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43 RUE DU COLONEL PIERRE AVIA 75503 PARIS CEDEX 15 - 01 46 48 48 48 OCT 13 Mensuel OJD : 30255 Surface approx. (cm²) : 4136 N° de page : 60-67 Page 1/8 LOUVRE3 0942467300524/GCD/OTO/2 Eléments de recherche : MARC MINKOWSKI : chef d'orchestre, uniquement cité avec orchestre Louvre-Grenoble Spectacles vu et entendu

Page 1/8 Spectacles vu et entendu - mdlg.netDIAPASO… · < Repris duran t k festiva l d'ét é ce Lucw Stila ful ctrenn e lor s dc la derniei e Semain e Moza i t qu i se tien t chaqu

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Spectacles vu et entendu

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Nous avons aimé

UN PEU! BEAUCOUP PASSIONNEMENT PAS DU TOUT

Quel festival peut présenter en quèlques semainesdeux ouvrages aussi colossaux que Don Carloet Les Maîtres chanteurs de Nuremberg 7 Et Ludo Stila,et Falstaff, et Norma, et une kyrielle de concerts ISalzbourg, évidemment, inépuisable machine à rêves.

LUC/0 SILLA DE MOZART. Haï» fur Mozart, le 4 août.

< Repris durant k festival d'été ce Lucw Stila ful ctrenne lors dc laderniei e Semaine Mozai t qui se tient chaque hiver a Salzbourg etdont Marc Mmkowski assui e la direction artistique A la tête deses Musiciens du Louvre le chef français remporte un triomphe

incontestable, faisant briller a son zenith Ic grand soleil mozartien Sous cettebaguette qui ne connaît pas les baisses de tension, Ic naturel dcs phrases etI intuition dramatique transf igui eni un ouvrage ou le genie n'est encore qu'ases balbutiements Mention speciale pour les i ecitatif s traverses d un irresistible elan vital, vertu trop rareLa réussite du spectacle doit beaucoup au scénographe Antoine Fontaine Sises costumes indiquent de façon subtile un XVIIIe finissant quelques elementsd architecture classique en bois relèvent d'une esthetique plus intemporellepoétique évocation de la Rome antique a laquelle concourent aussi de superbestoiles peintes Magnifiées parles lumieres d'Hervé Gary, celles ci opèrent sansruptures les multiples changements d'atmosphères que requiert I actionDans ce cadre le metteui en scene Marshall Pynkoski i egle la mecanique dessentiments contraires avec la beaute que seules recèlent les oeuvres de I intelligence Si ce theatre est « historiquement informe » s'il assume un certain immo-bilisme pendant les longs âne da capo il n est en rien une simple reconstitution etn'ignoïc pas un expressionnisme tres contempoiain Ainsi, la passion dc Ceciliosera tornde autant que les disputes entre Giuma et le t> rannique Lucie Stila,celui ci légèrement agite du ciboulot s abandonnant à d inquiétantes colères

Marianne Crébassa : retenez ce nom !A ce jeu-là, Rolando Villazon sen donne a coeur joie porte par son charismeinné Mozart va comme un gant a notre tenor, son emission male et latine y faitmerveille même s il lui faudrait eviter quèlques vovelles trop ouvertes (m inf i AAAmmAAA) Peu importe la sincérité de I expression est telle, la caresse duchant si douce que la depuration de son dernier air (« Se al generoso araire »,emprunte aun autre Lucw Stila celui de Johann Christian Bach) met la salle endélire, a l'instar des ébouriffantes prouesses de ces damesCertes, Inga Kalna se prend quelque peu les pieds dans la pyrotechnie cruci-fiante de son air d'entrée, maîs elle se rattrape vite imposant lautorite d'unCinna i olontan e et droit dans ses \ ocahses De même, la Cella tout en charmeet caracteie d Eva Liebau déploie les ailes dune technique a toute epreuveAlois qu Olga Peretvatko darde son soprano aux miroitements infinis a\ec laflamme de celles qui n ont rien a prouver affrontant sans un pli la vertigineusevirtuosité des airs de GnmiaMaîs, cocorico ' C'est une Française qui remporte la plus belle victoire Forméea I atelier lyrique de I Opera de Paris Marianne Crébassa est la revelation de lasoiree Ce long me//o aux couleurs pourpres aux registres parfaitement unis, ala projection en javelot, se joue de toutes les chausse-trappes du rôle de Cecilioavec un mélange d ardeui et de maitrise qui n appartient qu aux plus grandesvous voulez des comparaisons ' Sans rire Berganza Trovanos Von Otter Dansle ciel dc Sdlzbourg une etoile est nee, elle n'a pas fini de briller ' E.D

