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Orchestre Philharmonique de Radio France Si l’Orchestre m’était conté Antonio Vivaldi / Astor Piazzolla Les Saisons Nancy Huston auteur et récitante Svetlin Roussev violon et direction Dossier de préparation au concert du 7 mars 2o14 Ambassadeurs de l’UNICEF © Jean-François Leclercq © Svetlin Roussev

Orchestre Philharmonique de Radio France

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Orchestre Philharmonique de Radio France

Si l’Orchestre m’était conté

Antonio Vivaldi / Astor PiazzollaLes Saisons

Nancy Huston auteur et récitante Svetlin Roussev violon et direction

Dossier de préparation au concert du 7 mars 2o14

Ambassadeurs de l’UNICEF

Ambassadeurs de l’UNICEF

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Si l’Orchestre m’était conté Les Saisons

Vivaldi / Piazzolla

Concert du 7 mars 2014

15h30 – Salle Pleyel

Nancy Huston, auteur et récitante

Svetlin Roussev, violon et direction Orchestre Philharmonique de Radio France

Concert réservé aux classes de CM1-CM2-6e-5e

En coproduction avec France Culture. Date de diffusion à venir.

Ce concert sera également diffusé sur France Musique

Orchestre Philharmonique de Radio France Programme pédagogique

Cécile Kauffmann-Nègre, responsable

Tél. 01 56 40 34 92, [email protected]

Myriam Zanutto, professeur-relais de l’Education nationale Tél. 01 56 40 36 53, [email protected]

Floriane Gauffre, chargée des relations avec les publics

Tél. 01 56 40 35 63, [email protected]

Pièce 10424 116, avenue du Président Kennedy

75220 Paris Cedex 16

Page 3: Orchestre Philharmonique de Radio France

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Venir au concert

Accueil des classes à partir de 14h45

Durée estimée : environ 1h

A votre arrivée,

présentez-vous au guichet pour retirer vos billets et votre facture.

Lors du placement, veillez à répartir les accompagnateurs au milieu des élèves pour un encadrement efficace.

Rappelez à vos élèves la nécessité d’une attention soutenue,

tant pour la qualité de leur écoute que pour le respect des musiciens.

Page 4: Orchestre Philharmonique de Radio France

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Sommaire

Les deux œuvres p. 5 I. Le Quattro Stagioni, Antonio Vivaldi A. Il Cimento dell’ harmonia e dell’ invenzione B. Qu’est-ce qu’un concerto ? II. Las Cuatro Estaciones Porteñas, Astor Piazzolla

Musique à programme ou musique descriptive ? p. 7

I. Vivaldi, Les Quatre Saisons : une musique à programme A. Principe de l’œuvre B. Correspondances texte/musique – Activités pédagogiques

II. Piazzolla, Les Quatre Saisons de Buenos Aires : une musique descriptive A. A chacun son interprétation B. Quatre saisons. Quatre tangos

1. A propos du tango

a. Origines b. Caractéristiques musicales

2. Quatre saisons, quatre atmosphères a. “ Verano Porteño”- L’Eté de Buenos Aires b. “Otoño Porteño” - L’Automne de Buenos Aires c. “Primavera Porteña” - Le Printemps de Buenos Aires d. “Invierno Porteño” - L’Hiver de Buenos Aires

Ce que vous allez entendre au concert p.16

I. L’effectif instrumental II. Le déroulement du concert III. Le regard de nos artistes sur cette création

A. Svetlin Roussev B. Nancy Huston

Contextes… p. 20

I. Vivaldi A. Musical B. Scientifique C. Littéraire D. Historique et politique

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II. Piazzolla

A. Historique, économique, social B. Musical C. Pictural D. Littéraire

Musique populaire et musique savante p. 25 I. Vivaldi : musique savante II. Piazzolla : musique populaire et savante

A. Un environnement musical hétérogène B. « La grande révélation de ma vie » C. Le bandonéon

Deux modernistes p. 29

I. Vivaldi A. Le concerto de soliste B. L’écriture pour violon : virtuosité et expression C. Toutes sortes de concertos, pour tous les instruments !

II. Piazzolla A. Le style Piazzolla

1. L’écriture

2. Le rythme B. Le « tango nuevo » C. Pourquoi tant de passion ?

Sources et prolongements : bibliographie, sitographie, discographie p. 33 Annexes Annexe 1 : Les sonnets accompagnant la partition p. 36 Annexe 2 : Idées d’exploitations pédagogiques p. 37 Annexe 3 : Les thèmes de la musique descriptive et leurs compositeurs p. 39 Annexe 4 : Vivaldi en quelques dates p. 40 Annexe 5 : Piazzolla en quelques dates p. 41 Le concert p. 42 Svetlin Roussev, violon et direction Nancy Houston, auteur et récitante Orchestre Philharmonique de Radio France Des livres, disques et DVD pour mieux connaître p. 45 l’Orchestre Philharmonique de Radio France Ce dossier a été réalisé par Myriam Zanutto

Page 6: Orchestre Philharmonique de Radio France

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Les deux œuvres

Les Quatre Saisons de Vivaldi comptent parmi les œuvres les plus populaires de la musique classique. Dans les années 60, Astor Piazzolla compose Les Quatre Saisons Portègnes1 – que l’on peut aussi nommer Les Quatre Saisons de Buenos Aires. Deux siècles et demi séparent ces œuvres.

I. Le Quattro Stagioni (Les Quatre Saisons), Antonio

Vivaldi (1678-1741)

A. Il Cimento dell’ harmonia e dell’ invenzione (opus 8, 1725) Les Quatre Saisons sont tellement populaires et ancrées dans notre “inconscient musical collectif” que nous employons ce titre comme s’il ne désignait qu’une seule œuvre. Il s’agit en réalité des quatre premiers concertos pour violon d’un recueil qui en comporte douze. Ce recueil s’intitule Il Cimento dell’ harmonia e dell’ invenzione, ce qui signifie en français “Le combat2 entre l’harmonie et l’invention”. Ce titre résume presque à lui seul le paradoxe baroque : confrontation entre raison (symbolisée ici par l’harmonie) et imagination, entre technique et inspiration, cadres formels et inventivité, à laquelle se frottent tous les artistes de cette époque.

1 portègne : adjectif dérivé de Porteño. Un Porteño est un habitant de Buenos Aires. 2 ou encore : la lutte, le duel

Concerto n°1: « Primavera » - Le Printemps mi majeur, op.8, R. 269 Allegro Largo Allegro

Concerto n°2: « L’Estade » - L’Eté sol mineur, op.8, R. 315 Allegro non molto Adagio Presto

Concerto n°3 : « L’Autunno » - L’Automne fa majeur, op.8, R. 293 Allegro Adagio molto Allegro

Concerto n°4: « L’Inverno » - L’Hiver fa mineur, op.8, R. 297 Allegro non molto Largo Allegro

Page 7: Orchestre Philharmonique de Radio France

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B. Qu’est-ce qu’un concerto ?

Les philologues et musicologues se disputent quant à l’étymologie du terme “concerto”. Ce mot vient du latin, certes, mais de concertare, ou de conserere ? “Lutter” ou “unir” ? Ce n’est au fond pas la peine d’en venir aux mains… Les deux se justifient : les groupes instrumentaux luttent ensemble, mais finissent par s’unir au sein d’une même forme musicale. Un concerto oppose deux ou plusieurs masses instrumentales de volume inégal. Cette forme est partie du concerto grosso (un petit groupe de solistes + le “gros des forces orchestrales”) pour en arriver, avec Vivaldi, au concerto de soliste encore en vigueur aujourd’hui (un instrument soliste + un orchestre).

II. Las Cuatro Estaciones Porteñas (Les Quatre Saisons de

Buenos Aires), Astor Piazzolla (1921-1992) Entre 1965 et 1970, Astor Piazzolla compose Las Cuatro Estaciones Porteñas (“Les Quatre Saisons Portègnes” ou “Les Quatre Saisons de Buenos Aires”), pour son Quinteto Nuevo Tango (violon, piano, guitare électrique, contrebasse et bandonéon). Cette œuvre est à présent présentée comme une Suite, mais n’a pas été

conçue comme telle par Piazzolla. Il a tout d’abord composé “Verano Porteño” en 1965 (“L’été de Buenos Aires”), qui était à l’origine destinée à accompagner une pièce de théâtre3 ; ont suivi “Otoño Porteño”, 1969 (“L’automne de Buenos Aires”), “Primavera Porteña”, 1970 (“Le printemps de Buenos Aires”) et enfin “Invierno Porteño”, 1970 (“L’hiver de Buenos Aires”). Cet ordre n’est pas immuable : les pièces peuvent être interverties, ou jouées séparément.

3 Une pièce du dramaturge et comédien argentin Alberto Rodriguez Muñoz.

“Verano Porteño” “L’été de Buenos Aires” “Otoño Porteño” “L’automne de Buenos Aires” “Primavera Porteña” “Le printemps de Buenos Aires” “Invierno Porteño” “L’hiver de Buenos Aires”

Page 8: Orchestre Philharmonique de Radio France

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Musique à programme ou musique descriptive ?

La musique descriptive s’attache à évoquer – ou parfois imiter – des phénomènes naturels, des événements, des personnages, des lieux ; elle renvoie à un élément extramusical. On l’oppose à la musique “pure” qui, elle, ne contient aucune référence extramusicale.

La musique à programme dépasse la seule inspiration descriptive en ceci qu’elle implique une histoire, une évolution dans le temps. Camille Saint-Saëns, en composant “Poules et Coqs” (extrait du Carnaval des Animaux) n’a pas cherché à évoquer musicalement l’évolution de l’apparence de la poule (ses premières rides, le ternissement de sa crête, etc.) au cours de sa vie, ni ses états d’âmes face à la complexité de ses rapports avec le représentant mâle de la basse-cour… Maurice Ravel, dans ses Jeux d’eau, s’inspire « du bruit de l'eau et des sons musicaux que font entendre les jets d'eau, les cascades et les ruisseaux », mais ne raconte aucune histoire.

I. Vivaldi, Les Quatre Saisons : une musique à programme

A. Principe de l’œuvre

Le principe des Quatre Saisons est simple : un concerto, une saison. Nos quatre concertos de Vivaldi s’inscrivent bien dans le domaine de la musique à programme puisque le compositeur s’applique à nous décrire musicalement l’évolution du cycle des saisons. Il s’appuie pour cela sur un support littéraire - quatre sonnets – dont on ignore s’il en est ou non l’auteur. La partition de chaque saison (de chaque concerto) est précédée du sonnet correspondant, dont la quasi intégralité des vers est reportée sur les parties instrumentales (au-dessus des notes de musique).

B. Correspondances texte/musique

NB : Les indications de minutage correspondent à l’enregistrement de l’Academy of St

Martin in the Fields, dir. Neuville Mariner, violon Alan Loveday, disponible gratuitement sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=ByZx6oBd4yA

Page 9: Orchestre Philharmonique de Radio France

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VIVALDI - Concerto n°1 : “Primavera” - Le Printemps

Mouvements Texte du sonnet (en italien)

Texte du sonnet (traduction française)

Correspondances musicales

1er mouvement Allegro mesure : 4 temps (4/4)

Giunt’è la Primavera e festosetti La salutan gl’augei con lieto canto, E i fonti allo Spirar de’zeffiretti Con dolce mormorio Scorrono intanto; Vengon’ coprendo l’aer di nero amanto E Lampi, e tuoni ad annunziarla eletti Indi tacendo questi, gli August Tornan di nuovo al lor canoro incanto.

Voici le Printemps, Que les oiseaux saluent d’un chant joyeux. Et les fontaines, au souffle des zéphyrs, Jaillissent en un doux murmure. Ils viennent, couvrant l’air d’un manteau noir, Le tonnerre et l’éclair messagers de l’orage. Enfin, le calme revenu, les oisillons Reprennent leur chant mélodieux.

