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OUVERTURE BIENTÔT - DoYouBuzz · au sein de la sphère sociale des arts et du public. Dans le genre, les secteurs du cinéma et des arts visuels sont particulièrement florissants

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Cet automne, nous vous offrons une nouvelle salle tout confort avec plus d’espace pour les jambes, des tables pour déposer vos verres et une atmosphère feutrée. Et qu’est-ce qui distingue encore davantage la salle 7? C’est qu’il est permis d’y consommer un verre de vin ou de bière pendant la projection.

Pour votre plus grand plaisir, nous y programmerons des œuvres inédites ou des films faisant l’objet de demandes spéciales de votre part. En effet, vous avez maintenant pris la bonne habitude de nous commu-niquer vos suggestions sur Facebook ou Twitter. Avec l’ouverture de la salle 7, nous pourrons désormais répondre plus facilement à vos demandes. Et pour-quoi ne pas réserver cette salle pour souligner certains événements d’une façon originale? Surveillez donc l’ouverture de cette salle unique qui maximisera votre expérience cinéphilique au Cinéma Le Clap.

OUVERTUREBIENTÔT

www.CLAP.ca

2360, chemin Sainte-Foy, Québec (dans la pyramide, face à l’Université Laval)Tél. : 418 653-2470

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La Scène Paule BosséEncre sur soie86 × 71 cm2006

Tableau hommage inspiré de La Scène composée par Claude Léveillée

À mes oreilles, musique pour funambules et paroles d’exaltation.

À mes pinceaux, couleurs de ‘show time’ avec rideau sur une scène planétaire aux méridiens de clavier, d’eau, de terre, de soleil et de nuit.

À mon cœur, emportement pour ces fous de la vie : les artistes.

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BAZZART est une publication indépendante conçue et réalisée par l’organisme à but non lucratif Productions OptiK etc. BAZZART est un théâtre d’exposition pour les artistes de la relève et de l’avant-garde; une occasion de traiter de leurs réalités culturelles et sociales.

ÉDITEUR

Adresse administrative114-65, rue Saint-Vallier EstQuébec (Québec) G1K 3N6

Bureaux820, Charest Est, bureau 130-132Québec (Québec) G1K 8H8Tél. : 418 521-4866Fax : 418 523-9121Questions / Commentaires : [email protected]

DIREcTIonClaire GOUTIER | Directrice générale et artistique

RéDacTIonAlexandra BLOUIN | Recherchiste et adjointe à la rédaction en chefCristina MOSCINI · Marianne GARNIER · Joanie JACQUES · David MONTÉ · Catherine BRETON · François GRONDIN · Alexandra BLOUIN · Claire GOUTIER

RéVISIonGuy DUCHARME | Réviseur linguistique

concEpTIon gRaphIqUE Kim DAMBOISE | Directrice graphiqueAnne-Marie ROY · Marie-Joelle FOURNIER

phoTogRaphIESGuillaume D. CYR | Directeur photoJean-Patrice BELLEAU · Jean-François GRAVEL · Pascal HUOT · Gregory CLAPPERTON

MULTIMÉDIA/DVDStudio Élément | www.studioelement.ca

REMERcIEMEnTSMario MUNGER | Productions Vues d’en haut | www.vuesdenhaut.tv

SUR LA COUVERTURE Photographie | Guillaume D. Cyr Mise en relief | Mario MUNGER | Productions Vues d’en haut Modèles | Marie DUVAL HÉTU · Martin NADEAU · Louis RANCOURT

Le cahier de Bazzart est distribué gratuitement dans la ville de Québec.

Pour vous abonner et/ou acheter le DVD et autres exclusivités artistiques, venez visiter notre site Internet : www.bazzart.qc.ca

Copyright Magazine BAZZART © Pour tous les auteurs. Toute reproduction de textes, illustrations, photographies du magazine et du DVD BAZZART sont interdites. Les opinions émises dans ce magazine sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles de la direction.

ISSN : 1911-415XDépôt légal — Troisième trimestre 2011. Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque nationale d’Ottawa.

Mario Munger participe au magazine Bazzart en lui prêtant un peu de son expertise en matière de 3D. Vous n’aurez pas manqué la couverture de ce numéro en anaglyphe (à vos lunettes... )! Vous pourrez aussi visionner sur le DVD un entretien inspirant avec l’artiste peintre Guy Labbé. Comme si nous y étions…

Mario Munger est un cinéaste qui vit et travaille à Québec. Passionné par son métier, il touche au 3D depuis de nombreuses années. Avec trois de ses collègues, il a créé la compagnie Productions Vues d’en haut, laquelle réunit l’ensemble de leurs projets.

Mario Munger aime collaborer à des projets culturels; il préfère ceux qui lui permettent de créer le patrimoine de demain et documenter son quartier.www.vuesdenhaut.tv

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Sommaire | 5

SommaireÉDITO 07 Vrai ou faux? par claire goUTIER

CHRONIQUE 08 Le vrai visage de l’art par cristina MoScInI

ACTUALITÉS09 La Rontonde s’agite! par Joanie JacqUES

09 Interventions publiques ou commandos artistiques? par claire goUTIER

09 Alberte en vidéo! par David MonTé

ARTS MÉDIATIQUES10 La fausse publicité par Joanie JacqUES

11 L’art de créer un mythe par Joanie JacqUES

12 Gratteux sensible par Marianne gaRnIER

13 Le canular de Patrick Bérubée par alexandra BLoUIn

13 Une réplique française franchement québécoise par alexandra BLoUIn

LITTÉRATURE14 finlarmoiement : entre la feinte et la création par François gRonDIn

MÉTIERS D’ART19 On joue? par catherine BRETon

ARTS VISUELS20 Ces artistes qui se jouent de nous par alexandra BLoUIn

ENTREVUE24 Mario Munger : la 3D et le patrimoine par claire goUTIER

ARCHITECTURE26 Les fausses maisons de Richard Greaves par alexandra BLoUIn

INFORMATION INSCRIPTION

Arts visuels dessin, bande dessinée, peinture, sculpture, plusieurs niveaux

Chant formation vocale (petits groupes), cours privés, populaire, classique, jazz, récital-théâtre

Danse danse contemporaine, danses du monde (enfants), troupe chorégraphique

Théâtre initiation, interprétation, jeu, expression dramatique (enfants dès 4 ans), écriture théâtrale

Productions théâtre, comédies musicales, récital-théâtre

(groupes enfants, groupes adolescents, groupes adultes) Projets sur deux sessions, encadrés par des professionnels de la scène (4 à 6 représentations publiques)

Portes ouvertesDIMANCHES 11 et 18 SEPTEMBRE 2011 de 13 h à 16 h

418.521.5343206, rue Christophe-Colomb Est, Québec

[email protected]

apprendre avec des artistes professionnelspour enfants, adolescents, adultespour débutants, intermédiaires, « chevron nés »

pour vous ravir...

les ateliers artistiques deles ateliers artistiques de

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PORTFOLIOde catherine BRETon, réalisatrice

Fard West (2011) Exploration d’une série web.

Périssables (2011) quatre fausses publicités dans le cadre de la pièce de théâtre Périssables.

DOCUMENTAIRE

Nomade à demeure Documentaire 3D de Mario Munger (2011) Entretien avec guy Labbé, artiste peintre.

DOCUMENTEUR (Faux documentaires)

Sélection des meilleurs films du Festival du DocuMenteur de l’Abitibi-Témiscamingue.

