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LE MAGAZINE GRATUIT DE LA CROIX-ROUSSE ET DE CALUIRE N°24-OCTOBRE 2010 PORTRAIT LA VOYANTE DE LA CROIX-ROUSSE HISTOIRE LE TOMBEAU DU MARÉCHAL CASTELLANE la f i celle PALAIS SAINT-PIERRE DE L’ABBAYE AU MUSÉE PALAIS SAINT-PIERRE DE L’ABBAYE AU MUSÉE Ficelle24 7/10/10 15:59 Page 1

PALAIS SAINT-PIERRE DE L’ABBAYE AU MUSÉE …laficelle.com/wp-content/uploads/2014/04/24.pdf · troisième fois que je la préserve du courroux de mon fils, ... l’objet même

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LE MAGAZINE GRATUIT DE LA CROIX-ROUSSE ET DE CALUIREN°24-OCTOBRE 2010

PORTRAITLA VOYANTE

DE LA CROIX-ROUSSE

HISTOIRELE TOMBEAU

DU MARÉCHALCASTELLANE

la ficelle

PALAIS SAINT-PIERRE

DE L’ABBAYEAU MUSÉE

PALAIS SAINT-PIERRE

DE L’ABBAYEAU MUSÉE

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L a ficelle s’est consacrée à l’un des plus

anciens monastères français, dont il reste

une partie de la façade, rue Paul Chenavard.

L’abbaye Saint-Pierre est devenue un palais,

puis un musée. L’histoire de ce couvent est riche

en anecdotes.

La fenotte du mois se nomme Anne-Marie Coste et

assure avoir rencontré 19 fois la Vierge entre 1882 et 1883. Certaines de

ces apparitions se seraient déroulées à l’hôpital de la Croix-Rousse,

et dans une soupente de la rue Claude Joseph Bonnet. La rédaction

a retrouvé un dossier à ce sujet dans les archives de l’archevêché.

Il existe une petite chapelle, montée Castellane à Caluire, qui sert de

tombeau à un Maréchal du XIXe siècle. Le militaire voulait être enterré

à cet endroit qu’il affectionnait, face à la Saône et aux Monts d’Or.

La ficelle s’y est bambanée…

Bonne lecture !

Julie Bordet

É D I T OS O M M A I R E

La fenotte du moisAnne-Marie Coste

La voyantede la Croix-Rousse

La Ficelle s’en mêlePalais Saint-Pierre,

de l’abbaye au musée

La Ficelle se bambaneLe tombeau

du Maréchal Castellane

AgendaRendez-vous d’octobre

DessinOmbres de

la Croix-Rousse

la ficelleN°24 - Octobre 2010

Retrouvez La ficelle en téléchargement surwww.laficelle.com

Directrice de la publication Julie Bordet : 06 14 03 75 34

La Ficelle. 5 rue Belfort69004 LyonTél. 04 78 27 34 26 06 14 03 75 [email protected] Stagiaire : Nathalie Gillier

Impression : IPS (Reyrieux -01)Edité à 15 000 exemplaires

Distribution : SociétéGoliath, Lyon 1er

La ficelle SARLCapital : 8000 euros. Siège social :94 boulevard de la Croix-Rousse69001 Lyon. Objet social : éditionde publications de presse et desites InternetGérante : J. Bordet. RCS : 503 200 487 RCS LYON

Toute reproduction oureprésentation intégrale oupartielle par quelques procédésque ce soit, des pages et despublicités publiées dans laprésente publication, faite sansautorisation de l'éditeur est illiciteet constitue une contrefaçon.

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enotte du mois

la f

Portrait. A la fin du XIXe siècle, une jeune lingère croix-roussienne assure avoir rencontré19 fois la Sainte Vierge. Moins de trente ans après l’apparition de Lourdes. L’affaire n’ajamais été confirmée par l’Eglise, ni infirmée, mais il semble toutefois qu’elle ait eu quelquesretentissements…

