la demande d’unbaiser. Cigale lui accorde. Le rideau tombe. Au deuxième acte, noussommes en hiver. Cigale grelotte sur la route neigeuse, à peine cou-verte d’un châle. Chaudement emmitouflée, la Fourmi rentre de lamesse de minuit. Cigale frappe à sa porte. Loin de lui ouvrir, laFourmi passe la tête à la fenêtre et lui refuse tout secours «Hé bien !danse maintenant ! » Alors qu’elle voit passer sur la route son petitami des beaux jours en compagnie de la pauvrette, Cigale se laissemourir dans le froid. Par enchantement, des anges entourent Cigaleet l’emportent au ciel.

BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL / BALLET BIARRITZ – NUMÉRO 20 PAGE 3

Représentation au profit de Chrétiens & SidaAutour de la journée mondiale de lutte contre le sida, l’associationChrétiens & Sida a choisi Biarritzpour organiser une série de manifestations auxquellesBallet Biarritz prendra part le 30 novembre.

Représentations à Moscou,Ekaterinbourg,Saint-Pétersbourget Madrid

Courant octobre, Ballet Biarritzse rendra en Russie pour présenter Un hommage aux ballets russes, le 21 à Moscou et Création les 25 et 26 à Ekaterinbourg. Parallèlement,le Ballet National de Bordeauxdirigé par Charles Jude présentera Sextet au ThéâtreMariinski de Saint-Petersbourgdans un programme où figurerontégalement Suite en Blancde Serge Lifar et Baktide Maurice Béjart.En décembre, du 17 au 31,Ballet Biarritz sera à Madrid pour15 représentations de Casse-Noisette. À cette occasion, ceballet créé à L’Esplanade Saint-Étienne Opéra en 1997 fera l’objet d’une nouvelle productionsignée par Jorge Gallardo pour le décor et les costumes et Jean-Claude Asquié pour la conception lumière.

REPRÉSENTATIONS À SAINT-ÉTIENNE / FESTIVAL MASSENETJeudi 20 et vendredi 21 novembre 2003Avec le Nouvel Orchestre de Saint-Étienne

RENSEIGNEMENTS ET RÉSERVATIONSFestival Massenet / tél. : 04 77 47 83 40

REPRÉSENTATIONS À BIARRITZJeudi 27 et vendredi 28 novembre 2003 (scolaires)Samedi 29 et dimanche 30* novembre 2003 (tout public)Répétition publique mardi 4 novembre à 19h / Grand Studio Ballet Biarritz(renseignements & réservations : Sabine Lamburu / tél. : 05 59 24 67 19)*soirée au profit de l’association Chrétiens & Sida

BILLETTERIEOffice du Tourisme de Biarritz (Javalquinto, Square d’Ixelles) tlj de 10h à 18h (le dimanche de 10h à 17h) / Tél. : 05 59 22 44 66Fnac www.fnac.com / Carrefour, France Billet Tél. : 0 892 683 622/ Ticketnet / Virgin Bayonne / Centre Culturel Leclerc Anglet (RN 10)

Plein tarif : 23 € / Tarif réduit(1) : 18 € / Tarif jeune(2) : 10 €(1) Carte Biarritz Culture, Les Amis du Théâtre, Scène Nationale de Bayonne, Tournées Ch Barret,groupe de 10 personnes, parents d’élèves écoles de danse et sensibilisation, Les Amis du Ballet Biarritz.(2) moins de 14 ans, Carte Etudiant, Carte Jeune, demandeurs d’emploi, élèves écoles de danse et sensibilisation

Répétitions de Cigale dans le grand studio de la Gare du Midi.Photographies Olivier Houeix.


REVUE DE PRESSE

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AVEC un tel thème et une telle

partition, le danger était grand de se

laisser tenter par le lyrisme ou l’em-

phase. Malandain, tout en utilisant un

vocabulaire néo-classique, a remar-

quablement évité ces deux écueils.

Durant soixante minutes de danse,

Création suit son cours sans une

trace de pesanteur et de surcharge.

