26

La théorie de la veste - Versilio

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: La théorie de la veste - Versilio
Page 2: La théorie de la veste - Versilio
Page 3: La théorie de la veste - Versilio

Annabelle Roberts

La Théorie de la vesteUne méthode contre-intuitive pour transformer l’échec enarme

© Flammarion, 2020. © Versilio, 2020.

ISBN Epub : 9782361321888ISBN PDF Web : Le livre a été imprimé sous les références :ISBN : 9782081500259

Ouvrage composé et converti par Pixellence (59100 Roubaix)

Page 4: La théorie de la veste - Versilio

Présentation de l'éditeur La Théorie de la veste est une méthode drole et accessible à tous.Le monde appartient à ceux qui osent, mais c’est plus facile à direqu’à faire !Je n’en peux plus de me trouver en rendez-vous avec des femmesplus belles, plus minces ou plus instruites que moi et qui ne croientpas en elles-mêmes.Je n’en peux plus de rencontrer des salariés qui n’osent pasdemander de promotion ou d’augmentation, des entrepreneurs quiperfectionnent leur produit mais n’osent pas appeler leurs réseauxpour booster les ventes.Je n’en peux plus d’entendre certains parents dire à leurs enfantsde « ne pas faire de vagues »…Dans ce livre, je vous propose de découvrir ce qui se cache derrièrela peur de l’échec et pourquoi se prendre des vestes au quotidienrend beaucoup plus fort, plus productif, efficace et sûr de soi.

Née au Canada dans une famille mormone, Annabelle étaitdestinée à une vie de femme au foyer dans un village perdu desplaines du Grand Nord. Aujourd’hui, elle dirige une agence decommunication spécialisée en prise de parole en public dans lacapitale de la mode et du luxe. Mais sans ses trois vestes par jour –et deux le week-end –, elle n’en serait pas là aujourd’hui. Et direque tout a commencé dans une buanderie…

Page 5: La théorie de la veste - Versilio

La Théorie de la vesteUne méthode contre-intuitive pour transformer l’échec en

arme

Page 6: La théorie de la veste - Versilio

Pour Cédric, l’homme qui m’a tout donné. Et Mike, l’homme qui m’a tout appris.

Page 7: La théorie de la veste - Versilio

J’ai pris vingt-sept vestes en demandant à monhéroïne Christine Lagarde d’écrire l’avant-propos de ce livre. À ce jour, pas de réponse.C’est une veste pour le moment ! Alors, à laplace, je vous laisse avec cette citation quirésume bien pour quoi je l’idolâtre :“Je crois que chaque fois que vous décidez deprendre un risque, il vous faut être unpeu effronté. Vous devez oser pour vous-même et oser changer autour de vous. Et siça ne fonctionne pas, ça ne fonctionne pas.Rebondissez et reprenez vos esprits.”

Christine Lagarde

Page 8: La théorie de la veste - Versilio

Sommaire

Avertissement Chapitre un - Avant la Théorie de la veste, il y avait…Chapitre deux - A priori, personne n’aime prendre des vestesChapitre trois - Pourquoi définir un quota de vestesChapitre quatre - Comment choisir son quota de vestesChapitre cinq - La famille de la looseChapitre six - Le ridicule ne tue pasChapitre sept - Looser pour looser, c’est vraiment la looseChapitre huit - Distribuer des vestes ou les prendre : commentchoisir son campChapitre neuf - Sortir du gloryhole au bénéfice de l’amourChapitre dix - LTDLV, un booster de confiance en soi Bonne loose !Remerciements

Page 9: La théorie de la veste - Versilio

Avertissement

Vous rêvez secrètement de booster votre carrière sans jamaisoser en parler, vous avez peur de demander une augmentation àvotre patron alors que vous savez que vous la méritez, vouscherchez à repousser vos limites sans savoir par où commencer ?Cet ouvrage est fait pour vous ! Grâce à une méthode pragmatiqueet efficace, en seulement trois étapes illustrées par des exemples etdes idées qui vous aideront au quotidien à la mettre en pratique,vous n’aurez plus jamais peur d’oser.

Prendre une veste, dans le langage populaire, c’est subir unéchec, le plus souvent cuisant et difficile à oublier. Si cetteexpression reste surtout employée pour parler d’une déceptionamoureuse, vous allez rapidement le constater, la Théorie de laveste – LTDLV pour faire court – est essentiellement destinée àdévelopper vos compétences professionnelles (même si elle peutaussi se pratiquer dans la vie privée, et notamment dans le cadredes rencontres amoureuses). En parfaite workalcoholic qui pensebeaucoup au travail, j’ai tout naturellement choisi la majorité desexemples et des situations de ce livre dans le cadre du boulot…Toutefois, je ne manquerai pas de vous donner quelques pistes pourvous aider dans la vie quotidienne.

Par ailleurs, certaines digressions vont nous amener à nouséloigner de la question du rejet ou de l’échec. C’est le cas lorsque je

Page 10: La théorie de la veste - Versilio

vais évoquer la relation que les Français entretiennent avecl’ambition et l’argent, leur obsession pour l’établissement où vousavez fait vos études et votre nombre de diplômes – alors que c’étaitil y a plus de vingt-cinq ans et qu’ils tapaient encore leurs mémoiresà la machine… Ces passages sont parfois un peu « bruts dedécoffrage », mais je suis comme ça, j’aime m’exprimer librement etdire ce que je pense. Aussi, vous n’êtes pas à l’abri d’un ou deuxgros mots.

