NUMÉRO SPÉCIAL Fête des Vignerons...Après une route aux points de vue splendides sur les sommets enneigés, vous atteindrez Thimphu. Ces quelques jours seront sous le signe de

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PARTENAIRE HORLOGER

N°

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6.–

LES BEAUTÉS DU MONDE

LavauxUNIQUE AU MONDE

RivazVIGNES & ENDURANCE

EpessesPORTRAIT DE VIGNERON

Saint-SaphorinPASSION & DÉGUSTATION

PORTFOLIO30 PAGES

D’ÉMOTIONS

NUMÉRO SPÉCIAL

Fête des Vignerons • L

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Nos racines communes sont à Vevey. Nestlé est fière d’être l’un des partenaires principaux de la Fête des Vignerons 2019.

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LES GRANDS VOYAGES

BHOUTAN

VOTRE GUIDE FRANCOPHONE

ROBERT DOMPNIERGrand spécialiste du Bhoutan, Robert a écrit plusieurs ouvrages sur ce pays. Ses talents de conteur vous feront découvrir cette culture et ces traditions d’une façon vivante et passionnante.

JOURS 1 À 4 De Paro au monastère de Taktshang Le voyage débutera dans la jolie vallée de Paro, avec ses fermes au cœur des rizières. Une balade vous mènera d’abord à la forteresse (dzong) de Paro, bel exemple de l’architecture bhoutanaise. Puis, vous découvrirez l’un des lieux les plus vénérés du monde himalayen, le monastère de Taktshang.

JOURS 5 À 7 Vallée de Bumthang La région de Bumthang abrite quelques-uns des lieux les plus sacrés du Bhoutan tels que le dzong de Jakar, le palais de Wangdichholing et le temple de Jambay Lhakhang. Cette vallée aux pentes douces invite à de belles balades à travers forêts, prairies et monastères.

JOURS 8 À 10 Balades entre Ogyen Choling et Punakha Vous profiterez de balades entre champs et villages bucoliques dans les vallées de Tang et Chume avant de rejoindre Punakha et son important dzong.

JOURS 11 À 13 Cinéma, mode et rencontres à Thimphu Après une route aux points de vue splendides sur les sommets enneigés, vous atteindrez Thimphu. Ces quelques jours seront sous le signe de plusieurs rencontres dans le domaine de l’art.

JOURS 14 À 16 Festival de danses masquées Votre voyage se terminera avec un festival de danses masquées, faisant revivre les dieux et démons de la mythologie bouddhique. Il se déroule au temple de Dechenphug, un lieu sacré où réside la divinité protectrice de la vallée de Thimphu. Il n’est pas rare d’y rencontrer des personnalités bhoutanaises, ministres ou membres de la famille royale.

Prix abonné Animan : CHF 8’500.- par personne Supplément non abonné : CHF 250.-En petit groupe de 8 à 14 participants.

Programme et informations Francine Milea - 021 566 74 92 [email protected]

LES EXPÉRIENCES ANIMAN

• Deux festivals hauts en couleurs

• Moment de discussion avec un grand lama local

• Immersion dans le monde du cinéma bhoutanais

• Rencontre avec une chanteuse traditionnelle

RENCONTRES BHOUTANAISES Du 26 octobre au 10 novembre 2019


GRAND ANGLE • • 3

Grand angle

Santé! Affiche de la Fête des Vignerons de 1905, illustration de Marguerite Burnat-Provins. © Confrérie des Vignerons.

onnaissez-vous un métier qui célèbre tous les 20 ans par une gigantesque fête ses meilleurs éléments? Boulanger, avocat? Menuisier, médecin? Pas la moindre célébration pour ces modèles pourtant exemplaires. La seule corporation qui s’offre depuis 222 ans une vraie reconnaissance, c’est

celle des vignerons, et encore, des vignerons vaudois!A Vevey, sans relâche, la Confrérie des Vignerons cultive cette expres-sion de remerciements aux vignerons-tâcherons pour le travail accompli au fil de saisons pas toujours faciles à vivre. Passée de remise de récom-penses éphémère, la Fête des Vignerons est devenue immuable. Car les gens des villes s’intéressent à ce rituel de la terre, à ces moments de partage joyeux où la fête succède au labeur, pour mieux célébrer ces vignobles qui ont forgé le plus beau paysage du monde avec la présence de ce lac-miroir, ce Léman enchâssé entre coteaux suisses et massif savoyard.Pour chanter ce décor, le travail de la vigne et ses traditions, ils sont aussi des milliers à s’engager comme figurants tous les 20 ans et enchaînent pendant des semaines les répétitions. Elles les mèneront au grand moment de leur vie, cette présence dans l’arène magique, pour un spectacle unique au monde créé par ces enchanteurs capables de transformer une Place du Marché en véritable porte vers une autre dimension qui fait du bien: celle du beau, de la musique, de la chorégraphie, des textes forts et du respect du lien immuable entre l’homme et de la nature.

Thierry F. PeitrequinRédacteur en chef

QUE LA FÊTE SOIT BELLE!DE L’ÉPHÉMÈRE À L’IMMUABLE

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4 • • CARNET DE ROUTE

Carnet de route12

RETROUVER LA MAGIE de LavauxPas besoin de grandes théories pour faire comprendre la puissance du lieu. Il suffit de se rendre sur les coteaux du vignoble en terrasses de Lavaux pour ressentir une ivresse certaine, avant d’avoir même dégusté le premier verre…

DÉGUSTER UN CHASSELAS à Saint-SaphorinJérôme Aké Béda, le célèbre sommelier de l’Auberge de l’Onde, sait combien le cépage local peut être exceptionnel. Cela ne l’empêche pas de déguster beaucoup d’autres vins.

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Légende de la couverture: Lumière rasante sur Lavaux et le Dézaley.

© Régis Colombo.

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DÉCOUVRIR LES RÉALITÉS D’UN VIGNERON d’EpessesLuc Massy, le propriétaire du légendaire «Chemin de fer» a un mental de vain-queur, que ce soit dans son domaine du Clos du Boux ou en régate sur son voilier historique, un 6m50 SI.

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PORTFOLIO DOUBLELES 3 SOLEILS DE LAVAUXA l’occasion de la Fête des Vignerons, nous avons sélectionné 30 images illus-trant le lien immuable entre l’homme et de la nature pour le monde de la vigne.

VIVRE LA FÊTE DES VIGNERONS à VeveyUne fois par génération, ce rituel unique au monde réunit 5’500 acteurs et figu-rants pour présenter et récompenser le savoir-faire des vignerons-tâcherons.

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PARTAGER LE PARCOURS D’UN VIGNERON de RivazPierre Monachon, le vice-président de la Confrérie des Vignerons, n’est jamais plus heureux qu’au milieu de ses vignes, avec la vue sur le lac où il aime toujours régater.

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MIEUX COMPRENDRE UN JEUNE VIGNERON de TreytorrensDenis Bovard a repris le domaine familial à Treytorrens, entre Cully et Rivaz. Mais cela ne l’empêche pas de sortir du moule.

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David Bründler avec ses vaches

Bon.Parce qu’il est bon de se

faire plaisir sans avoir

mauvaise conscience, en

harmonie avec la nature.

Juste.Parce qu’il est juste de respecter

la nature et ses produits,

mais aussi d’agir de façon

écologiquement responsable.

Naturel.Parce qu’il est naturel de

protéger l’environnement

et ses ressources, ici

et partout dans le monde.