Création est un ballet enchanteur et

obtient un triomphe mérité à Biarritz.

François Fargues, Dance europe,

juillet 2003.

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MALANDAIN fait ici preuve d’une

inventivité dans les ensembles

autant que dans les duos. Ceux-ci

sont aussi variés que le sont les

personnalités des interprètes, (…)

tous remarquables danseurs,

capables de rendre, chacun à leur

façon, le style puissant et terrien de

Thierry Malandain.

Sonia Schoonejans, Ballet 2000,

juillet 2003.

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L'AUDACE et la fidélité sont au

rendez-vous de Création, formidable

pièce chorégraphique de Thierry

Malandain à Biarritz (…) : et voilà

engagé un ballet d'allégresse feinte,

de douleur sous-jacente, et même

d'humour…

Nicole Duault ,

Le Journal du Dimanche,

août 2003.

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THIERRY Malandain passe pour le

plus passionné des mélomanes au

sein du paysage chorégraphique

français. Avec l’humour singulier de

son écriture, il offre à Ballet Biarritz

une joie de danser que l’on retrouve

seulement avec la danse hip-hop.

(…) Dans ses œuvres se reflète une

énergie créative qui semble surgir

directement des vagues de l’océan.

(…) Sans doute, il est le plus stimulant

parmi les néoclassiques français.

Thomas Hahn, Die Welt, juillet 2003

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LA LÉGÈRETÉ, l’audace d’une poésie

chorégraphique, toute en contraste

s’impose grâce à des danseurs dont

la sensualité athlétique est une

évidence. Autant la puissance de ces

danseurs est grande, autant la danse

se veut dérisoire derrière son armure

technique, alternant le risque du

choix musical, celui des costumes

et de la particularité des références.

La pièce n’est pas non plus innocente,

elle décline à la manière raffinée

et originale du chorégraphe cet enjeu

de l’artiste face à ces congénères.

Jamais sur le mode de la provocation

mais avec cet art subtil et déterminé

de l’éveil des consciences dont il

possède le secret, Thierry Malandain

engage un discours sur l’espoir

d’une humanité nouvelle et bien

vivante.

émérentienne Dubourg, Danse,

Danse, Danse, juin 2003

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OFFRIR en partage, sous la verve du

titre Création l’homme et la danse.

Leurs naissances, leur rebellions,

leurs rires, leurs effondrements, leurs

histoires. Sans dissection sur-étu-

diée, sans maquignon suicidaire

mais avec une intensité qu’aucun

appareil ne saurait étudier.

Directement. Comme ça. D’un coup

de ballerine magique du directeur du

jeune Ballet Biarritz qui élève sa

compagnie dans l’histoire de l’Art.

(…) Le synopsis est carrèment osé.

Mais sa chorégraphie, bien à la hau-

teur du pari artistique, visuel, mali-

cieusement stylé et truffé de pépites

de fantaisie. Dans cet ailleurs dont la

géographie façonne et appelle les

effets, l’Opéra de Vichy, le spectacle

fut éloquent, et, croyez-le (ré)créatif.

(…) Création est ainsi faite. Une

pomme sucrée qu’il faut croquer

sans chercher à comprendre pour-

quoi elle est moins acide que prévue.

La Montagne, août 2003

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ON se sent soi-même exhulter après

une telle Création, comme porté vers

quelque chose qui simplifie et élève.

Et redevable aux artistes, matière

noble du chorégraphe, corps et âmes

maîtrisés dans l’abandon. Je ne sais

ce que j’ai le plus admiré : la finesse

d’un argument à la fois limpide,

la création d'Adam et Ève– et com-

plexe, le paradis perdu, la tentation,

la chute, et la mort d'Abel. Ou le pro-

pos génial d’unir les deux créations :

celle de la Bible– abstraite– et celle

de l’histoire de la danse– concrète

en un raccourci étonnant où chaque

morceau du puzzle est à sa place.

