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C M J N Liberté 62 n°856 - Le 10 Avril 2009 - 14 - Monde G20 - OTAN : SAUVER LE CAPITALISME ET LE LEADERSHIP DES ÉTATS-UNIS L L O N D R E S O N D R E S , Strasbourg-Kehl, Prague, trois réunions les 2, 4 et 6 avril où les États-Unis et leurs alliés européens ont manifesté leur volonté de gérer le monde en utilisant la crise mon- diale. Que le sommet de l'OTAN se soit déroulé après le sommet du G20 n'est ni un hasard de calendrier, ni une simple commodité de dépla- cement de certains chefs d'État, le sommet de l'OTAN n'est que le volet militaire de la tentative des grandes puissances occidentales d'assurer leur suprématie sur la planète, de maintenir le capitalis- me globalisé sous la direction des États-Unis. Les chefs d'État, de Sarkozy à Gordon Brown et Angela Merkel saluent dans la réunion du G20, un événement historique. Sarkozy y voit la refondation et la moralisation du capitalisme qu'il appelait de ses voeux, Gordon Brown a vu voir l'apparition «d'un nouvel ordre mondial». En fait, il s'agissait simplement de changer pour que tout reste pareil pour les marchés financiers et pour les peuples cela risque d'être pire. Bien au contraire, les décisions du G20 ne préviennent en aucun cas de crises futures encore plus graves et celles du sommet de l'OTAN sont lourdes de dangers pour la paix mondiale. Le G20 : des mesures cosmétiques Une première remarque s'impose : le G20 de Londres fait suite au G20 de Washington qui s'est tenu le 18 octobre 2008. Le G20 de Washington avait déci- dé de mesures de régulation et dans la déclaration, il était affirmé : «la refondation du capitalisme est assurée». Force est de constater que non seulement la crise n'a pas été jugulée mais qu'elle s'est aggra- vée. Dans la préparation de ce sommet a été lancée une fausse polé- mique entre les tenants d'une régulation plus grande (France et Allemagne) et ceux qui prônaient une relance de l'économie par l'in- jection de nouveaux capitaux (États-Unis et Royaume Uni). L'unité a été réalisée malgré la fanfaronnade de N. Sarkozy menaçant de quitter la séance s'il n'obtenait pas satisfaction. Et c'est cette unité de façade qui a émer- veillé les commentateurs et provo- qué une hausse des cours de la Bourse, les financiers spécula- teurs ayant compris qu'ils pou- vaient continuer. Quelles sont les mesures ? - La relance devrait être assurée si l'ensemble fournissait un effort de 5000 milliards de dollars pour lut- ter contre la récession, mais il ne s'agit que d'un engagement. - 1100 milliards de dollars pourront être accordés aux institutions financières internationales (FMI, OMC, Banque de développe- ment), 750 milliards pour le seul FMI, 250 pour l'OMC. - Régulation et contrôles : création d'un conseil de stabilisation finan- cière (qui remplace le forum de stabilisation financière créé par le G20 le 18 octobre 2008) pour aler- ter les pays sur les risques, sur- veillance de tous les produits financiers y compris les hudges funds (fonds d'investissement spéculatifs) action contre les para- dis fiscaux («l'ère du secret ban- caire est révolue» lit-on dans le texte) accélérer la réforme des normes comptables. - Réforme des institutions finan- cières, notamment du FMI d'en 2011. - Refuser le protectionnisme. Or ces mesures ne sont que des engagements et n'ont pas de réa- lisations concrètes. S'agissant, par exemple du FMI, les 750 milliards sont décomptés comme suit : 200 milliards par renouvellement (l'Union européen- ne apporterait 100 milliards, le Japon 100 milliards, ainsi que la Norgère, le Canada) 250 milliards seraient acquis grâce aux DTS (droits de tirage spéciaux) vente d'or du stock du FMI, d'autres donateurs dont la Chine (50 mil- liards) et un appel aux marchés financiers. En fait, les promesses réelles s'élèvent à 384 