Le passage le plus révélateur de mon franc-parler, vous nepouvez pas le rater, c’est le chapitre huit. Attention, construit sur unemétaphore sexuelle, il pourrait heurter un public non averti, c’estpourquoi je prends le soin de vous mettre en garde. J’ai bien essayéde trouver une image plus soft mais chaque fois c’est tombé à l’eau,alors j’ai gardé la version trash… Je vous avoue que je n’imaginaispas LTDLV sortir des murs de ma petite agence pour se dévoilerdans un livre, et que je n’ai jamais pensé que des gens comme mabelle-mère pourraient en entendre parler un jour (Catherine, si vouslisez ce livre, je vous adore et j’espère que vous n’inciterez pas votrefils à demander le divorce après l’avoir lu…). Mon éditeur a bienessayé de me dissuader d’écrire un chapitre entier là-dessus, maisnous n’avons jamais réussi à tomber d’accord sur ce point. Il n’estdonc pas responsable de ces propos obscènes et décline touteresponsabilité concernant le mécontentement des lecteurs : si voussouhaitez vous plaindre, c’est auprès de moi qu’il faut le faire.

J’ai attisé votre curiosité, non ? Si ce n’est pas le cas, au moinsêtes-vous prévenus !

Quoi qu’il en soit, je passe mes journées à aider les gens à sesentir plus confiants au travail et je suis étonnée de voir qu’unnombre incalculable de personnes ont en tête des choses insenséesà propos de ce qu’elles peuvent ou ne peuvent pas accomplir. Cesont le plus souvent des personnes exceptionnelles, qui pourraientfaire bien plus que ce qu’elles ont l’habitude de faire, mais qui ne lesavent pas. Ces hommes – parfois – et ces femmes – souvent –ignorent leur potentiel. Faute d’avoir confiance en eux, ils se fixentdes limites tout seuls. Je le sais parce que j’ai longtemps été commeeux. Avec mon équipe, nous développons depuis des années uneméthode inédite qui met fin à ce cycle d’ignorance, et qui fonctionne.

Page 11: La théorie de la veste - Versilio

Nous l’avons constaté maintes fois. Alors j’espère qu’elle vous serautile, à vous aussi. C’est pour ça que j’ai écrit LTDLV. Pour vous. Jesais que c’est bizarre, parce qu’on ne se connaît pas, mais c’est vrai.

Alors il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bonne lecture. Et debonnes vestes à venir.

Page 12: La théorie de la veste - Versilio

Chapitre un

Avant la Théorie de la veste, il y avait…

Les mormons

Lorsque j’étais petite, je devais assister aux messes mormonesqui duraient trois heures chaque dimanche. Trois longues heuresdivisées en trois parties. Pendant la première heure, les femmes, leshommes et les enfants étaient tous réunis dans la chapelleprincipale sur des chaises en plastique – pas de bancs chez lesmormons –, tête baissée pour écouter la prière, avant d’être séparéspour les deux heures suivantes.

Ce jour-là, j’avais dans mon sac le petit matériel du bon mormonde 14 ans : mon cahier d’études religieuses – à présenter chaquedimanche pour prouver que j’étais bien allée à la prière quotidiennede 5 h 30 à 6 h 30 pendant la semaine –, le « Séminaire », commeils l’appellent, et mon Livre de Mormon, une sorte de bible mormoneécrite par le fondateur de l’Église dans les années 1800, lequel avaiteu une révélation divine en plaçant des pierres magiques dans unchapeau… Mais j’avais aussi fourré dans mon sac une bombe delaque pour cheveux et des allumettes. Pour brûler mes livres. Etj’étais bien décidée à le faire, je vous assure.

Page 13: La théorie de la veste - Versilio

Vous vous demandez sûrement pourquoi je vous raconte cettehistoire digne d’un film d’horreur. Quel rapport avec la Théorie de laveste ? Vous allez comprendre.

Je suis l’aînée de dix enfants élevés dans le micro-village de FoxCreek, en Alberta, au Canada. Ma famille représentait donc unegrande partie des habitants. On vivait loin de tout ; l’hypermarché leplus proche était à 220 kilomètres. Et l’hiver durait huit mois.

En tant qu’aînée, j’étais censé montrer l’exemple. Alors à 11 ans,quand je me suis déclarée athée, ma famille a cru que j’étaispossédée par le diable. Mes parents m’ont forcée à aller à l’église.Quand à 13 ans j’ai eu un petit copain et que j’ai commencé àvouloir me maquiller, mes parents, déboussolés, sont allés interrogerl’évêque de la paroisse pour savoir « quoi faire de cette enfantincorrigible qui ne prie plus, se proclame athée et qui veutmaintenant se maquiller ». La réponse fut sans appel : « Votre filleest comme une pomme empoisonnée. Si on la laisse avec lesautres, elle va toutes les contaminer. Il faut l’éloigner. Et le plus tôtsera le mieux. » Ni une ni deux, mes parents m’ont confiée à unefamille d’accueil. Une famille mormone installée au milieu de nullepart, à la campagne, à une heure de car de la première école. Etpendant que les parents travaillaient aux champs, il fallait que jem’occupe de leur fille handicapée.

