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Page N° 1/11 Jean-Claude Villant Aliénor d’Aquitaine janvier 2011 [email protected] http://www.alienor-pertuis.fr/ De l’usage du tapis de Loge Mes TTCCSS, mes TTCCFF, Je vais commencer par vous donner deux définitions du tableau de Loge. Pour les obédiences, du point de vu administratif, c’est la liste des membres d’une Loge, c’est un document profane qui sert à faire entrer des sous dans les caisses. Du point de vu ésotérique, voici ma définition ; c’est une gravure qui représente un certain nombre d’hiéroglyphes et d’emblèmes qui sont les principaux symboles du grade auquel se déroulent les travaux. Il représente toute une architecture et sa perfection symbolique nous imprègne et nous incite à la réflexion. Le tapis de Loge est un tableau déposé au milieu de la Loge et éclairé par trois chandeliers. Ceci est une caractéristique des rituels de type Moderne, c'est-à-dire des héritiers de la Grande Loge de Londres et des constitutions d’Anderson. Les trois lumières sont le soleil, la lune et le maître de la Loge. La colonne J est celle des apprentis. Les pas se font en démarrant du pied droit. Dans les rituels de type Antients, le tableau est placé devant le plateau de second surveillant, au milieu de la colonne du midi. Ce sont les héritiers de Laurence Dermott. Le livre de référence est Ahiman Rezon. Les trois grandes lumières symboliques de la Franc-Maçonnerie sont le Livre de la Loi Sacrée, l’Equerre et le Compas. La colonne B est celle des apprentis. Les pas se font en démarrant du pied gauche. Quand on entend certain maçons pseudo historiens, on retient, que des temps les plus anciens les maçons, même les plus analphabètes, se réunissaient dans la loge pour apprendre, dessiner, analyser et comprendre les hiéroglyphes. Il n’en est rien comme je vais vous l’expliquer maintenant. Je vais me servir de 3 documents authentiques et bien identifiés, 2 documents anglais et un français. 1730 la maçonnerie Disséquée de Samuel, la plus ancienne divulgation complète, avec le grade de Maître, connue à ce jour. De la gravure de Picart datée de 1735. Du rituel de G.H. Luquet des années 1742-1745. La maçonnerie disséquée 49 D. Avez-vous des Lumières dans votre Loge? R. Oui, trois. 50 D. Que représentent-elles? R. Le Soleil, la Lune et le Maître Maçon. Ces lumières sont trois grandes chandelles placées sur de hauts chandeliers. 51 D. Pourquoi cela ? R. Le Soleil pour gouverner le Jour, La Lune, la Nuit et le Maître Maçon sa Loge.

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Jean-Claude Villant Aliénor d’Aquitaine janvier 2011 [email protected] http://www.alienor-pertuis.fr/

De l’usage du tapis de Loge

Mes TT∴ CC∴ SS∴, mes TT∴ CC∴ FF∴,

Je vais commencer par vous donner deux définitions du tableau de Loge.

Pour les obédiences, du point de vu administratif, c’est la liste des membres d’une Loge,

c’est un document profane qui sert à faire entrer des sous dans les caisses.

Du point de vu ésotérique, voici ma définition ; c’est une gravure qui représente un certain

nombre d’hiéroglyphes et d’emblèmes qui sont les principaux symboles du grade auquel se

déroulent les travaux. Il représente toute une architecture et sa perfection symbolique nous

imprègne et nous incite à la réflexion.

Le tapis de Loge est un tableau déposé au milieu de la Loge et éclairé par trois chandeliers.

Ceci est une caractéristique des rituels de type Moderne, c'est-à-dire des héritiers de la Grande

Loge de Londres et des constitutions d’Anderson. Les trois lumières sont le soleil, la lune et le

maître de la Loge. La colonne J est celle des apprentis. Les pas se font en démarrant du pied

droit.

Dans les rituels de type Antients, le tableau est placé devant le plateau de second surveillant, au

milieu de la colonne du midi. Ce sont les héritiers de Laurence Dermott. Le livre de référence

est Ahiman Rezon. Les trois grandes lumières symboliques de la Franc-Maçonnerie sont le

Livre de la Loi Sacrée, l’Equerre et le Compas. La colonne B est celle des apprentis. Les pas

se font en démarrant du pied gauche.

