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On ne refait pas sa vie comme on recoud un bouton à sa veste

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GÉRARD VINCENT

ON NE REFAIT PAS SA VIE COMME ON RECOUD

UN BOUTON A SA VESTE

ÉDITIONS FRANCE-EMPIRE 68, rue Jean-Jacques Rousseau, 75001 Paris

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Vous intéresse-t-il d'être tenu au courant des livres publiés par l'éditeur de cet ouvrage ?

Envoyez simplement votre carte de visite à EDITIONS FRANCE-EMPIRE, Service « Vient de paraître »,

68, rue J.-J. Rousseau, 75001 Paris et vous recevrez, régulièrement et sans engagement de votre part, nos bulletins d'information qui présentent nos différentes collections, que vous trouverez chez votre libraire.

(c) Editions France-Empire 1983

Tous droits de traduction de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. IMPRIMÉ EN FRANCE

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A mon fils

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MA FÊTE FORAINE

Je les aimais bien, les clientes de ma mère. Je trouvais un peu bizarre qu'elles soient toutes de la famille, mais comment m'imaginer à dix ans que mes tatas Jacqueline ou Paulette étaient des putes ? Et puis, qu'est-ce que c'était des putes ? Moi, je rentrais, peinard, au « Sourire Bleu » et je recevais chaque soir des cadeaux de mes nombreuses tatas, et même des messieurs qui les accompagnaient. Des julots c'étaient, mais ça, je ne l'ai compris qu'après.

C'était en 58, mon père et ma mère tenaient un bar où toutes les frangines et les maquereaux du coin se retrouvaient. Ils n'avaient rien à voir là-dedans mes parents. Ils servaient à boire et c'est tout. Y avaient les bonnes copines et les simples clientes, celles qui tutoyaient maman et celles qui disaient « vous ». Moi, j'étais le roi : j'étais fier de mon bar avec ses lumières tamisées, ses tentures de velours grenat et ses appli- ques de style. Je régnais dans ce lieu de fêtes où tou- tes mes copines avaient des bas résille. Régner, régner, c'est beaucoup dire : la vraie reine, c'était maman qui du haut de ses 1,72 m n'hésitait pas à casser une bou-

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teille sur un client difficile. Faut dire qu'elle faisait ses cent kilos, ma mère. Avec un cœur proportionnel.

Vous plantez pas : c'est pas parce que je vivais dans un bar à tapin que j'étais mal élevé. J'allais à l'école comme tous les gamins de ma classe, je fai- sais mes devoirs et je me couchais de bonne heure. L'école, c'était plus une obligation qu'un plaisir. De toute façon, le stage a été court puisque j'y suis resté trois ans. Je ne me souviens pas très bien de tout ça, juste qu'il y avait un prof que j'aimais bien et qui disait toujours : « S'il pleure encore, c'est que c'est un homme. » Une manière de consoler ceux qui s'étaient écorchés les genoux.

Moi, je savais déjà que je ne serai pas un brillant étudiant, futur jeune cadre dynamique. J'en n'avais rien à foutre : ma mère répétait à qui voulait l'entendre que le système D vaut bien tous les diplômes. Elle avait raison, ma mère. J'étais quand même pas nul en classe mais ce qui ressortait surtout, c'était le côté bagarreur. Fallait pas me marcher sur les pieds, quoi.

Et puis, j'étais bien mieux chez moi. J'écoutais Gloria Lasso, André Claveau au juke-box et je jouais aux cow-boys et aux Indiens. Une enfance normale, donc. Sauf que les Indiens, c'était des putes.

Y avait quand même des trucs que je ne pigeais pas. Les visites des flics, par exemple. Ils arrivaient dans le bistrot, demandaient les papiers et repartaient leur camionnette remplie de mes tatas. J'ai su plus tard qu'il s'agissait de contrôle médical, de fichiers à faire et de prisons à garnir. Mais à dix ans, on croit plutôt qu'elles partent en vacances. C'est dingue ce qu'on est naïf, quand on est gosse. On pense à un jeu quand des mecs se tabassent et quand on entend tata Paulette crier dans la rue : « Tu veux que je te suce ? », on cherche des bonbons. Ça a l'air idiot, ce que je dis, mais c'est tout à fait vrai : j'ai assisté tout môme à un règlement de comptes; une voiture s'arrête au bord

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du trottoir, un type descend la main entourée d'un chiffon, s'approche par derrière d'un autre gars et lui tire à bout portant dans la nuque. Fallait pas être Maigret pour comprendre que le chiffon recouvrait un flingue. Moi, du haut de ma dizaine d'années je n'ai vraiment compris que quand j'ai vu les femmes pleurer et crier. Y avait quelque chose de particulier ce jour-là. L'air était plus triste. Sincèrement, j'aurais préféré admirer des cartes de communion que le visage éclaté de ce pauvre mec. Le rouge de son sang n'avait même pas la couleur de mes égratignures : il virait au grenat. Ça coulait le long du caniveau mais j'aimais déjà pas cette pluie. Pas assez transparente.

