les ateliers d’écriture

On s’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, sans le savoir

Nora Voisin

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« Je tiens à remercier Gabrielle ARAGAO MARQUES d’avoir gentiment accepté de m’avoir laissé utiliser son nom de famille pour le personnage de Gabi ARAGAO et surtout de m’avoir aidé quand il le fallait »

« Il l’aime, elle l’aime, tout le monde le sait sauf eux »

PrologueJe n’aurais jamais imaginé qu’un jour, j’apprécierais autant quelqu’un dès la première fois que je l’ai vu. Apparemment je n’étais pas la seule à le penser. Pendant un long moment, nous nous étions contentés de penser l’un à l’autre et de rester ensemble sans même savoir ce que l’on éprouvait l’un pour l’autre.

L’amour est compliqué, l’a toujours été et le sera toujours.

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1Un nouveau départ

Ce matin-là, je partais du Brésil pour me diriger vers Paris. Mes parents s’étaient séparés depuis quelques années. Cette année, ils m’avaient laissé choisir : rester avec ma mère au Brésil ou partir avec mon père en Europe. J’ai décidé de partir. Moi, Nathalie TORES, n’avais jamais pris l’avion. Je n’ai

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jamais quitté le Brésil. J’étais née à Rio de Janeiro. Je venais d’avoir 17 ans.

A ma grande surprise, nous faisions Portugais cette année-là. Voilà qui allait certainement faire remonter ma moyenne.

Nous habitions désormais dans la banlieue de Paris, à l’intérieur d’une magnifique villa. Ma chambre était orientée vers le sud et elle avait une vue sur un gigantesque jardin – qui appartenait en partie à nos voisins que je ne connaissais toujours pas. Mon balcon était relié à celui de la pièce qui me servirait de bureau. Il m’avait même composée une bibliothèque et m’avait installé un ordinateur. J’avais ma propre salle de bains. Au rez-de-chaussée le salon était spacieux. Il y avait deux fauteuils et un canapé à six places positionnés en « C » devant l’écran plat. Plus loin, il y avait un gigantesque piano à queue et une rangée de 5 guitares différentes. Je me rendis compte, grâce à la baie vitrée qui donnait sur la terrasse, qu’il y avait un jacuzzi et une piscine vers l’ouest. Il y avait un bar qui séparait le salon de la cuisine.

Il était maintenant 18 h 30 et mon père commençait à préparer le dîner.

Je peux ? lui demandais-je en désignant l’une des guitares.

Oui tu peux. Si tu veux tu peux la garder. Je sais que le violet, c’est ta couleur préférée. En effet, j’adorais cette couleur.

Vraiment ? Penses-tu que je te mentirais ?

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Merci ! Merci beaucoup ! Ce n’est rien.

Je me mis alors à jouer une chanson que ma mère me chantait avant que je m’endorme. Elle était en portugais brésilien. Mon père était au téléphone, il raccrocha et alors vint l’heure du dîner. Mon père énonçait le menu : « Salade gourmande, spaghettis à la sauce bolognaise et tiramisu. » J’avais l’impression de me trouver dans un restaurant. Miguel – car c’est comme ça que s’appelait mon père – n’hésita pas à lancer la conversation.

Je ne savais pas que tu jouais si bien de la guitare. Je ne suis pas si bonne musicienne. Bien-sûr que oui ! En fait j’aime tellement la musique que maman a

décidé de m’inscrire dans une école peu après que vous vous soyez séparés. Du coup, je joue du piano et de la guitare maintenant. Je sais que je ne joue pas très bien et que je n’ai pas une si belle voix, mais…

Qu’est-ce que tu racontes ? Arrêtes de dire des bêtises ! m’interrompit-il. Tu as une voix magnifique.

Tu dis ça parce que je suis ta fille ! Détrompes-toi ! Pourquoi t’aurais-je inscrite dans

une école de musique si tu n’étais pas douée ?Je réfléchis un peu avant de m’emballer.

Tu as dit que tu ne savais pas que je jouais. Tu sais, tu as joué très longtemps tout à l’heure.

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Et alors ? Tellement longtemps que j’ai eu le temps de

t’inscrire à l’école de musique de Paris. Aux cours de guitare puisque je ne savais pas que tu jouais du piano.

A ce moment-là, je me laissai emporter.

Não, é verdade ?(Non, c’est vrai ?) Sim.(Oui.) Sim ? Oh ! Obrigada papae ! Obrigada ! (Oui ?

Oh ! Merci papa ! Merci !) Tu commenceras les cours samedi. Merci ! Merci ! Merci !

Je me levai et me précipitai vers l’évier pour faire la vaisselle. J’emportai ma nouvelle guitare dans ma chambre et me mit à jouer. Une fois trop fatiguée pour continuer, je déposai la guitare et me jetai sur mon lit. Cette nuit fût agréable. J’avais rêvé de Rio.

Le lendemain, je me réveillai tôt. Je ne voulais pas arriver en retard pour mon premier jour. Je courus dans la salle de bain et me douchai. Nous étions presque en avril. Il faisait froid. Au Brésil, en avril, c’est complètement différent : il fait toujours chaud. Ensuite, je me suis coiffée. Je décidais de démêler ma tignasse blonde et de laisser tomber mes cheveux ondulés sur mes épaules. Ignorant totalement ce que j’allais mettre aujourd’hui – puisque je n’avais pas de vêtements chauds, je me précipitai vers l’armoire et

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l’ouvrit. A ma grande surprise, j’y trouvai ce que je cherchais – ce qui fût bizarre : je n’avais toujours pas vidées mes valises. J’optai pour un béret rose pâle et un débardeur jaune positionné sur un sweat à capuche rayé bleu et blanc, puis enfilai mon jean préféré.

En descendant pour prendre mon petit-déjeuner, je me rendis compte que mon père buvait lentement son café. J’englouti mon bol de céréales, monta me brosser les dents et pris ma besace. En dévalant les escaliers, je lui dis : « Je suis prête ! »Nous arrivâmes en quelques minutes. En fait, nous étions à 15 minutes à pied du lycée.

Eu poderia voltar com pé este noite ?(Pourrais-je rentrer à pied ce soir ?)

Se você quer. (Si tu veux.) Anteriormente. (A plus tard) Adeus. (Au revoir.)

Je descendis du véhicule tandis que mon père me passait ma besace. Quand je me retournai, tout le monde me dévisageait. Exceptée une jeune femme, aux cheveux bruns et courts, à peu près de la même taille que moi et qui portait un tailleur.

Bonjour ! me dit-elle. Bonjour, lui répondis-je. Tu es Nathalie TORES, n’est-ce pas ? Oui c’est moi.

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Je suis la proviseure. J’ai demandé à un élève de te faire visiter le lycée. Il s’appelle Jason ANILEIRO. Tu n’as qu’à l’attendre ici.

Très bien.

J’attendis un petit moment. Je regardais dans tous les sens pour voir si quelqu’un se dirigeait vers moi. Je fusse surprise car il arriva par derrière.

Salut ! Tu cherches quelqu’un ? C’est forcément moi.

J’eus du mal à répondre car j’étais envoûtée par ses magnifiques yeux verts et ses cheveux châtains ondulés qui tourbillonnaient dans le vent.

