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Service Public MAGAZINE JANV/FEV/MARS 2017 — N° 103 — 1 € — cgtservicespublics.fr L’ANNIVERSAIRE DE NOTRE STATUT Page 4 ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES Page 7 CHRONIQUES D’UN VOYAGE EN PALESTINE Page 22 NATIONALE ! NATIONALE ! PAS DE PRÉFÉRENCE PAS DE PRÉFÉRENCE SERVICES PUBLICS POUR TOUS

Page 4 Service Public · des régionales de 2015, marquées par un fort taux d’abstention, et il est arrivé en tête dans 6 régions. Les intentions de vote pour le FN pro-gressent

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Service PublicMAGAZINEJANV/FEV/MARS 2017 — N° 103 — 1 € — cgtservicespublics.fr

L’ANNIVERSAIREDE NOTRE STATUT

Page 4

ÉLECTIONSPRÉSIDENTIELLES

Page 7

CHRONIQUES D’UN VOYAGE EN PALESTINE

Page 22

NATIONALE !NATIONALE !PAS DE PRÉFÉRENCEPAS DE PRÉFÉRENCE

SERVICES PUBLICS POUR TOUS

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SERVICE PUBLIC N° 103 - JANV/FEV/MARS 2017

SOMMAIRE2

MENTIONS LÉGALES

Cher lecteur, chère lectrice, afi n d’utiliser au mieux l’argent de vos cotisations, nous avons engagé un travail de réduction des coûts de production de votre journal. Pour cela, nous avons notamment réduit fortement l’épaisseur du papier et modifi é légèrement le format. Par ailleurs, dans un souci d’impact minimal sur l’environnement, ce journal est imprimé par un imprimeur label-lisé « Imprim’vert ». Les encres utilisées sont végétales et le processus d’impression n’utilise pas de produits toxiques. Cette

démarche de respect de l’environnement, nous y prêtons attention pour l’ensemble de nos productions.

Sommaire03 | Éditorial04 | La parole aux syndiqués07 | Élections présidentielles L’avenir des fonctionnaires : décryptage de promesses !11 | Un parti pas comme les autres : le FN14 | Le visage du FN à Hénin-Beaumont15 | Une démarche fédérale résolument à l’offensive contre les idées de l’extrême droite21 | Un fi lm et un livre au cœur des débats à Limoges22 | Chroniques d’un voyage au cœur de « Gaza-la-Vie »29 | À lire, à voir

Manifestation nationale des pompiers à Paris le 15 mars 2017

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LA PHOTO DU MOIS

PUBLICATION DE LA FÉDÉRATION CGT DES SERVICES PUBLICS

263, rue de Paris — Case 54793515 MONTREUIL CEDEXTél. : 01 55 82 88 20Fax : 01 48 51 98 20Courriel : [email protected] : www.spterritoriaux.cgt.fr

Commission paritaire n° 1219 S 07102

ISSN n° 1148-2370

Directrice de publication : Sylvie GUINAND

Impression, routage : RIVET PRESSE ÉDITION24, rue Claude-Henri-Gorceix87022 Limoges cedex Tél. 05 55 04 49 50

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La photo du mois

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ÉDITORIAL 3

À la veille des élections présidentielles et législatives, il est de la responsabili-té de la CGT de combattre la stratégie de ceux qui cultivent le rejet de l’autre et la division des salarié-e-s pour mieux masquer leur incapacité à ouvrir des perspectives d’avenir et de justice so-ciale. Cette stratégie est le propre de l’ex-trême droite, mais elle est, comme tou-jours, reprise par une droite qui pactise déjà ou pactisera avec elle… Et, comme toujours, nous avons face à nous un patronat qui fait passer ses intérêts de classe avant toute autre considération : « Plutôt Hitler que le Front populaire » disaient-ils dans les années  30. On constate aujourd’hui que les liens entre fascisme et grand capital restent indé-fectibles.

Après 18 % des suffrages exprimés au premier tour de la présidentielle de 2012 puis la victoire du Front national ou de ses alliés dans une dizaine de mairies, le FN a recueilli plus de 28  % des suffrages exprimés au premier tour des régionales de 2015, marquées par un fort taux d’abstention, et il est arrivé en tête dans 6 régions.Les intentions de vote pour le FN pro-gressent dans toutes les catégories so-ciales, les différents territoires, ce qui doit particulièrement nous alerter chez les salariés, les ouvriers et les jeunes.L’enracinement de la crise du capita-lisme entrainant désindustrialisation, chômage, précarité, inégalités so-ciales, territoriales permet au Front na-tional d’accroître son audience parmi les couches populaires. Les politiques

d’austérité nationales ou imposées par la troïka (Commission européenne, banque centrale européenne, fonds monétaire international) viennent ren-forcer ce phénomène.

Pour stopper l’accroissement de cette audience, nous devons construire les résistances aux politiques d’austérité, mais aussi dénoncer sans relâche les fausses solutions « de préférence natio-nale » préconisées par le Front national et la droite extrême.Depuis 3 ans, notre Confédération s’est engagée dans une campagne unitaire contre l’extrême droite, ses thèses et ses pratiques au travers de diverses initiatives qui s’inscrivent dans la durée et se poursuivront après le printemps, quels que soient les résultats des urnes.Dans cet esprit, et afi n d’aborder ces enjeux les yeux grands ouverts, notre Fédération organise, avec les Coordi-nations Syndicales Départementales (CSD), des journées d’étude et de ré-fl exion à partir d’exemples vécus dans des collectivités où ce courant est im-planté. La première a eu lieu à Limoges le 15 décembre 2016, la prochaine aura lieu à Poitiers le 30 mars 2017 et nous espérons que de nombreuses autres suivront un peu partout sur le territoire.

La lutte contre le discours et les idées pseudo-sociales du FN et de l’extrême droite est vitale  : camarades, ne lais-sons pas la bête immonde entrainer les esprits sur une voie sans autre issue que celle du pire !

LUTTE CONTRE LES IDÉES D’EXTRÊME DROITE

Pour que l’histoirene se répète pas,pas de pouvoir au FN !

Caroline LACOURDirection fédérale

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ACTUALITÉ SOCIALE4

CETTE JOURNÉE VOUSAPPORTE-T-ELLE DES ÉLÉMENTS NOU-VEAUX POUR LA DÉFENSEDE NOTRE STATUT ?

ISABELLE (Conseil Départemental 95) : Ça permet de revenir sur les fondamentaux de la Fonction publique qu’on n’a pas toujours à l’esprit, et d’apporter des arguments dans le syndicat.

CAROLE (CD 95) : Ces fondamentaux sont aussi à porter au sein de nos instances et nos services, collectivement, pour défendre l’intérêt général.

BRIGITTE (CSD 23) : Pour moi qui suis anima-trice d’une CSD rurale, c’est une autre façon de voir l’action CGT. Nous, en milieu rural, on a un décalage avec ce qui a été dit à la tribune, même si l’on en a la connaissance, ce n’est pas la même notion du statut. On a un autre travail syndical à mettre en place envers les agents et envers les collectivités. Dans la Creuse, les col-lectivités territoriales représentent 1600 agents, 65 % des collectivités ont moins de 5 agents. Sur la question de l’indépendance, aujourd’hui, on a énormément de contractuels recrutés. On se bat sur les besoins permanents pour que ce

soit des emplois statutaires, mais on a aussi le cas de fi gure dans la ruralité, où, en fonction de l’élu en place, il embauche la personne qui lui convient et qui, pendant ce mandat, devra exercer les missions de service public que l’élu ou l’équipe de l’élu a mis en place. L’emploi est attribué aux ami-e-s, connaissances du maire ou des élus, quelle que soit la couleur politique. La CGT, dans notre département, est la seule force syndicale à demander le respect du statut et à rappeler les règles du statut d’une manière générale. Ce qui nuit aussi aujourd’hui, c’est le Centre de Gestion, qui se dit conseiller des collectivités, mais qui procure toutes les dérives inimaginables du statut, il l’interprète et l’adapte à l’encontre des agents. Le statut est bafoué, parce que les conseillers au centre de gestiondonnent raison aux collec-tivités en matière d’emploi quand il s’agit du respect de la loi Sauvadet, quand il s’agit de la place des organisations syndicales, au CHSCT ou en CT, des droits fondamentaux des agents sur le déroulement de carrière, l’attribution de la NBI en milieu rural. Le statut, quand il dé-range, est aménagé en fonction des besoins du territoire. La CGT, est la première organisation

syndicale et elle est la seule à porter ces revendications.

AURÉLIEN (Ville de Lyon) : C’est toujours utile de reparler du statut. Je n’ai pas forcément d’éléments nouveaux, mais il fallait un temps pour marquer les 70 ans du statut de la Fonc-tion publique et que, de retour dans son syndicat, il y a plein de choses que l’on peut ame-ner aux camarades. Notam-

ment sur la revendication du statut unique pour les trois fonctions publiques, c’est intéressant de le réentendre et d’y travailler.

PENSEZ-VOUS QUE CE TYPEDE JOURNÉE DOIT ÊTRE DÉCLINÉEN TERRITOIRE ? SOUS QUELLE FORME ?

ISABELLE : Dans un premier temps, c’est important de le faire avec nos syndiqué-e-s et nos directions syndicales, pour ensuite échanger avec les usagers, dans un deuxième temps sur : « Qu’est-ce que le service public, le statut des fonctionnaires et la fonction publique ? ».

CAROLE : pour aller plus loin, ça pourrait également faire partie de formations à desti-nation des cadres. Les encadrants pourraient faire prendre conscience aux équipes du sens de leur travail. Ça permettrait de redynamiser les collectifs de travail, tout le monde y ga-gnerait.

BRIGITTE : Oui, on est venu à trois au-jourd’hui, et on a bien l’intention d’organiser en territoire et avec les autres versants de la FP. On a subi d’énormes suppressions d’emplois dans les trésoreries, à l’éducation

LA PAROLE AUX SYNDIQUÉS4

L’anniversaire de notre statut...ça vous parle ?

STATUT GÉNÉRAL DES FONCTIONNAIRES

On l’a vu, les fonctionnaires, et derrière eux en ligne de mire le Statut,occupent une grande place dans les promesses noires des candidats auxprésidentielles. Dans ce contexte, la CGT Fonction publique, en fêtant les 70 ans du Statut général des fonctionnaires le 24 janvier, a voulu, à travers une journée de débats autour de son histoire et de son avenir, poser les enjeux de sa place dans notre société. Un travail de réalisation de vidéos de la journée est en cours, mais d’ores et déjà vous pouvez retrouver nos vidéos de présentation et d’entretiens avec les camarades des IHS sur notre chaine YouTube (voir sur notre site Internet : https://cgtservicespublics.fr).

ENTRETIENS ENTRE LAURENCE BERNARD (SECTEUR COMMUNICATION)ET DES PARTICIPANT-E-S À CETTE JOURNÉE ANNIVERSAIRE

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nationale, l’armement. La fonction publique territoriale représente aujourd’hui la manne de l’emploi public. L’Hospitalière est présente, mais avec la réforme Marissol Touraine et les suppressions de lits, le service privé et les mutualisations de service se sont considéra-blement développés, mais la CGT fait front et porte d’autres propositions qui sont, en partie, prises en compte par l’ARS. Si on isole les professions, c’est même plus la peine de penser à la fonction publique. On n’est plus dans l’intérêt général.

AURÉLIEN : Il pourrait y avoir un fi lm avec, parce que ça ne touche pas que les fonction-naires. Des fonctionnaires qui défendent le statut, c’est normal, mais si ce sont aussi les usagers qui le défendent, en parlant du ser-vice public, de l’utilité… ça pourrait vraiment être bien. Un fi lm dans le même goût que « La sociale », qui présente la fonction publique, le statut de la fonction publique et pourquoi il y a ce statut, sous un angle citoyen.

LES TÉMOIGNAGES DES CAMARADESDE LA SANTÉ OU DE L’ÉDUCATIONONT-ILS SUSCITÉ L’ENVIE OU LE BESOIN DE TRAVAILLER DANS LE CADRE D’UN COLLECTIF « SERVICES PUBLICS » ?

ISABELLE : Dans notre département, il y a un collectif qui se recrée. On a besoin de travailler tous ensemble, dans l’intérêt de tous. Le service public est en péril partout. Si chacun reste dans « sa » propre fonction publique, on n’y arrivera pas. On pourrait faire une journée d’étude interversants, et décider d’actions collectives. Il y a besoin d’informer les agents et les usagers des enjeux du ser-vice public.

CAROLE : Les agents de la Fonction pu-blique sont aussi les usagers des services publics, le service public est interprofession-nel. On est forcément tous concernés, il faut du collectif et de la solidarité.

ISABELLE : Y compris dans nos fédérations. Quand il y a des journées de grève pour la Fonction publique, il faut une même journée d’action et pas une journée différente par fédération sur une même période. Ça com-mence par ça, et inclure le privé, les salariés sont aussi des usagers. Le service public concerne tout le monde.