Quand on entend certain maçons pseudo historiens, on retient, que des temps les plus anciens

les maçons, même les plus analphabètes, se réunissaient dans la loge pour apprendre, dessiner,

analyser et comprendre les hiéroglyphes. Il n’en est rien comme je vais vous l’expliquer

maintenant.

Je vais me servir de 3 documents authentiques et bien identifiés, 2 documents anglais et un

français.

1730 la maçonnerie Disséquée de Samuel, la plus ancienne divulgation complète, avec le grade

de Maître, connue à ce jour.

De la gravure de Picart datée de 1735.

Du rituel de G.H. Luquet des années 1742-1745.

La maçonnerie disséquée 49 D. Avez-vous des Lumières dans votre Loge?

R. Oui, trois.

50 D. Que représentent-elles?

R. Le Soleil, la Lune et le Maître Maçon.

Ces lumières sont trois grandes chandelles placées sur de hauts chandeliers.

51 D. Pourquoi cela ?

R.

Le Soleil pour gouverner le Jour, La Lune, la Nuit et le Maître

Maçon sa Loge.

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52 D. Avez-vous des lumières fixes dans votre Loge ?

R. Oui.

53 D. Combien?

R. Trois.

N.B. Ces lumières fixes sont trois fenêtres, Qu’on suppose (mais ce n’est pas le

toujours le cas) se trouver dans toute salle où une Loge est tenue, mais plus

exactement les quatre points cardinaux conformément aux antiques règles de la

Maçonnerie.

54 D. Comment sont-elles disposées ?

R. L’Est, au Sud et à l’Ouest.

55 D. Quel est leur usage ?

R. Eclairer les hommes lorsqu’ils vont au travail, lorsqu’ils y sont, et

lorsqu’ils en reviennent.

56 D. Pourquoi n’y a-t-il pas de lumière au Nord?

R. Parce que le Soleil n’envoie aucun rayon à partir de cette région.

57 D. Où se tient votre Maître ?

R. A l’Est.

81 D. Avez-vous votre Maître aujourd’hui

R. Oui

82 D. Comment était-il vêtu ?

R. D’une veste jaune et d’une culotte bleue.

N.B. La veste jaune est le compas et la culotte bleue les pointes d’acier.

Cercle d’Etude et de Recherche « Le Jardin d’Akademos »

La réponse au N° 82 est une petite astuce, comme adorent les Maçons en général et les

Anglais en particulier. A travers le symbole on dit quelque chose d’autre. Ici le Maître est le

compas. Et par le Maître on remonte au Grand Architecte de l’Univers, à Dieu. On peut se

rappeler ces belles représentations qui montrent le Grand Architecte de l’Univers qui trace

le plan à la surface du monde en tenant le compas. La main qui le tient est en forme

d’équerre.1

Ce Maître est la symbolisation du Grand Architecte de l’Univers et non pas du Maître de

Loge, bien qu’il le recouvre aussi. En effet, le Maître de Loge est dans sa Loge comme Dieu

est dans l’Univers. Car il y a le recouvrement des symboles. Avec ses bas bleus et sa veste

jaune il peut être considéré comme le Maître.

Le compas est extrêmement important. On a souvent l’occasion de présenter les très beaux

compas de charpentier. Le compas, qui sert à symboliser le Grand Architecte de l’Univers,

peut avoir une représentation humanoïde, comme ici, ou comme le compas de mesure, qui

sert à mesurer des épaisseurs, qui s’appelle « maître à danser ».

1 Voir le dessin de William Blake intitulé "Le Grand Architecte de l'Univers".

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Le compas évoque la figure humaine avec les jambes, et la tête. C’est une assimilation, d’où

la notion de bas bleus et de jaquette. Le jaune évoque le laiton et le bleu l’acier. Voilà pour

ce qui est des couleurs qui ne sont pas symboliques, mais liées à l’outil.

