Panorama des interactions sciences et arts.

1. Des exemples de sciences au services de l’art,

2. Des exemples d’arts au services des sciences,

3. Des sources « d’inspirations » réciproques,

1. Des exemples de sciences au services de l’art,

Les impressionnistes poursuivent un objectif commun : capturer et immortaliser un instant de la vie quotidienne, comme un passant ou un paysage. Très éloignés des sujets et des techniques académiques, ils vont réaliser cette envie grâce aux découvertes du chimiste français

Chevreul et à sa loi des contrastes simultanés de 1839.Cette dernière théorise la juxtaposition des couleurs primaires et

complémentaires

• En 1954, Escher expose son problème au mathématicien canadien Donald Coxeter. Ce dernier lui offre le cadre mathématique qui va l'aider : la géométrie hyperbolique. La géométrie hyperbolique ? Difficile à se représenter car elle viole une loi de la géométrie euclidienne (classique). Dedans, on peut tracer une infinité de parallèles à une droite donnée et passant par un même point.

•"Représenter sur papier le concept d'un univers à la fois fini et infini, cerné par le néant"

"Un soir, le fatal tournis effleura ton sinus folâtre : il troua en sifflant, rusé, oisif, l'outre nasale. Tour influent ! Soif, râle : le tarin soufflé, sorti

à nu. «  Perec »

• Ici, la contrainte est mathématique. Voici comment le poème ci-dessus a été écrit. 1. Prendre dix lettres de l'alphabet 2. Parmi les 16 lettres restantes, en choisir une. 3. Placer 11 fois chacune dans une matrice 11x11 de sorte qu'une lettre ne puisse apparaître qu'une fois par ligne.

4. Lue de gauche à droite puis de ligne en ligne de haut en bas, cette matrice de lettres doit donner lieu à une interprétation intelligible.

U N S O I R L E F A T

A L T O U R N I S E F

F L E U R A T O N S I

N U S F O L A T R E I

L T R O U A E N S I F

F L A N T R U S E O I

S I F L O U T R E N A

S A L E T O U R I N F

L U E N T S O I F R A

L E T A R I N S O U F

F L E S O R T I A N U

• Il y a quelques années, le sculpteur sur métal Etienne Krähenbühl a croisé le physicien Rolf Gotthardt; l'un travaille sur le temps, les traces qu'il laisse sur la matière, l'autre est spécialisé dans les alliages à mémoire de forme. De leur collaboration originale, naîtront plusieurs oeuvres, dont la dernière en date, commandée par le musée de Barcelone, est haute de plus de 4 mètres.

• Afin de connaître la nature réelle de ces cabochons, la statuette d'Ishtar a fait l'objet d'une analyse permettant de connaître tous les éléments chimiques formant le matériau et leurs taux de représentativité. La méthode choisie, totalement non destructive, utilise l'accélérateur de particules AGLAE (Accélérateur Grand Louvre pour l'Analyse Elémentaire) et la technique PIXE (Particule Induced X Emission).

• Cette méthode mesure les rayons X produits par le matériau de l'échantillon sous l'impact de particules accélérées, ici des protons de 3 MeV

L'astronome Donald a étudié cartes, photos aériennes, lettres… Le paysage peint à Saint-Rémy de Provence a finalement été localisé. Puis les chercheurs ont étudié la Lune, sa phase et sa direction pour déterminer le jour et l'heure auxquels une pleine lune montante pouvait apparaître au-dessus de l'horizon à cet endroit précis. Il fallait alors choisir entre deux dates : le 16 mai et le 13 juillet 1889. Or sur le tableau de Van Gogh, le blé est mûr et moissonné, ce qui confirme la deuxième date.

• "Je me promenais avec deux amis -le soleil se couchait- tout d'un coup le soleil devint rouge sang. Je m'arrêtais, épuisé, et m'appuyais sur une clôture. Il y avait du sang et des langues de feux au-dessus du fjord bleu-noir. Mes amis continuèrent et moi je restais, tremblant d'angoisse, et je sentais un cri infini à travers la nature." Munch

• Les poussières émises lors de l’éruption du Krakatoa, de novembre 1883 à février 1884 seraient à l’origine des couleurs du ciel au couchant.

Soumis aux affres du temps, Les Noces de Cana ont besoin d'être restaurées. De nombreuses techniques ont été employées pour mener

cette mission à bien.

En particulier, l'étude stratigraphique. Les scientifiques prélèvent une centaine d'échantillons de peinture sur toute la toile, de 200 micromètres d'épaisseur et en différents endroits du manteau rouge.

Des coupes sont ensuite effectuées et observées au microscope pour voir les différentes couches de peinture. Une strate verte est décelée sous le rouge du manteau : de l'acétate de cuivre, comparable à celle du turban et des manches.