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6 • • CULTURE

Culture

Au MEG, le Musée d’ethnographie de Genève DÉCOUVRIR LA FABRIQUE DES CONTES Dans sa nouvelle exposition «La fabrique des contes», le MEG explore l’univers magique des contes. De la Finlande à la Grèce et de l’Espagne aux Alpes, ces récits sont souvent d’origine ancienne. Toujours vivants, ils continuent de nourrir notre imaginaire et nous fascinent à tout âge. En franchissant le seuil de l’exposition, vous êtes projeté dans une atmosphère fantastique, où les récits se vivent comme une expérience sensorielle. Huit contes sont mis en scène dans des «théâtres de l’imaginaire». Lanterne magique, diorama, miroirs, illusions d’optique et changements d’échelle permettent de s’immerger véritablement dans l’histoire et de s’affranchir des règles du monde réel. Souvent à portée morale, les contes permettent d’inculquer aux enfants les vertus de la société bourgeoise. Mais le domaine politique s’en empare également, l’ins-trumentalisant à des fins de propagande ou de contestation. Dans cette exposition, vous découvrez aussi l’envers du décor et les multiples utilisations des contes dans l’histoire européenne. Aujourd’hui encore, chacun peut interpréter les contes à sa manière, et y projeter ses propres valeurs… La fabrique des contes, du 17 mai 2019 au 5 janvier 2020, www.ville-ge.ch/meg

Cendrillon © MEG Le Petit Chaperon Rouge © MEG

Mieux faire la FêteAVEC LES VINS DE LAVAUX ET DU CHABLAIS La Fête des Vignerons va célébrer le tra-vail dans la vigne et en faire un magnifique spectacle. Mais il ne faut pas perdre de vue que ce travail a une finalité: le vin! Celui qui accompagne nos joies comme nos tristesses, qui nous rend parfois euphorique et bavard, qui nous monte à la tête et nous fait toucher les étoiles…Il y aura quatre vins de Fête: un blanc et un rouge de Lavaux, un blanc et un rouge du Chablais, les deux régions de la Confrérie des Vignerons. Ce sont les maisons Obrist et Badoux qui assurent la production, deux maisons emblématiques de Lavaux et du Chablais.La commission des Vins de la Fête, pré-sidée par Daniel Dufaux, directeur de Badoux Vins SA est constituée de per-sonnes du domaine de la vigne et du vin ainsi que d’un restaurateur. Cette com-mission a approché les producteurs de Lavaux et du Chablais, leur proposant d’acheter une partie de leur récolte, soit en raisins ou en moût, la vinification étant confiée aux Maisons Badoux et Obrist.

© oZimages

Ces partenaires comptent écouler entre 300’000 et 400’000 bouteilles. Il peut y avoir quelque chose de paradoxal dans cette manière de procéder, d’élever plu-sieurs vins sous une appellation générique «Lavaux» ou «Chablais». Les Vaudois ont en effet toujours nommé leurs vins selon leur terroir ou leur localité d’origine; tel avait été le cas lors de la dernière Fête, en 1999. Mais aujourd’hui, la marque «Lavaux» résonne plus fort qu’en 1999, et pour ne pas morceler l’offre des vins de la Fête en autant de terroirs qu’il y en a dans les régions de Lavaux et du Chablais, le choix s’est porté sur ces deux appellations génériques.

En plus des quatre vins de la Fête, il y aura deux cuvées de prestige. Uniquement en blanc, du Chasselas, provenant des deux terroirs emblématiques du Chablais et de Lavaux: le Dézaley et l’Yvorne. En plus de ces deux cuvées, l’on trouvera également, dès le début de la Fête, un rosé et un vin mousseux. Ce dernier sera élaboré à base de Chardonnay vaudois, et sera proposé à tous les établissements situés dans le périmètre de la Fête, le but étant d’exclure toute présence de «bulles» autres que vaudoises. Et finalement un espace de grande taille, sur les terrasses sud des arènes, permettra à tour de rôle à tout producteur vaudois de présenter ses vins.

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8 • • VOYAGES

Voyages

Voyages et technologie hybrideLE CROSSOVER LEXUS UX EN EXEMPLEUn simple coup d’oeil au nouvel UX suffit pour reconnaître qu’il s’agit d’un Lexus. Sa silhouette dynamique le montre clairement. Savoir-faire artisanal japonais et design actuel sont au rendez-vous. A l’intérieur, la philosophie Lexus est aussi omnipré-sente. La console centrale se compose d’écrans haute résolution de grande taille. Les matériaux de haute qualité et le cuir travaillé avec des surpiqûres brodées dans le style Sashiko créent une ambiance très cosy dans un espace spacieux. La sécurité au volant est assurée par plusieurs systèmes d’aide à la conduite du Lexus Safety System+, comme le système pré-crash, la détection des panneaux routiers, l’assistant de maintien sur la voie et les phares adaptatifs. L’UX 250h est bien entendu équipé d’une motorisation hybride efficace qui lui procure également une traction intégrale et 184 chevaux pour une consommation mixte de 4,5 l/100km. Ce nouveau véhicule dans l’air du temps est à essayer à Genève, au Centre automobile Emil Frey aux Vernets. www.emilfrey.ch/vernets 022 308 5 508

Vevey et ses ambiances EXPLORER L’ALIMENTARIUMPas besoin d’aller au bout du monde pour faire un voyage étonnant et découvrir un autre domaine passionnant. Fondé à Vevey en 1985 par Nestlé, l’Alimentarium s’est imposé comme un des hauts lieux à visiter sur la Riviera vaudoise. Sa situation excep-tionnelle a contribué à faire de sa Fourchette géante plantée dans le lac un grand classique d’Instagram et l’emblème de toute la région. Premier musée au monde consacré à l’alimentation, il est aujourd’hui un véritable centre de compétences autour des questions relatives à l’alimentation et la nutrition. Sous son toit, experts et spécialistes explorent les multiples facettes de ces domaines d’un

point de vue historique, scientifique et culturel. Entièrement rénové en 2016, l’Alimentarium propose un voyage extraordinaire et interactif au cœur de l’alimentation dans son exposition permanente Manger – L’essence de vie. Institution culturelle majeure et emblématique de la ville et de la région, l’Alimentarium est soutenu depuis plus de 30 ans par Nestlé dans ses nombreuses activités et son développement. Lieu d’apprentissage et d’échanges, le musée propose des ateliers pour adultes et enfants dans l’espace FoodAcademy. Depuis toujours, ces ateliers pratiques jouissent d’un grand succès auprès des visiteurs. Fort de son caractère de pionnier, le Musée favorise les nouveaux modes d’apprentissage et d’enseignement accessibles au plus grand nombre grâce aux technologies numériques. www.alimentarium.org

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Depuis 1992, nous sommes partenaires de la Fondation Max Havelaar et défendons la production durable

et le commerce équitable. Et pour cause: le commerce équitable est un gage de meilleures conditions de travail

et de vie pour les petits producteurs. Avec plus de 950 produits, nous proposons le plus vaste

choix de toute la Suisse en fruits exotiques, fleurs, café, riz, chocolat, etc. issus du commerce équitable et nous

continuons de développer notre assortiment Fairtrade pour le plus grand plaisir de tous.

Pour tout savoir sur l’engagement de Coop en faveur du développement durable, rendez-vous sur des-paroles-aux-actes.ch

Je vois… des conditions équitables

pour les petits producteurs

Des paroles aux actes nº 251

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10 • • ZOOM

ZoomL’IMAGE INSOLITE

QUE LA FÊTE SOIT BELLE !Une nouvelle fois, dès le 18 juillet, Vevey vivra l’ivresse d’une nouvelle Fête, hommage aux vignerons et à ce pays vaudois

si bien chanté par Jean Villard-Gilles. Extraits:

Affiche de la Fête des Vignerons de 1955, illustration de Victor Rutz.© Confrérie des Vignerons.

«LES VAUDOIS»Ayant peint les océans, L’Himalaya, l’Amazone,

Fatigué d’avoir vu grand, Dieu créa le bleu Léman, Par-dessus la Dent-de-Jaman, Des coteaux charmants où l’oiseau fredonne, Et d’un trait un peu nonchalant

– quel joli talent – La Venoge évidemment. Il ajouta des forêts, Des champs de blé, des prairiesEt surtout, trait de génie, De la vigne pour le clairet.

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Nous cultivonsles traditions suisses. Pas seulementdans les airs.SWISS est ère d’être PartenairePrincipal de la Fête des Vignerons 2019.

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LAC ET LAVAUX

Texte: Thierry Verne • Photos: Régis Colombo

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LA PUISSANCE D’UN PAYSAGE, LA MAGIE D’UN VIGNOBLE • • 1514 • • LAC ET LAVAUX

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as besoin de grandes théo-ries pour faire comprendre la puissance du lieu. Il suffit de se rendre sur les coteaux du vignoble en terrasses de

Lavaux pour ressentir une ivresse cer-taine, avant d’avoir même dégusté le premier verre… Tout est agencé par la nature et par l’homme pour donner à ces pentes escarpées une vie inatten-due, façonnée par ces murs de pierres construits comme un défi face à ce miroir lacustre qui sait si bien amplifier les ardeurs du soleil et moduler une lumière unique.A l’heure des recherches désespérées d’harmonie, Lavaux et la Riviera restent la plus belle illustration d’un équilibre favorable aux meilleures ondes. Cet arc naturel allant de Lutry à Montreux fait face au sud, ce qui est extrêmement positif, et s’appuie dans son nord par des contreforts protecteurs. Un vrai

Pmodèle de feng shui, déjà perçu par les meilleurs musiciens du monde qui ont toujours pu trouver l’inspiration et une forme d’harmonie lors de leurs escales à Montreux. Cette région à la géographie particulière favorise ainsi naturellement toutes les expressions de beauté, de paix et d’amitié fraternelle.