Anne-Marie Coste

La voyantede la Croix-Rousse

Il existe un dossier dans les archives del’archevêché portant le nom : lavoyante de la Croix Rousse. Le dossier,

composé d’une douzaine de pièces,retrace quelques mois de la vie d’Anne-Marie Coste, jeune lingère de 21 ans. Lajeune fille est une habituée des séjours àl’hôpital de la Croix-Rousse depuis sonplus jeune âge. “A dix-huit ans, elle entraà l’Hôpital de la Croix-Rousse où lesmédecins la soignèrent, à la fois pour unemaladie de poitrine et une maladie des os.La colonne vertébrale atteinte, elle ne putmarcher que soutenue par un corset defer. Elle y resta plus de trois ans, sans seplaindre et en acceptant avec humilité lessouffrances qui lui étaient imposées.”*Son premier séjour à l’hôpital débute le 22juillet 1879 et se termine le 6 janvier 1882.Les deux séjours suivants sont pluscourts, environ deux mois pour ledeuxième et un peu moins d’un mois pourle troisième. Mais c’est lors du quatrièmequ’Anne-Marie prétend avoir sa premièreapparition. Elle était hospitalisée depuis le16 août 1882 pour une arthrite cervicale etun torticolis.

Mais c’est lors de sonquatrième séjour àl’hôpital qu’Anne-Marieprétend avoir sa premièreapparition. Elle étaithospitalisée depuis le 16août 1882 pour unearthrite cervicale et untorticolis.

“C’était le 6 novembre 1882 à l’Hôpital dela Croix-Rousse où j’étais rentrée depuisle 16 août. Je dormais profondément lors-que je me suis entendue appeler Anne-Marie. C’est mon nom de baptême maison m’appelle ordinairement Annette. Aumoment où je me réveillai, j’entendis son-ner 11h30. (…) Je vis une grande lumièreautour de mon lit, mais si brillante qu’au-cune clarté ne lui ressemble tant belle soit-elle. (…) Je vis une ombre se dresserauprès de moi. Je voulus crier, le cri expirasur mes lèvres. Cette ombre s’approchade moi et me dit : J’ai pris la forme souslaquelle tu aimes le mieux à m’invoquer ;et comme par un mouvement de je ne saisquoi je lui dis : c’est Notre Dame deFourvière ; elle me dit : oui. (…) Et elle medit : tu souffres beaucoup et bien je vienste consoler. (…) Elle portait l’enfant Jésus,dont je ne voyais la figure que de profil (…).Dans la main gauche, il tenait une grosseboule brillante (…) cette boule était sur-montée d’une croix marron qui était enta-mée en plusieurs endroits, comme avecun couteau. Dans sa main droite, la SainteVierge tenait une couronne blanche qui

Anne-Marie Coste

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n’avait aucun ornement sur le devant. (…)Au travers, il y avait quatre grosses fleursblanches, je ne me souviens plus d’enavoir jamais vu de semblables. La SainteVierge me dit : ces quatre fleurs, tu les asgagnées pour quatre choses. Je lui dis :ma bonne Mère, pourrais-je savoir quel-

les sont ces quatre choses ? Elle merépondit : ta grande confiance en moi,ton amour de la pauvreté, ta dévotion auxâmes du Purgatoire et ce qui m’est le plusagréable et qui me fait le plus plaisir, c’estque tu fais toujours la Volonté du Bon Dieu(…) Tu gagneras le reste par ta souffrance

et par les épreuves, mais bien plus par lesépreuves. Elles seront rudes mais cour-tes. (…) Ensuite elle me dit : il y aura desinondations bien nombreuses mais je pré-serverai Lyon, ma ville privilégiée, c’est latroisième fois que je la préserve du cour-roux de mon fils, mais ce sera la dernièresi l’on ne se convertit pas, je serai obligéede le laisser aller”**.A Lyon, le Rhône est monté jusqu’à 5,77mètres en décembre 1882. La ville n’a passouffert d’une inondation.

“Ensuite elle me dit : il yaura des inondations biennombreuses mais jepréserverai Lyon, ma villeprivilégiée, c’est latroisième fois que je lapréserve du courroux demon fils, mais ce sera ladernière si l’on ne seconvertit pas, je seraiobligée de le laisser aller”

Le manuscrit d’Anne-Marie Coste, provenant des archives de l’Archêvéché.