2. Des exemples d’arts au services des sciences,

• Louis Lumière n'en est pas à sa première invention : plaque photographique instantanée, cinématographe, il ne manque que la couleur. Bien plus simple que le procédé de la trichromie, la plaque autochrome permet la coloration à partir de minuscules grains de fécule de pomme de terre.

• En raison d'une manipulation ardue couplée à des résultats aléatoires, cette méthode ressemble davantage à une expérience de scientifique qu'à un procédé grand public.

• La série intitulée "Etant donné : Le grand verre" et qui comprend 19 photographies a été conçue par l’artiste Hiroshi Sugimoto.

• "Mathematical Forms se subdivise elle-même en deux sous ensembles : Surfaces et Curves. Les Mathematical Forms sont des photographies de volumes stéréométriques en plâtre qui permettent de visualiser en trois dimensions des fonctions trigonométriques complexes."

Un essai photographique de Peter Manzel que vous pourrez retrouver dans son livre Hungry Planet.

Artiste photographe ou sociologue ?

Il s'agit de la production d'une série de films d'animation / documentaires scientifique scénarisé sur le thème des micro-

insectes (entre autres).L'une des originalités réside dans la direction artistique qui tend

à reproduire les visuels obtenus grâce au MEB (microscope électronique à balayage)

Le projet Microptik de la société Nexx - Montpellier

3. Des sources « d’inspirations » réciproques,

L’histoire des sciences et les grands scientifiques sont une grande source d’inspiration, même pour les auteurs et dessinateurs des bandes dessinées. C’est ainsi que le fameux Léonard de Vinci a trouvé son homonyme via les planches de la BD Léonard.

En 1566, Arcimboldo peint l'Allégorie de l'eau. Un portrait construit à partir de coquillages, mollusques, crustacées, poisson et mammifères marins. Outre la difficulté technique, l'œuvre est d'une rare complexité. Elle offre au spectateur une représentation quasi parfaite d'une diversité marine incroyable pour l'époque.  

Les historiens de l'art voient le maître, les scientifiques, le zoologiste.

• Dès les années 30, Salvador Dali s'intéresse aux sciences à travers l'optique, dans un premier temps. Il passe par la physique quantique, nucléaire, la cosmologie, les logarithmes. Enfin, Salvador Dali peut se targuer d'avoir été le premier à se saisir de la structure de l'ADN au travers de ses œuvres.

• En particulier avec "Galacidalacidesoxyribonucleicacid".

• En parallèle de leur spectacle Which Side Story ? qui restituait, par l’expression corporelle et la danse, l’évolution des bipédies humaines et la libération du corps, Pascal Picq et Michel Hallet Eghayan ont créé la conférence dansée Danser avec l’évolution.

• Mettant en scène le paléoanthropologue Pascal Picq, la soprano Isabelle Eschenbrenner et six danseurs, ce spectacle hybride livre les clefs des origines et de l’évolution de la bipédie en donnant la parole au corps des danseurs, en dansant sur les mots de Pascal Picq.

• Marta de Menezes a exploré l'interaction entre l'Art et la Biologie, travaillant dans des laboratoires de recherches démontrant que des nouvelles technologies biologiques peuvent être utilisées comme le nouveau moyen d'art. En plus des recherches dans de nouvelles façons de créer l'art, Marta de Menezes est aussi un artiste accompli utilisant des médias traditionnels, avec des peintures représentant fréquemment des aperçus(une perspicacité) de la recherche scientifique.

Chromosomes colorés

En peinture classique, l'artiste utilise une gamme limitée de couleurs plutôt qu'une énorme quantité. Et ce n'est pas par

économie que l'artiste a répété ainsi la même teinte : c'est parce que c'est beau. Ou plutôt parce que "ça fait du bien" à regarder.

Pour nos ancêtres, c'était autre chose : il leur fallait repérer un lion caché derrière un écran de tâches vertes (feuilles, herbes), à partir de quelques tâches jaunes de pelage. Les individus qui n'y parvenaient pas se faisaient dévorer à coup sûr. Pas les autres. Voilà comment l'évolution a sélectionné les individus dont le cerveau et la vision sont organisés de manière à savoir "grouper".

Le cerveau "colle" les taches du chien ensemble pour former un objet unique. Plus amusant : intérieurement, vous poussez un " Ah !" de satisfaction comme si vous veniez de résoudre un problème. Le groupement fait donc du bien.

Eduardo Kac, lui, va plus loin. Travaillant avec l'INRA, il a crée en 2000 une lapine transgénique nommée Alba. Sa particularité : elle possède un gène de méduse qui la rend verte fluorescente sous les UV. Selon son créateur, il s'agit d'art transgénique : une forme artistique faisant appel au génie génétique en vue de créer des hybrides vivants uniques.