VERTIGE ET CONTEMPLATION

Pour découvrir la vraie dimension et la magie de ce vignoble, il faut simplement prendre la route de la Corniche depuis Cully et tourner à droite avant Chexbres pour descendre vers le village de Rivaz. Très pentu et très étroit, le discret che-min de la Dame longe une falaise domi-nant le lac et les vignes en terrasses. Il faut y faire une longue escale pour apprécier un spectacle unique au monde et de vraies sensations de quiétude.

Une infinie palette de couleurs sur un paysage préservé. Arc-en-ciel de fin d’orage sur Le Bouveret et pinceau de lumière sur le village d’Epesses et son vignoble au vert éclatant.En page de gauche, deux mondes de couleur pour un même lieu, du crépuscule violacé et saturé à la légèreté d’une soirée d’automne lumineuse.Double page précédente. Lumière et éclat des couleurs d’automne. La Tour de Marsens veille sur le Dézaley.

La Fête des Vignerons, c’est la célébration du

travail exemplaire de la vigne, mais c’est aussi un hymne à la beauté d’une

région bénie des dieux et un rappel bienvenu pour

que se perpétue le lien fondamental qui nous

unit à la nature.

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16 • • LAC ET LAVAUX

A l’ouest, direction le Jura, le regard survole le Dézaley, avec Epesses et son Calamin, puis Riex, Grandvaux, Villette et Lutry. En contemplant ainsi le couchant, l’endroit permet de se lais-ser griser par la variation des lumières au fil des heures, jusqu’au crépuscule flamboyant qui embrase le Léman et dore la vigne. Face au sud, c’est le contraste. Les contreforts montagneux et couverts de forêts des Mémises et du Grammont se mirent dans le lac, jouant sur un vert

bouteille très adapté au monde de la vigne. Enfin, à l’est, du côté du levant, l’œil découvre un véritable tableau, avec le village de Rivaz et son église en avant-plan de la Riviera, des Préalpes et de la vallée du Rhône s’estompant dans la brume. Cette contemplation peut encore se faire dans le plus grand silence. Pas un bruit sur ces coteaux, si ce n’est celui du passage d’un train qui vient se faufiler entre lac et vignoble, redonnant une échelle humaine aux vertiges d’une

pente abrupte parsemées de terrasses. La vision plongeante de ces vignes per-met de prendre aussi la vraie mesure du travail accompli pour monter un à un ces murs de pierres qui ont permis de maintenir la terre et qui ont façonné ce paysage unique. Dans la douce brise qui remonte du lac, on se prend à détailler chaque minuscule terrasse, à observer un lézard peu farouche ou à s’émerveiller des reflets de ces grappes qui sont l’or de ces pentes.

Vertige sous le chemin de la Dame. Côté ouest, c’est l’heure des vendanges pour ce brantard. Côté sud, vue plongeante sur un bateau de la CGN qui affronte les risées de bise devant le massif du Grammont.Côté levant, le chemin mène à Rivaz, un village tourné aussi vers Vevey et Montreux.Au couchant, la Tour de Marsens domine un lac miroir et le reflet du Grammont.En page de droite, les trois soleils et le jeu du vent, avec une furieuse rafale de bise qui fait s’envoler les embruns.

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16 • • LAC ET LAVAUX

LE SOIR VENU, UNE DOUCEUR AMBIANTE DEMEURE, À CONDITION QU’UNE FROIDE BISE NE TOMBE PAS SUR CES PENTES EXPOSÉES À DES RAFALES PARFOIS VIOLENTES.

La belle vie. Du côté de Juan-les-Pins, escale apéro et parasols sur la plage de la Garoupe. Sur le Cap d'Antibes, les villas de rêve de la pointe de l'Ilette, avant une escale au prestigieux hôtel Eden Roc.

LE JEU DES TROIS SOLEILS

Pour obtenir de si bons vins, les vigne-rons de ces coteaux disposeraient d’un autre don de la nature, un ensoleille-ment unique. Dans la même journée, ces terrasses profitent de trois soleils. Le premier darde ses rayons en direct, le second est le même, mais reflété par le miroir du lac. Le troisième est certes moins éclatant, mais il reste très efficace avec ses volutes de chaleur issues des murs de pierres chauffés à bloc pendant la journée. Le soir venu, une douceur ambiante demeure, à condition qu’une froide bise ne tombe pas sur ces pentes exposées à des rafales parfois violentes. Elles viennent animer la surface du lac en se posant en éventails qui mettent au tapis les voiliers des plus valeureux navigateurs, plaqués sur l’eau par ce vent du nord rageur plongeant presque verticalement de la pente.

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LE JEU DU VENT

Comme les vignerons du coin sont aussi des yachtmen, ils aiment défier ces conditions très lémaniques. Marins d’Epesses ou de Rivaz, les Massy et les Monachon maîtrisent d’ailleurs le tou-cher de barre aussi bien que la tenue du guidon des tracassets. Généralement amoureux du vieux bois et de la marine d’antan, ils passent ainsi des heures entre-saison à peaufiner leurs véné-rables 6.5m, des petits voiliers agiles et surtoilés à trois équipiers qui font les belles heures des régates estivales de Cully ou de la Tour-de-Peilz. Ce goût immodéré pour ces navigations sur le Haut-Lac par joli rebat ou violente vaudaire leur permet aussi de surveiller et de contempler leur vignoble, mais cette fois à fleur d’eau et en contre-plon-gée. Depuis ces élégants voiliers ou du pont des vénérables bateaux à aubes de la CGN, ce vignoble prend alors une dimen-sion encore plus imposante. S’y ajoutent des visions de rêve, du charmant port de Lutry aux rives éclectiques de Villette et du Dézaley, du creux de Cully à Rivaz et à l’inattendu Château de Glérolles avec son petit port, avant de découvrir Saint-Saphorin et son charme presque méditerranéen.

À L’ABRI DU MONDE

Lieux de vie posés parfois comme des îles au cœur des vignes, les villages vignerons plongent aussi sur le lac en s’agrippant à la pente. On s’y trouve au calme, comme dans un monde révolu. Le soir, il y règne des ambiances faites d’ombres et de mystères, comme à Saint-Saphorin en parcourant de nuit ses ruelles et ses passages avant de faire escale à l’Auberge de l’Onde qui a accueilli des artistes comme Charly Chaplin ou le poète et parolier Jean Villard-Gilles qui savait si bien célébrer la vigne et Jean Rosset, l’astre du jour. Ces endroits ont du caractère en toutes saisons, comme les vignobles voisins d’ailleurs, souvent très beaux sous la neige. Lavaux en hiver dessine un autre ensemble, fait de lignes graphiques, en noir et blanc qui s’accordent avec un Léman gris ou argenté. C’est aussi la saison des coups de vent d’ouest, de ces ambiances devenues presque bre-tonnes sur ces rives exposées, avec ce lac bousculé par les déferlantes. Ainsi, toute l’année, il se dégage de ce monde à part une poésie constante, magnifiée par les changements qu’offrent inlassablement les saisons, faisant passer la vigne de l’apparence d’une princesse endormie à celle d’une reine éclatante veillant sur un lieu décidément béni des dieux.

Lavaux et ses voiliers en été. Un paysage de vignobles à

découvrir aussi depuis le large. Les peintres ont aussi apprécié

ce décor, comme François Bocion (1828-1890) pour cette toile

du Château de Glérolles. © Keystone/AKG Images/

André HeldSaint-Saphorin a séduit des

artistes inoubliables, comme Jean Villard-Gilles, à qui Jacques

Brel avait écrit simplement: «A Gilles, mon maître depuis

toujours. Humblement. Sincèrement.»

En page de droite, Epesses et Riex en été, Rivaz en hiver. A chaque saison, les villages

vignerons sont comme des îles paisibles sur un océan changeant.

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Salut! Jean Rosset.Tu es beau, tu es frais,Quand tu sors de la nuit,Sur l'alpage,Hors du gouffre obscur,Tu vas sauter le mur,Te voilà, mon joli,Dans l'azur!C'est le jeun' printemps,Un p'tit vent frivolant.Allons les enfants,À l'ouvrage!Salut! Soleil neuf!Comme l'œil, comme l'œuf,Tu es frais, tu me plais,Jean Rosset!O roi des étés,Tu répands ta clartéBravement jusqu'au soirSur la vigne.

Toujours plus ardent,Tu mors à pleines dentsCette chair du terroir,Belle à voir!Au coup de midi,Parfois l'on te maudit.Au travail, pardi,L'on rechigne.Mais toi, si l'on dort,Tu poursuis ton effort.Le secret du succès:Jean Rosset!Quel que soit ton nom,Phoebus, Jean Bourguignon,Tu es, fier compagnon,Un dieu mâle!Ces pauvres GermainsT'ont mis au féminin,Comprendront jamais rienC'est certain!