Bonjour. Je m’appelle Nathalie TORES. J’attends…

Jason ANILEIRO, m’interrompit-il. Tu as déjà entendu parler de moi apparemment. Ce n’est pas surprenant. Je suis sensé te faire visiter le lycée. Tu as déjà reçu ton emploi du temps ?

Euh… oui, dis-je en le sortant de ma sacoche. Ok. Où se passe ton premier cours ? J’ai anglais dans le bâtiment C. Tiens ! Moi aussi ! Suis-moi.

Le problème, c’est que le cours avait presque commencé. Nous arrivâmes en dernier. Le bon côté, c’est qu’il ne restait que deux places : l’une à côté de l’autre. Le hasard faisait bien les choses.

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« J’espère que vous aimez vos places, s’écria le professeur, parce que vous les garderez jusqu’à la fin de l’année. » J’eus beaucoup de mal à suivre le reste du cours. Non seulement parce que le cours était en anglais, mais aussi parce qu’il était à côté de moi. Une fois le cours terminé, il me demanda :

Où se passe ton prochain cours ? J’ai maths, mais je peux me débrouiller, c’est

le bâtiment d’à côté. Je t’accompagne.

Ce n’était pas une question, mais ça ne me déplaisais pas.

A tout à l’heure, me dit-il. A plus tard.

Je n’avais rien compris au cours. Mais là c’était normal, je n’ai jamais rien compris aux maths ! Pour moi, c’était l’équivalant de cours de chinois. Au moins, j’avais largement eu le temps –puisque pour moi, une heure de maths, c’était une éternité - de me faire une amie. Elle s’appelait Adriana MASON. L’heure d’après, nous avions toutes les deux cours de sciences-naturelles. Jason nous attendait. Il avait déjà l’habitude d’attendre Adriana, mais il m’attendait aussi.

Salut Jase ! Salut Ana ! Ana ? C’est comme ça qu’on m’appelle au lycée. Ah. D’accord. D’ailleurs, toi, on va t’appeler Aly, poursuivit-elle.

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L’heure passa vite. Nous allâmes déjeuner. Ana me présenta à deux de ses amies : Gabi ARAGAO et Alicia JEFFERSON. Elles étaient assises à notre table avec Jason et deux autres garçons : Vincent et Matthias. Je vis un troisième garçon s’approcher de la table. Il était magnifique je dois dire. Il avait deux milk-shakes au chocolat à la main et il s’empressa de le donner à Gabi puis de s’asseoir. « Je te présente Gabi et Valentin, me dit Ana, nos deux tourtereaux. » Alors comme ça, Gabi était en couple ?

Tu as cours de quoi après le déjeuner ?demanda Jason. Gymnastique. Tu sais déjà où est le gymnase ? Bien-sûr ! D’accord. Et ensuite ? J’ai portugais. C’est portugais brésilien cette année. Tu le savais ? Maintenant je le sais.

J’avais fini de manger et me levai pour partir. Aujourd’hui en gym, nous avions natation. Heureusement que j’allais souvent à la plage à Rio. Une fois après m’être changée, je me dirigeai vers le bâtiment F pour les cours de portugais. Il ne restait qu’une seule place, une fois de plus à côté de lui. Les deux seuls cours qu’on avait en commun et je dois m’asseoir juste à côté de lui. Ce n’est pas ce qu’on appelle de la chance ça ? Naturellement, le professeur me posa des questions pour voir si je m’y connaissais ne serait-ce qu’un peu.

A senhora fala português ? Sim.

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Qual é seu nome ? Eu me chamo Nathalie.

Une fois les cours terminés, je me rendis chez moi. Comme je n’avais rien à faire j’allai dans le jardin. Les voisins n’avaient pas mis de barrières pour délimiter leur partie du jardin et donc je me retrouvai vite chez eux. Le jardin était tellement grand que je me rendis compte que c’était une prairie. Un peu fatiguée, je me reposai sous un chêne, en haut d’une colline, et me mit à chanter. Ma chanson terminée, je me rendis compte que quelqu’un applaudissait. Pour vérifier si mon imagination ne me jouait pas des tours, je me relevai, mais dans la précipitation, je trébuchai sur une racine. J’ai réussi à m’accrocher à quelque chose. Ça sentait la pêche, et la cannelle. En apercevant ses magnifiques cheveux châtains et ses sublimes yeux verts, je me rendis compte que c’était Jason ! J’eus du mal à le lâcher, car, non seulement j’humais son odeur sans le savoir, mais en plus, il me tenait fermement par la taille.

Mais voilà ma petite Aly !s’esclaffa-t-il. Mais c’est qu’elle est bonne chanteuse en plus !

Je me relevai, vacillante.

Euh… je…je dois partir, bafouillai-je. Mais non ! Reste ! N… Non, je dois partir. Reste je te dis !

Il me tenait fortement par la main. Mais ce n’était pas pour cela que je restai. Ses beaux yeux et son sourire éclatant

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m’envoutaient. Je m’assis alors, lentement. C’était impossible de résister quand il me regardait comme cela.

Bon, reprit-il, j’ai l’intention d’organiser une sortie à la plage. Gabi, Alicia, Adriana, Valentin, Matthias et Vincent seront là. Nous avons l’intention de camper là-bas. Ce sera le week-end prochain. Est-ce que tu seras-là ?

Bien-sûr. Alors, on se retrouve vers dix heures devant la maison. Compris. Ne sois pas en retard ! Ça ne risque pas ! J’espère bien !

Je regardais ma montre. Il était presque 18 h 15 et mon père allait bientôt arriver. C’était moi qui devais cuisiner aujourd’hui. Qu’aurais-je bien pu lui dire si il arrivait et voyait que le dîner n’était pas encore prêt ? Je ne pense pas que « J’étais dans le jardin avec le voisin et je n’ai pas vu le temps passer » était une bonne excuse. Surtout quand on avait un père comme le mien.

Là je dois vraiment partir. Alors à demain. Oui, à demain.

A demain ? Je ne me rappelais même pas qu’il y avait cours le lendemain. Il faut dire que quand je suis avec lui, je ne fais plus attention à quoi que ce soit.

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Le dîner se déroula en silence. Ce soir-là, je m’attardai dans ma chambre. J’avais besoin d’écrire. Une chanson tournait en rond dans ma tête. Le refrain surtout. Elle m’est venue comme ça, après ma « balade » dans le jardin.

J’avais eu l’impression

Qu’on se connaissait

Que de toi j’avais déjà rêvé

Que le destin a fait

Que l’on s’est rencontré

Je n’eus pas de mal à trouver les couplets. C’est à ce moment-là que je me rappelai que j’avais cours de musique ce samedi.

Le lendemain, la journée était semblable à la première. Nous décidâmes à la cafétéria que ce seraient Vincent et Matthias qui apporteraient les tentes. C’étaient les seuls qui en avaient. Les filles partageraient leurs tentes et les garçons feraient de même. C’étaient quand même une très mauvaise idée. Ça ne faisait qu’une journée que je les connaissais, mais je savais déjà que Vincent et Matthias étaient très étourdis. Gabi et Valentin apporteraient les boissons, Alicia, les lampes-torches, et Ana, les allumettes. Quant à Jason et moi, nous nous occupions de la nourriture. Entre-temps, une fille nommée Emma vint nous interrompre :

Salut Jason !