(…) Admiration aussi pour la

modestie et la culture d’un Thierry

Malandain toujours en quête de

l’inaccessible. Admiration pour les

danseurs de Ballet Biarritz.

Sylvia Chaban, Danse,

septembre 2003

Après Le Figaro et le Figaro magazine, la presse parle de Création

De Jules Massenet à Mariquita

La danse à Biarritz # 15


La présence de Jules Massenet (1842.1912) àBiarritz est rapportée par Jean-Bernard Cahoursd’Aspry dans son ouvrage Musiciens au PaysBasque. Il aurait séjourné à l’Hôtel de l’Europe aucours de l’année 1900. Dans une autre publication consa-crée au compositeur par P. Bessand-Massenet, on note que son épou-se s’est réfugiée à Biarritz en 1870 et que de Paris assiégé par lesprusssiens, l’artiste lui fait parvenir ces mots: «Soixantième jour desiège, j’ai commencé une symphonie, je la continuerai au bastion enemportant du papier au fond de mon sac. Je vais avoir une capote detroupier et je toucherai 1,50 F par jour comme paie de garde nationa-le ». Massenet est également lié à Arnaga, l’étonnante demeure de l’au-teur de Cyrano de Bergerac située à Cambo-les-Bains. Dans le grandhall, on peut y voir un superbe piano Ehrard qu’il a offert en 1890 àRosemonde Gérard le jour où elle épousa Edmond Rostand. Toujoursselon Jean-Bernard Cahours d’Aspry, Massenet invité des Rostandserait venu à Arnaga au cours des six dernières années de sa vie.Durant ces séjours on peut penser qu’il rencontre deux figures dumilieu artistique parisien liées à Biarritz : Pedro Gailhard, directeur del’Opéra de Paris et Pierre-Barthélémy Gheusi futur directeur de l’OpéraComique. Le premier, propriétaire de la Villa des Sables, ancien barytonva présider aux destinées de l’Opéra Garnier de 1885 à 1906. On luidoit le livret de La Maladetta (1893), un ballet composé par Paul Vidal(Prix de Rome et élève de Massenet) qui obtiendra un certain succès,puisque l’œuvre est jouée plus de 200 fois. Le second, acquéreur duDomaine d’Ilbarritz sera également l’auteur d’un livret pour la danse :La Muse de Biarritz composé sur une musique du même Vidal qui seracréé pour l’inauguration du Casino en 1894. L’œuvre est annoncéecomme étant le « clou de la soirée ». Elle sera interprétée par des dan-seuses de l’Opéra, descendues pour l’occasion, tandis que le program-me est complété par des pages de Saint-Saëns et Massenet. Notonsaussi que Gheusi à l’Opéra Comique réalisera la mise en scène d’ou-vrages lyriques du compositeur notamment Béatrice, puis Cléopâtre,œuvre posthume de Massenet.

En 1904, année de la création de Cigale, cette scène parisienne estencore dirigée par Albert Carré et c’est le 4 février 1904 qu’a lieu lapremière représentation. Henry Cain a signé le livret et c’est àMariquita qu’on doit la chorégraphie d’un ballet qui devait être donnépour une fête de charité. Celle-ci n’aura pas lieu, aussi, désireux de ne


pas priver la charité d’une pareille aubaine, les auteurs ont l’idée defaire la première à l’occasion d’une matinée donnée au bénéfice dupersonnel du théâtre. Le rôle de Cigale est tenu par MademoiselleJeanne Chasles, une jeune danseuse pleine de promesses à laquelle lecompositeur dédiera la partition. Madame Fourmi est interprétée par leseul homme que compte la distribution : Louis Mesmaecker, un barytonemployé ici comme mîme. Pour le reste, illustrant les pratiques du bal-let français à cette époque, c’est une dénommée Mademoiselle Maryqui est le petit ami de la soliste. À ce sujet, dans son ouvrage Paris quidanse, un contemporain dénommé Louis Bloch confie : «Le plaisir devoir un danseur est actuellement peu recherché ; ce n’est plus dansnos mœurs. Ils dansaient autrefois ; mais, grâce au bon goût la race desdanseurs étoiles tend à disparaître. On laissera aux femmes le soin deles remplacer par de gracieux travestis, au grand avantage de tout lemonde». Cigale sera donnée en dernier numéro d‘un long programme,quand une bonne partie des spectateurs avaient déjà quitté la salle etne connu que cinq représentations. Pourtant, la critique s’accorde àsaluer le travail de Massenet, mais on composait alors tant de balletsqu’ils disparaissaient souvent au profit d’autres nouveautés.