Il est vrai, grand fou,Qu'ils ne t'ont pas beaucoup.Tu es mieux chez nous,Mon étoile!Soleil de Paris,De Lavaux, du Midi,Mon ami guilleret,Jean Rosset!Quand l'automne vient,Tout est mûr, tout est bien:C'est le temps virgilienDes vendanges.Tu mets ton habit,Ton gilet cramoisi,Ton manteau de ParisTout fleuri.Dans le ciel plus lourdD'un pathétique amour,C'est ton dernier tour.Puis tout change;

Le soir qui descendVa délivrer le vent.C'est mauvais, tu le sais,Jean Rosset!L'hiver dépouillé,Le grand ciel est mouilléEt le gel fait craquerLes vieux arbres.Phoebus n'est pas bien,Ce froid ne lui vaut rien,Son pauvre œil, le matin,Est éteint.Parfois même, il fuit,Longue sera la nuit,Plus dur notre ennuiQue le marbre,Si le vin nouveauN'avait gardé bien chaudTa vigueur, ton reflet,Jean Rosset!

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VEVEY ET LA CONFRÉRIE DES VIGNERONS EN FÊTE • • 2120 • • VEVEY ET LA CONFRÉRIE DES VIGNERONS EN FÊTE

Fête et ambiance de 2019. Pour ses 70 créations, la costumière s’est inspirée autant des éditions précédentes que des costumes traditionnels vaudois et fribourgeois. Les thèmes d’animaux, insectes et oiseaux, sont des nouveautés liées à la dramaturgie du spectacle de Daniele Finzi Pasca. © Fred Merz/Lundi13/Fête des Vignerons.A droite, ambiance entre passé et modernité sur scène en juillet 1999 avec ces vignerons guerriers qui affrontent la grêle. © Keystone/P. Aviolat

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VEVEY ET LA CONFRÉRIE DES VIGNERONS EN FÊTE • • 2120 • • VEVEY ET LA CONFRÉRIE DES VIGNERONS EN FÊTE

VEVEY ET LA CONFRÉRIE DES VIGNERONS EN FÊTE

Une fois par génération, ce rituel unique au monde réunit 5'500 acteurs et figurants pour présenter et récompenser le savoir-faire des vignerons-tâcherons. Sans relâche, la Confrérie des Vignerons veille sur ce grand rendez-vous qui perdure depuis le 17e siècle et qui offre un spectacle qui rassemble encore ceux des villes et du vignoble.

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Récompensés. 1977. L’équipe des vignerons couronnés. © Confrérie des Vignerons. Lac et vignoble. Bienvenue à Vevey avec la participation des vapeurs de la CGN. Modernité. L’arène de cet été en image de synthèse. La conception est d’Hugo Gargiulo d’après une idée originale de Jean Rabasse. © Fête des Vignerons 2019.Vevey et ses rives. La montgolfière de la Fête survole les quais de Vevey. © Confrérie des Vignerons.

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un côté, il y a les spec-tateurs. Une fois tous les 20 ans, c’est pour eux un été qui ne res-semble à aucun autre.

Les familles vaudoises, valaisannes, genevoises, d’outre-Sarine, les amis français ou italiens se consultent pour vivre ensemble la Fête des Vignerons. De l’autre côté, on retrouve la Confrérie des Vignerons et ses 1'700 membres, qui veille au bon entretien des vignes et qui reste surtout la grande organisa-trice de l’événement. Malgré l’engage-ment demandé, son abbé-président, le Vaudois François Margot, ainsi que les 5’500 figurants ne manqueraient pour rien au monde cette occasion rare de vivre dans les coulisses d’un des plus grands spectacles européens de 2019. Mais que vit vraiment le spectateur de cet événement? Première émotion en arrivant sur place, la découverte d’un autre Vevey, métamorphosé par cette arène gigantesque occupant totalement la Place du Marché. Habituellement sereine et tournée presque exclusive-ment vers ses quais et son lac, la bour-gade se métamorphose ainsi à chaque fois le temps d’un été. 200'000 spectateurs vont ainsi connaître cette montée en puissance au fil des heures, pendant 10 journées et 10 soi-rées, du 18 juillet au 11 août. Du tranquille apéro de fin de journée à l’ascension des gradins dominant la scène centrale, les spectateurs de toutes les générations vont découvrir le lieu d’un couronnement impérial et inédit, celui des meilleurs vignerons-tâcherons.Pour cette 12e édition d’une célébration créée il y a plus de 222 ans, en 1787, toute la population de la région du vignoble qui va de Lausanne au Chablais s’est mobilisée depuis des mois et même des années pour participer à la conception du spectacle ou plus simplement aux répé-titions pour les acteurs figurants venus en grande partie de la région de Vevey.

D’ DU TRANQUILLE APÉRO DE FIN DE JOURNÉE À L’ASCENSION DES GRADINS DOMINANT LA SCÈNE CENTRALE, LES SPECTATEURS DE TOUTES LES GÉNÉRATIONS VONT DÉCOUVRIR LE LIEU D’UN COURONNEMENT IMPÉRIAL ET INÉDIT, CELUI DU MEILLEUR VIGNERON-TÂCHERON DE LA RÉGION.

L’affiche de la Fête, réalisée par le studio suisse Balmer Hählen, décline les saisons de la vigne et ses animaux familiers. © Confrérie des Vignerons. En costumes de 2019, des figu-rantes entourent François Margot, l’abbé-président de la Fête. © Confrérie des VigneronsRetour en 1999. Le grand moment du Couronnement. © Groupement des photographes veveysans/Confrérie des Vignerons.

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24 • • VEVEY ET LA CONFRÉRIE DES VIGNERONS EN FÊTE

BEAU TEMPS ET GROSSE PRESSION

Retour dans les gradins. Casquette et lunettes à soleil sur le nez, assis en plein soleil pour les spectacles de l’après-midi, le spectateur se retrouve d’emblée dans l’ambiance du vignoble, écrasé par la chaleur, à découvrir la vraie soif et l’ardeur d’un astre royal qui sera tou-jours le bienvenu, que ce soit pour les vignerons ou pour ces festivités. Car le plus grand souci des spectateurs ou des organisateurs de cette fête unique reste… le temps qu’il va faire. A chaque édition, les baromètres sont scrutés, les radars d’orages décryptés et les familles repartent parfois, vain-cues par les rideaux de pluie. Quelle plus grande déception que de partir au spectacle sous le soleil pour revenir sous les orages, piégé par les inévitables sur-prises climatiques de juillet-août? A tel point que les éléments déchaînés font parfois à eux seuls le spectacle, animant les quais et la ville de Vevey d’éclairs spectaculaires ou de bourrasques qui rafraîchissent l’atmosphère, certes, mais qui restent l’angoisse des organisateurs. Mais le temps, c’est le temps, et même les vignerons savent trop bien qu’on ne peut rien y faire, si ce n’est tirer quelques fusées pour éviter le pire, des nuages de grêle sournois qui font trop souvent les drames d’avant les vendanges.

L’ART DE SÉDUIRE LE PUBLIC

Le ciel se dégageant, place au spectacle. Celui de 2019 est à nouveau celui d’une véritable équipe, avec ses identités, plutôt méridionales pour l’occasion. Avec sa com-plice Julie Hamelin, le Tessinois Daniele Finzi Pasca est l’homme-orchestre de ce

Ciel et surprises. Les Ménades et le public assistent à l’éclipse solaire de 1999 et un hélicoptère surgit pour illustrer le sulfatage des vignes.

Spectacle et pluie, une inconnue vécue à chaque édition. © Confrérie des VigneronsEn page de droite, le concepteur et metteur en scène tessinois du spectacle, Daniele Finzi Pasca, homme de défis. © Confrérie des Vignerons. L’imposante arène de 2019

à fin mars et sa différence de taille avec celle de 1999. © Keystone/J-Ch Bott et F.Coffrini. Ambiance dans l’arène de 1889 au moment du Couronnement.

© Confrérie des Vignerons

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grand projet qui ne doit pas lui avoir trop donné le vertige. Quand on a eu le privi-lège de monter la cérémonie de clôture des JO de Sotchi (2014), la fête veveysanne pourrait même avoir la dimension d’une célébration de village. La réalité est certainement tout autre, surtout quand on connaît le souci du détail qui règne chez les Helvètes. Il faut donc d’immenses qualités pour respecter l’esprit d’un rituel de plus de 200 ans, tout en amenant les expressions de l’air du temps. Le défi reste aussi de satisfaire un public très documenté, nourri toute l’année des expressions artistiques les plus variées. Des démonstrations deve-nues virtuelles qui poussent aussi à l’exi-gence pour transmettre des émotions, ce que recherche avant tout le créateur tessinois.Réunis autour du maestro, des artistes de toutes les disciplines, musiciens, costumières, poètes, chorégraphes et techniciens du son et de l’image sont venus relever un défi vigneron qui vaut bien les plus grands rendez-vous artis-tiques de l’année.