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Elle vint s’asseoir juste à côté de lui. Il faut le dire, elle n’était pas très jolie. Par contre, elle prenait une voix manipulatrice.

Salut Emma. Tu pourrais me raccompagner à la fin des cours ? Désolé je ne pourrais pas. S’il-te-plaît ! J’ai prévu autre chose.

Cette façon de se coller contre lui, je n’aimais pas ça du tout.

Tu peux bien annuler. Aller s’il-te-plaît ! Juste pour moi !

Elle était en train de se rapprocher de plus en plus de lui, tout en jetant un coup d’œil vers moi, comme pour me provoquer.

Je suis bien plus importante que tout ce que tu as bien pu prévoir.

Là, c’en était trop ! Je me levai, furieuse. C’était impardonnable de ma part. Il n’était pas à moi ! Et ça devait lui sembler évident ce moment-là que je l’appréciais un peu trop.

Après les cours de portugais, il vint me parler.

Nathalie ! Attends !

Je me retournai. Evidemment ! Mon cerveau réagissait désormais à sa voix. Peut-être un peu trop vite d’ailleurs.

Je te raccompagne ? Je croyais que tu avais des choses à faire ? J’ai annulé.

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Ah.

Après quelques minutes de marche, il se lança :

Pourquoi tu es partie si vite tout à l’heure ? Tu semblais furieuse.

Ah bon ? Oui beaucoup. J’étais juste pressée. Pourquoi ? J’avais besoin de vérifier si j’avais apportés mes livres

de portugais. Ah. Pourquoi me poses-tu cette question ? C’était juste pour savoir. Qu’est-ce que tu insinuais ? Rien du tout. Tu viens ? Où ça ? Dans le jardin !

Il me prit par la main et m’emmena dans une partie du jardin que je n’avais jamais vue. C’était magnifique.

Oh ! J’y pense ! lui dis-je. On organise un barbecue samedi soir. Ça te plairait de venir ?

Je ne sais pas. Je… S’il-te-plaît ! le suppliais-je. Euh… Allez, ça me ferait tellement plaisir ! Bon, d’accord. Je viendrai.

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Super ! Ça commence à 15 h 30. N’oublie pas ton maillot de bain !

Je vis un léger sourire apparaître sur son visage.

Il y aura beaucoup de monde ? 32 personnes dont Gabi, Valentin, Adriana, Vincent,

Alicia et Matthias. Ça finit à quelle heure ? 19 h. Compte sur moi ! Je viendrai. J’espère bien. Bon, je dois y aller. A dimanche ! A dimanche !

En arrivant à la maison, je me rendis directement dans la chambre. Quand mon père arriva, je lui dis que je n’avais pas faim.

Samedi, je m’étais levée à huit heures. Je pris mon petit-déjeuner et alla me doucher puis me brosser les dents. Je remettais mon béret et ma veste en cuir violette sur un haut léger rose puis j’enfilai mon jean avec une ceinture mauve et mes bottes fourrées. Je regardai la télévision jusqu’à 8 h 45 sachant que l’école de musique se trouvait 5 minutes avant le lycée. Je pris ma guitare et m’en alla. En sortant, je vis Jason un peu plus loin sur le trottoir. Il avait lui aussi une guitare à la main. Il n’était tout de même pas à l’école de musique lui aussi ? Il me fit signe et je me rapprochai.

Salut Jason ! Salut Aly ! Toi aussi tu joues de la guitare ?

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Oui. Tu vas à l’école de musique ? Elle a ouverte aujourd’hui.

Oui, je vais là-bas.

Je fixais ses yeux d’un vert étincelant. J’essayais de ne pas le faire trop longtemps, ça aurait pu paraître impoli.

On fait le chemin ensemble ? D’accord.

Arrivés là-bas, nous entrâmes et nous nous dirigeâmes vers le cours de guitare. Dans la salle, il y avait des tabourets disposés en rond. Je me suis assise et Jason s’est placé à côté de moi. Les autres élèves commençaient à arriver et nous attendions, en silence. Le professeur arriva et le cours commença.

« Bonjour à tous ! Nous allons commencer par voir si vous vous y connaissez un peu. Attention ! Je ne veux que des chansons en français ! Qui commence ? (pause) Personne ? Bon ! Il va falloir que je désigne quelqu’un. » Il sortit sa liste et dit « Jason ANILEIRO ! Vous passez en premier ! » Il joua quelques accords et commença à chanter. Sa voix était magnifique. Un ange n’aurait pas fait mieux ! Quant à la mélodie, elle était plus que merveilleuse.

« J’ai besoin de rester avec toi

Quand je te vois,

Quand j’entends ta voix

Je deviens fou de toi

Et tu ne le sais même pas »

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A ce moment-là, il a jeté un coup d’œil vers moi. Je sentais que mes joues s’enflammaient et que mon cœur battait à tout rompre. Le professeur fit l’aller-retour vers nous deux. Une fois après que Jason eût terminé, il s’écria : « Nathalie TORES ! » Pourquoi fallait-il toujours que ça tombe sur moi ? Le pire dans tout ça, c’était que la seule chanson en français que je connaissais, c’était celle que j’avais composée ! Je n’allais tout de même pas lui avouer mes sentiments en public ! Mais je n’aurais jamais eu le temps d’écrire une autre chanson en quelque secondes. Ce que je devais faire, c’était me débrouiller pour faire croire que je n’avais pas écrite cette chanson pour lui. Tout se passait bien jusqu’au refrain : je n’ai pas pu m’empêcher de le regarder. Il faut dire que je ne m’écoute pas toujours. Mais ce qui me troublait le plus dans tout ça, c’est qu’il souriait ! A la fin du cours, nous repartîmes ensemble. J’avais peur qu’il réagisse mal mais au lieu de ça, il me demanda tout souriant :

Tu l’as écrite pour quelqu’un de particulier cette chanson ?

Nous nous étions arrêtés devant chez moi et il me fixait. Quand il m’a regardé comme ça, j’avais l’impression que je passais au détecteur de mensonge. Je ne pouvais lui dire que la vérité, ou au moins la moitié…

Euh… oui. Qui ? Un ami d’enfance. Comment s’appelait-il ?

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J…Jordan.

Ça m’est passé par la tête. Ma meilleure amie avait un frère qui s’appelait comme ça. Bien que la façon dont j’ai prononcé le « J » me trahissait un peu.

Nous retournâmes tous les deux dans le jardin, sous le chêne où nous étions jeudi. Il souriait toujours autant que tout à l’heure. Il sortit sa guitare de son étui. Ce qu’il jouait, c’était adorable. Je m’étais mise à chanter sans le savoir. Une fois après qu’il ait fini, il me dit :

Tu as une voix magnifique. Pas plus que la tienne en tout cas. Ne dis pas de bêtises ! Ce ne sont pas des bêtises, c’est la vérité ! Si ça c’est la vérité, moi je suis roi de France. Il faut que je parte, je dois aider mon père à préparer le

barbecue de demain. A demain alors.

J’étais tellement impatiente à l’idée de me retrouver une fois de plus avec lui (et pas seulement).