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Salzbour2013FALSTAFFDE VERDI.Haus lur Mozart, le 3 août.

Tout se passe dansune salle communede la Casa Verdicélèbre maison de

retraite pour artistes lyriques Undes pensionnaires s'est endormisur un canapé En rêve il se meta revivre une représentation deFalstaff dont il est le heros , lesautres personnages viennent han-ter son sommeil lopera peutcommencerLe spectacle de DamianoMichieletto repose sur une seuleideedramaturgique apnonseduisante maîs qui a tendance à vites essouffler Car filée trois actesdurant, la métaphore impose sondecor unique - donc plus aucunchangement d atmosphère - etoblige a essorer I intrigue danstous les sens afin de la faire entrerdans le « concept » Du coup unebonne part de la charge comiques évapore d'autant que pourplomber un peu plus l'am-biance Michieletto organise desobsèques durant le derniertableau - faut il être bêta pours échiner à détourner ainsi un

g livret aussi génial 'I Zubm Mehta se laisserait iljj gagner par la grisaille qui règneI sur le plateau ' Le geste est d uneS élégance extrême, soignant lejj moindre détail, les équilibres lesI plus infimes une caresse pour les,t, voix maîs sans l'électricité tosca-°mmenne la jubilation hilare queI Verdi a mise dans son testamentI musical Pour autant on ne perd~ pas une miette du festin sonoreI qu offrent les Wiener Philharmojl niker dans I ecrin si propice de laI Haus fur Mozart (a peine plus deI mille cinq cents places) Ceso cordes qui commentent, ces

bois qui dialoguent, ces cuivresqui s esclaffent - maman quelorchestre 'La conversation en musique seprolonge sur scene ou bonheursuprême brillentplusieuisartistesitaliens Cest le cas dAmbrogioMaestn qui promène son Falslaffsur les plus grandes scènes de laplanete (il y a peu à I OperaBastille) , du gras chevalier, il atout les rondeurs physiques etvocales, la bonhomie pathétiquele legato onctueux, la succulencedu mot Des joyeuses commèresen voix et en verve lui donnentpourtant du fil a retordre Fio-renza Cedolms (Alice drapée dansun genereux lyrisme) StephanieHoutzeel (Mcg qui ne sen laissepas conter) Elisabeth Kuhlman(Quickly abyssale) veillent sur leurvertu et sur le bonheur d'uncouple de tourtereaux parfait elle(Eleonora Buratto) jolie commeun cœur, lui (lav ler Camai ena) lecœur sur les levres plus lalm loverque jamais Quant au Ford deMassimo Cavaletti il clame sajalousie avec toute la force d'unbaryton richement nourri por-tant lui aussi avec fierté l'étendarddc sa langueLauriers pour la troupe donc Etbonnet d'âne pour le metteur enscene le seul a avoir oublie quele monde entier n est qu une farce

Emmanuel Dupuy

LES MAÎTRESCHANTEURSDENUREMBERGDE WAGNER. GrossesFestspielhaus, le 12 août.