ARÈNE GÉANTE ET AMBITIONS HUMAINES

En 1797, l’estrade de bois construite pour la Fête pouvait accueillir 2’000 specta-teurs. L’arène de 2019, à elle seule, reflète les ambitions du spectacle de cette année et accueille dix fois plus de spectateurs. Conçue sur une idée de Jean Rabasse, elle s’étend sur 14'000 m2 et a demandé l’utilisation de 700 tonnes d’acier. Elle fait aussi 30 mètres de hauteur pour offrir les 20'000 places de chaque spec-tacle. S’y ajoute une scène de la dimen-sion d’une piscine olympique, 4 écrans géants, 2’000 projecteurs et 400 haut- parleurs. Et si ce descriptif matériel est

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éloquent, il est encore bien loin des ambitions simplement humaines d’un spectacle qui aligne 6 semaines de répé-titions avant le grand jour, et 5 ans de travail pour son créateur. Il ne faut donc pas trahir la surprise de la découverte de cette prestation ambi-tieuse qui doit offrir une succession d’émotions imprévues. Mais en quelques mots, les acteurs et figurants présentent le déroulé d’une année dans la vigne, en 20 tableaux, jusqu’au vendanges. S’y mêleront les travaux, le savoir-faire des vignerons, l’amitié et les éléments comme l’eau, le soleil ou la lune. Le lien entre l’homme et la nature est bien pré-sent, en écho simultané aux inquiétudes climatiques récentes des jeunes - et des moins jeunes aussi, heureusement.

Les créateurs et assistants de cette édition. On y retrouve des scénographes, compositeurs, costumières, librettistes, chorégraphes, sonorisateurs ou encore des concepteurs lumières et vidéo. © Fred Merz/Lundi13.ch/Confrérie des VigneronsCostumes et préparatifs, avec ce croquis réalisé pour la Parade de Nuit. © Géraldine Clément/Fête des Vignerons

RÉUNIS AUTOUR DU MAESTRO, DES ARTISTES DE TOUTES LES DISCIPLINES, MUSICIENS, COSTUMIÈRES, POÈTES, CHORÉGRAPHES ET TECHNICIENS

DU SON ET DE L’IMAGE SONT VENUS RELEVER UN DÉFI VIGNERON QUI VAUT BIEN LES PLUS GRANDS RENDEZ-VOUS ARTISTIQUES DE L’ANNÉE.

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ENTRE SAINT-MARTIN ET RANZ DES VACHES

Le cœur du spectacle reste naturellement le couronnement. Celui des vignerons-tâcherons de cette année 2019 aura lieu en ouverture de la Fête, le 18 juillet. En dehors de ce point fort de chaque repré-sentation, l’héroïne de cette année, la jeune Julie, va entraîner les spectateurs à la découverte des multiples réalités du monde de la vigne. 500 choristes sont de la partie, ainsi que 150 enfants. 16 musi-ciens de jazz donneront aussi le tempo et plus de 70 costumes égaieront cette présentation spectaculaire qui sera l’occa-sion de revivre pour certains des souve-nirs des fêtes précédentes, à l’occasion de l’immuable Ranz des vaches, notamment, chanté par 11 armaillis. Même retour pour la Foire de la Saint-Martin, créée il y a plus de 500 ans et qui porte le nom du saint Patron de Vevey.La Fête sera donc belle, sans nul doute. Pendant ces spectacles, bien sûr, mais aussi tout au long des semaines où les habitants de Vevey et de la région seront en liesse, pour accueillir aussi tous ceux qui seront venus les rejoindre pour vivre les passions d’une région. A cette occa-sion, et si le soleil est de la partie, les apéros de l’amitié devraient même per-mettre d’ouvrir entre 300'000 et 500'000 bouteilles d’une cuvée historique. Tout est dit…

Le grand moment de l’interprétation du Ranz des Vaches, avec le célèbre Bernard Romanens en 1977 et l’un des armaillis de 2019. © Confrérie des Vignerons et Nicolas Righetti/Lundi13

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UNE LOCOMOTIVE À LAVAUX • • 2928 • • LUC MASSY, EPESSES

Vu du ciel, le vignoble et Epesses, le village qui abrite la famille Massy. © R. ColomboIl va vivre sa 4ème Fête des Vignerons. Luc Massy après une victoire en régates. © Y. Ryncki

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Texte: David Moginier

PORTRAITS DE VIGNERONS

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La famille au Clos du Boux, avec Margaret, Luc et Grégory. © Faber & Partner.En régate sous le vignoble. © Y. RynckiL’avenir du Dézaley «Chemin de Fer» est assuré par la relève, avec Grégory et Benjamin. © Faber & PartnerEn page de droite, escale sur le voilier suisse «Erica» à New-York, en 1976. A Manhattan, Luc Massy fera livrer sur ce thonier à voiles de 1900 de quoi assurer l’apéro pour la traversée de l’Atlantique vers Plymouth.

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es premières années, tu apprends le métier à la vigne et à la cave. Après, tu ne tra-vailles plus, tu vis juste ta passion à 100%...» Luc Massy

va vivre cet été sa quatrième Fête des Vignerons, de l’intérieur comme toujours, avec toute sa famille. S’il a peu de sou-venirs de celle de 1955 (il avait 3 ans), il a fait partie de la troupe de 100 Suisses tant pour celle de 1977 que pour celle de 1999. Cet été, il sera Conseiller de la Confrérie des Vignerons, atteint par la limite d’âge fixée pour la troupe presti-gieuse. «Mais mes deux fils ont repris le flambeau: Benjamin est commandant des 100 Suisses de Lavaux et Gregory en est aussi. Ajoutez que ma femme Margaret est à la Saint-Martin et vous aurez le compte.»Cette histoire de transmission, on la retrouve souvent dans les vignes. Les domaines passent ainsi de père en fils, ou en fille désormais. Celui des Massy est né grâce au grand-père Albert. Huitième enfant d’un fabricant de pierres d’horlo-gerie de L’Orient, né en 1876, il s’occupe d’abord d’administration et de comp-tabilité. En 1900, il part pour un court stage à Stuttgart qui se transforme en une expatriation en Sierra Leone, dans un comptoir colonial. Mais le Combier «africain» y attrape le paludisme et doit rentrer après trois ans. A la Vallée de

«L

Le propriétaire du légendaire «Chemin de Fer» a un

mental de vainqueur, que ce soit dans son domaine

du Clos du Boux ou en régate sur son voilier

historique, un 6.5 m SI.

Joux, il préfère Epesses et le commerce de vins de Gustave Fonjallaz (le grand-père de Patrick). Il y fait ses armes, y épouse Julienne Mégroz avant de se mettre à son compte en achetant des vignes.

UN CHASSELAS CONNU ET BIEN DÉFENDU

Si les Massy ont toujours eu du nez, celui d’Albert pointe vers les «en là», ces par-chets du bas du Dézaley, près de Rivaz, que les vignerons d’Epesses n’aiment pas trop parce qu’elles sont loin et diffi-ciles à travailler. Albert les rachète, ainsi que ce nom de Chemin de Fer qu’il peut déposer en marque. C’est aujourd’hui un des chasselas les plus connus du pays, de Genève à Romanshorn. Il acquiert également les vignes et les deux maisons du Boux, à Epesses, la cave de 1800 et la demeure qui la surplombe, de 1640. Les Massy ont toujours eu aussi du carac-tère, et c’est grâce à lui que les vignerons vaudois ne paient toujours pas d’impôt fédéral sur le vin. Alors que tous les recours sont épuisés et que Berne veut venir puiser dans les revenus des caves, Albert refuse et bloque la somme à la BCV. L’Office des poursuites saisit un de ses vases, sur lequel le vigneron a fait dessiner un ours bernois dévorant une grappe de raisins. Berne veut mettre

ce vin aux enchères pour récupérer la taxe mais va finalement renoncer devant les deux manifestations des vignerons vaudois organisées face à la vente.