BRIGITTE : Il n’existe pas vraiment de col-lectif départemental, on a perdu beaucoup de population, beaucoup de syndiqués CGT dans les services publics. Il est diffi cile au-jourd’hui de pouvoir mettre en commun des outils, on se retrouve dans les luttes. Nous sommes éparpillés sur le territoire, et on a l’impression que chaque profession travaille dans son domaine. Mais il faut y réfl échir, ça ne dépend pas que de la territoriale.

AURÉLIEN : Il existe un collectif « fonction publique » sur mon département. Pour la ville de Lyon, des camarades y participent, au niveau de la CSD aussi. C’est vrai qu’il y a la convergence des luttes. Mais quand on voit, par exemple, que le lendemain de la manif des ATSEM, il y a une manif de l’Hospitalière, il y a une question de cohérence des luttes. Finalement, l’hospitalière, les ATSEM, et les autres, on défend tous les mêmes choses, et on pourrait manifester les mêmes jours.

QUELLE UTILITÉ DU STATUTAUJOURD’HUI ?

CAROLE : Pour moi, c’est la sauvegarde du

service public, sans fonctionnaire, il n’y a plus de service public, et de nos acquis.

ISABELLE : Et pour la démocratie, le ser-vice public, c’est l’égalité des chances pour tout le monde.

BRIGITTE : Le statut est la colonne verté-brale d’un agent territorial. Dans la Creuse, on a édité un guide avec les principaux axes du statut parce que quand on rencontre les agents, même des petites collectivités, c’est l’élément premier que l’on décline. Il faut dé-fendre et améliorer le statut. Un fonctionnaire n’est pas un nanti, il est un acteur de la vie sociale du territoire.

AURÉLIEN : Ce qui défi nit l’utilité du statut, c’est l’emploi public, on n’est pas soumis à la rentabilité. On rend un service au public, et c’est aussi pour ça justement, comme on l’évoquait, que c’est lié à la question de l’indépendance. Il pourrait y avoir des ser-vices publics gérés par le privé, mais ça ne serait pas la même chose. Le statut défi nit un cadre pour les agents du service pu-blic, pour qu’ils soient vraiment au service du public. Pour moi, c’est essentiel. Véolia, par exemple, qui fait des missions de service public, au fi nal, Véolia cherche en premier lieu à faire des bénéfi ces, ce n’est pas par gentil-lesse. Nous on rend cette mission, parce que c’est notre métier de la rendre au public.

ANNIVERSAIRE DU STATUT

GÉNÉRAL DES FONCTIONNAIRES

LA PAROLE AUX SYNDIQUÉS 5

SERVICE PUBLIC N° 103 - JANV/FEV/MARS 2017

UX SYNDIQUÉS

eeANNIVERSAIRE DU STATUT

GÉNÉRAL DES FONCTIONNAIRES

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ÊTRE UTILE EST UN BEAU MÉTIER

Jour après jour, quelle que soit leur activité, les territoriaux s’investissent à travers leurs missions de service public pour être utiles à tous leurs concitoyens. Un engagement que la Mutuelle Nationale Territoriale salue et partage en les protégeant tout au long de leur vie personnelle et professionnelle.

Complémentaire santé, maintien de salaire, services, santé au travail… la MNT est fière d’être utile à plus d’ 1,9 million d’agents territoriaux.

09 72 72 02 02 (prix d’un appel local)

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ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES 7

Le mensuel de la CGT, Ensemble !, titre dans son numéro de mars 2017 : « Présidentielles : le progrès social doit s’inscrire au cœur de la campagne élec-

torale. C’est le combat de la CGT, porteuse de multiples propositions sur le sujet. »Repères confédéraux et mémorandum revendicatif fédéral en poche, les fonde-ments de notre intervention syndicale sont les actions de masse et de classe pour conquérir des droits nouveaux (pour notre classe, les salarié-e-s).Même si les luttes ont été dures ces dernières années, teintées de répression et de violences policières, de « murs » politiques, notre com-bat collectif au sein de la CGT a permis néan-moins de contrer les attaques du gouverne-ment et du MEDEF et de gagner des batailles d’idées importantes, comme les 32 heures (appliquées dans des entreprises et collecti-vités en France), un Statut du Travail Salarié et une Sécurité Sociale Professionnelle, une banque Publique européenne, la reconquête du fi nancement du CNFPT à 1 %, l’augmen-tation du point d’indice et du pouvoir d’achat des fonctionnaires, l’abrogation du jour de carence, le renforcement du titre 1 de notre statut général...

Alors qu’ils commencent à être timidement proposés dans les débats en vue des élections présidentielles, même si nous sommes loin de l’ensemble de nos revendications, tous ces sujets étaient cependant tabous il y a encore quelques années ! Nous étions les utopistes de la CGT, hors des réalités ! Impossible de fi nancer ! Pensez donc, c’est la crise, nous devons faire des économies, et ces fonction-naires qui ne servent à rien, il faut que cela cesse !Nous avons su imposer dans le débat public les questions qui fâchent : fraude fi scale, exo-nérations, niches, taxations non équitables : quelle autre répartition des richesses ? Ser-vices publics et fonctionnaires sous statut : quel sens pour l’usager et pour la société ? Impôt à la source : quels dangers pour notre protection sociale ? Licenciements abusifs et délocalisations : quels enjeux d’un Nouveau Statut du Travail Salarié ?Aujourd’hui, notre combat syndical doit se prolonger dans les urnes : chacune et chacun de nous est responsable de la suite que nous souhaitons écrire. Nos choix ne peuvent s’opérer qu’en réfl échissant aux consé-quences que les projets des candidats à la Présidentielle d’avril-mai puis aux législa-

tives de juin 2017 auront sur nos conditions de travail, nos vies, notre société et notre Statut de fonctionnaire. Nous avons eu envie de plonger dans les propositions des candidats et le secteur Com-munication a analysé quelques programmes : à vous de voir !

NOUS AVONS EU ENVIE DE PLONGERDANS LES PROPOSITIONSDES CANDIDATS ET LE SECTEURCOMMUNICATION A ANALYSÉQUELQUES PROGRAMMES, À VOUS DE VOIR !

Lutter, c’est aussi voter !La CGT au cœur des débatspour les élections présidentielles

La Fédération CGT des Services publics à l’offensive pour un renouveau démocratique !

L’AVENIR DES FONCTIONNAIRES :DÉCRYPTAGEDE PROMESSES !

SERVICE PUBLIC N° 103 - JANV/FEV/MARS 2017

PAROLES DE CANDIDATSLe service public du côté...

[VOIR PAGE SUIVANTE]

PAR SYLVIE GUINAND, SECTEUR COMMUNICATION

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ACTUALITÉ SOCIALE8 ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES8

… Des républicainsProgramme de François Fillon

(Premier ministre de Sarkozy)

POUR LES USAGERS

RÉFORME TERRITORIALE Il faut permettre de fusionner des com-

munes ou des départements, même si cela doit conduire à des disparités d’une région à l’autre. La question de la fusion des dépar-tements et des régions sera abordée.

Je ne veux plus que l’on impose les mêmes règles administratives dans les aggloméra-tions urbaines, dans les villes moyennes, dans les territoires ruraux et même parfois dans les départements d’outre-mer.

Réduire le millefeuille territorial en rame-nant le nombre d’échelons de 4 à 2.

LOGEMENT Abrogation de la loi ALUR et révision de la

loi SRU et du DALO. Il convient de supprimer les aides asso-

ciées à la construction de logements sociaux au-delà du seuil de 30 à 40 % de logements sociaux dans une commune.

Il faut supprimer les normes sur la concep-tion, en les remplaçant par des normes sur les objectifs.Constructions : Nous devons alléger les contraintes et simplifi er les normes qui s’appliquent à la construction des établis-sements recevant du public.

SÉCURITÉ Autoriser les maires à renforcer et armer

les polices municipales. Elles doivent pouvoir procéder à des contrôles d’identité et dresser

des procès-verbaux dans tous les domaines.

Accompagner les communes dans l’installation de systèmes de vidéo protection.

Mobiliser les réservistes de la gendarmerie.

Rendre systématique la coo-pération avec les sociétés privées.

Réunir la police nationale et la police municipale.

SANTÉ Recentrer l’assurance maladie sur les affec-

tions graves et l’assurance privée pour le reste. Multiplier les créations de maisons de san-

té privées ou publiques. Les normes peuvent être allégées.

SOCIAL Création d’une alloca-

tion sociale unique, sous contrôle des maires

FISCALITÉ L’État doit aider les com-

munes et les communautés de communes à réviser leur base de fi scalité avec, entre autres, l’objectif d’augmen-ter les bases fi scales.

Augmentation du taux de la TVADe manière plus générale, 100 milliards d’euros d’économies sur les « dépenses publiques » sont au programme, l’allègement des « charges », la suppression des normes, la libération de l’économie.

POUR LESFONCTIONNAIRES

RETRAITE J’harmoniserai les régimes spéciaux pour

les faire basculer vers le régime général. La retraite des fonctionnaires devra être

calculée sur les 25 meilleures années de leur carrière.

Inscription dans la constitution du principe d’égalité des régimes spéciaux.

TEMPS DE TRAVAIL Supprimer les 35 heures. Le temps de

travail doit pouvoir être décidé dans la limite des 48 h posée par le droit européen.

EMPLOI Supprimer 500 000 postes sur 5 ans.

MALADIE Instituer 2 jours de carence dans la fonc-

tion publique. Je supprimerai la cotisation maladie sur les

salaires.

STATUT Simplifi er et élargir pour les

administrations le recrutement des contractuels de droit public.

Mieux organiser la mobilité au sein et entre les fonctions publiques, en accélérant en par-ticulier le travail de simplifi cation statutaire, ainsi qu’entre public et privé.De manière plus générale, il va falloir tenir les budgets, réduire les effectifs, sérier les priorités, mutualiser les politiques, cher-

cher l’effi cacité.

La méthode : une autre version du 49.3 pour tuer la CGT et la concer-tation sociale

Recentrer le Code du travail sur les normes sociales fondamentales et renvoyer le reste aux accords d’entreprise.

Donner le dernier mot aux salariés grâce au référendum en cas de blocage du dialogue social.

Instituer la liberté de candidature au 1er tour des élections professionnelles

Limiter à 50 % du temps de travail le temps consacré à l’exercice du mandat de chaque représentant du personnel

Relever les seuils sociaux.

PAROLLe ser

Et la cerisesur le gâteau :« je procéderai

par ordonnances chaque fois que

nécessaire »

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ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES 9

POUR LES USAGERS

RÉFORME TERRITORIALE En concertation avec les élus, nous simpli-

fi erons l’administration territoriale en confi ant aux services des métropoles les compétences des conseils départementaux où elles se situent.

Nous inciterons à la création des com-munes nouvelles.

Nous donnerons accès aux services publics en développant les maisons de services publics qui regrouperont dans un même lieu (sous-préfectures notamment) tous les services essentiels à la vie quotidienne (poste, prestations sociales, accès à l’emploi...).

LOGEMENT Nous maintiendrons la loi SRU (Loi Solidari-

té et Renouvellement Urbain) Nous mettrons en place un système de

points. Il permettra de connaître ses chances d’obtention et le délai d’attente.

Les autorisations d’urbanisme, notamment le permis de construire, seront transférées

à l’intercommunalité ou, le cas échéant, à la métropole, voire à l’État.

SÉCURITÉ Nous créerons 10 000 postes de policiers et

gendarmes supplémentaires. Nous créerons 15 000 places de prison

supplémentaires. Interdiction aux délinquants de fréquenter

les quartiers où ils ont commis des délits Nous créerons une police de sécurité quo-

tidienne.Aucune mesure concrète, aucune précision sur les polices municipales et les missions dédiées aux forces de police nationale

SANTÉ Nous créerons un service sanitaire de

3 mois pour tous les étudiants en santé : dans ce cadre, 40 000 d’entre eux interviendront dans les écoles, les entreprises, pour des actions de prévention.

Nous ferons évoluer la rémunération des médecins en ville afi n de mieux valoriser les actions de prévention.

Nous donnerons davantage d’autonomie aux hôpitaux en diversifi ant les modes de rémunération des professionnels et les modes de fi nancement des hôpitaux.

Nous doublerons le nombre de maisons pluridisciplinaires de santé

Nous favoriserons la concurrence en instaurant notamment 3 contrats types que devront proposer assureurs et mutuelles.

Nous doublerons le nombre de maisons de santé d’ici 2022.Aucune précision quant à l’offre de soins publics, à son fi nancement ou à l’accès au droit à la santé, puisque la part des cotisations sociales pour les salariés et les entreprises est réduite. À mots couverts, le candidat Macron favorise les assurances pri-vées, comme le candidat des Républicains.