Hans Sachs sere\ eille en pleine nuitet se met a écrireavec frénésie Quoi

donc ' Les Maîtres chanteurs de

Nuremberg Les premiei s accordsdu Prélude retentissent Par unsaisissant effet de loupe toutchange d échelle, le secretaire surlequel Sachs travaille devient ledecor monumental dc I acte I ouévolueront les personnages lilli-putiens sortis de I imagination ducordonnier poèteComme David McVicar en 2011a Glyndebourne - maîs de façonsans doute moins subtile - StefanHcrheim a choisi de nous fairevoir Les Maîtres chanteurs avecdes yeux denfant dans une esthetique Biedermeier qui n évoqueque par petites touches I originemédiévale du livret Aucunerelecture politique donc on esttres lom du Parsifal qu Herheimsignait a Bayreuth il j a quèlquesêtes et qui retraçait l'histoirecontemporaine de l'Allemagneavec passage oblige - et appuie- par le IIIe Reich Faut ll senplaindre ' Peut etre ce spectacle avant tout naïf et ludiquemanque t-il d ambition dans le

cadre d une programmation festivahere II trouvera en revancheparfaitement sa place dans untheatre de repeitoire tel queI Opera de Paris coproducteur

Jubilation simpleet rassuranteGrâce aux ingénieux decors deHeike Scheele on en prend pleinles mirettes rien nest détourneles caractères sont dessinés avecfranchise et I intrigue garde salisibilité tout en convoquant lescréatures des contes de Gnmmqui viennent mettre leur grain desel a la BastonnadeCette jubilation simple et rassurante on la retrouve dans ladirection de Daniele Gatti quice soir prend des le Prélude lepouls de la comedie, évitantlourdeurs et alanguissements- il semble qu il nen fut pasde même lors de la premiereQuèlques imprécisions de cide là certes, maîs les musiciens\iennois sont pardonnes tant

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le flot de couleurs dont ils nousbaignent tient du miraclePlateau tres homogène, desequihbie toutefois pai le Walthermonochrome et sans soleil deRoberto Sacca L'Eva de percelaine d Anna Gabier si touchantea Civ ndebourne est un peu per-due dans I immensité du GrossesFestspielhaus maîs ses grâcesvalent mieux que bien des voci-ferations Sl Markus Werba napas lui non plus, un tres grand•volume, la precision du chantl'attention aux mots l'incarna-tion jamais caricaturale rendentson Beckmesser tres attachantLe Pogner de Georg Zeppenteldfait couler sa fontaine de legatoun baume Et Peter Sonn, Davidvif d esprit etde voix convole avecla Lene au fort tempérament deMonika BohinecLe meilleui pour la fm jadisvaleureux Beckmesser, Michael

Voile cst désormais Mans Sachset se com re de gloire - de ce rôleéprouvant il a tout, la statuie, lelyiisme cuirasse, I enduranceApres Salzbourg ces Maîtresferont donc bientôt le voyage aBastille II n v a guci e a ci aindrede l'accueil que Ic public leurréservera E D

DON CARLO DE VERDI.Grosses Festspielhaus,le 13 août.

Le theatre de PeterStem a ceci de com-mun avec celui de

l*A* Patrice Chereauqu il ne procede que du texteC est du texte et de lui seul qu iltire sa grace phvsique autant quesa force visuelle, son évidenceps>chologique ou sa portée politique Pour Stem et son decorateur Ferdinand Wogerbauer,

une forêt cst une forêt, un cloitreest un cloitre une cellule estune cellule, etcNulle transposition donc - comment cela se pourrait-il pourun opera a ce point inscrit dansl'Histoire nous sommes bien auxvic siecle entre Fontainebleau ctI Espagne, comme I indiquent lestres beaux costumes d'Annamai laHemreich Tout au long des neuftableaux I inti igue gai de la Iimpidite du cristal, rien n entra\ e lafluidité de ses enchaînements ,ce n'est jamais trop ni trop peu,c'est toujours juste ce qu il faut,cet equilibre en toute chose rap-pelant l'art d un autre geant de lamise en scene ViscontiLe sens de l'equilibie semblecaractériser aussi la directiond Antonio Pappano qui obtient desWiener Philhai momker et deschœurs - une cohesion phenomenale Le trait est d une precision

millimétrique les alliages savam-ment doses, maîs le grand ventdc l'cpopet se raréfie la fièvrene monte guère la tension sei elache II faudi ait du sang et deslarmes, on n'a qu un flot de beau-tés sonoresHormis Ie Philippe II de MattiSalmmen qui a désormais l'âged'êti e le grand pere de I Infantplutôt que son pere le plateau evolue dans les plus hautes sphèresThomas Hampson promené luiaussi son Rodrigo tout autour de laplanete depuis quèlques décennies(on se souvient du Chatelet en1996) si la tierce superieure s estun rien durcie, ce Marquis de Posacontinue a porter beau campesut un ban* ton a la plastique in eprochable Autre vétéran RobertLloyd prête sa voix au fantôme deCharles Quint I emission trembleun peu maîs le timbre a garde sonimpact De même, le Grand Inquisiteur d'Eric Halfvarson est d unebrutalité toujours implacable