UN SACRÉ CONFRÈRE

Quand «Le Colonel» décède en 1950, le domaine se divise entre les deux filles et les deux garçons, mais Jean-François suit la voie paternelle et, au fil du temps, récupère l’essentiel des vignes de son père. Comme lui, il sera aussi député au Grand Conseil, gradé à l’armée, syndic d’Epesses. Jean-François sera un des fon-dateurs d’une autre confrérie, celle du Guillon où il est resté jusqu’à sa mort en 2012. Son fils en sera bien évidemment un conseiller lui aussi, Le jeune Luc, lui, a le caractère bien trempé dans les gènes, accolé à ce sens de l’amitié et de l’accueil. Comme son grand-père, il a la bougeotte, qui le fait partir trois ans voir ailleurs si le raisin est plus doré. De la Californie à l’Argentine ou au Maroc et en Australie, il découvre le monde. Mais il revient pour une autre de ses passions, la voile, histoire de prendre part en 1976 à la Tall Ships Race, qui le verra régater de Plymouth à New York et retour sur ces immenses et majestueux voiliers.

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UNE PASSION FAMILIALE

Mais c’est aussi le moment de revenir au domaine, de s’associer avec son père, puis de rencontrer au Bal des vendanges une Ecossaise qui lui fera tourner la tête mieux que le chasselas. Margaret saura s’adapter à Lavaux, au domaine, à la Fête des Vignerons, à gérer cette grande et belle maison du Clos du Boux qui domine la route avec panache. Ensemble, ils auront Gregory il y a trente-sept ans et Benjamin trente-cinq. «Ils ont fait leur vie avant de reve-nir avec nous, Benjamin l’œnologue plutôt à la cave et à la vigne, Gregory à l’administration, les deux à la vente.»La quatrième génération de Massy est donc sur les voies du succès derrière la locomotive Luc, qui va remettre une fois réglée cette histoire de nouveaux droits de succession agricoles où les bâtiments sont taxés en plein. «Je ne veux pas qu’ils aient des masses d’impôts à payer pour continuer l’aventure Massy.»Le patron a la vision, comme il a su défendre la commercialisation de ses vins partout en Suisse ou à l’étranger. «On fait un merveilleux métier où on mélange la production, la transforma-

tion, le marketing et la vente. Mais c’est surtout un métier de contact, où chaque jour est différent. Quand, en plus, on le fait sur les plus belles vignes du monde, qui regardent ce lac exceptionnel…»

RÉGATES ET VOILIER FERROVIAIRE

Oui, le lacustre ne s’est jamais arrêté, depuis ce dériveur 420 découvert à l’adolescence, sur lequel il embarque son père comme équipier, avant de faire des championnats suisses, européens ou mondiaux en 5.5 m JI. «Tu me proposes une semaine en croisière, je m’ennuie. J’aime la régate, la compétition, essayer de faire un tout petit mieux que l’autre.»Et il y a surtout ce 6.5 m SI acheté en 1971 sur lequel il régate toujours. «J’ai dû faire de grosses réparations l’an dernier qui m’ont coûté cher, mais il n’y a pas de sensations pareilles sur ce bateau incroyable, nerveux, délicat, proche de l’eau et qui ne pardonne rien.» Quand on sait que la série créée en 1907 est appelée «chemin de fer» – puisque les bateaux étaient faits pour être transportés en wagons ferroviaires – on se dit que la boucle est bouclée.

C’EST SURTOUT UN MÉTIER DE CONTACT, OÙ CHAQUE JOUR EST DIFFÉRENT. QUAND, EN PLUS, ON LE FAIT SUR LES PLUS BELLES VIGNES DU MONDE, QUI REGARDENT CE LAC EXCEPTIONNEL…

Dégustation et concentration à la cave pour les deux générations.

© Faber & Partner.Navigation sur «Vinh Long II»,

le vénérable 6.5 m en bois. © Y. RynckiA droite, les vignes de la famille Massy,

avec cette vue sur le lac dont ne se lasseront jamais les vignerons.

© R. Colombo

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Avec passion et avec vousLa Fête des Vignerons, patrimoine vaudois et mondial.

ENTONNOIR · n.m. Ustensile de forme conique servant à verser un liquide dans un récipient. Il sert notamment à compléter ou remplir un tonneau de vin.

LAVAUXLE PAYS AUX 3 SOLEILS

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LUMIÈRES DE LAVAUX

1. Ephémère. Pinceau

de lumière sur le Dézaley.

6. Vers l’ouest. Survol du Clos des

Moines-Dézaley.

11. Vu du large. Les coteaux de

Lavaux, fascination des navigateurs.

2. Estival. Vignoble, lac

émeraude et massif savoyard.

7. Vers l’est. Du Clos des Abbayes

vers Rivaz et Vevey-Montreux.

12. Vu d’en haut. Coup d’œil sur

Treytorrens, entre Cully et Rivaz.

3. Menaçant. Ciel de plomb

depuis le Dézaley.

8. Harmonie. Sur les hauts

d’Epesses et de Riex.

13. Sous les feux. Le Château de

Montagny, propriété de la BCV

4. Contrasté. Lac d’encre et coteaux

du soir.

9. Préservé. Le village d’Epesses,

une île au cœur du vignoble.

14. Vu du ciel. L’heure tant

attendue des vendanges.

5. Elégantes. Pentes douces

en direction de Cully.

10. Vu du vignoble. Des vapeurs immuables.

15. Survol. Vignoble,

brantard et vendangeurs.

A l’occasion de la Fête des Vignerons, nous avons sélectionné 30 images illustrant le lien immuable entre l’homme et la nature dans le monde de la vigne.L’idée est d’offrir les plus belles images des vignobles en ter-rasses du Lavaux au fil des saisons, entre jeux de lumière et vues inédites prises par des drones.

S’y ajoutent des ambiances plus humaines, du travail de la vigne au charme unique de ces villages vignerons.Toute la magie du monde de la vigne est présentée par ces images d’un des plus grands photographes de vignobles, Régis Colombo, collaborateur fidèle du magazine.


16. Délicatesse. Le soin apporté

à la vigne.

21. A l’aube. Soleil levant et vignoble endormi.

26. Au couchant. Plongée

sur le Léman et Cully.

17. Transparence. Naissance

d’une feuille.

22. Graphique. Vers l’ouest, le Dézaley de l’hiver.

27. Derniers rayons. Depuis Chardonne, coucher de soleil

d’hiver.

18. Majesté. La beauté d’un accord

de rouge.

23. Sans fin. La route vers

Saint-Saphorin.

28. En grappes. Le ballet des

étourneaux sur fond de Léman.

19. Précis. Les gestes

des vendanges.

24. Mystère. Quand le lac devient mer

de brouillard.

29. En escadrilles. A Lutry, valse d’oiseaux et

cargo de jour.

20. Immuable. La taille au soleil

couchant.

25. Vu du vignoble. Fin de journée

côté Jura.

30. En point d’orgue. Le Château

de Glérolles et Saint-Saphorin


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F O U R N I S S E U R O F F I C I E L D E L A F Ê T E D E S V I G N E R O N S 2 0 1 9Tous les vins de la Fête portent le Label Or Terravin

E N V E N T E C H E Z M A N O R O U I N T E R N E T: W W W. O B R I S T. C H / F R / F E T E - D E S - V I G N E R O N S

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L’INFINIE SAGESSE DU VIGNERON DE RIVAZ • • 6968 • • PIERRE MONACHON

Vice-président de la Confrérie des vignerons, Pierre Monachon est aussi souriant et à l’aise dans ses vignes au-dessus de Rivaz qu’à bord de son voilier de régate «Ondine». © D. Moginier et Y. Ryncki

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Particularités de ces vignobles en terrasses impressionnants, les murs de vignes demandent un entretien constant que Pierre Monachon et sa famille assument sans mécanisation, en portant le ciment à la brante. Il faut aussi remonter la terre sur ces pentes escarpées, mais dans un décor qui ferait oublier l’effort. © D. Moginier

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ierre Monachon a le calme du vieux sage, la modestie du Vaudois et l’excellence du vigneron moult fois recon-nu pour ses crus. De cette

famille de meuniers de Peyres-Possens qui s’est établie à Rivaz en 1777 tout en cultivant des vignes à côté, Pierre a tiré cette responsabilité de transmettre, ce souci de préserver. Ce bon sens terrien qui l’a très vite poussé à travailler ses sols en économisant au maximum les traitements. «J’ai reçu un domaine de mon père Benjamin, qui l’avait reçu de mon grand-père Jules, le premier à mettre son vin en bouteilles. Je n’ai obligé aucun de mes trois enfants à le poursuivre, mais je suis heureux que Basile ait décidé de le faire après avoir tenté d’autres formations. Et j’ai prévenu mes deux autres enfants que tout serait fait pour l’aider sans les prétériter.» Depuis quatre ans, Basile est locataire du domaine de son père, le temps que ce dernier atteigne l’âge de l’AVS et le lui remette. «J’y travaille toujours, évidem-ment, parce qu’aller à la vigne, sur ces terrasses magnifiques, c’est aussi bien que d’aller skier à Zermatt…»

PLe vice-président de la Confrérie des Vignerons

n’est jamais plus heureux qu’au milieu de ses vignes, avec la vue sur le lac où il aime toujours régater.