Abitibi Gold (2005) René-pierre Bélanger, patrick Masbourian, François péloquin

L’eau d’Amos (2005) patrick Boivin, patrick guérard, olivier Roberge

Richard de Ville-Marie (2006) guillaume Dénommé, Simon Laganière, David Leblanc

Abitibi, terre d’accueil (2007) claire chaboud, Julie Delorme, Frédéric Fauquette

Étoile filante (2007) philippe arsenault, Matthieu Dumont, Jean-Marc E. Roy

Open pit (2008) guillaume charbonneau, charles-Robert giguère, catherine proulx

Summerdome (2009) Lawrence côté-collins, élyse gamache- Bélisle, Jules Saulnier

Femmes cherchent hommes (2010) audrey-Eve Beauchamp, Maxim corbin, anne-Marie Sylvestre

Vivre à 35 milles à l’heure (2010) philippe David gagné, Jean-Marc E. Roy, Dominic Leclerc

Adopt a french canadien (2010) éric gauvin, patrick gauvin, Donald Trépanier

Courts métrages, capsules, entretiens et vidéo d'art

Numéro d'automne : entrevue en 3D

En vente chezCoop - Zone Centre-ville305, boul. Charest EstÉdifice Beenox

Aussi disponible sur commande : LePressier.com et bazzart.qc.ca

compilation DVD

5$

Tabagie St-Jean620, rue St-Jean

Sommaire DVD

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Edito | 7

Édito

/ par Claire GOUTIER

L’art, c’est sérieux. Tellement sérieux que, des fois, on se demande si ce n’est pas une blague.

L’humour a toujours fait partie des pratiques artistiques. De nos jours, certains artistes utilisent sciemment une de ses formes, le canular, pour passer leurs messages.

C’est le cas du collectif français Ultralab qui, en 1999, a semé la confusion dans le milieu artistique parisien à l’aide de cartons d’invitation piégés, d’erratums et de faux communiqués de presse. Pendant un an, ils ont brouillé la confiance de gens ciblés en les invitant à de fausses expositions tout en utilisant de vrais logos, de vrais noms de galeries, de vrais artistes. Par ses interventions, le collectif voulait dénoncer entre autres choses « la façon dont le milieu de l’art fonctionne »*, soit les réseaux des arts. S’il fallait avoir du culot pour mener à bien ce canular d’envergure, il n’en demeure pas moins que l’anecdote fait encore sourire, après avoir d’abord fait grincer des dents les grandes institutions de la capitale française.

Le canular est devenu une pratique omniprésente déstabilisante. Elle sème la confusion… si bien que plus personne - le critique, le fier collectionneur et même le public - n’arrive à savoir si une œuvre un peu différente est sérieuse ou non. Que le résultat soit loufoque est bien possible, mais comment savoir si l’artiste se joue de nous? Il reste que le canular peut soulever de profonds questionnements, car de celui-ci découle souvent une réelle démarche.

Les facettes de l’art apportent effectivement chacune leur charge d’aspects risibles, tant du côté de l’art amateur que du commercial, sans

Vrai ou faux?

Échantillons des cartons piégés du collectif Ultralab publiés en 1999 à Paris.

*www.ultralab-paris.org/1999-cartons/liberation.html

oublier l’art intellectuel. Il n’est plus rare d’entendre des railleries sur l’art, critiquant une œuvre pour ce qu’elle n’est pas. Dans la même veine, il faut admettre que, de nos jours, le succès d’un soi-disant artiste ne dépend plus seulement de son talent, ni de la justesse de sa voix. Vivement le marketing!

Toute œuvre n’est pas nécessairement intéressante à montrer au grand public, j’en conviens. D’abord parce que l’exécution de celle-ci demande une fibre que tout le monde n’a pas. (S’improvise-t-on dentiste?) Aussi parce qu’une œuvre peut être tellement particulière qu’elle sera à priori incomprise et rejetée. Pour certaines imaginations fertiles, tant l’esprit critique que l’artiste, c’est autant de matière première.

L’art du canular tel qu’exposé ici consiste à semer la confusion au sein de la sphère sociale des arts et du public. Dans le genre, les secteurs du cinéma et des arts visuels sont particulièrement florissants. En voici quelques exemples, de ces jeux et canulars, rassemblés dans les pages de ce numéro. Vous y trouverez des artistes dont la matière première est l’illusion et la fausse vérité.

Bonne chance!

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8 | Chronique

Chronique

/ par Cristina MOSCINI

L’un exposait un urinoir à l’envers, l’autre mettait ses excréments dans des pots de vitre sous-vide. Une autre se fait charcuter le corps et le visage à coup de chirurgie au nom de l’art. Loin d’admirer la nature morte exécutée d’une main dilettante d’une quinquagénaire de banlieue dans ses cours d’arts plastique, j’ai toujours préféré ce qui se démarquait. Si ça dérange, c’est de l’art, n’est-ce pas? C’est pourquoi je me suis rendue au Vrai Visage de l’Art, événement annuel archi branchouille, trop underground et tellement artsy. Tellement artsy que personne n’y est invité à proprement dire. Pas de publicité sur l’événement. Que la promesse d’une élite exclusive

qui résulte d’un sélectif bouche à oreille. Au VVdL, on dévoile l’art, le vrai. Moi qui m’attendais à une galerie décorée par Philip Starck, aux écrans projecteurs lumineux, avec un dj à l’air déprimé aux consoles, j’ai dessaoulé assez vite. Je devais rejoindre P. à l’intersection de Marie de l’Incarnation et Charest à 21h17, dimanche.

Stationnement, Metro, SAQ, Caisse Desjardins... Rien de très hype. Tout s’apprête à fermer. Les lumières des commerces s’éteignent une à une. P. arrive enfin, sarreau blanc, mèche folle et clope au bec. Je vois : Savant-fou-désabusé-qui-ne-se-lave-plus-les-cheveux-because-névrose. I couldn’t

be more wrong. On m’amène à l’arrière du Metro où la porte de livraison est demeurée ouverte. Une fois à l’intérieur, on me traîne aux cuisines, ou ce qui semble en être, et puis de là, aux frigidaires. Huit individus, aussi vêtus de sarreaux, se tiennent debout entre les pièces de bœuf, de porc, des abatis. Tous sont entremêlés à travers des tas de jambons, de charcuteries, de côtelettes, de mignons, de tournedos et tout le toutim viandeux. Tous affichent un air cérémonial quasi religieux, si ce n’était d’une fille rasée à la Sinéad O’Connor qui branche son iPod shuffle pour mettre des tounes de Portishead. Et là, comme une danse calculée, les huit artistes se mettent à se tortiller gauchement, prenant à pleines mains nues des poignées de viande pour l’écraser au visage de leur vis-à-vis.

Tout en gardant les poses d’une danse lascive, les artistes s’effouèrent des saucisses à déjeuner, du bacon cru et du porc haché jusque dans les oreilles, dans le gilet, et bientôt, ils sont recouverts de viande. Entre deux paroles susurrées de Beth Gibbons, je n’ai même pas le temps de demander pourquoi que P. m’écrase de la chair à saucisse sur la gueule. Et puis je pige : Le Vrai Visage de Lard! Hum, that’s wise. Je dois être trop conne pour comprendre ou peut-être que je ne supporte pas le trip-hop anglais. Fait est que je décide de foutre le camp. Je sors de cet entrepôt en me disant d’être plus vigilante la prochaine fois que j’irai à l’épicerie. C’est sur ces pensées que j’atteins l’arrêt de la 1, et que je me dis que pour faire un vrai faux canulard, il aurait juste fallu que cette histoire soit vraie.