83 D. Pendant combien de temps servez-vous votre Maître ?

R. Du lundi matin au samedi soir

84 D. Comment le servez-vous ?

R. Avec la craie, le charbon de bois et la terrine.

Cercle d’Etude et de Recherche « Le Jardin d’Akademos »

Le troisième élément cité n’est pas une terrine. Pour la plupart des commentateurs c’est le

balai. Mais pas un balai de végétaux (le plus souvent en genêt, en anglais "broom"). C’est un

balai à franges (en anglais "mop"). L’usage de ce balai à franges était dans les pratiques de

l’époque. Il était normal de nettoyer le sol et d’enlever les traces de craie avec ce balai. Mais

pas les traces faites au fusain, qui s’effacent très difficilement.

85 D. Que désignent-i1 ?

R. Liberté, Ferveur et Zèle.

Cercle d’Etude et de Recherche « Le Jardin d’Akademos »

« Liberté, Ferveur et Zèle » ? Aucun des nombreux auteurs consultés, comme Harry CARR

ou Bernard JONES ne donnent une raison précise vraiment convenable pour associer ces

trois vertus avec les trois éléments. Et ceci nous amène à penser, comme c’est souvent le cas

quand on procède à l’étude de documents anciens, que cette réponse est destinée à soutenir et

à mettre en évidence quelque chose, à attirer l’attention sur quelque chose qui serait trop

compliqué et qui soulèverait des questions.

D’ailleurs il faut remarquer qu’il y a une sorte de rupture entre ce qui a été dit précédemment

avec l’évocation du Grand Architecte de l’Univers et la notion qui suit qui est totalement

professionnelle :

Q. : « Pendant combien de temps servez-vous votre Maître ? »

R. : « Du lundi matin au samedi soir ».

Cette réponse n’est pas cohérente avec ce qui a été dit avant. En effet, si le dimanche est le

jour du Seigneur, ce serait plutôt le dimanche qu’il devrait être servi. Alors le passage N° 48

doit comporter quelque chose qui se réfère au professionnel et non au Grand Architecte de

l’Univers.

Dans tout cela, il n’y a rien qui fasse penser à un tableau, je pense plutôt au jeune qui sur les

chantiers approvisionne et nettoie.

Gravure de Picart Dans la gravure de Picart datée de 1735 on voit bien les deux tables en Equerre autour duquel

les frères se réunissaient on voit bien les chandeliers sur la table, il n’y a rien au sol.

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Grande Loge de Londres Picart 1735

Rituel de Luquet

Ce rituel en usage au XVIIIe siècle est la copie d'un rituel ancien transcrit en français moderne

par G.H. Luquet. Le manuscrit n'était pas daté, mais plusieurs indices permettent de tenir pour

certain qu'il a été écrit au plus tard en 1745, et, par suite, d'y reconnaître une des plus anciennes

rédactions françaises du Rituel de Compagnon, que ce soit la copie d'un cahier préexistant ou

plutôt -ce que je crois- la mise en écrit par un Frère de ce qu'il avait vu en Loge. De toute façon,

il échappe au soupçon, peut-être insuffisamment justifié, de déformations, involontaires ou

voulues, auquel donnent lieu les «divulgations» imprimées à la même époque.

72 D - Qu’ordonna le V∴ M∴

R – De me faire mettre les pieds en Equerre et de me faire parvenir à lui par trois

grands pas en partant de l’occident à l’Orient

La Loge est tendue comme celle d'apprenti à l'égard du Trône et de la décoration. Dans ce grade,

le sol montre l'étoile flamboyante, la seconde colonne du temple, la pierre cubique à pointe, les

sept marches du temple. On ne fait l'explication de ces choses qu'après la réception. Ces figures

qui ne vous sont point connues vous seront expliquées.

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«Cette colonne qui porte la première lettre du mot qui vient de vous être confié est celle où

étaient payés les Compagnons et où ils renfermaient leurs outils. Cette pierre cubique à pointe

était celle sur laquelle ils les aiguisaient. Les sept marches que vous avez montées sont pour

vous faire connaître que vous êtes au nombre de ceux qui travaillent au-dedans du temple (Note

J.C.V. dans la Loge, nous verrons tout à l’heure le pourquoi.)

Dans les 2 premiers documents, il n’y a ni tapis, ni tableau de Loge, c’est clair. Dans le rituel

Luquet, on trouve Les Colonnes, la pierre cubique à pointe et les 7 marches, sans pouvoir les

situer dans la Loge, n’est-ce pas l’embryon du tapis de Loge surtout quand on a découvert la

premier tapis de Loge daté de 1742, connu à ce jour en France. Voir le doc 2.