J’avais passé le reste de la journée dans ma chambre. Quand vint le soir, je n’arrivais pas à m’endormir car je pensais sans arrêt au lendemain. Le jour d’après, j’ai passé la journée dans ma chambre à choisir le maillot que j’allais porter. Quand la personne que vous aimez vient chez vous pour une fête au bord de la piscine, autant choisir votre plus beau maillot ! Moi, j’avais choisi mon trois-pièces bleu ciel – c’était sa couleur préférée. Après avoir passées une heure à choisir – j’étais née

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au Brésil, il ne fallait pas s’étonner si j’avais un tas de bikinis et de trois-pièces – je descendis pour aider mon père à décorer la terrasse. Elle était très grande : il y avait bien assez de place pour 32 personnes, bien que le jacuzzi en occupe une petite partie. A midi, nous avions fini la décoration et nous nous apprêtions à déjeuner. Je ne voulais pas manger pendant le barbecue.

Le premier à arriver fût, bien-sûr, Jason.

Salut Nathalie ! Salut Jason ! Où est la salle de bains ? En haut, en face de l’escalier.

Il fallait que j’aille me changer moi aussi. Je montai tout de suite dans ma chambre et la fermie à clefs. Après m’être changée, je descendis. Je vis Gabi assise sur le canapé. En me voyant, elle se leva et me dit :

Salut Aly ! Salut Gabi ! La salle de bains est en face de l’escalier. Merci, mais il faudra qu’on parle toutes les deux.

Valentin arriva et Alicia peu après. Puis arrivèrent Vincent, Matthias et Ana. Juste avant que j’aille dans la piscine, Gabi et Alicia me rattrapèrent.

Aly ! Attends !

Je me retournai. Gabi portait un deux-pièces bleu et noir. Ça lui allait tellement bien…

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Où est-ce qu’on peut parler tranquillement ici ? poursuivit Alicia.

Venez.

Je les emmenai dans ma chambre.

Qu’y a-t-il ? poursuivis-je. Il se trouve qu’on voulait te parler de lui, répondit Gabi. Qui lui ? Tu sais très bien de qui on parle, poursuivit Alicia. On a

trouvé que tu t’entendais plutôt bien avec Jason. Tu sais, vous deux, vous feriez un beau couple, continua

Gabi. Arrêtez, vous deux ! On est juste amis c’est tout. Avoue quand même qu’il te plaît ! Ne viens pas nous

dire le contraire ! Ben… peut-être un petit peu… Je le savais ! N’allez pas le crier sur tous les toits ! Ne t’inquiète pas. Avec vous, il y a plus que dix-mille raisons de

s’inquiéter ! Méchante !

Nous descendîmes et j’allai me plonger dans la piscine. Je venais de finir de parler à Ana. Je me retournai et me retrouvai nez à nez avec lui.

Ex…cu…cuse-moi, bégayais-je.

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J’essayais de fixer son visage pour que mes yeux ne partent pas dans tous les sens. Je crois bien que Gabi et Alicia ricanaient.

Non c’est ma faute.

Je m’accrochai au bord de la piscine. Au moins je ne risquai pas de faire quelque chose qui le ferait douter de quoi que ce soit.

Une fois après que tout le monde soit parti, je montai dans ma chambre et pensais à la sortie qui m’attendait le week-end prochain. J’aurai continué longtemps si quelqu’un n’avait pas sonné à la porte. Quand je descendis pour ouvrir, il n’y avait personne. Il y avait juste un petit message entouré d’un fin ruban rouge qui disait :

Je me disais que ce n’était pas son écriture mais je ne voulais pas rater une seule occasion de le voir. Du coup, j’allai dans l’abri de jardin pour prendre une corde et la mettre sur le balcon. Je n’aurai pas pu passer par la porte : elle grince un peu. J’avais mis une lampe-torche sous mon oreiller. J’attendis que mon père vienne vérifier que je dormais, et 15 minutes après, j’allai devant sa porte pour vérifier qu’il dormait. Je n’avais même pas besoin d’entrer. Quand mon père dormait, il faisait plus de bruit qu’un éléphant. J’allai sur la loggia et accrochai la corde à la grille puis descendis avec la lampe. Je me dirigeai vers le chêne. Le problème était que les piles de la torche se sont usées à mi-chemin et je ne savais plus trop où j’allais. J’arrivai quand même à trouver le chêne

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Rejoins-moi à 22h30 sous le chêne. J’ai besoin de te parler.

Jason

et j’arrivai pile à l’heure. Heureusement, je m’étais rappelé que j’avais apporté des piles de rechange au cas où ce genre de chose arriverait. Jason qui lui était en avance m’avait demandé :

Qu’est-ce que tu voulais me dire ? De quoi parles-tu ? C’est moi qui ai reçu un message

disant que tu voulais me parler ! Regarde !

Je lui sortis le mot que j’avais trouvé devant ma porte.

Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas mon écriture. Et puis regarde : J’ai trouvé ceci.

Il avait sorti de sa poche un autre mot qui disait :

Ce n’est pas moi qui ai écrit ça ! Juges-en par toi-même. C’est la même écriture sur les deux feuilles ! D’ailleurs, elle ressemble à celle de Gabi !

Gabi ? C’est absurde ! Pourquoi aurait-elle fait ça ? Je ne sais pas. De toutes les façons, je finirai par le

savoir. Tu es détective toi maintenant ? On peut dire ça.

Il regarda sa montre et commença à grimper à l’arbre.

Qu’est-ce que tu fais ? Dans exactement 2 minutes et 34 secondes, mon oncle

sortira de la maison et vérifiera qu’il n’y a personne dans

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Rendez-vous sous le chêne à 22h30. Je dois te parler.

Nathalie

le jardin. Il retournera dans la maison 5 minutes et 56 secondes après.

Tu viens souvent ici le soir ? Tout le temps. Mais comment je fais, moi ? Ah oui. Je crois qu’on va devoir aller autre part. Le seul

endroit qu’il ne vérifie pas, c’est Du côté de l’abri de jardin.

La semaine qui suivait, se passa comme le premier jour. Mais samedi, j’eus la curieuse surprise d’entendre sonner à la porte. C’était Jason, il venait me demander ce que j’apporterais le lendemain à la plage. Il n’est pas resté longtemps malheureusement.

Le jour tant attendu, je pris le sac que j’avais préparé des jours à l’avance. Je pris le panier de pique-nique et ma guitare et me rendit dehors – 5 minutes à l’avance d’ailleurs.

Salut Jason ! Salut Nathalie !

Il était en train de charger sa voiture.

Il n’est pas encore 10 heures, poursuivit-il. Ce n’est pas toi qui m’as dit de ne pas arriver en retard ?

Gabi et Valentin arrivaient. Puis Alicia, Vincent à bord de sa nouvelle voiture, et Ana puis Matthias.

On va y aller, déclara Jason.

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Il me fit monter à l’avant et nous partîmes. Je regardai le paysage défiler.