milliards. En ce qui concerne les paradis fis- caux, la grande victoire de N. Sarkozy, le G20 a demandé à l'OCDE de dresser trois listes : la liste noire des paradis non coopé- ratifs (4 États) la liste grise des pays qui ont encore des efforts à faire (Luxembourg, Suisse par exemple), la liste blanche des pays coopératifs. Secret de poli- chinelle car l'OCDE avait déjà éta- bli une liste des paradis fiscaux en 2000. En fait, les plus grands paradis fis- caux outre les Caraïbes sont les États-Unis (États du Delaware, Wyoming et Nevada) et le Royaume Uni (îles anglo-norman- de, île de Man, îles vierges). L'attaque contre la Suisse vise à assurer la suprématie des paradis fiscaux anglo-saxons sur les autres. Profitant de la crise, ces derniers organisent une réorgani- sation du système financier inter- national. Rien n'est dit sur les sociétés de capitaux qui peuvent placer dans les paradis fiscaux. Ironie de la sotuation : le Costa Rica, placé sur la liste noire vient de se déclarer coopératif, suivi par les 3 autres. En fait d'ordre nouveau, le G20 a annoncé la relance des négocia- tions de Doha par l'OMC, les prêts du FMI aux pays pauvres (en ont déjà bénéficié la Hongrie et la Lettonie) avec les mêmes exi- gences de plan d'ajustement (poli- tique d'austérité, baisse des dépenses publiques et baisse des salaires. Ainsi, le nouveau ministre hongrois vient d'annoncer de nou- veaux sacrifices pour les Hongrois qui auraient à choisir entre une baisse des salaires ou une baisse de l'emploi). Les mesures du G20 n'ont rien de nouveau : on continue mais en accroissant le pouvoir des pays riches (États-Unis, Union euro- péenne). Les contestations n'ont pas permis d'avancer : les chinois avaient pro- posé une monnaie de réserve mondiale en remplacement du dollar monnaie calculée à partir des DTS. Cette proposition n'a pas été retenue, le dollar reste roi. La Russie avait soutenu cette pro- position, en vain. Le Brésil dénonçait les mesures protectionnistes à l'égard des pays émergents et des pays du Sud. Le protectionnisme est condamné. Mais les États-Unis viennent de prendre des mesures protection- nistes à l'égard du Mexique pour- tant membre de l'ALENA (zone de libre échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique). La seule grande nouveauté inquiétante est l'existence même du G20. Jusqu'alors, seul le G8 se présentait comme directoire du monde. Ce G8 (en fait G7 à l'origi- ne, la Russie n'étant que partielle- ment membre de ce directoire) a cru bon d'appeler à l'union des pays émergents qui pouvaient être de sérieux concurrents (notam- ment la Chine, l'Inde et le Brésil). En agissant au nom de toute la planète, le G20 outrepasse un rôle qui devrait revenir à l'ONU qui constitue lui, le G192, c'est à dire l'ensemble des pays membres des Nations Unies. Mais ceux qui ont été écartés (la moyenne partie de l'Amérique latine, la presque totali- té de l'Afrique) n'ont peut être dit leur dernier mot. Le sommet de l'OTAN Le sommet du G20 avait été à peine troublé par d'importantes manifestations d'anti-capitalistes, d'écologistes et d'altermondia- listes, la police londonienne ayant fait respecté l'ordre. Du sommet de l'OTAN, les médias n'ont retenu que les violences de manifestants détruisant, incen- diant, pillant face à la belle unité pacifique des chefs d'État de l'Alliance (voir ci-contre l'analyse et le témoignage de P. Laurent). Absence de querelles à cette réunion marquant le 60ème anni- versaire de l'OTAN (organisation de l'Atlantique nord), hormis la méchante humeur de la Turquie qui s'opposait à la nomination du 1er ministre danois Anders Fogh Rasmisi en remplacement de Jaap de Hoap scheffer en tant que secrétaire général de l'OTAN. La Turquie reprochait au premier ministre danois son attitude lors de la publication des caricatures de Mahomet par un