Secret des Francs-Maçons en 1742. Nous reproduisons ici le premier tableau de Loge des grades d'Apprenti et

de Compagnon probablement jamais révélé au grand public français.

De ce petit exposé nous pouvons conclure que dans l’état des connaissances actuelles, le

tapis de Loge apparaît en France vers les années 1742

A quoi sert ce tapis de Loge ? Pour ce faire nous allons nous servir de 4 Rituels de base

Moderne, et de 2 tapis : celui d’Aliénor d’Aquitaine avec un tapis daté 1751 et le rituel de

Stricte Observance avec un tapis du milieu des années 1760.

Lors de l’initiation d’un profane, après les 3 voyages autour de la Loge, l’impétrant fait 3 pas

en ligne droite pour aller à l’Orient. Voici ce qui est écrit dans trois rituels que nous

qualifierons de Traditionnel Français

L’Heureuse Alliance de la ville d’Uzerche vers 1780

Le Maître des cérémonies campe le candidat en maçon et luy fait faire les 3 pas, luy fait saluer le Vénérable, luy donne le maillet et le fait frapper 3 coups ainsi sur la pierre brute.

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Londres 1751

Rituel Bonseigneur sous la présidence du Duc de Clermont 1744/1761 Le Vénérable Maître ordonne de lui faire marcher les trois degrés du Temple et de le faire

avancer vers l'autel en Apprenti; y étant arrivé, on lui fait mettre le genou droit en terre, la main

droite sur l'Evangile, et, de l'autre, il tient un compas sur la mamelle gauche.

Aliénor d’Aquitaine

Le F∴ Grand Expert, l’épée nue et pointe basse, fait placer le profane à la base du Tableau de la

Loge, dans sa moitié Nord, Les Trois Grands Pas se font, en partant du pied droit et en

assemblant, au sol, toujours le pied gauche en équerre, le talon gauche derrière le talon droit

Dans ces trois rituels le nouvel initié se rend à l’Orient par trois grand pas à côté du tapis qui

n’entre aucunement dans la cérémonie. Le tapis est au centre de la Loge, il est le rappel

permanent de nos principaux hiéroglyphes, emblèmes et symboles comme nous l’enseigne

l’orateur dans notre rituel.

Le tableau, comme la Loge dont il est l'image, a la forme d'un rectangle.

Il est exactement orienté de l'Orient à l'Occident, et du Midi au Septentrion, c'est-à-dire

au Nord.

La Loge est la représentation de l'Univers, n'a aucune limite connue dans aucune de ces

directions, non plus qu'en hauteur, ni en profondeur.

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Mais comme pour des raisons pratiques, nous sommes obligés de nous réunir dans un

édifice, trois fenêtres laissent symboliquement pénétrer la lumière des grandes lumières

auxquelles elles correspondent.

Près de ces trois fenêtres sont les objets symboliques que nous nommons les trois bijoux

immobiles : - tout d'abord la Pierre brute que vous avez déjà appris à dégrossir. Sachez

bien que cette Pierre brute n'est autre que vous même et que ce sont tous les défauts de votre

caractère qu'il faut dégrossir patiemment, à l'aide du Maillet et du Ciseau.

- vous apprendrez aussi à reconnaître la Pierre cubique à pointe et la Planche à tracer.

La Loge comprend trois bijoux mobiles : - l'Equerre que porte le Maître de la

Loge. - le Niveau que porte le 1er

Sur∴ placé près de la colonne du Midi. - la

Perpendiculaire que porte le 2nd

Sur∴ placé près de la colonne du Nord, la vôtre.

Toute Loge Traditionnelle est décorée de trois ornements : - la Houppe dentelée,

terme qui désigne à la fois la belle bordure dentée blanche et noire qui entoure le tableau, et

la très harmonieuse suite d'entrelacs qui sont désignés par le nom significatif de "Lacs

d'Amour". - le Pavé mosaïque qui est placé à l'Occident. - l'Etoile Flamboyante qui

est l'emblème du Maître de la Loge.

Allemagne dans les années 1760

Maintenant voyons le rituel de Stricte de la même période 1764 et de rituélie Moderne.