Double victoireLe niveau monte d un cran avecEkatei ina Semenchuk, cette princesse Eboh fait tourner ses voilesavec aplomb, jouant de toutes lesséductions d un capiteux mezzoet trouvant lors des aveux, lespitov ables accents d une sincèreconti itionEnfin, quèlques semaines api esun mémorable Trouvère mum-chois (cf ti" 516), Anja Harteroset Jonas Kaufmann partagentune nouvelle victoire Elle Elisabetta chair et pleur, drapée dansla vastitude de son fier sopianoavec quelque chose de plus en pluscallassien dans les mama es, cemélange de maîtrise et d'aban-don qui n appartient qu'aux plusgrandes Lui, Carlo au temperament fi agile maîs au chant d'ai-rain pas heldentcnor pour unsou, trouvant on ne sait ou unelumiere latine que colore tout unaie en ciel de nuances sertissantde mille élégances le moindrephrase Quand I art du chantatteint de tels sommets, on nestplus a Salzbourg on n'est plus surterre On est ailleurs ED

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Salzboura 2013

NORMA DE BELLINI.Haus fiir Mozart, le 27 août.

Après le disque (cf. lacritique de DidierVan Moere, n° 614),

tlf» , - la scène : Norman'est donc pas pour Cecilia Bartolila chimère de studio que furentIsolde pour Magaret Price ouElektra pourLeonie Rysanek. Elles'affirme même comme la pre-mière artiste depuis trente ans àmaîtriser l'intégralité du rôle.Certes, tout a été calibré afin deparvenir à cette réussite. Choixdes partenaires, des concepteurs,du chef, des effectifs d'orchestre,et bien sûr de la scénographie etdu lieu : avec un décor fermé, dontla profondeur est réduite à cinqmètres durant la moitié de la soi-

^ rée, sa voix sonne avec une ampleur5 qu'elle n'aurait pas à La Scala, oùI l'ouvrage fut créé.ë L'édition elle-même a-t-elleI tenu compte de sa destinataire ?o Sans doute, mais pas plus que

les diverses versions établies duvivant du compositeur pour sesinterprètes. Le travail de Mau-rizio Biondi et Riccardo Minasi,relayé en fosse par GiovanniAntonini, se révèle plus fulgurantencore que devant les micros.Moins pour le texte que pour larévision complète des équilibreset des proportions.Au diapason 430 et sur instru-ments d'époque, on perd lamonumentalité, le souffle, l'éclatauxquels l'esthétique de l'après-guerre nous avait habitués,et loreille, il faut l'admettre,peine parfois à s'en consoler.Les cordes de La Scintilla nedépassent guère le mezzo forte,même si leurs belles couleursambrées séduisent davantageque des pupitres d'harmonieplus rudes. Cette réserve miseà part, la vérité musicale dubel canto romantique est biendans ce tapis orchestral tout ennuances, propice à un dialogueintimiste avec des voix jamais

en force, mais ciselant chaquedétail : il ne sera plus possiblede l'ignorer.Le Pollione de John Osborneest peut-être à ce titre la révé-lation la plus éloquente de lasoirée : voix mixte jusque dansl'extrême aigu, phrasé fluideaux dynamiques fines, il balaiela fausse tradition du matamoreet construit un personnage à laséduction vénéneuse.