journal danois et l'existence d'une chaîne de télé- vision pro-kurde. Mais après négo- ciation avec B. Obama et selon lui, avec S. Berlusconi, la Turquie s'est laissée fléchir et a levé son veto. Les pourparlers se sont donc déroulés tranquillement, d'autant que toutes les décisions étaient connues. Le sommet s'est conclu sur trois déclarations : une déclaration sur la nouvelle stratégie de l'OTAN, une déclaration finale de conclu- sions et une déclaration spéciale sur l'Afghanistan. La stratégie de l'OTAN a été défi- nie par le nouveau concept de l'OTAN tout en gardant les statuts du pacte atlantique signé le 4 avril 1949, les membres de l'OTAN ont une première fois défini un nou- veau concept de l'OTAN en 1999 (au nom de ce nouveau concept l'OTAN est intervenu en ex- Yougoslavie et a bombardé Belgrade sans l'aval de l'ONU). Expliquant que les attentats de New York en 2001 et le terrorisme d'Al Quaïda créaient une menace pour leur propre sécurité et pour la paix mondiale, les membres de l'Alliance atlantique ont donc défini un nouveau concept stratégique. Lors d'une conférence faite le 11 mars 2009, après un discours pro- noncé par N. Sarkozy, le secrétai- re général de l'OTAN, Jaap de Hoap Scheffer avait expliqué qu'il faut avoir «une approche plus large (que le traité initial de 1949) et considérer petit à petit la notion de sécurité collective plutôt que de nous en tenir strictement à la défense collective «(cf Liberté du 20 mars 2009 sur les relations entre la France et l'OTAN) et annoncé les mesures de sécurité à prendre : la cyberdéfense (les activités dans l'espace) la sécurité énergétique, le réchauffement cli- matique, l'approche globale des «acteurs civils et militaires». L'OTAN doit être capable de «pro- jeter des troupes rapidement à n'importe quel point du globe au nom de «la guerre contre le terro- risme». L'OTAN à la conquête du monde et non pas seulement «gendarme du monde», telle est la conception effrayante de ce nouveau concept stratégique, conception d'autant plus effrayante que des généraux américains n'hésitent pas à recommander l'utilisation de l'ar- me nucléaire. Il est vrai que les Américains ont déjà utilisé l'ura- nium appauvri dans les obus et missiles en ex-Yougoslavie et en Irak. L'Afghanistan a été au centre des débats. Les membres de l'OTAN recommandent une approche régionale du problème afghan, c'est à dire pour l'instant du moins, lier le problème afghan et le Pakistan. N'oublions pas cepen- dant que l'Afghanistan est au coeur d'une région stratégique. Faut-il rappeler que l'Afghanistan fait frontière avec l'Iran à l'Ouest, les ex-républiques soviétiques d'Asie centrale au Nord, la Chine au Nord-est ? Pour nouer le dialogue avec les talibans modérés, Barak Obama estime qu'il faut renforcer l'effectif militaire. Il a donc annnoncé l'en- voi de 21.000 soldats supplémen- taires et demandé un effort aux autres pays membres. La 1ère décision de AF Rasmussen a donc été l'envoi de 5000 soldats supplé- mentaires. Quels pays vont sous- crire à cette demande ? La déclaration finale comporte cinq points. - concernant l'Afghanistan la déci- sion est de mettre en place des mesures de formation au sein de la FIAS (force internationale d'as- sistance et de sécurité) pour l'ar- mée et la police afghane. Décision a également été prise de former des instructeurs. - L'OTAN a salué l'entrée dans l'Alliance de deux nouveaux pays la Croatie et l'Albanie. La Macédoine qui était candidate s'est vue opposer un veto de la grèce à cause de son nom, celui d'une promice grecque liée à Alexandre le Grand. - l'OTAN a salué chaleureusement la décision française d'intégrer le commandement militaire de l'OTAN. - En ce qui concerne le Kosovo, l'OTAN propose la mise en place de structures interethniques. . Suite page 15 page 14:page 14 9/04/09 11:53 Page 1