LE VRaI VISagE DE L’aRT

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Actualités | 9

ActualitésAlberTe en viDéo!/ par David MONTÉ

Francis Desharnais, auteur de bande dessinée de Québec, a incontestablement le vent dans les voiles. Le créateur jouit en effet d’un succès critique et d’estime depuis 2008 grâce à son œuvre Burquette, petit ovni de la bande dessinée québécoise qui charme par sa candeur et son cynisme autour d’un sujet miné : la burqa. Les adeptes d’Alberte seront donc heureux d’apprendre qu’ils pourront bientôt (2012) visionner ses aventures sur Internet. En effet, un projet d’animation, en partenariat avec l’ONF, les productions Cirrus et la firme Turbulent, verra le jour sur un site dédié à Burquette. Capsules web, strips quotidiens et interactions seront au rendez-vous pour le plus grand bonheur des internautes.

Francis Desharnais sera également en résidence d’écriture à Bordeaux pour travailler sur ses projets grâce à la résidence d’écriture Québec-Aquitaine créée en 2005 par l’Institut canadien de Québec. Pour plus d’informations :www.maisondelalitterature.qc.caBlogue de Francis Desharnais : www.francisd.com

lA roTonDe S’AgiTe!/ par Joanie JACQUES

Voilà qu’éclosent de beaux projets pour La Rotonde - Centre chorégraphique contemporain de Québec. D’abord, le Regroupement québécois de la danse (RQD) a présenté un nouveau plan d’action local au printemps 2011, complice du Plan directeur québécois de la danse professionnelle au Québec 2011-2021, dans lequel la Rotonde devient un pôle régional (Québec - Chaudière-Appalaches). Cette décentralisation opérationnelle, dans le milieu de la danse professionnelle, annonce également un nouveau concept pour l’automne 2012 : celui d’une « maison de la danse ». Avec l’agrandissement de l’emplacement actuel de La Rotonde et la création de nouveaux studios, il s’agira d’un lieu identitaire où la danse pourra prendre l’expansion qu’elle souhaite! À suivre attentivement.

inTervenTionS publiqueS ou coMMAnDoS ArTiSTiqueS?/ par Claire Goutier

TrustoCorp est passé maître dans l’art des interventions artistiques satiriques et sarcastiques. Son plus récent projet sévit présentement dans plusieurs villes des États-Unis, dont Los Angeles et Miami. Il consiste à introduire incognito des caricatures de magazines à potins dans les kiosques à journaux, les librairies et les pharmacies. Les gros titres n’y vont pas de main morte pour tourner en ridicule les vedettes du showbiz et autres personnalités publiques, questionnant du même souffle la pertinence et/ou la crédibilité de la presse people. Ces petites interventions artistiques s’adressent à un public insoupçonneux de la chose.

TrustoCorp, qui préfère garder l’anonymat de ses membres, n’en n’est pas à sa première manifestation urbaine. Il a entre autres mené une campagne de re-marketing de produits comestibles (bière, chocolat, céréales, etc.) et de panneaux de signalisation aux messages complètement décalés. L’effort mérite une visite sur le web. Par ses interventions, le collectif new-yorkais cherche à mettre en relief l’hypocrisie et les habitudes malsaines de notre quotidien. www.trustocorp.com

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Tout porte à croire que la bande-annonce, vraie ou fausse, demeure une grande séductrice! En 2007, une série de fausses bandes-annonces publicisant des productions cinématographiques fictives, pour une projection intitulée Grindhouse (À l’épreuve de la mort, Quentin Tarantino et Planète terreur, Robert Rodriguez, 2007), fût à l’origine du long métrage Macheté (Robert Rodriguez et Ethan Maniquis, 2010). Si l’idée qui en avait inspiré la fausse bande-annonce n’avait pas été acclamée par Quentin Tarantino et plusieurs internautes, sa production en tant que long métrage n’aurait jamais été réalisée. Ironiquement, le succès du film Macheté fut plus important que celui de son promoteur, soit Grindhouse.

Lafausse publicité

La publicité, c’est quatre-vingt-cinq pour cent de confusion

et quinze pour cent de commission.

Fred Allen, extrait de le Manège de l’oubli.

Sur le DVD BAZZART de cette édition-ci, Catherine Breton, auteure et finissante de l’institut national de l’image et du son (INIS) en 2004, nous propose une série de quatre fausses publicités inédites. Tournées en 2009, celles-ci marquent avec une certaine dérision l’étrangeté de certaines publicités véhiculées par les ondes télévisuelles. L’idée découle de la pièce théâtrale Périssables de la même auteure, touchant aux débats sociaux sur le droit de mourir et l’euthanasie, malgré le désir d’immortalité que souligne la pièce à travers le personnage principal de 88 ans. Ainsi, la commercialisation de produits périssables, que l’on voudrait paradoxalement impérissables dans la pièce de théâtre, a conduit Catherine Breton vers la production urgente de ces « fausses » publicités.

Entre la publicité qui s’emballe et le produit qui se déballe, il y a du vrai, il y a du faux. Des fausses publicités? Un concept qui s’affiche prématurément en l’absence d’une opposition : les vraies bandes-annonces… Qui dit vrai? Qui dit faux? Serait-ce que les qualificatifs « vrai » et « faux » se côtoient dans chaque type publicitaire?

<<< Catherine Breton est une réalisatrice, comédienne et scénariste de retour à Québec pour y rester. Elle travaille présentement sur un projet de série web.

Fard West raconte l’histoire de trois femmes, Téa, Alixe et Yienkawouère, qui sont en avance sur leur temps. Alixe ambitionne de devenir shérif à la place du shérif, Téa veut ouvrir une boutique de cosmétiques pour que les crottés du coin le soit moins et Yienkawouère désire qu’on respecte la nature; avant toute chose, elle est une écolo.

La série explore avec humour le rôle social des femmes dans un contexte qui détonne et qui créé un décalage parfois drôle et/ou dramatique.

« Dans un premier temps, nous avons conceptualisé la série, développé les personnages, fait des recherches sur l’histoire de la Conquête de l’Ouest, etc. La deuxième phase, qui nous a permis de tourner 3 épisodes, a servi de terrain d’exploration pour les per-sonnages, le ton, les ambiances, etc. Nous en sommes à la troisième phase de développement. » Catherine Breton.

Visionnez les épisodes au www.fardwest.com Et vous pouvez les suivre sur www.facebook.com/fardwest

Aussi disponible sur le DVD de Bazzart.

/ par Joanie JACQUES

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Arts médiatiques | 11

Voilà la recette d’un faux documentaire réalisé dans le cadre du Festival DocuMenteur en Abitibi-Témiscamingue, qui compte 8 éditions à ce jour. Échelonné sur trois soirées, le festival comprend des projections de calibre national et international ainsi qu’un défi d’envergure : réaliser un « DocuMenteur » de 10 minutes, en 72 heures, dans une des MRC de la région qui ne sera révélée aux participants qu’à l’ouverture de l’événement. « Gardez en tête que l’on doit créer un mythe », rappelle France Gaudreault, vidéaste durant l’événement. Elle insiste sur l’idée que le faux documentaire doit s’inspirer de la réalité et être assez bien documenté afin qu’à son insu, le cinéphile ne soit jamais complètement incrédule. Ainsi, dans un docuMenteur de qualité, la fausseté du sujet ne viendra qu’en tout dernier lieu, précisée petit à petit par l’amalgame des informations divulguées. Sa nature peut-

être simplement humoristique, ou encore dramatique, historique...

Si les concepts des faux documentaires sont de tout acabit, il en est de même pour leurs concepteurs! Ceux-ci vont de l’amateur au journaliste aguerri tel que Patrick Masbourian (L’or du silence, collectif Devul, 2005).