Une fois arrivés, nous découvrîmes que Vincent avait bien pris les boîtes où il y avait les deux tentes, mais elles n’étaient pas à l’intérieur. Heureusement, je m’en doutais. J’avais apportées des couvertures. Le problème, c’est que j’avais oublié la mienne. A midi, nous avions engloutis la moitié des sandwichs. Lorsque vint 16 heures, les garçons allèrent chercher du bois. Ana, Gabi et Alicia me regardaient bizarrement. Qu’est-ce qu’elles pouvaient bien comploter ? Ils revinrent et nous commençâmes à allumer le feu. Il faisait un peu froid quand même. Jason sortit sa guitare de son étui bleu marine et commença à chanter. Je n’eus pas de mal à la reconnaître, cette chanson, c’était celle que ma mère me chantait tous les soirs. J’avais froid. Il me semble que je tremblais car il n’eût pas de mal à le remarquer. D’ailleurs, il m’avait redonnée le drap que je lui avais prêté. Au bout d’un moment, il se leva et dit :

Je vais me promener. Attends ! s’écria Valentin. Je viens avec toi.

Une fois assez loin pour qu’on ne les entende plus, ils commencèrent à parler.

Tu as l’air de beaucoup l’apprécier, chuchota Valentin. Je ne vois pas de qui tu parles. Arrête de faire l’idiot ! Tu ne peux pas le nier !

Matthias, Vincent et moi, on l’a remarqué en à peine 2

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journées ! Tu t’entends très bien avec Nathalie. Plus que bien même.

D’accord, on s’entend bien. Et ? Et tu vas me dire tout de suite ce qui se passe entre elle

et toi ou je vais dire à tout le monde que tu vas la demander en mariage !

Tu n’oserais pas ! Tu veux vérifier ? D’accord. C’est vrai que je l’aime bien, mais rien de

plus. Je sens que je vais être obligé d’y aller. Je l’aime peut-être plus que bien… mais entre nous

deux il n’y a rien du tout. J’avoue que j’aimerais bien, mais il ne se passe rien. T’es content ?

Oui beaucoup.

Ils revinrent lentement au feu de camp. Il était pensif. Je me demandais pourquoi d’ailleurs. Puis il me regarda. J’avais l’impression que même si il faisait sombre, on pouvait voir à quel point mes joues s’empourpraient. D’ailleurs il devait le voir puisque j’étais juste à côté de lui. Au bout de quelques heures.

Il serait peut-être temps de dormir, s’écria Vincent.

C’est vrai qu’il était déjà 22 heures.

Je me mis à bailler et m’allongea. J’avais quand même un peu peur de quelque chose. Quand je dors, je bouge beaucoup. Parfois même, je parle. Ça ne m’aurait pas étonnée de me retrouver le lendemain la main sur son visage.

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Et s’il s’était endormi après moi et qu’il avait entendu quelque chose que je n’aurais pas voulu qu’il entende ? Malgré ça, je devais dormir. Si j’avais fait une nuit blanche, je l’aurai sûrement passée à l’admirer, et ça c’était intolérable. Il fallait donc que je dorme.

2Oups !

Le lendemain matin, le petit clic d’un appareil photo me réveilla légèrement. Ça sentait la pêche et la cannelle. Cela ne me rassurait pas du tout. Et si j’avais planté ma main dans sa figure ! Mais non. En fait je me tenais à peine à deux centimètres de lui – ce qui ne me déplaisais pas le moins du monde. En fait je l’enlaçais presque. J’entendis un appareil photo une seconde fois et lui ensuite.

Nathalie ? Nathalie, réveilles-toi ! Qu’est-ce que je fais ici ? demandais-je en me levant. Je ne sais pas. Je suis vraiment désolée. Ce n’est rien, dit-il, tu dormais.

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Il se leva lentement et me tendit la main. Mais, maladroite comme j’étais, j’ai glissé. Heureusement pour moi, il me rattrapa. Mon cœur battait plus vite qu’il ne pouvait le faire d’après moi. Ses yeux étaient plongés dans les miens. Tout à coup, Gabi, Alicia et Adriana sortirent des buissons avec des caméras et des appareils photo. Vincent, Matthias et Valentin, eux, étaient perchés dans des arbres pas loin.

Bravo ! Bravo ! C’était magnifique ! Mais qu’est-ce que vous faites ? s’écria Jason. Ça ne se voit pas ? ricana Matthias. Attendez un peu. Depuis le début vous aviez de quoi

filmer et photographier, mais vous n’avez pas pensé à le faire hier ?

On ne voulait avoir des souvenirs que de ce qui était plus qu’intéressant. Comme ce qui s’est passé ce matin ! Et puis regardez comme vous étiez mignons tous les deux !

Personne ne répondit. Une heure après, nous étions prêts à partir. J’étais montée dans la voiture de Jason. Forcément, je n’avais pas le choix. La voiture de Vincent était chargée. Quand nous arrivâmes devant la maison, il me raccompagna jusqu’à la porte. J’étais vraiment gênée.

Tu veux rentrer ? lui demandais-je. Non. Je ne veux pas déranger. Mais tu ne déranges pas du tout ! Entre ! D’accord, mais je ne resterai pas longtemps.

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Il s’est assis sur le canapé et je suis allée chercher quelque chose à boire. Quand je revins, il fixait le piano. Il me demanda :

Tu sais en jouer ? Ça fait 4 ans que j’apprends maintenant. Tu me jouerais quelque chose ? Euh… je ne sais pas… S’il-te-plaît ! Non ! S’il-te-plaît ! …Si tu y tiens.

Pourquoi fallait-il toujours que je finisse par l’écouter ? J’allai m’asseoir sur le tabouret du piano, mais sachant qu’il était là, je me demandais si j’allais réussir à jouer ne serait-ce qu’une seule note. Je commençais à jouer et me rendit compte que je ne savais même pas ce que j’interprétais. J’avais la curieuse impression que mes mains jouaient toutes seules. Quand j’eus terminé, il s’exclama :

C’était magnifique ! Tu trouves ? Bien-sûr. Alors je crois que j’ai des problèmes d’audition.

Il regarda la pendule qui était accrochée devant nous.

Il faut que je parte. A demain ! On se voit demain.

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Je n’ai rien fait de la journée. J’ai juste pensé à lui. Je ne pouvais pas m’en empêcher. Quand mon père me parlait au déjeuner, je n’étais même pas sûre de savoir ce qu’il disait.

Le lendemain, je me levai de bonne humeur. J’arrivai au lycée en souriant. J’étais même en avance. Je ne fis pas vraiment attention aux cours ce matin-là. Jusqu’à ce qu’à ce que vint midi en tout cas. Je venais de finir de déjeuner et je sortais de la cafétéria, quand de loin, je vis Jason. Il parlait à cette petite peste d’Emma. Je rêvais ou il l’avait prise dans ses bras ? Furieuse, je m’en allai. Je crois bien qu’il m’avait remarquée d’ailleurs. Aux cours de portugais, je fis comme s’il n’existait pas. Ce qui, dans mon cas, était plus que difficile. Après les cours, j’allai directement dans le jardin. Je me mis à gribouiller dans un de mes cahiers. J’étais tranquillement assise sous un arbre quand j’entendis une voix familière.

Qu’est-ce que tu fais ? me demanda-t-il après avoir surgi par derrière.

Qu’est-ce que tu fais là ? lui demandais-je à mon tour. C’est mon tour de venir à l’improviste dans ta partie du

jardin. Tu avais l’air troublée pendant les cours. Je voulais savoir ce qui t’étais arrivé.