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Le G20 : des mesures cosmétiques Liberté 62 n°856 - Le 10 Avril 2009 - 14 - Le sommet du G20 avait été à peine troublé par d'importantes manifestations d'anti-capitalistes, d'écologistes et d'altermondia- listes, la police londonienne ayant fait respecté l'ordre. Du sommet de l'OTAN, les médias n'ont retenu que les violences de manifestants détruisant, incen- diant, pillant face à la belle unité pacifique des chefs d'État de page 14:page 14 9/04/09 11:53 Page 1 C M J N

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Liberté 62 n°856 - Le 10 Avril 2009- 14 -

MondeG20 - OTAN : SAUVER LE CAPITALISME

ET LE LEADERSHIP DES ÉTATS-UNIS

LL O N D R E SO N D R E S ,S t r a s b o u r g - K e h l ,Prague, trois réunionsles 2, 4 et 6 avril où lesÉtats-Unis et leursalliés européens ont

manifesté leur volonté de gérer lemonde en utilisant la crise mon-diale.Que le sommet de l'OTAN se soitdéroulé après le sommet du G20n'est ni un hasard de calendrier, niune simple commodité de dépla-cement de certains chefs d'État, lesommet de l'OTAN n'est que levolet militaire de la tentative desgrandes puissances occidentalesd'assurer leur suprématie sur laplanète, de maintenir le capitalis-me globalisé sous la direction desÉtats-Unis.Les chefs d'État, de Sarkozy àGordon Brown et Angela Merkelsaluent dans la réunion du G20,un événement historique.Sarkozy y voit la refondation et lamoralisation du capitalisme qu'ilappelait de ses voeux, GordonBrown a vu voir l'apparition «d'unnouvel ordre mondial». En fait, ils'agissait simplement de changerpour que tout reste pareil pour lesmarchés financiers et pour lespeuples cela risque d'être pire.Bien au contraire, les décisions duG20 ne préviennent en aucun casde crises futures encore plusgraves et celles du sommet del'OTAN sont lourdes de dangerspour la paix mondiale.

Le G20 : des mesurescosmétiques

Une première remarque s'impose :le G20 de Londres fait suite auG20 de Washington qui s'est tenule 18 octobre 2008.Le G20 de Washington avait déci-dé de mesures de régulation etdans la déclaration, il était affirmé: «la refondation du capitalismeest assurée».Force est de constater que nonseulement la crise n'a pas étéjugulée mais qu'elle s'est aggra-vée.Dans la préparation de ce sommeta été lancée une fausse polé-mique entre les tenants d'unerégulation plus grande (France etAllemagne) et ceux qui prônaientune relance de l'économie par l'in-jection de nouveaux capitaux(États-Unis et Royaume Uni).L'unité a été réalisée malgré lafanfaronnade de N. Sarkozymenaçant de quitter la séance s'iln'obtenait pas satisfaction. Et c'estcette unité de façade qui a émer-veillé les commentateurs et provo-qué une hausse des cours de laBourse, les financiers spécula-teurs ayant compris qu'ils pou-vaient continuer.Quelles sont les mesures ?

- La relance devrait être assurée sil'ensemble fournissait un effort de5000 milliards de dollars pour lut-ter contre la récession, mais il nes'agit que d'un engagement.- 1100 milliards de dollars pourrontêtre accordés aux institutionsfinancières internationales (FMI,OMC, Banque de développe-ment), 750 milliards pour le seulFMI, 250 pour l'OMC.- Régulation et contrôles : créationd'un conseil de stabilisation finan-cière (qui remplace le forum destabilisation financière créé par leG20 le 18 octobre 2008) pour aler-

ter les pays sur les risques, sur-veillance de tous les produitsfinanciers y compris les hudgesfunds (fonds d'investissementspéculatifs) action contre les para-dis fiscaux («l'ère du secret ban-caire est révolue» lit-on dans letexte) accélérer la réforme desnormes comptables.- Réforme des institutions finan-cières, notamment du FMI d'en2011.- Refuser le protectionnisme.Or ces mesures ne sont que desengagements et n'ont pas de réa-