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Observons le Tapis de Loge, nous y voyons un certain nombre de symboles connus, ce n’est

pas le sujet de ce jour. Nous y voyons des marches qui mènent à une grande porte fermée,

sur les côtés 2 portes ouvertes et à l’est une petite porte fermée.

Accompagné par le Maître des Cérémonies, il lui (à l’impétrant) fait faire un tour de la

Loge en commençant par le côté nord et passant derrière SS∴ & FF∴ qui forment la Loge.

Il le fait ensuite s’arrêter à mi-chemin entre la porte de la Loge et le tapis, face à l’orient. M∴ de Loge Comment vous nommez-vous ?

Le candidat répond à chaque question.

Le Maître attend la réponse avant de passer à la question suivante.

M∴ de Loge Quel est votre âge ? Quelle est votre religion ? Où êtes-vous né ? Quelle est votre profession ?

Où vivez-vous ?

Après cette dernière réponse, le Maître continue :

M∴ de Loge Monsieur (Madame), je vous dis que si vous êtes ici poussé par cette insurmontable pulsion d’exécuter tout ce qui est de

mode, et pas uniquement pour le motif d’être introduit dans une fédération où se sont réunies de nombreuses personnes sensées, le fait d’être

venu ici ne récompensera pas votre curiosité comme vous le pensez.

L’Ordre n’agirait pas sagement en dévoilant ne fût-ce qu’une infime partie de ses secrets à un nouveau venu qu’il ne connaît pas bien.

Mais, peut-être, avez-vous été incité à cette entreprise en sentant en vous une résistance, sans agir en votre propre conscience en

entrant dans notre Ordre.

S’il subsiste encore un doute en vous, je vous recommande de me le faire savoir ouvertement.

Car rien n’est encore fait, rien n’est commencé.

Si vous deviez déjà le regretter, nous vous reconduirions au premier lieu où vous avez été accueilli et vous rendrons votre liberté.

Nous vous promettrions un silence total.

Nous oublierions même que vous avez pu entrer un jour par hasard ici.

Même votre nom ne serait plus prononcé dans notre équitable réunion.

Je vais vous laisser quelques temps à vos pensées.

Examinez-vous avant de prendre une décision, car s’engager par une blâmable curiosité ou une pure indiscrétion dans un monde

inconnu est dangereux ; mais la peur de ne pas aller au bout d’une chose commencée est déshonorante.

Donc, examinez votre conscience. Quelques secondes de silence.

M∴ de Loge Qu’avez-vous décidé ?

Le candidat répond.

M∴ de Loge 2nd Sur∴, faites-le entrer.

2nd Sur∴ fait avancer le candidat sur le tapis et placer les deux pieds sur les traces de

pas.

M∴ de Loge A l’ordre, mes SS∴ & FF∴

SS∴ & FF∴ tracent le signe d’ordre en entier et le terminent en claquant la main droite

sur l’habit. Ensuite, ils regagnent leur place en silence.

2nd Sur∴ prend le pied gauche du candidat et le pose sur la porte gauche (du nord).

Il lui prend ensuite le pied droit et l’amène contre le pied gauche, puis de la même façon, le

pied droit et le gauche sur la porte droite (du sud), et de nouveau le pied gauche puis le pied

droit sur la porte d’Orient. Ensuite, il le fait avancer jusqu’au plateau du Maître et lui

fait mettre le genou droit sur le coussin.

M∴ de Loge Donnez-moi votre main droite. Il prend la main droite du candidat et la pose sur le cinquième verset du prologue de

l’Evangile selon Saint-Jean en disant: Le livre sur lequel vous posez la main est le livre des Saintes Ecritures.

2nd Sur∴ récupère son épée, prend le compas et le fait tenir de la main gauche du profane, pointe sur le cœur.

Le premier voyage se fait autour des frères qui forment la Loge, il se fait donc à l’extérieur.

Lors de son premier pas notre candidat tombe sur une porte fermée, l’accès des locaux lui est

interdit. Il essaie de rentrer côté nord, il y parvient mais ressort immédiatement côté sud.

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Souvenons nous les colonnes étaient sur les parvis du temple, ensuite il y avait le porche et

enfin le temple en plusieurs espaces. Regardez bien le frère vient de traverser le porche, au

nord ouest duquel était la Loge.