Autre chose m'étonnait : j'entendais toujours par- ler de ballons et de placard. Moi, un ballon, je savais ce que c'était : le truc rond qu'il fallait envoyer dans les buts adverses en trichant assez pour gagner et pas assez pour qu'on le voit. J'étais pas mauvais à ce jeu. En tout cas, meilleur qu'en français où mon vocabulaire argot faisait trembler les profs. A juste raison, d'ail- leurs. Après un an d'études, les élèves ne savaient pas tous lire mais aucun n'ignorait mes expressions trivia- les. Rude concurrence. Toujours est-il que le ballon dont il était question n'avait pas grand-chose à voir avec le football. Quant au placard, j'arrivais pas à m'imagi- ner qu'il était en béton avec quelques barreaux.

Quand je repense à toute cette époque, je peux dire que j'étais heureux, même si ça paraît choquant au milieu de toutes ces prostituées. Les gagneuses, je les connais et je suis sûr qu'elles valent n'importe qui. D'abord moi, la pute qui fait ça par la force, j'y crois pas. Les maquereaux ne sont pas cons : ils sont trop feignants pour courir après une fille qui refuse de faire son boulot. C'est pas leur but de faire des bleus à leurs nanas. Alors, ils leur font le coup de l'amour. C'est bien, l'amour. C'est le seul sentiment qui permette de tout faire, de la charité à l'assassinat. Le problème était

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tout simple pour les proxénètes : il fallait que des filles tombent follement amoureuses d'eux. Ils se foutaient pas mal de la condition sociale ou de la région d'ori- gine, il leur suffisait qu'elles soient majeures et attiran- tes. Question attirance, on pouvait leur faire confiance : y avait de ces canons qui me faisaient regretter d'être si jeune. Pour les julots, le plus dur restait à faire quand la fille était conquise : ils commençaient à exi- ger des preuves d'amour et palier par palier, arrivaient à les prostituer. Pour démontrer leur passion, les nanas auraient fait n'importe quoi. Celle qui tapait à la machine il y a trois mois portait à présent un slip de cuir et vivait en l'enlevant. Alors, me sortez pas le couplet moralisateur et crachez pas sur ces vicieuses : leur vie, c'est d'être amoureuses.

C'est tellement vrai que j'ai connu une histoire qui dépasse pas mal de chansons réalistes. Une femme médecin avait soigné un truand de mon quartier qui avait reçu deux balles dans le buffet. Ce type vivait de casses et de recels mais a eu le bol que sa toubib devienne dingue de lui. Fini les minables hold-up où on risque sa peau : la nana s'est prostituée d'elle-même pour que son gars mène le même train de vie sans les dangers qu'il encourait. C'est pas de l'amour ça ? Ça vaut largement le confort paisible que visent les bon- nes femmes quand elles se marient, non ?

Là où il n'était pas question d'amour, par contre, c'était entre les deux grands clans qui dirigeaient le milieu. Y avait les Corses puis y avait nous. Nous, c'est les Parisiens. Les vrais. Pas ces banlieusards qui venaient le week-end se taper une fille et roulaient méchamment leurs épaules de rockers. Je les aimais pas trop : moi, j'étais un titi. Même tout môme, ça, je l'avais compris. Et dans les bras d'une vaillante, je lui soufflais à l'oreille : « Ça pue la banlieue ! » Elle rigolait, la fille et me chassait d'une petite tape amicale quand appro- chait un client.

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Si on avait ce mépris pour les faux Parisiens avec leurs ridicules uniformes de loubards, la lutte était égale avec les Corses. Pas une véritable rivalité mais cer- taines empoignades où les couteaux et les flingues lui- saient parfois. Tout ça s'arrangeait vite : y avait encore de la place pour tous les magouilleurs. Chacun faisait sa salade dans un coin, prostitution, escroqueries ou casses, et moi j'avais toujours l'impression d'être un gamin comme les autres. Moi, Corses ou Parisiens, je les aimais bien ces types qui venaient prendre un verre au « Sourire Bleu ». Je l'ai dit : y avait que les banlieu- sards qui dérangeaient mes pensées tranquilles.

