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ON DE CONCEPT LE PARADIGME STRESS-COPING, UNE CONTRIBUTION COMPLÉMENTAIRE DES SCIENCES SOCIALES ET DES SCIENCES INFIRMIÈRES AU DÉVELOPPEMENT DES CONNAISSANCES Francine Ducharme* l’article « Le paradigme stress, une contribution complémentaire des sciences sociales et des sciences infirmières au développement des connaissances » a été publié dans la revue canadienne «Recherche en sciences infirmières » 28(4) 1996 p. 125-147 Nous remercions la rédaction de cette revue de nous avoir donné l’autorisation de traduire et de publier cet article dans la revue française : «Recherche en soins infirmiers » LA REDACTION RÉSUMÉ La réflexion présentée dans cet article vise à fournir une illustration de la contribution mutuelle des sciences sociales et des sciences infirmières au développement et à l’application du savoir. Plus spécifiquement, une discussion sur les contributions respectives des sciences sociales et des sciences infirmières au développement des connaissances en regard du paradigme stress-coping est présentée. L’apport important des sciences sociales quant au développement original des concepts de stress et de coping est d’abord exposé en soulignant les diffé- rentes perspectives d’études considérées jusqu’à présent, notamment en sociologie et en psychologie sociale. Après avoir présenté quelques faits mar- quants liés au développement des sciences infir- mières en tant que discipline professionnelle, I’ex- posé illustre ensuite en quoi les travaux développés à partir d’efforts multidisciplinaires dans le champ des sciences sociales sont pertinents au développe- ment théorique, à la recherche empirique et à la pratique infirmière. La contribution singulière des sciences infirmières au développement du savoir dans ce domaine est mise en lumière. L’auteur conclut en notant que la discipline infirmière se rap- proche du domaine des sciences sociales et en par- tage certains intérêts, notamment en regard de l’étude.de phénomènes tel celui de la réaction au stress. Les concepts de stress et de coping se situent, dans cette perspective, à la jonction des savoirs. Mots clés : sciences sociales et infirmières - connais- sance - paradigme stress - coping - multidisciplinarite SUMMARY This article provides an illustration of the combined contributions of social sciences and nursing in the development and application of knowledge. More specifically, the article presents a discussion of the respective contributions of the social sciences and nursing in the development of knowledge about the stress-coping paradigm. First, the significant role of the social sciences in initially developing the concepts of stress and coping is revealed through a review of different research perspectives considered to date, most notably in sociology and social psy- chology. After presenting some key markers in the development of nursing as a professional discipline, this paper illustrates how work developed through multidisciplinary efforts in the area of social sciences is pertinent to the development of theory, empirical research and the practice of nursing. The singular contribution of nursing to the development of know- ledge in stress-coping is emphasized. The author concludes by noting that the discipline of nursing is somewhat similar to social sciences and shares some common interests, notably with regard to phe- nomena such as reaction to stress. The concepts of stress and coping are thus situated at the juncture of two bodies of knowledge. Keywords: social and nursing sciences - stress - coping paradigm - knowledge - multidisciplinary effort * Francine Ducharme, Ph.D., est professeure agrégée à la Faculté des sciences de Montreal 64 Recherche en soins infirmiers N” 58 Septembre 1999

ON DE CONCEPT - Banque de données en santé …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/58/64.pdf · II n’est pas erroné de mentionner que les études sur le concept d’aliénation, ... psychopathologie

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ON DE CONCEPTLE PARADIGME STRESS-COPING, UNE CONTRIBUTION

COMPLÉMENTAIRE DES SCIENCES SOCIALES ET DES SCIENCES INFIRMIÈRESAU DÉVELOPPEMENT DES CONNAISSANCES

Francine Ducharme*

l’article « Le paradigme stress, une contribution complémentaire des sciences sociales et dessciences infirmières au développement des connaissances »a été publié dans la revue canadienne «Recherche en sciences infirmières » 28(4) 1996 p. 125-147Nous remercions la rédaction de cette revue de nous avoir donné l’autorisation de traduire et de publiercet article dans la revue française :«Recherche en soins infirmiers »

L A R E D A C T I O N

RÉSUMÉ

La réflexion présentée dans cet article vise à fournirune illustration de la contribution mutuelle dessciences sociales et des sciences infirmières audéveloppement et à l’application du savoir. Plusspécifiquement, une discussion sur les contributionsrespectives des sciences sociales et des sciencesinfirmières au développement des connaissances enregard du paradigme stress-coping est présentée.L’apport important des sciences sociales quant audéveloppement original des concepts de stress et decoping est d’abord exposé en soulignant les diffé-rentes perspectives d’études considérées jusqu’àprésent, notamment en sociologie et en psychologiesociale. Après avoir présenté quelques faits mar-quants liés au développement des sciences infir-mières en tant que discipline professionnelle, I’ex-posé illustre ensuite en quoi les travaux développésà partir d’efforts multidisciplinaires dans le champdes sciences sociales sont pertinents au développe-ment théorique, à la recherche empirique et à lapratique infirmière. La contribution singulière dessciences infirmières au développement du savoirdans ce domaine est mise en lumière. L’auteurconclut en notant que la discipline infirmière se rap-proche du domaine des sciences sociales et en par-tage certains intérêts, notamment en regard del’étude.de phénomènes tel celui de la réaction austress. Les concepts de stress et de coping se situent,dans cette perspective, à la jonction des savoirs.

Mots clés : sciences sociales et infirmières - connais-sance - paradigme stress - coping - multidisciplinarite

S U M M A R Y

This article provides an illustration of the combinedcontributions of social sciences and nursing in thedevelopment and application of knowledge. Morespecifically, the article presents a discussion of therespective contributions of the social sciences andnursing in the development of knowledge about thestress-coping paradigm. First, the significant role ofthe social sciences in initially developing theconcepts of stress and coping is revealed through areview of different research perspectives consideredto date, most notably in sociology and social psy-chology. After presenting some key markers in thedevelopment of nursing as a professional discipline,this paper illustrates how work developed throughmultidisciplinary efforts in the area of social sciencesis pertinent to the development of theory, empiricalresearch and the practice of nursing. The singularcontribution of nursing to the development of know-ledge in stress-coping is emphasized. The authorconcludes by noting that the discipline of nursing issomewhat similar to social sciences and sharessome common interests, notably with regard to phe-nomena such as reaction to stress. The concepts ofstress and coping are thus situated at the juncture oftwo bodies of knowledge.