lisations concrètes.S'agissant, par exemple du FMI,les 750 milliards sont décomptéscomme suit : 200 milliards parrenouvellement (l'Union européen-ne apporterait 100 milliards, leJapon 100 milliards, ainsi que laNorgère, le Canada) 250 milliardsseraient acquis grâce aux DTS(droits de tirage spéciaux) vented'or du stock du FMI, d'autresdonateurs dont la Chine (50 mil-liards) et un appel aux marchésfinanciers. En fait, les promessesréelles s'élèvent à 384 milliards.En ce qui concerne les paradis fis-caux, la grande victoire de N.Sarkozy, le G20 a demandé àl'OCDE de dresser trois listes : laliste noire des paradis non coopé-ratifs (4 États) la liste grise despays qui ont encore des efforts àfaire (Luxembourg, Suisse parexemple), la liste blanche despays coopératifs. Secret de poli-chinelle car l'OCDE avait déjà éta-bli une liste des paradis fiscaux en2000.En fait, les plus grands paradis fis-caux outre les Caraïbes sont lesÉtats-Unis (États du Delaware,Wyoming et Nevada) et leRoyaume Uni (îles anglo-norman-de, île de Man, îles vierges).L'attaque contre la Suisse vise àassurer la suprématie des paradisfiscaux anglo-saxons sur lesautres. Profitant de la crise, cesderniers organisent une réorgani-sation du système financier inter-national.Rien n'est dit sur les sociétés decapitaux qui peuvent placer dansles paradis fiscaux.Ironie de la sotuation : le CostaRica, placé sur la liste noire vient

de se déclarer coopératif, suivi parles 3 autres.En fait d'ordre nouveau, le G20 aannoncé la relance des négocia-tions de Doha par l'OMC, les prêtsdu FMI aux pays pauvres (en ontdéjà bénéficié la Hongrie et laLettonie) avec les mêmes exi-gences de plan d'ajustement (poli-tique d'austérité, baisse desdépenses publiques et baisse dessalaires. Ainsi, le nouveau ministrehongrois vient d'annoncer de nou-veaux sacrifices pour les Hongroisqui auraient à choisir entre une

baisse des salaires ou une baissede l'emploi).Les mesures du G20 n'ont rien denouveau : on continue mais enaccroissant le pouvoir des paysriches (États-Unis, Union euro-péenne).Les contestations n'ont pas permisd'avancer : les chinois avaient pro-posé une monnaie de réservemondiale en remplacement dudollar monnaie calculée à partirdes DTS. Cette proposition n'apas été retenue, le dollar reste roi.La Russie avait soutenu cette pro-position, en vain.Le Brésil dénonçait les mesuresprotectionnistes à l'égard des paysémergents et des pays du Sud. Leprotectionnisme est condamné.Mais les États-Unis viennent deprendre des mesures protection-nistes à l'égard du Mexique pour-tant membre de l'ALENA (zone delibre échange entre les États-Unis,le Canada et le Mexique).La seule grande nouveautéinquiétante est l'existence mêmedu G20. Jusqu'alors, seul le G8 seprésentait comme directoire dumonde. Ce G8 (en fait G7 à l'origi-ne, la Russie n'étant que partielle-ment membre de ce directoire) acru bon d'appeler à l'union despays émergents qui pouvaient êtrede sérieux concurrents (notam-ment la Chine, l'Inde et le Brésil).En agissant au nom de toute laplanète, le G20 outrepasse un rôlequi devrait revenir à l'ONU quiconstitue lui, le G192, c'est à direl'ensemble des pays membres desNations Unies. Mais ceux qui ontété écartés (la moyenne partie del'Amérique latine, la presque totali-té de l'Afrique) n'ont peut être dit

leur dernier mot.Le sommet de l'OTAN

Le sommet du G20 avait été àpeine troublé par d'importantesmanifestations d'anti-capitalistes,d'écologistes et d'altermondia-listes, la police londonienne ayantfait respecté l'ordre.Du sommet de l'OTAN, les médiasn'ont retenu que les violences demanifestants détruisant, incen-diant, pillant face à la belle unitépacifique des chefs d'État de