Maintenant, j'en sais un bout sur ce milieu. J'ai réussi à démonter les rouages du grand Luna Park qui me comblait. Les macs, par exemple. C'était pas Borsalino, c'était une frime à tout casser. Le moindre petit truand devait avoir un gros diamant au doigt pour qu'il ressorte sur le comptoir. De vrais mythomanes persuadés que leur cigare serait meilleur s'il était allumé par un briquet en or. Dernier costard, pompes en croco et la grosse bagnole devant la porte. Tout dans la façade car il valait mieux pas fouiller la boîte à gants de la tire de luxe : y avait pas une thune. Tout par- tait pour le décor, comme sur ces plateaux de ciné où la porte des plus beaux palais débouche sur le vide. Du carton, quoi.

Ces julots ne savaient pas vivre loin d'un comptoir. Au point qu'on en faisait des proverbes : « Un maque- reau qui ne s'accoude pas est un maquereau qui tombe. » Ils avaient en tout cas trouvé la combine pour présenter leur carte de travail aux flics et passer leurs journées au bistrot : ils étaient tous représentants en champa- gne et en whisky.

Bien sûr, ils ne vendaient presque rien et se fai- saient régulièrement jeter mais ils arrivaient à placer quelques bouteilles aux barmen qu'ils connaissaient et se faisaient même leurs propres commandes à coups de

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cent ou deux cents litres, pour toucher leur commission et justifier leur boulot.

Y avait deux manières de devenir mac : ceux qui voulaient bosser raisonnablement, c'est-à-dire le moins possible, et qui n'avaient rien trouvé de mieux. Les Corses faisaient partie de ceux-là : ils quittaient leur île pour Marseille, y restaient sept à huit mois puis débar- quaient à Paris où un de leur pote était déjà placé dans le milieu. Y avait qu'à s'installer.

L'autre manière était plutôt sournoise et les vrais julots n'aimaient pas trop ce genre de concurrence. Tout venait des frangines : une nana se prostituait à son pro- pre compte puis tombait amoureuse d'un type. Par amour, elle commençait à donner son fric, ce qui suf- fit pour parler de proxénétisme. Mais le plus chiant pour les autres macs, c'est que le petit nouveau se pre- nait au jeu et achetait la panoplie du parfait petit julot : baguouze, pompes croco, costard voyant, etc.

Moi dans ma tête de môme, ce qui me marrait le plus, c'était les surnoms : Bébert les doigts coupés, Dédé des Batignolles, Riton les beaux yeux, j'en passe et pas les moins bons. Je m'étais même inventé un jeu que ne connaîtraient jamais mes copains de classe : s'agissait de deviner les surnoms à la vue des types. Quand je voyais un mac — sans savoir que c'en était un, d'ailleurs — avec une balafre, je me proposais intérieurement : Albert le Balafré, par exemple. Je me plantais régulièrement et y avait pas toujours moyen d'aller vérifier. Du haut de mes trois ou quatre pommes je me voyais mal gueuler : « Eh, monsieur, c'est le Balafré ton p'tit nom ? » En tout cas ça valait pour moi le Far-West car un René le borgne n'a rien à envier à N'a qu'un œil le Peau-Rouge. Y avait même un mec qu'on surnommait Cœur d'or. Mais j'suis pas bien sûr qu'il méritait ça.

Et puis faut pas parler des julots sans mentionner le respect qu'y avait entre eux. C'est bien connu :

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truands, d'accord, mais truands honnêtes. C'était vala- ble pour les greluches. Quand un mac s'amenait avec la nana qui travaillait pour lui, les autres s'inclinaient : « Bonjour madame. Comment allez-vous ?... » et tutti quanti. C'était pas la pute méprisée mais l'aristocrate de service. Même son mac la respectait. Y a un truc que peu de gens ont compris, mais j'étais bien placé pour le savoir : les filles pleurent quand leur julot les quitte mais pas quand il les frappe. Faut me croire : c'est de l'amour ça. Y a pas plus fidèle qu'une putain.

Ce qui les empêchait pas de souffrir : le boulot était dur et certains clients complètement détraqués. Les plus dangereux avaient de grandes chances de se retrou- ver largement entamés par un couteau : ça servait au moins à ça, les maquereaux. Quant aux vaillantes, sitôt leur job terminé, elles fixaient un sourire à leur visage, même si ça sonnait faux. En tout cas moi, j'y voyais goutte : mes tatas me semblaient toujours heureuses. Elles avaient la force de croire que faire semblant de sourire, c'était mieux que pleurer. Elles avaient pas tort. C'est grâce à elles que j'imagine une fête foraine quand je me replonge là-dedans. Je les admire, les gagneuses. Ce sont mes héroïnes à moi et elles valent bien celles des romans roses. Elles ont le courage en plus.