DÉMARCHES ADMINISTRATIVES Nous créerons un compte citoyen en ligne,

qui rassemblera sur une même interface tous les droits.

Démarches administratives : D’ici 2022, 100 % des démarches administratives pour-ront être effectuées depuis Internet — sauf première délivrance des documents d’identité offi ciels.

TEMPS PÉRISCOLAIRE Pour les écoles primaires, laisser aux

communes — en lien étroit avec les écoles de leur territoire — le soin d’organiser le temps périscolaire sans contrainte.

FISCALITÉ Nous exonèrerons 4 Français sur 5 de la

taxe d’habitation, l’État paiera la taxe d’habi-tation en lieu et place des ménages.

Baisse de l’Impôt sur les Sociétés. Transformation de l’Impôt Sur la Fortune

en Impôt sur la Fortune Immobilière.

… En marche !Programme d’Emmanuel Macron

(ministre de l’économie, sous Hollande, issu du groupe fi nancier Rothschild,à l’origine du CICE et du pacte de responsabilité)

LES DE CANDIDATSrvice public du côté...

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ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES10

PAROLES DE CANDIDATSLe service public du côté...

Le candidat Macron favorise clairement les détenteurs de capitaux fi nanciers. La suppres-sion de la taxe d’habitation, cumulée avec la baisse des dotations, compromet de fait les fi nances des collectivités.De manière plus générale, la cure d’austéri-té imposée aux services publics est chiffrée à 60 milliards d’euros répartis entre les différents acteurs publics : administrations sociales, État et les agences, collectivités locales (10 milliards, sur 5 ans), ce qui com-prend, notamment, la réduction des coûts imposés (normes…).

POUR LESFONCTIONNAIRES

RETRAITE Création d’un système universel de re-

traites.Cette mesure reprend la mesure du candi-dat Fillon pour l’alignement des retraites sur la base du régime général, sans le dire.

TEMPS DE TRAVAIL Les collectivités devront, sous six mois,

remettre à plat les dérogations au temps de travail aujourd’hui en œuvre.

EMPLOI Suppression de 70 000 postes dans la fonc-

tion publique territoriale (50 000 postes non renouvelés dans la fonction publique d’État).

MALADIE

Il faudra revenir sur la suppression du jour de carence.

La baisse de cotisations pour les indépen-dants, les salariés et les fonctionnaires sera fi nancée par une hausse de la CSG de l’ordre de 1,7 point.

Exonération de cotisa-tions sociales sur les heures supplémentaires.

STATUT Le statut des fonction-

naires ne sera pas remis en cause, mais il sera moder-nisé et décloisonné par un assouplissement du système rigide des corps (cadres d’emplois).Le reste des propositions précise sa défi nition de notre Statut.

Nous mettrons fi n à l’évolution uniforme des rémunérations de toutes les fonctions publiques afi n de mieux prendre en compte les spécifi cités de chacune. Nous supprimerons l’application automatique des évolutions de ré-munération décidées par l’État aux collectivités.

Nous introduirons plus de souplesse dans la gestion des carrières avec des rémunéra-tions plus individualisées et la promotion des mobilités.

Nous éliminerons les contraintes statutaires qui restreignent l’accès aux postes d’enca-drement supérieur dans la fonction publique.

Nous recruterons un quart au moins des directeurs d’administration centrale en dehors de la fonction publique sur la base d’appels à candidatures ouverts visant à identifi er les meilleures compétences techniques et mana-gériales.

Nous développerons le recrutement sur contrat dans les fonctions non régaliennes.

Nous alignerons le statut des contractuels publics sur le droit du travail commun.

Nous donnerons plus de souplesse aux collectivités pour gérer leurs ressources hu-maines.

Nous élargirons les horaires d’ouverture des services publics pour les adapter aux contraintes des usagers : certains services publics ouvriront le samedi et en soirée. Nous

ouvrirons les bibliothèques le soir et le dimanche, l’État fi nan-cera l’extension des horaires des bibliothèques municipales.

Nous développerons l’expérimentation de nouvelles façons de travailler et de servir les usagers.

LA MÉTHODEDE DIALOGUE SOCIAL

Une instance unique de représentation reprenant l’ensemble des attributions des comités d’entreprises, délégués du personnel et CHSCT sera

mise en place dans toutes les entreprises. Le Code du travail défi nit un socle de

droits et de règles (durée légale du travail, salaire minimum, égalité professionnelle...) qui continuera de s’imposer aux entreprises. Au-delà, la primauté sera donnée aux accords d’entreprise.

… En marche !Programme d’Emmanuel Macron

(ministre de l’économie, sous Hollande, issu du groupe fi nancier Rothschild,à l’origine du CICE et du pacte de responsabilité)

Et la démocratie ? « Nous favoriserons la procédure accélé-rée pour l’adoption des textes. ». Vous reprendrez bien un

peu de 49.3 ?

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ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES 11

Lutter, c’est aussi voter !La CGT au cœur des débatspour les élections présidentielles

UN PARTI PAS COMME LES AUTRES :LE FRONT NATIONAL (FN)

INTRODUCTION DE LA NOTE ÉCONOMIQUE CGTN° 148 DE FÉVRIER 2017 :

« Des décennies de pression sur le monde du travail, de politiques ultralibérales en faveur des riches et des détenteurs de capitaux, de promesses non tenues et de reculs sociaux sont à l’origine de la déception et de la grande amertume de pans entiers de la population, surtout les salariés, les privés d’emploi et les retraités à faibles revenus.Le sentiment de trahison, la peur du dé-classement, l’insécurité sociale constituent un terreau propice à la progression des idées d’extrême droite et expliquent, dans une très large mesure, la hausse des suffrages en faveur du FN.Pourtant, la vision de société défendue par le parti d’extrême droite s’oppose profon-dément aux intérêts du monde du travail. Fondée sur une analyse du discours et des documents offi ciels du FN, cette note vise à démontrer les réalités suivantes :• les politiques décevantes des gouverne-ments successifs expliquent largement la poussée de l’extrême droite ;• le FN surfe sur les souffrances des gens, surtout les plus démunis, et emploie des mots et formules qui leur parlent ;• en dépit d’un changement de style, de stratégie et de tactiques, le FN porte une vision de société qui est :– contraire aux intérêts des travailleurs/travailleuses,– pro-capitaliste,- anti-immigré-e-s, xénophobe et colonia-liste ;

• derrière l’image “moderne” de Marine Le Pen se cache un conservatisme socié-tal. »

FIER E SFONCTIONNAIRES

D’ÊTRE

!

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ACTUALITÉ SOCIALE12 ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES12

La note confédérale intitulée « FN 2017 : vielles idées et nouveaux habits », explique très précisément pourquoi le syndicalisme doit lutter contre l’extrême droite qui, malgré un changement de style, de stratégie et de tactiques, reste plus que jamais anti-travail-leurs et anti-fonctionnaires. Elle met en avant comment l’extrême droite méprise les fonctionnaires à travers quelques phrases reprises : « Je pense qu’il faut limiter la fonction publique territoriale parce qu’il ne m’ap-paraît pas qu’elle serve à la population » (Marine Le Pen, BFM TV – 25 mars 2011).« Il faut absolument réduire massivement la fonction publique territoriale » (Marine Le Pen, 30 octobre 2011, Grand jury RTL/LCI/Le Figaro).« Les collectivités territoriales devront maî-triser leurs effectifs et présenter chaque année au préfet de leur département pour les plus importantes d’entre elles (régions, départements, intercommunalités et com-munes de plus de 10 000 habitants) un plan impératif de réduction ou de stabilisation de leurs effectifs. » (Programme politique du Front National)

Le 21 février 2013, Marine Le Pen a critiqué l’annonce gouvernementale d’abrogation du jour de carence au motif que cette mesure « agrandirait la différence entre le privé et le public » (interview sur France 2).En région PACA, dans le cadre de la cam-pagne des régionales, Marion MaréchalLe Pen prône le non-remplacement de dé-parts en retraite de fonctionnaires territoriaux.À Hayange, la municipalité frontiste ne rem-place pas les départs en retraite.À Beaucaire, elle remet en cause l’orga-nisation du temps de travail du personnel communal. À Béziers, Fréjus et au Pontet, elle veut réduire les effectifs.

DEPUIS LES MUNICIPALES DE 2014,OÙ EN SONT JUSTEMENT LES MAIRIES BRUNES ?

Extrait du rapport d’actualité de Bap-tiste Talbot, secrétaire général de la Fédération CGT des Services publics les 21/22 mai 2014, suite aux élections munici-pales de 2014 :

« Celle-ci [l’extrême droit, NDLR] a toutes les raisons de regarder l’avenir avec confi ance. Pour ce qui la concerne, le bilan des muni-cipales est en effet très positif. Le FN et le Rassemblement Bleu Marine gagnent dix villes : Hénin-Beaumont, Beaucaire, Fréjus, Le Pontet, Cogolin, Hayange, Mantes-la-Ville, Villers-Cotterêts, Le Luc et Béziers. Il remporte une mairie d’arrondissement à Mar-seille. Il obtient son meilleur score à Cogolin, avec 53,1 %, et dépasse 40 % au second tour dans dix villes : Saint-Gilles, Tarascon, Fréjus, Perpignan, Frontignan, Le Pontet, Carpen-tras, Villers-Cotterêts, Bruay-la-Buissière et Brignoles. Dans un communiqué du 31 mars, le FN revendique avoir présenté 597 listes dans les communes de plus de 1 000 habitants et avoir été présent dans près de la moitié des villes de plus de 10 000 habitants. Dans 328 communes, les listes FN ont pu se main-tenir au second tour. Le FN affi rme disposer, dans les villes de plus de 1000 habitants, de 1546 conseillers municipaux et de 459 élus dans les intercommunalités.À ces villes frontistes, il faut ajouter les quatre communes du Vaucluse administrées par des maires de la Ligue du Sud, parti dirigé par Jacques Bompard : il s’agit des villes d’Orange, Bollène, Piolenc et Camaret-sur-Ai-gues. Pour être complet, on relève qu’un dirigeant du Parti de la France de Car Lang a été élu maire du village de Besmont dans l’Aisne. Au total, ce sont près de 453 000 de nos concitoyens qui vivent dans une commune administrée par l’extrême droite. Et ce sont plusieurs milliers de nos collègues agents territoriaux qui sont sous l’autorité adminis-trative d’élus d’extrême droite. À l’échelle nationale, cet enracinement est certes limité, mais on notera tout de même qu’à l’échelle du département du Vaucluse, ce sont plus de 10 % des habitants qui vivent dans une com-mune administrée par l’extrême droite. »

La dernière publication de Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes (VISA), « Lumières sur mairies brunes » aux éditions Syllepse*, dresse le bilan des politiques menées dans ces villes. Si vous êtes agent public, vous devez lire ce livre ! Quelques

exemples de mesures frontistes : Le 4 avril 2014, Marine Le Pen annonce

que les mairies FN supprimeraient systémati-quement les « repas de substitution » dans les cantines scolaires.

13e et 14e arrondissement de Marseille : Stéphane Ravier, maire FN, a créé une délé-gation aux « affaires culturelles et à l’identi-té ».

Hénin-Beaumont : le 8 avril, Steeve Briois, maire FN élu dès le 1er tour, a retiré à la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) le local jusque-là attribué, car considérée comme adversaire en raison de ses prises de position contre les thèses du FN. Le 9 avril, la majorité FN a déclaré vouloir réclamer à la LDH 36 000 eu-ros d’impayés ! Le même soir, ils signaient une convention de mise à disposition de manière gracieuse du même local aux Restos du Cœur, avec force cérémonie et caméras. Celles-ci vont graver dans le marbre le sou-tien aux Restos du Cœur et fournir l’occasion à la mairie de se forger une image conforme à ses souhaits.

Villers-Cotterêts : le maire FN a augmenté sa rémunération de 487 € après avoir voté contre celle de son prédécesseur parce qu’elle était trop élevée.

Cogolin : le maire FN s’est adjugé une enveloppe de « frais de représentation » de 1200 € mensuels supplémentaires.

Le Luc : le maire FN et ses élus se sont augmentés de 15 %.

Le Pontet : Joris Hébrard, maire FN, s’est augmenté de 44 %. Dans le même temps, il demandait un « audit » sur la situation « catas-trophique » du CCAS, alors que les comptes avaient toujours été équilibrés. Quelque temps après, il fait voter la fi n de la gratuité de la cantine scolaire pour les enfants des fa-milles démunies, qui existait depuis 30 ans. Il s’agissait, selon le maire, de « responsabiliser ces familles » et de réaliser 30 000 € d’écono-mies sur un budget de 50 millions…

Beaucaire : Julien Sanchez, maire FN, a retiré le partenariat de la Ville qui la liait au centre socio-culturel Fernand Buisson, met-tant celui-ci en grande diffi culté.