Le miracle BartoliRebeca Olvera est une Adalgiseidéalement jeune el soprano, etexcellente musicienne, mais à lavoix bien légère. Toute la distri-bution, ainsi que le remarquableChœur de la Radio suisse ita-lienne dirigé par Diego Fasolis,cavale avec gourmandise surdes tempos prestissimes maisparfaitement tenus, qui rendentévidente la filiation avec l'opéraséria rossinien.Bartoli renoue avec ce miraclequi la transcende toujours mieux

à la scène qu'au concert. SaNorma, comme il se doit, necesse de grandir au fil de l'œuvre,délivrant un « Tenert figh » d'unmodelé et d'une émotion irréels,trouvant dans la tessiture extrêmedu finale une puissance expres-sive qui doit tout à l'intensité dela couleur, à la justesse de chaquemot, aune conduite du souffle quisemble palpiter avec le rythme etpose chaque ornement avec unepertinence idéale.Patrice Caurier et Moshe Leiseront cousu sur mesure un person-nage à la Anna Magnani dont ellefait son miel. Le caractère hiéra-tique se voit habilement gomméau profit de l'humanité, et sil'urtext scénique sera pour uneprochaine fois, la transpositiondans la France occupée durantla Seconde Guerre mondialefonctionne parfaitement. Ellenous vaut, malgré une directiond'acteurs au premier degré, debeaux moments de vérité psy-chologique. Vincent Agrech

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Le Rhin au navs de For noirLE RING DE WAGNER.Festival de Bayreuih, du 26 au 31 juillet.

' A Bayreuth, Frank Castorf auraiiiême réussi à déconstruire lentuel des saluts ! Celui qu'onappelle en Allemagne le « des-

tiacteur de pièces », devait s'attendre à laréaction de la salle lorsqu'il se présenta aurideau, ce qu'il ne fit qu'à la fm du Crépusculedes dieux. Maîs ce qui se joua alors, on n'a pasle souvenir de l'avoir jamais vécu : devant l'ou-ragan de huées qui l'accueillit, le metteur enscène culte de la Volksbuhne de Berlin, grandprovocateur devant l'éternel, fit face au publicet ne quitta plus le plateau. Le chef KyrillPetrenko passa bien la tête pour lui signifierque l'orchestre voulait saluer, maîs rien àfaire : défi ou masochisme, rien ne pouvait lefaire bouger de là, redoublant la rage dcsspectateurs. Fallait-il que son coup de pieddans la fourmilière eût été violent !

Bordélique ou virtuoseDe fait, le Ring de Castorf est une expérience,que l'on n'aurait sans doute pu tenter ailleursque dans ce festival que Wieland et WolfgangWagner revendiquaient comme un « atelier ».Fidèle à son esthétique trash et à sa méthodedu collage et des associations, Castorf refusela cohérence d'un récit : on saute les époqueset les lieux, une usine chimique de l'ex-RDAcôtoie la façade de Wall Street, en alternance

DES CLAVIERS AUX ETOILESFestival de La Roque d'Anihéron,du 16 au 20 août.

Bien sûr, il y eut au cours de cettetrente-troisième édition du FestivaldeLaRoqued'Anthéron,le Liszt stratosphenque et minéral,

extraordinairement maîtrise, de Marc-André HamelmEt le triomphe de l'/bena d'Albeniz par Luis FernandoPerez, envoûtante, pleine de panache, sidérantedeprécision Quedire, aussi, du sentiment d'intimitécrée par Nelson Freire, sur une autre galaxie dansdes pièces tardives de Brahms ?Maîs intéressons-nous a deux jeunes pianistesVincent Larderet, auteur d'un disque Florent Schmittremarqué (Naxos), a paru d abord tendu dansla Sonate n° 2 de Scriabme, trop morcelée et statique Et on peut imaginerSonate n° 2 de Rachmanmov plus flamboyante A son actif, des moyensconfortables et une palette de timbres ancrée dans la partie intérieuredu clavier Ces qualités plastiques font merveille dans le Prélude, choral

avec un motel américain, une raffinerie depétrole d'Azerbaïdjan et la station de métroAlexanderplatz à Berlin. On part d'uneidentification entre lor du Rhin et I or noirpour arriver à une réflexion sur l'Allemagned'après la chute du mur. C'est tantôt bordé-lique, tantôt virtuose, souvent hilarant, tou-jour s passionnant, mais seuls les lyricophilesauront été surpris car, au théâtre, Castorf est