Une remise de prix clôture l’évènement, où le jury récompense les candidats qui ont respecté les consignes de la compétition, telles que l’utilisation des codes du documentaire (entrevues, archives, témoignages, etc.), la mise en valeur de la région de l’Abitibi-Témiscamingue, la participation citoyenne et le respect des délais de production. Sans interdire la recherche préliminaire de quelques idées directrices, selon les pistes qu’offrent les diverses municipalités, il est impératif de ne pas devancer la date du tournage

pour la récolte d’informations.

Accès culture Montréal a également organisé sa version du « DocuMenteur », durant lequel des équipes de trois étaient composées de deux réalisateurs régionaux et d’un réalisateur de Montréal.

Il existe des faux documentaires majeurs et bien connus, à commencer par la production culte L’Affaire Bronswik  de Robert Awad et André Leduc (1978), film honoré par une dizaine de prix internationaux. Ce documenteur raconte la conspiration de la marque de

L’art de créer un mythe/ par Joanie JACQUES

D’abord un sujet, puis une histoire, suivi d’une narration informative, de documents d’archives, d’informations cohérentes, d’une participation citoyenne, d’interviews, de repères géographiques et de quelques falsifications qui vous donneront les indices qu’il s’agit d’un canular!

Mme gaudreault raconte que, grâce à une simple manigance graphique dans l’un de ses « DocuMenteurs », elle aurait réussi à trafiquer l’histoire concernant l’origine des « bottes de rubber », et à faire passer celle-ci à l’imaginaire collectif de la ville de Val d’or.

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C’est le cas des cahiers produits par Gratteux Sensibles : un amalgame de jeux loufoques, imprimés sur du papier construction de toutes les couleurs. La première série de ce cahier fut produite avec l’intention initiale d’être déposée dans les dépanneurs de la ville, de façon incognito, afin de surprendre quelques clients. L’objectif était de mystifier les curieux devant d’étranges labyrinthes, dont un en particulier élaboré à travers les organes d’un félin. Finalement, ces cahiers furent plutôt vendus comme autant d’objets fétiches lors de salons de fanzines. flexiB et Marie-France Tremblay, les créateurs de ce projet à géométrie variable, furent les premiers étonnés de leur succès.

Les éditions suivantes suivirent rapidement. C’est ainsi qu’il existe

présentement deux éditions des Gratteux Sensibles : l’une contenant de multiples labyrinthes, et l’autre étant en un jeu de mémoire mettant en valeur des objets composites. Ce dernier implique d’ailleurs un découpage laborieux. Un peu de misère? C’est aussi l’intention des Gratteux Sensibles; pas que du plaisir gratuit!

D’autres éditions suivront : un cahier à colorier, un jeu de serpents et échelles… Le tout en collaboration avec divers artistes aux idées fertiles. Parmi ceux-ci, notons Olivier Bhérer-Vidal, Francois Simard, Annabelle Fiset et Jean-Francois Leboeuf. Ces artistes gravitent tous autour d’un quartier général, celui D’Engramme Estampes actuelles, un centre d’artistes autogéré qui inspire ceux qui s’implique de façon non-lucrative aux Gratteux Sensibles.

télévision populaire « Bronswik » (1,82 appareil par habitant) et ses effets sur la consommation massive du peuple. Si certains clins d’œil humoristiques démontrent qu’il s’agit d’une supercherie, certains téléspectateurs se sont laissés duper par la mise en scène. Soulignons pour le plaisir certains artifices langagiers qui sonnent volontairement faux : « l’aliénode », un dispositif électromagnétique à « charges aliénotiques positives » disposé dans les appareils télévisés. L’origine du complot inspirant le synopsis date de 1964, alors que la compulsion des achats que provoque le phénomène « Bronswik » survient (heureusement) avant l’apparition des cartes de crédit.

Le faux documentaire soulève d’ailleurs le problème que cela aurait provoqué dans le cas contraire pour les classes populaires. Reste alors que la fiction, arrimée à certains phénomènes sociaux, essaie de dépeindre une certaine réalité lorsque la complaisance semble régner. Car l’ère de consommation à laquelle nous participons aujourd’hui ne serait possible sans quelques transactions fictives, pour lesquelles plusieurs acceptent de payer les intérêts. Ici, aujourd’hui, les cartes de crédit ne sont pas un mythe, mais peut-être auraient-elles été considérées farfelues en 1964?

Dans le même genre

cinématographique, les productions sont nombreuses, et nous en nommerons ici quelques-unes plus connues. Plus récemment, il y a eu le Petit Pow! Pow! Noël du québécois Robert Morin (2005), le fameux Blair Witch Project des étudiants américains Michael Williams, Joshua Leonard et Heather Donahue (1999), et moins subtile mais empruntant au genre, District 9 de Neill Bloomkamp (2009).

Sites Internet d’intérêt :www.documenteur.com http://www.onf.ca/film/L_affaire_Bronswik/www.coopvideo.ca/productions/petit-pow-pow-noel.frwww.blairwitch.comwww.d-9.com

gratteux SensiblesAlors que les cahiers de divertissement vendus dans les kiosques à journaux sont feuillus de dessins formatés ne suscitant aucun sourire, d’autres, complètement burlesques, sont presque privés d’heureux joueurs!

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Marie-France Tremblay et flexiB à la Tabagie de la place, 699 coin st-Joseph.

/ par Marianne GARNIER

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Arts médiatiques | 13

Créer dans le cadre de la Manifestation internationale 3 en 2005, puis présenté au Casino Art Center, en Allemagne plus tôt cette année, l’installation cynique de Patrick Bérubé en a déjoué plus d’un. Sur un plateau d’argent, Patrick Bérubé a offert à son public un jeu, à la fois ludique et très dangereux; une porte d’entrée vers la joie spontanée dont jouissent naturellement les enfants. Qui n’a pas envie de bondir les pieds joints sur un trampoline? C’est à partir de ce désir de jouer, de cette tentation, que Patrick Bérubé livre un constat cynique sur la liberté contrainte par notre condition humaine. Le trampoline, encastré dans le plancher, emmuré et surplombé d’un plafond de trois pieds, est un jeu... impossible à jouer. Les limites physiques de l’environnement exigu, voire « clostrophobique » dans lequel est placé l’article ludique, provoquent une frustration insurmontable chez les visiteurs qui sont confrontés à leur propre impuissance, insécurité et malaise. Patrick Bérubé place les visiteurs au cœur d’une expérience déconcertante et frustrante, celle de leur propre condition humaine, en jouant sur le rapport malsain qu’entretiennent les gens avec le pouvoir et le contrôle. Loin d’être moraliste, Patrick Bérubé créé pour le public : « Moi, quand je crée une œuvre, je pense toujours à

Si certains artistes veulent que leur renommée se construise autour de leur renom, c’est l’humilité qui en pousse d’autres à exposer leurs œuvres sous un faux nom, ou un faux collectif. Ainsi, la pureté du succès de leurs œuvres est préservée, car elle ne rayonne pas dans l’ombre d’un nom. Le processus créatif, lui aussi est préservé, car il n’est pas empreint d’égo, il est libre. C’est de ce fantasme qu’est né le collectif d’artistes anonyme de la Réplique Franche. Il faut redonner à l’art ce qu’est l’art pour l’amour de l’art. Les œuvres orphelines abandonnées, celles que personnes ne souhaitent exposer, c’est le dada du collectif. Papier mouchoir dans un vieux cadre de bois. Photos de familles argentiques jaunies d’une famille de 18 enfants. Toiles aux sujets peu orthodoxes qui ont pris la poussière. Fragment de poutre grec renippée. Objets insolites. Compte aussi parmi les œuvres du collectif, un ramassis des colis canado-français perdus en mer ou en plein vol. Pour une modique somme variant entre 10.21$ et 28.99 $ vous pourrez être l’unique propriétaire d’œuvres anonyme qui embelliront votre salon de par leur absence de renommée.

