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Date : AVRIL 15 Pays : France Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.60-75 Journaliste : Vincent Jaury / Oriane Jeancourt Galignani / Élise Lépine / Jérôme Dejean Page 1/16 METAILIE 6824253400509 Tous droits réservés à l'éditeur Avril le mois du crime Transfuge s'est plongé pour vous dans le polar mondial On vous emmène dabord en Israel avec un maître du suspense, Dror Misliani, qui nous fait découvrir lautre face d un pays en guerre On remonte ensuite vers Espagne où Victor del Arbol ancien orêtre et flic fouille ias territoires oubliés de l'histoire du xx j siecle Cap sur la Morvège, où Ion a rencontre un sacre zigue, Sert NyparrJstiaofl, star en son pays grâce au lao ae Mengele polar écologiste à vous glacer un nordique Du côté français, on célébrera avec son jeune éditeur les soixante-dix ans de la Série noire et Ion vous annoncera les grands moments de notre festival partenaire Quais du Polar Bref a vous dè désigner votre coupable idéal i DOSSIER COORDONNE PAR VINCENT JAURY ET ORIANEJEANCOURT GALIGNANI ILLUSTRATIONS LAURENT BLACHIER

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Avril le mois du crime Transfuge s'est plongé pour vous dans le polar mondial On vous emmènedabord en Israel avec un maître du suspense, Dror Misliani, qui nous fait découvrir lautre faced un pays en guerre On remonte ensuite vers Espagne où Victor del Arbol ancien orêtre et flicfouille ias territoires oubliés de l'histoire du xx j siecle Cap sur la Morvège, où Ion a rencontre unsacre zigue, Sert NyparrJstiaofl, star en son pays grâce au lao ae Mengele polar écologiste àvous glacer un nordique Du côté français, on célébrera avec son jeune éditeur les soixante-dixans de la Série noire et Ion vous annoncera les grands moments de notre festival partenaireQuais du Polar Bref a vous dè désigner votre coupable idéal iDOSSIER COORDONNE PAR VINCENT JAURY ET ORIANEJEANCOURT GALIGNANIILLUSTRATIONS LAURENT BLACHIER

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'ISRAELJDOITACCENiTIUERES RELAiT'IONS AVE

LES euUTIURES vois INES vDror Mishani figure du polar israélien signe La Violence en embuscade intrigue haletante qui nous met surles traces dun pere étrange en banlieue de Tel-Aviv Quest ce quécrire des crimes dans un pays en guerreRéponse avec un auteur a la libre paroleINTRODUCTION ET PROPOS RECUEILLIS PAR ORIANE JEANCOURT GALIGNANI

CAest un polar sans crime ou presque C onlinele laisse présager le début de l'enquêted Avraham A\iaham a Holon, dans labanlieue dè Tel Avix, une valise est déposée

devant une crèche, contenant une fausse bombeUn avertissement •> L'annonce d'un veritableallen tat a ven ir51 e commissariat de Tel-Aviv est ensuspens Nous, lecteurs, le sommes aussi, en attentede ce que I on pou 11 ait decouvrir une direct! ice decrèche malt! aitant les enfants et punie par un desparents ? Un pere de deux fils au compoi tomaniétrange dont la femme a dispai u sans laisser dt,ti aces ' Qui de ces personnages passera a I acte 'Di or Mishani, dont / a Violence en embuscade est lesecond ionian a être traduit, s'avère un maître dela suspicion il s'en sert comme d'une toi che poureclairer l'un apres I autre ses personnages et nousfaire crane qu ils sont capables du pue Dans ceroman-ci, comme dans le précèdent, Unedispantwninquiétante (2014), ils se re\ dent en proie a dè bieninquiétantes logiques criminelles Pour construireses coupables, et son mspectt ur de police AvrahamAvraham, Dror Mishani s'inspire de la litteraturecriminelle qu'il enseigne, notamment française,pour laquelle il a un goût pai ticuliei Simenon entête, maîs ax ec un but bien précis creer un nouvelarchet) pe, celui dc I enquêteui israélien normalUn sepharade qui s inquiète plus poui son salaire,

son loyer ou sa vie amoui elise que poui l'avenir deson pays Un Av raham Avi aham sorti de l'histoirebrûlante d'Israël pour mener une enquête sur ladisparition d'enfants et les menaces proféréescontre une directrice de crèche Faire d'Isiaelun pays comme les aulres, avec ses fans divers, sescriminels de droil commun el ses policiers tenacesel mal payes, esi ce possible •* Mishani y parvient, ilnous tienl caplifs de celte affaire de mœurs Maîs onn'oublie que par instanls l'état de guci re d'Ist acl,sa fragilite politique la scene la plus foi te a lieudans I aeroport de Tel-Avix apres la traversee demulliples portiques de securite Commenl ne passe souvenir alors de Finquielude permanente queressenlenl les Israéliens, celle presence conslanledes aimes, de la possibihle de la moi i ^ Mishanilui-même, en icpondant a nos questions, n'a pueviter de foi mulet un nouvel espoir politique pouison pays

Qui vous a inspire votre détective, AvrahamAvraham ?

Je mc suis inspn e des detectixes quej'aimais,Jules Maigiet, Kutt\\allandei, Maitin BeckMaisj'ai aussi cherche a creer un personnagede detectixe israélien que j 'aimerais et quichercherait avant tout I innocence dans lespersonnages qu'il lencontie

^ LA VIOLENCE ENI EMBUSCADE^ traduil de I hébreu parN; LaurenceSendrowicz« Le Seuil

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Comment est né le personnage de ce pereinquiétant, prêt a tout pour prendre le pouvoirsur ses fils ?

( était au cours d'une étrange conversationque j'ai eue avec mon premier fils, Benjamin,aloi s qu'il avait quatre ans II m'a dit un soir adîner / st ce que tu savait que j'ai eu un pere avanttoi ? Je l'ai regardé, sous le choc, et il a ajoute

Maîs il est mort Ses mots m'ont hante pendantdes jours, jusqu'à devenir I origine de ce roman

La mere disparue au centre de La Violenceen embuscade est une immigrée en Israel,non juive. Vouliez-vous faire voir ce peupleméconnu d'Israël ?