A Ritournelle/refrain au tutti : thème joyeux et serein ; tonalité majeure (mi M) ; registre aigu ; nuance forte ; thème joué 2 fois (la 2de en écho, nuance piano) B Solo 1 : Canon entre violon soliste et violons 1 et 2. Trilles, registre très aigu, rythme rapide en doubles croches. C Tutti : broderies répétées, nuance piano, registre médium, souffle très doux. D Tutti : nuance forte, trémolos dans le grave, rythme très rapide (triple croches), gammes ascendantes Solo 2 : triolets rapides en arpèges (triples croches aussi) ; le tutti, menaçant, ponctue en trémolos quand le soliste se tait. E. Solo 3 : notes répétées (stabilité) suivie d’une gamme chromatique ascendante, trilles ; tonalité mineure, nuance piano. Canon avec les violons 1.

* tutti : l’orchestre dans sa totalité

Activités

Musique : relever les correspondances texte/musique ; chanter le thème ; frapper le rythme caractéristique (croche deux doubles) ; acquérir le vocabulaire spécifique. Français : à l’aide du dictionnaire, trouver la signification du mot “zéphyr” (situer dans le temps ; effectuer une recherche afin de pouvoir raconter un épisode mythologique dans lequel il apparaît) ; relever tous les mots relevant de la saison du printemps ; découper temporellement le sonnet (3 moments) et trouver l’adverbe indiquant que tout revient “à la normale”. Arts visuels et Histoire des arts : effectuer des recherches sur les représentations iconographiques de Zéphyr et les comparer. Géographie : savoir situer l’Italie et la Grèce.

VIVALDI - Concerto n°2 : “L’Estade” - L’Eté

Mouvements Texte du sonnet (en italien)

Texte du sonnet (traduction française)

Correspondances musicales

3e mouvement Presto mesure : 3 temps (3/4)

Ah che pur troppo i Suo timor Son veri Tuona e fulmina (il Ciel e grandioso Tronca il capo alle Spiche e a’ grani alteri.) NB : ne sont reportés sur la partition que les mots en gras.

Ah, ses craintes n’étaient que trop vraies, Le ciel tonne et fulmine (et la grêle Coupe les têtes des épis et des tiges.) NB : ne sont reportés sur la partition que les vers en gras.

Tutti : thème impétueux, registre grave, tonalité mineure (sol m), nuance forte. Trémolos rageurs (précédés d’un saut d’8ve inférieure). Caractère renforcé par l’unisson du tutti (toutes les cordes jouent les mêmes notes).

Page 10: Orchestre Philharmonique de Radio France

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VIVALDI - Concerto n°3 : “L’Autunno” - L’Automne

Mouvements Texte du sonnet (en italien)

Texte du sonnet (traduction française)

Correspondances musicales

1er mouvement Allegro mesure : 4 temps (4/4)

Celebra il Vilanel con balli e Canti Del felice raccolto il bel piacere E del liquor de Bacco accesi tanti Finiscono col Sonno il lor godere.

Par des chants et par des danses, Le paysan célèbre l’heureuse récolte Et la liqueur de Bacchus Conclut la joie par le sommeil.

A. Tutti : thème très joyeux, vif, entraînant ; registre aigu ; tonalité majeure (fa M) ; nuance forte ; thèmes joué 2 fois (la 2de en écho, nuance piano). Solo : plusieurs moments illustrant les différents états de l’ébriété. - arpèges descendants et ascendants → euphorie (à 1mn 02sec); - gammes descendantes encore plus rapides (triples croches) → chutes ? (à 1mn 10sec) - entrecoupé de moments où le violon se fait plaintif, rythme plus lent (croches), tonalité mineure → attendrissement, épanchements affectifs ? (à 1mn 28 sec). - notes en contretemps (le temps fort est marqué par le violoncelle et clavecin), un peu incertaines → démarche titubante ? élocution difficile ? (à 1mn 55sec) - Tempo ralenti, rythme lent (notes tenues) ; tonalité mineure ; nuance piano ; intervalles disjoints → bâillements ? (à 3mn 26sec) - longues notes tenues en descente chromatique ; nuance pianissimo → lutte vaine contre le sommeil, qui se profile... inexorablement… (à 4mn 07sec) - note tenue pendant 20 temps → le sommeil est là (à 4mn 22sec) - Tutti : soudain, reprise du thème initial, de son tempo vif, de sa nuance forte → l’ivrogne se réveille-t-il brusquement pour continuer la fête ou bien l’attention se reporte-t-elle sur les autres villageois, alors qu’il dort d’un sommeil pesant ? (à 4mn 46sec)

Activités

Musique : relever les correspondances texte/musique ; chanter le thème, en réalisant un travail d’interprétation sur l’effet d’écho (forte/piano) ; frapper le rythme caractéristique (croche deux doubles) et faire le rapprochement avec celui du 1er mouvement du Printemps ; acquérir le vocabulaire spécifique. Français : chercher la signification du mot “Bacchus” (être capable de raconter un épisode mythologique dans lequel il apparaît) et trouver son correspondant grec ; relever le vocabulaire illustrant la saison de l’automne ; travailler sur le vocabulaire exprimant l’état d’ébriété, puis essayer de placer les mots sur la musique (ou l’inverse, commencer par écouter, réfléchir au vocabulaire). Arts visuels et Histoire des arts : effectuer des recherches sur les représentations iconographiques de Bacchus. Histoire et géographie : les mythes antiques ont-ils perduré après la christianisation du monde gallo-romain ? Sciences expérimentales et technologie : pourquoi de nombreuses récoltes s’effectuent-elles en automne ?

Page 11: Orchestre Philharmonique de Radio France

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VIVALDI - Concerto n°4 : “L’Inverno” - L’Hiver

Mouvements Texte du sonnet (en italien)

Texte du sonnet (traduction française)

Correspondances musicales

1er mouvement Allegro non molto mesure : 4 temps (4/4)

Aggiacciato tremar trà nevi algenti Al Severo Spirar d’orrido Vento, Correr battendo i piedi ogni momento; E pel Soverchio gel batter i denti;

Trembler violemment dans la neige étincelante, Au souffle rude d’un vent terrible, Courir, taper des pieds à tout moment Et, dans l’excessive froidure, claquer des dents;

A. Tutti : entrée en canon (fuguée) ; notes répétées avec un petit trille sur chaque ; tonalité mineure (fa m) → frissons. Petits sauts pour se réchauffer ? B. Solo 1 : arpèges suivis de gammes descendantes sur un rythme rapide (triples croches) → bourrasques de vent glacial. C. Tutti : trémolos (à 4mn 22sec) → course, sauts sur place. D. Tutti + violon solo (en doubles cordes) : trémolos (en triples croches) et dans l’extrême aigu, âpres malgré la nuance piano → claquements de dents.

Activités

Musique : relever les correspondances texte/musique ; percevoir l’écriture fuguée ; repérer les différents effets de l’écriture violonistique (tremolos, trilles...) ; acquérir le vocabulaire spécifique. Français : relever les adverbes et adjectifs qui renforcent la sensation de froid ; rédiger un petit récit sur le même modèle, exprimant cette fois-ci la chaleur pesante de l’été.

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II. Piazzolla, Les Quatre Saisons de Buenos Aires : une musique descriptive

A. A Chacun son interprétation

Une œuvre descriptive peut imiter un phénomène sonore (chant d’oiseau, scène de chasse, scène de guerre…). Mais imposer l’imitation acoustique comme principe musical serait trop restrictif. Nous pouvons aussi décrire musicalement un phénomène silencieux (comme le fait Debussy avec ses Nuages) ou même une idée. Un propos peut à la fois être descriptif et abstrait.

Les Quatre Saisons de Buenos Aires n’est pas une œuvre qui imite –d’ailleurs, comment “imiter” une ville ? Il s’agirait plutôt d’une évocation des différentes atmosphères de la capitale argentine en fonction des différentes saisons. Ou peut-être Piazzolla nous donne-t-il à entendre sa lecture, son ressenti face à sa capitale, en fonction de la manière dont il vit les saisons.

Peut-être encore a-t-il voulu jouer sur la notion de climat : climat atmosphérique, climat urbain... Nous pourrions pousser jusqu’à climat social, en le reliant au contexte historique mouvementé qui régnait à Buenos Aires dans les années 60.

A la lecture du titre, nous pourrions aussi penser que Piazzolla nous propose une version tango des concertos de Vivaldi. Un arrangement, un remix. Ou bien qu’il s’est amusé à injecter des citations des thèmes de Vivaldi à l’intérieur de ses pièces. Il n’en est rien4.

De toute façon, inutile de se perdre en conjectures diverses… Aucun argument littéraire, aucune note d’intention ne vient préciser sa démarche. Et c’est très bien ainsi !

B. Quatre saisons. Quatre tangos

1. A propos du tango

a. Origines

A partir du XIXe siècle, le port de Buenos Aires connaît une extraordinaire croissance démographique. Venues d’Europe mais aussi des provinces argentines, des foules démunies convergent vers la capitale : créoles argentins ou uruguayens, immigrés européens principalement issus du pourtour méditerranéen, gauchos de la pampa argentine.... De ce

4 Las Cuatro Estaciones porteñas ont été transcrites de nombreuses fois, pour des formations musicales très variées. Dans certains arrangements figurent des citations de thèmes de Vivaldi, non présentes dans la version originale de Piazzolla.

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métissage va naître une musique et une danse où se mélangent les rythmes du candomble africain, la milonga argentine, la habanera cubaine, le flamenco, la valse et la mazurka. Peu à peu, le tango parviendra à réaliser une alchimie entre les nostalgies, les espoirs des étrangers et ceux des hommes venus de l’intérieur du pays. Entre douleur et déracinement, il exprimera ce qui est perdu pour toujours.

Dans les années 1870, le tango se danse dans les milieux de la prostitution ainsi que dans les conventillos5 (du mot convento, couvent). Ces vastes immeubles souvent insalubres, où s’entassent les familles les plus pauvres, ont été le berceau populaire de cette musique.

b. Caractéristiques musicales

C’est le rythme qui va fédérer tous ces éléments disparates. Le tango emploie le rythme de la habanera (cf. Carmen) ; la variation de ce rythme6, avec son accentuation caractéristique 123 123 12 ; la formule du choro brésilien.

• La mesure : à 4 temps (4/4, 2/4, 4/8) • De nombreuses marches harmoniques, sur le schéma II V I, le II étant

toujours mineur (même pour moduler en majeur) et attaqué disjointement.

• Le mode mineur 2. Quatre saisons, quatre atmosphères

Parmi les points communs entre l’écriture de Piazzolla et celle de Vivaldi figurent des changements fréquents de tempo, de forts contrastes de nuances, l’emploi de la virtuosité, la présence d’unissons revigorants et, enfin, des passages lents très expressifs.

Mais – et là, nous sommes bien dans le tango – ces passages expressifs sont déchirants, poignants voire tragiques, souvent associés à une rythmique libre, une pulsation non identifiable – et là, nous sommes bien chez Piazzolla... C’est une musique théâtrale, qui exprime des sentiments exacerbés.

L’atmosphère de chacune des pièces n’est jamais franchement joyeuse, ni complètement triste, ce qui est aussi une des caractéristiques de la musique de tango : le tragique et la joie se côtoient et s’interpénètrent. Piazzolla bouscule le tango traditionnel en y incorporant de petites piques grinçantes, mordantes, parfois agressives qui font que, sur l’ensemble des quatre morceaux, nous sommes toujours sur le qui-vive.

5 En 1904, il y avait à Buenos Aires 2468 conventillos abritant 133 188 personnes, soit 14% de la population urbaine. 6 Dans le cas d’une mesure à 4 temps, le 3e temps ne sera pas marqué. S’il s’agit d’une mesure à 2 temps, c’est le 2d temps qui est muet.