déjà un « dinosaure » ! L'unanimité se serafaite sur la fabuleuse direction de Petrenko,incroyablement plastique et sensible, unaccomplissement pour son premier Bayreuth.Et si la distribution propose une foisonnantegalerie de portraits au relief saisissant, elleachoppe sur le Siegfried inécoutable deLance Ryan et la Brunnhilde bien timide deCatherine Foster. Christian Merlin

et fugue de César Franck, en dépit d'un légermanque de contrastes L'exigeante Fugue, où l'ona entendu plus d'un maître se perdre, avance sansfaiblir Encore plus saisissants, deux Préludes _de Debussy ciselés et chatoyants, qui évoquent JBceux de Michelangeli Ne serait-ce que pour jmces moments, le nom de Vincent Larderet ™est à retenirHeureuse surprise • ̂ Jean Dubé dans un programmelisztien Des doigts infatigables, une absence de poseet un bonheur de se produire en public qui nouscomblent Et de découvrir sa véritable sonorité, laplupart de ses disques semblant avoir été enregistrésdans une boite a chaussures voici un piano aéré,dénué de dureté Certes, il aurait pu s'abstenirde jouer l'insipide Hymne à sainte Cécile d'aprèsGounod, maîs on salue la densité sans affectation desaccords de la Chapelle de Guillaume Tell et l'abattage

des Réminiscences de Norma, Et on ne se souvient pas avoir jamais été àce point convaincu par La Lugubre Gondole I Enfin, Etincelles de Moszkowskicrépite tel un feu de joie C'est tout à l'honneur du festival que de fairedécouvrir ces artistes parfois méconnus Bertrand Boissard

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transfiguréPhilharmonique de Berlin, Simon Raule. Paris, salle Pleyel, 31 août et 1er septembre.

Eloge de la diversité celle dcsespaces sonores tres variesproposes par Simon Rallle etl'Orchestre philharmonique

de Berlin Mozart d abord pour les. trois dermeres symphonies Effectif dune quaranlaine de musiciens observance des reprisesjeu intégrant la reflexion baroque Le Philharmonique est mis a nu, sonorités plusemaciees articulations saillantes maîs sanssecheresse m affadissemenl des couleursConcert d une transparence céleste, d une

vie interieure foisonnante tant Rattle organise le dialogue des pupitres sans mettre enperil l'unité ultime Pas une idée qui ne nousparle pas un phrase qui ne passionne pas unaccent qui ne s agrège naturellement dans untout harmon leux Un chef d œuv re de stylea la fois volontaire et essentiel en pai ticulierdans les 39e et 40e, les reprises figeant peutetre légèrement la < Jupiter »Virage a 180° lors du second concert La Nuittransfigurée de Schonberg est présentéedans sa version étoffée de 1943 Admirable

pianissimo du début, textures des altos violoncelles et contrebasses venues d un autremonde (et y retournant dans les dernieresmesures), puis une déferlante d une inten-sité et d'une prise de risque incroyables Barlin assume ce parti pris avec une puissancepresque monstrueuse cette sauvagerie quipeut surgir de façon fulgurante Rattle réussitici plus quunc tres grande interprétation ilnous dit par la musique que l'on change d'ère

Enfin libres !Comment passer ensuite aux trois Frag-ments de Wozzeck ' Par le genie instantanédes modifications de couleur ce qui étaitencore « tristamen > dans la Nuit devientun camaieu de gris anthracite, mélallisesd éclairs blafards a la surface d une texturea la liquidité tolalemcnt différente Lumi-neuse et agile, Barbara Hanmgan est sans •doule plus une Lulu qu une Marie la voixmanque ici un peu de chair et de puissanceLe Sac rc du printemps impose enfin unevision assez retenue alliant densité smguhère et tres grande plasticité chaque détailest pese, la gamme des couleurs et desaffects impressionne (les emv res les trom-pettes bouchées inouïes du Sacrifice!) Lecouple Rattle-Berhn ne semble avoir jamaisete aussi libre Est ce parce que lui commeles musiciens connaissent désormais la finde I histoire > Remy Louis

BÉATRICE ET BÉNÉDICTDE BERLIOZ. Festival Berlioz,La Côte-Saint-André,le 23 août.