Keywords: social and nursing sciences - stress - copingparadigm - knowledge - multidisciplinary effort

* Francine Ducharme, Ph.D., est professeure agrégée à la Faculté des sciences de Montreal

64Recherche en soins infirmiers N” 58 Septembre 1999

OTION DE CONCEPTLE PARADIGME STRESS-COPING, UNE CONTRIBUTIONCOMPLÉMENTAIRE DES SCIENCES SOCIALES ET DES SCIENCES INFIRMIÈRESAU DÉVELOPPEMENT DES CONNAISSANCES

L’étude de la réaction au stress, intéressant depuis plu-sieurs décennies des chercheurs provenant de nom-breuses disciplines, incluant les sciences infirmières,est issue d’observations répétées en regard de certainesdifférences individuelles qui existent quant à la façonde composer avec les événements importants de la vie.Suite à l’étude de Stouffer (1949) sur la fatigue de com-bat des soldats américains, depuis lors appelée stresspost-traumatique, il est reconnu que certaines per-sonnes n’ont pas les ressources suffisantes pour com-poser avec des traumatismes majeurs et conséquem-ment succombent rapidement à des désordrespsychiatriques sous l’influence du stress. Ces constata-tions, provenant de l’histoire militaire américaine enregard de la vulnérabilité différentielle des individus,ont favorisé l’émergence d’un champ de recherchemultidisciplinaire concernant l’étude des facteurs psy-chosociaux intervenant dans la réaction au stress(Aldwin, 1994). Plus particulièrement, depuis l’essordes conceptions multidimensionnelles de la santé, cer-tains modèles multifactoriels expliquant la vulnérabi-l ité des individus, des famil les et des collectivités suiteà des épisodes de stress ont été développés. C’est ainsique le modèle linéaire et additif ((stress-vulnérabilité-psychopathologie » a été graduellement remplacé pardes modèles plus complexes et interactifs impliquantune constellation de facteurs, notamment des variablespersonnelles et contextuelles influençant la réaction austress (Fry, 1989 ; Goodhart et Zautra, 1984 ; Lazarus etFolkman, 1984; McCubbin et Patterson, 1983; Pearlin,Mullan, Semple, et Skaff, 1990). D’après ces modèles,qui se situent dans un paradigme dit de «stress-coping » (Barnfather et Lyon, 1993), la perception dustress et les stratégies adaptatives ou de coping utiliséespour composer avec ces situations sont des facteurs-clés agissant comme médiateurs de la réaction au stressou, en d’autres termes, comme facteurs de protectionde la santé. Ces modèles sont le résultat de travaux tantthéoriques qu’empiriques provenant de nombreusesdisciplines intéressées aux déterminants de la santé,notamment la psychologie, la sociologie, la médecinepsychiatrique et plus récemment les sciences infir-mières, et se situent, dans cette perspective, à la jonc-tion des savoirs.

L’objectif de ce manuscrit est de présenter différentesperspectives d’études des concepts de stress-coping, etd’illustrer en quoi ce paradigme, développé à partird’efforts multidisciplinaires principalement dans lechamp des sciences sociales, est pertinent au dévelop-pement théorique, à la recherche et à la pratique ensciences infirmières. Les contributions respectives dessciences sociales et des sciences infirmières au savoirdans ce domaine seront plus particulièrement discutées

Le développement des concepts stress et coping, unecontribution importante des sciences sociales

L’intérêt pour les concepts de stress et de coping a unetrès longue histoire dans le domaine des sciencessociales et de la psychologie. II n’est pas erroné dementionner que les études sur le concept d’aliénation,effectuées par les sociologues Marx, Weber etDurkheim, ainsi que les études dans le domaine de lapsychopathologie et de la psychanalyse en regard desmécanismes intra-individuels de défense, notammentcelles de Freud, ont précédé les travaux que nousconnaissons aujourd’hui.

Par ailleurs, depuis l’émergence des études portant spé-cifiquement sur la réaction au stress, trois conceptuali-sations majeures de la notion de stress, issues de disci-plines différentes, ont été proposées dans les écrits. I Is’agit du stress considéré comme une réponse de l’or-ganisme, du stress considéré comme un stimulus del’environnement interne ou externe de la personne et,enfin, du stress considéré comme une transaction entrela personne et son environnement. Selye (1956), unphysiologiste, est l’un des premiers chercheurs à avoirproposé une théorie du stress, appelée Syndrome géné-ral d’adaptation (SGA), congruente avec une définitiondu stress en tant que réponse de l’organisme. Seloncette théorie, qualifiée de générale, la réaction indivi-duelle au stress n’est pas spécifique au type de stres-seur ou au contexte qui l’entoure, mais se manifeste dela même manière, quels que soient le stress et la situa-tion. II s’agit d’une réponse physiologique hormonaledéfensive de l’organisme à toute forme d’agressionphysique, psychologique ou sociale, en vue de rétablirI’homéostasie interne.

Plus récemment, les travaux de quelques épidémiolo-gistes ont permis de définir le stress comme un stimulusde l’environnement auquel la personne est exposée.Ces auteurs soutiennent, tout comme Selye, desmodèles généraux selon lesquels les expériences stres-santes de la vie augmentent la vulnérabilité d’une per-sonne à la maladie (Antonovsky, 1979 ; Cassel, 1976).Dans cette perspective, on ne peut passer sous silenceles travaux classiques de Holmes et Rahe (1967) et deHolmes et Masuda (1974) sur les événements de la vieet leur relation avec la santé mentale.

Ces modèles généraux ont toutefois démontré quelquesfaiblesses quant à leur pouvoir prédictif en regard de lasanté. I ls soulignent le rôle du stress sur la vulnérabilitéà la maladie mais ne font aucune référence à des para-mètres d’ordre psychosociaux qui pourraient êtreimpliqués dans la réaction au stress de même qu’aucontexte spécifique de cette réaction. En contrepartie à

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ces modèles généraux d’explication, des cadres théo-riques issus de la médecine psychosomatique (telle lapsychoneuroimmunologie) et des sciences sociales ontpermis plus récemment de mettre en évidence les réac-tions spécifiques au stress, notamment le contexte danslequel la réaction au stress se produit, ainsi que I’in-fluence de facteurs médiateurs. En sciences socialesplus particulièrement, le paradigme stress-coping estbasé sur le postulat que le stress est associé à un largeéventail de problèmes de santé et que les stratégiesadaptatives personnelles et familiales (stratégies decoping) sont des ressources médiatrices importantesqui réduisent l’impact du stress sur la santé (Bill ings etMOOS, 1982 ; Lazarus, 1981). Ces modèles, plusrécents, s’inspirent de la troisième définition du stressselon laquelle le stress est considéré comme une tran-saction entre la personne et son environnement. Cesmodèles se distinguent par le fait qu’ils accordent uneplace prépondérante au concept de coping.