Ma femme est elle aussi une immigrée nonjim e en Israel (non de Manille, maîs cle Vai suv ie)Ce qui signifie que mes enfants ne sont pasjuifs selon les lois orthodoxes, qui sont les loisnationales en Israel Ce qui m'a fait decouvi ir unmonde inconnu pour moi jusqu'aloi s et rai ementreprésente dans la litteratuie hebiaique, celuid'une communaute multiple, pleine de langueset de cultures, de i eligions et d ' eglises qui ne fontpas réellement pai tie cle I Etat isi aehen, maîs vsont accueillies Pourtant, elles ne sont pas quedes invitées du pays, ces cultures le fondentaussi L'Etat d'Israël s'est construit sur un mythehaimonieux, celui d'une Palestine bibliqueentierementjuive qui retiorne)ait aujouid Innses origines Maîs en réalité, ça n'ajamais etele cas , la Palestine biblique était un mélangede cultuies, de langues, de religions, etl'Isiaeld aujouid'hui lui lensemble ainsi (e regretteque la fiction israélienne pai ticipe a ce ni) thenational et oublie qu'Israël n'est pas strictementjuif Si l'on permettait a ces différentes culturesd'exister, cela creeiait une identité israéliennenouvelle et plus lai ge

Est-il difficile d'écrire des histoires policièresdans un pays ou la violence est essentiellementguerrière ?

Oui, je croîs que cest pour cela que legenie est lelativement sous-developpe lescrimes « normaux », ceux qui n'ont aucuneimplication politique, ne font pas la une desjournaux (pour piendie tm exemple, uneIsraélienne frappée par un Palestinien sera enpremière page, une Israélienne i i appee par sonman, non) Maîs lors d'un crime politique laquestion de la peisonnahte du tueui , dc sesmotivations (qu'est ce qui lui est ai l ive pourqu'il en vienne a tuer ?) n'a que peu d'intérêton retient sul tout qu'il est palestinien et qu'ils est attaque a un Israélien Or, je croîs queIe rôle d'un écrivain pohciei en tsi acl est derendre a la vie humaine sa valeur propre dansune sociéte qui est si habituée a la moit Enlacontant les circonstances d'une seule mort,

en essayant de la comprendre, en liu icndantson importance, son tragique, on refuse depasser d'un cadavre a un autre La fictionpolicière petit cela parce qu'elle est fondéesur cette obstination a comprendre le gestemeurtrier Voila la mission de l'écrivain policierici restaurer l'humanité en insistant sur le faitqu'une seule vie et mort a cle l 'impoi tance,au-delà des enjeux nationaux

Est-ce pour cela que vous n'écrivez pas sur Ieconflit israélo-palestinien ?

la plus grande partie de la Intelatureisraél ienne s ' intéresse a u j o u i d ' h u i a ceconflit ou a la Shoah C'est d'une importanceprimordiale Maîs on ne traite pas les autresconf l i t s sociaux qui an iment la societeisraélienne J'ai commence ce que j'appellema trilogie familiale Une disparition inquiétante(2014), / a Violence en embuscade et le dernier,que je \iens d'achever, ont lieu dans un espacegéographique hois du conflit, la banlieue deTel-Aviv, et mettent en scène des individusplus pieoccupes par le chômage, la baisse dessalaires, laviolence domestique que parla Shoahou la construction d'une bombe atomique enIran ( ela dit, Avraham \a rcncontrei peu apeu dcs peisonnages qui sci ont pris dans leconflit, puisqu'il est tout de même difficile decomplètement y échapper

Vous qui êtes francophile, qu'avez-vousressenti lors des récents attentats de CharlieHebdo et de Vincennes ?

J ai ett exti i mement choque pai ce que j aivécu a Paris et je pensais que la culture et lasocieté françaises devaient seivir de modelespour nous Israéliens Alors, quand j'ai vu cequi s'était passé a ( harlie Hebdo, puis dansI H) pei cashei, j ai ete sidère, d'autant plus quej'avais vécu place de la Nation, a deux pas dela Malgre tout, je croîs encore que les valeursd egalite et de fraternité, si essentielles enFiance, sont les cles d'une \raie coexistenceentre juifs et musulmans au Moven-OiientLe racisme existe hélas en France commepartout, maîs je suis sul que le puissant heritageantiraciste f iançais ania le derniei mot

Votre livre s'ouvre a Bruxelles. En écrivantces pages, pouviez-vous imaginer la tuerie quiaurait lieu au Musee juif un an plus tard ?

Bien sul que jc pouvais I imaginer Aprestout, c'est assez sérieux ce que les juifs ont dûendurer en Europe par le passe

Dans une interview récente, vous disiez vousintéresser a l'idée d'une identité « arabe-juive ». De quoi s'agit-il ?

Il s agit d une nouvelle catégorie politique,

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l 'Arabe ju i f , a laquelle je p o u r r a i sin identifie) Mes grands-paie nts paternels sontnes en S) i ie et au Liban dans les annees vingtIls étaient 100 % < Arabes-juifs » tout commevous pouvez parle] de < Français-juifs l'arabeétait leur langue maternelle, celle dt leurs reveset dc leurs désirs Ils n'ont d'ailleurs éprouveaucune hostilité envers la culture arabe, mêmelorsqu'ils ont dû se dcposscdei dc celle-ci pourintégrer la societe israélienne Je n ai pas hei itede cette identité Maîs jc croîs q u c n essayantde la restaurer on pourraitconsti uire un pont entre lesjuifset les musulmans, parce que jecroîs que les racines de l'hostilitéarabe envers Israel ne plongentpas seulement dans la politiqued occupation maîs aussi dansI autodefimtion d'Israël commeelement occ iden ta l en t i té< étrangère > au Moyen-Orient

Vous ne vous retrouvez doncpas dans la politique étrangèrede M. Netanyahu ?

Non, pas du tout Encoreune fois, je croîs qu'Israël doitaccentuer ses relations avec lescultures voisines

La scene-cle du roman a lieu al'aéroport de Tel-Aviv. Un lieusymbolique pour vous ?

Oui maîs je I ai comprisapres l'avoir écrit l'aéroportde Tel-\viv est l'un des lieuxles plus forts de l ' identi téd'Israël et de sa protectionpolicière, maîs e est aussi unlieu qui révèle son secietdesn d'existei ailleurs (enOccident ~>) II ne s agitdonc pas simplement d unefrontière géographique, maîsun lieu ou le drame essentield'Israël, celui d appartenirou pas a son emnonnementse joue chaque j o u rC'était en quelque sorte lemeilleur endroit pour clorel'histoire de personnes quin'appai tiennent a rien

Continent réagissez-vousau succes de Nétanyahou etde la droite israélienne auxelections du 17 mars ?