Y avait une chose qu'elles pouvaient pas suppor- ter : c'était s'entendre appeler « cavette ». L'insulte suprême, l'humiliation à son comble. Une cavette, c'est une madame-tout-le-monde et les vaillantes sont trop différentes pour supporter ça. C'était comme un grade de plus d'être pute. Une barrette brillante sur le cuir noir. Même la femme toubib qu'avait tourné fille de joie refusait de penser à son ancien métier. Une méde- cin, c'est encore une cavette.

Quand je m'éloignais de ce milieu, c'était pour entendre parler de de Gaulle. J'en avais rien à foutre mais je pouvais pas tourner un bouton de radio sans

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entendre parler de l'Algérie et de la France. Je compre- nais même pas ce que ces deux pays avaient à voir ensemble, moi qui arrivais tout juste à accepter que la France déborde de ma rue Saint-Denis. Dans les dis- cussions ça continuait : y avait les gaullistes qui s'en- gueulaient régulièrement avec ceux qui disaient que de Gaulle, c'était qu'un déserteur. Moi, je regardais en douce mon père et j'avais envie d'éclater de rire devant ces drôles de types qui levaient la voix pour un truc si futile. Y avait des choses plus importantes, merde ! Et c'était bien l'avis des macs qu'avaient déjà fort à faire avec leur quartier sans s'occuper d'un bout de terre en Afrique. Y a que des banlieusards pour se créer de tels problèmes. Nous on se limitait aux flics et on leur laissait les arabes.

Si dans tout ça, j'ai pas beaucoup parlé de mon père c'est qu'il est dur à définir. Il va en ce moment sur ses quatre-vingt-huit ans mais il a pas changé d'un pouce. C'est le Corse type, pas grand, avec une casquette toujours vissée sur le crâne et un accent qui fait vite comprendre qu'il n'est pas Suédois. Il dit rien mon père. Même au gamin que j'étais. Pas expansif pour deux sous, il donne l'impression de réfléchir des heures à la phrase qu'il va prononcer. Et quand il la prononce, c'est jamais une connerie. Tu reçois une grande beigne dans la gueule et tu te demandes : « Comment j'y avais pas pensé ? » En gros, s'il te dit trois mots, c'est les trois mots que tu retiendras toute ta vie. Et puis, pas trop parler, c'est encore le meilleur mode d'éducation. Faut laisser les mômes se cogner à la vie. C'est quand t'as pris une gamelle que tu commences à faire gaffe. Enfin, quand je dis ça, j'suis pas tout à fait sincère. Tout est question de caractère. Et j'ai pas envie que mon gosse passe par les mêmes chemins que moi. Y avait trop d'épines.

Mais les épines, je m'y étais pas frotté dans le bar de ma mère. C'est même une des rares périodes que je

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regrette un peu. Je vivais sans me poser de questions car les questions, on ne se les pose qu'en cas d'emmer- des. Je disais pas grand-chose, j'avais récolté la froideur verbale de mon père mais mes yeux brillaient assez pour qu'on ne doute pas de mon bonheur. Il s'est quand même trouvé des cons qui savaient pas lire dans les yeux.

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MARIAGE DE DERAISON

On a beau voir des hommes s'entre-tuer, on croit toujours au Père Noël. C'est pas tellement paradoxal : y a des tas de types qui croient en Dieu, même s'il leur a fait les pires crasses. Moi, pour l'instant, c'était pas tellement Dieu, mon problème. Y avait bien une croix sur le mur de ma chambre, avec dessus quelqu'un qu'avait l'air de souffrir, mais j'arrivais pas à me foutre dans la tête que c'était pour moi. Et puis, à bien réflé- chir, ça m'apportait rien en fait, que ce type à l'air gentil se crucifie. Tandis que le Père Noël, c'était autre chose. Il me faisait moins peine que Jésus : il avait un visage de bon vivant, pas le genre de type à se laisser punaiser sur deux morceaux de bois. J'aimais aussi son uniforme, avec son rouge qui changeait du triste bleu des flics. Et puis y avait les cadeaux. On est toujours gagnant à croire au Père Noël.

