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© Masson, Paris, 2006. Rev Epidemiol Sante Publique, 2006, 54 : 2S85-2S90 COMMUNICATIONS AFFICHÉES MÉTHODOLOGIE P9-1 Études de cas versus revues de la littérature : les indicateurs du changement de modèle dominant de partage des connaissances en médecine BORGÈS DA SILVA G. (1), BORGÈS DA SILVA R. (2), CONTANDRIOPOULOS A.P. (3) (1) Département veille et stratégie, Direction stratégie, études et statistiques, CnamTS, Paris ; (2) Groupe de recher- che interdisciplinaire en santé (GRIS) — Université de Montréal Groupe de recherche sur l’équité d’accès et l’organisation des services de santé de première ligne (GRÉAS 1) — Direction de la santé publique de Montréal, Canada ; (3) Département d’administration de la santé, Faculté de Médecine, Université de Montréal, Canada ; Groupe de recherche interdisciplinaire en santé (GRIS) — Université de Montréal. Objectifs : La médecine évolue par des remises en cause de concepts adoptés précédemment. La crise du paradigme de la médecine s’est manifestée à la fin du XX e siècle par la variabilité des pratiques, l’incertitude de la décision médicale et les difficultés à définir la normalité. À partir de l’évolution de la production des connaissances, notre objectif a été d’apporter une mesure à cette crise paradigmatique et de tenter de percevoir le sens du changement. Méthode : Nous avons mesuré, sur Medline, chaque année entre 1976 et 2004, le nombre de publications d’études de cas versus le nombre de revues de la littérature et d’articles d’essais cliniques. Résultats : Nos résultats montrent que, parmi les articles indexés chaque année, la proportion d’articles à type de revues de la littérature a dépassé en 1994 celle des articles d’études de cas. Cette proportion poursuit actuellement sa croissance. La proportion des articles d’études de cas a diminué de moitié dans les vingt dernières années. Les articles d’essais cliniques augmentent régulièrement et pourraient dépasser les articles d’études de cas dans la pro- chaine décennie. Conclusion : La mesure du changement de paradigme de la médecine qu’apportent nos résultats permet de saisir les modifications des équilibres antérieurs : l’approche qualitative de la maladie laisse place à une approche quantitative ; le développement des connaissances s’oriente vers une démarche scientifique. D’inductive elle devient déduc- tive. Cette connaissance évolue et se stratifie par accumulation et synthèse de connaissances primaires émanant de différentes équipes ; la recherche de certitudes étiologiques, propre au paradigme mécaniste, se heurte à la complexité et celle-ci est appréhendée par l’usage des probabilités, comme le fait, par exemple, l’épidémiologie clinique. Mais, au-delà des grands nombres, l’approche clinique et la compétence humaine du médecin restent des préalables fondamentaux pour soigner. P9-2 Définition pragmatique des pathologies chroniques en médecine générale CLERC P. (1), CHEVREUL K. (2), HEBBRECHT G. (1), MOUSQUES J. (2), DE POUVOURVILLE G. (3) (1) Société Française de Médecine Générale (SFMG), Issy les Moulineaux ; (2) Irdes, Paris ; (3) Inserm, CNRS, U750, Villejuif. Objectifs : Les porteurs de pathologies chroniques sont souvent sujets à polyprescription ce qui augmente le risque iatrogénique et justifie une analyse des pratiques dans ce cadre. Il ressort de la littérature plusieurs listes de patho- logies chroniques, qui varient avec la problématique concernée. Il s’agit ici de définir ce que sont les « maladies chroniques » dans le cadre du repérage des populations à risque de polyprescription systémique au long cours. Méthodes : Dans un premier temps, six praticiens ont classé 261 définitions de situations diagnostiques du « Dic- tionnaire des résultats de consultation » utilisé par la SFMG en « aigue », « chronique » ou « intermédiaire ». Les définitions « chroniques » et « intermédiaires » ont été réexaminées et identifiées comme outil de repérage des patients à risque, en fonction de trois critères : existence d’un traitement systémique au long cours, existence de traitements intermittents répétés, pas de traitement obligatoire mais un risque iatrogénique. Les problèmes pédia- triques, non pathologiques (contraception), et à traitement non systémique ont été écartés. Une interrogation de la base de données issues des consultations de la SFMG a été menée pour les pathologies dont la position par rapport à ces critères était difficile à identifier. Résultats : Les experts ont identifié 74 définitions chroniques et 47 intermédiaires. Il n’y a pas de consensus pour 26 définitions (10 %). Parmi ces 147 définitions, 27 correspondent à un traitement au long cours, 20 à un traitement intermittent, quatre influencent la iatrogénèse, et 46 ne répondent pas aux critères d’inclusion de l’étude. Enfin pour 48 (32,6 %) une analyse de la base est nécessaire.