Je suis anéanti par ceselections Je vous écrisle lendemain ma t in qui

est une heure bien triste en Israel Peut êtremtme tragique On du ait qu'Israël a eluun gouvernement qui va une nouvelle foistourner le dos au moindre espoir de paix etde coexistence avec les Palestiniens Est-ceun changement 'Je crains qu il ne s agisseque d un nouveau pas sul une voie que nousempruntons depuis des annees et qui nousrapproche d'une fin violente

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La prestigieuse Serie noire fête ses soixante dix ans cetteannée Rencontre avec son jeune directeur Aurelien Massonqui côtoie les monstres sacrés du polar made in GallimardPAR ELISE LEPINE PHOTO LUCAS PAJAUD

S es manches retioussees dévoilent untatouage volutes japonisantes, f l eu i spoui pi es, créatures aquatiques Un choixcl'esthè te II a des yeux li es non s, une bouche

de fille II plaque les mèches de ses cheveux, lesdivise cnue poivre et sel, comme un gosse agitequi se bi icolerait un air sage Sur la terrassed'un pub bonde des Grands Boulevaids, sa voix-veloutée, dans les basses, presque adolescente -peine à couvni les conversations

A ti ente-neuf ans, Am ellen Masson, a la têtede la mythique Sel ie noire de Galhmai d, qui fêteses soixante-dix ans cette année, n'a pas l'alluied'un directeur II sourit • fe croîs qu'on ne m'a jamaisnomme officiellement directeur fif ln Smf noire » En2000, il eiiti e dans la maison comme lecteur paile biais de son ami Michel Braudeau, directeuide la NRF- nous y reviendrons. Il est celui qu'onpeut appeler un soir pour le lendemain matinDeux ans plus tard, il devient I assistant du boss klégendaire Pâti ick Ray nal II passe aux manettesa vingt-neuf ans, en 2005 < Le n'est pas le Mie quim'intéresse, c'est la liberte qu'il me donne »

La liberté lui permet de mener sa barque al'affectif Lcnvam, c'est lf metier le plus dur au mondeJ'aime ces gens qui se servent encore dè lmr ordinateurcomme d'une machine a écrire Mcmboulot, c'est dedonnerun sens a ce travail de chien > À côté des monstressacres de la Série non e -Jo Nesb0,1 awrence Bloc k,DOA, C aryl Ferey -, Aurelien Masson gai deune place pour ses petits trésors, français pour laplupart Eric Maravéhas, Sylvain Kermici, et sesétoiles montantes, Iiignd Astiei, Elsa Mai peau,Thomas Bionnec Tous ceux qui ont assis siréputation de nez creux

La discipline est sa planche de salut «Je me suissépare de ma femme, je squatte a droite a gauche Maîsou que ie m'endorme, c'est le nez dans un manuscrit jtsuis debout a 7 heures pour moa uper d'Iggy, mon filsde deux ans I e reste du temps, je MIS au bureau, ou

au bar, à bosser avec mes auteurs, qui pour la plupartdeviennent des potes. » Aurélien Masson, commetous les grands timbres qui réussissent, parvientà assurer sa grande gueule et ses t-shirts punk enpeaufinant l'organisation : «Je m'interdis k relard.Je ne fais rien à moitié. » Antoine Gallimard lui faitconfiance : «J'ai avec lui un rapport direct. Quand jedécouvre un nouvel auteur, je lui fais une note, de, lecture,comme au bon vieux temps. Ensuite, on négocie. »

«Je suis heureux. Heureux comme un manager »,assène-t-il en piochant dans un paquet de clopes.A ce moment précis, il me fait l'impression d'êtremalheureux comme les pierres. Il a cette fêlurequ'on voudrait réparer. J'achète une rose à unvendeur ambulant et la tends à Aurélien. Il sourit.« Les fleurs, c'est mon travail. Chaque auteur en estune. Limage de l'éditeur rock'n'nll qui me colle à lapeau m'emmerde. Je cultive la beauté et la souffrance. »Avec son assistant, Benoît, il lit chaque manuscritreçu par la poste. Quand il tient sa pépite, il nelâche plus l'auteur : le boulot se fait devant desbières, certes. Mais à fond : «Je repère la bonneidée,et je ne le lâche pas. Je n'impose pas, je dévoile. » Ceque confirme Eric Maravélias, révélé l'an dernieravec La Faux-Soyeuse : « Sa force, c'est d'avoir unevision du diamant quand il est encore dans sa gangue.C'est ce qu'il a f ait avec briopour'Lz Faux-Soyeuse. »

Tatouages, bières (il n'en boira que trois ce soir,une broutille pour celui quej'ai déjà vu enfiler troispintes en déjeunant : «Je suis un patron, un père quise lève le matin : pas cle grosse cuite en semaine »} nemasquent pas les bonnes manières. Je mets surla table cette image de bourgeois - élevé dansle 7e arrondissement, père homéopathe, mèrepsychanalyste - qui fait méchamment souriredans le milieu des polardeux. «Je suis un bourgerockeur. Et alors ? » Des parents friqués, lettrés, quil'admirent pour son intelligence, l'encouragentà affiner ses goûts, dans les salles de concert oules amphithéâtres - il étudiera l'histoire et lasociologie. Et puis ce mal de vivre, cette rébellion,chopes à écouter les Ramones, Neil Young et DavidBowie. Résultat : un type en perfecto qui vous tientla porte. Il ne renie ni les charmes discrets de labourgeoisie ni le poison violent du rock.