Quelques mois plus tard, j’ai eu 14 ans. Règlement mormonoblige, il me fallait commencer mes cours de doctrine religieuse :étude du « Séminaire » chaque matin aux aurores. La premièresemaine, je n’y ai pas assisté. Quand le premier dimanche estarrivé, je n’avais donc rien à montrer à l’inspecteur. Je ne me suispas démontée, je lui ai expliqué que j’étais athée. Il m’a dit de metaire, que Dieu pourrait m’entendre, Satan aussi – et qu’il allait enprofiter pour me posséder. Et, bien sûr, cet inspecteur aimmédiatement conseillé à ma famille d’accueil de me serrerdavantage la vis. Le soir même je fus très sévèrement punie.

Mais qu’importaient les punitions, rien n’aurait pu me faire prendreau sérieux ces textes tout droit sortis d’un chapeau. Je meconcentrais sur mes études car je savais que les bonnes notes enclasse me mèneraient sur le chemin de la liberté. Malheureusement,une autre semaine à sécher mes cours de Séminaire me priva de

Page 14: La théorie de la veste - Versilio

tous mes livres ; le seul auquel j’avais droit était le Livre de Mormon.On m’avait supprimé tous les autres. La seule condition pour y avoiraccès à nouveau était de suivre les cours de Séminaire… Ça nes’arrangeait pas.

Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est une « soiréedes mutuelles ». Trois heures de messe dominicale et une heured’étude religieuse chaque matin ne suffisent pas à faire de vous unbon mormon. De 12 à 18 ans, les jeunes filles doivent aussi assisterchaque jeudi soir à une réunion ayant pour but de les former à leurvie d’épouse parfaite, de mère parfaite. On leur enseigne commentcuisiner, coudre, tricoter, bricoler, jardiner fruits et légumes,entretenir son jardin, décorer sa maison, pratiquer les premierssecours, couper, coiffer et tresser ses cheveux, faire du point decroix, abattre une poule… La liste est proche de l’infini. Mon mari,aujourd’hui encore, n’en revient pas que je sache faire tout ça !

Ce fameux jeudi soir, sur le planning des activités, on pouvait lire« carrer training », formation de carrière, en français. C’était lapremière fois que je me rendais à l’église avec le sourire : j’avaishâte d’y entendre enfin quelque chose qui allait m’intéresser. Onallait parler carrière !

Notre animatrice, sœur Swanson, commença par nous donner desnouvelles de Salt Lake. Salt Lake City, c’est le Vatican mormon ; toutce qui venait de là-bas nous était lu à haute voix aux différentesmesses. Sœur Swanson nous indiqua donc qu’un nouveaucommuniqué venait de tomber concernant toutes les jeunesadolescentes du monde mormon. Dans les grandes lignes, ce textenous informait qu’il y avait de plus en plus de femmes mariées qui setrouvaient en grande difficulté parce que leur époux avait succombéà un accident ou à une maladie et qu’elles se retrouvaient dansl’obligation de demander de l’aide à l’Église – de la nourriture et del’argent – afin de pouvoir subvenir aux besoins de leurs (nombreux)enfants. Ces femmes pesaient lourd sur les finances de l’Église(chaque mormon reverse 10 % de ses revenus à la communautépour accéder à l’amour de Dieu ; un peu comme Netflix, mais enmoins drôle) et il était donc grand temps qu’elles soient formées à unmétier avant de se marier et d’avoir des enfants. Le communiqués’achevait par une liste des métiers « acceptables » pour une femme

Page 15: La théorie de la veste - Versilio

mormone : coiffeuse, secrétaire, assistante dans les écolesmaternelles, auxiliaire de personnes âgées, assistante médicale,puéricultrice, esthéticienne. Les diplômes ne devaient pas s’obteniren plus de deux ans – douze mois c’était mieux –, car ce temps à nepas faire d’enfants était « volé à Dieu »…

J’étais folle de rage. J’avais envie de pleurer, de cracher au visagede sœur Swanson. « C’est tout ? Coiffeuse ? Secrétaire ? » ai-jedemandé. La pauvre sœur Swanson n’a pas su quoi me répondre etm’a conseillé d’aller demander d’autres informations à l’évêque.Furieuse, j’ai quitté la pièce pour que personne ne voie mes larmes.Dans ma tête d’adolescente, je ne savais pas vraiment ce quesignifiait une « carrière », mais j’avais compris que derrière ce motse cachaient de beaux appartements dans de grandes villes et queces femmes qui avaient une « carrière » étaient écoutéeslorsqu’elles prenaient la parole, qu’elles gagnaient de l’argent etpouvaient se payer des taxis…

Devenir coiffeuse ou assistante maternelle, c’est très bien quandvous le choisissez, mais je n’avais aucune envie de faire ce type dejob. Je ne savais pas ce que je voulais devenir plus tard, mais jevoulais pouvoir choisir parmi une infinité de carrières ! J’ai détesté ceput*** de communiqué et ma déception a été à la hauteur de monattente.