Demi-mesure, Oeil de poisson Manif d’art 3, 2005.

Trampoline et matériaux mixtes Dimensions: 16 X 16 X 3’

Le canular de patrick Bérubé

Une réplique française franchement québécoise Le projet d’hugo nadeau 2 et de Marie-claude gendron

Artistes, brocanteurs, vous voulez faire partie de la Réplique Franche? Envoyez vos œuvres anonymes au 820 Charest Est, local 132, G1K8H8.Coordination et commissariat par Marie-Claude Gendron et Hugo Nadeau 2

ma mère. Je trouve ça important que l’art soit accessible, c’est pour cette raison qu’au premier degré, mes œuvres sont assez simples ».

/ par Alexandra BLOUIN

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finlarmoiement est un collectif d’artistes virtuels. Multidisciplinaire, le collectif s’adonne à la performance, aux arts visuels, à la littérature… et à la supercherie.

Il n’est pas aisé de faire la lumière sur le collectif finlarmoiement. Selon ce qui a été écrit ou répété ici et là, il aurait été fondé en 2004, mais on lit aussi 2003, 2006, 1999, etc. Ailleurs, il est aussi dit que le collectif « naît et meurt sporadiquement ».

Il apparaît rapidement, en fait, que les membres du collectif s’amusent à entretenir la confusion. Ceux-ci affirment même, sans détour, « ne pas exister » d’où l’appellation « artistes virtuels » dont ils se targuent.

Que Marie Duval Hétu, Martin Nadeau et Louis Rancourt mentent sur leur identité, cela ne fait pratiquement aucun doute. Il faut pourtant bien que des personnes réelles se cachent derrière ces artistes mystérieux. Qui sont-ils? Leur poser la question, c’est déjà un peu se faire prendre à leur jeu.

finlarmoiement : entre la feinte et la création/ par François GRONDIN

Partiellement : 1679 pulsationsAcrylique et collage sur toile

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Littérature | 15

« L’idée de notre non-existence est un concept qui a une signification et une portée différente pour chacun des membres du collectif » explique Martin Nadeau. « Pour moi, c’est parfois une question purement philosophique, parfois une question d’efficacité, une nécessité. Mais c’est la réponse que je donne aujourd’hui et je pourrais en donner une autre complètement différente dans un autre contexte » rajoute-t-il. Voilà donc la table mise.

le Grand projet ismiste, l’utopie d’une encyclopédie exhaustive de la pensée humaine

Cette manière qu’a Martin Nadeau de se défiler, moitié amusante, moitié frustrante, semble être une des bases du processus de création de finlarmoiement. On le remarque, par exemple, dans leur Grand projet ismiste dont l’objectif, bien qu’utopique, est sans rime ni mesure assumé avec fermeté par les trois artistes. Le projet aurait vu le jour il y a plusieurs années, avant même la naissance officielle du collectif. « Il nous fallait un

texte fondateur, mais on était incapables de s’entendre sur le manifeste à écrire », raconte Louis Rancourt. « On a donc choisi d’écrire celui de l’ismisme (le ism des isms) dans lequel on s’est engagés à rédiger tous les manifestes imaginables. Notre but est à la fois de répertorier et promouvoir toutes les écoles de pensées tout en les invalidant toutes en faisant aussi la promotion des écoles de pensées contraires. »

57 litresEncre et duct tape sur carton

SylvieEncre sur carton

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Réunir et signer absolument tous les manifestes, ceux déjà écrits comme ceux ne l’ayant pas encore été, tel est l’objectif du projet. L’entreprise est plus que colossale et c’est pourquoi finlarmoiement demande l’aide du public. Les visiteurs de leur site web sont en effet invités à déposer des manifestes ou à en créer de nouveaux en utilisant les différents outils mis à leur disposition par le collectif. Vous pouvez utiliser le Formulaire de création de manifestes-éclairs, le Générateur de manifestes ou le principe de Manifestes glissants pour produire, plus ou moins efficacement, votre propre manifeste et le transmettre à finlarmoiement.

Les visées officielles du Grand projet ismiste sont incontestablement irréalistes, mais le projet, en lui-même, n’en devient pas pour autant inintéressant. À travers les différents outils proposés pour créer de nouveaux textes revendicateurs, finlarmoiement offre en fait une suite d’activité de création littéraire à saveur oulipienne sous le thème du manifeste. Il suffit d’accepter de travailler un peu dans le vide pour finir, après tout, par s’y amuser beaucoup.

J’écrirai un livre de titre, comme on éructe un sapin

Dans la même veine, lors de la première édition du festival Québec en toutes lettres en 2010, Martin Nadeau lançait son recueil J’écrirai un livre de titres, un recueil, comme son nom l’indique, pratiquement uniquement composé de titres. Martin Nadeau expliquait alors avoir refusé d’arrêter son choix sur un livre unique à attacher à chacun des titres proposés, préférant plutôt laisser au lecteur le soin de construire lui-même, mentalement, un ou plusieurs récits pour chaque intitulé.

Pour animer ce lancement, le collectif présentait aussi « l’installation picturale-participative » Comme on éructe un sapin : une série de toiles munies de velcro sur lesquelles le public était invité à coller, dans l’ordre qui lui plaisait, des mots écrits sur des bandes de toiles. Encore une fois, le résultat de la performance s’avérant être un texte décousu composé par le public, les membres du collectif venaient de créer quelque chose sans véritablement se mouiller.

parce que le carton les emballe

« Si l’art existe ( nous sommes ouverts aux discussions à ce sujet ), notre art existe… c’est une certitude » affirme le collectif dans son texte de démarche artistique. Collé à ce texte, un carton d’emballage sur lequel on peut voir, dessiner d’un trait quasi enfantin, un éléphant rose debout sur ses pattes arrière fixant, devant lui, une cuvette de toilette. « L’œuvre » s’intitule 57 litres.

Des cartons semblables, finlarmoiement nous en propose par dizaines, et nous les présente toujours comme du « grand art ». Est-ce pour se moquer ? Est-ce par ironie ? Non, selon les dires mêmes des membres du collectif. « Nous aimons l’art plus que notre propre personne et, s’il nous arrive de l’écorcher, c’est que notre amour est féroce » indique Louis Rancourt dans un texte paru dans L’Âcre registre, leur journal de bord. Selon Marie Duval, ce qui est proposé s’inscrit en fait dans une réflexion expérimentale trouvant très bien sa place dans le monde de l’art contemporain : « Nous tentons d’amener l’art à sa plus simple expression. Bien sûr, cela a été fait des

Marie, Martin et Louis lors d’une de leurs rares apparitions publiques à l’occasion du 9e laboratoire Ismiste

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centaines de fois dans l’histoire de l’art. Cependant, le plus souvent, ce type d’art trouve sa valeur dans la personnalité de l’artiste, dans son prestige et dans les anecdotes qui l’entourent. Ce que nous voulons observer c’est : qu’arrive-t-il lorsque les artistes derrière ce genre d’art prétendent ne pas exister ».

prétendre ne pas exister

Il s’agit là, pratiquement, d’une confession. Marie Duval Hétu affirme elle-même « prétendre » ne pas exister. Il y a donc bien de vraies personnes derrière ses artistes se disant virtuels. Mais relever cette fausse note dans son discours n’ébranle en rien Marie Duval, ni les deux autres membres du collectif. Lorsqu’on s’amuse à mêler sans trêve vérité et mensonges, les équivoques ne sont qu’eau au moulin

Et le moulin ne manque pas d’eau. Depuis quelques mois, en effet, finlarmoiement nous invite à participer aux audiences virtuelles de la Commission finlarmoiement sur la non-existence de Réjean Ducharme, une commission d’enquête présidée par

les trois artistes virtuels et ayant pour but de démontrer que l’énigmatique auteur Réjean Ducharme, tout comme eux, n’existe pas. Les témoignages recueillis sur leur site web orienteront les conclusions du rapport de la Commission dont le dépôt aura lieu le 22 octobre 2011 à 17 h pendant le festival Québec en toutes lettres.