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Son éducation, il l'a faite en partie seul,boulimique dc « toute la littérature qui te metmal » (Jean-Pierre Martinet, Lowry, Faulkner,Céline, Thomson, Manchette...), en partie sonsla houlette du romancier Michel Braudeau.« C'est un ami de la famille. Quand j'avais quinzeans, il m'a emmené en voyage aux Etals-Unis. Ondopait, on buvait des bières, U me faisait lire. Ila raconté tout ca dans Le Livre de John [Seuil,1992], qu'il m'a dédié. Il m'a demande de le relire,sur des feuilles volantes, au format A4. C'est lui quim'a appris ce qu'était un écrivain. »

Dans Le Livre de John, Braudeau racontecomment, hétérosexuel, quadragénaire, il esttombé en passion pour «John », le moine qu'il aemmené en voyage aux Etats-Unis. Ça fait quoi,d'être l'objet du désir, physique, intellectuel,sentimental, d'un homme mûr, quand on aquinze ans ? Aurélien Masson balaie la question.«Je le valais bien. Et puis on s'en fout. Michel m'aconstruit. La seule passion qu'il m'ait imposée, t'estcelle qui méfait vivre. » Nous dînons. Il évoque sanostalgie d'être mortel, sa haine de l'époque :«J'aurais aimé vivre un autre temps. Un temps oùc'était pas grave de tomber mort à cinquante ans surla place du village. Aujourd'hui, il faut tout réussir,être en forme, être aimé, jamais partir. Ça me fatigue. »La soirée s'achève. Vivre vite, partir tôt. AurélienMasson empoigne son cuir, se dirige vers la portedu restaurant, lance une blague au serveur, semarie, se tourne vers moi. Clin d'œil de mec,sourire de gosse. Il est redevenu celui qu'onconnaît : irrévérencieux, juvénile, impénitent.

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IL'DDDÏQDIPAPÂ

BRESILlAUXIFERSL'Or ae Qmpapa haletant polar socialFrançais Hubert Tezenas PAR ELISE

B resil, 1987 Le pays va bientôt f ê t e r lecentenaiie de I abolition de l'esclavageDans la petite ville de Quipapa, un groupe

de pavsans, traites comme du betail dans leschamps de canne a sucre, prépare une grevepotentiellement sanglante Kelbian, fils biutaldu proprietaire des champs dc canne a sucre,s'improvise chercheur d'or et force dans le plusgrand secret un groupe d'hommes a creuser laterre sans salaire ni dignite pour en arracheid hypothétiques pépites Au même moment,dans la \ i l l e de Recife, Cruz, jeune agentimmobilier habite de rêves de mariage et deprospérité, s apprête a louer un studio a tinhomme sans papiers, syndicaliste de Quipapafuyant la fureur de ses patrons, moyennantun pot-de-vin Tout bascule brutalement - lalapidite de l'écriture et l'absence de fiorituresnat i anvc s rende ot au vif la dureté de I action -quand deux hommes assassinent le mystérieuxlocataire en pleine transaction, laissant Cruzeu e accuse du crime Au récit de la descente aux

enfers de Cru?, des geôles infectes, ultraviolentesde Recife, jusqu aux champs de Quipapa (parle biais d'une évasion, point d orgue de ce récitsature d'adrénaline), se mêle celui du quotidiende Kelbian, implique dans le meurtre et dansbien d autres exactions Violence, mépris desdroits sociaux, haines de classes, droit deruissage l'homme s'inscrit dans la lignée des< seigneurs cle la canne II faut bien composeravec lajustice et les medias la corruption fait loiLe Français Hubert Tezenas trempe sa plume aucoeur du roman noir a I américaine - la parenteavec Jim Thompson et Cormac McCarthy estflagrante nature puissante, descriptionsimpitoyables, plongee au cœur des réflexeset sentiments malades d'hommes exposes ala bestialité — autant que dans le fait diversHubert Tezenas a tout plaque pour s'envolerau Bresil au milieu des annees quatre-vingt etrapporte dans ce récit des morctaux d histon esglanées et de choses vues - produisant chezle lecteur effroi et consternation en pleinemondialisation, les temps obscurs refusent demouni Pam une premiere fois en 201S auxeditions de l'Ecailler, ce livre n a pas ete assezlu Ainsi en a juge Anne-Marie Metaihe, quile publie aujourd'hui dans la collection Suite/ Or de Quipapa est le portrait au peigne cle fer,sans espoir maîs non sans tendi esse, d un Bi esilabîme ct d hommes malmenés

LE PLUS JEUNEFILS DE DIEUtraduit de I espagnol(Argentine) parHmaodme Pytetes Noirs416p 23€

MAISNONhteSIEl!Avec Le Plus Jeune Fils tfe Oien I Argentin Garios Salemsigne un polar furieusement drôle autour d un certain DieuJr aux ambitions démoniaques PAR ELISE LEPINE

O n ht ce livre comme on regarde passer l'un de cestaxis typiquement latins (orne d autocollantshagiographiques, de Vierges phosphoiescentes

et de chapelets lumineux) désarme, bluffe,perplexe, souriant Dans le Madrid du xxi siece,Dieu Jr est - donc - le plusjeune fils de Dieu - e esten tout cas ce qu'il raconte Un mec (lf wn temps,fe type même du jeune qui n'a pas fini ses éludes, qui achangeplusieunfois de filtre et qui avance sans butprrnsdan s la vie [ ] 11 il pue des pieds Persuaded êliele second fils de Dieu et dévoie par l'ambition defaire mieux que son « Prédissime >, qui a frappe ungrand coup deux mille ans plus tôt et a les faveursdu Paternel, le divin laser exploite iiialadioitementses dons extraoïdmaires il sait éblouir les filleset reconstruire illico leur hymen lorsqu il leurmontre son pénis (lumineux comme un cierge),il peutleviteraun metre du sol (quand il ale ventre\ide), il fait apparaître des televisions, multiplie leslignes de coke et les bouteilles de biere (maîs sansles capsules, c'est pourquoi il faut les boire tres

ute) Bourre comme un cochon, obsède sexuel,drôle malgre lui et entoure de sa fidèle bande decopains (Pe ter, Si mon, Matthieu et les autres), DieuJr s attelle a gagner la célébrité et a dispenser sabonne parole ( Le veritable chien prophète, le seulqui soit porteur d'un message d'amour et de paix [ ],cest Lassie ) par les divers biais que lui offre lamodernite groupes de hai d i ock, son ees pi ivees(organisées sous I égide de son beau pere, GeorgeS Atan), telereahte Quand des personnalités dushow-bi/ sont cruellement assassinées, tout accuseDieujr Pendant qu' il se planque, son meilleur arm,Poe, plumitif au destin chaotique, mené lenquêtepour tenter de le blanchir, tout en rédigeant son/ vangile de biere fiction, relatant la veritable histoirede Dieu Jr II y a bien sûr un Judas dans cettepagaille Quèlques vrais méchants, une jolie « fillea chats >, une folle amotireuse d un fantôme, untravesti nomme Madeleine C'est une fulgurancebaroque, mêlant I absurde, le comique, le e rime, lalendl esse avec le tact et I a-proposd un Bol is Vian- pei iode Vernon Stilln an Ecorchant les déviancesde l'Espagne en crise, gentiment blasphematone,allègrement iconoclaste, mené sans aucune fautede i vthme entre gags abracadabrants et imbrogliosphilosophiques, ce nouveau i oman de I inclassableArgentin Carlos Salem invente le genre cle la fablecomico e riminelle Une epiphame