Béziers : Robert Ménard est sans étiquette mais élu sur une liste FN. Il a recruté dans sa mairie des cadres appartenant à une extrême droite radicale. Son nouveau chef de cabinet,

UN PARTI PAS COMME LES AUTRES :LE FRONT NATIONAL (FN)

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LA PAROLE AUX SYNDIQUÉS 13ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES 13

par exemple, Christophe Pacotte, est un dirigeant du Bloc Identitaire. Le nouveau directeur de cabinet, André-Yves Beck, vient de la mairie d’Orange (Ligue du Sud) et aurait combattu comme mercenaire fasciste en Croatie, au début des années 1990. Dès le début, la municipalité a pris des mesures antisociales, comme par exemple en juin 2014 où elle a réduit la participation aux activités périscolaires aux seuls enfants dont les deux parents travaillent (avec preuve), a diminué le budget du CCAS de 5 %, a pris des mesures de « compression » du personnel sous forme de licenciements et de non-renouvellement de contrats…

Les exemples de régression sociale, de diminution des droits, d’autoritarisme, de répression avec violences policières, de mesures anti syndicales se comptent par milliers dans seulement 11 villes tenues par l’extrême-droite... Imaginons à l’échelle de la nation et de l’Europe ce qu’un parti comme le Front National serait capable de mettre en place comme politiques libérales exacerbées sur fond de nationalisme et de violence, s’il accédait au Gouvernement.

*Vous pouvez commander les ouvrages« Lumière sur mairies brunes », « Face au FN et à toute l’extrême droite, réponses et ripostes syndicales » sur le site de VISA.http://www.visa-isa.org/

Vous pouvez retrouver la note économique CGT n° 148, de février 2017, sur notre site fédéral :https://www.cgtservicespublics.fr ->Espace militant > Lutte contre l’extrême droite

Lutter, c’est aussi voter !

ONSSSSSS PPPPPPPPRRRÉSID 3SSSSSSSS PPPPPPPPPPPPPPRRRRRRÉÉÉSIDENTIELLES 13

FIER E SFONCTIONNAIRES

D’ÊTRE

!

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Les immigrés d’un pays comme la France

créent de la richesse et de l’emploi, car ils sont aussi consommateurs, cotisants et contribuables. Leur apport est important en termes de cotisations sociales, de taxes sur la consommation (TVA sur tous les pro-duits du quotidien), de CSG et d’impôts (revenus, taxes d’habitation, foncières…).Ils apportent également une diversité culturelle et professionnelle qui favorise l’économie du pays d’accueil.Les populations immigrées perçoivent moins de prestations que les natifs pour ce qui est de l’assurance maladie et de l’assurance vieillesse, les deux postes les plus importants de la protection sociale, et davantage qu’eux pour ce qui est des aides au logement, du RSA, des allocations

familiales et des allocations chômage : ce qui refl ète les réalités vécues au travail par les migrants : peu ou pas de reconnais-sance des qualifi cations, contrats précaires, rémunérations planchers, conditions de travail diffi ciles… Le tableau ci-dessous, établi pour l’année 2005, montre que l’immigration re-présente un coût de 68 milliards d’euros et des recettes de 72 milliards, donc un apport net de presque 4 milliards.

Pour la plupart des pays, remarquel’OCDE, l’impact de l’immigrationest positif. L’emploi étant le principal fac-teur de contribution fi scale des immigrés, l’OCDE invite les pays à une meilleure intégration des immigrés dans le marché du travail.

L’IMMIGRATION COÛTE CHERÀ LA FRANCE :VRAI OU FAUX ?

FAUX Selon les études, au contraire,elle rapporte.

Recettes Montant annuel en millions €

Dépenses Montant annuel en millions €

Impôts sur revenus du travail 3 414 Retraite 16 365

Impôts sur revenus du capital 3 350 Logement 2 593

Taxes sur la consommation 18 335 RMI 1 740

Impôts locaux 2 541 Chômage 5 047

CSG-CRDS 6 215 Famille 6 724

Cotisations sociales 26 457 Santé 11 154

Autres recettes 11 714 Éducation 4 222

Autres dépenses 20 295

Total 72 026 Total 68140

Impact budgétaire net 3 885

Source : Xavier Chojnicki et Lionel Ragot, pour ATD Quart Monde, publication du 11 octobre 2016 sur leur site ATD Quart Monde France

20 295

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Services publics

pour tous

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ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES14

En novembre 2016, René, secrétaire général du syndicat CGT des Territoriaux d’Hé-nin-Beaumont (62), était convoqué au Tribunal de Béthune en vue d’une éventuelle mise en examen suite à une plainte du maire FN de la collectivité, concernant des messages postés sur Facebook. La CSD, l’interpro et les cama-rades des collectivités voisines présents au rassemblement de soutien avaient témoigné :BAPTISTE TALBOT : Cette affaire pose la question de la manière dont le FN gère la municipalité. Le FN s’attaque à la CGT, mais il s’attaque aussi aux moyens consacrés aux services publics, et à travers ça, c’est bien la question du service rendu aux usagers qui est posée. Plus largement, cette action s’inscrit dans une tentative de criminalisation de l’action syndicale. TERRITORIAUX D’HERSIN-COPIGNY : Nous sommes venus pour défendre les libertés syndicales. Aujourd’hui, il faut faire attention à nos publi-cations sur les réseaux sociaux, c’est l’image de la CGT, surtout quand on a des respon-sabilités. Au début (du mandat du maire, NDLR), tout allait bien, quand ils ont compris le fonctionnement du syndicat, ils l’ont dé-gommé.GREG, UD 62 : Nous sommes ici pour dé-fendre les libertés syndicales, et pour soutenir les camarades d’Hénin-Beaumont qui sont dans des situations de pressions, y compris en dehors du temps de travail, par des appels pour les « convaincre » d’assister au conseil municipal. Beaucoup sont mis au placard. Avec la nouvelle municipalité, le changement s’est fait en 2 temps. Avec l’ancienne munici-palité, le dialogue social était rompu, le maire FN a affi ché une volonté d’ouverture avec

la CGT, et c’était mieux. Ensuite, l’équipe municipale a mis en œuvre une politique sécuritaire avec l’installation de caméras, sans passage au CT. Depuis, c’est l’affrontement.NADÈGE, CSD 62 : Nous envisageons de créer un diaporama sur l’implantation du FN à Hé-nin-Beaumont et expliquer le martèlement et la propagation de leurs idées, et d’organiser un débat. Les idées du FN, en vitrine, prêtent à confusion dans leurs messages, y compris en reprenant nos propositions CGT. Mais dans l’application, c’est autre chose. À Hénin, concernant l’installation des caméras, aucune démarche n’a été faite auprès de la CNIL, et pourtant, la préfecture a donné son autorisa-tion. On dénonce également des procédés « clientélistes », au mépris du statut de la FPT.

RÉSEAUX SOCIAUX : DES OUTILSDE COMMUNICATION À MAÎTRISERCOLLECTIVEMENT

Cette plainte contre un camarade CGT pour des propos diffamatoires sur Facebook n’est pas un cas isolé des attaques tentées par toute municipalité ou tout employeur public contre le syndicat CGT, souvent d’ailleurs à partir d’autres supports de communication, dont les tracts. Les faits démontrent que c’est dans une large majorité dans les villes, départements et régions tenus par la droite et l’extrême droite. Depuis, le maire FN a perdu contre le militant CGT, mais cette af-faire, comme d’autres, rappelle l’importance d’une vigilance collective permanente sur les parutions et publications que nous mettons, syndiqués et militants, entre les mains du public qui nous lit. En tant que fonctionnaires, il est impor-tant de rappeler que nous avons le droit de nous exprimer comme tout citoyen :

depuis 1946, c’est la conception du fonction-naire-citoyen, opposée au fonctionnaire « qui sert et qui se tait » du régime de Vichy, où il était soumis à l’obligation de réserve. Depuis, notre Statut a été renforcé dans ce sens et si nous avons des devoirs de discrétion et de secret professionnel (exemple : ne pas divulguer des informations confi dentielles sur du public suivi, ou ne pas parler publi-quement de situations personnelles, etc.), nous avons le droit, voire le devoir de nous exprimer sur le service public, sa gestion, les conditions de travail, l’organisation, le sens, bref tous les sujets qui concernent notre travail et notre société. Mais nous avons aussi le devoir d’être exemplaires et irréprochables dans notre manière de com-muniquer. Dans les syndicats comme dans toute la fédération, le travail collectif pour mener une vraie politique de communication reste le meilleur rempart contre les erreurs et la meilleure assurance de faire cheminer nos idées et revendications.

CONTRE LA LIBERTÉ D’EXPRESSIONLE VISAGE DU FNÀ HÉNIN-BEAUMONT

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ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES 15

UNE DÉMARCHEFÉDÉRALE RÉSOLUMENTÀ L’OFFENSIVE CONTRELES IDÉES DE L’EXTRÊMEDROITE !

Face à la « résistible ascension du Front Na-tional », notre 11e congrès, dans sa première décision, a décidé de poursuivre et d’amplifi er le nécessaire combat contre la propagation des idées d’extrême droite et leur mise en pratique.Les syndicats réunis en congrès ont très largement voté pour qu’un travail syndical soit mené en ce sens à tous les niveaux de

notre organisation et dans les cadres unitaires disponibles. L’objectif de ce combat contre l’extrême droite, les discriminations et la xénophobie est d’empêcher l’accession des partis d’ex-trême droite aux responsabilités à quelque niveau que ce soit, de lutter là où ils ont pris le pouvoir et d’agir sur les causes du développement de leurs idées. Pour cela, une stratégie de mise en œuvre et de déploie-ment a été actée en novembre 2016 par la Commission Exécutive Fédérale (CEF) :

Actions : ❙ Rédiger un argumentaire ;❙ Construire une Bibliographie ;❙ Mettre en place un module de formation en s’appuyant sur celui de la Confédéra-tion ; ❙ Mettre en place avec les Coordinations Syndicales Départementales (CSD) des journées d’étude.

FOCUS

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ment a été actée en noCommission Exécutive

Actions : ❙❙ Rédiger un argume❙❙ Construire une Bibl❙❙ Mettre en place unen s’appuyant sur cetion ;❙❙ Mettre en placeSyndicales Départjournées d’étude.

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Limoges, le 15 décembre 2016

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Communication :❙ Consacrer une large place au sujet dans nos publications ;❙ Communiquer sur les journées d’étude ;❙ Impulser pour organiser dans toutes les CSD des journées d’étude.

Tous les moyens humains sont mis à contribution : Fédération (pôle revendi-catif, documentaliste, secteur formation, secteur communication), camarades des syndicats, des CSD, CFR, UD, UL*, autres organisations syndicales disponibles sur ces combats.*Coordination Syndicale Départementale, Coordination Fédérale Régionale, Union Départementale, Union Locale

À l’initiative de la CSD 87, la première journée d’étude et de débats a eu lieu à Limoges le 15 décembre 2016 : avec la diffusion du fi lm documentaire « Mains brunes sur la ville » suivie d’un débat auquel ont participé Bernard Richard, le réalisateur, Ivan Vialettes du syndicat de Béziers et Jérémy Zorzer du syndicat de Hayange. Retour sur une journée riche en interventions (plus d’une centaine de participant-e-s), qui en appelle d’autres.

ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES16

L’époque qui s’étend de la fi n de la guerre d’Algérie et du démantèlement de l’« Organisation Armée Secrète » (O.A.S) à l’émergence électorale du « Front National » peut, pour ce qui concerne la violence imputable à l’extrême droit, être divisée en deux périodes :

1962 - 1985La première étape, qui fait suite à l’échec de la lutte armée en Algérie et du terrorisme en métropole, voit des groupes activistes, composés majoritairement d’étudiants, s’opposer physiquement aux « ennemis » communistes et gauchistes dans des heurts qui ont le plus souvent pour théâtre la rue ou les Facultés et sont en bonne partie codifi és.Au terme d’une sorte de spirale activiste, les groupes « Occident » et « Ordre Nouveau » sont dissous par le gouvernement respectivement en 1968 et 1973.Toute l’extrême droite ne s’engage pas dans

la voie activiste : c’est même pour rompre avec elle que Dominique VENNER publie en 1962 « Pour une critique positive » qui établit les bases de l’action métapolitique de ce qui deviendra en 1968 la « Nouvelle Droite ».En octobre 1972 est fondé le « Front National » qui, jusqu’en 1983, ne représente que 1 % de l’électorat. Il devient vite une « organisation-parapluie » dont nombre de militants possèdent la double appartenance avec un des multiples groupuscules existant au sein de la mouvance nationaliste.À partir de 1973 et jusqu’en 1983, survient une quinzaine d’actes violents dirigés contre une cible spécifi que : les immigrés algériens et les symboles de la présence algérienne en France. Ils sont d’une portée grave (5 morts au total) et sont revendiqués par un « groupe Charles MARTEL » dont la nature exacte n’a jamais été trouvée.L’éventualité d’un lien entre la naissance du FN et la fl ambée de violence anti-« arabe »

D’APRÈS L’INTRODUCTION D’HUGUES MATHIEU, COORDINATEUR DÉPARTEMENTALDE LA CSD CGT HAUTE-VIENNE, LORS DE LA JOURNÉE D’ÉTUDEDU 15 DÉCEMBRE 2016 À LIMOGES.