Le vigneron a le bonheur du métier, de la tâche accomplie. Le méticuleux est heu-reux que tout soit en ordre, les murs des terrasses bien entretenus, la cave par-faitement dotée en matériel. «Bien sûr, je n’ai jamais voulu acheter des voitures luxueuses, j’ai toujours réinvesti dans l’affaire. Les murs, par exemple, c’est un travail qu’il faut faire régulièrement, j’y consacre deux semaines par année avec un maçon. Et puis monter une brante de ciment de 50 kilos sur la troisième terrasse en haut, c’est mon sport.»

LES CHARGES D’UN PRIVILÈGE

Car Lavaux, c’est aussi cela. Une vue superbe, un Patrimoine mondial de l’Unesco, mais qui demande du bou-lot: remonter la terre, consolider les murs, travailler à la main parce que rien n’est mécanisable sur ces pentes ardues. «Cela me fait de la peine quand je vois certaines parcelles qui sont mal entretenues», regrette le vice-président de la Confrérie des Vignerons, qui récom-pense, elle, les meilleurs tâcherons de la région.

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s’interdit de juger son successeur. «Ce n’est pas facile au début, tu as travaillé toute ta vie pour que l’entreprise soit par-faite. Mais quand tu passes les rênes, tu dois laisser l’entière liberté. Basile peut faire ce qu’il veut, je n’ai pas à juger.»

ATTENTIF AU BIEN COMMUN

Son temps, par contre, il l’a beaucoup donné à la communauté, comme un devoir qu’il estimait devoir faire, à la suite de son père. Domaine test pour les Stations fédérales, responsable de la promotion des vins de Saint-Saphorin, syndic de Rivaz pendant de longues années, président du label de qualité Terravin, vice-président de la Confrérie des Vignerons, le sens du bien commun, toujours. «Mais il faut le faire pour soi, ne pas attendre de la reconnaissance,

QUINZE JOURS DANS LES PARCELLES, C’EST LE BONHEUR, ÇA SOIGNE

L’ESPRIT.

Lui n’est jamais plus heureux qu’à la vigne. «On a un métier formidable parce qu’on fait tout, de la production à la transformation et à la vente. Une journée à la cave, j’adore, mais il ne fau-drait pas m’y mettre deux semaines de suite. Même chose pour les salons ou les restaurants où on vend. C’est chouette… en petites quantités. Alors que quinze jours dans les parcelles, c’est le bonheur, ça soigne l’esprit.» C’est aussi pour cela que le garçon n’a jamais voulu agrandir son domaine de 3 hectares. «Quand tu grandis, le patron passe son temps à vendre, au contact des gens qui veulent le voir. Ce n’est pas mon truc.»Son sens de la transmission, il l’a déjà connu de son père, qui l’a très vite mis en selle, à 22 ans. «J’ai travaillé avec lui une année, mais ce n’était pas possible. On a donc trouvé un autre système.» En remettant à Basile, il a fait le boulot et il

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parce que tu seras déçu.» Beaucoup de charges dans un emploi du temps char-gé, «mais je n’ai pas passé mon temps à refaire le monde avec mes collègues autour d’une bouteille ». «Si tu veux faire du vin standard, ce n’est pas trop compliqué, tu appliques des recettes. Mais moi, je veux me faire plaisir, essayer des choses, soigner le moindre détail pour être fier de mon produit. J’ai été un des premiers à planter du merlot ou du mara à Lavaux.» En dégustant son Dézaley, ses Manchettes ou son Plantaz, on l’approuve. Et ses rouges ne sont pas mal non plus… MÉTICULEUX SUR L’EAU On pourrait le croire moine soldat, en mission pour ses vins qu’il bichonne. Mais le grand échalas réussit à être en même temps le plus chaleureux des hôtes, avec sa voix douce qui cache une ferme conviction. «Je suis content de ma vie, d’avoir une femme merveilleuse, de partager des passions avec mes enfants.» Outre le vin avec Basile, il y a la mon-tagne et le ski avec Jeanne, et la voile avec Christian.Oui, parce que la régate est une chose sérieuse chez les Monachon. Pierre a acheté il y a quarante ans un 6.5m SI de 1932, en bois, parce qu’ils n’étaient pas chers à l’époque et que c’est un bateau de sensation et de compétition qui permet-tait de faire le Général Guisan et le Bol d’Or à l’époque. «En plus, tu ponces, tu changes une pièce, tu peins. Je le passe en chantier tous les dix ans, mais je le bichonne tout le temps. Il est comme neuf. C’est comme la vigne, tu montes sur ton bateau et tu vois que tous les détails sont en ordre, que le bateau est beau, ça te fait plaisir…» Méticuleux, on l’avait dit, celui qui produit aussi une Cuvée du Marin.

La régate est aussi une pratique sérieuse chez les Monachon, que ce soit sous spi dans la brise ou dans le petit temps. L’occasion de vivre intensé-

ment le Léman entre amis, en contemplant ses vignes. © Y. RynckiEn page de gauche, toute la proximité du vignoble, des villages de Rivaz et

Saint-Saphorin et du lac. Un paysage à découvrir depuis le chemin de la Dame et qui fait toujours le bonheur de celui qui a aussi

été le syndic de Rivaz. © D. Moginier

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LE CHASSELAS COMME ÉTENDARD

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LE CHASSELAS COMME ÉTENDARD

SAVOIR DÉGUSTER


76 • • JÉRÔME AKÉ BÉDA, SAINT-SAPHORIN

epuis son arrivée en Suisse comme sommelier dans de grands restaurants, puis depuis quatorze ans à l’Auberge de l’Onde de

Saint-Saphorin, Jérôme Aké Béda a su créer un personnage incontournable avec son physique chaleureux et aty-pique d’Ivoirien à Lavaux. C’est l’histoire d’une passion davantage que celle d’un métier, l’histoire d’un colosse portant haut et fort les couleurs du chasselas, le cépage local qu’il affiche sur ses T-shirts ou tabliers avec des slo-gans genre «In chasselas, we trust». Il lui a même consacré un bel album, «Les 99 chasselas à boire avant de mourir» avant de livrer cette année «Les 59 vins à boire pendant et après la Fête des Vignerons».«Pour faire un grand vin, il faut trois éléments, un terroir, une historicité et l’adéquation d’un cépage à son sol. Au Dézaley ou au Calamin, nous avons tout cela. Si les moines cisterciens sont venus défricher ces sols-là depuis leurs abbayes, c’est qu’ils avaient senti cela comme des sourciers qui repèrent l’eau…»

DPour lui, le chasselas reste un cépage exceptionnel par sa faculté à révéler le sol puis, lorsqu’il prend de l’âge, à se muer en quelque chose de totalement différent. «C’est un caméléon unique en son genre, qui peut alors ressem-bler l’un à un sauvignon, l’autre à une marsanne. Et si on se dit que la maturité des cépages, partout dans le monde, est basée sur celle du chasselas, cela veut sans doute dire qu’il est universel.»Mais cela n’empêche pas celui qui fut Sommelier de l’année de déguster tous les trésors du monde, dont il tire le meilleur de son incroyable cave. «Pour réussir en Suisse, il faut de la patience. Je viens d’un pays où le respect et la sociabilité sont essentiels. Ici, j’ai monté mon réseau lentement, en écoutant les gens, en m’intéressant à eux.»Dans le restaurant cher à Jean Villard-Gilles et à son actuel propriétaire, Georges Muller, il déploie un accueil exceptionnel, auquel les clients sont sensibles. Quand on va à l’Onde, on va «chez Jérôme». A l’heure où, depuis Paul Bocuse, les chefs ont pris la vedette, Aké Béda a remis le service en lumière. Avec tellement de gentillesse.

POUR RÉUSSIR EN SUISSE, IL FAUT DE LA PATIENCE. JE VIENS D’UN PAYS OÙ LE RESPECT ET LA SOCIABILITÉ SONT ESSENTIELS. ICI, J’AI MONTÉ MON RÉSEAU LENTEMENT, EN ÉCOUTANT LES GENS, EN M’INTÉRES-SANT À EUX.