Dans cette perspective, le modèle théorique du stresset du coping de Lazarus (Lazarus, 1966 ; Lazarus etFolkman, 1984), en psychologie sociale, est probable-ment le plus connu actuellement et le plus utilisécomme cadre théorique dans les recherches empi-riques. Selon ce modèle, le stress est considéré commeune transaction qui excède les ressources de la per-sonne et qui nécessite des efforts d’adaptation. Lazarusdécrit plus particulièrement un processus dynamiqueselon lequel la personne apprécie le stress auquel elleest confrontée (notamment sa signification et sonimportance), ainsi que les ressources dont elle disposepour y faire face, et fournit des efforts pour composeravec ce stress. Le coping est, dans cette perspective,l’ensemble des efforts cognitifs et comportementauxqu’une personne exerce afin de maîtriser la situationou réduire les demandes associées à cette situation,qu’il s’agisse d’un événement de vie particulier ou d’unstress chronique de la vie quotidienne. Les stratégies decoping ont une fonction instrumentale et sont, dans cecas, centrées sur la réduction ou l’élimination du pro-blème qui est source de stress. Elles ont également unefonction palliative visant à régulariser les émotionsassociées à la situation problématique. Selon Lazarus,les résultats à long terme d’un processus de coping effi-cace, c’est-à-dire d’un processus où les stratégies util i-sées sont ajustées à la nature de la situation de stress,ont un meilleur fonctionnement social, ainsi qu’unebonne santé et qualité de vie.

Contrairement à une vision unidirectionnelle, statiqueou encore à un modèle linéaire antécédent-consé-quence, ce modèle transactionnel considère la per-sonne et l’environnement en relation dynamique,mutuellement réciproque et bidirectionnelle. De nom-

breuses études empiriques, effectuées à partir de cecadre théorique, en soutiennent les propositions. Enfait, l’influence de l’appréciation des stresseurs et desstratégies adaptatives sur différentes facettes de la qua-lité de vie a été démontrée à maintes reprises dans plu-sieurs domaines d’investigation (pour des revuesd’écrits, voir Aldwin, 1994 et Barnfather et Lyon,1993).

Le cadre théorique de Lazarus se situe dans une pers-pective de psychologie cognitive individuelle. L’intérêtpour les concepts de stress et de coping est par ailleurségalement présent depuis longtemps dans les domainesde la sociologie et de l’anthropologie. Ces disciplinessoulignent le rôle majeur de la société et de la cultureen regard du développement de la détresse psycholo-gique et de la maladie mentale, ainsi que des formesd’expression de ces affections. Dans cette perspective,l’origine des troubles associés au stress ne résideraitpas tant à l’intérieur de l’individu mais plutôt au seinde l’environnement socio-culturel.

En sociologie, ce sont principalement les théoriciens etchercheurs contemporains intéressés à la famille entant que système social qui se sont plus particulière-ment penchés sur l’étude des concepts de stress et decoping. C’est ainsi que le modèle théorique de Hill(1949), premier modèle expliquant le phénomène dela crise familiale en réaction à des événements de viemarquants tels la séparation prolongée des membres dela famille, le modèle de l’ajustement et de l’adaptationfamiliale au stress de McCubbin et Patterson (1983) etses variantes, ainsi que le modèle d’intervention pré-ventive de Boss (1988) ont servi de cadre de référenceà la plupart des recherches effectuées dans le domainedu stress familial. Depuis les années soixante-dix, unnombre croissant d’études ont ainsi été entreprises afind’identifier les stratégies adaptatives que les famillesutilisent afin de composer avec différentes situations destress (Coelho, Hamburg et Adams, 1974; McCubbin,1979 ; McKenry et Price, 1994 ; Moos, 1976).

II importe de souligner que les développements théo-riques et empiriques, effectués à partir de cette pers-pective sociologique des concepts de stress et decoping, ont permis d’élargir la portée des travaux réali-sés dans ce domaine à un niveau davantage macrosco-pique et systémique. Une hypothèse à la base de cetteperspective de recherche est que l’util isation de straté-gies de coping efficaces renforcent ou maintiennent lesressources familiales, notamment la cohésion et I’adap-tabilité, ce qui protège la famille des conséquencesnéfastes du stress (Burr, 1973; Hill, 1949). Un copingfamilial efficace concerne plus spécifiquement la ges-tion de plusieurs dimensions de la vie familiale tellesla promotion de l’autonomie et de l’estime de soi des

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LE PARADIGME STRESS-COPING, UNE CONTRIBUTIONCOMPLÉMENTAIRE DES SCIENCES SOCIALES ET DES SCIENCES INFIRMIÈRES

AU DÉVELOPPEMENT DES CONNAISSANCES

membres de la famille, le développement d’un réseaude soutien social lors des transactions avec I’environ-nement communautaire et l’acquisition d’un sens decontrôle en regard des stresseurs et des changementsdans l’unité familiale.

La recherche dans ce domaine familial s’est inspiréelargement de la théorie de Lazarus (1966) en psycholo-gie sociale, théorie dont nous avons discuté précédem-ment, ainsi que de certaines théories sociologiques,notamment celle de Pearlin et Schooler (1978). Cesdeux auteurs ont plus spécifiquement proposé uneapproche où le coping réfère aux comportements quiprotègent les personnes contre les dommages psycho-logiques associés aux expériences sociales probléma-tiques. Dans cette optique, la fonction protectrice descomportements de coping peut s’exercer selon troismodalités, soit : en éliminant ou en modifiant lesconditions qui suscitent les problèmes; en contrôlantperceptuellement la signification de l’expérience detelle sorte que le caractère problématique de la situa-tion est neutralisé; et en conservant les conséquencesémotionnelles des problèmes dans des limites manœu-vrables.