Page 14: Orchestre Philharmonique de Radio France

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Certains éléments musicaux sont récurrents d’une saison à l’autre :

• de fréquents unissons

• la variation : dès qu’un thème est repris, il est présenté de façon différente.

o changement de registre : repris une octave plus haut ou plus bas (dans l’aigu ou dans le grave)

o changement d’instrument : le thème, joué au bandonéon, sera joué la seconde fois au violon. Dans le cadre d’une version pour ensemble à cordes, le thème est joué initialement par l'ensemble des cordes, puis sera repris au violon solo (ou vice versa).

o Thème ornementé : broderies, appogiatures, digressions

o le rythme du tango (123 123 12) : jamais présent d’un bout à l’autre du morceau, il apparaît par moments, de façon plus ou moins évidente.

• des effets percussifs saisissants, réalisés par les cordes qui, par moments, jouent presque le rôle d’une batterie.

NB : Les indications de minutage correspondent à l’enregistrement de Piazzolla disponible gratuitement sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=x6Jv_JrjJIY

a. “Verano Porteño” - L’Eté de Buenos Aires

Atmosphère : électrique, sombre, agressive, tendue, brusque, âpre etc. Alternance avec des passages langoureux.

ECOUTER ET REPERER

Ce qui frappe l’oreille Dans un second temps

- effets percussifs (chicharra7 + con legno). Présence d’une batterie légère. Thème au bandonéon. - de 5’14 à 6’57 : de plus en plus angoissant, grinçant, dissonant : amplification (nuance, registre) - à 7’40 partie lente : bandonéon très expressif, avec beaucoup de glissades et de rubato. Passage nostalgique. - 8’49 : aïe! - à partir de 9’29 : climat délirant, perçant (glissandi), effrayant, hypnotique.

- à 6’57, on souffle un peu (marches harmoniques) mais pas pour longtemps… - 7’10 : la tension revient, accords dissonants. - 7’40 : rythme implacable de la contrebasse (en noires) - 8’ modulation très abrupte (au ½ ton inférieur), donc perturbante. - 9’03 la contrebasse quitte ses noires pour devenir plus rythmique.

Activité : chanter le début du thème de la partie lente.

7 Chicharra (criquet) : effet percussif qui consiste à frotter les cordes du violon entre le chevalet et le cordier.

Page 15: Orchestre Philharmonique de Radio France

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b. “Otoño Porteño” - L’Automne de Buenos Aires Atmosphère : plus légère (ça swingue), mais toujours un peu grinçante (dissonances + chicharra), parfois romantique (cadences du bandonéon et du violon), plaintive (“sanglots” des passages lents).

ECOUTER ET REPERER

Ce qui frappe l’oreille Dans un second temps

- effets percussifs: chicharra au violon solo. - thème léger, avec des accents très marqués et des notes piquées. Thème qui swingue. - à 15’23 : accord dissonant au piano. - présence de deux cadences (15’36 au bandonéon et à 17’24 au violon), à la manière des concertos de la période romantique. - 15’49 partie lente intimiste - forme différente : il y a plus de 3 parties (pas seulement A B A). - 18’10 contrebasse : glissandi puis pizz.

- mélange net : influence musique savante (présence des cadences) et jazz (accompagnement très syncopé, accents). - dissonances dans les accords de l’introduction (frottement de ½ ton entre 1ers et 2ds violons) - rythme tango quasiment absent : on l’entend une fois 8 mesures (1ère fois à 15’20, avant la 1ère cadence à la contrebasse (sur pédale de la) et au piano. - forme plus complexe : intro A1 cadence B1 A2 cadence B2 Pont A3 A chaque nouvelle présentation (A2, B2 ou A3), les thèmes sont variés et/ou transposés, ou présentés à différents instruments.

Activité : travailler et refrapper le rythme de la chicharra de l’introduction

c. “Primavera Porteña” - Le Printemps de Buenos Aires Atmosphère : intense vitalité, avec quelques éléments venant “déglinguer” le tout (accords dissonants, glissandi et chicharra grinçants...).

ECOUTER ET REPERER

Ce qui frappe l’oreille Dans un second temps

- effets percussifs aux cordes : percussion sur éclisse8, col legno9, chicharra. - beaucoup de glissandi descendants : au violon (à 1’02, à 1’44...), à la contrebasse (de 2’41 à 3’) - passages en unisson (de 0’40 à 1’, à 1’46, à 3’33...) conclusif. - passages en homorythmie10 - accords perçants et dissonants (de 3’18 à 3’33) - contrastes de nuances (f, puis p) - changements de tempi

- paradoxe : printemps, mais tonalité mineure (sol m) - forme : A B A (Vif Lent Vif). 1’50 3’18 Si on compare au concerto, les 3 mouvements sont en un seul. - écriture : au début, thème entendu au violon solo, puis aux violoncelles, puis aux 1ers violons. Écriture contrapuntique (horizontale), les 3 groupes d’instruments sont très bavards. Chacun parle dans son coin, mais ce n’est pas pour autant la cacophonie (Cf définition du contrepoint selon Piazzolla dans l’encadré du chap. “Deux modernistes”, II. A. 1.) - rythme : à 0’40, quand la contrebasse entre*, c’est sur un rythme stable, en noires (Cf chap. “Deux modernistes”, II. A. 2.). Le rythme du tango apparaît enfin, aux autres instruments à cordes (sauf contrebasse et soliste). Puis on l’entend bien à la contrebasse, juste avant la partie lente. - à 1’50 partie lente : très libre, on ne peut plus battre la mesure. - contrebasse : passage pizz/arco * mélodiquement (en jouant des notes) ; avant, elle est percussive.

Activité : frapper le rythme du tango pour pouvoir le repérer ensuite dans la musique.

8 Les éclisses sont les fines planchettes de bois formant le côté de l’instrument (la tranche). 9 Col legno : frapper les cordes avec la baguette de l’archet, et non avec les crins. 10 Homorythmie : tous les instruments jouent le même rythme.

Page 16: Orchestre Philharmonique de Radio France

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d. “Invierno Porteño” - L’Hiver de Buenos Aires Atmosphère : la structure (l’architecture, la forme) “hachée” de cette pièce installe un climat instable, renforcé par une écriture très libre du violon (on dirait presque, parfois, des cadences accompagnées). Cette atmosphère s’éclaircit sur la fin du morceau, avec un clin d’œil évident à Pachelbel (son fameux Canon) et une écriture contrapuntique travaillée.

ECOUTER ET REPERER

Ce qui frappe l’oreille Dans un second temps

- alternance des tempi / alternance des parties - le thème est présenté à chaque fois à des instruments différents et dans des registres différents : à 20’13 : à l’unisson à 20’50 : au piano à 22’05 : au violoncelle à 24’15 : bandonéon + violon (tempo vif) etc. - à 25’12 : coda. Tonalité majeure (mib M) → éclaircie. Clin d’œil au Canon de Pachelbel (c’est presque une citation). La phrase de 4 mesures sera répétée 6 fois (24 mesures), à chaque fois variée. Écriture contrapuntique.

- forme rondo : alternance refrain / couplets → A1 (thème) B (1er couplet) A2 (thème) C (2e couplet) A3 D A4 E etc. - à 22’05 : piano, violon et bandonéon se taisent. Juste contrebasse + guitare.

Activité : chanter le thème du refrain. Puis, lors de l’écoute, lever le doigt lors qu’il apparaît ; chanter le thème du Canon de Pachelbel, l’écouter, puis comparer avec la fin de l’” Invierno”.

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Ce que vous allez entendre au concert

I. L’effectif instrumental

L’Orchestre Philharmonique de Radio France présentera un arrangement de Ludovic Michel, pour ensemble à cordes. L’effectif instrumental est constitué de 21 instruments, dont 20 instruments à cordes frottées et un instrument à cordes pincées :

- 10 violons (5 violons1, 5 violons 2) - 4 altos - 4 violoncelles - 2 contrebasses - 1 clavecin (cordes pincées)

A cette formation s’ajoute un violon solo et une récitante.

Activités : effectuer des recherches sur la famille des instruments à cordes afin d’identifier les cordes frottées, pincées et frappées ; réfléchir à ce qu’implique cet arrangement : qui va remplacer le bandonéon ?

II. Le déroulement du concert

Au regard de l’essence narrative de ces huit Saisons, il était naturel de demander à un auteur d’écrire une histoire inspirée des différents climats émanant de ces pièces. Création littéraire donc, mais aussi recréation musicale, par le biais de ce nouvel arrangement des Saisons de Piazzolla.

Les extraits de Vivaldi auront également une autre saveur du fait de l’effectif instrumental réduit (par rapport à la version originale de Vivaldi).

Vivaldi Le printemps / 1. Allegro Piazzolla L’été à Buenos Aires Vivaldi L'été / 3. Presto Piazzolla L'automne à Buenos Aires Vivaldi L'automne / 1. Allegro Piazzolla L’hiver à Buenos Aires Vivaldi L’hiver / 1. Allegro non molto Piazzolla Le printemps à Buenos Aires

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III. Le regard des artistes sur cette création

A. Svetlin Roussev

Voyager dans les saisons

Svetlin Roussev, vous êtes violon solo de l’Orchestre Philharmonique de Radio France et vous êtes à l’origine de ce programme associant Antonio Vivaldi et Astor Piazzolla. Quatre saisons chez l’un et l’autre, mais deux mondes radicalement différents : un univers bucolique et un univers urbain, le monde européen et l’Amérique latine, et deux siècles et demi d’écart !

- « L’idée de ce concert était de faire voyager le public entre ces deux univers. Vivaldi, lorsqu’il écrit ses Quatre saisons, a des images précises à l’esprit. Nous les connaissons grâce à quatre sonnets qu’il a écrits lui-même. Celui qui évoque le printemps décrit le chant joyeux des oiseaux, le souffle de l’air doux, puis un orage, suivi rapidement par le retour du chant des oiseaux et du murmure des feuillages. Un orage traverse aussi l’évocation de l’été dans le sonnet suivant, qui s’ouvre sur le tableau de la nature se desséchant sous l’air trop chaud. L’automne montre l’homme célébrant les fruits de la moisson, se régalant de vin, partant chasser le gibier au son des cors, et des aboiements des chiens. L’hiver, enfin, est vent glacé, froid redoutable, douceur du feu quand la pluie se déverse au dehors, et glissades sur le sol gelé, redoutable pour le marcheur, qui dérape, tombe et se relève, tandis que les vents font rage. Tout cela est suggéré dans la musique. On entend les oiseaux, la glace qui craque … Les saisons de Piazzolla font référence à Vivaldi, mais elles sont urbaines. Ce sont quatre saisons de Buenos Aires. Ainsi, au cours du concert, il faut imaginer qu’il y a huit saisons différentes, celles écrites pour et dans l'hémisphère sud, et celles écrites sous le soleil de l'Italie, dans l'hémisphère nord. Celles de la ville et celles de la campagne, celles empreintes de danse urbaine, le tango, et se référant aux relations entre hommes et femmes, et celles plus descriptives de la nature et se référant plutôt au rapport entre l'homme et la nature. » Pourquoi cet hommage à Vivaldi d’Astor Piazzolla ? - « Le monde de Piazzolla est celui d’un tango revisité par la musique classique, ce que l’on a appelé le « nuevo tango ». Vous connaissez l’anecdote ? On raconte que Piazzolla, qui cherchait sa voie comme compositeur, était allé voir Nadia Boulanger dans les années 50. Nadia Boulanger était une grande personnalité auprès de qui des compositeurs et des interprètes du monde entier venaient travailler. Elle a été éblouie le jour où elle a entendu Piazzolla jouer sur son bandonéon. Elle l’a poussé dans cette voie. Les Cuatro Estaciones porteñas s'ouvrent de manière classique, avant d'introduire brusquement des rythmes de tango. Je fais du tango depuis plus de quinze ans, j’ai fondé le groupe Tanguisimo. J’aime cette musique. Elle est un enrichissement indéniable pour un artiste classique. Le tango laisse une grande liberté. Sur une base rythmique fixe, les instruments disposent d’une grande flexibilité. C’est aussi une école de sensualité. » - Vivaldi et Piazzolla, c’est aussi un même bonheur de la virtuosité ? « Les Saisons de Piazzolla sont extrêmement virtuoses, avec des portamentos, ces passages où le doigt glisse d’une note à une autre. Il y a aussi la technique chicharra. Chicharra veut dire « criquet » et l’effet est celui de l’insecte. L’archet racle la corde sous le chevalet. Il existe différentes versions des saisons de Piazzolla. Nous les donnons aujourd’hui dans une nouvelle version, écrite spécialement pour moi par Ludovic Michel. Les Saisons de Vivaldi sont aussi un défi pour le violon, avec toutes sortes d’effets que réclame le compositeur. Nous les jouerons comme à l’époque, sans chef. L’orchestre suit le

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premier violon. C’est une pratique difficile, mais qui conduit à une écoute encore plus grande des musiciens les uns par les autres. Jouer sans chef c’est faire comme de la musique de chambre, mais à l’échelle d’un nombre plus important d’instrumentistes. C’est un moment merveilleux pour des musiciens d’un orchestre symphonique. »

B. Nancy Huston

« Je me suis transformée en chef d’orchestre »

Pour Nancy Huston, littérature et musique sont indissociables. L’une et l’autre se sont ancrées dès l’enfance et elles sont dans son œuvre très étroitement liées. Comme la quête de soi, la filiation, les rapports entre les deux sexes, la musique est une dimension profonde de son écriture :« simplement parce que cela occupe une grande place dans ma vie, que je fréquente beaucoup de musiciens et qu'il existe une analogie entre le respect du tempo, de l'esprit, de l'humeur d'un morceau de musique et le respect que l'on doit à ses héros" a confié Nancy Huston à l’Express en 1999. Plus de saisons, créé aujourd’hui, est un texte écrit pour les Saisons de Vivaldi et Piazzolla.