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(POSCr-APARfflHEIDANIMALITRISTELe Sud Africain Mike Nicol se révèle impitoyable avecson pays Ou sans sur l'arc-en-ûiel nous menéles turpitudes sociales du Cap post-apartheid

I DO SANG SURI LARG-EN-GIELS:

traduit de I anglais(«(rip du Sud)par Jean EschSeuil

PAR ÉLISE LEPINE

Bn p e u t etre sud-afi icam auteurde p o l a r s et fa i o u c h e m e n tshakespearien Apres sa trilogieVengeance, pai ue che^ Ombres

noues, Mike Nicol se penche anouveau sm les dessous — sales - chiCap, ne bi iclan! m son sens aigu dc latragédie politique, ni son goût pont lespersonnages décales, ni son appétence(tres Renaissance) pour la chair et pourl'humanisme Dans le monde idéal de Fish,détective à la nogne de surfeur caliioi men,pas mécontent d'être chômeur on v n i a i t debouf fées de cannabis et de barbotages musclesà la conquête des vagues Sa copine, VickiKahn, avocate ambitieuse fatiguée de fanepasser les petits déjeuners gargantuesques deson surfeur en notes de frais, l'embauche pourenquêtei sur le dossier dont elle a la charge unjeune gaiçon gravement blesse au cours cl unecourse illegale ck voituies, conducteur disparutémoins évanouis, preuves inexistantes Lecouple met aujour les dossiers poussiéreux(corruption, trafics, affaires de mœurs) rangessur les étagères du pouvoir, déroule le fil clesvieillesjoutes politiques décolle les pansementsqui masquent mepi is de classe et turpitudesanciennes. Mike Nicol persiste et signe ici savision désenchantée et sa description sanscomplaisance des rapports entre communautésdans l'Af r i q u e chi Sud post-apai theid dequoi egratigner sérieusement l'image d'unesociete « arc-en-ciel » telle que la rêve laclasse politique L'auteur enfonce le clouavec des letouis en arrière mettanten scene des tueurs a la solde dugouvernement, charges d'éliminerles « terror is tes » menaçan tl ' é q u i l i b r e social ( u e ) desannees quatre-vingt, bcnehciantd'une marge de manœuvre allant de la toi turea l'infanticide Complexe, maîs pas indigesteSans trahir son goût pour la polémique, MikeNicol aiguise son ecrituie Dialogues allegies,situations improbables (mention spéciale au volde cornes de rhinocéros au musée de la vi l le)corps exultant, sens pointu de la bande-son- l'auteur livre sa playhs/ en fin de ionian asujet sérieux, plume aleite, dérision, second

degré, bonus epirurien Pt cet intérêt pourl'humain . mention spec lale, encore à la scenedel élection de < Miss Rescapée des champs demines » en Angola monument de tendresse,pamphlet pour le droit - et pont l'amour -des femmes Cette description du Cap vousinquiète ' On ne vous rassure pas une note deMike Nico! détaille les faits réels-nombreux-ayant inspiie le roman Bon voyage

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^GROUNDZEROJs RouergiiB noir$; 216 p 19€

VIOLENCElORDINAIREGrouniizero fait du 11 septembre le jour de nouveaux crimes Un polar signe Jean-Paul ChaumeilPAR ELISE LEPINE

T ueur a gages pepere et réputé, William (ouWalter, « peu importe ») doit liquider unhomme et récupérer sa mallette La routine

Problème accomplissant sa mam aise action, il setroux e au mauvais endroit, au marnais momentWoi Id Trade C enter, 11 septembre 2001 un peuavant neuf heures du matin Notre homme tuesa cible, et l'immeubli se met a trembler, percutede plein fouet par un auon kamika/e Le tueurcompl end tres \ite deux choses primo, il dortr apidement quitter les lieux s'il ne veut pas finnec i ase sous les décombres Secundo des assassinssont a ses ti ousses et il \ a dev oir s'en debarr asserDans ce decor apocalyptique la fu i te dunarrateur est une transe portée par le rock lasoûl, le funk -1'homme ne fart rien s'il n'est pas,via ses écouteurs, sous pei fusion mélodique -,

iccitee au « je >, partante entr i le present et lepasse Le langage est parle, enleve, d'un naturelconfondant I e i celt est un uppercut D'une voixsans complaisance, cet individu manifestantun talent inné pour la mauvaise action prendsans cesse le lecteur a parti mettez-vous a maplace », « vous comprenez » C es altercations,malignes, picsque perverses, dérangent on sesent malgr e soi citoyen du monde complexe destueurs professionnels, qui ri est i icn d autre queIc icflet , en plus violent, en moins h) peer ite,de notre societe Brutal tour de passe-passe,ftrocement ancie dans une veine américaineultrarealiste, appaiente au Démon de Selbv,mteirogeant sul la frontière entre le quidamde la rue et le dangereux sociopathe, ce premierroman est un sans-faute

LIAMERIQUElOUBLIEPike roman de I Americain Benjamin Whitmer fait entendre les laisses pour compte du reve americainPAR JEROME DEJEAN

D ans le monde du polai a m e r i c a i n , cepiemiei i oman, fondateur d'une collection,est une bouffée d air f r a i s II ne manque

pourtant pas de cruauté Pike de BenjaminWhitmer met en scene tm vieux truand qui seretiouve a enquêter sur sa piopre fille, morted'une overdose dans les ruelles enneigéesde Cincinnati Une improbable odyssée ouTelemaque est un boxeur a la petite semaine,Circe une gamme dé lurée de douze ans etPoséidon un vit tix salopai d de flic coi rompujusqu'à I os qui ressemblt comme deux gouttesd'eau a notre heros Douglas Pike, rouleaucompresseur lettre aux mains calleuses, est deson côte un Ulysse sans Pénélope Un voyageau coeur de I Amei ique des laisses-pour-compte, sur les traces urbaines et boueusesde personnages malmenés par lavie , en quête

de redemption Son écriture sait marier avecglace le lyrisme et la secheresse de ton Sesuccèdent de cour ts chapitres qui, a I imagedu personnage piincipal, savent st faire toura tour dotix ou nerveux Benjamin Whitmer,un nom a ne pas oublier