Après avoir beaucoup pleuré, j’ai ressenti une colère immense.J’étais athée, personne ne pourrait me prouver le contraire. J’auraisune belle carrière, personne ne pourrait m’en empêcher. J’avaisbesoin de m’affirmer. De le crier à la terre entière. Et c’est ce cri ducœur, ce besoin viscéral qui m’a donné l’idée de glisser de la laqueet des allumettes à côté des textes sacrés dans mon sac ledimanche suivant.

Une grande fenêtre de la chapelle donnait sur une vaste pelouseenneigée. J’ai pris place dans l’église en attendant le moment idéal.Après quelques minutes de prière, j’ai attrapé mon sac et je suissortie discrètement. Dehors, juste devant la grande fenêtre, j’aicreusé un trou dans la neige. J’y ai jeté ma bible, mes cours deSéminaire et mon Livre de Mormon. J’ai tout aspergé de laque avantd’y mettre le feu. Je me souviens qu’il m’a fallu m’y prendre àplusieurs reprises pour que ça flambe. Puis j’ai lancé la bombe de

Page 16: La théorie de la veste - Versilio

laque dans les flammes de ma rébellion et je suis revenue à maplace, au chaud, dans l’église. Moins d’une minute plus tard, uneexplosion a retenti. Je devenais officiellement une terroristedomestique.

Le temps que la foule se précipite dehors, le feu d’artifice étaitdéjà éteint – une seule bombe de laque ne pouvait pas grand-choseface à tant de neige – et ne restait sur place que la preuve flagrantede ma révolte.

« Qui a fait ça ? » ai-je entendu. Je suis sortie de la foule, je mesuis avancée à côté de mon œuvre. La neige m’arrivait à hauteur dehanches mais on voyait distinctement les textes sacrés brûlés sur lacouche de neige fraîche. C’était exactement ce que j’avais planifié.Je voulais que sœur Swanson, l’évêque et tous les autrescomprennent en me voyant que rien ne pourrait m’arrêter. Biendroite devant les cendres, j’ai relevé le menton, croisé les braslentement, et prononcé calmement ces mots : « C’est moi. » Autour,tout le monde s’est regardé et des murmures sont montés de lafoule.

J’ai été punie comme jamais, ce jour-là. Mais peu m’importait : cefeu était mon espoir parce qu’il m’avait prouvé que je pouvaischanger mon destin. Je ne pouvais pas échanger la main quem’avait distribuée l’Univers, mais je pouvais choisir comment jouermes cartes. J’avais goûté au bonheur de ne pas subir une situation.

Vingt-deux ans plus tard, je suis la « working girl » que j’ai toujoursrêvé d’être. Bien sûr qu’elle n’est pas celle que je croyais à 14 ans.Je prends le moins de taxis possible, je vis dans une maison enbanlieue et pas en plein centre de Paris. Mais il y a une chose quiest exactement à l’image de ce que j’avais imaginé : c’est moi quidécide comment gérer chaque situation, qui crée mes propresopportunités. J’ai le pouvoir de choisir mon propre destin.

C’est peut-être pour cela que j’ai inventé la Théorie de la veste.Pour aider un maximum de personnes à ne plus subir ce qu’ellesn’ont pas choisi. Je ne suis pas mère de six enfants – j’en ai trois,c’est déjà pas mal ! – mais je suis propriétaire d’une petite entrepriseparisienne qui ne connaît pas la crise et je me suis entourée au fildes années d’une super-équipe.

Page 17: La théorie de la veste - Versilio

Ce livre n’est pas là pour raconter mes Mémoires, mais monéditeur a su me convaincre de partager cette histoire « flambante »pour que vous compreniez qui je suis et d’où me vient cette rage deréussir et de dépasser mes limites, de prendre mon destin à pleinesmains. Je suis heureuse de l’avoir fait, car c’est assez représentatifde la femme que je suis devenue.

Si en lisant ceci vous pensez : « Dans sa situation, j’aurais pu fairela même chose », alors vous allez probablement aimer ce livre. Sivous pensez : « Dans cette situation, j’aurais aimé faire la mêmechose, mais je n’aurais pas osé », alors vous avez vraiment besoinde ce livre, parce que le monde appartient à ceux qui osent.Audacieux is the new black. Et l’audace est un muscle. Il peut êtreentraîné, allongé, étiré : avec LTDLV vous allez comprendrecomment développer ce muscle de l’audace pour sortir dessituations que vous ne voulez plus accepter.

N’ayez pas peur, pour pratiquer LTDLV, je ne vais à aucunmoment vous conseiller de brûler quoi que ce soit. Commençons parune petite histoire…

Une histoire de buanderie

Si l’on m’avait dit un jour que la Théorie de la veste se déploieraitsous la forme d’un livre, je ne l’aurais pas cru. C’est une petiteméthode que j’ai mise au point pour moi, pour tenter de développerma confiance personnelle et de me donner le courage de monter maboîte. Puis je l’ai expérimentée avec mon équipe, pour agrandir monentreprise et recruter les personnes les plus brillantes et les pluscharmantes possible. Ah ! et aussi pour m’offrir un sac Dior. J’enrêvais depuis mes 14 ans. Il est vert émeraude et c’est monaccessoire de pouvoir.