Nancy Huston, vous avez écrit Plus de saisons pour un concert jeune public dont le programme trouve sûrement en vous des résonances particulières : Vivaldi, Piazzolla. On sait que la musique baroque est l’un de vos domaines de prédilection. La musique d’Amérique latine vous est également proche. On pense par exemple à la capoeira brésilienne qui joue un rôle important dans votre dernier roman Danse Noire. Qu’est-ce qui vous touche dans ces répertoires précisément ?

- « Je pense que ces musiques incarnent deux élans contradictoires en moi : disons très sommairement la tête et le corps, ou le besoin de structure et le besoin de liberté. J'ai découvert la musique baroque à New York vers l'âge de 17 ans et, à une époque où la jeunesse s'éclatait, se défoulait avec Joplin, Hendrix, etc., je me suis mise à étudier le clavecin et à pratiquer cette musique hyper-contrôlée, hyper-civilisée, tout en douceur et en harmonies rassurantes. Mais, parallèlement, j'étais fascinée par l'intensité de l'univers musical latino : la samba, le tango, le flamenco, plus tard le fado. Ces musiques déchirantes, dansantes, souvent liées à la mélancolie, à la lutte érotique et à la mort, m'ont attirée comme une espèce de territoire interdit. »

Comment Vivaldi et Piazzolla vous vous ont-ils portée dans l’écriture de ce texte ?

- « Cela faisait de longues années que je n'avais pas lu une partition d'orchestre, et quelle joie de découvrir que je savais encore le faire ! Enfermée dans mon bureau, je me suis transformée en chef d'orchestre, dirigeant cette musique (que je recevais par casque à fort volume) avec de grandes gesticulations des bras, me laissant emporter par "la geste" des deux compositeurs. Et, bien sûr, une fois dedans, je me suis aperçue que la dichotomie tête/corps ne tenait pas : Vivaldi est hautement émotif, et Piazzolla, très structuré, très pensé. J'ai éprouvé un plaisir tout particulier à écrire le texte V - la scène où Violine voit Jean Brun partir à la chasse dans le brouillard du petit matin - sur la partie lente de l'Automne de Vivaldi, à coordonner le déploiement des mots comme s'ils étaient une ligne musicale pure, exactement superposée à la parole des instruments. »

Plus de saisons s’entend comme un conte contemporain, plein d’humour mais grave, sur l’enfance moderne, sur la solitude et l’ouverture au monde. Votre Aurore est une Belle au bois dormant moderne, sans prince charmant. Elle vit dans une cité et se réfugie dans ses rêves. On sourit parce que vous prenez à rebrousse-poil avec drôlerie et finesse les clichés du conte : la princesse s’ennuie, elle s’empiffre de Nutella, comme Raiponce – ou comme la Mélisande de Debussy, elle « laisse descendre ses cheveux tout le long de la tour ». Mais le

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fond du propos est violent : grandir, pour une enfant d’aujourd’hui, c’est renoncer au rêve ? Briser le miroir en y jetant un sécateur ?

- « Je tenais à préserver une tension entre Violine et Aurélie, les héroïnes médiévale et contemporaine, qui correspondent aux musiques ancienne et moderne. Il ne fallait ni idéaliser le passé, être dans la nostalgie, l'idée d'un âge d'or révolu, ni, à l'inverse, se dire qu'à l'époque moderne tout va bien, qu'on a résolu tous les problèmes et guéri toutes les injustices. A force de faire l'aller-retour entre ces deux univers, on s'aperçoit que chacun a ses dièses et ses bémols ! En fait bien sûr, Violine est un rêve ou un fantasme d'Aurélie, grâce auquel elle s'échappe d’un quotidien banal, mais les deux fillettes se ressemblent de plus en plus à mesure qu'on avance dans l'histoire : on se rend compte que Violine n'a pas vraiment de frères et sœurs ; que son père a beau être le roi, il est moins présent, moins attentif et sympathique que la mère d'Aurélie, et ainsi de suite. »

Votre texte est intitulé Plus de saisons. Comment entendre ce « plus » ?

- « Pour ma part je l'entends sans ambiguïté au négatif (les saisons disparaissent), et non à l'augmentatif (il y en a de plus en plus). Je l'entends comme ces gens qui disent en soupirant: "Ah là là ! On ne sait pas comment s'habiller, il n'y a plus de saison !" Les avantages de la modernité sur le plan politique – l'éducation des filles, notamment ! – s'accompagnent de graves inconvénients sur le plan écologique. En raison de la manière agressive dont l'homme s'est mis à exploiter les richesses de la Terre, de nombreuses espèces sont en voie de disparition, le climat se réchauffe, on a introduit dans notre environnement un déséquilibre dangereux. Sans vouloir leur faire peur (!), j'ai pensé que les enfants même petits pouvaient capter la gravité de cette situation et l'importance d'agir pour préserver la planète ! «

Souvent dans vos livres la musique est évoquée directement. On pense bien sûr à votre roman Instrument des ténèbres, à Prodige, à Danse noire. Ici, pas de musique, sinon le chant des oiseaux et le bruissement des abeilles dans le rêve ; et dans le petit appartement de la cité où habite Aurore, le seul fond sonore de la circulation automobile. Pourquoi?

- « Les musiques de Vivaldi et de Piazzolla étaient tout autour, ce n'était pas la peine d'en rajouter ! Le texte baigne littéralement dans la musique. Et j'espère qu'il est lui-même musical, par ses rythmes, ses reprises.... On verra bien, sur scène ! »

Où est la musique dans l’enfance d’aujourd’hui ?

- « Il est évident que grâce aux médias, grâce à la technologie moderne, les enfants de nos jours ont un accès à la musique qui est sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Ils sont gâtés même comparés à ceux de ma génération : en tapotant simplement sur un clavier, ils peuvent écouter, sans même déranger leurs parents, des musiques de tous genres et de toutes époques ! C'est bien sûr un grand enrichissement mais on court peut-être le risque, ici comme ailleurs, de rester à la surface, c'est-à-dire passer à côté de ce que la musique peut nous apporter de plus profond : sacralisation des instants, ritualisation du quotidien, émerveillement devant des beautés rares.

Propos recueillis par Laetitia Le Guay

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Contextes…

I. Vivaldi A. Musical

La période baroque s’étend du début du XVIIe siècle jusqu’à la moitié du XVIIIe siècle. Vivaldi, le “Prêtre roux” vénitien, a donc vécu et composé sur la fin de cette période. Citons quelques-uns de ses éminents collègues contemporains : Bach et Teleman en Allemagne, Haendel et Purcell en Angleterre, Couperin et Rameau en France.

Le baroque musical est né avec la monodie accompagnée et l’invention de la basse continue11. Le stile antico – style antique – hérité de la Renaissance et le stile moderno – style moderne – coexistent, mais s’opposent. Le stile antico demeure polyphonique12 tandis que le stile moderno émane de la monodie accompagnée13. La basse continue assume désormais la continuité harmonique, libérant ainsi la mélodie, qui va pouvoir donner libre cours à l’expressivité et la virtuosité. La musique doit désormais représenter les sentiments que le texte exprime, elle doit être “affective”, se concentrer sur l’émotion.

Cette caractéristique s’étendra à la musique instrumentale par le biais des instruments solistes et la forme du concerto de soliste, fixée par Vivaldi. Parallèlement vont se préciser différents styles musicaux : italien, français et allemand, perméables les uns aux autres mais avec leurs spécificités propres. Bach, à travers son œuvre monumentale, sera celui qui effectuera la synthèse de tous ces styles.

B. Scientifique

Vivaldi a vécu à une époque marquée par de grandes découvertes scientifiques :

11 Basse continue : partie de basse instrumentale confiée à un instrument polyphonique (qui peut jouer des accords → orgue, clavecin, guitare, luth…) renforcé par un autre instrument au timbre grave (violoncelle, basson…). Cette basse sert de guide pour que les autres parties instrumentales puissent improviser un accompagnement. 12 Polyphonie : musique où se font entendre simultanément plusieurs parties différentes, mélodiquement indépendantes. 13 Monodie accompagnée : mélodie chantée par une seule voix (ou plusieurs à l’unisson) accompagnée d’un ou plusieurs instruments. Les éléments essentiels en sont le récitatif et l’aria. Par extension, le terme de monodie s’applique aussi à tout solo instrumental, accompagné ou non, et destiné au concert ou à la musique de chambre.

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• en 1687, dans son ouvrage Philosophiae naturalis principia mathematica, Isaac Newton énonce sa loi de la gravitation universelle14 : la gravité est la force responsable de la chute des corps et du mouvement des corps célestes. Autrement dit, la chute de la fameuse pomme et le mouvement circulaire de la Lune autour de la Terre sont causés par la même force : la gravité. Les lois physiques valables à la surface de la terre sont valables également dans l'univers entier. Ce principe aura un énorme retentissement, dans le domaine de la philosophie comme celui des arts en général. N’oublions pas enfin la révolution scientifique qu’a représentée, deux siècles auparavant (XVe-XVIe siècle), la théorie de l’héliocentrisme de Copernic, défendue et développée ensuite par Galilée (XVIe-XVIIe s) et sans laquelle Les Quatre Saisons n’auraient peut-être pas existé… ou pas de la même manière.

• en 1660, Antoni van Leeuwenhoek15, élabore son “microscope simple” – les premiers microscopes du XVIIe siècle étaient peu efficaces voire défaillants, faisant ainsi progresser de façon décisive l’histologie et l’anatomie pathologique. Il observe des micro-organismes inconnus jusqu’alors (protozoaires, spermatozoïdes, bactéries, globules rouges...). Clifford Dowell16, trois siècles plus tard, le considérera comme le « père de la protozoologie et de la bactériologie ».

C. Littéraire

• de 1765 à 1770, Jean-Jacques Rousseau rédige Les Confessions. Entre autres idées se trouve celle selon laquelle aucune vertu ne peut exister sans plaisir des sens, pensée que l’on peut rapprocher de l’esthétique baroque. “Les climats, les saisons, les sons, les couleurs, l'obscurité, la lumière, les éléments, les aliments, le bruit, le silence, le mouvement, le repos, tout agit sur notre machine, et sur

notre âme [...]” Les Confessions, Livre IX

Il est à noter que Rousseau, également musicien, compose en 1775 Le Printemps di Vivaldi, transcription pour flûte traversière du premier concerto des Quatre Saisons.

