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Abstracts / Nutrition clinique et métabolisme 25 (2011) S51–S153 / Cahiers de nutrition et de diététique 46 (2011) S52–S153 S139 Conclusion. Le déficit en vitamine C est très fréquent dans les services de gériatrie aiguë. Nous n’avons pas retrouvé de détermi- nants cliniques permettant de suspecter un déficit en vitamine C. En revanche, les patients carencés en vitamine B9 l’étaient systémati- quement en vitamine C. Le dosage de la vitamine B9 fait partie du bilan d’entrée systématique dans la majorité des services de géria- trie aiguë et est moins coûteux que le dosage de l’ascorbémie. Il pourrait être conseillé de supplémenter systématiquement en vita- mine C, en association avec de l’acide folique, tous les patients carencés en vitamine B9. P178 Évaluation nutritionnelle par un réseau de santé des résidents déments et non déments en établissement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) en Limousin Jesus P* 1 , Desport JC 1, 2, 3 , Massoulard A 2 , Fraysse JL 2, 4 , Baptiste A 2 , Gindre-Poulvelarie L 2 , Villemonteix C 2 , Javerliat V 2 , Preux PM 3, 5 1 Unité de Nutrition, CHU, Limoges, 2 Réseau LINUT, Isle, 3 EA 3174, Faculté de Médecine, Limoges, 4 SADIR assistance, Toulouse Labège, 5 Unité de Biostatistique, CHU, Limoges, France Introduction et but de l’étude. La région Limousin, 2 e région la plus âgée d’Europe, compte plus de 9 % de personnes de plus de 65 ans atteintes de maladie d’Alzheimer. En France, près des deux tiers des résidents en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) sont déments, avec de nombreux troubles nutritionnels. Le réseau de santé LINUT évalue l’état nutri- tionnel des personnes âgées en EHPAD et prend en charge les troubles éventuels. Les buts de ce travail étaient d’évaluer grâce à ce réseau l’état nutritionnel des résidents déments et non déments en EHPAD ainsi que leur évolution après quatre mois d’intervention. Matériel et Méthodes. Après accord éclairé des EHPAD, des résidents ou leurs ayants-droits, une enquête initiale (T0) et au 4 e mois (T4) était réalisée par le réseau dans 26 EHPAD en région Limousin. L’évaluation comprenait des critères de démence (anté- cédents de démence, Mini Mental State), de dépression (Geriatric Depression Scale) et d’autonomie (Activity of Daily Living [ADL]), le poids, la taille, l’indice de masse corporelle, le Mini Nutritional Assessment (MNA ), une enquête alimentaire de 3 jours. L’état nutritionnel était défini selon les critères HAS. Résultats. Trois cent quarante-six résidents étaient évalués à T0, âgés de 87,9 +/– 6,9 ans, avec 83,4 % de femmes, 66,8 % de déments. 43,8 % des résidents étaient dénutris et 24,4 % obèses. L’autonomie des résidents obèses n’était pas altérée. Les résidents déments avaient un ADL et un poids plus bas que les non déments (respectivement 2,2 +/– 1,2 vs 2,7 +/– 1,5 p = 0,03 et 60,1 +/– 16,3 vs 64,7 +/– 20,0 kg p = 0,03), étaient plus souvent dénutris et moins souvent obèses (res- pectivement 45,3 % vs 40,9 % et 18,8 % vs 36,4 % p = 0,003) et consommaient plus de protéines (62,6 +/– 17,8 vs 58,2 +/– 16,9 g/j p = 0,04 ; 1,1 +/– 0,4 vs 1,0 +/– 0,4 g/kg/j p = 0,005). Pour l’ensemble des résidents, les apports énergétiques étaient à la limite inférieure des recommandations françaises (26,4 +/– 8,8 kcal/kg/j vs > 