Orateur Il est naturel, mon Frère (ma Sœur), que tous les objets qui nous étaient auparavant inconnus attirent notre

curiosité. Déjà, en venant au monde, nous regardions et découvrions les choses avec étonnement et émerveillement. Tout ce qui nous

était inconnu attisait notre curiosité et notre soif de nous instruire amenait telle ou telle question à laquelle nous voulions une réponse concrète.

C’est exactement dans cet état d’esprit que vous vous trouvez maintenant, mon Frère (ma Sœur).

Une obscurité vous voile la lumière qui nous éclaire. Nous le découvrons maintenant.

Cela seul déjà, nous permet d’en connaître les propres raisons et leur signification.

Après la préparation à laquelle vous vous êtes soumis et à la cérémonie qui a pu vous paraître bizarre, vous vous demandez quels pourraient en

être réellement les raisons et les motifs.

C’est de cette manière qu’en un moment donné on entreprend telle ou telle chose sans qu’il y ait pour autant une raison. Ceci est valable

pour toutes les coutumes.

Il y va de même pour le plus petit trait qui se trouve sur ce tapis. Leur signification nous vient de la plus haute antiquité. Puisqu’il ne

m’est pas permis, en ce jour de votre entrée dans l’Ordre, de vous ôter totalement le voile du visage, je veux toutefois, en suivant les ordres de

notre Vénérable, et selon les circonstances vous apporter quelques explications.

Nous vous conduisons tout d’abord dans une salle calme et isolée où vous êtes aussi bien éloigné de ceux dont vous êtes proche que de ceux qui

vous sont lointains. De ce fait, nous vous demandons de bien vouloir réfléchir mûrement dans le calme et en tout repos, sans emportement ni

fougue, dans un esprit ouvert et sans idée préconçue, qui doit être le propre de celui qui va tout examiner, juger et méditer avant de se décider à

un certain acte.

Le mal a autant son bon côté que le bien peut avoir son mauvais côté, ce qu’un maçon doit savoir parfaitement percer à jour.

Les questions que vous allez en premier lieu vous poser sur vos propres raisons personnelles, le motif qui vous amène à vous engager dans

l’Ordre, vos opinions quant aux obligations de l’Ordre doivent nous assurer de votre détermination, car nous devons bien connaître celui que

nous allons incorporer dans notre société, sonder ses intentions, ses arguments, tout comme nous devons d’abord être sûrs qu’il se soumettra à

nos devoirs avant même que nous risquions à les lui dévoiler.

On vous a demandé encore si vous vouliez bien vous soumettre aux habitudes de notre Ordre ?

Cette question est l’une des plus importantes mais aussi la plus nécessaire chez nous car la promesse que vous avez faite est la vraie garantie

d’un silence absolu sur nos coutumes.

On exige la remise de votre épée comme preuve de votre obéissance envers vos Supérieurs.

Cette obéissance est l’un des premiers devoirs ainsi qu’un des principes fondamentaux de notre société.

Vous avez été déshabillé et on vous a dépouillé de tous métaux : argent, or, trésors sont des choses superfétatoires qui sont exposées à

l’altération et aux revirements de la fortune.

Tout ce qui est soumis aux hasards et aux changements extérieurs ne peut rien apporter à notre vrai bonheur.

Nous vous avons donc dévêtu pour cette raison, nous vous avons laissé à votre solitude, afin que seul vous recherchiez en vous-même et

cherchiez au plus profond de votre âme votre unique bonheur.

On vous a bandé les yeux et l’on vous a remis entre les mains d’un guide inconnu après s’être assuré de votre situation exacte : naissance et

qualité civile sont certes secondaires pour celui à qui l’on permet d’entrer dans notre lieu saint.

Seuls la soumission, le dévouement à notre Ordre nous imposent d’être prudents dans notre choix.

Les portes ne doivent être ouvertes qu’à la vertu et aux réelles et nobles qualités du cherchant.

L’obscurité dans laquelle vous vous êtes trouvé lors de votre entrée doit rappeler la sombre situation de toutes les choses avant que vous n’ayez

été éclairé par une céleste lumière.