• en 1719, Daniel Defoe publie Robinson Crusoé, roman dans lequel le rapport à la nature est abordé sous l’angle de la domestication : l’Homme peut se rendre maître de la Nature, en utiliser ses ressources et l’aménager selon ses besoins. Robinson parvient à la rendre “commode et agréable”.

14 Loi de la gravitation universelle : deux corps quelconques s'attirent en raison directe de leur masse et en raison inverse du carré de la distance de leurs centres de gravité. 15 Antoni van Leeuwenhoek (1632-1723) : artisan drapier et naturaliste hollandais. 16 Clifford Dowell (1886-1949) : protozoologiste anglais.

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• autres contemporains de Vivaldi : Montesquieu, Jonathan Swift, Voltaire.

D. Historique et politique

Alors que les deux modèles politiques européens en vigueur au XVIIIe siècle sont la monarchie absolue et le despotisme éclairé, la République de Venise fait figure d’exception : indépendance politique, stabilité de ses institutions aristocratiques, puissance de sa flotte commerciale, monopole portuaire. Et ce dès le IXe siècle où, en 828, elle acquiert son indépendance face à Byzance.

II. Piazzolla

A. Historique, économique, social

La stabilité constitutionnelle de l’Argentine, 10e puissance mondiale au tout début du XXe siècle, prend fin avec la crise de 1929. Le coup d’Etat de José Félix Uriburu marque le début d’une alternance de putschs et de dictatures militaires qui vont se prolonger jusqu’en 1983, ayant pour conséquence une situation économique précaire et des conditions de vie difficiles pour les Argentins.

La République de Venise

- XIIe siècle : formalisation du mode d’élection du doge. Tout d'abord élu par le

peuple, le doge est ensuite élu par un conseil, qui sera de plus en plus contrôlé par les familles nobles de la ville. Progressivement, son pouvoir réel diminuera au profit de différents conseils. - XV

e siècle : expansion et âge d’or. Construction d’églises, de palais. A la fin du XVe,

ouverture de la route des Amériques et des Indes par Christophe Colomb et Vasco de Gama, qui va induire progressivement un déplacement des itinéraires maritimes commerciaux, de la Méditerranée vers l’Atlantique : Venise n’est plus le plus grand port européen. - XVI

e siècle : déclin économique et politique. Épidémie de peste. En revanche,

Venise s’affirme comme la ville artistique par excellence : les peintres Giorgione, Titien, Tintoretto, Paolo Veronese, les musiciens Adrien Willaert, Andrea et Giovanni Gabrieli, Monteverdi… Au déclin du monopole commercial répond la vitalité de la production artistique vénitienne. - XVII

e siècle : affrontement avec les pays européens.

- XVIIIe siècle : fin de l’indépendance millénaire de la République de Venise, en 1797,

à l’issue de la campagne d’Italie menée par les troupes napoléoniennes.

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Le régime péroniste (années 40 et 50) subit une inflation galopante, les classes moyennes sont submergées et le prolétariat étranglé. Il s’ensuit une Buenos Aires nouvelle, hostile et anonyme. L’instabilité économique se poursuit jusqu’en 1966, année de l’avènement de la dictature militaire du général Ongania (jusqu’en 1973). Une nouvelle génération de prolétaires émerge. La crise économique culmine en 1962 : gel des salaires, chômage massif, hausse du coût de la vie. En 1969, le Cordobazo est la première des puebladas, insurrections urbaines qui ont jalonné le début des années 70 et qui ont parfois donné naissance à des groupes d'action directe et de lutte armée.

C’est dans ce contexte politique, économique et social mouvementé que Piazzolla a composé ses Quatre Saisons.

B. Musical

Le tango a régné en Argentine, depuis la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 40, intimement lié au Porteño (habitant de Buenes Aires) qui, à travers lui, exprimait ses émotions.

Les années d’Après-guerre voient déferler la musique européenne et nord-américaine (libre circulation des disques). L’arrivée de la télévision, la prédominance des programmes d’information à la radio, l’évolution de Buenos Aires avec la transformation des banlieues, l’éradication des conventillos… Tout cela va favoriser le déclin du tango. Dans les années 50, les prolétaires sont friands de rock. Puis de twist, de jerk, de pop… Le tango est alors perçu comme désuet, voire honteux. Les cafés avec orchestre ferment.

Puis, subrepticement vont apparaître des lieux plus intimes où le tango va retrouver une place privilégiée et inédite, les tangerias, dans lesquelles on va écouter le tango et non plus le danser.

Dans le domaine de la chanson, Mercedes Sosa devient dans les années 60 l’une des figures de proue du Nuevo Cancionero, mouvement socialement engagé qui revitalise la musique folklorique. Son premier disque : « Canciones con fundamento ».

1930 : suite aux bouleversements provoqués par la crise de 1929, le général José Félix Uriburu renverse le gouvernement constitutionnel en 1930. 1943 : putsch militaire. A sa tête, Juan Domingo Peron. Est élu président en 1946. 1946-55 : régime péroniste. Politique nationale-populaire, culte de la personnalité. 1955 : chute du péronisme, coup d’Etat militaire (Revolucion Libertadora). Instabilité économique et politique jusqu’en 1966. 1966 : dictature militaire du général Ongania (jusqu’en 1973). Parlement et partis politiques dissous, répression et censure. Protestations syndicales “matées” avec violence. 1969 : Cordobazo, insurrection ouvrière-étudiante (le “Mai 68” français) réprimée avec violence. C’est la première des puebladas (insurrections urbaines).

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C. Pictural

Parallèlement va naître, dans les arts plastiques, la Nueva Figuración (Nouvelle figuration) dont les jeunes artistes défient l'expressionnisme abstrait et l’art conceptuel en revenant à la figuration. Les peintres argentins adoptent le nom d’Otra Figuración ; ils représentent des figures humaines souvent monstrueuses ou cadavériques, avec la liberté formelle héritée des artistes abstraits. Parmi eux : Jorge de la Vega, Rómulo Macció, Ernesto Deira et Luis Felipe Noé.

Le groupe Espartaco relie quant à lui la peinture à l'engagement politique et la mobilisation pour les luttes sociales, particulièrement le combat syndical. Artistes : Ricardo Carpani, Juan Manuel Sánchez, Mario Mollari.

D. Littéraire

La petite Mafalda, avec ses robes à col Claudine et son nœud dans les cheveux, est une héroïne argentine de bande dessinée mondialement connue. Sous la plume du dessinateur argentin Quino, elle apparaît de 1964 à 1973, dans les trois journaux d’actualité que sont Primera Plana, El Mundo et Siete Dias Illustrados, en parution hebdomadaire puis quotidienne. Elle est d’une intelligence et d’une finesse incroyables. Subversive sous son apparente naïveté. Elle questionne, commente et dénonce la situation politique nationale et internationale, ainsi que toute forme d’autorité ou d’institution (politique, religieuse, familiale…), mettant en permanence les adultes qui l’entourent dans l’embarras...

De nombreux lecteurs ont reconnu avec gratitude le rôle important qu’a joué Mafalda dans leur éducation socio-politique et socio-culturelle.

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Musique populaire et musique savante

La distinction entre musique populaire et musique savante17 repose essentiellement sur le mode de transmission. La première se transmet oralement, la seconde nécessite une transmission écrite.

I. Vivaldi : musique savante L’œuvre de Vivaldi n’appartient pas au genre de la musique populaire. Nous sommes bien en présence d’une musique savante, qui ne relève pas de la tradition orale.

Cela n’exclut pas qu’il ait puisé dans l’esprit de certaines chansons populaires (cf. la danse villageoise du 1er mouvement de L’Automne ainsi que la danse pastorale du 3e mouvement du Printemps). Cela étant dit, ce n’est pas un hasard si ce cycle de concertos a autant de succès auprès du grand public du XXIe siècle qu’il en a eu du vivant de Vivaldi. C’est une musique “populaire” – dans son acception courante – au sens où l’on en retient facilement nombre de thèmes ; ceux d’entre eux qui sont trop virtuoses pour être mémorisés ou rechantés suscitent des émotions franches.

L’accordéoniste Richard Galliano, qui a enregistré sa propre version des Quatre Saisons18, estime que ces thèmes sont “construits comme des chansons : des cellules mélodiques simples, répétitives et développées. C'est une musique optimiste. Même dans le concerto L'Hiver. Il finit avec beaucoup

d'énergie, beaucoup d'espoir avec un fragment très virtuose. L'Hiver c'est très beau, l'hiver de la vie aussi”.

Musique savante, donc, mais extrêmement populaire.

II. Piazzolla : musique populaire et savante

On peut difficilement classer la musique de Piazzolla. Tango, bien-sûr, mais pas uniquement. Le titre de son œuvre Sinfonia Buenos Aires en est un bon exemple. Le terme “sinfonia” (symphonie) est issu de la musique savante et “Buenos Aires” fait directement référence à la patrie du tango. Pour

17 Afin d’affiner cette distinction synthétique entre musique populaire et musique savante, vous pouvez consulter un dossier pédagogique des JMF à l’adresse suivante : http://pedagogie.ac-toulouse.fr/lotec/spip/em46/IMG/pdf/DP_Sirius_et_Carolus.pdf 18 Les 8 saisons, Galliano, Album paru en France 1er avril 2013, Deutsche Grammophon

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comprendre cette spécificité du style de Piazzolla, il est nécessaire de se pencher sur certains aspects de son parcours biographique.

A. Un environnement musical hétérogène

A propos de son enfance et son adolescence à New York, Piazzolla se souvient : "C'était le temps de la prohibition et de la mafia... je traînais plus souvent dans les rues qu'à

l'école... mon univers musical se construisit peu à peu à cette époque autour du jazz, de Duke Ellington à Cab Calloway que j'allais écouter à la porte du Cotton Club, n'ayant ni l'âge ni les moyens d'y entrer. Mon père, lui, passait religieusement sur le gramophone les tangos nostalgiques de Carlos Gardel. Pour mon neuvième anniversaire il me fit cadeau d'un bandonéon et je pris des cours avec un professeur qui m'initia à la musique classique.”

Le professeur de piano auquel il fait allusion est Bela Wilda, pianiste hongrois, ancien élève de Rachmaninov. C’est le petit Astor lui-même qui demande à ses parents de devenir son élève, après l’avoir entendu jouer depuis la cour de l’immeuble.

Ainsi Piazzolla évolue-t-il dès son enfance dans un univers musical riche, atypique de par sa diversité, le tout exacerbé par une curiosité musicale considérable : son premier contact “physique” avec la musique se fait via le bandonéon, instrument constitutif des ensembles traditionnels de tango argentin ; il écoute du jazz derrière les portes des clubs de Harlem et se passionne pour la musique “savante” (classique). Ses connaissances

1921 : naissance d’Astor Piazzolla à Mar del Plata en Argentine, de parents descendants d’immigrés italiens. 1925 : la famille déménage à New York, où elle demeurera pendant douze ans. 1937 : retour en Argentine. Astor décide de s’installe à la capitale, Buenos Aires. Engagé comme bandonéoniste dans la formation d'Anibal Troïlo. Années 1940 : prend des cours de musique avec Alberto Ginastera. Piazzolla modernise le tango traditionnel tout en composant des œuvres de musique classique. 1954 : remporte le premier prix de composition du concours de Fabien Sevitzky (avec sa Sinfonia Buenos Aires), accompagné d’une bourse offerte par le gouvernement français pour venir étudier la musique à Paris. 1957 : retour en Argentine. Composition d’œuvres pour cordes et bandonéons (Tres minutos con la realidad, Tango del Angel, etc.) ; modernisation des tangos traditionnels (y compris ceux de la Guardia Vieja). Création de deux orchestres : l’Orquesta de Cuerdas (cordes, piano et bandonéon) et l’Octeto de Buenos Aires, tous deux constitués de musiciens de haute volée. 1960 : formation du Quinteto Nuevo Tango (bandonéon, piano, violon, guitare électrique et contrebasse). Durant les dix ans que durera cette formation, il composera la majeure partie de son œuvre (Muerte del Angel, Decarísimo, Introducción al Angel). 1962 : début de la composition de Las Cuatro Estaciones Porteñas (“Les Quatre Saisons de Buenos Aires”).