À l’Opéra Comique, ces ballets sont signés par Mariquita, celle queLouis Delluc devait appeler le « Fokine français ». « Il n’y a pas de maî-tresse de ballet qui lui fut comparable. Elle connaissait les danses detoutes les époques et de tous les pays. Où les avait-elles apprises?Trouvée sur une route des environs d’Aumale, en Algérie, au bord d’unefontaine, comme Mélisande, elle avait été recueillie par une femme quipassait. Cette femme était danseuse, et la petite Marie sut danser avantde savoir lire » raconte Albert Carré. Engagée comme danseuse en1855 aux Bouffes-Parisiens, c’est au théâtre de la Porte Saint-Martinqu’elle se fait un nom comme danseuse de caractère, puis commemaître de ballet, à la Gaité, enfin aux Folies Bergères en 1890. Elleconnaît la consécration en étant nommée à la direction du ballet del’Opéra Comique. Peu avant, Albert Carré avait reconstitué un corps deballet, disparu depuis vingt-ans et sous l’autorité de Mariquita, la trou-pe va bientôt être reconnue comme la plus « artistique de Paris ». JeanMarnold, dans le Mercure de France suggère même que Pedro

Gailhard, directeur de l’Opéra de Paris, devrait s’attacher les servicesde l’artiste : « il est bien dommage que notre opéra ne puisse emprun-ter à Albert Carré une aussi précieuse collaboratrice » Dans sesmémoires, Cléo de Mérode qui a travaillé auprès d’elle, confie : «Cettepetite bonne femme imposait, en dépit de son exiguïté physique. Ellese tenait très droite, ne perdant pas un pouce de sa taille… Deuxaccessoires ne la quittait jamais : son éventail et son face-à-main.L’éventail, elle le tenait continuellement de sa main droite : c’était sonbâton de commandement ». Sévère et d’une grande rigueur, Mariquitasigne la chorégraphie de nombreux ouvrages, dont : La Boîte à Joujouxde Claude Debussy, Antar de Rimsky Korsakov ou Javotte de CamilleSaint-Saëns. Elle excelle aussi dans la reconstitution de danses pourles opéras-ballets et sera choisie pour régler des chorégraphies don-nées au Palais de la Danse construit à l’occasion de l’ExpositionUniverselle de 1899. «Mariquita avait d’autorité répudié le tutu ; dansles ballets qu’elle montait, elle voulait pour ses danseuses des cos-tumes conformes au style de l’œuvre » ajoute Cléo de Mérode. En 1920,elle quitta l’Opéra Comique pour prendre sa retraite. «Elle en partitpauvre, ce qui ne me surprit pas, car elle avait toujours montré undédain superbe pour l’argent », toujours selon la même source. Cetteautre Cigale mourut en 1922, on l’inhuma au cimetière de Saint-Mandéà côté de son mari M. Fournier, ancien directeur de théâtre.« Imagination, talent, goût de la perfection plastique, elle eut tout celaet plus encore : une qualité d’âme, une sensibilité, qui la faisait adorerde tous les artistes qui l’approchaient. Son nom ne dit sans doute plusrien aux jeunes générations. Pour moi, je n’oublie pas Quita et gardechèrement les beaux souvenirs de sa carrière » conclut Cléo deMérode.

SourcesMusiciens au Pays Basque, Jean-Bernard Cahours d’Aspry (Atlantica)Massenet, P.Bessand-Massenet (Julliard)Le ballet de ma vie, Cléo de Mérode (Horay)

Mariquita entourée de trois danseuses(carte postale de l’époque).


