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Presses Universitaires du Mirail El diario que a diario by Nicolás GUILLÉN Review by: Jacques GILARD Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 20, Numéro consacré au Chili (1973), pp. 216-219 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40851863 . Accessed: 12/06/2014 22:26 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.79.56 on Thu, 12 Jun 2014 22:26:06 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Numéro consacré au Chili || El diario que a diarioby Nicolás GUILLÉN

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El diario que a diario by Nicolás GUILLÉNReview by: Jacques GILARDCahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 20, Numéro consacré au Chili (1973), pp.216-219Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40851863 .

Accessed: 12/06/2014 22:26

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216 C. de CARAVELLE

D'autres notes nous fournissent des détails inédits, nous montrent des aspects inhabituels de tel ou tel écrivain. Nous y voyons que Jules Supervielle, dont nous considérions la naissance en Uruguay comme « accidentelle » et qui était, pour nous, un poète purement français, était tenu, en Amérique, pour un écrivain sudaméricain. L'amitié que Larbaud et Reyes éprouvèrent pour Supervielle, qui unissait en sa personne la France et l'Amérique, est comme un symbole de l'étroite collaboration intellectuelle, si riche en échan- ges fructueux, qui existait entre nos deux correspondants. Il en est de même pour leurs relations amicales avec Max Daireaux.

De nombreuses références au Diário de Reyes et au Journal de Larbaud, ce dernier malheureusement incomplet, son auteur en ayant détruit une partie, permettent de replacer les lettres dans le cadre des vies et de l'entourage des correspondants.

Un index détaillé et une bibliographie abondante complètent cet ouvrage, dont l'érudition ne nuit pas au charme de la lecture. Nous devons savoir gré à Paulette Patout de nous avoir fait connaître cette correspondance et de l'avoir si savamment commentée.

Madeleine Capelier.

Nicolas GUILLÉN. - El diário que a diário. - La Habana, UNEAC, 1972. 93 p.

Bien que l'on puisse aisément y reconnaître quelques constantes de l'œuvre de Nicolas Guillén, ce livre récent est tout à fait parti- culier : il ne s'agit pas d'un livre de poésie selon la conception habi- tuelle, et aucun élément ne pourrait s'en détacher «ans perdre sa raison d'être. La couverture de cette première édition est caractéris- tique de la manière du livre : à première vue, il s'agit du fac-similé d'une page d'un journal cubain du siècle dernier, celle des petites annonces; en fait, si l'on compare avec la reproduction de la page 5, on voit que seule cette dernière est authentique et que la couverture est un collage; ses deux premières colonnes reprodui- sent bien les petites annonces maritimes, reflet des activités du port de La Havane, tandis que la troisième, superposée à celle de l'original, contient l'avis de recherche d'un esclave fugitif avec promesse de récompense. Cette modeste intervention suffit à révé- ler l'envers du tableau et à démystifier l'ordre social. C'est à des jeux de cet ordre que se livre Nicolas Guillén au long de cette petite gazette qui affecte de suivre « au jour le jour » l'histoire de son pays.

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COMPTES RENDUS 217

En quatre-vingt-dix pages, nous passons en effet des premiers temps de l'occupation espagnole à l'arrivée de la Révolution, en tra- versant les abus de la période coloniale, la prise de La Havane par les anglais, la francomanie des élites éclairées, les transformations sociales du XIXe, les luttes d'Indépendance, la République ligotée par l'Amendement Platt et les dictatures de Machado et Batista.

Il y a peu de vers, au total, dans ce livre. Nicolas Guillén se sou- vient de son métier de typographe et a recours à des moyens d'ex- pression très variés : l'édit royal (réel ou parodié ?), le placard publicitaire, les petites annonces, l'article journalistique, le décret officiel, la rubrique nécrologique, la chronique mondaine, les notes en bas de page. Les points communs entre ces procédés sont la sug- gestion et l'ironie.

On peut parler à propos de ce livre d'une poésie de refus. Le fait mérite d'être souligné puisque Guillén vit un moment historique que toute son œuvre annonçait ou appelait. Même avec ses poèmes de combat (« Son del bloqueo » par exemple), Tengo était un grand chant d'allégresse. Mais le poète n'en avait pas fini avec les démons historiques des Antilles. El gran zoo témoignait d'une autre voie et d'un autre moment. C'est à la même veine qu'appartient El diário que a diário où Guillén, souriant et vengeur, s'en prend aux laideurs et aux tares du passé national. Pour une fois la poésie patriotique se fait anti-héroïque.

Après un prologue qui nous fournit à la fois la clé du titre et celle du livre

... soy el diário que a diário te previene, te avisa, numeroso y gregário (p. 7),

et les classiques tercets d'une « Epístola » (à Eliseo Diego) qui, à la suite des traditionnelles excuses, résume à la fois l'histoire de Cuba et la trame du livre, Guillén aborde sa tâche. De la chronologie, nulle surprise à attendre : elle ne peut être que telle que l'ont faite les hommes et les événements. Tout réside dans l'imagination de Nicolas Guillén et dans la variété des procédés employés. Nous pou- vons en énumérer quelques uns.