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musicales, il va les parfaire auprès d’Alberto Ginastera (piano et harmonie), qui deviendra un des plus grands compositeurs argentins de musique classique et d’opéra. Ses compositions de l’époque consistent en arrangements de tangos existants ou compositions originales, (Inspiracion, Cafetin de Buenos Aires, El Recodo, Tierra querida…) à travers les lesquelles il modernise le tango traditionnel. Mais il compose également des œuvres de musique “classique” (Prélude n°1, pour violon piano ; Suite pour cordes et harpes…).

B. « La grande révélation de ma vie »

La bourse qu’il obtient en 1954 pour venir étudier en France représente un événement décisif pour sa future carrière professionnelle, mais aussi pour son “bien-être” musical. Il étudie la composition auprès de Nadia Boulanger19, cette exceptionnelle musicienne et pédagogue. “Un jour, Nadia Boulanger me dit en fin que tout ce que je lui avais montré était bien écrit, mais qu’elle n’en trouvait point l’esprit. Elle me demanda quel genre de musique je jouais

dans mon pays, quelles étaient mes inquiétudes, ce que je visais… Je ne lui avais rien dit de mon passé de tanguero, et encore moins que mon instrument était le bandonéon, rangé dans l’armoire de ma chambre à Paris. J’ai pensé que si je lui disais la vérité elle allait me jeter par la fenêtre. Nadia avait été condisciple de Ravel, et maître d’Igor Markevitch, Aaron Copland, Leonard Bernstein, Robert Casadesus, Jean Françaix ; elle était déjà considérée

comme la meilleure pédagogue du monde de la musique, et moi, j’étais simplement un tanguero.”

Deux jours plus tard, après lui avoir avoué qu’il gagnait sa vie en écrivant des arrangements pour orchestre de tango, possédait son propre orchestre mais pensait que son avenir était dans la musique classique, Nadia Boulanger lui demande de jouer un de ses tangos au piano. “Là, je lui ai parlé du bandonéon, qu’elle ne s’attende pas à entendre un bon pianiste, parce que, réellement, je ne l’étais pas. Elle insista : “Ça ne fait rien, Astor, jouez votre tango.”. Alors j’ai commencé avec Triunfal. Je crois que je ne suis pas arrivé à la moitié. Nadia m’arrêta, me prit les mains et, avec son doux accent anglais, me dit : “Astor, cela est beau, j’aime beaucou ;, voilà le vrai Piazzolla, ne l’abandonnez jamais.” Et ce fut la grande révélation de ma vie.”

Le terme “révélation” n’est pas trop fort. Piazzolla oscillait depuis son adolescence entre ses racines musicales populaires, ancrées dans le tango, et son désir de devenir un grand compositeur de musique classique. Grâce à Nadia Boulanger, il comprend qu’il n’a pas à s’imposer un choix. Il peut écrire sa musique de tango tout en l’enrichissant de ses connaissances “classiques”.

19 Nadia Boulanger : ancienne élève de Maurice Ravel, pianiste, organiste, chef d’orchestre, compositrice et formidable pédagogue, de renommée internationale. Parmi ses élèves : Daniel Barenboïm, Miguel Ángel Estrella, Dinu Lipatti, Igor Markevitch, George Gershwin, Michel Legrand, Quincy Jones, Leonard Bernstein, Vladimir Cosma, Phil Glass, etc.

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A partir de là naît son style : un genre populaire – le tango – exprimé dans un langage savant et mâtiné d’emprunts au jazz.

C. Le bandonéon

Piazzolla extirpe le bandonéon de son rôle rythmique traditionnel pour lui faire jouer la ligne mélodique, qui avant était dévolue au violon ou au piano. Par ricochet, le piano devient, lui, très rythmique.

Cette inversion des rôles du piano et du bandonéon, qui confère à ce dernier un rôle de soliste qu’il n’avait pas dans le tango populaire, trouve peut-être son explication dans le parcours musical de Piazzolla :

"En réalité, je rêvais d’être pianiste concertiste. Je reçus un grand choc, ma première

déception musicale, quand j’ai appris que ça n’était pas possible : mes doigts étaient déjà faits au bandonéon. Ils étaient déformés, tordus. Je devais donc me résigner à porter mon bandonéon toute ma vie. C’était le destin".

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Deux modernistes

I. Vivaldi

A. Le concerto de soliste

Vivaldi a fixé la forme du concerto de soliste avec son recueil L’Estro Armonico (l’invention/l’inspiration/la fantaisie harmonique) paru en 1711 et

comportant douze concertos, dont des concerti grossi, concertos de soliste et doubles concertos (pour deux solistes).

Il assoit l’architecture du concerto en trois mouvements (vif-lent-vif) et applique aux instruments les caractéristiques de la monodie accompagnée chantée (cf. Les Quatre Saisons, III. A.

1. Contexte musical), en transposant des éléments de l’aria d’opéra (virtuosité et émotion).

Les deux mouvements vifs (1er et 3e) répondent à un même procédé formel : un thème principal joué par l’orchestre, repris de nombreuses fois au cours du mouvement, vient “baliser” et encadrer les interventions du soliste (qui joue

des passages virtuoses ou un thème secondaire). Autrement dit, il s’agit d’une forme couplet-refrain, le refrain étant joué par le tutti et les couplets par le soliste. Autre appellation du refrain: le ritornello – la ritournelle.

L’évolution du concerto

- Le concerto grosso apparaît à la fin du XVIIe siècle avec le compositeur italien Archangelo Corelli et ses douze Concerti grossi opus 6 (1714). Dans un concerto

grosso, le concertino (petit groupe de solistes) dialogue et s’oppose au ripieno (reste de l’orchestre), faisant alterner les tutti et les soli ainsi que les tempi et le caractère des mouvements. L’écriture des parties du concertino (solistes) est plus brillante et ornementée que celle du ripieno (rôle d’accompagnement, de soutien).

- Le concerto de soliste découle naturellement du concerto grosso, dont l’effectif va se réduire jusqu’à ne conserver qu’un unique instrument soliste.

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B. L’écriture pour violon : virtuosité et expression

Le violon est désormais seul face à l’orchestre, libre comme l’air. Libre ? Voire. Certes, une petite part est laissée à l’ornementation et l’improvisation, mais le violoniste doit se plier à une écriture virtuose, requérant une exigence technique inconnue jusqu’alors. Vivaldi, violoniste virtuose lui-même, a fait progresser de façon décisive la technique du violon. La virtuosité est recherchée pour elle-même mais n’est cependant pas gratuite : elle se déploie pour mieux renforcer les oppositions et contrastes avec le reste de l'orchestre. Vivaldi ne sacrifie pas pour autant à l’expressivité et l’émotion. Ainsi les mouvements lents des concertos sont-ils incroyablement lyriques (inspirés des lamento chantés des opéras) ce qui, dans la musique instrumentale, est aussi novateur que l’emploi de la virtuosité débridée dans les mouvements vifs.

C. Toutes sortes de concertos, pour tous les instruments !

Vivaldi a composé 512 concertos. Malgré son appétence pour le concerto de soliste(s), il n’a pas pour autant abandonné le concerto grosso. Il le décline sous toutes les formes possibles, réduisant ou supprimant parfois à sa guise le concertino (groupe de solistes) ou le ripieno (reste de l’orchestre) :

- des concertos ripieno : ripieno seul, sans concertino (= sans solistes), sortes de concertos pour orchestre, précurseurs de la future symphonie classique,

- des concertos da camera (“de chambre”) : concertino seul, sans ripieno, proche de la sonate pour plusieurs instruments.

Sur ses 512 concertos, le violon est roi (la moitié en tant que soliste, les 2/3 si l’on compte sa présence dans le concertino des concerti grossi. C’est logique car Vivaldi interprétait souvent lui-même la partie de soliste de ses concertos.

Mais les autres instruments n’ont pas été oubliés : concertos pour violoncelle, viole d'amour, luth, mandoline, hautbois, flûte traversière, basson, trompette, cor...

Vivaldi il moderno :

- “invention” du concerto de soliste,

- déclinaison à l’extrême du concerto grosso, préparant ainsi certaines des futures formes de la période classique (symphonie),

- mise en valeur de tous les instruments,

- poussée formidable dans le domaine de la technique violonistique (virtuosité), premier “violin hero” de l’histoire de la musique,

- mise en valeur des mouvements lents centraux des concertos de soliste : lyrisme et expressivité inconnus jusqu’alors.

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II. Piazzolla A. Le style Piazzolla

1. L’écriture

“Le contrepoint, c’est réussir que quatre ou cinq voix jouent une ligne différente et que le résultat final sonne à merveille.”

• Influence de la musique savante :

- contrepoint poussé à l’extrême (avec passages fugués) - richesse et complexité harmonique (frisant parfois l’atonalité) - formes (concertos, fugues, symphonies…)

• Influences du jazz :

- beaucoup de solos (chorus) - improvisation

2. Le rythme

Piazzolla le considérait comme un élément essentiel de sa musique.

- base très régulière et linéaire (en noires ou en croches continues), à l’image de la basse continue baroque.

- sur cette fondation, emploi de rythmes asymétriques et syncopés, en contretemps.

En d’autres termes, une surface irrégulière au-dessus d’un socle stable. C’est une des raisons pour lesquelles ses tangos ne peuvent pas être dansés.

B. Le “tango nuevo”

Piazzolla a modernisé le tango sans toutefois faire table rase de la tradition. On lui doit l’expression “tango nuevo”. Il définissait sa musique comme “un tango différent, intellectuel, un tango qui n’était pas chanté ni dansé. C’était un tango pour penser".

Il a exploré le seul domaine dans lequel le tango ne s’était pas aventuré : la musique pure. C’est un tango de concert.

Piazzolla el moderno :

- musique pure (ni dansée, ni chantée)

-synthèse du tango traditionnel, de la musique savante et du jazz

- superposition de rythmes réguliers et asymétriques

- émancipation du bandonéon au rang de soliste

- formes savantes (suite baroque, sonate…)

- harmonies audacieuses

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Piazzolla a combiné les genres en synthétisant tango traditionnel, musique savante et jazz. Et toujours dans son style original, totalement inédit. Il qualifiait d’ailleurs sa musique de "musique contemporaine de Buenos Aires".

C. Pourquoi tant de passion ?

"J’en ai marre que tout le monde me dise que ma musique n’est pas du tango. Je leur dis que, bon, s’ils veulent, ma musique est celle de Buenos Aires. Mais la musique de Buenos Aires, comment l’appelle-t-on ? Tango. Alors, ma musique est tango".

Les critiques à son égard ont rarement été mesurées. Haine ou louange. Pourquoi ce musicien de tango argentin a-t-il déchainé autant de passion ? Ses compositions ne sont ni totalement classiques, ni exclusivement du tango. Et c’est certainement ce “non-choix” qui a tant déstabilisé ou enthousiasmé, selon les cas. Piazzolla a divisé le monde du tango. Aujourd’hui encore, il y a ceux qui considèrent qu’il est un musicien de tango, et les autres qu’il ne l’est pas.

C’est souvent la difficulté que rencontrent les artistes mêlant art populaire et art savant. Ils s’attirent les foudres des amoureux de l’un ou de l’autre, “trahissent” les deux “camps”. Ce pourrait être une définition du modernisme : trahir pour mieux créer...

Nous conclurons avec ce propos de Daniel Baremboïm : "Il y a eu le tango instrumental, le tango dansé et le tango chanté. En d'autres termes, il y a eu le tango classique, qui va de la fin du XIXe siècle jusqu'à Carlos Gardel, qui l'a élevé à un

haut degré d'expression et de popularité. Ensuite le tango classique a suivi sa propre voie, et parallèlement, il a connu une évolution intéressante grâce à des hommes comme Astor Piazzolla qui a apporté des éléments modernes. C'est pour cela que le tango suscite encore l'intérêt et qu'il continue à vivre."