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enotte du mois

la fLa jeune lingère prétend avoir rencontré laVierge pour la deuxième fois le 2 janvier1883. Sur les conseils de son confesseur, lajeune fille raconte l’avoir aspergée d’eaubénite pour s’assurer qu’il ne s’agissait pasd’une illusion. “Elle me regarda et sourit”**.Lors de ce deuxième échange, Marie auraitréclamé que des neuvaines soient faitesdans toutes les paroisses : 9 Pater, 9 Ave et 9 fois l’invocation “Mèreabandonnée, priez pour nous, mère affligéepar des cœurs ingrats, priez pour nous”. Elleaurait également demandé que des médail-les soient frappées.Anne-Marie affirme avoir réclamé unepreuve de cette rencontre, à donner à sonconfesseur. “Elle me dit : si je te guéris-sais ?”**. Dans le dossier de l’archevêchéfigure un certificat de l’hôpital de la Croix-Rousse, daté du 2 janvier 1883, stipulantqu’Anne-Marie Coste est “complètementguérie de son torticolis”.De nombreuses autres apparitions auraientensuite eu lieu entre la soupente danslaquelle elle vivait, 26 rue Claude J.Bonnet(4e), un couvent à Gandris, et ses lieux detravail à Bellecour et à Vaise.

De nombreuses autresapparitions auraient ensuiteeu lieu entre la soupentedans laquelle elle vivait, 26rue Claude J.Bonnet (4e), uncouvent à Gandris, et seslieux de travail à Bellecour età Vaise.

Après sa guérison, Annette entre au couvent, mais en ressortrapidement pour s’occuper de son père malade. Elle y retourneen 1885 après la mort de ses parents et devient sœur Marie del’Eucharistie.L’Eglise est restée très prudente sur cette histoire. Dans une let-tre écrite à l’archevêque le 11 mars 1883, un prêtre du SéminaireSaint-Irénée montre son scepticisme à l’égard de la jeune fille :“je resterai donc en défiance à l’égard de celles-ci (les appari-tions, NDLR), les circonstances dans lesquelles elles se sontproduites. Le langage qu’on prête à la Sainte-Vierge, l’objetmême des apparitions, les secrets, les recommandations. Toutcela ne me paraît pas offrir les garanties suffisantes”.Quelques jours après cette lettre, Anne-Marie affirme avoir euune nouvelle apparition, sur son lieu de travail. Lors de cetteentrevue, la Vierge lui aurait demandé si les médailles étaientfrappées. Elle n’aurait rien répondu après la négation d’Anne-

Le manuscrit d’Anne-Marie Coste, provenant des archives del’Archêvéché.

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Marie. Mais lorsque la jeune fille, une nouvelle fois, lui demandeune preuve de sa visite, Marie lui aurait répondu que chaque per-sonne qui porterait la médaille serait comblée de bénédictions,que les malades seraient guéris, etc.Bizarrement, le dossier de l’archevêché ne contient pas d’exem-ple de médailles françaises, mais une médaille italienne. Il sem-ble que l’histoire de la croix-roussienne ait dépassé les frontiè-res… D’après une lettre de Louis de Cissey à l’archevêque le 12juin 1883, on peut supposer qu’elles ont été frappées, avec l’ac-cord de l’Eglise : “Un éditeur de médailles de Paris, auquel on ademandé beaucoup de médailles semblables à celle que portaitla Sainte Vierge dans son apparition du 9 janvier*** à Anne-Mariem’a prié de lui obtenir les détails les plus précis sur cette médaille,détails qu’il attend pour la frapper. (…) Si vous désirez que votrenom ne soit pas prononcé dans cette affaire, il ne le sera pas. Lamédaille est impatiemment attendue dans toute la France et l’ons’étonne partout qu’elle ne soit pas encore frappée”.Selon Georges Rapin, si “la Vierge de la Soupente n’est pasdevenue aussi célèbre que celle de Lourdes, c’est sans aucundoute dû à trois raisons. Les Lyonnais ont toujours regardé aveceffroi au siècle dernier la Croix-Rousse et ses canuts. La munici-

palité laïque pouvait voir dans la croix brisée à trois endroits uneallusion aux croix retirées dans les écoles, dans les Palais deJustice et enfin sur les places publiques. La hiérarchie religieusepossédait en ce dix-neuvième siècle déjà trop de Lyonnais etLyonnaises dignes d’être canonisées (le curé d’Ars, le pèreChevrier, Claudine Thévenet, Pauline Jaricot).”Les quelques personnes qui ont écrit sur cette histoire (Louis deCissey, Georges Rapin…) racontent que la soupente de la rueBonnet s’est longtemps visitée : “Chaque jour, cinq-cents per-sonnes grimpent l’échelle qui y conduit. De nombreux miraclesont lieu. (…) Pourtant devant les pressions religieuses, l’atelier futinterdit au public. (…)La chambre resta murée jusqu’en 1950”. *Anne-Marie Coste est décédée dans un couvent à Saint-Priest-en-Jarez en 1924.