On achetait un sapin qu'avait rien à voir avec les ridicules franges de plastique vert qu'on propose aujour- d'hui. C'était du vrai, nous, du bois qui donnait au bis- trot un parfum de forêt. Il faisait deux fois ma taille et je passais mon temps à dessiner des motifs avec ses

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aiguilles tombées. Question décoration, c'était maman qui dirigeait tout : c'était pas Versailles vu que les trois guirlandes traînaient leur doré depuis dix ans et que les boules avaient perdu leurs paillettes, mais j'étais content avec ça. Y a un mec qui a dit à peu près ce truc : « C'est pas tant la chose qu'on regarde qui compte, que le regard qu'on y met dessus. » Ouais, enfin, c'est mieux dit, mais l'idée y est. Mon regard sur le sapin aurait pu faire croire que je voyais le Père Noël lui-même et d'ailleurs, j'en étais pas loin.

Y a un truc assez marrant quand je pense à cette époque. J'avais vu chez un copain une crèche avec ses personnages de couleurs et j'avais tenu à avoir la même chose au « Sourire Bleu ». Mes parents croyaient ni en Dieu ni au diable et le crucifix de ma chambre décorait plus qu'il ne reflétait notre âme. Toujours est-il que mon caprice fut exaucé : j'ai pu placer sous le sapin une petite cabane de bois blanc avec son étoile dorée sur le toit et des figurines modelées. Y avait tous ceux que vous connaissez : le rémouleur, le boulanger, le chasseur, Joseph, la Vierge Marie et Jésus, sans oublier le bœuf et l'âne. Mes problèmes étaient un peu spé- ciaux : je ne comprenais pas tellement que la femme du rémouleur ait une robe si longue. Dans un univers de bas résille et de jupes ultra-courtes, ça choque !

A retrouver ce temps-là, je trouve pas mal émou- vant de revoir ces putes s'agenouiller pour me parler des rois mages ou de Marie. Ça correspondait peut-être pas avec les Ecritures mais y avait autant de respect pour le gamin que j'étais que sous une église. On ne m'au- rait jamais montré qu'on en avait rien à foutre des bondieuseries. Les gagneuses du « Sourire Bleu » valaient bien Marie-Madeleine.

Comme tous les mômes, je rêvais de la fête bien avant qu'elle n'arrive. La tête remplie de santons et des cadeaux des années précédentes, j'imaginais mon Noël 1958 dès le mois d'octobre. Je sais plus exactement ce

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à quoi je prétendais mais ça ne devait pas briller par son originalité : une bagnole sans doute, celles qui font cinq centimètres à tout casser et qui te comblent autant que les vraies... Avec les risques d'accident en moins, et je suis bien placé pour en parler.

C'était un vendredi, je m'en souviens parfaite- ment. Je crois qu'il existe un instinct chez les hommes qui n'a rien à envier à celui des clébards. Moi, ce ven- dredi, je m'en souviendrai toujours. Et pourtant, rien ne me permettait de croire qu'il serait aussi important dans ma vie. L'instinct, je vous le dis.

Le matin, on n'était pas submergé de clients au « Sourire Bleu ». On servait juste quelques cafés mais la plupart des habitués étaient encore au pieu. Maman balayait le plancher, vidait les cendriers, nettoyait quelques verres. Quant à papa, il donnait un léger coup de main puis s'asseyait derrière le comptoir et éplu- chait le journal.

C'est là qu'elle est entrée. L'avait déjà pas l'air d'une cliente. Pas le fait qu'elle soit habillée en civil, non, mais une façon de se tenir, de dresser son cou pour faire comprendre qu'elle n'avait rien de commun avec nous. Elle devait avoir trente-cinq ans, les cheveux sagement peignés, une robe bon chic, bon genre dont la couleur me semblait fade et des yeux dont je ne me souviens plus du tout... Ce qui est mauvais signe. Elle est passée près de moi, m'a ébouriffé la tête et m'a demandé où était ma maman. A ma réponse, elle s'est dirigée vers la cuisine et je calculais déjà ce que cette bonne femme pouvait avoir à foutre avec ma mère. J'ai bien pensé un moment à une représentante en whisky comme il en débitait pas mal dans la mai- son, mais cette réponse ne me satisfaisait pas. J'avais plus qu'à attendre et ça n'a pas duré des plombes. Un quart d'heure environ après son entrée remarquée, la madame bien comme il faut est sortie furieuse de la cuisine en lançant à ma mère : « Vous verrez que

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vous avez tort de me recevoir comme ça ! » Moi, je pigeais de moins en moins et ma mère n'a rien voulu m'expliquer.