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Sources et prolongements : bibliographie, sitographie

Bibliographie Philippe CHARRU,Christoph THEOBALD, « l’esprit créateur dans la pensée musicale de Jean-Sébastien Bach », éd. Mardaga Juliette GARRIGUES, « L'ESTRO ARMONICO (A. Vivaldi) », Encyclopædia Universalis Ida GOTKOVSKY, « CONCERTO », Encyclopædia Universalis Pierre NICOLLE, « VAN LEEUWENHOEK ANTOINE - (1632-1723) », Encyclopædia Universalis Gérard PERNON, Histoire de la musique, éditions Jean-Paul Gisserot Marc PINCHERLE, Roger-Claude TRAVERS, « VIVALDI ANTONIO - (1678-1741) », Encyclopædia Universalis Nardo ZALKO, “Un siècle de tango - Paris Buenos Aires”, éditions du Félin

Sitographie Sources :

• Vivaldi : dossiers pédagogiques http://www.artsalive.ca/pdf/mus/tour2004/vivaldi2004_fr.pdf· http://www.musique-culture68.asso.fr/document/4saisons.pdf http://www.operaderouen.fr/fic_bdd/pdf_fr_fichier/4_saisons_Fiche_enseignant_13644797340.pdf http://www.operatheatredesaintetienne.fr/otse/rtefiles/File/Dossiers%20pedagogiques/dossier- http://www.orchestrenormandie.com/pdf/zephyr.pdf

• Musique savante/musique populaire : http://pedagogie.ac-toulouse.fr/lotec/spip/em46/IMG/pdf/DP_Sirius_et_Carolus.pdf

• Piazzolla / tango : http://musique.ac-dijon.fr/bac2006/astor/ : dossier très complet http://milongaophelia.wordpress.com/2012/11/26/astor-piazzolla-ou-deux-renoncements-pour-un-paradis/ : une mine d’or sur le sujet ! http://laurent.huault.free.fr/pdf/langage.pdf : très complet, notamment sur le langage musical http://piazzolla.nikkojazz.fr/lexique-du-tango : très complet, lexique très utile des termes spécifiques au tango http://www.chantdumonde.com/fr/label/fiche_artiste.php?artist_id=54 : biographie + œuvre

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http://www.atmaclassique.com/pdf/Livret/e77bd3cf-4418-4b20-bd1e-4b08d609bb18_2382_livret_F.pdf : Las Cuatro Estaciones porteñas

• Piazzolla et Vivaldi : contextes http://www.arretetonchar.fr/wp-content/uploads/2013/IMG/pdf/fiche_discipline_esp.pdf : Argentine : contexte littéraire – Mafalda http://grit.fltr.ucl.ac.be/article.php3?id_article=213 : Argentine : contexte littéraire – Mafalda http://buenosairesconnect.com/nueva-figuracion-la-peinture-en-revolutions-au-bellas-artes/ : Argentine : Nueva Figuracion http://www.jeanfrancoisdray.fr/conferenceiniesta.htm : Argentine : Nueva Figuracion http://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/nouvelle_figuration/153629 : Argentine : Nueva Figuracion http://crdp.ac-paris.fr/parcours/europeen/index.php/category/defoe : Vivaldi, contexte littéraire : Defoe, Robinson Crusoé http://eduscol.education.fr/orbito/orb/meca/meca12.htm : Vivaldi, contexte scientifique : Newton

Pour prolonger :

• Les Saisons dans la musique contemporaine : http://1112.mascenenationale.com/article/programme-quatre-saisons : Nicolas Bacri, Concerto nostalgico, op. 80 n°1 « L'automne » pour violon (ou hautbois), violoncelle et orchestre à cordes http://instantanesdevie.over-blog.com/article-max-richter-recompose-les-quatre-saisons-de-vivaldi-119907432.html : les Quatre Saisons de Vivaldi revues par le compositeur post-moderne contemporain Max Richter

• Histoire des arts : http://www.jeanfrancoisdray.fr/conferenceiniesta.htm : arts et artistes de l’indépendance argentine http://www.petitherge.com/article-2976239.html : histoire du cinéma argentin

Discographie

Enregistrements de référence pour ce dossier :

Vivaldi, Les Quatre Saisons, ensemble de l’Academy of St Martin in the Fields, dir. Neuville Marriner, violon Alan Loveday, Enregistré en 1970 / Durée : 42:26 / Universal Music Division Classique Disponible gratuitement sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=ByZx6oBd4yA

Piazzolla, Las Cuatro Estaciones Porteñas : - « Primavera » : Album : "Concierto para quinteto". 1970. Interprètes : Astor Piazzolla y su Quinteto (Astor Piazzolla: bandoneón; Antonio Agri: violín; Osvaldo Manzi: piano; Cacho Tirao: guitarra eléctrica; Enrique "Kicho" Díaz: contrabajo). - « Verano » : Album : "Música popular contemporánea de la ciudad de Buenos Aires, Vol. 2" (1972). Interprètes : Astor Piazzolla y su Conjunto 9 (Astor

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Piazzolla: bandoneón; Osvaldo Tarantino: piano; Antonio Agri y Hugo Baralis: violines; Néstor Panik: viola; José Bragato: cello; Enrique "Kicho" Díaz: contrabajo; Oscar López Ruiz: guitarra eléctrica; José Correale: batería). 1972. - Otoño : Album: "Adiós Nonino". Interprètes: Astor Piazzolla y su Quinteto (Astor Piazzolla: bandoneón; Dante Amicarelli: piano; Antonio Agri: violín; Enrique "Kicho" Díaz: contrabajo; Oscar López Ruiz: guitarra eléctrica). 1969. - Invierno : Album: "Concierto para quinteto". Interprètes: Astor Piazzolla y su Quinteto (Astor Piazzolla: bandoneón; Antonio Agri: viola; Osvaldo Manzi: piano; Cacho Tirao: guitarra eléctrica; Enrique "Kicho" Díaz: contrabajo). 1970. Disponibles gratuitement sur Youtube, en une seule écoute : http://www.youtube.com/watch?v=x6Jv_JrjJIY

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Annexes

Annexe 1 : Les sonnets accompagnant la partition

“Primavera” - Le Printemps Voici le Printemps, Que les oiseaux saluent d’un chant joyeux. Et les fontaines, au souffle des zéphyrs, Jaillissent en un doux murmure. Ils viennent, couvrant l’air d’un manteau noir, Le tonnerre et l’éclair messagers de l’orage. Enfin, le calme revenu, les oisillons Reprennent leur chant mélodieux. Et sur le pré fleuri et tendre, Au doux murmure du feuillage et des herbes, Dort le chevrier, son chien fidèle à ses pieds. Au son festif de la musette Dansent les nymphes et les bergers, Sous le brillant firmament du printemps.

“ L’Estade” - L’Eté Sous la dure saison écrasée de soleil, Homme et troupeaux se languissent, et s’embrase le pin. Le coucou se fait entendre, et bientôt d’une seule voix Chantent la tourterelle et le chardonneret. Zéphyr souffle doucement, mais, tout à coup, Borée s’agite et cherche querelle à son voisin. Le pâtre s’afflige, car il craint L’orage furieux, et son destin A ses membres las, le repos est refusé : La crainte des éclairs et le fier tonnerre Et l’essaim furieux des mouches et des taons. Ah, ses craintes n’étaient que trop vraies, Le ciel tonne et fulmine et la grêle Coupe les têtes des épis et des tiges.

“L’Autunno” - L’Automne Par des chants et par des danses, Le paysan célèbre l’heureuse récolte Et la liqueur de Bacchus Conclut la joie par le sommeil. Chacun délaisse chants et danses : L’air est léger à plaisir, Et la saison invite Au plaisir d’un doux sommeil. Le chasseur part pour la chasse à l’aube, Avec les cors, les fusils et les chiens. La bête fuit, et ils la suivent à la trace Déjà emplie de frayeur, fatiguée par le fracas des armes Et des chiens, elle tente de fuir, Exténuée, mais meurt sous les coups.

“L’Inverno” - L’Hiver Trembler violemment dans la neige étincelante, Au souffle rude d’un vent terrible, Courir, taper des pieds à tout moment Et, dans l’excessive froidure, claquer des dents ; Passer auprès du feu des jours calmes et contents, Alors que la pluie, dehors, verse à torrents; Marcher sur la glace, à pas lents, De peur de tomber, contourner, Marcher bravement, tomber à terre, Se relever sur la glace et courir vite Avant que la glace se rompe et se disloque. Sentir passer, à travers la porte ferrée, Sirocco et Borée, et tous les Vents en guerre. Ainsi est l’hiver, mais, tel qu’il est, il apporte ses joies.

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Annexe 2 : Idées d’exploitations pédagogiques

En complément des activités proposées dans le chapitre “Musique à programme ou musique descriptive ?” Arts visuels / Arts plastiques Peinture :

• Poussin Nicolas (1594-1665) : Le Printemps ou le Paradis terrestre, huile sur toile ; L’Eté ou Ruth et Booz, huile sur toile ; L’Automne ou La grappe de raisin rapportée de la terre promise, huile sur toile ; L’Hiver ou le Déluge, huile sur toile. L’ensemble des toiles sont exposées au musée du Louvre.

• Poussin Nicolas, L’orage, 1671, Musée des Beaux-Arts de Rouen. • Boticelli, Le printemps, 1482, Florence, Galerie des Offices. • Arcimboldo, Les Saisons, 1563. Copies exposées au musée du Louvre.

Œuvres consultables dans les dossiers pédagogiques suivants : http://www.operaderouen.fr/fic_bdd/pdf_fr_fichier/4_saisons_Fiche_enseignant_13644797340.pdf http://www.orchestrenormandie.com/pdf/zephyr.pdf Cinéma : La Nueva Figuracion → cycle des approfondissements et collège Le cinéma argentin → collège http://www.petitherge.com/article-2976239.html Sciences Les sciences et les saisons ; le changement climatique ; le ciel et la terre ; l’énergie ; le fonctionnement du vivant ; les êtres vivants dans leur environnement. Apparition du premier microscope performant : conséquence sur la compréhension de la reproduction des êtres vivants. Météorologie et climatologie ; la terre ; le vivant → collège Français Les saisons dans la poésie http://www.lettres-persiennes.net/themes-litteraires/saisons.php La métaphore des saisons dans la littérature http://www.gazettelitteraire.com/article-la-metaphore-des-saisons-dans-la-litterature-46997437.html Parution de Robinson Crusoé, Daniel Defoe « Marelle », Julio Cortazar ; Rayuela ; Borgès → collège http://america-latina.blog.lemonde.fr/2013/05/10/les-cinquante-ans-de-marelle-livre-culte-de-largentin-julio-cortazar/ Mafalda Jorge Luis Borges

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Géographie : Situer l’Argentine et l’Italie Comparer les ressources, les reliefs, la taille. Comparer la carte de l’Europe du 18e avec l’Europe actuelle. Histoire : Les mythes grecs (Bacchus, Zéphyr) → 6e Les bouleversements culturels et intellectuels (XVe – XVIIe siècle) → 5 e Les Temps modernes ; Le temps des Découvertes et des premiers empires coloniaux, la traite des Noirs et l’esclavage → cycle des approfondissements Les Lumières → cycle des approfondissements Education musicale Collège :

Musique narrative/musique pure Musique et arts du langage Musique et métissage Musique, interprétation et recréation EPS Concevoir et réaliser des actions à visées expressive, artistique, esthétique. Danse : construire à plusieurs une phrase dansée (chorégraphie de 5 éléments au moins) pour exprimer corporellement des personnages, des images, des sentiments et pour communiquer des émotions, sur des supports sonores divers.