*Chroniques croix-roussiennes, de Georges Rapin** “ Relation des visions d’Anne-Marie Coste par elle-même”, 22 pages manuscrites (archives de l’archevêché de Lyon)*** L’apparition a eu lieu le 2 janvier et non le 9 janvier 1883

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icelle s’en mêlela f

Fondée durant le haut-Moyen-Age, l’abbaye Saint-Pierre est à l’origine du Palais que nousconnaissons aujourd’hui. De l’ancien bâtiment, il ne reste aujourd’hui qu’une façade et son porche, datant du XIIe siècle, situés rue Paul Chenavard.

Palais Saint-PierreDe l’abbaye au musée

Il existe plusieurs versions sur l’origine del’abbaye Saint-Pierre-les-Nonnains.Selon Louis Maynard dans son

“Dictionnaire des lyonnaiseries”, un lyon-nais nommé Albert, converti au catholi-cisme au IIIe siècle par le martyre de Saint-Irénée, aurait fait construire une récluseriepour ses deux filles et sa nièce à l’empla-cement du Palais Saint-Pierre. Les deuxfilles, Radegonde et Aldegonde, l’auraientpar la suite transformée en monastère.Saint-Ennemond aurait contribué finan-cièrement à la vie de cette abbaye, au VIIesiècleLe Dictionnaire historique de Lyon n’évo-que, quant à lui, absolument pas cette his-toire. Il s’intéresse à deux versions : - lapremière remonte au VIIe siècle. Unmonastère de femmes fondé au VIe siècle,d’abord situé à Saint-Georges, est trans-féré sur le lieu de l’abbaye entre 652 et 658sous l’épiscopat de Saint-Ennemond ; - laseconde version attribue la fondation del’édifice au couple royal burgonde,Godégisel et Theodelinde.Une légende raconte qu’après son assas-sinat à Chalon, le corps de Saint-Ennemond a été déposé dans une barquesur la Saône. L’embarcation a dérivéjusqu’à Lyon et “les cloches se mirentmiraculeusement à sonner”.* il est alors

inhumé dans l’église Saint-Pierre. SelonLouis Maynard, l’abbesse gardait précieu-sement ses reliques : une partie de soncrâne, les os de ses doigts et son rochet.

Une légende raconte qu’après son assassinatà Chalon, le corps deSaint-Ennemond a étédéposé dans unebarque sur la Saône.L’embarcation a dérivéjusqu’à Lyon et “lescloches se mirentmiraculeusement àsonner”Mais le clergé de Saint-Nizier n’acceptepas l’idée que la dépouille d’Ennemontdemeure chez les religieuses. Il déclarealors publiquement que le défunt estenterré à Saint-Nizier. Un long procèscommence alors entre les deux partiespour décider laquelle de ces deux églisesabrite véritablement la relique de Saint-

Ennemond. Le combat va durer plusieurssiècles, du XIIIe au XVIIe. Selon les histo-riens, elles auront raison au final, mais nele sauront jamais….Deux églises composaient l’abbaye : lamodeste église Saint-Saturnin, à l’anglede la rue Paul Chenavard et de la rue duBât d’Argent, servait de paroisse ; l’égliseconventuelle Saint-Pierre, dont il resteaujourd’hui, rue Paul Chenavard, le porchedatant du XIIe siècle, ses chapiteaux et la

Clocher-porche, rue Paul Chenavard

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façade du clocher-porche (classés monuments historiquesdepuis 1921).Le monastère était destiné à des bénédictines de bonne familleet relevait directement du Saint-Siège. “Issues pour la plupart dela très haute noblesse, les moniales élisaient librement leurabbesse, jusqu’à ce que le roi lui-même nommât à ce bénéfice.Le monastère a toujours été le plus important de la ville par sesdroits, sur le respect desquels les abbesses veillaient jalouse-

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Détail du clocher -porche

Clocher du 18e

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ment, et par ses richesses”.* L’abbayesemble importante dans le pays tout entierpuisque le petit-fils de Charlemagne,Charles de Provence, s’y fait enterré. Sasépulture est retrouvée au XVIIe siècle.

Les Dames de Saint-Pierrefont de nouveau parler d’elles entre le XVe et leXVIe siècle. Les religieusesvont et viennent commebon leur semble et reçoi-vent de la même façon.