Je peux maintenant en parler : la femme au cou tendu, c'était une assistante sociale. Sortez pas les dicos, je vais vous expliquer ce que c'est et même si vous croyez le savoir. Une assistance sociale c'est une madame pleine de bonnes intentions qui fait un métier où les bonnes intentions correspondent pas toujours aux désirs du client. Un peu comme si ma mère avait tendu une menthe à l'eau à celui qui désirait un blanc sec. La bonne intention de la bonne femme qui était venue, c'était de m'arracher de ce milieu pourri pour que je sois enfin heureux. Manque de bol, je l'étais déjà, heureux, et c'était grâce à ce milieu pourri. C'était quand même duraille d'expliquer ça à une personne dont la tête est une grande salle aseptisée où des dizai- nes de lits blancs sont alignés. Risque pas de compren- dre le bonheur qu'on tire des bistrots enfumés.

Tout d'abord, ma mère n'a rien voulu avouer et m'a bredouillé quelques mots sur l'identité de la visi- teuse. Une représentante, ou un truc dans ce genre. Quant à la conversation qu'elles ont eue, je n'ai rien pu savoir. Je comprends tout de même qu'elle était mal barrée, l'assistante, avec ses mots si mesurés qu'ils en perdaient toute valeur. Le vocabulaire maternel venait plutôt des halles. Moins distingué peut-être, mais vache- ment plus efficace : ce que le vin rouge est à la camo- mille, quoi. J'imagine vingt-cinq ans après : quand l'assis- tante a diplomatiquement annoncé à ma mère que l'éducation de son gamin laissait à désirer et qu'il lui fallait entrer dans un centre d'éducation profession- nelle pour faire de lui un homme heureux, la réponse maternelle a sans aucun doute préféré l'argot à la diplomatie. Ce qui explique la sortie du « Sourire Bleu ». Faut l'excuser, ma mère : elle a jamais appris les mots qui sont si beaux qu'ils n'en veulent plus rien dire.

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Quand on a davantage usé les routes que les bancs d'une classe, on est plus fort du cœur mais moins doué pour l'expliquer.

Et moi, j'ai repris mes rêves de môme où les cen- tres d'éducation professionnelle n'avaient rien à fou- tre, où les cadeaux de Noël valaient tout l'avenir que l'administration me promettait. Administration qui dra- guait honteusement : on recevait régulièrement au bis- trot des convocations de juge pour enfants. Elles finis- saient toutes parmi les bouteilles vides et leurs cap- sules. On avait autre chose à penser, autre chose à faire. Ma mère me savait trop heureux pour suppo- ser un instant qu'on pouvait m'arracher à ce bonheur. On se méfie jamais assez et, même si ça fait mauvaise série noire, c'est là que j'ai vraiment compris, pour jamais l'oublier.

Mais j'étais alors loin de tout ça et je me limitais à ce Noël qui enfin était arrivé. Je ne me souviens plus ce que j'ai reçu mais c'est pas l'important : l'impor- tant, c'était la joie de mes parents, la mienne et les bises des putes qui me délivraient une affection que leurs clients n'auraient jamais.

Bon, ben, tant pis pour le mélo : c'était mon der- nier Noël familial.

Ils sont venus en février. Deux types, l'air gentil au fond mais pas les paroles. Délégués de juges pour enfants, ils lui ont dit à ma mère. Fallait que je les suive dans leur putain de centre et cette fois, maman a bien dû obéir. Y avait les formes, à y réfléchir : ils décrivaient le centre comme un paradis terrestre, avec des mots si ronflants que je ne comprenais pas tout à fait que tout le monde n'y soit pas. J'avais presque du bol, à les entendre. Ça a un peu calmé maman, mais les affaires qu'elle me préparait étaient mouillées de ses larmes. Elle en avait pourtant vu, ma mère, mais faut croire qu'elle avait compris qu'on peut toujours trouver pire.

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Moi, je chialais pas. Ma première question a été : « On peut jouer au foot, là-bas ? » Ils connaissaient leur rôle : description en cinq minutes des qualités extraordinaires de leur centre, énumération des divers trophées récoltés, j'ai eu droit à la leçon que doivent recevoir les champions du monde avant de trimballer leurs crampons sur le terrain. J'entendais déjà le sifflet de l'arbitre et les bravos des supporters. Bref, de beaux salauds : ils ont bien joué de ma corde sensible. Le sport, c'était ce qui me bottait le plus et qu'a pas su se faire oublier dans ma vie. Toujours à y fourrer ses pattes.

Je suis sans doute injuste : ces deux mecs, c'était pas vraiment des salauds, pas plus que l'assistante sociale. Font leur boulot réglo, et même sûrement sans aimer ça. Forcément, ils savent que le bâtiment dans lequel je dois habiter porte pas la mention « Sweet Home ». Ou, alors, ils sont complètement tarés, parce qu'y a pas besoin de rester cinq ans dans cet endroit pour se rendre compte que ça n'a rien d'une chau- mière.