Commission d’enquête? Une supercherie sans doute… une autre! Et pour l’apprécier à sa juste valeur, il faut entrer dans le jeu.

Plancher glissantEncre sur carton

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en métiers d’art ont été approchés pour aborder et creuser le sujet. Une première exploration, via un cadavre exquis de dessins, a été faite. Chacun des artistes a fouillé et déterré des souvenirs, des impressions, des moments furtifs d’une enfance dans laquelle, pour la plupart d’entre nous, n’avons le temps de s’attarder.

Puis un espace de travail a été alloué à chacun des 10 artistes qui se sont lancés dans la confection de leur pièce avec les matières de la discipline qu’ils affectionnent : Olivier Bhérer-Vidal, le papier, Florence Boivin, le tricot, Mathieu Fecteau, la sculpture, Geneviève Garneau, la vannerie, Julien Lebargy, la lutherie, Emilie Proulx, la broderie, Anne-Marie Rébillard, la joaillerie, Olivier Roberge, l’ébénisterie, Loriane Thibodeau, la céramique, Geneviève Vigneault, le verre.

Toute la vivacité de l’enfance nous revient au contact du Collectif E&O, responsable de l’événement/exposition Lorsque j’avais dix ans qui a marqué le 10e anniversaire du centre MATERIA. Il faut dire que la proposition des deux jeunes commissaires, Olivier Roberge et Emilie Proulx, ne laissait pas indifférent. Présentée du 18 mars au 3 avril 2011, l’aventure offrait une expérience qui invitait inévitablement à la spontanéité, à la fraîcheur, au goût du jeu sans frontière de l’enfance, au plaisir de se transporter à nouveau à cet âge où l’imagination n’est pas encore bridée par des responsabilités d’adultes.

Le concept est né de la réflexion suivante : « MATERIA a 10 ans. Qu’est-ce que je faisais, moi, à 10 ans? À quoi je jouais? Qu’est-ce que j’aimais? ». C’est donc sous la direction du Collectif E&O, que huit artistes de la relève

À partir des dessins du cadavre exquis qui représentaient tantôt une cabane dans un arbre, tantôt des déguisements, tantôt une carte du monde, les artistes, sous forme d’atelier ouvert au public, des œuvres individuelles ont été créées. Assemblées, ces dernières allaient tranquillement devenir une vaste installation aux allures de salle de récréation; les poneys en tissus copinaient avec les avions-jouet et ainsi de suite. Toutes les enfances semblaient avoir explosé joyeusement dans la galerie. Le processus a abouti à un vernissage sous forme de causerie, qui a laissé place à une semaine d’exposition.

Avec cette formule, le Collectif E&O a su rendre accessible au public le travail des artistes et leur processus de création.

ON JOUE? / par Catherine BRETON

eBoutiqueL’accessibilité se poursuit à la nouvelle boutique de MATERIA que vous trouverez sur place et en ligne : www.materiaeboutique.com.

Vous y trouverez toutes les créations originales et uniques des artistes et artisans en métiers d’art du Canada, à des coûts très abordables. MATERIA eBoutique, c’est aussi un blogue riche en informations pour ceux qui sont curieux de voir l’envers du décor des métiers d’art, ainsi que les dernières techniques et les formations utiles.

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Ces artistes qui se jouent de nous/ par Alexandra BLOUIN

L’installation : une expérience immersive physique et matérielle

Dans leurs expositions installatives, les collectifs d’artistes québécois BGL et COOKE-SASSEVILLE sont passés maîtres dans l’art de travestir les lieux, les espaces et les rues pour conduire le public dans un univers qui leur est propre. L’installation, c’est une forme d’art sculptural qui prend en considération l’espace, le lieu et le rôle immersif des visiteurs. Ils jouent avec nos préjugés, nos perceptions, nos sens, nos préoccupecations quotidiennes dans le but de provoquer des prises de conscience et de pointer du doigt différents thèmes qui caractérisent leurs démarches.

Le jeu intellectuel de COOKE-SASSEVILLE, demi-dieux et héros de l’art actuelLe jeu à double tranchant de Cooke-Sasseville : Attraction- Réflexion. Grâce à des mises en scène surréalistes et un esthétisme qui frôle la naïveté, les divins créateurs s’amusent dans un premier temps à nous séduire, à nous donner envie de rire pour nous tendre un piège, celui de la première impression. Puis, au fur et à mesure que le temps s’échappe, le malaise prend sa place accompagné de ses fidèles amis doute et questionnement. Puis arrivent les limites sur lesquelles ils aiment jouer et les paradoxes qui nous fixent, tous, d’un air inquisiteur. « Nos installations placent inévitablement le spectateur face à des situations ambivalentes, où le confort se mêle à l’inquiétude, où la critique sociale se fait par le divertissement, où des attitudes ludiques et une insouciance apparente dévoilent un questionnement d’une extrême lucidité » - Cooke-Sasseville.

Une œuvre vous est offerte, le couple ne vous impose pas sa vision des choses, mais vous propose plutôt des pistes de réflexion dans les détails subtils de leurs œuvres sur lesquels vous questionner. L’art du Dieu, ainsi que sa démarche, reflètent divers sujets sur lesquels il se

questionne dans sa pratique tels que le narcissisme exacerbé, la mécanisation de la sexualité, la place de l’artiste et la perception qu’en a la société. Teinté d’un humour absurde et parfois cynique,

et d’une touche de provocation bien placée, les oeuvres de Jean-François Cooke et de Pierre Sasseville ont toujours une réception soutenue du public.

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/ par Alexandra BLOUIN

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Le penseur en chocolatComplètement repeinte de couleur brun, la salle d’exposition présente, sur un modeste socle, une énorme réplique chocolatée d’une des plus célèbres icônes de l’histoire de l’art : Le penseur de Rodin. Rongé par les rats, le contenu surdimensionné contemple son contenant. Mais qui sont ces rats? Les consommateurs d’arts? Les conservateurs? Cette installation suggère une réflexion sur l’art, la condition de l’artiste, l’aliénation, la culture publicitaire et le rapport de l’art à la banalité, thèmes récurrents dans leur démarche artistique, notamment dans leurs œuvres Si j’avais su et Le petit gâteau d’or.