Un parti politiqueaux racines ancréesdans la violence et la haine

FRONT NATIONAL

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Limoges, le 15 décembre 2016

Services publics

pour tous

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doit être appréciée en fonction de deux faits :❙ À l’instigation de François DUPRAT, c’est « Ordre Nouveau », composante du FN, qui a lancé, lors du meeting le 21 juin 1973, le thème « Halte à l’immigration sauvage ».❙ Dès la campagne pour les élections municipales de 1977, le FN, toujours à l’initiative de DUPRAT, utilise le slogan : « Un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés de trop ! », « La France et les Français d’abord ! ».

Ce climat de violence raciste survient au moment où, à partir de 1974, le gouvernement français met en place une politique restrictive des fl ux migratoires. Tous ces facteurs contribuent à l’émergence du thème de la « fracture ethnique » à partir des années 80 et au passage à la violence dans le contexte imaginé d’une prétendue guerre civile entre Français « de souche » et immigrés musulmans.Durant la même période, le nombre des actes antisémites et leur gravité augmentent et culminent avec :❙ Un attentat à la bombe contre le restaurant universitaire du foyer israélite de la rue Médicis le 27 mars 1975.❙ Un attentat contre la synagogue de la rue Copernic le 3 octobre 1980.

❙ Un attentat contre le restaurant Goldenberg le 9 août 1982.

Bien que les preuves de la responsabilité des néo-nazis, en tant que commanditaires, soient inexistantes (sauf, peut-être, dans le cas Jo Médicis), se construit alors le mythe d’une résurgence néo-nazie qui se matérialise avec la « Fédération d’Action Nationale et Européenne (FANE) » (créée le 8 avril 1966 et dissoute en 1987).

La quasi-totalité des attentats d’extrême droite est l’œuvre des ex-GNR (Groupes Nationalistes Révolutionnaires de base) de François DUPRAT.En dépit de cela, il apparaît évident que si elle franchit, à cette époque, un palier en termes de rhétorique, la violence néo-nazie reste limitée en termes de passage à l’acte ; principalement parce qu’il n’existe aucune tradition française d’un néonazisme structuré ayant l’expérience du combat armé et qui ne soit pas parodique.

1985 - 2000La seconde étape concerne les conséquences de la réussite électorale du FN sur le passage de l’extrême droite à la violence entre 1983-1984 et le début des années 2000.Ces conséquences sont diffi ciles à déterminer, car la France n’est dotée d’un instrument de mesure de la violence xénophobe raciste et antisémite qu’avec la loi du 13 juillet 1990 confi ant à la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) la tâche de présenter un rapport annuel sur ces questions.Le FN canalise les pulsions de violence et les détourne symboliquement vers le militantisme et le vote. Son inscription dans le cadre institutionnel, rejetée alors par une

minorité, génère des micro-partis qui sont des scissions radicales du FN : Parti nationaliste français en 1983 ; Parti nationaliste français et européen, PNFE, en 1985.De nouvelles formes de militantisme naissent, à commencer par l’apparition des skinheads

néo-nazis en grande majorité rétifs à toute organisation partisane, mais qui ont le plus souvent des liens épisodiques avec le FN, du type : brève adhésion aux actions du service d’ordre.Le FN se trouve à ce moment-là dans la situation complexe de devoir, à la fois, tolérer cet encombrant prolétariat militant et veiller à son image.Les associations antiracistes et antifascistes rassemblent et mobilisent sur le constat que

le FN est, somme toute, un parti violent, héritier des ligues fascistes des années 1930, voire du nazisme. La mort par noyade de Brahim BOUARAM, poussé dans la Seine par un groupe de skinheads proche du PNFE et de « l’Œuvre française », en marge du défi lé annuel du FN, provoquera, le 1er mai 1995, une prise de distance défi nitive entre le « Département Protection Sécurité » (DPS), service de sécurité du FN, et les milieux skinheads. Le DPS communiquera à la police les enregistrements vidéo de la manifestation frontiste pour aider à l’identifi cation des coupables.

Pendant la décennie allant du milieu des années 1980 à celle des années 1990, de nombreux actes de violence symboliques seront perpétrés :❙Profanation d’une sépulture au cimetière juif de Carpentras en mai 1990 commise par des proches du PNFE ❙Agissements racistes imputables à la mouvance PNFE (seule formation qui ait réussi à agréer plusieurs centaines de « Skins de Parti »).

Ces événements seront à leur apogée en 1991, année marquée par des actes racistes et antisémites, et se termineront avec la scission du FN en 1998.Pendant cette période, la violence à caractère raciste n’est pas directement liée aux scores électoraux du FN ; elle atteint un pic en 1990-1991 en raison de l’actualité internationale (guerre du Golf) et de ses conséquences sur l’opposition aux musulmans et aux Juifs. Israël étant souvent décrit comme le véritable bénéfi ciaire du confl it.

2000 - 2017Le tournant abordé dans les années 2000, marqué aussi par une augmentation des violences, est important, car il correspond à une évolution de l’extrême droite due essentiellement à la tentative d’assassinat du Président CHIRAC par Maxime BRUNERIE le 14 juillet 2002. Cet acte militant isolé cause en effet la dissolution du mouvement « Unité Radicale (UR) » (le 8 août 2002) dont il était sympathisant.

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Les principaux militants de ce groupe fondent en octobre 2009 le « Bloc Identitaire » (BI), devenu un parti politique à vocation électorale.Si le BI lutte prioritairement contre la société métissée et multiculturelle, prônant une vision ethno-différencialiste et régionaliste de la société française, il défi nit comme adversaire principal l’Islam et sa présence sur le sol français. Cependant, la responsabilité des actes anti-musulmans, focalisés sur les symboles religieux (mosquées, cimetières), ne lui est pas imputable.Ceux-ci sont l’affaire soit d’une manœuvre skinhead, soit de personnes non affi liées à une mouvance particulière.Au sein de ce parti, le goût des actions militantes de choc n’a pas disparu : celles-ci ne font plus usage de la violence physique, elles sont conçues pour provoquer une visibilité médiatique optimum. La violence physique est canalisée, notamment par la création de clubs sportifs formant aux sports de combat.Si les violences issues de l’extrême droite restent marginales, la persistance d’une violence générale provenant de cette famille politique est une terrible et incontestable réalité.Les auteurs de ces actes ou menaces n’ont souvent aucun lien avec le FN ou d’autres groupes plus radicaux : ils appartiennent plutôt à une jeunesse ouvrière à la pensée identitaire diffuse, dirigée contre un Islam dont la stigmatisation n’est plus l’entreprise de la seule extrême droite.Sur cette longue période, l’apparition et l’essor du FN ont vraisemblablement évité le basculement d’une partie de l’extrême droite radicale française vers la stratégie de la tension exacerbée et du terrorisme.L’apparition et le développement de ces groupes radicaux sont, eux-mêmes, une conséquence de la recherche perpétuelle de crédibilité du FN, à la fois contemplateur du « système », mais de fait inséré dans celui-ci, et verbalement radical, mais obligé d’inscrire son action dans le cadre des lois en vigueur.Au moins actuellement !

De notre point de vue, en effet, il ne s’agit là que d’une stratégie de conquête du pouvoir pour les urnes, qui ne peut masquer le fait que le FN est un parti xénophobe, raciste et antisémite qui prône le retour des femmes au foyer, la restauration des corporations contre les syndicats de salariés, la liquidation des associations de défense des Droits Humains.

Certains dirigeants du FN prônent le retour à « l’ordre ancien », celui d’avant 1789, d’une France blanche et catholique promettant, tel Roger HOLEINDRE, de faire pleurer des larmes de sang aux militants antiracistes, antifascistes, marxistes ou anarchistes une fois arrivés au pouvoir.

VOILÀ POURQUOI IL EST DU DEVOIRDE CHAQUE CAMARADE DE LA CGTDE COMBATTRE QUOTIDIENNEMENTET SANS RELÂCHE CES ORGANISATIONS,LEUR IDÉOLOGIE, LEURS PROGRAMMESET CE QU’ILS DÉTRUISENTDANS LES COMMUNES QU’ILS DIRIGENT.

Tout d’abord, un grand merci aux camarades de la CSD 87 qui n’ont pas ménagé leur peine pour organiser cette journée de réfl exion qui s’inscrit dans le combat de terrain que mène la CGT contre l’extrême droite, ses pratiques, ses idées d’exclusion et de division dans la société et notamment dans le monde du travail. La Fédération CGT des Services publics souligne l’importance, dans le cadre du débat présidentiel qui s’ouvre, de démasquer les idées d’extrême droite qui ont envahi le débat public : surenchères sécuritaires, identitaires et désignation de boucs émissaires sont classiques de ce mouvement et on peut constater chaque jour leur poids croissant dans le discours médiatique et leur contagion politique.Partant du constat que les idées d’extrême droite se répandent partout sur les territoires, dans les débats électoraux, sur les campus

ou les lieux de travail, la Fédération soutient cette première initiative à Limoges, berceau de la CGT, et encourage les camarades des CSD présents aujourd’hui, et plus largement encore, à initier dans leurs départements de telles actions.Contrairement à ce qui peut se dire ou se penser, la question de l’extrême droite constitue un enjeu syndical à plusieurs titres :❙ Bataille globale de la CGT contre un cou-rant politique qui d’une part prône des thèses contraires à nos principes fondamentaux et à notre conception démocratique de la Répu-blique et des Services publics et qui d’autre part promeut un programme économique et social qui va à l’encontre des intérêts des salariés.❙ Bataille professionnelle à mener contre ce courant qui a déjà travaillé à son implantation locale et ambitionne d’accéder aux responsa-bilités nationales.

Démasquer les idéesd’extrême droite, une lutte syndicale à part entière

EXTRÊME DROITE

INTERVENTION DE CAROLINE LACOUR, COMMISSION EXÉCUTIVE FÉDÉRALE,À LIMOGES LE 15 DÉCEMBRE 2016

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Services publics

pour tous

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❙ Bataille à mener enfi n s’agissant d’un parti qui considère la CGT comme un de ses ad-versaires principaux.

Face à ces enjeux, j’en viens à notre démarche syndicale.Nous nous le sommes déjà dit au moment de l’affaire Engelmann : le FN prospère à partir de la détresse sociale et le meilleur moyen de lutter contre l’extrême droite, c’est donc d’œuvrer pour le progrès social.Tout notre travail syndical pour élever le rapport de force et changer la donne sur le terrain revendicatif est donc partie intégrante de la bataille antifasciste.En portant le fer contre la politique gouvernementale, nous contribuons à créer les conditions du retour à une politique de progrès social et à faire reculer le FN.En défendant au quotidien le Service public de proximité, nous combattons un parti qui progresse particulièrement dans les zones où le service public a été mis à mal.Considérant le contexte politique et l’absence de changement de cap en matière économique et sociale depuis mai 2012, il est évident que la majorité au pouvoir a des responsabilités dans la montée de l’extrême droite.Pour autant, ces responsabilités du gouvernement ne peuvent nous amener à considérer que, tant que la politique en œuvre n’aura pas été modifi ée, il n’y aurait rien à faire contre un FN qui continuerait de monter inexorablement. Il n’y a pas de fatalité à voir l’extrême droite progresser parce que le contexte lui est favorable : y compris dans les conditions actuelles, le travail antifasciste est possible et nécessaire.Il est nécessaire parce que nous avons face à nous nos pires ennemis.Il s’agit en effet d’un courant politique qui, bien qu’il s’en défende, ne partage pas ce qui fonde notre République démocratique et les valeurs de la CGT. Comme l’affi rment les statuts confédéraux, la CGT « agit pour une société démocratique, libérée de l’exploitation capitaliste et des autres formes d’exploitation et de domination, contre les discriminations de toutes sortes, le racisme, la xénophobie et toutes les exclusions ».Nous avons affaire à un courant politique dont la violence, idéologique, verbale, physique, est un des moteurs. Comme l’a démontré le meurtre de Clément Méric et un nombre croissant d’agressions, cette violence s’exprime de plus en plus sur le terrain

physique. Il nous faut intégrer cette donnée et nous préparer à faire face à ce type d’agissements, avec vigilance, fermeté et esprit de responsabilité.Il importe par ailleurs d’avoir constamment à l’esprit que l’extrême droite sert les intérêts du patronat et des possédants. Notre conception du monde est structurée par le clivage de classe et, sur le terrain de la lutte de classe, le FN se trouve dans le camp d’en face. S’agissant de son rôle de serviteur du capital et du programme qui en découle, je vous renvoie à l’argumentaire de la Confédération et aux travaux du réseau Vigilance Initiatives Syndicales Antifascistes (VISA).J’insisterai maintenant simplement sur deux aspects. La propagande anti-immigrés du FN a pour effet de diviser les salariés et de détourner toute une partie de la population de la question de fond qu’est la nécessité d’une autre répartition des richesses, seule à

même d’améliorer durablement la situation présente. En toute logique, le FN ne porte donc aucune proposition qui soit de nature à répartir plus équitablement les richesses produites, et il ne met en rien en cause le caractère capitaliste du système. Deuxième aspect à avoir en tête : le rôle historique que les courants de droite autoritaire ont joué au XXe siècle dans plusieurs pays en période de crise, comme rempart du capital permettant d’empêcher un bouleversement mettant à mal les intérêts du patronat et des possédants (Italie fasciste, Allemagne nazie, Espagne franquiste, Chili de Pinochet, entre autres). « Plutôt Hitler que le Front populaire » disait le patronat français dans les années 1930. On constate aujourd’hui que les liens entre fascisme et grand capital restent d’une brûlante actualité. Il est enfi n nécessaire de lutter contre le FN parce que c’est pour nous une question d’autodéfense. En effet, cette organisation