Mais j'allais pas chercher tout ça quand je ser- rais fort ma valise. Je trouvais qu'il était bien tôt pour amener les gens mais j'ai pigé : tous les julots, toutes les frangines étaient pieutés et ça les arrangeait, les délégués. Ils étaient plus libres, parce qu'il est pas du tout évident qu'ils auraient pu me prendre comme ça si mes tatas n'étaient pas en train de pioncer. Elles auraient voulu discuter et ça, ça aurait bien duré des plombes. C'était pas un hasard si la voiture démarrait à huit heures du « Sourire Bleu ». Tout ce qui est justice se lève tôt. A quelle heure vous croyez qu'on coupait la tête aux gens ? Pas aux actualités, non...

J'étais quand même loin de me considérer comme un condamné à mort. Je faisais des signes à ma mère et tentais de savoir pourquoi elle pleurait. Les deux bonhommes l'avaient dit : je pourrais revoir mes parents

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tous les dimanches et leur raconter tout ce que j'avais appris. Et il devait y en avoir des choses à apprendre puisqu'on avait la prétention de m'inculquer un métier. Inculquer, c'est bien le mot, mais je suis presque sûr qu'ils en ont un autre pour en parler à ma mère. Ils décrivaient les larmes aux yeux l'honneur qui rejailli- rait sur la famille quand le rejeton — c'était moi — exercerait une profession honnête et bien rémunérée. Moi, j'y voyais seulement l'avantage de quitter l'école, mais je l'ai pas dit.

On est arrivé devant une très grande bicoque. Palais de Justice, y avait marqué, mais faut être drôle- ment gonflé : ça n'avait rien d'un palais. Quant à la justice, elle devait être en conférence.

On est entré dans une grande salle où plusieurs types les mains entourées de menottes, suivaient docile- ment des flics. Je me sentais un peu déplacé moi, gamin de dix ans, qui n'avait commis en fait aucun délit et j'attendais sur mon banc, entre les deux délégués, la tête pleine de prisons que je ne méritais pas. A mettre un agneau dans la grotte aux loups, ne croyez pas que l'agneau sera dévoré. Il arrive qu'il se prenne pour un loup... ce qui est pire. Moi, j'étais pas l'ennemi n° 1, dans ce palais de justice, et je le ressentais, mais je ressentais aussi que mes amitiés seraient côté menottes, pas côté képi.

On a crié mon nom et je me suis dirigé vers la porte d'où était partie la voix. La première chose que j'ai remarquée, c'est que la pièce était mansardée, et je trouvais ça bizarre. Ça faisait plus chambre de bonne que bureau de juge. C'était tout petit, avec une couleur vert pâle que je détestais. A gauche, y avait une gref- fière, qui était simplement pour moi une bonne femme qui écrivait. En face de moi, le type chargé de m'inter- roger. Le restant d'espace était occupé par des dossiers, des tonnes de dossiers, certains correctement rangés, d'autres qui laissaient échapper leurs feuilles. Le juge

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— y avait une plaquette dorée avec ce titre posée sur le bureau — était obligé de se lever légèrement pour m'apercevoir au-dessus de ses paperasses. On a assez critiqué l'abondance de papiers dans l'administration, mais je peux vous promettre qu'y avait de quoi. Y a plus de cocottes que de personnel dans leurs locaux.

Le juge avait la gueule type de l'intellectuel abruti : lunettes aux verres si épais qu'on voyait tout juste ses yeux, un costard sombre et une voix mielleuse. Il fumait des cigarettes longues et grisâtres et laissait tomber les cendres sur le bleu de sa veste. Je trouvais ça moche, ces particules grisâtres sur le tissu, mais c'était pas ce qu'on me demandait. En fait, on m'a pas demandé grand-chose, on a plutôt décidé pour moi. Le juge a refait le coup des délégués. Il regardait trois papelards, manière de faire plus sérieux, et puis me décrivait le centre d'éducation professionnelle. J'y apprendrais un beau métier, aurais mon certificat d'études, serais bien nourri, bien logé, des personnes gentilles s'occuperaient affectueusement de moi, toutes les salades qui font que le prisonnier sourit à la pensée d'entrer dans sa cellule. Y a pas à dire : le juge connaissait les sirops que les enfants adorent.