Les Dames de Saint-Pierre font de nou-veau parler d’elles entre le XVe et le XVIesiècle. Les religieuses vont et viennentcomme bon leur semble et reçoivent de lamême façon. Louis XII et son épouse,Anne de Bretagne, de passage à Lyon en1503, entendent de nombreuses plainteset décident d’enquêter sur les mœurs desdames de Saint-Pierre. Une réforme estordonnée : les religieuses doivent se sou-mettre à la règle de Saint-Benoît, “respec-ter la clôture et la vie communautaire,chanter mâtines et se priver de leurpécule”.* L’Archevêque François deRohan s’en mêle et la situation se durcitavec les Dames.Mais l’abbaye relève toujours du Saint-Siège, et l’abbesse Antoinetted’Armagnac en appelle au Pape Jules II,qui lui donne raison et excommuniel’Archevêque. Il faudra attendre 1515 pourque Louise de Savoie, mère de François1er, fasse également intervenir Rome. LePape Léon X condamne sévèrement lesdésordres sexuels des religieuses. Larègle de Saint-Benoît est rétablie et la plu-

part des religieuses sont expulsées dumonastère, au profit de jeunes filles demoindre naissance.

En 1527, une légenderaconte que l’esprit d’unedes religieuses chasséesen 1516, Alice de Theizé,hante les songes d’uneautre religieuse

Quelques années après, en 1527, unelégende raconte que l’esprit d’une des reli-gieuses chassées en 1516, Alice deTheizé, hante les songes d’une autre reli-gieuse, Antoinette Grôlée. Alice de Theizé,

ancienne secrétaire du couvent, chargéedes clefs, des reliques et des ornements,est morte d’une maladie “honteuse”. Elleserait en quête de Rédemption, afind’échapper aux 33 années de Purgatoireauxquelles elle était condamnée.L’histoire a pris tellement d’ampleur quel’aumônier du roi, Adrien deMontalembert, se rend au couvent pourconduire un exorcisme, “qui libère la pos-sédée et réduit, comme elle l’annonce lorsde son ultime apparition au milieu des reli-gieuses assemblées au réfectoire, la peinede la pécheresse”.** Les 33 années dePurgatoire, se serait, d’après le récit del’aumônier du roi, transformées en 33jours.Le monastère est pillé par les troupes duBaron des Adrets en 1562. Il sera totale-

Intérieur du clocher-porte

Galeries du 17e permettant aux religieuses d'assister aux offices

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ment reconstruit au XVIIe siècle, grâce àdeux sœurs, toutes deux abbesses, Anneet Antoinette d’Albert d’Ailly de Chaulnes.C’est à cette époque qu’il prend sonaspect actuel et devient “un des ensem-ble baroques français les plus exception-nels, dont l’altération ne permet d’appré-cier que fort partiellement la qualité, dueaux artistes et aux artisans d’art qui yconcourent, mais surtout à une remarqua-ble unité de conception entre une com-manditaire nourrie de la symbolique allé-gorique chrétienne et fortement imbue deses origines nobiliaires et de son autoritéd’abbesse crossée, Antoinette deChaulnes, et un maître d’œuvre, ThomasBlanchet, qui, après l’Hôtel-de-Ville, réa-lise ici son second chef d’œuvre lyon-nais”.**L’abbaye Saint-Pierre est désaffectée à laRévolution et les 32 moniales qui y rési-daient sont chassées. Elle sert de caserneen 1793.En 1802, la Ville de Lyon obtient quel’église Saint-Pierre disparaisse de la listedes biens nationaux, à son profit.Contrairement à l’église Saint-Saturninqui est détruite, elle est ainsi épargnée,

réaffectée au culte et utilisée commeéglise paroissiale jusqu’au début du XXesiècle. L’église est désaffectée en 1907.Pendant tout le XIXe siècle, le bâtimentabrite différentes institutions. Les muséesde peinture, d’épigraphie, d’archéologieet d’histoire naturelle cohabitent avec laBourse, la Chambre de commerce, l’Ecoledes Beaux-Arts, la bibliothèque de la Ville(section Arts et Sciences) et des sociétéssavantes.

Le bâtiment devient “Palais Saint-Pierre”,puis “Palais du Commerce et des Arts”,pour devenir progressivement “Muséedes Beaux-Arts” lorsque les collectionsdevinrent trop importantes pour ne secantonner qu’à quelques pièces du lieu.L’église accueille les sculptures des XIXeet XXe siècles.