Après un petit moment de silence je lui demandai :

Est-ce que tu aimes Emma ? Non ! Pourquoi tu dis ça ? Je l’ai vue dans tes bras tout à l’heure. Pourquoi ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? Je sais ce que j’ai vu. Réponds-moi !

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Ecoute, ce n’est pas ce que tu crois. Elle avait des vertiges. Elle allait s’évanouir !

Je ne te crois pas. De toutes les façons, même si c’était vrai, est-ce que ça

t’aurait dérangé ? Euh… non. Bon, écoute et réponds-moi ! Aimes-tu

Emma ? Tu veux vraiment que je te prouve que je ne l’aime pas ? Oui.

Il posa ses lèvres contre les miennes. Je ne savais plus quoi penser. Déjà, est-ce qu’il faisait cela parce qu’il m’aimait bien ou juste pour me prouver qu’il n’aimait pas cette pétéchie ? J’aurai pu rester longtemps comme cela si les autres n’étaient pas passés par là à cet instant précis. La prochaine fois, je penserai à m’enfoncer un peu plus dans le jardin ! Je dû le pousser, non pas que ça me déplaisait, mais je ne tenais pas à ce que le lycée tout entier sache que… enfin voilà.

Mais qu’est-ce tu fais ? lui demandais-je faussement.

Il ne dit rien du tout. J’étais presque comme figée sur place. Je me levai sans rien dire et montai dans ma chambre. Mais qu’est-ce qui s’était passé ? J’étais en train de tomber amoureuse d’un garçon que je connaissais depuis à peine deux semaines ! En même temps, on s’entendait très bien tous les deux. Et puis… Mais qu’est-ce qui m’arrivait ? Je fusse tirée de mes réflexions lorsque j’entendis la sonnette de la porte. J’espérais que ce n’était pas lui. Je n’étais pas d’humeur. Mais c’était encore pire parce que c’était Gabi et elle venait me

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demander ce qu’il s’était passé. Je lui ai tout raconté. Depuis ce midi jusqu’à ce soir. Je savais qu’elle allait finir par le dire à Alicia, mais j’espérais que ce serait la seule personne à qui elle se confierait.

De son côté, Jason avait laissé entrer Matthias.

Valentin nous avait dit hier qu’il ne se passait rien entre Nathalie et toi. Alors tu vas me dire ce qui s’est passé et tout de suite !

Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je suis perdu. Commence par me dire comment vous vous êtes

retrouvés là tous les deux. En fait, je suis allée la voir parce qu’elle avait l’air…

perturbée pendant les cours. Je voulais savoir pourquoi, alors, quand je l’ai vue dans le jardin, je suis allée la voir…

Et ensuite ? Elle m’a demandé si j’appréciais Emma. Je lui ai dit

non, et elle ne me croyait pas, alors je lui ai demandé si elle voulait que je lui prouve que je ne l’aimais pas. Elle m’a dit oui, donc…

Tu ne pouvais pas trouver autre chose ? C’est que… je… je n’ai pas pu m’en empêcher !

Elle… elle était là, en face de moi et… Et puis qu’est-ce que tu aurais fait toi à ma place ?

Il ne répondit pas.

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Le lendemain, je simulais une migraine. Dans la famille, les migraines, c’était plus que grave : c’est pour cela que ce jour-là, je ne mis pas un seul pied au lycée. J’étais bien trop gênée pour affronter son regard. Tout se passait bien jusqu’à ce que j’entende la sonnette. Je descendis, et, comme par hasard, je le vis avec des cahiers à la main.

Qu’est-ce que tu fais là ? lui demandai-je. Je viens t’apporter tes devoirs, répondit-il penaud, je

peux entrer ? Euh…oui, entre.

Nous allâmes à l’étage, dans mon bureau. J’avais faits tous les exercices avec lui et rédigées toutes les leçons. Tout ce serait bien passé si je ne l’avais pas contemplé « sans le faire exprès »avec une telle intensité. Avec une telle accentuation d’ailleurs qu’il plongea son regard dans le mien. Deux longues minutes s’écoulèrent. Il s’approcha de moi jusqu’à ce que ses lèvres se retrouvent une fois de plus sur les miennes. Il se releva, posa un baiser sur ma joue et partit. J’aurais voulu le suivre, mettre au clair ce qui s’était passé, mais, j’étais comme immobilisée.

Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda Valentin à Jason. Quand tu es dans cet état-là, c’est qu’il y a sûrement quelque chose.

Valentin lui avait dit qu’il viendrait le voir après qu’il soit passé chez moi.

Hein ? Quoi ? Désolé, j’étais ailleurs…33

Ok. C’est encore Nathalie c’est ça ? Qu’est-ce qui te fais dire ça ? Je te connais, tout simplement. Et puis moi aussi je

suis passé par là ! Peut-être que tu me connais ou peut-être que non ! Avoue ! Tu l’as encore embrassée, c’est ça !

Il le regarda avec de grands yeux.

Tu peux me dire comment tu devines tout ce dont à quoi je pense comme ça ? Tu es télépathe, non ?

Façon très subtile de me dire que j’ai raison. D’accord tu as raison. Mais il faut dire que je ne

comprends rien à ce qui s’est passé… Pourquoi ? Tu te souviens ? Hier, elle m’avait repoussé après…

ce qui s’est passé. Oui. Ben, aujourd’hui, elle n’a pas du tout réagi. Pas du tout ? Elle n’a rien fait du tout ! Ça m’embrouille. N’y pense pas. Tu finiras par comprendre.

J’étais tellement embrouillée par les événements, que je faillis ne pas entendre le téléphone sonner.

Allô ? Allô Nathalie ? C’est Gabi ! Ah. Pourquoi tu appelles ?

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J’ai appris que Jason était censé t’apporter tes devoirs aujourd’hui ! Comment ça s’est passé.

Je ne sais pas.

La plus mauvaise excuse que je connaissais. Elle n’eût pas de mal à voir que je mentais.

Humm…il t’a embrassé, hein, avoue-le ! Je mens si mal que ça ? Oh que oui ! D’accord, je l’avoue… Tu me diras tout demain ! Au fait, tu étais vraiment

malade ? Oui ! Tu sais, je n’ai vraiment pas de mal à voir que tu mens !

Pourquoi t’es pas venue au lycée aujourd’hui ? Parce que ! Tu es vraiment ridicule ! On se voit demain. Salut.

Ah… Le lendemain… Je n’arrivais pas à me concentrer. Je pensais bien trop à lui, à ce qui s’était passé, du moins jusqu’à ce que j’arrive à la cafétéria. Gabi m’attendais. Elle avait même réservée une table pour nous deux.

Alors raconte-moi tout ce qui s’est passé ! Il est venu t’apporter tes devoirs et ?

Il m’a demandé s’il pouvait entrer. Arrête d’éviter ce que tu seras obligée de me dire !

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D’accord. Nous sommes allés dans le bureau et il m’a aidé à faire mes devoirs et quand ils ont été terminés, je l’ai… admiré, « sans le faire exprès » bien-sûr.

Et après ? Il m’a regardé et nous sommes restés deux bonnes

minutes sans rien faire et puis… il s’est approché et… et…

N’en dit pas plus ! J’en connais une qui doit être contente !