25,0 kcal/kg/ j). Il y avait à T4 une amélioration du MNA de dépistage (+0,4 points/ mois p = 0,02), de l’apport protéique (+3,3 g/j p = 0,0007) et des apports énergétiques (+41,4 kcal/j p = 0,01 et +0,1 kcal/kg/j p = 0,03). Les variations de prévalence de dénutrition et d’obésité n’étaient pas significatives. Le MNA complet augmentait chez les déments et baissait chez les non déments (+0,29 +/– 0,8 points/mois p = 0,003 vs – 0,13 +/– 1,0 points/mois p = 0,003). Toutes les autres évolutions étaient comparables et le statut nutritionnel ne différait plus entre les deux groupes à T4. Conclusion. La fréquence de la démence est élevée dans la population étudiée. La dénutrition est le principal problème nutri- tionnel, surtout en cas de démence. Les apports protéiques des rési- dents sont satisfaisants mais les apports énergétiques souvent insuffisants. L’état nutritionnel des patients déments évolue de façon favorable après quatre mois de suivi, suggérant une action efficace de la prise en charge en réseau. La prise en charge de l’obé- sité en EHPAD reste difficile. P179 Une masse non-grasse faible est associée à la mortalité dans la communauté âgée en bonne santé vivant à domicile Genton L 1 , Graf CE 2 , Karsegard VL* 1 , Pichard C 1 1 Nutrition clinique, hôpital universitaire de Genève, Genève, 2 Service de Gériatrie, hôpital universitaire de Genève, Genève, Suisse Introduction et but de l’étude. Une masse non-grasse (MNG) faible a été associée à une mortalité élevée pour des groupes spéci- fiques de patients mais jamais chez les personnes âgées en bonne santé. Le but de cette étude est d’évaluer la relation entre la compo- sition corporelle mesurée chez des sujets âgés en bonne santé et la mortalité. Matériel et Méthodes. En 1999, 203 sujets > 65 ans (102 F, 101 h), vivant dans la région de Genève ont été recrutés par annonce. Une mesure de la composition corporelle par bioimpé- dance électrique, un index de co-morbidité de Charlson et une esti- mation de leur dépense énergétique par l’activité physique (AP) par un questionnaire validé ont été réalisés. Ces mesures ont été répé- tées en 2002, 2005 et 2008 chez tous les participants atteignables par téléphone et d’accord de participer. Les données de mortalités entre 1999 et 2010 ont été obtenues par le site web officiel des décès du canton de Genève. La relation entre la mortalité et la dernière composition corporelle a été analysée par régressions multiples de Cox. Résultats. Les caractéristiques pour les hommes et les femmes au dernier suivi étaient : âge : 81,1 ± 5,9 et 80,9 ± 5,8 ans, IMC : 25,3 ± 4,6 et 26,1 ± 3,4 kg/m 2 , MNG 41,0 ± 5,4 et 55,0 ± 6,3 kg, masse grasse (MG) : 22,5 ± 8,5 et 19,4 ± 5,7 kg, index de Charlson : 1,8 ± 2,5 et 3,0 ± 2,8 et AP : 1 392 ± 563 et 1 534 ± 545 kcal/j. 58 sujets sont décédés entre 1999 et 2010. La régression de Cox montre que l’âge et la MNG prédisent la mortalité. Le modèle explique 29 % (R 2 ajusté) de la variance de la mortalité. Conclusion. Une MNG faible est un facteur de risque indépen- dant de la mortalité chez les sujets âgés en bonne santé. Associée à l’âge, le sexe et la MG, elle explique 29 % de la variance de la mortalité. Hazart ratio Intervalle de confiance 95 % p Sexe (hommes) 12,1 3,71-39,26 0,000 Âge (ans) 1,0 1,00-1,08 0,063 MNG(kg) 0,9 0,84-0,97 0,004 MG (kg) 1,0 0,98-1,10 0,169

