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VIH
14 | La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXVIII - n° 1 - janvier-février 2013
Prophylaxie antirétrovirale pour la prévention de la transmission du VIH chez les sujets hétérosexuels
Contexte
L’utilisation des antirétroviraux dans la prévention de la trans-
mission du VIH-1 est une stratégie prometteuse. Le rationnel
de l’utilisation de cette prophylaxie antirétrovirale repose sur les
données d’effi cacité chez les enfants dans le cadre de la préven-
tion de la transmission maternofœtale durant la grossesse et au moment de l’allaitement,
ainsi que sur des résultats chez les primates.
L’effi cacité d’une prophylaxie pré-exposition chez les humains a été évaluée avec le ténofovir sous
la forme de gel vaginal ou en prise orale, d’une part avec ténofovir-disoproxyl-fumarate (TDF)
ou avec la coformulation TDF et emtricitabine (TDF-FTC).
Les études sur des modèles animaux ont suggéré que TDF-FTC entraînerait une meilleure
protection que le TDF seul. Les différences de tolérance et de coût font que la comparaison du
TDF et du TDF-FTC est importante dans le cadre d’une stratégie de prophylaxie pré-exposition.
MéthodeL’étude Partners PrEP (Pre-Exposure Prophylaxis) est une étude multicentrique de phase III,
randomisée, en double aveugle, avec 3 groupes : le groupe placebo, le groupe TDF et le
groupe TDF-FTC, dans une stratégie de prophylaxie pré-exposition, chez les hétérosexuels
hommes et femmes, en Afrique de l’Est, dans le cas de couples sérodifférents.
Entre juillet 2008 et novembre 2010, des couples hétérosexuels sérodifférents ont été inclus
dans 9 sites au Kenya et en Ouganda. Le partenaire séropositif n’était pas traité et les
partenaires séronégatifs n’étaient pas infectés par l’hépatite B ; ils avaient une fonction
rénale normale et les femmes n’étaient ni enceintes, ni allaitantes. Les patients ont été
randomisés 1:1:1 pour recevoir soit TDF, soit TDF-FTC, soit le placebo. À cette stratégie
antirétrovirale s’associaient des mesures de prévention incluant du conseil, avant et après le
test, un screening pour les infections sexuellement transmissibles, des préservatifs gratuits,
une proposition de circoncision pour les hommes et de prophylaxie postexposition si besoin.
Les participants séronégatifs étaient vus tous les mois sur le plan clinique, avec un bilan
biologique à la fi n du 1er mois, puis tous les trimestres (test de grossesse tous les mois)
et les partenaires séropositifs étaient suivis tous les trimestres, avec un dosage du taux de
lymphocytes CD4 tous les 6 mois. Le critère de jugement principal était la contamination
des partenaires antérieurement séronégatifs. La sérologie VIH-1 mensuelle incluait 2 tests
rapides en parallèle. En cas de séroconversion, des charges virales étaient mesurées sur les
prélèvements des plasmas congelés des visites antérieures. L’analyse statistique était en
intention de traiter.
Ont été inclus 4 758 couples dont 4 747 ont pu être suivis : 1 584 dans le groupe TDF,
1 519 dans le groupe TDF-FTC et 1 984 dans le groupe placebo. Pour 62 % des couples, le
partenaire séronégatif était un homme. Concernant les patients séropositifs, le taux médian
de lymphocytes CD4 était de 495/mm3 et la charge virale se situait à 3,9 log10 copies/ml.
Les caractéristiques à l’inclusion dans les 3 groupes étaient non différentes (diapositive 1).
Quatre-vingt-seize séroconversions ont été rapportées, dont 14 détectées rétrospectivement
sur les prélèvements de l’inclusion (5 dans le groupe TDF, 3 dans le groupe TDF-FTC et 6 dans
le groupe placebo). Sur les 82 séroconversions survenues après la randomisation, 17 surve-
naient dans le groupe TDF, 13 dans le groupe TDF-FTC et 52 dans le groupe placebo ; elles
ont toutes été incluses dans l’analyse en intention de traiter. II
Valérie Martinez (Service de médecine interne, hôpital Antoine-Béclère, Clamart)
Résultats et commentaireLes résultats mettent en évidence une réduction du taux d’acquisition du VIH-1 de 67 % dans le groupe TDF (IC95 : 44-81 ; p < 0,001) et de 75 % dans le groupe TDF-FTC (IC95 : 55-87 ; p < 0,001) [diaposi-tive 2]. Les effets protecteurs du TDF et du TDF-FTC ne sont pas différents en analyse globale ou en fonction du sexe (diapositive 3). Sur les 96 séro-conversions, 92 plasmas étaient disponibles pour amplifi cation. Sur les 8 participants des groupes TDF et TDF-FTC infectés au moment de la rando-misation, 2 présentaient une résistance : une muta-tion K65R dans le groupe TDF et une M184V dans le groupe TDF-FTC, sans mutation mise en évidence chez les participants ayant été contaminés durant l’étude. Il faut noter que 27 % des partenaires séropositifs rapportaient des rapports sexuels non protégés avec leur partenaire séropositif dans le mois précédant l’inclusion. Ce pourcentage était en diminution pendant l’étude. Quel que soit le groupe, il n’y a pas de différence statistique en termes d’effi cacité, de survenue d’effets indésirables, de modifi cations de la créa-tinine ou du phosphore (diapositive 4).Un traitement quotidien per os par TDF et TDF-FTC est associé à une réduction du risque de 67 % et 75 % respectivement, vis-à-vis de l’infection par le VIH-1, chez les hétérosexuels hommes et femmes dans le cas de couples sérodifférents, en addition aux mesures classiques de prévention de la trans-mission.
Référence bibliographique
• Baeten JM, Donnell D, Ndase P et al. Antiretroviral pro-phylaxis for HIV prevention in heterosexual men and wo-men. N Engl J Med 2012;367:399-410.
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La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXVIII - n° 1 - janvier-février 2013 | 15
À retrouver sur le site www.edimark.fr
Diapositive 1.
Diapositive 3.
Diapositive 2.
Diapositive 4.
Prophylaxie antirétrovirale pour la prévention de la transmission du VIH chez les sujets hétérosexuels
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