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Le Plus beau jour de ma vie (2005) Centre des arts SKOL, Montréal, 25 août au 23 septembre 2006 L’œil de Poisson, Québec, 18 novembre au 18 décembre 2006

Le plus beau jour de ma vie« Le plus beau jour de ma vie est une installation paradoxale où une chose et son contraire se côtoient simultanément. Le quotidien, illustré par une multitude d’icônes, procure à la fois un accès au bonheur (par la transparence et le trajet imposé) mais joue également le rôle d’une cage, retenant ce même bonheur dans son enceinte. Illustration naïve à l’extrême d’un petit moment de bonheur inatteignable : un éléphant chatouillant un énorme chaton, tous deux roses, et tournant sur eux-mêmes indéfiniment. Enfermé dans ce cachot du quotidien, cette scène absurde devient le but à atteindre, fausse idole qui ne se dévoile entièrement qu’au bout d’un trajet, d’une quête, et qui par son non-sens, fascine et déçoit simultanément... » Cooke-Sasseville. Extrait du site Internet www.cooke-sasseville.net/leplusbeaujour.htm

la banane à l’honneur, une farce universelleDérapage 2008. Folie Culture.« Intemporelle, la peau de banane au sol fait sans doute partie du palmarès des cinq ou six meilleures farces de tous les temps. Malgré cette éclatante célébrité, il a toujours été difficile d'ériger un monument en son honneur, par nature, la peau de banane doit se trouver au sol pour atteindre son niveau d'humour op-timal. Cette fine farce universelle peut enfin jouir des honneurs dus à son rang. Oui, la banane a enfin son trou d'homme, et ce, au cœur même de la ville de Québec. En fait, l'emplacement géographique de cette banane en fonte, suggérant la négli-gence susceptible de causer des blessures, ne pouvait pas être plus adéquat en regard de l'histoire de ce site... » Extrait du site Internet www.cooke-sasseville.net/regardsfous.htmPh

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Le penseur en chocolat (2010), Exposition solo, Lieu centre d’art actuel, Québec.

Dérapage (2008), Folie Culture.

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BgL « Mais où est l’art? qui en est l’auteur? »

Il nous fascine, nous dérange, nous divertit, nous déconcerte, nous fait rire, nous déstabilise, nous en redemandons. L’art singulier de BGL laisse sa trace dans nos réflexions sur la vie, sur le mode de vie nord-américain, sur ces comportements que nous avons acquis d’une société matérialiste, sur cette culture dont nous sommes empreints jusqu’aux os et sur les enjeux sociaux et politiques qui habitent nos sociétés.

« Loin du jugement qui dissocie la critique de la chose critiquée »1, la démarche du collectif consiste, à travers l’art de l’installation et celui de l’intervention, à provoquer le public vers une prise de conscience et un déconditionnement de l’esprit.

Pour changer notre perception des choses et nous forcer à les regarder d’un œil objectif et contemplatif, BGL nous déstabilise, nous dérange, s’empare de

notre zone de confort et la remplace par l’incompréhension. « Notre but c’est de se perdre. On remet en question les repères et les certitudes, car la déroute physique [que font vivre nos installations par l’expérience] a le mérite d’activer nos sens et nos dispositions ».1 C’est en utilisant ces repères et ces certitudes que le trio se joue de nous. Ils créent une proximité directe avec le public en utilisant des images, des concepts et des symboles qui nous sont familiers, qui

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Un faux Queen Mary II dans une rivière torontoise polluée. « Mais où est l’art ? Qui en est l’auteur? »

Sur le bord de la route, un VTT trouble le voisinage et les automobilistes, déconcertés par la situation. Les gens s’arrêtent, cherchent les blessés. Un chasseur à l’arc vient s’assurer qu’on ne le tiendra pas responsable du dommage.1 Le VTT n’est ni plus ni moins qu’un jouet d’adulte, « la nature est dangereuse et il faut aller très vite pour ne voir que des sentiers balisés ». J.B.

1. Anne-Marie Ninacs, 2009, BGL, Vol1no1, Manifestation internationale d’art

font partie de notre quotidien (voiture, cellulaire, maison, commerce, etc.) afin de rendre « tangibles » les concepts sur lesquels ils veulent nous faire réfléchir. C’est précisément l’ambiguïté qui entoure leurs œuvres qui provoquera cette faille dans nos perceptions et qui nous permettra de remettre les choses en perspective.

Assez ambiguë pour que, face à leurs interventions, nous nous demandions

« Mais où est l’art ? Qui en est l’auteur ?» tellement leurs œuvres deviennent partie intégrante du lieu qu’ils occupent. Le public interagit avec les œuvres, et c’est de cette façon que les créateurs critiquent la société : en proposant par l’expérience une situation plutôt qu’en la dénonçant.

Derrière cette démarche lucide et profonde se cache… le jeu. La notion de jeu est omniprésente dans tout le

processus créatif du collectif, à même les discussions qui précèdent l’élaboration d’un projet, où les idées s’entrecoupent à travers les rires et une harmonie unique au trio. « Le caractère joueur de nos œuvres est une manière d’arriver à faire penser les gens sans les ennuyer » même lorsque le jeu est troublant, un aspect fondamental de la démarche du trio. Sous l’aspect ludique et humoristique de leur art se cachent ces vérités et réflexions à premières vues insoupçonnées.

Jouet d’adulte, 2003, Exposition Point de chute, Galerie Lacerte, Québec,

VTT, flèches, époxy noir.

Nowhere II / Nulle part II, projet de Number 9 sur la Don River, Toronto, bateau d’aluminium, 9 X 1.5 X 2m, bouée d’aluminium peint 5m de diamètre X 1m.

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bazzart : Pourquoi vous intéressez-vous au 3D?

M. M. : En tant que directeur photo, la 3D me permet d’aller plus loin dans mon travail. C’est aussi une question d’être au rendez-vous, d’embarquer dans le train quand il va passer, d’être prêt pour le moment où le marché va adopter définitivement cette voie. En ce moment, le marché est petit, mais il est néanmoins très intéressant et prometteur. Il va se développer en/dans peu de temps. Il faut souligner que, du côté domestique,

il y a de plus en plus. Au niveau de la télévision ou même du web, ce n’est qu’une question de temps. Il faut être alerte.

À Québec, on parle beaucoup de la stéréoscopie, mais il reste encore beaucoup à faire. Il y a encore une bonne dose d’initiatives à prendre. Notons Spirafilm qui s’y intéresse et qui fait de la formation dans ce domaine. En ce qui me concerne, je fais du mentorat et je donne des formations, entre autres par l’entremise du Conseil de la culture.

Sinon, à Québec, il y a Sky High Entertainment (shemovie.com) qui se spécialise en productions 3D pour IMAX. Ils ont produit le film Dinausaurs, Giant of Pantagonia. Mentionnons aussi les Productions Vues d’en haut, une compagnie que j’ai mise sur pied avec trois de mes collègues de longue date. Nous faisons aussi de la 3D, mais davantage dans des cadres muséaux ou documentaires.

bazzart : Qu’elles sont les différences entre la 2D et la 3D pour un réalisateur et directeur photo?

/ par Claire GOUTIER

la 3D et le patrimoine

Mario Munger

Mario Munger est un de ces cinéastes passionnés de Québec qui traite de thèmes humains. Ce qu’il aime, c’est faire des vues qui documentent le présent. Réalisateur et directeur photo expérimenté, il s’intéresse depuis une quinzaine d’années déjà à la 3D (ou image en relief, si l’on préfère le terme français européen). Il faut reconnaître que ce moyen de simuler la réalité gagne du terrain et toute l’industrie s’y prépare sérieusement. Québec n’est pas en reste et Mario Munger est en amont dans cette gageure.

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Entrevue | 25

M. M. : Ce n’est pas le même protocole; le rapport à l’image est différent. L’écart se situe surtout dans le domaine du découpage technique. Avec la 3D, on délaisse les détails (gros plans) pour voir tout le tableau (plans larges), donc les plans sont moins serrés, les points de vue sont plus ouverts. Il y a aussi une distinction à faire dans les médias, comme le grand écran et la télévision. L’un ou l’autre n’impose pas les mêmes critères et ils dictent la façon de tourner. Et, pour la 3D télévisuelle, ce sont les sports qui vont jouer un rôle important.