Polka à BiarritzÀ Biarritz, un «parcours culturel » prévu sur deux années avec troisclasses de CE2 des écoles Victor Duruy, Paul Bert et Jules Ferry seraconsacré la première année à un travail autour d’un projet original.Il fait suite à la découverte par Monsieur Michel Pujol, d’une partitionde polka intitulée : Baby Biarritz Polka datée de 1890 (voir ci-contre).Le document nous enseigne que cette danse fut composée par un certain J. Lagus, directeur des Bals du Casino de Biarritz, professeur dedanse et de maintien, sur une musique de J. Gradwohl, chef d’orchestre du même établissement. Cette partition étant accompa-gnée d’indications chorégraphiques, Dominique Cordemans, en accordavec son découvreur Michel Pujol que nous remercions, reconstitueracette danse. Plus d’un siècle après sa création, la Baby Biarritz Polkasera ensuite présentée dans le cadre de l’édition 2004 du festival Le Temps d’Aimer. La seconde année, les ateliers aboutiront à la créationd’un spectacle présenté à la Gare du Midi courant 2005.

Fables à BayonneÀ Bayonne, en partenariat avec laScène Nationale de Bayonne et du SudAquitain et le Théâtre du Rivage, troisclasses de 6e des collèges Maracq etAlbert Camus de Bayonne œuvrerontautour du thème des Fables de laFontaine. Ce travail associant danse etthéâtre sera encadré par les profes-seurs de lettres, les professeurs d’EPS,ainsi que des intervenants du Théâtre

du Rivage. Au programme des ateliers de danse et de théâtre quiconduiront à une présentation publique courant avril 2004.Parallèlement, les élèves assisteront à Biarritz aux représentations de Cigale de Jules Massenet, ainsi qu’à deux spectacles proposés à Bayonne par la Scène Nationale : Fables (Boivin, Hervieu, Kafig) et Le Petit Navire, une production du Théâtre du Rivage.

AilleursDans le Pays Basque intérieur, trois classes du collège d’Aspe deBedous, en partenariat avec le Théâtre du Versant, travailleront autourd’un projet associant danse et théâtre dont le fruit sera présenté lorsdu festival Mai Jeunes Années dirigé par le metteur en scène Gaël

SENSIBILISATION

La sensibilisation à la danse du public scolarisé est l’une des priorités du Centre Chorégraphique National. Dans le cadre de projetspédagogiques, cette activité conduite par Dominique Cordemans, se propose d’associer la pratique de la danse aux activités profes-sionnelles de Ballet Biarritz. Ces projets se déroulent au long de l’année scolaire et débutent par une visite du Centre ChorégraphiqueNational. Lors de celle-ci, les élèves assistent au cours quotidien des danseurs, à une répétition. Ensuite, c’est l’environnement admi-nistratif et technique qui est abordé. Après, un passage dans les bureaux et l’atelier costumes, les classes accèdent à la salle de spec-tacle de la Gare du Midi pour découvrir le plateau et être initiées à quelques éléments de la technique (lumière et machinerie). C’estaprès cette rencontre que débutent les ateliers animés en collaboration avec les enseignants. Parallèlement, les élèves assistent auxspectacles donnés par la compagnie à Biarritz. À la rentrée, plusieurs de ces projets verront le jour.

La partition de Baby Biarritz Polka (1890), une danse composée par J. Lagus, directeur des Bals duCasino de Biarritz, qui sera reconstituée et présentée pour l’édition 2004 du festival Le Temps d’Aimer.

Rabas. À Saint-Jean-Pied-de-Port, deux «parcours culturels », actuelle-ment mis en place, verront également le jour. Au cours de la saison,Dominique Cordemans animera également d’autres projets, notam-ment en Lot-et-Garonne, mais aussi en région Champagne Ardennesdans le cadre du partenariat Ballet Biarritz / Grand Théâtre de Reims.