Moins qu’elle ne le pensait en tout cas. J’étais plus que perdue. Après le cours de portugais, j’allai directement au fond du jardin en espérant ne pas le rencontrer. De loin j’entendais le son de sa guitare. J’avais l’impression d’être juste à côté de lui ce qui m’exaspérait. La musique m’énervait, je voulais chanter à tue-tête et avoir l’impression qu’il n’existait plus.

Le samedi, j’avais décidé de partir à l’école de musique un peu plus tôt. Un léger contretemps me retarda – j’avais oublié mon cahier de musique à la maison. Je me retrouvai donc dernière. Mais ce qui m’embêtait le plus, c’était que la dernière place se trouvait à côté de lui. Aujourd’hui, c’était un exercice en équipe. Nous devions composer une chanson à deux. «Nathalie TORES, vous serez avec Jason ANILEIRO. » Mais qu’est-ce que les professeurs avaient avec nous comme ça ? Le plus horripilant dans tout ça, c’est que le thème de la chanson que l’on devait écrire était basé sur l’amour ! Il fallait toujours que ça tombe sur nous deux. J’avais quand même un

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peu de chance car j’avais noté des paroles que j’avais en tête depuis hier. Lui m’avait proposée la partition de la litanie qu’il avait joué hier un peu modifiée mais tout de même aussi charmante que sa première version. Nous avions fini les premiers. Nous avions donc eu l’honneur d’interpréter notre chanson en premier. C’était la première chanson que l’on écrivait ensemble. Quand je l’ai chanté avec lui, j’aurai pu croire que nous étions seuls au monde. Le professeur, lui, avait trouvé ça magnifique. Il trouvait que nos deux voix se mariaient parfaitement bien. Au moins il avait une raison de nous avoir choisi tous les deux pour le duo. Nous fîmes le chemin ensemble et nous rendîmes dans le jardin. Malhabile comme j’étais, je trébuchai à plusieurs reprises. Je me rattrapai presque à chaque fois, sauf peut-être la dernière où il me rattrapa avec adresse et me posa sur le sol.

On peut dire que tu n’es pas très doué pour marcher en plein air.

Pas seulement en plein air, tu peux me croire ! Ah bon ? La seule chose que je peux faire sans tomber c’est

m’asseoir et rester debout ! Ça complique un peu les choses alors. Comment ça ? Tu vois là-bas ?

Il me montrait l’entrée d’une allée de pins assez longue et un peu étroite d’où l’on pouvait apercevoir une faible lueur dorée.

Oui, je crois.

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Je voulais t’emmener voir quelque chose là-bas. Mais maladroite comme tu es, ça m’étonnerais que tu arrives là-bas toute entière !

Essayons pour voir !

Nous nous levâmes et nous dirigeâmes vers cette infime lueur. Mais il fallait s’attendre à ce que, au moins à mi-chemin, je tombe une ou deux fois, déjà à la première, il me rattrapa.

Si ça continue comme ça, je vais devoir te porter jusque là-bas !

Je pense que je peux tenir encore un petit moment ! J’espère bien !

Nous continuâmes à marcher puis je tombai encore. Il se mit à me porter.

Mais qu’est-ce que tu fais ? lui demandais-je. Si tu continues de tomber comme ça, non seulement on

n’arrivera pas à temps, mais en plus, je vais devoir te ramener chez toi morceau par morceau ! Je ne pense pas que ton père sera content de te voir éparpillée dans ton salon !

Ne t’inquiète pas, il a l’habitude ! Pose-moi maintenant ! Pas question !

Je fis mine de bouder. Une fois arrivés là-bas, il me posa devant ce magnifique paysage. Le ciel prenait une teinte orange voilée de rose. On voyait et entendait l’océan qui prenait lui aussi une nuance orangée. Les fleurs commençaient à se fermer, le soleil se couchait et ses cheveux châtains virevoltaient au gré du vent.

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C’est magnifique ! m’extasiais-je. Oui, magnifique.

Il était 19h27 maintenant. Je n’avais pas vu le temps passer. Si mon père ne me voyait pas avant vingt heures moins le quart, c’était sûr qu’il allait devenir fou, lui qui d’habitude, ne perd jamais son sang-froid.

Alors on se verra peut-être demain ! Là il faut que je rentre ou mon père va se faire un sang d’encre.

Tu n’y arriveras jamais avant huit heures. Surtout s’il fait aussi noir, affirma-t-il.

Eh ! Ce n’est pas vrai ! (pause) Bon d’accord, peut-être un peu…

Il se leva et se remit à me tenir.

Ça ne veut pas dire que je t’ai autorisé à me transporter ! poursuivis-je.

Tu ne veux pas parvenir vite et entière chez toi ? Tu sais que tu es énervant parfois. Oui, je sais !

Nous arrivâmes près de la maison et il me relâcha.

On se voit demain ! me lança-t-il. A demain !

En arrivant à l’intérieur de la maison, je ne fus pas accueillie très chaleureusement. Mon père était assis sur une chaise et lisait le journal.

Bonsoir papa, bredouillais-je. Bonsoir.

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Excuse-moi d’être arrivée aussi tard, mais, j’étais dans le jardin et je me suis… assoupie… endormie plutôt…

Il fallait bien que j’invente quelque chose !

Tu t’es endormie ou tu étais avec le voisin ? Mais qu’est-ce que tu racontes ?

Comment pouvait-il être au courant de quoi que ce soit concernant ma vie privée ? Ma vie tout-court puis ce qu’il ne s’est presque jamais occupé de ce que je faisais.

Je ne raconte rien du tout ! Réponds-moi ! Je me suis assoupie ! Pourquoi tu me dis ça ? Tout à l’heure, une fille de ton lycée a affirmé t’avoir

vue avec lui ! Une certaine Emma.

J’aurais dû m’en douter. Il n’y avait qu’elle pour vouloir semer la mésentente entre lui et moi. Elle avait dû passer par là par hasard.

Et toi, tu la crois ? Tu veux bien croire une parfaite inconnue, mais pas ta propre fille ! Mais qu’est-ce qui se passe dans ta tête ?

Ne me parle pas comme ça ! Je te parle comme je veux ! Je suis ton père je te signale ! Avec ce que tu viens de me faire, je me demande si je

dois encore te considérer comme mon père ! File dans ta chambre ! C’est ce que je comptais faire !

Je montai dans ma chambre, impétueuse, et m’y enfermai.

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Le lendemain je me suis levée vers huit heures et j’ai pris presque une heure et demie à me préparer. A 9h45, je sortais de chez moi. Jason m’attendait devant chez lui. Il se dirigea vers moi après m’avoir aperçue.

Bonjour ! me dit-il. Bonjour ! Tu as déjà déjeuné ? Oui, ne t’inquiète pas pour moi. Dans ce cas, es-tu déjà allée en haut de la Tour Eiffel ? Non jamais. Alors, que dirais-tu d’aller la visiter aujourd’hui ? Pourquoi pas. Attends ici, je vais chercher mon porte-

monnaie. Pourquoi ? C’est payant, non ? Je t’invite. Mais non, ce n’est pas la peine. Si, si, j’insiste ! Non… Que puis-je te dire pour te convaincre de t’inviter ? Rien du tout. Tu es sûre ?

Il me regarda interminablement avec intensité. Tellement longtemps que je fini par acquiescer.

D’accord. J’accepte.