NEtraduit de I anglais

(Etats Unis)par Jacques Mailhos

Gallmeister288 p ISC

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DANSLESCUISINESlDElLAlMAFIAX le roman incontournable sur la pègre anglaise signe J J ConnollyPAR ELISE LEPINE

L e titre oi iginal de X, Loyer ( ake, est difficilementtiaduisible en français Dommage Outi eManche, un la\e> cafe est un gateau a étages,

forme de plusieurs couches aux saveurs et auxtextures différentes Judicieuse metaphoieL'Angleterre underground dc X procede d'unedrôle de popote, rendue ici touche par coucheet ingrédient par ingrédient Londies, dans lesmneties Âge de vingt-neuf ans, X (il tient a resteranom me) s est taille la pai t du lion dans lt businessde la came, dom il connaît tous lt s acteui s depuisle dealer lui même acct o (ou frappe du < syndromedu gios-tas-du-stand-de trites-qui-ne-ptut pass empêcher-de bouffer-toutes-les-fi itcs ) jtisqu augrand patron Jimrm Pi ice Raisonnable, X adécide de piofitei du systeme jiisqu a ses trenteans, puis de MVIC de ses rentes Sauf que Jimmy

hu confie une dermeie mission retrouver la filledisparut d un richissime client Pour epicer lasauce, une cargaison d'extasy est détournée, et sesproprietaires - des neonazis allemands - se lancenta sa poursuite Corrosif J J Connollv expose dansce ionian bondissant, inquiétant et cynique unesociete phagocytée par la drogue, ou blanchir del'argent est un jeu d'enfant et ou le s\ sterne politiquene ferme les yeux qu'en attendant de pouvoir a sontom piofitei du commerce juteux des poudresblanches Sucées fracassant lois de sa soi tie enAngletei re, en 2000, Xs'est imposé comme le romanunderground impitoyable sur la pègre anglaise Etaddictif la suite des aventures de X, Viva la Madness,publiée il y a deux ans en Angleterre, sera traduiteI an prochain pai les editions Sonatine On enreprendra bien une tranche

traduit de I anglaispar Fabrice PointeauSonatine450 p 21 €

jJ,Conn<i!iy

X

MAUVAIS ElNAlTUREFmsterau d Andrea Mana Schenkel a la puissance don drame intime dans (Al lemagne d apres guerrePAR ELISE LEPINE

poui I oi dmaii e, le miseï able, le bafoue Animéeaussi d unejuste colere dans ce roman choral,remontant de point de vue en point de viie lehl du drame, des racines à l'inéluctable, elleausculte ce que peut être la justice non pasune machine a deux vitesses, maîs un animala plusieurs degrés de conscience - la bonne, lamauvaise et l'absente Discrète, maîs impitoyable,l'auteure brosse, dans ce court roman, unpol trait de l'être humain tel qu il peut êtreci uel indiffèrent, insensible, cupide Prompt aajouter le nom d'innocents à la liste des victimesde sa propre nature, a les pleurer sans chagrin,a les oubhei aussitôt Un roman noir qui prendaussi son ampleui a se dérouler dans les ruinesde la Faute allemande Un Uv i e nécessaire

C^est un dimc ordinaire, un de ceux donton ne se souviendia pas une mai que deplus sur le -usage de I Allé magne ravagée

par la Seconde Guerre mondiale Fmsterau,petit village de Bavière, 1947 Le pays lèche sesplaies Une femme et son fils sont assassinesOn accuse le pei e, pa\san « sans terre », bonchretien, lustiqtie, déjà rendu a moitié fou parla « faute » de sa fille I enfant était celui d'unsoldat français Vingt ans plus tard tm hommeest de passage dans le vi l lage Lui il sait ll avu le visage du coupable et sait de quel ni)stèreet de quelles vilenies procede le ci ime AndreaMana Schenkel lève le voile sur ce drame infimeavec la pudeur et la simplicité d'un Maupassantcontant Uru me, animée d une compassion noble

^ FINSTERAUxj traduit de I allemandX; par Stephanie tux

Actes Noirs112 p 1250€

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\--S* z.

HELLO.'. PAR ÉLISE LÉPINE

E nlittérature, certains personnages deviennentdcs amis : c'est particulièrement vrai dans leroman policier, hanté par ses flics, discrets,volubiles, heureux, dépressifs, rebondissant

de tome en tome ou lestés de mauvais souvenirs.Erlendur Sveinsson, l'enquêteur imaginé parArnaldur Indriôason, a rejoint Wallaiider,Adamsberg, Matt Scudder et Davc Robicheauxau panthéon des amis imaginaires des lecteurs depolars. Tendresse ultime : il est le seul membre decette confrérie que l'on appelle parson prénom.Cela fait quinze ans (déjà !) que nous assistonsà sa dégringolade personnelle : mauvais mari,piètre père, rétif au lien social, taiseux jusqu'àl'aigreur, blagueur sinistre. Nous l'avions laissédans Étranges rivages (Métailié, 2013), au terme