* Histoire d’un musée. Le musée des Beaux-Arts de Lyon - ** Dictionnaire historique de Lyon

Contrairement à l’égliseSaint-Saturnin qui estdétruite, l’église Saint-Pierre est ainsi épargnée,réaffectée au culte etutilisée comme égliseparoissiale jusqu’au débutdu XXe siècle. L’église estdésaffectée en 1907.

Plan de l’abbaye au XVIe siècle

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icelle se bambane

la fTombeau du Maréchal Castellane

Dernières volontésd’un militaire

D ans son testament, le Maréchalécrivait : “Je désire être enterré àla chapelle de Saint-Boniface,

montée Saint Boniface, commune deCaluire, département du Rhône. Cettechapelle vient d’être terminée ; elle a étéconstruite sous mes yeux par les soldatsdu Camp de Sathonay. Il y a, entre la mar-che de l’autel et la grille, la place suffisantepour y mettre mon corps ; la pensée quemon corps reposera dans ce lieu, l’œuvredes soldats, moi soldat dans l’âme, et quemes cendres seront déposées dans cebeau pays de Lyon que j’affectionne,m’est agréable et douce.”La montée Saint-Boniface, qu’il a faitconstruire, et dont il fait référence estaujourd’hui la montée Castellane. Il avaitchoisi son lieu de sépulture dans cettemontée où la vue sur la Saône et les Montsd’Or lui semblait si belle, et fait construirela chapelle lui-même.Espr i t-Victor-El isabeth-Boni faceCastellane est né à Paris en 1788. Il arriveà Lyon en mai 1850 après une longue car-rière militaire, comme gouverneur. Il avaitdéjà eu un premier contact avec laCapitale des Gaules après la révolte descanuts de 1831, afin de rétablir l’ordre.Mais les dates sont floues : d’aprèsMartin et Jo Basse, dans l’Histoire deCaluire et Cuire, le Maréchal serait arrivé

à Lyon dès 1848 pour prendre le com-mandement de l’armée, à l’époque de larévolte des Voraces (voir La ficelle n°23). Une fois sur place, il tente de mater la villerebelle. Suite aux turbulences des derniè-res années (révolte de 1848, insurrectionde 1849), il dote la ville d’une importantegarnison et fonde le camp militaire deSathonay. Les troupes s’installent en1853.

Il soutient également le préfet Vaïsse danssa volonté de percer des rues plus largessur la presqu’île. La rue de la Républiqueet la rue Edouard Herriot ont été tracéespour permettre aux troupes de circulerplus rapidement vers la colline de la Croix-Rousse en cas d’émeute.Chaque dimanche, il organise une parademilitaire place Bellecour, s’affiche en uni-forme, salue les dames et distribue desfriandises aux enfants.** Une partie de lapopulation lyonnaise l’apprécie beau-coup et lui sait gré d’avoir rétabli l’ordredans la ville. Rappelons que la populationbourgeoise a été effrayée par les révoltesouvrières, notamment celles de 1848 et1849. Castellane a tout prévu pour qu’au-cune révolte ne puisse plus le surprendre.Les notables lyonnais lui offrent d’ailleursune épée et une médaille en novembre1852 pour avoir ramener le calme.Une autre partie de la population, notam-ment les caricaturistes et les esprits criti-ques, ne le respectent guère et le voientcomme un simple d’esprit.**Le maréchal Castellane apprécie telle-ment la ville et les Lyonnais qu’il décide d’ymourir. Après son décès le 16 septembre1862 à 74 ans, dans son cabinet de tra-vail, il sera inhumé suivant ses désirs,dans sa chapelle, montée Saint-Boniface.“Toute l’armée de Lyon, suivie d’une foule

Histoire. Nichée dans un virage de la montée Castellane, la chapelle de Saint-Boniface abritela dépouille du Maréchal Castellane depuis 1862. Le soldat avait choisi de passer sa mort àregarder la Saône…

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immense, défila devant le monument. Ilavait lui-même choisi son épitaphe. Surune dalle placée au milieu de la courte nefétaient gravés ces mots : Ci-gît un sol-dat”.* Il repose près des relique de Saint-Boniface (VIIe – VIIIe siècle) qu’il avait faitvenir depuis Rome.Jugeant la chapelle trop modeste, lamunicipalité de Caluire décide de lareconstruire plus richement en 1863, afinde donner à Castellane “une marqued’estime et de reconnaissance”. Cédé par l’armée à la commune deCaluire-et-Cuire, l’édifice est actuelle-ment en cours de restauration : lesdécors sculptés, le revêtement de sol. “Laferronnerie, après réparation, serarepeinte et l’ensemble de l’ouvrage seraconsolidé”.*** L’inauguration est prévue le22 octobre à 18 heures.