01 Boléro sur la Plaza de Catalunia de San Sebastián/Donostia, présenté par douze jeunes danseuses (photographie Jose Usoz). 02 Sam Chittenden, de l’Aspen Santa Fé Ballet (USA), interprètera L’après-midi d’un fauneà Aspen le 22 octobre prochain. 03 Gnossiennes interprété par le Ballet junior de Genève (photographie Grégory Batardon). 04 Giuseppe Chiavaro (photographie Cyrille Sabatier).

EN BREF

Intermittents du spectacleÀ l’initiative du Théâtre des Chimères dirigé par Jean-Marie Broucaret aura lieu uneréunion d’information sur le mouvement relatif aux reven-dications des intermittents duspectacle le vendredi 3 octobre à 14h. Lieu : «Les découvertes »75 avenue du Maréchal Juin àBiarritz

02 L’après-midi d’un fauneà Santa-FéL’Aspen Santa Fé Ballet (USA)dirigé par Jean-Philippe Malatymettra prochainement à son répertoire L’après-midi

d’un faune de Claude Debussydans la version de ThierryMalandain. C’est le danseur SamChittenden qui sera l’interprètede cette reprise annoncée pourle 22 octobre à Aspen.

01 Boléro transfrontalier Dans le cadre de l’activité transfrontalière du Centre Choré-graphique National, Adriana PousOjeda, responsable de cette mis-sion, a remonté le Bolérode Maurice Ravel dans la choré-graphie de Thierry Malandainpour douze jeunes danseuses.Agées de 16 à 21 ans,elles venaient de Pau, Bayonne,

San Sebastián/ Donostia, Bilbaoet furent choisies lors d’uneaudition. Après trois semaines de répétitions dans notre studiod’Egia Kultur Etxea, elles ontprésenté Boléro le 14 août sur laPlaza de Catalunia à l’occasiondes fêtes de San Sebastián/Donostia.

03 Ballet Junior GenèveTransition entre la scolarité et la vie professionnelle, le BalletJunior permet d’acquérir une expérience scénique et detravailler avec des chorégraphesvenus de divers horizons. Fondéen 1980 par Béatriz Consuelo,

il est à présent dirigé par PatriceDelay et Sean Wood, deuxanciens danseurs de BalletBiarritz. De cette formation estissue Analisa Cioffi, engagéechez nous après avoir été l’inter-prète de Pierre de Lunede Britten. Suivirent Gnossiennesde Satie dont Jean-PierrePastori, dans le journal 24 heures dira «Malandain a réglé une suite de petitespièces débordantes de sensibilitéet d’intelligence que les élèvesgenevois illuminent ».Puis des duos extraits de MozartMambos. Cette saison le BalletJunior consacrera un programme

01

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BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL / BALLET BIARRITZ NUMÉRO 20 – PAGE 9

05 Daphnis et Chloé, ballet créé par Thierry Malandain pour Europa Danse. 06 Les Halles de Biarritz, Monsieur Hargous (photographie Oswald Roose).

06 Création à Biarritz : remerciementsCourant août, Création a faitl’objet de deux nouvelles repré-sentations à la Gare du Midi quifont porter à plus de 4 000 le nombre de spectateurs ayantassisté à ce spectacle sur Biarritz.Pour le soutien apporté à la bonne réalisation de cesreprésentations estivales nousremercions chaleureusement les Halles de Biarritz représentéespar Monsieur Hargous, présidentde l’Association de l’EspaceCommercial des Halles deBiarritz, les hôteliers de Biarritz,Anglet et Bayonne,

l’année » Thomas Hahn fait apparaître Giuseppe Chiavarro,comme l’un des artistes emblé-matiques de Ballet Biarritz.