Retour du mythique Erlendur, enquêteur inventé par Indriôason que l'on découvre à ses débuts dans Les Mls ile

d'une enquête intime et chaotique : le spécialistecles cold / uses s'était penché sur la disparition de sonpetit frère au cœur d'une tempête de neige, dramequi - comme vous le savez, aficionados ! — l'a hantétoute sa vie. Arnaldur Indriôason campe, dansce dernier opus, son personnage en tout jeunehomme, cantonné à la police « dè proximité »,tannantson cui r à ces fameuses nuits de Reykjavik,« si étrangement limpides, si étrangement daires,si étrangement sombres et glaciales », et plustouchant que jamais. Ses premiers pas dc flic se fontdans l'anecdotique et le drame quotidien : nousaccompagnons Erlendur aux portes de la violenceconjugale ordinaire, au chevet de clochardsavinés, aux trousses dc chauffards occasionnels.De menu fretin en incidents banals, la tramepolicière se noue presque malgré l'enquêteur, augré de quèlques indices habilement semés : unSDF retrouvé noyé, le témoignage d'un golfeurdu dimanche, une boucle d'oreille appartenantà une femme disparue, quèlques mots d'unepochetronne repentie- nous voilà au coeur d'uneaffaire de meurtre qui ne dit pas son nom. Romanpolicier de bonne facture, modeste : l'enquêteest lente, sans acmé, le dénouement arrive sanstambour ni trompette. La saveur dc ces Nuitsrepose justement dans leur part d'ombre, jumellede celle d'Erlcndur, comme un « voyageur solitaireet sans but, condamné à une eternelle errancedans l'existence ». Nostalgique impénitent,allergique à la mondialisation qui s'installe- le jeune homme s'entête à préférer la joue demouton et le poisson aux pommes de terre auxfast-foods et « pissérias » qui s'installent en ville -,le personnage lèche cles plaies que l'on connaîtdéjà, s'étoffe, gagne en profondeur. L'auteur saitnous captiver en peaufinant les rouages d'uneidentité déjà connue, en flattant chez son lecteurla fidélité et la connivence.

LES NUITS DE IREYKJAVIK i

traduit de l'islandais vpar Eric Boury S;

Mttailie X260 p., 20 € ^

I

ss

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PO RIT BD is PA R uDon Winslow ouvre une nouvelle serie d'enquêtes avec Missmj : New York sur les traces d'une enfant disparuePAR JERÔME DEJEAN

Don Wmslow, auteil! de l'indispensable (,nffedu chien, est dè retour et c'est une bonnenomelle car il nous avait manque Bien sûr,

nous avions eu de quoi grignoter avec la soi tieau cinema de l'adaptation de Ravages en 2012 etla publication l'année suivante de Demier verrefl Manhattan Maîs la mise en scene d'OhveiStone ne réussissait pas a rendre la sauvageneet I urgence de l'œuvre initiale, même avec laparticipation active de l'auteur au scénario Ltla Big Apple des années cinquante deci ite dansle second ionian semblait elle aussi bien terneUn verre a moitié vide et une pomme pourrieL'auteur de la serie des Neil Carey dans lesannees quatre-vingt-dix, le createur de BooneDaniels et cle Frankie Machine ou encore deI inoubliable Bobby Z était-il en panne ? DonWmslow nous revient donc avec le premiervolet des enquêtes de Frank Decker, ancienmilitaire, sergent de police à Lincoln dansle Nebraska, bon f l ic tenace et rigoureux qui

promu solennellement a la mel e de la disparuede retromer coûte que coûte sa fille, HaileyMarie Hansen A cinq ans, celle-ci a disparuun matin alors qu'elle jouait devant chez elleMaîs l'enquête est arrêtée brutalement Deckerenvoie tout valseï Sa cat i lerc et ses chances depiomotion, son mariage qui bat de l'aile Auvolant de la vieille Corvette Stmgray 74 de sonpei e, il erre de motels en fast-food, poursuivantla moindre piste a travers une Amei iqueparano, connectée et suspicieuse Au hl desmois, l'enquête se transforme en obsessionet s'achève a New York et sa banlieue huppéedes Hamptons Ça claque, c'est vif, rapide,enleve Malgie le côte bon samaritain de sonpersonnage un peu agaçant, les dialogues etles situations sonnent juste Sans doute parceque Wmslow a été détective dans une autre vieMtwnir New York nous annonce un cycle depolais fondes sur des dispantions L'occasionpour Wmslow dè se renouveler

NEWYORK^ traduit de I anglaisS (Etats Unis) parx Philippe Loubat Delianc<N -

ECRIRElAUkCALPELL'InciseurAe Sébastian Fitzek et Michael TsokosPAR ÉLISE LÉPINE

phénomène en Allemagne best seller en morgue

I nciseï les chan s, explorei la consciencehumaine, contrer les lois de la nature, creerun monstre Fn 1818, Mary Shelley public

Fmnken'itein, suscitant l'engouement du publicet les railleries du milieu littéraire Le monstreentre dans la legende, faisant l'objet de moultadaptations, tandis que la litterature forgedes cases la < blanche >, la < noire » , et destiroirs a sous-genres polar, thriller, fantastique,hornfique Depuis quèlques années, un genrehybride s'impose au rayon « polar » le « thrillerscientifique» Sa recette faire jouei les pi cgi esde la science - genetique, psychiatrie, churin gle,neurologie - sur les ressorts classiques duthriller, tout en exaltant les mystères de lapsychologie humaine tiaumatismes, névroses,psychopathieb Un genie exalte par SébastianFitzek, numero un des ventes de polai inAllemagne depuis la parution de son premiei

roman, Ihempie(L'Archipel,2008),accompagnéici du professeur de medecine Michael TsokosA mi-chemin entre le manuel des troublesmentaux DSM-IV et les planches anatomiquesde Fragonard, la trame se dessine en sutures, lespsvches se dissolvent sous camisole chimique etles indices sont cousus a même la chair tel estle pitch de L'Inaseur, dernier opus de l'auteur,mettant en scene un medecin légiste poursuivipar un senalkillei implantant ses indices dans descadavres En Fiance, Fianck Thilhe/ oujean-( hristophe Grange se sont hisses en maîtresdu genre N'oublions pas Pierre Lemaitre, prixGoncourt 2013 pour son premier roman non-policier, qui s'est aupai avant illustre dans l'art duthiiller psychologique et le thème freudien dudouble La litterature s apprêterait elle a célébrer,deux cents ans après Frankenstein, les secondesnoces de la plume et du monstre ?

traduit de I al lemandpai Jean Marie Argeles

350 p 22€

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BERT NYGARDSHAUGL'ÉCRIiTURElCOMMElALIBIRencontre chez lui avec le phénomène de la littérature norvégienne Gart Nygartfshaug, le plus lu par sescontemporains Baroque univers que celui de I auteur du Zoo de Mengele dont paraît aujourd'hui la suite,Le Cr8llUSCllle ite NtOte PAR ÉLISE LEPINE

ILEZOODEMENGELEtraduit du noms en parHelene Mennen et Magny laines IanJai lu416p I390€