P9-1 - Études de cas versus revues de la littérature : les indicateurs du changement de modèle dominant de partage des connaissances en médecine

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Page 1: P9-1 - Études de cas versus revues de la littérature : les indicateurs du changement de modèle dominant de partage des connaissances en médecine

© Masson, Paris, 2006. Rev Epidemiol Sante Publique, 2006, 54 : 2S85-2S90

COMMUNICATIONS AFFICHÉES

MÉTHODOLOGIE

P9-1Études de cas versus revues de la littérature : les indicateurs du changement de modèle dominant de partage des connaissances en médecine

BORGÈS DA SILVA G. (1), BORGÈS DA SILVA R. (2), CONTANDRIOPOULOS A.P. (3)(1) Département veille et stratégie, Direction stratégie, études et statistiques, CnamTS, Paris ; (2) Groupe de recher-che interdisciplinaire en santé (GRIS) — Université de Montréal Groupe de recherche sur l’équité d’accès etl’organisation des services de santé de première ligne (GRÉAS 1) — Direction de la santé publique de Montréal,Canada ; (3) Département d’administration de la santé, Faculté de Médecine, Université de Montréal, Canada ;Groupe de recherche interdisciplinaire en santé (GRIS) — Université de Montréal.

Objectifs : La médecine évolue par des remises en cause de concepts adoptés précédemment. La crise du paradigmede la médecine s’est manifestée à la fin du XXe siècle par la variabilité des pratiques, l’incertitude de la décisionmédicale et les difficultés à définir la normalité. À partir de l’évolution de la production des connaissances, notreobjectif a été d’apporter une mesure à cette crise paradigmatique et de tenter de percevoir le sens du changement.Méthode : Nous avons mesuré, sur Medline, chaque année entre 1976 et 2004, le nombre de publications d’étudesde cas versus le nombre de revues de la littérature et d’articles d’essais cliniques.Résultats : Nos résultats montrent que, parmi les articles indexés chaque année, la proportion d’articles à type derevues de la littérature a dépassé en 1994 celle des articles d’études de cas. Cette proportion poursuit actuellementsa croissance. La proportion des articles d’études de cas a diminué de moitié dans les vingt dernières années. Lesarticles d’essais cliniques augmentent régulièrement et pourraient dépasser les articles d’études de cas dans la pro-chaine décennie.Conclusion : La mesure du changement de paradigme de la médecine qu’apportent nos résultats permet de saisirles modifications des équilibres antérieurs :– l’approche qualitative de la maladie laisse place à une approche quantitative ;– le développement des connaissances s’oriente vers une démarche scientifique. D’inductive elle devient déduc-tive. Cette connaissance évolue et se stratifie par accumulation et synthèse de connaissances primaires émanant dedifférentes équipes ;– la recherche de certitudes étiologiques, propre au paradigme mécaniste, se heurte à la complexité et celle-ci estappréhendée par l’usage des probabilités, comme le fait, par exemple, l’épidémiologie clinique.Mais, au-delà des grands nombres, l’approche clinique et la compétence humaine du médecin restent des préalablesfondamentaux pour soigner.

P9-2Définition pragmatique des pathologies chroniques en médecine générale

CLERC P. (1), CHEVREUL K. (2), HEBBRECHT G. (1), MOUSQUES J. (2), DE POUVOURVILLE G. (3)(1) Société Française de Médecine Générale (SFMG), Issy les Moulineaux ; (2) Irdes, Paris ; (3) Inserm, CNRS,U750, Villejuif.

Objectifs : Les porteurs de pathologies chroniques sont souvent sujets à polyprescription ce qui augmente le risqueiatrogénique et justifie une analyse des pratiques dans ce cadre. Il ressort de la littérature plusieurs listes de patho-logies chroniques, qui varient avec la problématique concernée. Il s’agit ici de définir ce que sont les « maladieschroniques » dans le cadre du repérage des populations à risque de polyprescription systémique au long cours.Méthodes : Dans un premier temps, six praticiens ont classé 261 définitions de situations diagnostiques du « Dic-tionnaire des résultats de consultation » utilisé par la SFMG en « aigue », « chronique » ou « intermédiaire ». Lesdéfinitions « chroniques » et « intermédiaires » ont été réexaminées et identifiées comme outil de repérage despatients à risque, en fonction de trois critères : existence d’un traitement systémique au long cours, existence detraitements intermittents répétés, pas de traitement obligatoire mais un risque iatrogénique. Les problèmes pédia-triques, non pathologiques (contraception), et à traitement non systémique ont été écartés. Une interrogation de labase de données issues des consultations de la SFMG a été menée pour les pathologies dont la position par rapportà ces critères était difficile à identifier.Résultats : Les experts ont identifié 74 définitions chroniques et 47 intermédiaires. Il n’y a pas de consensus pour26 définitions (10 %). Parmi ces 147 définitions, 27 correspondent à un traitement au long cours, 20 à un traitementintermittent, quatre influencent la iatrogénèse, et 46 ne répondent pas aux critères d’inclusion de l’étude. Enfinpour 48 (32,6 %) une analyse de la base est nécessaire.