2
OPÉRATION « RENVOYÉ SPECIAL » À L’ÉCOLE PASCAL K. Ramondy (HG) & F. Chiffaut (Documentation) Le 22 mars 2017, nous avons eu le plaisir de recevoir Mme Mariam Mana, journaliste exilée en France suite à des menaces sérieuses émises à son encontre dans son pays, l’Afghanistan. Dans le cadre de l’opération Renvoyé Spécial, menée conjointement par la Maison des Journalistes et le CLEMI, nos élèves de 2nde Section euro ont eu la chance de rencontrer Mme Mana. Les échanges, en anglais, se sont révélés riches et extrêmement touchants. La Liberté de la presse, une liberté à conquérir Mme Mana a pris le temps de nous présenter son pays dans sa diversité ethnique, linguistique et géographique. Elle a également souligné l’importance des régimes politiques en place au regard de la liberté de la presse. L’Afghanistan est 120ème dans le classement mondial de la liberté de la presse établi en 2016 par Reporters Sans Frontières. Les groupes de presse afghans, bien que nombreux, dépendent financièrement de chefs de clan, de partis politiques ou de groupes privés et cela met gravement en péril leur indépendance. En outre, les journalistes ne sont pas formés correctement à leur métier. Ils pratiquent une sorte de journalisme jaune ou yellow journalism, expression désignant un journalisme non professionnel et sans éthique. La situation de la France est considérée comme « plutôt bonne » (et non « bonne », comme c’est le cas de pays tels que l’Allemagne ou la Suède)) car le monopole des outils de l’information par certains grands groupes nuit à la liberté de parole des journalistes. Néanmoins, nos journalistes occidentaux, eux, ne sont pas exposés à des dangers de mort, comme l’a été Mme Mana lorsqu’elle a dénoncé dans un article la corruption régnant en Afghanistan. Evoquer le nom d’un personnage haut placé du pouvoir lui a valu lettres de menaces, puis agressions physiques. Le choix difficile de l’exil Choquée, elle a finalement décidé de s’exiler pour ne pas risquer sa vie. Sélectionnée dans le cadre d’un programme de résidence artistique (ces programmes permettent à des créateurs de séjourner quelques semaines/mois dans un pays étranger pour développer un projet artistique), elle a été accueillie en 2015 à Paris. Le programme touchant à sa fin, elle n’a eu d’autres choix que de demander l’asile politique en France, qui lui a été accordé. Des perspectives d’avenir en France La France fut un vrai choix pour elle. Les Etats- Unis, ou un autre pays européens, auraient été des destinations possibles, mais depuis son adolescence et sa lecture des Misérables de Victor Hugo en particulier, elle éprouve une attirance pour la culture française qui ne s’est pas démentie. Bien sûr, s’habituer à un nouveau mode de vie, s’installer dans une ville et un pays inconnus, apprendre une nouvelle langue, le français, est un véritable défi à relever. Mais la liberté qu’elle éprouve en tant que citoyenne est inestimable. Dans les rues de Kaboul, une femme seule se fera insulter maintes fois dans la même journée, et si le harcèlement existe à Paris, il est loin, très loin d’être aussi oppressant ! Mme Mana continue d’écrire des articles sur la situation des femmes en Afghanistan et la vie des réfugiés afghans en France sur des médias en ligne afghans. Elle a également monté une association, Regards différents, ayant pour but de rapprocher artistes afghans et français... Les élèves ont été touchés par son parcours de femme et de journaliste, par son courage et sa faculté de rebondir. Mais au-delà de ça, ils ont été choqués d’entendre qu’un gouvernement puisse exercer de telles pressions sur les citoyens et en particulier sur les journalistes dont le rôle d’information est la pierre angulaire d’un système démocratique quel qu’il soit.

OPÉRATION « RENVOYÉ SPECIAL » À L’ÉCOLE PASCAL...aujourd’hui dans la société ? « Son rôle est de nous raconter ce qui se passe dans le monde, et de nous donner, pourquoi

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: OPÉRATION « RENVOYÉ SPECIAL » À L’ÉCOLE PASCAL...aujourd’hui dans la société ? « Son rôle est de nous raconter ce qui se passe dans le monde, et de nous donner, pourquoi

OPÉRATION « RENVOYÉ SPECIAL » À L’ÉCOLE PASCALK. Ramondy (HG) & F. Chiffaut (Documentation)

Le 22 mars 2017, nous avons eu le plaisir derecevoir Mme Mariam Mana, journaliste exiléeen France suite à des menaces sérieuses émises àson encontre dans son pays, l’Afghanistan.

Dans le cadre de l’opération Renvoyé Spécial,menée conjointement par la Maison desJournalistes et le CLEMI, nos élèves de 2ndeSection euro ont eu la chance de rencontrerMme Mana. Les échanges, en anglais, se sontrévélés riches et extrêmement touchants.

La Liberté de la presse, une liberté à conquérir

Mme Mana a pris le temps de nous présenterson pays dans sa diversité ethnique, linguistiqueet géographique. Elle a également soulignél’importance des régimes politiques en place auregard de la liberté de la presse. L’Afghanistanest 120ème dans le classement mondial de laliberté de la presse établi en 2016 par ReportersSans Frontières. Les groupes de presse afghans, bien quenombreux, dépendent financièrement de chefsde clan, de partis politiques ou de groupes privéset cela met gravement en péril leurindépendance. En outre, les journalistes ne sontpas formés correctement à leur métier. Ilspratiquent une sorte de journalisme jaune ouyellow journalism, expression désignant unjournalisme non professionnel et sans éthique.La situation de la France est considérée comme« plutôt bonne » (et non « bonne », comme c’estle cas de pays tels que l’Allemagne ou la Suède))car le monopole des outils de l’information parcertains grands groupes nuit à la liberté deparole des journalistes.