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considère, à juste titre, la CGT comme un adversaire et un obstacle dans la conquête du pouvoir. Nos camarades qui militent dans les syndicats de territoriaux de mairies conquises par le FN en font la douloureuse expérience, et nos camarades Jeremy et Yvan, présents ici aujourd’hui, peuvent en témoigner.En articulation avec notre combat quotidien pour le progrès social, nous avons donc aussi un travail spécifi que à mener visant directement le FN et ses thèses. De ce point de vue, nous avons au moins deux axes de bataille idéologique à travailler : celui du bilan municipal du FN et celui de son programme pour les collectivités locales, leurs services publics et la Fonction publique territoriale.La menace est donc sérieuse et immédiate. Tous ces éléments plaident pour une action résolue de la CGT dans les mois à venir.La question du développement de l’infl uence du FN est un des grands sujets de préoccupations des forces progressistes dans la période. La nature des réponses à apporter à ce défi fait l’objet de nombreux questionnements et nul ne peut prétendre détenir la recette miracle pour faire rentrer la bête immonde dans sa tanière.Comme nous l’avions déjà affi rmé suite à l’affaire Engelmann en 2011, nous devons aborder ces questions sans tabou dans nos syndicats, de manière ferme et responsable. Avec ceux de nos adhérents qui s’interrogent voire se laissent gagner par des idées d’extrême droite, nous devons débattre, argumenter, convaincre. S’il s’avère de nouveau que certains s’inscrivent dans une stratégie d’entrisme et d’instrumentalisation de la CGT, l’organisation syndicale doit agir avec la même fermeté qu’elle l’a fait en 2011, et ce, en veillant à respecter scrupuleusement nos procédures statutaires. Les frontistes sont en effet friands de procédures judiciaires et nous devons donc prendre toutes les précautions d’usage en la matière.À ce sujet, l’intervention de Philippe Martinez, notre secrétaire général, lors du 75e anniversaire du massacre de Châteaubriant, mérite attention sur le plan syndical. Philippe met le doigt sur le fait que des syndiqués CGT peuvent être pris dans la nasse FN. Oui, le dire là, à Châteaubriant, dans ce lieu où des militants de la CGT ont été abattus par la bête immonde et par ses sous-fi fres du FN de l’époque est un appel à lutter contre les haines et la montée fasciste. À nous militants de répondre à cet appel et de combattre ces thèses nauséabondes dans les collectivités et les entreprises.

D’autres initiatives ont lieu dans nos territoires. Ainsi, comme nous ici, le comité régional CGT Picardie a organisé une journée d’étude le 6 décembre pour s’inscrire pleinement dans cette campagne CGT.

Après Béziers en mai 2015 et Knutange en octobre 2015, les organisations CGT, FSU, Solidaires, UNEF, UNL et Fidl réunissent, aujourd’hui même à Monteux, commune du Vaucluse l’observatoire national des politiques et des pratiques de l’extrême droite. Une autre réunion est prévue le 28 février dans le Pas-de-Calais, près d’Hénin-Beaumont.

Pour terminer, je vais encore me répéter, mais il est important de souligner que nous avons face à nous des gens dangereux, pour la démocratie, pour les droits des salariés, pour le syndicalisme et en particulier la CGT. Nous avons face à nous des forces organisées, parmi lesquelles une partie de la droite

qui est prête à pactiser avec son extrême, quand elle ne pactise pas déjà. Nous avons aussi face à nous un patronat qui, comme l’a tristement démontré sa position très majoritairement collaborationniste sous l’Occupation, a toujours fait passer ses intérêts de classe avant toute autre considération.Enfi n, vu l’évolution de la situation politique, économique et sociale, il est donc indispensable d’aborder ces enjeux les yeux grands ouverts et de pouvoir identifi er les conditions d’un combat syndical effi cace contre l’extrême droite et les forces économiques qu’elle sert.

Notre CGT a déjà une longue histoire de lutte contre le fascisme. Il nous appartient d’en écrire une nouvelle page.Mes chers Camarades, en guise de conclusion et avant l’apéro je vous invite à écouter une courte fable « Matins bruns » de Franck Pavloff écrite en 1998.

Réalités et conséquencessur les Villes gérées par le Front National

Mains brunes sur la VilleAu Cinéma le Dietrich

Jeudi 30 mars 2017de 9h00 à 17h00

Echanges et débats Témoignages d’Agents Territoriaux des Villes d’Hayange et de Béziers

Diffusion du Film Mains Brunes sur la Ville en présence du réalisateur Bernard RICHARD

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Un fi lm : « Mains brunessur la ville »RÉALISATION : BERNARD RICHARD

UN FILM ET UN LIVRE AU CŒUR DES DÉBATS À LIMOGES

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Pourquoi des citoyens accordent-ils leur confi ance à l’extrême droite, et comment celle-ci se maintient-elle au pouvoir ?En France, le Front National et d’autres partis d’extrême droite atteignent localement, ici et là, plus de 40 % des suffrages au premier tour des élections, et parfois la majorité au second. À Orange et Bollène, dans la circonscription du ministre Thierry Mariani (Droite Populaire), Jacques et Marie-Claude Bompard (FN puis Ligue du Sud) sont élus depuis de nombreuses années maires et conseillers généraux. Ils appliquent leur programme...Quel programme ? Avec quel budget ? Quelle est leur idéologie, leur communication ? Quelle est leur politique et pour quel modèle de société ?Dix-sept ans après l’élection de Monsieur à Orange, quatre ans après celle de Madame à Bollène, le journaliste Jean-Baptiste Malet et le réalisateur Bernard Richard ont été voir de plus près ce qu’il s’y passe. Ils ont enquêté durant plusieurs mois à Orange et Bollène. Ces villes offrent aujourd’hui le morne spectacle de ce que l’extrême droite pourrait propager demain sur l’ensemble du pays, et sur d’autres territoires, si elle accédait à des pouvoirs plus étendus. Dans cette dérive fascisante, plus d’un constat est alarmant : aveuglement complice de certains politiques et de certaines institutions, manque de moyens et isolement des militants qui tentent de résister... Mais comment sortir de cette poussée d’extrême droite quand la crise économique en fournit le terreau ?Politis commente : « Dans un documentaire saisissant, ils racontent les intimidations politiques, la propagande, les coupes dans les budgets associatifs, la mise en place à peine voilée d’une politique de “préférence nationale”, le rejet des enfants d’immigrés… Bref, un désastre économique, social et, finalement, humain, qui n’empêche pas Marie-Claude et surtout Jacques Bompard d’être, chaque fois, réélus haut la main. Ces deux-là ont pourtant tout pour déplaire. Le maire d’Orange, élu en 1995 et conseiller général du Vaucluse depuis 2002, est un ancien soutien de l’OAS et secrétaire

national d’Occident, groupuscule fasciste dont il loue les “idées de bon sens”. Après avoir participé à la fondation du FN, celui-ci quittera le parti suite à l’ascension de la fi lle Le Pen et créera, en 2010, la Ligue du Sud, un mouvement lié au Bloc identitaire regroupant les plus activistes de l’extrême droite et proche des intégristes catholiques. Quelles sont les raisons profondes qui ont fait de cette terre d’accueil des pieds-noirs, mais aussi d’une forte immigration de travail, une terre d’élection de l’extrême droite ? Entre le déclin agricole et industriel de la région, la peur de l’envahissement et les relents anti-arabes hérités de la guerre d’Algérie (et allègrement agités par les Bompard), le fi lm peine à percer le “mystère”… Là où il se montre le plus percutant, c’est quand il part à la recherche de l’impact de cette politique sur la vie quotidienne (et sur les mentalités) des habitants d’Orange et Bollène. Une politique qui passe par l’achat d’ouvrages d’anciens collabos par la bibliothèque municipale, par l’effondrement des budgets sociaux et culturels au profi t de la sécurité ou du “chouchoutage” des électeurs du 3e âge (organisation à grands frais de thés dansants ou de fêtes médiévales…), par la privatisation des services publics, la fermeture des centres sociaux et le renforcement d’une police municipale “spécialiste de la gazeuse”. On reste pantois devant les images des quartiers pauvres de Bollène et Orange, sciemment laissés à l’abandon pour pousser les immigrés à quitter la ville, ou devant le désarroi de ces jeunes désormais interdits de stade… Une “politique d’apartheid” qui ne fait que renforcer la défi ance et les tensions à l’intérieur de la population, et donc, au fond, les fantasmes portés par l’extrême droite, analyse avec beaucoup de justesse Anne-Marie Hautant, vice-présidente (EELV) de la région PACA. Mais aussi une politique de compression des dépenses qui plaît aux libéraux les plus orthodoxes. Si les baisses d’impôts sont en réalité loin d’être spectaculaires, la rénovation bien visible des centres-villes et la propagande locale, à grands coups de manipulations,

de grossiers mensonges, et de bulletins municipaux publiant une BD pour enfants intitulée “Bollène, à l’heure des guerres de religion”, font leur effet auprès de la population. Et permettent de comprendre l’incompréhensible. »Bernard RICHARD, le 15 décembre 2016 à Limoges : « J’ai voulu montrer les conséquences d’une politique d’extrême droite en me basant sur une enquête faite par des journalistes, et comprendre pourquoi ce vote de la population. Ce que j’ai constaté, c’est un racisme endémique. Je suis très sensible à la question coloniale et malheureusement, la France n’a pas fait son deuil. »« Le système capitaliste génère des crises économiques qui font systématiquement le lit des organisations populistes. Seule une vraie politique de gauche pourrait y mettre fi n. »

UN LIVRE : MATIN BRUN, de Franck Pavloff, aux éditions Cheyne

Le pays de Charlie et son ami fait face à la montée d’un nouveau régime politique : l’État brun. Celui-ci interdit la possession d’animaux d’un autre pelage que le brun. Bien que peinés, Charlie et son ami se plient à la règle : ils se séparent de leurs animaux pour en prendre des bruns. Mais le nouveau régime ne compte pas

s’arrêter là…En peu de mots, un livre très court pour un grand message !À l’image de « 1984 » d’Orwell, il montre comment un régime totalitaire peut se mettre en place rapidement pour peu que l’on ne fasse pas trop attention ou que, par peur ou par soumission, nous nous plions trop rapidement aux nouvelles règles établies. En peu de pages, les différentes étapes de l’oppression s’installent (d’abord l’interdiction des animaux d’un autre pelage que le brun, puis la censure de la presse, etc.)…Extrait : « C’est vrai que la surpopulation des chats devenait insupportable, et que d’après ce que les scientifi ques de l’État national disaient, il valait mieux garder les bruns. Que des bruns. Tous les tests de sélection prouvaient qu’ils s’adaptaient mieux à notre vie citadine, qu’ils avaient des portées peu nombreuses et qu’ils mangeaient beaucoup moins. Ma foi, un chat c’est un chat, et comme il fallait bien résoudre le problème d’une façon ou d’une autre, va pour le décret qui instaurait la suppression des chats qui n’étaient pas bruns. Les milices de la ville distribuaient gratui-tement des boulettes d’arsenic. Mélangées à la pâtée, elles expédiaient les matous en moins de deux. Mon cœur s’était serré puis on oublie vite. »

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Chroniques d’un voyageau cœur de « Gaza-la-Vie »

LA FÉDÉRATIONEN PALESTINE !Les suites du travail de coopération engagé par la Fédération CGT avec France-Palestine, qui avait donné lieu à de belles rencontres franco-palestiniennes sur notre stand du Forum Social à la fête de l’Humanité en septembre dernier, ont franchi une étape supplémentaire : une délégation de la fédération, constituée de Baptiste Talbot, Magali Badiou, Christophe Couderc et Mireille Pelka, est allée à la rencontre en Israël et Palestine des femmes et hommes qui œuvrent au quotidien pour la paix et pour la justice.