P178 Évaluation nutritionnelle par un réseau de santé des résidents déments et non déments en établissement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) en Limousin

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Abstracts / Nutrition clinique et métabolisme 25 (2011) S51–S153 / Cahiers de nutrition et de diététique 46 (2011) S52–S153 S139

Conclusion. – Le déficit en vitamine C est très fréquent dans les

services de gériatrie aiguë. Nous n’avons pas retrouvé de détermi-

nants cliniques permettant de suspecter un déficit en vitamine C. En

revanche, les patients carencés en vitamine B9 l’étaient systémati-

quement en vitamine C. Le dosage de la vitamine B9 fait partie du

bilan d’entrée systématique dans la majorité des services de géria-

trie aiguë et est moins coûteux que le dosage de l’ascorbémie. Il

pourrait être conseillé de supplémenter systématiquement en vita-

mine C, en association avec de l’acide folique, tous les patients

carencés en vitamine B9.

P178Évaluation nutritionnelle par un réseau de santé des résidentsdéments et non déments en établissement pour personnesâgées dépendantes (EHPAD) en LimousinJesus P*1, Desport JC1, 2, 3, Massoulard A2, Fraysse JL2, 4, Baptiste A2,

Gindre-Poulvelarie L2, Villemonteix C2, Javerliat V2, Preux PM3, 5

1Unité de Nutrition, CHU, Limoges,2Réseau LINUT, Isle,3EA 3174, Faculté de Médecine, Limoges,4SADIR assistance, Toulouse Labège,5Unité de Biostatistique, CHU, Limoges, France

Introduction et but de l’étude. – La région Limousin, 2e région

la plus âgée d’Europe, compte plus de 9 % de personnes de plus de

65 ans atteintes de maladie d’Alzheimer. En France, près des deux

tiers des résidents en établissement d’hébergement pour personnes

âgées dépendantes (EHPAD) sont déments, avec de nombreux

troubles nutritionnels. Le réseau de santé LINUT évalue l’état nutri-

tionnel des personnes âgées en EHPAD et prend en charge les

troubles éventuels. Les buts de ce travail étaient d’évaluer grâce à ce

réseau l’état nutritionnel des résidents déments et non déments en

EHPAD ainsi que leur évolution après quatre mois d’intervention.

Matériel et Méthodes. – Après accord éclairé des EHPAD, des

résidents ou leurs ayants-droits, une enquête initiale (T0) et au

4e mois (T4) était réalisée par le réseau dans 26 EHPAD en région

Limousin. L’évaluation comprenait des critères de démence (anté-

cédents de démence, Mini Mental State), de dépression (Geriatric

Depression Scale) et d’autonomie (Activity of Daily Living

[ADL]), le poids, la taille, l’indice de masse corporelle, le Mini

Nutritional Assessment™ (MNA™), une enquête alimentaire de

3 jours. L’état nutritionnel était défini selon les critères HAS.

Résultats. – Trois cent quarante-six résidents étaient évalués à T0,

âgés de 87,9 +/– 6,9 ans, avec 83,4 % de femmes, 66,8 % de déments.

43,8 % des résidents étaient dénutris et 24,4 % obèses. L’autonomie

des résidents obèses n’était pas altérée. Les résidents déments avaient

un ADL et un poids plus bas que les non déments (respectivement

2,2 +/– 1,2 vs 2,7 +/– 1,5 p = 0,03 et 60,1 +/– 16,3 vs 64,7 +/– 20,0 kg

p = 0,03), étaient plus souvent dénutris et moins souvent obèses (res-

pectivement 45,3 % vs 40,9 % et 18,8 % vs 36,4 % p = 0,003) et

consommaient plus de protéines (62,6 +/– 17,8 vs 58,2 +/– 16,9 g/j

p = 0,04 ; 1,1 +/– 0,4 vs 1,0 +/– 0,4 g/kg/j p = 0,005). Pour l’ensemble

des résidents, les apports énergétiques étaient à la limite inférieure des

recommandations françaises (26,4 +/– 8,8 kcal/kg/j vs > 25,0 kcal/kg/

j). Il y avait à T4 une amélioration du MNA™ de dépistage (+0,4 points/

mois p = 0,02), de l’apport protéique (+3,3 g/j p = 0,0007) et des

apports énergétiques (+41,4 kcal/j p = 0,01 et +0,1 kcal/kg/j p = 0,03).