Le célèbre sommelier de l’Auberge de l’Onde sait combien le cépage local peut être exceptionnel. Cela ne l’empêche pas de déguster beaucoup

d’autres vins.Désigné comme Sommelier de l’année 2015 en Suisse par le Gault et Millau, Commandeur de l’Ordre des Vins Vaudois, le sommelier et maître d’hôtel de l’Auberge de l’Onde prépare des assemblages pour les vignerons de la région, de grands dîners dédiés aux accords mets et vins et reste un passionné de son terroir d’adoption. Pour lui, si les moines cisterciens ont décidé de faire de grands vins sur ces pentes, c’est qu’ils ont ressenti la force du sous-sol et des trois soleils de Lavaux: le soleil naturel, le soleil dont les rayons sont réverbérés par le Léman et enfin le soleil absorbé par les murs de pierres qui rendent la chaleur aux racines pendant la nuit en favorisant une lente maturation du raisin. © D. Moginier, R. Colombo, Keystone


L’HÉRITIER QUI SE POSE DES QUESTIONS • • 77

Texte: David Moginier • Photos David Moginier et Régis Colombo

Le jeune vigneron a repris le domaine familial à Treytorrens, entre Cully et Rivaz. Mais cela

ne l’empêche pas de sortir du moule.


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L’HÉRITIER QUI SE POSE DES QUESTIONS • • 7978 • • DENIS BOVARD, TREYTORRENS

ET PUIS UN JOUR, JE ME SUIS DIT QUE J’AIMAIS BIEN LE VIN, QUE JE POURRAIS GÉRER UN ENSEMBLE ET FAIRE

QU’IL FONCTIONNE BIEN DE A À Z…


L’HÉRITIER QUI SE POSE DES QUESTIONS • • 7978 • • DENIS BOVARD, TREYTORRENS

enis Bovard détonne dans le paysage viticole de Lavaux. Le dernier des quatre garçons de la cave de la Maison Jaune a suivi

les traces de son père Antoine presque par hasard. Si son aîné Louis-Charles est devenu vigneron, l’amour l’a fait déménager dans le Vully auprès de sa femme Marylène Chervet. Ses frères Gilles et Lucien ont renoncé au métier. Denis, lui, a commencé par une voie plus commerciale, avec maturité profession-nelle à la clé puis une formation dans le marketing.

UN CALAMIN TRÈS RÉUSSI

Après son service civil, il a donné un coup de main à son père, en organisant des dégustations ou en faisant sa comp-tabilité. «Et puis un jour, je me suis dit que j’aimais bien le vin, que je pourrais gérer un ensemble et faire qu’il fonc-tionne bien de A à Z…» Le jeune homme fait son apprentissage de vigneron à 25 ans avant de devenir le locataire du domaine de son père. Ce dernier a été longtemps lié à son frère Louis-Philippe qui avait repris la cave familiale, à qui il livrait près de 90% de sa récolte. «Nous avons commencé à faire davantage nos propres vins, en vendant ce dont nous n’avions pas besoin à mon oncle.» Ce

Dqui a plutôt réussi puisque son Calamin 2015 avait terminé premier au Grand Prix du Vin Suisse.

L’APPEL DU LARGE

Le passionné de jazz et de musique clas-sique – trompettiste à ses heures – a vécu quelques années difficiles finan-cièrement, où il était davantage dans les papiers que dans les vignes. «Cela ne me nourrissait plus forcément et je n’avais plus de temps pour mes autres intérêts. J’ai commencé à vouloir m’oc-cuper davantage de moi…», explique celui qui s’est mis à se préoccuper de son alimentation, à s’intéresser à la phytothérapie, à scruter ses tantras, à chercher quelque chose qui lui donne de l’équilibre. Le vigneron qui avait appris le russe – avant d’aller passer trois mois en Russie – envisage de faire un break l’an prochain pour aller voir ailleurs. «J’ai besoin de retrouver le travail de plein air, de ne plus être patron. Je fais un gros travail sur mes émotions, pour qu’elles redeviennent ma boussole interne.» A 33 ans, c’est l’heure de la grande remise en question. «J’ai sans doute cherché à faire plaisir à mon père – qui ne me le demandait pas. Il est temps que je dise plus clairement ce qui me va et ce qui ne me va pas…»

Gros défi pour les nouvelles générations, la reprise du domaine familial n’est pas toujours évidente

dans la région de Lavaux. A Treytorrens, au bord du lac sur cette image, seul

Denis Bovard a repris l’activité familiale. Aujourd’hui, le vigneron et musicien

de 33 ans se remet en question et souhaite retrouver plus de liberté.


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ABONNEMENTS [email protected] Tél. +0840 840 843Animan, 39 rue Peillonnex,CH-1225 Chêne-Bourg1 an: CHF 88.– (6 numéros)2 ans: CHF 164.– (12 numéros)

Le magazine international d’Animan Publications SARue du Saugey 9CH-1026 [email protected]él. +41 21 701 05 61

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POUR LA FRANCE:Asendia Press Edigroup SAImmeuble AntaresZAC Etoile Sud-Ouest15 Avenue Emile Zola74100 Annemasse – FranceTél. +0810 210 [email protected]: 1115 K 82232No ISSN 1660-1025Directeur de publication FranceBertrand Baisle

FRANCE ET BELGIQUE:Prix de vente au numéro: 10€Prix de l’abonnement d’un an: 49€ (6 numéros)

Toute reproduction de textes et photos interdite. © Animan. Les textes et photos non com-mandés ne sont pas retournés.

LE MODÈLE LAVAUX-UNESCO Alors que bon nombre de lieux à préserver sont encore en péril en Suisse, la protection du Lavaux reste un exemple à suivre. Entrés au Patrimoine mondiale de l’UNESCO en 2007, ses vignobles sont protégés pour leur appartenance à un savoir-faire ancestral et leur paysage unique. «Transmettre aux générations de demain un paysage culturel vivant, fruit de l’interaction entre la terre et les hommes», c’est cette mission confiée par l’UNESCO qu’assure l’association Lavaux Patrimoine Mondial, en charge de la gestion du site. Avec les collectivités publiques, les vignerons, les entités touristiques, culturelles et académiques, elle soutient ainsi la préservation et la valorisation de ce territoire. Ces vignobles sont à parcourir, avec des guides au départ de Saint-Saphorin (photo), par exemple, ou à bord du petit train Lavaux Express. De nombreuses manifestations animent aussi cette région, du championnat du monde de tracassets à la Fête des Vignerons qui est aussi entrée au Patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2016 pour sa valorisation des liens entre la tradition et le vignoble de Lavaux.

Le village de Saint-Saphorin. © Régis Colombo

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ROBERT DOMPNIERGrand spécialiste du Bhoutan, Robert a écrit plusieurs ouvrages sur ce pays. Ses talents de conteur vous feront découvrir cette culture et ces traditions d’une façon vivante et passionnante.

JOURS 1 À 4 De Paro au monastère de Taktshang Le voyage débutera dans la jolie vallée de Paro, avec ses fermes au cœur des rizières. Une balade vous mènera d’abord à la forteresse (dzong) de Paro, bel exemple de l’architecture bhoutanaise. Puis, vous découvrirez l’un des lieux les plus vénérés du monde himalayen, le monastère de Taktshang.

JOURS 5 À 7 Vallée de Bumthang La région de Bumthang abrite quelques-uns des lieux les plus sacrés du Bhoutan tels que le dzong de Jakar, le palais de Wangdichholing et le temple de Jambay Lhakhang. Cette vallée aux pentes douces invite à de belles balades à travers forêts, prairies et monastères.

JOURS 8 À 10 Balades entre Ogyen Choling et Punakha Vous profiterez de balades entre champs et villages bucoliques dans les vallées de Tang et Chume avant de rejoindre Punakha et son important dzong.

JOURS 11 À 13 Cinéma, mode et rencontres à Thimphu Après une route aux points de vue splendides sur les sommets enneigés, vous atteindrez Thimphu. Ces quelques jours seront sous le signe de plusieurs rencontres dans le domaine de l’art.

JOURS 14 À 16 Festival de danses masquées Votre voyage se terminera avec un festival de danses masquées, faisant revivre les dieux et démons de la mythologie bouddhique. Il se déroule au temple de Dechenphug, un lieu sacré où réside la divinité protectrice de la vallée de Thimphu. Il n’est pas rare d’y rencontrer des personnalités bhoutanaises, ministres ou membres de la famille royale.

Prix abonné Animan : CHF 8’500.- par personne Supplément non abonné : CHF 250.-En petit groupe de 8 à 14 participants.

Programme et informations Francine Milea - 021 566 74 92 [email protected]

LES EXPÉRIENCES ANIMAN

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NUMÉRO SPÉCIAL Fête des Vignerons...Après une route aux points de vue splendides sur les sommets enneigés, vous atteindrez Thimphu. Ces quelques jours seront sous le signe de