Abdallah, militant de la Ré sistance pacifi que, nous amè ne sur plusieurs sites repré sentatifs de la politique israé lienne d’expulsion et de coloni-sation. Cette photo nous montre les dé combres de plusieurs maisons dé truites par l’armé e israé lienne en juillet 2016.

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Rencontre avec le secré taire gé né ral du PGFTU (syndicat palestinien offi ciel), Shaher Saad, et le secré taire gé né ral des Services publics, Husain Al-Foqahaa, à Naplouse. Ils se fé licitent de notre visite, qui est la premiè re d’une organisation CGT depuis 2013. Ceux-ci nous font part d’une situation de plus en plus diffi cile des salarié s palestiniens, due principalement à l’occupation et à la politique israé lienne de colonisation. Le taux de chô mage est de 30 %, soit 400 000 personnes dont 45 % sont des jeunes. La mobilisation de l’ensemble des syndicats palestiniens a permis de faire acter le principe d’un systè me de Sé curité sociale universel pour les salarié s, ce dernier n’é tant pas encore mis en place. Ils nous ont fait part de leur inquié tude sur un projet de loi visant à s’immiscer dans l’organisation des syndicats.

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Aprè s avoir franchi plusieurs checkpoints, nous avons rencontré , à Ramallah, Walid Assaf, ministre et pré sident de la commission de l’OLP (Organisation Libé ration de la Palestine) de ré sistance à la colonisation et au mur. Ce dernier nous a fait part de la soudaine accé lé ration de la politique de colonisation, 4 000 logements construits illé galement sur les terres palestiniennes en 2016 ; 6 000 sur les seuls mois de janvier et fé vrier 2017. Quant aux destructions des maisons palestiniennes, les chiffres sont tout aussi é loquents : 1 114 en 2016 et 1 500 en janvier et fé vrier 2017. Le ministre a insisté sur l’importance de la solidarité internationale et sur le rô le que doivent jouer les É tats europé ens comme la France, en reconnaissant l’É tat palestinien. Les actions BDS (boycotte des investissements et sanction des produits israé liens fabriqué s en territoire Palestinien occupé ) sont un autre moyen de pression.

La direction du syndicat indé pendant, le GIFTUP, issu d’une scission avec le PGFTU. Outre les é lé ments dé jà é voqué s sur la situation sociale, les camarades ont insisté sur la forte ré pression anti-syndicale en Palestine et sur la politique libé rale du gouvernement palestinien. Ils mè nent un double combat pour la libé ration de la Palestine et la justice sociale, ce qu’ils ré sument sous le slogan : « La justice pour les Palestiniens, la justice en Palestine ».

Rencontre avec le Secré taire gé né ral du parti du peuple palestinien. Le PPP travaille notamment sur la fi n de l’occupation et le respect des ré solutions de l’ONU, bafoué es par Israë l.

de justice sociale, ce qu’ils

ré sument sous le slogan : « La justice pour les Palestiniens, la justice en Palestine ».

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CISJORDANIE

PALESTINE

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Nous quittons Nazareth pour rejoindre Tel-Aviv où nous attend Ephraï m DAVIDI, chercheur en histoire sociale à l’université de Tel-Aviv, militant syndical et dirigeant du Parti communiste israé lien. Il nous brosse un tableau de la situation inté rieure israé lienne, dans un contexte international marqué par l’é lection de Trump et l’absence d’une politique europé enne volontariste sur la question palestinienne.Ephraï m estime que les espaces dé mocratiques se

ré duisent trè s sensiblement en Israë l et parle mê me de fascisation du pouvoir israé lien. Le gouvernement israé lien considè re que toute action et personne opposé es à sa politique, quel que soit le domaine, pratique une forme de terrorisme. Des lois sont voté es en ce sens. Le mé contentement et la lassitude montent dans le pays contre cette politique chauvine, mais, faute d’alternative au gouvernement actuel, cela ne se traduit pas dans les urnes. Dans le mê me temps, les travailleurs israé liens, notamment les jeunes, sont confronté s à de grandes diffi culté s en matiè re de pouvoir d’achat et de transport, ce qui conduit actuellement à une vague de syndicalisation importante.

Emad BADRA, militant Arabe Israé lien de la cause palestinienne, nous invite dans les locaux de son association, INMA’A. Cette association tourne son activité vers la jeunesse arabe israé lienne qui, mê me diplô mé e, est fortement touché e par le chô mage. En effet, le service militaire, qui n’est obligatoire que pour les jeunes de confession juive, ouvre les portes

de l’emploi et donne un certain nombre d’avantages. Avec de nombreux bé né voles, cette association vient en aide aux enfants de Gaza, atteints de cancer et contraints de se faire soigner dans trois hô pitaux israé liens. Cette aide consiste à la prise en charge, dè s le franchissement du Checkpoint, des enfants et de leurs familles pour les soutenir moralement et maté riellement dans cette é preuve. Emad et les bé né voles contribuent, par leurs actions, à faire vivre la mé moire des persé cutions à partir de 1948 et l’identité palestinienne.

Notre premiè re visite nous conduit dans les locaux du syndicat israé lien Histadruth où nous sommes accueillis par Kamel ABU AHMMAD, secré taire gé né ral du dé partement de Nazareth, repré sentant du

Parti communiste israé lien au sein d’Histadruth. Les directions syndicales des structures de Histadruth sont constitué es à partir de listes pré senté es par les partis politiques. Kamel nous explique que le gouvernement israé lien met tout en œuvre pour

vider de leur tissu industriel les zones arabes situé es en Israë l. Le taux de chô mage, qui est de 5 % en gé né ral en Israë l, se situe entre 20 et 25 % dans ces zones. Notre camarade estime que cette situation catastrophique est lié e à

la politique gé né rale d’Israë l qu’ils qualifi ent d’Apartheid. Il insiste sur le fait que les travailleurs palestiniens venant de Cisjordanie qui travaillent en Israë l sont victimes de fortes discriminations et de conditions de travail trè s dé gradé es. Dans le secteur de la construction, ces travailleurs sont victimes de nombreux accidents de travail et sont contraints, par leurs patrons, de travailler partiellement au noir. Le droit du travail israé lien est, en thé orie, trè s protecteur, mais le problè me ré side dans sa non-application. Compte tenu de sa pluralité politique, Histadruth concentre son activité sur le plan syndical et se garde de prendre des positions tranché es sur l’occupation.

LE MARDI 7 MARS 2017,DÈ S LES PREMIERS RAYONS DE SOLEIL,NOUS AVONS PRIS LA ROUTEEN DIRECTION DE NAZARETH.

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En cette journée internationale des Droits de la femme, qui est un jour férié en Cisjordanie, nous sommes allés visiter la ville d’Hébron. Première ville Palestinienne, elle abrite le tombeau d’Abraham qui est un lieu saint

pour toutes les religions. C’est d’ailleurs pourquoi elle fait l’objet d’un traitement particulier par les forces israéliennes. Quatre

cents colons extrémistes se sont approprié plusieurs maisons de la vieille ville et sont appuyés dans leur entreprise de spoliation des biens palestiniens par la présence de deux à quatre mille militaires israéliens. En

1994, un de ces extrémistes a massacré 29 Palestiniens qui priaient dans la mosquée des Patriarches. Depuis, le quotidien des familles palestiniennes qui résistent à l’occupation dans la vieille ville est synonyme d’agressions et d’humiliations de la part des colons, de restriction des libertés, notamment de circulation (checkpoints, portes d’entrée des habitations murées, rues interdites...) et de contrôles systématiques.

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Nous empruntons ensuite la route de Beit Sakariya, réservée aux colons et jalonnée de checkpoints. Arrivés au village, nous sommes frappés par le délabrement des maisons. Cette situation est due au fait que, le village étant encerclé par treize colonies, les Israéliens interdisent la construction de nouveaux logements et la rénovation de l’habitat. De plus, depuis près de seize mois, un nouveau checkpoint a été installé à l’entrée du village, réduisant fortement les possibilités de circulation.Malgré tout, la population reste animée par

une forte volonté de résistance. C’est pour cette raison que la Fédération a décidé, en lien avec l’Avenir social, de mener une action de solidarité avec la coopérative des femmes de Beit Sakariya. Ce projet porte sur le fi nancement d’un atelier de transformation des produits agricoles cultivés autour du village. Cette coopération a été concrétisée en présence du Maire du village par la signature de la convention par les différents acteurs engagés dans cette démarche de solidarité et de résistance internationaliste.

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Notre journée se termine avec la rencontre de Ibrahim, président de la coopérative paysanne de Wadi Fukin. Ce village de 1 200 habitants est peu à peu asphyxié par le développement de la colonie Betar Illit, la plus grande d’Israël, qui compte à ce jour 70 000 colons principalement venus des États-Unis. La population du village est régulièrement victime de brimades, voire

d’agressions de la part des colons ; cela va même jusqu’à l’arrestation et la rétention pendant plusieurs heures d’un enfant de onze ans par la police israélienne, au motif d’activité terroriste !Comme nous l’a si bien dit Ibrahim, les images parlent d’elles-mêmes, il suffi t de regarder autour de nous pour comprendre.

NOUS AVONS VISITÉLE CAMP DE RÉFUGIÉS D’AÏDA,À BETHLÉEM.

Créé en 1948 par l’ONU, ce camp accueille une population issue de plusieurs dizaines de villages détruits par l’armée israélienne. 6000 habitants sont concentrés sur une surface de 4 hectares.La population du camp est composée à 66 % de jeunes et connaît un taux de chômage de 60 %.Nous avons rencontré le directeur du centre Abdelfattah Abusrour, directeur du centre Alrowwad pour la Culture et les Arts.Ce centre créé par des habitants du camp mène un travail de résistance culturelle à l’occupation, particulièrement auprès des enfants, des femmes et des jeunes. La philosophie du centre est dénommée « la belle résistance », par A. Abursrour. D’abord parce que résister est un bel acte, et ensuite parce qu’il s’agit de résister à l’oppression par la beauté. Le centre cherche notamment à donner envie à la jeunesse de lutter pacifi quement, sur le terrain artistique, par la valorisation du peuple palestinien.Outre son activité au camp d’Aïda, le centre Alrowwad organise des actions culturelles en Cisjordanie, mais aussi au niveau international

Abdelfattah Abursrour souligne que la cause de la libération palestinienne est une question politique et que la Palestine a besoin d’un soutien politique et non humanitaire. Soutenir la Palestine passe donc par des actions de solidarité qui permettent de faire avancer la pleine reconnaissance d’un État palestinien et la fi n de l’occupation israélienne.Durant l’après-midi, nous avons rencontré le maire de Beit Jala, dans la zone de Bethléem. Nicolas Khamis est affi lié au Fatah. Il est heureux de rencontrer la CGT et en tant

qu’élu local il souligne l’importance des syndicats en tant qu’interlocuteurs portant les intérêts des personnels. La ville de Beit Jala compte une soixantaine d’employés communaux, pour 17 000 habitants, sachant que le champ des

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compétences des municipalités palestiniennes est plus réduit que celui des villes françaises.N. Khamis compare la politique d’Israël vis-à-vis des Palestiniens au processus que les Amérindiens ont subi aux États-Unis d’Amérique. Il souligne que l’Autorité palestinienne est animée de la volonté d’une pleine application des accords d’Oslo qui devaient aboutir à la

reconnaissance d’Israël par les Palestiniens, et à la reconnaissance de l’État palestinien par Israël, dans les frontières de 1967 (avec souveraineté complète de l’État palestinien sur Gaza et la Cisjordanie). Il insiste sur le fait que c’est Israël qui porte la pleine responsabilité de la situation actuelle en n’ayant pas appliqué totalement les accords d’Oslo.

N. Khamis estime que la solution à deux États pour deux peuples demeure la meilleure solution.Il nous expose la situation à Beit Jala, où des terres

palestiniennes ont été confi squées. Cette situation a fait l’objet d’une décision de la justice israélienne en faveur des Palestiniens, décision que l’armée israélienne a refusé d’appliquer au motif de la sécurité des colonies.Nous nous sommes ensuite rendus sur le territoire de la commune où nous avons pu constater l’ampleur des confi scations de terres et du développement du mur israélien.Nous sommes repartis de l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv le 10 mars. Les forces de sécurité israéliennes nous ont réservé un traitement qui en dit long sur l’état de la démocratie israélienne : motif de la présence dans nos bagages de « pamphlets » (à savoir des documents remis par le commissaire de l’OLP et des brochures de la PGFTU), nous avons été longuement interrogés et fouillés, avant que les services de sécurité nous laissent monter dans l’avion un quart d’heure avant le décollage.