Ainsi, même si certaines similitudes existent quant auxdiverses façons de conceptualiser la notion de coping,il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une notioncomplexe en raison des centres d’intérêts variés desdisciplines qui s’y intéressent. Dans cette perspective,Pearlin et Aneshensel (1986) ont apporté une contribu-tion intéressante en tentant de préciser les troisapproches les plus fréquemment utilisées par les cher-cheurs et les théoriciens afin d’expliquer les différentesfonctions du coping sur la santé. La premièreapproche, qu’ils ont appelée le « paradigme du stress »,souligne que le coping peut agir comme barrière auxconséquences néfastes du stress sur la santé. Dans ladeuxième approche, orientée vers les comportementsde santé (cc paradigme des comportements de santé »),le coping est considéré comme un mécanisme permet-tant de modifier les comportements à risque pour lasanté; par exemple, les stratégies de gestion du stresspeuvent diminuer les comportements tels la consom-mation d’alcool ou de drogues. Enfin, la troisièmeapproche, nommée « paradigme des comportementsliés à la maladie», souligne le rôle du coping dans lesoulagement et la réduction des problèmes d’ajuste-ment liés à la maladie.

Pearlin (1989) est l’un des rares auteurs à avoir accordéune importance prépondérante au contexte de la réac-tion au stress, notamment en considérant les valeursindividuelles et collectives, les ressources personnelles(incluant les ressources socio-économiques) et I’impor-tance de la culture en tant que facteurs potentiellement

influents sur la réaction au stress. Cet auteur postuleque la réaction au stress ne s’effectue pas sous vide;conséquemment, l’étude de cette réaction et I’interven-tion qui en découle doivent tenir compte des facteurscontextuels.

Le concept de coping a aussi été considéré sous l’angledes ressources de coping, ou à partir de cequ’Antonovsky (1979) a appelé les ressources de résis-tance généralisées. II s’agit plus particulièrement desressources personnelles qui affectent l’étendue des stra-tégies qui sont considérées et les efforts qui sont entre-pris afin de composer avec le stress (Moos et Billings,1982). Selon cette approche, certaines attitudes ethabiletés augmentent le potentiel des individus à com-poser de façon efficace avec le stress. Les recherchesactuelles, tenant compte de cette conceptualisation,soulignent plus particulièrement l’influence de cer-taines caractéristiques personnelles, notamment le sensde la maîtrise des événements (Wheaton, 1983, 19851,le sens de l’auto-efficacité (Bandura, 1977) et la har-diesse (Kobasa,‘Maddi et Khan, 1984) en tant que fac-teurs ayant une influence sur la relation existant entrele stress et la santé.

Dans cette même perspective, un autre champ deconnaissance spécifique s’est développé, soit celui destraits ou des styles de coping permettant de faire faceau stress. Contrairement à l’approche transactionnellede Lazarus où il est proposé que les stratégies adapta-tives utilisées se modifient ou varient selon les situa-tions stressantes et le contexte, la notion de trait ou destyle de coping fait appel à des caractéristiques stablesde la personnalité de l’individu et à la notion de méca-nismes de défense qui peuvent, dans certaines circons-tances, être des mécanismes sains d’adaptation austress (Vaillant, 1977). Les recherches effectuées dansce domaine tentent d’identifier certaines caractéris-tiques liées à la personnalité qui expliquent les diffé-rences chez les individus, en ce qui a trait à la réactionau stress. Cette approche prend pour acquis qu’unepersonne compose avec toutes les situations stres-santes, qu’il s’agisse de stress aigu, de stress chroniqueou encore de stress de la vie quotidienne, selon sonstyle de coping et ce, indépendamment des conditionsenvironnementales (Endler et Parker, 1990).

En résumé, on peut constater que les concepts de stresset de coping ont été étudiés sous différents angles. IIont d’abord intéressé des chercheurs du monde bio-médical mais de récents efforts de conceptualisationpeuvent être attribués aux disciplines des sciencessociales. Ces disciplines ont chacune, selon leur proprecadre de référence, précisé certaines dimensions deces concepts et ont ainsi contribué au développementdu savoir théorique et empirique dans ce domaine.

Recherche en soins infirmiers N” 58 Septembre 1999

Mais qu’en est-il des concepts stress et coping ensciences infirmières ?

Afin de délimiter la contribution des sciences infir-mières à ce vaste champ d’étude multidisciplinaire etconsidérant, à l’instar de Carper (19781, que le carac-tère spécifique de toute discipline détermine le type deconnaissances à développer, ainsi que les approchesutilisées pour le développement du savoir, il nousapparaît important de préciser brièvement la nature dessciences infirmières en tant que discipline profession-nelle, de même que son intérêt pour les concepts stresset coping.

Ainsi, dès l’époque de Nightingale, on relève dans lesécrits une préoccupation pour le concept d’adaptationau stress lié à la condition de santé; le succès desréponses adaptatives d’une personne à la maladiedépend des forces environnementales (Nightingale1858/1959). Par ailleurs, ce n’est qu’au début desannées cinquante, ce qui est relativement récent, quedes infirmières se sont à nouveau intéressées à délimi-ter le champ de leur discipline. C’est alors qu’un nou-veau débat commence à surgir : l’élaboration de théo-r ies « uniques », par opposition à l’emprunt de théoriesà des disciplines connexes, notamment aux sciencesbio-médicales et aux sciences sociales, afin de décrire,expliquer et prédire certains phénomènes d’intérêt ensciences infirmières.

Suivant les travaux de Kuhn (1970) sur la structure dela révolution scientifique et le phénomène du para-digme dominant, la discipline infirmière reconnaîtactuellement une orientation cognitive à son dévelop-pement, plus spécifiquement quatre métaconcepts quiservent de charpente pour délimiter son champ d’in-vest igation : il s’agit de la santé, de la personne(incluant la famille et la communauté), de I’environne-ment et du soin, appelés concepts du métaparadigmeinfirmier (Fawcett, 1984). C’est ainsi que les discus-sions contemporaines s’articulent autour de ces quatreconcepts centraux et que les théories élaborées ouempruntées aux disciplines connexes tentent d’explo-rer, de décrire, d’expliquer et de prédire des phéno-mènes qui touchent ces concepts et leur interrelation,notamment les phénomènes du stress et du coping.

Ainsi, l’étude des patterns de comportements humainsde santé en relation avec l’environnement a été identi-fiée comme étant un thème majeur pour le développe-ment des connaissances en sciences infirmières(Donaldson et Crowley, 1978). Plus récemment,l’énoncé suivant a été proposé comme étant le centred’intérêt de la discipline infirmière : «La disciplineinfirmière s’intéresse au soin de la personne qui, en

interaction continue avec son environnement, vit desexpériences de santé » (Kérouac, Pepin, Ducharme,Duquette et Major, 1994). Les expériences de santéconcernent des situations relatives à la croissance, audéveloppement et à diverses problématiques, incluantla maladie. Les concepts de stress et de coping sontimplicites au sein de ce centre d’intérêt selon lequel lerôle de l’infirmière consiste à aider les personnes,familles et communautés, à composer avec leurs diffé-rentes expériences de santé.