Les variations de prévalence de dénutrition et d’obésité n’étaient pas

significatives. Le MNA™ complet augmentait chez les déments et

baissait chez les non déments (+0,29 +/– 0,8 points/mois p

= 0,003 vs – 0,13 +/– 1,0 points/mois p = 0,003). Toutes les autres

évolutions étaient comparables et le statut nutritionnel ne différait plus

entre les deux groupes à T4.

Conclusion. – La fréquence de la démence est élevée dans la

population étudiée. La dénutrition est le principal problème nutri-

tionnel, surtout en cas de démence. Les apports protéiques des rési-

dents sont satisfaisants mais les apports énergétiques souvent

insuffisants. L’état nutritionnel des patients déments évolue de

façon favorable après quatre mois de suivi, suggérant une action

efficace de la prise en charge en réseau. La prise en charge de l’obé-

sité en EHPAD reste difficile.

P179Une masse non-grasse faible est associée à la mortalité dans la communauté âgée en bonne santé vivant à domicileGenton L1, Graf CE2, Karsegard VL*1, Pichard C1

1Nutrition clinique, hôpital universitaire de Genève, Genève,2Service de Gériatrie, hôpital universitaire de Genève, Genève,

Suisse

Introduction et but de l’étude. – Une masse non-grasse (MNG)

faible a été associée à une mortalité élevée pour des groupes spéci-

fiques de patients mais jamais chez les personnes âgées en bonne

santé. Le but de cette étude est d’évaluer la relation entre la compo-

sition corporelle mesurée chez des sujets âgés en bonne santé et la

mortalité.

Matériel et Méthodes. – En 1999, 203 sujets > 65 ans (102 F,

101 h), vivant dans la région de Genève ont été recrutés par

annonce. Une mesure de la composition corporelle par bioimpé-

dance électrique, un index de co-morbidité de Charlson et une esti-

mation de leur dépense énergétique par l’activité physique (AP) par

un questionnaire validé ont été réalisés. Ces mesures ont été répé-

tées en 2002, 2005 et 2008 chez tous les participants atteignables par

téléphone et d’accord de participer. Les données de mortalités

entre 1999 et 2010 ont été obtenues par le site web officiel des décès

du canton de Genève. La relation entre la mortalité et la dernière

composition corporelle a été analysée par régressions multiples de

Cox.

Résultats. – Les caractéristiques pour les hommes et les femmes

au dernier suivi étaient : âge : 81,1 ± 5,9 et 80,9 ± 5,8 ans, IMC :

25,3 ± 4,6 et 26,1 ± 3,4 kg/m2, MNG 41,0 ± 5,4 et 55,0 ± 6,3 kg,

masse grasse (MG) : 22,5 ± 8,5 et 19,4 ± 5,7 kg, index de Charlson :

1,8 ± 2,5 et 3,0 ± 2,8 et AP : 1 392 ± 563 et 1 534 ± 545 kcal/j.

58 sujets sont décédés entre 1999 et 2010. La régression de Cox

montre que l’âge et la MNG prédisent la mortalité. Le modèle

explique 29 % (R2 ajusté) de la variance de la mortalité.

Conclusion. – Une MNG faible est un facteur de risque indépen-

dant de la mortalité chez les sujets âgés en bonne santé. Associée à

l’âge, le sexe et la MG, elle explique 29 % de la variance de la

mortalité.

Hazart ratio Intervalle de confiance 95 % p

Sexe (hommes) 12,1 3,71-39,26 0,000

Âge (ans) 1,0 1,00-1,08 0,063

MNG(kg) 0,9 0,84-0,97 0,004

MG (kg) 1,0 0,98-1,10 0,169