Quand Present Perfect, mon agence, a commencé à prendre del’ampleur et que des talents de tous horizons sont venus renforcermes rangs, on m’a demandé comment j’avais fait pour y parvenir – ce qui me surprend toujours, parce que je ne suis pas la seule àréussir : des dizaines d’autres y parviennent chaque jour. Alors,plutôt que d’éluder la question, j’ai commencé à partager mon

Page 18: La théorie de la veste - Versilio

« secret ». Et ceux à qui j’en parlais m’ont rapidement fait un retourpositif : pour eux aussi ça fonctionnait ! Tant mieux. C’était surtoutdes entrepreneurs, ravis de trouver enfin une « méthode » qui lesaidait à faire décoller leur boîte ; il m’a toujours semblé, il est vrai,qu’on ne donnait pas assez de conseils aux entrepreneursdébutants, et qu’ils étaient un peu livrés à eux-mêmes.

On entend souvent dire que « le premier million est le plus dur àatteindre » ; moi je crois plutôt que c’est le premier euro qui est leplus dur à gagner. Quand on démarre un projet professionnel, c’estpasser de zéro client à un client qui est le plus compliqué. Monterune base de données à partir de rien, envoyer sa première facture,mettre la première pierre à l’édifice demande un courage colossalparce que ça signifie qu’il faut accepter de commencer de rien. Etregarder ce rien droit dans les yeux, l’affronter afin qu’il deviennequelque chose.

C’est ce que j’ai fait lorsque je me suis lancée dansl’entrepreneuriat en février 2013. Je me suis installée dans mabuanderie – le seul espace de l’appartement où j’ai pu trouver unpeu d’intimité. Et c’est dans cette buanderie qu’est née de toutespièces la Théorie de la veste. À partir de rien.

*

Pour la deuxième fois en deux ans, j’étais alors au chômage. J’aitoujours été une bosseuse, une fille sérieuse et plutôt efficace, maisje ne suis pas faite pour travailler au service d’un patron. Je suis uneentrepreneuse dans l’âme ; travailler pour quelqu’un d’autre étaitvoué à l’échec dès le départ. N’oubliez pas que je suis celle qui apréféré mettre le feu à sa bible plutôt que se plier à Dieu… Pourreprendre un slogan percutant que j’adore : ni pute ni soumise.

Lorsque j’étais en CDI dans un grand cabinet de communicationpour hommes politiques et hauts dirigeants, je m’ennuyais. Subir lesordres de patrons incompétents, peu inspirants et sans créativité mepesait. Je perdais vite patience devant l’inaptitude qu’ils montraient àgérer leur entreprise comme je l’aurais fait. D’ailleurs, des patrons,j’en ai eu pas mal. La liste de ceux à qui j’ai dit d’aller se faire voirailleurs – pour ne pas être grossière – ne cessait de s’allonger.

Page 19: La théorie de la veste - Versilio

J’ai pris conscience que je n’avais pas d’autre choix que celui deme mettre à mon compte et de développer ma propre entreprise, sije ne voulais pas vivre d’amour et d’eau fraîche. Le souci, c’est quetout entrepreneur digne de ce nom doit… entreprendre. Le plus douéque j’aie connu disait toujours : « Tant que vous n’avez pas de client,vous n’avez pas d’entreprise, vous avez juste un passe-temps. »Dans ma buanderie, c’est ce que j’avais. Un passe-tempsentrepreneurial. La seule chose qui tournait là-dedans, c’était lelave-linge.

En attendant que je sorte de cette « torpeur de la buanderie »,c’est Cédric, mon mari, qui m’entretenait. C’est lui aussi qui prenaiten charge tout ce qui concernait notre petit garçon de trois mois. Ilpayait tout, absolument tout : le loyer, les couches et les biberons,les courses, les vacances, mes vêtements. En tant que jeune femmede ma génération de Millenials et, qui plus est, ayant échappé à unefamille de mormons, pour se lancer dans une vie professionnelletrépidante, la pilule était plutôt difficile à avaler… J’avais un besoinvital d’indépendance. En manquer était une vraie source de honte : à29 ans, je n’avais toujours pas réussi à devenir cette working girl quime faisait tant rêver et dont j’étais sûre d’avoir les compétences.J’avais 13 ans seulement lorsque je me suis découvert une passionet une belle aptitude pour la vente et l’entrepreneuriat.

Cette année-là, pour Noël, les scouts avaient décidé de vendredes boîtes de pop-corn pour récolter des fonds. En tant que fille, jen’avais pas le droit de faire partie des scouts. Habituellement, ça neme dérangeait pas vraiment, camper par moins dix degrés, ce n’estpas franchement fun. Mais cette fois, quand mon frère est rentréavec ses boîtes de pop-corn et la mission d’en vendre autant quepossible, j’ai été saisie d’une jalousie immense. Le voir essayermollement de vendre quelques boîtes à la sortie de la messe dudimanche matin m’a stupéfiée : un tel manque d’enthousiasme pourune tâche aussi cool ! Et je l’ai supplié de me confier sa mission.

Dès le lendemain, j’avais vendu du pop-corn à la grande majoritéde mes professeurs. Facile : j’avais adapté mon discours à ce que jesavais sur chacun d’entre eux. M. Untel était gourmand, je lui ai faitl’article de la grande boîte au caramel. Mme Unetelle faisait attention

Page 20: La théorie de la veste - Versilio

à sa ligne, je lui ai sorti un couplet sur les fonds destinés auxenfants.

