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Entreprises | Comprendre

Conceptrice de fenêtres etportes en bois, la menuiserievosgienne Olry, qui emploie une vingtaine de salariés,accompagne les professionnelset leur fournit à la demande des produits personnalisés etperformants. La dernière-néedu catalogue, une porte passiveet coupe-feu écoconçue, résumela stratégie de cette entreprisedynamique.

Parcours original, choix déterminés :la menuiserie Olry basée à Mire-court, dans les Vosges, s’est forgée

une place dans le paysage de la menuise-rie bois, sous l’impulsion de Fabrice Olry,son directeur, qui a repris en 2002 l’entre-prise créée par son père. Elle vient de fran-chir un nouveau pas dans sa différencia-tion grâce à l’écoconception, avec la miseau point d’une porte passive et coupe-feupersonnalisable.

Marchés de nicheLorsque Fabrice Olry rejoint en 1993, aprèsun bac au lycée du bois de Mouchard etdeux années de formation commerciale,l’atelier créé en 1980 par son père, celui-cifournit essentiellement des chantierspublics via appels d’offres. La petitemenuiserie générale s’est définitivementspécialisée au début des années 1990dans la menuiserie extérieure bois…quand le PVC avait le vent en poupe !

Un choix original et audacieux, qui permetà la menuiserie de devenir fournisseur deprofessionnels. Il sera suivi par beaucoupd’autres. Ainsi, Fabrice Olry conduit lasociété à abandonner la pose et à s’orientersur la fabrication exclusivement. “J’étaispassionné par l’aspect technique, et je voulais développer la fabrication, d’autantplus que nous commencions à faire duvolume pour d’autres entreprises, desquellesnous ne voulions pas être concurrents.Nous avons très vite développé de nouveauxproduits, proposant dès 1995 les premièresfenêtres bois aluminium, alors que peu

croyaient alors en ce marché ! Nous avonsdepuis toujours recherché de nouveauxmarchés de niche ! Nous sommes en veille,allons sur les salons, etc.” Le jeune menuisierreprend en 2002 l’entreprise qu’il a déjà modelée. Il est secondé par sonépouse Martine, directrice administrativeet financière, avec qui il a été sur les bancsde l’école de commerce.

Nouvel atelierSi la société comptait trois salariés, dontdeux poseurs, outre son père et lui, quandFabrice Olry y est entré, elle en réunit dix

Alsace

Olry : la nouvelle porte écoconçuecomme point d’orgue d’une stratégie

Fabrice Olrycodirige lamenusierie Olryavec son épouseMartine.Il présente les profils des gammes rénovation, passive et mixtebois-aluminium.

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quand le dirigeant l’équipe de son premiercentre d’usinage en 2002, puis d’unechaîne de peinture en 2005. Aucuneextension des bâtiments devenus tropétroits n’étant possible sur le site origineld’Aboncourt, la société acquiert en 2010 le bâtiment d’une ancienne métallerie àMirecourt, et y installe en 2011 le toutnouvel atelier doté de nouvelles machines.Un centre d’usinage Working process est

acquis – pour un budget de 800.000 euros– qui devient le cœur de l’unité de production. “Cette machine effectue l’usi-nage en totalité : perçage de quincailleries,de tourillons, tenonnage, profilage. Elle estéquipée d’une tête trois axes, d’une têtequatre axes, d’une tête cinq axes et d’unmagasin de 76 blocs d’environ 400 mm dehaut, qui a été conçu en fonction de nosgammes renouvelées en 2011.” Une

tronçonneuse d’optimisation StromabMatrix plus est aussi installée, ainsiqu’une ponceuse Viet. L’ancien centred’usinage Master Wood sert au spécial.“Nous allons prochainement acquérir unnouveau centre”, précise le dirigeant, “quiaura toujours pour vocation à être utilisépour le spécial, mais aussi en soutien aucentre principal et en suppléance, en casd’éventuel arrêt.” Une installation d’aspira-tion performante et une chaufferie bois,alimentée avec les connexes, complètentl’ensemble. “Nous avons investi 2,5 millionsd’euros au total, plus que le chiffre d’affairesde l’époque”, explique Fabrice Olry.

Nouvelle chaîne de finitionL’audace paie, puisque après une premièreannée où l’entreprise doit se structurer – elle s’investit dans le grand chantier de l’ENPC à Champs-sur-Marne, avec dessous-traitants pour la pose – elle reprendun rythme de croisière avec une produc-tion plus soutenue qu’avant. Aujourd’hui,elle réalise un chiffre d’affaire de 2,8 mil-lions d’euros. Ayant embauché 5 salariésavant le déménagement, elle compte à ce jour dix-huit salariés et souvent deuxintérimaires. Un ingénieur Enstib, axé surla conception et la R&D, et deux techni-ciens chiffreurs travaillent au bureaud’études, et 10 à 12 personnes dans l’ate-lier, dont près de 30% de femmes.Le centre de finition reste tout d’aborddans l’ancien atelier d’Aboncourt. En 2015,la société Olry double en surface par uneextension de 1.500 m2 le bâtiment deMirecourt, et y installe un tout nouveaucentre de finition Finiture – l’investisse-ment global s’élevant à 800.000 euros. Ce centre se compose d’un convoyeur, d’un flowcoat, d’un robot cloisonné, etd’un tunnel de séchage, l’ensemble étantconduit par une salariée peintre profes-sionnelle. Les menuiseries dotées d’uncode barre sont reconnues, puis sont sou-mises à 4 cycles : traitement insecticide et

Le centre d’usinageWorking Process,duquel sortent les pièces prêtespour l’assemblage.

Le centre de finition Finiture

installé en 2015.