La pertinence des concepts stress et coping pour lathéorie et la recherche en sciences infirmières

Certaines théoriciennes en sciences infirmières ont pro-posé des modèles conceptuels précisant la contributionsociale de la discipline infirmière à la santé et au seindesquels les concepts de stress et de coping se retrou-vent comme éléments charnières (Gottlieb et Rowat,1987; Roy et Andrews, 1991). Le modèle de CallistaRoy (Roy et Andrews, 1991) offre une il lustration parti-culièrement intéressante de l’utilisation du paradigmestress-coping en sciences infirmières. Cette auteure apuisé dans la théorie des niveaux d’adaptation deHelson (1964), la théorie générale des systèmes de VonBertalanffy (1968) et les théories dans le domaine de lapsychologie sociale concernant le stress (Coelho,Hamburg et Adams, 1974; Lazarus et Folkman, 19841,pour élaborer son modèle conceptuel. Ce modèle pré-cise un but explicite aux soins infirmiers, soit celui deviser la promotion du processus dynamique qu’estl’adaptation des individus et des groupes (familles,communautés) à leur environnement. L’objet de I’inter-vention infirmière est d’agir sur les stimuli ou facteursde l’environnement (stresseurs) dans le but d’obtenirdes réponses adaptées maintenant à l’intégrité biopsy-cho-sociale des personnes et des groupes, en vue defavoriser leur qualité de vie. La personne est, dans cetteperspective, considérée comme un système d’adapta-tion qui utilise des processus internes afin d’atteindreses objectifs individuels de survie, de croissance, dereproduction et de développement. Ces processusconcernent deux catégories de mécanismes de coping,façons innées ou acquises de répondre aux stresseursou stimuli de l’environnement : les mécanismes régula-teurs qui fonctionnent par l’intermédiaire de processusphysiologiques et les mécanismes cognitifs qui sontdélibérés.

Une théoricienne canadienne, Moyra Allen, a égale-ment élaboré un modèle pour la discipline infirmièreorienté vers la promotion de la santé familiale et tenantcompte du concept de coping familial. Selon cemodèle (voir Kravitz et Frey, 1989), la santé est un pro-cessus social comprenant des attributs interpersonnels

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LE PARADIGME STRESS-COPING, UNE CONTRIBUTIONCOMPLÉMENTAIRE DES SCIENCES SOCIALES ET DES SCIENCES INFIRMIÈRES

et des processus d’apprentissage, notamment le copingfamilial. La philosophie des soins de santé primaire(Organisation mondiale de la santé, 1978) et la théoriede l’apprentissage social de Bandura (1977) sont à labase de ce modèle. Selon cette conception, le but pre-mier des soins infirmiers est la promotion de la santéfamiliale, soit le maintien, le renforcement et le déve-loppement de la santé de la famille et de ses membrespar l’activation de leur processus d’apprentissageincluant l’apprentissage de stratégies adaptatives effi-caces face aux situations de santé. Les stratégies adap-tatives ou de coping sont considérées comme étantmodifiables par une intervention de collaboration infir-mière-famille (Kérouac, Pepin, Ducharme, Duquette etMajor, 1994). Ces stratégies correspondent plus préci-sément aux efforts faits en vue de composer avec dessituations problématiques et leur but est la maîtrise oula résolution des problèmes. Le coping est fonction duprocessus utilisé pour résoudre les difficultés et inclutdifférentes activités telles que l’identification de lasituation problématique, l’identification de solutionsalternatives et l’évaluation de ces solutions. Les effetsattendus de cette série d’activités sont l’amélioration del’état de santé et du fonctionnement familial, la satis-faction en regard de la résolution du problème et uneamélioration de la qualité de vie.

Le modèle de King (1981) offre une autre illustration dela pertinence des concepts stress et coping pour la dis-cipline infirmière. Cette théoricienne conceptualise lapersonne comme un système ouvert en interaction avecson environnement et la santé comme une adaptationaux stresseurs de l’environnement interne et externe. Lesoin infirmier consiste en une transaction avec la per-sonne visant la réduction de la tension ou du stress etconsidérant l’atteinte des buts personnels. Une impor-tance particulière est accordée au processus de copingpermettant une compréhension des réponses de I’indi-vidu qui doit faire face à des problèmes de santé.

En somme, plusieurs modèles de la discipline infir-mière où les concepts de stress et de coping sont cen-traux ont été élaborés au cours des vingt dernièresannées. Ces modèles sont des matrices disciplinairesconsidérées comme des cadres de références générauxguidant la théorie, la pratique et la recherche. Les pro-positions énoncées dans ces modèles sont générales etn’ont pas été élaborées dans le but d’être vérifiéesempiriquement au même titre que des théories(Fawcett, 1991). C’est dans cette perspective que la dis-cipline infirmière a eu recours, pour le développementdes connaissances, à certaines théories empruntées dedisciplines connexes qui ont de plus longues traditionsde recherche, notamment les sciences sociales et lapsychologie.

AU DÉVELOPPEMENT DES CONNAISSANCES

De nombreux travaux en sciences infirmières baséessur le modèle conceptuel de Roy ont ainsi eu recoursau cadre théorique de Lazarus afin d’opérationnaliseret de mesurer, à l’aide d’indicateurs empiriques leconcept de coping (Calvillo et Flaskerud, 1993 ;Frederickson, Jackson, Strauman et Strauman, 1991 ;Pepin et al., 1994). D’autres recherches, basées sur laconception des sciences infirmières d’AIlen, ont eurecours à la théorie sociologique de l’adaptation fami-liale de McCubbin et Patterson (1983) pour définir leconcept de coping familial (Ducharme et Rowat,1992). Les théories développées dans d’autres disci-plines ont néanmoins été utilisées en sélectionnant despropositions et des concepts pertinents à la disciplineinfirmière et en traduisant leur utilité dans une perspec-tive infirmière (Crawford, Dufault et Rudy, 1979).

En ce qui a trait au contenu des études empiriques ensciences infirmières, de nombreuses recherches réali-sées au cours des dernières années ont permis dedécrire la nature et l’efficacité de différentes stratégiesadaptatives face à des stresseurs aigus et chroniquesassociés à l’expérience de santé des individus, desfamilles et des collectivités (pour une revue des écritsvoir Barnfather et Lyon, 1993). Les connaissancesgénérées de ces recherches permettent aujourd’huid’élaborer des interventions afin de promouvoir I’utili-sation de telles stratégies réduisant l’effet du stress etfavorisant le bien-être et la qualité de vie.