Ça a quand même foiré quelque part, vu que je me suis entendu dire : « Je veux rester chez moi. » Il a eu l'air résigné le type, il semblait s'y attendre, a res- piré un bon coup et a laissé tomber : « Pas possible. » C'était la deuxième manche. Il est reparti dans sa des- cription paradisiaque de l'endroit où je devais aller, que je le veuille ou non. C'était le représentant en confi- ture « Bonne Misère ». Pas la marque que je préfère mais j'avais pas le choix.

Quand j'ai dû me lever, je ne réalisais pas que j'avais signé un contrat de mariage sur dix ans. « Mon- sieur Gérard Vincent, acceptez-vous de prendre l'admi- nistration pour épouse ? » On avait crié « oui » à ma

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place, on avait profité du fait que j'aimais mieux fer- mer ma gueule.

J'ai retrouvé les deux délégués dans la grande salle, ils étaient toujours sur leur banc et se sont levés pour m'amener vers une estafette blanche. Sur le perron, y avait ma mère. Elle m'apportait deux ou trois frin- gues de plus, m'a embrassé et a demandé à voir le juge. Elle a dû rester dix minutes dans son bureau puis est ressortie en pleurant. Je commençais à en avoir marre, de ces mecs qui faisaient chialer ma mère. Dans son bistrot elle riait ou elle gueulait mais y avait pas ces larmes. Elle s'est approchée vers moi et a tenu le lan- gage universel des mamans : « Ne prends pas froid, prends soin de toi, etc. » Elle m'a promis qu'elle vien- drait me voir dimanche et moi, tout bête, je ne compre- nais rien au ton triste de sa voix. Je suis monté dans l'estafette sans vraiment savoir où on m'amenait mais à entendre le juge, je serai bien.

C'était en février, il faisait assez beau, et je me sentais fort à la pensée que mes copains étaient en classe.

On a roulé pas mal et puis j'ai vu à travers la vitre une pancarte jaune avec de grosses lettres noires. Savigny-sur-Orge, y avait marqué. L'estafette s'est arrê- tée un peu plus loin. J'étais tout content de pouvoir me dégourdir les jambes. Tout content et tout con : j'au- rais mieux fait de les prendre à mon cou.

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LA DESCENTE A LA CAVE

Bon, déjà, y avait comme un défaut. On m'avait promis une superbe maison et j'arrivais pas à me foutre dans la tronche qu'il s'agissait de ces longs bâtiments ocres. J'avais mal lu la notice ou on s'arrêtait juste là pour pisser. Et pourtant non : les deux délégués m'ont amené au bureau d'un type qui était, ils me l'ont dit, directeur du centre d'éducation professionnelle. Je trou- vais que cela faisait pas mal de gens qui voulaient me rencontrer et je commençais déjà à me méfier un peu.

Sale gueule : tête de boxeur, cheveux grisonnants et un regard qui me foutait mal à l'aise. Je l'ai su plus tard : il avait un œil en verre et on l'appelait Neunœil. Sa voix était aiguë sans être féminine, c'était plutôt un grincement. Et puis l'éternel costard gris. C'est pas tant la couleur, qui me faisait peur, que le costard et surtout la façon de le porter. Les maquereaux que je côtoyais étaient aussi endimanchés mais ça sentait la frime gentille. Là c'était le costume du type qui aime à se faire vouvoyer. Du respect avant tout, les sourires, on s'en passe.

Mes châteaux en Espagne ont commencé à se

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Confronté dès l'âge de dix ans avec le milieu, les prostituées, les macs et les petits truands, Gérard Vincent nous fait découvrir ce monde pour le moins particulier et les erreurs de la justice pour enfants.

Car il existe vraiment une école du banditisme et, comme tout bon élève, il lui est difficile d'oublier ses pro- fesseurs... Il se révolte, s'évade, connaît la prison, l'argent facile. Ses amis truands sont abattus sous ses yeux : des moments qu'il n'oubliera jamais...

« ... la porte s'est ouverte, Fanny a tout juste posé son sac sur la table, que déjà je lui dis « j'arrête ». Son demi- sourire ironique prouve qu'elle sait de quoi je veux lui parler, mais elle ne me croit manifestement pas : « Je te le jure ! »

« Elle chiale de joie. On ne refait pas sa vie comme on recoud un bouton à sa veste, d'accord, mais ça n'empêche pas d'essayer, non ? »

Et effectivement, Gérard Vincent tente de refaire sa vie à travers des rencontres : Dreu, Thierry Le Luron, Bécaud, Guy Lux et tant d'autres... P.D.G. d'une maison de disques, il apprend très vite que les requins du show business mordent aussi bien que les voyous de la rue Saint-Denis...

Aujourd'hui, Gérard Vincent affirme : « J'ai jeté mon costard et je chante ce que j'écris. »

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