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fongicide, traitement hydrofuge et fondsen flowcoat, peinture au robot, avec passage au tunnel de séchage entredeux cycles. “Finiture nous a installé unsystème de recyclage de l’air, si bien que le doublement de l’atelier n’a généréque 15% de plus de consommation

d’énergie thermique”, remarque FabriceOlry. “L’automatisation de la chaîne depeinture permet une grande flexibilité et de répondre aux commandes dans des délais très court, ce qui est primordialaujourd’hui.” La société Olry travaille surl’élargissement de son offre de finition –

4 ZOOM

Isola flamme, porte passive et coupe-feu… évolutive

Tout a commencé avec la proposition par le pôle Fibres Énergivie d’un stage de formationà l’écoconception. “Mon épouse, l’ingénieur du bureau d’études et moi-même l’avons suivi :nous avons fait ce choix par curiosité et aussi parce nous avons toujours été axés sur le recyclage, sur l’optimisation”, explique Fabrice Olry. “À l’issue des dix jours, nous avons pensé : il faut absolument développer un produit ! Nous avons pensé à une fenêtre, mais avons abandonné le projet. Nous avions eu une demande pour une porte passive coupe-feu. Un tel produit rare rentrait dans notre esprit d’aller vers les marchés de niche. Nous nous sommes lancés dans l’écoconception d’une telle porte, avec un délai de deux ans en vue ; finalement, à cause de commandes, nous avons accéléré et mené le projet à bien en un an, avec un autofinancement de 70.000 euros.” Le projet est ambitieux, qui doit réunirles contraintes thermiques (légèreté), et de résistance au feu (densité), et les contraintespropres à un cahier des charges dicté par l’écoconception (matériaux issu de 50 km au plus, recyclabilité, utilisation de l’outil de production existant, etc.). C’est aussi la contrainte réelle d’un premier chantier (l’architecte ayant accepté un prototype) qui va permettre de finaliser un produit unique et très innovant, après un important travail de R&D : la porte Isola, passive, ou Isola Flamme (passive et coupe-feu). Elle se compose d’une âme en fibre de bois avec additif anti-feu, et de casettes interchangeables pour le parement. La porte d’entrée évolutive, ce n’est rien moins que ce qu’a inventé la menuiserie Olry, grâce à sa démarche d’écoconception. Cette portepersonnalisable et évolutive est pleine de spécificités – la serrure étant incluse dans le dormant avec ses gaines techniques (contrainte handicap) – et de potentiel, pouvantintégrer rétroéclairage, détecteur de fumée, etc. “La porte d’entrée, c’est quelque chose d’important, et les professionnels que nous fournissons pourront proposer à leur client de se démarquer dans son choix.” Un projet de configurateur est en route. “L’écoconceptionnous a permis d’aller très loin”, se réjouit Fabrice Olry.

La tronçonneused’optimisation

Stromab Matrix.

Le centre de finition Finiture installé en 2015.

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avec des aspects brossés, vieillis, sablés,etc. – cette orientation correspondant àune optique de personnalisation qui est au cœur de sa démarche.

Gammes entièrementrenouvelées La nouvelle installation en 2011 a été depair avec un renouvellement complet desgammes. “Nous avons fait appel au Crittbois pour la conception de notre panel deprofils performants et notamment le développement de nos profils passifs”,explique Fabrice Olry. Au côté des menuiseries passives et des menuiseriesbois-aluminium, les menuiseries bois se déclinent en trois gammes principalesde 68 mm à 100 mm : Prima, Style,Bâtiment de France, auxquelles ilconvient d’ajouter une gamme récemmentintégrée dédiée à la rénovation des bâtiments historiques, et les gammescoulissant translation et coulissant soulevant. “Notre entreprise est réputéepour sa technicité”, remarque Fabrice Olry.“Ce sont les gammes spéciales qui nous font connaître. Dès qu’il y a une contrainte,les architectes se souviennent qu’au fin fond des Vosges il y a une entreprise quiconçoit les moutons à cinq pattes !” Lamenuiserie transforme à 80% du résineux

aujourd’hui, surtout du pin – elle se fournit en carrelets lamellés-collés rabotés– et pour 10% en chêne et en méranti.“Nous utilisions autrefois essentiellementdu bois exotique et cela s’est complètementinversé en cinq ans, ceci étant dû au fait que nous fabriquons des menuiseries performantes thermiquement, et aussiparce que le client final est plus attiré par dubois européen.” 90% de la production sontdestinés aux professionnels – de l’artisanà l’entreprise de 15 à 20 personnes et à

l’entreprise générale. Elle rejoint pourmoitié des bâtiments neufs (publics à80%, et passifs à 40%), et pour moitiédes chantiers de rénovation, pour 30% d’habitat collectif. “Nous proposonsaussi du mur rideau, ceci étant en accordavec notre politique de faire du spécial.Nous ne faisons que du sur-mesure, enmoyenne, haut de gamme.” L’entrepriseentend désormais s’afficher commeconcepteur de portes et fenêtres, s’affirmer comme fabricant derrière sesclients. Depuis le renouvellement desgammes et de l’entreprise dans sonensemble, le logo et le site ont été refondus. Mais la nouvelle identité de l’entreprise s’est encore spécifiée autour de son dernier projet : la conception et désormais diffusion d’une porte passiveet coupe-feu écoconcue (lire le zoom  :“Isola flamme, porte passive et coupe-feu”).“Toute notre société est en quelque sorte résumée dans ce projet”, noteFabrice Olry. “Pour nous, la démarched’écoconception a été très importante, elle a permis un nouvel élan pour toutel’entreprise !”

Fabienne Tisserand

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L’atelier de repriseet peaufinage.

La ponceuse Viet.

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