L’assurance avec laquelle on vous a conduit est la preuve que vous n’aviez rien à craindre dans un temple où cette même obscurité est illuminée

par une lumière dissimulée qui rend sûr le sentier du voyageur.

Vous avez dû faire votre voyage dans l’obscurité, symbole de votre aveuglement quant aux buts réels de l’Ordre.

Vous avez prononcé une promesse volontaire et solennelle.

N’effacez jamais cela de votre mémoire.

Soyez assuré que la stricte observance de ceci vous apportera amis et protecteurs, mais que le contraire vous affrontera à des ennemis puissants

et vengeurs.

Vous avez ensuite découvert la lumière et avec elle une flamme vive qui s’est vite consumée.

Cela doit vous faire penser à la clarté de toutes les splendeurs de ce monde, tirées de la poussière et qui, brillant à peine de tous leurs feux,

retournent déjà au néant.

C’est enfin sur les trois coups frappés par notre Maître que vous avez été reçu en tant qu’Apprenti et c’est à lui que vous avez demandé la remise

de votre épée.

Ces trois coups doivent imprégner votre cœur du respect de vos devoirs.

Poursuivez votre chemin dans la vénération sacré du grand Créateur.

Soyez respectueux de votre pays et prouvez-lui votre attachement, mais observez dévouement et amour envers l’Ordre et envers vos SS∴ &

FF∴ ; vous découvrirez alors le jour où vous recevrez de votre Maître d’autres récompenses et il vous témoignera sa confiance déjà manifestée

par la remise de votre épée.

Je vais encore me tourner vers les hiéroglyphes de ce tapis.

Il est reconnu que c’est une vieille habitude de cacher des secrets sous le voile des images

que l’on nomme secrètement hiéroglyphes.

Nos ancêtres nous les ont fidèlement légués.

Dans ces hiéroglyphes, il n’y a pas le moindre trait inutile ; chaque trait a sa signification

appropriée.

Vous avez devant vous l’effigie du temple de Salomon.

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Cet édifice somptueux n’était pas simplement une merveille du monde par sa magnificence

extérieure mais l’emportait par la divinité qui l’habitait, sur tous les trésors architecturaux et

autres éblouissantes antiquités.

Un haut mur entoure cet édifice et des trois portes, deux uniquement sont ouvertes.

Toute cette œuvre est une figure de notre secret.

Le silence en interdit l’entrée aux inconnus et les portes ne sont ouvertes qu’à ceux qui

appartiennent à notre Ordre et qui n’en ont atteint l’entrée que par une régulière réception.

Dans tout l’édifice règne, en plus de la régularité, une beauté particulière.

Nous sommes nous-mêmes une illustration de cet édifice.

Voulons-nous être parfaits ?

Alors il faut que tous nos actes soient ordonnés selon la plus juste régularité.

Ici, nous découvrons la voûte du temple et une porte fermée.

Mais pour y parvenir, il nous faut monter sept marches.

Chez nous, c’est un chiffre très significatif.

Nous le comprenons par référence aux sept merveilles du monde et cela nous permet

d’approcher d’une manière significative de la vérité.

A l’entrée, nous trouvons deux colonnes.

Elles conduisent assurément au vrai secret.

Celle de gauche porte le nom de Jakin et j’attire votre attention sur elle, car lors de la

construction du temple, c’est ici que les apprentis recevaient leur salaire.

Ici encore, le pavé mosaïque, près de la balustrade décorée, symbole de la beauté, qui, par sa

très grande simplicité n’est pas loin de la régularité.

En haut, nous découvrons les deux plus grandes lumières terrestres : le soleil et la lune, qui

ont aussi leur signification.

Chez nous, c’est une vieille tradition que de couvrir nos réunions par l’obscurité de la nuit et

de cacher, par la sûreté de nos travaux, notre Loge à ceux qui n’y appartiennent pas.

Par ce seul exemple, nous montrons que nous devons mettre une garde autour de nos

cérémonies et que nous ne pouvons les exposer aux regards des profanes.

Le compas et la règle que nous trouvons ici expriment la régularité de notre construction.

L’équerre, le niveau et le fil à plomb représentent votre Maître et ses deux Surveillants.

Il est encore quelques hiéroglyphes.