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À LIRE, À VOIR 29

SurfmanÀ LIRE

DE JÉRÔME RUILLIER,AUX ÉDITIONS L’AGRUME

RésuméLa Vague, parti politique extrémiste, s’apprête à remporter les prochaines élections, remplissant d’espoir tous ses militants. Mais le jour J, les événements prennent une tournure dramatique. Portant en elle toute la haine, le racisme, la peur et la colère, la Vague se transforme en tsunami, submergeant tout sur son passage… C’est alors qu’un mystérieux su-per-héros apparaît : Surfman.

À l’occasion de son nouveau livre, sorti le 16 février 2017, nous avons souhaité rencontrer cet auteur qui parle avec délicatesse de tolérance et nous pousse à réfl échir sur nos propres peurs ou préjugés et les frontières qu’il nous appartient de faire tomber. Sans chercher à nous imposer sa vision sociale ou philosophique ni ses conclusions, il place les faits, les met en images, il pose ses mots, les prolonge d’un coup de crayon couleur, mais laisse au lecteur la liberté d’en tirer les enseignements et d’écrire ses épilogues. Car chacun de ses livres se propage en nous et nourrit notre réfl exion bien après sa lecture. C’est dans son atelier de Voiron, en-tourés de ses livres, planches à dessin, outils et crayons de couleur baignés de lumière fraîche et devant un thé aux saveurs de partage que Jérôme a accepté de se raconter et de nous faire voyager dans son œuvre pour Service Public Magazine.

Tu abordes dans tes livres des sujets graves et importants, qui questionnent nos habitudes et nos regards sur la vie, avec à la fois une plume légère et un coup de crayon dépouillé, quel est ton parcours ?

JÉRÔME RUILLIER : J’ai étudié les Arts Décoratifs à Strasbourg, où l’atelier d’images narratives et d’illustration fondée par Claude Lapointe était (est toujours) une référence.J’ai toujours été sensible aux questions de la tolérance ou de l’intolérance, du racisme, des préjugés, de ce qui crée des frontières, mais je ne savais pas trop comment faire pour en parler, pour raconter des histoires qui ne tombent ni dans le mélodrame, ni dans la caricature, ni dans le jugement et encore moins qui soient donneuses de leçon.. J’ai laissé ma main prolonger mes idées et mon crayon dessiner ce que je ressentais et dans un premier temps j’ai beaucoup utilisé la symbolique et travaillé avec des papiers, ciseaux, couleurs.Par exemple, Quatre petits coins de rien du tout évoque l’histoire, en symbole (pour accéder à une forme plus univer-selle), du petit carré qui se trouve dans un monde de ronds, qui ne peut rentrer par la porte de l’école (qui est également

chacun d’entre nous) et qui symbolise fi nalement notre façon d’accueillir, que nous devons changer ! Tu vois, là c’est la grande école carrée, avec une porte ronde, faite pour tous les petits écoliers ronds.

Jérôme feuillette le livre et raconte comme lorsqu’il intervient dans les écoles.Le premier jour d’école, le petit carré ne peut pas passer par la porte : elle est ronde, faite pour les ronds. Il est malheureux… On veut lui couper des petits bouts pour en faire un rond, mais il refuse, ça lui ferait trop mal et ce ne serait plus un petit carré.

Entre ronds et carrés, l’histoire défi le, passant par la grande réunion en rond des ronds, le débat, les questions qui freinent, les réponses qui donnent des solutions jusqu’à la fi n heureuse où le petit carré est entré dans l’école des ronds avec une porte devenue carrée.

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À travers la symbolique, on va plus loin que les explications : on arrive à faire bouger ce qu’on ressent et ce qu’on pense. À la fi n du livre, le monde n’est plus comme au début du livre : on a grat-té des petits bouts de rien et il a bougé, on est passé d’un monde où beaucoup de formes de handicap n’étaient pas admises dans son cadre conformiste à un monde où il est intégré à son fonctionne-ment et en tout cas mieux compris.Avec Petit carton, j’ai joué sur ce que le carton pouvait offrir comme possibili-tés à l’imagination pour évoquer la vie des personnes sans domicile fi xe. Petit carton vit dans la rue, il s’invente des jeux avec son carton pour s’échapper. Où Léon rêve raconte la même histoire en approfondissant la démarche qui mène au symbole du petit carton.Avec Ubu, j’ai repris le symbole des ronds, du grand rond qui dévore tout (Jérôme tourne les pages du livre en racontant) au fur et à mesure qu’il ren-contre d’autres ronds, il les avale et plus il devient gros plus il devient gris et noir.. Jusqu’à exploser… de pleins de ronds de couleurs. J’ai repris en fait le poème de Martin Niemöller*, tu connais ? À la fi n, j’ai choisi d’ouvrir l’histoire.Je n’ai rien dit. « Quand ils sont venus chercher les communistes,Je n’ai rien dit, je n’étais pas communisteQuand ils sont venus chercher les syndi-calistes,Je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicalisteQuand ils sont venus chercher les juifs,Je n’ai rien dit, je n’étais pas juifQuand ils sont venus chercher les catho-liques,Je n’ai rien dit, j’étais protestant...... Puis ils sont venus me chercher,Et il ne restait plus personne pour dire quelque chose »

Notre façon d’accueillir, que nous devons changer, est une thématique que je re-prends encore et toujours dans Le cœur enclume (cellule personnelle et familiale), dans Les Mohamed (un pays), L’étrange (les migrants) et qui trouve sa fi nalité dans Surfman.Pour Le cœur enclume, qui raconte l’arrivée de Sara, née prématurée et trisomique, qui parle des émotions qui traversent les parents, peur, colère,

tristesse, remises en question, apprivoi-sement, pour cette histoire qui est aussi la mienne, celle de mes fi lles et de ma compagne, j’avais besoin de personnifi er mes personnages sans pour autant les défi nir physiquement, naturellement je les ai choisis tout en rondeurs et douceur.Je me laisse guider par mon crayon, mais c’est vraiment la colère qui m’en-traîne d’histoire en histoire… le déclen-cheur pour dessiner Les Mohamed fut avant tout la colère. Quand j’écrivais et dessinais Le cœur enclume, je me préparais déjà pour Les Mohamed, je faisais des parallèles avec l’histoire de Yamina Benguigui. D’ailleurs, dans ma première version, Les Mohamed avaient ces « masques » plutôt ronds, je les ai allongés ensuite, pour leur donner cette symbolique située dans plus de dureté : c’était à l’époque des grandes envolées de Sarkozy sur les Roms et des réactions entendues autour de moi, comme par exemple : « C’est vrai, ça, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! »

Ils m’évoquent un peu Maus, d’Art Spiegelman...Oui, ou Marjane Satrapi (Persepolis, NDLR).Il se trouve qu’à Voiron une famille « sans papiers » était menacée d’expulsion. J’ai été sensible à cette situation, j’ai ren-contré cette famille, puis d’autres, des associations, des policiers, j’ai recueilli des témoignages et ma main a fait le reste : L’Étrange est né. Un homme qui a quitté son pays natal pour tenter l’aven-ture dans un pays supposé plus prospè re, mais dont il ne parle pas la langue, déra-ciné, seul sans papier. Il est ce qu’on ap-

pelle « un é trange ».En même temps, c’était aussi la pé-riode de la montée du FN et des idées d’extrême droite, reprises par Sarkozy d’ailleurs, il y avait eu le Tsunami de 2004 dans l’Océan Indien, force de symbole qui s’est invitée dans le cheminement créatif autour de la question que je me posais : dénoncer la

vague bleue marine, ce tsunami d’idéo-logie basée sur l’intolérance et le rejet du « différent », mais comment sans être ni moralisateur ni alarmiste ? Et pourquoi ? Comment faire prendre conscience des dangers sans incriminer ?Et le FN qui monte, qui monte, le dis-cours qui se tend ! Comme une boutade un soir j’ai déclaré à Isabelle** : il n’y a plus qu’un super-héros qui peut nous sortir de là ! Surfman sur la vague bleue marine ! Je devrais en faire une BD…L’idée a cheminé : la vague c’est nous qui la nourrissons avec nos peurs. Et lui, Surfman, il surfe sur la vague, car il ne l’alimente pas et donc la vague va mourir sous lui et pas l’inverse. Et si c’est démultiplié, ce n’est pas si bête ! Et, tout de suite, l’idée de l’affi che à coller par-dessus les affi ches du FN est née ! Le discours hyper raisonné n’a plus de prise aujourd’hui : un autre biais pour toucher les consciences, c’est de créer une fi ction en appelant aux émotions, à l’imaginaire, pour ouvrir une porte, pour parler et laisser libre cours aux consciences.J’ai alors eu l’idée de créer un univers « cartoon », d’avoir des codes qui dé-calent de la réalité pour mieux la faire ressentir. D’abord, je voulais travailler en noir et blanc, au crayon papier avec juste le bleu de la vague. Puis j’ai introduit à mi-narration le orange, que j’avais réser-vé à la dernière page, celle qui ouvrait sur l’espoir. La couleur orange s’est en effet imposée petit à petit comme la couleur complémentaire.Bien sûr, Surfman n’existe pas, même en tant que super héros : ce n’est pas un homme politique « sauveur » par

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AU CINÉMA« Chez nous »

DE LUCAS BELVAUX, AVEC EMILE DEQUENNE, ANDRÉ DUSSOLIER, GUILLAUME BOUIX

Synopsis : Pauline, infi rmière à domicile, entre Lens et Lille, s’occupe seule de ses deux enfants et de son père ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l’aiment et comptent sur elle. Profi tant de sa popularité, les

dirigeants d’un parti extrémiste vont lui proposer d’être leur candidate aux prochaines municipales.Ce long métrage a déjà fait polémique avant même sa sortie en salles le 22 février 2017 ! Le 30 décembre, Steeve Briois tweetait : « Pauvre Marine Le Pen, caricaturée par ce pot à tabac de Catherine Jacob ! Un sacré navet en perspective ! ». Le 1er janvier, Florian Philippot déclarait que le fi lm était « une honte », un « joli navet clairement anti Front National ».« Chez nous » raconte l’enrôlement d’une infi rmière habitant le nord de la France dans un parti d’extrême droite, le « Bloc patriotique », dont les points communs avec le Front national sont effectivement nombreux, à commencer par le carré blond de la présidente du parti fi ctif, interprétée par Catherine Jacob. Mais la volonté du réalisateur va au-delà de la volonté de dénoncer un parti pas comme les autres, fondé sur la haine et le mépris humain, il cherche à faire réfl échir et réagir les électeurs et citoyens que nous sommes tous en décortiquant sans le juger le chemin qui mène de l’indifférence politique à l’intolérance et l’embrigadement.Lucas Belvaux a réagi dans 20minutes : « Ce qui m’amuse dans la réaction de Philippot et de Steeve Briois [vice-président du FN et maire d’Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais], c’est qu’ils me taxent de caricature, alors que mes personnages sont moins caricaturaux qu’eux. La brutalité de leur discours m’a surpris », conclut le cinéaste. Dans l’émission Bourdin-Direct sur RMC/BFMTV, le réalisateur belge a déclaré « C’est une polémique à peu de prix qui évite le débat sur le fond du fi lm. Ce n’est pas tant un fi lm anti-FN qu’un fi lm sur le discours populiste et sur comment les gens s’engagent en politique. Ce sont les électeurs qui m’intéressent, pas les partis politiques. »

exemple. Surfman c’est nous tous. Ce sont les femmes et les hommes engagés. On dit souvent de moi que je suis enga-gé, non. L’engagement c’est des luttes, des actions auprès des personnes sans papiers, sans droits, pour la Paix, que sais-je... Et donc, que nous dit Surfman ? Que la démocratie c’est vivre ensemble dans un endroit défi ni. Aujourd’hui, on est prêts à confi er la Démocratie à quelques hommes politiques « Sau-veurs ». C’est à nous, à tous les niveaux, si petits soient-ils, comme notre mode de consommation, de ne pas alimenter la vague. Recouvrir une affi che du FN avec Surfman, c’est symboliquement affi cher qu’on est un citoyen contre la vague, qui prend ses responsabilités.À la fi n du livre, une affi che invite le lecteur à agir lui aussi contre la Vague. Devenez, vous aussi, un super-héros ! L’affi che de Surfman est disponible en téléchargement gratuit.

Merci à Jérôme Ruillier, Isabelle Carrier et leurs deux fi lles Anouk et Mona pour leur accueil convivial et chaleureux, leur disponibilité et le beau voyage au cœur d’une œuvre qui nous a été offert.Merci à Caterina d’avoir permis cette belle rencontre.

*Pasteur, Président des Églises réformées de Hesse-Wassau. Partisan de l’arrivée d’Hitler puis résistant. Déporté à Dachau de 1938 à 1945** Isabelle Carrier, auteur-illustratrice notamment de « 1, 2, 3, Plouf ! », « Chacun sa couleur », « Losange-voyageur », « La petite casserole d’Anatole »

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