05 Daphnis et Chloéà Europa DanseCréé en juillet 2002 pour EuropaDanse, la compagnie dirigée par Jean-Albert Cartier, Daphniset Chloé de Maurice Ravel dontThierry Malandain a réalisé la chorégraphie sera à nouveaudansé à l’automne. Théâtre duLuxembourg, Maison de laDanse de Lyon, etc.Renseignements au :tél. 01 42 77 31 34.

complet d’œuvres de ThierryMalandain et ajoutera des extraits du Cid de Massenetaux pièces déjà citées.

04 Giuseppe Chiavaro,danseur emblématiqueDans son édition de septembre,le magazine allemand Ballettanza confié à ses collaborateurs lesoin de désigner les évènementschorégraphiques de la saison2002-2003. Dans ce cadre, sousla plume de René Sirvin, le CentreChorégraphique National est dis-tingué pour l’originalité de sonprojet transfrontalier, tandis quedans la rubrique « danseur de

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le VVF d’Anglet, le Domaine deFrançon de Biarritz et la directiondu Stage International de Dansede Biarritz.


Président Pierre DurandArtistiqueDirecteur / chorégraphe Thierry MalandainMaître de ballet Richard CoudrayAssistante à la direction artistique / Relations internationales Françoise DubucResponsable sensibilisation Dominique CordemansResponsable sensibilisation /Mission transfrontalière Adriana Pous OjedaProfesseur invité Angélito LozanoDanseurs Ana Ajenjo Soto, Véronique Aniorte,Giuseppe Chiavaro, Annalisa Cioffi, Frederik Deberdt,Gaël Domenger, Roberto Forleo, Cédric Godefroid,Mikel Irurzun del Castillo, Silvia Magalhaes,Magali Praud, Christophe Romero, Rosa Royo,Nathalie VerspechtAdministratifAdministrateur Yves KordianAdministrateur délégué /Mission transfrontalière Filgi ClaverieAssistante administrative / Chargée de diffusion Françoise GisbertAssistante administrative /Mission transfrontalière Sofia AlforjaChargée de communication Sabine LamburuAide-comptable Rhania EnnassiriAccueil-secrétariat Isabelle LarreTechniqueConcepteur lumière / Directeur de la production Jean-Claude AsquiéRégisseur général Oswald RooseRégisseur lumière Frédéric BéarsCostumière Véronique MuratRégie costumes / Couturière habilleuse Karine PrinsResponsable construction décors Michel PocholuTechnicien plateau Chloé BreneurTechnicien lumière Frédéric EujolTechnicien son Jean-François SoutoulTechniciens-chauffeurs Jean Gardena, Jean AnsolaTechnicienne de surfaces Annie AlégriaNuméroDirecteur de la publication Thierry MalandainCréation graphique Jean-Charles FedericoImprimeur Imprimerie SAI (Biarritz)ISSN 1293-6693 - juillet 2002

www.balletbiarritz.com

Gare du Midi23, avenue FochF-64200 BiarritzTél. : +33 5 59 24 67 19Fax : +33 5 59 24 75 [email protected]

CALENDRIER / OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2003

REPRÉSENTATION EN FRANCEVE 03/10 Fontainebleau La mort du cygne (gala)

VE 07/11 Poissy Un hommage aux ballets russes

JE 20/11 Saint-Étienne Cigale (première)

VE 21/11 Saint-Étienne Cigale

JE 27/11 Biarritz Cigale (scolaire)

VE 28/11 Biarritz Cigale (scolaire)

SA 29/11 Biarritz Cigale

DI 30/11 Biarritz Cigale

VE 05/12 Reims Création (scolaire)

VE 05/12 Reims Création

SA 06/12 Compiègne Un hommage aux ballets russes

DI 07/12 Reims Création

REPRÉSENTATIONS TRANSFRONTALIÈRESSA 11/10 Irún Un hommage aux ballets russes

REPRÉSENTATIONS À L’ÉTRANGERMA 21/10 Moscou Un hommage aux ballets russes

SA 25/10 Ekaterinbourg Création

DI 26/10 Ekaterinbourg Création

du 17 au 31/12 Madrid Casse-Noisette

Création, photographie Olivier Houeix.

Documents

Numéro 20 - Octobre/Décembre 2003