C^est ma p r e m i e r e i n t e r v i e w enchaussettes, et je n'ai même pas honteC hc? Ger! Nygàrdshaug, on se senti apidement comme a la maison D abord

- soulagement ' -, il rn 'oi donne de l'appelersimplement « Gert » Ensuite , il rn emmené faneun tour dans les champs qui bordent sa fermedouillette de Lier, petit village pies cl Oslo,maisons de bois rouges et bleues piquantde vastes champs dè neige On trempe noschaussures, on respire l'air Scandinave, puison prend notre goûter fromage et bons vinsAvec sa moustache blanche, son chapeau depaille et son embonpoint bonhomme, exhibantavec delices sa collée - monumt male - de Pu souMagazines, « Gert » est le giand-pere qu'onaurait rêve d'avoir Espiègle, il tente di m'initieral art de la chique en me collant dans la boucheI un de ses sachets de tabac bi un, substituts auxbien-aimees cigarettes quijadis luijaumssaientla moustache - désormais interdites, a soncuisant désespoir Ma giimace de grand bebégoûtant sa toute premiere endive liu arracheun gros rire Maintenant, place a l'entretien

La conversation se déroule dans son bin eaud'ecmain, au com d'un feu ronronnant ,dans l 'atmospheie feutiee qu' instal lé toutebibliotheque qui se respecte La sienne est unrêve Somptueux jeu d'échecs, fauteuils club,échelles glissant sur des étagères vertigineusesLes murs dè la grande piece en bois sombresont comerts de l ivres éclectiques - Dickens,Kaf ka, Flaubert, Jo Nesb0, Hai r\ Potier Mêmela bande-son choisie pour l'interview témoignedes appétits v anes du maître des lieux on passed'un Chopin rêvassent a un Vivaldi hex relix,d un Ha\dn académique a un Tchaikoxskidéchirant Geit est un cuiieux maladif , unlecteur boulimique et un auteur prolixe II apublie son premier recueil de poèmes en 1966

- il a\ait \ ingt ans -, et s'est depuis impose enNorvege avec plus d une ti entame d œuvies— romans, thril lers, livres pour enfants —jusqu a ce Crépuscule de Niobe, nouveau tomedu /oo de Mengele que les Norvégiens adorentet ont désigne, en 2007, comme Idir « ionianpiefei e », devant ceux de leui s deux prix Nobel,Knut Hamsun et Signd Undset

Piemier tome d'une trilogie, ce « polarecologiste », ti aduit en français l'an dernier parles editions J'ai lu, explose anjou) d hui commeune bombe a retardement C'est I histoire deMmo, enfant de la forêt amazonienne devenusenal killer apres que des milices locales aiméespai les Américains ont rave son village dè lacarte L'inspiration lui est venue au gré de l'unde ses voyages, dans les annees quatre-vingtAlors joui nahste, il se perd en Amérique duSud pont les besoins d'un repoi tage, assiste auxexactions commises par cles soldats avinés contreles populations locales et leui environnement- lui-même s'en sortira avec une balle dans lajambe A son letour au pays, il écrit Comme ill'a toujours fait, comme il le fait encore Passageoblige b cnre ? La barbe ' Je vu s déjà i omment va seterminer l'histoire que je raconte hn période d'écriture,je suis oblige de me mettre un coup de pied au cul pourrestera mon bureau cinq heures d'affilée Je rêve qu'unjoui, quelqu'un invente une technologie capable, d'écrirea ma place le roman que f ai en tête

L'écriture comme alibi, donc C hacun de sesromans met en scene l'une dè ses - nombi i uses -passions, comme cet enquêteur gasti onome, quirésout des mystères en buvant du bon \ in - teste etappt cuve pai Gert-et en s'empiffi ant de nourriturefrançaise Ou ces récits campes dans les pays quiI intéressent Avant de me demander ce que fai envied'écrire, je me demande ou j'ai envie d'aller, ce que] ai enviede voir, de manger, de boire Ltj explique a mon editeurque je dois expérimenter tout c,a Pour le travail ' Ben

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quoi ? Drôle dedestin, pour ce filde fermier voué à unecarrière de paysan C'étaitcumptei sans son allei gie au foin (l'humoui, chezGen, est d'autant plus gouleyant qu'il est concietet involontaire). Dans sa cuisine débordant dcportraits d'ancêtres et d'objets du passé, il désignela photographie d'une femme aux faux airs deVii gima Woolf sa grand-mère < C'était une fiefféeraconteuse d'histoires Chaque soir, elle me prenait mrses genoux et m'embarquait pour un tour du monde... »C'està elle qu'il pense quand il pose le mot « fin »en bas d un manuscrit, avant de foncer, joyeuxcomme un gamin au piemierjoui des grandesvacances, vers ses nouvelles marottes.

Un rappor t à l ' é c r i t u r e un peu.. .stakhanoviste ? Dans le mille Engagé painature, n hésitant pas à fane de ses romans desbrûlots contre ce qui le révolte, Gert mouilleaussi la chemise en politique. Il est membiedu parti Red, communiste, révolutionnaire,ct monte au créneau dès que l'occasion seprésente. Son prochain livre sel apolitique. Maîsaussi hédoniste. Tom né vers d'auti es hoi i/ons

L'occasion de goûter aux plaisirs de lavie, touten mettant un coup dc pied dans la fourmilière,d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus green et lefond de l'air plus iet!, puis de revenir se mettreau boulot, tout en organisant, via Facebook (ilest accro), des rencontres dans sa bibliothèque,avec ses plus fidèles lecteurs. On dit que « quilr op errrbi asse, mal étremt » Lui, qui beaucoups'embrase, écrit bien Simplement, rester assis,la barbe II est cinq ht rires. Gert en a marre deparler boulot. Il veut me montrer sa collectionde papillons et ses albums de timbres, puis onl ia au lesUuuant. Demain, direction le siègedel association Ramforest, pour la defense desforêts tropicales, où il est très engagé. Hélas,on ua sans lui à gambadei en pull dans laneige, sous le icgaid impuissant de son agent,la fidèle lmde, Gert a attrape un rhume LTnalibi de plus. Cette fois, pont un bon vieuxgrog au coin du feu

I LE CREPUSCULEI DENIOBEx traduit DU norvégienS par Helene Heriieu!§ el Magny reines-Tan$fc J'ai lu

416 p 199fl€