En haut se trouvent les étoiles novénaires et l’hexagramme entouré de flammes ; en bas les

trois pierres, dont je ne peux vous donner encore la signification.

La houppe dentelée à nœuds que vous trouvez ici tirés montre la chaîne qui lie tous les

francs-maçons de la terre.

Tout le reste vous sera expliqué le moment venu.

Toutes nos connaissances s’accroissent progressivement, pas à pas, et lentement nous nous

rapprochons de la lumière qui aveuglerait nos yeux dès le moment où nous quittons

l’obscurité si nous la découvrions dans toute sa splendeur et dans tout son éclat.

Il n’est rien ici qui ne puisse vous donner lieu à réfléchir.

Exercez-vous dans cet endroit.

Percevoir les secrets est une noble école de sagesse.

Seul avec vos propres pensées, vous n’êtes sûr de rien.

Un cœur noble a aussi ses faiblesses mais trouver l’amour rend fier et conduit parfois à

d’autres erreurs.

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Jean-Claude Villant Aliénor d’Aquitaine janvier 2011 [email protected] http://www.alienor-pertuis.fr/

Ouvrez votre cœur à votre Maître ; faites-lui part de vos pensées ; confiez-vous à son autorité

et ainsi je ne doute pas que nos secrets, qui vous paraissent encore obscurs, feront place à la

lumière et que vous connaîtrez le jour où vous serez triplement joyeux lorsque vous aurez

atteint la plénitude de cette lumière.

Je vous souhaite de tout mon cœur beaucoup de bonheur au nom de notre vénérable Maître et

tous les SS∴ & FF∴.

Quelque soit le rituel et le tapis en aucun cas, vous ne rentrez dans le temple, même si celui

de Stricte Observance est un peu plus précis. Cela est conforme à notre cheminement

initiatique. L’apprenti est une pierre brute qu’il faut façonner pour qu’elle puisse s’intégrer

dans la construction du temple. Les francs-Maçons travaillent dans la Loge qui est située à

l’angle Nord-ouest du temple. Evitons de confondre, comme s’est souvent le cas Loge et

Temple.

Le tapis sous vos yeux est une véritable bible de l’enseignement Maçonnique, c’est un appel

permanent à la réflexion.

Je vous ai choisi ces deux tapis, parce qu’ils sont attachés à des rituels du milieu du 18ème

siècle et que je les connais bien jusqu’au plus haut. Pour mémoire création de la Stricte

Observance en 1751 par le baron von Hunt, 1751 Laurence Dermott crée une nouvelle

Obédience qui nomme des Antients et par dérision qualifie la maçonnerie Andersonnienne

de Moderne.

Pourquoi une différence d’enseignement dans ces 2 tapis ? Une fois de plus pour bien

comprendre notre Ordre, il faut se référer à l’histoire.

Le rite Moderne s’est construit à partir de la fin du 17ème

siècle, depuis l’Angleterre, d’abord

avec 2 grades, puis à partir du milieu des années 1720 le grade de Maître et la légende

d’Hiram, ensuite au milieu des années 1730 le grade de Maître Ecossais, à partir de 1740 il y

aura prolifération de grades complémentaires dit « hauts grades ».

Le rite de Stricte Observance est l’œuvre, avec quelques disciplines, du baron von Hund, un

défenseur des Stuart, reçu dans les hauts grades à Paris. Il veut donner à cet ordre l’esprit des

Chevaliers du Temple. Il commence par écrire le rituel le plus élevé : Chevalier du Temple,

et ensuite les rituels courts, concis, denses, complets qui amèneront le profane au grade

ultime.

Le tapis de Loge est une explication du cheminement qui amène à cette porte fermée à l’est

qui est peut-être la porte du temple intérieur.

Ce tapis de stricte Observance trace un chemin pour accéder au Nec Plus Ultra.

Au rite Moderne, cela ne s’impose pas. Méfions nous des apparences : je vais vous faire une

confidence. Sur ce tapis il y a des symboles dont vous n’aurez l’explication complète que si

vous accédez aux hauts grades.

Pour conclure, le rituel que vous pratiquez est surement le meilleur ou celui qui vous

convient le mieux, si vous voulez bien le comprendre, visitez d’autres rituels et essayez de ne

pas vous contenter des grades bleus.

J’ai dit Jean-Claude Villant