l'Alliance (voir ci-contre l'analyseet le témoignage de P. Laurent).Absence de querelles à cetteréunion marquant le 60ème anni-versaire de l'OTAN (organisationde l'Atlantique nord), hormis laméchante humeur de la Turquiequi s'opposait à la nomination du1er ministre danois Anders FoghRasmisi en remplacement deJaap de Hoap scheffer en tant quesecrétaire général de l'OTAN. LaTurquie reprochait au premierministre danois son attitude lorsde la publication des caricaturesde Mahomet par un journal danoiset l'existence d'une chaîne de télé-vision pro-kurde. Mais après négo-ciation avec B. Obama et selon lui,avec S. Berlusconi, la Turquies'est laissée fléchir et a levé sonveto.Les pourparlers se sont doncdéroulés tranquillement, d'autantque toutes les décisions étaientconnues.Le sommet s'est conclu sur troisdéclarations : une déclaration surla nouvelle stratégie de l'OTAN,une déclaration finale de conclu-sions et une déclaration spécialesur l'Afghanistan.La stratégie de l'OTAN a été défi-nie par le nouveau concept del'OTAN tout en gardant les statutsdu pacte atlantique signé le 4 avril1949, les membres de l'OTAN ontune première fois défini un nou-veau concept de l'OTAN en 1999(au nom de ce nouveau conceptl'OTAN est intervenu en ex-Yougoslavie et a bombardéBelgrade sans l'aval de l'ONU).Expliquant que les attentats deNew York en 2001 et le terrorismed'Al Quaïda créaient une menace

pour leur propre sécurité et pour lapaix mondiale, les membres del'Alliance atlantique ont donc définiun nouveau concept stratégique.Lors d'une conférence faite le 11mars 2009, après un discours pro-noncé par N. Sarkozy, le secrétai-re général de l'OTAN, Jaap deHoap Scheffer avait expliqué qu'ilfaut avoir «une approche pluslarge (que le traité initial de 1949)et considérer petit à petit la notionde sécurité collective plutôt que denous en tenir strictement à ladéfense collective «(cf Liberté du20 mars 2009 sur les relationsentre la France et l'OTAN) etannoncé les mesures de sécuritéà prendre : la cyberdéfense (lesactivités dans l'espace) la sécuritéénergétique, le réchauffement cli-matique, l'approche globale des«acteurs civils et militaires».L'OTAN doit être capable de «pro-jeter des troupes rapidement àn'importe quel point du globe aunom de «la guerre contre le terro-risme».L'OTAN à la conquête du mondeet non pas seulement «gendarmedu monde», telle est la conceptioneffrayante de ce nouveau conceptstratégique, conception d'autantplus effrayante que des générauxaméricains n'hésitent pas àrecommander l'utilisation de l'ar-me nucléaire. Il est vrai que lesAméricains ont déjà utilisé l'ura-nium appauvri dans les obus etmissiles en ex-Yougoslavie et enIrak.L'Afghanistan a été au centre desdébats. Les membres de l'OTANrecommandent une approcherégionale du problème afghan,c'est à dire pour l'instant du moins,lier le problème afghan et lePakistan. N'oublions pas cepen-dant que l'Afghanistan est aucoeur d'une région stratégique.Faut-il rappeler que l'Afghanistanfait frontière avec l'Iran à l'Ouest,les ex-républiques soviétiquesd'Asie centrale au Nord, la Chineau Nord-est ?Pour nouer le dialogue avec lestalibans modérés, Barak Obamaestime qu'il faut renforcer l'effectifmilitaire. Il a donc annnoncé l'en-voi de 21.000 soldats supplémen-taires et demandé un effort auxautres pays membres. La 1èredécision de AF Rasmussen a doncété l'envoi de 5000 soldats supplé-mentaires. Quels pays vont sous-crire à cette demande ?La déclaration finale comportecinq points.- concernant l'Afghanistan la déci-sion est de mettre en place desmesures de formation au sein dela FIAS (force internationale d'as-sistance et de sécurité) pour l'ar-mée et la police afghane. Décisiona également été prise de formerdes instructeurs.- L'OTAN a salué l'entrée dansl'Alliance de deux nouveaux paysla Croatie et l'Albanie. LaMacédoine qui était candidates'est vue opposer un veto de lagrèce à cause de son nom, celuid'une promice grecque liée àAlexandre le Grand.- l'OTAN a salué chaleureusementla décision française d'intégrer lecommandement militaire del'OTAN.- En ce qui concerne le Kosovo,l'OTAN propose la mise en placede structures interethniques..

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