II importe par ailleurs de souligner qu’en sciences infir-mières, les concepts de stress et de coping ont été gra-duellement étudiés sous de nouveaux angles. Commedans toutes les disciplines, de grands courants de pen-sée ont influencé le développement des connaissancesthéoriques et empiriques en sciences infirmières, etparticulièrement les connaissances concernant cesconcepts. Le premier de ces courants, nommé « cou-rant de la catégorisation » et caractérisé par une philo-sophie positiviste et la recherche de lois universelles(Kérouac, Pepin, Ducharme, Duquette et Major, 1994)a marqué fortement, à ses débuts, le développement dela connaissance. Même si cette influence est toujoursprésente, plusieurs théoriciennes et chercheuses sequestionnent actuellement sur la pertinence de cetteapproche considérée insuffisante pour explorer la phi-losophie humaniste du soin infirmier (Phillips, 1992).C’est ainsi qu’un nouveau courant de pensée, celui dela «transformation », selon lequel la personne estconsidérée comme un tout unitaire en constante inter-action avec un environnement changeant, a graduelle-ment vu le jour (Kérouac, Pepin, Ducharme, Duquetteet Major, 1994). Cette vision nouvelle s’accompagned’une utilisation de plus en plus fréquente de méthodesde recherche dites « naturalistes » issues des sciences

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sociales, approches congruentes avec une vision phi-losophique et épistémologique des sciences infir-mières. Ces nouvelles méthodes, utilisées de plus enplus dans les études concernant l’adaptation au stress(Bargagliotti et Trygstad, 1987; Saunders et McCorkle,1987), laissent entrevoir des pistes intéressantes dedécouverte, plus spécifiquement une ouverture audéveloppement de théories par voie inductive à partird’observations ancrées dans la réalité pratique. Ellesont tout le potentiel de contribuer au développementdu savoir dans le domaine du stress et du coping.

Par ailleurs, certaines approches théoriques, telle cellede la théorie critique, ont aussi été proposées récem-ment afin de favoriser un développement autonomedes sciences infirmières en regard de l’étude des phé-nomènes de santé (Allen, Benner et Diekelmann,1986 ; Stevens, 1989). L’approche critique est une pers-pective de recherche réflexive dont l’objectif est la pro-duction de connaissances qui permettent à des per-sonnes de se libérer de leurs contraintes conscientes etinconscientes (Campbell et Bunting, 1991). L’approcheféministe, basée sur des dynamiques et des processussimilaires en regard de la critique de la domination, estégalement de plus en plus utilisée afin de favoriser ledéveloppement autonome des sciences infirmières(Bunting et Campbell, 1990). Ces deux approches sontdes approches analytiques et méthodologiques desphénomènes pertinents à la discipline infirmière,notamment la santé et ses divers constituants, dont lesphénomènes de stress et de coping. II s’agit d’ap-proches selon lesquelles théorie et pratique sont inti-mement imbriquées (Thompson, 1987). L’intérêt nou-veau dans la discipline infirmière pour les méthodes derecherche naturalistes et les théories critiques est uneillustration de la complémentarité entre les sciencessociales, où les racines de ces approches et théoriesont pris naissance, et les sciences infirmières qui enfont une application en fonction de leur champ d’inté-rêt en regard de la santé.

La pertinence des concepts stress et coping pour lapratique infirmière

L’attrait de la discipline infirmière pour les conceptsstress et coping est étroitement relié à la pertinence deces concepts sur le plan de la pratique. Tel que men-tionné précédemment, les infirmières offrent une pra-tique centrée sur le soin, au sein d’environnementsvariés, à des individus, à des familles et à des commu-nautés qui font face à de multiples expériences liées àleur santé; plus spécifiquement, elles travaillent quoti-diennement auprès de personnes qui vivent des transi-tions normales de la vie telles la naissance et la mort,des événements majeurs de la vie tels la maladie aiguë,

l’hospitalisation, le décès d’un proche, ou encore desstresseurs de la vie quotidienne associés au vieil l isse-ment et à la maladie chronique. C’est la façon dont lesindividus, les familles et les collectivités composent etapprennent à composer avec ces situations de stressqui retient particulièrement l’attention des infirmières.

C’est plus spécifiquement la notion de processus decoping, dont la définition implique un changementselon les situations de stress et le contexte, qui est per-tinente pour la pratique infirmière, plutôt que la notionde traits ou styles de coping qui reflète des caractéris-tiques relativement stables de la personnalité. En fait,considérer le coping en tant que processus souligne lecaractère « modifiable » ou malléable des stratégiesadaptatives et permet d’envisager l’apprentissage deces stratégies et, conséquemment, des interventionséducatives auprès de la clientèle des soins infirmiers.

C’est dans cette optique que plusieurs types de pro-grammes d’intervention ont été développés par les pra-ticiennes et les chercheuses en sciences infirmières etce, à partir des diverses définitions du stress (pour desrevue d’écrits, voir Egan, 1993, et Snyder, 1993). Laplupart de ces programmes s’appuient sur les trois prin-cipales définitions qui ont été présentées dans les pagesprécédentes, soit : le stress considéré comme uneréponse de l’organisme, le stress considéré comme unstimulus de l’environnement interne ou externe de lapersonne et, enfin, le stress considéré comme une tran-saction entre la personne et son environnement.

Les programmes d’intervention infirmière où le stressest considéré comme une réponse de l’organisme àune agression sont articulés autour des travaux deSelye (1956) sur le syndrome général d’adaptation etsont les premiers à avoir été élaborés. Ces interventionssont centrées sur diverses manifestations du stress tellesl’anxiété, l’irritabilité, la détresse ou encore la maladie,et visent la gestion du stress par l’apprentissage deméthodes telles la relaxation musculaire, la méditation,le biofeedback et l’exercice afin de contrôler la réacti-vité des personnes aux agents de stress. Plusieurs infir-mières ont élaboré et évalué de tels programmesauprès de clientèles variées confrontées à des stressdivers liés à l’état de santé (Bowers, 1983; Lerman etal., 1990; Moore et Altmaier, 1981 ; Pender, 1985).