Néanmoins, nos journalistes occidentaux, eux,ne sont pas exposés à des dangers de mort,comme l’a été Mme Mana lorsqu’elle a dénoncédans un article la corruption régnant enAfghanistan. Evoquer le nom d’un personnagehaut placé du pouvoir lui a valu lettres demenaces, puis agressions physiques.

Le choix difficile de l’exil

Choquée, elle a finalement décidé de s’exilerpour ne pas risquer sa vie. Sélectionnée dans lecadre d’un programme de résidence artistique(ces programmes permettent à des créateurs deséjourner quelques semaines/mois dans un paysétranger pour développer un projet artistique),elle a été accueillie en 2015 à Paris. Leprogramme touchant à sa fin, elle n’a eu d’autreschoix que de demander l’asile politique enFrance, qui lui a été accordé.

Des perspectives d’avenir en France

La France fut un vrai choix pour elle. Les Etats-Unis, ou un autre pays européens, auraient étédes destinations possibles, mais depuis sonadolescence et sa lecture des Misérables deVictor Hugo en particulier, elle éprouve uneattirance pour la culture française qui ne s’estpas démentie. Bien sûr, s’habituer à un nouveaumode de vie, s’installer dans une ville et un paysinconnus, apprendre une nouvelle langue, lefrançais, est un véritable défi à relever. Mais laliberté qu’elle éprouve en tant que citoyenne estinestimable. Dans les rues de Kaboul, unefemme seule se fera insulter maintes fois dans lamême journée, et si le harcèlement existe àParis, il est loin, très loin d’être aussioppressant !Mme Mana continue d’écrire des articles sur lasituation des femmes en Afghanistan et la viedes réfugiés afghans en France sur des médiasen ligne afghans. Elle a également monté uneassociation, Regards différents, ayant pour butde rapprocher artistes afghans et français...

Les élèves ont été touchés par son parcours defemme et de journaliste, par son courage et safaculté de rebondir. Mais au-delà de ça, ils ontété choqués d’entendre qu’un gouvernementpuisse exercer de telles pressions sur les citoyenset en particulier sur les journalistes dont le rôled’information est la pierre angulaire d’unsystème démocratique quel qu’il soit.

Page 2: OPÉRATION « RENVOYÉ SPECIAL » À L’ÉCOLE PASCAL...aujourd’hui dans la société ? « Son rôle est de nous raconter ce qui se passe dans le monde, et de nous donner, pourquoi

OPÉRATION « RENVOYÉ SPECIAL » À L’ÉCOLE PASCALK. Ramondy (HG) & F. Chiffaut (Documentation)

Florilège de réactions d’élèves, en réponse auxquestions ci-dessous :

Qu’est-ce qui vous a frappé dans cetémoignage ?

« Le passé difficile de cette femme, et de voir quec’est une personne très courageuse et forte. Cequ’elle a vécu était très difficile, traumatisant,mais elle a continué et n’a pas renoncé. C’est unexemple de tenacité. »

« Le danger pour une femme journalisted’habiter en Afghanistan : Mariam s’est faiteagressée verbalement mais aussi physiquementsimplement à cause de ses articles. »

« Le récit de l’explosion qui a eu lieu dans lethéâtre. »

« L’inégalité entre hommes et femmes danscertains pays du monde. »

D’après vous, quel est le rôle du journalisteaujourd’hui dans la société ?

« Son rôle est de nous raconter ce qui se passedans le monde, et de nous donner, pourquoi pas,son avis. »

« Le rôle d’un journaliste est de diffuser desinformations qui permettent au monde de resterconnecté à l’actualité. »

« Ils nous montrent notre société sous tous lesangles et ne doivent pas se restreindre sur lessujets et les opinions. »

« Aujourd’hui, le rôle du journaliste estprimordial. Le gouvernement a le pouvoir et peuttout bouleverser.. les journalistes peuventinfluencer les opinions de la population. »

« Le rôle d’un journaliste, à mon avis, est dechercher des informations et de les exposer au

public quelle que soit leur nature ou leur cible. »« De décrire la vérité politique et économique,d’apporter des points de vue originaux, et demontrer aux lecteurs les différents aspects dumonde. »

Qu’est-ce que vous aimeriez dire auxjournalistes exilés ?

« Continuez, ne vous arrêtez jamais malgré lesinsultes et les menaces. »

« J’admire votre courage et votre persistance,continuez ce métier qui est génial et quej’apprécie beaucoup, s’il vous plaît. »

« Je voudrais leur dire que je suis impressionnépar leur courage dans le but d’améliorer leschoses. »

« Ils sont très courageux et je leur souhaitebonne chance pour leur intégration dans leurnouveau pays. »

« Malgré vos difficultés quotidiennes, continuezà pratiquer votre métier ! »

« Je voudrais leur dire que s’ils ont été forcés des’exiler, c’est parce que des gens ont peur d’eux.Ils doivent être fier malgré les menaces et lesattaques. Ce sont des exemples de courage. »

« BRAVO, CONTINUEZ AINSI, VOTRE TRAVAIL ESTFORMIDABLE ! »

Avec tous nos remerciements les plus sincères àMme Mariam Mana, à la Maison desJournalistes, au CLEMI, et Presstalis.