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Annexe 3 : Les thèmes de la musique descriptive et leurs compositeurs. - cycle des saisons : Haydn, Milhaud, Tchaïkovski

- orage : Beethoven, Berlioz, R. Strauss, opéras de Verdi et Wagner

- eau : Beethoven, Schubert, Mendelssohn, Ravel, Liszt, Smetana, Debussy, Wagner, Poulenc

- chasse : Janequin, Vivaldi, Berlioz, Franck, caccia du XV e siècle

- oiseaux : Couperin, Rameau, Vivaldi, Bach, Beethoven, Schumann, Wagner, Saint-Saëns, Messiaen

- guerre : Janequin, Beethoven, Tchaïkovski, nombreuses batailles XVIe et XVII e siècle

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Annexe 4 : Vivaldi en quelques dates • 1678 : Naissance à Venise

• 1703 : ordonné prêtre, et surnommé « il Prete Rosso »

• 1703 : devient « Maestro di violino » à l’Ospedale della Pietà

• 1713 : représentation de son premier opéra Ottone in villa

• 1720 : Benedetto Marcello, magistrat et musicien amateur, dénonce (indirectement) la musique progressive de Vivaldi dans le livret satirique « Il teatro alla moda »

• 1724 : rencontre le nouveau pape Benoît XIII, ce dernier souhaitant entendre la musique de Vivaldi

• 1718 : nommé « Maestro di Cappella » de la cour du Prince Philippe de Hesse-Darmstadt

• 1741 : meurt à Vienne

Antonio Vivaldi en 6 œuvres :

Gloria, RV 589, 1700 L’Estro Armonico, opus 3, 1711 La Stravaganza, 1712 Quatre saisons, opus 8, 1725 Orlando furioso, 1727 La Griselda, 1735

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Annexe 5 : Piazzolla en quelques dates

• 1921 : naissance en Argentine à Mar del Plata

• 1954 : part étudier à Paris

• 1957 : retour en Argentine. Création de l’Octeto de Buenos Aires.

• 1960 : formation du Quinteto Nuevo Tango

• 1967 : collaboration avec le poète Horacio Ferrer pour l'opéra Maria de Buenos Aires

• 1969 : succès mondial de « Balada para un loco » interprété par Amélita Baltar

• 1971 : fonde son Noneto avec lequel il conquiert le monde

• 1974 : joue avec Gerry Mulligan

• 1979 à 1988 : renoue avec son quinteto

• 1992 : meurt à Buenos Aires

Astor Piazzolla en 6 œuvres

Prepárense, 1952 Sinfonía Buenos Aires, 1954 Adios Nonino, 1959 Muerte del Angel, 1974 Balada para un loco, 1977 Libertango, 1983

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Le concert

Svetlin Roussev

Naissance à Roussé, en Bulgarie, où il commence l’étude du violon avec sa mère.

1991 : Entre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il étudie avec Gérard Poulet, Devy Erlih et Jean-Jacques Kantorow.

1994 : Premier prix de violon à l'unanimité avec les félicitations du jury ainsi que premier prix de musique de chambre ; suit le cycle de perfectionnement.

2000 : Révélation Classique de l'Adami (Midem de Cannes) et lauréat de la Fondation d'Entreprise Natexis Banques Populaires ; nommé violon solo de l’Orchestre d’Auvergne.

2001 : 1er Grand Prix, Prix Spécial du Public et Prix de la meilleure interprétation du Concerto de Bach au 1er Concours International de Sendaï, au Japon.

2004 : Disque d’œuvres de Pantcho Vladiguerov, compositeur bulgare, avec Elena Rozanova au piano, disque unanimement salué par la critique.

2005 : Entre à l’Orchestre Philharmonique de Radio France en tant que premier violon solo.

2006 : Elu « Musicien de l’année » en Bulgarie ; enregistre le Concerto funèbre de Hartmann avec l’Orchestre d’Auvergne dirigé par Arie van Beek.

2007 : Reçoit la « Lyre de Cristal », distinction décernée par le ministère de la Culture Bulgare ; Concertmaster du Seoul Philharmonic Orchestra.

2008 : Professeur de violon au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.

2009 : Disque d’œuvres de l’école franco-belge avec la pianiste Elena Rozanova puis enregistre les Sonates n° 3 de Grieg et de Medtner avec Frédéric D'Oria

Nicolas au piano.

2013 : Nommé Ambassadeur pour la candidature Capitale Européenne de la Culture 2019 de sa ville natale Roussé.

Svetlin Roussev joue le Stradivarius 1710 « Camposelice » prêté par la Nippon Music Foundation.

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Nancy Huston

1953 : naissance à Calgary

Enfance au Canada, études aux États-Unis

1973 : Séjour à Paris.

1980 : Soutenance de son mémoire Dire et Interdire, dirigé par Roland Barthes.

1979 : Premier essai en français, Jouer au papa et à l’amant.

1981 : Premier roman, Les Variations Goldberg

1998 : L’Empreinte de l’ange, grand prix des Lectrices de Elle

1993 : Cantiques des plaines, Prix du Gouverneur général (Canada)

1996 : Instruments des Ténèbres, Prix Goncourt des lycéens ; Prix du Livre Inter

Années 1990, 2000 : La Virevolte ; Prodige ; Une adoration ; Trois Fois septembre…

2006 : Lignes de faille, prix Femina

2010 : Infrarouge

2011 : Démons quotidiens

2012 : Reflets dans un œil d’homme

2013 : Danse noire

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Orchestre Philharmonique de Radio France

1937 : fondation de l'orchestre par la radiodiffusion française. 1954 : le Théâtre des Champs-Elysées accueille la saison de l'orchestre, dirigé par Bigot, Cluytens, Dervaux, Desormières, Horenstein, Inghelbrecht, Krips, Kubelik, Leibowitz, Munch, Paray, Rosenthal, Sawallisch, Scherchen, ou les compositeurs Copland, Jolivet, Tomasi, Villa-Lobos… 1976 : refondation de l'Orchestre, permettant à l'effectif de se partager simultanément en plusieurs formations ; Gilbert Amy en est le premier directeur musical, Emmanuel Krivine le premier chef invité. 1984 : Marek Janowski prend la direction musicale de l'Orchestre. Il dirigera la Tétralogie de Wagner au Théâtre du Châtelet et au Théâtre des Champs-Elysées, pour la première fois à Paris depuis 1957. 2000 : Myung-Whun Chung est nommé directeur musical. 2001 : Pierre Boulez dirige l'Orchestre pour la première fois. L’orchestre engage un cycle d’enregistrements pour Deutsche Grammophon. 2005 : Gustavo Dudamel et Valéry Gergiev dirigent l'Orchestre pour la première fois. 2006 : réouverture de la Salle Pleyel qui accueille l'Orchestre en résidence pour 20 à 25 programmes par saison. Début du partenariat avec France-Télévisions autour des « Clefs de l’orchestre » de Jean-François Zygel. 2007 : Les musiciens de l'Orchestre et Myung-Whun Chung sont nommés ambassadeurs de l'Unicef. 2008 : Myung-Whun Chung et l'Orchestre fêtent le centenaire d'Olivier Messiaen. Esa-Pekka Salonen dirige l'orchestre pour la première fois. 2009 : ArteLiveWeb et l’Orchestre s’associent pour diffuser un concert par mois. 2010 : l'Orchestre et Myung-Whun Chung fêtent leurs dix ans de collaboration sur quatre continents.

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Des livres, disques et DVD pour mieux connaître l’Orchestre Philharmonique de Radio France

LIVRES-DISQUES Roméo et Juliette de Serge Prokofiev dirigé par Myung-Whun Chung, sur un texte écrit et conté par Valérie de La Rochefoucauld. Editions Didier Jeunesse, livre-disque 2006, cd 2009 Léo, Marie et l’orchestre une œuvre originale de Philippe Hersant, dirigé par Marek Janowski, sur un texte de Leigh Sauerwein et Paule du Bouchet. Editions Gallimard Jeunesse Musique, livre-dique1999, réédition 2010 L’Opéra de la lune une œuvre originale de Denis Levaillant dirigé par Jakub Hrusa, sur un texte de Jacques Prévert, récité par Jean Rochefort. Editions Gallimard Jeunesse Musique, livre-disque 2008 Tistou les pouces verts Conte lyrique en un acte de Henri Sauguet, d’après l’œuvre de Maurice Druon, adapté par Jean Tardieu. Orchestre Philharmonique de Radio France Maitrise de Radio France Sofi Jeannin, direction Editions Billaudot/Radio France, livre-disque 2012

DISQUES La 5e Symphonie de Beethoven, commentée et dirigée par Myung-Whun Chung Éditions Deutsche Grammophon, 2002 Piccolo, saxo et compagnie d’André Popp, dirigé par Jakub Hrusa, un film d’animation, avec les voix de Jean-Baptiste Maunier, Eugène Christo-Foroux et Anaïs. CD 2007 - DVD 2008

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DVD

LES CLEFS DE L’ORCHESTRE DE JEAN-FRANÇOIS ZYGEL une série éditée par le Scéren-CNDP (centre national de documentation pédagogique) et les éditions Naïve. Symphonie n°103 de Joseph Haydn Ton Koopman, direction 2007 Boléro de Maurice Ravel Kazushi Ono, direction 2007 Concerto pour orchestre de Béla Bartók Myung-Whun Chung, direction 2009 Symphonie n°6 « Pastorale » de Ludwig van Beethoven Paul Mc Creesh, direction 2009 Symphonie n°9 « Nouveau monde » d’Anton Dvorák Myung-Whun Chung, direction 2009 Symphonie fantastique d’Hector Berlioz Myung-Whun Chung, direction 2010 Danse macabre – L’Apprenti sorcier de Camille Saint-Saëns et Paul Dukas Christian Vasquez, direction 2010 Symphonie n°8 « Inachevée » de Franz Schubert Pablo Heras-Casado, direction 2011 Symphonie n°40 de Wolfgang Amadeus Mozart Ton Koopman, direction 2012

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L’Oiseau de feu d’Igor Stravinsky Michael Francis, direction 2013 La musique classique expliquée aux enfants (adultes tolérés) Svetlin Roussev, violon solo et direction 2008 Une production Camera Lucida, en coproduction avec Naive, France 2, France 5, Radio France et le Scéren-CNDP A paraitre Symphonie n°4 « Italienne » de Felix Mendelssohn Darrel Ang, direction Les Symphonies de Johannes Brahms Manuel Lopez-Gomez, direction Roméo et Juliette de Serge Prokofiev Mikhail Tatarnikov, direction Casse-Noisette de Piotr-Ilitch Tchaïkovski Diego Matheuz, direction Prélude à l’après-midi d’un faune – La Mer de Claude Debussy Zian Zhang, direction

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L’Orchestre Philharmonique de Radio France et Myung-Whun Chung, ambassadeurs de l’Unicef

Quand les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Radio France jouent sous la direction de Myung-Whun Chung, ils gardent le souvenir de tous les enfants qu’ils ont rencontrés au cours des missions effectuées pour l’Unicef. Ils jouent dans la lumière pour les enfants restés dans l’ombre. En Afrique, en Amérique du Sud, bientôt en Asie, les musiciens vont à la rencontre des enfants les plus vulnérables pour lesquels l’Unicef a mis en place des programmes où l’éducation tient une grande place. Les musiciens le savent plus que quiconque, l’éducation est la condition du développement des sociétés et de l’épanouissement des hommes. En 2013, l’Unicef a mené une grande campagne contre la mortalité infantile. Malgré des progrès significatifs, il reste encore beaucoup à faire pour lutter contre l’inacceptable ; 7 millions d’enfants de moins de cinq ans meurent encore de maladies que l’on sait aujourd’hui parfaitement éviter. Cette campagne a mis en lumière le rôle essentiel de l’éducation et notamment celle des petites filles qu’il faut encore encourager dans de nombreux pays. Une petite fille qui aura été éduquée pourra, plus tard, éviter les grossesses multiples ou précoces, et saura aussi protéger la santé de ses propres enfants et les élever dans de meilleures conditions. C’est une priorité que s’est donnée l’Unicef. Grâce à la musique, un dialogue immédiat et naturel s’établit avec les enfants, car chaque enfant porte avec lui un souffle, une énergie qui donne au monde un supplément d’être, un supplément d’âme. La musique traverse le temps et l’espace, les enfants portent le monde de demain. Avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France, avec Myung-Whun Chung, avec Radio France, aidons ces enfants qui sont riches de toutes les promesses.

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