Deux « pregones » des premiers temps de la Colonie sont précé- dés d'un bref poème qui en démasque le sens :

... El Gran Ladrón manda dar un pregón para saber

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lo que a cada uno le puede coger. Y otro más contra los que se quieren coger la ciudad (p. 12).

Les horreurs de l'esclavage sont suggérées par le recours au pro- cédé qui inspirait autrefois les gravures populaires du « monde à l'envers » :

Véndese un bianco joven, calesero de una o de dos bestias; general cocinero y más que regular repostero... (p. 17).

S'il y a emploi de la poésie normale, classique comme peut l'être un sonnet, c'est pour évoquer des réalités répugnantes :

La aldea es ya ciudad, mas no por ello se piense que dejó de ser aldea : en las calles el pueblo caga y mea sin que el ojo se ofenda ni el resuello (p. 20).

L'héritage culturel espagnol est pillé et pastiché sans scrupules, tandis que la terrible piraterie antillaise se trouve rejetée parmi les vieilleries grotesques de l'Histoire :

Gon diez cofíones por bonda vianto en pipa a toda bula, no carta el mer, sino viula un bularo bergantón (p. 21).

Les modes et les dominations étrangères sont ridiculisées et dénoncées dans des réclames bouffonnes ou grossières (« CHEZ GAMBOA / ... / Agua fria todo el ano / j COMO EN PARIS ! » p. 36; « SANITUBE / Visite a Venus sin temer a Mercúrio / ... » p. 66). Les grands moments de l'histoire nationale sont annoncés sous la forme de l'affiche commerciale ou théâtrale (p. 55, p. 81, p. 85).

La seule concession à la poésie et à l'émotion se trouve dans les extraits d'un poème au précurseur Céspedes (déjà publié en revue) qui ponctuent les dernières pages du livre.

Au-delà de l'originalité du livre, on peut reconnaître, dans cette ironie changeante qui s'en prend aux vieilles frustrations histori- ques, les effets de cet humour qui est une des caractéristiques essen- tielles de l'œuvre de Nicolas Guillén. C'est d'une façon très person- nelle que le poète participe à la quête de la littérature cubaine d'aujourd'hui, redécouverte et purification du passé national.

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COMPTES RENDUS 219

(Achevé d'imprimer un mois après El diário que a diário, soit en juin 1972, a paru un autre livre de Guillen : La rueda dentada, La Habana, UNE AC, 1972, 135 p. Il s'agit d'un livre plus traditionnel, recueil de poèmes de périodes diverses, récentes ou relativement récentes, réunis en sept sections. L'ironie remarquée dans le livre précédent est souvent présente dans celui-ci, et l'on peut voir par là en quoi les deux livres sont contemporains. Mais ils ne font pas double emploi : outre que la dérision n'y est plus qu'un procédé parmi d'autres pour l'évocation des questions historiques, La rueda dentada suggère une durée et une construction que ne pouvait comporter El diário que a diário, livre d'une conception instanta- née. Dans La rueda dentada, l'histoire et le quotidien s'unissent pour donner au livre une profondeur que l'autre ne pouvait avoir. Ici Guillén rappelle d'autres livres, sans les répéter, car il rend compte d'un nouveau moment de sa vie et d'une nouvelle période histori- que. Aux aguets et à l'unisson d'une réalité toujours en devenir, le poète reste égal à lui-même).

Jacques GILARD.

Sergio RAMOS CORDOVA. - Chile : ι una economia de transi- ción ?. - La Habana, Casa de las Americas, 1972. 547 p.

La victoire électorale de l'Unité Populaire, le 4 septembre 1970, et la formation du gouvernement du Président Allende, engagent le Chili dans une voie nouvelle. C'est une analyse de la situation par- ticulière de ce pays, au terme d'une année de gouvernement popu- laire, que nous propose Sergio Ramos dans son ouvrage.

Après un examen du problème de la transition entre les divers modes de production, l'auteur présente successivement les caracté- ristiques structurales de l'économie chilienne, les traits principaux de son fonctionnement, la conjoncture politique et économique qui débouche sur la constitution du gouvernement populaire; deux cha- pitres sont consacrés à l'historique des luttes qui précèdent la prise du pouvoir et à un bilan provisoire de la politique économique du gouvernement. Les problèmes généraux que soulève cette évolution de la société chilienne sont exposés dans le dernier chapitre.

Est-il possible, si l'on admet que le problème de la transition a été seulement posé par Marx mais non résolu théoriquement, de déterminer les conditions du passage du mode de production capi- taliste au mode de production socialiste ? L'auteur tente de répondre

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