Pour élargir mon périmètre d’action, j’ai créé des flyers que j’aidistribués dans les boîtes aux lettres de toutes les sociétéspétrolières des alentours et sur lesquels j’avais écrit : « Cette annéepour Noël, faites plaisir à vos employés et faites du bien à votrecommunauté ! » Puis j’ai appelé chaque entreprise pour m’assurerqu’elles avaient bien pris connaissance de mon courrier et leurproposer de goûter mes produits pour en constater la qualité.

Mon stock (enfin, celui de mon frère) s’étant épuisé rapidement,j’ai commencé à vendre sur commande et à étendre mon offre àd’autres acheteurs potentiels. En dix jours, j’avais prospecté chaquerésidence, chaque association, chaque entreprise de la région. Lesscouts étaient sidérés par le succès fulgurant de mon frère ! Pfff.

Une fois toutes les commandes livrées, j’ai écrit un petit mot deremerciement personnalisé à chaque client. Leur disant qu’ilsseraient avertis l’année suivante du produit choisi par les scoutspour récolter à nouveau des fonds – j’assurais déjà la pérennité demon business. Je venais de goûter pour la toute première fois à ceque j’allais adorer faire plus tard dans la vie, sans le savoir encore :c’était mon coming out.

C’est ça que je voulais : le succès, l’indépendance, et développerdes relations. Mais comme le dit très bien Sheryl Sandberg,directrice des opérations de Facebook et figure de proue del’engagement pour l’égalité homme-femme : « You cannot be whatyou cannot see » [Vous ne pouvez pas être ce que vous ne pouvezpas voir]. À 13 ans, je n’avais jamais vu une femme travailler ailleursque dans les restaurants et les écoles. Néanmoins, j’ai écrit dansmon journal ce jour-là que je voulais « être une femme qui travaille àNew York dans une grande tour », jurant de ne jamais être unefemme au foyer. Je deviendrais une businesswoman, une femmeindépendante, prête à toujours aller plus loin, à faire fonctionner soncerveau et à se dépasser d’année en année.

Dans ma buanderie, en 2013, j’étais devenue ce que je m’étaisjuré de ne jamais être. C’est pour ça que mon échec était si cuisant.Je n’étais pas une femme d’affaires, je n’étais même pasindépendante. Bingo. J’étais au chômage et sans clients.

Page 21: La théorie de la veste - Versilio

Entièrement dépendante de mon mari. Je vivais cela comme unetrahison à la promesse que je m’étais faite en 1996. Aucun hommene devait « payer ma vie », je ne pouvais pas être une femme aufoyer. J’avais un vrai talent pour le point de croix, certes, mais il mefallait à tout prix une carrière. Et pour ça, j’allais devoir me lancervraiment.

J’avais réussi à me créer un solide réseau dans la communication.J’étais très douée pour transformer les mots en slogans accrocheurset créatifs et les idées en présentations originales et percutantes. Jen’étais pas ingénieur en astrophysique mais mes clients avaienttoujours été enchantés de mes services. Alors pourquoi ne pasessayer de me faire payer pour ce que je savais faire ?

J’avais pris l’habitude de travailler avec des entrepreneurs et lesdirigeants des entreprises françaises les plus prestigieuses, j’étaisdonc presque sûre qu’ils me répondraient au téléphone. Mais j’étaisabsolument pétrifiée à la seule idée de les appeler. Quant à ceux quise trouvaient sur LinkedIn, je n’avais pas la conviction de réussir àles contacter un jour. Chaque fois que je faisais défiler les contactsde mon téléphone, je cherchais tous les prétextes pour perdre dutemps, ouvrir leur fiche, lire les informations les concernant, mais jen’arrivais jamais à cliquer sur l’icône qui ferait sonner leur téléphone.C’était impossible. J’étais tétanisée. Paralysée. Entre mesdéceptions sur le monde de l’entreprise, la honte d’être devenue ceque je m’étais promis de ne jamais être et cette période de chômagequi me mettait à plat, la vendeuse de pop-corn pleine d’avenir s’étaitéteinte en moi…

Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir leur dire ? « Bonjour », bien sûr,mais après ? « Vous vous souvenez de moi ? » Et s’ils répondaient :« Non, qui êtes-vous ? » À cette seule perspective je frémissaisd’angoisse.

Je me sentais coincée : je ne savais pas comment dépasser lapeur et contourner la gêne que pourrait entraîner l’absence deréponses de mon réseau tout en déplorant, à chaque seconde, decontinuer à dépendre de mon mari comme une sangsue rivée à soncompte bancaire. J’étais bien consciente de me trouver prise aupiège d’un cercle vicieux, d’une spirale infernale qu’il me fallait à toutprix stopper si je voulais avancer.