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Très bien. Cela fait, on prendra le métro et ensuite, on ira sur la Seine. On sera peut-être revenus pour midi, mais sinon, je connais un bon restaurant pas loin.

S’il faut dépenser encore plus, autant que j’aille chercher de la monnaie !

Il me regarda sérieusement.

D’accord, poursuivis-je. Tu es vraiment têtue ! Faudra-t-il toujours que j’insiste à

ce point quand je voudrais t’inviter ?

Cela insinuait qu’il y aurait une prochaine fois.

Peut-être… On y va ? Euh… Oui, bien-sûr.

Nous nous dirigeâmes vers la station la plus proche. J’avais la tête ailleurs à l’intérieur du métro. J’avais l’impression d’avoir oublié quelque chose. J’entendis la voix annonçant : « Champ de Mars – Tour Eiffel » Nous allâmes vers le Pont Neuf.

C’est le pont le plus vieux de la France. Le Pont NEUF est le pont le plus VIEUX de la France ? Quand ils l’ont baptisé ainsi, il était neuf.

Nous montâmes sur le bateau. Il y avait des sièges sur le toit. Comme la vue y était meilleure, nous allâmes dessus. Mais au bout de quelques minutes, je commençais à avoir froid. C’est à ce moment-là que je me rendis compte que j’avais oublié mon blouson. Jason ne mit pas beaucoup de temps à le remarquer d’ailleurs. Il posa son manteau sur mes épaules. Nous allions

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passer sous un de ces nombreux viaducs quand il me dit : « Nous passons sous le pont des vœux. On dit que si l’on passe dessous en faisant un vœu et en embrassant son conjoint ou sa conjointe, ce vœu se réalise. » J’ai failli rougir à ce moment précis – à moins que je ne l’ai fait ? Peu après – d’après moi, car, je ne faisais pas vraiment attention à… tout en fait – nous passions près d’un pont où de nombreux cadenas y étaient accrochés.

Tu te demandes pourquoi autant de cadenas sont accrochés sur ce pont.

C’était une affirmation.

Exact. Je ne me rappelle pas trop comment il se nomme, mais,

je sais que tous les couples passant dessus y accroche un cadenas et jette la clé dans l’eau. C’est synonyme d’un amour infini.

Comment tu sais tout ça ? J’ai fait un exposé dessus.

Il me semble qu’ensuite, nous avions faits demi-tour. Après être descendus, nous nous dirigeâmes vers la Tour Eiffel. Il était presque 11 heures et quart. Nous avions pris l’ascenseur pour monter au 2ème étage. Mais une bien mauvaise surprise nous attendait en haut. J’eus l’horrible stupéfaction de rencontrer Emma. Ce qui m’inquiétait, c’est que Jason s’était absenté pour traiter un coup de fil entre-temps. Après qu’il se soit éloigné, cette peste d’Emma se mit à me parler :

Encore toi ?

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Oui c’est moi. Y’as un souci ? Ouais et c’est toi ! Ah bon ? J’aurai pu parier que ton problème à toi,

c’était ta tête !

Il arriva et dit :

Bon, Emma, on va y aller alors on se voit demain au lycée !

Au revoir Jason !

Après qu’elle soit partie, j’eus la mauvaise idée de m’approcher du balcon. Je fus comme figée sur place. J’avais le vertige.

Nathalie ça va ? N…n…non !

Il m’éloigna du balcon et m’assit sur un banc non loin. Il se mit à genoux sur le sol en face de moi.

Nathalie ? Tout va bien ? N…non…

Il jeta un coup d’œil vers le balcon.

Tu as le vertige, c’est ça ?

J’acquiesçai, les yeux dans le vague.

Regarde-moi, dit-il. Reste calme, d’accord. Il ne s’est rien passé.

J’inspirai un bon coup et me relevai.

Tu veux qu’on descende ? me demanda-t-il.

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Pas question ! Je ne te comprends vraiment pas. Ne t’inquiète pas ! La plupart des personnes que je

connais ne me comprennent pas non plus. On monte ? Bien-sûr.

Nous nous dirigeâmes vers un des ascenseurs. La vue était magnifique du 3ème étage. Bien que je ne regardais que devant moi. On pouvait voir presque tout Paris. Le mieux dans tout cela, c’était que je me trouvais avec lui. Nous restâmes près de 15 minutes en haut et nous redescendîmes. Après cela, nous nous dirigeâmes vers le restaurant dont il m’avait parlé quelques heures avant. En à peu près 10 minutes, nous arrivâmes devant un restaurant s’appelant «Flam’s ». Il y avait des tables au fond et sur la terrasse, mais nous, nous avions pris l’escalier qui menait en bas. C’était vraiment grand. Il n’y avait que très peu de personnes assises dans la salle. Nous nous étions assis dans le fond, là où il n’y avait personne. Le serveur arriva en quelques minutes. Jason lui avait dit quelque chose mais je n’avais pas entendu. Il partit et revint en 2 minutes avec 2 plats à la main. « La spécialité de la maison. » C’était une spécialité alsacienne du nom de « Flam ». Celle-ci était aux lardons et aux champignons de Paris accompagnée d’une salade. En tout cas c’était délicieux. Ils en faisaient aussi des sucrées : le dessert étant donc une Flam à l’ananas et à la banane.

Tu viens souvent ici ? lui demandais-je. Oui. Très souvent et depuis très longtemps.

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Je comprends pourquoi. C’est vraiment délicieux.

Les plats terminés, Nous nous levâmes pour partir. Mais arrivant en haut, je me rendit compte qu’il n’avait pas demandé la note.

Tu ne payes pas ? lui demandais-je. J’ai fait un pari avec le proprio et j’ai gagné. Du coup, je

ne paye pas pendant deux semaines entières. Tu connais le propriétaire ? Oui, c’est un ami de la famille. Ah, d’accord !

Nous reprîmes le métro. Arrivé devant chez moi, je l’invitai à rentrer.

Tu veux quelque chose à boire ? Non, ça ira.

Il fixait l’escalier. Je ne savais pas s’il voulait monter ou s’il pensait à ce qui s’était passé 4 jours plus tôt. Il avait l’air troublé, pensif, préoccupé. Je me demandais ce qui pouvait le mettre dans cet état-là. Je lui demandai donc :

Tu aimerais monter ? Si tu veux.

Ce que j’avais oublié, c’est que mon père était toujours à la maison. Je lui avais dit que j’allais chez une amie. Alors quand il a ouvert la porte, je ne pouvais rien faire d’autre que d’emmener Jason dans le bureau.

Pourquoi tu m’as poussé ici ?me demanda-t-il. Mon père m’avait demandé de faire une course pour lui

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J’entendis mon père arriver près du bureau.

Nathalie ? C’est toi ?

J’avais peur que mon père pense à aller sur le balcon. Je ne pouvais pas l’emmener dans la chambre. Il ne pouvait pas voir tout ce qui était dans ma chambre ! La plupart de mes murs étaient tapissés de portrait de lui que j’avais moi-même dessinés ; j’avais « artistiquement » écrit son prénom sur des feuilles que j’avais laissées traîner sur mon bureau ; des partitions et paroles que j’avais écrites pour lui. Et le pire, c’est que j’avais laissé mon journal traîner sur le lit, et en plus, je l’avais laissé ouvert

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