Les programmes où le stress est considéré comme unstimulus sont, quant à eux, basés sur le postulat que lapersonne peut contrôler les conditions environnemen-tales qui agissent comme sources de stress. Ces pro-grammes visent à redonner aux individus le sens demaîtrise ou d’auto-efficacité face aux situations destress qu’ils rencontrent et sont basés principalementsur les travaux sociologiques concernant les ressources

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LE PARADIGME STRESS-COPING, UNE CONTRIBUTIONCOMPLÉMENTAIRE DES SCIENCES SOCIALES ET DES SCIENCES INFIRMIÈRES

AU DÉVELOPPEMENT DES CONNAISSANCES

de coping personnelles face aux agressions de I’envi-ronnement. Plusieurs de ces programmes, élaborés pardes infirmières, concernent l’effet de l’information et del’enseignement sur la réduction du stress lié à unecondition de santé spécifique (Johnson, Christman etStitt, 1985; Rice, Sieggreen, Mullin et Williams, 1988;Ziemer, 1983). Les travaux de Jean Johnson concernantl’effet de l’information sur les patients qui doivent subirune chirurgie sont, dans cette perspective, parmi lesplus connus (Johnson, Christman et Stitt, 1985;Johnson, Fuller, Endress et Rice, 1978; Johnson,Kirchoff et Endress, 1975; Johnson, Morrissey etLeventhal, 1973; Johnson, Rice, Fuller, et Endress,1978).

Enfin, les programmes d’intervention basés sur unedéfinition transactionnelle du stress, issue de la psy-chologie sociale, prennent en considération autant lescaractéristiques de la personne que celles de la situa-tion et de son contexte. Ces programmes accordentune importance aux processus subjectifs d’appréciationcognitive des situations de stress en vue d’une amélio-ration de la relation entre la personne et son environ-nement. Ils visent plus particulièrement à favoriser uneappréciation réaliste des situations de stress, en consi-dérant les options et les ressources disponibles dans lecontexte de vie et un entraînement à l’utilisation destratégies adaptatives efficaces et ajustées à la naturedes transactions personne-environnement (Mohide etal., 1990; Roberts et al., 1995). Ces programmes émer-gent de la perspective transactionnelle de Lazarus et sesituent actuellement au cœur du courant de pensée dela transformation qui accorde, au sein de la disciplineinfirmière, une place privilégiée aux multiples réalitésdes personnes, aux significations des expérienceshumaines de santé et à l’interaction réciproque entre lapersonne et son environnement.

Afin d’illustrer les propos qui ont été énoncés dans lespages précédentes, il apparaît pertinent de fournir unexemple concret de l’articulation étroite existant entreles connaissances issues des sciences sociales et cellesqui émergent de la recherche, de la théorie et de lapratique en sciences infirmières en regard du para-digme stress-coping. Pour ce faire, une étude empi-rique en sciences infirmières dans laquelle le cadre deréférence retenu combinait à la fois un modèleconceptuel en sciences infirmières, plus particulière-ment le modèle d’AIlen (Kravitz et Frey, 1989) et unmodèle théorique en sociologie, soit celui de I’adapta-tion familiale de McCubbin et Patterson (1983), estdécrite dans la section suivante (Ducharme et Rowat,1992 ; Ducharme, 1994). Les implications de cetteétude pour le développement du savoir et la pratiqueinfirmière sont dégagées.

Une illustration de la contribution complémentairedes sciences sociales et des sciences infirmières audéveloppement des connaissances

Cette illustration provient d’une étude longitudinalequi a été réalisée à partir du modèle d’AIlen selonlequel un des rôles de l’infirmière consiste à favoriser,auprès des familles, l’apprentissage de stratégies adap-tatives efficaces face aux différentes situations de santéqu’elles rencontrent. Cette étude est issue de certainesobservations cliniques et constatations empiriques àl’effet que. : 1) les stresseurs quotidiens, notamment lesstresseurs associés aux problèmes de santé chronique,occupent une place prépondérante dans la vie des per-sonnes âgées et que 2) les recherches sur les facteurspsychosociaux associées à la qualité de vie descouples âgés confrontés à de tels stresseurs sont prati-quement inexistantes.

Afin de spécifier les variables à l’étude et de les opéra-tionnaliser dans un processus systématique derecherche, le modèle théorique des sociologuesMcCubbin et Patterson, selon lequel le soutien et lesstratégies adaptatives familiales sont des variables-clésfavorisant l’adaptation au stress, a été considéré. Lechoix de ce cadre théorique a permis, dans la perspec-tive de cette étude, de préciser la perspective généraledisciplinaire du modèle conceptuel d’AIlen.

Cette étude visait plus précisément à vérifier certainespropositions du modèle de McCubbin, propositionspertinentes pour la discipline infirmière tenant comptedu lien entre la personne (famille), la santé, I’environ-nement et le soin ou l’intervention infirmière. Elle visaità tester ces propositions auprès d’une population spé-cifique rencontrée dans la pratique infirmière, en l’oc-currence une population de conjoints âgés confrontésà des stresseurs chroniques quotidiens associés à leursituation de santé. Un des buts de cette recherche étaitnotamment de vérifier la relation existant entre cer-taines caractéristiques du soutien conjugal, la naturedes stratégies adaptatives ou de coping utilisées afin decomposer avec les stresseurs quotidiens, et des indica-teurs de qualité de vie, entre autres, la perception del’état de santé, la satisfaction de vie générale et la satis-faction en regard de la vie conjugale.

Au premier temps de cette étude, des entrevues àdomicile ont été réalisées auprès de 135 couples âgésde plus de soixante-cinq ans (270 conjoints) à l’aided’instruments de mesure élaborés, entre autres, parMcCubbin et ses collègues (McCubbin, Olson etLarsen, 1987) et conséquemment congruents avec laperspective théorique de l’étude.

71Recherche en soins infirmiers No 58 Septembre 1999

De ces conjoints, 180 sujets ont de nouveau été inter-viewés deux ans plus tard afin de vérifier la stabilité desrésultats avec le temps. Les analyses effectuées ontdémontré, pour les deux moments de la collecte desdonnées, une relation positive entre la perception d’unedisponibilité et d’une réciprocité du soutien conjugal etles indicateurs de qualité de vie. Par ailleurs, parmi plu-sieurs stratégies de coping considérées dans cette étudeet proposées par le cadre théorique de McCubbin, soitla recherche de soutien spirituel, la recherche d’aideprovenant des services sociaux et de santé, la recherchede soutien auprès du réseau social, le processus derésolution des problèmes et le recadrage des situationsproblématiques, la contribution significative d’uneseule stratégie adaptative à la qualité de vie desconjoints a été démontrée. Cette stratégie de coping,« le recadrage des situations problématiques », consisteà reformuler les situations problématiques en termesplus malléables. II s’agit d’une stratégie cognitive qui serapproche du concept d’appréciation cognitive proposépar Lazarus et Folkman (1984). II importe de noterqu’aucune des stratégies adaptatives faisant appel à unerecherche de soutien à l’extérieur de la dyade conju-gale ne fut associée, dans cette étude, à l’un ou l’autredes indicateurs de qualité de vie.