Page 22: La théorie de la veste - Versilio

Mais de quoi avais-je si peur, au fond ?Des scénarios ne cessaient de tourner dans ma tête, des phrases

y résonnaient du matin au soir. « Pourquoi m’appelez-vous ? »« Vous croyez que nous devrions travailler ensemble ? » « Mais quisont vos clients ? » « Où se trouvent vos bureaux ? » « Oh, vousn’en avez pas… Hum. » Rien qu’à l’idée de ce type de questions,j’étais rouge de honte. J’avais encore quatre heures de nounoudevant moi, et puis il faudrait la payer (enfin… mon mari, plutôt) pours’être occupée de mon fils à ma place pendant que j’étais assisedevant mon ordinateur à regarder un écran vide : je me sentais tropbête. Alors j’ai pris une décision qui a changé ma vie : je me suis fixéun objectif, un quota. Lançant sans le savoir ce qui est devenudepuis LTDLV. Un quota de trois échecs.

Trois, c’était le nombre de fois où j’allais devoir me confronter àune réponse au bout du fil. Je devais joindre trois personnes quiallaient immanquablement m’envoyer bouler. Il fallait que je soisrejetée à trois reprises, c’est-à-dire que je me prenne trois vestes,avant de pouvoir faire quoi que ce soit d’autre – manger, faire pipi,boire un café ou consulter mon compte Facebook. Nada.

Allez, on y va. J’envoie mon premier SMS à la big boss d’un grandcabinet français de recrutement, Isabelle. Je la connais depuistoujours. Voici ce que j’écris : « Hello, Isa. J’ai quitté mon ancienneboîte et je me suis mise à mon compte. Je suis plutôt douée pourcoacher les gens en prise de parole et je peux réaliser des slidescanons pour vos présentations PowerPoint. Si ça vous intéresse,parlons-en autour d’un café. J’espère que tout va bien pour vous.Amitiés, Annabelle. » Envoyé. Énorme poussée d’adrénaline. Monmessage apparaît instantanément comme Lu. Puis c’est la dansedes petits points gris sur mon écran de portable : elle répond ! Monsang se fige. Mon téléphone me prévient d’un youuuuup. Mapremière réponse est là : « Ravie pour vous. Bien sûr. Quand vousvoulez. » J’ai dû le lire trente fois. « Ravie pour vous. Bien sûr.Quand vous voulez. »

J’avais un rendez-vous dans les tuyaux ! Alors que j’avais eu sipeur d’envoyer ce SMS…

Galvanisée par cette première réussite, j’ai renouvelél’expérience : un nouveau SMS à un autre contact. Pas de réponse.

Page 23: La théorie de la veste - Versilio

Mais je ne me suis pas démontée – mon quota, mon quota – et j’aicarrément passé un coup de fil. Banco, mon contact répond. Ravi dem’entendre, il me propose une rencontre, je n’ai qu’à envoyer unmail à son assistante. Lancée comme une fusée et encouragée parl’horloge que je voyais tourner (plus qu’une heure devant moi), j’étaisbien décidée à atteindre mon quota. Sans autre raison peut-être quemon obstination. Je suis têtue. Mais qui ne l’est pas ?

Ça ne vous est jamais arrivé de vous fixer un objectif idiot, justecomme ça ? Ce moment, sur votre tapis de course, où votre titrepréféré de Beyoncé passe sur la play-list et que vous vous dites :« Allez, je cours à fond jusqu’à la fin de la chanson. » En trentesecondes, vous êtes à deux doigts de défaillir mais vous ne lâchezrien et vous continuez à courir comme un dingue jusqu’au bout.Personne d’autre que vous ne connaît ce défi personnel mais, pourune raison que j’ignore, il est impossible de ne pas le relever.

Ce jour-là, dans ma buanderie, j’avais exactement ce sentiment.Personne ne saurait jamais que je n’avais pas pris une seule vestesur les trois essais que j’avais tentés – personne n’en avait mêmerien à faire –, mais il fallait que je continue. Pour moi. Et il ne merestait plus que soixante minutes pour compléter ces deux succèsque j’avais rencontrés. C’était court. Très court. J’avais l’impressionde réaliser enfin quelque chose. Alors j’ai poussé le bouchon un peuplus loin. Tant qu’à faire. Plutôt que de prospecter un contact, j’aicarrément appelé une « perspective » de client. Quelqu’un que je neconnaissais pas mais que je rêvais d’avoir comme client. La trouillerevenait au galop, mais l’horloge tournait.

Avec qui avais-je vraiment envie de travailler ? Chanel. C’est lepremier nom qui m’est venu à l’esprit. Des centaines de millionsd’euros et la plus grosse machine marketing que je pouvais imagineravaient probablement quelque chose à voir avec ce choix. Quitte àme faire jeter, autant mettre la barre très haut et que ce soit par letop du top. J’ai cherché sur Internet « directrice de communicationChanel 1 », des liens LinkedIn se sont affichés sur l’écran, indiquantle nom associé à cette fonction. J’ai appelé le standard téléphoniquede Chanel, quasiment sûre qu’on ne me la passerait pas. BagueChanel… bague Chanel… résonnait dans ma tête.

« Maison Chanel, bonjour. Que puis-je faire pour vous aider ?