Sur le plan technique, les caméras se développent très rapidement. J’ai participé au NAB Show 2011 à Las Vegas, le plus grand rendez-vous technologique au monde. Sony et Panasonic présentaient des prototypes de caméras à deux lentilles construites spécialement pour la 3D, en remplacement des deux caméras habituellement nécessaires pour créer le relief. Elles devraient être mises en marché dès l’hiver 2012. C’est impressionnant tout ce qui s’est développé en 12 mois, la rapidité avec laquelle l’industrie innove. C’est toute une révolution technologique qui s’en vient. J’ai été impressionné par ce que j’ai vu; c’est réellement surprenant.

bazzart : Quel genre de projets aimez-vous entreprendre? Qu’est-ce qui vous passionne?

M.M. : J’aime documenter le présent, ce qui deviendra notre mémoire collective. Je vis à Québec depuis 25 ans, et depuis 25 ans, je filme Québec, la Basse-Ville, la Haute-Ville, mon quartier. J’aime faire le tour d’un lieu, d’une région. Ce qui m’intéresse dans mon travail de cinéaste, c’est de bâtir la mémoire, ce que nous allons laisser de notre époque, nos artéfacts. Moi, qui ne crois ni à Dieu ni à diable, je considère le présent comme étant l’éternité, donc, je le documente, j’en fais des archives. La modernité d’aujourd’hui, c’est le patrimoine de demain.

bazzart : Qui sont vos influences en matière de cinéma?

M.M. : Les Brault, Perreault et Labrecque de l’ONF dans les années 50-60-70 sont pour moi des pionniers qui ont fait la leçon au monde entier. Ce sont des gens importants. Sans eux, il n’y aurait pas de caméra à l’épaule. Ce sont des innovateurs.

Plus près de nous, j’aime beaucoup le réalisateur québécois André Fortier qui fait dans la fiction, mais qui reste fidèle

au temps malgré un imaginaire éclaté. Son dernier film, il l’a tourné en noir et blanc parce qu’il parlait « d’hier »; il y a une cohérence. Il nous fait des images qui fixent un paysage et une ambiance dans le temps, comme Pagnol dépeignait la Provence dans les années 30.

J’aime aussi le travail de Louis Bélanger, réalisateur de Gaz bar blues (2003) et Route 132 (2010). Je le considère comme l’un des meilleurs réalisateurs au Québec. Dire qu’ils l’ont refusé à la Course destination monde il y a 25 ans!

bazzart : Sur le DVD de Bazzart on retrouve un entretien que vous avez filmé en 3D avec le peintre Guy Labbé. Qu’est-ce que vous aimez de son œuvre? Comment qualifieriez-vous son travail?

M. M. : Guy Labbé est un maître de la couleur. Il est en plein contrôle de son art, une totale maîtrise de sa technique. C’est très impressionnant, d’autant qu’il fait de la peinture à l’huile, ce qui n’est pas facile à manipuler. Et ce que j’aime de l’artiste, c’est que c’est un homme volontaire qui a choisi la peinture. Pour lui, la peinture, ce n’est pas un hobby. Il s’y consacre totalement.

Guy Labbé est un artiste peintre qui a la prétention de demeurer un créateur après 35 ans de carrière. « Je n’ai pas de recette qui se répète, je crée encore de nouvelles choses », affirme-t-il. Il présentera ses nouvelles toiles en octobre prochain (voir page 27). Cette production, qui comprend entre 30 et 40 œuvres, portera le titre de Nomade à demeure. « C’est un double jeu de mots très symbolique. D’une part, « nomade » exprime que je suis toujours en mouvement, et « à demeure » veut signifier que c’est pour toujours. Cette nouvelle série est caractérisée par une grande influence d’autres peintres célèbres, tels que Vincent Van Gogh. Guy Labbé réinterprète des œuvres, visite le jardin de ses inspirations. Cependant, les amateurs du peintre Labbé verront un changement dans sa peinture. Il abandonne ses arbres tordus et la nature pour flirter avec l’abstraction. « C’est une évolution logique. » Voyez sur le DVD de Bazzart l’entretien avec Guy Labbé réalisé en 3D par le cinéaste Mario Munger.

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26 | Architecture

Les fausses maisons de Richard greaves/ par Alexandra BLOUIN

Pour Richard Greaves, l’architecture, ce pourrait être le mariage hétéroclite d’une planche à repasser, d’un gant de baseball flétri, d’un ordinateur habité par les écureuils du coin et de l’excroissance végétale envahissante. Refuge des rêveurs, utopie de la marginalité, ces maisons érigées à partir de matériaux provenant de bâtisses et de maisons abandonnées, couvertes d’objets du quotidien, ne sont habitables que par la poésie, la folie et la liberté. L’effondrement ressenti par le mouvement chaotique de chaque courbe n’est cependant qu’illusoire. Bien solides, les maisons de Richard Greaves évoluent avec et dans le temps, faisant de la nature, des animaux et des

1 Souriau, Etienne, 2004. « architecture », Vocabulaire d’esthétique. Quadrige dico poche, PUF.2 Gaudi, Antonio, cité dans Jean Riverain, 1970. La folie des extravagances, Paris, Hachette.3 Rousseau Valérie et Lombardi Sarah, 2005. Richard Greaves : architecte des possibles. Editions Cinq Conti-nents, Société des arts indisciplinés, Milan et Montréal.

Si l’architecture est « l’allégorie de l’art de bâtir »1 selon le philosophe Schelling, l’anarchitecture c’est, selon le célèbre Antonio Gaudi « l’imagination réclamant d’être satisfaite contre les règles, contre les normes d’habitabilité, mani-festant constamment sa haine du carré, de l’angle droit et du cube »2.

intempéries ses meilleurs alliés, ceux-ci contribuant au délabrement progressif.

Pourquoi utiliser ces rebuts et détritus, ces objets usés? Richard Greaves considère que les objets de seconde main ont un « vécu » tangible auquel il désire donner une deuxième vie en leur attribuant des fonctions poétiques plutôt qu’utilitaires. L’utilisation de ces objets, dont la richesse du passé l’émeu, résulte également de sa philosophie anticonsumériste qui vise à se libérer de l’avidité matérielle qui caractérise les sociétés capitalistes.

Pas de courriel, pas de numéro de téléphone, pas de relationniste… Volontairement irrejoignable, Richard Greaves est un artiste indiscipliné, un marginal, un vrai. Il fait partie de ces artistes qui désirent sciemment rester à l’écart de toute popularité, d’étiquette ou d’un courant artistique précis. Autodidacte et farouche défenseur d’un individualisme radical, il

n’aime pas l’argent, ni la gloire, ni la vie urbaine. Il vénère le silence, la nature et la liberté. Tel un Robinson sur une île déserte, il érige, au rythme de ses pulsions, de ses sentiments et de la folie, ce vaste sanctuaire architectural composé d’une vingtaine de maisons et de refuges

sur son terrain en Beauce depuis près d’une vingtaine d’années… « Le retour à la nature engagé par Richard Greaves semble résulter d’une soif de liberté et d’un désir irrépressible d’ériger un système répondant à ces propres règles » affirment Valérie Rousseau et Sarah Lombardi3. C’est dans ce système que Richard Greaves avoue trouver la paix intérieure.

L’anarchitecte « manifeste constamment sa haine du carré, de l’angle droit et du cube ».

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21 SEPT 2 OCTau

2011 FCVQ.CA

la commission finlarmoiement sur la non-existence de Réjean Ducharme

finlarmoiement.com

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