* Histoire de Caluire-et-Cuire, de Martin et JoBasse** d’après le Dictionnaire historique de Lyon*** Rythmes, édition avril 2010

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L’agenda d’octobrePour nous écrire : [email protected]

ÉVÉNEMENTS

Du 12 au 16 octobreLA HALLE DE LA MARTINIÈRE CÉLÈBRE LE GOÛT !A l’occasion de la semaine dugoût, les commerçants de la Hallede la Martinière, l’épicerie comptoirdes Gaules et le jardin de laMartinière, invitent en leurs murscuisiniers et acteurs de la vie culi-naire du quartier pour célébrer legoût.

- Atelier cuisine adultes : Mardi 12 octobre de 12h30 à13h30 Roberto, le cuisinier du res-taurant Sapori e Colori, s’attache àfaire découvrir les saveurs nouvel-les de son Italie natale. Il investit laHalle le temps d’une recette réali-sée avec les produits de Lionel(Epicerie Comptoir des Gaules),Martin et Sophie (le Jardin de laMartinière).

- Atelier cuisine pour enfants“exploration du goût” :Mercredi 13 octobre de 15h à 17h

L’association la Ka’fête ô mômes aun objectif : participer à l’éduca-tion au goût des enfants. A traversla réalisation d’une recette rigolote,l’atelier explorera le monde despapilles. Une enquête gustative àsavourer ! Attention, les enfants doivent êtreaccompagnés de leurs parents. Renseignements et inscriptions àla Halle de la Martinière ou surkafeteomomes.fr

- Atelier cuisine adultes :Vendredi 15 octobre de 17h à 18h- Franck, le chef du restaurant LePotager des Halles, marie dans sacuisine chaleur méditerranéenne etfraicheur des légumes du potager.Il s’installera dans la Halle avecFloriant, son second, pour réaliserune recette simple et gourmande. - Animations pour les parents etles enfantsSamedi 16 octobre 10h à 18h

- Pour les enfants ...De 10h à 18h : distribution du 1erguide des p’tites bouches (liste desrestaurants lyonnais adaptés pourl’accueil des enfants) à l’intérieur

de la Halle. Espace Cap Canal : diffusion toutau long de la journée des program-mes éducatifs sur le thème de l’ali-mentation.Reconstitution du restaurant idéaladapté pour l’accueil des enfants.Blédina offrira des goûters gratuitsl’après-midi.

- Pour les parents...De 14h à 17h : animation autour dupain, du vin et du fromage Bob, le boulanger de laBoulangerie Saint Vincent, déli-vrera ses secrets sur les pains, lesassociera aux fromages de Martinet Sophie “le Jardin de laMartinière”.Frédéric Bernard, vigneron du ClosSt Marc à Taluyers vous fera parta-ger sa passion et son métier à tra-vers des dégustations commen-tées (approche de dégustationœnologique à travers 5 points clés,présentation de l’appellation), etmariera ses vins aux pains de Bobet aux fromages de Martin etSophie. Entre deux animations,venez découvrir le vélo électriquesous un nouveau jour avec unconcours d’élégance et des itiné-raires gustatifs dans la ville, pourréconcilier gastronomie, éléganceet deux roues.

Mercredi 13 octobre : Prix deslecteurs organisé par l’Atelier “Lireet Ecrire” du Conseil de QuartierCentre. Remise du Prix du livre deslecteurs du quartier 2010, sur lethème “Vagabonds, exclus, margi-naux”. Soirée buffet-lectures, àpartir de 19h30 – Salle du Conseilde la mairie du 4ème.

Du 16 au 23 octobre :Exposition pour les 90 ans ducinéma St Denis “Si le cinémaSaint-Denis m’était compté”. Salledu Conseil de la mairie du 4ème.Entrée libre, pendant les horairesd’ouverture de la mairie. Vernissage le 20 octobre à 19h.