Temps fort duvingtième FestivalBerlioz de La Côte-Saint Andre, la repre

sentation concertante de Beatriceet Benédict dans la cour du châ-teau Louis XI a cree la surpriseL'ultime opera de Berlioz estaussi piquant a ecouter qu'henssede difficultés pour les interprètesApres une Ouverture plusénergique que spirituelle sous ladirection incisive de François-Xavier Roth soucieux de canali-ser les ardeurs encore fraîches duJeune Orchestre europeen HectorBerlioz (jouant sur instruments

En français dans le texted epoque), le remplacement desdialogues parles par le récit dunarrateur Serge Bagdassanantentant de jouer la comedie enlisant ses notes appelait aumieux I indulgenceSi le redoutable an d Heio joliment file par Manon Tassou atire l'intérêt du cote de la seulemusique il faudra longtempspatienter jusqu a celui de Béne-dict ( < Ah! je vais I aimer ») chanteavec une vraie flamme intérieurepar Jean-François Borras puisles mvsteres du sublime duo nocturne pour sentir enfin le courant s'installerInégale la mise en espace de LileBaur habile a diriger les acteursa culmine dans la Chanson aboire en faisant participer toutI orchestre a la griserie generale

Sur la lancée, le grand mono-logue de Beatrice dans lequel Isabelle Druet a pu déployer toute sapuissance de conviction, le triodes femmes la marche nuptialebien servie par la plénitude duChœur Bntten, ont mené droit au

duo final etmcelant qu il a fallubisser Ainsi tout vient a pointpour qui sait attendre Ce quonnespérait pas cest un tel soucide prononciation de la part desuns et des autres Berlioz auraitapprécie Gerard Conde

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Archet royal !

Renaud Capuçon et Cil», .v.., ̂ u.»...Montreux, Auditorium Stravinsky, le 8 septembre.

Le supeibe piogiamme fiançais donne a l'AuditoriumStravinskv de Montreux (Debussy Lalo Ravel) n'a natu-rellement aucun secret pour Charles Dutoit Maîs e estd'abord l'exécution de la Symphonie espagnole par Renaud

Capuçon qui retient l'attention Les premiers instants laissent craindreun manque de flamme A tort on réalise bien vite que cette interprétalion supérieurement élaborée s'apprécie sur la duree tant, mouvement apres mouvement, le violoniste français dit l'œuvre avec unraffinement de nuances et de couleurs toujours renouveléPas d'esbroufe, pas de coups de menton appuyés maîs une narrationunissant a tout instant goût et style (Scherzando, Andante, sectioncentrale de I Intermezzo) La griserie virtuose n'est certes pas absentedu Finale Maîs, trait plus significatif encore sur le plan expressif, lalumiere et la finesse du timbre sont déclinées avec une plénitude etune variete enthousiasmantes des coups d archet Elles reposent surune discipline instrumentale - et une justesse d intonation ' - quiforcent I admiration A la tête du Royal Philharmonie Orchestra larectitude attentive de Dutoit a ici pout vel tu piemieie de laisser saliberte au soliste tout en le soutenant sans faille sans jamais le perdreLa transcription de I Orfeo de Gluck hommage ému a Isaac Sternrayonne ensuite avec une grâce et une émotion immaculées

Rêve éveilléLe Prélude a l'apres midi d un faune et La Mer trouvent en Dutoit uninterprète a la strategie subtile Le phrasé est souple, moelleux, ladensité exactement dosée, transformant la musique en reve éveille,pensif, aux enchaînements fluides Ce n'est pas un mince achèvementdans une salle d'un teHolume La couleur d'ensemble a quelque chosede vaporeux, diaphane même, sans que le jeu ni le rythme soient enrien indécis Cette retenue confère en retour un impact fulgurantaux moments dramatiques, qui jaillissent avec une puissance et unedynamique saisissantes (fin de De laube a midi sur la mel, du Dia

z logue du vent et de la met)I La caisse claire hésite brièvement au début du Bolero Maîs le mou-8 vement se cale, la dynamique s'enclenche, et Dutoit et ses musiciens5 « déroulent » le chef d'œuvre avec une conscience aigue de sa proo gression, jusqu'à l'embrasement final R L