Les analyses effectuées dans le cadre de cette étude ontégalement permis de proposer un modèle de relationentre les variables considérées. Selon ce modèle, lesoutien conjugal a non seulement un effet direct, maiségalement un effet indirect sur la qualité de vie. Lesrésultats suggèrent plus précisément que la perceptiond’une disponibilité et d’une réciprocité du soutienconjugal favorise l’utilisation de la stratégie de reca-drage, stratégie qui favorise en retour la qualité de viedes conjoints âgés.

Ces résultats, en dépit du fait qu’ils soient présentés icifort sommairement, offrent des pistes précises pour I’in-tervention infirmière auprès de cette population vieill is-sante, pistes tenant compte des perspectives discipli-naires proposées par le modèle conceptuel d’AIlen.C’est ainsi que suite à cette étude, un projet d’interven-tion sera implanté sous peu afin de favoriser, auprès dela population âgée, non pas l’utilisation de ressourcessociales à l’extérieur de la dyade conjugale mais plutôtl’apprentissage et l’util isation de stratégies de copingd’ordre cognitif ainsi que de stratégies concrètes visantà faciliter l’échange d’aide instrumentale et affectiveentre conjoints âgés (réciprocité). Ces modalités d’in-terventions sont conformes aux visées d’AIlen concer-nant la mission sociale de l’infirmière, c’est-à-dire cellede favoriser l’apprentissage de stratégies adaptativesefficaces auprès des familles et découlent de connais-sances empruntées à la sociologie.

Cette étude a permis de vérifier certaines propositionsthéoriques du modèle de McCubbin et Patterson(1983) auprès d’une population particulière de per-sonnes âgées confrontées à des stresseurs quotidiensassociés à leur expérience de santé. Dans cette pers-pective, cette recherche en sciences infirmières contri-bue au développement du savoir en sciences sociales.Elle est une illustration concrète des contributionsmutuelles de ces disciplines connexes.

Des concepts à la jonction des savoirs...

La réflexion présentée dans cet article se veut une illus-tration de la contribution mutuelle des sciencessociales et des sciences infirmières au développementet à l’application du savoir. Le domaine d’étude dustress et du coping, choisi pour ce faire, est undomaine riche et stimulant qui permet l’intégrationd’approches scientifiques provenant d’une variété dedisciplines. Ainsi, les travaux multidisciplinaires effec-tués en regard de ces concepts contribuent à ce quecertains auteurs américains qualifient de shared know-ledge (Stevens, 1984).

En tant que discipline professionnelle, les sciencesinfirmières contribuent non seulement à l’applicationdirecte de connaissances acquises au sein de disci-plines académiques ou fondamentales, mais égalementau développement de théories permettant de guiderl’action et le changement. Tel que souligné précédem-ment, l’attrait de la discipline infirmière pour lesconcepts de stress et de coping est de longue date etest étroitement relié à la pertinence de ces concepts surle plan de la pratique. Les infirmières offrent des soinsau sein d’environnements variés à des individus, à desfamilles et à des communautés qui font face à de mul-tiples expériences liées à leur santé, expériences quipeuvent être appréciées comme étant des situations destress aigu, chronique ou encore des stresseurs de lavie quotidienne. C’est la façon dont ces individus,familles et collectivités composent ou peuventapprendre à composer avec ces situations de stress quiretient particulièrement l’attention des infirmières.Sachant que des stratégies de coping efficaces sontassociées positivement à la santé et à la qualité de vie,le paradigme stress-coping prend toute son importanceet est des plus pertinents pour la discipline infirmière.

Par ailleurs, même s’il faut admettre que le développe-ment des connaissances en sciences infirmières enregard de ces concepts n’en est actuellement qu’à sesdébuts, les travaux effectués jusqu’à présent ont permisnon seulement d’identifier ces concepts comme offrant

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LE PARADIGME STRESS-COPING, UNE CONTRIBUTIONCOMPLÉMENTAIRE DES SCIENCES SOCIALES ET DES SCIENCES INFIRMIÈRES

AU DÉVELOPPEMENT DES CONNAISSANCES

un intérêt pour la discipline infirmière, mais égalementde les associer à des phénomènes de santé et, ainsi quenous l’avons mentionné, d’élaborer certaines interven-tions favorisant la santé et la qualité de vie des clien-tèles des soins infirmiers. Ces efforts ont principalementcontribué au développement de théories « descrip-t ives », développement effectué principalement à partirdes travaux réalisés au sein de disciplines ayant de pluslongues traditions de recherche, notamment lessciences bio-médicales et les sciences sociales. Ledéveloppement de théories dites « prescriptives » esttoutefois proposé comme étant une voie privilégiée per-mettant aux sciences infirmières de contribuer de façonsingulière à l’avancement des connaissances dans cevaste champ d’investigation (Dickoff, James, etWiedenbach, 1968). De telles théories fournissent despistes pour l’intervention ou l’application du savoir.

Dans cette optique, les approches inductives étant deplus en plus reconnues et valorisées en sciences infir-mières, du fait qu’elles permettent un développementthéorique et empirique ancré dans la réalité des obser-vations provenant du «terrain », de nouvelles connais-sances devraient émerger au cours des prochainesannées. En fait, le changement graduel de courant depensée au sein de la discipline infirmière, qu’il s’agissede la philosophie du soin qui est définie comme huma-niste par un nombre croissant d’infirmières, ou encoredes méthodes de recherche qui s’orientent de plus enplus vers le choix d’approches naturalistes, fait en sorteque cette discipline se rapproche graduellement dudomaine des sciences sociales et tend à prendre unecertaine distance avec les sciences bio-médicales.L’intérêt pour les concepts de stress et de coping estdans cette perspective une illustration particulièrementintéressante d’un partage de connaissances et d’uneCO-fertil isation entre les sciences sociales, en tant quedisciplines fondamentales, et les sciences infirmièresen tant que discipline professionnelle ou appliquée.

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