Dimanche 17 octobre :Concert avec Laura Cartier,soprano, et Laurent Jeanpierre,piano. Un voyage au cœur de lamélodie française en compagniede Debussy, Ravel, Satie,Sauguet... A 17h Eglise St-Augustin, angle rue Denfert-Rochereau, rue Jacquard. Libreparticipation aux frais.

Du 18 au 24 octobre :Semaine Bleue des seniorsDu 18 au 24, la mairie du 4ème

présente une exposition de photo-graphies de Marie-Cécile Fleurent“Entre d’Eux” à la Maison desAssociations, avec en parallèle unerencontre/témoignages “La VIE enfin de vie” le 19 à 18h. Puis, tout aulong de la semaine seront prévus,entre autres, une animation avecl’association “Le museau sur l’as-phalte”, une animation “jeux demots, découverte du scrabbleautrement”, la confection d’ungoûter soumis à un jury d’enfants,des contes et lectures autourd’une tisane, du théâtre, des ani-mations musicales, des jeux et desrires… Sans modération !Maison des Associations, 28 rueDenfert-Rochereau. Programme, élaboré par le réseaudes animateurs en gérontologie du4ème, disponible en mairie.

Mercredi 20 octobre :Conférence de Jean Butin, histo-rien: “Pierre Dupont, chantre duPeuple” organisée par SoierieVivante et l’Esprit Canut. Animationmusicale par Gérard Truchet. A20h30 au cinéma Saint Denis, 77 grande rue Croix Rousse.

Le 16 octobre de 10h30 à 11hBébé BouquineCes séances de lecture sont orga-nisées une fois par mois (le mer-credi ou le samedi) et s’adressentaux enfants de 0 à 3 ans accom-pagnés de leurs parents. Elles sontl’occasion pour les tout-petitsd’écouter des histoires adaptées àleur âge lues par les bibliothècaireset de partager avec leurs parentsun moment agréable autour deslivres. Bibliothèque municipale deCaluire et Cuire. 04 78 98 81 00

Le 22 octobre à 18hInauguration du tombeauCastellaneL’imposant tombeau du MaréchalBoniface de Castellane se dressedans l’une des courbes de la mon-tée du même nom. Cette sépul-ture, cédée par l’Armée à la com-mune, vient de faire l’objet d’unebelle restauration. La Ville souhai-tait en effet mettre fin au processusde dégradation intérieur de cemonument. Les travaux sontaujourd’hui terminés et lesCaluirards sont conviés à une visitecommentée de la restauration dece tombeau.Tombeau Castellane Montée de la Castellane 69300 Caluire et Cuire

CALUIRE

4e ARRONDISSEMENT

1er ARRONDISSEMENT

Solydam 51 Rue Deleuvre, Lyon 4eme. Métro HénonTél. : 04 78 28 94 14Ouverture : le lundi de 14H à 19HDu mardi au vendredi de 9H à 12H et de 14H à 19HSamedi non stop de 9H à 16H

SOLYDAM

KITCHENAID I KENWOOD I NÖLTE I LIEBHERR I MIELE I SIEMENS I SAUTER…

L a rentrée, toujours une période de surcharge de travail à lamaison, la corvée de repassage peut se trouver facilitée parl'usage d'un sèche-linge et d'une centrale de repassage

vapeur, la combinaison des 2 apporte un gain de temps appréciable.Venez découvrir les nouveaux sèche-linge SIEMENS quifonctionnent avec 50% d'électricité en moins, de même que lesnouveaux lave-linge SIEMENS très silencieux et équipés d'undosage automatique de lessive (toujours la bonne dose mais jamaistrop)Dernier né du groupe BOSCH SIEMENS le lave-linge sèchant de 7 kg le plus économe du marché en eau et en électricité.

Envie ou besoin de changer son électroménager, venez écouter lesconseils de spécialistes installés depuis 24 ans à la Croix Rousse.Autres activités : service après vente, petit électroménager,cassolerie CRISTEL et LAGOSTINA, conception et installation decuisines intégrées.

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Ombres de la Croix-Roussepar Josette Aschenbroich-Bordet

Contact : [email protected] - 06 24 75 44 58

Rue des Fantasques, de Gaïa Du RivauLe marché de la création, Quai Romain Rolland, Lyon 5ème, les dimanches matinshttp://gaia-durivau.blogspot.com et http://gaia-villesacroquer.blogspot.com

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La Ficelle Avril 2010 / Page 16

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