Page 24: La théorie de la veste - Versilio

– J’aimerais parler à Madame-de-la-communication, s’il vous plaît.– Un instant, s’il vous plaît, je vous mets en relation. »Oups. Me***. À cet instant, c’est de l’adrénaline pure qui coule

dans mes veines. Je ne sais absolument pas ce que je vais lui direet je suis à deux doigts de raccrocher. Mais non. Je suis sur montapis de course, je m’approche de la fin de cette fichue chanson deBeyoncé. Je ne sens plus mes jambes, la sueur me pique les yeuxmais je continue à courir comme une malade. Je reste en ligne.Avec un peu de chance, elle ne répondra pas. « Allô, oui ? » répond-elle sur un ton déjà ennuyé. Je la dérange, c’est sûr. Alors, je melance dans un discours pitoyable… (Même six ans plus tard, je suisincapable de le mettre noir sur blanc.) Silence gênant à l’autre boutdu fil. « Nous ne sommes pas intéressés », me dit-elle d’un ton sifroid que j’en ai encore des frissons en écrivant ces lignes. Clic. Elleraccroche.

Cette fois, on y était. Et c’était pire que tout ce que j’avais imaginé.La honte que j’avais pensé pouvoir ressentir à ce moment-là étaitplus douloureuse que dans mes pires cauchemars. Je la sentais serépandre dans chaque parcelle de mon corps, à l’image d’une petitegoutte d’encre qui se diffuse lentement quand vous la faites tomberdans un verre d’eau, jusqu’à s’y mélanger entièrement.

Pourtant, derrière la honte, une autre émotion perçait : de la fierté.J’étais tellement fière ! Ce petit jeu contre moi-même, je l’avaisgagné. J’étais à deux doigts de vomir sur mon tapis de course, j’aimême cru mourir, mais je l’avais fait. Et je me sentais hyper bien. Unpeu comme avec mon feu de joie devant l’église : c’était mondésastre. J’étais fière d’avoir accompli ma mission. C’était un peuidiot, car je m’étais lancé ce challenge toute seule et tout le mondes’en foutait éperdument, mais ce n’était pas grave : j’avais réussi.

Et surtout, j’étais toujours en vie ! C’est ça aussi qui me rendait sieuphorique. Ça ne m’avait pas tuée de me prendre cette grosseveste. J’étais gênée de savoir que j’avais interrompu cette femmedans sa journée de travail, de l’avoir ennuyée et fait perdre sontemps avec mon « entreprise » inexistante et dont elle ne se souciaitvisiblement pas. Mais j’étais toujours debout. Je mentirais en disantque ce que j’ai ressenti en me voyant rejetée n’était pas ce quej’avais craint en me lançant ce défi. Bien sûr, c’était pénible, ça

Page 25: La théorie de la veste - Versilio

piquait. Beaucoup, même. Mais cinq minutes plus tard, les effets dela piqûre commençaient déjà à s’estomper.

Et surtout, j’avais deux rendez-vous dans mon agenda. Desentretiens où j’allais pouvoir parler de ma boîte – la meilleure, bienentendu !

Ce jour-là, j’ai appris que la honte ne tue pas, même si votrecerveau veut absolument vous faire croire le contraire.

Dix-huit heures, il était temps de libérer la nounou. J’avais brisé laspirale. Grâce au défi que je m’étais lancé à moi-même, j’avaisréussi à surmonter ma peur et trouvé l’occasion de me prendre uneveste. En y réfléchissant bien, j’ai compris que la peur de l’échecétait la seule chose qui me retenait. En m’imposant ce quotad’échecs, j’avais trouvé un moyen de me sentir vraiment fière demoi, performante. J’allais pouvoir sortir de ma zone de confiance etde confort, remplir un objectif, cocher tous mes KPIs 2 comme unegrande.

Dès le lendemain, je suis entrée dans ma buanderie avecdétermination. Envolée, la peur. J’étais bien déterminée à remplirmon quota de vestes parce qu’elles étaient la preuve desopportunités qui restaient à venir et que je n’aurais jamais euesautrement.

Ce quota, c’est le point de départ de toute cette histoire deThéorie de la veste. Au fil des années, j’ai développé ma pratique etma méthode, j’ai fait des recherches et compilé des témoignagesqui, je l’espère, vous seront utiles si vous choisissez de la pratiquer.Vous donner l’occasion de vous dépasser, de franchir vos limites,d’aller au bout de vos envies et d’assumer vos ambitions, c’est ceque je veux partager avec vous dans cet ouvrage – et que jen’aurais jamais imaginé écrire un jour. Plus je vois de personnespratiquer cette méthode, plus je constate à quel point elle estbénéfique. Et elle ne se pratique pas uniquement dans lesbuanderies. Elle fonctionne dans la force de vente, dans lerecrutement, pour faire évoluer sa carrière, motiver ses équipes oudemander une augmentation. Et même, dans sa vie privée, pourdemander à un.e prétendant.e de sortir avec vous.

Si vous voulez en savoir plus, tournez la page et continuez à lire.Si c’est votre belle-mère qui vous a offert ce livre et que ça ne vous

Page 26: La théorie de la veste - Versilio

dit rien de connaître la Théorie de la veste, vous pouvez toujours lerevendre. Mais si vous le lisez jusqu’au bout et qu’ensuite vousn’avez pas envie de le prêter, alors je ne sais plus quoi vous dire.

J’allais oublier : Chanel fait partie de nos clients depuisfévrier 2019, six ans et cinquante nuances de rejet plus tard.